AccueilAccueil  CalendrierCalendrier  FAQFAQ  RechercherRechercher  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  

Le Deal du moment : -29%
PC portable Gamer ERAZER DEPUTY P60 – ...
Voir le deal
999.99 €

 

 Drôles d'oiseaux!

Invité
Invité
Anonymous
Drôles d'oiseaux!  Empty
MessageSujet: Drôles d'oiseaux!    Drôles d'oiseaux!  EmptyVen 25 Mar - 13:56

Ah les femmes ! Pas trop difficile de les embobiner quand on est doué. La sienne était un peu suspicieuse mais avec quelques compliments sincères et des câlins, Andreï était certain de parvenir à lui faire oublier ses petits mensonges par « omission ».
Il voulait qu’elle change de thème et cesse de l’interroger afin d’éviter à lui mentir effrontément.
Son bref passage à l’hôpital lui avait permis de se pencher sur ses problèmes. Ainsi le « Nid » ne voulait pas de lui selon sa victime de l’hôtel ? Cela ne correspondait pas avec les contacts renoués. De deux choses l’un ou on l’avait mené en bateau, ou le « Nid » était divisé. Une part cherchait à le rallier, l’autre à l’éliminer. S’il n’agissait pas, la faction dissidente risquait de vouloir récidiver et, même prévenu, Sanders pouvait tomber dans un traquenard quelconque.
Que lui joue avec le feu était une chose. Que les vies de Nate et Jarek soient menacées était complètement différent.
Tout en picorant son épouse de baisers de plus en plus soutenus, Andreï gambergeait à la meilleure stratégie à employer pour que cesse définitivement l’opposition.
L’intrusion de la bonniche dans l’intimité des Sanders, lui arqua le sourcil :


Il…Il…y a des messieurs de la Police qui sont là…

Réaction immédiate d’Andreï :

*La police, mon c*l !*

Il savait les avoir convaincus de sa bonne foi et prouvé la réelle légitime défense. Jamais il n’avait voulu tuer Harvey Potts. Sans son attitude idiote ce dernier serait encore en vie. Peut-être avec un oubliette à la clé mais en vie ! Si l’on venait à nouveau embêter Andreï, cela ne pouvait signifier que…

Andrei Sanders Orloff, considérez vous en état d’arrestation.

*Et m***e*

Bondir sur sa baguette ? Résister ? Risquer que Nate soit blessée dans les échanges ? Non !
Une chose réconfortait Andreï : on ne l’avait pas abattu de suite. Qui que soient les intrus, ils voulaient régler les comptes en douce. Autant laisser faire, voir venir et espérer...
Nate pouvait se montrer casse bonbon quand elle voulait. Elle pinailla :


Mais, chéri…dis quelque chose ! Tu ne peux pas laisser qu’on t’emmène comme à un vulgaire délinquant !!!

Il ne plaida rien, se laissa lire ses droits et menotter. Touchante Nate. Privée de son amour, elle risquait une fameuse crise. Un baiser hâtif, le temps de souffler :

Ça va aller, je t’aime.

On l’embarqua.

Son côté amoché dans l’échange de coups de feu le fit grimacer en entrant dans la camionnette. Les pseudos policiers restèrent muets un moment ; Andreï aussi.
Cela dura jusqu’à ce que les lumières de la villa de Sanders disparaissent. On abordait le bord d’un à pic rocailleux quand le véhicule stoppa.


*Cette fois, ce sera le grand saut !*

Le gars qui l’avait menotté fit jouer la portière :

Nous allons descendre.

Ce « nous » rassura un peu Andreï. Pas de tu descends ici… Terminus…
Tiens, ils osaient lui ôter ses menottes… et lui piquer sa baguette. Cette mesure le fit râler : il avait donc affaire à des sorciers… La suite le sidéra :


Pardonnez-nous ces mesures, altesse. Je suis Dimitri Dvorev, plus communément nommé Milan. Nous avons reçu l’ordre de vous escorter au plus vite au quartier général des opérations.
Si vous permettez…


Pas le temps de dire ouf, Dvorev fit apparaître un portoloin qu’il invita Andreï à toucher.
S’il osait refuser, sûrement qu’on l’y forcerait. Autant aller voir ce qu’on lui voulait.
L’objet magique activé les mena, lui et ses compagnons de voyage, dans un parc naturel aux magnifiques sommets montagneux lointains. Sens en alerte, Andreï pensa ne pas se tromper en identifiant l’endroit :


*Californie !*

Là, un nouveau véhicule les attendait. Ils y montèrent et roulèrent longuement. Au bout d’un moment, un sortilège aveugla le jeune homme, le désorientant.

La sécurité exige ces désagréments. Vous saurez tout dans un moment.

Il s’écoula encore bien du temps…

Assis autour d’une immense table de travail, huit hommes et une femme discutaient avec animation. Verres, carafes d’eau ou d’alcool, cendriers, portables assurant le confort, leurs mines n’étaient pas réjouies. L’un des présents gronda à l’adresse de celui qui « présidait » l’assemblée :


Encore une fois Piotr, allez-vous nous dire la raison de cette réunion ?

C’est vrai, s’énerva son voisin de gauche, vous nous avez convoqués de façon abrupte comme si un événement de la plus haute importance devait se produire, et cela fait presque une heure que nous sommes là à attendre votre bon vouloir !

Les autres s’animèrent aussi. Le mécontentement régnait.
Serein, Piotr Ivanov leva et baissa les mains en geste d’apaisement :


Mes amis, j’ai réclamé votre patience. Je n’en abuserai pas. Elle sera rapidement récompensée, je vous assure.

La porte du fond de la salle s’ouvrit au même instant sur deux hommes que salua Piotr en se levant, souriant :

Bienvenue, mon cher ! Il nous tardait de vous accueillir. Mes amis, pour ceux qui ne le connaissent pas encore, laissez-moi vous présenter le prince Andreï Orloff !

Une très légère ovation s’en suivit.

Milan, vous pouvez disposer. Veuillez prendre place, altesse.

S’avançant vers l’unique place libre, à l’opposé du président, Andreï était mitigé.
Des questions, il s’en était posées en chemin. Ainsi on l’avait finalement convoyé au Nid ? Dans quel but ? Son siège semblait privilégié, mais…
L’œil de l’épervier ne rata pas la réaction des hôtes. Sourires des uns, renfrognement d’autres.
Il voulut ouvrir la bouche avant de s’asseoir, le maître de séant sourit en se posant lui-même, lui coupant la chique :


Je sais que vous vous demandez à quoi tout cela rime, épervier. J’ai, je l’avoue, pris certaines libertés à votre égard ; ne m’en veuillez pas. Les temps ont quelque peu changé depuis votre départ…

Saisissant la balle au bond, Andreï grimaça :

C’est peu de le dire, Piotr. Serait-il présomptueux de ma part de vous considérer à présent comme étant notre nouvel héron ? Que dis-je, notre aigle ? ( rengorgement de l’autre). Au fait, je vous salue en retour, Autour, Busard et Corneille. J’ignore le nom de nos autres amis mais je suis certain que vous ne tarderez pas à faire les présentations, Piotr.

Piotr Ivanov ! Cette vieille canaille. Cela faisait bien quatre années qu’Andreï n’en avait entendu parler. Bras droit essentiel du Héron, ce gars n’avait jamais manqué d’ambition. Lorsque Sanders avait démissionné de l’organisation en bousillant son dernier contrat – celui sur la tête de Sam – et abattu son chef, jamais il n’avait douté que le Nid resterait sans un coq. A l’époque, le Héron s’entourait déjà de quelques sorciers doués comme lui-même. Piotr en était, Andreï l’avait toujours su. Qu’à présent, celui qui se faisait appeler Gerfaut se prenne pour un Aigle… allait de soi. Autant qu’il s’en souvienne, Ivanov ne l’avait jamais encaissé. Sanders était trop individualiste, détestait le travail d’équipe. Pourquoi diable le recevait-il au saint des saints ?
Si c’était pour l’humilier avant de l’abattre, ce serait fait. Or là, il prenait des gants…


Altesse, vous savez que depuis toujours notre organisation a régenté tous les continents par paires de partenaires. Corneille et Autour veillent sur l’Océanie. Busard et Aigrette assurent nos intérêts africains. Les Amériques sont sous le contrôle de Bouvreuil et Bruant. Nos chers Calao et Albatros épient l’Asie. J’assume l’Europe. Je m’en sors très honorablement mais… C’est dur pour un seul homme… Aussi j’ai sauté sur l’occasion quand l’épervier a désiré rentrer dans la volière. J’ai choisi mon alter ego : vous, Andreï !

*Hein ?*

Je lève mon verre à notre nouveau partenaire. Longue vie à l’épervier !

Congratulations, toasts suivirent. Andreï afficha un air incrédule – pas surfait du tout – et glorieux. Il devait répondre, et vite. Sans trop réfléchir, il se dressa verre en main :

Merci à tous ! J’avoue que je ne m’attendais pas du tout à un tel accueil, ni à une telle promotion car voyez-vous, pas plus tard que cet après-midi – heure des Bermudes – j’ai été victime d’un… contrat. (sursaut voulu général) Oui, mes « amis » on a tenté de me descendre mais comme vous le voyez, je m’en suis tiré. La manière dont j’ai été ensuite « soustrait » à mes occupations ne me laisse aucun doute : vous étiez au courant, Piotr. Ce qui m’oblige à penser que tous, ici, vous n’êtes pas entièrement en accord avec les vues de Gerfaut à mon endroit. (sourire d’Ivanov, déni de tous voire air outré) Je ne m’attends évidemment pas à ce que le commanditaire de ce contrat sur ma tête se dévoile de lui-même.

Sauriez-vous qui c’est ? dit Aigrette en arquant un sourcil. Si c’est le cas, désignez-le nous.

Andreî se contenta d’émettre un de ses sourires mystérieux si craquant pour les uns, agaçant pour d’autres. L’Autour gonfla ses plumes en se dressant :

Il est indigne dans notre confrérie de décider de l’élimination d’un membre sans en aviser les autres ! Dites-nous qui c’est, Andreï ! Nous nous en chargerons aussitôt !

L’œil aiguisé de l’épervier surveilla les réactions quand il soupira :

J’ai malheureusement dû abattre Pott avant qu’il ait craché le morceau…

Dans le silence qui suivit, Andreï regarda son opposé. Infime, un battement de cil lui confirma ce qu’il commençait à pressentir. En s’asseyant, un genou d’Andreï avait heurté le dessous de la table. Ses doigts avaient confirmé la présence d’un beau calibre 22, de quoi lui donner bien des idées quant à la vraie raison de cette réunion. Calmement, l’arme sur sa cuisse, il continua sa phrase :

N’empêche que le commanditaire est parmi nous...

Le sursaut outré de l’assemblée donna le signal. Comme mus d’un ressort identique, le Gerfaut et l’épervier se levèrent, automatiques au poing. D’abord pointés l’un vers l’autre, les canons changèrent d’orientation. L’Autour chanta :

Si c’est une plaisanterie, elle est très mauvais goût.

Les détonations simultanées lui coupèrent définitivement le sifflet.

Pas de pitié pour les traîtres, dit Piotr, placide en rangeant son arme.

Figés sur place, les autres membres se tinrent cois. Gerfaut les apaisa :

J’ai tenu à cette réunion afin que justice soit faite devant tous. J’ai su très vite que l’on osait braver mes décisions mais j’hésitais encore entre deux personnes : Autour et Bouvreuil. Comment avez-vous su, épervier ?

Modeste, Andreï affirma l’avoir suspecté dès son entrée, que son attitude l’avait conforté dans ses doutes. N’avait-il pas voulu défendre l’honneur de la confrérie ? Quelle meilleure défense que l’attaque ?
On abandonna le corps sur place pour donner libre cours au soulagement en gagnant une autre salle où un buffet était dressé.
On bavarda beaucoup plus détendus en évoquant divers thèmes dont la succession d’Autour.
Peu à peu, chacun prit son envol vers son propre nid. Gerfaut tint à retenir encore un peu Andreï :


Je me doute qu’il vous tarde de rentrer auprès de votre famille, épervier. Votre délicieuse épouse doit mourir d’inquiétude à votre sujet…

Connaissant Nate comme il la connaissait, Sanders n’en doutait pas une seconde.


Il va vous falloir justifier ces heures d’absence. Je pense pouvoir vous y aider, nous verrons cela dans un moment. Je suppose que vous vous doutez que je ne vous retiens pas uniquement pour vous féliciter de votre promotion. Nos amis ont émis des réticences quant à votre allégeance totale à nos buts. Je leur ai assuré qu’ils n’avaient rien à redouter mais les convaincre pleinement ne sera effectif qu’à une condition… Voyez-vous laquelle ?

Le prix de mon adhésion, en quelque sorte… Dois-je remplir un contrat ?

Quel plaisir de discuter avec un interlocuteur tel que vous, Andreï ! Remplissez ce contrat et tous vous mangeront dans la main. Voici le nom de la personne visée. Vous avez trois jours. Il va sans dire que nous exigerons des preuves formelles de l’exécution. Vous savez aussi ce qui vous attend en cas d’omission. Bonne chance, mon « ami » !

Un billet se tendit, des mains se serrèrent.

Urgences du Hamilton Health Center

Un médecin accourut au devant des ambulanciers courant avec un chariot :


Qu’avons-nous ?

Homme de race blanche, la trentaine. Coups et blessures multiples. Patient stable, tension 10-7. Commotion probable. N’a pas repris conscience depuis qu’un automobiliste l’a trouvé au bord de la route.

On nettoie tout ça et on fait radio thorax et crâne. On sait qui c’est ?


Andreï Sanders.

Infirmière, contactez sa famille.

Chambre 222

Bon Dieu Dvorev et ses gars n’y avaient pas été de main morte en le passant à tabac. L’impression d’être passé sous un rouleau compresseur l’anéantissait. Dans sa tête résonnaient des tambours pires que ceux de Nouvelle-Zélande.
Ouvrant un œil incertain, Andreï vit le visage anxieux de Nate penché sur lui. Il crut lui sourire mais ce ne fut qu’une grimace. Elle débitait un flot de paroles en l’embrassant mais s’en souciait à peine.
Dans un coin, il entraperçut celle qu’il espérait. Sa main bougea, il murmura :


Sam, Sam ! Approche !

Elle seule pourrait comprendre, pourrait l’aider.

Au creux de l'oreille collée à ses lèvres, il souffla des choses terrifiantes...:



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Drôles d'oiseaux!  Empty
MessageSujet: Re: Drôles d'oiseaux!    Drôles d'oiseaux!  EmptyVen 15 Avr - 13:59

Quelle façon absurde de finir une petite soirée intime avec son chéri. Au lieu de déguster un délicieux repas, ils avaient dû subir la présence de l’inspecteur en chef Andrews et ses suspicions idiotes. Il fallait dire que le bonhomme n’y allait pas de main morte à l’heure de se lancer dans des assertions audacieuses. Sam se fichait comme d’une guigne de ce qu’il pourrait penser sur la nature de leurs relations avec les Sanders, libre à lui de se faire toute classe d’idées saugrenues, mais qu’il gâche si misérablement sa soirée la mettait en rogne, quoiqu’en y pensant bien, Andrews n’avait pas du tout tort de s’en poser, des questions. Il décortiqua minutieusement les faits d’Andrei, avec la même efficacité que la pince de sa langouste en tirant, logiquement, quelques conclusions dignes d’être tenues en compte :

Pourquoi Potts s’en prend-il à sa femme ensuite ? Par hasard ? Je n’en crois rien ! Il vous a dit avoir eu ce contact… anonyme. Il tue l’agresseur de son épouse – ledit Potts, du reste, tout le prouve : parfum entre autre – et tente de convaincre son monde de son innocence… C’est trop gros, voyez-vous ! On ne me la fait pas ! Je trouverai le fin fond de cette histoire. Sanders cache son jeu ! Je l’aurai et… ses complices aussi !

Sam hocha la tête sans rien dire, cela faisait un bon moment que tout cela la turlupinait sérieusement, elle aussi. Le commentaire persifleur de Justin enflamma l’échange :

Si vous pensez que nous sommes mêlés à cela, c’est simple : arrêtez-nous ! Vous ne vous êtes pas gênés d’embarquer Sanders… Est-il passé aux aveux ?

*Mais de que diables parle t’il ?*

Elle lui décocha un regard interrogateur, en craignant le pire, qui ne tarda guère à venir. Très surpris, l’inspecteur de Scotland Yard riposta :

Qu’est-ce que vous racontez ? Autant que je sache, Mr Sanders récupère de ses émotions chez lui...

Voilà qui corsait l’affaire. Que Justin retienne sa main lui fit s’attendre encore à quelque aveu disgracieux.

Je suis effectivement passé chez les Sanders mais… Nate était dans tous ses états parce que… On est venu cueillir Andreï à peine revenu de l’hôpital.

*Tiens…il pensait te le dire quand ? Jamais ?*

Mais tout à coup il resta très clair que le moment se prêtait mal à questionner les pourquoi du comment. Andrews qui s’était communiqué avec son bureau termina la communication et les regarda, assez perplexe et gêné :

Aucun de nos services n’est intervenu. On dirait bien que Mr Sanders a… disparu !

*QUOI !?!?*

Justin, blême se chargea de poser les pertinentes questions auxquelles personne ne semblait avoir réponse…pour le moment.

Vous… vous voulez dire que ce n’est pas vous qui l’avez embarqué ? Mais alors… Qui ?

D’un geste d’automate, Sam porta la coupe de vin aux lèvres. Dans sa tête les idées les plus folles se bousculaient en parfait désordre. Pour elle, il était absolument clair que cette disparition inopinée de Sanders ne pouvait obéir qu’à un seul motif : règlement de comptes. En essayant de calmer les pulsations quasi douloureuses de son cœur, elle se força d’analyser les faits, le plus froidement possible. Tout avait commencé la veille chez les De Brent avec la mort inexplicable d’Andersen, suivi par l’attaque insensée dont avait été objet Nate, à laquelle Andrei avait réagi démesurément pour finir en beauté et éclat par leur descente à l’hôtel où Sanders avait exécuté Potts. Exécution pourrait sembler un mot trop fort pour les non initiés mais Sam avait la certitude qu’il ne s’était jamais agi d’autre chose.

*Donc par la logique des choses …Andersen a voulu contacter quelqu’un chez Michael. Qui ?...Andrei, le plus sûr. Pourquoi ? L’avertir ? De quoi ?...Hum ! Potts l’en empêche, s’en prend à la rouquine pour circonvenir Andrei…de quoi ?...En tout cas cela n’accommodait pas du tout Andrei que cela se sache donc…ciao Potts…or on veillait au grain et hop…voilà qu’on embarque Andrei…Misère soit de cet homme….dans quel pétrin est il allé se fourrer !?*

Perdue dans ses réflexions, Sam ne remarqua même pas que l’inspecteur prenait congé, à contre cœur certainement d’avoir à laisser tomber un si succulent dîner. Elle descendit des nues quand Justin lui posa une question.

Euh…quoi ?...Non, je…pensais…c’est une embrouille terrible…Une idée ?, profond soupir en serrant ses doigts, oui…malheureusement oui…et elle est pas gaie du tout !

Il voulut en savoir plus. Sam but un peu plus de vin puis posant sa coupe, se massa désespérément les tempes.

Le Nid !

Justin la regarda comme si elle était devenue subitement folle mais elle secoua la tête, abattue.

Tu te souviens de l’affaire Worthington ?

Oui. Il s’en souvenait trop bien.

Le Héron est mort…Andrei l’a envoyé ad padres…mais il faut croire c’est pas pour autant que les « autres » ont enterré l’affaire…Je ne sais pas à quoi joue ton copain, s’il les a contactés ou si eux l’ont fait…mais tout ce qui se passe ici…est, j’en suis quasi convaincue, intimement lié à tout ça…Il y a deux possibilités…la première Andrei est en leur pouvoir et ils veulent lui faire payer sa trahison…si c’est le cas…on ne reverra plus jamais Andrei en vie…

Elle fit une pause angoissée, luttant pour défaire le nœud affreux qui lui serrait la gorge puis faisant une profonde inspiration poursuivit :

La seconde est…qu’il soit avec eux…qu’on l’oblige à reprendre sa place…moyennant pression de toute sorte…Oui, exactement…va savoir…Mais…ne restons pas là, Nate doit être en train de devenir folle…

Elle n’était pas en train de…elle était déjà devenue folle pour de bon. Quand ils arrivèrent chez les Sanders, la brave Jemina leur ouvrit la porte et les laissa entrer sans rien dire. Pas besoin de le faire, les sanglots de Nate se laissaient entendre dans toute la maison.

*Pauvre femme…Andrei ne pourra pas se plaindre de manque de dévotion, là !*

À peine ils posèrent un pied dans le séjour, la rousse Mrs. Sanders se précipita vers eux en hurlant :

Ce…ce n’était pas la Police ! C’est ça, non ? Ce n’était pas la Police…ce sont des sorciers qui ont emmené Andrei…Pourquoi ?!?

*HEIN !?*

Calme toi, Nate…calme toi…explique nous plutôt…d’où tu tiens l’idée que ce sont des sorciers qui ont emmené Andrei !?

La rouquine accrochée à son cou, Sam lui tapota gentiment le dos en l’entraînant s’asseoir non sans adresser à son chéri un regard demandant du secours. Nate débita sa petite histoire d’une voix hachée de soupirs et sanglots. Comme quoi elle aurait envoyé son patronus en prospection et celui-ci était revenu avec la nouvelle qu’Andrei était retenu en lieu incartable. Deux plus deux ayant toujours donné quatre, la conclusion à tirer était de méridienne clarté. Ce qui, bien sûr, n’apportait pas plus une explication valable pour ce qui se passait or Nate, dans son désespoir, en réclamait, des explications à cor et à cri…et pas toujours de la meilleure façon. Prise d’une subite et folle inspiration, elle s’écarta de Sam, la désignant d’un doigt accusateur :

Toi…Toi, tu dois savoir, tu…connais ses secrets…Il t’aime toujours et tu l’aimes autant…dis moi…où est Andrei !? Dis moi tout ce que tu sais !!!

*Pauvre folle !!!*

Justin n’agréa pas cet ex-abrupt, pas plus qu’elle-même. Nate perdait la tête et menaçait de piquer une crise de nerfs en toutes règles. Elle-même sur les nerfs, Sam n’hésita pas et lui envoya une gifle d’anthologie qui la fit se tasser à sa place, soudain muette de stupeur.

Je sais que tu es dingue de préoccupation mais cela ne te donne aucun droit pour débiter des inepties. Tu ne sais même plus ce que tu dis, Natasha. Je voudrais bien pouvoir te dire que je sais où est Andrei…mais non…ni Justin ni moi ne le savons…nous en sommes au même point que toi…Non ! Ne t’avise pas à rouvrir la bouche sinon je te jure que je te fiche des baffes à m’en fatiguer !

L’autre se le tint pour dit et resta coite à sa place, en reniflant de temps en temps. Sam se dirigea vers le meuble bar et voulut se servir à boire mais sa main tremblait si piteusement que Justin dut lui prendre la carafe avant qu’elle ne la lâche. Sans rien dire, elle se laissa aller conte lui et ferma les yeux avec force.

Elle me tape sur le système…je suis si fatiguée…tu ne crois rien de ce qu’elle dit, non ?...Tu sais qu’elle est chèvre, la pauvre…Je voudrais être méchante et la laisser tomber, rentrer à la maison et m’endormir dans tes bras…pourquoi on est si cons, Justin ?

Il était adorable. Sans tenir en rigueur les bêtises de son ex, il s’arrangea plutôt pour lui filer un calmant et l’accommoder dans le divan. Impossible l’abandonner dans cet état, restait à s’arranger le mieux possible pour passer cette nuit de veille.

Sam s’était endormie serrée contre Justin, dans le divan face à celui où reposait la dame de céans.
Combien de temps avait duré ce calme apparent ? Pas autant que voulu. Aux premières lueurs du jour, Nate s’était réveillée en sanglotant, sans même s’enquérir sur le bien être du petit Jarek, relégué à l’oubli avec la disparition de son père. Tout perdait importance aux yeux de la rousse…sans Andrei, le monde n’était qu’un trou noir et hostile où elle était perdue et se sentait menacée.


*C’est pas de l’amour ça…c’est de l’obsession !*

Certes elle serait à deux pas de devenir dingue s’il arrivait quelque chose dans le genre à Justin mais de là à perdre carrément les moyens…quand même pas ! La sonnerie du téléphone les fit tous bondir sur place. Sam qui était le plus près de l’appareil, souleva le combiné et répondit.

Mrs. Sanders ?

Tout comme si, on allait pas perdre le temps en mises à jour.

La même…avec qui je parle ?

Urgences du Hamilton Health Center.Nous avons ici un patient du nom Andrei Sanders. Il a été délivré il y a un peu plus d’une heure, son état est délicat mais stable. Oui, on croit à un accident, il a été trouvé au bord de la route…

J’arrive sur le champ !, assura t’elle d’une voix blanche avant de raccrocher et se tourner vers Justin et Nate, c’était l’hôpital…on y a admis Andrei il y a un peu plus d’une heure. Son état est stable…Va te doucher Nate…et change cette tête. Ton mari est vivant, tu voudras pas le tuer de la trouille avec cet air de déterrée, non ?...Nous allons un instant à la maison, nous changer et voir les enfants…Nous serons de retour dans une demi heure…Non, Nate…demi heure…Andrei ne va aller nulle part, tu peux me croire…le plus probable est qu’il soit sonné…donc. Pas besoin de se précipiter comme des fous…

Cela dit, elle prit la main de son mari et l’entraîna, sans plus dans un transplanage parfait qui les mena chez eux. La maisonnée était paisible. Vu l’heure, tous devaient encore dormir. Sur la pointe des pieds, ils firent la ronde des enfants. Angelots innocents. Madelyne, suçait son pouce en rêvant aux anges. Sam déposa un baiser sur son front et sortit en silence. Parvenue au couloir, elle s’adossa au mur et respira profondément.

J’ai cru que cette fichue nuit n’allait jamais finir…

Justin qui s’était approché se vit happé au vol et octroyé d’un baiser renversant.

Je t’aime Justin…je suis folle de toi…et nous avons presque une demi heure pour nous…mais quand cette histoire débile finira…je réclame des vacances…en tête à tête avec vous, Mr. Davenport.

On ne l’entendit pas se plaindre. Ce fut la demi heure la mieux employée des derniers temps. Quand ils rejoignirent Nate pour accompagner à l’hôpital, celle-ci ne fut pas dupe de leur air rayonnant.
Il suffit à Sam d’un coup d’œil à Sanders pour savoir qu’il ne s’était pas agi d’un accident de la route mais d’un passage à tabac dans toutes les règles de l’art. Andrei offrait une allure terrible, couvert de bleus et ecchymoses de tout genre, cela outre tout ce qu’on de discernait pas à simple vue. Quelques mots à l’interne de service, après s’être présentée comme agent du FBI, lui permirent de savoir que Sanders souffrait d’une commotion cérébrale, un bras cassé, trois côtes idem plus deux autres fêlées, on lui avait consciencieusement refait le portrait en prenant néanmoins soin de ne pas trop l’esquinter. À peine conscient, le patient n’avait pu dire ce qui lui était arrivé et resterait, sans doute, quelque temps, dans un état de certaine confusion.

*Très accommodant. Il sait exactement qui, comment et pourquoi mais bien sûr n’en pipera mot !*

Nate s’était livrée à une émouvante démonstration d’amour éperdu et l’aurait dévoré de baisers si le pauvre homme, tirant forces d’on ne sait où, n’avait fait un geste de la main en murmurant :

Sam…Sam !…Approche !

Voilà qui ne fit pas Nate plus heureuse. Elle s’écarta de son mari comme si une vipère l’avait piquée et se retournant vers Samantha l’avait couvée d’un regard venimeux alors qu’elle s’approchait du blessé.

Je suis là, Andrei…nous sommes là…Tout va aller bien…


Mais il ne tenait pas à être bêtement rassuré, il lui fit signe de s’approcher encore plus. Elle le fit et dut pratiquement coller l’oreille à ses lèvres pour entendre ce qu’il avait à dire. À mesure qu’Andrei parlait, Sam sentait qu’on lui enfonçait un poignard dans le cœur. Quand il se tut, la jeune femme se redressa, pâle et défaite, le fixant d’un regard hagard, serrant avec force les lèvres pour ne pas se mettre à hurler. Elle commença à trembler de tous ses membres et dût sembler à deux pas de s’effondrer car Justin bondit pour la retenir en demandant ce qui se passait pour la mettre en pareil état.

Je…je…te dirai tantôt…S’il te plaît, chéri…emmène Nate. Je dois parler avec Andrei…en privé. Je t’en prie…sans questions pour l’instant…c’est grave !

La rouquine rechigna bellement mais Justin captant la gravité du moment ne lambina pas en délicatesses et l’entraîna hors de la chambre. À peine furent ils sortis que Sam tira sa baguette et envoya au malade un Revigor à remettre sur pied un mort.

Répète ce que tu m’as dit…

Il s’exécuta, sans omettre détail et s’étant emparé de sa main la serrait à lui faire mal. Le dernier mot dit, ils restèrent là, à se regarder en silence, mesurant, accablés, le désastre innommable qui menaçait de les engloutir.

Donc, dit elle enfin après une profonde inspiration, si je n’ai pas mal compris, tes amis les Oiseaux t’ont récupéré en plein vol et ramené au Nid. C’est ta version polie, bien sûr. Tu me prends pour une imbécile, Andrei Sanders !?...Pourquoi diables auraient ils à s’occuper de toi après tout ce temps. ? Tu t’es défait de Worthington en usant de ton bon droit. Affaire close. Tu as mis de l’écart entre l’organisation et toi….mais non, Monsieur a eu besoin d’un peu d’émotion dans sa vie, non ? C’est toi qui les as contactés, non ?...C’est pour ça toute cette agitation soudaine, n’est ce pas ? L’Épervier voulait de l’action…ne me mens pas, je te connais, tu es d’un égoïsme épouvantable…mais à quoi pensais tu ? Que fais tu de ta femme…de ton fils ?...Il t’arrive de temps en temps de penser à quelqu’un d’autre qu’à toi-même !?...Ah bon !? Tu l’as fait…pour moi ?...Andrei, c’est de l’histoire ancienne…Je ne suis rien dans ta vie…ne me sors pas avec ça !!! Nate est TA femme. Jarek est ton fils…ce sont eux qui comptent…Arrête de me sortir des sornettes d’amour impossible…tu n’es plus un adolescent perdu mais un homme responsable… Oui, désolée si ça a foiré entre nous…ne revenons pas sur le thème…

Elle récupéra sa main et s’éloigna de quelques pas avant de se retourner et le dévisager…de loin.

Ce qui nous occupe en ce moment est ce nouveau contrat que tu as si glorieusement dégoté : tuer Justin Davenport. Charmante façon de prouver ton allégeance à ces pourris ! Tu sais ce que je devrais faire ? Ne me regarde pas comme ça…je devrais te descendre comme à un chien galeux et foi de moi que je le ferai si tu essayes tant soit de toucher à un cheveu de Justin…Ah…tu ne peux pas le tuer même si tu le voulais ?...Quoi !? Attachés par un serment ?...tu as pas pris un coup de soleil en plus des coups dont on t’a roué !?...Quelle perspicacité…bien sûr que je suis furieuse !!!

Elle avait envie de lui balancer un Avada sans arrière pensée et mettre fin à cette histoire débile mais évidemment ne le fit pas. Moyennant une overdose de bon sens et quelque peu de charité chrétienne, elle parvint à se calmer suffisamment comme pour envisager les choses sans passion.

Trois jours !? Dans ce temps, tu dois t’arranger pour me laisser veuve, le tout en fournissant des preuves indéfectibles d’avoir mené à bien ton contrat. Tu dois leur ramener la tête de Justin sur plateau d’argent ou quoi ?...Ah bon…il y aura des témoins pour donner foi…de ta bonne foi. Et après, mon ange…tu fais quoi ?...Tu rentres chez toi et te la coules en douce ? Tes copains doivent être des imbéciles perdus ou manquent d’information…ou définitivement veulent se défaire de toi en faisant semblant que non…Ils devraient savoir que si tu tues Justin, ceux qui lui survivent n’allons pas nous tourner des pouces…Bon, ils craignent pas la vengeance de la veuve éplorée…mais s’ils sont des sorciers la moitié de doués qu’ils prétendent, ils devraient savoir que le meilleur ami de la cible est un mangemort dangereux…difficile à circonvenir en plus…tue Justin et tu ne dures pas le temps de dire ouf avant que Michael De Brent te réduise en cendres…Tu y avais pensé !? Tant mieux pour toi…Que tu ne veuilles pas tuer mon mari est un point à ta faveur…mais logiquement ça ne nous arrange pas trop…enfin, ça ne t’arrange pas trop…parce que d’une ou autre façon, tu y passes !

Rien de plus réconfortant qu’un esprit qui y voit clair et ne se fait pas d’illusions.

Ben…que veux tu ? On ne se refait pas en un jour ! Je suis sans doute une idiote sentimentale…bien sûr que je vais t’aider…on va t’aider, parce que je me vois mal en m’y prenant seule…Faudra le dire à Justin…et à Michael, pour éviter des dommages collatéraux…Comment on va s’y prendre ? Pas la moindre idée. Faut y penser…on a pas trop de temps mais…occupe toi à te remettre assez comme pour faire un rôle crédible…Je te tiens au courant. Maintenant, je m’en vais et t’envoie ta femme...à toi de voir ce que tu lui racontes…moi, je pipe pas mot à la rouquine !

Justin faisait les cents pas dans le couloir, dans un sens et Nate, de même, dans l’autre. À peine elle s’encadra sur le seuil, ils se précipitèrent vers elle.

Andrei t’attend, Nate…pas de souci, il va mieux et se remettra. Viens Justin…on rentre à la maison !

Elle attendit à être isolés dans la voiture pour se tourner vers lui.

On a un énorme problème, mon amour…comme prévu, c’est bien au Nid qu’on a emmené Andrei…le passage a tabac était seulement pour la forme, ils ont accueilli de nouveau l’Épervier au sein de leur fichue organisation mais l’allégeance a un prix….Désolée, mon chéri…le prix…c’est ta tête !

De quoi mettre n’importe qui en joie. Sam passa à exposer les faits de la façon la plus claire possible, ce qui eut pour résultat de plonger Justin dans des profondes et noires cogitations.

Ben voilà…on a 72 heures pour parfaire un plan à toute épreuve…

Ou avoir droit à un miracle d’intervention divine !
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Drôles d'oiseaux!  Empty
MessageSujet: Re: Drôles d'oiseaux!    Drôles d'oiseaux!  EmptyDim 17 Avr - 18:53

Flash spécial :

Mesdames, messieurs, par ordre de police, nous interrompons nos programmes afin de diffuser un avis de recherche impératif.

Ce midi, devant de nombreux témoins à la poste de Church Street, Mr Justin Davenport a été abattu de trois balles. L’auteur est identifié comme étant Mr Andreï Sanders. (la photo d’Andreï s’afficha alors que le commentaire continuait) Toutes personnes ayant assisté à la scène, ayant aperçu Mr Sanders avant ou après cet acte sont expressément priées de contacter le Deputy Andrews aux numéros suivants…


Se lancèrent ensuite les bandes des caméras de surveillance de l’endroit.
Deux hommes se faisaient face. L’un était armé, l’autre portait une enveloppe en main.
Une courte discussion s’entama puis l’arme parla alors que la foule se débandait en tout sens. Le criminel prit l’enveloppe de sa victime et courut se fondre dans la panique générale.
Des gens, timides d’abord, s’avancèrent près du corps tandis que d’autres palabraient dans leur portable. Ambulance, police investirent les lieux…


Trois jours plus tôt

Décidément, tout tournait de travers ! Quand diable aurait-il la paix ? Jamais sans doute.
Consultant sa montre en remontant Church Street, Davenport se sentait très nerveux.
Ces derniers jours avaient été si pénibles !
Un regard à Sam lui prouva son tourment. Quelque chose clochait affreusement.
Maintenant que le chef Andrews affirmait qu’aucun de ses services n’était responsable de l’arrestation de Sanders, Justin mesurait l’étendue de sa bévue. Pourquoi s’était-il abstenu de dire qu’Andreï avait été arrêté ?


*Parce que t’es un crétin, doublé d’un imbécile…. Que tu es fou de ta femme et voulais une soirée en paix avec elle ! *

Dans ses petits souliers, il resta collé à son siège quand Andrews s’éclipsa sans un mot. Il posa la main sur celle de son épouse :

Sam… ça va ? Tu veux boire quelque chose de plus fort ? Je me demande ce qui s’est passé. Aurais-tu une idée sur la question ?

Mrs Davenport sembla revenir de loin :

Euh…quoi ?...Non, je…pensais…c’est une embrouille terrible…Une idée ? Oui…malheureusement oui…et elle est pas gaie du tout !

Seigneur, vu ta tête, ça ne l’est pas. Que penses-tu qui soit arrivé ? Si ce ne sont pas les flics qui ont embarqué Andreï, que lui est-il arrivé selon toi ?

Le Nid !


