CHAPITRE 4 - « La célébrité est le châtiment du mérite et la punition du talent. »
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Sujet: CHAPITRE 4 - « La célébrité est le châtiment du mérite et la punition du talent. » Dim 16 Jan - 16:21
Speechless - Lady gaga
Emrys était littéralement vautré sur le canapé du salon quand il entendit quelqu’un tambouriner à la porte. Il ouvrit les yeux avec difficulté et grogna avant de se retourner et de les refermer, priant pour que la personne qui le réveille à cette heure-ci veuille bien s’en aller sans l’avoir vu. Maintenant qu’il était conscient, la soirée de la veille commençait à lui revenir en mémoire, il avait un peu bu… Comme d’habitude, le ‘un peu’ était un euphémisme pour dire trop et il avait une gueule de bois terrible. Surtout que ça faisait quelques semaines qu’il ne s’était pas pris de vraie cuite si on y regardait de plus près. Il rouvrit péniblement les yeux et constata qu’il avait un tout petit peu balancé les bouteilles partout dans l’appartement, certaines ayant même visiblement finie fracassée contre un mur. Mais qu’est-ce qu’il avait foutu la veille ? Il ne préférait pas s’en souvenir honnêtement. Il eut un petit sourire innocent en se disant que ça lui faisait penser à ses réveils d’avant, quand il ouvrait les yeux à l’époque sa première idée était de vérifier s’il n’avait tué personne pendant la nuit et aussi s’il avait ramené une ou deux filles. Il sourit malgré lui en y repensant mais son sourire s’effaça bien vite quand il reconnut la voix d’Eilys de l’autre côté de la porte. Oh putain… !
Prit d’une panique – relative, c’était Emrys quand même – il se leva et alla vérifier qu’il n’y avait ni mort, ni femme à moitié nue dans sa chambre. Ce ne fut qu’une fois rassuré sur ce point qu’il alla ouvrir la porte à la jeune femme, son visage n’exprimant quasiment rien d’autre que la fatigue. Il avait des cernes sous les yeux et avait vraiment l’air d’avoir passé une nuit trop courte. A la réflexion, Emrys était incapable de dire avec exactitude à quelle heure il s’était couché, mais vu son état, il était certain que ça avait été trop tard… Il fut légèrement surprit de sentir Eilys se jeter dans ses bras mais il ne dit rien et passa son bras autour d’elle. De toute évidence ça n’allait pas fort… Emrys avait toujours été très perspicace.
Il caressa doucement ses cheveux avant de la regarder s’affaler sur le canapé d’où il venait de se lever en attrapant le magazine qu’elle lui tendait. Quoi encore ? On avait encore publié un article critiquant sa manière de s’habiller ? Emrys allait presque aller la consoler sans avoir même jeté un coup d’œil à l’article en question quand son nom sur la couverture attira son attention. On ne le laisserait donc jamais en paix ? C’était étrange quand même comment avant, sa vie privée étalée dans la presse, il s’en foutait royalement, mais depuis qu’Eilys était entrée dans sa vie, il s’en fichait un peu moins. Ça l’avait saoulé au début mais maintenant ça commençait carrément à l’agacer. Il prit le magazine dans ses mains et le feuilleta rapidement, comprenant rapidement de quoi il en retournait en apercevant quelques clichés. Il mit bien deux minutes à réaliser que certains avaient été pris à des moments où ils étaient chez la jeune femme, d’autres chez lui… Il jeta un coup d’œil vers sa fenêtre comme s’il allait pouvoir apercevoir quelque chose puis reporta à nouveau son attention sur l’article. Finalement, après trente secondes, il le jeta dans la poubelle à côté de lui sans plus de cérémonie et se dirigea vers le canapé. Il s’agenouilla devant et caressa doucement les cheveux d’Eilys, ne se rendant compte qu’à ce moment là qu’elle était encore à deux doigts de faire une crise. Il se releva et la forçant à se relever aussi, il la força à venir dans ses bras, la berçant doucement sans rien dire et attendant qu’elle réussisse à retrouver une respiration normale.
