" Welcome at home, little Wendy "

Les vacances d'été étaient déjà bien entamées en cette belle matinée de Juillet. Wendy était rentrée depuis plus d'une semaine déjà et ses pleurs incessants s'étaient terminés. Elle n'avait pas donné une très belle image d'elle lorsqu'elle était rentrée de sa sixième année. Dès qu'elle avait mis un pied sur le quai de gare, elle s'était jetée dans les bras de Zac afin de pouvoir y enfouir sa tête et ne plus apercevoir le monde qui les entourait. Elle était si heureuse et rassurée de le retrouver qu'elle n'avait pas pu s'empêcher de pleurer un peu, mouillant au passage le tee-shirt de son frère. Or, il était assez rare que la demoiselle ne se laisse aller à ses émotions lorsqu'elle se trouvait en pleine rue ou, dans le cas présent alors, en plein milieu d'une gare ferroviaire. Qu'importe. L'odeur réconfortante de Zac l'avait libéré de cette atmosphère étouffante et malgré le fait que ce geste augmenta surement les rumeurs, elle lui avait demandé de quitter rapidement ce monde pour pouvoir revenir dans le leur. Ce ne fut qu'une fois arrivée à la maison, en plein cœur de Londres, qu'elle avait confié à son frère la véritable raison de ses larmes. En vérité, une fois passé le pas de porte, elle s'était comportée étrangement et avait immédiatement rejoint sa chambre afin de se cacher sous ses draps dans la pénombre la plus complète. Celà n'avait pas dupé Zachary et elle le savait bien. Depuis, l'état de la jeune fille s'était quelque peu amélioré. Tout du moins, elle ne passait plus ses nuits à pleurer et elle commençait à s'aventurer dans le jardin en pleine journée. Ce n'était pas mirobolant, mais c'était un début. Néanmoins, cela n'arrêtait pas le problème majeur qui lui collait à la peau depuis quelques mois : Wendy ne s'alimentait quasiment plus. Prenant une feuille de salade par jour et une pomme lorsque les malaises se faisaient sentir, le reste de sa nourriture disparaissaient magiquement ou alors finissait dans l'estomac d'Hippolyte, son hibou grand duc, lorsque celui-ci pouvait manger la nourriture qu'elle lui tendait. Elle n'avait pas faim et, elle ne voulait pas de nourriture. Après sa déception amoureuse, Wendy avait pris une bonne résolution qu'elle comptait bien mettre en œuvre durant l'été : perdre un maximum du poids. Ainsi, elle redeviendrait cette charmante jeune fille appréciée des autres. Mais surtout, elle retrouvait cette estime d'elle-même qu'elle avait perdu en même temps que son premier amour.

Étant remontée rapidement de la cuisine avant que Zac ne descend prendre le sien, elle arrivait ainsi à contrecarrer les observations minutieuses que pouvaient avoir son entourage sur sa nourriture. Bien entendu, elle n'avait, une fois de plus, rien avalée pour son petit-déjeuner mais, un malaise extrême l'avait forcé à mentir à son frère afin de lui faire croire qu'elle avait bel et bien mangé. Pour bien dénoter ses dires, elle était allée jusqu'à remplir un verre d'un peu de jus d'orange coupé à l'eau qu'elle avait jeté dans l'évier, ainsi qu'un bol rempli d'une goutte de lait qu'elle avait fait glisser dans tous les sens avant de le mettre dans le lave-vaisselle. Ayant commencé son 'régime spécial' à Poudlard, elle avait bien compris qu'il fallait un peu de crédulité dans ses actes pour ne pas trop éveiller les soupçons. Déjà que ses amies avaient commencé à lui poser des questions, elle ne voulait pas en plus que son frère ne commence à s'inquiéter pour elle alors qu'elle allait bien mieux depuis qu'elle était revenue auprès de lui. Il n'avait pas besoin d'être au courant. Il s'inquiéterait pour rien. Convaincue de cela, Wendy sautillait dans les escaliers, un demi-sourire aux lèvres face à cette impression de légèreté nouvelle dans ses jambes. Tout en se dirigeant vers la douche, elle sema ses vêtements à travers sa chambre avant d'envelopper son corps nu dans une serviette pour traverser le couloir qui séparait la dite-chambre à la salle de bain. Ce ne fut qu'en se savonnant le corps, qu'elle remarqua qu'elle sentait beaucoup plus ses côtes sous ses doigts. Elle ne l'avait jamais remarqué avant. C'était comme toucher des notes de piano.