Là, Davenport s’avoua perdu. Pourquoi évoquer cela maintenant ? C’était de l’histoire ancienne…
Sam lança un nom impossible pour eux à oublier : Worrhington. Tous les deux avaient souffert à cause de ce chef d’une organisation secrète : le héron. Afin de « punir » Andreï de sa défection dans l’association surtout tournée vers le crime payant, Worthington avait enlevé Sam le jour même de son mariage avec Sanders. Il l’avait abusée dans tous les sens du terme en usurpant les traits de Davenport. Justin ne se rappelait que trop l’état de désespoir de Sam quand elle avait perdu le fruit de cet acte odieux.
Que faire d’autre que de serrer plus fort les doigts de son épouse pendant ce rappel douloureux ?
Sam s’était reprise et poursuivait ses conclusions personnelles :

Le Héron est mort…Andrei l’a envoyé ad padres…* J’aurais fait pareil…*mais il faut croire c’est pas pour autant que les « autres » ont enterré l’affaire…Je ne sais pas à quoi joue ton copain, s’il les a contactés ou si eux l’ont fait…mais tout ce qui se passe ici…est, j’en suis quasi convaincue, intimement lié à tout ça…Il y a deux possibilités…la première Andrei est en leur pouvoir et ils veulent lui faire payer sa trahison…si c’est le cas…on ne reverra plus jamais Andrei en vie…

*Bon débarras !*

Pensée peu charitable ? Et alors ? Depuis le temps que Sanders leur pourrissait la vie !
L’autre hypothèse ne valait guère mieux que la précédente : il était possible qu’Andreï ait été promu pour reprendre une place libre…
Quoiqu’il en soit, Sam, généreuse, pensa à Nate qui devait s’affoler chez elle.
Lui se serait bien passé d’aller rejoindre son ex… M’enfin…

Sur place, effectivement, Nate disjonctait tout azimut.
Il fut un temps où Justin aurait râlé de la voir s’en faire autant pour un autre que lui. Si la blessure d’orgueil subie était cicatrisée depuis, certains élancements douloureux persistaient.
Folle d’inquiétude, Mrs Sanders avoua avoir pigé que son Andreï avait été « enlevé » par des sorciers. Mais alors que Sam tentait de la calmer, Nate lui balança une tirade écoeurante en pleine figure :


Toi…Toi, tu dois savoir, tu…connais ses secrets…Il t’aime toujours et tu l’aimes autant…dis moi…où est Andrei !? Dis moi tout ce que tu sais !!!

Il est des vérités qui font mal… Depuis longtemps, Justin savait sans aucun doute qu’Andreï conservait des sentiments pour Sam. Mais de là à accuser Sam de les partager…
Si son épouse n’avait pas été prompte à la réaction, Justin se serait chargé lui-même de gifler cette dingue.
Remise proprement à sa place, Nate alla pleurnicher dans un coin tandis que Sam tentait de leur servir à boire. Ébranlée par ce cirque, la pauvre n’y arrivait pas. Son époux prit le relai.
Qu’il était bon de la sentir se laisser aller contre lui :


Elle me tape sur le système…je suis si fatiguée…tu ne crois rien de ce qu’elle dit, non ?

Je sais que tu m’aimes, Sam. C’est tout ce qui compte pour moi.


Il ne mentait pas.


Tu sais qu’elle est chèvre, la pauvre…Je voudrais être méchante et la laisser tomber, rentrer à la maison et m’endormir dans tes bras…pourquoi on est si cons, Justin ?


Il ne put s’empêcher de rire :

On ne se refait pas, ma chérie. C’est pour cela que l’on s’entend si bien. Détends-toi, je t’adore.
T’inquiète pas, je m’occupe de Nate.


Il accommoda sa femme dans le divan et s’approcha de son ex :

Je ne te cherche pas d’excuse. Ton comportement est tout bonnement honteux et tes allusions déplacées. J’espère que tu en seras consciente quand tu auras repris tes sens.

Un sortilège de sommeil frappa Mrs Sanders qu’il allongea dans l’autre divan. Restait à la veiller. Avec Sam contre son torse, il pouvait bien rester là la nuit. Un coup de fil chez eux, prévint la maisonnée qu’ils ne rentreraient pas. Tous les enfants Davenport étant en sécurité, il n’y avait aucun motif de ne pas roupiller à l’aise. Pourtant, des questions Justin s’en posait :

*Dans quel guêpier s’est encore fourré Andreï ? Avoue que tu ne te plaindrais pas s’il lui était arrivé malheur… Il l’aura cherché… Et tu y gagnerais sur de nombreux tableaux… J’ai déjà gagné, c’est lui qui a perdu… Que tu veux croire… QUE JE SAIS !*

Le réveil s’avéra vaseux, avec une Nate dégoulinante qui ne faisait que se lamenter au sujet du « cher » disparu. Heureusement que Sam s’inquiéta du rejeton du couple, les nounous veillaient mieux que la mère.
Fallait bien s’occuper. Renseigné sur ce qui se passait chez lui, Justin entreprit de cuisiner. Personne n’avait faim, m’enfin…


*La peste soit de cette femme qui me prive de nos propres gosses !*

Le téléphone sonna. Naturelle, Sam alla décrocher et sans vergogne se fit passer pour la maîtresse des lieux. Bonnes nouvelles ? À moitié. Au moins Andreï était vivant. On l’avait admis aux urgences dans un sale état mais pas alarmant.
La fermeté de Mrs Davenport empêcha Nate de transplaner illico au chevet de son mari blessé qui les recevrait tous dans la demi-heure suivante.
Ce temps donna l’occasion aux Davenport de visiter leur marmaille divinement endormie et aussi de se prouver une nouvelle fois leur passion commune. Adorable Sam, elle avait une façon bien à elle de le détendre… La faim qu’il avait d’elle n’était pas prête à s’assouvir de sitôt. Des vacances seul avec elle plus tard ? Quel beau rêve…

Drôlement amoché, le Sanders ! Mais jamais une voiture n’aurait pu causer ces dégâts-là.
Comme prévu, Nate se lança sur son époux en dégoulinant tandis que lui et Sam restaient en retrait. Pourtant, ce fut Sam qu’Andreï réclama à son chevet. De quoi rendre Nate furieuse et Justin un poil déconcerté.


*Mais qu’est-ce qui lui raconte ?*


L’extrême pâleur de sa femme poussa Davenport à s’approcher et la soutenir :


Bon Dieu qu’est-ce qui se passe ? Sam, ça va ?

Je…je…te dirai tantôt…S’il te plaît, chéri…emmène Nate. Je dois parler avec Andrei…en privé. Je t’en prie…sans questions pour l’instant…c’est grave.


Connaissant suffisamment son épouse, fort des preuves de son amour encore reçues récemment, Justin n’insista pas. Il n’en allait pas de même avec Nate…

On sort !... Proteste pas, j’ai dit on sort !

Dans le couloir, son ex l’abreuva le « gentils » noms d’oiseaux, tentant d’amener le doute dans l’esprit du jeune homme quant à ce qui se passait réellement derrière la porte close de la chambre.

Je te plains Nate ! Ta confiance en Andreï semble très limitée. Ce n’est pas parce que tu doutes de lui que tu me feras douter de Sam. Jamais, tu m’entends, jamais, je…

Wow, elle y mettait le paquet.


… Merci de me rappeler à quel point je puis être un crétin ! … Oui, j’ai eu malheureusement confiance en toi, j’admets. Mais, Dieu merci, il existe une énorme différence entre toi et Sam : elle est sincère elle ! Maintenant tais-toi où je te fiche un bloclang, compris ?


Boudeuse, elle se mit à arpenter le couloir. Du coup, il fit pareil. S’il n’avait pas été aussi certain de ce qu’il avançait, sûr que Davenport aurait tremblé. C’était Nate, le problème, pas Sam. Son ex était… exaspérante.
L’attente ne se prolongea pas trop. Assez remuée, Sam sortit dans le couloir. Elle expédia Nate auprès de son mari et enjoint le sien à la suivre.
À peine dans la voiture, elle vida son sac sans prendre de gant :


On a un énorme problème, mon amour…comme prévu, c’est bien au Nid qu’on a emmené Andrei…le passage a tabac était seulement pour la forme, ils ont accueilli de nouveau l’Épervier au sein de leur fichue organisation mais l’allégeance a un prix….Désolée, mon chéri…le prix…c’est ta tête !

Ça et prendre un rouleau compresseur en pleine poire…

Répète-moi ça… doucement, s’il te plaît.

En gros, pour devenir membre incontesté de cette étrange volière, Andreï devait tout simplement exécuter un contrat et… l’éliminer, lui !

Ben voilà…on a 72 heures pour parfaire un plan à toute épreuve…

Même répété avec les formes, le discours restait choquant. Sur le coup, Justin rit « jaune » :

Ben… suffit qu’il n’arrive pas à me trouver ! Entre nous, je préfère ma tête à la sienne !

Nate avait-elle raison au sujet des sentiments persistants entre les ex-Sanders ? Le fait est que Sam n’avait aucune envie qu’Andreï passe à la moulinette.


… Je te comprends, va ! Moi non plus, je ne désire pas sa mort… enfin, je ne la désire plus, nuance.
N’empêche qu’il y va fort. Il se fout dans un pétrin sans nom et c’est à nous de l’en tirer ! Avoue qu’il exagère ! T’a-t-il au moins donné des raisons valables quant à sa réaffectation dans ce milieu sordide ?... IL S’ENNUYAIT ? J’en connais une qui râlerait ferme d’entendre ça ! … Tu n’y crois pas ? Ben moi non plus. Je sais que ça peut paraître étrange mais, même avec tous ses défauts, Andreï n’est pas si… enfin, tu piges… Ce qu’on va faire ?.. Euh… aller manger, ça te dit ? Ils font d’excellents moineaux sans tête au beer garden. Ce sont des concurrents au « Sense », mais on est les meilleurs !


Rouler lui éclaircit les idées. À l’évidence, il fallait trouver un plan crédible pour tous sans léser les parties. De quoi Sanders serait-il capable ainsi acculé ? Se laisser trouer la peau pour manquement au contrat ? Pas lui, non ! D’après les dires de Sam, même s’il le voulait Andreï ne pouvait tuer Justin de ses mains ; l’inverse était vrai. Voilà un reliquat positif de ce qui s’était passé en Nouvelle-Zélande. N’empêche que rien ne s’opposait à ce qu’il commandite le meurtre… Sauf qu’aux yeux du Nid, son contrat ne serait pas rempli.

*T’es dans la m***e jusqu’au cou, Sanders ! Je veux pas y être avec toi!*


La brasserie de Bumaby Street accueillit des Davenport pensifs. Scotch pour les deux en apéritif, il leur fallait ça. En attendant leur plat, Justin entoura Sam de son bras :

T’en fais pas. On va trouver de quoi ménager la chèvre et le chou… Si je pense être la chèvre, oui ( petit rire) mais serai plus maligne que celle de M Seguin… J’ai déjà des bribes d’idées… Tu as raison, on va devoir mettre Michael au parfum quoique… Le portrait d’Andreï risque d’en être vite amoché à peine remis, puis les réactions à vif doivent être... réalistes. Une fois « mort » je lui enverrai un patronus… Si, il le faudra bien mon amour : tu vas faire une veuve magnifique !

La pauvre ne pigeait rien. Ses protestations, ses larmes, atteignirent Justin aux tréfonds de son âme. L’embrassant, encore et encore, il assura :


Tout ira bien, tu verras… Je t’aime plus que tout Sam, n’oublie jamais ça.

Ils dégustèrent leur plat en discutant beaucoup.

Les choses ne fonctionnent pas toujours telles que prévues…

Acte I

Le lendemain matin, Justin briquait le pont de son bateau quand un Sanders clopinant se présenta à la marina.


Hello ! Andreï, tu vas mieux ?

Cette salutation joyeuse de Davenport reçut un haussement d’épaules méprisant. Sanders monta à son propre bord et n’adressa pas de suite la parole à celui que tous, dans le coin, considéraient alors comme son second meilleur ami.
On les vit se tenir à distance, surprit quelques phrases qui seraient répétées plus tard.


Acte II

Le « Sense » battait son plein habituel. Sam, rayonnante et active dans son rôle de patronne-chef-coq, allait d’une table à l’autre tout sourire dehors quand Sander et son épouse réclamèrent leur table habituelle. Elle était occupée, elle pria le couple « ami » de patienter un peu au salon-bar avec apéritif offert par la maison. Grognon, Andreï s’y posa.
Davenport s’y pointa peu après :


Votre table est prête. Nate tu es resplendissante !


La réplique acerbe de Sander n’échappa pas à beaucoup, celle de Justin non plus :


Je peux quand même complimenter mon ex ! Tu ne te gênes pas pour courtiser la tienne !

Une tension certaine ou une certaine tension était palpable.
Les Sanders commandèrent des trucs hors carte. Embarrassée, la patronne vint leur faire quelques suggestions à l’amiable.
Aux yeux de tous, il apparut qu’un seul regard de Mrs Daveport suffisait à rendre Mr Sanders doux comme un agneau… mais aussi Mrs Sanders furibonde tout comme Justin.
Ce dernier aidait au service débordé. Volontairement ou pas un plateau se renversa malencontreusement sur les genoux d’Andreï.
L’altercation des deux hommes n’échappa à personne.
Sans l’intervention des videurs, peut-être des poings se seraient-ils perdus ?
Plus tard, des témoins évoqueraient qu’ils s’échangèrent sur la plage.


ActeIII

Nerveux, Justin regarda sa montre en remontant Church Street vers les bâtiments de la poste.
Sa belle amitié avec Sanders avait volé en éclat devant nombre de gens. En cause : les ex-épouses. On murmurait que les couples antérieurs tentaient de se reconstruire. Jamais Justin ne croirait que Sam l’avait trahi. Lui et Nate ? Ces gens avaient la berlue. La seule chose qui les unissait encore était leurs enfants communs, rien d’autre.
Arrivé dans la foule qui hantait les lieux à cette heure proche de midi, Justin resta bien en vue au milieu de l’esplanade. Une lourde enveloppe brune en main, il sembla hésiter. C’est alors que Sanders apparut devant lui, un lourd calibre brandi...


Andreï… Tu es devenu fou ?... Ouais, c’est ce que tu crois qu’il y a là. J’ai toujours su que tu étais un pourri… Tu aimes Sam ? Pauvre idiot ! Elle ne veut plus de toi ! Contente-toi de Nate… Mais non, elle m’aime pas, t’es aveugle où quoi. Tu ne vas quand même pas me tirer dessus !... C’est complètement stupide.

L’œil de Sanders était bizarre… Et si… S’il avait trouvé un moyen pour l’abattre carrément. C’était ce qu’il avait toujours voulu, après tout…

Le choc des balles le renversa.
Tout devint si flou… Le goût du sang dans la bouche l’écoeura. C’était ça mourir ? Son cœur s’arrêta.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Drôles d'oiseaux!  Empty
MessageSujet: Re: Drôles d'oiseaux!    Drôles d'oiseaux!  EmptyMer 18 Mai - 10:25

Fier, Andreï ne l’était pas. Il s’était fourré dans un pétrin pas possible et en subissait les conséquences. Ses « amis » l’avaient bien arrangé, au point de se retrouver à l’hôpital. La pendule murale lui avait donné des sueurs froides en indiquant l’heure à son réveil douloureux. Le temps pressait. Même si en agissant de la sorte, il allait rallumer l’effroyable jalousie de Nate, il ne pensa qu’à mettre Sam dans la confidence. Croire qu’elle allait le plaindre tenait du rêve.
Après un puissant revigor, son ex-épouse le somma de raconter à nouveau ses exploits, ce qu’il fit de mauvaise grâce. Elle ne mâcha pas ses mots après ses aveux. Elle lui bassina les oreilles d’un beau discours très bien senti et sensé. Elle touchait presque la vérité :


C’est toi qui les as contactés, non ?...C’est pour ça toute cette agitation soudaine, n’est ce pas ? L’Épervier voulait de l’action…ne me mens pas, je te connais, tu es d’un égoïsme épouvantable…mais à quoi pensais tu ? Que fais tu de ta femme…de ton fils ?...Il t’arrive de temps en temps de penser à quelqu’un d’autre qu’à toi-même !?

Il n’osa pas la contrarier et passer aux aveux complets. Alors, il biaisa :

Plus souvent que tu ne penses. En fait je l’ai fait… pour toi.

Ce n’était pas tout à fait exact, m’enfin Sam n’était pas complètement étrangère à son extravagance. Sam était et resterait sa douleur. Avant elle, il ignorait presque ce qu’était d’avoir du cœur. Elle lui en avait donné un pour ensuite le réduire en miettes. Il aurait dû la détester pour ça, mais non…
Ensuite la jeune femme revint au nœud du problème actuel : son très futur veuvage.


*Marrant qu’elle y pense seulement en second lieu…*

Bien sûr elle émit des menaces à son encontre s’il avait le malheur de toucher à un cheveu de son chéri.

J’ignore par quel biais c’est arrivé mais, depuis la Nouvelle-Zélande, Justin est devenu mieux qu’un frère, comme… une part de moi-même. On est lié par une sorte de serment, de pacte de non agression. Je ne peux pas l’atteindre sans m’affecter aussi ! Le tuer serait me tuer moi et je ne suis plus suicidaire depuis belle lurette.

Tu as pas pris un coup de soleil en plus des coups dont on t’a roué !?

Je ne pense pas, non… Ce que je constate c’est que tu es… fâchée.

Quelle perspicacité…bien sûr que je suis furieuse !!!

Suivit un long monologue très pointu. Andreï, là, était fier, fier de Sam, de sa logique si implacable.

Que tu ne veuilles pas tuer mon mari est un point à ta faveur…mais logiquement ça ne nous arrange pas trop…enfin, ça ne t’arrange pas trop…parce que d’une ou autre façon, tu y passes !

Merci de compatir si bellement à ma situation.

Ben…que veux tu ? On ne se refait pas en un jour ! Je suis sans doute une idiote sentimentale.


Déjà ça de gagné. Malgré lui, Andreï se sentit réconforté. Avec Sam dans son camp, même si elle prétendait ne défendre que les intérêts de son new mari, elle n’oubliait pas l’ancien. Elle décida de mettre Justin au courant, ce qui était logique aussi. Pour ce qui était de De Brent, Andreï se montra plus circonspect. Il jugea préférable d’attendre. Moins de gens seraient au courant, plus la « farce » à servir serait crédible. Encore fallait-il trouver de quoi la composer…

Après la semi-engueulade de son ex, il dut subir celle de son épouse légitime. Elle le bombarda de questions, d’imprécations, etc. Ses reproches sensés, l’agacèrent même s’ils étaient mérités. Buté, il se ferma :


… Arrête, gronda-t-il. ARRÊTE ! Je sais que ça peut paraître bizarre que je veuille parler à Sam… On a partagé ensemble des trucs que jamais on ne partagera toi et moi !... je parle pas de sexe, bon Dieu ! Je parle boulot. Un conseil Nate : cesse de m’étouffer. Je suis dans la merde jusqu’au cou, n’en rajoute pas une couche… Non, je ne te dirai rien… Mais non, idiote ! C’est pas un manque de confiance, pas du tout…. Ecoute, je peux pas en dire plus mais si tu me veux vivant, tu devras coopérer… Moins tu en sauras, mieux ce sera… ouais, Sam sait tout, ça t’ennuie ? Ben tant mieux ! Fous-moi-la paix.

Il ne voulait pas se montrer aussi désagréable mais, franchement, il était à bout. Trop d’enjeux étaient sur table. Qu’un grain de sable s’en mêle et adieu Sanders ! Il n’allait pas risquer ça pour les états d’âmes de sa femme ! Il l’a renvoya chez eux ; assez sèchement :

Va t’occuper de notre fils ! Il a plus besoin de toi que moi. Je sortirai demain, pas de souci.

Pris d’un remord de conscience, il la retint par la main et l’attira vers lui :

Ecoute… dans les prochains jours, je risque d’être très… distant et désagréable. M’en veux pas trop… Tu sauras tout, je te le promets.

Le lendemain très tôt, contre avis médical, Andreï sortit. Ses côtes brisées, réparées à la va comme on peut, le faisaient encore souffrir.
Via patronus, il consulta les Davenport. Un rendez-vous fut fixé à l’abri des regards et oreilles indiscrètes, à la pointe de l’île. D’abord, comme il se doit, il reçut des récriminations nourries. Sanders ne se défendit pas, taisant toujours les raisons réelles de ses actes.


… J’ai pas l’intention d’avouer quoique ce soit. Sachez juste que le but visé est bien plus haut qu’il n’y paraît. Je vous remercie de marcher dans cette combine débile. Il en va de nos peaux, Justin… bien sûr que oui ! J’ignorais que ces pierrots exigeraient ta tête, Justin ! Je m’y serais pris autrement sinon.

Sam, encore elle et ses déductions, le fit blêmir d’un sourire sans joie :

Infiltration ? Si ça peut te consoler, admettons… stop ! Moins vous en saurez, mieux ce sera.

Le calme venant, Sam émit ses idées, Justin les siennes, il conclut :

D’accord. Aux yeux du « public » il faut donner l’impression que nous sommes brouillés très… méchamment. Ça doit avoir l’air d’un crime passionnel, d’une dispute due à la jalousie.
On démarre la comédie dans une heure au port.


Acte I

Mal assuré sur ses jambes, Andreï arriva à la marina où Davenport briquait son bateau.

Hello ! Andreï, tu vas mieux ?

Haussement d’épaule, Sanders monta à bord de son propre navire. Il sortit ses ustensiles d’entretien et commença aussi à lustrer les boiseries de son navire.

De bord à bord, des répliques s’échangèrent.

Sam m’a dit que vous aviez un vernis super ! J’ai des craquelures suspectes, qui…

À fond dans son rôle, Justin lui répondit pas trop amicalement.

Ben, t’es drôlement susceptible, ce matin… Il est vrai que quand il s’agit de Sam tu vois rouge !

Il rigola. Davenport lui expédia une remarque sur Nate. Il se marra davantage :


Elle est folle de moi, ton ex ! Faut croire que j’ai un truc en plus que toi ! Demande à ta new, elle doit le connaître aussi !

Et ainsi de suite.

L’après-midi, on fit le point.
Justin râlait, Sam le calmait. Andreï afficha profil bas :


C’était pas sympa, j’admets mais c’est pour rester crédibles. Demain, ce sera pire, faut t’y faire. Me suis encore engueulé avec Nate… non, je lui dirai rien. Autant qu’elle se fasse à l’idée une fois pour toute que je suis un salaud.

Sam ne l’entendait pas de cette oreille. Elle le somma presque de dévoiler son jeu.

… Tu n’as aucune confiance ? Pourquoi ça ne m’étonne pas. Laisse-moi crever, alors…


Voilà un excellent petit jeu, n’empêche que les aiguilles avançaient…

Acte II

Le « sense » ! Soirée épique. Nate s’était montrée mitigée pour s’y rendre. Devant l’insistance doucereuse de son époux, elle ne résista pas longtemps.

Qu’est-ce que c’est que cette embrouille ? J’ai ma table réservée à demeure, ici !

Sanders commençait par faire son mauvais quand Davenport les pria de patienter. Son compliment à Nate sembla l’énerver. La suite fut un poème de mauvaise foi et de piques à peine voilées.
Quand Andreï se prit un plat sur les genoux, il douta des intentions de Justin :


*Il me cherche vraiment, ou quoi ?*

Sur la plage, plus tard, ils se retrouvèrent en train de rigoler comme des dingues. Si des témoins les virent rouler sur le sable, nul ne distingua leur hilarité.

Acte III

Dans un moment, son sort serait déterminé. Un échec signifierait l’élimination. Le lieu de l’exécution avait été repéré avec soin. Des caméras de surveillance y fonctionnaient en permanence. Sanders se savait suivi de pied à talon par de drôles d’oiseaux. Il repéra Justin à l’endroit voulu, près d’une boîte aux lettres. Froid, il se dégagea de la foule et affronta Davenport en dégainant. Braqué, Justin se défendit verbalement. Sander n’écoutait pas. L’occasion était si belle… Il l’avait attendue plus d’une année.

Mais non, elle m’aime pas, t’es aveugle où quoi. Tu ne vas quand même pas me tirer dessus !... C’est complètement stupide.

C’est toi qui es stupide !

Apparemment sans viser, l’arme d’Andreï cracha trois pruneaux.
Se précipiter, rafler l’enveloppe tenue par sa victime, courir, se fondre et transplaner.


Epilogue

Sur la colline, Andreï se matérialisa près du Milan. Il joua les assurés ébranlés :

Mission accomplie, nous pouvons rentrer.


Non, Epervier. Des vérifications sont nécessaires.

Davenport vient d’être descendu, ça suffit pas ?

Le patronus de la chouette apparut, et confirma la nouvelle :

Trois balles dans le buffet. Aucun signe vital. C’est bon.

Sanders reçut alors l’allégeance du Milan. Très respectueux soudain, il s’inclina en lui tendant un billet :

Voici les coordonnées du Nid. Gerfaut vous y attend. Vous pouvez vous y rendre quand bon vous semble.

Le plus tôt sera le mieux, merci.

Andreï, via portoloin, puis transplanage, pénétra sans encombre au Nid. C’était gag de remarquer la déférence nouvelle des moineaux qui s’inclinaient sur son passage.
Dans son bureau, Piotr se leva à son entrée et lui donna l’accolade :


Mon ami ! J’ai eu des doutes, je les efface. On ne parle que de tes exploits sur les médias d’Hamilton.

Relâchant son étreinte, le Gerfaut prit Sanders par le bras et le mena au bar :


Pas trop secoué d’avoir descendu ton copain ? Bois ! Buvons à notre alliance, à nos futurs succès !

Andreï prit son verre, la mine grave et trinqua :

Je l’ai fait presque de bon cœur : ce type m’a piqué ma femme. N’empêche que je l’aimais bien, c’est vrai.

Mrs Davenport le pleura puis… qui sait ? Elle voudra être consolée ?

Nous ne sommes pas ici pour rêver Piotr, mais pour travailler.

Tu penses déjà au boulot ? Voilà ce que j’ai toujours admiré chez toi Epervier : ton ineffable détachement de tout sentiment. Viens par là.

Gerfaut le guida vers un ordinateur sur lequel il pianota :

Voici, en gros, comment se présentait l’organigramme de notre organisation en Europe lorsque tu as déserté…

Tu sais pourquoi je suis parti ! Je ne pouvais exécuter ce contrat…

Ces oiselles ! Tu remarqueras que, dans ma générosité, je n’ai pas exigé la tête de Forrester…

Je me suis demandé pourquoi lui et pas elle…

Pour te faciliter la tâche, mon petit ! Regarde plutôt l’écran.

La carte de l’Europe apparut avec des signes en rouge sur des villes.

C’est ce que nous contrôlions à l’époque. Regarde maintenant.

Se superposa une autre image. Les signes rouges y étaient multipliés par 10, au moins.
Effaré, l’Epervier joua les admiratifs :


Wow ! Quel essor ! Et tout ça est à nous ?

Oui, mon ami ! C’est partout pareil sur les divers continents. Nous avons multiplié nos activités… Il ne s’agit plus seulement de crimes organisés…

J’imagine ! s’emballa Andreï. On est dans quoi ? Trafic de drogue, d’influence, armes ?

Tout, mon ami, absolument tout. Et à très haut niveau. Tu le découvriras, chemin faisant. Allons déjeuner. Je suppose que tu n’as pas eu le temps ?

Pas trop envie non plus… Justin était…

Était. C’est le mot. Oublie ça. On discute mieux devant un bon plat.

La table du Gerfaut valait celle du « Sense ». L’Epervier n’y put pourtant qu’y picorer distraitement. Son hôte le remarqua :

Tu es voué à l’anonymat pour un bon moment. On se doute qu’après un tel éclat aux Bermudes, les potes de Davenport vont chercher à te raccourcir. On peut tout diriger d’ici, sans souci. S’il le faut, je bougerai à ta place.

En quoi consistera mon travail ? Suis un homme de terrain, et…

Ça viendra… plus tard. Là, tu vas éplucher toutes les propositions de nos contacts et vérifier leur crédibilité. Au moindre doute, on annule la transaction. Le mot d’ordre est : risque zéro.
Tu ne vas pas t’ennuyer, je t’assure. Sais-tu que tu as tapé dans l’œil de notre Aigrette ? Elle ne sera jamais loin, si ça t’intéresse.


Andreï sourit, refusant la proposition :

Nate va me foutre bientôt un divorce dans les pattes, et le gagnera par défaut. Je préfère attendre un peu, merci.

Ils rirent comme de vieux comparses.
Quand il put rejoindre les quartiers assignés, Sanders se sentit vidé. Il s’était mis volontairement au ban de la société pour se fourrer non dans un Nid d’oiseaux mais bien de vipères.


*M’en sortirai jamais seul… Jamais !*

Devant l’énormité de la tâche révélée, il perdait pied.

*Et dire que Sam me prend pour un salaud de 1ère… si elle savait…*

Mais elle ne savait rien, ne saurait rien. Pire elle devait lui en vouloir à mort d’avoir tiré réellement sur son Justin adoré… Nate allait le renier, il l’aurait mérité. L’expiation serait difficile, sans retour en arrière. C’était son choix.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Drôles d'oiseaux!  Empty
MessageSujet: Re: Drôles d'oiseaux!    Drôles d'oiseaux!  EmptyMar 24 Mai - 22:58

Un conseil Nate : cesse de m’étouffer. Je suis dans la merde jusqu’au cou, n’en rajoute pas une couche… Écoute, je peux pas en dire plus mais si tu me veux vivant, tu devras coopérer… Moins tu en sauras, mieux ce sera…

Et c’était tout ce qu’elle avait pu tirer de lui. Pas un mot de plus. Encore moins un soupçon d’explication. Faire avec, semblait être devenue la divise du jour pour elle. Après sa sortie de l’hôpital tout avait changé. Andrei n’était plus le même ou plutôt était devenu celui d’avant. Taiseux, tendu, énervé la plupart du temps. Triste parfois. Nate voulut s’imaginer n’importe quoi sur cet entretien mystérieux tenu avec son ex, l’ineffable Samantha. Il avait lui-même reconnu que sa blonde ex-femme savait sur lui des choses qu’elle ne saurait jamais. À quoi bon tempêter ?

Il l’avait pourtant avertie…

Dans les prochains jours, je risque d’être très… distant et désagréable. M’en veux pas trop… Tu sauras tout, je te le promets.

Mais bien sûr, Nate n’avait eu que faire de ce préavis détourné. Elle lui en avait voulu, avait fait des scènes, sans rien comprendre, sans rien saisir de cette situation étrange où tout commençait à tourner à l’aigre. Pourquoi soudain, d’un jour à l’autre Andrei s’était mis à chercher noise à Justin et vice-versa. Les propos échangés montaient de ton, ils en vinrent même aux mains. Tout frôlait l’absurde.

Et puis, dans ce qui semblait un mauvais film. Andrei tira sur Justin face à un monde fou, en plein Church Street. Trois balles en pleine poitrine. Justin était mort sans avoir émis un mot, aux dires des présents. Nate, elle, avait assisté au drame à la TV…sans pouvoir donner crédit à ses yeux.

Pétrifiée, abasourdie, elle n’avait même pas pu crier ou pleurer…Ça viendrait après.Son premier réflexe fut de se rendre au plus vite à l’école de Viviane et Flore. Elle ne voulait pas que les petites apprennent de n’importe qui ce qui était arrivé à leur père et encore moins qu’on leur dise qui était le coupable. Mais en arrivant, on lui apprit que les enfants avaient été recueillies peu avant par leur parrain, Michael De Brent.

Je suis leur mère ! C’est mon juste droit de…

De Brent ne lui avait jamais été sympathique et c’était amplement réciproque mais là, il lui fit vraiment peur. L’homme semblait possédé par le démon même et n’eut aucune contemplation à son égard. Non content de lui interdire l’entrée chez lui, il s’opposa farouchement à ses intentions de reprendre ses enfants et les emmener chez elle.

Justin est mort, c’est moi leur tuteur légal. Tu es hors de tout cela, Sommerby et si jamais tu essayes quelque mauvais tour, sache que je n’hésiterai pas un instant à te tuer de mes propres mains, tout comme je le ferai avec ton mari. Disparais de ma vue…Disparais !!!

Elle n’avait pas douté un instant que l’ex-mangemort tiendrait parole. Justin avait été plus qu’un frère pour lui, il était son meilleur ami au monde, qui sait si le seul. Nate avait vu dans ses yeux non seulement un bouleversement atroce, aussi une détermination meurtrière. Affolée, désolée, abandonnée de tous, il ne lui resta qu’à se tapir dans sa belle maison pour échapper à la meute de journalistes qui s’agglutinaient à sa porte, comme des vautours. D’Andrei, pas un mot. Ni appel ni message. Il avait disparu et Nate savait, sans qu’on le lui dise, que probablement, elle ne le reverrait pas avant très longtemps, si jamais elle le revoyait un jour.

Les premiers jours, l’assassinat de Justin Davenport fit la une des nouvelles. La presse, avide de sensation fut présente à son enterrement. Michael présidait le cortège de dolents, crispé, haineux, arrogant pour masquer un chagrin que Nate savait profond et sincère. Sachant bien de quoi il était capable, elle se sentit déjà veuve et commença à faire son douloureux deuil.

« Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie. »

Combien de vérité dans les paroles d’une ballade. Le cœur brisé, sans un mot, Nate quitta Hamilton avec son fils Jarek. Sans avoir pu revoir ses autres enfants que Michael De Brent protégeait avec le zèle d’un Cerbère.

Elle n’avait aucune intention de se rendre chez sa famille en Nouvelle Zélande, pas plus que de retourner à Londres où tout le monde aurait eu vent des derniers événements. Les faits de son mari l’avaient convertie en une proscrite qu’on se plairait à signaler du doigt, sans oublier leur turbulente histoire qui avait défrayé la chronique. Personne n’aurait rien oublié et il y aurait qui, sans aucune charité, en rajouterait une couche.

La jolie Mme. Sommers était une bien gentille jeune femme. La pauvre, veuve, avec son petit garçon, si mignon. Discrète, charmante et sans doute assez riche, elle avait acheté la belle villa des Lacroix et s’y était établie. D’autant qu’on savait au village, elle avait deux domestiques et deux chiens réputés féroces qui défendaient l’entrée de la propriété. On la voyait quelques fois faire des achats mais la plupart du temps une firme d’Aix en Provence livrait à domicile. Les premiers temps, après son arrivée, les commères du coin se perdirent en conjectures de toutes sorte mais peu à peu on laissa se tasser l’affaire et on parlait d’elle comme de « L’Étrangère » et ce d’un petit ton respectueux et quelque peu apitoyé. Personne ne pouvait dire que la vie à l’ancienne villa Lacroix fut à la fête, loin de là. Le camion des livraisons semblait être le seul contact avec le monde extérieur.

Si tu me veux vivant, tu devras coopérer… Moins tu en sauras, mieux ce sera…

Ces mots se répétaient en boucle dans la tête de Nate. Le front appuyé contre le carreau, elle regardait, sans la voir, la pluie qui noyait la nature, tout comme le chagrin son âme. Le temps ne comptait plus. Quelle importance cela pouvait bien avoir. Depuis ce jour fatidique, c’était l’éternité de l’attente qui avait commencé à se dévider…insidieuse, incertaine, peuplée de questions sans réponse, de foi sans écho, de dense silence.

Elle le voulait de retour, l’avoir face à face pour avoir des réponses. Peu importaient les raisons, il en aurait à en revendre ou peut être une seule mais Nate voulait les entendre, de sa bouche à lui. Après viendraient les reproches.

Je t’aime tant…et te hais presque autant…Comment as-tu pu me faire ça !?...Pourquoi ???

Rageuse, elle essuya une larme et s’écarta de la fenêtre. Il lui semblait l’entendre dire :

M’en veux pas trop… Tu sauras tout, je te le promets.

Je t’en veux !!! Je t’en veux pourtant !!! Je saurai…je saurai…mais quand !?

Et la pluie sur les carreaux reprenait le refrain lancinant…

« Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie. »

Et c’est parfois si long, la vie…
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Drôles d'oiseaux!  Empty
MessageSujet: Re: Drôles d'oiseaux!    Drôles d'oiseaux!  EmptySam 28 Mai - 13:59

Mort ! Justin était mort !!! Rien ne s’était passé comme dit. Toute cette précieuse planification, mise à jour en tout détail, n’avait servi de rien…les balles étaient vraies, les blessures aussi…la mort, tout autant !!! Samantha devenait folle. Elle, comme tout le monde ou presque, avait assisté, via les médias à l’assassinat de son mari. Andrei avait trahi sa confiance. Leur confiance. Sa survie avait été plus importante que quoique ce soit d’autre. Mensonge cruel. Elle y avait cru pourtant. Elle avait cru le connaître et pouvoir confier en lui…

Justin est devenu mieux qu’un frère, comme… une part de moi-même.

Vil traître, misérable…Il avait menti. De bout à bout. L’avait embobinée avec son histoire si touchante…et avait tué l’amour de sa vie. Son Justin…

Défaite, tremblante, ne voulant que mourir aussi, elle avait dû se présenter pour reconnaître le cadavre blême. Pourquoi tant de cruauté ? Comme si tous ne savaient pas que c’était lui, Justin Davenport, le meilleur des hommes, le plus aimant des maris, le plus parfait des pères. Sans Michael De Brent, qui ne l’avait lâchée un instant, Sam se serait effondrée. Elle s’accrocha à lui comme qui s’accroche à une planche de salut, juste pour se rendre compte qu’il avait autant besoin d’appui qu’elle, Justin avait été son ami, mieux qu’un frère et Michael était cruellement touché. Ils avaient pleuré ensemble, sans aucune honte, comme les deux êtres désespérés qu’ils étaient en ce moment. Se consoler l’un l’autre ? Comment ? Seul le désir de vengeance avait pu leur donner assez de force pour affronter le reste.

Le destin d’Andrei était scellé. Sine qua non.

Mais même si elle se sentait mourir de douleur et désespoir, le monde continuait de tourner. Il y avait cinq enfants qui attendaient que leur mère soit là pour eux. Le jour le jour demeurerait immuable. Se lever tous les matins après une nuit blanche, pourvoir à que chaque détail soit soigné et respecté. Envoyer les grandes à l’école. Rester avec les petits, à la maison. « Sense » se passerait d’elle, cela allait de soi. François avait pris, encore une fois, le tout en charge.

Sam caressa doucement les boucles blondes de sa fille et déposa un baiser sur son front. Madelyne. Sa précieuse et adorée. Son trésor. La fille d’Andrei. Cruel destin. Son père avait tué celui qui la chérissait comme sienne.


*On paye tous nos péchés…ici bas…pas ailleurs…mais pourquoi Dieu ? Pourquoi ???*

Elle ne comprenait rien…ne pouvait rien comprendre…Madelyne endormie, elle l’avait déposée dans son berceau, après un dernier baiser sur le front de son petit ange, Sam avait entrepris la tournée des autres. Anthony et Philip dormaient, placides. Flore, aussi. Viviane, elle veillait encore, des traces de larmes sur son petit minois.