Il était profondément agacé, même s’il ne le montrait pas. Ce n’était pas avec Eilys qu’il avait envie d’être en colère, non c’était Joe qui allait se prendre son poing dans la gueule, surtout pour avoir encore mis la jeune femme dans un tel état. Emrys n’était pas naïf, après la conversation, il ne pouvait pas douter sérieusement que ces photos n’étaient pas encore une idée du manager. Mary avait éveillé ses soupçons, et il avait engagé des journalistes pour prendre des photos. Personne jusqu’à maintenant n’avait pris le risque d’un procès retentissant en prenant des clichés des deux stars dans leur intimité, même lorsqu’ils sortaient officiellement ensemble, alors ils avaient du être assez surs de leur coup pour prendre le risque. Sa colère retombait peu à peu mais son agacement était toujours profond. Ce fut ce moment là que choisit Joe pour entrer dans l’appartement. La seule raison qui retint à ce moment là Emrys se lui coller une droite, ce fut d’avoir encore Eilys dans ses bras. Le jeune chanteur ne rata pas, par contre, le petit sourire satisfait de Joe lorsqu’il les vit dans les bras l’un de l’autre en entrant. Emrys connaissait ce petit sourire en coin furtif, c’était le même qu’avaient les parents dépassés quand ils avaient le plaisir de faire reconnaître leur torts à leurs enfants, l’air de ceux qui sont content d’avoir eut raison. Emrys l’aurait tué sur place.
« Vous avez bien caché votre jeu tous les deux, expliquez-moi un peu ce qu’il se passe encore. » Il avait reprit son ton paternalisant de d’habitude, tenant un exemplaire du magazine dont tout le monde parlait surement en ce moment même dans sa main droite. « Va te faire foutre Joe. Arrête de me prendre pour un con, je sais très bien que c’est encore un de tes coups foireux. » Il avait dit ça d’un ton étrangement assez calme par rapport à l’envie qui le prenait encore de vouloir tuer son manager sur place. Surement était-ce d’avoir Eilys dans ses bras qui agissait sur lui comme une sorte de puissant calmant. « Je vous ai entendu avec Mary. Et ne mens pas, on sait tous que ces photos t’arrangent bien. Maintenant dégage de chez moi, tu veux bien ? » La dernière question avait plus été posée par habitude que par politesse et l’ordre était assez clair pour être compris de tout ceux encore présents dans la pièce. Visiblement Joe n’avait pas spécialement apprécié le ton du jeune homme, comme d’habitude quoi, mais Emrys ne s’était jamais laissé impressionné par son manager et ce n’était certainement pas maintenant qu’il allait commencer. « Pas la peine de t’énerver Emrys, de toute façon ce qui est fait, est fait. » Emrys sourit pour cacher son énervement, au moins il avait vu juste. Maigre consolation. « La presse est en ébullition, le monde entier attends vos explications. Il va falloir donner une c… » Emrys le coupa. « Si tu dis le mot ‘conférence de presse’ je te fais bouffer ta baguette. Tu peux dire au monde entier d’aller se faire foutre aussi alors. » Il avait toujours dit ça de son habituel ton détaché et calme, mais au fond il était assez énervé pour le penser vraiment. Il détestait l’intrusion des journalistes dans sa vie privée comme ça et il n’avait de comptes à rendre à personne.
Il finit par lâcher doucement Eilys pour s’approcher de Joe, l’air volontairement menaçant. Le manager reçut assez bien le message et sortit avant de se faire taper dessus. De toute façon, conférence ou pas, lui il avait ce qu’il voulait et en cas de force majeure, il pouvait la donner à leur place la conférence. Emrys soupira doucement en refermant la porte derrière Joe et alla s’asseoir sur un tabouret de bar en s’allumant une cigarette. La journée commençait encore fort. Il en avait marre d’être tiré du lit par toujours ces conneries de magazine. Retournant finalement auprès d’Eilys, il s’assit sur le canapé et soupira à nouveau. « On va plus pouvoir sortir encore… Pas qu’on sortait beaucoup, mais vu comment ça c’est passé la dernière fois, on va devoir être encore plus prudent cette fois-ci… » Ce ne fut qu’à ce moment là qu’il réalisa qu’il n’était pas le seul à être concerné par cette histoire et que si, lui en avait par-dessus la tête des journalistes, Eilys, elle, aurait peut-être préféré qu’ils fassent cette foutue conférence de presse et en finissent là. A bien y réfléchir, Emrys commençait lui-même à se demander s’il ne valait pas mieux pour la sécurité de la jeune femme qu’ils ne laissent pas les journalistes devenir fous pour une histoire comme ça… Le souvenir des deux derniers bains de foule qu’il avait fait avec Eilys restait gravé dans sa mémoire et il ne tenait pas franchement à répéter le même scénario, même s’il rêvait de trouver une nouvelle excuse pour frapper un journaliste. Il soupira à nouveau, ayant prit une décision totalement en opposition avec celle qu'il avait prit en hurlant sur Joe. Cette conférence de presse était nécessaire, sinon les journalistes n'allaient pas les lâcher...
