AccueilAccueil  CalendrierCalendrier  FAQFAQ  RechercherRechercher  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  

Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

 

 Always...

Invité
Invité
Anonymous
Always... Empty
MessageSujet: Always...   Always... EmptyVen 17 Aoû - 20:30

Regret…
Voilà un joli mot dont, très longtemps, Miss Blackstorm avait méconnu le sens. Élevée dans une atmosphère glaciale, forcée d’ignorer les sentiments « normaux », Alix s’était habituée à être de marbre en toute circonstance.
Se joindre au Lord allait de soi pour la jeune femme qu’elle était à l’époque. Elle obéit aux ordres sans contestation ouverte puisque celui-dont-on-ne pouvait-prononcer-le- nom n’en tolérait aucune. La cruauté gratuite la décontenança rapidement mais, en digne descendante des Blackstorm voués, depuis des lustres corps et âme, au mage noir, elle fit mine de se soumettre complètement.
Et il y eut l’enlèvement d’un petit garçon… Cela aurait été une fille, c’était pareil pour elle. Qu’est-ce que les mioches sinon des miniatures humaines plutôt enclines à chialer à longueur de temps ? Le gamin n’avait rien d’extraordinaire à ses yeux, pour le Lord il en allait autrement. Via ce moyen de pression, il escomptait faire tomber dans ses rangs un rebelle qui aurait dû se rallier à sa cause depuis longtemps : Michael De Brent. Alix n’était pas loin de considérer la gent masculine aussi inintéressante que les enfants. Une très mauvaise expérience dans l’adolescence l’avait convaincue de la bestialité basique de ces êtres. Que le Lord lui impose de soumettre De Brent la gêna aux entournures. Pourquoi elle ? Beaucoup de Mangemortes se seraient fait plaisir avec ce gars-là alors qu’elle s’en fichait royalement. Plus tard, elle devait y repenser et comprendre que rien n’était jamais laissé au hasard par le Maître. Il l’avait crue capable de résister au charme fou dégagé par le jeune homme blond. Elle y parvint en effet très bien… un temps. Le faire flancher demanda ruse et patience, le coup de grâce : l’enlèvement du gosse. Là, Alix découvrit deux choses : la faiblesse de l’amour paternel et la tristesse de la séparation avec un être cher. Pour voir son fils à l’abri, De Brent se plia à tout. Du coup, Michael devint intéressant aux yeux d’Alix, une espèce rare à observer avec attention.
Ils travaillèrent en binôme mitigé dans la confiance. Néanmoins, leur duo fonctionna. S’il n’y avait pas eu un soir d’orage alors qu’ils fuyaient les Aurors après un coup d’éclat, rien n’aurait sans doute été pareil. Qu’en pouvait-elle si les orages violents la mettaient sur les nerfs au point de disjoncter complètement ? En la touchant, il n’avait voulu que la rassurer, elle avait réagi de façon démesurée, hystérique. Peur de la foudre jointe au dégoût des hommes, voilà un mélange explosif ! Michael résista au déchaînement de rage de façon aussi inédite que touchante. De sa vie, Alix n’avait été si entourée d’attentions. La glace se rompit permettant à un feu couvé d’atteindre l’incendie. Ce soir-là, une femme différente naquit.

Les premiers émois passés, Alix retrouva contrôle et esprit analytique. Elle en savait assez sur Michael De Brent pour ne pas tomber dans le panneau de la passion totale, irréfléchie. Ce gars collectionnait les conquêtes comme des trophées de chasse. Il avait beau lui faire croire qu’elle était unique, elle n’était pas dupe. S’il agissait comme tel, c’est qu’il visait un but.


*Toi, bel ange, tu joues un double-jeu !*

Lequel, restait une excellente question. Elle se devait de déterminer si un mouton blanc était rentré dans les rangs des noirs car, en étant responsable, les retombées seraient terribles en cas d’échec.
Malgré des échanges dont l’intensité aurait damné un Saint, Alix poursuivit une étude très approfondie du sujet. N’empêche que les propos qu’il tenait lui donnèrent beaucoup à penser.
Il lui en disait tant sur l’oreiller… Le doute germa quant aux intensions véritables du Lord.
Persuadée que Michael combattait le mal plus que n’y adhérait, elle parvint à faire en sorte que la marque imposée à De Brent soit factice. Ce fut son premier acte d’amour réel envers lui mais il n’en sut rien de suite.
Pourquoi jugea-t-il bon de tout mettre en œuvre pour qu’elle soit dégoûtée de lui ? Il provoqua des disputes, flirta ouvertement avec l’une ou l’autre, Alix tint le coup. Il voulait s’amuser ? Libre à lui. Cependant, la nuit où elle le surprit au lit avec une autre, elle encaissa mal l’affront. Il voulait sa liberté ? Il l’eut, sans éclat ni fracas :

Quand tu auras fini de t’amuser, remets tout en place, adieu !

Il ne revint pas ; pire : il disparut des tabloïdes. Le maître avait besoin de lui ailleurs, entendit-elle se dire par-là.
Une porte s’était fermée.
Ce qu’en pensait Alix, nul n’aurait pu le deviner.
De Brent l’avait marquée mieux que son maître. Il avait semé un doute que la jeune femme mit un point d’honneur à éclaircir. Le résultat de ses recherches personnelles acheva sa transformation.
Sa vie entière avait été bâtie sur le mensonge ! On allait payer ça !
Par des détours inimaginables, elle parvint à se faire intégrer dans l’Ordre du Phénix...

Convaincre de son revirement les forces du bien qu’elle avait combattues âprement ne s’avéra possible que par l’intermédiaire d’Albus Dumbledore, leur chef. Elle accepta d’avaler du véritasérum devant quelques membres sélectionnés et passa haut la main l’épreuve. Certains émirent pourtant des réserves, prétextant que cette maîtresse en potions avait peut-être truqué les choses. Qu’importe ! Elle savait ce qu’elle faisait et de quel côté elle penchait.
Pour mener à bien sa fonction d’agent double, Alix prit des risques, gagna souvent mais perdit aussi.
Elle avait calculé les tenants et aboutissants avant de signer sa dernière action d’éclat. Prévenants certains, de chaque côté, elle avait été l’instigatrice d’un affrontement sérieux. Certes, des gens « biens » avaient aussi été éliminés mais le bilan fut si lourd chez les Mangemorts qu’elle fut punie en relation. Sommée d’être plus pointue dans ses analyses, ON lui donna congé en la privant de vue pour une durée indéterminée.


*Dans le fond, c’est pas pire que d’être battue comme la fois d’avant…*

Tant qu’il lui resterait un souffle de vie, Alix s’emploierait à combattre.
En six mois, sa cécité avait permis à Alix de développer ses autres sens. Elle se garda bien d’en faire état à quiconque et, puisque tous la jugeaient inapte à l’action, elle se prit des « vacances »…
Fréquenter De Brent de près lui avait ouvert des horizons ignorés, et se balader parmi les Moldus ne la dérangeait plus.
Berlin… Il l’y avait emmenée une fois, mais quelle fois… un Noël, le seul entre eux. Avant, cette fête ne représentait rien pour Miss Blackstorm, juste une fantaisie d’un groupe chrétien. Depuis…
Là, on était en pleine canicule, sans aucun rapport avec le climat de cette époque mais Alix était devenue accro à certains souvenirs dont un cuisant : Lucas.
Par sa faute, ce mioche était privé de père. Il n’y était pour rien ce gamin qui avait tant crié après son papa, elle si.
Regret quand tu nous tiens…

Rituel de pardon ? Tous les mois Alix s’arrangeait pour faire parvenir un jouet au petit garçon. Elle truquait la signature, les expédiant des quatre coins du monde au nom du paternel exclu de son univers par sa faute à elle.
Qu’allait-elle envoyer cette fois ? Elle lui avait déjà offert un balai magique adapté, des peluches, un train électrique dont la locomotive rouge ressemblait à celle menant à Poudlard, et tant d’autres bricoles...
Elle quitta le Kaufhaus des Westens, plus connu sous le sigle KaDeWe où elle avait dépensé des sommes folles en compagnie de son amant, pour se rendre à l’animalerie la plus proche.
Pour avoir pu observer à distance le gamin, Alix le savait solitaire. Même entouré par l’affection de ses grands-parents, l’enfant riait peu.
Pensant le dérider en lui procurant un animal de compagnie idéal, Alix transplana jusqu’aux abords de la boutique visée.
Difficile de se repérer dans un endroit inconnu. Seule, elle n’y arriverait pas. Elle aborda la première personne frôlée :

Excusez-moi, pourriez-vous m’indiquer l’endroit où se trouvent les petits chiens ?

La brave femme comprit le problème de l’aveugle et l’y mena elle-même.
Une vendeuse était déjà occupée avec un client difficile. Au son de cette voix masculine, Alix tressaillit. Ses sens s’activèrent davantage créant en elle un tourbillon de sensations. L’eau de toilette qu’utilisait le client était unique, et pour cause : c’était elle qui l’avait créé pour lui. Alix n’était pas douée qu’en poisons, parfois elle « s’amusait » à capturer les essences représentant au mieux la personnalité des gens mais une seule personne avait bénéficié de ce talent : Michael.
Qu’il se tienne là, à moins d’un mètre d’elle, accéléra les battements de son cœur. Tout à la discussion avec la vendeuse, il ne l’avait pas encore remarquée, elle en était certaine.
Que faire ? Reculer ou s’avancer ?
Michael posait un tas de questions sur un chiot labrador sable. Elle faillit sourire, mais se détourna, attendant son tour. Mince ! Il requit soudain son avis. Elle se figea puis pivota lentement, impavide :


… mon choix serait identique au vôtre… Monsieur.

Pour la première fois, Alix regretta de ne plus voir clairement. Elle aurait vraiment aimé voir la tête tirée par Michael. Quelques secondes de silence s’écoulèrent, prouvant qu’il avait reçu un choc. Allait-il décamper ? Après tout, il devait savoir que le Lord le cherchait et pas spécialement pour le féliciter. Mais il resta en reprenant la discussion, comme si rien.

*Il a dû remarquer que je ne le voyais pas. Il escompte peut-être s’en sortir ainsi ? C’est le mieux pour lui…*

Elle le laissa débattre avec l’employée et se mit lentement à reculer avec l’espoir d’elle aussi, s’en tirer à bon compte… Raté. Michael conclut la transaction donnant des instructions précises quant à la livraison du cadeau puis fondit sur elle :

… Non ! Je ne sors pas, je n’ai pas encore fait mon choix.

Il prétendit qu’elle n’avait pas besoin d’animal et voulut la forcer vers la porte. Un employé zélé s’interposa :

Il y a un problème ? Ce monsieur vous ennuie, Madame ?

Aucun souci. Monsieur et moi sommes de vielles connaissances, n’est-ce pas Michael ? Nous avons juste un léger différend. Merci, jeune homme.

Affrontant son ex, elle murmura, glaciale :

Maintenant tu lâches mon bras ! Va-t’en ! … Non, je ne te suivais pas, pas du tout… Je suis là pour les mêmes raisons que toi, c’est du pur hasard. Au revoir, Michael.

Il n’insista pas. Elle put flairer chez lui une sorte de dépit, de rage et… d’autre chose qu’elle préféra ne pas analyser.
Lorsqu’elle fut certaine qu’il était sorti, elle s’intéressa à son futur achat. Michael venait de lui souffler l’idée d’un bébé chien, il ne serait pas dit qu’elle ne parviendrait pas, elle aussi, à illuminer les traits d’un petit garçon. Au domaine où il vivait, Lucas De Brent disposait de beaucoup de distractions, ses grands-parents le gâtaient outrancièrement. Le chiot le comblerait, à coup sûr, mais une autre sorte de cadeau devrait lui plaire aussi.
Elle déclina diverses propositions de bestioles et quitta la boutique.
Immédiatement, elle sut qu’il était dans le secteur. Elle joua celle qui n’avait rien remarqué et s’en fut prendre un taxi.
Comme à Londres, il existe à Berlin une auberge s’ouvrant sur un autre monde. Michael oserait-il l’y suivre en sachant que plusieurs sorciers pouvaient l’y reconnaître ?
Elle n’en douta pas quand, dans la librairie où elle venait d’entrer, une clochette magique annonça bientôt en allemand :


Bonjour cher futur client ! Nous avons tout pour vous satisfaire ici !

Elle était assise, feuilletant un album racontant les exploits de trois frères face à la Mort. Les illustrations animées couraient sous ses doigts lui permettant de deviner la qualité du récit. Lorsque Michael s’arrêta à deux mètres d’elle, elle leva son visage vers lui :

Aide-moi, veux-tu ? Je voudrais être certaine que ce livre convienne à Lucas.

Il s’assit près d’elle, bredouillant presque :

… oui, c’est pour ton fils ! Je lui dois bien ça… Tous les mois, ça t’étonne ?... Oui, je le vois, parfois, mais jamais directement, je…

Michael était fébrile, il voulait tout savoir. Il s’empara de sa main, la broyant presque :


Arrête, tu me fais mal !

Il s’excusa sans pour autant cesser son harcèlement. Elle le tenait.

… Si tu y tiens, je te montrerai ton fils comme moi je parviens à le voir. Il va sans dire qu’il y a une condition… Retrouve-moi demain en Angleterre. Les Malefoy donnent une réception. Tu y seras l’invité d’honneur, d’accord ?

Pour son gamin, le fier De Brent aurait vendu son âme au diable. Il le fit…

23 heures Manoir Malefoy

Les Malefoy avaient toujours réussi à tirer leur épingle du jeu. Si des soupçons pesaient sur eux et leur appartenance aux forces du mal, aucune preuve formelle ne les mettait en cause directe.
Alors que d’autres s’échinaient à se cacher, eux vivaient comme si de rien n’était.
Narcissa n’aimait pas Alix, et c’était réciproque. Pourtant, l’envoi d’une création particulière à l’épouse de Lucius aplanit bien des angles. Enchantée d’enfin posséder un parfum inédit qui la caractérisait pile poil, Mrs. Malefoy osa braver l’interdit et inviter la renégate temporaire chez elle.
Que Miss Blackstorm débarque en grands atours, flanquée d’un cavalier, aussi inattendu que séduisant, jeta le trouble parmi l’assemblée.
On se remit vite et un drôle de jeu commença.
Les uns complimentèrent Alix pour sa « capture », ce à quoi elle répondit :


Il est des arguments auxquels aucun homme ne résiste longtemps…

D’autres leur tournèrent le dos, elle s’en ficha.
Beaucoup de dames bourdonnèrent autour de Michael… l’habitude.
Ils s’étaient revus au manoir Blackstorm, une demi-heure à peine avant la réception, comme convenu à Berlin.
Elle l’avait deviné tendu, tel un félin acculé.


Il n’y a pas de piège. Tu devrais me connaître mieux. J’ai promis, je tiens. Viens.


Entraîné dans le labo secret d’Alix, Michael y connut divers bouleversements.
La surface d’une grande vasque emplie de liquide lui renvoya, après plusieurs manipulations de la maîtresse des lieux, des images incroyables, émouvantes.
Sans le voir, elle devina que des larmes coulaient :


Il dort, il est paisible. Ses cadeaux lui ont fait plaisir, regarde, il sourit avec le chiot dans un bras, mon livre dans l’autre… Oui, je vois ça… Non, rien d’autre, je sens les choses…


Les émotions passées, il la questionna âprement :

… Enfin, Michael ne joue pas l’idiot ! Tu te doutes de qui. Quant au pourquoi, disons que je ne suis pas fiable à certains yeux rouges. J’ai tenu ma promesse, à toi de tenir la tienne !

Et les voilà paradant parmi une vingtaine de mangemorts patentés.
Buffet somptueux, ambiance sereine, d’un banal effroyable. Volontairement, Alix évita de rester près de Michael. Il la troublait trop, or elle devait garder les idées claires pour mener à bien son petit jeu personnel. Ramener Michael dans le « bon » clan, lui vaudrait sans doute la promotion attendue. Elle misait là-dessus, consciente des dérapages éventuels.
Tout baigna jusqu’à ce qu’apparaisse une invitée de dernière heure. Alix sut immédiatement qui venait d’entrer avant même que cette femme n’ouvre la bouche. Panique ! Michael était trop loin d’elle pour l’avertir du danger. La haine transparut dans les propos d’Ariana De Brent qui lança aussitôt :


Cher frère, quel plaisir ! STUPEFIX !
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Always... Empty
MessageSujet: Re: Always...   Always... EmptyDim 19 Aoû - 21:32

Ange déchu pour d’uns. Perte irrémédiable pour quelques autres. Recrue de valeur mais digne de suspicion pour ceux qui l’avaient voulu dans leurs rangs. Certes Michael était un peu de tout cela mais ce que seulement trois personnes au monde savaient est qu’il avait un but parfaitement défini. Une mission dont l’aboutissement serait de vitale importance.

Pour beaucoup la vie de Michael De Brent n’était qu’une suite tragique de circonstances adverses. Naître au sein d’une famille vouée aux forces des ténèbres depuis aussi longtemps qu’on en avait mémoire, n’était certes pas pour rendre les choses faciles. Depuis sa plus tendre enfance Michael avait su qu’un jour il devrait rejoindre ces rangs…Pourtant, le moment venu, il avait décliné l’honneur à sa façon et failli y laisser la peau. Sans l’aide inconditionnelle de Bikita, son elfe et de Justin, son unique ami, il n’aurait jamais réussi à fuir…à 17 ans, il était devenu traître à son sang, vil renégat et triste exilé.

Du monde moldu, il n’avait qu’un léger aperçu et cela grâce à son amitié avec Justin Davenport. Se lancer à la découverte du monde moldu, dans un milieu très différent au sien en Angleterre avait de quoi effrayer n’importe qui mais pour Michael celui-ci fut un autre défi à vaincre. De nature débrouillarde, avec du caractère à revendre et un sens très affiné pour la survie, il parcourut l’Amérique du Nord de long en large, élargissant ses horizons, cumulant des connaissances qui devaient lui être très utiles plus tard. Après deux ans de ce qu’on pourrait tenir comme errance sans but, Michael se mit en contact avec le milieu sorcier local. Il n’eut pas trop de mal à se faire accepter, démontrant sciemment de quoi il était capable. C’est à la même époque que son chemin croisa celui de Dermott Carvey, à simple vue, un sorcier comme les autres mais dont le travail au sein d’une organisation très secrète dont le but était concilier deux mondes ignorant tout l’un de l’autre. But assez anodin, s’il en est, n’entraînant pas de gros risques. Le monde sorcier du continent américain étant bien plus placide et calme que celui anglais. Une nouvelle assez extraordinaire fit basculer cette position, elle provenait d’outre-mer. Le très puissant Lord Voldemort, que tous croyaient disparu à jamais, était de retour, et ses intentions, on peut s’en douter n’étaient pas les meilleures.

Convoqué par ses supérieurs, Michael eut droit à LA proposition.


Vous êtes l’homme qu’il nous faut, De Brent. Le fait que votre famille soit adhèrente fidèle de ce Lord ne rendra que plus crédible votre désir, un peu tardif, de rejoindre leurs rangs. Il y aura des suspicions, cela va de soi et le risque est énorme.

Énorme était peu dire. Si la mission, à long terme, avait du succès il sauverait le monde sorcier anglais et sans le monde sorcier en général, d’une débâcle sûre. Personne ne voulait penser à un fiasco et tous savaient, qu’à tout moment, Michael risquait sa vie.

Et il y avait Lucas. Son fils, la prunelle de ses yeux. Peu pouvaient s’imaginer Michael, connu plutôt comme joyeux luron, dans le rôle de bon père. Il l’était pourtant pour ce petit garçon d’un an et demi, fruit d’une affaire turbulente qui avait connu une fin amère. Son ex, une charmante écervelée, se tua dans un accident de la route, au retour d’une fête extravagante. À 25 ans, Michael s’était retrouvé père célibataire et face à une mission aux retombées incertaines. Mais la décision était prise.

Après 8 ans à ne donner que des nouvelles sporadiques donnant un aperçu très flou sur ses possibles activités, l’accueil de Maman fut assez mitigé. Encore plus en découvrant qu’elle était devenue grand-mère. Tancé sur tous les tons, Michael prit le sermon très philosophiquement. Lucas se chargea du reste. Adorable poupon blond, dont le sourire lumineux et l’éclat innocent des ses mirettes bleues firent irrémédiablement craquer la grand-mère réticente et le mari de celle-ci, l’auguste Lord John Cavendish, siégeant au Magenmagot et tenu pour homme intègre de fort caractère. Or face à Lucas, il fondit.

Supposer que Michael resterait tranquillement à se faire chouchouter par sa mère et jouer les papa-gâteau tenait du rêve. Ne donnant que des vagues explications sur ses intentions immédiates il quitta sa mère, son fils et toute idée de vie paisible. Qu’il rejoigne son ami Justin dans les rangs des Aurors apaisa, pour un temps, les esprits. Mais les pires craintes de sa mère se confirmèrent quand Michael commença à manifester certaines tendances dignes de blâme. Sans faire trop de mystère l’auror De Brent fréquentait, assidument, des endroits plutôt louches pour quelqu’un supposé de combattre le mal. Le seul qui savait le pourquoi de cette attitude équivoque était Justin Davenport, qui sans finir d’agréer l’idée, lui offrait, comme toujours son appui inconditionnel.

Si Justin l’avait accueilli comme un frère heureux de son retour. Sa sœur Ariana, elle, prit ce retour comme un affront final. Miss De Brent avait haï son frère cadet depuis qu’il était né et sa haine n’avait que grandi au cours de sa vie. Il avait été, aux yeux de ce père, qu’elle vénérait, l’Élu, son orgueil, son espoir. Demetrius De Brent avait misé tous ses triomphes sur ce cadet talentueux, le même qui l’avait déçu avec tout l’éclat possible, en le faisant la risée de tous. Malgré son véhément désir de laver définitivement cet opprobre il n’avait pu se résoudre à tuer le rebelle de ses mains. Ariana se serait très volontiers chargée de cette corvée mais avant d’avoir pu s’y prendre, Michael avait pris la clé des champs. Elle soupçonnait sa mère d’avoir trempé dans le complot, il avait toujours été son préféré, mais ne put avoir de preuve. Elle employa à fond tout son charme et fielleuse intelligence pour gagner des points auprès de son père mais n’y réussit qu’à moitié.

Il reviendra, s’entêtait Demetrius, il reviendra quand il aura compris.

Il mourut, à Azkaban, sans jamais savoir qu’était devenu ce fils qu’il avait, sans le dire, tant chéri. Peu après son aîné, Simon, fut tué dans une embuscade des Aurors. Ariana restait comme seule héritière de la fortune familiale et en jouissait largement. Qu’on tienne Michael comme disparu sans laisser de trace, l’accommodait. Sa mère avait épousé Lord Cavendish et laissé très clairement entendre n’avoir aucun besoin de la revoir. Bon débarras. Tout baignait dans le plus parfait des mondes quand soudain, le renégat de service fit une réapparition tout moins discrète…

Tout fut fait pour convaincre Michael de rallier la cause qu’il avait si bien reniée. Il joua les difficiles jusqu’au jour où sa sœur enleva Lucas. Sauver la vie de son fils était sa seule priorité. Il accepta la Marque et tout ce que cela entraînait. Ariana, bien entendu, était loin de croire à l’effectivité de cette subite allégeance et encore moins à sa totale loyauté.

Je t’aurai tôt ou tard, petit frère…je sais, je sens que tu mens…

Il s’était alors contenté d’un sourire arrogant et désabusé en l’envoyant au diable…

*Dire que t’as tout bon, vipère !*

L’amour n’entrait pas en cause ni dans ses plans si minutieusement structurés, pourtant, il vint s’en mêler, de façon assez surprenante. Femme mystérieuse et fascinante, Alix Blackstorm ne livrait pas ses secrets. Elle était « responsable » de lui jusqu’à ce qu’il ait fait ses preuves définitives. Stricte, froide et lointaine la miss entendait être obéie au doigt et à l’œil. Michael n’était pas précisément docile. Comment leur sulfureuse entente se transforma en amour fou ? Impossible de comprendre pour la plupart, en commençant par eux-mêmes. Mais le fait demeurait. Pour ses nouveaux collègues ce lien passionné ne faisait que l’attacher plus à la Cause. Pour sa mère et même pour Justin, indéfectible jusque là, ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Pour eux, il avait définitivement changé de camp, il devenait un autre ennemi à combattre.

Quatre ans déjà. Parsemés de victoires et aussi de défaites. La plus cuisante : avoir perdu Lucas. Sa mère avait réclamé la tutelle absolue de son petit-fils, alléguant qu’un Auror renégat, devenu Mangemort ne pouvait être d’aucune bonne influence pour un enfant. Il s’était vu formellement interdire d’approcher son fils ou tant soit essayer de le voir. Et puis le Maître avait décidé de l’envoyer à l’étranger avec la mission de rallier le plus grand nombre possible de partisans à leur Cause.

Berlin. Encore une fois. Il y revenait souvent, repasser les souvenirs de ces quelques jours partagés là avec Alix. Ces jours parfaits qu’il comptait parmi les plus heureux de sa vie alors qu’il avait failli céder à la tentation de rêver à un futur avec elle…la réalité s’était chargée de le ramener à d’autres considérations. Mettre une fin à leur torride affaire, lui avait brisé le cœur mais était nécessaire pour ne pas impliquer Alix dans les possibles retombées si jamais on venait à découvrir sa véritable implication.


La mission du Maître risquait d’être une beau fiasco. Il s’en était chargé, ce qui bien entendu ne lui faisait pas gagner des points. Pendant un long temps, il demeura à l’ombre. Patient.

Michael foudroya la vendeuse d’un regard hargneux, qui resta sans grand effet. Elle continua à discuter sur les pour et les contres d’un chien comme celui là pour un petit garçon. Selon elle, il ferait mieux d’attendre une paire d’années, etc…

Moi, je trouve que c’est le compagnon parfait pour mon fils, s’entêta t’il, agacé avant de se retourner pour demander son avis à n’importe qui d’autre, vous, Madame…dites moi ce que vous en pensez ?

La dame en question lui tournait le dos mais lui fit lentement face, le laissant cloué sur place de la surprise. Alix Blackstorm.

Mon choix serait identique au vôtre… Monsieur.

Toi…, parvint il à balbutier avant qu’un détail ne le frappe. Elle levait son regard vers lui mais la fixité de celui ci le convainquit qu’elle ne le voyait pas. Ces merveilleux yeux bleus de nuit étaient aveugles.

Les idées en débandade, mille questions se pressant aux lèvres, Michael était parfaitement décontenancé mais se reprit à la comme on peut et finit sa discussion avec la vendeuse, sans pour autant quitter Alix du coin de l’œil. Finie la transaction, il la devina prête à filer.


Tu t’en vas, déjà ?

Non ! Je ne sors pas, je n’ai pas encore fait mon choix, répliqua t’elle, guindée.

Ton choix ? Ne me dis pas que tu as besoin d’un chien ou un chat, maintenant ? Tu n’es pas du genre à en avoir, d’ailleurs !

Il la prit résolument du bras. Ne manqua pas l’abruti qui s’interposa, zélé. Alix fit le point mais ce ne fut pas pour autant qu’elle se décida à le suivre.

Maintenant tu lâches mon bras ! Va-t’en !

Je ne veux pas m’en aller. Au fait, qu’est ce que tu fais ici ? Tu dois me suivre, maintenant ?

Non, je ne te suivais pas, pas du tout… Je suis là pour les mêmes raisons que toi, c’est du pur hasard. Au revoir, Michael.

Il aurait pu insister mais ne le fit pas. le ton glacial de son ex ne laissait lieu à ses arguments, bien pauvres, faut il dire. Il la suivit du regard avec la folle envie de lui courir après, de lui avouer tout…de lui dire ce qui le taraudait depuis leur dernière rencontre. Faisant demi tour, il quitta le magasin, le cœur en miettes et en trouva rien de mieux à faire que se poster aux alentours, pour guetter la sortie d’Alix…Elle ne tarda pas mais avant qu’il ne songe à l’approcher, la belle s’était embarquée dans un taxi. Il eut juste le temps d’entendre sa destination…Nikolaiviertel et il savait très bien que trouver là…

Depuis quelque temps, il évitait soigneusement le monde sorcier, où que ce soit. Peu satisfait des minables résultats de sa mission, le Lord avait ordonné qu’on le ramène…de gré ou de force. N’ayant aucune envie de se laisser tailler en pièces, il attendait que l’affaire se tasse. Le quartier sorcier de Berlin n’était pas trop différent de celui de Londres, sauf que là, tout le monde vaquait à ses affaires, tranquillement, dans une ambiance bon enfant, insouciante. Ce n’était sans doute pas cela qui éviterait qu’il y ait des espions…mais enfin, encore un risque à courir.

Il la trouva dans la librairie, assise dans un canapé, parcourant de ses doigts un album aux images animées. Pendant un instant il resta là, la contemplant à s’en emplir les yeux jusqu’à ce qu’elle lève la tête en sa direction.


Aide-moi, veux-tu ? Je voudrais être certaine que ce livre convienne à Lucas.

Il savait les aveugles dotés d’un sixième sens, celui d’Alix semblait en extrême aiguisé pour deviner sa présence sans qu’il eut ouvert la bouche. Il se laissa pratiquement choir à ses côtés, pour une fois, assez dépassé.

Tu parles de…Lucas ? De mon fils ? Tu…lui achètes des cadeaux ? Pourquoi ?…Depuis quand !?

Elle n’en fit aucun mystère.

Oui, c’est pour ton fils ! Je lui dois bien ça…

Depuis quand !?

Tous les mois, ça t’étonne ?... Oui, je le vois, parfois, mais jamais directement, je…

Si ça m'étonne? Bien sûr que oui! Tu vois Lucas ? Comment ?...Comment va-t-il ? Il a dû drôlement grandir…Cela fait quatre ans que je ne l’ai pas vu…on ne me laisse pas l’approcher, tu sais…

D’un geste quasi inconscient, il avait pris sa main, la serrant sans doute trop fort car elle protesta.

Arrête, tu me fais mal !


Désolé…je ne voulais pas, mais ne la lâcha pas pour autant, comprends…je dois savoir…c’est mon gamin…comment va-t-il ? est il heureux ?...Il se souvient encore de moi ? Alix…dis moi, par pitié…

Elle eut un de ces sourires mystérieux en fermant soigneusement le livre avant de dire, de sa voix feutrée qui lui faisait encore plus d’effet que voulu.

Si tu y tiens, je te montrerai ton fils comme moi je parviens à le voir. Il va sans dire qu’il y a une condition…

Le contraire l’aurait étonné.

Laquelle ?

Retrouve-moi demain en Angleterre. Les Malefoy donnent une réception. Tu y seras l’invité d’honneur, d’accord ?

C’était donc cela. Un piège, encore un. Après tout Alix Blackstorm était une fervente adepte du Lord, rien d’étonnant qu’elle saute sur l’opportunité de se faire valoir aux yeux du Maître, d’autant qu’elle semblait avoir besoin d’être dans ses bonnes grâces. Il se doutait bien que cette cécité n’était pas le résultat de quelque maladie, cela ressemblait bien plus à une punition.

C’est bon, tu m'as eu…je ferais ce que tu voudras mais n’essaye pas de me jouer un autre mauvais tour !

Le rendez vous resta fixé pour le lendemain, à 22 :30, au manoir Blackstorm. Abattu, il regagna ses quartiers, à l’Adlon.

Demain, tu y passes, mon pote…fichue garce…si au moins je pouvais la détester pour cela…

Son appel sembla surprendre Justin. Il était à l’autre bout du monde, mettant de la distance entre lui, un mauvais divorce et autres amertumes, entre lesquelles se comptait sans doute le fait d’avoir un ami comme lui.

Et qui veux tu que j’appelle ? Ma mère ? Non, je n’ai pas trop donné de mes nouvelles…à quoi bon ! Non, je ne suis pas amer…suis fatigué, c’est tout. C’est toi qui es de mauvais poil…Désolé, ai pas fait gaffe au décalage horaire…c’est quand même 9 :00 du mat dans ton bled…tu fais la fête ?...Non, pas le temps pour ça ici…Demain, je retourne en Angleterre…disons que j’ai des comptes à solder…Non, n’y va pas…j’ai besoin de toi d’une pièce…Lucas a besoin au moins d’un parrain…Sois pas con, Davenport…t’es pas immortel…non, moi non plus…justement pour ça…J’y vais de mon plein gré, si c’est ce que tu veux savoir…Elle ? Non, Alix n’a rien à voir avec cela, fous lui la paix…Non. Je ne peux pas jouer indéfiniment à cache cache avec eux…fais partie du clan, non ?...Donc…Insiste pas, Justin…vais planter le tout pour fuir et me cacher le reste de ma vie, comme un lâche…T’en fais pas, mon pote, suis coriace…on se voit…

Justin hurlait à l’autre bout du fil. Il raccrocha en luttant pour ne pas flancher pour de bon.

Alix l’attendait, sûre de sa prise.

Il n’y a pas de piège. Tu devrais me connaître mieux. J’ai promis, je tiens. Viens.