Il faut dormir, mon petit cœur…demain, il y a école !

Peux pas, avait reniflé la petite, je pense à Papa…il me manque.

Il nous manque à tous
, Sam fit un effort pour ne pas se mettre à pleurer, sois brave, mon ange…Papa le voudrait ainsi…

Tu es si triste Maman...

Oui, mon ange, je suis triste…mais je vous ai, vous…dors, ma puce…dors !


Sans trop savoir comment, elle se trouva dans le bureau de son mari, assise à sa place. Sentant l’odeur de son after shave mêlé à celui du cuir de son fauteuil. Sans qu’elle songe à l’empêcher, les larmes coulaient sur ses joues alors qu’elle sentait son cœur se briser en petits morceaux .

Tu as dit que ce serait sans risques…tu m’as menti !!! Vous m’avez menti, tous les deux…

Eux, qu’elle avait aimés…qu’elle aimait et aimerait toujours. L’un plus qu’à l’autre…toujours !

Encore une nuit à pleurer à s’en déchirer l’âme.


Force. Il fallait en trouver pour poursuivre avec ce semblant de vie. Chaque mot, chaque sourire qu’elle se forçait à dessiner sur ses lèvres était un effort terrible, inhumain presque…Comment reprendre la vie alors qu’elle avait été piétinée sans miséricorde, réduite à néant en l’espace de quelques secondes, le temps que ces trois projectiles mettent fin à celle de l’homme qui avait si bien su bouleverser tous ses principes et schémas établis…

Le caméléon, juché sur le rebord du bureau penchait un peu la tête, sans la quitter des yeux. Sam ouvrit la bouche pour crier mais pas un son ne dépassa ses lèvres. Le patronus continuait de la fixer. Le patronus de Justin. Et tout le monde sait qu’un sorcier mort ne peut …rien faire. Or, le caméléon était là.

JUSTIN !!!!

Le message fut vite délivré. Clair. Plus clair, impossible.

Elle connaissait l’endroit. D’un pas décidé, le cœur battant la chamade, Sam arriva jusqu’au perron. Le jardin avait évolué en joyeuse petite jungle. L’air demeurait, comme toujours chargé de riches senteurs se mêlant à la brise rafraîchissante de la mer. Un envol de perruches annonçait le déclin du jour…heure dorée, dernière caresse du soleil… Elle ouvrit la porte.

Il était là. On ne peut plus vivant et d’une pièce. Il avait maigri, ses traits étaient un peu creusés mais il souriait. Il n’y avait que lui qui pouvait sourire de la sorte après vous avoir mis la vie à l’envers. Sam réprima l’envie de se lancer tout de go dans ses bras et l’embrasser. Un petit rien du tout ressemblant à de l’amour propre la freina.

Super, monsieur !!! Bravo ! J’applaudis ! Quelle prestation !!!...

Des explications, il en avait. Le pire est qu’elles étaient toutes bonnes. Ses raisons étaient plus que justes. Chaque argument, absolument valable.

N’empêche….que j’ai envie de te taper dessus. J’ai vécu en enfer…Non ! N’approche pas !, et pour si jamais, elle recula de deux pas, pas encore d’avoir entendu ce que j’ai à te dire…Oui, parce que j’en ai, une paire de choses à te dire…C’est vil…affreux… Sais tu ce que j’ai senti en te voyant là…vraiment troué…parce que c’était pas un « fake » ces balles…et…si mort…tout ce sang…Oui, j’en ai vu des morts auparavant…mais jamais …jamais…l’homme que j’aime…NON ! Fais pas un pas de plus…laisse moi te détester un moment…Dieu…j’ai failli en mourir…Michael est devenu fou…JE TE DÉTESTE, JUSTIN DAVENPORT !!!

Trente secondes plus tard, elle se trouvait dans ses bras, à le dévorer de baisers fous, à sentir l’odeur de sa peau, à se griser de lui.

Tu es fou…pourquoi avoir mis si longtemps à me contacter ?...Ah bon…Improvisation de dernière minute ! Tu…en savais rien, non plus !?...Andrei est devenu chèvre pour de bon !...Hum ! Non ?...La mise en scène parfaite ?...Oui, ça lui ressemble…Non. Rien su de lui… Va savoir dans quelle embrouille énorme il est mêlé…enfin, on a une idée…Que je me fais de la bile pour lui ???...Bon sang, Justin Davenport…tu serais en train de jouer les jaloux, là !?

Elle ne lui laissa pas trop le loisir de poursuivre avec ses logiques explications. Savante et pas sage du tout, Sam entreprit de lui démontrer le pourquoi du comment chaque instant vécu sans lui avait ruiné ses jours et ses nuits. Sa séduction, menée à train endiablé, ne les laissa pas arriver au-delà du divan du séjour, sans qu’on entende Justin s’en plaindre.

Apaisé le fou délire des sens, Sam se redressa sur un coude et considéra son mari. Un petit sourire malin aux lèvres, elle écarta doucement une mèche de cheveux de son front et l’embrassa sur le menton.


Je t’aime tant…j’ai failli devenir folle…j’ai vraiment cru…Oui, je comprends...c’était nécessaire… Il faut continuer avec la farce…Partir ? Tu penses que je dois partir ?...Ah bon, à ton avis ce serait normal que je lâche tout et coure me réfugier…chez Gerry !!!?...Mais voyons…Mon amour…Gerry est marié avec Anastasia…qui est la mère de…Pardon, mais il y en a un qui va trouver ça bien bizarre !!!...Qui !?...Michael, bien entendu…il cherche Andrei jusque sous les cailloux pour le réduire en bouillie…et il finira par lui mettre le grappin dessus, crois moi…et ce ne sera pas du joli à voir…euh, non pas exactement ! Je sais que Michael est très hargneux…mais Andrei ne l’est pas moins… Veux pas qu’ils s’entre-tuent…

Elle adora la moue de son chéri et suivit, rieuse, le contour de son menton un peu crispé.

Sois pas bête, mon amour…j’aime beaucoup ton copain…et bon…aussi Andrei…même si je l’aurais tué de l’avoir face à moi…mais c’est toi que j’aime…toi et personne d’autre…J’ai voulu mourir…sans toi, tout perd tout sens…Oui, je ferai ce que tu dis…demain !...Oui, j’ai bien dit…demain…les enfants vont bien…tu leur manques…mais ce soir…ce soir, tu es à moi, Justin…seulement à moi…

C’était difficile continuer avec la comédie du veuvage éploré, tout autant que pour Michael celui de l’ami abattu de douleur. Suivant les instructions de Justin, Samantha quitta Hamilton avec les jumeaux et Madelyne, laissant Viviane et Flore chez leur parrain. Tout le monde sembla accepter cette décision comme la meilleure et plus sensée.

Mais pour Sam, la comédie continua à Miami. Ses retrouvailles avec Anastasia Orloff furent plus que mitigées. La rigide et consciencieuse éducation qu’avait reçu la noble dame ne l’avait préparée à affronter pareille situation, qui, entre nous, ne pouvait être plus tordue : son fils, ex mari de sa belle fille, enfant unique de son actuel époux, avait assassiné le mari de sa belle fille…constituant ainsi un cas de prolixe complication que peu ou personne était près de comprendre. Gerry, entre les deux, ne savait à quel saint se vouer, sûr d’une seule chose : il aurait voulu se trouver ailleurs. Mais, bon an, mal an, il fallut faire un effort et essayer de rendre la situation un peu moins tendue.

Je suis si heureux que tu ais décidé de venir, ma Sam…Mon Dieu, que les enfants ont grandi…ce sont déjà des petits bonhommes, ces deux là…et Maddie…laisse moi la prendre !

Avec un sourire triste, Sam passa la petite fille à son père. Attendrissante scène. Anthony restait fermement accroché à sa jupe. Philip, plus audacieux, avança vers Anastasia et tendit poliment sa menotte, comme lui avait appris à faire son père.

Quel adorable petit monsieur !, la princesse Orloff sourit à l’enfant, puis rassemblant tout son courage, se tourna vers sa belle fille, Samantha je suis…si…désolée…je n’ai pas…

Ne dis rien, Ana…je comprends…ce n’est pas de ta faute…ce sont des tristes circonstances.

Gerry avait été présent aux obsèques de Justin, Anastasia, non, pour de raisons plus qu’évidentes.

Ma pauvre chérie…ma pauvre enfant !


Sam ne renâcla pas quand sa belle mère la serra en une étreinte endolorie, en pleurant. Sans mots. Qu’aurait elle pu dire, d’ailleurs !?

Bénis soient les enfants et leur merveilleuse innocence. Pour eux la vie continuait, heureuse, insouciante. Leurs rires joyeux déridèrent la maisonnée, lui insufflant une nouvelle joie de vivre. Gerry était un grand père merveilleux, Anastasia d’une tendresse inédite, voulant, sans doute, rattraper ces carences qui l’avaient si vite privée de son fils unique. Aux yeux de tous, Samantha était une femme qui surmontait vaillamment la tragédie de sa vie.


*C’est à en devenir dingue, cette comédie…Pauvre Ana, si elle savait…ça me brise le cœur la voir si triste, se sentant si coupable…Diables, Andrei…quand ceci finira je te promets un sacré quart d’heure !!!*

Si jouer la comédie du chagrin demandait un certain effort, trouver des bonnes raisons pour disparaître de temps en temps requérait une imagination débordante mais retrouver Justin faisait que le jeu vaille la chandelle, à son retour, dissimuler l’éclat radieux de son regard devenait un véritable tour de force. Anastasia, perspicace, n’était pas dupe de ces humeurs changeantes, de son énervement, de cette expression heureuse, surprise par hasard…de là à se faire des idées, il n’y avait qu’un pas.

Samantha était de retour d’une de ses mystérieuses virées. Anastasia la considéra, du coin de l’œil. Impossible de s’y méprendre, sa belle fille surmontait décidément très bien…et très vite, la douleur de son veuvage. Sans doute se sentit elle observée, son expression changea et elle soupira, tristement. La princesse hocha la tête et s’approcha, la prenant doucement du bras.

Tu n’as pas à t’en vouloir, Sam…tu es si jeune et jolie. La vie continue, rien de plus normal que…continuer à vivre.

Euh…je ne…comprends pas ce que tu veux dire, Ana…


Ma chérie, je suis une femme et il est des choses qui ne nous échappent pas…Je ne te juge pas, tu as tout le droit de refaire ta vie après cette…affreuse tragédie, de trouver un homme de bien qui veillera sur toi…et tes enfants…

*Bon Dieu, que me chante t’elle là !?*

Mais voyons, Ana…il…il n’y personne ! Je ne…veux pas la refaire, ma vie…

Sa belle mère lui tapota la main, attendrie.
Tu as beaucoup aimé Justin…

J’aime toujours Justin…il n’y aura jamais personne d’autre que lui…

Anastasia secoua la tête, un doux sourire aux lèvres.

Il n’y aura jamais un autre comme lui, ma chérie, mais je suis sûr que Justin voudrait que tu rencontres quelqu’un qui te rende heureuse !

*Zut alors…ou ça finit vite ou elle finira par croire que j’ai un amant !*


Une visite intempestive de Michael, qui dissimulait très mal ses états d’âme, donna de quoi penser…encore plus, à la princesse. Mine de rien, elle les avait…observés. Ils avaient cherché un coin discret, sous un parasol dans le vaste jardin et bavardaient avec animation. Le blond Mr. De Brent semblait très content…satisfait de la vie, en fait, en retenant la main de Sam entre les siennes, la couvrant d’un regard…attendri, allant même jusqu’à la serrer dans ses bras à moment donné.

*Se pourrait il que… ? Il a été le meilleur ami de Justin…il est marié oui…mais…*

Marié, père de sept enfants, en charge des deux aînées de son défunt ami et si on voulait croire aux évidences, très…très proche de sa jolie veuve.

Michael est un homme charmant. Vous vous entendez très bien, n’est ce pas ?

Alertée par le ton de comploteuse en pleine intrigue de sa belle mère, Sam arqua un sourcil.

Oui, nous nous entendons très bien, Ana, Michael est le parrain des enfants. Il est venu me donner des nouvelles de Viv et Flore…

*Normalement le téléphone suffit…*


Oui, bien sûr…très louable de sa part, s’impliquer tellement…faire un voyage rien que pour cela…

Anastasia, je t’en prie…ne te fais pas des idées, Michael est heureusement marié et a plein d’enfants…

*Depuis que ça empêche…*


*Et m***e ! Quelle imagination…*

Ils rigolaient, les deux compères, en lançant des galets à la mer. Des gosses insouciants. Sam avança vers eux.

Salut, vous deux…Oui, je sais…tu ne m’attendais pas, mon chéri…mais voilà, j’avais envie de venir te voir…Bien que tu sois là aussi, Michael…Oui, ça va …Très bien même, si on croit ce que pense ma chère belle maman…Dites donc, on en a encore pour longtemps avec cette petite mise en scène ? Andrei n’a pas donné de ses nouvelles….il le fera quand le moment viendra…Non, ce n’est pas tellement cela qui me tracasse…en fait, ce n’est pas un tracas terrible mais…

En soupirant, elle prit un galet et le lança à son tour, le faisant ricocher sur l’eau.

Mais…si ça continue comme ça, ma réputation sera ruinée.

Elle retenait toute leur attention. Souriant, maligne, Sam passa son bras sous celui de Michael et embrassa son mari.

Oui, c’est exactement ce que j’ai dit…Ma princesse de belle-mère jure que j’ai un amant…et pas n’importe lequel…si jamais Alix a vent de ces idées…je ne donne pas cher pour ma peau…

C’était si bon rire…on aurait suffisamment de temps pour être sérieux mais on y penserait après…
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Drôles d'oiseaux!  Empty
MessageSujet: Re: Drôles d'oiseaux!    Drôles d'oiseaux!  EmptyDim 29 Mai - 20:16

Eh bien, si Justin avait connu des situations tordues, celle-ci battait des records.
Abattu en pleine rue devant des dizaines de personnes, rien de moins !
Pas à dire, c’était… renversant.
C’est avec une épouvantable douleur dans la poitrine et un goût affreux en bouche qu’il s’éveilla dans… un corbillard. L’homme penché au-dessus de lui intima :


Ne bougez pas.

Où sommes-nous ? Où va-t-on ? toussa-t-il péniblement.

J’ai ordre de vous retaper, pas de causer.

Ma femme, je dois lui dire…

On vient de vous enterrer, restez tranquille où, pour de bon, vous allez saigner comme un porc.

Une seringue s’enfonça dans son bras, Davenport repartit dans les limbes.
Son second réveil eut lieu dans ce qui semblait être une chambre d’hôpital. Poitrine bandée, perfusion, Justin voyait un peu flou. Une blouse blanche s’approcha, il dut plisser les paupières pour distinguer qu’il s’agissait de l’homme du corbillard.


Vous êtes médecin ?

Peu importe qui je suis. Cette clinique est privée. Vous y êtes enregistré sous le nom d’Eliott Stern. Des papiers ont été établis à ce nom. Dans quelque temps, vous serez sur pied et irez… où vous voudrez. Je ne suis pas autorisé à en dire davantage : j’obéis. Tenez, ceci vous revient.

Un paquet changea de main. En grimaçant, Justin l’ouvrit et trouva un passeport, beaucoup d’argent et… sa baguette.
Un mot n’accompagnait cette « livraison » :


Désolé d’avoir dû rendre ça si réel. Tu t’en remettras. Ne dis rien à personne avant un mois. Va te planquer quand tu iras mieux.

À peine lu, le billet se réduisit en cendres.
Crevé et perturbé, Davenport rangea la baguette sous son matelas et le reste dans le tiroir de la desserte de lit. La douleur était telle qu’il eut recours à la pompe à morphine afin de se soulager.
Plusieurs jours s’écoulèrent ainsi. Entre soins et torpeur, le blessé ne vit pas trop le temps passer.
Une infirmière, assez loquace, le rassura sur son état : côtes brisées, poumon éraflé, rien de trop sérieux. Selon elle, il avait eu beaucoup de chance car à un poil près l’aorte aurait été touchée.


*Andreï sait viser, pas à dire !* Qui est le médecin qui m’a amené ici ? Je ne l’ai vu qu’une fois de puis, et…

C’est le docteur Lochkart qui vous a opéré et qui donne les instructions vous concernant. Mais il ne vous a pas amené ici. On… vous a trouvé sur le parking.

Le parking de… euhhh…

St Patrick. Irlande. Vous ne vous rappelez pas ?

Non ! Et ce Lochkart est bien un grand type chauve, hein ?


Non, Le docteur est… petit, avec des cheveux gris ! Ne vous inquiétez pas. La morphine cause parfois des hallucinations.

De quoi faire gamberger Justin.
Durant cette période d’inactivité obligée, il en eut tout le loisir.
Pourquoi le plan initial avait-il changé ? Jamais il n’avait été question d’encaisser des balles réelles ! Sanders avait insisté pour qu’il avale une potion 5 minutes avant la confrontation à church street.


*Me suis laissé mener en bateau… Mais non ! Ça devait avoir l’air vrai. Si Sanders voulait ta mort, tu serais plus là !... Pourquoi un mois sans rien dire à quiconque ? Bon Dieu, Sam doit me croire vraiment mort !... Qui sait, il est peut-être en train de la consoler… *

Voilà le genre de questions idéales pour se remettre d’aplomb...
Néanmoins, un matin, Justin se sentit assez en forme pour quitter le fauteuil où il s’échouait sa toilette achevée. L détacha sa perfusion et se leva. De sa fenêtre, il ne voyait qu’un parc inconnu enneigé. Avec un tel point de vue, il aurait pu être n’importe où en Europe. Son reflet dans la vitre le laissa pantois. Il savait porter la barbe à présent mais ne s’attendait pas à un tel changement d’aspect. Son nez était épaissi, les yeux rapprochés et petits…


*Polynectar…*


N’ayant pas de vertiges, il osa traverser la chambre et voulut aller jeter un œil dans le couloir. Force fut de constater qu’il était bouclé à l’intérieur.
Depuis quand enfermait-on les patients ? C’était étrange, tout était étrange. Normalement, une victime de fusillade recevait la visite de policiers… Or, en dehors de l’infirmière, il ne voyait personne. Décidé à faire un tour, il sortit sa baguette. Le couloir était bien désert et ne ressemblait pas du tout à ceux d’un hôpital mais plutôt à celui d’une vaste maison cossue. Curieux, il ouvrit d’autres portes qui révélèrent des chambres normales et… vides.
Sa progression le mena à une volée de marches d’escalier. En catimini, il descendit jusqu’à un vaste hall. Les oreilles en alerte, il repéra des sons émanant d’une pièce dont la porte était entrouverte. Un homme et une femme y discutaient :


J’aime pas trop avoir ce type sous notre toit.

On nous paie très bien pour ça !


Mais on gagnerait plus à le dénoncer… S’il était pris ici…

Il ne sait rien, ne dira rien.

La police est sur les dents depuis la fusillade de la banque. Sa tête est mise à prix, la récompense très confortable…

OK ! On l’éjectera au soir. Tu augmenteras sa dose de calmants et on le balancera dans la nature.

Nanti de ces informations, Justin réintégra sa chambre.

*Ce salopard m’a donné la tête d’un criminel ! Vont me faire la peau dès que je serai dehors !*

Ses geôliers auraient une surprise au moment du dîner…
Dans le placard de sa chambre, il n’y avait pas de vêtements de ville. Dans la penderie d’une chambre voisine, si ! Il piqua quelques effets qu’il ajusta à sa taille, en fourra dans un sac et activa un portoloin.

Morrocoy ! Que de souvenirs en ces lieux ! La résidence n’avait pas changé, entretenue avec soin par Carmen et Domingo. Là, Sam et lui s’étaient avoué leur amour… il n’y avait qu’un peu plus d’un an… Enceinte des œuvres d’Andreï, elle l’avait pourtant choisi, lui !

Chamboulé, il pénétra dans la maison et mis aussitôt les dispositifs en place. Ce lieu serait incartable aux non-initiés. Seules trois personnes pourraient le trouver à condition de le chercher.
Il resterait planqué au moins le temps que son organisme évacue ce fichu polynectar injecté.
Cela dura des jours.
Si Carmen remarqua une occupation de la maison, elle se fit la discrétion même allant jusqu’à laisser, de temps à autres, des paquets de denrées fraîches ou surgelées.
Enfin, un matin, Justin ressentit les douleurs de la transformation de son corps. Il fila à la salle de bains vérifier son aspect et se rasa aussitôt. Il ne pétait pas la forme mais était présentable.
Prévenir ses proches devenait urgent. Son caméléon fétiche partit en mission vers les Bermudes.
Connaissant Michael, celui-là ne tarderait pas à le retracer même sans lui donner d’indication sur sa position. Pour Sam, le message se fit très clair. Il mourrait d’envie d’elle.
Angoissante attente…


*Peut-être est-elle contente d’être débarrassée de toi ?*

Heureusement pour son mental, la porte d’entrée s’ouvrit. Les époux se firent face. Elle était si belle, sa Samantha. Aux reflets de ses yeux, il sut leur amour intact malgré ce qu’il lui avait fait endurer. Sa brave petite femme se retint pourtant de se jeter dans ses bras, préférant d’abord se montrer cynique :

Super, monsieur !!! Bravo ! J’applaudis ! Quelle prestation !!!

J’y suis pour rien, Sam… Je suis content que tu sois là, mon amour ! C’est pas de ma faute. Le scénario prévu n’avait rien avoir avec… ça ! Je te jure avoir été le premier surpris d’être troué en vrai ! Puis il s’est passé un tas de trucs bizarres. Je…

Il voulut s’avancer, elle recula en l’abreuvant de reproches cuisants, vantant sa propre détresse.


j’en ai vu des morts auparavant…mais jamais …jamais…l’homme que j’aime…NON ! Fais pas un pas de plus…laisse moi te détester un moment…Dieu…j’ai failli en mourir…Michael est devenu fou…JE TE DÉTESTE, JUSTIN DAVENPORT !!!

Ça sonnait comme un « je t’aime », il le sentit et ne lui en voulut pas :

J’ai pas voulu ça, Sam ! Jamais, je n’ai souhaité te faire souffrir… Viens plutôt me montrer à quel point tu me détestes !

Belle envolée, baisers fous. Elle tenta bien de lui poser des questions auxquelles il répondit comme il le pouvait :

Je le répète, je savais rien… Andreï doit avoir son plan et nous ses pions. Tu as eu de ses nouvelles ?... Non ? Marrant, on dirait que tu te tracasses pour lui… oui, suis jaloux !

Il ne fallut pas longtemps pour que Mrs Davenport lui prouve combien il avait tort de se tracasser. De caresses et étreintes, des vêtements s’envolèrent, des corps se donnèrent.

Plusieurs points devaient être précisés.


Quand j’ai discuté avec Andreï sur « l’après » il a conseillé que tu ailles vivre en Floride, chez ton père… Oui, ce sera bizarre pour certains mais pas tant que ça. Gerry est ton père… puis tu dois être aidée avec les enfants. Ils vont bien, au moins ?

Il leur manquait… À lui aussi.

Au matin, Sam retourna aux Bermudes se préparer au déménagement. La journée fut triste et solitaire. Maintenant qu’il avait retrouvé ses traits, Justin osa s’aventurer dehors. L’accueil qu’on lui fit, le rassura. Les gens du cru l’aimaient bien et ne posaient pas de questions dérangeantes.
Plusieurs jours s’écoulèrent ainsi entre papotages avec les autochtones et parties de pêche.
Alors qu’il rentrait de l’une d’elles, Justin sursauta en constatant la présence d’un visiteur.
Joyeux, il se précipita vers son ami De Brent et reçut… un splendide crochet du gauche en pleine poire avant d’être étreint à étouffer.


Ouais… je suppose l’avoir mérité ! Désolé de cette comédie, vieux… te préviendrai la prochaine fois, ok !

Les explications délivrées ne semblèrent pas convaincre entièrement Michael qui émit plusieurs remarques pertinentes au sujet d’Andreï tout en dégustant le scotch amené.

J’en sais pas plus ! Le but était de sauver la tête d’Andreï, avant tout… Pourquoi ? Ben, parce que l’on est liés par une sorte de pacte : si l’un meurt de la main de l’autre, l’autre suit… Non ! Enfin… peut-être que Sam n’y est pas étrangère… Mais pas de la manière que tu crois… Bien sûr que je la vois ! C’est moi qui l’ai envoyée en Floride... Au fait, mes gamines ne te posent pas trop de soucis, j’espère ?... Tu as bien fait ! Nate ne les mérite pas… Non, m’en fous maintenant.

Justin lui raconta ses étranges réveils, ses conclusions :

J’ignore si c’est volontairement qu’Andreï m’a donné la tête d’un voleur de banque recherché. Tu pourrais te renseigner sur ce Stern ?... Aux dernières nouvelles, Sanders ne s’est toujours pas manifesté. Avec Sam on est tombés d’accord : il cache quelque chose de… gros… Je sais qu’il est tordu, suis bien placé pour le savoir. Mais il n’est pas con ni complètement pourri.

Les potes dînèrent à la fortune du pot en échangeant des souvenirs.

J’aimerais que tu fasses un truc pour moi… Veille sur Sam, veux-tu ? Sa belle-mère est très… suspicieuse… Moi ? Ben vais attendre. Tu as gelé la succession ? Parfait. Me demande vraiment comment réintégrer une vie normale après ça.

Ce fut une bonne soirée et Justin n’eut pas à se plaindre des visites de son ami de toujours. Il avoua avoir du mal à cacher à Alix les raisons de ses absences et était persuadé qu’elle flairait le pot aux roses. Sam allait bien, les gosses aussi, tout baignait donc.

Ils eurent une surprise lorsqu’une fin d’après-midi, Sam débarqua sans préavis. Ce qu’elle avoua fit s’écrouler de rire les compères. Selon Sam, Anastasia était en train de bâtir un roman autour de Michael et elle.


Si jamais Alix a vent de ces idées…je ne donne pas cher pour ma peau…

Trop tordant que d’aller imaginer des trucs pareils.
S’il y avait quelque chose que Justin avait appris en fréquentant Michael c’est que si en amitié, ils partageraient toujours tout, en amour ils resteraient exclusifs. Jamais il n’y aurait de confusion à ce sujet.
À trois, sans équivoque vers qui penchait Sam, ils rentrèrent à la villa.
Les bouteilles se vidèrent assez vite dans une bonne ambiance devant un repas délectable.


Je me demandais si, au lieu de moisir ici, je ne ferais pas mieux de chercher Andreï…

Cette remarque provoqua une vive réaction chez son épouse et de l’intérêt chez Michael.

Ben oui, quoi ! On lui a sauvé la mise en me faisant passer pour mort et… à part pour vous deux : je le suis ! Je vais pas rester confiné ici le restant de mes jours. Je veux voir grandir nos enfants et me balader au soleil avec toi, Sam. Ça fait déjà trois mois et il n’a pas cherché à me contacter, à me libérer. Je parie que ça l’amuse !... Tu ne crois pas ? Oui, il m’a vaguement parlé d’une mission.


Il réfléchit un moment, soudain gêné comme à chaque fois qu’il fallait évoquer un certain passé entre Sam et Sanders.

… Même si j’ai appris à le cerner, c’est toi qui le connais le mieux, après tout. Et, d’après nos renseignements à Michael et moi, il adorait le double voire le triple jeu... Vous pensez si j’ai eu du temps pour songer à tout ça. J’ai enfin une connexion internet et j’ai pu effectuer des recherches. Ça ne donne pas grand-chose sauf que j’ai remarqué une agitation dans divers milieux. Notre « ami » pourrait bien en être à l’origine… Ce qui me fait dire ça ? Il suffit de comparer… Attentats politiques en recrudescence, pareil pour de nombreux trafics. À croire qu’un nouveau mouvement malsain s’étend… Non, Michael, je ne vois pas Andreï se mêler à ça sans… une bonne raison. Sam le confirmera : Sanders est, euh, bizarre mais pas mauvais ; pas entièrement… Opportuniste ? Oui (rire) c’est indéniable.

La discussion leur prit une bonne partie de la soirée sans pour autant, fatalement, arriver à du concret. Seules des suppositions pouvaient se faire. Michael les quitta : Alix allait s’inquiéter vu sa très longue absence de ce jour.
Seul avec son épouse serrée contre lui dans la balancelle du jardin arrière, Justin but lentement son pur feu :


J’en ai marre, tu sais… De ne te voir qu’à la sauvette, tiens ! Avoue que c’est cher payer pour un service rendu ! Sais pas comment le lui faire racheter ça un jour, mais je trouverai… Rancunier ? Ben, un peu mon neveu ! Ça te plait à toi, cette vie ?

Non seulement elle désapprouva mais le lui démontra en savants baisers.

Et… Nate ? Tu as des nouvelles ?... Partie sans laisser d’adresse ? M’étonne pas d’elle. Je parie qu’à part pleurer son Andreï, elle se fiche du reste… J’ai dans l’idée qu’elle en sait encore moins long que nous sur les motivations de son drôle d’oiseau… Leur mère ? Si peu. En un an, tu as donné plus d’amour à nos gosses qu’elle ne leur en a donné en 8 ans ! Et Maddie ? Tu as des photos ? Bien sûr que je veux les voir !

Quatre mois de gâchés ! La petite avait bien poussé. Davenport faillit pleurer en regardant les clichés apportés. Sam, à sa façon, lui fit un peu oublier son amertume.

Amène-moi les gosses et vivons ici !... Sais pas… invente n’importe quoi. Que tu as besoin de changer d’air à nouveau… Que ton bel amant veut t’enlever (rire) J’en peux plus, Sam de t’aimer ainsi à distance.

Elle aussi en avait marre mais si l’on voulait conserver les apparences…


Arrange-toi comme tu peux, je t’en prie. Tu me manques trop !

Promesses, aveux passionnés… Elle s’arrangerait.
Confiant, Justin la laissa regagner la Floride.
Dès le lendemain, il entreprit des aménagements à sa petite villa. Au moins cela l’occupa toute la journée. La domestique s’étonna des transformations réalisées en un quart de tour (de baguette). Un oubliette régla ses éventuelles interrogations. Elle jurerait, à qui voudrait l’entendre, que la maison avait toujours possédé une piscine et deux chambres de plus.
Fatigué après ces déploiements de magie, Justin travailla un peu sur l’ordinateur. De recoupements en traçages spéciaux, il en vint à conforter ses idées premières : le crime organisé battait son plein.
L’heure était déjà avancée quand on sonna à sa porte. Courant ouvrir en espérant que Sam et ses enfants étaient arrivés, il eut la surprise de découvrir un trio inattendu sur son seuil. Très fier de lui, Michael tenait solidement Sanders au collet tandis qu’Alix souriait, à côté
.

Tu l’as eu ?... Livré lui-même ? Mais entrez donc. Salut Alix, ça va ?

Elle lui octroya un baiser sur la joue et une tape sur l’épaule, semblant beaucoup s’amuser. Andreï, par contre, n’était pas à la fête.
Sur les conseils de Michael, Justin déploya assurdiato et boucla la résidence.
Jeté sur le divan, Sanders se massa le gosier. Vu son œil poché et divers hématomes, il avait dégusté.


Alors, te voilà enfin ! Va falloir m’expliquer quelques trucs parce que là, tu m’as laissé dans un beau merdier.

Des explications, il en reçut et non des moindres.


T’es complètement givré Andreï ! Tu t’es jeté dans la gueule du loup. Sam et moi, on en bave à cause de toi, et tu voudrais que… non mais tu rêves : démerde-toi.

Chose amusante, ni Michael ni sa femme ne l’entendaient de cette oreille. Ils semblaient prêts à participer à l’entreprise prévue par Andreï.
Une diversion se produisit avec l’arrivée de Sam et des trois enfants. Après d’émouvantes retrouvailles avec ses gosses Justin dut les laisser à Alix. Qui l’eut cru, elle se chargea d’eux tandis que Justin mettait brièvement sa femme au courant :


Andreï est allé chez Michael lui demander son aide et la nôtre… Ouais, une fois de plus. Monsieur aurait rempilé aux services secrets qui l’ont envoyé démanteler la pire organisation de malfaiteurs qui soit : le Nid. Que c’est noble, non ?... Seulement, Monsieur n’avait pas prévu devoir attaquer un tel réseau aux ramifications multiples ! Maintenant, il est mal embarqué et… compte sur nous.

Jolie altercation et mise au point. Persuasif, Andreï plaida sa cause tout en s’énervant vu le temps qui filait.


… T’es surveillé à ce point ? La confiance règne, dis donc ! Que devrait-on faire ?

Dire ça et amen était quasi pareil. Dans le fond, à moins que Justin capte mal l’ambiance, tous dans cette pièce étaient d’accord : un peu d’action ne nuirait pas.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Drôles d'oiseaux!  Empty
MessageSujet: Re: Drôles d'oiseaux!    Drôles d'oiseaux!  EmptyVen 3 Juin - 11:32

Trois mois de galère ! Combien de temps Andreï devrait-il encore subir cette mise à l’épreuve ? Car c’en était une, sans doute possible. Pas besoin d’être devin pour savoir ses moindres gestes épiés, chaque action décortiquée, analysée.
Affichant profil bas et docilité apparente, Sanders obéit en rechignant pour la forme. Trop de passivité aurait été aussi suspecte qu’une manoeuvre directe.
Durant cette période, Andreï se sentit à la fois observateur et observé. Il passa des heures à éplucher des dossiers à relever des failles dans la structure actuelle du Nid ainsi que dans les façons d’y remédier et de trouver d’autres débouchés.
Sa tâche principale se centrait sur l’Europe. Selon, son étude, l’espion remarqua qu’indiscutablement, ce continent était devenu la plaque tournante du système. Tout transitait par les capitales centrales pour se disperser à nouveau ensuite. Comment gripper des engrenages aussi bien huilés que monstrueux ? Parfois heureusement, indépendamment de l’épervier, une ou l’autre opération foirait mais les bases de la pyramide étaient si solides qu’à moins d’inverser la donne, elle résisterait à tout.
À part cet « isolement » forcé, Andreï ne pouvait se plaindre de rien. Sa table était somptueusement garnie tous les jours. Il disposait d’un vaste appartement luxueux et même e compagnie féminine au besoin. Cette idée ne venait pas de lui mais du Gerfaut. Un soir où Andreï avait expliqué comment, au vu des rapports lus, il envisageait d’encore mieux agrandir leur réseau d’éliminations sélectives, son homologue fut tellement emballé qu’il tint à le récompenser de ses efforts :


Tu as bien travaillé, mon ami. Cela mérite un bonus. J’ai pu constater chez toi certains signes dépressifs. Ta femme te manquerait ?

Non ! M’en suis déjà passé plus longtemps que ça.

Ton gosse alors ? C’est dur de ne pas les voir grandir. Mais ça s’arrangera. Tu rentreras chez toi quand nous serons sûrs de tes intentions.

Me faire tuer mon meilleur ami, le seul que j’avais ne vous a pas suffi ? J’aurais dû m’en douter. Vous avez fait de moi un paria, histoire de mieux me garder en cage !

Il n’y aura pas de complications, tout est prévu. Un épervier dans la nature est dangereux, conviens-en.

Privé d’espace, il dépérit !


Tu viens de gagner un petit coin de ciel bleu. J’espère qu’il te conviendra.

Blonde pulpeuse, elle s’appelait Irena et sut très bien s’y prendre pour rompre la glace quand il la trouva dans sa chambre.
Futé, Andreï ne fut pas dupe un seul instant. Cette fille qui jouait les ravissantes idiotes était une roublarde consommée. Pas autant que lui, hélas pour elle.
Gerfaut voulait susciter des confidences sur l’oreiller ? Il ne s’en plaindrait pas. Quoique, en y pensant bien, avec du veritaserum son binôme aurait obtenu tous les aveux voulus.


*Il me croit au-dessus de ça ! N’a pas tout à fait tort mais s’il imagine qu’une chouette nana me fera craquer, il se goure !*

Constatation très satisfaisante, en somme. Gerfaut se méfiait énormément de lui au point de lui conférer plus de capacités qu’il n’en possédait. De plus, il semblait ignorer quel était le seul vrai point faible d’Andreï : Sam !
Voilà de quoi le réconforter. Il joua le jeu en finesse, faisant croire à un envoûtement des sens par Iréna à qui il prodigua savamment ses sciences.
En peu de temps, il la retourna.
Après une séance de massages très chauds, elle fondit :


Tu devrais te méfier de Piotr, il ne rêve qu’à t’abattre, lui susurra-t-elle au creux de l’oreille. Tu vaux mieux que lui. Il ne pense jamais qu’à lui…


Suis-je si différent ? répondit-il sur le même ton.

Indubitablement, elle le pensait et le lui prouva.

Peu à peu, Andreï manipula la poupée russe. Les éléments s’emboitèrent à la perfection.


J’ai besoin d’air, ma chérie. Je veux aller voir mon fils. Tu sais combien il compte pour moi. Tu seras récompensée à mon retour…


Mini sort de persuasion à l’appui, il obtint facilement gain de cause. Elle assumerait seule les sept heures à venir.

Lors de ses très rares moments d’isolement, Andreï était parvenu à bien des choses mais pas à localiser Justin. Or, il en avait encore besoin. Le risque était énorme de s’exposer aux foudres de son pote de toujours mais il n’y avait aucun autre recours pour le contacter.
Quand il fut assuré qu’Iréna ne cafterait pas même sous la torture, il transplana.

La villa des Bermudes était calme lorsqu’il s’y matérialisa. La trouille ? Bah, non ! Au point où il en était. Il ne sonna pas, ne s’annonça pas autrement que par Patronus. (devinez à qui il pensa en le formant…)
La réponse fut quasi instantanée. Un De Brent fou furieux apparut, le prit au collet et transplana avec lui dans un bureau où Andreï connut sa douleur. Raclée monumentale, on en passe et des meilleures. Il tenta bien de plaider sa cause… en vain :


J’aurais préféré ne pas lui tirer dessus à balles réelles ! (paf) J’avais pas le choix !(paf)… Tu me crois assez con pour me livrer à toi si j’étais coupable de tant de bassesse… Je dois savoir où il est… pas pour le descendre, ça n’a jamais été le deal !... j’ai besoin de lui (paf) et peut-être de toi aussi !(paf, repaf et étranglement en règle)

Le fait est que Sanders crut réellement sa dernière heure venue et, sans l’intervention quasi miraculeuse de Mrs De Brent en personne, il y serait sûrement passé.
Qu’est-ce que ça gueula entre les époux ! En tout cas, Michael lui accorda un répit et une occasion de s’expliquer.