Il se releva et se dirigea vers la jeune femme, il s'assit à côté d'elle sur le canapé, écrasa sa cigarette pour lui éviter une crise d'asthme (elle était déjà assez sur les nerfs comme ça sans qu'il en rajoute) et se tourna vers elle l'air à moitié sérieux. Il la fixa pendant quelques secondes sans rien dire, se demandant s'il prenait la bonne décision, avant de finir par lâcher : « On devrait la faire... Je sais, je sais, je viens de dire le contraire mais... Les journalistes ne nous lâcheront pas tant qu'on ne leur aura pas donné ce qu'ils veulent. » Et par nous, Emrys entendait alors 'te'. Il déposa un léger baiser sur le front de la jeune femme et partit s'habiller. Vingt minutes plus tard ils transplanaient jusqu'à la maison de disques.
Ils réussirent à entrer par la porte de derrière et prévinrent Joe pour qu'il tienne au courant les journalistes. Emrys fit son possible pour ne pas noter le petit air satisfait de son manager, sinon il allait changer d’avis et rentrer chez lui c’était sur. Il se répéta que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire s’il ne voulait pas que les journalistes les forcent à rester cloitrés chez lui ou chez Eilys pendant des mois. Bon, ça leur laisserait tout le temps nécessaire pour travailler ensemble, mais bon, ils devraient bien sortir un jour ou l’autre alors à quoi bon repousser l’inévitable ? Emrys aimait la musique et il avait toujours apprécié l’attention des journalistes et des fans, mais ces dernières semaines, il s’en serait franchement bien passé…
Emrys entraina doucement Eilys avec lui, faisant exprès de ne pas croiser de journalistes tandis qu’ils attendaient patiemment que tout le monde se mette en place pour la conférence. Il soupira doucement avant de se tourner vers Eilys et de déposer un baiser dans ses cheveux, comme s’il pouvait sentir d’ici que la jeune femme était sur le point de s’évanouir ou d’avoir une nouvelle crise. Il se promit d’expédier ça en quelques secondes et après de s’enfuir littéralement. De toute façon, s’il s’en tenait à son plan de départ, ça ne prendrait vraiment pas longtemps. Il jeta des coups d’oeil fréquents à Joe jusqu’à ce que le manager lui fasse un signe de tête en retour pour lui dire qu’ils pouvaient commencer. Emrys baissa les yeux sur Eilys. « Prête ? » Il s’assura que la jeune femme n’était pas sur le point de vomir ou autre et entremêla leurs doigts avant de l’entrainer doucement vers la scène. La foule de journalistes qui les attendaient se leva comme un seul homme et les questions commencèrent à pleuvoir avant même que les deux artistes ne soient arrivés au centre de l’estrade. Emrys les ignora, eux et leur excitation en voyant qu’ils se tenaient la main. Sérieusement on aurait dit des groupies de 12 ans, ça faisait légèrement pitié.
« Bonjour à tous. » Emrys se pencha légèrement pour parler dans le micro, sa voix grave et envoûtante faisant taire quasiment immédiatement l’ensemble des journalistes en raisonnant doucement dans la salle de conférence de presse. Il accentua légèrement la pression de sa main sur celle d’Eilys comme s’il savait qu’elle allait s’étonner de ce qu’il allait dire. « Je serais bref. Eilys et moi, on est bien ensemble, en quelque sorte. » ne put-il s’empêcher de rajouter en se demandant si on pouvait véritablement appeler ça être ensemble. Il se tourna vers Eilys comme pour chercher son approbation sur les termes utilisés. Il lâcha sa main et passa son bras autour de la taille de la jeune femme pour la rapprocher de lui, s’attirant au passage les hurlements hystériques de la moitié de la foule. Il les ignora et lança un petit sourire en coin à la jeune femme avant de se tourner à nouveau vers les journalistes, faisant taire les exclamations d’un simple geste de sa main libre.
« On est pas venus pour faire une longue déclaration. Si ça ne tenait qu’à moi, on ne serait même pas là. » Emrys s’était toujours fait une règle de dire la vérité dans ce genre de situation. C’était son honnêteté et sa franchise qui faisait une partie de son charme de toute manière. « Je demanderais juste aux journalistes de respecter un peu notre vie privée à partir de maintenant. D’ailleurs, j’espère pour celui ou celle qui a prit ces photos que je ne mettrais jamais la main sur lui. » Il lança un petit sourire amusé à la foule de journalistes. Il était persuadé que sa remarque serait interprétée de la mauvaise manière après les deux-trois fois où il avait finit par tabasser des journalistes, mais peut-être que c’était ce qu’il cherchait. Il n’avait jamais essayé de se faire vraiment apprécier de la presse, il était pas là pour ça. D'ailleurs il savait bien que sa prière resterait vaine, mais au moins, il ne perdrait peut-être plus l'estime des fans s'il se remettait à taper un journaliste ou deux, et il sentait qu'il aurait bientôt à recommencer si jamais ça continuait comme ça...
