I don't wanna be in love [Fe]

Accoudée au comptoir, Charline sirotait son verre tout en pensant à la femme qu'elle venait d'aller voir. Cette dernière l'avait contacté par téléphone. Aujourd’hui, Charline avait étendu sa petite affaire autant dans le monde moldu que dans le monde sorcier. Sa dernière cliente en date était donc une femme moldue de 35 ans qui trouvait que son mari rentrait de plus en plus tard à la maison. Elle avait confié à Luisa – c’était son nom dans le métier – qu’elle aimerait être sûre de la fidélité de son mari, elle ne voulait pas être la femme trompée, être celle que l’on plaint. Non, elle n’était pas ce genre de femme et c’est pour cela qu’elle avait fait appel à Luisa. La belle brune aux yeux azur l’avait écouté attentivement tout en prenant quelques notes sur le mari de cette dame, ses habitudes, son métier, son caractère aussi.

« Où vous êtes-vous connu ? » demanda alors Charline. Elle sentit la dame en face se raidir et lui laissa le temps de boire une gorgée de café avant de reprendre d’une voix douce. « Ce n’est pas un interrogateur Madame Brody, je voudrais juste connaître un peu votre histoire. Il me faut connaître votre époux si je veux faire … mon travail. Et c’est aussi pour que vous ayez l’esprit tranquille. » Il n’y avait eut aucune hésitation dans la voix de la brunette, elle voulait juste laisser un temps d’assimilation à son interlocutrice. Charline était loin d’être inhumaine. Néanmoins, elle pensait que Mme Brody avait fait le bon choix en la contactant … en contactant Luisa. Elle aurait la conscience tranquille, ou à l’inverse, se poserait des questions sur la fidélité de son mari. Ceci dit, elle aurait au moins quelques réponses à ses questions. Luisa n’allait pas non plus lui mâcher tous le travail ! Après ses missions, elle faisait un récit de ce qu’il s’était passé lors de la rencontre avec le mari soupçonné : ce n’était pas vraiment un récit. Elle précisait toujours en premier s’il y avait eut ou pas l’intention d’une relation sexuelle avec elle. C’était surement le plus dur pour elle de dire ce genre de chose aux clientes mais d’un autre côté, elle était persuadée que ces épouses/fiancées/petites amies le savaient inconsciemment. Ce n’était quand même pas pour rien qu’elles la contactaient. Mais elle n’annonçait pas non plus que des mauvaises nouvelles. Il lui arrivait aussi (et heureusement d’ailleurs !!) que des hommes réussissent l’épreuve haut la main et qu’ils lui avouent de suite que leur cœur est déjà prit. Et croyez-moi, dans ces moments-là, Charline était la plus heureuse qu’un homme refuse ses avances ! Et d’ailleurs, pour se prouver et se motiver encore plus, elle gardait, dans un endroit secret de son appartement, les dossiers dont les hommes avaient réussis le test haut la main.

L’entrée de quatre hommes dans le bar la sortit de sa léthargie. Elle tourna la tête et croisa le regard d’un beau brun qui lui sourit. Charline se surprit à lui rendre un petit sourire alors que le brun reportait déjà son attention sur son groupe d’amis.
Charlie prit une longue gorgée de Whisky pur feu alors qu’elle reportait son attention sur le barmaid alors qu’elle sentait le regard brûlant et insistant du brun qui lui avait sourit quand il était entré.

« Un autre whisky pur feu s’il vous plait. » demanda-t-elle au petit bonhomme aux cheveux gris qui faisait office de barman. Sans prendre le temps de répondre, le petit homme sortit un autre verre et et y versa le contenu demandé par la sorcière.

« Bonsoir … Je peux me joindre à vous ou vous attendez quelqu’un ? »

La jeune femme sursauta. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il vienne l’accoster pensant plutôt qu’il était le genre d’homme à ne pas oser aborder les femmes. Elle leva alors les yeux vers lui et y devina de la gêne. Elle jeta un rapide coup d’œil à la table plus loin et vit trois hommes regarder dans leur direction puis détourner le regard de façon peu discrète.

Elle prit une gorgée de son whisky pur feu tout en regardant le brun en face d’elle en le toisant du regard :

« Si c’est un pari avec vos amis, vous pouvez de suite lâcher l’affaire. » dit-elle alors qu’il s’asseyait maladroitement à côté d’elle. La brune avait toujours été méfiante envers les hommes mais elle pensait, elle ne savait pas trop pourquoi, qu’il n’était pas ce genre d’homme. Vous savez le genre a faire des paris stupides !