Se massant la gorge, Andreï remercia d’abord Alix qui se fichait pas mal de lui, préférant s’occuper de son mari.


Hey !, les rappela-t-il à leur souvenir, suis là, au cas où ça vous intéresserait… Non merci, Michael, ça suffit. J’ai pas beaucoup de temps devant moi… Ouais, je me doute de ce que vous pensez mais c’est faux… Ouais, bien sûr que j’ai un but ! J’expliquerai tout mais vous devez me mener à Justin. Ne me faites pas croire que vous ignorez où il est !... Non, j’en sais rien ! J’ai pas eu le temps de chercher. Maintenant que j’y pense, il serait bien fichu d’être retourné à Morrocoy, là où…


Qu’il le veuille ou non, ses sentiments transparurent. Morrocoy évoquait en lui tant de souvenirs pénibles. Il savait que c’était là que sa femme s’était réfugiée après l’avoir abandonné, là qu’elle avait dû aimer Justin au point de concevoir Madelyne, là où elle l’avait rayé définitivement de sa vie…


Je dois des explications à Justin… NON, lui ferai pas la peau, j’en suis incapable même si je le voulais ! Prends ma baguette, Michael. C’est le seul gage de bonne foi que je peux transmettre pour le moment. Je te jure que mes aspirations dépassent un guéguerre infantile.


Borné, De Brent hésitait. Vu sa tête, il n’attendait qu’une occasion à le réduire en cendres. Il est vrai qu’à un certain moment du passé, Andreï avait joué avec lui. Il avait grugé son monde pour prouver la folie de sa tante Filippia, abusé de Justin et sa clique à ses fins. Là c’était différent. Alix dut le percevoir car elle arrondit les angles, non sans malice.
Oups, il eut le malheur d’adresser un regard reconnaissant à Mrs De Brent pour son plaidoyer, et se prit une nouvelle baffe de l’époux, décidemment très jaloux.
N’empêche qu’on l’escorta jusqu’au Venezuela.

Davenport lui parut en forme malgré des traces de fatigue. Sa déception était marquante, il n’escomptait pas la visite de ce trio, apparemment. Si Andreï fut aussi assez déçu par l’absence de quelqu’un, il le cacha. Les problèmes protocolaires et de sécurité réglés, Justin s’adressa à lui :


Alors, te voilà enfin ! Va falloir m’expliquer quelques trucs parce que là, tu m’as laissé dans un beau merdier.

J’aurais préféré que ça se passe autrement. Je suis vraiment désolé, Justin. Je sais viser, rien de vital n’a été touché, tu vois... Stern, ben quoi ?... ah bon ? Un braqueur ? Je l’ignorais. Le gars recruté pour te réveiller a dû trouver marrant de te donner sa tête… Écoute, j’en sais rien du tout, moi ! Il a été payé pour te planquer et te donner des trucs, c’est tout. Il a reçu un bel oubliette après… On voulait te balancer dans la nature ? Je règlerai ça, mon vieux : ils paieront...
Bien sûr que je suis pas rentré au Nid pour y faire joujou. J’ai pour mission de démanteler toute l’organisation… oui, mission gouvernementale secrète, évidemment… Mais ça s’avère plus difficile que prévu. J’ai, comme qui dirait, l’impression que les deux camps veulent ma peau… je l’aurais mérité ? Merci, Michael, c’est gentil de ta part de relever ça. N’empêche que je ne m’en sortirai pas seul. La cause est noble : vous devez m’aider.


T’es complètement givré Andreï ! Tu t’es jeté dans la gueule du loup. Sam et moi, on en bave à cause de toi, et tu voudrais que… non mais tu rêves : démerde-toi.

Michael désira en connaître plus sur le Nid, Andreï dévoila tout :

Cette organisation emploie sorciers et moldus. Ils sont répartis dans tout le globe. Quand je l’ai quittée, elle se concentrait sur le crime organisé. On exécutait tous les contrats juteux. Je n’étais qu’un pion banal. Les chefs ont voulu de moi à la tête, on travaille par binôme : un par continent. Je suis sur l’Europe avec Gerfaut : Piotr Ivanov. Ils se sont étendus et à présent s’infiltrent partout : drogue, trafic d’armes, influences politiques, bourse …

Bientôt Sam se joignit à eux avec bagages et gosses. Apparemment, elle revenait vivre avec Justin.
Dire que revoir son ex et la petite Maddie ne lui faisait rien serait un gros mensonge. Cœur serré, il dut subir les foudres de Sam.


… pourquoi tu m’en veux ainsi ? Il est vivant, non ? Bon, je ne voudrais pas vous presser mais le temps file. Je ne peux pas m’absenter plus longtemps…. Oui, je suis surveillé de près. J’ai retourné mon geôlier mais faut pas que j’abuse…. Je suis très bien planqué et injoignable. C’est moi qui vous contacterai. Réfléchissez à cette proposition, s’il vous plait… Ce que vous devriez faire ? Mon idée est d’inverser la pyramide du pouvoir. Piotr est un mégalomane. Il veut le pouvoir suprême. Si les résultats en Europe dépassent ceux des autres continents, il se prendra pour l’aigle royal et là, on lui brisera les ailes.
Sur ce, excusez-moi, je file ! À bientôt !


Au dernier moment, il se retourna et croisa le regard de son ex.

Je peux te dire deux mots ?

Sous l’œil suspicieux des autres, il s’écarta avec Sam près de la porte d’entrée, hors de vue.

Tu vas bien ? … ouais, je sais, je suis un monstre d’égoïsme mais pas cette fois ! As-tu des nouvelles de Jarek et Nate ?... non, lui dit rien. Vaut mieux pour elle qu’elle m’oublie. Prends soin de toi et… Maddie est magnifique.

Sam était si proche. Il s’enivra de son parfum en lui embrassant la commissure des lèvres et partit.

Assez satisfait de son entrevue, Andreï parvint à rentrer dans l’appartement sans éveiller les soupçons. Un passage à la salle de bains, quelques sortilèges le remirent en forme. Iréna se montra câline et avide. Il ne la déçut pas.

La semaine entière, Andreï travailla d’arrache pied à la mise au point d’un plan fiable. Il devait continuer à donner le change à Gerfaut tout en commençant son travail de sape. Il s’infiltra dans les banques de données des autres membres et repéra les diverses transactions en cours.
Parfois des plans, horaires, changeaient en dernière minute, de quoi lui donner des sueurs froides.
D’autant que pour sortir les infos ce n’était pas du gâteau.
Les caméras de surveillance, bidouillées de maîtresse façon, ne révélèrent pas sa double activité.
Son patronus avertit ses complices extérieurs : il serait chez Justin le soir même.

Quand il arriva, les autres étaient déjà présents. L’ambiance lui sembla tendue mais assez sympathique. Justin lui servit un verre, Andreï se lança :


Je vois que vous êtes prêts au combat alors voilà : Dans trois jours, un important convoi d’armes part de Berlin pour l’Afrique du Nord. Gerfaut et moi en sommes responsables jusqu’à l’embarquement. Dès que c’est sur le bateau, on en est déchargé. Busard et Aigrette prendront alors le relai. En aucun cas, les armes ne doivent arriver à bon port… Comment ? J’en sais rien ! Faites sauter la cargaison, évaporez-la, que sais-je.

Andreï était loin d’avoir réponse à tout. Il leur fournit d’autres indications :

Un chargement de poudre va passer d’Amérique du Sud à celle du Nord au même moment. Je préciserai l’itinéraire prévu. Là aussi ce serait bien que ça s’évapore en route. Bruant et Bouvreuil se taperont dessus... Oui, Michael, c’est ça : on va foutre le bordel de façon à ce que tous soient suspectés de fuites. Pour faire bonne mesure l’Europe ratera un coup aussi mais mineur. On reparlera des retombées fin de la semaine. Je dois filer.

Imperturbable en apparence, Andreï bouillait à l’intérieur. Le jour J, il passa énormément de temps sur les ordinateurs. Gerfaut pourrait examiner les historiques, jamais il ne verrait les programmes espions ni leur contenu. Les autres réussiraient-ils ?
Pas à dire, cette journée fut épouvantablement angoissante et Sanders dut avoir recours à plusieurs calmants pour effacer son stress.
Le soir venu, il sut. Rien que la tête de Gerfaut valait le détour. Andreï dissimula sa jubilation intérieure, mimant stupéfaction et colère non ressenties. Il attaqua :


Des mois de préparation pour en arriver à ça ? Dis-moi, Piotr, tes acolytes sont donc si nuls ? Qui était au courant ?

Eux ! Rien qu’eux ! J’ai tout vérifié trois fois par jour.

C’est pour ça que j’ai remarqué que certaines données disparaissaient de mes ordis ?


Ouais ! Je me méfie de tout le monde, de toi en premier.

Le contraire m’aurait étonné ! Je te l’ai dit Piotr, suis un homme de terrain. Je connais rien à ces trucs ! Nos affaires, ici, ne vont pas si mal même si je ne me coltine que l’intendance.

C’est vrai. En trois mois, nous avons rempli la majorité de nos contrats mais là… ! Le même jour, deux ratages ! Ça se paiera.

Ce n’est peut-être qu’un coup de malchance. Si cela se reproduit, on pourra avoir des doutes.
Je fais quoi avec le contrat sur la tête du dirigeant de la faction coréenne ?


Je t’en nomme responsable !

Albatros et Calao seront pas contents.

M’en fous ! Fais-le !

Belle preuve de confiance. Andreï jubila. Reprendre du service actif le démangeait assez. Un pourri de moins sur terre, et alors ? Tzang Seung pouvait compter ses dernières heures à vivre.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Drôles d'oiseaux!  Empty
MessageSujet: Re: Drôles d'oiseaux!    Drôles d'oiseaux!  EmptyMer 8 Juin - 23:14

Cette histoire de retourneur de temps donnait vraisemblablement de quoi penser à Alix, or il savait très bien que quand sa chérie se mettait à réfléchir, elle arrivait, indéfectiblement, à certaines conclusions.

Depuis, je me suis mise à penser que, peut-être Justin aurait pu… Hey, tu m’écoutes ?

Juste ce dont il ne voulait ni pouvait parler. Jouer les endormis le sauva pour le moment mais Michael savait que ce n’était que partie remise.

Seul dans son bureau, Michael repassait les derniers événements. Les McDermott avaient décidé de prendre leurs propres quartiers avant de poursuivre avec leur voyage. Max avait préféré mettre de la distance. Tant mieux, on aurait la paix et ça éviterait de nouvelles confrontations avec Alix. Il jouissait du calme régnant. Seulement les petits étaient à la maison, les grands à l’école. La maison était un havre paisible. Parfait pour la réflexion, depuis le temps, son passe-temps favori. Le thème : Justin. Le croire mort l’avait cruellement touché, le savoir vivant mais planqué, l’avait réjoui. Ne rien savoir de plus, l’agaçait. Il se sentait écarté, ségrégué de l’indéfectible confiance qui l’avait toujours uni à son pote de toute la vie.

*Dans quelle saloperie d’intrigue est il allé se fourrer, ce con !?*


Il râlait ferme, tout en joignant mentalement les pièces de ce puzzle intrinsèque. Sa dernière visite à Sam lui avait pourtant fourni une belle piste. La jeune femme ne lui avait pas caché son bonheur de savoir Justin vivant. Bien entendu, elle avait allègrement menti en niant savoir où le trouver. L’éclat de ses yeux l’avait dénoncée. Elle savait. Michael était sûr qu’elle l’avait déjà vu. Deux et deux faisant toujours quatre, il avait fini par y mettre le doigt dessus.

*T’aurais pu y penser avant, tu deviens idiot, ma parole !*

La meilleure façon de corroborer une bonne idée est la mettre à l’exécution. Peu ami de lambiner en chemin, il avertit Paxton de son absence pour le reste de la journée, confectionna un gentil portoloin et dès qu’il vira au bleu, le toucha. L’endroit n’avait pas changé d’un poil, comme si le temps se refusait à passer. Placide indolence des tropiques, personne ne sembla se demander d’où il sortait. La maison était silencieuse. Pas une âme dans le coin. Sans se gêner le moins du monde, Michael passa à l’intérieur où il faisait décidément plus frais que dehors et arpenta le salon en se demandant où pouvait être passé son copain.

*Pas allé bien loin…ses affaires sont là…sera allé à la plage…quelle vie !*

Au bout d’une heure, il ruminait pour de bon quand la porte d’entrée s’ouvrit. Justin rentrait. Amaigri, les traits creusés donnaient foi de mauvais moments endurés mais il était bronzé à souhait et semblait en forme.

Alors, ça baigne !?

Il eut l’air légitimement surpris de le trouver là mais cela ne dura qu’une seconde avant de s’élancer vers lui, ravi de le voir. Sauf qu’il venait de passer un temps d’amertumes innommables en le croyant perdu. Ce fut plus fort que lui. Son coup de poing atteignit Justin au menton, le faisant vaciller mais avant qu’il ne songe tomber à la renverse, Michael le retenait en une accolade d’ours.

Tu es un misérable, Davenport !


Ouais… je suppose l’avoir mérité ! Désolé de cette comédie, vieux… te préviendrai la prochaine fois, ok !

Vaudra mieux…et maintenant, crache le morceau.

Les explications de Justin ne comblaient pas trop ses expectatives. Son ami resta assez vague.

Tu tournes autour du pot ou tu sais toi-même trois fois rien sur cette embrouille !, grommela t’il en acceptant le verre que l’autre lui présentait, ton copain Andrei t’a salement embobiné. Que diables avais tu dans la tête pour confier de la sorte en lui ? Tu sais très bien que ce mec t’en veut à mort parce que tu lui as piqué Sam…et viens pas me dire que du coup il a tout oublié et s’en est remis…

En tout cas, il avait des sévères doutes à ce sujet, lui.

J’en sais pas plus ! Le but était de sauver la tête d’Andreï, avant tout…


Ouais ! Voudrais bien savoir pourquoi !?

La suite le laisse assez pantois.


Pourquoi ? Ben, parce que l’on est liés par une sorte de pacte : si l’un meurt de la main de l’autre, l’autre suit…

Michael vida son verre et se levant alla s’en servir un autre, il était heureux de retrouver son ami sain et sauf mais ce qu’il jugea comme une certaine naïveté le mettait en rogne.

T’es émouvant, mon pote…des pactes, j’en connais, moi…ce sera plutôt ta femme qui l’aura supplié de en pas te faire la peau !

Justin ne finit pas d’agréer cette tournure.

Non ! Enfin… peut-être que Sam n’y est pas étrangère…

Michael laissa échapper un petit rire ironique et enfila la moitié de son whisky, l’air rogue.

Hum…

Mais pas de la manière que tu crois…

Allez, on en parle plus, c’est ton affaire. Tu l’as vue, Sam ?

Bien sûr que je la vois ! C’est moi qui l’ai envoyée en Floride... Au fait, mes gamines ne te posent pas trop de soucis, j’espère ?

M’en doutais, y avait qu’à voir son petit air ravi. C’est une sacrée fille, ta Samantha…et non, tes filles ne me posent pas le moindre problème. Elles sont adorables et en plus entre sept gosses et neuf, on voit plus la différence. Au fait, ton ex s’est pointée, tout feu et flamme, réclamer son droit de les avoir avec elle. Je l’ai envoyée paître, cette salo…enfin, ta sorcière d’ex !

Tu as bien fait ! Nate ne les mérite pas…

Me garde les commentaires…ça ne te touche pas, au moins !?

Ce qui, à son avis, aurait été un comble, mais la noblesse de cœur de Justin était un fait constaté depuis longtemps.

Non, m’en fous maintenant.

Tant mieux alors…raconte plutôt pourquoi tout ce fichu silence...si long, en plus !

Le récit de Davenport était concluant. Il en avait vu des vertes et des pas mûres jusqu’en arriver là. Piégé dans la peau d’un malfrat d’envergure, il avait dû se cacher avant de retrouver son apparence normale, ce n’est qu’alors qu’il avait contacté sa femme et enfin, lui. D’Andrei, pas une nouvelle. Michael s’en serait bien douté. Pourtant Justin restait fidèle à son idée.

Avec Sam on est tombés d’accord : il cache quelque chose de… gros… Je sais qu’il est tordu, suis bien placé pour le savoir. Mais il n’est pas con ni complètement pourri.

Tu y crois dur comme fer, c’est ton problème !, grogna t’il, sans parvenir à tout à fait se décoincer de sa mauvaise humeur.

Souvenirs à l’avenant, ils dînèrent sans trop se soucier de ce qu’ils portaient à leur bouche. Justin parla beaucoup, Michael lui bien moins. Il écoutait, sans pour autant cesser de penser. Cette situation était vraiment tordue…désagréablement tordue !

J’aimerais que tu fasses un truc pour moi…

Cette requête le fit retomber sur terre.


Bien sûr, ce que tu voudras !


Veille sur Sam, veux-tu ? Sa belle-mère est très… suspicieuse…


Pas de souci, mon vieux, c’est chose faite. Ta petite dame est très spéciale et on s’entend très bien. Ce que sa belle mère pense ou laisse de penser ne lui fait ni chaud ni froid. La Princesse Orloff n’a qu’à s’en tenir, après tout avec le fils qu’elle a…

*Parle pas mal des mères suspicieuses…la tienne emporte les palmes !*

En ce qui respecte la succession, tout es réglé et gelé en attendant. Ta femme et tes gosses ne manquent de rien, tout est prévu.

Parfait. Me demande vraiment comment réintégrer une vie normale après ça.

Si j’étais toi, m’en ferais pas trop…ça viendra tout seul !...Bon, mon vieux, il est temps de rentrer, j’ai dit à personne où j’allais et Alix doit se demander où je suis passé.

Il prit congé de Justin avec la promesse de revenir souvent. Le portoloin virait au bleu.

Alix se trouvait à la terrasse, fumant tranquillement et sirotant un Pur Feu. En l’entendant arriver, elle se retourna et le regarda, amusée.


Te voilà enfin ! Est-ce que ça va ?

Petit air angélique, sourire à l’appui. Elle n’était pas dupe un instant. C’est vrai que les whiskies n’avaient pas manqué.

Ben oui, très bien…te faisais pas de la bile, au moins ?


Elle n’avait pas l’air fâchée mais du coup, il se sentait comme Lucas quand on le prenait en faute, en fait, il lui ressemblait beaucoup en ce moment.

Je commençais à m’interroger, oui…

Souriante, elle semblait plutôt être en train de se payer un peu sa tête. Vexant.

Et…tu vas pas me demander où j’étais !?, marmonna t’il, presque boudeur, déçu de si peu d’intérêt.

Malicieuse, elle hocha la tête et but un peu de son Pur Feu.


Pourquoi je te demande pas où tu étais ? Ben… parce que je le sais !


Hein !?, elle était bonne celle là, comment ça que tu sais ? Je parle en dormant ou quoi ?...Tu es bonne sorcière mais là…me dis pas que tu as repris tes vieilles habitudes…tu m’espionnais ?

Raisonnement stupide s’il y a lieu mais cela le faisait un peu enrager. Alix lisait en lui comme en livre ouvert, elle l’avait toujours fait d’ailleurs ! Sans départir de son petit air renfrogné, il alla se servir à boire, comme s’il en avait pas eu assez, alors qu’Alix assurait, calmement :

Non, tu ne parles pas en dormant… Oui, suis sorcière mais pas voyante et je ne t’ai pas espionné. Je suis… mathématique, mon amour : tu étais avec Justin !

Le comble !!! Même s’il aurait pu s’en douter.


Euh…mais voyons…t’en as des idées…


Quelle piètre façon de démentir ce qui était plus évident que le nez au milieu du visage. Son beau sourire finit par le démonter. Il s’avouait vaincu.

J’ignore quelle combine vous avez montée…


Combine !?...Pas le cas ici…il a fait ça tout seul avec…Sanders. On m’a rien dit…à peine quelques jours que je sais que Justin est encore de ce monde…

Ah… tu n’en faisais pas partie. Normal, remarque, si on veut le secret… Raconte si tu veux, n’empêche que je suis soulagée.

Ouais, on est déjà deux…C’est une histoire de dingues…Tu sais, Andrei l’a embarqué dans un truc dont je ne pige trois fois rien, même si Justin essaye de lui trouver toute sorte d’explications…

Il ne pouvait pas éviter de se montrer presque amer, cette espèce de défection de son meilleur ami le mettait mal à l’aise. Le tableau brossé eut un petit ton laconique, teinté d’arrogance, ça le mettait toujours à sauf de certaines misères communes, de peu il en ressortait que l’ex mangemort qui avait pu survivre à Voldemort en personne, en voulait à son copain de ne pas l’avoir mis au parfum de cette singulière intrigue. Face à son Alix, qui le regardait, malicieuse et amusée, il se sentait presque démuni, comme gamin pris en faute. Cette femme, qu’il adorait, avait et aurait toujours un ascendant prioritaire sur tout fait de sa vie.

Tu…m’en veux pas, au moins !?

Elle se limita à rigoler comme si tout était une bonne blague.


Non, je ne t’en veux pas. Si tout va bien, pourquoi s’en faire ?


Merveilleuse logique...À quoi bon s’´éterniser sur le thème !


Et toi ? Ça a été ?


Sa réponse, si tranquille, le laissa légèrement abasourdi.


Moi ? Euh… À part que Max a cru que je voulais empoisonner Tess, la routine…

Hein ? Il déconne pour de bon, ce mec !!!

*L’est suicidaire, le Max !*

Mais le reste du commentaire finit par le rassurer.


Oui, je lui ai apporté un fortifiant et compte aller la voir tous les jours. Ils auront leur bébé et retourneront compter leurs moutons.

Oui, le mieux à faire. Chacun pour soi et que Merlin s’arrange avec le tout…moi, m’en fous…tu es là…et tu es pas fâchée …je t’aime, Alix…Tu sais…cette histoire est si débile que je ne sais plus trop quoi penser…c’est tellement idiot…que ça me donne, du coup, envie de rire…tant de temps à se tourner les sangs à cause de cet idiot de Justin et l’autre…il bronze au paradis…avec sa Sam…débile…

Ce cauchemar là, était fini. Le soulagement l’emportait. En vouloir à Justin ?...À quoi bon ? Ils en avaient tellement partagé, des choses…une de plus, une de moins. Alix ne lui en voulait pas. La vie était belle. Ça faisait bon rire, avec sa merveilleuse femme, sous les étoiles…

Visiter Justin était saine habitude. Rien ne faisait plus de bien que retrouver leur complicité de toujours, intacte. Alix, au courant de tout, ne lui en voulait pas de déserter la pagaille familiale pour quelques heures de paix aux Caraïbes, avec l’unique véritable ami qu’il n’ait jamais eu. Un de ces placides après midis, alors qu’ils bavardaient insouciants, Samantha s’était présentée sans être attendue. Adorable créature. Elle leur communiqua, en riant, les dernières nouvelles. Selon sa belle mère, elle aurait un amant…qui n’était rien d’autre, au docte avis de la princesse Orloff, que Michael !

Si jamais Alix a vent de ces idées…je ne donne pas cher pour ma peau, avait elle déclaré.

Voudrais pas savoir ce qu’elle ferait de la mienne !

Rigolade générale. Il faisait vraiment bon vivre, ce jour là !

Mais tout n’était pas si insouciant…pas du tout !

Être riche n’évite pas d’avoir à s’occuper des affaires qui font si joliment tourner ce parfait engrenage. Placements à renouveler ou changer, investissements qu’on ne peut négliger. Michael se penchait justement sur un investissement dans l’industrie hôtelière quand une apparition soudaine le fit cesser toute activité. Un patronus, sous la forme d’un épervier argenté, annonçait ni plus ni moins que la présence d’Andrei Sanders, à sa porte.

*Manque pas de culot, le gars !*

Depuis le temps qu’il avait envie d’en découdre avec lui. Le voir et le prendre du collet, revint au même. Transplaner, pour faire plus vite, à son bureau, qu’un acte réflexe. Le rouer de coups, rien d’autre qu’une vengeance longtemps caressée.

L’homme plaida vaillamment sa cause mais Michael n’était pas pour entendre des excuses, enragé au maximum, ses coups pleuvaient.


D’une fois pour toutes, Sanders…tu vas les payer toutes ensembles…ordure ! Traître !

Coup ci, coup là, mais il n’en démordait pas, le prince.

J’aurais préféré ne pas lui tirer dessus à balles réelles !

*Ah non ? Misérable !*

Et de s’efforcer de lui arranger un peu plus le portrait.

J’avais pas le choix !(paf)… Tu me crois assez con pour me livrer à toi si j’étais coupable de tant de bassesse…

Des cons, ça naît tous les jours et si tu croyais y gagner quelque chose !

Il tenait bon et exigeait, en plus de savoir où se trouvait Justin. De Brent redoubla d’enthousiasme.

Pour sûr, mon vieux, demain la veille que je vais te dire où le trouver pour que tu finisses ton travail…va en enfer !!!

Sans en démordre, Andrei maintenait son idée première, arrivant au comble :

J’ai besoin de lui …et peut-être de toi aussi !

Trop ! C’était trop ! Michael avait trop entendu. La roublardise de cet homme était insupportable. Jusqu’où serait-il capable d’aller ? Lui, en tout cas, ne se sentait pas en capacité d’en supporter plus.

Tu n’es qu’une plaie cuisante, Sanders…tu fais trop de mal…Crève !

Tiens, l’animal ne se défendait même pas. En aurait-il assez ? Le plus probable, quand on mène une vie abjecte…Michael en savait long sur cela, sauf que lui, il avait Alix…

MICHAEL, NON !!!

Justement elle. À contre cœur, Michael lâcha le cou de sa proie .

QUOI !? Cette vermine ne mérite que ça…Te mêle pas de ça !!! On va en finir…

C’était sans compter avec les arguments de sa femme. Elle et son bon sens, sa finesse pour deviner où se tordait l’embrouille pour devenir logique implacable. Il ne pouvait que reconnaître qu’elle pouvait avoir raison, après tout, pour suicidaire qu’il fut, Sanders aurait sans doute choisi une fin moins cruelle que celle que lui réservait Michael. Ça n’alla pas sans discussion. Il voulait être expéditif. Elle, rationnelle. Alix l’emporta…comme d’habitude !

C’est bon…sursis pour aujourd’hui…mais je promets rien !

Et cela en décochant un regard de biais vers Andrei qui se massait le cou, l’air assez soulagé de ne pas avoir fini comme il l’envisageait puis se détournant, continua sa petite discussion sur bonnes mœurs exigeant ne pas trucider son prochain quand les enfants sont à la maison et autres règles du savoir faire qui exigent une certaine mise au moment de régler des comptes, le temps de sembler assez civilisé…enfin…

Hey !, suis là, au cas où ça vous intéresserait…

Toi, ferme la ou j’en rajoute une couche !

Sourire tordu, massage au cou. Dire qu’il aurait suffi de…mais évidemment le moment ne s’y prêtait pas. L’homme prétendait manquer de temps et donnait ses raisons.

Et comme on est des imbéciles, on doit te croire sur parole, mais enfin,grommela Michael de très mauvaise humeur, un regard aigu de sa femme le fit souffler un bon coup avant de poursuivre, supposant qu’on veuille te croire…tu dois quand même avoir un but, pour te livrer à tout ce cirque !?

L’autre, qui ne manquait ni de sang froid ni arrogance, eut un geste d’humeur pour répliquer.

Ouais, bien sûr que j’ai un but ! J’expliquerai tout mais vous devez me mener à Justin. Ne me faites pas croire que vous ignorez où il est !

Michael ricana, mauvais
.

Et toi, pas la moindre idée !?

Non, j’en sais rien ! J’ai pas eu le temps de chercher. Maintenant que j’y pense, il serait bien fichu d’être retourné à Morrocoy, là où…

Il suffit d’un instant, d’un geste, d’un regard qui se voile de chagrin pour qu’un homme devienne solidaire du malheur d’un autre. Michael savait long comme pour comprendre que l’évocation de cet endroit était plus que pénible pour Sanders. Il souffrait. Et lui le comprenait, il savait sciemment ce qu’on ressent en perdant la seule femme qui compte au monde. Lui, il avait retrouvé Alix. Andrei ne récupérerait jamais Sam.

*M***e, il l’aime encore comme un dingue !*

Ce sentiment fut si évident qu’il fut à point de s’apitoyer sur le sort de Nate mais l’aimant si peu comme il le faisait, cela lui produisit une perverse satisfaction.

Je dois des explications à Justin… NON, lui ferai pas la peau, j’en suis incapable même si je le voulais ! Prends ma baguette, Michael. C’est le seul gage de bonne foi que je peux transmettre pour le moment. Je te jure que mes aspirations dépassent une guéguerre infantile.

*Devrais plutôt …*

Sais pas, tu te doutes bien que je n’ai aucune confiance en toi !


Ce fut encore Alix qui, avec son implacable logique et une malice palpable, se chargea d’arrondir le tout, ce qui la fit se gagner un regard plein de (admirative ?) reconnaissance de la part de ce tombeur invétéré. Pour si jamais, Michael lui envoya une baffe. Juste ou pas…il en avait si envie, de finir de le massacrer, celui là !

C’est bon, on y va…mais suffit d’un essai et t’es mort, Sanders !

Andrei s’en doutait bien et afficha profil bas. Portoloin activé et les voilà partis. Dire que Justin sauta sur un pied en le voyant débarquer tenait du ridicule. En fait, il avait l’air plutôt déçu.

*Pas à dire, il attend quelqu’un d’autre…ça va faire joli d’un moment à l’autre !*

L’accueil de Davenport fut du genre mitigé, frayant une colère mal rentrée.

Alors, te voilà enfin ! Va falloir m’expliquer quelques trucs parce que là, tu m’as laissé dans un beau merdier.

Ce à quoi l’autre répondit par un plaidoyer touchant et étonnamment sensé. Selon ses dires, il jouait les infiltrés dans une organisation de prouvée dangerosité, dont la puissance s’étendait de façon extraordinaire. Agent double. Michael connaissait ça mais d’après ce que racontait Andrei, ces drôles d’oiseaux et leur Nid, faisaient presque ressembler les Mangemorts de Voldy à des enfants de chœur.

Mais ça s’avère plus difficile que prévu. J’ai, comme qui dirait, l’impression que les deux camps veulent ma peau.

Tu l’auras pas volé !, ricana Michael

Je l’aurais mérité ? Merci, Michael, c’est gentil de ta part de relever ça. N’empêche que je ne m’en sortirai pas seul. La cause est noble : vous devez m’aider.

Justin sauta comme si un scorpion venait de le piquer.

T’es complètement givré Andreï ! Tu t’es jeté dans la gueule du loup. Sam et moi, on en bave à cause de toi, et tu voudrais que… non mais tu rêves : démerde-toi.

Les causes nobles étaient son fort. Après tout, lui-même avait failli y laisser sa peau…mais bien sûr, sa bonne étoile l’avait non seulement triompher mais lui avait aussi permis de trouver l’amour de sa vie. Le Destin a parfois des drôles de façons de faire les choses.

*Après tout…*


Parle moi de cette fichue organisation !

Andrei ne se fit pas prier et déballa son laïus sans hésiter pour finir, sombrement :

Ils se sont étendus et à présent s’infiltrent partout : drogue, trafic d’armes, influences politiques, bourse …

De quoi foutre le monde en l’air !

Michael soupesait ces révélations quand la séance d’aveux fut interrompue par l’arrivée de Sam avec les jumeaux et Madelyne. Si Justin resplendit de bonheur en la voyant, l’expression d’Andrei, elle, aurait ému le cœur le plus endurci, d’autant que la blonde Mrs. Davenport ne se priva pas de l’envoyer au diable sur tous les tons, mais il tint bon et persista dans son idée première : les rallier à sa cause.

Je ne voudrais pas vous presser mais le temps file. Je ne peux pas m’absenter plus longtemps…

Comme quoi, ils t’ont mais c’est pas pour autant qu’ils confient en toi !

Et Michael savait bien de quoi il parlait. Un regard échangé avec Alix en dit long.

Oui, je suis surveillé de près. J’ai retourné mon geôlier mais faut pas que j’abuse… Je suis très bien planqué et injoignable. C’est moi qui vous contacterai. Réfléchissez à cette proposition, s’il vous plaît.

On y pensera. On serait censés de faire quoi, au juste ?

Question nettement rhétorique, pour la forme. L’idée avait pris et faisait déjà son petit bonhomme de chemin. Cela faisait combien de temps déjà qu’il n’avait pas fait autre chose que jouer avec ses enfants, faire des courses et essayer d’améliorer son score au golf ? Ce qui, selon son beau père, tenait de l’impossible. Il avait été Auror, Mangemort, agent secret et mari infidèle, entre autres, maintenant, il jouait les placides pères de famille, à la retraite de toute action, entouré de gosses bruyants, deux chats surdimensionnés, un chien fou et un staff domestique à faire verdir d’envie à la duchesse de York…un peu d’action ne pourrait être que la bienvenue !

Ce que vous devriez faire ? Mon idée est d’inverser la pyramide du pouvoir. Piotr est un mégalomane. Il veut le pouvoir suprême. Si les résultats en Europe dépassent ceux des autres continents, il se prendra pour l’aigle royal et là, on lui brisera les ailes. Sur ce, excusez-moi, je file ! À bientôt !

Il s’enfuma, non sans avoir pris congé de Sam, en s’écartant des autres. On fit semblant de ne rien remarquer.

Sais pas vous, avoua Michael en se servant à boire, mais l’idée est prenante !...Me regarde pas comme ça, ma douce, ce qu’il envisage est plus que louable…Oui, je sais…la voix de l’expérience…Ben oui, d’une façon ou d’une autre, sa mission ressemble à celle que nous avions jadis : éradiquer le Mal. Peu importe quel aspect il puisse prendre. Voldemort et ce Piotr Ivanov ont plus de points en commun qu’il n’en faut pour mettre la puce à l’oreille. On s’est défait de l’un, vois pas pourquoi ne pas agir de même avec l’autre…J’avoue, ça me manque bouger un peu…suis partant !

La main d’Alix se glissant dans la sienne ratifia ce qu’il savait…jamais l’un sans l’autre ! Par la force des choses, Justin et Sam ne lambineraient pas, non plus.

Va falloir s’organiser…pour les mioches ! Je propose de les avoir tous réunis en un même point. Paxton sait gérer les situations émergentes. Entre neuf mioches ou douze…on verra pas la différence…Allez, nous on se taille…Jouis de ta famille, vieux...on se revoit quand il faudra !

Il faisait bon sur la terrasse. Pleine lune, brise tiède, enfants dormant sagement. Il entraîna Alix vers la balancelle. Une longue et délicieuse étreinte s’en suivit avant qu’ils ne parlent.

Ça nous fera des vacances, ça nous dérouillera…vais adorer être au cœur de l’action avec toi, comme jadis…On a toujours été un duo d’enfer, toi et moi…L’idée te plaît, non ?...Oui, elle t’enchante, je le vois dans tes yeux…

Merveilleux baiser pour sceller cette parfaite entente. Ils rigolaient comme des gosses émoustillés avec l’idée de faire l’école buissonnière, bâtissaient des plans, organisaient le tout, mettaient à point ce qui devait l’être. Complicité parfaite, jamais démentie…Ils étaient faits l’un pour l’autre. Cela ne pouvait être autrement.

Andrei leur laissa le sursis d’une semaine. Le rendez vous fut fixé. Ce soir, ils étaient tous présents chez Justin, dans son coin de paradis. Curieusement, personne n’avait songé, tant soit un instant, à prévenir Nate sur le devenir de son mari. Il n’en avait pas exprimé le désir, eux, n’avaient aucune envie de la voir.

*Dommage collatéral…qu’on me pende si je la plains…mais le pauvre mioche, risque de pas bien le connaître, son père !*

Andrei n’avait pas lambiné en chemin. En arrivant, il avait déjà son plan tout prêt.

Je vois que vous êtes prêts au combat alors voilà : Dans trois jours, un important convoi d’armes part de Berlin pour l’Afrique du Nord. Gerfaut et moi en sommes responsables jusqu’à l’embarquement. Dès que c’est sur le bateau, on en est déchargé. Busard et Aigrette prendront alors le relais. En aucun cas, les armes ne doivent arriver à bon port… Un chargement de poudre va passer d’Amérique du Sud à celle du Nord au même moment. Je préciserai l’itinéraire prévu. Là aussi ce serait bien que ça s’évapore en route. Bruant et Bouvreuil se taperont dessus... Oui, Michael, c’est ça : on va foutre le bordel de façon à ce que tous soient suspectés de fuites. Pour faire bonne mesure l’Europe ratera un coup aussi mais mineur. On reparlera des retombées fin de la semaine. Je dois filer.

Détails fournis, il s’évapora dans l’air chaud de la nuit. Michael vida son verre et serra les fins doigts de sa chérie.

Alix et moi, on prend Berlin…pour des raisons qui nous sont chères. Sans commentaires, Davenport ! On connaît la ville, on saura faire. Toi, tu restes dans le coin…Je ne prends pas le commandement !!! Radote pas, Justin…tu parles pas un mot d’allemand…moi ? Ma foi, plus que toi, en tout cas…et je veux y aller…point c’est tout…Rigole pas, Sam…il a toujours été comme ça…et puis toi, tu t’entends à merveille avec l’espagnol…Pas de souci, les enfants se portent comme un charme…Ce bon vieux Paxton est aux anges, il a son petit bataillon…

Hôtel Adlon. Berlin, Allemagne.

As-tu une idée depuis combien de temps que j’y pense, à cette suite !?

Elle l’avait, son idée. Oubliant pour ce soir le périlleux de leur mission et ses improbables aboutissements, ils s’adonnèrent au merveilleux plaisir d’être ensemble, sans avoir l’ombre d’une séparation les guettant. La vie les avait unis, il n’y aurait que la mort pour les séparer…mais qui y pensait ? Pas eux, en tout cas !