Il fit un signe de la main à la foule de journalistes, désormais debout, avant d’entrainer Eilys sans ajouter un mot. Une fois en coulisse, il entendit les chaises racler le sol dans la salle qu’ils venaient de quitter et il savait que la foule devait être en ébullition. Il pouvait presque déjà entendre les journalistes harceler leur manager tandis que les autres partaient à leur recherche pour une nouvelle interview. Emrys s’arrêta quelques mètres plus loin et baissa les yeux vers Eilys, un petit sourire en coin sur les lèvres. « Et voilà, problème résolu ! » Ou pas. Son attention fut attirée par des bruits dans le couloir adjacent. Des bruits de pas précipités, et visiblement ils venaient vers eux. Il lâcha un juron, ouvrit la première porte qui passa et y entra avec Eilys. Un placard. Génial. « Han, c’est sympa par ici, tu trouves pas ? » La règle d’or d’Emrys c’était très certainement de ne jamais se laisser prendre au dépourvu et d’être toujours lui-même. En toute circonstance. Il passa ses mains dans le dos d’Eilys et lui lança un sourire plus tendre que moqueur pour changer un peu après avoir fermé la porte à clé à l’aide de sa baguette.
« Ça va ? » Juste histoire de vérifier que de un, elle n’allait pas s’évanouir, et de deux, qu’elle n’avait pas envie de lui en coller une à cause de ses déclarations. Il resterait persuadé qu’il avait fait le bon choix pour elle, mais il n’était pas sur qu’elle le voit de cet œil là…
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Sujet: Re: CHAPITRE 4 - « La célébrité est le châtiment du mérite et la punition du talent. » Dim 16 Jan - 18:50
•♦• Katy Perry • Teenage Dream •♦•
Eilys senti ses jambes trembler avec force, son souffle devenant de moins en moins régulier. La jeune femme avait toujours détesté être aussi fragile, être de ces gens dont on doit se soucier constamment et faire attention qu'ils ne tombent pas en miettes à la moindre occasion. C'était un peu pour casser cette image de petite fille fragile que la bassiste des Bizzar'Sisters avait prit pour habitude de se montrer particulièrement virulente lors de manifestations pour les droits des hybrides. Mais à cet instant, on aurait pu croire que le plus petit souffle allait l'emporter au loin. La moindre nouvelle l'achever. Ce n'était pas si faux dans le fond. Eilys en avait plus que marre de ce qui se passait, elle n'en pouvait plus, elle suffoquait. Devenir une artiste mondialement reconnue ne devait pas se limiter à contrôler son image ou dire quand elle était en couple ou non. C'était comme si ça n'importait pas qu'elle soit capable de jouer différents instruments, de composer depuis l'âge de seize ans, d'orchestrer et négocier des contrats ou que Emrys soit un chanteur envoutant capable de créer son univers déganté et pourtant charmant dans ses chansons ou un musicien qui n'avait rien à envier aux autres. Non, tout le monde semblait s'en moquer.
Dans son appartement, Eilys avait premièrement été prise de panique. Pas qu'elle ne se sente pas capable de gérer la presse – ça tout le monde savait que ce n'était pas son fort – ses sœurs l'auraient aidée et guidée mais à cet instant et surement pour la première fois de sa vie, la bassiste n'avait pas pensé aux conséquences que cette affaire aurait sur sa carrière mais à sa relation avec le chanteur. C'était surement la réaction la plus stupide du monde que de s'inquiéter avant tout d'un coureur comme Charles au lieu de dix ans de carrière au prix d'une vie dite « normale » mais Eilys n'avait pas pu s'en empêcher, elle ne voulait pas le perdre. Elle ne savait pas ce qu'il y avait entre eux, si c'était officiel ou pas, s'il le voulait vraiment et cette affaire avec les journalistes risquait de le braquer. Que deviendrait-elle s'il lui annonçait ne pas avoir envie de supporter une histoire aussi médiatique ? Évidemment Eilys le comprendrait, qui voudrait de ça ? Mais envisager une deuxième rupture avec Charles – et cette fois ci une vraie – lui semblait être la pire chose au monde.