*Pas de piège ? C’est pour après !*


Elle le mena jusqu’à son laboratoire où il suivit, en silence les diverses manipulations faites sur une grande vasque emplie de liquide. Michael connaissait bien les aptitudes de son ex en magie noire mais là, il s’avoua soufflé quand une image d’une netteté inimaginable apparut sur la surface lisse.

Il avait grandi, son petit garçon. La dernière fois qu’il l’avait vu, il était à peine un peu plus qu’un beau bébé joufflu et rieur qui s’était accroché à lui en répétant : Papa, à lui en briser l’âme…À présent, il regardait un garçonnet de cinq ans, endormi. Placide comme un ange…qui avait sans doute oublié qui il était.

*Mieux ainsi !*

Mais il ne pouvait pas éviter les larmes qui lui nouaient la gorge.

Il dort, il est paisible. Ses cadeaux lui ont fait plaisir, regarde, il sourit avec le chiot dans un bras, mon livre dans l’autre…

Tu vois tout ça ?

Pas la peine demander comment, il s’en doutait.

Et…pour le reste , tu vois… ?


Non, rien d’autre, je sens les choses…

Ah !...Intéressant ! Enfin…puisqu’on en est là…dis moi plutôt à quoi m’attendre ! Parce que je suppose que ce soir, on met le grappin dessus et on règle mon compte. C’est cela que tu voulais ?...Tu aurais pu t’y prendre plus discrètement ! mais…tu voulais de l’éclat, c’est cela ?

Enfin, Michael ne joue pas l’idiot ! Tu te doutes de qui. Quant au pourquoi, disons que je ne suis pas fiable à certains yeux rouges. J’ai tenu ma promesse, à toi de tenir la tienne !

Ok…je ne savais pas que tu étais tombée en disgrâce…alors si ça aide !, maugréa t’il.

Elle fit semblant de ne rien avoir entendu.

Accueil mitigé ? Rien de semblable. Si quelqu’un songeait l’envoyer frire en enfer, ce serait pour après les politesses de rigueur et dégustation du buffet. Quelques commentaires fielleux, d’autres sonnant presque à une bienvenue. En souriant, comme si rien au monde ne le ravissait plus qu’être entre ses frères d’armes. Il était parvenu à presque se détendre et cherchait Alix du regard quand la paix apparente fut rompue :

Cher frère, quel plaisir ! STUPEFIX !


Son rire de folle le suivit dans sa chute fracassante, c’est le moindre à dire…il ruina partie du buffet en y tombant en plein. Déjà assez minable se faire piéger comme un débutant comme pour en plus finir avec des langoustines dessus. Il en aurait presque ri, en d’autres circonstances. La suite fut assez confuse. Un Enervatum fusa, il reconnut la voix d’Alix et recouvra le mouvement, se redressant pour faire face à son harpie de sœur.

Bonsoir, Ariana…toujours aussi désagréable !

Elle levait déjà sa baguette et lui la sienne, pour s’affronter mais Mrs. Malefoy crut bon s’interposer, en colère de voir sa soirée en péril à cause de ces deux là.

Ce n’est le lieux ni le moment de régler vos différends. Il est vrai que tu ne manques pas d’audace, De Brent, pour te présenter ainsi mais c’est à notre Maître de décider quelle sera ta punition. Et toi, Ariana, tu ferais bien de calmer tes élans…celle-ci est une réception pas une taverne de troisième ordre.

Ce traitre ne mérite que la mort !!!

J’ai dit que c’était au Maître de décider cela !

Pas de discussion qui tienne. Une minute plus tard, joliment entravé, Michael fut emmené hors de la vue des invités. Il était là, à se morfondre en solitaire, ligoté comme un saucisson quand un silence des conversations l’avertit de l’arrivée de celui qu’il se serait bien passé de revoir. Il ne restait qu’à attendre. Il en aurait pour son compte avant la fin de la soirée. Cela ne tarda guère.

Il était là, reptilien et hideux, comme toujours, sa voix résonnant sous les voûtes, sibylline dans sa grandiloquence. Comme d’habitude, il tiendrait son public hypnotisé, comme des rats prêts à se laisser gober par le serpent. On avait déjà dû le mettre au courant de son « glorieux » retour, car à peine on le traîna face à lui, il résuma les faits :

Tu as failli à ta mission, tu connais la punition pour cela !

L’homme avait le don du discours ponctuel. Tous s’attendaient sans doute à le voir réduit en cendres en moins d’un clin d’œil mais les temps étaient durs et sans doute se passer d’une bonne recrue était trop de sacrifice. Néanmoins, cela n’épargnerait pas la correction. Se tournant vers Alix, la Maître conclut, en toute simplicité :

Tu as prouvé ta loyauté, à toi l’honneur !

Il la vit se crisper mais la jeune femme affichait un semblant parfaitement uni en se tournant vers lui.

Je suis prêt !, marmonna t’il.

Mais ignorant ses mots, elle avança…pour l’embrasser. Michael s’était attendu à tout sauf à ce baiser et encore moins à la pilule qu’elle fit glisser entre ses lèvres lors de ce bref échange. Devinant de ce qu’il s’agissait, il l’avala…

Le Doloris l’atteignit en plein, le faisant tomber à genoux, lui coupant le souffle. La douleur s’insinua dans son corps comme une lame brûlante. Elle n’y allait pas de main morte voulant sans doute se montrer convaincante. Combien de temps dura cette session de torture ? Il n’en sut rien…À moment donné, la miséricordieuse inconscience l’emporta…
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Always... Empty
MessageSujet: Re: Always...   Always... EmptyLun 20 Aoû - 20:24

La solitude était une vieille habitude. Alix n’en avait jamais souffert sauf quand elle dut se séparer du seul homme de sa vie.
Elle aurait pu lui en vouloir à mort de l’avoir humiliée mais non. Qu’attendre d’autre de la part d’un volage ? Parfois, oui, elle devait reconnaître qu’une sorte de courant était passé entre eux. Surpassant l’attraction charnelle, bien qu’elle n’arrivât pas à définir de quoi il s’agissait, autre chose existait. Jusque-là, l’unique intérêt réel de la vie de Miss Blackstorm, outre sa passion des plantes vénéneuses - était la résolution des énigmes. Avec Michael De Brent, elle avait été servie. Ça s’était terminé sans qu’elle trouve de solution, tant pis. Elle n’était absolument pas du genre à pleurer sur un oreiller abandonné. Pourquoi ne lui avait-il pas simplement dit qu’il ne voulait plus d’elle ? Elle aurait dit amen et tourné la page. Encore une question sans réponse, bah...
Prendre « soin » à distance du fils de son ex était aussi assez étrange de la part d’Alix. Heureusement le bref rapt n’avait pas laissé de séquelles au gamin, elle y avait veillé grâce à une potion d’oubli très efficace, administrée avant de renvoyer Lucas chez ses grands-parents. Un psychomage aurait peut-être traduit, à tort ou à raison, l’attitude de Miss Blackstorm par un sentiment de culpabilité mêlé d'un besoin de garder une espèce de contact avec le père. Si elle l’avait voulu, Alix aurait elle-même tiré les conclusions qui s’imposaient mais elle refusa de s’y attarder, à quoi bon ?

Le hasard avait frappé, obligeant les ex-amants à se croiser à nouveau. Elle y « vit » un signe du destin.
Sans s’attarder au pourquoi de sa présence justement à Berlin alors qu’elle y revenait poussée par une certaine nostalgie, Alix ne put s’empêcher de calculer le profit éventuel de cette rencontre.
L’appât fonctionna.
Lors de la séance promise de « vision » à distance, elle parut rester de marbre alors que, sincèrement, elle s’était émue de la détresse de De Brent.


*Pas à dire, il t’a changée !*

Qu’importe ses questions quant à son état actuel ! Son soi-disant intérêt pour elle n’était dû qu’à l’émotion d’avoir pu regarder son fils, elle l’aurait parié.

Comme prévu, leur arrivée chez les Malefoy déclencha plusieurs réactions. Le charme de Michael vainquit les femelles, la prestance d’Alix celle des mâles dont elle n’avait que faire.
L’inattendu frappa avec l’arrivée d’Ariana, la sœur de Michael, celle qui, pour d’obscures raisons familiales, désirait régler son compte à De Brent. Il lui avait parlé des troubles de cette aînée. Alix n’avait pas tout saisi sauf qu’Ariana était d’une jalousie à faire frémir et ne négligerait pas les efforts pour parvenir à ses fins : accaparer ce que Michael possédait. Pour la fortune et l’amour filial, Miss De Brent ne reculerait devant aucune bassesse.
Cela ne rata pas, d’entrée de jeu, elle expédia traîtreusement son frère s’écraser au milieu du buffet dressé. Narcissa n’apprécia pas du tout cette intervention musclée. Aussi vite qu’elle le put, Alix lança un Enervatum à Michael, le libérant du sort de stupéfixion. Il était prêt à en découdre, apparemment.


Bonsoir, Ariana…toujours aussi désagréable !

*Michael, tais-toi !*

Narcissa en rajouta, engueulant proprement Ariana. Alix, impassible, assista à la capture de celui qu’elle avait livré à la gueule du loup.

*Ça n’aurait pas dû se passer ainsi !*

Naïvement, peut-être, elle avait escompté réintroduire Michael dans les rangs, reprendre du galon et récupérer ses yeux sans lesquels elle n’était utile à aucun camp.
Dès que Michael fut emmené au sous-sol, les discussions allèrent bon train entre les invités. Ariana n’hésita pas une seconde à relever la manche de sa toilette de soie grenat, faisant apparaître l’horrible marque du maître sur laquelle elle enfonça sa baguette.


IL va venir. IL va régler ça ! cracha-t-elle non sans darder Alix d’un regard haineux.

Pas besoin d’avoir les prunelles intactes pour se douter qui Miss De Brent visait. Facile de jouer les ingénues qui ne remarquent rien. Alix sourit avec compassion feinte :

Le maître est juste ! *Tu parles !*


En attendant l’arrivée du Lord, on s’occupa comme si de rien n’était en discussion oiseuse et dégustation de ce qui avait pu être sauvé du banquet ruiné.

*Encore plus de boulot pour les elfes de maison…*

Encore un changement dû à Michael : le statut des elfes. Toute « bonne » maison se devait d’en posséder au moins un, voire mieux : une flopée. Alix avait hérité d’un certain Lormar avec le manoir de famille. Elle l’aurait immédiatement balancé s’il n’avait osé s’accrocher à sa jupe en lui jurant fidélité, des larmes dans ses gros yeux. La liberté l’effrayait, il se disait dévoué entièrement à sa nouvelle maîtresse et le lui prouva maintes fois. Si elle s’en ficha au début, elle fut sidérée de l’attitude de Michael envers ce serviteur lorsqu’il passait la nuit chez elle. Respect et complicité naquirent alors entre maîtresse et serviteur. Alix n’était pas loin de considérer Lormar comme un ami à présent, et devoir imaginer le surcroit de boulot des esclaves Malefoy lui donnait la nausée.
Mais là, il était motif plus urgent que ces réflexions. Dans la cave, Michael devait se demander à quelle sauce il serait mangé. Alix réfléchit comme jamais.


*Cette ordure voudra le punir ! Il le mérite mais… Je ne supporterai pas ça ! Pas ça ! *

Un plan s’arrêta sous son épais chignon brun. Quand l’atmosphère se fit glaciale, signant l’entrée du Mal dans l’enceinte du manoir, elle était prête.
Tous les présents tombèrent dans une profonde révérence sitôt le Lord parmi eux. Narcissa, baisemain effectué, s’empressa de décliner l’honneur fait à sa demeure mais Ariana, à genoux, implora :


Maître, j’ai osé requérir votre présence afin de punir mon frère qui a eu l’outrecuidance de se montrer ici, amené par cette femme !

Alix se sentit désignée du doigt et plongea à genoux aussi :

Maître, j’ai retrouvé Michael de Brent. Il a compris avoir encouru votre courroux et s’en repend, croyez-moi. Il sera fidèle désormais.

Tu essayes de le couvrir, avoue !

Non, mon maître. Si c’était le cas, De Brent ne serait pas là. Il m’a trahie autant qu’il s’est mal conduit envers vous. S’il doit souffrir, je veux voir ça !

Le Lord sourit-il ? En tout cas, il déclara de sa voix étrangement nasillarde :

Tu verras ! Nous verrons tous ! Allons donc taquiner cette soi-disant recrue !

L’instant d’après, ils étaient dans le sous-sol. Attaché solidement à même le sol, Michael attendait son sort.
Alix cligna vivement des yeux, le miracle s’était accompli : elle voyait.
Michael… Un peu plus maigre, les cheveux plus longs, un soupçon de barbe au menton, il était beau son Apollon. Pourquoi cette douleur dans la poitrine à cette vue ?


*Sois forte. Il s’est fichu de toi !*

Elle domina sa respiration, souhaitant que les graines semées dans l’esprit tortueux du Lord atteignent leur but. Discrètement, sa main plongea dans son sac et remonta jusqu’à sa bouche.
Le réticule d’Alix était insondable. Il recelait bien des malices. Si son plan fonctionnait…


Le Lord nargua sa proie :

Tu as failli à ta mission, tu connais la punition pour cela !

Puis, Béni soit Merlin, il tourna sa face plate vers elle :

Tu as prouvé ta loyauté, à toi l’honneur !

Merci infiniment, Maître, dit-elle dans une autre génuflexion avant de s’avancer crâneuse vers sa future victime à qui elle murmura de façon assez audible pour tous :

Tu vas me le payer !

L’embrasser à pleine bouche devant tous, et alors ? Nul n’y verrait rien d’autre que le geste d’une amante déçue et revancharde. La pilule s’échangea.
Deux secondes plus tard, un endoloris très volontaire jaillit, tordant sa victime dans d’atroces souffrances.


Sectumsempra ! Chauve-furie ! Levicorpus !

Elle lui en fit voir des vertes et pas mûres. Même Ariana sembla ravie de tout ce que subissait son frangin qui glissait doucement dans l’inconscient.
Résolue, Alix se tourna vers son « maître » :


Je j’achève si vous le désirez, mon maître. Mort, il ne servira hélas plus à rien. Que…

Crève-le ! Fais-le ! s’excita Ariana.

Il suffit ! déclara Voldy en levant la main. Qu’il soit opérationnel demain !

Elles restèrent ensemble au chevet d’un Michael très amoché tandis que l’assemblée désertait.
Roulant des yeux déments, Ariana leva sa baguette et se prit la baffe de sa vie :


NE LE TOUCHE PAS ! Le Lord ne veut pas sa mort. Je vais le retaper. Tu assouviras tes pulsions une autre fois ! LORMAR !!!

Un elfe c’est fort. Quand il est fidèle, on peut remettre sa vie entre ses mains étranges.

Ramène-nous à la maison, dit-elle à son serviteur apparu.

Par la barbe de Merlin qu’il était pâle. Y avait-elle été trop fort ? La pilule n’avait-elle pas eu l’effet escompté ?
Un bain aux essences régénératrices le noya presque. Revigor, potions diverses absorbées de force, Michael finit par émerger. Elle le secoua :


Michael ? Michael, ça va ?

Il bredouilla n’importe quoi. Aidée de Lormar, elle parvint à l’aliter dans des draps frais :


Tu vas dormir maintenant. Tu dois être en forme demain, le Lord y tient… NON ! Je ne reste pas… Enfin… oui, sur le fauteuil, si tu y tiens.

Elle lui tint la main toute la nuit.

Cocorico !! Il n’y a que le basilic et les vampires qui redoutent ce chant du coq. N’étant ni l’un ni l’autre, Alix s’ébroua puis fixa un lit… vide !


*NDD ! T’as pas fichu le camp !*

S’il s’était fait la malle, c’en était fait d’elle à nouveau.
Redressée mieux que piquée par une aiguille, elle jeta autour d’elle des yeux effarés. Il n’était ni dans la chambre ni dans la salle de bains y attenant.
En soupirant, d’un pas lourd, elle descendit à cuisine d’où l’arôme de café lui parvenait.
L’elfe salua son entrée avec un sourire un peu tordu tandis que de la tête presque chauve, il lui indiqua la porte donnant sur le jardin arrière.
Appuyé contre une des colonnes de la véranda, elle le vit en train de fumer, nonchalant.
Son angoisse éteinte, Alix s’approcha doucement :


Bien dormi ?

Il continua à fixer le fond du jardin, sans un mot. Elle lui prit des doigts sa cigarette et en aspira une grande bouffée qu’elle expira avec lenteur :

Tu sais… ça ne devait pas se passer ainsi. On ne m’a pas tenu au courant de beaucoup de faits depuis ma dernière punition. J’ignorais que tu étais en telle disgrâce, j’ai été prise au dépourvu… Oui, j’ai obtenu ce que je voulais et… t‘en remercie.

Marrant, il la remerciait aussi d’avoir atténué ses souffrances.

… C’était le moins que je puisse faire. Viens, le café est prêt.


En quelques claquements de ses longs doigts, Lormar avait dressé la table du petit déjeuner. Ils s’y installèrent face à face, Alix versa les tasses qu’ils sirotèrent un moment en silence. Combien de fois cette situation s’était-elle produite ? Alix n’avait pas compté ni escompté revivre cela un jour. Michael posa une question. Elle leva les yeux sur lui en haussant légèrement les épaules :

… Nous recevrons un hibou, je suppose. Si tu le permets, je vais me changer.

Tout aux soins portés à Michael, elle avait négligé sa personne - chose exceptionnelle - et portait encore les atours de la soirée.
Un peu plus tard, à nouveau pimpante, un lourd chignon en ordre, elle le rejoignit au jardin.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Always... Empty
MessageSujet: Re: Always...   Always... EmptySam 25 Aoû - 18:12

Retour au pays agrémenté d’une gentille séance de torture suivie de doux soins de la tortionnaire pour s’en sortir à peu près d’une pièce, le tout en une seule soirée, n’était pas donné pour tout le monde. L’existence de Michael était faite de ce genre de situations pointues. À force, il en avait presque l’habitude, sans pour autant s’y plier volontiers.

Tenant compte de la tournure légèrement bestiale de sa soirée mondaine, il ne gardait qu’un souvenir nébuleux de ce qui avait pu s’en suivre. Il lui sembla, à moment donné, alors que sa conscience jouait à cache cache, qu’Alix envoyait sa sœur Ariana au diable mais, tenant compte des circonstances, supposa être en plein délire. Pourtant son réveil, le lendemain prouvait qu’il y avait tout de même quelque chose de vrai dans son obnubilation nocturne : Alix dormait dans un fauteuil, près de son lit.


*Tu ne rêvais pas…elle tenait bien ta main…serait ce…sois pas con, elle croyait que tu y passais, aussi simple que ça !*

Si bien conforté par son sarcastique alter ego, l’ex auror balaya toute illusion vaine et incapable de rester plus longtemps à regarder le ciel de lit, finit par se lever. La pièce entière entreprit une drôle de valse et il fut près de s’étaler de tout son long. Un surplus d’amour propre le soutint. Son passage à la salle de bain fut un vrai parcours du combattant mais encore l’idée de réveiller la belle en se fichant en l’air comme le dernier des imbéciles sembla suffire pour éviter la catastrophe.
Sorti de la chambre, il s’adossa au mur et reprit son souffle. Les lieux ne lui étaient que trop connus. Le Manoir Blackstorm. C’était là que tout avait commencé. Enfin, le début « officiel ». Michael n’oublierait jamais ces premiers jours de parfaite suspicion alors que la belle mangemorte l’étudiait aussi sévère et froidement qu’à un spécimen digne d’étude, sans jamais départir de son air de princesse lointaine. Inaccessible, elle avait creusé un fossé et pour si jamais bâti un rempart autour pour tenir le reste du monde à l’écart. Étrange association, la leur. L’idée était qu’elle mène la danse et qu’il suive le pas, docilement. L’échec était garanti. Il aurait d’abord fallu qu’on fasse comprendre à la nouvelle recrue en quoi consistait cette rare vertu or, n’ayant plus sourd que celui qui ne veut entendre…Si elle avait pris comme défi de mâter l’insurgé, celui là s’était bien arrangé pour contrevenir tous ses souhaits. N’empêche que leur binôme, au combat, n’avait pas son pareil. Ils se complémentaient avec une perfection admirable difficilement compatible avec la haine qu'ils auraient dû se vouer.
Dès qu’il apparut dans la vaste cuisine, l’elfe qui s’y activait, s’inclina, révèrent, avant de lui servir sa première tasse de café du jour, sucrée en dose exacte. Le bon Lormar semblait n’avoir rien oublié de ses habitudes. Son moral, déjà assez abattu, tomba à zéro. Ce reliquat d’un passé moins lugubre, où il avait découvert non seulement ne pas détester Alix mais tout le contraire, lui fit tout le mal possible. Ses propres faits avaient mis fin à l’illusion et il n’était pas sûr de pouvoir aspirer à la moindre bienveillance de la part de son ex. Soit, la veille, elle lui avait sauvé la mise mais il savait que tuer avait toujours répugné Alix.

Il en était à sa troisième cigarette quand elle fit son apparition. Sans besoin de l’entendre ou la voir, Michael sut qu’elle venait vers lui et se sentit plus misérable, si possible.

Bien dormi ?

*Ouais…comme un mort !*

Acceptant son silence, Alix lui chipa sa cigarette d’un geste si naturel, presque intime, comme jadis et en tira une longue bouffée avant de commencer à parler :

Tu sais… ça ne devait pas se passer ainsi. On ne m’a pas tenu au courant de beaucoup de faits depuis ma dernière punition. J’ignorais que tu étais en telle disgrâce, j’ai été prise au dépourvu…

Il la regarda avec une espèce de moue, tenant lieu de sourire.

Ben, tu vois…On fait des bêtises et on paye…au moins tu auras eu ce que tu voulais.

Mitigée ? Non…ou si peu. Endolori, il se rendit compte la connaître si peu qu’interpréter ses états d’âme le laissait à débattre dans le vide. Ce qu’il sentait pour elle ne l’habilitait pas le moins du monde pour percer son esprit. C’était il tant soit donné le mal d’essayer ? Non.

Oui, j’ai obtenu ce que je voulais et… t‘en remercie.

De rien. Merci à toi aussi de ne pas m’avoir laissé crever. Fameuse, ta pilule…en bonne mesure avec la raclée !

Un simple merci aurait suffi largement, elle ne releva pas.

C’était le moins que je puisse faire. Viens, le café est prêt.

Le silence est d’or, dit on. Il la suivit sans ouvrir la bouche.

Lormar s’était chargé de leur préparer un bon petit déjeuner. Michael se sentait incapable de manger quoique ce soit mais accepta du café. À quoi pensait elle ? Il aurait voulu prendre sa main, la presser de questions, lui demander pardon et dire tant de choses mais tout lui resta en travers la gorge. Ce ne fut qu’après un long silence qu’il s’enquit sur l’ordre du jour. Elle n’en savait pas plus que lui.

Nous recevrons un hibou, je suppose. Si tu le permets, je vais me changer.

Ce n’est alors qu’il réalisa que la jeune femme portait encore sa robe de soirée. Il ne se souvenait pas d’un instant où Alix ne fut pas parfaitement soignée de sa personne. Il abandonna tout essai de réflexion et abandonnant la salle à manger, ressortit au jardin pour fumer…sauf qu’il n’avait plus de cigarettes. Dépité, il resta là à sonder l’abîme de sa solitude jusqu’à ce qu’Alix le rejoigne de nouveau.

La conversation était en point mort et il se voyait mal en train de rompre le silence en demandant stupidement si elle avait des cigarettes. Il n’eut pas le temps de s’appesantir sur cette disjonctive navrante que déjà un hibou grand-duc se posait à proximité. Le messager était là.

Deux heures plus tard, la réunion terminée, ils se retrouvèrent de nouveau seuls face à une nouvelle passade tordue du Destin. Le Maître, si lucide et brillant, avait concocté pour eux, spécialement pour eux, la mission parfaite, celle appelée à rattraper leurs fautes passées et redorer leur blason, assez terni.


On refait nos preuves, dirait on !...Mais je ne pense pas que celui-ci soit l’endroit idéal pour en discuter.

Quitté le sombre endroit, impossible autrement, où s’était tenu le sabbat du jour, ils étaient quelque part, sur un chemin de campagne, accoutrés en bons et loyaux sorciers. Deux beaux corbeaux, s’il en est, rien de mieux pour ne pas attirer l’attention. Alix, qui semblait aussi prise de court que lui par la tournure inédite des circonstances, s’enquit, non sans quelque ironie, où se trouvait cet endroit idéal. À part quelques vaches paissant dans leur pré et une petite ferme au loin il n’y avait pas grand-chose aux alentours.

On pourrait se balader par là, dit-il, crâneur, on vante toujours la beauté bucolique de la campagne anglaise, mais doutant fort que tu ais l’âme d’un peintre, je proposerais d’aller chez moi…ce n’est pas trop loin !

Vertueux mensonge mais ce n’était pas aussi loin que le manoir en Écosse, demeure de la belle. Celle-ci écouta la proposition en arquant délicatement un sourcil, signe indubitable de la suspicion que méritait cette invitation. À peine moqueuse, la miss était peu encline à faire de l’esprit, elle voulut savoir comment cela se faisait qu’il ait déjà un chez soi alors qu’on supposait un retour datant à peine de la veille.

Que veux tu ? Avant, je ne vivais pas perché dans un arbre…l’endroit a tenu le coup, c’est pas un palais mais il y a quatre murs et un toit, si tu ne regardes pas les toiles d’araignées et te fiches du décor, ça pourra aller. En plus Apache doit se sentir seule…non, ce n’est pas une danseuse exotique ni une top model…tu verras bien !...Fais pas cette tête, mes intentions sont irréprochables !

Elle se contenta d’un sourire en coin mais haussa de nouveau le sourcil quand il s’approcha avec la claire intention de la prendre du bras.

On va trasplaner, non ?...Tu ne veux pas marcher jusque là…et d’autant que je vois, pas de taxi dans les parages. Alors…on y va ?

L’endroit n’était, décidément pas, une cabane dans l’arbre. Cottage de jolies dimensions, niché dans un jardin, pour autant qu’on puisse appeler ainsi cet échantillon de nature à l’état sauvage, les lieux n’étaient pas sans un certain charme mais Michael ne fut pas dupe du regard critique dont Miss Blackstorm balaya ces sylvestres environs.

Suis pas jardinier dans l’âme et me vois mal en m’y prenant à coups de baguette…c’est toi l’experte en plantes…pas moi !

Laissant la question jardinage en suspens, il l’escorta jusqu’à l’entrée et ouvrant la porte, lui franchit galamment passage. Jusque là, tout allait bien mais c’était sans compter avec la bondissante apparition d’un fauve blond qui, sans aucune contemplation, se jeta pratiquement sur le maître de céans et fut à point de le renverser carrément sur le pas de la porte. Si Alix crut à quelque attaque furieuse elle se rassura aussitôt en entendant le rire de Michael et les grognements de bonheur de la bestiole en question. Calmés un peu ces affectueux épanchements, il se redressa, en grattant toujours l’oreille du minet.

Voilà…c’est Apache…mon chat ! C’est un lion des montagnes. Je l’ai depuis qu’elle n’est qu’une boule de poils…des chasseurs avaient abattu sa mère, je ne pouvais pas l’abandonner…on se fait compagnie depuis…Ça semble te surprendre…Tu peux la caresser, Apache adore qu’on s’occupe d’elle...pas vrai, ma belle…allez, va, dis bonjour à Alix !

Invitation à la confiance. Le minet surdimensionné n’en demandait pas plus. D’un amical coup de patte, elle l’engagea à s’y prendre sans crainte, sans la quitter des ses grands yeux dorés qui semblaient vouloir la sonder. Ce que le cougouar perçut dut la satisfaire énormément, car s’en suivit une séance en toute règles de « faisons nous amies ». Michael suivit les évènements d’un œil amusé d’abord, circonspect ensuite. Jamais de tout jamais, Apache n’avait démontré autant de sympathie pour quiconque autre que lui et par règle générale se montrait très suspicieuse envers les femmes, or là, c’était le coup de foudre, l’entente immédiate mais ce qui le surprenait le plus était le sincère ravissement d’Alix. Elle semblait aussi heureuse qu’une gamine avec un joli chaton.

Raclement de gorge question de ramener l’affaire à sa juste mesure.

Pas que je veuille vous interrompre mais…Enfin, continuez à roucouler si cela vous chante…vais chercher mes cigarettes…serai à la cuisine…

Vu le maigre succès de son intervention, il opta pour les laisser s’amuser et s’éclipsa. Partout régnait un peu la pagaille et la maison avait besoin d’un bon coup de plumeau mais Alix avait vu juste, il n’y était revenu que la veille et plus de deux ans d’absence, cela fait des ravages dans un intérieur. Coups de baguette par ci, par là, délogèrent quelques hôtes indésirables, firent disparaître la collection de toiles d’araignée et remirent un semblant d’ordre dans le chaos. Les sortilèges domestiques n’étant pas son fort, il dut reconnaître avoir besoin de talents plus développés que le sien. Avec un peu d’aide externe, son chez soi pourrait récupérer le confort douillet de jadis. Les sortilèges anti intrusion avaient bien protégé son patrimoine mais il fallait reconnaître que sous la couche de poussière et autres évidences d’abandon sa belle collection de chevaux birmans avait triste allure et il en allait de même pour le reste.

*Si tu voulais l’épater…la prochaine fois, le Ritz !*

Alix le trouva au milieu de son désastre domestique mais sembla n’en être pas trop horrifiée, il aurait presque juré qu’elle était en train de s’amuser à ses dépends. Comme le veut la coutume, le tour du propriétaire s’imposait.

Si je vis seul ?...C’est quoi comme question, ça ?...Non, Apache est la seule fille dans ma vie…la seule qui se fiche si des souris décampent des armoires…remarque, elle aime bien ça, au contraire…

Vraisemblablement son ex pensait que sitôt installé de façon convenable les jolies filles feraient la queue à sa porte. Si elle avait su ! Mais le moment n’était pas venu de se lancer en explications éperdues. Avec une sournoise pointe de douleur, Michael se demanda s’il viendrait jamais, ce moment. Si Alix fit quelques commentaires, amusés la plupart, elle s’en garda sans doute pas mal d’autres. L’inspection se passa agréablement. Du coup, il avait la sensation de se trouver avec un Justin en jupes, tant ces deux là se ressemblaient dans leur perfectionnisme. Cela faillit le faire rire. Si jamais il avouait à son meilleur et unique ami qu’il lui trouvait des ressemblances avec la femme qu’il détestait le plus au monde, Justin lui ôterait le privilège de son amitié. Le tour finit à la cuisine et pour al première fois depuis le début de la virée, il sut l’avoir positivement surprise. Michael n’était certes pas le prototype de la parfaite ménagère mais il avait sainte horreur d’une cuisine mal agencée, il avait gardé ce goût de son long séjour aux USA. Dans le chaos anarchique de son intérieur, la cuisine se révélait comme le joyau inattendu. Absolument moldue dans ses moindres détails. Magnifiques armoires de rangement, chromes étincelants, un énorme frigidaire side by side, four encastré, assez grand pour y rôtir un porcelet, superbes plans de travail, grande plaque chauffante en céramique, un ensemble époustouflant de casseroles et autres ustensiles de la meilleur facture plus tous les gadgets modernes tenus de rendre la vie facile et faire le bonheur de n’importe quel chef coq…

Euh, non…sais pas cuire un œuf. Juste faire du café et griller des tartines. Ben…sais pas…ça me plaît…c’est mon copain Justin qui a mis sa patte là…lui, il sait s’y prendre…mais tu sais, les supermarchés moldus regorgent de bonnes choses qui ne demandent qu’à être chauffées et puis il y a toujours les traiteurs…

Depuis un moment, la jeune femme regardait de droite à gauche comme en cherchant quelque chose. Il finit par deviner ce qui la turlupinait.

Cherche plus…pas d’elfe ici…tu sais ce que je pense sur le thème…t’en fais pas…je me débrouille…Ah, tu t’en fais pas…tant mieux alors…

*Et qu’est ce que tu croyais, crétin…que cela allait l’émouvoir !?...Cours toujours !*

Ramené à des critères plus terre à terre, il lui proposa quelque chose à boire. Elle voulut accepter un verre d’eau, sans doute pas trop assurée sur ses bonnes intentions avant de le suivre au séjour pour prendre place dans le divan…aux côtés d’Apache, qui continuait de lui faire la fête.

Si nous parlions de ce qui nous amène ici…je veux dire, de la mission que notre Maître Absolu tient à nous voir débrouiller à son entière satisfaction…

Il la vit se crisper un peu, sa main abandonna la fourrure féline et elle le considéra, avec un grand sérieux, attendant qu’il dévoile les rouages de son esprit.

Comme tu peux supposer, se défaire d’un moldu important et bien surveillé n’est pas un jeu d’enfants…le descendre d’un Avada serait ridicule, tout le monde penserait a une crise cardiaque fulminante et on resterait à se tourner les pouces en attente de reconnaissance…or notre cher Maître, il cracha ce mot, s’attend à soulever une vague de panique, si je comprends bien…comme quoi, il veut se mettre le monde moldu sur le dos…son problème.