Quai Q-27-Hambourg, Allemagne.


Ils se glissèrent sous Désillusion entre les énormes containers.

AKS1236-17DG44…c’est bien celui là…Va au Maroc. Allait, plutôt…On regarde un peu ?

Pour des sorciers, pas sorcier du tout. Le container était censé de contenir des médicaments et denrées alimentaires destinés aux nécessiteux de ce bas monde. Cela camouflait à la perfection, une belle collection d’armes modernes, sans doute pas destinées à aider quelque peuple pauvre à se tirer des griffes de la misère, même si on aurait voulu le dépeindre ainsi, le cas étant.

Ça devrait faire un beau voyage avant d’arriver à destination. Laquelle ?...Va savoir, il y a tant de factions ennemies sur le terrain…celle qui aura payé le mieux, c’est pas spécifié dans le document de la douane…

Il lui laissa le plaisir d’exercer sa magie pour faire disparaître le tout. De retour à leur magnifique suite, ils oublièrent le monde et ses misères.

Les nouvelles du soir donnaient foi de la recrudescence de la violence dans certains secteurs, des zones jusque là stables devenaient peu sûres , certains gouvernements, tenus pour établis à demeure, chancelaient…

Et puis ce fut Prague…Sofia, Budapest…Paris…
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Drôles d'oiseaux!  Empty
MessageSujet: Re: Drôles d'oiseaux!    Drôles d'oiseaux!  EmptyDim 12 Juin - 14:55

À quoi tient une existence ? Pour Mrs De Brent rien de plus simple. Quatre noms résumaient sa vie : Tanit, Alexander, Cécile et… Michael. Pas que les enfants issus d’autres lits lui soient indifférents, loin de là. Mais sans l’un de ses quatre amours, Alix savait très bien que rien n’aurait plus d’importance.
Max était, restait une épine coriace, accrochée à son cœur, à sa peau quoiqu’elle s’en défende. Certes, s’ il mourrait le lendemain, elle aurait été très triste mais sans en faire un drame. Des erreurs, qui n’en commet pas ? Si les circonstances, si la jugeote ou autre avaient joué, si… À quoi bon s’embêter avec ce qui aurait pu être et ne serait pas ?
Par contre si un malheur frappait un de ses adorés… là, elle ne répondrait plus de rien.
Max avait sa vie, elle la sienne. Tout pour elle orbitait uniquement autour de ceux sans qui l’air serait irrespirable, le soleil éteint... Michael devinait-il à quel point elle dépendait de lui ? En tout cas, jamais elle ne raterait une occasion de se rappeler à lui, et… il le lui rendait bien.

Qu’une sœur jumelle lui soit tombée du ciel ne changeait pas grand-chose sauf… que Max en était fou amoureux. Dépit ? Jalousie ? Non ! Rien que des regrets de ce qui aurait pu être si deux femmes avaient un peu plus réfléchi au moment d’un choix capital.
Tess, en quelque sorte, représentait la part qu’Alix aurait pu avoir en d’autres circonstances. Lui en vouloir ? Pourquoi ? C’était ainsi et pas autrement, voilà tout.
Finalement, Alix aimait beaucoup sa sœur. Si ressemblantes et si différentes à la fois, ces deux jeunes femmes concordaient sur de nombreux points.

Pour avoir elle aussi, à un moment donné, été privée de liberté de mouvement, Alix compatissait à fond avec l’état de sa jumelle. Lui apporter son soutien était naturel, selon ses vues.
Mais…
Qui aurait pu imaginer que les événements allaient tourner ainsi ?
Apprendre que Davenport, abattu aux yeux de tous, vivait encore, avait d’abord réconforté Alix.
Les années avaient fini par effacer le différend profond qui les opposait. Longtemps, il l’avait prise pour une magemorte endurcie, doublée d’une briseuse de ménage. Pourtant, jamais il n’avait failli dans son rôle d’ami indéfectible de Michael. Pour ça, Justin avait gagné son estime même s’il s’était trompé sur toute la ligne la concernant. Les amis de mes amis… Les ennemis aussi.

Si c’était Andreï Sanders qui avait flanqué une raclée à son époux, il serait tombé raide mort dans le bureau où Mrs De Brent surprit une rixe entre eux. Au lieu de quoi, le fauteur de troubles s’en était pris plein la gueule par un Michael ravi. Trop ravi, selon Alix qui jugea bon de freiner les élans vengeurs de son époux en plein règlement de compte fatal. Lui faire lâcher prise ne fut pas aisé :


QUOI !? Cette vermine ne mérite que ça…Te mêle pas de ça !!! On va en finir…

Ah que non ! Michael De Brent dois-je vous rappeler que vous n’êtes pas un Mangemort ? Si ce type avait touché un cheveu de Justin, je participerais volontiers à son exécution. Tu sais qu’il n’en est rien. Laisse-le au moins s’expliquer ! Et c’est pas en lui tordant le cou qu’il y arrivera.
C’est pas un idiot ! Ne me fais pas croire que tu l’as attrapé. S’il est là, c’est qu’il est venu de lui-même avec ses raisons. Tu ne veux pas les connaître ? Moi oui ! Je te jure que s’il n’est pas convaincant, on s’y mettra à deux pour le réduire en bouillie. Ça te va ?


Au moins, Sanders ne mourut pas ce soir-là. Cependant, il ne voulut rien dévoiler de ses arcanes avant d’être confronté à Davenport. La meilleure fut qu’Andreï comprit tout seul où résidait Justin. Devant son air affligé, Alix fronça un sourcil :


*Il n’oubliera jamais Sam… quel gâchis en perspective !*

Le quidam ne désirait rien d’autre ( selon lui) que de se justifier auprès de sa victime. Michael doutait fortement, elle crut bon d’intervenir :


Ok, altesse ! On va t’y conduire. Réfléchis, Michael. Il te donne sa baguette, que veux-tu qu’il fasse sans elle ? Il est en notre pouvoir… volontairement. Ça m’étonnerait qu’il joue juste au baroud d’honneur.

Une baffe distribuée gratuitement plus tard, De Brent consentit à prendre un portoloin.

Morrocoy. Alix ne connaissait pas du tout mais trouva le coin charmant. Davenport, bien en vie, ne cacha pas sa rancœur devant Andreï. L’une dans l’autre, les choses s’éclairèrent.
Distraction intéressante : l’arrivée de Samantha.
Pour n’avoir jamais encadré Nate, Alix ne pouvait qu’apprécier la nouvelle épouse de Justin. Leurs gosses étaient adorables. Leurs ? Enfin… Depuis un bout de temps Alix savait à quoi s’en tenir.


*Vaut mieux qu’Andreï ne regarde pas trop Maddie*

S’occuper de mioches n’était pas neuf. La jeune femme s’en tira facilement. Lorsqu’elle rentra en scène des choses avaient été tirées au clair.
Intérieurement, elle rigola beaucoup quand elle sut la teneur de la requête de Sanders. Pas besoin de justifications, le regard de Michael en disait long : il voulait de l’action.
Dans le fond, elle aussi. Gosses sous haute surveillance, que risquaient-ils ?
Le plus dur fut d’annoncer la couleur à sa sœur. Ne lui avait-elle pas promis des visites quotidiennes ? Dès le premier soir, Tess comprit. Penaude, Alix avoua :


Des circonstances font que je vais devoir m’absenter… parfois… Tu es bien entourée, chouchoutée… Râle pas ! Max sera là, et si tu as besoin de quelque chose, envoie ton patronus chez moi.

À moitié pardonnée, Alix s’en fut le cœur léger. Mr Von Falkenberg s’intéressa également aux projets des De Brent. Lorsqu’il l’a raccompagna un bout de chemin, Max, mine de rien, voulut en savoir plus.

Je ne peux pas t’en parler, désolée. J’ignore même quand nous partirons. Disons que nous allons faire une sorte de pèlerinage… Non, aucun enfant ne nous accompagnera. Tu pourras aller voir Tanit aussi souvent que tu voudras, bien sûr… La durée ? Aucune idée. J’espère pouvoir revenir ici, de temps à autre. Prends bien soin de Tess et… de toi.

Le pauvre devait envier ses amis. Eux allaient voyager et lui serait coincé sur place.

En compagnie de Michael, maints projets s’élaborèrent. Leur complicité était absolue, parfaite.
Sanders les convoqua fin de semaine. Les De Brent, en avance, bavardèrent un peu avec les Davenport. Manifestement, eux aussi étaient prêts à l’action, quelle qu’elle soit.
Pour un prisonnier, Andreï avait bonne mine. Sa geôle devait être de grand luxe.
Direct, comme toujours, Sanders exposa les faits.
En quelque sorte, il ne désirait rien de moins que de faire rater des opérations illégales jusqu’à ce que les drôles d’oiseaux se volent mutuellement dans les plumes.
Sans surprise pour elle, Michael opta pour la mission européenne. Rien que l’évocation de Berlin l’émoustillait. Justin sembla râler un peu de cette décision, l’accusant presque de vouloir prendre le commandement. Chacun reçut des instructions précises pour aborder leur cible.

Berlin !

Pour les De Brent, la capitale allemande représentait beaucoup.
Michael paraissait enchanté de ce retour aux sources, en quelque sorte. Dans cette suite somptueuse, ils s’étaient aimés à l’infini. Mais… Lors de leur 1ère visite, Michael était marié avec Victoria. Elle l’avait quitté, Alix l’avait tout à elle. Moments merveilleux que ce 1er Noël fabuleux ! Merveilleux jusqu’à l’accident qui avait privé Michael de mémoire. Il l’avait rayée de sa vie et s’était tourné, aidé par Davenport, vers sa femme légitime. Justin n’y avait pas été par quatre chemins : Alix devait s’écarter. Elee l’avait fait, s’imposant une potion d’oubli.
Les aléas de leurs vies les avaient amenés à se revoir en Australie, longtemps plus tard. Les braises de leur passion se rallumèrent alors en force. Mais lui ne voulait pas faire souffrir Victoria et elle ne pouvait trahir Max dont elle portait l’enfant.
Beau stratagème que celui des clones qui s’animaient pendant que les amants dormaient à des kilomètres. Mener une double vie les satisfit un temps… Il fallut pourtant se séparer à nouveau pour que le hasard les réunisse enfin à jamais.

La mission était très simple et sans risque. Le port de Hambourg fut visité par les sorciers.


*Tu parles de médicaments et vivres ! *

Les containers bourrés d’armes de mort subirent une mystérieuse permutation.

J’aimerais être présente à leur ouverture, devait dire Alix une fois l’échange effectué. Leur tête vaudra de l’or, crois-moi !

Pas de doute, ceux qui avaient payé pour le transport initial allaient râler ferme en recevant, exactement, la cargaison signalée sur les papiers.

Après ce petit périple allemand pendant lequel ils prirent un peu de bon temps, le couple rentra chez lui y attendre d’autres instructions. Michael ramena les plus jeunes Davenport près de leurs parents qui, selon leurs dires, s’étaient assez bien débrouillés aussi.
Court répit. Le crime ne dort jamais.
En deux mois d’activités clandestines, les De Brent réussirent à faire échouer de nombreux projets vicieux.
Alix adora revisiter le nord de l’Europe quoique les pays de l’Est ne lui rappelaient rien de gai.
Sofia, la Bulgarie, son pays d’enfance… de quoi évoquer de douloureux souvenirs.
La mission voulue par Andreï fut très périlleuse, cette fois. Il s’agissait de rafler, au nez de sorciers, un stock important de potions dangereuses. Pas à dire, c’était plus complexe que quand ils n’avaient affaire qu’à des moldus.
Il leur fallut ruser pour déjouer les sorts anti-intrusions et autres dispositifs entourant le laboratoire secret où s’élaborait la mort liquide.
Prenant leur temps, les époux De Brent observèrent les habitudes des sorciers potionnistes.
Dans leur chambre, le soir, un plan s’élabora :


On a vu trois personnes venant tous les jours. On connaît maintenant leur identité, leur lieu de résidence… Oui, c’est ce que je pense. On va se substituer à eux après leur avoir fait cracher le morceau sous veritaserum… bien sûr que j’en ai, du polynectar aussi ! Tu préfères prendre l’apparence duquel ? Moi, j’ai pas trop le choix : Ana Milkovits. Elle est affreuse, m’enfin… Je te verrais bien en Oleg Gantcheff. Sa stature correspond assez à la tienne, ça te fera moins mal de changer pour ce corps.

Enlever l’homme et la femme discrètement, les soumettre au sérum de vérité fut aisé. Ils apprirent ainsi à quel rituel et opposition ils risquaient d’être confrontés. Leurs « patients » endormis, les De Brent se substituèrent à eux le lendemain.
Donner le mot de passe au planton de la maison laboratoire, copier intonations d’Ana, sa démarche lourde pour gagner les sous-sols. Encore un mot de passe, un sortilège, cette fois Alix fut en place. Elle agit aussitôt en stupéfixant Micha Bouroff puis s’occupa des fioles déjà prêtes à l’envoi en modifiant légèrement leur composition.
Elle faillit frapper son Michael qui entra quelques minutes après elle.


Tu es en retard ! Tu aurais pu t’annoncer, rigola-t-elle face à cet ours mal léché dont il avait l’apparence… Ah, le portier t’a fait des misères ? Je t’avais dit de prétendre être enroué ! Enfin, t’es là, c’est le principal… Ce stock est inutilisable. Ceux qui en boiront n’auront que la colique… Tu veux faire quoi ?

Étonnée, elle écouta son mari qui désirait mettre encore plus de bordel dans ce labo clandestin.
L’idée n’était pas mauvaise. Puisqu’ils étaient coincés encore plusieurs heures dans ce trou avant de rentrer innocemment, autant s’occuper.
Ils s’amusèrent comme des petits fous à falsifier des étiquettes, gâcher des mixtures et ingrédients. Même de très bons sorciers mettraient des mois à rétablir de l’ordre dans la pagaille semée.
Leur ouvrage achevé, il fallut réveiller Bouroff et lui asséner un oubliette canon.
Alix se chargea de la conversation en bulgare, Micha n’eut aucun soupçon.
L’heure de la pause déjeuner ayant sonné, il laissa le couple partir. Pourquoi fallut-il que Michael se torde un pied et lâche un juron anglais pile devant le portier. Celui-là fronça les sourcils méchamment. Diversion ? Alix rigola grassement :


Eh bien Gantcheff on dirait que tes cours d’anglais déteignent sur toi ! ça prouve tes progrès !

Michael ne dut pas piger un mot de ce qu’elle raconta dans sa langue d’enfance mais le portier rigolant aussi, il prit le parti de s’esclaffer, sans plus.

Faudra que tu me donnes des cours ! insista le gardien.

Il le fera, sûrement ! On peut sortir ?

Ouf, les voilà dehors.

Cette aventure terminée, les époux tirèrent les conclusions qu’ils ne s’en tiendraient plus qu’aux pays où ils maitriseraient parfaitement la langue locale.

La France leur donna cette opportunité.
Paris… ville lumière ! Ils en prirent du bon temps. Alix ne fut pas sans remarqué une certaine nostalgie dans le regard de son mari lors de certaines visites.


*Il pense à Vic ! Il y est venu avec elle…*

Jalouse ? Sûrement pas. N’empêche qu’il était parfois dur d’imaginer ce qui se serait passé sans l’intervention diabolique du demi-frère de Michael…
Pour dérider son époux, Alix imagina plusieurs stratagèmes et mises en scène. Dupe ? Peut-être pas. Néanmoins Michael marcha à fond dans ses combines et ils rigolèrent beaucoup.
Sanders les avait envoyés en France pour créer un incident diplomatique. Un gros bonnet Chinois devait être reçu en grand pompe sous prétexte d’alliances économiques. L’envers du décor était tout autre. Ce Gao Kun n’était autre qu’un des puissants représentants des triades.
Si les De Brent parvenaient à prouver ses malversations, le discréditer publiquement, ceux avec qui ce gars était en contact seraient dans le collimateur des forces légales.

Le plan élaboré était simple. Les meilleurs le sont, généralement.
Alix avait pris le commandement :


Lors de la soirée de gala, je vais me scotcher à ce pourri, on le dit très friand de chair blanche haute sur pattes… Beau ? Ben, il est pas mal dans son genre, mais tu sais bien qu’il n’y a que toi qui compte, voyons !

Les époux se prouvèrent leur attachement durant quelques minutes avant de redevenir sérieux.

Pendant que je m’occupe du Chinois, tu visites sa suite, trouves son coffre et y fourres les documents remis par Andreï en prenant les autres. Le reste ne nous regarde pas. Ce gars ne faisant pas partie de l’ambassade, il n’a pas d’immunité diplomatique. On prévient en douce les flics, ils font une descente et nous on se tire !

Michael râla ferme lorsqu’il découvrit sa femme moulée dans la robe choisie pour faire craquer Gao Kun. Long fourreau de satin rouge au décolleté ravageur, Mrs De Brent était…

Très à l’aise dans son rôle d’aguicheuse « innocente » Alix fut vite repérée par les yeux bridés avides du mafieux. Il vola vers elle, libidineux. La couverture de la jeune femme la mentionnait comme étant Alex Brown, journaliste anglaise.
Très fasciné, cet élégant dandy d’une cinquantaine d’années fit le forcing vers la belle plante écarlate quitte à décevoir sa cour de midinettes attentionnées. Il voulut tout savoir sur elle, se faisant mousser au passage. Après plusieurs cocktails, Alix joua les enamourées ivres non sans regarder l’heure qui tournait. Son portable ne sonnait pas. Normalement, Michael aurait dû l’avertir dès la mission remplie. Quelque chose avait-il cloché ? Il devenait de plus en plus difficile à Alix de maintenir Gao à distance. Partir devenait urgent mais sans nouvelles de son époux, c’était illusoire.
Alors que son cavalier l’enlaçait dans un slow langoureux, un de ses sbires vint lui parler à l’oreille. Alix sentit un frisson désagréable l’envahir. La face plate de Gao ne refléta cependant nulle contrariété. Il n’en écourta pas moins la danse :


Si nous allions poursuivre ce charmant aparté dans ma suite ? C’est à deux pas. Je ne crois pas que vous le regretterez…

Jouer les prudes et ficher le camp ? La crainte qu’il ne soit arrivé un pépin à Michael la força à minauder :

Avec plaisir, mon cher. Juste le temps de me repoudrer le nez, si vous permettez…

Oh, oh ! Il n’en était pas question.

Ma suite possède quatre salles de bains. Vous n’aurez que l’embarra du choix, très chère. Venez !

Escortée de maîtresse façon, Alix ne put que suivre le mouvement vers la sortie. Après foule de salutations, le vestiaire lui remit son châle puis une limousine les embarqua au bas du tapis rouge.


*Galère de galère ! Qu’est-ce que tu fous, Michael !*


L’hôtel de luxe les reçut bientôt. Se faire rouler un patin de 1ère par ce mafieux dans la cage d’ascenseur dégoûta profondément Mrs De Brent qui tenta d’assumer son rôle jusqu’au bout du possible. Les gardes du corps de Gao ne les lâchaient pas jusqu’à l’étage. Deux sbires veillaient jalousement une porte qu’ils ouvrirent face à leur chef.


Vous êtes très entouré, je vois !


Plus encore que vous n’imaginez.


Suite impériale, au moins ! Il lui en fit les honneurs tout en claquant des doigts vers un domestique zélé qui servit aussitôt du champagne.
Poursuivant son rôle de séductrice, Alix trinqua. Lorsqu’elle voulut ouvrir son réticule, un des gardes du corps sauta dessus, le gardant jalousement :


Cela dérange si je fume ?

Faites donc ! Mais puis-je vous suggérer ces cigarettes ?

Un étui ouvert se tendit. Le nez fin d’Alix releva immédiatement l’odeur étrange du mélange :

*Si c’est du tabac, je bouffe ma baguette !* Je ne fume jamais sans mon porte-cigarette, puis-je… ?

Ouf ! On lui laissa utiliser son sac. Sous l’œil inquisiteur du garde, Mrs De Brent prit l’objet télescopique qu’elle déploya avant d’y planter le bâtonnet enrobé de blanc. Un bruit frappa son ouïe. Rêvait-elle ?

D’autres personnes occupent cette suite ? demanda-elle innocemment en tirant une bouffée de la cigarette allumée par son hôte.

Ce n’est rien. Nous avons reçu un visiteur inattendu et prenons soin de lui. Que cela ne gâche pas notre soirée, elle ne fait que commencer.

Lascive, enjôleuse, Alix réfléchissait pourtant à toute vapeur :

Je dois d’abord passer à la salle de bains… Vous permettez ?

Pas besoin de votre sac. Il y a tout ce que vous souhaitez dans celle là-bas au fond !

Faisant mine de fumer, elle se dirigea avec assurance vers l’endroit désigné. Sitôt la porte refermée, Alix jeta le mégot dans les toilettes. Le lieu ne l’intéressait nullement, encore moins les accessoires très évocateurs qu’il contenait : la panoplie complète du parfait sado-maso. Le porte-cigarette redevint baguette, Alix transplana immédiatement dans la pièce d’où émanaient les bruits suspects perçus peu avant.
Yeux exorbités, elle vit… l’horreur. Bâillonné sur une chaise, Michael subissait d’atroces supplices. Le sort des deux exécuteurs fut vite réglé. Elle se précipita sur son mari qu’elle délivra rapidement :


Mon amour, qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? Ça va ? Parle-moi… les papiers ? Quoi ? Pas échangés ?
T’inquiète pas, vais le faire ! Où est ta baguette ?


L’objet traînait sur un meuble près des documents. Elle lança un revigor à son époux ainsi que l’objet :

Bouge pas, je reviens dans deux minutes.


Une Alix flamboyante, bardée de cuir noir, sortit de la salle de bains devant un Kun baveux en slip :


On a été vilain, Mr Gao ! Ça mérite une punition !

Il fut servi. Ses cris résonnèrent longtemps aux oreilles de ses complices planqués qui imaginèrent ce qu’ils voulaient.
Non seulement le transfert s’effectua mais Gao devait plus tard effectuer une confession publique sur ses malversations. Des visiteurs, nul ne se souvint.
Retaper Michael était urgent : retour aux Bermudes express.
Au creux de la balancelle de leur terrasse, Alix avoua sans honte avoir eu la trouille de sa vie.


Le raffinement des Chinois en tortures est connu. Je m’en veux tellement de ne pas avoir agi plus tôt. Tes doigts iront mieux dans quelques jours, je te promets. Une veine qu’ils n’aient pas touché à… autre chose. Gao ne peut pas en dire autant… Lui ? Ben… il fera une bonne soprano mais n’aura jamais plus d’enfants…

Malgré ses côtes douloureuses, Michael rigola beaucoup. S’il n’avait tenu qu’à lui, un nouveau petit De Brent aurait certainement été conçu cette nuit-là mais le téléphone sonna.
Après avoir répondu, Alix revint vers son époux :


Tess est à la maternité. J’y vais. Je t’excuserai. Repose-toi, mon amour.

Adrian Von Falkenberg naquit fin de soirée. Adorable et adoré, il faisait la fierté de ses parents et de sa marraine. Alix ne s’attarda pas à la clinique. Rentrée, elle trouva Michael en émoi :

… Quoi ? Un souci ? Morrocoy ? Pourquoi ? Que s’est-il passé ?


La seule façon de le savoir était d’y aller dare dare…

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Drôles d'oiseaux!  Empty
MessageSujet: Re: Drôles d'oiseaux!    Drôles d'oiseaux!  EmptyVen 24 Juin - 12:13

Arrange-toi comme tu peux, je t’en prie. Tu me manques trop !

Elle, non plus, n’avait pas l’intention de s’éterniser dans une situation pareille mais donner une explication raisonnable à Gerry et sa princesse…ça, c’était une autre paire de manches.

Le petit déjeuner lui sembla le meilleur moment pour lâcher la nouvelle.

Je vais partir, avec les enfants. Non, Gerry…je t’adore et toi aussi, Ana…mais j’ai besoin de…changer d’air !

Son père avait pris un air désolé. Sa belle mère avait baissé la tête, bouche pincée, les idées, sans doute, en cavale.

Et où comptes tu aller, ma chérie ?, quel ton ! Aussi pincé que son expression.

Un endroit tranquille…très tranquille.


Pauvre précision mais cela devrait suffire. Que les autres pensent qu’elle avait besoin d’un drôle d’écart ou qu’elle fuyait avec un hypothétique amant. Qu’est ce que cela pouvait bien faire ? Elle n’avait qu’un désir : rejoindre Justin et s’arranger pour vivre leur vie de la meilleure façon possible…ensemble !

Gerry, se plaignant que les enfants allaient lui manquer , alla les rejoindre, laissant Sam et Anastasia en gênant tête à tête.

J’admire ta force de caractère pour surmonter les crises, Samantha…Cela ne fait même pas six mois que ton mari est mort…mais enfin, c’est ta décision et moi, moins que personne, ne vais te faire des reproches. Tu es jeune, jolie et intelligente, j’espère seulement que ton choix ne soit précipité…Connais je au moins l’heureux élu ?

Ce n’est pas Michael !!!

Et elle devrait se contenter de cela. La laissant se faire des idées toute seule, elle préféra filer faire les bagages et une paire de courses, après tout là où elle allait il n’y avait pas de beaux malls comme à Miami.

Le soir s’annonçait déjà quand le portoloin, soigneusement fignolé, déposa, corps et biens face à la maison de Justin. La seule façon qu’elle avait trouvé pour se déplacer jusqu’à Morrocoy avec trois enfants en bas âge et les bagages avait été de transformer sa voiture en portoloin. Personne ne semblait se préoccuper des faits des autres, dans ce coin de monde et au cas où, les oubliettes, ça existe. Les jumeaux étaient tout à fait éveillés et émoustillés. Maddie, dodelinait gentiment.


Coucou ! Me voilà !


Si elle voulait surprendre son mari ce fut plutôt elle qui le fut… et comment ! Justin n’était pas seul et sa compagnie n’était pas des moindres : les De Brent et

Andrei !!! Mais que…que diables fais tu ici ?!? Après tout ce temps ! Sans nouvelles. Tu es devenu fou…oui, c’est ça, tu es complètement givré. Pas seulement fou en fait…tu es un misérable de la pire espèce. Ce que tu nous as fait, à Justin et à moi…pas de mots pour le décrire ! Bien sûr…monsieur n’a pensé qu’à lui…comme d’habitude. Je devrais te…

*Mon Dieu, qu’il a l’air malheureux…et mince, il s’est pris une bonne raclée…Michael, je parie…mon pauvre Andrei…dans quelle embrouille es tu fourré !?*

Sans oser s’approcher d’elle et de Maddie qui se trémoussait dans ses bras, il se trouva tout de même l’esprit de se défendre, ce qui lui ressemblait bien.

Pourquoi tu m’en veux ainsi ? Il est vivant, non ? Bon, je ne voudrais pas vous presser mais le temps file. Je ne peux pas m’absenter plus longtemps…

Selon lui, on le surveillait de près. Qu’il assure avoir réussi à amadouer son geôlier ne laissa aucun doute à Sam sur l’allure qu’il aurait, ce geôlier. Du genre blonde pulpeuse avec certains talents en rien négligeables. Il devait avoir parlé de ses plans parce que les autres semblaient très bien suivre le fil de ses idées. Elle ne pouvait que les imaginer mais le connaissant comme le faisant, ce ne fut pas trop compliqué à déduire. Alix avait eu l’heur d’emmener les enfants, la laissant face à l’intrigant et les deux compères.

Je suppose que tu as exposé ta petite idée. On me raconte après…et que diables va t’il se passer ? Si je peux savoir, bien sûr…

Elle le jaugeait se voulant sèche et froide mais sans pouvoir éviter un rien d’angoisse.

Mon idée est d’inverser la pyramide du pouvoir. Piotr est un mégalomane. Il veut le pouvoir suprême. Si les résultats en Europe dépassent ceux des autres continents, il se prendra pour l’aigle royal et là, on lui brisera les ailes. Sur ce, excusez-moi, je file ! À bientôt !

Un instant. Yeux dans les yeux. Elle le connaissait si bien. Il la connaissait aussi. Ils avaient tant partagé et tout avait si mal fini…pourtant…

Je peux te dire deux mots ?

Elle ne pouvait pas lui refuser ça ! Sans regarder Justin, elle suivit Andrei jusqu’à la porte et sortit avec lui sur le perron.

Quoi ?

Tu vas bien ?

Il savait s’y prendre pour l’adoucir.

Oui, je vais bien…pas grâce à toi, soit dit en passant…pourquoi es tu si…

Ses yeux étaient tristes, contrits. Son humilité, en ce moment, n’était en rien feinte.

Ouais, je sais, je suis un monstre d’égoïsme mais pas cette fois ! As-tu des nouvelles de Jarek et Nate ?

Profond soupir.


Non. Je sais qu’elle est partie avec ton fils…mais je en sais pas où. J’aurais pu…mais tu sais…j’y ai pas songé…je peux la chercher et la rassurer, la pauvre doit se faire un sang d’encre…elle t’adore et…

Non, lui dis rien. Vaut mieux pour elle qu’elle m’oublie. Prends soin de toi et… Maddie est magnifique.

Andrei…ne te fais pas ça…

Sentir sa bouche à la commissure des lèvres faillit la faire soupirer. Ils avaient eu l’opportunité d’être heureux mais…ça avait été sans compter avec le Destin.

Toi…risque pas ta peau…je…

Elle se retint à temps et sourit en coin en lui flattant la joue juste avant qu’il en transplane.

*Tu auras toujours une place dans mon cœur…mais pas celle que tu veux…je t’aime, Andrei !*

Remisant ces pensées, elle retourna auprès des autres. Personne ne fit de commentaire mais elle devinait aisément que Justin n’avait pas été ravi de la voir disparaître avec son ex, même si cela n’avait pas duré plus de deux minutes.

Les De Brent restèrent encore un moment. Impossible ignorer que l’idée de reprendre l’action, telle que l’avait dépeinte Andrei, avait exacerbé l’imagination de plus d’un. Elle n’était pas l’exception et connaissant la façon d’agir de son ex en question missions, cela n’irait pas de main morte.

Alix et son blond mari enfumés dans l’air embaumé du soir, Samantha ferma la porte et se tourna vers son chéri, soudain assez sérieux.

Pas la peine de te faire des idées. Il ne voulait que me demander de ne rien dire à Nate…tu sais, je pense qu’il n’est pas trop sûr de s’en tirer, cette fois…Il a déjà tiré un trait sur sa vie avec elle…mais fera tout en son pouvoir pour finir cette mission…quelque soit le prix !

Et c’était déjà tout dire. Cela lui fit peur. Feignant une joyeuse désinvolture, loin d’être sentie, elle leur servit à boire et prit place dans le divan. À l’étage, les enfants , sous la savante houlette de Mrs. O’Higgings, qui avait à tout prix tenu être de la partie, découvraient leur nouvelle maison.

Viv et Flore viendront demain. Alix a promis de les amener sitôt de retour de l’école mais enfin, ça tu devais le savoir…Viens plutôt t’asseoir près de moi et raconte moi de quoi il en va…parce qu’il va de quelque chose de sérieux, ça saute aux yeux. J’ai saisi grosso modo l’idée d’Andrei…

Elle était digne d’être tenue en compte, la fameuse idée de son ex. Il ne voulait rien d’autre que ficher la pagaille partout où on pourrait pour déstabiliser les bases, jusque là immuables, de la vile organisation qu’il feignait si bien servir. Menant l’audace jusqu’à des limites insoupçonnables, Andrei avait requis l’aide de celui qui s’avouait comme son pire ennemi : Michael et le meilleur est que cela semblait marcher. De Brent était séduit par l’idée d’aller faire les quatre cents coups pour ruiner les plans des méchants de service et logiquement sa femme le suivrait en tout et partout. Le Nid et ses oiseaux cumulaient dangereusement du pouvoir, projetant une grande influence partout où ils réussissaient à s’infiltrer, ce qui représentait un large éventail de choix : drogues, trafic d’armes, influences politiques, bourse…

Elle avait écouté l’exposé de Justin avec religieuse attention, sans interrompre. Quand il eut fini, Sam laissa échapper un long soupir et ne pouvant plus tenir en place se leva pour commencer à arpenter le salon, tout en se livrant à de soigneuses réflexions.

Andrei parie gagnant. Il te connaît, nous connaît et sait sciemment que nous n’allons pas le laisser seul dans l’impasse. S’il a mal jugé l’ennemi au début, je suis sûre qu’il a bien pris leur mesure depuis et pas à dire…la corvée est impossible pour un homme seul. Pas la peine de feindre indifférence, mon amour, je sais que l’idée t’attire follement, ta nature est celle d’un justicier…la mienne de remettre les pendules à l’heure, donc…on n’en parle plus. Je lui donne une semaine pour déclarer ouverte la chasse.

Au jour près. Ils avaient passé une semaine délicieuse, en famille. Merveilleuse illusion. Les enfants étaient ravis avec leur père et celui-ci débordait d’amour pour eux. Rien ne pouvait être plus parfait. Ces merveilleuses journées passées à flâner, à lézarder au soleil dans une plage de rêve, faire des châteaux de sable. Entendre le premier mot de Maddie : papa !

Petite ingrate adorée…tu as la côte, chéri…pas à dire !, avait elle rigolé en voyant l’expression ébahie de bonheur qu’arborait Justin, plus fier qu’un paon.

Mais la récréation était finie. Ponctuels au rendez vous fixé par Andrei, via patronus, les De Brent se présentèrent à la tombée du jour. Pour distraire l’impatience, Sam et Justin avaient concocté un vrai festin gastronomique. Andrei arriva à point pour les apéritifs, pressé, tendu, nerveux, allant directement au point, sans perdre une minute.

Je vois que vous êtes prêts au combat alors voilà : Dans trois jours, un important convoi d’armes part de Berlin pour l’Afrique du Nord. Gerfaut et moi en sommes responsables jusqu’à l’embarquement. Dès que c’est sur le bateau, on en est déchargé. Busard et Aigrette prendront alors le relais. En aucun cas, les armes ne doivent arriver à bon port… Comment ? J’en sais rien ! Faites sauter la cargaison, évaporez-la, que sais-je.

Sam ne dit rien mais devina qui irait en Allemagne. La suite portait leur nom : Davenport. Le territoire était le leur.

Un chargement de poudre va passer d’Amérique du Sud à celle du Nord au même moment. Je préciserai l’itinéraire prévu. Là aussi ce serait bien que ça s’évapore en route. Bruant et Bouvreuil se taperont dessus...

L’idée était très simple : faire suspecter des fuites à bon niveau, créer des suspicions, semer la zizanie et laisser que les oiseaux épurent eux-mêmes leurs rangs. Si cela marchait comme voulu, ce ne serait pas exactement une simple épuration mais plutôt une purge comme celles que Staline mena dans l’Union Soviétique, en son temps, avec les résultats connus.

On reparlera des retombées fin de la semaine. Je dois filer.


Mais…reste au moins manger…

Rien n’y fit. Il repartit aussi vite qu’il était venu. Les laissant réfléchir sur leurs missions. Que Michael et Justin discutent sur leurs destinations les fit rire, elle et Alix. Pour rien au monde De Brent ne céderait. Justin pinaillait au détail, juste pour le fun. Les dés étaient jetés. L’aventure pouvait commencer.

Rien ne fut laissé au hasard. Les enfants regagnèrent les Bermudes. Les De Brent partirent en Europe, avec l’air ravi de qui part enfin en lune de miel. Justin et elle gagnèrent la Colombie, juste à côté. Avec les informations fournies par Andrei, ce fut presque un jeu d’enfants ficher en l’air l’opération, mise si soigneusement en place.

Justin était le roi du déguisement et Sam ne se débrouillait pas mal du tout pour changer d’apparence. Pour tous, Davenport était bel et bien mort, donc pas question de le voir reparaître en parfaite santé même si les lieux de leurs agissements n’étaient qu’un petit bled assez paumé dans la géographie colombienne, on n’était jamais trop sur avis, dans ce métier si secret ! Jouant les parfaits touristes perdus pour de bon, juste assez niais pour convaincre leur entourage, bon enfant et généreux comme seuls peuvent être les américains, Justin et Sam déambulèrent sans problèmes dans les alentours. Le « Sylvia M. » était amarré à l’unique quai existant. Petit cargo, d’aspect anodin sans pour autant sembler délabré, il se prenait juste ce jour, une nouvelle couche de peinture alors que les débardeurs faisaient leur travail sans se presser, en échangeant des blagues entre eux. En assommer deux, polynectar aidant prendre leur aspect et se faufiler à bord, fut tâche aisée quoique très désagréable pour Samantha qui se retrouva dans la peau d’un costaud au teint foncé d’intempéries qui jurait comme charretier. Justin lui, l’avait eue plus facile si l’on veut, après tout, il restait dans la peau d’un homme. Pour masquer son accent en parlant espagnol, il s’en remit à tousser comme un damné, ce qui finalement ne surprit personne vu que le mec fumait pire qu’un pompier. Mine de rien, il s’étaient attardés à la soute. Le chargement destiné aux USA était bien là, camouflé habilement dans des sacs de café.


Vont l’avoir sucré !, avait rigolé Sam en jouant de sa baguette.

Mission accomplie. Retour à Morrocoy. Un jour de juste repos avant de repartir, cette fois vers les cayes de la Floride, territoire bien connu de Sam. Là, il s’agissait de boycotter un chargement d’armes destiné aux forces rebelles colombiennes, financées par quelques barons de la drogue qui voulaient jouer aussi dans l’équilibre politique. Mal leur en prit, Pour d’inexplicables raisons, le bateau s’incendia au beau milieu du port alors qu’il enfilait vers le large. Personne ne put trouver une raison concluante pour ce petit désastre.

De petit désastre en grande embrouille, ils avaient, avec succès et satisfaction, fait échouer quelques opérations importantes. Les pertes étaient appréciables, tout comme le mécontentement au sommet. L’effet était juste l’escompté : des têtes commençaient à rouler allègrement. La purge était en marche. Ils rencontraient Andrei au gré des opportunités. Tout allait comme prévu. Il avait gravi des échelons dans la confiance du grand boss et était, tout comme on peut l’être, hors de tout soupçon.