Toujours aussi effrayée de perdre le chanteur, Eilys lui lança un regard furtif tandis qu'elle attendait la réaction. S'il se mettait à tout casser ou lui crier dessus elle comprendrait. Après tout leurs vies qui étaient déjà chargées avant de se connaître étaient devenues imbuvables. Quand il jeta le magazine à la poubelle Eilys voulu dire quelque chose du genre « Écoute Emrys, je peux tout t'expliquer... » comme si c'était sa faute s'il y avait des images, comme si elle était responsable de cette situation, mais aucun mot ne vint. La jeune femme posa son regard mélancolique dans les yeux pétillants de Charles quand elle se rendit compte qu'il n'était pas en colère, du moins contre elle. Tremblante, il la força à se lever et il la prit dans ses bras, la berçant comme on console une enfant. Eilys se mit à pleurer silencieusement et resserra son étreinte. Charles était en train de se comporter avec elle comme il ne l'avait jamais fait avec personne avant. Il était connu pour ses relations courtes, son égoïsme, sa tendance à vouloir fuir la réalité et ses responsabilités; Mais à cet instant, il était en train de la consoler elle. La jeune femme n'avait jamais eu autant l'impression d'être fragile et un boulet qu'à ce moment là et après leur fausse rupture. C'était comme si toute sa vie elle avait survécu jusqu'à ce que Charles arrive enfin et l'allège de tous ses malheurs.
Alors que le silence commençait à s'installer entre eux, paisible, Eilys commença à se calmer tandis qu'une chose inattendue se produisit. La compositrice était en train de se dire à quel point elle adorait Charles, à quel point il la faisait rire. Elle était folle de sa capacité à retourner son univers et le défoncer à coups de pied tout en pouvant l'apaiser d'une simple parole, de sa simple présence. Ce fut alors qu'elle se disait toutes ces choses que des paroles lui vinrent en tête. Les sourcils légèrement froncés, la jeune femme commença à penser à une chanson possible, ce qui n'était guère le moment il fallait l'admettre. Elle était à deux doigts de prendre de quoi noter quand Joe entra comme un bourrin. Et dire qu'il avait été comme un père comme elle pendant dix ans, depuis quelques semaines la bassiste avait l'impression de ne plus le reconnaître. Eilys eu envie de se séparer de Charles pour essayer de sauver les meubles mais ce dernier la garda contre lui, désirant apparemment s'afficher avec elle. Etait-ce parce qu'il voulait provoquer son manager ou parce qu'il envisageait vraiment être en couple avec la musicienne ?
« Vous avez bien caché votre jeu tous les deux, expliquez-moi un peu ce qu’il se passe encore. » balança le manager. Eilys fronça les sourcils et ne bougea pas. C'était encore difficile à savoir mais elle avait presque l'impression qu'il était content de cette affaire. Cette pensée eu le don de faire naître en elle une envie ravageuse de tout casser. C'était à croire que personne n'en avait rien à foutre d'elle, du fait que lorsqu'elle s'était séparée pour de faux de Charles à cause de la presse, les deux semaines qui avaient suivies avaient été une partie de plaisir. Comme si elle n'avait pas manqué de mourir à cause de la foule, des gens complètement fous à cause d'une relation qui à l'époque n'avait aucune valeur à ses yeux. Désormais Charles était en train de devenir sa muse, elle ne voulait pas le perdre. « Va te faire foutre Joe. Arrête de me prendre pour un con, je sais très bien que c’est encore un de tes coups foireux. » fut exactement ce que Eilys eu envie de dire à Joe. Cependant ce fut Charles qui parla à sa place. La gratitude qu'elle ressenti pour lui était proche de l'adoration. Mais bien vite elle fut ramenée sur terre bien que son ange gardien soit toujours là. « Je vous ai entendu avec Mary. Et ne mens pas, on sait tous que ces photos t’arrangent bien. Maintenant dégage de chez moi, tu veux bien ? » « Pas la peine de t’énerver Emrys, de toute façon ce qui est fait, est fait. » « C'est quoi ces conneries ? » coupa soudain Eilys en retirant sa joue du buste du jeune homme pour le regarder dans les yeux, l'air fâché. « Joe ? » demanda-t-elle mais son manager n'avait pas l'air spécialement pressé de répondre. Alors comme ça les gens qui avaient sa carrière entre ses mains, son futur prenaient un malin plaisir à la manipuler mais aussi critiquer le moindre de ses choix ? C'était le pompon. Le pire étant que la jeune femme ne comprenait pas pourquoi tout le monde en faisait une telle histoire. « La presse est en ébullition, le monde entier attends vos explications. Il va falloir donner une c… » dit simplement Joe qui semblait vouloir éviter de répondre aux questions gênantes alors qu'il passait son temps ces dernières semaines à forcer les deux artistes à le faire. Cependant Charles le coupa. « Si tu dis le mot ‘conférence de presse’ je te fais bouffer ta baguette. Tu peux dire au monde entier d’aller se faire foutre aussi alors. » « Emrys a raison, tu ferais mieux de partir Joe. » dit la bassiste avec froideur et fatigue. Elle ne se sentait plus sur le point de faire crise, elle avait juste envie de se sauver au bout du monde, de ne plus donner de nouvelle, de rester simplement avec Charles et apprécier sa présence comme quelqu'un de normal. Jamais, en dix ans, elle avait envisagé sa carrière être un poids. En général, la jeune femme considérait sa vie sentimentale comme inutile.