Charline ne pouvait pas le nier, le sourire de Jaimie était à tomber mais, comme à son habitude, elle gardait un parfait contrôle d’elle-même et laissa un petit sourire flotter sur ses lèvres. Le brun lui avoua que ses amis attendaient beaucoup de lui et se demandaient en combien de temps il se ferait virer de sa table. C’était sa première sortie depuis des mois. Des mois ?!! Certes, il n’avait pas l’air spécialement à l’aise mais elle ne pensait pas qu’elle avait à faire à un homme si timide!

« Ils sont sympas vos amis » Dit-elle avec ironie en prenant une gorgée de son whisky pur feu. « Et si ce n’est pas indiscret, pourquoi sortez-vous ce soir justement ? Quelque chose à fêter ?? »

Finalement, la curiosité gagnait la jolie brune et puis, son interlocuteur n’était pas désagréable et ça ne faisait pas de mal un peu de compagnie non ? Mais Charline n’était pas la seule à être curieuse. A peine l’eut-elle dévoilée son prénom qu’il lui en demandait l’origine. Si elle était française ?? Et bien, oui en quelque sorte elle l’était puisque sa mère était française et son père était un italien pur souche. Charline était donc un joyeux mélange de ses deux nations et elle en avait toujours été fière malgré la relation chaotique – et même inexistante – avec son père.

« Moi de même Jaimie. Ma mère est française et mon père italien et ça ne fait que 6 ans que je suis en Angleterre … d’où un prénom français. »

Dit-elle avec un petit sourire alors qu’elle lâchait la main de Jaimie. Charline nota mentalement qu’il essayait de faire la conversation comme si il voulait la détendre à elle. Et à ce stade là, c’était plutôt à lui de se détendre non ? La belle brune sentait clairement que son interlocuteur n’était pas tranquille que ses amis l’observent de cette manière et surtout la certitude qu’il avait perdu l’habitude de parler avec d’autres personnes … suite à une relation amoureuse désastreuse ?? Peut-être bien … Elle avait toujours eu du flair pour ce genre de chose, c’était un peu comme un don qu’elle exploitait à des fins professionnelles parce qu’elle voulait aider toutes ces femmes malheureuses et dans le doutes. Et généralement, leurs doutes étaient fondés.

« Ah je vois. Je sors justement du travail là. Je suis médicomage au département des empoisonnements par potions et plantes. Et vous quel est votre métier ? »

Cet homme était une contradiction à lui tout seul : il ne sortait plus de chez lui, à part pour aller bosser, était surement très à l’aise avec ses patients mais dès qu’il enlevait sa blouse blanche c’était un peu comme si on lui enlevait sa capacité de parler. Il avait peur d’être encore déçu c’était certains. Charline n’était pas ce genre de fille : celles qui vont trompées l’homme qu’elles aiment juste pour le plaisir et c’était pour cela qu’elle était inspectrice de fidélité ; pour démasquer les hommes qui font cela et qui font souffrir des tas de femmes … comme sa mère a souffert quand elle apprit que son mari la trompait depuis des années.

« C’est un beau métier que vous faites, personnellement, moi, tout ce sang ça me donnerait la nausée. » Le médicomage lui posait déjà la question qu’elle redoutait : son métier. Obligatoirement, elle mentait. Elle ne pouvait pas faire autrement. Et comme à chaque fois qu’elle racontait un bobard, elle se mordait juste avant la lèvre inférieure. « Je travaille pour Gringotts dans les affaires internationales. Je voyage beaucoup. » Et c’est ce qu’elle était avant. Elle voyageait énormément avec son poste à Gringotts en négociant des contrats avec d’autres banques sorcières dans le monde et ce métier lui plaisait mine de rien mais démasquer des maris lui plaisait encore plus. Elle se rendait vraiment utile … Luisa – c’était son nom dans le métier - se rendait utile et rétablissait la vérité ! « Pourquoi ne sortez-vous plus depuis des mois ? » Charline en connaissait déjà la réponse : une femme. Elle le savait, elle le sentait mais elle ne voulait pas laisser s’installer un silence pesant entre eux alors elle le questionnait et puis, il fallait avouer qu’elle aimait sa compagnie.