Juste le genre de commentaire qu’une mangemorte loyale se passe d’entendre. Miss Blackstorm le darda d’un regard sévère mais pour quelque raison qui le surprit, au fond de ses yeux de nuit luisait une étincelle de…malice ? Elle le pria de développer son idée, semblant très intéressée sur les moyens qu’il pensait employer.

On le fait à la moldue…Tu dois le savoir, ma douce…ils n’ont pas de magie mais leurs moyens sont on ne peut plus effectifs…Je sais…tu ignores tout sur cela…pas de souci…je me ferai un immense plaisir de t’apprendre tout ce qu’il te faudra savoir…Non, je suis très sérieux…

Il l’était. Absolument…
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Always... Empty
MessageSujet: Re: Always...   Always... EmptyLun 27 Aoû - 10:08

Sous la longue douche qu’elle prit après avoir retrouvé Michael sagement patient sous la véranda, Alix prit le temps de la réflexion. L’homme, le seul à qui elle se soit jamais donnée, était chez elle.
Difficile de renier l’attraction incroyable qu’il exerçait encore sur elle malgré tous les méfaits subis par son fait. IL l’avait trompée, humiliée, bafouée et… elle ne lui en voulait pas. Au fond d’elle-même, Alix s’accrochait à l’infime espoir que De Brent avait agi ainsi dans un but autre que de la ridiculiser. Bien sûr, elle était trop novice en sentiments humains pour comprendre ce qui les avait animés à cette époque. Rien qu’une passion charnelle ? Cela ne cadrait pas. Elle avait eu beau se répéter que Michael ne faisait que jouer avec elle dans ces moments, qu’il n’était qu’une espèce de salaud profiteur, elle restait persuadée qu’autre chose l’avait motivé.

*Tu rêves éveillée… Ton orgueil ne souffre pas cette baffe, et puis c’est tout !* se dit-elle en soignant sa mise avant de le rejoindre.

Il tournait en rond dans le jardin, nerveux, pathétique comme quelqu’un qui ignore à quelle sauce il sera mangé mais aussi tel un drogué en manque.


*Le tabac lui manque…*

Elle n’avait pas été sans remarquer le paquet vide laissé sur la table. L’idée de lui proposer une cigarette de sa composition la titilla un peu. Les herbes qu’elle mêlait au tabac pouvaient changer bien des natures… Avec cette composition, elle aurait pu lui faire livrer le fond de son âme, mieux qu’avec du veritaserum. Par crainte d’entendre des révélations cruelles, elle s’abstint.
L’arrivée d’un hibou sauva la situation. Message lu, les complices obligés rallièrent le lieu-dit.
Le maître n’assistait pas à la réunion, preuve supplémentaire de son peu d’intérêt pour ces moutons-là.
Plusieurs missions furent distribuées aux uns et aux autres participants. Chance pour ceux-ci, rien de bien compliqué : de l’espionnage, en majorité. Pour eux : une fameuse colle :

Le Lord a des projets spéciaux vous concernant, commença Bellatrix à la droite de laquelle trônait Ariana De Brent, souriante. Il veut du grand, du spectaculaire !

Un autre sbire compléta :

Vous êtes chargés de flanquer la trouille aux moldus de sorte qu’ils commencent sérieusement à craindre la magie. Le Maître veut beaucoup de victimes dont une en particulier : le premier ministre anglais .
Arrangez-vous comme vous voulez mais vous n’avez qu’une semaine pour vous organiser. Inutile de vous rappeler ce qui se passerait en cas de manquement…


Alix resta de marbre, se contenant d’opiner brièvement. Michael sembla encaisser les ordres sans broncher. Il l’accompagna dehors :

On refait nos preuves, dirait on !...Mais je ne pense pas que celui-ci soit l’endroit idéal pour en discuter.

En effet. Puisque contraints de batailler ensemble, il fallait mettre au point une stratégie digne de ce nom, et elle ne s’élaborerait pas sur un chemin de campagne.

Quel est selon toi cet endroit idéal ? ironisa-t-elle en ne pouvant empêcher certains souvenirs torrides la titiller. *Si tu penses à un lit, tu es mort *

On pourrait se balader par là, on vante toujours la beauté bucolique de la campagne anglaise, mais doutant fort que tu ais l’âme d’un peintre, je proposerais d’aller chez moi…ce n’est pas trop loin !

*Ben voyons ! Qu’en sais-tu de mon âme ?* Tu as un « chez » toi ? Première nouvelle.

Il tenait à cette idée, l’avertissant de ne pas s’attendre à un palace quelconque. D’après sa description, l’endroit ressemblerait plutôt à un taudis, m’enfin…
Alix jugea la proposition intéressante. Peut-être qu’en découvrant le cadre de vie de Michael, elle parviendrait à mieux cerner cet homme ?
Seule façon de s’y rendre rapidement : le transplanage.
Pour ce faire, il fallait s’accrocher l’un à l’autre. Malgré elle, Alix marqua un recul. Elle se morigéna intérieurement :


*Tu es trop émotive. Reprends-toi !*

Qu’y pouvait-elle si le moindre contact avec Michael l’électrisait. Puisqu’il le fallait…

Le lieu où ils se matérialisèrent était… charmant. Certes la nature avait repris ses droits dans l’étalement de sa luxuriance sauvage. Les arbres n’avaient pas été taillés depuis longtemps, le lierre envahissait tout ce qu’il pouvait, les mauvaises herbes croissaient librement, mais…


*C’est pas laid*

Le cottage avait connu des jours meilleurs. Cependant, il s’encadrait parfaitement dans le décor.
Galant – il l’était toujours – De Brent lui ouvrit le passage.
Elle s’était attendue à n’importe quoi mais pas à ça ! Ça, c’était un cougouar, énorme et velu, qui se jeta direct sur son maître. Réflexe ? Alix mit la main sur sa baguette, prête à régler son compte à la bestiole agressive. Sauf que l’on ne pouvait se méprendre longtemps sur le type d’agression subie : une immense démonstration d’affection partagée. Voilà un aspect du caractère de Michael qu’Alix n’avait pas soupçonné :


*Qui aime les bêtes, aime le gens !*

Sans trop savoir pourquoi, ce dicton la rassura.
Redressé, Michael fit les présentations :


Voilà…c’est Apache…mon chat ! C’est un lion des montagnes. Je l’ai depuis qu’elle n’est qu’une boule de poils…des chasseurs avaient abattu sa mère, je ne pouvais pas l’abandonner…on se fait compagnie depuis…Ça semble te surprendre…Tu peux la caresser, Apache adore qu’on s’occupe d’elle...pas vrai, ma belle…allez, va, dis bonjour à Alix !

Un chat ? Il appelait cela un chat ! Jamais Alix n’avait pu posséder d’animal de compagnie. Elle ignorait tout d’eux. Mais les grands yeux dorés rencontrèrent ses mirettes bleu nuit et une affection immédiate submergea Alix. Fourrager ce pelage dense, à la fois rugueux et souple, lui procura des sensations inédites.
Se fichant complètement de ce que Michael pouvait penser, Alix s’accapara sa bestiole qui semblait très apprécier ses attentions. Donner et recevoir en retour… Quoi de plus gratifiant ?


*On dit que les animaux de compagnie ressemblent à leur maître. Pourquoi l’as-tu choisi, te fies-tu à lui ? Il n’est pas si mauvais, avoue…*

Évidemment, Apache ne lui répondit pas mais Miss Blackstorm tira seule ses conclusions.
Michael, lassé de les voir s’amuser en le négligeant, préféra gagner la cuisine.


Il est jaloux, tu crois ? On va bien s’entendre toi et moi.

Une longue langue chaude et râpeuse lui lécha la main, Alix sourit tristement :

Toi, tu me fais des avances mais ça ne marche pas ainsi entre humains. *Hélas*Allons voir ton maître.

Elle rejoignit Michael dans une pièce de belle taille envahie de poussière et toiles d’araignée. Il paraissait perdu, dépassé.

Quelques sortilèges arrangeraient ça. Et si tu me montrais le reste ?

Il s’exécuta, comme obligé.
De pièce en pièce, Alix nota des détails comme seule une femme le pouvait. Le désordre prouvait bien des choses… Une confirmation ? Pourquoi pas ?


Tout a l’air abandonné. Tu es seul ici ?

Si je vis seul ?...C’est quoi comme question, ça ?...Non, Apache est la seule fille dans ma vie…la seule qui se fiche si des souris décampent des armoires…remarque, elle aime bien ça, au contraire…

Si tu le dis…

Elle se moqua légèrement de lui et de son peu d’entraînement aux sorts domestiques, ponctuant ici ou là des observations aigres-douces jusqu’à ce qu’ils arrivent à la cuisine.
Curieusement, l’endroit était parfait. Elle s’en étonna :


Tu cuisines ??

Euh, non…sais pas cuire un œuf. Juste faire du café et griller des tartines.


*Comme moi !* Mais pourquoi tout… Tout ça ?

Ben…sais pas…ça me plaît…c’est mon copain Justin qui a mis sa patte là…lui, il sait s’y prendre…mais tu sais, les supermarchés moldus regorgent de bonnes choses qui ne demandent qu’à être chauffées et puis il y a toujours les traiteurs…


*Et des elfes !*

Mais non. Où qu’elle jette les yeux, point de nez tordu dans le coin.

Cherche plus…pas d’elfe ici…tu sais ce que je pense sur le thème…t’en fais pas…je me débrouille.

Je n’en doute pas un instant.

Un verre d’eau plus tard – sait-on jamais avec les alcools- ils débattirent de la mission confiée. Les réflexions de Michael étaient surprenantes. Elle était intriguée :

Explique-toi. Comment nous vois-tu procéder pour répondre *Contrecarrer* le maître ?

On le fait à la moldue…Tu dois le savoir, ma douce…ils n’ont pas de magie mais leurs moyens sont on ne peut plus effectifs…Je sais…tu ignores tout sur cela…pas de souci…je me ferai un immense plaisir de t’apprendre tout ce qu’il te faudra savoir…

Ma douce… Alix dut prendre sur elle pour ne pas fondre au son de ces mots qui lui rappelaient tant de choses…

*Sois ferme ! Il joue encore. * Tu n’es pas sérieux ? Tu comptes m’apprendre des trucs moldus ?

Il l’était.

La « leçon » débuta peu après.
La plantant sur le divan, il disparut quelques instants à peine pour réapparaître avec divers étuis qu’il déballa devant elle. En sortirent des fusils à viseur qu’il manipula avec des gestes quasi sensuels.


… Bien sûr que je sais ce que c’est, siffla-t-elle dents serrées. Tu « oublies » …le cinéma ?

Il l’y avait emmenée une fois, se marrant comme un dingue devant ses réactions de néophytes du genre. Ils avaient vu deux films d’affilée. Le premier traitait de guerres moldues. Elle avait sursauté plus d’une fois lors des scènes de bombardements, rafales de mitraillage ou exécution par sniper. L’autre était d’un romantisme tellement effarant qu’elle faillit verser une larme. Elle avait béni l’obscurité de la salle. Et voilà Alix confrontée à un engin de mort moldu.
Il tint à ce qu’elle l’accompagne dehors pour sa première leçon de tir. Sa démonstration fut brillante. Il atteignit toutes les bouteilles disposées sur un muret distant d’une bonne vingtaine de mètres en un temps record puis récidiva sur une autre série de cibles plus proche avec un objet appelé Browning. Il semblait apprécier le bruit des déflagrations, elle pas.
Placide, il remplaça les bouteilles puis lui laissa le choix des armes. Elle haussa les épaules :


Un waddiwasi fait autant de dégât, tenta-t-elle de se débiner.

Il voulut parier : cinq bouteilles chacun, le 1er qui finirait aurait gagné. Elle releva le défi et… perdit.
Le temps de viser et prononcer la formule était beaucoup plus long que celui pour presser une détente.


OK ! C’est bon. Montre-moi !

Avec une patience dont elle ne l’aurait pas cru capable, il expliqua et rectifia sa façon de tenir le fusil. Avec ses mains sur les siennes, son torse collé à son dos, son souffle sur la nuque, Alix fut tellement troublée que la première balle se perdit dans les nuages. Il désira recommencer, elle s’écarta, rageuse :

J’y arriverai. Laisse-moi faire.


Elle épaula, visa et rata encore. S’il lui donna des conseils, elle ne les entendit pas. Enfin concentrée, les projectiles suivants firent mouche à chaque fois. Le Browning lui demanda plus d’efforts mais elle parvint néanmoins à faire cinq jolis cartons sur dix.

… des cibles en papier demain ? Si tu veux. Là, on devrait peut-être se concerter sur nos objectifs réels, non ?

Il était d’accord.
Rentrés dans « la Tanière », Michael débarrassa un coin de table pour y déployer une carte détaillée de Londres et un journal récent mentionnant les activités ministérielles.
Tout haut, il lui brossa le tableau qu’il envisageait. Le plan était simple et paraissait efficace. À l’entendre, on aurait juré que faire périr plusieurs dizaines d’individus ne l’émouvait pas.
Il choisit un quartier de la capitale où habitaient maints bourgeois et nantis. Incendier cette zone, à deux, irait très vite selon lui.


*Pauvres gens !*

Le problème essentiel serait la cible politique. Le journal donnait des indications assez floues quant aux futurs déplacements du ministre mais suffisants pour déterminer une stratégie. Ils avaient une semaine pour peaufiner les détails, Michael ne semblait pas pressé de se mettre à l’ouvrage.

Bon, soupira-t-elle. Si je te comprends bien, nous le ciblerons juste après la destruction du quartier qu’il viendra voir en signe de deuil, c’est ça ? Pourquoi attendre ?


Il lui expliqua des trucs sur des habitudes moldues qui voulaient qu’une grande concentration de gens se fasse à une telle date. N’y connaissant rien, elle le crut sur parole. En attendant, ils s’entraîneraient pour agir vite et bien le moment venu.

En gros, tu comptes rester ici jusqu’à l’attaque ?... Je refuse !

Il eut l’air désarçonné.

Je refuse de vivre dans un tel gourbi ! Tu m’apprends à tirer, je t’apprends quelques trucs sorciers !

Sa baguette entra en jeu. Rapidement, elle s’appliqua à nettoyer la pièce qui se retrouva pimpante. Michael se prit au jeu et, ensemble, ils parvinrent à redonner au cottage une allure des plus convenables de haut en bas.

C’est pas tout ça, soupira Alix assez vannée après tant d’efforts, mais on devrait faire des achats, à moins que tu n’aies une garde-robe emplie d’effets féminins et un réfrigérateur bondé… Au fait, comment se nourrit Apache ? Tu la laisses seule ici… tout le temps ?


Il s’empêtra dans de vagues explications mais elle ne tarda pas à connaître la vérité.
Des plats prêts à être réchauffés étaient congelés, bien étiquetés et rangés. Pendant que Michael se douchait à l’étage, Alix fouilla l’engin moldu dont elle préleva de quoi les alimenter.
Un crac la fit sursauter. Se retournant, elle tomba nez à nez avec un être bizarre. Le nez pointu lui arrivant au nombril, la créature eut l’air aussi effaré qu’elle. Elle couina, effrayée, prête à s’évaporer à nouveau.


Hey ! Attendez ! cria presque Alix qui reprit assurance. Je vous ai déjà vue. Vous êtes Bikita, n’est-ce pas ?


Michael avait beau s’en être défendu, une elfe veillait sur lui et… sur son fils. Dans ses brèves surveillances du rejeton, Alix avait souvent vu la créature et en avait déduit des choses qui se confirmaient. Cependant, elle ne s’attendait pas à ce que l’elfe plonge le nez vers ses chaussures avec un :

Maîtresse Alix, dites, Bikita fera.

Je… Je ne suis pas maîtresse, bredouilla Alix assez perturbée par cette appellation à double sens.

Comment diable cette créature connaissait-elle son nom ? Pourquoi tant de déférence ?
Comme si l’elfe lisait ses pensées, elle dit :


Bikita sait, voit, sent. Elle ignorait retour du maître. Elle voit belle maison mais s’en veut aussi.

Hein ? L’elfe n’allait pas chialer ou oui ? Prise de court, Alix para au plus pressé :

Vous n’avez pas à en vous en vouloir si cette maison ressemblait à une porcherie. Je sais où vous étiez, ce que vous faites. Lucas va bien ?

Un sourire un peu tordu éclaira la face de cette sorte de schtroumpfette aux oreilles pointues. Elle assura que tout allait bien pour lui.

Bikita était venue donner pitance au chat du maître. Elle voit que tout est pour le mieux ici et s’en va. Bienvenue et bonne chance, Maîtresse !


Un claquement de doigts un plop et l’elfe s’enfuma laissant Alix un peu pantoise.
Elle analyserait cela plus tard. Là, il fallait un repas correct.
Élevée à la dure, Alix savait tenir une maison et s’occuper des tâches domestiques à l’occasion. Elle dressa la table pour deux puis resta figée face à cette magnifique cuisine dont elle ignorait tout du modernisme.


*bah*

Elle allait jeter un incendio quand une main ferme l’en empêcha dans son dos :

… Ah, pas comme ça ? Comment alors ?


Il lui fit la démonstration des taques électriques et du micro-onde.
Ils dînèrent assez silencieux comme si chacun peaufinait des plans inaccessibles à l’autre. C’était bien le cas.


*Je dois prévenir l’Ordre, mettre au parfum le premier ministre de ce qui l’attend*

Pour meubler, Michael parla un peu de sa période de « transition » et des raisons de son échec à la mission dévolue par le Lord. Elle était trop plongée dans ses pensées pour lui accorder l’attention voulue. Pourtant, elle capta l’essentiel et tiqua quand il proposa de sortir :

… Visiter ce quartier ? Je ne sais pas si c’est de bon ton. Nous allons tuer ces gens, et… Ah, reconnaissance des lieux… D’accord.

La nuit était un peu frisquette. C’était l’été mais on ne le sentait pas.
De jolis pavillons s’éclairaient ça et là, des rires fusaient, parents et enfants regardaient la télé tandis que d’autres roupillaient ou s’engueulaient comme dans toutes banlieues normales.
Froid, Michael désigna les points jugés stratégiques. Si untel flambait, d’autres suivraient et ainsi de suite. Elle était écoeurée. Soudain, il lui prit la main, estimant que pour passer inaperçus autant jouer aux amoureux. Cela causa un mal de chien à Alix qui ne parvenait pas à se départir de l’affreuse attirance envers cet homme. Au détour d’une allée, il la coinça contre un mur et l’embrassa. Ce fut… magique. Elle ne se débattit pas, et répondit avec la fougue qui la caractérisait avant de le repousser sèchement :


La patrouille locale est passée. On peut y aller.


S’il la croyait dupe, il se gourait.
Rentrés à la tanière, ils se séparèrent dans leur chambre respective.
Au lieu de se doucher et s’allonger, Alix resta un long moment assise sur le bord du lit puis, ayant l’assurance que Michael ronflait, elle s’évapora.

La chambre était plongée dans l’obscurité. Un couple dormait dans le grand lit de cette pièce richement décorée.
Alix n’hésita pas une seconde. Un assurdiato fut lancé de même qu’un pétrificus totalus à la femme :


Monsieur le premier ministre, ne gueulez pas, c’est inutile ! Je suis Alix Blackstorm, sorcière.

Plusieurs informations s’échangèrent. Des décisions s’établirent.

Ce « détail » réglé, Alix transplana au sein du quartier général de l’Ordre. Tous les présents acceptèrent ses recommandations et conseils.
Revenue à la tanière, elle put enfin goûter quelques heures de repos.

Si elle avait escompté surmonter la promiscuité de Michael facilement, Alix déchanta vite. À croire qu’il prenait un malin plaisir à la tourmenter. De jour, cela pouvait passer quoique… Volontairement ou non, De Brent lui mettait la pression. Des mots doux glissés ici ou là, des attouchements discrets ou appuyés de temps à autres, l’accablaient. Les nuits, c’était pire. Le savoir si proche et inaccessible à la fois la mettait à cran. Si bien que Miss Blackstorm finit par renforcer sa façade de marbre afin de garder une distance non négligeable dans ses rapports avec l’ennemi. C’en était un, tout portait à le croire.
Au fil des jours, se conforta cependant l’idée que Michael était vraiment unique en son genre : ce gars dissimulait quelque chose. Pouvait-on vraiment se comporter comme tel si aucune arrière-pensée n’existait ?
Dès la seconde nuit sous ce toit de chaume, Alix se sentit observée. Par quoi, comment, elle n’en savait rien. Aussi appliqua-t-elle à sa chambre un Protego Totalum afin de pouvoir disparaître à volonté. C’est que le plan requis par l’Ordre nécessitait maints détails à peaufiner.

On approcha doucement de la date prévue pour l’attaque, et… des contre-mesures prévues. Quelles seraient-elles ? On ne l’avait pas mise au courant de tout.
Ce jour-là, Michael se montra très doux… trop.


*Toi, tu me prépares un chien de ta chienne !*

Il avait tenu à l’emmener dans un restaurant de luxe comme ceux qu’affectionnait son copain Justin. Qu’il la laisse en plan pour une pause bathtroom n’était pas extraordinaire en soi mais elle pressentit une embrouille. Une oreille à rallonge suivit Michael sans qu’il s’en rende compte. Ce qu’elle entendit l’inquiéta : il devisait avec d’autres Mangemorts. Puis, quelqu’un s’en mêla, la discussion tourna à l’aigre et elle perdit le contact car une idiote blonde avait écrasé le fil.
Visage recomposé, Alix fit mine de gober tout ce que De Brent lui narra.
Elle dormit peu cette nuit-là. Michael tramait quelque chose mais quoi ? Elle hésita beaucoup à user de ses charmes sur lui au propre comme au figuré. Elle ne lui était pas indifférente et le ressentait à chaque seconde en sa présence mais elle n’osa pas utiliser cet avantage au risque de se perdre elle-même. Nul ne connaissait Alix aussi bien qu’elle. Une fois dans ses bras, elle ne résisterait pas. La tentation était cuisante pourtant. Une porte, un couloir, une autre porte et le tour serait joué…


*Tu sais tout ce qu’il y a à savoir de lui. Demain soir, les dés seront jetés. Résiste !*

Au soir suivant, un coup de talon les fit décoller. Elle devait s’occuper du Sud du quartier, lui du Nord.
Les incendios plurent cette nuit-là…
Beau spectacle ! Une pagaille innommable régna dans ces lieux si paisibles auparavant. Cela courait, criait de partout ; des voitures démarrèrent, s’emboutirent dans le chaos général sous fond d’incendies. Des sirènes hurlèrent bientôt.


*Pourvu que…*


Pas le temps de s’atermoyer, un rendez-vous était fixé avec Michael sur le toit d’un immeuble épargné.
Il osa la féliciter pour ces exploits ; elle l’aurait giflé.


Il va mettre combien de temps à venir le ministre ? dit-elle, glaciale.

Ils n’attendirent pas trop longtemps. Dans la croix de sa lunette de visée, Alix vit la cible et n’hésita pas à presser la détente.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Always... Empty
MessageSujet: Re: Always...   Always... EmptyMer 29 Aoû - 19:15

Quand on sert le Diable, on va en enfer. Quand on fait seulement semblant, on risque toutefois de se brûler les ailes. C’était le risque à courir. Michael n’était pas trop sûr de ce qu’il adviendrait de ses plumes et commençait à s’en ficher un peu. La cruauté flagrante de cette mission punitive, dont il était le responsable de l’éclat, ne résidait pas seulement dans le fait d’avoir à expédier quelques moldus à l’au-delà mais surtout à côtoyer Alix qui jouait gracieusement les inaccessibles. Certes il avait largement mérité tout ce qui lui tombait dessus mais ce n’était pas le reconnaître qui le faisait se sentir mieux.

Faute de meilleure idée pour le moment pour attendrir la belle, se montrer tout aussi professionnel que possible lui sembla l'unique option. Déballage des armes, explications conséquentes, sans rater une seule de ses réactions. Elle était énervée même si voulait démontrer le contraire.



Bien sûr que je sais ce que c’est ! Tu « oublies » …le cinéma ?

Sourire en coin, plus angélique impossible.

Oublier ?...J’ai une très bonne mémoire, ma chérie, excellente, en fait…et puisque tu sais exactement à quoi t’en tenir, allons donc voir ce que cela donne coté pratique.

Sans aucun désir d’épater la galerie, Michael fit étalage de son talent comme tireur puis voulut, bien entendu, savoir ce que pouvait faire Miss Blackstorm. Un vrai régal ! Pour lui. Pas trop sûr qu’Alix agréait sa façon de s’y prendre mais il ne voyait pas comment faire autrement. Elle avait essayé de se débiner à sa façon en assurant qu’un Waddiwasi donnait les mêmes résultats.

Il ne put s’empêcher de rigoler.

Vraiment ? Je te garantis que cela fait peut être moins de bruit mais ce n’est jamais aussi rapide…on peut parier !

Elle le regarda avec un manque flagrant de confiance en se demandant sans doute ce qu’il entendait gagner au pari. Mais il se limita, bon enfant, à remettre des cibles en place.

Cinq toi, cinq moi…le premier qui finit gagne, ok ?

C’était un jeu d’enfants. Elle n’en avait pas abattu deux qu’il avait fini avec les cinq.


OK ! C’est bon. Montre-moi !

Avec plaisir !

Et comment ! Il avait appris à pas mal de recrues à tenir un fusil, à épauler et à rectifier le tir mais jamais de tout jamais il ne s’y était pris avec autant de science et patience. Compte tenu du tirant de leur situation, il fallait bien tirer parti de chaque minime occasion de l’approcher. Ce n’était pas la méthode la plus appropriée mais sans doute la plus agréable. Mal lui en prit. Si la sentir près le chavirait déjà, humer son parfum à chèvrefeuille l’acheva, le tout ajouté à la taraudante envie de se pencher pour caresser son cou de sa bouche mais tout geste déplacé ne le ferait que gagner la tarte de sa vie si ce n’était pas un mauvais sort.

*M***e, concentre toi…joue pas foireux…pas encore !*

Elle se fâcha de toute façon après avoir tiré au ciel, allez savoir pourquoi et qu’il voulut récidiver avec la leçon.

J’y arriverai. Laisse-moi faire.

On devait lui reconnaître une ténacité à toute épreuve. Faisant ouïe sourde à ses doctes conseils, Alix persista et réussit.

C’est bon pour le fusil, prends le pistolet maintenant !

Cela lui donna plus de mal mais parvint quand même à des résultats étonnant pour une néophyte en la matière.

Demain on s’entrainera avec des cibles en papier, à plus grande distance aussi.

Si tu veux. Là, on devrait peut-être se concerter sur nos objectifs réels, non ?

C’est bon, rentrons !

Carte sur la table, il signala le quartier visé. Une gentille banlieue cossue et tranquille, le cadre idyllique de la vie moldue.

*Cela devrait plaire à Tête de Lézard…ce sera plus facile à contrôler…Justin va m’écharper !*

Ils ne s’attendront jamais à quelque violence ici, poursuivit il, sans émotion, la surprise sera notre meilleur atour, la panique fera le reste…À deux, ce sera une partie de plaisir. Des Incendio traditionnels feront bien l’affaire mais pour s’assurer que cela cramera comme il se doit, j’ai en réserve quelques engins explosifs, rien de difficile à manipuler, tu verras.

Il poursuivit son exposition en guettant ses réactions du coin de l’œil. Alix était une maitresse femme, capable de dissimuler ses émotions mais pas au point de les faire tout à fait disparaître. Il la connaissait trop bien pour s’y méprendre. Au nombre donné de possibles victimes, elle tiqua en pinçant les lèvres.

*Cela ne lui plaît pas du tout !*

Le Maitre veut une guerre…on va lui en donner une !

*On va rigoler quand les autres vont riposter…m’enfin…*


Ce qui les occupa par la suite fut le quand et comment s’occuper du premier ministre.

Si je te comprends bien, nous le ciblerons juste après la destruction du quartier qu’il viendra voir en signe de deuil, c’est ça ? Pourquoi attendre ?

Tu as tout bon…Les Moldus sont des êtres prévisibles. Ils agissent plus par habitude que par instinct. Les catastrophes les attirent comme les mouches le miel et comme le veut la tradition, dès que cela se passe…on envoie le boss en fonction jeter un coup d’œil, présenter ses condoléances et faire le bilan…il fait ça parce qu’il veut gagner les prochaines élections et aussi parce que c’est bien vu à niveau international…C’est là que nous attendrons sagement. Il y aura un appareil de sécurité important…mais ils n’auront pas eu le temps de trop peaufiner. C’est notre avantage. On ne comptera qu’avec quelques secondes pendant lesquelles il sera accessible…mais il suffira d’une fraction pour le faire entrer dans l’Histoire…on en fera un héros.

Délaissant le premier anglais dont le destin semblait scellé, il passa à parler de ce que serait l’entraînement en soi. Ce serait rigoureux et très exigeant. Ne comptant qu’une petite semaine pour réussir ce que pour d’autres requiert des mois, il faudra s’y prendre à bouchées doubles.

En gros, tu comptes rester ici jusqu’à l’attaque ?, s’enquit elle, pincée.

Je ne vois pas de meilleur endroit…pourquoi ?

Sa réponse fut d’une simplicité radicale.

Je refuse !

Tu…quoi ? Tu ne peux pas refuser, Alix…on est pas là pour faire des chi…

Lui coupant impoliment la parole, elle donna ses raisons…surtout qu’il allait parler de ne pas faire des chichis !

Je refuse de vivre dans un tel gourbi ! Tu m’apprends à tirer, je t’apprends quelques trucs sorciers !

*Au diable les bonnes femmes et leur besoin de confort !*

Mais n’ayant pas d’autre alternatives disponible, force fut de suivre le mouvement. Il fallait avouer que Miss Blackstorm savait plus long que lui sur sortilèges domestiques. En deux temps trois mouvements le ruineux séjour avait récupéré sa belle allure de jadis. Impossible supposer qu’elle se contenterait avec une seule pièce, l’entraînant dans sa folie ménagère, la belle ne fut satisfaite que quand toute la maison fut plus propre qu’un sou neuf.

Crevé, il ne rêvait que de s’effondrer dans un coin mais vraisemblablement la miss avait encore des idées en tête.


C’est pas tout ça, mais on devrait faire des achats, à moins que tu n’aies une garde-robe emplie d’effets féminins et un réfrigérateur bondé…

Euh…si tu veux…on ira demain…

Au fait, comment se nourrit Apache ? Tu la laisses seule ici… tout le temps ?

Qui pensait au chat en ce moment ? Elle, évidemment.

Vais pas bien loin…et au cas où, elle vient avec moi…et sinon…ma foi…tu sais…les chats, cela se débrouille…

Cet aveu dénaturé lui valut un regard chargé de censure.

Écoute…on s’en fiche un peu…dans le frigo il doit avoir deux trois trucs…Là, j’ai besoin d’une douche et de trois jours de sommeil réparateur…ok…me contente de la douche…

Il fila avant qu’elle ne lui trouve quelque autre occupation.

*Je me damnerais pour elle mais bon sang…quel négrier !*


Un douche écossaise le retapa assez comme pour affronter la soirée qui ne serait ni courte, ni commode. Il trouva Alix aux prises avec la cuisine. Juste le temps de retenir sa main avant qu’elle n’applique un Incendio à ce chef d’œuvre de la technologie culinaire moderne.

Oublie un moment ta baguette, ma belle…


Ah, pas comme ça ? Comment alors ?

Dix minutes plus tard, Alix savait se servir des taques électriques et du micro-onde. Le repas ne serait sans doute pas une expérience gourmet mais au moins le vin serait à la hauteur des expectatives même si l’esprit n’y était pas du tout…ou plutôt était ailleurs.

*Peu de temps. Applewhite devra jouer de tous ses atouts…Justin va faire sa crise. Alix ne pense pas aller dormir ?...Avec un peu de chance, serai de retour avant qu’elle ne remarque que je suis parti...*

Si on lui avait demandé ce qu’il avait dans son assiette, Michael aurait été incapable de le dire. Alix ne semblait pas plus attentive que lui. Question de paraître civilisés, ils firent un effort de conversation mais au bout de deux phrases elle le laissa débiter ce qu’il voudrait sans y prêter le moindre intérêt.

…de toute façon, c’était voué à l’échec. Personne avec deux doigts de bon sens ne veut se mêler à une embrouille pareille. J’ai pas insisté pour ne pas éveiller trop de suspicion…mais finalement on s’en fiche…tu n’as pas écouté un traitre mot de ce que j’ai dit…Allons plutôt faire un tour au quartier !

Elle tiqua joliment. Au moins il avait retenu son attention.

Visiter ce quartier ? Je ne sais pas si c’est de bon ton. Nous allons tuer ces gens, et…

Il eut un sourire désabusé, juste pour être à ton avec son rôle de méchant endurci.

Bon sang, Alix, ne sois pas sentimentale…reconnaissance des lieux, tu as quand même entendu parler de cela, non ?

Il aurait juré qu’elle tombait de Dieu sait quelle nue.

Ah, reconnaissance des lieux… D’accord.