Quand Charles lâcha Eilys pour s'approcher de Joe, la musicienne eu d'abords peur qu'ils ne se battent. Pas que leur manager n'en méritait pas une bonne bien placée mais ça n'arrangerait rien d'en venir aux mains. Joe qui n'était pas du genre bagarreur et pas assez fou pour tenir tête au chanteur tourna les talons et les laissa seuls. La porte fermée, Eilys soupira, une main sur le front. Elle avait peur. Peur que Charles soit plus épuisé qu'elle, qu'il décide de tout plaquer et de la laisser. Après tout il était en train de supporter depuis qu'il la connaissait plus de responsabilités qu'il n'en avait jamais eu de toute sa vie. Pourquoi continuerait-il à se prendre la tête ? Pour Eilys ?
La jeune femme s'assit lentement sur le canapé et laissa son regard chargé de mélancolie se perdre dans le vide. Qu'allaient-ils faire ? Désormais c'était impossible de se montrer ensemble sans déchainer les passions. Deux artistes qui « travaillent » dans un studio c'est intéressant mais cinq minutes. Deux artistes qui mentent sur leurs sentiments et la nature de leur travail pour être ensemble c'est louche, ça cache plein de choses, c'est passionnant. La star ne savait pas ce qui était la meilleure solution. Ne pas se montrer ou au contraire gaver la presse ? A moins que ce ne soit de renoncer à l'amour tout simplement. Furtivement elle posa les yeux sur le chanteur qui était en train de fumer un peu plus loin. Il était calme, du moins en apparence, et tellement beau. Tellement confiant, tellement rebelle. Comment pourrait renoncer à une merveille pareille ? Charles représentait la source de vie qui lui avait cruellement manqué dans sa vie. A ses côtés elle se sentait invincible. Finalement le jeune homme revint près d'elle, son cœur battant légèrement plus vite elle le regarda approcher comme on observe un ange tomber du ciel. « On va plus pouvoir sortir encore… Pas qu’on sortait beaucoup, mais vu comment ça c’est passé la dernière fois, on va devoir être encore plus prudent cette fois-ci… » dit-il finalement. Eilys le regarda un instant, perplexe avant de détourner les yeux, toujours aussi intimidée par lui malgré leur intimité. Charles avait-il réellement conscience de ce qu'il disait ? Il parlait comme s'il désirait rester avec elle, comme si ce qui se passait entre eux comptait vraiment.
Eilys souffrait de ne pas sa voir mais elle n'avait pas le courage de demander à Charles ce qu'il ressentait vraiment de peur de l'agacer. Ce fut pourquoi la jeune femme se contenta de hocher lentement la tête et de dire avec un rapide sourire « Ouais, j'ai pas envie de revivre le calvaire de notre première rupture. Ils nous ont déjà eu une fois... » Sa voix mourut aux portes de ses lèvres. Oui la presse était parvenue à les mettre à bout lors de leur fausse relation. Survivraient-ils une seconde fois ? Quand elle entendit Charles soupirer, Eilys eu un sourire triste tandis qu'elle le regarda à nouveau de ses yeux mélancoliques. Elle le trouvait magnifique à cet instant bien qu'elle ne puisse tolérer le fait de le voir aussi soucieux, surtout quand c'était sa faute. Voir Charles inquiet c'était comme entendre un enfant parler de la mort, c'était presque choquant, tellement décalé et contre nature. Il ne devait pas avoir de pensée aussi noire. « On devrait la faire... » dit-il finalement à la fois comme si ça lui en coûtait et comme si c'était une idée en l'air. « Quoi ?! » demanda Eilys en levant brusquement les yeux vers lui sans comprendre. « Mais tu viens juste de... » commença-t-elle dans un éclat de rire sans joie tout en désignant vaguement la porte de la main. « Je sais, je sais, je viens de dire le contraire mais... Les journalistes ne nous lâcheront pas tant qu'on ne leur aura pas donné ce qu'ils veulent. »