La question de Charline sur sa sortie le mit encore plus mal à l'aise qu'il ne l'était. Il ne pensait pas que cela puisse être possible, mais ça l'était. Un sourire gêné apparut sur ses lèvres. Il pourrait très bien lui mentir et faire passer sa gêne pour autre chose, mais ce serait difficile. Il préféra donc dire la vérité sur sa présence ici.

« Oh non, il n'y a rien à fêter au contraire... C'est juste que depuis qu'il y a eu un événement qui s'est passé dans ma vie, je ne sortais plus. »

C'était la première fois que Jaimie en parlait à quelqu'un qui ne connaissait pas sa situation en ne donnant pas tous les détails et ça lui faisait bizarre. Il ne connaissait Charline ni d'Adam ni de Eve et pourtant il lui avait révéler la chose qui lui faisait le plus honte dans sa vie. Oui parce que la rupture de ses fiançailles était une chose dont il avait honte. Pourquoi, ça il ne le savait pas, mais il n'était pas très à l'aise avec ce sujet. Cependant, il ne lui avait pas dit exactement ce qu'était l'évènement en question et il se doutait bien qu'elle lui poserait la question tôt ou tard. Il préféra donc changer de sujet et se présenta. Elle le fit à son tour et son prénom sonna français à l'oreille du jeune homme. Il lui demanda donc si elle était française. Sa réponse le fit sourire.

« J'ai toujours rêvé d'aller en France, mais je n'ai jusque là jamais eu le temps de le faire. Cela doit être un très beau pays non ? »

Alors qu'il parlait avec Charline, Jaimie sentit sur sa nuque la brûlure des regards de ses amis. Apparemment ils étaient en train d'observer la scène et se demandait quand est-ce qu'il se ferait jeter parce qu'il avait perdu l'habitude de parler avec des femmes. Le jeune médicomage se doutait bien que c'était ce qui leur passait par la tête à ce moment précis et il savait aussi qu'ils n'avaient pas tord. Jaimie n'avait jamais été réellement sociable et à l'aise avec les gens. Lorsque c'était pour le travail cela passait très bien que ce soit un homme ou une femme, mais dès qu'il sortait de l'hôpital sorcier, c'était un désastre. Les relations humaines n'avaient jamais été son truc et il en avait souffert. Les deux jeunes gens vinrent à parler du métier de Jaimie.

« Vous savez, dans la partie où je suis, on ne voit pas trop de sang. On étudie surtout les plantes qui peuvent empoisonner et on cherche des antidotes avec leur poison. Et c'est la même chose pour les potions. C'est vraiment intéressant. »

Alors qu'il lui demanda son métier, Jaimie crut voir un instant un mouvement de recul mais il se dit qu'il avait du halluciner. Il l'écouta donc en souriant tandis qu'elle racontait qu'elle voyageait beaucoup.

« Vous avez voyagé dans beaucoup de pays ? »

Jaimie avait toujours été très curieux et cela n'avait guère changer avec les années. Il posait donc toujours des questions sur la vie des gens, d'un parce que ça l'intéresser d'apprendre à connaître la personne avec qui il parlait, mais aussi parce que sa curiosité était ainsi assouvie. Alors qu'il pensait que cette question n'allait jamais arriver et qu'il y avait crut de toute ses forces, elle sortie sans prévenir de la bouche de Charline. Jaimie se crispa quelques instants sur son verre avec un sourire forcé.

« J'ai été fiancé il y a quelques temps. J'avais des soupçons sur sa fidélité. J'ai alors décidé de la suivre pour vérifier mes doutes et je l'ai vu collé à un type. Ce type avait sa langue dans la bouche de celle qui allait devenir ma femme. J'ai vu rouge et je m'en suis pris à lui. Elle m'a quitté parce que je ne lui avais pas fait confiance. J'ai été dévasté parce que je pensais qu'elle était la femme de ma vie et alors que je travaillais dur pour ramener le plus d'argent possible pour qu'elle soit contente, elle se tapait un autre homme. »

Maintenant Charline connaissait tous les détails de sa vie et il préféra baisser la tête afin d'éviter son regard. Quelques minutes de silence pesantes s'installa entre les deux adultes et Jaimie du se faire violence pour le briser.

« Et vous, vous avez quelqu'un dans votre vie ? »

Le jeune homme espérait une réponse négative comme cela il pourrait prolonger cette conversation. Et même si elle avait quelqu'un, rien ne les empêchait de devenir amis. Et c'est avec cet état d'esprit qu'il attendit la réponse de Charline.