*Mais qu’est ce qu’elle a ? Elle est franchement à côté de ses pompes…*

L’idée de l’y emmener en voiture lui croisa l’esprit mais jugea que c’était déjà assez de chamboulement pour un jour. Un trasplanage régla l’affaire. L’endroit charmant où il faisait bon vivre. Gens normaux avec leurs existences normales, leurs rêves et leurs problèmes.

Ces pavillons mitoyens flamberont comme feu de joie…

Silence. Bouche pincée, regard endolori ? Alix semblait lutter contre un profond dégoût.

*Dieu merci…tu as encore un cœur, ma douce !*

Sans demander son avis, il lui prit la main, la sentant se raidir.

Relâche toi, conseilla t’il, on veut pas attirer l’attention…un couple d’amoureux n’éveille pas de soupçon !

Elle l’aurait frappé d’avoir pu le faire. Il s’en voulut à peine de cette méchanceté gratuite.

*Je finirai dingue à ce train…*

Donner plus de crédibilité à leur « jeu » ? En ce moment, Michael n’y pensait même plus. S’il la coinça contre ce mur pour l’embrasser ce ne fut que parce qu’il en mourait d’envie, parce qu’il ressentait le besoin fou de la toucher, de sentir qu’au fond de cette misère, il restait un minime espoir pour eux…pour lui. La magie ne dura qu’un instant. Un instant parfait pendant lequel elle s’abandonna à cette étreinte, comme avant…juste pour devenir comme après à al seconde suivante et le repousser vivement.

La patrouille locale est passée. On peut y aller.

*Patrouille ? Quelle patrouille !?*

Retour silencieux. Sans avoir échangé le moindre mot, chacun alla s’enfermer dans sa chambre. Dormir ? Qui y pensait ? Pas lui, en tout cas. Il y avait trop à faire. L’Organisation avait été prévenue et s’occupait en conséquence. Restait Justin, ce qui serait, sans doute, une autre paire de manches. Trasplaner à La Folie ? Il était le seul, avec le maitre de céans à avoir ce privilège, preuve que Justin gardait, encore, sa confiance intacte.

*Tiens, il a refait la déco !*


Pas le temps d’admirer les changements, voilà que Mr . Davenport se matérialisait et il n’était pas seul. Une jeune femme blonde venait avec lui. La belle avait un minois d’ange et tout à sa place, mais le moment se prêtait mal à ce genre de considérations. Justin lui dispensa un accueil de frère, avec son accolade d’ours, de quoi lui redonner chaud au cœur mais encore là, le temps était précieux. Un regard échangé avec son ami de toute la vie l’informa de pouvoir parler librement. Pur feu en main, Michael n’alla pas par quatre chemins pour exposer la teneur de la situation.

…Une semaine, à partir d’aujourd’hui. Je sais ce n’est pas beaucoup de temps mais faudra faire avec. Nous avons inspecté le quartier, ce soir…

Justin avait tiqué avec ce « nous ». Prenant une profonde inspiration, Michael livra la suite, sachant sciemment que l’auror Davenport ne serait pas du tout ravi.

IL a exigé la reprise du binôme. Il veut, sans doute, qu’Alix surveille et évite d’éventuels dérapages…Pas de commentaires là-dessus, Davenport…J’ai encore six jours pour transformer une sorcière absolue en sniper convenable…Pourquoi ? C’est le deal, je l’instruis, elle le descend…encore une marque de confiance. Je suis dans le collimateur, une faute et je suis bon pour les corbeaux…si pas LUI, ma sœur chérie s’en chargera…elle n’attend que ça…Non, je ne me bile pas…s’il le faut, je l’enverrai là où elle appartient. Applewhite sait à quoi s’en tenir, de ce côté-là, tout baigne. Mets les tiens en mouvement, Justin…le moment est venu de nous y mettre tous ensemble…sans cela, tu sais ce qui nous attend tous…

Il vida son verre et se leva. Avant de partir, il prit un instant Justin en aparté.

Merci, mon vieux. J’espère ne pas te décevoir…Tu as toujours l’œil pour les jolies femmes, elle est canon, Sam…Si tu vois Lucas dis lui que je l’aime…même s’il ne sait pas de quoi il rime…Allez, on se voit un de ces jours…

Sans donner le temps aux atermoiements, il s’évapora. De retour dans sa chambre solitaire, il se laissa choir sur le lit en se sentant vidé de toute force. Ce fut le bip discret de l’alarme interne qui le tira de ses sombres réflexions. Se levant, il consulta le panneau de contrôle installé là.

*L’alouette rentre au nid…Elle n’a pas perdu son temps pour le faire, son rapport !*

Cela lui fit un mal de chien et chassa tout espoir de sommeil.

*Je la sortirai de là ou on ira tous deux en enfer !*

Sur la table de chevet, la photo de son fils semblait le narguer doucement, ajoutant une misère de plus à sa déjà longue liste.

Il sirotait distraitement, en apparence, son café quand Alix fit son apparition, fraîche et pimpante. Elle avait dormi. Lui non. Il la considéra d’un œil froid et lâcha, sans même lui donner le temps de s’asseoir :


Faudra trouver quelque chose à mettre, mon ange…ce n’est pas en robe de sorcière que tu vas sniper le ministre !...Allez, va te changer. Je t’attends dans cinq minutes dehors !

Si elle râla, il fit semblant de s’en ficher. Si Alix s’était attendue à un entraînement plaisant, il se fit une joie de la détromper. Un vrai parcours du combattant qui débuta par une petite balade de cinq kilomètres au trot, juste pour admirer la bucolique beauté de la nature environnante.

Faut être en forme, ma jolie…on se sait jamais quand il faut décamper à toute…oui, bien sûr, tu peux trasplaner mais cela ne te fera aucun mal de te bouger un peu !

Si les regards tuaient…

Allez, ma chérie…tu vas quand même y arriver…non, pas de magie…je te confisquerai ta baguette si tu essayes…Tu n#as qu’à prendre de l’élan et le tour est joué !

Elle pesta bellement quand il la saisit par la taille et la souleva pour atteindre la branche visée, où elle resta perchée comme un moineau.

Tu vois, c’est pas malin…descends maintenant !

Il ne resta pas pour l’aider. La course aux obstacles, dans la boue, l’amusa prodigieusement. Alix le maudissait en serrant les dents. Qu’il ait l’audace de lui envoyer une douce claque au derrière pour qu’elle presse le pas faillit mettre le feu aux poudres. Michael commençait à beaucoup se plaire dans son rôle d’instructeur-profiteur. La mener à un train de diable n’obéissait qu’au désir de jouir de sa compagnie. Soit, elle le détestait frénétiquement en se traînant sous les ronces ou les barbelés, se demandant sans doute à quoi venait cet entraînement de « marine » alors que leur mission était mettre le feu à un quartier, magie aidant et abattre un homme à distance. Il aurait suffi de peaufiner son talent au tir mais compte tenu de son habileté, ce serait trop vite fini.

Michael ne s’était jamais préoccupé de la façon dont pouvaient se prendre les sorciers pour faire leurs provisions mais était convaincu qu’ils n’allaient pas au supermarché du coin. Après une matinée bien employée au tir à la cible mouvante et autres primeurs du genre, le déjeuner fut navrant. Certes Alix n’avait rien d’une adorable petite femme d’intérieur mais là on reconnaissait un manque flagrant d’enthousiasme. Il eut l’heur d’en faire une remarque et elle d’assurer qu’avec un frigo vide, peu était ce qu’on pouvait faire. Il piocha dans son triste plat de haricots avec haricots en se jurant remédier l’impasse, sans tarder.

Passe quelque chose de « sortable », on va faire des courses !

Agréait…agréait pas ? Il ne demanda pas. Alix jeta un regard plus que circonspect à la Range Rover garée devant le perron. Elle n’aimait pas trop les balades en moyens de transport moldu, même si n’ayant connu que l’avion et voitures de luxe. Il se promit de lui faire goûter aux joies du métro, en heure de pointe.

Qu’est ce que tu attends ? On va faire des courses et je ne tiens pas a atterrir en balai dans le parking, crois moi…Attache la ceinture !

Alix dans un grand surface. Un vrai régal pour les yeux. Elle était furieuse mais aussi curieuse en découvrant la « nouveauté » et se laissa, assez vite, gagner par la fièvre de l’acquisition. Le rayon gourmet fut proprement piégé. Tant de délices ne demandant qu’un tour au micro-onde se révéla irrésistible pour elle. Michael suivait le mouvement sans se priver de commentaires et remarques ironiques qui lui valurent, cela va de soi, quelques regards de mordante incandescence. Il s’en fichait. Ces joies simples de la vie ne seraient que de trop courte durée. S’il osait la toucher, ce dont il ne se priva pas non plus, elle se rebiffait comme pouliche farouche mais là encore, le moment était à saisir, sans penser aux lendemains. Ce soir là, le dîner valut le détour.

Les virées nocturne de la belle ne le tracassaient pas outre mesure. Que pouvait elle faire ? Rendre comptes á leur Maître, aurait été le plus normal. L’idée qu’en fait elle fut accourir à un rendez vous avec quelque amoureux inconnu, lui vira le foie de très mauvaise façon.

*Tu l’as laissée tomber, animal…que veux tu ? Qu’elle se fasse nonne pour tes beaux yeux !?*

Michael détestait la voix de sa conscience, si stupidement ponctuelle dans ses assertions. Cela ne l’empêchait pas de souffrir comme un damné. Il pensa à l’attendre, un de ces soirs, assis sur son lit et la soumettre à la question, sans détours. Elle lui larguerait un sort cuisant, si ce n’était pire. Il caressa l’idée de la séduire pour lui tirer des aveux ou l’amener à de meilleures considérations mais encore là, délaissa le plan, le tenant pour foireux…elle n’hésiterait pas à le pétrifier sur place et encore, avec de la chance. Stoïque, il voyait arriver le jour « D ».

C’est pour demain, ma chérie…que dirais tu si ce soir on s’offrait du bon temps ?...Un bon dîner dans un endroit très chic que tu vas sûrement aimer.

Endroit ultra chic choisi par Justin. Rendez vous de mise à point. En voyant paraitre Alix, en exquise moldue, il sentit ses bonnes intentions flancher piteusement. S’il n’avait tenu qu’à lui, le dîner sublime et le reste pouvaient aller au diable. Il aurait employé temps et énergie à lui faire revivre certains souvenirs en commun mais un reliquat de bons sens primant, il essaya de se comporter comme le parfait gentleman.
Davenport, le roi du déguisement, cette fois en homme mûr d’une soixantaine d’années, encore très gaillard, flanqué de sa blonde époustouflante était en lieu et en heure. Signal convenu, Michael s’excusa et laissa sa belle, seule à table. Le discret suivi ne rata pas. On la laissa entendre ce qu’elle attendait puis la communication fut coupée par une Samantha, distraite, qui écrabouilla l’oreille à rallonge sans sursaut de conscience.


Bien sûr qu’elle m’espionne. Elle fait son boulot, moi le mien…Non, Justin, tu ne lui mettras pas le grappin dessus…tu lui fiches la paix, c’est l’accord, compris ?...Je me fiche si tu comprends ou pas…je l’aime, un point c’est tout…mais on est pas là pour discuter ce point…On en est où ?

Juste là où il fallait. Réglée comme papier à musique, l’opération se déroula sans anicroches. Impossible de rater deux sorciers en balai dans leur survol en rase mottes du quartier avant d’y déclencher l’enfer. La mise en scène fut parfaite, digne des meilleurs films de Hollywood. Aux yeux d’un non initié, ils venaient de donner aux moldus un avant goût de leur pire cauchemar.

Où passa t’elle sa soirée ? Il n’en savait rien ni voulait le savoir. Incapable de rester seul à se ronger les sangs, il se rendit chez Davenport. Personne ne fit commentaire de sa mine de déterré. Comme prévu, les médias donnaient une large couverture aux évènements de la nuit. Il eut même une vidéo de leur survol meurtrier, question de ne pas laisser le moindre doute sur l’identité des coupables. Justin le prit en pitié, le meilleur Pur Feu de sa cave, pourvut à un peu d’oubli. Samantha, pleine de considération, les laissa seuls. Aucune confidence ne fut nécessaire, cette nuit. Il se sentait incapable de parler, de toute façon…

Il faisait froid sur ce toit. Alix était là. Plus froide et lointaine, impossible.

Chapeau pour hier soir, ma chérie, tu as été sublime. On a fait vraiment un beau travail…regarde moi ça…

Ça, c’était la désolation totale d’un tas de ruines fumantes et autres épaves entre lesquelles s’activaient des escouades de sauveteurs. L’expression d’Alix ne correspondait pas trop à celle d’une mangemorte satisfaite de son travail.

*Elle est bouleversée !!!*

Tant et si bien, qu’il aurait pu jurer qu’elle avait envie de lui taper dessus. Des sirènes en approche, les informèrent de l’arrivée de leur cible. Il suivit les gestes précis de la jeune femme. Sans hésitation, elle cerna sa cible. Et pressa la détente. Au milieu de la stupéfaction générale, le premier ministre britannique venait d’être abattu.

Sans dire un mot, Michael la saisit du bras et trasplana en lieu sûr. La cuisine de la Tanière. D’un geste sec, il alluma la TV. L’attentat faisait la une de toutes les chaînes, nationales et internationales. Mine de rien, du coin de l’œil, il guetta la réaction de la jeune femme. Il ne s’état pas trompé. Ses efforts pour rester de marbre ne pouvaient masquer les vrais sentiments qui l’agitaient. Quand un flash informatif de dernière minute figea l’image, elle se figea aussi. La nouvelle changeait les données : le premier ministre avait survécu à l’attentat !

Alix avait blêmi, plus, si possible. L’ordre avait été : tuer le premier ministre or là…


Calme toi !

Pas le bon conseil. Elle était décidément dépassée par les évènements. Lui avait ses arguments et les exposa :

Non, je ne suis pas fou, mon doux ange, au contraire, je pense qu’on a tout bon. Que le brave homme soit mort ou pas revient du tout au même. L’impact demeure. D’abord hier soir, maintenant ceci. Le Boss voulait de l’éclat. S’il en veut plus qu’il aille se balader à Trafalgar Square sur le coup de midi.

Elle trouva ses propos hautement déplacés. Il lui rit au nez.

Tu vas cafter ? Je m’en contrefiche, figure toi…et…m***e…

Un hibou frénétique s’en prenait au carreau. Impossible de se méprendre sur qui l’envoyait.

Ils regardent CNN, ma parole…

La Maitre leur faisait l’honneur d’une audience, flanqué bien entendu, de son État Major…
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Always... Empty
MessageSujet: Re: Always...   Always... EmptyDim 2 Sep - 0:04

Fallait-il qu’elle ait changé pour supporter ce salopard de De Brent !
Il fut un temps où la moindre brimade à son encontre aurait conduit Alix à une vengeance bien sentie. Or…
Pour la faire baver, il le fit, en s’amusant beaucoup, de surcroit. Cette semaine de cohabitation obligée s’avéra terrible pour les nerfs de la soi-disant Mangemorte.
Plusieurs raisons à cela. Primait qu’en aucun cas, elle ne devait risquer sa couverture et donc « accepter » sinon tolérer la promiscuité de Michael comme voulu par le mage noir. La meilleure était que l’Ordre lui recommandait la même attitude afin d’en savoir le plus possible sur ce « fidèle » contrevenant qui leur paraissait étrange. Mais… Tous semblaient négliger à quel point ce couple avait été proche. Peut-être s’en moquaient-ils ou au contraire tablaient-ils là-dessus pour favoriser leurs plans, allez savoir ? En tout cas, Alix était sur des charbons ardents en permanence.
Impossible de se mentir à elle-même : quoiqu’il lui ait fait subir en trahison, Alix conservait un faible pour Michael. Pouvait-on à ce point devenir chèvre en présence d’un homme ? N’ayant jamais été amoureuse, ni côtoyé de vrais couples soudés, Alix ne comprenait pas d’où lui provenait ce sentiment absurde hésitant entre attraction et répulsion. L’unique chose dont elle était certaine c’est que De Brent se fichait de sa poire. Sinon comment expliquer son comportement ?


*Il me prend pour une idiote finie, ou quoi ? *

À quoi rimait cet entraînement intensif digne des « Marines » ? Il la fit danser sur tous les tons, prétendant qu’elle devait être en forme, et autres fariboles.


*Tu crois me briser avec tes exercices à la *c*n *?*


Et il se marra en l’humiliant avec des passages boueux dans des tenues ou situations indignes.
Elle résista à ces affronts répétés. Se croyait-il maître de sa destinée ?


*Prends-ton pied ! Tu prendras le mien un de ces quatre, là où ça fait mal !*

Ce comportement de sergent instructeur avide de brusquer sa recrue n’inquiéta pas trop Alix. Qu’il veuille l’humilier ne lui déplaisait pas trop dans le sens où un dicton moldu – appris par ses soins- disait : « qui aime bien châtie bien » Considération ridicule mais apaisante au vu de la situation.

*Plus vite j’en serai débarrassée, mieux je me porterai*soliloquait-elle souvent.

Les détails de l’intervention s’étaient peaufinés entre l’Ordre et les ministères. On l’avait félicitée de ses renseignements, lui avait dicté la conduite à tenir, elle promit d’obéir en souhaitant qu’on ne mente pas d’aucun côté. Pourtant, la réunion précédant l’attaque décisive avait déclenché chez elle une rébellion. Quelqu’un osa émettre :

Quand vous aurez soi-disant fait mouche, arrangez-vous pour que l’on puisse s’emparer de De Brent.

Elle leur avait ri au nez :

Il n’est pas né de la dernière pluie, le Lord encore moins. Si Michael est arrêté, une source précieuse d’informations sera tarie, et je serai jugée irresponsable par LUI autrement dit : morte! Est-ce ce que vous désirez ?


Ouf ! Elle fut persuadée avoir sauvé leur tête… pour un moment.
À demi rassurée, elle espéra des précisions :


On est bien d’accord ? Je vais abattre un sosie du premier ministre, la vérité ne sera pas divulguée avant plusieurs jours et De Brent ne sera pas inquiété. Ça marche ?


Garanties, assurances, patati et patata, elle dut encore supporter les fantaisies de son instructeur.

*Des courses dans un supermarché ? POURQUOI ???*

D’ordinaire, sans se vanter, Alix était d’une perspicacité … démoniaque. Avec Michael, impossible de deviner quoique ce soit.

*C’est de ta faute si tu ne sais pas le cerner. Faudra prendre un sérieux recul après ça !*

N’empêche que ces courses chez les moldus, sous prétexte de frigo vide, fut un vrai… régal.
Jamais Alix ne s’était soucié de l’approvisionnement de sa cuisine ; Lormard y pourvoyait très bien.
Révélation ? Certes ! Curieuse de nature, Alix tint à s’approvisionner en règle.
Mais les bonnes choses ont une fin.


Voilà ! dit-elle de marbre au staff de l’Ordre après le raid express. Tout brûle comme prévu.


Pas de dommages collatéraux, lui assura-t-on. Tout s’est passé au mieux. Les dispositions sont prises pour la suite de votre mission. Il se pourrait que…


Que quoi ?
s’alarma-t-elle.

Que les retombées ne soient pas celles souhaitées. Tenez-vous-en au plan initial.

Elle eut beau supplier pour connaître le tenant et l’aboutissement, on la renvoya sous couverture avec seulement des doutes affreux.

Retourner sur les lieux de ses exploits ne la mit pas en joie. C’est qu’ils en avaient mis une belle pagaille, en duo…

La balle avait atteint la cible, sans faillir.
Elle ne s’attendait pas à ce que Michael la fasse transplaner direct chez lui où il brancha illico les informations. Les révélations de celles-ci la firent blêmir malgré elle : le premier ministre n’était pas mort !

*J’ai vu sa tête exploser ! D’où tiennent-ils ça ? On est foutu !*

Calme-toi !


T’es dingue ? Aveugle ou quoi ? On est dans la merde ! Il fallait descendre ce gars, les ordres étaient clairs.

Non, je ne suis pas fou, mon doux ange, au contraire, je pense qu’on a tout bon. Que le brave homme soit mort ou pas revient du tout au même. L’impact demeure. D’abord hier soir, maintenant ceci. Le Boss voulait de l’éclat. S’il en veut plus qu’il aille se balader à Trafalgar Square sur le coup de midi.

Que se passait-il en ce lieu, à cette heure ? Elle s’en fichait :

TU NE LE CONNAIS PAS COMME JE LE CONNAIS ! Tu n’as aucune idée de ce dont il est capable pour un simple ratage. Tu crois vraiment qu’il désire assister à une relève de la garde ou un truc du genre ? Tu te goures complètement. Oui, je vais cafter, comme tu dis. Je lui dirai à quel point tu es irrespectueux envers lui. Souffrir davantage te remettra peut-être les idées en place, gougeât !

Un hibou insistant plus tard mit fin à ce début de discussion. Inutile de se leurrer, ils étaient convoqués. Les instructions du parchemin déroulé ne leur laissaient aucune alternative.

Debout, face à la figure plate aux yeux rouges, Alix attendit le verdict. S’il n’avait tenu qu’à elle, elle aurait cherché un réconfort en pressant la main de Michael.
Impossible de lui donner cette satisfaction de ses craintes ; elle releva le menton, prête à tout
.

Étrange… commença leur maître de son ton nasillard et ironique. J’ai exigé un coup d’éclat et… je l’ai obtenu… N’empêche que…

Oui ! persifla Ariana De Brent. Celui que mon Maître voulait mort, ne l’est pas : il faut sévir ! Ma nouille de frangin a raté sa mission. Puis-je le corriger ?


Alix sentit son sang se retirer de ses veines. Si Michael tombait dans les pattes de sa sœur…

Je porte l’entière responsabilité de cet échec, mon Maître. Je jurerais avoir visé correctement. J’avoue ne pas comprendre comment ce type a survécu. S’il y a faute, elle m’incombe. *T’es givrée de le couvrir ! L’Ordre a dit…*

QU’IMPORTE !
gueula Voldemort en redressant sa carcasse nébuleuse du trône échu.

*Ça y est, on est foutu !*

Qu’importe qu’untel ou l’autre ne soit plus de ce monde, preuve est faite !! Le duo fonctionne et…. doit demeurer tel quel.

Maître, osa Alix d’une voix hésitante, il peut aller de son côté et moi du mien jusqu’à ce que vous nous dictiez…

NON ! Restez soudés. C’est la seule option ! D’ailleurs, j’ai trouvé le moyen idéal pour que cela s’accomplisse. Ariana, soit donc l’enchaîneur !

Avec joie, maître !

Qu’allait-on leur faire ?

Ce sera comme un mariage, ricana la sœur de Michael. Joignez vos mains !

*Pas ça ? Pas ça !...* paniqua Alix qui se douta de ce qui l’attendait.

Elle essaya de résister mais la poigne de Michael l’en empêcha. Plongeant son regard dans le sien, elle n’y lut ni déni, ni rancœur. Au contraire, une sorte de jubilation intérieure y brillait.


Michael, veux-tu veiller sur cette femme, le reste de ta vie ?

Avec un calme olympien, il acquiesça.
De la baguette de Miss De Brent, un sorte de langue de feu sortit et s’enroula autour des poignets soudés.


Et toi Alix Blackstorm, feras-tu de même ?


Son « oui » hésita à s’émettre mais, dans le fond…
Une autre langue de feu s’entortilla.


Michael, si cette femme trahit ta cause, tu la tueras. Alix, si mon frère trahit ta cause, tu le tueras.

Ils approuvèrent en même temps. La troisième langue de feu scella le pacte :

Je vous déclare unis par le serment inviolable ! rigola Ariana.

Les présents applaudirent tandis que le couple dessoudait les mains.
Voldemort parut satisfait.


Fêtez vos retrouvailles comme bon vous semblera. Dans un jour, une semaine, un mois, quand je vous sommerai, OBEISSEZ !

Eh M***E !

De retour à la « Tanière », Alix afficha sa, très, mauvaise humeur.
Dès que Michael lui eût lâché le bras, elle s’en détourna cherchant Apache qui ne demanda pas mieux que de recevoir des mamours.
Fourrager cette toison à la fois rêche et soyeuse procura une paix ineffable à la jeune femme.

*Toi, tu ne demandes rien qu’un peu d’attention. Si je dois en venir à tuer ton maître, promets-moi de m’égorger juste après*

Elle en aurait pleuré. Mais le ronron du chat l’apaisa.
Ses pensées remises en ordre, elle se redressa et toisa son acolyte obligé :


Nous sommes donc contraints de nous supporter mutuellement, ironisa-t-elle. IL nous contactera quand il jugera : on ira. Moi, là, j’ai besoin de vacances. Tu as tout ce que tu veux ici : compagnie féline ou autre – Je n’en doute pas - , elfe.. . Oui, je sais que Bikita vient, tire pas cette tête.
@+ comme on dit chez tes moldus chéris !


Elle voulut avaler la potion issue de son sac, il l’en empêcha.

… Tu déconnes ! Ce n’est pas du poison, juste un truc que j’ai mis au point pour disparaître… mentalement. Tu dois veiller sur moi, non ? Je te laisse mon corps. Tu me réveilleras quand ce sera le moment ! … En quoi les effets peuvent-ils t’intéresser? Je ne serai pas dans tes pattes ni moi dans les tiennes, ça devrait te suffire. Laisse-moi boire ce truc !...

Pas question selon lui. Une bagarre en règle débuta sous les grands yeux dorés du cougouar qui se prit au « jeu ». Tels de forcenés, les belligérants roulèrent au sol en se disputant le flacon. Le « chat » sauta sur l’occasion et croqua assez le poignet d’Alix pour qu’elle lâche la fiole dont il s’empara avant de courir la cacher Dieu sait où. Assez hilare, Michael la dominait, l’écrasant au sol de tout son poids.

T’es content ? J’ai même plus de droit de m’évader comme je veux ? LÂCHE-MOI !

Il n’en avait aucune intention. Le regard qui la transperça, elle ne le connaissait que trop bien. Le désir qu’elle y lût l’affola… dans tous les sens. Une part de son être voulait répondre, connaître à nouveau le délire dans lequel Michael savait si bien l’entraîner. Une autre part se refusait à accepter la reddition qui ne mènerait à rien d’autre qu’à une souffrance supplémentaire.


Viole-moi, si ça te démange !
lui cracha-t-elle au visage. Elle détourna le sien et s’immobilisa, détachée, en attente passive.

Si Alix ignorait certains aspects du caractère de Michael, il en était un dont elle était sûre : il ne forçait jamais ses conquêtes. Tablant dessus, elle put bientôt respirer à l’aise quand il relâcha son étreinte.
La joute était-elle terminée ? Difficile à déterminer.


Merci, dit-elle, en se relevant grâce à la main tendue. Nous devons mettre divers points au clair, Michael...

Il leur servit deux whiskies pur-feu pendant qu’elle pesait ses mots. Elle avala son verre d’un trait, et alla se resservir aussitôt :

Le passé est le passé. Tu as, de ton chef, tout foutu en l’air entre-nous. Je ne suis pas quelqu’un qui pardonne, tu le sais. J’aurais pu accepter tes tocades passagères puisque l’infidélité est le naturel de l’homme… Euh…


Sa question était une surprise. Il n’avait pas tort. Qu’en savait-elle des hommes ?

C’est ce qui se dit, et ce que j’ai constaté autour de moi… Justin ? Que vient-il faire là-dedans ?... Ah, Mr. Perfect ! On voit où ça l’a mené. Disons qu’il constitue une exception dont tu ne fais pas partie. Tu aimes les femmes, toutes les femmes, Michael. J’aurais pu l’admettre mais que tu aies ramené cette blondasse dans notre lit a été un coup… fatal… QUOI ? TU L’AS FAIT EXPRÈS ?


Elle avait bu deux verres, lui trois, et dans aucun il n’y avait de véritasérum. Cette révélation la scia. Volontairement, il avouait l’avoir trompée ouvertement parce qu’il… le devait.

… ça n’a aucun sens, excuse-moi de te le dire. Me protéger de quoi ?


Il lui fallut deux verres de plus pour se remettre d’aplomb.
Pourquoi lui disait-il cela maintenant, seulement maintenant alors qu’il savait parfaitement ce qu’il encourait après un serment inviolable. Ainsi, il avait été tenté de rentrer dans le droit chemin et avait craint de l’entraîner dans sa chute ? Elle ne l’en félicita pas, biaisa, suspectant un piège :

Je devrais t’abattre immédiatement, mais… puisque tu es revenu dans la bonne direction* tu parles !*, il n’y a aucune raison de le faire, n’est-ce pas ?... Moi ? Changé ? *Il te teste, méfie-toi !* Un peu, c’est possible, oui. N’en tire pas gloriole. Je reste fidèle à mes principes…*et au reste, moi*. Mais changeons de thème, veux-tu ? (Un verre de plus) Comment on va faire pour nos amants ? J’veux pas ( ça commençait à tourner, là) Je ne veux pas t’avoir collé aux basques sans arrêt. On a droit à nos… euh… intimités, non ?

Quoiqu’elle jouât la pompette, elle était à peine beurrée et ne rata pas l’expression qu’il tira.


*Ou tu es le meilleur comédien digne d’Oscar, ou ça t’e*****e, que j’aie un amant ! Bien fait !*


Il décréta que le serment les obligeait à une cohabitation perpétuelle, sans compromis possible.


Bon, d’accord. Je dirai à Max de prendre patience, alors ! Je te conseille de faire pareil avec tes femmes.

De Max, elle n’en connaissait qu’un, un chien croisé en rue.

Il est encore tôt. J’aimerais prendre l’air. Tu viens, je suppose ?


Evidemment, il voulait suivre, prétendant la séparation impossible.
S’il y tenait…

Alix avait le fond de l’âme bucolique. Les grands espaces naturels l’apaisaient. Cet endroit du Kent était charmant. Michael s’y était établi avec un soin précis concernant son chat hors norme qui pouvait gambader sans attirer l’attention.
Ils marchèrent côte à côte comme de simples voisins en balade.
Les narines frémissant, Alix détecta :


La mer est proche. Où est-ce ?


Il la guida vers un panorama spectaculaire, inédit.

C’est ça, les falaises de craies ?

Il lui fit un rapide historique des lieux qu’elle mémorisa tout en s’emplissant les yeux de la nature sauvage du lieu.

C’est… très beau. Mais ces nuages qui roulent ne me disent rien qui vaille. Rentrons.

Elle était très tendue en arrivant au logis. Un orage, comme ceux honnis, approchait, elle le pressentait. Il fallait à tout prix s’occuper.

Je vais apprendre à cuisiner. Bikita n’étant pas là, tu as bien des bouquins quelque part, non ?


Il se démena pour lui en trouver un correspondant à son désir.

*Omelette aux champignons, c’est pas compliqué…*


Elle battait les œufs quand le premier roulement de tonnerre gronda…



Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Always... Empty
MessageSujet: Re: Always...   Always... EmptyMar 4 Sep - 18:45

Une situation peut changer d’un instant à l’autre, de la façon la plus surprenante qui soit. C’était bien le cas de le dire. Entre leur entrée en scène et leur départ, en fanfare, le tout n’avait pas duré une demi heure. Si on lui avait dit une heure auparavant qu’il finirait attaché à Alix pour la vie avant le soir, il aurait ri à en mourir…et pourtant ! Soit, ce n’était pas un mariage conventionnel mais pour les effets un Serment Inviolable s’avérait d’une efficacité à toute épreuve. La cérémonie, menée à tambour battant, ô dérision, par sa propre sœur et pire ennemie , terminée, Le Maître les avait congédiés avec ses « meilleurs vœux », sous les applaudissements de l’assistance.

Il n’avait pas hésité à dire oui. Il voulait vraiment veiller sur cette femme jusqu’à la fin de ses jours. Bien sûr, vu la douteuse symbiose de leurs sentiments celle là risquait d’être une union vouée à l’échec. Le « oui » d’Alix avait été peu convaincant mais tout à fait valide. Qu’Ariana jubile lui mit la puce à l’oreille, juste quelques minutes auparavant elle réclamait sa peau et la voilà officiant le sortilège avec cet éclat malsain qui ne voulait jamais dire rien de bon. C’était comme si elle savait quelque chose qui lui échappait, à lui. Logiquement, Michael ne pensait pas perdre son temps à lui demander ce qui la turlupinait si « joyeusement », il s’arrangerait bien pour trouver tout seul.

Retour à la maison. Bonheur ineffable ? À d’autres ! Soit, il ne se sentait pas le plus malheureux des hommes, loin de là mais venant d’unir sa destinée à celle d’une femme rétive qui avait des très bonnes raisons pour lui en vouloir et pas qu’un peu, il n’y avait pas exactement de quoi sauter de joie. Alix était furieuse.

Apache eut droit à son lot de câlins alors qu’il restait là, à contempler la scène, en se demandant où les mènerait la situation. La connaissant assez bien, il devina que sa femme cherchait à mettre ses idées en place pour l’achever avec quelques remarques pointues et glaciales dont elle avait le secret. Ça ne rata pas. Quand elle se redressa, Alix était de nouveau parfaitement maîtresse de ses émotions…ou presque.


Nous sommes donc contraints de nous supporter mutuellement.

*Tiens, Madame est ironique…t’es bien avancé !*

Pas la peine d’essayer d’en placer une, valait mieux la laisser vider son sac. On pourvoirait après.