La musicienne le regarda silencieusement, réfléchissant à la meilleure des solutions à prendre. Charles n'avait pas tord. En disant clairement ce qu'ils avaient envie d'entendre, les journalistes resteraient certes lourds, mais supportables. Alors qu'en se cachant, qu'en attisant leur curiosité en leur faisant croire que cette relation était plus complexe que prévue, elle et Charles ne seraient jamais en paix. Une conférence de presse... En quelques semaines Eilys s'était retrouvée plus souvent face aux journalistes à se justifier que ces six derniers mois. Finalement, elle hocha la tête en signe d'approbation. Charles détestait ça tout autant qu'elle mais s'il pensait que c'était la meilleure chose à faire, il devait avoir raison. Eilys le regarda partir pour s'habiller tandis qu'elle soupira. Il fallait qu'elle se bouge, qu'elle se montre plus forte mais la simple pensée d'être une fois de plus sous l'attention des journalistes la terrorisait. Combien d'artistes méritants n'avaient-ils pas perdus leur carrière à cause d'une interview de trop ? Une parole maladroite ? Eilys refusait que ça leur arrive, ils ne le méritaient pas. Quand il revint dans le salon, elle n'avait pas bougé d'un pouce. Un instant plus tard ils étaient dans la maison de disques.
Avant sa rencontre avec Charles, la maison de disques était pour Eilys un deuxième chez soi, un moyen de fuir de temps en temps la vie en communauté avec ses sœurs trop bruyantes, aussi adorables et drôles soient-elle. Mais maintenant, les couloirs lui semblaient froids, impersonnels et le moindre visage avait l'air d'un ennemi. Eilys se contenta de rester silencieuse, laissant Charles gérer comme il savait si bien le faire. C'était surprenant comment un homme qui avait toujours été considéré comme un gros gamin immature était en réalité capable de gérer une situation de crise. Il fallait surement lui laisser sa chance ou avoir confiance en lui. La compositrice lui lança un rapide regard en coin, la mélodie dans sa tête se précisant. Les journalistes arrivaient, ils prenaient place et plus la jeune femme avait l'impression qu'ils étaient nombreux, plus une boule se formait à la fois au niveau de sa gorge mais aussi de son estomac, pesant dessus désagréablement. Charles embrassa ses cheveux, comme s'il avait ressenti l'appel à l'aide de la jeune femme. Il se montrait d'une tendresse unique et précieuse. C'était peut être stupide mais à chaque fois que le chanteur se contentait de lui sourire, de l'embrasser sur le front, la bassiste sentait son cœur s'emballer, se sentant privilégiée. Charles était un séducteur, pas un homme tendre avec la même femme. « Prête ? » demanda-t-il finalement ? Eilys hocha la tête alors qu'elle était loin d'être prête. Mais Charles lui saisit la main, ce qui eu le don de la rattacher sur terre. Sa main était chaude et douce.
L'instant qui suivit aurait pu être douloureux pour Eilys si elle n'avait pas été absente. Les journalistes étaient là, ils parlaient fort pour se faire entendre, ils les mitraillaient. La bassiste avait mal aux yeux à cause des flashs intempestifs. Elle entendait des voix mais n'en comprenait pas le sens. Au bout de quelques secondes son esprit divagua, laissant alors Charles seul commandant de cette conférence. Pensive, la compositrice entendit alors cette mélodie saisir son esprit et le rythmer. Plus elle voyait sans les voir ces journalistes plus elle avait envie de dire à Charles de partir, de se sauver comme deux adolescents qui se foutent de leurs responsabilités, qui n'ont qu'une vie à vivre et qui comptaient bien la rendre merveilleuse. Toutes ces choses, Eilys avait envie de les dire mais comme toujours, elle en était incapable. « Je serais bref. Eilys et moi, on est bien ensemble, en quelque sorte. » disait la voix lointaine de Charles. La jeune femme ne montra aucun signe de vie, se contentant de sourire rapidement de temps en temps pour montrer qu'elle n'était pas une poupée de cire inanimée. Quand il la saisit par la taille, la musicienne leva les yeux vers Charles et eu envie de rire, de l'embrasser bien que ce soit la chose la plus stupide à faire dans ce genre de moment. La musique était là, ses sentiments aussi et elle eu une envie dévorante de jouer car c'était le seul moyen qu'elle possédait pour exprimer ce qu'elle avait sur le cœur.
