Visite de Routine et Rencontre Interressante

Mélissa De Launay & Méredith Gloss

De retour à Londres ... Voilà tout juste quelques jours que j'étais de retour dans ma ville d'origine. A peine descendue du train, j'avais dû me dépêcher de trouver un abri sous peine de ressembler à une éponge tellement il pleuvait. Je n'étais guère surprise étant habituée à ce climat mais quand on a aucun endroit où aller, ce n'est pas évident.

Trouvant un hôtel plus ou moins correct, ma première occupation fut de prendre rendez-vous à St Mangouste. Il faut dire que ma "disparition" depuis deux ans ne m'avait pas permis de mettre à jour mes visites mensuelles. J'étais normalement "guérie" mais je devais encore le faire régulièrement pour une raison que j'ignorais.

Quelques jours plus tard donc, je marchais en direction de l'hôpital Sainte Mangouste, sans me presser. C'était une simple visite de routine et j'y allais presque à regret sachant parfaitement que rien n'avait changer depuis le temps. Aussi je rentrais dans le bâtiment et m'installais dans la salle d'attente sans grand enthousiasme, regardant les quelques personnes qui devaient passer encore avant moi. Très peu patiente, je me relevais et sortais de la salle d'attente sachant que j'avais largement le temps de faire l'allée retour jusqu'au distributeur et de revenir avant que ce soit mon tour.

Sortant la monnaie de ma poche, je sélectionnais l'article désiré avant de repérer une chaise libre un peu plus loin. Autant prendre mon temps, je n'étais pas à quelques minutes près ! Déballant la barre chocolatée, je jetais un coup d'oeil à ma voisine de fauteuil. Les yeux dans le vide, immobile sur son siège, elle me faisais penser à moi il y a quelques années lorsque je sortais de Poudlard pour mes visites suite à mon amnésie. Ce n'était peut-être pas un excellent souvenir mais j'étais tellement contente d'avoir de nouveau des souvenirs que je faisais tout pour les garder le plus longtemps possible.

Regardant autour de nous pour voir si quelqu'un accompagnait la demoiselle, je ne vis pas un chat. Reportant mon attention sur la demoiselle, je décida de tenter d'ouvrir une discussion.

Tu en veux ?

Prononçant ces quelques mots d'une voix douce pour ne pas l'effrayer, je lui tendait le paquet de barres chocolatées d'un air amical. Si j'avais été très sauvage à ma sortie de Sainte Mangouste, ce n'était plus le cas, même si je me méfiais encore beaucoup.

Il était difficile de reprendre pieds dans la réalité lorsque sa vie avait basculé … Enfin, la vie de Mélissa avait d’un premier temps basculé alors qu’elle n’avait que onze ans et qu’elle avait appris qu’elle ne verrait plus jamais ; elle avait alors enregistré dans son esprit un maximum de choses qui l’entouraient afin de garder quelque chose de cette vie. Mais lorsqu’en plus, vous deviez vous concentrer pour vous souvenir de la moindre petite chose avec cette impression que cela vous échappait inlassablement, il y avait de quoi vouloir laisser temps. Depuis que Mélissa s’était réveillée il y avait quelques semaines auparavant, dans cet environnement froid et différent de celui dans lequel elle avait grandi, elle avait bien mis deux semaines à s’y habitue … A prendre ses repères ici. Elle passait la plupart de ses journées seule, dans ses pensées … À essayer de se souvenir de quelque chose mais c’était comme essayer d’attraper du vent. Son esprit était vide ; elle se raccrochait en elle à la moindre chose qu’elle touchait et qui déclenchait en elle un long processus … Des sensations perdues. Des choses qu’elle touchait lui faisait souvenir que par le passé, elle en avait également touché. Serrant ses doigts sur l’objet en question, elle tentait de se rappeler à quel moment de son passé il apparaissait …

On lui avait dit également que sa maison avait brûlée, et qu’elle en avait été la seule rescapée. Elle avait une mère, un père, une sœur ; tous trois disparus dans l’incendie. Impossible de mettre un visage sur leur nom. Ni même de se souvenir de leur voix. Les docteurs lui avaient dit que les pompiers l’avaient trouvé dehors, inconsciente ; ils avaient conclu qu’elle était parvenue à se traîner jusque dehors par ils ne savaient quels miracles, mais qu’en aucun cas elle y avait été aidée. Et comme elle ne se souvenait de rien … Le vide. Elle ne pouvait se souvenir de rien de cette soirée ; même de son ami qui avait longtemps été beaucoup de choses pour elle.

Les yeux dans le vide et plongés dans le méandre du passé, elle ne fit pas attention à la personne qui se dirigeait vers elle et lui tendait quelque chose. Elle perçut le bruit discret de son pas lorsque celle-ci s’immobilisa près d’elle ; alors, elle se tourna en sa direction, dans la direction où la voix provenait …

Tu en veux ?

En tendant son oreille, elle percevait comme un petit froissement de papier. Elle devait lui proposer quelque chose à manger mais, c’était réellement dans ces moment-là que Mélissa souhaitait voir. Ses yeux sans vie contemplaient la jeune fille devant elle. Elle n’aimait pas qu’on la prenne comme quelqu’un qui était incapable de se débrouiller toute seule ; et elle aimait encor moins sentir la pitié chez les gens … Aussi, depuis qu’elle était à l’hôpital, elle s’était efforcée de se tenir à l’écart de beaucoup de gens afin de ne pas expliquer qu’elle ne voyait pas, qu’elle ne pouvait se fier qu’à ses autres sens sensoriels. Mais ce n’était pas pour cela qu’elle ne pouvait pas se débrouiller. Jason l’a comprenait ; mais il n’était pas là aujourd’hui et elle ignorait même jusqu’à son existence. Elle hésita quelques secondes. Elle ne voulait pas laisser handicap transparaitre et si elle tendait le bras pour saisir ce qu’elle lui tendait …

« … Oui, pourquoi pas… », répondit-elle simplement …

Elle resta cependant immobile. Elle esquissa un sourire, mal à l’aise. Elle tendit une main, hésitante au premier abord ; elle sentit ses doigts toucher le papier des barres chocolatées ; un soulagement l'envahit, elle l'avait trouvé. Oui parce que allez saisir quelque chose sans même le voir vous ! Elle se saisie donc d’une et remercia la jeune fille d’une voix intimidée …

« C’est gentil ».

Depuis qu'elle était là, personne ne lui avait encore offert quoique ce soit, ne serait-ce une barre de chocolats. Tout le monde était très pressé d’ailleurs ! Et d’ailleurs, même les patients semblaient pressés, ou ne pas vouloir s’attarder. Ou peu bavards. Remarque, ce n’était pour déranger Mélissa. Mais quand on proposait si gentiment quelque chose, la meilleure des choses était de l’accepter non ? Au moins par politesse. En tous les cas, il s’agissait de l’une des règles parmi lesquelles Mélissa avait été élevée. Elle ne s’en souvenait bien sûr pas, mais c’était inscrit dans ses veines, dans son sang. Comme quelque chose d’indélébile qu’une amnésie ne pouvait effacer, Comme quelque chose d’instinctif.

HJ : J'espère que ça te vas ><