IL nous contactera quand il jugera : on ira. Moi, là, j’ai besoin de vacances. Tu as tout ce que tu veux ici : compagnie féline ou autre – Je n’en doute pas - , elfe…

De quoi diables parles tu ?, et il était sincère, il n’avait pas la moindre idée d’où elle voulait en venir.

Oui, je sais que Bikita vient, tire pas cette tête.

Bikita ?...Elle est chez ma…mère…hey…qu’est ce que…

Elle mit la main dans son sac et en tira une fiole tout en disant :

À plus comme on dit chez tes moldus chéris !

Mais cela ne va pas chez toi ! Donne moi cette fichue fiole…Tu veux t’empoisonner ou quoi !?

Elle défendit âprement son bien en lui criant, enragée.

Tu déconnes ! Ce n’est pas du poison, juste un truc que j’ai mis au point pour disparaître… mentalement. Tu dois veiller sur moi, non ? Je te laisse mon corps. Tu me réveilleras quand ce sera le moment !

Tu as complétement perdu la tête ! Et puis, quels effets a ta potion à la noix !?

En quoi les effets peuvent-ils t’intéresser? Je ne serai pas dans tes pattes ni moi dans les tiennes, ça devrait te suffire. Laisse-moi boire ce truc !

Ah non, ma belle, ce ne sera pas si facile que ça…Donne moi ça !

Elle ne voulait pas. Il insista. Son refus devenait vexant, son insistance monta de ton. Elle voulut filer, il l’attrapa du bras. Elle lui envoya une claque, il répondit et tout à coup la fameuse fiole se convertit en l’enjeu d’une joute entre chiffonniers, Entre ceci et cela, ils se retrouvèrent à rouler au sol en grondant comme des chats de gouttière. Apache suivait ces singuliers ébats avec croissante attention jusqu’à décider de s’en mêler en pressentant sans doute que la chose menaçait de se corser et le tout à cause de la fichue fiole. La solution du chat fut simple. Se mêlant efficacement à la mêlée, elle s’empara de l’objet de la discorde et disparut avec.

Voilà…affaire réglée…tu vas nulle part !

Il la retenait clouée au sol en y appliquant son poids. Évidemment, elle était loin d’être ravie.

T’es content ? J’ai même plus de droit de m’évader comme je veux ? LÂCHE-MOI !

Pour que tu m’arraches les yeux…non merci, ma chérie !


Pendant un instant, elle soutint son regard, qui disait long sur les sentiments qui l’agitaient…Si seulement il avait pu la convaincre de ses véritables intentions.

Viole-moi, si ça te démange !

Il prit une profonde inspiration, dépité en se relevant et lui tendant la main.

Merci. Nous devons mettre divers points au clair, Michael...

Ouais…il semblerait.

Question de se calmer, il alla servir deux whiskies bien tassés et lui tendit un verre.

Vas y, je t’écoute !, dit il, las, présageant ce qui suivrait.

Qu’elle vide son verre d’un trait et aille s’en resservir un autre n’était pas de meilleur augure. Pour si jamais, il l’imita et resta près de la bouteille.

Le passé est le passé. Tu as, de ton chef, tout foutu en l’air entre nous. Je ne suis pas quelqu’un qui pardonne, tu le sais. J’aurais pu accepter tes tocades passagères puisque l’infidélité est le naturel de l’homme…

Ah bon ? Parce que tu es une sommité de la question, toi ?...Qu’est ce que tu sais sur les hommes, Alix ?

Euh…

Oui…euh…à moins que tu ais passé les deux dernières années à te pencher sur les entrelacs de la nature humaine…ce dont je doute !

Elle n’allait pas se laisser avoir si facilement.

C’est ce qui se dit, et ce que j’ai constaté autour de moi…

Vraiment ?...Tu as mon copain Justin, par exemple…

Mauvais exemple !

Justin ? Que vient-il faire là-dedans ?... Ah, Mr. Perfect ! On voit où ça l’a mené. Disons qu’il constitue une exception dont tu ne fais pas partie. Tu aimes les femmes, toutes les femmes, Michael. J’aurais pu l’admettre mais que tu aies ramené cette blondasse dans notre lit a été un coup… fatal !

Il remplit son verre et le vida illico, sans respirer. Le moment était venu d’aplanir tant soit un petit peu la situation.

Je suis désolé de cet épisode là mais…il le fallait.

QUOI ? TU L’AS FAIT EXPRÈS ?

Troisième verre au gosier.

Oui. Ça a été…une mise en scène, enfin…cette fille en signifiait rien pour moi…Mais c’était la seule façon de mettre fin à notre…relation en te donnant toutes les raisons pour me détester. Comprends, je devais te mettre à sauf, Alix…

Ça n’a aucun sens, excuse-moi de te le dire. Me protéger de quoi ?

En ce temps là, j’envisageais sérieusement tout lâcher et foutre le camp…j’allais trahir mes engagements et nous connaissons bien quelle est la punition pour ce méfait…Ils auraient tous cru que tu savais de mes plans…et je n’ai jamais voulu te causer un tort…encore moins une sanction pareille.

Bien entendu, elle n’allait pas lui sauter au cou, éperdue d’amour et le pardonner sans faire plus d’histoires. Ses aveux avaient dû tout de même la secouer. Il ne l’avait jamais vu s’enfiler les Pur feu avec tant d’aisance.

Je devrais t’abattre immédiatement, mais… puisque tu es revenu dans le droit chemin, il n’y a aucune raison de le faire, n’est-ce pas ?

Il eut un sourire en coin, sans gaité.

Ma foi…je ne pense pas, non ! Ce serait quand même suspect te défaire de moi si rapidement…mais ce n’est pas seulement cela, hein ? Tu as changé, Alix…

Moi ? Changé ? Un peu, c’est possible, oui. N’en tire pas gloriole. Je reste fidèle à mes principes.

Comme toujours…

*Et qu’est ce que tu croyais ? Qu’elle allait admettre que tu as changé sa vie ?...Tu déconnes à fond, mon vieux !*

Mais changeons de thème, veux-tu ?

Ce sera mieux, oui…

Elle remplissait de nouveau son verre, il songeait à lui en toucher deux mots quand sa question suivante le laissa comme deux ronds de flan.

Comment on va faire pour nos amants ? J’veux pas …Je ne veux pas t’avoir collé aux basques sans arrêt. On a droit à nos… euh… intimités, non ?

Tu veux…enfin…tu…Bon sang, Alix, tu as perdu tout sens du décorum…on vient de se…enfin…on est mariés ou quelque chose de très ressemblant…cela ne fait même pas deux heures que…et tu me parles de tes amants !!! Bon, soit…tu as un amant ou deux ou ceux que tu voudras…Je ne crois pas que tu aies bien saisi la teneur de cet accord forcé…Je ne sais pas si le Maitre verra de bons yeux, que sitôt unis…on aille s’envoyer en l’air avec quelqu’un d’autre…pas que je croie son sens de la moralité si poussé mais enfin…comme quoi, je dirais qu’on laisse se tasser l’affaire et on verra bien après…

*Une trentaine d’années ou plus…*

C’est beau rêver. Elle le déchanta, impitoyable.

Bon, d’accord. Je dirai à Max de prendre patience, alors ! Je te conseille de faire pareil avec tes femmes.

Se sentant parfaitement abattu, il entrevoyait un sombre futur quand elle le surprit en disant :

Il est encore tôt. J’aimerais prendre l’air. Tu viens, je suppose ?

Qu’est ce que tu crois ?...où tu vas, je vais…

Apache, sans que personne ne l’invite fut la première à sortir et à filer comme minet épris de liberté.

Ils marchèrent un moment, sans rien dire. L’après midi déclinait en douceur, ce serait une belle soirée d’été. L’air doux, la nature paisible…et Alix. Elle finirait par le rendre plus fou qu’il ne l’était déjà mais si elle se montrait tenace, lui ferait preuve d’endurance. Elle avait une bien piètre opinion de lui, ce dont on ne pouvait pas la blâmer, il n’avait pas précisément fait des efforts pour prouver le contraire même si pour alors ce qu’il commençait à sentir pour elle prenait une envergure insoupçonnée. Après…il l’avait déjà dans la peau et avait souffert comme un damné…et continuait de le faire.
Apache gambadait à son aise, disparaissant tout à coup, lancée sur la piste d’un lièvre, qu’il espéra elle n’attraperait pas. Aucun besoin de choquer Alix en la voyant apparaître avec un cadavre sanglant en travers la gueule. À moment donné, la jeune femme s’arrêta, humant l’air.

La mer est proche. Où est-ce ?

Oui, c’est par là, viens !


Peu après ils aboutissaient à une large prairie, déserte qui finissait abruptement face à la mer.

Voilà…Madame est servie…voici le canal de la Manche.

Le spectacle sembla la surprendre. Ils se trouvaient sur une haute falaise, au loin face à eux, une ligne diffuse dans une sorte de brouillard, démarquait l’horizon. L’air salin était chargé d’embruns, la mer agitée se couvrait de moutons blancs pour venir mourir avec fracas sur les rochers qu’ils surplombaient.

C’est ça, les falaises de craie ?

Oui, c’est bien cela. Tu vois là, cette ligne plus sombre…c’est la France. Celui-ci est le point le plus proche au continent. On dirait que ce serait un jeu d’enfant, traverser le Canal et venir débarquer dans le coin…pourtant, ces eaux sont traitresses et les vents changent constamment…les histoires de naufrage font foison en ces lieux…Sans doute l’un des plus célèbres…La Grande Armada…une belle victoire du climat anglais…

Il aurait pu lui en raconter des histoires, se remontant dans le temps. Ce histoires que sa mère aimait lui conter quand il était petit mais se dit que le moment ne se prêtait pas trop aux dissertassions de ce genre. Alix contemplait avidement ce paysage ouvert, libre et somptueux et tout semblait la ravir jusqu’a ce que sa contemplation décline en vérification météorologique.

C’est… très beau. Mais ces nuages qui roulent ne me disent rien qui vaille. Rentrons.

Elle n’avait pas tort, un front nuageux d’allure peu engageante couvrait rapidement le ciel. Ce fut un retour raide et silencieux, finie la balade bucolique, Alix, fermée, fuyait tout simplement. Il connaissait bien cette terreur atavique qui l’habitait dès un grondement de tonnerre. Reliquat d’une enfance malheureuse que même cette maîtresse femme, experte en self-control, était incapable de surmonter. Dès qu’un orage se déchaînait elle basculait dans un était de paroxysme paniqué…


Je vais apprendre à cuisiner. Bikita n’étant pas là, tu as bien des bouquins quelque part, non ?

Pour une requête, celle là était plus que surprenante. Qu’elle parle de Bikita, encore plus.

Tu connais Bikita ?


Elle dut trouver sa question stupide et la laissa sans réponse. À lui de dénicher un livre de cuisine. Tâche pour le moins ardue tenant compte que la cuisine n’avait jamais éveillé un moindre intérêt chez lui. Sa bibliothèque était certes bien garnie mais il était sûr de ne posséder aucun ouvrage correspondant aux désirs de Madame. Avant que la crise n’éclate, Michael para au mieux. Son patronus partit en mission urgente. Chez Davenport on se demanderait s’il n’était pas tombé sur la tête mais il s’en fichait royalement. La réponse ne se fit pas attendre. Le cougouar argenté revint. Le bouquin s’intitulait : La bonne cuisine. Un petit mot l’accompagnait : bon appétit !, et ce n’était pas l’écriture de Justin.

Il trouva Alix dans tous ses états en arpentant la cuisine comme fauve en cage, sous l’œil paisible d’Apache.


J’ai trouvé que ça !


Elle s’empara du livre comme s’il s’agissait du salut de son âme et se mit à le compulser fébrilement. Dehors, le ciel s’était couvert, le faible roulement perçu peu auparavant croissait…l’orage ne tarderait pas beaucoup à être sur eux. Alix semblait avoir trouvé son bonheur et s’adonna rapidement à la quête des ingrédients. Ça tonnait gentiment en restant encore discret… Elle battait les œufs pour l’omelette promise quand un roulement bien plus rapproché éclata, annonçant que la tempête venant du large venait d’atteindre terre ferme.

Le bol s’écrasa au sol, faisant bondir Michael de sa place et réveillant en sursaut Apache qui sommeillait. Alix, décomposée, tremblait en contemplant le désastre ménager.

*C’est foutu pour l’omelette !*

Un Recurvite express effaça toute trace mais un second éclat la fit bondir pratiquement dans ses bras. Sans s’en plaindre le moins du monde, il l’enserra dans une étreinte rassurante.

Ce n’est qu’un petit orage de rien du tout…

Elle n’y croyait rien et lui non plus. Ces tempêtes inopinées peuvent sévir toute la nuit et parfois jusqu’au jour suivant.

Viens, on fera un bon feu…je peux ouvrir une boîte de soupe…la chauffer au micro…

Le divan du séjour, face à la cheminée était un refuge douillet. Installée entre coussins, avec un plaid sur les genoux et Apache qui tenait à faire diversion, Alix sembla se calmer un peu. Un instant plus tard, un bon feu crépitait dans l’âtre. Il fila dans la cuisine et s’affaira de son mieux. Après tout, leur pillage-gourmet aurait du bon…la bisque, même si de boîte, était assez succulente comme pour s’en féliciter. Comme elfe domestique, il repasserait mais le service fut assuré. La soupe arriva à bon port, ainsi que le vin. Ils mangèrent, entre roulement et éclair. Alix, tendue comme corde d’arc, sans doute remarquer ce qu’elle portait à sa bouche, trop occupée à compter le temps entre lumière et bruit. Il faisait la même chose, espérant que le déchaînement des éléments attendrait la fin de leur dîner bâclé, entre une chose et l’autre, il était tout simplement affamé.

La coupe de vin faillit valser dans les airs. La foudre était tombée tout près cette fois. Il la lui prit des doigts et la déposa sur la table, avant d’entourer les épaules tremblantes d’Alix de son bras. Elle ne rechigna pas, au contraire, affolée, elle voulut se blottir dans ses bras, le trouvant, malgré tous ses défauts, moins inquiétant que la nature déchaînée. Impossible ne pas remémorer cette autre nuit de tempête, sur la côte de Cornouailles qui avait abouti, de manière si inattendue au début de leur torride affaire. Depuis, Alix et les orages ne faisaient qu’un pour lui…et il y avait eu tant d’orages sans elle…trop !
Elle était là, si proche et démunie dans sa peur. Il lui avait suffi de se pencher un peu pour s’enivrer du parfum à chèvrefeuille de sa chevelure, de l’odeur de sa peau qu’il savait si douce. Ses idées dérivaient, sans doute dans le mauvais sens mais il n’y pouvait rien. Alix avait toujours eu le pouvoir de le rendre à demi fou ou fou complet, quelle importance. Avec elle, il ne rêvait que de perdre la tête, se ficher du monde et l’avoir. Il égarait le bon sens et tout ce qui pourrait le ramener sur la voie de la raison.

J’ai mal de toi, Alix…

À cette vérité unique, énoncée en un murmure elle releva la tête et le regarda. Ses merveilleux yeux de nuit élargis d’une crainte, qui en cet instant n’avait rien à voir avec la foudre. Il lui flatta doucement la joue, en la sentant frémir.

Tu sais que je ne te ferais jamais de mal…

Mais il lui en avait fait et s’en voudrait toute sa vie pourtant en cet instant, tout cela sembla perdre de l’importance, quand il lui effleura la bouche d’un baiser, elle ne chercha pas à le repousser. Michael sut alors que faisant cas omis de la supposée noirceur de son âme et autres fautes innommables, elle voulait de lui autant que lui d’elle. Il est des choses dans la vie qui sont aussi inévitables que la pluie ou le beau temps. Si en ce jour un lien forcé les avait unis aux yeux des hommes, longtemps auparavant un autre, uniquement leur, les avait attachés pour toujours…

Ce ne fut pas un déferlement de passion aveugle et insensée qui les emporta. Ils prirent leur temps pour se retrouver, se redécouvrir, se prélasser des sensations délicieuses qui les isolaient si bien du reste du monde, dans cette espèce de cercle magique où toute autre chose qu’eux était bannie. Conjuguant, émerveillés, la différence entre coucher ensemble et faire l’amour…

La tempête sévissait encore au petit matin mais avait perdu sa virulence première. Avec Alix endormie, dans ses bras, Michael avait cherché le confort de son lit. Il avait encore du mal à croire qu’elle fut là, si proche, si calme et prit son temps pour la contempler dans la clarté blafarde de l’aube. Il savait que leurs lendemains ne seraient pas faciles, beaucoup d’écueils restaient à franchir…mais elle était là, il se rendormit en la serrant contre lui.
Ce fut la sensation d’être observé qui le tira de son sommeil. Alix le regardait et n’avait pas l’air précisément ravie.

Bonjour, toi…bien dormi ?...Alix, ne recommence pas…Tu sais très bien que je n’ai pas profité de la situation…Tu vas m’excuser mais tu n’avais pas l’air bien malheureuse…

Alix lui tapa sur le bras mais pour quelque raison qui soit, elle n’avait pas sauté du lit et planté là. Si elle avait envie de discuter sur les droits inhérents d’une fille affolée par la foudre ou sur les ravages des bouleversements climatiques, il n’avait rien en contre, tant qu’elle resterait près de lui. Elle en dit des choses et il les écouta. Pour son bonheur, la pluie tambourinait les vitres et de temps à autre se laissait entendre un roulement de tonnerre lointain.

Qu’est ce qu’on va faire ?...À ton avis, ma chérie ? Pas aller nous balader dehors, sois en sûre…Vais pas te proposer une balader en voiture non plus…On put rester tout simplement ici…on y est bien, non ?...Écoute, mon ange…on est tous les deux dans le même pétrin, autant s’en tirer le mieux possible…NON ! Je ne veux pas dire ça…Tu n’es pas un passetemps agréable…je sais que tu as du mal à y croire…mais je t’aime, c’est simple…Oui, je sais exactement de quoi je parle…T’en fais pas, je finirai bien par te convaincre même si cela me prend la vie entière…Ah tu as faim ?...et je l’air d’un elfe domestique, moi !?

Il n’en avait certainement pas l’allure mais sous peine de mourir de faim en pensant à des jours où il suffisait de claquer des doigts, ils accordèrent faire l’essai de s’en sortir…ensemble. Leur « somptueux » petit déjeuner consista en café, tartines légèrement cramées, œufs brouillés miraculeusement réussis et un assortiment bluffant de confitures variées. Il pleuvait toujours et le vent soufflait en rafales enragées.

Apache ronflait sous la table. Alix se rongeait les ongles en suivant les péripéties d’Indiana Jones à la recherche de quelque trésor perdu. Michael, lui s’octroyait un essai de sieste tout en écoutant amusé les commentaires de la belle et ses soupirs à moment donné. Il avait presque du mal à croire que ce moment soit possible. Et encore moins que son Alix se révèle comme une passionnée de la TV. Il n’avait aucun motif de s’en plaindre, tant qu’elle aimerait se servir de lui comme coussin. La journée se passa en douce farniente. Aucun hibou porteur de message de malheur, pas de téléphone sonnant, aucun Patronus, c’était comme si le monde les avait oubliés un moment, leur donnant un répit bien mérité.
Le feu dans l’âtre, la musique douce, invitante. Encore un souvenir…Noel à Berlin. Cela semblait appartenir à une autre vie. Cela vint tout seul, sans préméditation. Apache, suivait leurs évolutions d’un œil résigné avant de décider que ces deux là n’avaient aucun besoin d’elle et se retirer chercher un coin douillet et solitaire où dormir.


Reste toujours avec moi, Alix…cette nuit…et le reste de ma vie…

Il y avait toujours une leur de suspicion incrédule au fond de son regard de nuit. Il lui flatta doucement la joue, en lui volant un baiser.

Ce que je veux dire, ma chérie…est que, peu importe comme cette histoire tourne…si on s’en sort…je te veux pour moi…à jamais…comme ma femme…comme la mère des enfants que nous pourrions avoir…et de Lucas…Je ne veux pas être lié à toi par un serment de mort…tu te marierais avec moi ?...pour de bon…comme il faut…

Elle ne dit rien. Le moment n’était peut être pas le mieux choisi mais sa réaction ne fut pas une négative, non plus !

En tout cas, les jours suivants, Alix ne parla plus de son amant, ni de ses conquêtes à lui. Tout baignait dans une ambiance de parfaite entente jusqu’au coup de fil de Mrs. Applewhite, le convoquant pour une réunion urgente à avoir lieu le soir même. Sans donner trop d’explications, il annonça à Alix qu’il allait sortir, ce qu’elle agréa sans faire de commentaire. Ce qui, bien entendu eut l’heur de lui mettre la puce à l’oreille. Il s’était attendu à autre chose. Parti à l’avance, il attendit un certain temps avant de retourner à la maison. Comme il l’avait soupçonné, Alix n’avait pas perdu de temps et s’était enfumée. Inutile de dire que son humeur ne valut rien le reste de la soirée et quand on lui en fit la remarque, sa riposte enragée frôla le désobligeant.
Réunion terminée, Michael rentra chez lui, la mort dans l’âme. Alix feignit dormir quand il se glissa sous les draps. Il tint bon un moment mais finit par se retourner et la secouer, sans trop de douceur.

T’étais où ?


Sa réponse, toute douceur, avant un baiser de bonne nuit, lui cloua le bec et lui provoqua une rageuse insomnie. Le lendemain, face à une tasse de café, il arborait un air de déterré insomniaque quand un hibou donner du bec au carreau. Il laissa à Alix le plaisir de prendre connaissance du message. Court et concis. Convoqués immédiatement, il ne leur resta qu’á se rendre à l’impérieux appel. Point de Maître en vue. On avait chargé Ariana du devoir de les mettre au courant de leur prochaine mission. Michael jura, furieux. Non seulement il devrait revoir sa vipère de sœur mais encore retourner au manoir De Brent, où il s’était juré de ne plus jamais remettre les pieds.

Ariana les accueillit avec cet air faussement enjoué de qui a des mauvaises nouvelles à donner et s’en réjouit follement.

Vous me voyez désolée d’interrompre votre lune de miel mais…le Maitre désire attirer l’attention de nos confrères d’outre-mer…que tu as su si mal circonvenir, petit frère…

On se passe de tes commentaires…de quoi il en va ?

Je crois que ceci va te faire plaisir…imagine toi que ce moldu stupide que tu avais pour ami, Davenport…a une nouvelle petite amie…pas des moindres…un agent du Trésor et une sorcière très…disons, en vue…un pion relevant, dirions nous…et bien, votre mission, mes chéris, n’est autre qu’enlever la femme, la torturer à votre guise et lui soutirer toute l’information importante. Avez-vous compris ?...Inutile de vous dire qu’en cas de manquement…

Va au diable, Ariana !...Viens, Alix, on y va !

Le rire absurde de Miss De Brent les suivit jusqu’à la sortie. Alix voulut savoir ce qu’ils allaient faire.

Ben je ne vois pas d’autre solution que faire ce qu’on nous demande : on va enlever la fille.

Comme si c’était la plus courante des activités. Alix se faisait sans doute quelques idées mais ses questions furent pertinentes et ses commentaires judicieux.

Ce ne sera pas bien compliqué…faut juste savoir comment s’y prendre…n’oublie pas que je connais Davenport…il est aussi fidèle à ses habitudes qu’une horloge de coucou à donner l’heure…On va pas débarquer, dire coucou et emmener la belle…faut un peu de planification mais pour parvenir à notre but faut seulement tenir en compte une paire de détails…

Il s’en voulait de jouer un si mauvais tour à son meilleur ami mais à la guerre comme à la guerre. On verrait après pour les explications.

Pourquoi un sorcier patenté comme Justin Davenport s’entêtait il dans ses habitudes moldues ? Allez savoir…mais béni soit il pour cela. Depuis que Michael avait mémoire tous les jeudis matins, le camion du teinturier franchissait les grilles de La Folie, déposait ce qu’il avait emporté la semaine d’avant et repartait avec un nouveau chargement. Ce jeudi là, le pauvre Mr. Bannion se retrouva à faire un petit somme à l’ombre d’un bel arbuste, sur el bas côté de la route, il ne sut ni saurait jamais ce qui lui était arrivé.
Investi en teinturier de service, se gara devant le perron et comme on s’y attendait, alla sonner. Dans le camion, Alix attendait. Miss Forrester en personne vint ouvrir et n’eut le temps que d’écarquiller les yeux. Et pousser une exclamation surprise.


Je ne vais pas te faire de mal, Samantha…mais il faut que tu viennes…je t’explique après…par pitié fais semblant !

Ou elle était une excellente comédienne ou la surprise l’avait empêchée de comprendre ses mots. La miss fit un tapage à ameuter la contrée, se débattit comme une folle mais ne put éviter d’être …enlevée ! Un elfe affolé accourait à la rescousse…trop tard, le camion du teinturier démarrait déjà sur le chapeau des roues…et disparaissait avec son « butin ».

Une fois à quelques kilomètres de là , ils abandonnèrent le véhicule et trasplanèrent à La Tanière. Miss Forrester joua à la perfection son rôle d’otage ulcérée, tout feu et flamme, la belle se défendait avec bec et ongles, jusqu’à ce qu’Alix, agacée ne la stupefixe. Michael évita de justesse qu’elle ne se prenne un billet de parterre et alla l’étendre confortablement dans leur divan.

Désolé, Sam…faut rester crédibles…


Il eut droit à un regard rageur avec un fond de complicité et acte suivi, comme s’il avait quelque chose d’urgent à y faire, s’enferma dans son bureau. Il se marrait presque en pianotant son message adressé à Justin :

"C’est nous qui l’avons !"

Advienne que pourrait…
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Always... Empty
MessageSujet: Re: Always...   Always... EmptyJeu 6 Sep - 20:31

Les orages…
Cette terreur remontait à l’enfance et quoiqu’elle ait tenté pour s’en guérir, rien n’avait fonctionné. Très énervée, afin de ne pas céder à la panique totale, elle chercha une occupation. Il n’était pas dit qu’elle ne parviendrait pas à réaliser un truc mangeable ! En comparaison des potions, la cuisine devait être un jeu enfantin.
Michael lui remit un livre appelé « la bonne cuisine ». Elle s’en empara et le feuilleta avec frénésie. La première recette était très basique, tant pis !
Le craquement retentit, réduisant ses plans à néant.


Je… je suis désolée, balbutia-t-elle en sentant ses nerfs flancher aussi lamentablement que le bol éclaté sur le carrelage.

Michael avait au moins appris le récurvite. Elle le regarda faire, incapable du moindre mouvement. À l’éclair suivant, elle chercha son contact dans un sursaut tremblant.

Ce n’est qu’un petit orage de rien du tout…

*Tu mens mal, Michael !*

Viens, on fera un bon feu…je peux ouvrir une boîte de soupe…la chauffer au micro…

Manger était loin d’être prioritaire. Ce qu’elle voulait, elle le savait : lui ! Il l’entoura de beaucoup d’attention mais pensait surtout à son estomac, la laissant seule affronter ses angoisses. Apache, au moins, ne déserta pas mais ça ne suffisait pas à la rassurer.
Elle ne pouvait s’empêcher de se revoir gamine dans ce manoir sinistre, abandonnée dans une chambre spartiate, sans personne pour l’apaiser alors que sévissait la tourmente dehors. Sa grand-mère se moquait d’elle au matin, invariablement :


Tu as mouillé ton lit ! Nettoie, souillon !

Ou encore :

Je t’endurcirai, au fouet s’il le faut !

Pour s’être endurcie, Alix l’avait été sauf… pour les orages.

Il avait réchauffé une boîte de soupe au homard. Elle la but machinalement, le vin aurait pu être de l’eau, c’était pareil. Braquée sur ce qu’elle entendait, tout lui était égal.
Quand cela tomba proche, elle ne put s’empêcher de crier et si son verre ne se brisa pas c’est parce qu’il le retira de ses doigts crispés.
Enfin, il lui accorda le soutien attendu : ses bras. Elle en avait rêvé tant de fois ! Cette fois, ce n’était plus une illusion mais la réalité. À la fois douce et ferme son étreinte la chavira mais moins que les paroles murmurées à son oreille
:

J’ai mal de toi, Alix…

Elle avait dû imaginer ça, quoique…
Il est des regards qui en disent plus long que les mots. Deux années s’étaient écoulées mais elle ne pouvait se méprendre sur la sincérité dégagée.


Tu sais que je ne te ferais jamais de mal…

Tu m’en as fait… beaucoup, s’étrangla-t-elle submergée d’émotions diverses.

Moments divins… Impossible de repousser le seul qui ait jamais compté pour elle.
Refoulant toute pensée négative, occultant les retombées possibles, Alix se donna et reçut.

Il dormait quand elle s’éveilla dans ses bras. Les paroles de Calysta lui vrillèrent le cerveau :


La chair est faible, petite ! Les hommes ne font que profiter de nous ! Souviens-toi s’en !


*C’est tellement dommage que nous ne soyons pas du même bord. Je devrais te haïr… espèce de salopard de profiteur !*

Bonjour, toi…bien dormi ?

Comment pourrait-il en être autrement ? Tu t’es bien « arrangé » pour m’épuiser !

Alix, ne recommence pas…Tu sais très bien que je n’ai pas profité de la situation…Tu vas m’excuser mais tu n’avais pas l’air bien malheureuse…

Pour rien au monde, elle n’aurait échangé sa place avec quiconque. Cependant, il fallait sauver la face.

Tu attends un merci ? Eh bien merci de m’avoir rappelé à quel point je pouvais être idiote et faible quand le temps se déchaîne. Tu connais trop bien mon « cas », ne nie pas ! Je te suis reconnaissante de m’avoir « aidée » à passer ce cap, et je ne nierai pas non plus d’avoir… apprécié tes efforts. Tout aurait pu être tellement différent… Qu’est-ce que l’on va faire ?

Pas aller nous balader dehors, sois en sûre…Vais pas te proposer une balade en voiture non plus…On peut rester tout simplement ici…on y est bien, non ?...Écoute, mon ange…on est tous les deux dans le même pétrin, autant s’en tirer le mieux possible…

C’est ça ! Je te vois venir. Galipettes à gogo histoire de passer le temps de façon…

NON ! Je ne veux pas dire ça…Tu n’es pas un passetemps agréable…je sais que tu as du mal à y croire…mais je t’aime, c’est simple…

Aimer ? Que signifiait ce mot ? L’attraction, elle connaissait puisqu’elle la subissait. Quant à l’amour ? S’il s’agissait des mièvreries entrevues…

Sais-tu seulement de quoi il en est ?

Oui, je sais exactement de quoi je parle…T’en fais pas, je finirai bien par te convaincre même si cela me prend la vie entière…

Ça y est, elle rêvait encore. De quoi voulait-il la convaincre ? Qu’il allait devenir aussi sage qu’un toutou ? À d’autres ! D’ailleurs, elle n’aurait eu que faire d’un chien. Elle préférait nettement les animaux sauvages et, en cela, Michael correspondait assez bien.
Plus perturbée qu’elle ne l’aurait souhaité par ces « révélations », et encore tendue avec les roulements de tonnerre occasionnels du dehors, elle noya le poisson en prétendant :


Je mangerais bien un bout…

Ah tu as faim ?...et je l’air d’un elfe domestique, moi !?

*Oh que non ! Tu es bien plus mignon…* On va se débrouiller.

Le résultat culinaire laissa fortement à désirer, m’enfin…
Avec les averses, pas question de sortir. Curieusement, elle ne s’en plaignit pas puisqu’il y avait la télévision. Cette boîte était magique. Incroyable ce que les molus étaient inventifs ! Elle se surprit à rire devant les tribulations d’un archéologue remuant, entrant dans les scènes comme si elle les vivait, captivée. Le tableau de l’ouverture d’arche sacrée la fit frémir. Là, c’était de la fiction. La réalité était autre. Oui, des créatures bizarres et destructrices existaient : Voldemort en était l’exemple type.
Elle changea de chaîne jusqu’à tomber sur une romance touchante d’un soldat américain perdu au milieu des loups avec une tribu indienne à côté. L’héroïne portait un nom qui lui rappela sa propre expérience : dressée avec le poing ! Calysta usa rarement de violences physiques avec elle, mais ses tortures mentales rivalisaient en état. Heureusement, maintenant, ce temps honni était loin derrière elle, et l’homme à ses côtés se montrait très… attentionné.
Il est des façons très agréable de tuer le temps, et… la faim. Mettant de côté ses facultés cérébrales, tout en se répétant la phrase finale du film vu à Berlin, elle se laissa conduire aux enchantements prodigués :


*J’y penserai demain !*

Les désirs assouvis, elle caressa son torse, en refusant à la triste réalité de gâcher ces instants.

*Pour ce que ça durera…*

Il la surprit à nouveau :

Reste toujours avec moi, Alix…cette nuit…et le reste de ma vie…

Tu n’es pas sérieux, Michael ! Arrête ce jeu idiot. Nous savons très bien que…

Rien ne l’arrêta sur sa lancée d’aveux. Elle tomba des nues quand il lui proposa rien de moins que de devenir sa femme :

Je ne veux pas être lié à toi par un serment de mort…tu te marierais avec moi ?...pour de bon…comme il faut…

*Comédien !*

C’était affreusement tentant pourtant. Son cœur hurlait oui, sa tête disait non. Autant unir la glace et le feu. Et puis des gosses ? Non, non !