Les flashs continuaient tandis que Eilys n'écoutait pas vraiment, perdue entre sa chanson et ce que Charles venait de dire à la presse anglaise. Plus les secondes défilaient plus elle avait envie d'être seule avec le chanteur pour discuter, savoir ce qu'il ressentait vraiment, ce qu'elle était pour lui. Car Eilys le savait, Charles était une part majeure de sa vie, elle le voulait tout le temps parce qu'il la faisait rire, parce qu'il faisait d'elle une femme libre et heureuse. Parce qu'il la séduisait comme personne et la rassurait. Enfin il fut temps de partir, de se sauver d'ici. La musicienne étouffait, elle voulait être seule avec Charles et jouer, écrire. C'était fou comment l'inspiration était en train de se faire de plus en plus violente alors que ce n'était pas le moment le plus approprié. Mais encore une fois, la jeune femme se demandait ce qu'elle allait devenir avec Charles, ce qu'il ressentait. Elle en vint à espérer qu'un journaliste pose la question pour elle mais ça aurait été trop beau qu'un d'entre eux serve à quelque chose, tiens...
Toujours aussi absente, comme si tout ça ne la concernait pas vraiment, Eilys se laissa entraîner par Charles à l'écart des journalistes. Quand elle pensa qu'ils étaient seuls, la jeune femme retrouva conscience du monde, de lui. « Et voilà, problème résolu ! » dit-il avec un sourire tellement craquant que la jeune femme qui était habituellement timide en public ne pu s'empêcher de se mettre sur la pointe des pieds et l'embrasser avec presque fougue. Elle ne savait pas vraiment ce qui lui avait prit, un élan d'affection surement... Cependant ce geste fut intercepté par les journalistes retardataires. Charles poussa un juron et ouvrit une porte au hasard visiblement. Eilys qui connaissait les lieux comme sa poche tenta de l'en dissuader « Emrys, non pas par là ! » Cependant c'était trop tard, les deux artistes étaient déjà enfermés dedans d'un coup de baguette. « Han, c’est sympa par ici, tu trouves pas ? » la jeune femme ne parvint pas à retenir un éclat de rire qui la surprit elle même. Quand le chanteur passa ses mains dans son dos, elle se senti frissonner de gratitude et un intense sentiment de sécurité la saisit. C'était ce qu'il lui avait toujours manqué et jamais, il y a quelques semaines de cela, elle aurait pensé le trouver dans les bras d'un homme tel que Charles.
« Ça va ? » demanda-t-il encore inquiet. Eilys eu un sourire et l'embrassa rapidement avant de reculer la tête et de prendre un air soucieux. C'était maintenant ou jamais. Elle ne survivrait pas sans savoir, c'était en train de la ronger. Elle se sentait à la fois précieuse et inutile. Chanceuse et maudite. La bassiste respira profondément et commença d'une voix aussi tendue que si elle s'apprêtait à avouer une bêtise. « En fait... » commença-t-elle maladroitement en jouant nerveusement avec la veste de Charles sans le regarder dans les yeux. « Il y a quelque chose dont j'aimerais te parler depuis quelques temps déjà... Quelque chose d'important. J'ai essayé de vivre sans réponse mais j'y arrive pas. Ça me bouffe » avoua-t-elle avant de le regarder dans les yeux d'un air d'excuse. Eilys détourna son regard mélancolique une nouvelle fois et prit son temps avant de poursuivre. « Ce que je vis avec toi, c'est merveilleux. J'ai l'impression d'avoir seize ans, d'être libre... » elle eu un sourire rayonnant presque anormal sur son visage mélancolique. « Mais justement... je ne sais pas ce que je vis avec toi. Tu as dit à la presse qu'on était ensemble, est-ce que ça veut dire que tu es sérieux vis-à-vis de moi ? Ou je dois me réveiller chaque matin en ayant peur que ce soit le dernier avant que tu ne changes d'avis et ne reviennes plus vers moi ? J'ai pas envie que ça s'arrête Emrys... Je t'adore » Elle avait les deux derniers mots avec une telle émotion qu'elle en était au bord des larmes. En fait, Eilys n'était pas parvenue à dire à Charles ce quelle ressentait vraiment, et c'était autre chose que de l'adoration, de l'attirance ou de l'affection. C'était plus fort, plus passionné. Cependant la jeune femme n'avait pas la force de l'admettre, encore moins au jeune homme alors qu'elle ne savait pas si elle comptait pour lui. « J'ai besoin de savoir si on ressent la même chose l'un pour l'autre... » termina-t-elle d'une voix timide en le regardant de ses yeux mélancoliques.
CHAPITRE 4 - « La célébrité est le châtiment du mérite et la punition du talent. »