Ils revenaient du Honduras quand Sanders les rejoignit à Morrocoy. Sam ne fut pas dupe. Son ex était tendu à craquer. C’était un homme poussé aux extrêmes, aux aguets constamment, sans illusions. Ses yeux avaient perdu tout éclat de malice, ne disons pas de joie de vivre, cela faisait déjà longtemps, Sam le devinait, que cela avait déserté son esprit.

Où veux tu en venir, bon sang !?

Question purement rhétorique. Elle le savait.

Andrei, par pitié, ne te fais pas ça…pense à ton fils…à Nate…à moi…Oui, ça me briserait le cœur savoir qu’il t’est arrivé un malheur…tu le sais…

Elle aurait pu lui donner une autre très bonne raison pour en pas poursuivre avec ce jeu suicidaire mais la tut jalousement. Justin revenait avec les boissons promises en posant les questions pertinentes sur leur prochaine destination. Aux dernières nouvelles, les De Brent s’en tiraient de main de maître en Europe. Des craquelures suspectes avaient commencé à apparaître à la base de la pyramide de pouvoir.
Sanders parti, Sam se laissa aller dans les bras de son mari adoré avec un profond soupir endolori.

Ne sois pas jaloux, mon amour…tu sais trop bien qu’il n’y a que toi qui occupes cette place dans mon cœur…mais vois-tu, je ne peux pas m’empêcher de penser à Andrei…non, je ne l’aime pas…enfin pas comme je t’aime toi…mais le voir courir vers la mort, sans s’en soucier…ben…ca fait mal quand même…Oui, je sais qu’il le fait…je m’en sens coupable…Non ! Je n’ai aucun remords…aucun ! Tu es le seul que je veux à mes côtés et tant que tu y seras…le monde continuera à tourner en rond…

Et elle ne mentait pas. Justin était son un et son tout. L’unique. L’amour de sa vie…

Magnifiques ruines que celles de Quiriguá. Un peu de repos et parcours archéologique ne pouvaient que leur faire du bien, question de se changer les idées après la fructueusement mission guatémaltèque. Il faisait chaud et humide, ce qui n’arrangeait en rien le petit malaise insidieux qui l’agaçait depuis des jours. Justin avait remarqué qu’elle ne semblait pas au top de la forme mais Sam s’était contentée de sourire rassurante en serrant sa main.

Suis un peu fatiguée, c’est tout..je n’ai qu’une envie : que tout ceci finisse et qu’on puisse rentrer à la maison, avec les enfants…Ne te fais pas de souci…tout va bien…

Pas si bien que ça. Un peu plus loin, il avait fallu s’arrêter sur le bas côté de la route où elle, percluse de nausées, avait rendu presque son âme entre hoquets et sanglots.

J’ai…dû chopper quelque cochonnerie par là… Dieu…qu’il fait chaud !

C’était la dernière chose qu’elle avait dit avant de tomber carrément dans les vapes.

En ouvrant l’œil, Sam eut la vision incertaine de deux visages angoissés penchés sur elle. Avec un petit effort, elle parvint à fixer la vue. Il s’agissait de Justin, affolé et de Lavinia, râleuse. Un petit moment plus tard, il lui resta très clair se trouver dans leur chambre, dans leur lit…à la maison face à la mer placide, Morrocoy.


Mais…on était au Guatemala…

Dis donc, tu perds les moyens, ma belle, assura Lavinia en lui faisant avaler une potion, comme d’habitude, tu as eu le chic de te trouver mal au milieu de rien, de faire paniquer ton adorable chéri qui, en pleine crise, n’a rien trouvé de mieux que faire appel à tante Lavinia…

J’ai…j’ai…

Si tu vas dire : mangé n’importe quoi, je te crois…mais non, ma toute belle, ce n’est pas une intoxication alimentaire…alors là, pas du tout…

Sam voulut se redresser. Justin la retint, tout douceur et prévenances alors que son expression avait changé de l’affolement au ravissement intense.

Mon Dieu…c’est quoi alors !!!???

Lavinia sourit, toute maternelle et attendrie. Elle avait un caractère de cochon mais un cour en or.

Un petit Davenport…ça te dit !?

Sam faillit s’évanouir de nouveau. De bonheur, cette fois.

Tu…tu…en es sûre !?

Tout aussi sûre que deux et deux font quatre…et dire que je te faisais veuve et éplorée….j’ai même pleuré à ton enterrement, Justin…pas juste de me traiter comme ça…suis quand même la marraine attitrée de tous les mioches que vous voudrez avoir !...Mais revenons en à nos moutons…c’est fini, pour toi, la vie d’aventures avec ton James Bond… ce n’est pas le plus recommandable pour une future mère…ou pour une maman tout court…je ne sais pas à quel genre de rédressage de torts vous vous livrez…mais là, mes choux…temps de penser à vous, à la famille…et au cœur de la pauvre Lavinia, qui risque de péter un câble chaque fois qu’on l’appelle d’urgence…

Sam assura se sentir comme un charme et insista pour se lever…Justin avait tenu à mettre Michael au courant, le contraire aurait été surprenant. Les De Brent débarquèrent, en plein émoi. L’ex-mangemort tenait assez mal debout, suite à quelques mésaventures parisiennes mais une fois mis au parfum, se déclara ravi de pouvoir compter, dans huit mois avec un nouveau filleul…

La vie était si belle, tout à coup. Sam voyait tout d’un autre angle. Son bonheur était complet. Elle allait enfin avoir un enfant de l’homme aimé par-dessus tout. Certes, il aimait Maddie comme sienne mais cette fois…ce bébé serait 100% à lui…du début à la fin…

Quand ,au bout d’une dizaine de jours, Andrei se présenta, en coup de vent, comme d’habitude , pour faire un rapide bilan de leur avance, Sam sentit son cœur se serrer cruellement quand un Justin, radieux, lui donna la nouvelle de sa future paternité. Sanders était un acteur consommé mais là, il put à peine dissimuler l’effet que lui fit savoir qu’elle attendait un enfant. Elle ne pouvait pas être dupe de ses sentiments et cela lui fit plus de mal encore.

Pense plutôt à ton fils…à ta femme. Ils ont aussi droit de savoir, Andrei…ils ont besoin de toi ! Je t’en supplie…ne te laisse pas avoir…tu es bien trop malin pour ça…Non ! Ne dis rien…la vie est c’est qu’elle est…

Sam aurait pu en pleurer, face à l’éclat meurtri de son regard gris et à celui, assez rageur, dans celui de Justin…

*M***e ! La vie et ses choix…*
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Drôles d'oiseaux!  Empty
MessageSujet: Re: Drôles d'oiseaux!    Drôles d'oiseaux!  EmptySam 2 Juil - 11:15

Croire que les choses allaient redevenir normales tenait de l’utopie. Davenport faisait partie des individus qui imaginent pouvoir, à chaque occasion, tourner les événements dans le bon sens. En général, il y parvenait ce qui le confortait dans l’idée que la foi soulève les montagnes. Sauf que là, il n’était pas le seul à tirer les ficelles de son existence. Bien au contraire, il s’était trouvé empêtré de maîtresse façon dans une situation qui le dépassait. Il avait remis sa vie entre les mains d’Andreï Sanders et il s’en était fallu de peu pour que le fil se brise.
Lorsqu’il avait perçu les tenants et aboutissants des motivations du prince Orloff, Justin s’était adouci à son encontre d’autant que son épouse adorée rentrait dans leur nouveau nid avec les oisillons. Bonheur total ? Oui et… fatalement non. Avec Andreï et ses plans tordus, il fallait faire une croix sur la paix. Que ce type parvienne à convaincre De Brent de ses nobles intentions décida Justin à agréer ces vues. Rien ne plairait plus à Davenport que de fustiger les méchants et, avec du bol, de reprendre une vie « ordinaire » en compagnie de Samantha.

7 Jours de paix. Doux intermède que celui-là même s’il fallut déployer des trésors d’inventions afin que Viv et Flore comprennent qu’elles devraient taire à tous la résurrection paternelle.
Au bout d’une semaine en compagnie de la famille ressoudée, on passa aux choses sérieuses.
Michael et Alix partirent pour l’Europe. Sam et lui se concentrèrent sur les Amériques. Justin ne fut pas dupe des raisons qui poussaient les De Brent à revisiter Berlin. Après tout, ils avaient bien mérité ces retrouvailles en éternels amoureux qu’ils étaient. Davenport aurait souhaité, lui aussi, se la couler tranquille avec sa femme enfin tout à lui. Il ne fut pas déçu même si la géographie des lieux où ils durent oeuvrer les fit suer copieusement.
Hormis en cuisine, travailler avec Sam était inédit. Ils se fréquentaient assez pour reconnaître leurs « talents » particuliers dans d’autres domaines, mais celui d’agents de terrain, ensemble, était neuf. Cette expérience se révéla assez marrante et enrichissante.
Quand, Sam fut obligée de prendre l’apparence d’un des débardeurs, Justin faillit s’étouffer de rire tant elle pestait. Ce qui ne l’empêcha pas de transformer bellement la cargaison illégale en poudre de sucre.

Ravis de leur succès, peut-être trop facile, les époux rentrèrent dans leur repaire vénézuélien où ils ne s’attardèrent pas. Les minis-missions s’enchainèrent rapidement. Un navire brûla en Floride, des fonds secrets disparurent mystérieusement ainsi que des chargements d’héroïnes.
Les contacts avec Sanders se limitaient toujours au strict minimum d’informations. Justin n’était pas dupe : ce gars marchait sur une corde raide. Au moindre faux pas, il risquait sa peau. D’ailleurs, il en eut confirmation à leur retour du Honduras. Nerveux, pareil à un fauve prêt à mordre à la première occasion, il semblait avoir sérieusement besoin de décompresser.


J’offre une tournée générale, s’empressa Justin, laissant Sam apaiser Sanders dans les limites décentes.

Lorsqu’il revint avec les verres de cocktail, il surprit des bribes de conversation entre les ex-conjoints. Sam paraissait anxieuse au sujet d’Andreï, à croire que l’autre venait d’avouer vouloir se suicider.

Oui, ça me briserait le cœur savoir qu’il t’est arrivé un malheur…tu le sais…

Quel méchant pincement dans le sien, de cœur ! Depuis le temps, Justin avait beau recevoir de Sam toutes les preuves possibles et imaginables de son attachement profond à son endroit, il savait aussi qu’un attachement singulier existerait toujours entre ceux-là et… ça le faisait râler.

Il « noya » le poisson (ou le poison ?) en déclarant :

Qu’allons-nous faire cette fois ?... Le Guatemala ?... Pourquoi ?

D’après Andreï, quantités d’antiquités allaient transiter vers divers grands musées. Les caisses ne recéleraient pas que des objets d’art. À eux d’empêcher les échanges.

Dès leur chef de mission parti, Sam se coula dans les bras de son mari. Pas à dire, elle mit beaucoup de persuasion dans sa défense et parvint presque à modérer entièrement la jalousie de Justin en affirmant ne pas avoir de remords de conscience pour sa séparation d’avec Andreï.

Tu es le seul que je veux à mes côtés et tant que tu y seras…le monde continuera à tourner en rond…

Belle déclaration ! Il s’en contenta.

Leur périple se déroula au mieux. Tant qu’à être sur place, autant jouer un peu aux touristes.
Ils partirent visiter les fameuses ruines Mayas près du fleuve Motagua. Pâlotte, Sam semblait beaucoup affectée par la chaleur locale :


Si tu veux, on rentre de suite, je ne te trouve pas bonne mine.

Suis un peu fatiguée, c’est tout... je n’ai qu’une envie : que tout ceci finisse et qu’on puisse rentrer à la maison, avec les enfants…Ne te fais pas de souci…tout va bien…

Quelques minutes lus tard, elle allait si bien qu’elle les fit s’arrêter en catastrophe au bord de la route. Justin lui soutint le front tandis qu’elle rendait tripes et boyaux :

Et tu dis que ça va ? On va rentrer, que tu le veuilles ou pas !


J’ai…dû chopper quelque cochonnerie par là… Dieu…qu’il fait chaud !

Et la voilà qui piquait du nez vers le sol. Son mari eut juste le temps de la rattraper au vol :

Sam ! Ma chérie ! Eh, oh !

Avec précaution, il la ramena sur le siège de la voiture où il tenta de la ranimer. Mais la belle réagissant à peine à ses sollicitations, la panique gagna Davenport. Son patronus fila joindre le médecin de famille tandis qu’il transformait la voiture en portoloin et ramena son épouse en catastrophe à Morrocoy.
L’installer au mieux ne demanda que quelques instants, le temps de voir apparaître une Lavinia Dexter rageuse dans sa tenue de tennis immaculée
:

JUSTIN DAVENPORT ! Mais tu es mort! Comment se fait-il que… ?

C’est pour Sam ! Elle a eu un grave malaise sur la route de Quiriguà. Examinez-la, je vous en supplie, elle…


J’aurai deux mots à vous dire, « cher » revenant ! C’est bien parce que c’est Sam…

Sans plus de façon, elle planta Justin pour s’occuper de sa patiente.
De loin, extrêmement tendu, il assista à l’examen. Bizarrement, il se retrouva projeté près de deux ans en arrière, un certain soir de réveillon, en cet endroit même. Là aussi, il avait dû faire appel aux soins de la copine de Sam qui avait défailli sur la plage alors qu’il lui déclarait son amour… Coïncidence ? Un espoir fou naquit dans l’esprit de Justin. Il n’osa pas demander confirmation de ses doutes mais croisa mentalement les doigts.
Quand Lavinia lui accorda le droit de s’approcher, il vit son adorée ouvrir des yeux incertains :


Tout va bien, mon amour. Le dr Dexter a la situation en main !

La mise au point rapide, experte, déclencha un déferlement d’émotions.

Un petit Davenport…ça te dit !?

Les tripes d’abord nouées, Justin détailla les expressions sur le visage de sa femme. Serait-elle heureuse ou fâchée par la nouvelle ? Son air incrédule céda immédiatement à tant de bonheur, que Davenport fondit. Il se ficha complètement du petit discours moralisateur de Lavinia sur leur mode de vie, ne regardant que Sam, elle qui portait le plus beau des cadeaux du monde.

Merci de vous être déplacée si vite, Lavinia et… pardon d’avoir fait croire à ma mort. Vous comprendrez qu’il est impératif que ma résurrection ne s’ébruite pas. Je prendrai bien soin de Sam, soyez-en sûre.

Vous avez intérêt ou vous aurez affaire à moi ! Ne me raccompagnez pas, je connais le chemin… papa !

La porte se ferma. Justin put enfin manifester ouvertement son bonheur. Entraînant Sam dans un baiser renversant, il déballa :

Mon amour, ma grande folle ! Si j’avais su… imaginé ne fut-ce qu’un instant que tu pouvais… Je suis le plus heureux des hommes, tu peux me croire. C’est si… c’est tellement merveilleux ! Je n’osais pas espérer que tu veuilles… oui, je suis un idiot. Un idiot, fou de toi… On va dire à Andreï que tu arrêtes tout… Hein ? Comment ça non ? Bon, stop ! On en reparlera plus tard. Là, on va avoir de la visite… Michael. J’étais fou d’inquiétude, moi ! Alors je l’ai appelé.

Sam se sentait assez en forme pour supporter de descendre recevoir leurs visiteurs auprès desquels il dut encore s’excuser de les avoir ameutés pour… fêter la nouvelle.
Les De Brent ne le prirent pas mal et narrèrent leurs récentes mésaventures parisiennes, ce qui effraya passablement Justin. Alix n’y avait pas été de main morte pour tirer son Michael de là…

Par chance, aucune mission ne leur fut confiée pendant plus d’une semaine. Profitant de ce répit, Justin commença doucement son travail de sape. Il connaissait Sam mieux qu’elle n’imaginait, et la faire renoncer aux trucs dangereux ne serait pas aisé d’autant qu’il s’agissait de sauver la peau d’Andreï. Parfait mari, il dorlota outrageusement Samantha. Petites balades, longues siestes, nourriture saine, Justin déploya le grand jeu avec naturel. Oui… parfois… une allusion ou l’autre perçait :


On n’est pas bien, là, tous les deux ? Non, ma chérie, on ne transplane pas près des enfants, je les fais venir à nous, c’est plus prudent… Ne force pas, fais attention, etc.

Quoiqu’elle l’accepte pour le moment, elle n’était pas dupe de son manège. Ils n’en goûtèrent pas moins 10 jours de plénitude. Hélas, il fallut que Sanders se pointe.
Il leur narra brièvement l’évolution de la situation : cela baignait.


Parfait !
dit Justin en se frottant les mains.

D’ordinaire, Davenport ménageait ses hôtes. Il savait pertinemment que ce qui suivrait serait mal encaissé, tant pis ! Il alla chercher le seau à Champagne et des cigares.

On est très contents que tout roule, n’est-ce pas, ma chérie. Nous avons plusieurs choses à fêter, Andreï ! La plus belle est que Sam et moi allons à nouveau être parents !

Pas la joie, cette nouvelle ! Si Justin avait été quelqu’un de foncièrement méchant, il se serait réjoui de la tête tirée par Andreï. Il ne voulait pas le blesser, ni fanfaronner, il espérait juste que Sanders comprenne le « jeu » terminé, au moins en ce qui concernait Sam. Le problème était que la peine d’Andreï affectait tellement Mrs Davenport qu'elle ne trouva rien de mieux à déclarer que :

Pense plutôt à ton fils…à ta femme. Ils ont aussi droit de savoir, Andrei…ils ont besoin de toi ! Je t’en supplie…ne te laisse pas avoir…tu es bien trop malin pour ça…Non ! Ne dis rien…la vie est ce qu’elle est…

*Ben voyons ! Tends-lui un mouchoir, tant qu’à faire !*

En fait, elle-même était aux bords des larmes, si bien que Justin intervint :

Tu comprends, vieux, que dans cette situation, Sam n’est plus faite pour le terrain. Moi je peux, pas elle. Nous ne voudrions pas qu’il lui arrive quelque chose, n’est-ce pas ?

Oups, sa chère moitié regimbait. Il n’en attendait pas moins d’elle. Il allait argumenter quand Andreï le devança. Un peu blême, il leur annonça la couleur. D’après lui, la « mission » serait réalisable en solo mais en couple ce serait le succès garanti.

Un casino ? Ouais, ça a l’air cool sauf qu’on va se faire repérer, vite fait !... Une couverture ? Je veux bien mais laquelle ?... QUOI ? Jamais ! Tu me prends pour qui ?

Quel était le but d’Andreï en lui proposant cette mascarade ? Voulait-il l’humilier, rappeler à Sam de bons souvenirs, la faire rigoler ou les trois à la fois ?
Quoiqu’il en soit, Sam en pleura de rire. Pour tout l’or du monde, elle ne raterait pas ça.
Puisqu’elle ne devait rien risquer dans l’aventure et que cela lui faisait tant plaisir… Justin céda.

Las Vegas ! Paradis et enfer. Déesse de l’illusion, de la poudre aux yeux avec néons et paillettes, elle en fait rêver des gens !
Sam débarqua seule dans l’une des plus monstrueuses salles de jeu de la cité des perversions.
Elle s’y tailla vite une réputation de flambeuse impénitente, gagnant et perdant des sommes astronomiques avec le sourire. Vu sa dégaine ravageuse, les galants se pressèrent vite au portillon. Elle les évinça tous sauf celui qu’elle visait : le directeur en personne.
Magnifique dans une des dernières créations d’un grand couturier, Sam accorda un dîner à Ace Rothstein.
Dehors, une limousine blanche s’arrêta devant les marches de l’établissement. L’empressement du personnel fut à la hauteur de l’imminent personnage qui en descendit. Courbettes à l’appui, on guida l’individu au smoking blanc et chapeau à large bord vers un des restaurants principaux où son apparition fut fracassante :


James n’est pas de service ce soir ? Ouh ! Quel drame ! Il m’avait promis ma table ! Ciel, ciel, qu’allons-nous faire ? Le directeur, je veux, j’exige de voir le directeur, immédiatement, please !


Joli début de tapage. On se coupa en quatre pour satisfaire le dandy pédant.

Nous pourrions vous installer à une autre table, sitôt qu’elle se libèrera…

Une autre table ? Voyons, mon chou, vous rêvez ? Comment pouvez-vous imaginer Jean-Louis Lemercier à une autre table que la sienne ? Amenez-moi Ace tout de suite ou… je pique ma crise, ouh !

Caméléon, Justin l’était de nature. Pourtant, grand Dieu jamais il n’avait endossé un rôle pareil.
Le polynectar aidait beaucoup, les conseils d’Andreï et de Sam aussi. N’empêche que de se retrouver dans la peau de cet extravagant couturier, mondialement connu autant pour ses « divines » créations que pour ses goûts diversifiés, tenait du pari impossible à tenir.
Son attitude dut convaincre l’auditoire car dans les minutes suivantes, Ace Rothstein en personne accourut :


Jean-Lou, ma grande ! Personne ne m’a rien dit, et tu es là ! Un souci de table ? Le responsable sera viré, crois-moi !

Accolades réciproques, tapes dans le dos, les deux potes rigolèrent.

Te donne pas ce mal pour moi, ma choute. C’est James qui se chargeait de tout mais il parait que le pauvre est cloué au lit par une amibiase, quelle horreur, ouh !

Des gestes effarés grandiloquents prouvèrent la sincère désolation du couturier qu’entraîna Ace, très affable, vers la table où poireautait Sam :

Tu dînes avec moi… enfin, avec nous. Non, ne proteste pas ! On te voit si rarement. Je vais te la présenter, elle est… plus que ça, tu verras.

Une nouvelle copine ? J’espère qu’elle n’est pas trop top… tu me connais, Ace…

Justement… C’est pour ça que je te la présente alors que c’est notre premier rendez-vous : vous n’avez rien de commun !

En riant, le directeur mena le pseudo Lemercier devant Sam :

Très chère, encore désolé de vous avoir laissé choir. Les devoirs de l’amitié… Permettez-moi de vous présenter Jean-Louis Lemercier, le grand couturier. Jean-Lou, voici Miss Angelina Cartwright, des industries Cartwright and Cartwright.

Actrice consommée, Sam tendit sa dextre pour recevoir un baisemain en bonne et due forme.

*Ne pas la regarder dans les yeux où t’es fichu !*

Dur dur de retenir un fou rire. Heureusement, Sam tint le coup et se montra dédaigneuse à souhait alors qu’il s’asseyait à ses côtés. Elle fit un commentaire glacial auquel Justin-Lemercier répondit avec un geste de la main, tel chassant un moustique :

Oh ! Mademoiselle n’apprécie pas mes créations ? Je m’en doutais rien qu’en voyant sa parure. Du Gaultier, ouh ! Quel dommage, quel gâchis ! Mais un rien vous irait à ravir, ma chère.

Boire un verre, vite, et ne pas la regarder ! Il se tourna vers son hôte :

Ace, je suis un peu ennuyé. James m’avait promis une partie d’enfer… j’espère que ce sera possible…

Tout ce que tu voudras, Jean-Lou ! Tu la veux quand ? Ce soir, demain ?

Tu sais que j’ai la bougeotte, le plus tôt sera le mieux. Mais je veux des partenaires dignes de ce nom, n’est-ce pas ma poule ?

Alors ce sera demain, le temps que je recrute le gratin. Pas de plafond, comme d’habitude ?

Gigotant des mains comme de marionnettes, Justin-Lemercier gloussa :

Non, non, pas de plafond ! Tout enjeu sera permis, ouh ! Ah quelle belle soirée en perspective ! Tu en seras, hein, dis ?

Rothstein agréa en riant. Evidemment, Sam désira en être, ce qui jeta un léger froid. Ace parut très mitigé. D’une part, il désirait la satisfaire, d’une autre il sentait une certaine animosité entre ses hôtes.

Te bile pas, ma choute : j’en ai vu d’autres ! Si Mademoiselle y tient tant, qu’elle vienne. Oh, mon Dieu, ton canard à l’orange est à damner un saint ! Ton chef cuistot est-il beau garçon ? J’irais bien lui dire deux mots.

Le reste du repas s’acheva dans la bonne humeur. Le polynectar pouvait encore durer mais Justin vit que Sam se cernait. Il écourta sa visite en prétextant n’importe quoi et regagna sa suite en coup de vent.
Un quart d’heure plus tard, redevenu lui-même, Justin sortait de la douche quand Sam entra. Etreinte et baiser fou plus tard, il l’allongea sur les draps :


Comment tu te sens, mon amour ? Ça n’avait pas l’air d’aller trop bien... Ah ? Morte de rire ? J’espère bien ! … Non, pas facile du tout. Suis content si ma prestation te convient…

Il reprit le ton de fofolle de le Lemercier :

Ouh, la vilaine fille qui n’avait pas confiance en son cher mari ! Vilaine, vilaine !

Une gentille partie de chatouillis s’en suivit jusqu’à ce que Sam demande grâce.
Redevenant sérieux, Justin soupira :


Tu m’as fait répéter, mais j’avais des doutes. Tu crois qu’Ace marche ? Il ne se doute de rien ?... Tant mieux. Je t’aime tant… Tu sais que t’es pas mal en brune, ma grande ?

Des heures de préparations avaient été nécessaires afin d’appréhender totalement la complexité du personnage de Jean-Louis Lemercier. Sans les interventions de Sam pour singer le couturier, Justin aurait cru à une mauvaise blague d’Andreï, mais non. Selon toute vraisemblance, Lemercier et Rothstein s’entendaient à merveille.
Rares étaient les personnes en qui le directeur du casino « El Grande » avait confiance. Lemercier était ces privilégiés, il fallait jouer cette carte. Le but final ? Faire perdre énormément d’argent à Ace et le contraindre à une dette énorme afin de l’amener hors du Nid. S’il pouvait virer de bord et vendre ses informations, alors les vautours accourraient. La curée finale pourrait se déclencher.
La partie serait serrée. Méfiant, Rothstein ne convoquerait pas n’importe qui pour y participer.
En attendant, Davenport mit un point d’honneur à relaxer son épouse. Paisible, elle s’endormit au creux de ses bras alors qu’il priait tout bas :


Qu’il ne lui arrive rien, mon Dieu.


Le lendemain, Sam déserta tôt la suite Lemercier sans que nul ne puisse savoir qu’elle y avait passé la nuit. Justin joua les divas capricieuses, refusant de voir quiconque en se bouclant chez lui. Un appel d’Ace confirma l’heure et le lieu de la partie de poker prévue.

Contrairement à toutes vedettes, Jean-Louis Lemercier se présenta pile au rendez-vous, mais non sans fanfare. Cependant, il fut le dernier à arriver. Après s’être laissé délester de sa cape d’opérette et de son couvre-chef, il étreignit fortement le directeur :


Ouhou ! Quel beau monde ! Merci, Ace, tu me gâtes, ma choute. Qui aurons-nous l’honneur d’affronter ce soir ?

Tu connais déjà Angelina. Laisse-moi te présenter tes adversaires : Mohamed Al-Mansûr, dans les pétroles bien sûr ; Miss Candice Holiday – bientôt star du grand écran ; Jack Sullivan –golfeur émérite, et flambeur invétéré ; Mr et Mrs Smith de Manhattan, financiers !

Il salua la ronde avec entrain et shake hand ou baisemain adéquat mais ne put s’empêcher de ciller légèrement devant le couple Smith.

*NdD ! Pas eux ! Qu’est-ce qu’ils foutent là ?*

Si Andreï dans ses plans tordus avait voulu le déstabiliser, il y réussissait. Jamais Justin ne s’était attendu à devoir jouer en compagnie des… De Brent.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Drôles d'oiseaux!  Empty
MessageSujet: Re: Drôles d'oiseaux!    Drôles d'oiseaux!  EmptyDim 3 Juil - 22:00

Adieu la Bulgarie ! Mission longue et barbante qu’il avait failli faire foirer comme un idiot en se tordant le pied et jurant en anglais. Bien sûr, Alix avait su les tirer de l’impasse avec une vivacité d’esprit admirable. Ce n’est pas pour autant que Michael envisagea apprendre le bulgare pas plus que le russe ou l’hongrois…

Paris ! Que de souvenirs ! Il aurait voulu ne pas y penser mais cela s’avérait plus dur que prévu. La dernière fois, c’était avec Vic, muée pour alors en la sulfureuse Miranda, qu’il s’était retrouvé là pendant un séjour épique. Perspicace comme elle l’était et le connaissant si bien, Alix ne fut pas trop dupe de certains états d’âme. Michael n’eut pas à se plaindre des astuces déployées pour distraire le cours de ses pensées. Au deuxième jour de leur séjour à la ville-lumière, il s’avoua incapable de penser à autre chose qu’au jour présent et à elle. Après tout qui pourrait penser à autre chose en embrassant Alix sur le Pont Alexandre alors que la lune brille sur la Seine…pas Michael ,en tout cas !

La mission en soi n’entraînait aucune difficulté. Voler des documents et les remplacer par d’autres ? Cela ne demandait pas de grande science. Il n’aurait qu’á se faufiler dans une certaine suite d’un hôtel de luxe, sûrement très bien surveillée, trouver et ouvrir un coffre-fort, prendre ce dont on avait besoin, laisser ce qu’on voulait qu’on y trouve. Donner le signal, appeler les flics, se tailler et se la couler en douce. Bien sûr, le tout, pendant que sa chère et tendre épouse jouait les séductrices avec un ponte chinois, lié avec les Triades, un enfant de chœur en somme.


Lors de la soirée de gala, je vais me scotcher à ce pourri, on le dit très friand de chair blanche haute sur pattes… Beau ? Ben, il est pas mal dans son genre, mais tu sais bien qu’il n’y a que toi qui compte, voyons !

Bien sûr, Michael ne retint que ce qu’il voulait et son humeur en pâtit sévèrement, avant de virer au noir ombrageux en voyant son Alix vêtue pour la circonstance. Elle ferait des ravages avec ce fourreau rouge au décolleté à damner un saint.

Tu penses pas sortir…moulée dans ÇA ?

Elle ne le pensait pas seulement, elle allait le faire.


Franchement...c’est un peu trop….mets un truc plus discret…

Alix se moqua un peu de lui en assurant qu’elle devait tourner la tête d’un homme puissant et très sagace et non pas faire tapisserie dans un coin. Le séduire ne la fit pas changer d’idée même si ce fut merveilleusement gratifiant. Elle s’en alla, moulée dans son fourreau rouge sang, le laissant chaviré d’amour et avec les idées de travers, pour se préparer pour sa propre entrée en scène. Pas plus heureux pour ça, Michael s’efforça pour rentrer de nouveau dans la peau de ce qu’il avait été avant de se convertir en père aimant et mari exemplaire, à savoir agent secret, auror et encore mangemort. Il avait eu une rude école et ça devait bien servir à quelque chose.

Tout se déroulait comme prévu et il se retrouva dans la chambre précise de la suite visée. Trouver le coffre fort ne lui prit pas longtemps, le manque d’imagination de certains pour dissimuler leurs trésors étant parfois déplorable et il s’apprêtait à forcer la combinaison quand trois chinois déchaînés lui tombèrent dessus avec meurtrière efficience. Michael se défendit farouchement mais quand deux autres se mêlèrent à la danse et qu’on le piqua au cou, c’en fut fait de lui.

Douloureux réveil.


*Tu perds les moyens, mon vieux !*

Après lui avoir passé un tabac en toutes les règles de l’art, il avait fini attaché à une chaise, bâillonné à s’en étouffer alors que deux chinois à l’expression indéchiffrable, s’appliquaient savamment à exercer sur lui la plus douloureuse des acupunctures. Il avait jadis pâti des Doloris de Voldemort et de ceux de Damian et pouvait s’enorgueillir de pouvoir tenir assez bien la douleur mais cette torture raffinée allait au-delà de tout ce qu’il avait connu. Chaque point sensible touché était foyer d’une souffrance atroce, lui arrachant des hurlements que le bâillon ne parvenait pas à suffoquer totalement. Quand ses silencieux tortionnaires, s’en prenant à ses mains, fichèrent des aiguilles au rouge vif sous les ongles, Michael sut qu’il ne tiendrait pas bien longtemps à moins d’avoir droit à un miracle.

Il y avait eu droit. Alors qu’une spirale de douleur intenable menaçait de l’emporter, son Alix adorée jaillit du néant telle furie vengeresse qui mit ses tortionnaires hors d’état de nuire avant de se précipiter vers lui pour le délivrer.

Mon amour, qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? Ça va ? Parle-moi…


Il s’appliqua un instant à respirer, essayant de chasser cette sensation de mort imminente avant de farfouiller :

Documents…pas eu…temps.

Elle comprenait au quart de tour.

T’inquiète pas, vais le faire ! Où est ta baguette ?

*Qu’est ce que j’en sais, moi…*

Sa délicieuse épouse lui lança un Revigor qui le fit revenir efficacement de son prélude d’au-delà.

Bouge pas, je reviens dans deux minutes.


Pas…de souci…vais nulle part !


À peine s’il pouvait ciller sans que ça fasse mal.

Tenant sa promesse, Alix ne tarda pas. Mission accomplie à la perfection. Gao Kun définitivement hors-jeu. Michael, lui, eut droit à u traitement préférentiel et à un voyage express de retour au foyer pour se faire retaper comme il se doit. Le bilan était sympa : quelques côtes cassées ou fêlées, coups divers, ecchymoses variées qui auraient comblé la palette d’un peintre surréaliste et ses mains en lamentable état. Certes le jeu avait valu la chandelle. Laisser Alix prendre soin de ses multiples bobos avec merveilleuse tendresse valait ce détour en enfer.

Qui y pensait, à l’enfer ? Là, au creux de la balancelle, dans la paix de cette soirée, Michael se laissait dorloter sans aucune envie de s’en plaindre. Rien d’autre ne pouvait compter plus qu’être là, avec celle dont il ne pouvait se passer.

Côtes douloureuses ou pas, Michael rigola en apprenant ce que sa chérie avait fait de Gao Kun et lui aurait vaillamment prouvé que tout allait bien de ce côté-là, chez lui, si le téléphone n’avait pas eu la douteuse idée de les interrompre. Enfin, le motif était plus que valable : sa belle sœur était à la maternité.

Il était là, à rêvasser, confortablement quand la soudaine apparition du patronus de Justin le fit sursauter. Le message délivré était assez incohérent. Davenport devait être dans un état de nerfs déplorable. D’après ce qu’il comprit, Sam n’allait pas bien et Justin s’affolait.

J’arrive !

Michael ne voyait pas trop comment, lui-même n’était pas dans la meilleure des formes pour songer à se balader en portoloin mais le retour providentiel d’Alix, tout émoustillée avec son premier neveu, le sauva des folies de l’improvisation.

Justin a des problèmes…faut aller chez eux !

Quoi ? Un souci ? Morrocoy ? Pourquoi ? Que s’est-il passé ?

Ben, j’en sais rien, son message était…euh…angoissé, c’est à peu près tout ce que j’ai pigé….un truc avec Sam !

Déplacement express . Michael en avait le tournis en arrivant mais tint bon. Pas idée de flancher bêtement si son pote avait besoin de lui. Sauf qu’une fois là, ce cher homme n’avait pas l’air trop malheureux, bien au contraire, il rayonnait. Oui, sa Sam s’était trouvé mal au Guatemala, il avait perdu la tête et lancé des appels au secours à tout azimut.

Tu savais garder la tête froide, Auror !, rigola Michael, mais je te comprends…Chouette, un autre filleul….parce que je vais être le parrain de celui là aussi, non ?

Pour si jamais, avec tout ce qui se passait. On le rassura. On fêta sobrement l’heureuse nouvelle, personne n’étant pour de grandes célébrations et on s’en retourna chez soi sans plus de délai.

Son lit, sa femme…et les enfants qui dormaient comme des anges. Le paradis.


Veux pas bouger…veux pas penser…je ne veux que rester là, avec toi…si Andrei veut quelque chose, qu’il s’arrange, moi…suis out !

Ce répit merveilleux dura un peu plus d’une petite semaine. Enfin, répit...façon de dire. Justin avait bien repris ses mioches mais il en restait tout de même sept qui réclamaient toute l’attention de leurs parents. Lucas, résuma doctement la situation :

Ça fait longtemps qu’on ne vous a pas à la maison, alors…on en profite. On vous aime, vous nous manquez !

De quoi lui donner des remords, lui qui s’était lancé à l’aventure, juste pour oublier un moment sa bruyante famille.

On vous aime aussi, mon grand, mais parfois, il y a d’autres choses à faire…des choses importantes.

Lucas avait souri, malin, sans poser plus de questions. Il était la sagesse même, ce petit gars. Il n’en allait pas de même pour ses frères et sœurs. À peine les perdait on de vue un temps, pour court que cela fut, ces diablotins semblaient avoir eu occasion de mettre à point quelque tour pendable, grandir un peu plus ou, dans le cas des petits derniers, développer leur vocabulaire, allez savoir comment, de façon assez. ..colorée. Michael soupçonnait Kieran, sous ses dehors de type tranquille, d’instruire les jumeaux sur l’art de la réplique rapide et ponctuelle.

Dis donc toi, tu fréquentes les bars du port ou quoi ?

L’angelot de service avait secoué ses boucles brunes en riant de plus belle, le coquin.

L’école…les copains !

Les temps avaient bien changé. Heureusement que les filles avaient de meilleures manières. Staff spécialisé ou pas, Michael devait reconnaître, secrètement ravi, que ses enfants, ne manquaient ni d’initiative et encore moins de personnalités bien définies.

N’empêche que quand Andrei se présenta, sans préavis, selon son habitude, pour donner des nouvelles directives de mission, Michael l’accueillit comme porteur de salut. Réunis sur la terrasse, autour d’un verre, Sanders avait exposé la teneur des faits, s’était assuré de leur participation et s’était, comme toujours, enfumé dans l’air du soir, sans en dire plus.


Il en a des bonnes, celui là…Non, je ne suis pas fâché du tout…Las Vegas, c’est pas si mal que ça…Oui, j’y suis allé, il y a longtemps…

*Et ai fait la fête comme un dingue et pris bien du bon temps !*


Mais il n’entra pas en détails même en se doutant qu’Alix se faisait sa petite idée.