*Il cherche à te troubler et… y réussit très bien.*

Leurs destins ne s’accordaient pas. Il était voué au mal ; elle avait viré de bord. Tant que l’illusion de travailler ensemble jouerait, cela irait. Après… Ils devraient s’entretuer.

*Mourir pour mourir, autant que ce soit de sa main. *

Plusieurs jours s’écoulèrent ainsi dans une paix relative. Chacun se défiait de l’autre, guettant un faux pas. L’Ordre et le ministère voulaient la tête de De Brent. Elle retarderait l’échéance du mieux qu’elle pourrait.
Tiens, Monsieur eut des idées d’évasion, un soir :


*Je ne te satisfais donc déjà plus ? Tu as besoin d’une gueuse ou l’autre ?*

Meurtrie, elle le laissa néanmoins partir car il était plus que temps qu’elle aille au rapport.
Dès que sa voiture dépassa l’allée, elle transplana.
Des savons, Alix en avait déjà reçu tant du côté des bons, que de l’autre. Au moins, elle savait ne pas risquer sa peau en se présentant à Lupin. En gage de bonne entente, elle lui fournit une bonne provision de tue-loup, ce qui calma un peu sa mauvaise humeur à son encontre.


Je n’avance pas avec ce sujet… Non, mes sentiments n’ont rien à voir. Éclairez-moi plutôt sur le devenir des familles déplacées ?

On la rassura, ne lui cachant cependant pas qu’avec cette attaque, les deux ministères étaient à couteaux tirés.


C’est exactement ce que veut Voldemort : diviser pour mieux régner !

Elle promit de tenter de s’infiltrer davantage en insistant sur le fait que n’étant pas encore entièrement rentrée dans les bonnes grâces des Mangemorts, il faudrait être patient.

Pas de Michael à son retour à la Tanière, de quoi l’énerver en l’imaginant prendre du bon temps ailleurs. Il s’informa néanmoins :


T’étais où ?

Tu me surveilles maintenant ? Tu as le bonjour de Max !

Il n’osa pas poursuivre l’entretien et elle put dormir tranquille, sûre de l’avoir vexé.
Le lendemain, il n’était pas à prendre avec des pincettes ; elle s’en ficha.
Ils n’eurent pas beaucoup l’occasion de discuter puisqu’un hibou insistait au carreau.


C’est Eux ! souffla Alix assez ébranlée par la convocation express.

Impossible d’échapper à leur devoir.
Ariana De Brent semblait boire du petit lait en leur délivrant les instructions. Pour d’obscures raisons, le Maître tenait à ce qu’ils enlèvent une femme, et non des moindres : la petite amie de Justin Davenport.


*Encore une façon pour que Michael prouve sa fidélité !*

Hors des oreilles ennemies, Alix demanda :

Comment procéder ? Car… on n’a pas le choix, n’est-ce pas ?

Elle posa de nombreuses questions qui obtinrent des réponses franches nettement teintées d’amertume.

*Ça ne lui plait pas du tout ! Serait-il encore en relation avec ce maudit Auror ? Si c’est le cas, alors, il souffre… *

Loin d’elle d’être enchantée. Des ruses de sioux à déployer seraient nécessaires pour rester crédible.
En attendant, un plan s’établit. Simple, comme le sont les meilleurs, tout se déroula à la perfection grâce à des habitudes régulières de Davenport.
Obligée de stupéfixer le teinturier puis de réceptionner ladite Samantha Forrester, Alix lui appliqua un bloclang et le sortilège du saucisson, histoire de calmer cette jument rétive.
De retour à la Tanière, après un transplanage en catastrophe, il fallut à nouveau expédier la Miss dans les vapes. Là, Alix tiqua, car elle trouva Michael un peu trop soucieux du bienêtre de leur prisonnière qu’il allongea en douceur sur le divan avant de disparaître dans son bureau.
Au lieu de torturer la victime, Alix se tortura les méninges. Comment éviter des souffrances à cette jeune femme sans éveiller les soupçons de Michael ? Il allait falloir jouer serré, très serré.
Quand De Brent reparut du bureau, Alix avait son idée. Elle leur servit d’abord un alcool, question de se mettre en « forme ».


J’aimerais commencer l’interrogatoire, dit-elle un peu mielleuse. Tu as peu de voisins, ici mais on devrait la porter à la cave, non ? Du sang dans le salon, ça fait désordre.

Très vite – trop( ?) – il préféra se charger de la première phase. Elle eut beau prétexter qu’il serait plus apte s’il se reposait un peu, rien n’y fit. Il accepta juste qu’elle donne un verre d’eau à la future martyre puis, le cœur au bord des lèvres, elle le vit descendre en portant leur proie.
Bientôt, malgré l’épaisseur des murs, des cris aigus retentirent, la glaçant jusqu’aux os.


*La potion que j’ai mise devrait atténuer ses douleurs ! Elle ne devrait pas crier ainsi !*

Ce serait-elle trompée de dosage dans l’énervement ?
Une demi-heure affolante s’écoula à tourner en rond en se rongeant les sangs.
Enfin, las, Michael remonta. Selon lui, la demoiselle était très coriace, ce ne serait pas facile.


Le véritaserum sera prêt demain. On va la laisser se reposer en attendant.

Non ! Il désirait la travailler au corps et être débarrassé de la corvée au plus vite. Dans une heure, Alix pourrait s’amuser à son tour.
Comment faire pour gagner du temps ? L’endormir ? Il comprendrait immédiatement sa trahison et c’en serait fait d’elle. Inutile non plus de vouloir l’embobiner en l’entraînant dans une joute amoureuse, l’ambiance ne s’y prêtait pas. Pourtant, elle devait l’attendrir. La solution vint d’elle-même :


Allons voir Lucas, veux-tu ?

Voilà qui ne refuserait pas.
Longtemps il resta penché sur le récipient ramené d’Ecosse où ils avaient dû se rendre y chercher des effets d’Alix auxquels elle tenait.
Absorbé dans la contemplation d’un fragment de la vie de son fils, De Brent ne remarqua pas l’évasion de la jeune femme qui descendit sans bruit à la cave.
Elle tira le verrou, et pénétra dans la petite pièce au fond de laquelle était recroquevillé un corps.
S’approchant doucement, Alix murmura :


Mademoiselle Forrester ! Nous avons peu de temps, vous devez…

Eh bien, ou la potion apaisante était d’une extraordinaire efficacité ou Miss Forrester possédait un don de récupération insoupçonné, ou…
Telle une panthère montée sur ressort, Samantha lui sauta au visage. Surprise par l’attaque, Alix n’en réagit pas moins :


Arrêtez ! tenta-t-elle de placer entre deux baffes.

Si Sam refusait d’entendre tant pis pour elle ! Alix n’était pas une combattante de salon et l’ »entraînement » spécial distribué par Michael n’avait fait qu’accroître sa force physique. Sam se prit un poing dans la figure et un sortilège calmant fusa.

*M* * * E ! Michael !*

Il était entré et… l’engueulait :

J’ai voulu remplir ma part ! Tu étais occupé. Cette garce a bien failli m’avoir ! Laisse-moi la corriger maintenant ! NON ! Va-t’en !

Il échangea un regard étrange avec Sam, presque douloureux mais ne lui tint pas plus tête.

Enfin seule avec sa « victime » Alix cria :


TU VAS PAYER, SALOPE !

Tout bas, elle ajouta rapidement :

Gueulez, que ça fasse vrai ! ENDOLORIS !

Avec, il faut l’avouer un air assez paf, Sam chanta de manière convaincante devant une baguette baissée.

Je suis sûre qu’il écoute ! On recommence : ENDOLORIS !

Etait-ce son idée ou l’Américaine se tordait… de rire.

Écoutez, je ne vois pas ce qu’il y a de drôle ! Michael n’est pas un tendre, vous devez le savoir après ce qu’il vous a fait. S’il n’y croit pas, je risque ma peau.


Et Sam de poser une question dérangeante :

… le piège ? Quel piège ? Il n’y a pas de piège, je veux vous aider… Mais évidemment, sinon, vous seriez en train de vous rouler de douleurs par terre ! D’ailleurs, il va falloir encore chanter un peu… Non ? Comment ça non ?

Cette fille était folle. Elle ne comprenait pas la gravité de la situation. Ou alors… Alix blêmit. Des pièces s’assemblaient. En fait oui, il y avait un piège, sauf qu’il était pour elle et qu’elle avait avalé ligne et hameçon sans rien deviner.


VOUS ÊTES DE MÊCHE AVEC LUI ! Tout n’était qu’une mise en scène pour me faire avouer mon retournement… Je ne comprends pas ? J’ai très bien compris, au contraire. Mais vous ne m’aurez pas ainsi !

Tandis que Miss Forrester se mettait à brayer le nom de Michael, Alix entreprit de transplaner. Cela rata, un destransplano avait dû être jeté. Acculée, Alix vit avec horreur Michael se pointer. Sam se bidonnait en racontant une vérité dérangeante.
Divers sentiments se reflétèrent sur le visage de De Brent.
À quoi bon se défendre ? Elle était perdue. Plus froid qu’un iceberg, Michael posa ses questions. Bravache malgré sa fin proche, Alix admit :


…C’est arrivé peu après ton départ. J’ai cherché les preuves et vu que tu avais raison : mon père était un traître aux Mangemorts. Ma grand-mère a aidé à son assassinat et celui de ma mère. Après cette révélation, je suis entrée dans l’Ordre. J’y travaille activement depuis… Avec ton retour, j’ai été chargée de te surveiller de près. J’aurais déjà pu te vendre, mais, je… je n’ai pas pu. Maintenant, fais ce que tu as à faire, qu’on en finisse ! Dire que j’ai failli croire à tes boniments… Autant pour moi.

Tiens ? L’avada redouté ne tomba pas… Pas encore. Sûrement qu’elle allait être mise à la question d’abord.
Elle le fut mais pas de la manière imaginée. Un trio silencieux remonta de la cave à la cuisine. Très gaie, Samantha entreprit d’inventorier les placards et de confectionner un repas digne de ce nom.


*Le repas du condamné !*


Elle but le pur feu sans sourcilier, murée dans le silence.
Lui prenant la main en douceur, Michael commença lentement des aveux ahurissants.
Au fil de son discours, Alix se crut un bouchon perdu dans une mer tourmentée. Des bouffées d’espoir et des craintes innommables se succédèrent. Il se fichait de sa poire ou pas ? Le croire ou pas ? Ainsi il n’aurait jamais varié d’un poil, conservant toujours le bon cap ?


JE T’AI VU TORTURER DES GENS ! Et avec plaisir !

Ah ? Feintes ? Jamais que des pires que chez pires… pour rester crédible. Il travaillait pour une Mrs Appelwithe avec une mission très particulière, serait resté en permanence en contact étroit avec les forces du bien pour mieux lutter contre le mal, etc.
Le croire était tentant mais aussi extrêmement frustrant. Il plaida bellement sa cause avec des accents de sincérité criants.


… Donc, tu m’as menti tout le temps ? … J’ÉTAIS BIEN OBLIGÉE D’EN FAIRE AUTANT !
Tu m’avais trahie, humiliée, QUE VOULAIS-TU QUE JE PENSE DE TOI APRÈS CELA ?


Quatre verres et un pardon plus tard, la vindicte d’Alix céda du terrain, elle renâcla pour la forme. Tant de petits détails sur ses attitudes prouvaient sa droiture. Ils avaient juste manqué de confiance l’un envers l’autre, ce qui avait entraîné cet immense quiproquo.
Apache posa sa grosse tête sur ses genoux, la délivrant définitivement :


À l’avenir, Michael, ne me trompe plus, s’il te plaît !

Sam annonça que le dîner était prêt mais les amants n’avaient pas cette faim-là. Par politesse envers leur hôtesse, avec des regards plein de promesses par-dessus la nappe, on dégusta tout en revenant au gros souci qui leur restait sur les bras :

… Samantha, tu devras absolument m’apprendre ça ! C’est sublime. On en aura d’ailleurs le temps… pendant ton « absence »… obligée… Faudra bien que l’on donne une couleuvre ou l’autre à Ariana…


Sam émit une requête somme toute très légitime qui fit jurer Michael comme un charretier. Il avait omis de répondre au patronus de Justin !
Alix donna sa baguette à l’Américaine qui s’empressa de rassurer son chéri via isatis argenté.
La suite du repas fut un poème assez épique.
Oui, Alix avait changé, beaucoup changé ; elle ne s’en plaindrait pas..
.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Always... Empty
MessageSujet: Re: Always...   Always... EmptyJeu 20 Sep - 16:49

Les pires histoires sont celles dont on connait la triste fin.

Michael n’était plus sûr de rien. Il était confronté au choix le plus cruel qui soit. Sa loyauté indéfectible pour la Cause défendue, celle pour son ami de toute la vie réclamaient leur droit de suprématie sur l’amour irréductible porté à Alix. Soudé à elle par un Serment Inviolable, une seule fin était à envisager. Elle allait le tuer. Et il ne ferait rien pour se défendre. Si elle faisait le moindre mal à Samantha, sa peau ne vaudrait rien, Justin s’en chargerait. La soudaine apparition du caméléon argenté, patronus de l’Auror, ne fit que ratifier cette idée. Contrairement à son habitude, Michael l’ignora, olympien.

Il resta un moment, enfermé dans son bureau, à repasser ces derniers jours de bonheur. À peine atteint le Paradis, le cauchemar l’en chassait. Un autre regret immense lui broyait l’âme : Lucas. Perdus tous droits sur lui, il n’en demeurait pas moins son fils même si sa carrière comme père passerait comme des plus médiocres de l’histoire. Au moins, aux dires de sa propre mère, l’enfant n’en garderait pas les séquelles, il était trop petit pour avoir un souvenir quelconque de son père.

Faisant abstraction de ses états d’âme, il se résolut à rejoindre Alix et leur prisonnière, toujours sagement stupefixée et sans doute furieuse. Sa belle mangemorte, pleine de prévenance lui présenta un verre de Pur Feu pour le mettre…en forme., pour après se montrer presque mielleuse, ce qui ne cadrait pas trop avec sa façon d’être.


J’aimerais commencer l’interrogatoire. Tu as peu de voisins, ici mais on devrait la porter à la cave, non ? Du sang dans le salon, ça fait désordre.

Il la considéra un instant, rogue.

Pas question, je m’en charge et oui, la cave est une excellente idée.

Qu’elle insiste sur le besoin qu’il avait de se reposer, le mit presque de mauvaise humeur. L’empressement démontré était presque malsain. Pincement au cœur. Mais le moment n’était pas à ce genre de platitudes. Alix était une mangemorte loyale et ne voulait qu’accomplir son devoir.

Je vais très bien, merci. Ça suffit…Je m’en charge, maintenant !

Elle voulut donner un verre d’eau à sa « victime », il n’eut pas le cœur de s’y refuser.

Allez, il est temps !

Sans brusquerie, il releva Sam et la porta jusqu’à la cave, conscient du regard d’Alix cloué sur son dos.

*Ça lui ressemble mal, s’attendrir…*

La porte bien fermée, il déposa Sam et la libéra de ses liens. La jeune femme lui adressa un regard interrogateur.

Désolé de cette situation absurde, Samantha, il va falloir jouer serré…si Alix soupçonne quelque chose, on est faits…enfin, moi…On a reçu l’ordre de t’enlever pour te tirer des informations sur le réseau sorcier américain…pas de souci, j’en sais sans doute plus long que toi sur le thème…mais il faudra que tu « chantes »…je te torture, cela fait très mal…tu hurles…

Il pouvait comprendre pourquoi Justin avait perdu la tête pour cette fille. Avec un sourire ravi et un sens de l’humour unique, elle l’invita à commencer :

Ok…fais toi plaisir…sois méchant…je ferai de mon mieux !

Elle s’y prit avec grand entrain, de la façon la plus convaincante possible compte tenu de la situation, qui sans être commode du tout, vu qu’ils risquaient la peau, ne laissait pas d’être follement hilarante. Cette extravagante session de torture fit oublier à Michael, pour un moment, ses terribles tracas, cela faisait très longtemps qu’il ne s’amusait pas autant. La dernière fois avait été avec Justin, quand ivres perdus, tous les deux, ils avaient fini avec les cheveux l’un rose bonbon et l’autre bleu chewing- gum face, ni plus ni moins, qu’à la sévère Minerva McGonagall.

Tu es un pitre…sais pas comment tu as pu jouer le rôle de méchant acharné, toi !, pouffa Sam, entre deux hurlements à vous dresser les cheveux sur la tête.

Je peux être très convainquant, sois en sûre !

La « séance » dura encore un peu jusqu’à ce qu’il décrète que c’était limite pour la résistance humaine.

On suppose que tu es une dure à cuire et on ne veut pas te tuer au premier essai…ni te tuer du tout. Alix n’est pas foncièrement mauvaise et n’aime guère ce genre de passetemps…n’empêche que cela risque de faire mal pour de vrai…je serai tout près…si cela devient insupportable…appelle moi…je ne me pardonnerais jamais s’il t’arrivait quelque chose…même si je n’aurais pas le temps de trop m’y appesantir…Justin me tuerait sans aucune arrière pensée !

Merci…tu n’as pas idée de combien cela me rassure !, souffla t’elle.

Tu es une petite dame très spéciale, Sam…suis sûr que tu le feras heureux, ce tête de mule !

Alix l’attendait, l’air mitigé.


Elle ne cèdera pas facilement !, grommela t’il, elle est plus forte que n’en a l’air…

Le véritaserum sera prêt demain. On va la laisser se reposer en attendant.

Il crut rêver en entendant ces paroles pleines d’une commisération inattendue. À quoi jouait Alix ? Elle si froide, mesurée et fidèle, donnant des signes d’atermoiement ? Elle le sondait, sans aucun doute, pour voir s’il cédait à la facilité de traiter la prisonnière avec quelque égard, vu le lien qui l’unissait à Justin.

*Elle suit ses instructions au pied de la lettre, pas à dire !*

Se reposer ? Tu veux rire…elle n’est pas en vacances, ma chérie…on va lui soutirer l’information voulue le plus vite possible…veux pas l’avoir sur les bras plus de temps que nécessaire…à l’heure qu’il est Davenport doit avoir ameuté jusqu’à la Royal Navy…Au plus, on la laisse reprendre son souffle, dans une heure, tu pourras te faire plaisir.

Elle n’eut pas l’air particulièrement ravie mais tout à coup, il se sentait affreusement las. Pour quelque raison qui soit, Alix lui sembla assez nerveuse. En ce point, les pires idées l’assaillaient :

*Elle fait semblant……ça la démange d’aller faire le sale boulot !...Peux pas m’être autant trompé…et si oui ?...T’es foutu, mon vieux…c’en est fait de toi !*

Allons voir Lucas, veux-tu ?

Cette proposition le prit de court mais il y céda sans réfléchir. Voir Lucas…sans doute la dernière fois. Il suivit Alix jusqu’à la pièce où trônait le fameux vasque. Dès que l’image désirée apparut, il sentit son cœur se serrer douloureusement. À cinq ans, Lucas était un gosse très dégourdi, plein d’entrain et joie de vivre…Il courait après le petit chien en riant aux éclats…

*Mon fils…tu auras une meilleure vie que la mienne…je le promets…*


Pour absorbé qu’il fut à suivre les jeux du petit garçon Michael ne rata pas moins le fait qu’Alix filait en douce. La mort dans l’âme, il lui accorda quelques minutes, regarda son fils à s’en emplir les yeux puis descendit à la cave.

Qu’est ce que tu crois faire là ? Je t’ai dit une heure !, gronda t’il, fâché.

J’ai voulu remplir ma part ! Tu étais occupé. Cette garce a bien failli m’avoir ! Laisse-moi la corriger maintenant !

Alors, je reste…

NON ! Va-t’en !

Trop insister aurait fini par éveiller ses soupçons, il obéit à son injonction et sortit sur un dernier regard navré vers Sam. Il n’alla pas bien loin, adossé au mur, face à la porte, il patienta, s’attendant au pire. Les hurlements de l’américaine fusèrent le mettant vraiment mal à l’aise. Qu’un silence presque lugubre s’en suive faillit l’affoler pour de bon mais s’approchant au panneau clos, il perçut la voix des deux femmes…

*Elles discutent ?...*

Et ferme. La voix d’Alix lui parvint, aigüe, énervée. Celle de Sam, plus posée avant qu’elle ne se mette à hurler son nom comme si on lui faisait la peau. Sans le penser deux fois, il ouvrit vivement la porte et le spectacle découvert le laissa pantois. Alix, terrifiée, tremblait presque, sans chercher à lever sa baguette. Samantha Forrester souriait, avec une satisfaction incompréhensible. Sans un mot, il l’interrogea du regard, la miss capta au quart de tour.

Je crains bien que vous deux…avez drôlement besoin qu’on vous ouvre les yeux…Je ne sais pas depuis quand dure votre petit manège mais il faut dire que vous êtes sacrément bons pour garder vos secrets…dommage tout de même que vous n’ayez pas su que vous partagiez le même…

De quoi le plonger dans un état de stupeur inénarrable.

*Mais qu’est ce qu’elle raconte ?...Le même secret ?...Serait ce possible ?...Tu prends tes rêves pour des réalités !*

Il resta là, figé, les idées se bousculant dans sa tête. Son regard alla vers Alix qui avait relevé le menton, défiante, farouche, s’attendant à Merlin sait quoi.

Que se passe t’il ici ? Pourquoi sembles tu avoir peur ? Qu’est ce que tu as à me dire, Alix ? Parle d’une fois pour toutes !

Pas une once de douceur dans sa voix. Elle réagit, sans offuscation, brave et fière, livrant sa vérité avec le ton assuré de celui qui sait son heure arrivée :

C’est arrivé peu après ton départ. J’ai cherché les preuves et vu que tu avais raison : mon père était un traître aux Mangemorts. Ma grand-mère a aidé à son assassinat et celui de ma mère. Après cette révélation, je suis entrée dans l’Ordre. J’y travaille activement depuis… Avec ton retour, j’ai été chargée de te surveiller de près. J’aurais déjà pu te vendre, mais, je… je n’ai pas pu.

Si on lui avait asséné un coup de massue, Michael n’aurait pas moins chancelé, mentalement. Ces aveux de condamné jetaient une lumière inespérée dans les ténèbres. Cela voulait tant dire. Tout dire. Et pourtant, il avait du mal à y croire.

*C’est trop beau pour être vrai…il y a un hic quelque part !*

Maintenant, fais ce que tu as à faire, qu’on en finisse ! Dire que j’ai failli croire à tes boniments… Autant pour moi.

*Bon sang, elle croit que je vais la tuer !*

Impossible de raisonner, d’y voir clair. Trop. C’en était trop d’un coup. Peu à peu les idées reprenaient leur place, les détails reconnaissaient leur signification, les doutes se muaient en vérité, mais il se sentait incapable de proférer le moindre mot. D’un geste sec, il signifia la mise en marche. Silencieuse procession . Samantha, de très bonne humeur, déclara avoir faim et alla s’occuper à la cuisine. Encore un peu sonné, il conduisit Alix au séjour et avant de piper mot lui servit à boire, la regardant s’enfiler le Pur-Feu comme si c’était de l’eau.

Nous devons parler, dit il enfin en prenant sa main, sans la brusquer, il me semble que nous avons beaucoup à nous dire…

Elle ne semblait pas plus convaincue pour cela mais n’opposa aucune résistance.

Ce que tu as dit tout à l’heure change tout …Non ! N’ai crainte…pas dans le sens que tu sembles croire…Alix, je t’aime…je t’aimerais même si tout était différent…mais le cas est…que toi et moi semblerions être du même bord…Oui !...euh non…je ne suis pas un esclave de Voldemort. Écoute, ma douce, disons que…je t’ai menti depuis le début…mais cela ne change rien à ce que je sens pour toi…tu travailles en double pour l’Ordre…moi, cela fait des années que je le fais pour l’Organisation, un département spécial du MI6…collaboration moldu-sorcier…Tu connais le reste…oui, j’ai fait mon boulot…tu n’en faisais pas partie… ça…c’est venu tout seul…et je n’ai pas menti un instant…sauf vers la fin parce qu’il le fallait…tu le sais déjà…

JE T’AI VU TORTURER DES GENS ! Et avec plaisir !

Oui, je l’ai fait…beaucoup étaient des feintes…mais il y a aussi de pourris et ceux là…enfin…tu sais bien quoi ! Cela ne change rien entre nous…je t’aime, Alix…et tu sais que je ne mens pas..

La suspicion était de mise.

Donc, tu m’as menti tout le temps ?

OUI ! Qu’est ce que tu voulais que je fasse ? Je n’avais pas de choix…tu étais l’une de leurs recrues les plus prometteuses, tu faisais tes galons…je n’allais pas te dire à tout bout portant que j’étais un agent ennemi…suis pas dingue, quand même…Pardon, mais ta prestation ne laissait pas place au soupçon…

J’ÉTAIS BIEN OBLIGÉE D’EN FAIRE AUTANT !

Qu’est ce que je pouvais en savoir, moi…Alix...

Tu m’avais trahie, humiliée, QUE VOULAIS-TU QUE JE PENSE DE TOI APRÈS CELA ?

Juste ce qu’il fallait que tu penses et que le reste autant…que je n’étais qu’un salaud qui t’avait bernée…à aucun prix, il ne fallait pas qu’ils pensent que tu étais ma complice…comprends…je n’avais pas d’autre ressource…c’était las seule façon de te mettre à sauf…tu le sais déjà… j’aurais fait n’importe quoi pour te mettre hors d’atteinte de leur vindicte…

Elle prit son temps pour accepter. Lui, pour réaliser. Apache, elle, avait déjà accepté les faits et Alix, c’était tout dire.

À l’avenir, Michael, ne me trompe plus, s’il te plaît !

Toi non plus !

Rédemption ? Absolution ? En tout cas cela ressemblait beaucoup à cette paix qui les avait fui si longtemps. Soit, ils étaient deux à lutter du même côté…ce qui faisait aussi deux à trahir le contraire. Il ne fallait pas être un sorcier de premier ordre pour savoir ce que cela signifiait Il suffirait d’un soupçon moindre pour que cet édifice, si laborieusement construit ne s’effondre avec fracas et eux avec. Alix près de lui, son monde était presque complet.

*Lucas…petit…*

Il lui manquerait toujours et il avait un mal affreux à s’y résigner.

Sam leur présenta un repas comme ils n’en avaient pas rêvé depuis longtemps. Qu’Alix réclame, enjouée, des leçons le fit presque rire sauf que la suite lui coupa presque l’appétit.

Faudra bien que l’on donne une couleuvre ou l’autre à Ariana…

Sa sœur ! Âme damnée. Il n’avait jamais pu éprouver le moindre sentiment fraternel envers elle. La raison était plus que valable : elle l’avait haï depuis le jour même de sa naissance. Bon petit dernier de la famille, mâle par surcroît, il l’avait remisée, sans le vouloir, au dernier rang des héritiers. La loi voulant que seuls héritent de titre et fortune les mâles de la famille, elle avait vu sa chance lors de sa longue disparition. Inutile de dire qu’elle n’avait en rien apprécié son retour.

On s’occupera de cela en moment voulu…

Prévenir Justin fut la suite logique, essayer de lui faire voir clair, une autre histoire. Faisant omission des paroles lénitives de sa Sam, l’homme s’obstinait, fidèle à sa nature de tête mule attitrée.

Je ne doute pas un instant que Miss vipère ait pu vous berner jusqu’à l’os !...

Fais gaffe à ce que tu dis !

Michael arrête ! T’es bleu d’elle depuis des années : ton jugement est faussé. Elle vous met en couleur parce qu’elle s’est vue acculée. Vous n’allez pas croire… ça ?

Ça suffit ! Tu as craché ton venin maintenant tu écoutes et la fermes…Que tu le veuilles ou pas, ce qu’on te dit est vrai. Je comprends bien ta méfiance mais laisse moi te dire que s’il y avait maldonne, serais pas là te le raconter…Alix et moi avons été liés par un Serment Inviolable et je suppose que tu sais de quoi il s’agit…

Il savait. Pas plus heureux pour cela, Justin accepta quand même s’unir à eux pour le repas. Sam, merveilleuse femme, arrondissait les angles. Ambiance bon enfant ? Une illusion. La suspicion persistait de toute part mais on faisait comme si rien. Mr. Davenport se chargea de le remettre sur la bonne voie.

Je vous ai renseigné comme kidnappeurs auprès des autorités en vigueur… ça m’a semblé logique : Voldy doit être au courant que je cherche les responsables. Qu’aviez-vous en tête pour la suite ?

Profonde inspiration. Ils n’y avaient pas pensé, à la suite. Le tout s’étant bousculé à vitesse grand V, personne n’avait eu le temps d’improviser le reste du « script ». La seule qui semblait capable d’émettre une idée raisonnable fut Alix et le fit. Aux yeux du monde, Samantha, enlevée, aurait bel et bien été torturée par ses capteurs pour lui soutirer des informations. Une fois ceci fait, la pauvre fille serait abandonnée, en piètre état et le reste ne serait que routine. Justin se rebiffa, le contraire aurait été étonnant mais voilà que Miss Forrester prenait la thèse à corps défendant et donnait son accord. Alix, jamais en manque de solutions tordues, avait assuré qu’après quelque composition de son crû, quiconque n’y verrait que du feu. L’incrédule de service émit son opinion, avec un soupir à fendre l’âme.

Admettons… Donc, vous l’auriez torturée toute une après-midi et soirée pour obtenir… quoi ? … Ben oui, tant qu’à être crédible, faut l’être jusqu’au bout !

On n’a jamais supposé le contraire, grommela Michael, dont la patience n’avait jamais été proverbiale, à Sam de nous dire quelle information pourrait tenir à cœur On Sait Qui…

Pour des idées, il y en eut. Les unes plus loufoques que les autres. Miss Forrester était agent du Trésor. Certes elle savait exactement comment piéger un contrevenant d’impôts mais de là à connaître les intimes secrets de ses « victimes », il y avait long à faire.

En résumé, il n’y a rien, qui puisse intéresser notre Boss…faudra lui fournir un peu n’importe quoi de crédible…faut nourrir sa banque de données, s’il en a une…que Gloria X ait évadé deux millions l’année dernière ne va pas le décoiffer…ou que James Longstreet se foute de payer ses impôts et pourrisse en prison ne va pas trop aider sa Cause…Sam chérie, tu n’as rien de plus croquant à Lui mettre sous la dent ?

Sam n’avait rien de mieux. Pas que son boulot fut d’un ennui total mais les sorciers américains étaient un exemple de droiture fiscale et au contraire de leur contrepartie moldue, s’intéressaient très peu ou pas du tout aux affaires internationales.

Ils étaient au milieu de ce débat passionnant, assaisonné de quelques rondes de cognac ou autres, quand l’alarme retentit.

Toutes lumières off, Apache en appui logistique, Michael partit aux nouvelles. La Tanière était protégée pas seulement par des sortilèges anti-intrusion mais aussi par un système de sécurité moldue de pointe, pas encore à portée du mortel commun. Ce que révélèrent les écrans le fit sourire, carnassier. Ariana, sa sœur « chérie » venait de se prendre quelque volts en intensité semblable à un petit Endoloris, de quoi la décourager…pour le moment. Il savait, sciemment, que cela ne finirait pas là.

La suite le prouva largement. Justin fit un peu de foin avant d’accepter mais finit par s’en aller. Sam but la potion fournie par Alix et après quelques sortilèges adjoints, prit l’allure d’une victime de sévices atroces.

Suis désolé que cela doive se passer ainsi…on se reverra, si tout va bien, quelque part où il fera bon vivre…je suis en dette avec toi, tu es une femme merveilleuse…

Il eut, pour un instant l’impression qu’Alix tiquait. Peut être jugeait t’elle son attitude envers Sam un peu trop affectueuse ? Cela le prenait un peu de court, tout simplement parce que jamais le fait que sa chérie put être jalouse n’avait croisé son esprit. Mais le moment se prêtait mal à ce genre de réflexion, la suivant phase du plan s’exécuta comme prévu. Comme dernière marque de vilenie Sam fut abandonnée dans un endroit solitaire, dans un bien triste état. Un hibou anonyme fut envoyé à Ste. Mangouste. Le reste ne serait que question de temps.

Le Ritz ! Pourquoi pas ? Il aimait le confort, le luxe et qu’on accomplisse ses vœux au quart de tour . Quand on est assez riche pour se permettre pareil caprice, celui là est l’endroit idéal. Qu’on les accueille, obséquieusement, comme si rien n’était plus normal que débouler là, sans bagages, en exprimant simplement le vœu d’occuper une des plus belles suites, sembla étonner un peu Alix, mais elle suivit le mouvement sans rechigner jusqu’au moment où ils furent enfin seuls dans leurs appartements.

À peine la porte fermée, il fut clair que plus d’une explication était nécessaire. Alix esquiva son étreinte et il n’insista pas. Somme toute, cela résultait compréhensible. En quelques heures leurs vies avaient pris un tournant invraisemblable.