De retour dans sa chambre, Wendy passa ses sous-vêtements avant de se diriger vers son miroir. Le reflet qui lui renvoyé l'interloqua. Elle avait encore plusieurs horribles bourrelets sur les hanches et le ventre. Or, l'été était arrivé et bientôt, elle allait revoir ses amis d'enfance qui croyaient dur comme fer qu'elle revenait d'un pensionnat pour jeunes filles. Elle ne pouvait pas participer aux après-midi piscine ainsi. Qu'auraient-ils dis d'elle ? Assurément qu'elle s'était relâchée et avait pris du poids sans faire de sport. Ce n'était pas les courses de balai qui allaient lui retirer cette petite graisse qui formait une bouée - imaginaire - autour de son ventre. A çà non, Wendy ne laisserait rien gâcher ses retrouvailles avec ses amis. Elle allait devoir maigrir un peu plus et rapidement. Néanmoins, elle n'eut pas le temps de pousser plus loin sa contemplation qu'Hippolyte se mit à hululer à tue-tête tout en écartant ses ailes, les faisant fouetter l'air comme s'il cherchait à s'envoler. Le pauvre, depuis qu'elle était revenue de Poudlard, il était resté dans sa cage métallique. Elle ne pouvait pas le laisser sortir de celle-ci, il risquait de s'enfuir par la fenêtre pour aller se percher dans leur cabane d'enfance, tout au fond du jardin. Les voisins trouveraient surement étranges qu'un hibou aille et vienne de chez eux. Bien que les parents de Wendy aient accepté sa 'différence', ils ne tenaient pas essentiellement à ce que tout le monde l'apprenne. Ainsi, ils étaient plutôt soulagés de constater que son identité sorcière devait rester secrète.
Se jetant sur son lit qui était collé contre le mur mitoyen entre sa chambre et celle de son frère, Wendy se mit à genoux sur son matelas avant de tambouriner du poing contre le dit-mur.

- " Zac', baisse ta musique ! Tu effraies Hippolyte ! "

Ceci fait, la jeune fille colla son oreille contre le mur afin de vérifier que la musique soit bien baissé. Comme toute petite vraie curieuse de ce nom. Après tout, elle avait beau adoré son frère plus que tout au monde, elle n'affectionnait pas vraiment son goût musical mêlé aux piaillements affolés de l'hibou grand duc qui se cognait contre les barres métallisées de sa cage. Le pauvre, on pourrait croire qu'il veuille se pendre ou prendre la fuite. Contente du résultat escompté, Wendy s'extirpa de son lit en s'élançant comme une petite fille. S'approchant de la cage d'Hippolyte qui était posée sur son bureau, elle s'accroupit face à lui afin de pouvoir le regarder et tenter de le calmer un peu. Bien que le bruit était baissé, l'oiseau semblait toujours affolé. Faisant glisser un doigt contre l'une des barres métalliques, elle parla tout bas à l'oiseau d'une voix apaisante. " Là, là, tout doux Hippolyte. On est rentré à la maison. Tu te souviens d'ici ? Là, calmes-toi ! " Parler calmement et d'une voix basse à un oiseau avait toujours raison de son énervement. Ainsi, le volatile sautilla sur la petite balancelle qui trônait au milieu de sa cage tout en hululant plus doucement, comme un chat pourrait ronronner. Ses pupilles clignaient rapidement et sa tête tourna en direction de la porte, comme un chasseur à l'affût de sa proie. Sans crier gare, ni même prévenir, la porte de la chambre de Wendy s'ouvrit brusquement ce qui eut l'effet bouleversant d'effrayer l'oiseau, qui effraya sa maitresse. Hippolyte semblait vouloir s'envoler mais les barres métalliques lui barraient le passage et sa force faisait basculer sur elle-même la dite cage. Quant à Wendy, l'affolement soudain de l'hibou la surprise et, tout en voulant s'assurer que la cage resterait bien sur le bureau tout en n'ayant plus de force à cause des fourmis qui s'étaient emparés métaphoriquement de ses jambes, elle perdit l'équilibre et tomba par-terre, sur les fesses dans un léger " outch. "
Fermant les yeux face à sa très petite chute, Wendy se redressa légèrement afin de pouvoir se masser le bas du dos tout en grimaçant légèrement.

- " Stupide oiseau... " maugréa-t-elle face à la situation. Se tournant vers le responsable de cette mésaventure matinale, Wendy pinça ses lèvres en une légère moue comme elle avait si bien l'habitude de faire lorsqu'elle avait cinq ans et demanda à son aîné d'une petite voix accusatrice : " Pourquoi t'as pas frappé ? "