Andrei avait été avare en détails. Ils devaient se présenter au casino « El Grande ». Faire étalage de fortune et savoir faire au jeu. Attirer assez d’attention sur eux pour mériter celle du propriétaire en personne qui avait, selon lui, un flair sans pareil pour juger ceux qui méritaient être pris en compte pour une de ses célèbres parties privées. Une fois admis dans le cercle des élus, à eux de se débrouiller pour mener la partie à des niveaux stratosphériques et arranger le tout si joliment que le tel Ace Rothstein perdrait des sommes folles ce qui l’amènerait à contracter une telle dette que le Nid l’expédierait in petto…à la porte, s’il avait de la chance, sinon, le plus sûr, servir de pâture aux coyotes du désert local.


Je me débrouille pas mal avec les cartes mais ces gens sont des professionnels…

Alix avait souri, malicieuse en assurant qu’elle avait travaillé dans un casino et connaissait toutes les combines et que dans pire des cas…

C’est de la triche…mais enfin, c’est pour une bonne cause. Ça nous fera des vacances !

Sin City. Ville de péché, pour d’uns. Mirage irrésistible pour d’autres. Extravagante, clinquante. Oasis extraordinaire de luxe et perdition au milieu du Mojave. Pour être en parfaite concordance avec ceux qu’ils seraient pour cette singulière mission, le couple arriva à bord d’un magnifique jet privé au bas duquel les attendait une longue limousine.

Bienvenue à Las Vegas, ma chérie !, il servit une flûte du meilleur champagne français, frais à point, je pense que nous allons quand même beaucoup nous amuser.

Sourire enjôleur alors qu’elle ajustait son élégant chapeau à larges bords et mettait ses lunettes fumées. Exquise élégance, raffinement inné, la plus parfaite femme du monde qu’on puisse imaginer. Pour les effets, et aux dires de sa chérie, il n’était pas mal du tout, très imbu de son rôle de milliardaire décadent, aux goûts dispendieux et son amour, non dissimulé, pour les jolies femmes, même si marié avec une tout à fait splendide.

C’est pas moi qui ai inventé ça…c’est l’idée de Sanders…je te jure ne rien faire de pendable…seulement regarder un peu…Aille !...discrètement !!! Faut rester dans le contexte du personnage pour appâter le poisson, non ?

Alix lui avait ri au nez avant de l’octroyer d’un baiser renversant à lui ôter l’envie de regarder ailleurs.

Leur arrivée à « El Grande » ne passa inaperçue pour personne. Impossible de ne pas remarquer ce couple magnifique qui se disputait sans aucun souci d’être entendu de leur entourage. Elle lança une paire de remarques perfides auxquelles il répondit avec un cynisme enchanteur. Ce ne fut un secret pour personne que Madame était vexée des aventures de son beau mari avec une petite vedette de rien du tout…etc…etc…Celui-ci joua les habitués aux scènes outrageantes, avec une désinvolture sans pareil en arrivant à la réception pour réclamer la clé de la suite réservée.

Smith, John Smith…et qu’on monte d’immédiat du champagne, des camélias rouges et un bracelet de brillants…le plus beau, bien entendu…le prix ?...Qui pense à ça ! Allez…

Plus tard dans leur suite, ils rigolaient comme des malades en buvant du champagne alors qu’il passait au fin poignet de sa digne épouse une époustouflante création de Cartier.

Une broutille pour un sourire, mon cœur !...Dis donc, tu es très réaliste dans ton rôle…tu m’as traité de porc décadent…un peu fort quand même…mais on se sera fait remarquer…maintenant que dirais tu si…on se réconciliait !?

C’étaient ce qu’avaient de bon les disputes…vraies ou simulées !

Leur apparition dans les salles de jeux en fin d’après midi donna un petit aperçu de la magnanimité de leur savoir faire. Ils jouaient pour le simple plaisir de le faire, sans réparer au gain ou à la perte, mais gagnaient bien plus qu’ils ne perdaient et étaient splendides avec les croupiers. Après le dîner, on les revit faire le tour du connaisseur pour enfin se décider au jeu de poker, misant sans ciller des fortes sommes, Personne ne fut sans remarquer les fastueux bijoux de Madame et l’œil énamouré dont la couvait Monsieur.

Depuis un moment, Ace Rothstein suivait attentif le jeu à la table 19. On le renseigna rapidement sur l’identité du couple.


Les Smith, de New York. Ils roulent sur de l’or si on en croit à leurs paris. Gagnent et perdent régulièrement, sans que cela semble les affecter. Leur jeu est propre, cela fait un bon moment qu’on les observe. Elle joue mieux que lui, plus froide et cérébrale. Il est fort pour le bluff et mise plus sur sa chance…et il en a à en revendre.

Les trois jours suivants, ce fut la même chose. Ils ne jouaient pas les matins, préférant faire la grasse matinée puis après une apparition à la piscine, un déjeuner léger qu’ils se faisaient servir dans leur suite pour après se rendre au spa pour être frais et dispos.

John Smith venait de rafler 400.000 US$ à la banque après un jeu serré et un sacré bluff quand le patron en personne se présenta.

Ace Rothstein, à vos pieds Madame !

Madame avait tendu languidement sa main à baiser. Monsieur souriait ravi.

J’espère que vous ne m’en voudrez pas trop, assura t’il, amusé, j’ai de la chance !

On ne peut prétendre le contraire, votre divine épouse en est la plus sublime des preuves, s’empressa de dire Rothstein, enjoué.

*Et c’est parti !*

Et bien parti. Le soir même, ils reçurent l’invitation pour une partie privée.

Bien entendu, avait cru bon préciser Ace, mes invités sont…ab-so-lum-ment…triés sur le volet. Vous ferez connaissance demain, lorsque tous seront présents.

J’espère que cela vaudra vraiment le coup…quel est le plafond ?

Le ciel est la limite, Mr. Smith.


Magnifique, juste ce dont nous avons besoin, n’est ce pas, chérie ? Enfin, ne faites pas attention à Lisa…elle est de mauvaise humeur !

Il se prit un coup de pied dans le tibia mais sourit, bon ange.


Madame en Chanel et lui en Armani. Petit salon préparé pour la circonstance. Ace les accueillit avec grandes démonstrations de sympathie.

*Parce qu’il rêve de nous plumer…s’il savait !*

Permettez moi de vous présenter ceux de vos adversaires de ce soir qui sont déjà arrivés ! Mohamed Al-Mansûr ; Miss Candice Holiday ; Jack Sullivan …nous attendons encore les deux derniers…

On serrait les mains en se jaugeant poliment quand une splendide créature fit son entrée, moulée dans une robe qui ne laissait pas grand-chose à l’imagination sans pour autant découvrir rien qui ne put l’être. Brune à couper le souffle, sourire rutilant…Michael dut faire un effort pour ne pas s’étouffer et porta à ses lèvres la main que lui tendait…une Sam, languide.

*Diables…que fiche t’elle là ?…où est Justin ?*


Ses réflexions se virent coupées court par l’entrée en scène, fracassante, d’un personnage haut en couleurs, qui une fois défait de sa cape et de son extravagant couvre chef, serra Ace en une accolade très affectueuse…trop, avant de se tourner vers les présents.

Ouhou ! Quel beau monde ! Merci, Ace, tu me gâtes, ma choute. Qui aurons-nous l’honneur d’affronter ce soir ?

*C’est QUOI, ce …truc?*

Jean Louis Lemercier, le grand couturier!, présenta Rothstein, presque ému confortant tout le monde dans l’idée de quel genre d’amitié l’unissait à…l’homme du monde accompli que semblait être le nouvel arrivant, qui serra fermement les mains masculines, baisa celle de ces dames sans se priver de lorgner, impunément leurs décolletés.

On prit place à la table de jeu. On examina les paquets de cartes. Michael, rogue d’emblée, en réclama des nouveaux qu’on lui apporta sans rechigner alors que Lemercier faisait des commentaires suivis de Ouh et Ah ! accompagnés de mouvements ridicules de ses mains et papillonnement de cils.

*La soirée avec ce mec et je finis par lui casser la gueule !*

Le maniéré de service donna. Il s’y prit avec l’aplomb sûr qui dénote l’habitué. Michael ramassa ses cinq cartes et les étudia, concentré. Il n’irait pas bien loin avec un jeu pareil mais participa aux enjeux sans les augmenter. Alix, ne se priva pas, avec souveraine indifférence poussa devant elle des fiches pour 10.000 dollars, ce n’était qu’une simple mise en bouche, question de chauffer les cartes. Al Masur suivit le mouvement. Sam passa tout comme lui. Miss Holiday bluffa un peu tout comme Sullivan. Lemercier avança un tas astronomique de fiches devant lui et lui cligna de l’œil en passant. Michael fronça ostensiblement les sourcils. Rothstein égala le pari pour voir…et il vit un beau carreau de dames. La tapette l’emportait. Gloussements divers.

Seconde manche. Cette fois Michael participa aux enjeux jusqu’à la fin mais quand Lemercier lui sourit, engageant, il vit rouge mais moyennant un effort se concentra au jeu mais le perdit face un Rothstein, aux anges.

Des superbes hôtesses se chargeaient du service, veillant à que personne ne manque de boissons à point. À la fin de la troisième manche remportée par Alix, impériale, on renouvela le verre intact de Michael où les glaçons s’étaient dilués, sans qu’il y touche. Sam et lui étaient les seuls à ne pas boire. Personne n’en fit de commentaire. Il aurait suffi d’un « Ma choute, mais ca détend ! » pour qu’il saute au cou de Lemercier qui, allez savoir pourquoi, semblait s’amuser follement à le mettre hors de lui, en se livrant à une drague pas trop discrète avec Mrs. Smith, assise à sa droite. Il mena l’audace jusqu’à déposer un baiser sur ses doigts effilés tout en lui coulant un regard admiratif. Grognement incertain du côté de Mr. Smith mais déjà, Sam/Angelina lui souriait, angélique. Al Mansur succombait gentiment au décolleté plus que généreux de Miss Holiday qui semblait ravie, tandis que Sullivan semblait se demander ce qu’il fichait là. Ace, un tantinet déçu par l’évidente défection, du moins pour ce soir, de son très cher ami, éleva remarquablement les paris dès la quatrième manche. On avait déjà dépassé le million par mise mais personne parmi les présents ne semblait trop s’en soucier. À la fin de la cinquième, Sullivan avoua ne pas se sentir trop en forme et abandonna avec des pertes cuisantes. On le savait millionnaire mais certainement pas autant comme pour tenir toute la nuit à ce train endiablé.

Rothstein perdait mais tenait tête. Il proposa une pause pour prendre de l’air et s’éclaircir les idées. Tous acceptèrent. Lemercier, outrageant, monopolisa d’immédiat Mrs. Smith et l’entraîna vers la terrasse. Michael allait se lancer à leur suite mais l’adorable Angelina/Sam le prit par le bras, le regard aussi soyeux que le sourire, au grand dam d’Ace qui resta là à faire des comptes.

Qu’on me damne si je m’attendais à te trouver ici !...Mais à quoi diables pensent Justin et Andrei pour te jeter dans la gueule du loup ?...Où est-il ?...Ben, ton mari…qui d’autre ?

Sans départir de son calme, la belle serra un peu plus son bras et jeta un regard furtif vers Rothstein qui les observait, hargneux. Saisissant au quart de tour, il suivit le jeu et lui adressa un coup d’œil ravageur, après tout, sa réputation de tombeur était à défendre. L’entraînant un peu à l’écart, Michael entendit des confidences qui le laissèrent comme deux ronds de flan.

Pas vrai !?...Ne me dis pas que…c’est…

Sa crise d’hilarité soudaine fit sursauter l’hôtesse qui passait avec un plateau et tiquer méchamment le directeur du casino qui fonça directo sur eux pour avec une politesse efforcée lui enlever Sam.

*On est servis avec ces folles ambiguës…enfin…*

À la terrasse se jouait une autre scène se prêtant à équivoques. Alix semblait charmée par l’éloquente compagnie de Lemercier qui parlait mode tout en lui lançant des œillades incendiaires.

Bas les pattes, modiste…si tu tiens à ta peau.

Un Ouh ! plus tard, Lemercier était empoigné par le revers de la veste et amené à dévisager son agresseur de très près.

Juste pour la forme, vieux frère…t’es adorable en blanc…


Retour au salon. Lemercier défroissait ostensiblement sa veste. Mr. Smith râlait. Madame froide et indifférente réclamait du champagne. Sam restait grave. Rothstein, dubitatif. Al Mansur et Miss Holiday semblaient avoir conclu quelque intéressant accord. Ignorant toute mesure, Michael commença à boire comme un trou ce qui eut comme résultat plus qu’évident qu’il était assez ivre à la fin de la neuvième manche comme pour discerner entre un valet et un roi, mais il bluffait comme un damné et le pire est que la chance l’accompagnait. Ace avait déjà dépassé son plafond de crédit, même lui en avait un dans son « propre » casino mais était sûr le rafler le magot du pot : la petitesse de six millions. Lemercier s’amusait comme un dingue. Mrs.Smith fronçait les sourcils. Sam retenait son haleine. Al Mansur passait. Miss Holiday avait pris congé depuis longtemps.

Alors…vous l’augmentez…le pari, Ace ? Faut faire honneur au nom…voyons…hips !

Ivrogne ravi, Mr.Smith lorgnait ses cartes comme s’il avait un mal fou à savoir quel était son jeu.

Voyons, mon cher, vous n’êtes plus en état de jouer, assura Rothstein, condescendant, remettons cela à demain quand vous serez plus en forme.

Z’avez peur de perdre !, brailla Michael en se redressant ou du moins essayant de le faire, veux jouer…hips…jusqu’à la fin…me regarde pas comme ça, Lisa…fiche moi la paix…je sais…z’avez plus un rond…

L’idée sembla l’amuser prodigieusement et éclatant de rire, balaya les fiches de la table d’un large coup de main, se tournant vers les autres outragés.

Pas de souci…z’étaient tout à moi…alors, Ace…on va tout ou rien…mes millions…contre…la jolie brunette !

Pour la forme, il s’affala gentiment face à Sam et lui cligna l’œil. La jeune femme lui décocha, en retour, un regard féroce qui ne fit pas l'effet voulu.

Te soucie pas, ma belle…vais gagner, hips !

Lemercier rigola. Lisa Smith sembla à point de frapper son mari mais Rothstein saisit la chance au vol.

Va !, son carreau d’as venait d’acheter son salut au détriment de cet imbécile.

Veux voir !, articula laborieusement l’autre avec un sourire niais.

Carreaux d’as !, chanta joyeusement Ace, tout à l’honneur du nom !

On entendait voler une mouche. Le soupir de Smith fit l’effet d’une bombe mais voilà qu’au lieu de piquer du nez sur le tapis vert, il grimaçait son plus beau sourire en étalant son jeu.

Fluuuuuuuuuush…

Décomposé de rage et humiliation, Rothstein vit son adversaire se redresser et lui tirer la révérence, ce qui manqua de l’envoyer s’étaler mais se reprit à temps en s’agrippant au rebord de la table.

On y va, ma belle !?

Dette de jeu est dette de jeu. Accrochant Angelina au passage,dès que celle ci, outragée de ce traitement, ait flanqué une gifle d'anthologie à Rothstein, après un regard à peine mitigé vers sa femme qui fulminait, le vainqueur quitta la salle en tractant son joli butin, alors qu’Ace réclamait revanche.

Demain, chantonna Smith, demain…sera un autre jour !!!

Les cameras de l’ascenseur donnèrent foi de son triste état mais une fois dans la suite de Sam, Michael récupéra miraculeusement ses esprits.

T’aurais pas un whisky par là, j’ai le gosier sec, là !


Ils riaient encore comme des dingues quand Lemercier qui redevenait Justin arriva en compagnie d’Alix…
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Drôles d'oiseaux!  Empty
MessageSujet: Re: Drôles d'oiseaux!    Drôles d'oiseaux!  EmptyDim 17 Juil - 9:31

Comme sur des roulettes ? Ses plans fonctionnaient mieux que ça ! Pas à dire, Andreï Sander, prince Orloff, espion à ses heures, tueur à gages à d’autres, avait de quoi se réjouir.
S’il avait craint un moment que sa requête auprès de ses « bons » amis soit balayée aux orties, il ne pouvait que se frotter les mains depuis leur rencontre.
Belle équipe qu’il avait recrutée, là ! La fine fleur de la sorcellerie dotée d’un passé plus ou moins glorieux dans les coups en douce : il était servi. Les quatre avaient un impérieux besoin d’être utiles et Andreï avait tout misé là-dessus. Au départ, il avait redouté que les De Brent se moquent de ses projets. Ils avaient pourtant été les premiers à abonder dans son sens.


*Voilà ce que c’est que d’avoir sept gosses à la maison !*


Pas trop certain non plus des réactions des Davenport, Il avait croisé les doigts en se basant sur la relation particulière qui l’unirait toujours à Samantha. C’était réconfortant de savoir qu’en dépit de tout, la jeune femme lui conservait un part de son cœur, voire de son âme. Après tout, l’aider à sauver sa peau était bien le moins qu’elle puisse faire pour lui. Ne lui avait-il pas donné toute l’affection, la tendresse, dont il était capable ? On se souvient de ce que l’on peut, et l’on oublie le reste de la même manière…

Quoiqu’il en soit, son boss fulminait des échecs à répétition subis par le Nid. Il avait dû aussi se mouiller mais qu’importe de descendre froidement l’un ou l’autre dissident. Tant que Piotr ignorerait de quelle nature était le serpent couvé en son sein, l’avenir se profilait sans ombre. Selon les rapports transmis, les missions secrètes se déroulaient au mieux et nul soupçon ne l’effleurait. Gerfaut, un peu perdu dans la tourmente, requerrait de plus en plus fréquemment son avis.

Ce soir-là, il « l’invita » à dîner. Il s’agissait plus d’une convocation mais, trop curieux de la teneur, l’Epervier ne se formalisa pas. À l’apéritif, Ivanov se montra d’abord affable :


Alors Andreï, es-tu satisfait de tes aménagements ? Irina ne manque pas de charmes, n’est-ce pas ? Elle me dit beaucoup de bien de toi…

Tant mieux ! Je crois que nous sommes tous contents de ces arrangements. ¨*Tu parles*


Irina Dimitrova, sa geôlière, ne se doutait pas être régulièrement victime d’ »oubliettes » destinés à effacer les absences de son nouvel amant. Il s’agissait d’une précaution indispensable car, même si cette blonde était devenue bleue de lui, Andreï ne se risquerait pas à quitter le Nid sur de simples assertions d’affection. Il la manipulait à peine, de quoi donner à ses comptes-rendus l’écho d’une totale sincérité… cela fonctionnait à merveille.

Un premier zakouski avalé, Piotr ne cacha plus sa contrariété :


Je suis obligé d’organiser une nouvelle réunion au sommet ! Nos partenaires s’énervent… moi aussi. Sais-tu qu’ils nous rendent responsables de leurs échecs, nous suspectent de fuites volontaires ? Nos succès leur semblent anormaux ! Qu’y pouvons-nous si nous sommes meilleurs qu’eux ?

Fin psychologue quant aux affaires viles, Sanders ne fut pas dupe un instant. Gerfaut le testait, une fois de plus. À lui de se défendre, comme si rien.

Que nous reprochent-ils ? De mieux nous organiser ? Tu sais aussi bien que moi que les transactions sont enregistrées et surveillées, nos moindres faits et gestes espionnés.

Ils savent aussi que nous sommes sorciers…

Depuis quand les sorciers manipulent-ils des bidules électroniques ? Si tu connais le truc, file-le-moi, je serai ravi de l’apprendre.

C’est là le problème, Andreï : ils nous croient capables de tout. Devant l’ampleur des ratages à répétition, on ne peut nier qu’il existe des fuites. Je sais que ce n’est pas moi la taupe... ni toi ! Pour t’avoir à l’œil constamment, j’ai mis en place des mesures dont tu n’imagines même pas l’ampleur. De deux choses l’une : ou tu es Merlin, ou tu es blanc.


*Ou tu es un c*on…* Merci de m’accorder ta confiance, Piotr. Si taupe il y a, elle n’est pas ici. On va le leur démontrer s’ils le veulent. Sois sans inquiétude et, qui sait, on pourrait peut-être la démasquer ensemble. Rassemble le Nid : des plumes voleront !

Entrée délicate, plat principal divin, on arriva au dessert après avoir discouru de sujets divers.
Andreï compta mentalement ses abattis. Nul doute que son hôte allait à nouveau le tester. Gerfaut le cuisina habilement :


J’ai été un peu surpris que tu ne tentes aucun contact avec ton épouse.

Je suis un meurtrier, dois-je te le rappeler ?

Une si belle jeune femme, si amoureuse… un enfant adorable… Jarek, c’est ça ?

J’y pense… parfois. Vu les circonstances, je crois qu’il vaut mieux qu’ils m’oublient. Irina me satisfait.


Allons, altesse… Andreï… Un héritier, ça compte !

L’impérialisme est mort ! Qu’est-ce qu’un titre à part du vent, à notre époque ?

Je sais où ils se cachent. Ne voudrais-tu pas…

Non ! Nate sera cent fois mieux sans moi, mon fils aussi.

Et… Sam ?

Les tripes de Sanders se contractèrent douloureusement. Même si aucune expression ne trahit ses émois, il fut très atteint.

Une erreur de plus de ma part. Elle aurait fait une excellente recrue sans ses fichus scrupules. J’ai aussi tourné la page.

Ah ! Alors, tu ne seras pas étonné que cette jolie veuve se console déjà dans les bras d’un certain… Michael ?

Sur le coup, Andreï faillit s’étouffer… de rire. Il contrôla néanmoins ses émotions, et déclara, impavide :

De Brent ? Vraiment ? Peu me chaut ! S’il est suicidaire, ça le regarde. Je connais Alix, sa femme. Beau brin de fille, du reste. Mais dangereuse : un pas de travers : il est mort. Mais quelle importance, les amours de Sam ? Elle m’a quitté pour feu son époux… Amen.

Condescendant, Gerfaut changea progressivement de sujet.

J’ai eu l’occasion de dîner au « Sense »… Leur sabayon y est plus sublime qu’ici, n’est-ce pas ? Mais revenons à notre couvée. J’ai eu beau cherché Andreï, je suis obligé de ne te reconnaître aucun défaut, aucun manquement.


Cela te contrarie, on dirait ?

Buvant un peu de champagne, narquois Piotr toisa son vis-à-vis par-dessus son verre :

Que vas-tu imaginer, mon ami ? Nul n’est parfait, voilà tout. Je finirai bien par trouver un défaut dans ta cuirasse. Mais pour l’heure, réjouissons-nous d’être si soudés. Nos « amis » ne peuvent pas en dire autant. Nous devons nous préparer à leur démontrer notre innocence dans les fuites. J’ai déjà fait vérifier ton PC ainsi que les bandes de surveillance de l’ordi principal. Mais qui sait, j’ai peut-être raté quelque chose ? Nous allons tout reprendre à zéro.

Pas démonté, Andreï accepta à condition qu’il puisse également regarder tout ce qui concernait Ivanov.
Face à face, des portables devant eux, ils visionnèrent des enregistrements pris dans les heures qui suivaient la diffusion des ordres des missions foireuses. La soirée entière y fut consacrée.
Fatigués, l’un comme l’autre, les deux hommes soupirèrent de concert :


Je n’ai rien relevé d’anormal,
signala Andreï en se passant la main dans les cheveux pour finir par se masser la nuque.

Moi non plus, avoua Gerfaut, un poil ironique. Mais je ne désespère pas. Je convoque le Nid complet pour demain soir. Vous pouvez disposer, Altesse.

En regagnant ses quartiers, Andreï était mitigé. Peut-être que les exploits de ses amis étaient trop fracassants ou alors qu’il avait mis la barre trop haut, trop vite ? Quoiqu’il en soit, Ivanov se méfiait toujours, voir plus qu’avant.

Des informations sur diverses transactions, Sanders en capta. Cesser toute activité signifierait que Piotr avait vu juste. Aussi n’organiserait-il désormais que des petites missions moins spectaculaires tout en veillant à changer de tactique, en douce.

Fichue réunion que celle prévue ! Des oiseaux s’y retrouvaient sans tête ; des couples avaient changé suite aux erreurs accumulées par les précédentes associations. Avec tous les continents touchés, des dissensions multiples avaient régné. Chacun rejetant la faute sur l’autre, le staff s’était allégé. Hormis le duo Ivanov-Sanders contrôlant l’Europe, les autres avaient été remaniés.
Ainsi L’Asie se voyait sous la coupe de Calao et de Drongo, une chinoise fine et élégante. L’Océanie échouait à Corneille et Colombine ; En Amérique Bouvreuil surnageait avec Condor(un homme au nez fort, et à la stature peu discrète). Les soucis africains n’avaient épargné aucun de ses anciens chefs. Y succédaient Malimbe et veuve.
Malgré un apéritif corsé destiné à détendre l’atmosphère, la tension était énorme autour de la table des débats. Corneille, dont le patrimoine avait été peu touché jusqu’ici, tint à prendre la parole aussitôt les présentations effectuées.


Au nom de tous les expatriés, j’ai réclamé cette entrevue car la situation ne peut pus durer, Gerfaut.

Nous en sommes conscients, mon ami. Réussites et échecs sont nos lots quotidiens à tous, tu l’auras remarqué.

Non ! releva sa collaboratrice. Nous ne sommes pas à égalité ! Il suffit de lire les comptes-rendus. Sauf votre respect Gerfaut, l’Europe cumule beaucoup plus de succès que les autres continents !
Nous jugeons cela très… anormal !


De loin, Sanders étudia les débats. Il apparaissait clairement que l’hostilité des huit membres se concentrait sur Piotr et lui. Comment leur en vouloir ? Néanmoins l’hostilité montait. Aussi quand Condor le pointa du doigt, il réagit :

Alors, sous prétexte que Gerfaut et moi sommes sorciers, vous voudriez nous faire porter le chapeau de vos manquements ? Ne l’êtes-vous pas Senior Domingues ? Nous pouvons vous remettre l’intégralité des vidéos de surveillance, et…

Et nous ne trouverons rien ! Vous nous prenez pour des nuls ? J’exige que vous nous soumettiez vos baguettes, l’un comme l’autre, sur-le-champ !

Du coin de l’œil, Andreï remarqua la pâleur soudaine de Piotr. Aurait-il des choses à se reprocher ?
Depuis le début de son double-jeu, Sanders avait prévu cette éventualité. Ce fut donc tranquille qu’il sortit le bois magique de sa manche droite. La copie conforme de l’originale, la baguette de « secours » créée par Gregorovitch, celle qui servait aux transplanages clandestins et autres faits illicites, resterait sous cape.


Priori Incantatum, clama Condor une fois la baguette d’Andreï en main.

Fantomatiques, les derniers sortilèges utilisés par ce bois se matérialisèrent. Domingues commenta l’illustration :


Evanesco sur des plats cuisinés… Excitatum avec ta partenaire… Assurdiato avec la même partenaire… Assurdiato avec la même partenaire… un portus, suivi d’autre – Pour la Corée, je présume- … que des broutilles…

Intérieurement, Andreï se marra beaucoup au vu de l’air dépité du bonhomme. L’examen de la baguette du Gerfaut se montra plus intéressant aux yeux du sorcier soupçonneux.

Vous employez beaucoup d’assurdiato, Piotr et vous avez pas mal voyagé ces derniers temps…


Les affaires sont les affaires, Domingues ! Peut-être nos amis seraient-ils heureux que nous examinions également votre baguette ? Pourquoi s’offusquer ? Nous nous sommes prêtés au jeu, n’est-ce pas ?

De très mauvaise grâce, Condor s’y soumit. Ce qui fut révélé prouva que l’individu n’hésitait pas à user des doloris et impérium. De quoi faire frémir ses condisciples peu habitués à ces démonstrations. Gerfaut se montra magnanime et préféra ne pas commenter ce déballage, se contentant de clôturer la séance :


Cet endroit est le centre névralgique de notre organisation. Toutes les informations y transitent. Néanmoins, vous avez pu vous rendre compte de son haut niveau de sécurité. Si fuite il y a, elle ne vient pas d’ici. Aussi je vous engage à laver votre linge sale en famille ! Passons à table, voulez-vous ?


Ouf ! Andreï l’avait échappé belle. Il était blanchi, mais ne relâcherait pas sa garde pour autant.

Redoublant de prudence, il laissa un peu de marge à ses alliés extérieurs avant d’oser les contacter à nouveau. Il s’y décida une dizaine de jours après qu’un chargement guatémaltèque se soit mystérieusement évaporé. Lorsqu’il arriva à Morrocoy, il lui sembla que l’atmosphère y était légèrement différente aux fois précédentes.

*Ils ont l’air… content ?*

Selon son habitude, rapide, il résuma la situation :

Vos succès sont remarquables et remarqués. Ça barde à tous les niveaux où chacun cherche une tête à trancher. On va y arriver !

Davenport, ravi, alla chercher champagne et cigare. Ce qu’il annonça à son retour fut incisif :

On est très contents que tout roule, n’est-ce pas, ma chérie. Nous avons plusieurs choses à fêter, Andreï ! La plus belle est que Sam et moi allons à nouveau être parents !

Un poignard en plein cœur ne lui aurait pas fait plus de mal. Il se doutait bien que les relations entre ceux-là n’avaient rien de platonique mais de là à ce qu’une seconde grossesse confirme leur intimité le ravagea très douloureusement. Il aurait tant souhaité que Sam porte son enfant… leur petit à eux. Tout aurait pu être différent, alors !
Sa stupéfaction ne dura que le temps d’un battement de cil.


Félicitations ! Je suis très content pour vous.

Bien sûr Sam ne fut pas dupe des sentiments qui l’agitaient. Personne ne le connaissait mieux qu’elle. Mais sa gentille tirade ne l’atteignit pas. Qu’en avait-il à cirer de Nate, de Jarek ? Ce gosse, il ne l’avait pas désiré. C’était elle, cette garce de rouquine qui l’avait embobiné depuis le début, et tenté de le retenir avec le mioche. Elle était la cause de tous ses déboires !

*Maudite soit-elle !*

Tintin y alla de son laïus concernant de futures missions auxquelles il désirait participer seul. Sam n’était pas du même avis que son mari, ce qui rasséréna un peu Sanders. Elle ne tenait pas à rester en arrière, ce qui était compréhensible de la part de ce type de femme.

Justin n’a pas tort, Sam, se contraignit-il à admettre. En aucun cas, je ne mettrai ta vie en danger. J’avoue que je suis *frustré, dépité, jaloux* un peu déçu de ne pouvoir vous envoyer où je l’avais prévu mais, dans le fond, ça colle assez bien avec une nouvelle tactique. Cela vous dirait d’aller à Vegas ?... Très cool et sans danger… vous ne serez pas exposés… Vous n’opérerez pas sous vos identités, cela va de soi.

Une couverture ? Je veux bien mais laquelle ?

Rares étaient les fois où Sanders pouvait ouvertement se ficher de la poire de Davenport. Il ne s’en priva pas en annonçant :

Tu serais idéal en… Jean-Louis Lemercier !

Un regard de complicité intense s’échangea avec Samantha tandis que Justin râlait. Manifestement il connaissait le phénomène.

Ce n’est qu’un rôle à tenir ! D’accord, le personnage est… singulier, maniéré, excentrique, farfelu, ambigu, mais c’est aussi quelqu’un de très intelligent, roublard comme pas deux et aussi bien porté sur les hommes que sur les femmes. Vise, un peu…

Changeant complètement d’allure, Andreï singea le quidam à la perfection. Il se leva, se dandina vers Sam dont il prit la main qu’il baisa avec effusion :


La profondeur de votre regard n’a d’égal que celle de votre décolleté, très chère ! Ouh qu’ils sont beaux… vos yeux !

Voir Sam se tordre de rire effaçait bien des rancœurs.


Sam te donnera des leçons. Moi, je te fournirai tous les détails nécessaires sur Jean-Louis et le but à atteindre. On calculera l’horaire en fonction de celui de Lemercier.

On bavarda très peu ensuite : il était temps de rentrer au nid.

Réunir les renseignements sur le couturier ne fut pas évident. Ce gars était une girouette souvent imprévisible. Il pouvait changer ses plans sans crier gare à tout moment. L’idée d’un enlèvement titilla un moment Sanders qui préféra cependant laisser Lemercier courir le monde à sa guise. On le disait sur le départ d’un safari amazonien. Ce serait le diable qu’il change ses plans et aille, justement, rendre visite à son vieux pote Ace Rothstein !

Deux précautions valant mieux qu’une, ses précisions fournies aux Davenport, Andreï se libéra un créneau en fila chez les De Brent où l’accueil réservé fut nettement plus agréable que la fois précédente. Pas de baffes, mais presque une accolade de la part de Michael.


*À croire que je suis son sauveur !*

Les politesses d’usage, félicitations de mise, échangées, il en arriva au but de sa visite :

J’ai tenu à vous faire part en personne de cette mission. Elle est délicate. Vous devez vous arranger pour faire plonger Ace Rothstein dans une dette colossale, plus énorme que ce qu’il peut se permettre. Jouez les riches désoeuvrés, inventez n’importe quoi pour vous faire admettre dans son cercle privé. Là, on joue illimité ! Il doit perdre plus que sa culotte… Pourquoi ? Mais parce qu’il utilisera alors des fonds qui appartiennent au Nid dont il est un des principaux agents en blanchiment d’argent. Pour rembourser, il sera prêt à tout. Vous exigerez une liste de noms, ceux de ses homologues. Sans avoirs, le Nid croulera !

Pourquoi s’abstint-il de prévenir les De Brent que leurs amis étaient déjà sur le coup ? Simple « oubli » ou légère vengeance personnelle ? Rien de méchant, en tout cas. Afin de garantir le succès de l’opération, tous les moyens seraient bons.
Les résultats ne se firent pas attendre. « Convoqué » abruptement au bureau du chef, Sanders s’enquit :


Que se passe-t-il ? Je n’aime pas trop être éjecté de mon lit en pleine nuit !


Irina t’attendra : tu pars pour Vegas.

Hein ? Ça peut attendre demain, non ?

NON ! Cet idiot de Rothstein est en train de nous plumer ! Tu te rends compte ? Il ose utiliser nos fonds secrets pour Merlin sait quel pari stupide !

Bah, laisse-le s’amuser. Il ne t’en sera que plus redevable.

Tu ne piges pas ? S’il ne s’agissait que de quelques millions, je passerais mais là, trop c’est trop.

Il perd tant que ça ?


Colossal ! Le pire est qu’il reste sourd à mes mises en garde ! On dirait qu’il est… envoûté par sa partie. Va sur place. Empêche-le par tous les moyens, j’ai bien dit tous, de commettre l’irréparable. Elimine ceux qui se mettent en travers, tu as carte blanche, mais grouille-toi !

*Et m***e ! *

Celle-là, Andreï ne l’avait pas prévue ! Piotr se doutait-il que…

*Impossible ! Il compte simplement sur moi pour mettre un frein au bazar que… j’ai créé ! Et si je ne l’arrête pas, je suis cuit ! *

Il se prépara à la hâte, les idées en pagaille. Si Ivanov découvrait que les principaux adversaires de Rothstein étaient de ses très « bons » amis… deux et deux faisant quatre… on aurait bientôt de l’Epervier rôti au menu. Pire : que Piotr les coince, c’en serait fait d’eux autant que de lui. Or, s’il se fichait assez de sa position, celle des autres prévalait, surtout une…
Les enjeux étaient si grands qu’il n’arrivait pas à déterminer la marche à suivre.
Tout en bouclant sa valise, il énuméra les options :


*Je pourrais rater le portoloin… Gerfaut n’y croira pas. Rosser Rothstein avant l’hallali ?... Peut-être… Avertir les autres de mon arrivée ? J’ai pas… *


Soudain, il éclata de rire au point que sa maîtresse le dévisagea, inquiète.

Ça va ? Il y a cinq minutes on aurait dit que tu avais la mort aux trousses et là, tu parais si…

Te bile pas, Irina ! Je viens de trouver comment remplir la mission confiée par Piotr. Je passe par la salle de bains puis j’y vais.

La limousine louée à distance par Gerfaut cueillit Andreï en plein désert. Le chauffeur ne posa aucune question, laissant son « client » se changer à son aise à l’arrière.
Impeccable dans un smoking blanc, Sanders reçut les courbettes des employés. Il était attendu et fut escorté jusqu’au bureau du sous-directeur qui se courba à son entrée :


Mr Ivanov nous a prévenu mais… malheureusement… Je n’ai pas pu retenir Mr Rothstein.

Où est-il ? Je veux que vous m’y conduisiez, DE SUITE !

C’est que… Une fois enfermé là-dedans, personne n’a le droit d’entrer, juste celui de sortir.


C’est ce que nous verrons ! Montrez-moi !

Presque au pas de course, précédé diligemment par le sous-directeur, Andreï prit l’ascenseur qui s’arrêta au dernier étage. Deux gardes armés leur barrèrent le passage.

Même pour vous, Mr Hopkins, ces portes sont bouclées.

J’en prends l’entière responsabilité, j’entre !

Ni le sous-directeur ni les gardes ne comprirent ce qui leur arriva. Ils s’écroulèrent endormis avant de dire ouf. Un alohomora suffit à ouvrir largement les portes.
Les personnes attablées, en pleine action, sursautèrent sous l’irruption. Noyé de sueurs, Ace leva vers Andreï des traits ravagés.


Qui… Comment osez-vous ?


J’ai tous les droits, Mr Rothstein ! Vous savez qui m’envoie. Mesdames, messieurs, cette partie est terminée.

Davenport-Lemercier s’outra. Ses cris efféminés emplirent la pièce tandis qu’un Mr Smith ivre réclamait des dommages pour vice de procédure par interruption inopportune. Les femmes commencèrent à en rajouter. Alors, à la stupéfaction générale, l’intrus sortit un bout de bois de sa poche. Des éclairs verts systématiques fusèrent, des corps s’effondrèrent. Ne restèrent que debout Andreï face à un directeur souillant son pantalon :

On ne joue pas impunément avec l’argent du Nid ! Les sommes perdues vont nous handicaper, en êtes-vous conscient ?

Je… J’ai… je voulais…

Trop tard ! Il te reste une chance, une seule !