Assieds toi, ma chérie…on doit parler !

Sans même le regarder, elle s’acquitta. Michael alla vers le mini bar et servit, parcimonieux, deux cognacs, avant de revenir prendre place près d’elle.

Si cela peut te rassurer, je suis aussi secoué que toi. Faut dire que ta prestation a été impeccable…la mienne n’a pas été si mal que ça…enfin, il y allait de ma peau et de celle de quelques centaines…non, je ne prends pas pour un héros…peu importe…pourquoi ? J’ai un fils, Alix…et je veux un meilleur monde pour lui…pour qu’il n’ait pas à faire un choix stupide…pour qu’il n’ait pas à filer de chez lui à 17 ans de peur que son père le tue…Je sais que tu penses le pire de moi…tu as assez de raisons…pourtant…même si cela t’est difficile à croire…je suis un type sérieux…et honnête…et non, je ne cours pas le jupon comme tous semblent penser…il fallait donner l’idée et comme dit ma boss…il semblerait que j’ai le physique à l’emploi…

Posant son verre, il se leva pour aller vers la fenêtre en se massant la nuque, l’air abattu.

Tomber amoureux de toi n’entrait pas dans le plan…c’est arrivé…et crois moi cela a rendu très dure la suite de cette mission …

Évidemment, ce n’était ni le bon moment, ni la bonne déclaration. Alix se semblait pas du tout prête à accepter ses aveux comme si rien.

Je suis ce que je suis, Alix…ni plus ni moins…j’ai eu un choix à faire et l’ai fait… Crois moi ou pas, au point où on en est…

Sa riposte fut tout sauf douce.

Quoi avec Sam ?...Quoi avec la mère de Lucas ?...Sam est la future Mrs. Davenport…bien sûr qu’elle est adorable…le fait que Justin soit amoureux d’elle ne la rend pas…Tu me prends pour un monstre ou quoi ?...C’est la femme de mon copain…jamais…Alix, tu ne sais absolument rien du comportement des êtres humains normaux…aouch ! Tape pas si dur !!!

Il fila se mettre en sureté derrière le divan alors que partie de la décoration pleuvait autour de lui.

Ça suffit, Alix…Bon sang…tu es la première femme à qui dis que je l’aime et essaye de me tuer…non, pas ce vase…M***e…avoue qu’il était plutôt joli…Non, tu n’as pas fait mouche…si tu continues à faire tant de boucan, on va nous mettre à la porte…

Rageuse, elle envoya un Assourdiato. Michael soupira.

Alix…ma chérie…calme toi s’il te plait…écoute, Sam est adorable et tout ce que tu voudras…mais j’aime pas les blondes…

Il n’en collait pas une. Les arguments de la jeune femme étaient plus que valables . La seule façon de s’y prendre serait affronter vaillamment les conséquences.

C’est bon comme jeu…maintenant tu te calmes et m’écoutes. Justin l’a dit…suis bleu de toi depuis des années…trois pour être exacts. Cassy, la mère de Lucas a été une gentille aventure, elle était un peu folle et moi un peu paumé. Elle est morte. Un accidente de voiture…non, je n’étais pas avec elle… je jouais les baby sitter…Quelle femme bornée, tu es Alix Blackstorm…

Avant qu’elle ne songe à s’emparer d’un autre objet, il l’avait ceinturée, la faisant basculer dans le divan.

C’est toi que j’aime…c’est de toi dont je suis bleu…malade…dingue…tant et si bien…que si cette histoire n’avait tourné ainsi…j’étais prêt à te suivre…mais…ce n’étant pas le cas…tu pourrais arrêter de faire des histoires ?

Elle lui tapa dessus mais jamais coups n’avaient ressemblé si bien à des caresses. Ce fut une longue et douce nuit. Une trépidante mise à jour de toutes ces différences qui avaient su leur faire la vie si dure. Il l’aimait et en toute évidence, ne lui était pas exactement indifférent. La vie était belle.

Cela faisait longtemps qu’il n’avait dormi si placidement et le réveil valait le détour. Une Alix enjôleuse et du café. Que pouvait il vouloir de plus ?...Bon, des croissants tout chauds et de la confiture d’abricot.


Ça, ma douce…c’est le vrai bonheur…tu vois, suis un homme simple…il me suffit de toi et d’un peu de café…

Il se prit un oreiller sur la tête mais il était heureux…pas pour longtemps…Un hibou vint troubler leur calme. Michael le reçut et lui donna un demi muffin. Le message que portait le volatile était court et concis : « Bien fait. Planquez vous ».

Il soupira en froissant le message.

On nous félicite, sans nous convoquer avec ordre de disparaître de la circulation. On peut rester ici mais pas longtemps…Ces fichus Aurors ont le bras long et des contacts avec la Police moldue…

Aucun besoin de s’étendre sur le thème, Alix avait compris, aussi bien que lui que la suite de leur aventure était assez incertaine, pour le moment.

Autant en profiter tant qu’on en a l’opportunité !, assura t’il, en riant avec une désinvolture loin d’être ressentie.

Le message de Justin le scia. Plus court, impossible : « Elle est là. VIENS ! ». Il avait craint ce jour depuis son retour en Angleterre et encore plus dans la présente situation. En toute évidence Ariana n’avait pas tardé à assembler les pièces du puzzle et découvert le pot aux roses.

Je dois aller au Manoir Cavendish…Ariana est là…tu t’imagines pourquoi…Attends moi ici…Non ?...J’aurais dû l’imaginer…complices jusqu’à la fin…je t’aime, Alix !

Ils trasplanèrent séparément. Elle, dans le jardin. Lui directement, au salon où avait lieu la rencontre. Ariana jubila, en le voyant :

Bienvenu sois tu, petit frère…tu es seul ? Et ta maudite complice ?...Ou est ce que tu t’es défait d’elle pour mieux cacher tes magouilles ?

Pense ce que tu voudras, Ariana et maintenant lâche mon fils et finissons en avec cette pénible histoire !

Il avança vers elle sans quitter des yeux le petit garçon, retenu de force.

Tout va aller bien, Lucas…je suis venu te chercher !

Que c’est mignon !, glapit Ariana, mais si j’étais toi…en serais pas si sûr…maintenant je vous ai tous…famille et amis…

C’est moi que tu voulais, tu m’as. Laisse les autres en paix !

Sa sœur, rit, sarcastique.

Tu crois que ce sera si facile, petit frère…Je connais plein de gens qui seraient ravis de te mettre le grappin dessus…Tu es un sale traître…pour tout le monde…je m’en doutais depuis le début…tu les as tous embobinés mais moi…j’y a vu clair !

Tant mieux pour toi, alors…cela a dû te faire les pieds ne pouvoir rien prouver, n’est ce pas ?

Il lui fallait à tout prix gagner du temps pour donner l’occasion à Alix de surprendre les possibles complices.

Que veux tu, à la fin, Ariana ? Une action d’éclat ? Pour y parvenir tu vas devoir te battre…et je te fais remarquer, puisque tu as vu si clair, que nous sommes quand même plus nombreux que toi…

Elle jeta un regard haineux à l’assistance. Sa mère, pâle comme un linceul s’accrochait au bras de son mari.

Souffres tu, mère chérie ? Imagine toi le plaisir immense que j’aurai à t’offrir la dépouille de ton préféré…parce qu’il est si con et si noble qu’il ne cillera pas à se laisser tuer pour son fils adoré…et après…, elle caressa la joue de Lucas, ce petit chéri…et moi…

Tu n’iras nulle part avec mon fils !, gronda Michael.

Qui va me l’empêcher…Beau-papa ? Il sera sans doute ravi de se défaire d’un tiers aussi gênant que toi…Ton copain et sa petite chose ? Maman ?...Laisse moi rire ! C’est moi qui l’ai, ton fils chéri, regarde le, si joli, si blond…si pareil à toi à son âge…raison de plus pour le haïr mais aussi pour me régaler en sachant qu’il sera bien plus loyal que son bon à rien de père.

L’horreur démente de cette idée fustigea les présents comme un coup de fouet. Michael, blêmit.

Jamais mon fils ne servira ton pourri de Maître…Il n’appartiendra jamais au Mal !

Que feras tu ?...Mon pauvre petit, je crois que Papa préfère te tuer de sa main que faire plaisir à Tantine…

Un boucan de tous les diables venant de l’arrière créa la distraction voulue. Surprise, Ariana se retourna, baissant un instant sa garde. Michael bondit, dans un élan désespéré et lui arracha son fils avant de l’affronter de nouveau, en poussant doucement Lucas vers l’arrière et dégainer, à la surprise de tous son Browning.

Maintenant, Ariana, on règle ça !

Sa sœur écarquilla légèrement les yeux à la vue de l’arme avant de partir d’un rire satanique.

Pauvre idiot de moldu…AVADA…

La détonation retentit avant la fin de la formule, au moment même où Alix, échevelée, faisait irruption, assurant que le terrain était dégagé. Il n’eut même pas le temps de la rassurer sur la situation qu’un groupe de sorciers faisait irruption dans le salon en hurlant :

Forces du Ministère !!!

Un étrange silence plana sur l’assistance, figée de surprise, avant que Lord Cavendish, majestueux et imposant, ne s’avança en tonnant :

Vous ne pouvez pas entre chez moi comme dans un moulin, c’est inouï !!! Je me plaindrai personnellement au Ministre !

Michael profita de cet instant pour pousser Alix vers Justin et Sam, auprès desquels s’était réfugié son fils, les yeux exorbités de terreur.

Va t’en…va t’en avec Lucas !!!

Il lut un clair déni dans ses yeux et l’expression de son ami fut enragée. La sienne fut suppliante. Mais déjà le chef de l’escouade d’Aurors faisant fi des paroles du maître de céans débitait son laïus, d’un ton pincé où on devinait une profonde satisfaction.

Nos services ont été avertis qu'un très dangereux délinquant se trouvait ici. On ne mentait pas.
Dix baguettes se pointaient sur Michael, toujours arme au poing avec, à ses pieds, le cadavre de sa sœur. Un plop très discret l’avertit que son vœu avait été exaucé. Pour ne pas empirer les chose, il laissa tomber son arme.

Il n’y a aucun doute, poursuivit l’Auror, exultant, tous reconnaissaient le plus pourri de tous les traitres…depuis le temps qu’on rêve de te pincer, De Brent…le joli cadavre là, c’est qui ?...

Si tu te dis chasseur de Mangemorts, abruti, tu devrais savoir de qui il s’agit…c’est ma sœur, feu Ariana De Brent et si tu te poses la question, oui…c’est moi qui l’ai descendue et avant que tu ne fasses la pire connerie de ta vie, Redvers…écoute plutôt ce qu’on va te dire…

Justin s’avança faisant entendre ses raisons. Lord Cavendish, sincèrement furieux, en faisait autant. Aylinna chancela, défaillante.

Mon petit garçon…


D’un réflexe tout naturel, Michael s’élança pour la retenir alors qu’elle s’évanouissait. Le féroce sortilège d’un des aurors le faucha, le propulsant avec brutalité contre le mur, quelques mètres plus loin. Il s’effondra comme pantin désarticulé mais avant de perdre tout à fait connaissance eut le temps de voir son beau père ficher son poing dans la figure du dénommé Redvers…

*J’ai besoin de vacances…*
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Always... Empty
MessageSujet: Re: Always...   Always... EmptySam 22 Sep - 16:18

Sa vie semblait tracée depuis ses trois ans. Qu’est-ce qu’une gamine pouvait comprendre au bien ou au mal à cet âge ?
Alix avait d’abord suivi le rythme imposé par sa grand-mère nourricière, impossible d’y déroger.
Sa formation amoureuse, proche du viol évité, la marqua des années durant. Seul Michael De Brent était parvenu à briser sa carapace, libérant la sensualité couvée en elle sans le savoir.
Ignorant tout des rituels amoureux, ne pouvant différencier tocade passagère ou profondeur de sentiments, qu’il la trompe ouvertement l’avait affectée moyennement, sans plus d’effet que de renforcer son aversion pour la gent masculine.
Le retrouver, renouer un semblant de relation, fut tellement… normal.
Pendant les deux années écoulées après qu’elle l’ait proprement éjecté de sa vie suite à une preuve évidente d’infidélité, Alix s’était abstenue de rapports intimes. Pas que les occasions de s’envoyer en l’air aient manqué, cela ne l’intéressait tout bonnement pas. Un seul comptait : lui !
Hélas, il était resté du côté du mal alors qu’elle avait évolué, changé.
Le hasard les avait remis face à face et… Elle avait cédé à cette attraction irrépressible qui la poussait vers LUI.
Mais… Ils étaient des amants ennemis, et on se chargea bien de les mettre en garde l’un de l’autre par un serment inviolable obligé. S’il fautait, elle devrait le tuer, et vice versa.

Oh oui, Michael était charmeur ! Si elle ne l’avait pas vu torturer froidement tant de gens, elle aurait pu croire à ses boniments, à son amour…
Qu’est-ce que l’amour en définitive ? En y réfléchissant, parfois, Alix avait établi une certaine théorie à ce sujet. Si aimer quelqu’un signifiait « quoi que tu fasses, je te soutiendrai » alors oui, elle était amoureuse. Si cela voulait dire « je donnerai ma vie pour la tienne » oui, là encore. « Est-ce que je te suivrai jusqu’en enfer ? » Oui ! Et ainsi de suite...
Pas besoin d’être devineresse, Alix se savait cuite. Si les orages avaient constitué son épouvantard majeur pendant des années, maintenant elle en possédait un second, de taille : perdre Michael !
Si seulement ils avaient pu être du même côté ! Il disait l’aimer parce qu’il pensait qu’ils étaient en accord. Lorsqu’il saurait, tout finirait...

L’enlèvement de Samantha Forrester n’était qu’une simple « distraction », une preuve supplémentaire, imposée, de la fidélité de Michael envers le Lord, de sa loyauté à elle aussi.
Que Michael n’hésite pas un instant à kidnapper la fiancée de son ancien ami, le plus proche, avait écœuré Alix. Des petits détails auraient cependant dû lui mettre la puce à l’oreille. Michael était trop… prévenant( ?) envers sa victime. Il agissait comme s’il redoutait la confrontation entre elle et la belle jeune femme. Elle avait attribué cela à une « simple » bienveillance, un léger remords de conscience envers celle qu’aimait son ami.
Les cris !
Là, De Brent ne s’était pas gêné pour torturer sa proie !
Persuadée qu’au prochain interrogatoire Sam y passerait, elle avait voulu le devancer. Son plan était simple : remettre Sam sur pied et l’aider à s’enfuir en lui donnant sa baguette. Les choses avaient tourné très, mais alors très, différemment. Samantha se défendit puis refusa d’adhérer à son plan. L’unique raison à ce non-sens ne pouvait être une collusion entre Michael et elle.
Alix se crut perdue. De toute façon, cette histoire aurait mal tourné, alors... Un peu plus tôt ou tard…
Résignée, elle eut un mal fou à accepter une évidence sidérante : Michael et elle étaient du même bord !
Elle en resta comme deux ronds de flan, sciée. Il y avait eu des signes mais elle avait refusé d’y croire, et là… À nouveau, il lui parlait d’amour, de quoi oser céder du terrain.

L’arrivée de Davenport jeta un trouble dans l’horizon calmé. Alix et lui se détestaient copieusement depuis un bail. Il la croyait toujours du côté mauvais et le fait qu’elle ait réussi à lui échapper en l’assommant en traitre n’avait rien arrangé.
Ses propos insultants n’atteignirent pas Alix, ou à peine. Elle échangea un regard navré vers Sam, lui signifiant quelque chose du genre :


*Je te plains d’aimer un tel idiot !*


Ce qu’elle retint des propos de Justin lui mit du baume au cœur :

T’es bleu d’elle depuis des années.

Ainsi, ce serait vrai ? Michael l’aimait depuis tout ce temps ?


*je l’aimais aussi, mais l’ignorais… Quelle gourde !*


Il fallut parler boutique. Davenport, réticent à admettre une certaine vérité, n’en demeurait pas moins perspicace, avec raison.
Pour rester crédibles aux yeux rouges du Lord, il leur faudrait donner des informations plausibles.
Michael pataugea après une intervention humoristique de Samantha
:

…que Gloria X ait évadé deux millions l’année dernière ne va pas le décoiffer…
*Toujours le mot pour rire en parlant d'un chauve*ou que James Longstreet se foute de payer ses impôts et pourrisse en prison ne va pas trop aider sa Cause…Sam chérie, tu n’as rien de plus croquant à Lui mettre sous la dent ?

*Chérie ?*

Michael était décidément par trop « complaisant » envers l’agent du Trésor américain.


*À ce train, Justin sera cocu et Michael émasculé ! Bien fait pour eux !*

Une alarme retentit alors qu’ils étaient en plein débat quant à savoir comment combler les souhaits du Lord sans trop risquer leur peau aux uns comme aux autres. Michael éteignit toutes les lumières et fila voir de quoi il retournait :

Ne bougez pas ! Le territoire est inviolable aux intrus
, conseilla-t-elle aux « amoureux »

Michael revint… serein. Il avait dû assister à quelque chose d’amusant.
Il ne resta qu’à peaufiner des détails de mise en scène.


Bois, Sam. Ça va te faire une drôle de tête, briser certains os mais il n’y aura aucune souffrance et tout se remettra en place très rapidement. Justin, partez !

Celui-là pestait. Après des adieux baveux, Sam accepta de boire et Michael osa :

Suis désolé que cela doive se passer ainsi…on se reverra, si tout va bien, quelque part où il fera bon vivre…je suis en dette avec toi, tu es une femme merveilleuse…

*Ben voyons !*

La jalousie était un sentiment inconnu d’Alix, tout comme l’amour, jusque-là. Tant d’attention envers la copine de son copain n’agréait cependant pas Miss Blackstorm.
Sitôt le colis déposé, un hibou aux urgences de Ste Mangouste plus tard, Michael et Alix s’évaporèrent, là où De Brent le voulut.

Le Ritz !
Comment Michael se débrouilla-t-il pour obtenir un droit dans cet hôtel de luxe, Alix s’en ficha.
La porte de leur suite refermée, il l’enlaça d’une étreinte inédite à laquelle elle ne répondit que sobrement, se dégageant. Michael parut résigné.


Assieds toi, ma chérie…on doit parler !

*Parler ? Ça changerait ! *

Elle en avait gros sur le cœur mais se résigna à la passivité en recevant le verre de cognac offert. En silence, elle aiguisa sa langue, prête à la riposte mordante. Il commença en … douceur :

Si cela peut te rassurer, je suis aussi secoué que toi. Faut dire que ta prestation a été impeccable…

Merci ! Tu n’es pas satisfait de la tienne ?

La mienne n’a pas été si mal que ça…enfin, il y allait de ma peau et de celle de quelques centaines…

Bravoure et désintéressement ? ( soupir ironique) Sauver la veuve et l’orphelin ?

Non, je ne prends pas pour un héros…peu importe…

CELA m’importe ! Je veux savoir le pourquoi de ce cirque, de ces mensonges !

Une belle plaidoirie suivit dans laquelle, avec une sincérité indéniable, Michael avoua ses louables motivations, en se défendant de certains aspects de sa personnalité.
Lorsqu’il prétendit ne pas être le coureur de jupons prétendu, elle faillit lui rire au nez mais mordit dans sa chique, le laissant tenter d’arrondir les angles. À l’en croire, son boss, une certaine Applewithe, avait misé sur son physique, prêt à l’emploi…


J’ai eu un choix à faire et l’ai fait… Crois moi ou pas, au point où on en est…

Bien sûr, tu es l’agneau sacrifié à l’autel de la justice… C’est d’ailleurs pour cela que Miss Forrester est unique, si… merveilleuse… et que Lucas est né de la vierge Marie… J’ai des yeux pour voir et des oreilles pour entendre ! Tu draguais Sam, ne nie pas !

Il se défendit, prônant l’amitié envers Justin, mais c’était plus fort qu’elle : elle ne le croyait pas.
Les bibelots plurent, les coups aussi. Il était marrant, ou lamentable, à tenter d’esquiver ses attaques avec des parades verbales.


Ça suffit, Alix…Bon sang…tu es la première femme à qui je dis que je l’aime et qui essaye de me tuer…

« Je t’aime ? » Ce n’est que des mots ! J’aime mes plantes, mes potions, la brume. Ce n’est pas pour autant que m’en passer me ferait mal.

Un splendide vase valsa à sa tête. Il se plaignit du boucan provoqué ? Elle isola la pièce, baguette nerveuse en main.

… Me raconte plus d’histoire Michael De Brent ! …Tu n’aimes pas les blondes ? Cassy l’était, non ?

Il lui expliqua diverses choses, revenant sur le thème de son attachement à elle mais surtout :

… Si cette histoire n’avait tourné ainsi…j’étais prêt à te suivre…mais…ce n’étant pas le cas…tu pourrais arrêter de faire des histoires ?

Se battre devint chamaillerie puis câlinerie. La chair est faible, Calysta avait raison...

Pour une longue nuit, c’en fut une. Entre passion libérée, fuite et tendresse échangées, ils furent épuisés au lever du jour.
Sortant de la douche, ceinte du peignoir en éponge blanc fournis aux hôtes privilégiés, Alix dut affronter seule l’esclave préposé au petit déjeuner. Elle puisa dans le portefeuille de Michael de quoi récompenser le serviteur en s’étonnant qu’il lui baise quasi les pieds après le pourboire reçu.


Ouhou ! Mon bel "ange" doit se réveiller, on a de quoi se régaler !

Michael l’enlaça comme lui seul savait le faire en revenant d’un sommeil réparateur. S’informant de la façon dont elle s’y était prise, Alix avoua et tiqua quand son chéri se bidonna à fond :


Cent, c’était trop ? Qu’est-ce que j’en sais, moi ?

Ça, ma douce…c’est le vrai bonheur…tu vois, suis un homme simple…il me suffit de toi et d’un peu de café…

Une veine pour lui, il l'avait placée avant le café...
Il cessa de se moquer après s’être pris un oreiller sur la tête, lui jurant de lui apprendre certaines règles moldues qui lui échappaient. Ils verraient plus tard, savourant ce repas en se dévorant des yeux. Ils eurent bien raison d’en profiter car, peu après, un hibou insista au carreau.
Le Lord semblait satisfait. On attendait d’eux d’afficher profil bas.
Ils n’en espéraient pas tant et jouirent des instants volés au temps…
Un message de Davenport pulvérisa la quiétude instaurée :


Je dois aller au Manoir Cavendish… Ariana est là… tu t’imagines pourquoi… Attends-moi ici…

NON ! rugit-elle… Je veille sur ce gosse depuis deux ans, ne m’empêche pas d’y aller. Où tu iras, j’irai.

Un baiser éperdu, mots d’amour de la part de Michael, et quelques planifications plus tard, ils furent en place.

Le plan était simple: Michael s’offrirait en pâture à sa sœur démoniaque tandis qu’elle assurerait les arrières ou prendrait les devants selon le cas.

Somptueuse, la propriété de Lord Cavendish offrit son paysage paisible aux sorciers qui y débarquèrent en douce.


*Trop paisible* remarqua Alix pour elle-même alors, qu’aux aguets, elle se faufilait entre des arbres séculaires pour approcher de la vaste habitation.

Pour l’avoir surveillé depuis que Luca De Brent y séjournait, Miss Blackstorm connaissait chaque recoin de ces lieux ainsi que les habitudes domestiques des habitants.
Manifestement, l’alarme anti-intrusion n’avait pas fonctionné et les gardiens postés alentours semblaient s’être volatilisés.
De sa position en retrait, Alix nota qu’une singulière relève avait été mise en place. Elle identifia facilement Greenwood et Schwartz, les deux des trois acolytes favoris de la sœur de Michael qui formaient sans doute son escorte de protection. Les stupéfix eurent raison d’eux sans qu’ils s’en rendent compte, les idiots. Où était l’infâme Warley ? Elle verrait plus tard.
Se rapprocher des fenêtres fut aisé, observer, entendre, aussi.
La scène lui glaça le sang. Ariana, les yeux fous, menaçait cruellement le garçonnet de cinq ans
.

*S’en prendre au fils pour atteindre le père, quelle lâcheté !*

En vérité, Alix connaissait peu Michael, et le fait qu’il lui ait menti à foison n’arrangeait pas les choses. Mais une seule certitude existait : Michael adorait son rejeton. Ça, elle le savait sans l’ombre d’un doute. Comme à chaque fois qu’elle voyait Lucas, une sensation étrange la remua. Peut-être que l’attachement porté à Michael avait déteint sur son fils ?
Vu la situation actuelle, aucun des adultes présents ne tenterait rien au risque de blesser le gamin.
Un ricanement dans son dos obligea Alix à se retourner. Warley la toisait sans aménité :


On s’est toujours méfié de vous deux, Blackstorm ! T’as mal choisi ton camp !

Tais-toi, espèce d’idiot ! répliqua-t-elle sans se démonter. Tu ne sais donc pas qu’embobiner De Brent fait partie du plan ?

Embrouillé, Warley baissa sa garde. Alix leva prestement sa baguette, et voulut l’expédier dans les limbes, sauf que le vieux briscard avait plus d’un tour dans son sac. Il esquiva et répliqua par un bombarda qu’Alix évita de justesse. Une splendide vasque de géraniums fut pulvérisée, créant un boucan de tous les diables. Warley n’échappa pas au spina lungus qui l’emprisonna aussitôt dans ses épines acérées. La voie étant libre, Alix se rua porter main forte à Michael qui s’était bien débrouillé avec la diversion offerte. Elle tomba en plein duel. Michael, armé de son Browning, aurait le dessus. Elle se devait de s’occuper de Lucas. La déflagration brouilla son ouïe, pas assez pour rater une intervention inattendue :

Forces du Ministère !!!


Mince ! Une dizaine d’Aurors déboulaient. Cavendish intervint, outré de l’intrusion, tandis que Michael l’exhortait :

Va t’en…va t’en avec Lucas !!!

Partir et le laisser aux prises avec ceux-là ? Jamais !
Butée, elle allait riposter quand un bras l’accrocha. Tout bascula.
Où tombèrent-ils, qui avait osé ?
L’atterrissage, même sur un très moelleux tapis, fut secouant. Furieuse d’avoir été soustraite au lieu du conflit, sa baguette roulée Merlin sait où, avec Lucas qui brayait en sus, Alix apostropha méchamment la responsable :


QU’EST-CE QUI T’A PRIS ? ON T’A SAUVÉ LA MISE ET TU L’ABANDONNES ? DONNE-MOI TA BAGUETTE, J’Y RETOURNE !

Une belle empoignade eut lieu avec tentative d’explications entre échanges de baffes.
Alix était grande et bien entraînée. Pourtant, si elle crut avoir le dessus, c’était sans compter avec une technique de combat inédite : le judo. Une veine que Miss Forrester n’ait eu d’autres intentions que de la maîtriser. Clouée au sol, Alix faillit voir rouge et se laisser déborder par la rage. S’il n’y avait pas eu les grands yeux terrifiés d’un petit garçon, sans doute Samantha aurait-elle connu sa douleur. Par gestes et paroles apaisantes, l’Américaine tenta de rassurer Lucas avant de tendre la main à son adversaire :


N’essaye pas d’aller le rejoindre…ce serait stupide. On va rester ici, sagement…à attendre… à prendre soin de cet adorable petit garçon…

Pour ne pas aggraver les peurs du gamin, Alix refoula sa vindicte. Elle expira un grand coup :

Tu as raison. Me faire pincer aussi n’arrangerait rien... Où sommes-nous ?... J’aurais dû m’en douter !

Un tel débordement de luxe, même de très bon goût, ne pouvait appartenir qu’à Davenport.
Du coin de l’œil, elle avisa Lucas qui s’accrochait aux basques de Sam comme un noyé à une bouée. Elle n’essaya pas de l’approcher, ni de l’amadouer, disant, faussement détachée
:

Puisqu’il t’a à la bonne, tu devrais lui donner un bain et le mettre au lit… Non merci, je ne suis pas douée. Je vais remettre de l’ordre… Non, je ne filerai pas.

Elle fouilla son réticule à malices et confia une fiole à la jeune femme :

Deux gouttes dans un verre d’eau suffiront à un sommeil profond.

Avec des airs de doute, Sam dirigea l’opération dodo du gosse ébranlé.
Enfin seule, Alix fouilla les recoins et dénicha sa baguette. La serrant fortement contre sa poitrine, elle dut beaucoup prendre sur elle pour ne pas s’envoler. Une inquiétude folle la rongeait, la faisant trembler toute. Elle finit par se calmer en trouvant le bar qu’elle dévalisa bellement.
Au troisième verre, ses idées étaient en place.


*Les Aurors ne sont pas Mangemorts… Michael risque moins entre leurs pattes que dans celles de Voldemort… Que fabrique Davenport ?*

Sam ne tarda pas à descendre, un peu lasse. Lucas s’était endormi, le sourire aux lèvres. Elle accepta le verre tendu.

C’est navrant, soupira Alix, qu’il ait assisté à tout ça… Non, je ne l’ai jamais rencontré avant aujourd’hui mais je le connais très bien, je l’ai vu tous les jours ou presque, depuis deux ans : c’est un bon petit garçon…

Évidemment, cela surprit Sam qui, mine de rien désira connaître le pourquoi du comment.

… la magie permet bien des choses. J’ai un dispositif de vue à distance assez performant… il est chez Michael, aujourd’hui… Je ne me suis pas vraiment posé la question du pourquoi ; ça m’a semblé… normal, c’est tout. ( haussement d’épaules)

Alix avait-elle souhaité garder un lien avec Michael à travers le fils de ce dernier ? Rien de moins sûr. Inutile de débattre davantage sur le sujet d’autant qu’un Davenport ébouriffé se matérialisa près d’elles. Alix lui sauta presque dessus :

Michael est-il… ?

Sa tête ne disait rien qui vaille. Alix recula d’un pas, cédant la place à Miss Forrester qui sut détendre l’Auror et le faire parler. Lorsqu’il évoqua Ste Mangouste, Alix vira au blanc linceul :

Quels salauds ! ET TU LES AS LAISSÉ FAIRE ?

Justin l’ignora, ne causant qu’à sa chérie. Alix rongea son frein.
Pleine de sollicitude envers le propriétaire des lieux, Sam lui versa un verre, le força à s’asseoir et proposa même de cuisiner rapidement un en-cas. Il n’avait pas le temps.

Quelques minutes plus tard, il disparut en promettant de rentrer dès que possible.
Fermée, Alix affronta Sam :


Je dois faire un saut à « la tanière »… J’ai besoin de plusieurs choses… Non, tu ne peux pas venir, il faut quelqu’un pour Lucas, et… Anar ? Qui est-ce ?

Un elfe ? Elle voulait confier Lucas à un elfe inconnu, ironisant que le temps de palabrer, elles seraient rentrées.
Un crac sonore régla le problème avec l’arrivée de la petite Bikita, révérencieuse :


Maîtresse n’a pas de souci : Bikita est là pour son petit maître.


Que rêver de mieux ? Amen.
En grommelant d’avoir un pot-de-colle aux fesses, Alix accepta.
Elles ne firent effectivement qu’un aller-retour rapide, le temps de voir si Apache ne manquait de rien, prendre linge de rechange, objets de toilette et, surtout, la fameuse bassine longue-vue ainsi qu’un coffret d’ingrédients.


Toi qui connais cette « maison », où pourrais-je installer mon matériel ?


Ce fut l’elfe Anar qui les guida jusqu’à une remise extérieure. Craignait-il qu’elle fasse sauter le palace ?
Un nouveau liquide s’élabora dans la cuvette à laquelle Alix ajouta des cheveux de Michael pris sur sa brosse. Formules, gestes de baguette, elle souffla sur les vapeurs formées. Sam demeura muette devant l’image formée. Là, dans une chambre d’hôpital, entravé aux poignets et aux chevilles, sommeillait un Michael De Brent livide. Un médicomage se préparait à lui administrer une potion :


Vu sa couleur, c’est destiné à ressouder les os… Quels salauds !

Si une larme lui échappa, Alix n’y fit pas attention. Elle marmonna une incantation, et murmura avec ferveur :

Je suis avec toi !

Une sorte de sourire flotta sur les lèvres exsangues du blessé, Alix sourit à son tour, enfin détendue :

Il m’entend… Michael, repose-toi. On va tout faire pour te sortir de là, je te le promets.

Un geste effaça l’image, Alix se redressa, sereine :

Nous pourrons le suivre et communiquer avec lui, où qu’il aille, maintenant.


Ce que pensait Samantha ne regardait qu’elle. Elle proposa de préparer un repas. Rien de mieux qu’une bonne nourriture pour entretenir le moral des troupes, selon elle.
Si elle y tenait…

Face au plan de travail d’une cuisine assez semblable à celle de « la tanière » mais en plus grand, Alix se sentit perdue. Sam y évoluait à l’aise, comme si tous ces ustensiles et ingrédients lui étaient aussi familiers que ses colonnes de chiffres habituels.


… Bœuf bourguignon ? Qu’est-ce ?... Ah…

Les explications et ordres fusèrent. Intriguée, Alix obéit à l’épluchage des pommes de terre tandis que Sam découpait la viande.