La…Laquelle ? Je ferai tout ce que vous voudrez…


Un sourire narquois marqua le visage d’Andreï quand il formula sa requête. Il plia le papier dument rempli par la main fébrile de Rothstein et l’empocha, satisfait. Des revigors et un oubliette plus tard, il s’envola.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Drôles d'oiseaux!  Empty
MessageSujet: Re: Drôles d'oiseaux!    Drôles d'oiseaux!  EmptyJeu 21 Juil - 17:11

Marrant ce Davenport ! Il aurait quand même pu éviter de les appeler en catastrophe juste pour leur annoncer sa future paternité. Quand il était question de la santé de sa femme… rien d’autre ne comptait.
Les De Brent se réjouirent avec eux mais ne s’attardèrent pas.
De retour aux Bermudes, Alix put prendre soin de son époux si malmené lors de leur dernière mission. Blessé ou pas, son Michael méritait bien que l’on s’occupe de lui. Combien avait-elle dû être folle et droguée pour l’avoir fui en pensant qu’il lui voulait du mal. Elle ne regrettait pas son regain d’entrain depuis leurs retrouvailles et, même si les situations étaient dangereuses, ils les affrontaient ensemble. C’était le principal.

Peut-on se la couler douce avec 7 ou 11 gosses à la maison ? Bien sûr, les moyens de De Brent leur permettaient largement d’entretenir une armée complète de renfort. Néanmoins, les soucis multiples requerraient toujours l’attention des parents. Durant une dizaine de jour, le quota minimum des enfants occupa les lieux. Personne ne s’en plaignit. Tout semblait baigner malgré les disputes à régler, les devoirs à surveiller, l’intendance à gérer. Aussi, lorsqu’Andreï Sanders se pointa, Alix rigola en remarquant l’accueil chaleureux réservé par son époux. Une nouvelle mission s’offrait au couple. Banale, sans gros risque, elle pouvait s’avérer amusante.
Très emballé par cette perspective d’évasion de ses responsabilités parentales, Michael ne cacha pas son enthousiasme.


Las Vegas, c’est pas si mal que ça…


Vu ton air, je me doute que tu connais ce coin ?

Oui, j’y suis allé, il y a longtemps…

Connaissant son mari, Alix l’imagina très bien en train de faire des fêtes d’enfer tous les soirs en galante compagnie.

Je me débrouille pas mal avec les cartes mais ces gens sont des professionnels…

Comme si ça allait nous gêner ? J’ai été croupière un temps, n’oublie pas ! Un coup de pouce ici ou là passera inaperçu.

C’est de la triche…mais enfin, c’est pour une bonne cause. Ça nous fera des vacances !

En effet, ce fut très amusant que d’investir ces rôles de milliardaires désabusés.
Mazette, on sortit le grand jeu !


*On jurerait Justin et ses fastes !* rigola-t-elle intérieurement devant l’attitude de son époux pour qui rien n’était trop beau et… tape à l’œil.

N’empêche qu’Alix ne tenait pas à trop de gaudrioles de sa part.
Leur entrée au « El Grande » ne pouvait pas être plus remarquée. À peine sortie de la limousine, Alix attaqua, faussement furieuse :


Tu n’es qu’un porc décadent ! Combien de fois devrais-je encore supporter tes frasques ? Cette minable starlette avait un beau balcon, rien d’autre… Comment ça, j’exagère ? Je vais encore devoir renvoyer ma camériste. C’est la 5ème en deux mois, et c’est moi qui exagère ? Tu ne l’emporteras pas au paradis ! J’exige une compensation… Oui, là, tout de suite !

Belle bagarre verbale, de quoi se faire retourner plus d’un sur le passage de couple parfaitement assorti. À la réception, la comédie se poursuivit :

Smith, John Smith…et qu’on monte d’immédiat du champagne, des camélias rouges et un bracelet de brillants…le plus beau, bien entendu…le prix ?...Qui pense à ça ! Allez…

Un bracelet ? Tu aurais pu te fendre d’un collier, rapiat ! Au moins, tu te souviens de mes fleurs favorites, déjà ça !

La joute continua gaiement dans l’ascenseur mais, dès la porte refermée, ils s’enlacèrent en riant comme des fous. Ils ne reprirent leur sérieux que le temps de réceptionner les requêtes de John puis repartirent d’éclats joyeux et scellèrent leur réconciliation de fiction de façon très ludique.
Cependant, d’autres prestations les attendaient afin de remplir leur mission.
Alix, à fond dans son rôle, analysa chaque joueur avec qui ils furent confrontés. Elle n’y pouvait rien si elle disposait de ce « don » mémoriel. Mises élevées, gains énormes, quelques pertes obligées pour la crédibilité, alors ? La magie n’entra pas beaucoup en ligne de compte : ils étaient naturellement doués. Tout cela sans cesser de se lancer des piques au passage.

Ils se marrèrent vraiment et profitèrent à fond de leurs vacances. La question cruciale demeurait en suspend. Ace Rothstein mordrait-il à l’hameçon ?


Il va falloir l’épater encore plus, mon chéri. Ce soir, on met le paquet ! J’ai préparé cette potion… non pas une potion de chance. Nous pourrons voir au travers des cartes.

Michael l’utilisa-t-il ? Peu importe. Le résultat fut là : 400000 $ empoché.
Le directeur, en personne, se présenta enfin. D’emblée, Alix je jugea écoeurant. Qu’en avait-elle à cirer de la pommade sirupeuse qu’il leur passa. Quoiqu’il en soit, puisqu’il fallait garder la couverture, elle joua les hautaines blasées en lui accordant sa main à baiser.


*Blablabla, viens-en au fait, connard !*

Le doucereux était tombé dans le panneau. Il convia les Smith à une partie très privée. Qui seraient leurs partenaires ? Ils n’en avaient aucune idée sauf que ce serait la fine fleur, selon Rothstein.
Ce le fut, effectivement.


Permettez-moi de vous présenter ceux de vos adversaires de ce soir qui sont déjà arrivés ! Mohamed Al-Mansûr ; Miss Candice Holiday ; Jack Sullivan …nous attendons encore les deux derniers…

Si elle s’attendait à un couple, Alix fut déçue. Elle dut cependant prendre beaucoup sur elle-même pour conserver son sang-froid en découvrant la femme somptueuse qui se présenta :

*Sam ? Mais qu’est-ce qu’elle fait là ?*


Michael aussi était soufflé et, Mrs De Brent regretta un instant de ne pouvoir régler pour de bon son compte à son époux très, trop, intéressé par la divine apparition. Une perfide remarque lui échappa cependant en saluant l’arrivante :

Bonsoir Miss Cartwrigth. Cette tournure vous sied à ravir. Dommage que son créateur ne brille plus autant que par le passé…


Pourquoi sympathiser ? Après tout, il ne s’agissait que d’un rôle.
Le plus étonnant dans l’affaire était l’absence de Justin. Jamais il n’accepterait que Sam participe sans lui à une mission, surtout dans son état.
Comme la majorité présente, elle sursauta avec la venue du dernier joueur : Jean-Louis Lemercier.
Le pittoresque grand couturier y alla de ses curieuses manières :


Ouhou ! Quel beau monde ! Merci, Ace, tu me gâtes, ma choute. Qui aurons-nous l’honneur d’affronter ce soir ?

*Non, c’est impossible ! Quoique… *

En y réfléchissant… Pourquoi pas ? La couverture était surprenante mais très plausible.
Le plus gag fut que Michael n’y pensa même pas. Vu la tête tirée, il n’encadrait pas le personnage, ne se doutant absolument de rien.
Le début de la partie permit aux partenaires de se cerner mutuellement. Alix eut beaucoup de mal à se concentrer convenablement avec la prestation de Davenport. Disert, fanfaron, dragueur, rien ne manquait à son jeu. À croire qu’il prenait un malin plaisir à énerver Michael. Et cela fonctionnait à merveille. Quand Justin eut l’audace de lui baiser le bout des doigts, l’hilarité intérieure d’Alix fut à son comble. Elle s’en tira par un masque mitigé que Sam capta parfaitement.
Au bout de cinq tours, Rothstein n’en menait pas large. La pause fut acceptée avec soulagement par tous. Que le pseudo Lemercier la prenne à part ne l’étonna pas. Dès qu’ils purent causer loin des oreilles indiscrètes, elle ne résista pas. Lui flanquant une tape amicale autant qu’amusée sur la joue, elle rit :


Depuis quand tu joues les homos ?... bien sûr que je t’ai repéré immédiatement…Non, t’inquiète pas, tu t’en sors très bien, d’ailleurs Michael marche à fond… Ah ? Tu lui casserais bien la gueule, on est deux alors !... pourquoi on est là ? Devine ! Bien sûr que c’est un coup d’Andreï, qui d’autre ? Quel but poursuivez-vous, histoire de comparer nos objectifs ?

Ils correspondaient en tous points, une veine. La jeune femme désira tout connaître sur la tactique des Davenport. Aïe, ils n’en avaient aucune de précise. Manifestement, le directeur escomptait épater Sam qu’il convoitait outrageusement au grand dam de son époux. Ça, c’était voulu, programmé. Pour le reste…

On va s’arranger ensemble pour que Michael la lui souffle, ta femme ! Mais arrête de me reluquer ainsi ! Je sais que tu es à fond dans ton perso, mais il y a des limites !

Elle rigola, feignant d’apprécier les avances de Lemercier. Le rire éclatant de Mr Smith lui prouva qu’il avait enfin pigé qui était sous couverture. Son « bas-les-pattes » plus tard valait le détour ainsi qu’une pseudo empoignade entre "hommes", mais il fallait qu’elle lui cause. Un bref conciliabule s’échangea entre époux. Aux yeux de tous, ils se chamaillaient alors qu’ils tenaient conseil :


ESPÈCE DE MALOTRU ! Qu’est-ce que ça peut te foutre que je bavarde avec ce charmant, très charmant génie ?... (Murmurant tandis qu’il vociférait à son encontre)Faut que tu boives, fais mine d’être ivre, rafle le pot. Je t’y aiderai. JE FAIS CE QUE JE VEUX !... quel pot ? Mais Sam, voyons !

Bien sûr, Michael pigea au quart de tour. La partie reprit, déchaînée. Les mises atteignirent des sommets, l’ivresse de Mr Smith aussi… enfin pour les non initiés.
Quand il battit le carré d’as d’Ace, un silence de mort plana. L’enjeu était de taille : Angela.
Et d’emporter son trophée qui balança une baffe retentissante au perdant tandis qu’Alix rouspétait :


C’est pas avec un bracelet de pacotille que tu t’en sortiras cette fois, canaille !

Ace se dressa, vert de rage :

Je veux une revanche ! Demain !

Le gagnant chaloupant entraîna sa prise de guerre. Alix, faussement outragée, devint mielleuse. Elle se tourna, suave, vers un Lemercier aux aguets :

S’ils vont « déguster » pourquoi n’y goûterions pas nous aussi ?


Le coquin sembla ravi. Il l’empoigna par le bras en babillant mieux qu’une pie. Sans l’ascenseur, histoire de donner le change, Davenport devint franchement collant. Au risque de se prendre une baffe, il osa lui baiser le cou. L’air pâmée, elle susurra :

T’es un homme mort Justin si t’ôtes pas tes pattes de là.

Que de rires n’échangèrent-ils pas, plus tard, les quatre réunis ? Dans l’intimité de la suite des Smith chacun commenta son point de vue. Pas à dire la mission confiée par Andreï était comique sous bien des rapports.

Moi, ce qui m’a le plus déjantée, hormis la prestation de Justin, c’est la tête d’Ace. Il ne voit rien venir, l’idiot ! Demain, on le plume et les drôles d’oiseaux aussi !

Sciemment, elle tut les avances subies par Lemercier dans la cage d’ascenseur. Inutile de fâcher les meilleurs potes du monde. Si elle ne s’était contenue, elle aurait volontiers flanqué le seau à glace à la tête des complices de toujours… à la tête ou ailleurs, question d’ardeur…
Ils rigolaient encore, assez imbibés de champagne ( à part Sam) quand un événement se produisit, les prenant tous de court. D’un coup se matérialisa celui que l’on attendait le moins : Sanders.
À ses traits sérieux, un poil énervé, il leur annonça la couleur du changement de projets. Le but restait identique. Ils devaient tous jouer le « jeu », faire perdre des sommes astronomiques à Rothstein, il se chargerait du reste après les avoir occis ou… presque.


Si je pige le truc, tu vas débarquer et régler des comptes ? Nous, nous serons… dans les vapes ?

C’était exactement cela. Il raconta une histoire à dormir debout au sujet d’un retourneur de temps que confirma Justin.

*Il lui a donné le code de son coffre ? C’est plus que de l’amitié, ça !*


Beaucoup plus tard, restée seule (enfin) avec son époux, Alix lui confia ses états d’âmes. Lovée dans ses bras, elle commença par les reproches :

J’avais déjà perçu ton attirance pour Sam mais là, tu as fait fort, mon « ami »… jalouse ? Qu’espères-tu ? Que je te laisse mitonner la femme de ton meilleur pote ?... Ouais, c’est ça, plaide la juste cause ! Tout ce que tu gagneras c’est la haine de Justin… sans compter la mienne.

Il rigola à s’en étrangler, ajoutant, entre deux hoquets qu’elle ne semblait pas du tout insensible au charme du fripon Lemercier.

Oui, j’avoue que ses ouh et autres manières me font fondre, moi ! Sérieusement, Michael, j’émets des doutes sur Sanders… Non, je n’irai pas jusqu’à dire qu’il nous mène en bateau, mais… c’est le bonhomme le plus aléatoire que je connaisse. Souviens-toi de la façon dont il nous a floués en Angleterre ! Sam ne l’a pas largué pour rien… Ouais, Justin… mais il y autre chose qui va avec le caractère du mec en général : il n’est pas fiable. C’est facile pour lui de nous embobiner. Rien ne dit que ses « avada » seront factices ! Il a beau prôner être aux abois, devoir « obéir" au risque d’être découvert, je pressens autre chose… Quoi ? Si seulement je le savais. Il est sérieusement dans l’embarras cette fois mais faut-il le croire en tout ?... Oui, tu as sans doute raison, si Sam marche, nous devrions faire de même… on verra bien.

Ce qu’elle vit ensuite ressembla assez au septième ciel. Sacré Michael !

Le lendemain, les Smith restèrent fidèles à la tradition établie depuis leur entrée en scène. Déjeuner léger au lit, en se tirant la gueule devant le garçon d’étage ; passage à la piscine, chacun s’y boudant ; cadeaux somptueux du mari volage, contrition de l’épouse infidèle : on donna le change tout au long de la journée.
Le soir venu, le couple Smith semblait être redevenu en excellents termes. Michael se contenta d’un sourire complice avec sa conquête de la veille tandis qu’elle pinça la fesse de Lemercier avec un petit « ouh » amical. Samantha boudait un Rothstein aux petits soins pour ses beaux yeux tandis que les autres joueurs prenaient place.
Très vite, les mises frisèrent des sommes phénoménales. Pas de doute, Ace voulait éblouir et regagner les faveurs de la partenaire perdue. Lemercier sidéra l’assemblée avec une quinte flush à la dame. Michael l’avait « senti » venir et s’était couché à propos alors qu’Ace se croyait imbattable avec son full aux as. Il venait de perdre 1 million… On le laissa gentiment empocher plusieurs milliers de dollars à diverse reprises avant d’attaquer à nouveau. La chance était du côté de Michael. Par la potion absorbée, Alix vit son jeu aussitôt les deux cartes désirées reçues. Une quinte royale, Ace était foutu même avec son carré de rois. Mais il y crut jusqu’au bout et misa le tout pour le tout. Seuls en lice restaient Lemercier, Michael et Ace. Justin bluffait à mort avec sa paire d’as. La mort dans l’âme, Rothstein reconnut sa déveine et signa un chèque d’un montant astronomique.


Je vais me refaire, la partie est loin d’être finie, Smith !

On redémarra un tour. En sueur, Ace contempla son jeu. Alix le détailla :

*Un full d’entrée, il est vernis*

L’œil au sabot l’avertit des donnes suivantes. Cela s’annonçait mal. En changeant trois cartes, elle n’obtiendrait qu’un petit brelan de sept ; Michel deux paires de valets ; Justin une couleur…

Elle hésita à modifier l’ordre des donnes quand, brusquement, les portes s’ouvrirent sur un Andreï… fermé. Ace se dressa :


Qui… Comment osez-vous ?

J’ai tous les droits, Mr Rothstein ! Vous savez qui m’envoie. Mesdames, messieurs, cette partie est terminée.

On y alla chacun de ses commentaires. Alix beugla à la suite des autres :

Inadmissible ! C’est ça votre conception de privé, Ace ? J’ai un jeu du tonnerre !

Tous renchérirent sauf les adversaires malgré eux. Lemercier poussa des cris d’orfraies, Michael beugla un gentil laïus puis Andreï balaya l’assemblée d’éclairs verts... factices.
Mimant l’inconscience, Alix suivit tout. Acculé, Ace obtempéra aux injonctions de Sanders et lui fila la liste des autres « généreux » blanchisseurs.
Il prit la peine de réveiller les fidèles puis fila, sans plus d’explication. Ace paraissait ailleurs.
Justin, inquiet, releva Sam alors que son pote et Alix s’étreignaient.


C’est fini, dit-elle. Il a sa liste. Je pense que nous devrions feindre d’être désorientés, le directeur ne tardera pas à émerger. Il lui a envoyé un oubliette, mais sur quoi est la question.

Belle comédie. Tous feignirent d’être dans un état similaire aux autres. On voulut se séparer à l’amiable sauf qu’Ace avait toujours des vues sur Angelina. Elle ne dut son salut qu’à la présence d’esprit de son mari qui, à forces de ouh, étala ses cartes. Il emporta sa belle, fulminante, tandis que les autres adversaires empochaient les jetons restants.
S’ils voulurent continuer, ce serait sans eux. Les Smith saluèrent et regagnèrent leurs pénates.

Sitôt le seuil de leur suite franchi, un long très long baiser enflammé s’échangea entre époux.


On est sauf, soupira Alix. J’avais peut-être tort à propos d’Andreï. Il a suivi à la lettre ce qui était prévu… J’ai surveillé ses gestes, et alors ? C’est de bonne guerre, non ?

Restait à savoir la suite des événements.
Le matin, les Smith plièrent bagages dans une entente sulfureuse aux yeux d’autrui. Chacun reprochait à l’autre des tas de trucs mais, dans la limousine, Alix avoua :


J’aurais nettement préféré posséder cette liste nous-mêmes. Qu’en fera-t-il ?... tu veux vraiment savoir le fond de mes pensées ? Eh bien… non ! Je ne te le dirai pas… Pas avant de voir comment va agir ce drôle d’oiseau. J’espère sincèrement me tromper sur son compte… oui, j’ai peut-être trop fréquenté de roublards dans ma vie. Voldemort en fut un parfait maître de l’art… Bien sûr que non ! T’es pas pareil, idiot !

Bien des jours se passèrent sans nouvelles. Un bien, un mal ? De quoi gamberger, en tout cas.
La vie « normale » reprit son cours avec tous les petits soucis associés genre : faites pas-ci, faites pas-ça.


Kieran, ta sœur n’est pas du sucre, cesse de la mordre ! Lucas, surveille ton langage ! Tanit, arrête d’embêter Cécile. S’il te plait Sarah, Sherkan déteste qu’on lui monte dessus. Alex, par pitié, pose ces ciseaux ! Désirée, on se présente à table les mains propres ! Etc.

Qu’elle le veuille ou non, son rôle de mère attentionnée, additionné à celui de gestionnaire pesait à Alix.
Des Davenport pas de nouvelles non plus. Le dicton veut : pas de nouvelles, bonnes nouvelles, on s’en contenta… un temps. Souvent, Alix téléphona à sa sœur en Australie. Tout baignait là-bas,
On souhaitait les y voir prochainement pour le baptême du petit Damian. Tess et Max comptaient sur eux, ils n’y dérogeraient pas.

Les Bermudes sont magnifiques avec un climat idéal, sauf quand le vent change.
Ce jour-là, Alix avait mal au crâne. Tout l’énervait au plus haut point. Elle connaissait les signes avant-coureurs d’un orage, voire pire, depuis le temps.
Au moment où le ciel se plomba, magie aidant, les De Brent protégèrent la villa puis s’y planquèrent tandis que les éléments se déchaînaient dehors.
Depuis ses mésaventures helvètes, Alix craignait moins les tempêtes. N’empêche qu’elle ne les aimait pas pour autant. Son adorable époux la soulagea de tout en faisant régner la paix dans la maison puis s’isola avec elle dans leur chambre. Il avait sa façon bien à lui pour lui faire oublier les tourments. Elle ne pouvait nier être encore plus fougueuse en cas de tornade et répondit à ses suggestions avec ardeur. Être surpris en plein ébats n’est pas amusant, surtout quand il s’agit d’un patronus étranger. Le couple se couvrit à la hâte pour écouter le court message délivré par l’épervier. Après sa dilution, Michael râla beaucoup. Elle prit le parti d’en rire :


Il a l’art de casser l’ambiance, cet Andreï ! Que va-t-on faire ?... Non, désolée, je ne suis plus d’humeur, mon chéri. Je suis comme toi, cette offre sent le soufre à plein nez. Un traquenard ? Non… enfin, je ne crois pas. Attends, j’aimerais vérifier un truc.

Elle se leva et prit sa baguette. Sa panthère de chine apparut, écouta :

Va demander à Justin et Sam s’ils ont reçu les instructions de la nouvelle mission. Ne leur délivre ce message que s’ils ne sont pas trop « occupés ».


Quand le patronus s’évapora, elle se tourna vers Michael :

Au moins auront-ils plus de chance que nous ! Mais revenons à cette mission. Je déteste l’idée de partir sans toi pour l’Australie alors que tu irais à Pékin. Je parie que nos amis vont devoir aller l’un en Amérique, l’autre en Afrique. Oui, ça doit être son but : une action combinée… frapper ensemble les centres névralgiques. Lui se contentera d’attaquer son homologue. Penses-tu que nous devons le faire ?... ça pourrait marcher, oui.

Ils débattirent longuement les questions en prolongeant leur intimité jusqu’à ce que le patronus revienne. Apparemment, ça bardait chez les Davenport. Ils avaient reçus les mêmes instructions et se chamaillaient quant à leur exécution. Justin refusait carrément de laisser Sam seule dans la nature.

Il n’a pas tort… Si j’étais enceinte, tu refuserais sûrement que je parte sans toi… Non, je ne le suis pas. On a assez discuté de ce sujet, Michael… Si les Davenport n’en sont pas, le plan d’Andreï tombe à l’eau, je sais… On doit attendre mais je parie qu’ils accepteront, finalement. Tu connais les femmes !


La suite lui donna raison.
D’autres recommandations arrivèrent sous la même forme, en pleine nuit.
Tous devraient être au point prévu à une heure précise, trois jours plus tard.

Adieux, au revoir ? Alix détestait ça. Néanmoins, elle serra éperdument son époux au moment de faire briller le portoloin.


Bonne chance, mon amour. Je t’aime tant ! Je sais… je sais que toi aussi.


Bye les Bermudes, bonjour les kangourous !
En tenue de trappeur du bush local, Alix se retrouva en plein désert. Elle avait pourtant suivi les instructions à la lettre et ne s’attendait pas à débarquer dans un endroit aussi paumé. Personne en vue. Il était pourtant prévu que du matériel l’attendrait. À force de regarder les alentours, elle vit un panache de poussière venir vers elle. Un gros véhicule se distingua bientôt. Lorsqu’il freina à sa hauteur, elle tomba des nues en voyant qui en descendait…

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Drôles d'oiseaux!  Empty
MessageSujet: Re: Drôles d'oiseaux!    Drôles d'oiseaux!  EmptyMer 16 Nov - 12:17

Foyer, doux foyer ! Rien de plus vrai au monde. Il n’existe meilleur endroit que son chez soi, pour le commun des mortels et depuis un certain temps aussi pour Max. Finie la vie aventureuse à courir de droite à gauche, de Nord à Sud, en quête de nouveau horizons et émotions fortes. Il avait trouvé, enfin, sa raison d’être et la paix de son esprit. D’abord Tess et depuis trois mois, Adrian, son fils.

La vie s’écoulait tout aussi paisiblement que possible. Une propriété comme Manderley, devenue immense après l’annexion de Drovers, ne manquait pas d’être parfois une énorme source de préoccupations et ennuis divers mais bon an mal an, on parvenait à presque tout contrôler de façon satisfaisante. Depuis leur retour, après ce voyage hasardeux aux Bermudes où finalement Tess avait mis au monde leur premier enfant, Max avait repris les commandes de leur domaine avec cet entrain endiablé que les autres jugeaient, la plupart des fois, d’une dangereuse audace !
On pouvait dire ce qu’on voudrait de lui, Max, en plus de s’en ficher comme de sa première chemise, démontrait à satiété qu’il n’était non seulement un magnifique administrateur, que ses projets valaient de l’or et que son entêtement le mènerait bien plus loin qu’aux autres qui jouaient les bornés. Finie la journée de travail, il rentrait chez, oubliait la fatigue et devenait un mari empressé doublé d’un père exemplaire.

Cassandra McDermott, avait du mal à croire que son globe-trotter de beau fils ait mué en cet homme paisible et dévoué. Elle se doutait bien, qu’un jour ou l’autre, le besoin irrémédiable de bougeotte reprendrait ses droits. En tout ce temps, il ne s’était permis qu’un voyage éclair en Afrique pour le baptême de son filleul, Max, fils de son ami de toujours, Lev et sans doute un parcours rapide de ce campement auquel il semblait tant tenir. Tess rayonnait, on le devinait follement heureuse et comblée. La maternité lui seyait à merveille, assagissant son tempérament, la rendant plus douce, plus femme. Finies les éreintantes journées de travail qu’elle s’imposait jadis. Parfois, elle accompagnait son beau mari inspecter les alentours mais revenait rapidement à la maison pour s’occuper du petit Adrian, plus chéri que tout, la prunelle de ses yeux. Sachant sa Manderley bien aimée en de bonnes mains, elle s’adonnait tout simplement au plaisir d’avoir droit à son bout de paradis particulier. Bien entendu, tout le monde, Max inclus, se doutait bien qu’une fois que le bébé ne demanderait plus la constante présence de sa mère, celle-ci, reprendrait hardiment le poil de la bête et que rien ne la ferait rester à jouer la sage petite femme d’intérieur !

Un petit rhume de rien du tout avait tenu Adrian éveillé grande partie de la nuit, s’assoupissant d’à petits moments, le doux petit tyran réclamait de suite la présence de ses parents : Tess et Max s’étaient relayés pour le calmer, le promener, le bercer, c’est ainsi qu’au petit matin, après deux petites heures de sommeil inquiet, Max avait trouvé sa Tess, endormie dans le fauteuil à bascule en serrant contre elle, son petit trésor, endormi comme un ange. Avec des ruses de sioux, il avait pris le bébé à sa mère pour le mettre dans son berceau, après relevant Tess dans ses bras, l’avait menée au lit. Elle s’était à peine réveillée, réclamant presque en rêves, qu’il reste.

Je ne peux pas, ma chérie, mais toi, tu vas dormir quelques heures. J’avertis Potts de veiller sur le marmot. Je serai de retour le plus vite possible !

Un baiser plus tard, il la quitta pour aller prendre un café en vitesse, mettre sur avis Mrs. Potts, fidèle femme qui avait quitté son Angleterre natale pour venir s’occuper du petit Adrian, tout comme elle s’était occupée de Max, bien d’années auparavant.
Il eut droit à sa deuxième tasse de café à Drovers tout en discutant avec Gordon Struan sur le plan de la journée puis, une fois, les corvées réparties, il prit le chemin des enclos du Nord.
Au beau milieu de rien, entre vaches et moutons, la jeep fit des ratées et force fut d’aller voir de quoi il en allait. Capot ouvert, penché sur le moteur, Max appliquait toutes ses connaissances en mécanique quand une voix, quelque peu ironique, le fit se redresser vivement. Un homme, qu’il n’avait pas remarqué auparavant sur le chemin, se tenait à côté du véhicule, le jaugeant tranquillement. Le reconnaître lui prit un instant.

Andrei Sanders ! Mais que diables… ? Que fais tu ici ?...Au fait, tu sors d’où, toi ?

La première fois qu’il avait croisé ce singulier personnage, ils se trouvaient tous deux invités chez Justin Davenport, lors d’un somptueux bal masqué, à La Folie. Pas mal d’eau s’était écoulée depuis. Après avoir donné un coup de main pour le tirer d’un mauvais pas, Max ne l’avait ni revu ni su rien de lui. De quoi s’étonner en le trouvant en pleine campagne, à l’autre bout du monde.
Sans préambules, Sanders avoua avoir besoin de lui pour mener à bien une délicate mission. Ne comptant pas avec trop de temps, il n’en perdit pas en donnant de détails élaborés. Si Max ne savait pratiquement rien de lui, Andrei Sanders Orloff, par contre, semblait en savoir large sur sa vie, sans omettre le fait qu’il était le père de la fille d’Alix. Cette cavalière intromission à ses affaires privées faillit le fâcher pour de bon.

Et, qu’est ce que t’as à faire avec ça ? Tu donnes pas le genre de type qui fait des apparitions en pleine nature pour débiter des conneries…qu’est ce qu’il se passe ?

Court et concis, Sanders le mit au parfum d’une histoire qui le laissa sans mots pendant un court instant. Reprenant enfin l’usage de la parole, Max se passa la main sur le visage, s’enduisant en passant de cambouis, sans s’en gêner le moins du monde.

Laisse moi voir si je pige, tu t’es arrangé pour mêler ces idiots à une intrigue de haut vol. Ah bon ! Ce sont des agents magnifiques…si tu le dis. Bon ! Et maintenant tu veux que je file un coup de main pour remettre certaines pendules à l’heure …

Plus clair, l’eau de roche ! En deux temps trois mouvements, Max se vit plongé en pleine intrigue sans être trop sûr de vouloir le faire, même s’il communiait avec les hauts principes, guides de cette notable croisade. Il reçut des instructions à suivre au pied de la lettre. Le délai était ridiculement court mais tout était réglé comme papier à musique. Il ne lui restait qu’à oublier les enclos du Nord, déléguer ses devoirs et surtout inventer quelque chose de plausible pour expliquer une absence d’au moins deux jours sans que sa chérie ne pense qu’il avait quelque chose à lui cacher, ce qui pour les effets serait bien le cas. La dernière recommandation de Sanders avait justement été : Motus et bouche cousue ! À bon entendeur…

Retour en vitesse à La Grange, ce qui ne manqua pas de surprendre Tess. Plus encore quand en débitant un peu n’importe quoi sur une réunion urgente avec un client difficile à Sydney, il se servit d’un « Failamalle » enragé pour plier bagage, lui qui n’utilisait jamais la magie pour usage personnel.

C’est que là, je suis vraiment pressé. Ce type est un imbécile mais c’est important !!! Ne t’en fais pas, ma chérie…Oui, ben sûr que je me communiquerai avec toi. Non, je ne sais pas le numéro de l’hôtel et rappelle toi que ce sont des moldus…pas de patronus mystérieux voletant par là !

Tess fit la moue, on pouvait bien s’y attendre après cette brusque défection, basée sur motifs assez, pour ne pas dire trop flous. C’était la première fois que Max filait de la sorte, comme qui prend la poudre d’escampette. Il tint à aller voir Adrian qui dormait paisiblement et quittait sa chambre en douce quand sa femme le happa du col de la chemise. Acculé au mur, il subit, bravement, un interrogatoire approfondi, avec emploi de méthodes détournées qui lui ébranlèrent le bon sens sans pour autant réussir à lui tirer des aveux complets.

Mon amour, je ne dirai rien de plus…de ce que j’ai dit. Tu vas pas commencer à te faire des idées, quand même ? Je t’aime par dessus tout !

Devinant qu’elle préparait un nouvel assaut avec artillerie lourde, dans le but de le rendre tout simplement dingue, il s’arrangea le mieux possible pour calmer ses soupçons et avant que sa belle ne récidive son dangereux manège, il fila.
Qu’aurait il pu lui dire d’ailleurs, sans qu’elle pense à une subite folie. Qu’il avait suffi d’une apparition mystérieuse lui parlant d’une altruiste mission pour d’homme tranquille passer en mode vengeur anonyme ? Tess lui taperait dessus et il ne l’aurait que bien mérité. Qu’il se jetait à corps perdu dans une histoire bizarre pour aider Alix à s’en tirer convenablement ? Max ne voulait même pas y penser.
Suivant l’instruction de Sanders, il transplana dans un entrepôt solitaire du port de Melbourne. Un camion s’y trouvait comme dit. Avant de prendre la route, l’allemand inspecta soigneusement la cargaison. Ce qu’il découvrit le laissa assez soufflé. Armes, explosifs, équipement de communication ultra sophistiqué.
Magie aidant, ce qui n’était pas pour le rendre fou de joie, il se retrouva près du point de rencontre. Des coordonnées très précises le fixaient au milieu de rien et effectivement, en s’approchant, il la vit. Sapée en trappeur du bush, Alix offrait une image qui ne correspondait en rien à son exquise réalité. Il aurait pu en rire, mais tenant à sa peau, évita de le faire. En toute évidence, elle avait attendu n’importe qui, sauf lui. En le voyant descendre du camion, Alix n’avait pas du tout pu dissimuler sa surprise.

Le taxi de Madame est avancé !


Sans bouger de sa place, elle exigea des explications ponctuelles, semblant sur le point de se fâcher.

Sanders m’a assuré que c’est une affaire de vitale importance, que tu avais besoin d’un coup de main sûr donc me voilà, tout dévoué à la cause. Pas la peine de sauter de joie…James Bond devait s’occuper ailleurs, sans doute, restait que le bon vieux Max.

Sans attendre ce qu’elle trouverait à redire, il s’empara de son barda pour l’embarquer à bord.

Alors, on y va ? Pas envie de moisir ici ! On est dans les délais mais je ne sais pas encore où nous devons nous rendre, à toi de me le dire.

Là encore, elle n’en sembla pas trop convaincue, après tout la suspicion était de mise pour ces affaires délicates. Madame voulait être sûre qu’il s’agissait bien de lui et pas d’un imposteur ennemi sous Polynectar. La seule façon de la convaincre de sa bonne foi fut déployer son patronus. L’apparition du Milan Royal ayant l’effet escompté, elle accepta de monter dans le camion. Succinctement, les indications pour la suite furent délivrées.

Emmurés dans un lourd silence, ils virent passer les kilomètres. Au bout d’un long moment, Max n’y tient plus.

Tu penses faire la tête tout le temps ?


Il eut droit à un regard agacé.

Écoute, c’est pas moi qui ai cherché à me mêler de ça. Votre copain est venu me chercher. Pourquoi ? Qu’est ce que j’en sais, moi ? Demande-le-lui quand tu le verras !...Non, ta sœur n’en sait rien. Non, j’ai pas de secrets pour elle mais là, avoue que c’est un peu gros, je ne sais même pas ce qu’on va faire ! Sanders m’a assuré que tu me mettrais au parfum…donc, j’attends !

Sans remarquable entrain, Alix passa aux explications pertinentes. Le tout était d’une simplicité impossible. Arriver sans se faire remarquer, mettre les vigiles hors d’état de nuire, truffer les lieux d’explosifs, attendre le signal convenu, faire joliment sauter le tout et se défiler en douce, en espérant ne pas se faire canarder ce faisant. Selon Alix ce il s’agissait une opération globale, qui devait être menée à la seconde près en coïncidant avec les actions des autres postés un peu partout dans le vaste monde.

Rien que ça !? Pas à dire, vous être drôlement pris dans votre rôle de redresseurs de torts. Pourquoi ?...M’imaginais mal ton mari te laissant courir au fil du danger sans avoir un œil sur toi !...Ah ! Il est en Chine, bien pour lui…Davenport est de la partie ?...Tiens, il était pas mort, le mec ? Sais pas comment vous vous arrangez pour avoir des vies si embrouillées. La mienne ?...Suis un fermier australien, Alix, cela signifie trop de boulot comme pour encore avoir le temps de courir sauver la planète.

Elle rigola en douce, le connaissant très bien, cet aveu avait de quoi l’amuser. Le Max d’antan ne serait pas resté un mois de suite au même endroit ni aurait songé à une idéale vie de famille or là…

Leur point de destination se trouvait habilement dissimulé au milieu de ce rien désolé et ocre qu’était le désert central. Les coordonnées fournies par Sanders étaient exactes un savant déploiement de magie, de la part d’Alix, les rendit invisibles à l’œil des vigiles qu’ils ne voyaient pas mais devinaient aux aguets. Garé le camion, non loin des lieux, ils le quittèrent pour aller en prospection. Muni de jumelles de haute précision, Max passa en revue les alentours.

C’est plus surveillé que Fort Knox, ils ont sans aucun doute un dispositif de sécurité de pointe. Rayons laser et tout le toutim, à pas en douter. Tu as déjà une idée de comment on va entrer là ?

Elle en avait une et passa aux explications sans hésitation. Entre autres Andrei avait prévu un plan détaillé des lieux, donné une paire de détails intéressants quant aux tours de garde et autres questions d’intérêt général, comme l’emploi de la magie pour protéger encore mieux les lieux.

Génial, j’adore quand les sorciers se mêlent des affaires moldues !, ironisa Max qui détestait l’idée de jouer aux briseurs de sorts.

Au petit matin, après une nuit exténuante à déjouer sorts et dispositifs moldus haut de gamme, ils avaient fait ce qu’on attendait d’eux. De retour au camion, Alix consulta sa montre et alluma le dispositif qui déclencherait l’enfer à l’heure fixée.

Tu me surprendras toujours, belle sœur !

Elle lui décocha un regard insondable et un sourire énigmatique en appuyant sur le petit bouton rouge. Un clignotant passa au vert…
Le silence du désert fut brisé par l’énorme déflagration…

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

Drôles d'oiseaux!  Empty
MessageSujet: Re: Drôles d'oiseaux!    Drôles d'oiseaux!  Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Drôles d'oiseaux!
Page 1 sur 1
unbreakable vow :: Le Monde