*Elle fait tout à la main ? Quel gâchis d'énergie !*

Après tout, il y avait peu de différence avec la préparation de potions. Lorsqu’elle devait peler ses racines de marguerite, Alix employait « pellarae ». Sa baguette s’agita et les tubercules furent propres et nets rapidement. Hacher carottes et oignons ? Aucun souci. Sam tiqua bien un peu sur la technique mais puisque le résultat y était…
Quand tout fut à feu doux, on eut le temps de parler autour d’un verre de vin et d’une cigarette.
Expirant lentement sa fumée vers la hotte en fonction, Alix demanda :


Tu aimes Justin, Sam ?… parce que je ne sais pas si ce que j’éprouve pour Michael est de l’amour, au sens « normal » du terme… Lui, il dit m’aimer… moi, je ne sais pas… Ce sont des mots en l’air, creux, banals… Oui, bien sûr ! Je pense à lui sans arrêt, je m’inquiète pour lui, je mourrais pour lui mais…

Peu à peu, le vin allié à l’alcool antérieur, Alix livra à Sam un tas de choses jamais dévoilées sur son enfance, doutes et craintes. Des confidences, Miss Forrester devait en avoir entendues de toutes les couleurs, celles d’Alix ne la troublèrent pas outre mesure. Elle se montra… logique, chose qu’apprécia fortement Miss Blackstorm qui sourit, un poil désabusée :

… Non, Sam. D’après tes critères, je ne suis pas amoureuse mais dingue !... Je refuserai toujours de me soumettre, même à Michael ! …

Compromis, pour et contre, balance… Elle n’était pas agent du Trésor pour rien. Alix se demandait si un jour elle parviendrait à croire Michael après tous ses mensonges quand Davenport surgit à nouveau. Le bœuf était à point…
Quand il sut qu’Alix avait participé au plat, sa fourchette resta en l’air. Haussant les épaules, Miss Blackstorm ricana :


Bien évidemment, quand Sam avait le dos tourné, j’ai saucé le « bourguignon » à ma façon. Des crampes d’estomac, mon cher ?

Il avala péniblement sa bouchée, interrogeant sa chérie du regard. Vu qu’elle se bidonnait, il se détendit et déballa les dernières infos : Michael était menacé d’Azkaban. Lord Cavendish, lui-même et un certain Abermale pesaient de tout leur poids afin d’éviter cela. Alix alluma une cigarette, narguant Justin :

S’il doit y aller, il ira. Le Lord sera satisfait.

Sam s’interposa à temps pour éviter à Alix un étranglement en règle.
Le calme revenu, elle se massa le cou, toussota :


Michael a une mission à accomplir. Si sa couverture saute, c’est fichu… Procès ? Pourquoi pas ? Aux yeux du Lord, il doit, comme moi, sembler de son côté... Crois-moi ou pas, je m’en fiche, Justin. Sur ce, bonne soirée... Bikita !

Sous les yeux ronds de Davenport, la petite elfe apparut et prit en charge celle considérée comme sa maîtresse.

Tôt au matin, Alix eut recours à ses potions histoire de refléter son marbre habituel alors que sans potion, elle aurait pleuré toute la nuit.
Après sa toilette, elle passa dans la chambre de Lucas et la trouva vide. Affolée, elle se précipita en bas ; il était là, face au téléviseur allumé, amorphe avec un étrange boitier en main.
Elle s’approcha. Il était tentant de poser la main sur cette frêle épaule, mais non. Il la devina, sauta comme une carpe hors de l’eau, cherchant un coin où se cacher en s’éloignant d’elle.
Une baguette s’agita :


« PAX »

Aussitôt après, Alix s’agenouilla et prit le boitier de la console de jeux :

Je ne sais pas me servir de ça. Tu sais, toi ?

Intimidé mais calmé, le gamin se rapprocha et cliqua à tout va, conduisant sa moto virtuelle dans un trajet fou. Alix ne regardait que la tête blonde. Les mots qui suivirent lui parurent sortir d’une autre bouche que la sienne :

J’aime ton papa, tu sais ? Je crois que je t’aime bien, toi aussi.

Sans quitter l’écran des yeux, Lucas lâcha :

Je ne vous connais pas, moi !

Avec une tendresse dont elle ne se serait pas crue capable, Alix essaya :

Moi, je te connais, Lucas. Ton papa et moi, on a hésité pour te confier Jake. Ton papa a gagné, c’est son cadeau. Les contes reçus en même temps, viennent de moi. Tu avais aussi beaucoup apprécié ton mini balais, je crois…

C’est papa qui me l’a…

J’ai pu suivre chacun de tes pas, de tes essais, mon bonhomme. Pas plus que ton papa je ne pouvais t’approcher mais je t’ai vu, tous les soirs, serrer dans tes bras la peluche que tu as appelée « palin » au lieu de lapin. Ne rougis pas, nul n’est parfait. On s’améliore avec le temps, je te le promets.
Que dirais-tu d’un petit-déjeuner ?


Enthousiaste soudain, le gosse approuva.
Confrontée à la dure réalité des pancakes, Alix bénit Merlin quand Sam arriva prêter main forte alors qu’enfarinée, Alix pataugeait devant l’impatience d’un bout d’homme qui se marrait à ses dépens en soufflant sur une tasse de chocolat chaud.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Always... Empty
MessageSujet: Re: Always...   Always... EmptyDim 7 Oct - 14:11

Brume cotonneuse. Confusion totale. Il gardait un vague souvenir des derniers instants au manoir, avant de filer vers les abîmes de l’inconscience. On discutait ferme. Le résultat était évident. En ouvrant les yeux après Merlin sait combien de temps dans les vapes, il sut se trouver à Ste. Mangouste en qualité de prisonnier, comme le prouvaient ses poignets et chevilles solidement entravés.

*Tu t’attendais à quoi ? Traitement de faveur ?...M***e…ça fait mal partout…*

Un medicomage se penchait sur son cas mais les deux aurors, brutes sans cerveau, délégués à sa surveillance interdirent de lui parler, ce qui donna une séance de soins silencieuse et il resta sur sa faim pour savoir combien d’os cassés étaient à déplorer. Il n’y avait aucune bienveillance dans le regard du médecin traitant, restait à espérer que la potion administrée ne serait pas du poison pour rats mais il la but quand même. Le manque d’alternatives était navrant. C’était du Poussos. Il en reconnut le goût affreux et les douloureux effets, ayant fait l’expérience à l’école après un match de Quidditch particulièrement brutal…sauf que là, Pommy lui avait donné en sus une potion de sommeil et il était parti dans les limbes le temps du processus de soudage. Là, ses gardes chiourmes interdirent tout essai de lui épargner la moindre souffrance. Il serra les dents et s’apprêta à affronter la douleur sans se plaindre.

La voix d’Alix lui parvint comme en songes, mais il savait que l’entendre était un fait très réel.


Je suis avec toi !... Michael, repose-toi. On va tout faire pour te sortir de là, je te le promets.

Il parvint à esquisser un semblant de sourire puis essaya de faire abstraction de ses misères. La savoir en sûreté lui suffisait largement. Ce fut une longue nuit. Dès qu’il parvenait à trouver un semblant de sommeil, ses geôliers s’arrangeaient pour le réveiller. Il eut soif mais ils refusèrent de lui donner à boire. Tant pis. Il avait été entraîné pour tenir jusqu’à trois jours sans eau…Michael se limita à espérer que cela ne durerait pas si longtemps et occupa ces heures mortes à concocter un règlement de comptes exemplaire pour ces deux brutes. Au petit matin, une aide soignante régla l’affaire. Plus tard le médicomage assigné à son cas, peu méritoire, faisant fi des ordres lui passa un message succinct.

Tout va bien. Buvez les potions et prenez votre air le plus souffrant.

Pas besoin de feindre, ce qu’on lui fit boire était si infect que Michael se sentit assez malade comme pour en être vert et partit dans un espèce de voyage astral qui le décolla de la réalité de manière très efficace. Des bribes de conversation l’informèrent, là, dans son limbe particulier, que son état était pire que prévu et qu’on devait le garder à l’hôpital. La voix d’Alix lui parvenait de temps à autre, l’encourageant, le rassurant…lui, il était censé d’être à deux pas de la mort …Cela lui laissa au moins le loisir de dormir un peu !

Sa confiance aveugle en Justin et ses idées de génie ne l’avaient jamais déçu. Cette fois ne serait pas l’exception, conclut il, même si les idées claires se noyaient allègrement dans la gélatine qui lui tenait lieu de cerveau. Temps et espace semblaient s’être égarés quelque part sans que cela lui pose de problème. Merci les préparations mystérieuses qu’on lui faisait avaler, il végétait gentiment, hors d’atteinte des menues misères de la réalité. À moment donné, le médicomage de toujours, lui fourra une pilule dans la bouche et miraculeusement, les vapeurs subliminales où il avait vogué semblèrent s’absorber, le livrant brutalement, aux faits concrets du moment. Un grabuge de fin de monde lui parvint, provenant du couloir puis la porte de sa chambre s’ouvrit à toute volée et Alix, magnifique y entra suivie de trois mangemorts masqués.

*Génial…la cavalerie !*

Le pauvre médicomage, un tel Azimov, fut réduit avant d’opposer résistance alors que sa chérie le libérait et on l’aidait à quitter le lit. On dut le soutenir parce qu’il avait les jambes aussi molles que du coton, un coup de baguette le vêtit décemment et avant de réaliser ce qui se passait, on prenait la poudre d’escampette en emmenant Azimov en otage. Il essaya de suivre le mouvement de son mieux, soutenu fermement par le plus costaud des trois mangemorts et Alix.

On y arrivera, fiston !

*Hein ? *

La pilule magique devait avoir des effets secondaires et il entendait n’importe quoi…depuis quand un mangemort l’appellerait « fiston » ?…mais tant qu’à faire, il s’en foutait. Tenant en respect tout celui qui voudrait s’interposer, ils parvinrent au hall, seule aire de trasplanage de Ste. Mangouste et avant que quiconque s’avise à dire ou faire quoique ce soit, s’étaient évaporés en abandonnant sur les lieux l’otage pris pour les besoins de la cause.

Atterrissage impeccable. Sans manières, Michael s’effondra sans rien dire dans le premier fauteuil trouvé, en sentant que tout tournait un peu trop vite dans sa tête. Le décor de leur matérialisation ne lui était pas du tout inconnu.


*La Folie ?...*

Alix…

Quel besoin de parler ? À quoi bon les questions ? Elle était là et l’embrassait, éperdue, se fichant des présents. Mais il fallut quand même retomber sur terre et s’intéresser aux autres. Trois Mangemorts, masques ôtés, qui les regardaient d’un air amusé, bienveillant et même attendri. Il aurait pu le jurer.

Justin ? C’est toi ?

Impossible autrement. Cela lui fit un drôle d’effet de subir l’accolade d’un mangemort attitré mais ce qu’il débita, prouvait amplement qu’il s’agissait bien de Davenport. Découvrir l’identité des deux autres le laissa comme deux ronds de flan…au bout d’un moment, le Polynectar cessa de faire son effet, et ils reprirent leur aspect normal. Samantha Forrester et Lord John Cavendish.

Qu’on me pende si je m’y attendais…
, parvint il à dire, la gorge serrée alors que son beau père assurait que c’était le moindre à faire pour éviter les foudres de sa femme.

Penser que tu finirais à Azkaban l’a mise dans tous ses états. Justin nous a tout raconté, je suis orgueilleux de toi, Michael, tout comme je le serais si tu étais vraiment mon fils. Maintenant, tu devrais te reposer et reprendre tes forces.

Ces paroles, pleine de paternelle bienveillance le remuèrent à plus d’un titre. Il pensait pas en mériter autant.

Je vous remercie…Mi…John…mais je pense que ma présence ici n’est pas…

Le périmètre est parfaitement assuré et j’ai les garanties nécessaires pour qu’on te laisse en paix pendant encore 24 heures…après, tu sais ce qu’il reste à faire.

Oui. Retourner au service…n’ayez crainte…si ma couverture a tenu, ce sera bien grâce à vous tous. Alix et moi rejoindrons…nos rangs.

Mais il était évident que dans son présent état, il n’irait pas loin. Les potions savamment dosées du Dr. Azimov l’avaient laissé sur les rotules. Alix s’occupa d’en préparer une autre pour contrer ces effets brumeux. Justin servait à boire et Sam disparut pour revenir peu après en poussant devant elle un petit garçon au minois un peu effaré. Michael sentit son cœur lui bondir dans la poitrine et faisant un effort, quitta son fauteuil. Son fils le regarda avancer, les yeux élargis d’appréhension et agrippa la main secourable de Samantha.

N’ai pas peur, Lucas…je suis ton père !

Apparemment on avait effacé de la mémoire de l’enfant leur antérieure rencontre. Il se retrouvait à la case « Départ » et le petit le considérait comme un illustre inconnu, duquel sans doute, peu ou personne ne citait le nom. La réticence était de mise.

Pour de vrai ?

Oui. Pour de vrai.

T’es jamais là !, argument de poids, très significatif. Il ne bougea pas d’un pouce, sans lâcher Sam, te connais pas…oncle Justin dit que tu as à faire ailleurs. Toujours.

Reproche accablant. Michael avait pu tenir tête à Voldemort mais se trouvait absolument démuni face à un gamin qui du haut de ses cinq ans, le faisait se sentir comme le plus minable des pères. S’excuser ? Il essaya, pas trop sûr que cela suffirait pour un mioche qui avait vécu en le croyant un fantôme de fable. Le petit aimait son oncle Justin, qui était présent, rigolo et splendide. S’il n’avait pas été son meilleur ami-quasi frère, Michael l’aurait détesté en cet instant. Le chiot qu’il lui avait offert s’appelait Jake et dormait avec lui, il le savait. Il l’avait vu. Lucas était un enfant heureux. Des grands-parents qui le gâtaient outrageusement et un parrain magnifique, maintenant secondé d’une fée nommée Sam. Une pierre au cœur, Michael reconnaissait qu’il avait tout à perdre. Lucas sauva, quand même les meubles, en partie, en déclarant, qu’Alix était amusante à l’heure de raconter une histoire mais nulle à celle de faire des pancakes. Qu’elle avait dit l’aimer bien mais qu’elle l’aimait plus, lui. Flottement ravi. Pas de longue duration, déjà Bikita faisait son apparition, ravie, flanquée d’Apache, en assurant que minet n’était plus sûr à La Tanière, où il avait eu déjà quelques essais d’effraction.

Des briseurs de sorts du Ministère…veux voir comment ils s’y prennent avec la système moldu !, rigola Michael, tu peux jouer avec elle, Lucas…pareil qu’avec Jake…Apache est plus grande mais elle était ton amie quand tu étais tout petit…vas –y !

Un moment plus tard, mioche et cougouar avaient renoué leurs liens et s’en donnaient à cœur joie, menaçant de dévaster gentiment le luxueux salon de tonton Justin. Alix revenant avec sa potion la lui fit avaler sans commisération, assurant que cela le remettrait d’aplomb. Elle n’eut pas tort. Le moment était venu de traiter des affaires les plus émergentes.

Tous les Aurors d’Angleterre seront à mes trousses, faut sauver la face…Le Maître ne sera pas ravi que j’ai descendu un de ses éléments les plus chers…ce qui veut dire, en peu de mots…que pour le moment, suis farci de partout…Il ne va pas me tuer mais ce sera un mauvais quart d’heure à passer…

Pas un des présents n’ignorait en quoi consisterait ce « quart d’heure » mais Michael le prenait comme partie d’une hasardeuse routine. Bikita, après avoir présenté ses respects émus à son maitre, prit en charge enfant et chat, les emmenant loin de la conversation des adultes.

Il n’y a pas grand-chose que nous puissions faire, pour le moment…pour la sécurité de tous, Alix et moi disparaîtrons un temps…en restant, comme voulu, à disposition du Maître…Ce sera ce que cela devra être…rien ne doit changer…Que sont devenus les trois dont vous avez pris l’identité ?

Justin remua, un peu mal à l’aise, à sa place en laissant entendre qu’ils ne poseraient plus de problèmes. À bon entendeur…

Non…je ne dirai pas où nous allons…c’est mieux ainsi…non, ce n’est pas incartable mais bien sécurisé…n’essaye pas de nous rendre visite sans prévenir…cela ferait mal…, sa main chercha celle d’Alix et la serra, pas de souci…vous entendrez encore parler de nous…

L’arrivée intempestive de Lady Cavendish les surprit tous, personne n’ayant songé encore à l’avertir. Elle tempêta, poliment, de ce manque d’égard mais en découvrant son fils flanqué de sa belle, son teint vira au cramoisi rage.

Sublime !!! Je suis touchée…Quelle réunion attendrissante…tu trouves le temps pour roucouler avec cette…

Michael s’était levé, pâle mais l’éclat de ses yeux ne présageait rien de bon.

Heureux de voir que tu te portes si bien, Maman…mais fait attention à ce que tu penses dire…très attention…je ne permets de personne un mot désagréable envers Alix…et cela t’inclut…

Tu ne me diras pas ce que je peux ou pas…

Un très peu discret raclement de gorge de la part de son mari la ramena à de considérations plus rationnelles, sans pour autant délaisser son air de reine lésée dans sa majesté.

Où est mon petit fils ? J’exige de le voir…d’immédiat.

S’approchant de sa mère, Michael l’étreignit brièvement et déposa un baiser sur son front.

Mon fils va bien, Maman, il joue avec Apache et Bikita veille sur lui.

Ton fils !? À la bonne heure que tu…

Maman, essaye de sembler une grand-mère normale on n’a aucun besoin de t’entendre déclamer Shakespeare…Lucas va bien, fin de l’histoire…Je vais bien aussi, merci de le demander…sans l’aide de John, Justin, Sam et Alix…j’irais sans doute chemin à Azkaban…

Tiens…tu appelles ton beau-père John maintenant…

Oui, Maman, je l’appelle John…parce que c’est un peu prématuré pour lui dire Papa…mais cela peut venir, sait on jamais…et maintenant, si tu veux prendre place, je te sers un Pur Feu et tu jouis de la réunion…s’il te plaît !

Je me demande toujours d’où tu sors ces manières si…

Tu dis que je suis Wallace à 100%...tire tes conclusions !


Justin, le parfait maître de céans, se chargea lui-même de servir un Pur Feu bien tassé à Milady qui fulminait. Lord Cavendish rigolait dans sa barbe. Michael retourna s’asseoir auprès d’Alix, crâneur.

On devrait foutre le camp !
, souffla t’il, à son adresse, mais je veux passer encore un moment avec Lucas…et en plus je meurs de faim…

Lucas revint, suivi d’une Apache, frétillante d’enthousiasme. Il salua poliment sa grand-mère mais alla s’installer auprès de son père et Alix, avec une confiance émouvante. Le cougouar, d’humeur câline, alla faire la fête à Lord Cavendish, sous le regard censeur de sa femme qui consultant pour la troisième fois la belle horloge ancienne, sur le manteau de la cheminée, décréta :

Il est temps pour Lucas d’aller au lit.

Tu ne penses pas le priver de dîner, tout de même ?...Pour ce soir, on fait une exception, il mangera avec nous !

Lucas, aux anges, lui adressa un regard d’adoration. Cela lui suffisait largement, pour des instants comme celui là, Michael ferait n’importe quoi. Ce fut un joyeux dîner, même si Milady arborait son petit air pincé. Lucas, départant de son image de petit garçon modèle, les fit rire aux larmes avec son imitation du très sérieux Anar ou encore de son majestueux grand-père. Ils en étaient au dessert quand le petit, soudain grave, se tourna vers son père.

Tu vas t’en aller, n’est ce pas ?


Un silence endolori pesa sur l’assistance.

Oui, je dois le faire…mais je reviendrai.

Si je promets d’être sage…très sage…je peux aller avec toi ?

Michael dut faire une profonde inspiration avant de répondre, la voix enrouée.

J’aimerais beaucoup mais…ce n’est pas possible, bonhomme…tu vas retourner avec ta grand-mère et ton grand-père pour m’attendre…et…quand je reviendrai…on ira ailleurs…quelque part où il fera toujours beau et on sera toujours ensemble.

Tu promets ?


Je promets…oui !

Ciel gris, vent, mer démontée. En quittant La Folie, ils avaient retrouvé la chaumière sur la lande. Leur refuge. Délaissée depuis longtemps, la vieille maison offrait un aspect pathétiquement ruineux.

Ça avait l’air délabré mais là…

Alix y alla de son commentaire, plutôt amusé. Une inspection rapide, les informa du triste état de la toiture, un pan de mur menaçait de s’écrouler, une fenêtre était brisée et à leur approche quelques oiseaux décampèrent à tire d’aile.

Tu…t’y connais en sorts de reconstruction ?

Elle lui retourna un regard plein de morgue et alla jeter un coup d’œil par la fenêtre défoncée. Son soupir ne présageait rien de bon et Michael s’attendit à n’importe quoi mais vraisemblablement Miss Blackstorm prenait l’affaire avec humeur. Se frayer passage à l’intérieur demanda quelques efforts. Quelque chose coinçait la porte d’entrée.

Je rentre par la fenêtre et ouvre…

Il se cassa la figure car la dite fenêtre était plus haute que dans ses souvenirs mais tut ses grognements en dégageant les décombres pour parvenir à la porte, qui coinçait aussi, moins patient et plus radical, il l’envoya dans les airs avec un Bombarda qui l’ouvrit, certes, en faisant s’effondrer aussi le mur où elle se trouvait.

Génial…continue comme ça !, grommela t’il en découvrant le couloir encombré d’un pan de toit qui n’avait résisté aux inclémences de la nature.

Le reste semblait tenir encore le coup mais quelques créatures sylvestres avaient cru bon y élire domicile. Dès l’extérieur, Alix demandait des informations.

Je déloge nos invités, ma chérie…j’arrive…, un renard lui fila entre les jambes suivi de près par une nichée de souris, quelques oiseaux piaillèrent leur mécontentement, c’est devenu un refuge animal…manque que passe un écologiste dans le coin…fichez moi le camp…c’est chez moi !!!

L’intérieur douillet, scénario de leurs amours turbulentes, était devenu une calamité domestique. Nids, toiles d’araignée, sans doute des chauve souris dans les poutres, des bestioles de tout poil et plume et le comble…dans leur divan, face à l’âtre éteint, une chatte et ses petits, offraient le tableau attendrissant d’une famille comblée. Si les autres bestioles déguerpirent á ses injonctions furieuses, Mme. Minet ne perdit pas le calme, se contenant de le fixer de ses yeux verts avant de lécher amoureusement ses rejetons, au nombre de quatre, un à un. Déconfit, Michael ne se sentit pas le cœur pour la chasser et alla s’occuper d’ouvrir la porte à Alix, qui patientait en bavardant avec Apache.

Voilà…c’est une catastrophe…et notre divan est occupé…va voir toi-même et en occupe toi…si tu veux.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Always... Empty
MessageSujet: Re: Always...   Always... EmptyVen 12 Oct - 15:42

Michael De Brent était verni. Plus que ce qu’il imaginait, en tout cas ! Certes, question famille, le bât blessait grave ou avait blessé car, avec la mort d’Ariana - à part de mauvais souvenirs- aucune tache ne persistait. S’il était dans les ennuis, c’est qu’il l’avait voulu ainsi, et ce, depuis toujours.
Alix Blackstorm l’enviait, parfois… Des gens l’aimaient, s’inquiétaient pour lui, se coupaient en quatre pour le sortir des emmerdes tandis qu’elle… Qu’avait-elle hormis lui ? Même cela n’était pas certain. Il disait l’aimer mais lui avait fait tellement mal… Était-ce pour s’accrocher à un « espoir » de retour qu’elle avait cherché à veiller sur Lucas, son fils ? Pour « voler » à Michael un peu de cette chose appelée amour qui manquait si cruellement à celle qui ne possédait que des illusions ? Quoiqu’il en soit, Michael avait la chance de disposer de solides atouts extérieurs.
Prenons Davenport… Encore un à qui tout souriait ! À peine cocu, il retombait sur une splendide jeune femme, pas idiote du tout, folle de lui de surcroit. Heureusement que De Brent avait le chic des problèmes, sinon le « pauvre » Justin se serait ennuyé comme une huître dans son confort douillet. Et, en ami indéfectible, l’Auror s’était bien démené pour sauver – une fois de plus – la mise au pseudo Mangemort. Même sa nouvelle conquête participait activement à la récupération de Michael !


*Une femme merveilleuse…*

Intérieurement Alix rageait. Pas qu’elle eût préféré voir croupir son chéri à Azkaban, que non ! Mais… elle enviait le dévouement de sa famille et de ses amis, c’est tout.
*Si j’étais à sa place, personne ne lèverait le petit doigt pour me sauver la peau… sauf lui… et encore !*

Michael avait une telle détermination à remplir sa mission secrète, qu’elle était persuadée qu’il n’hésiterait pas à l’écarter de son chemin, au besoin.

Samantha, l’amie de Justin, était réellement sympathique et sans détours. En d’autres circonstances, plus tard peut-être – à condition de rester vivants – une amitié serait possible.
À quoi bon remuer tant d’états d’âme ? Alix était simplement lasse de courir. Évidemment, quand Michael sortirait des pattes du Ministère, on se décarcasserait encore pour qu’il devienne le héros attendu par ses supérieurs, puis…
*Il reprendra Lucas et m’oubliera…*

Les discours de Sam sur l’amour avaient plus atteint Alix qu’il n’y parut. Elle était bel et bien piégée et s’en mordait les doigts. Sa résolution était prise : tout mais ne plus souffrir par lui !

Lorsque Davenport sous couvert de polynectar déballa le « plan », Alix analysa la situation, on ne se refait pas. Il s’agirait d’une irruption brutale à Ste Mangouste où De Brent était maintenu, via intermédiaire fidèle, en état semi-végétatif. Justin n’avait pas l’air heureux de réclamer son concours. Enfin… Elle avait l’habitude de cette animosité à peine voilée, ce n’était pas demain que ça changerait.
Du polynectar, Alix en possédait en suffisance mais le coup d’éclat prévu risquait d’entamer méchamment ses réserves. Grâce à une modification de son cru dans la préparation, elle pouvait en créer en quelques heures.
Que Davenport lui colle aux basques son elfe domestique prouva à nouveau son manque de confiance à son endroit.


*Comme si j’allais empoisonner tout le monde, l’idiot !*


La tentation fut trop forte, elle se pencha sur la bassine longue-vue et s’attendrit devant l’apparente souffrance de son aimé :

Tout sera bientôt terminé…*Mon amour*

La mixture prête, Alix rangea ses effets sous l’œil d’un Anar dénué d’expression. Elle ne jugea pas utile d’entrer dans les détails. Se confie-t-on à un elfe ? Pas elle.
En passant par le « jardin » Alix entrevit Lucas batifoler en compagnie des chiens de Justin et de son nouveau cadeau : un poulain.


*Moi je n’ai que toi, Michael…*


Elle chassa une larme furtive d’un revers de poignet et, apparemment détachée de tout, présenta les flacons prêts :


Ce n’est pas parce que je n’en prends pas que c’est du poison, Justin ! Ton espion a tout surveillé !

Chose inattendue, une troisième personne était dans la pièce : Lord Cavendish, le beau-père de Michael.

Milord, mais…

Une idée de Davenport… Deux d’un côté, deux d’un autre par le couloir des chambres du rez-de-chaussée assureraient l’évasion du « criminel »
Les cheveux des Mangemorts additionnés à la mixture, les effets ne tardèrent pas.


Ça fait moins mal que d’ordinaire, non ? Pas pro pour rien !

Les vêtements piqués aux malfrats se distribuèrent. Sam n’avait pas l’air heureux en homme.
Les masques posés, ils transplanèrent.
Elle devait mener le bal à visage découvert afin que les témoins puissent l’identifier à coup sûr.
Dès l’intrusion à Ste Mangouste, les quatre se scindèrent. Avec Sam devenue un certain Schwartz, Alix prit le couloir par les numéros croissants.


*Chambre 121*

Rien que deux gardes à la porte ? C’était sans compter sur un trio de jeunes gens qui dégainèrent à leur approche.
Un Bombarda maxima très faible retentit, Alix le contra d’un finite tandis qu’un acolyte faisait valser le blondinet responsable. Le gars aux cheveux en brosse tenta de s’interposer avec plus de vigueur. Sam tenta quelque chose qui frappa le mur à côté de la cible car l’homme était très agile.


TARENTALLEGRA ! *ça te fera les pieds !*

Sam fit le guet à la porte où Davenport-Warley et Cavendish-Greenwood se précipitèrent soutenir un Michael un peu déboussolé.

REPLI ! Le hall !

Le transplanage s’effectua sans résistance.
Se dépêtrant des autres, Alix s’accrocha à Michael, et tant pis si le baiser fou transmis les choqua :


Tout ira bien ! Tu es en sécurité.

Le pauvre évadé ne savait plus trop où il en était. Il était déboussolé, on pouvait comprendre… N’empêche que de le voir discuter avec l’un puis l’autre sans même lui adresser un regard retourna le couteau dans la plaie. Juste un :

Alix et moi rejoindrons…nos rangs.

Sombre, elle assura :


Je vais chercher de quoi te retaper pour de bon.

Dans sa chambre, elle fouilla son sac et dosa les ingrédients, tentant de se vider la tête de tout sentiment.
À son retour au salon, elle vit Lucas jouer avec Apache. Que faisait là ce cougouar ? Peu importait. Elle s’assit près de Michael :


Bois ! Tu iras mieux ensuite.

Il s’exécuta puis expliqua ce qu’il envisageait :

pour la sécurité de tous, Alix et moi disparaîtrons un temps…en restant, comme voulu, à disposition du Maître…


Ils allaient donc encore courir ? Alix réfréna un soupir.

Il envisageait une retraite sécurisée. Elle devina laquelle. Tiens ? Il lui prenait la main. Au moins ça…
La suite la laissa perplexe. Lady Cavendish fit une entrée fracassante et fustigea immédiatement l’attitude de son fils chéri… vis-à-vis d’elle :


Sublime !!! Je suis touchée…Quelle réunion attendrissante…tu trouves le temps pour roucouler avec cette…

Incroyable ! Michael prit son parti. Contre sa propre mère, ça valait le détour. Il l’a remit proprement à sa place, osant défier quiconque dirait du mal d’elle.

*Je t’aime, Michael !*

Ces mots, jamais dits, lui brûlaient les lèvres d’autant qu’il ne s’adressa qu’à elle en murmurant :

On devrait foutre le camp ! Mais je veux passer encore un moment avec Lucas…et en plus je meurs de faim…


Ces hommes ! S’il avait su quelle faim la dévorait, elle, peut-être aurait-il changé d’avis.
Autre « miracle » Lucas vint se caser près d’eux, sans aucun parti-pris.


*Je vais finir par aimer ce gosse ! *

Après un « joyeux » dîner et quelques mises au point, Alix crut pouvoir enfin avoir Michael tout à elle, elle se trompait.
Montée donner furtivement un baiser au front soyeux de l’enfant blond, elle s’égara un peu dans le labyrinthe des couloirs de « la Folie ».
Le hasard voulut qu’elle croire une Aylinna aussi perdue qu’elle-même.
L’espace était assez large pour qu’elle puisse s’y croiser sans se toucher mais la mère de Michael l’accrocha très volontairement :


Je suis contente de pouvoir vous parler, Miss Blackstorm.


Pour m’arroser de votre fiel sans témoin ?

Écoutez, ma petite ( un comble ! Alix la dépassait d’une bonne tête !) Je vous sais gré d’avoir fait évader mon fils, mais sans vous il n’en serait pas là !


Michael va où bon lui semble, vous devriez le savoir.

Ne jouez pas au plus fin avec moi ! Votre influence est néfaste à mon fils, à nous tous à vrai dire !

Pensez ce que vous voulez, je m’en moque ! Tant que Michael voudra de moi, je resterai à ses côtés, ne vous en déplaise. Vous n’avez aucune idée de ce qu’il y a entre nous, de ce que j’éprouve pour lui. Michael m’a fait rentrer dans le droit chemin, il m’a ouvert des perspectives…

Cinglants, des mots offensants s’émirent avec un rictus de dégoût:

Il n’a pas ouvert que ça chez vous, tout comme beaucoup d’autres avant lui, j’imagine !

Baffe verbale pour baffe réelle, Alix ne dit mot mais agit.
Décomposée, se tenant la joue cuisante, Lady Cavendish tituba. Alix haussa les épaules et s’en fut, sans se retourner. Moins de cinq minutes plus tard, le couple transplana avec le félin.

Il lui fallut deux coups d’œil pour reconnaître la bicoque de la falaise, celle où une folle passion s’était déclarée. Michael semblait désolé de la décrépitude les lieux :


Ça avait l’air délabré mais là…

Tant que ça ne s’écroule pas si on entre… C’est mieux qu’Azkaban, mais j’aurais préféré le Ritz !

Le tour du propriétaire par l’extérieur n’avait rien d’engageant. Sans entretient, l’habitation était ruinée, livrée à la nature et ses bestioles.
Michael tint à y pénétrer en premier par une fenêtre vu que la porte coinçait.
Du dehors, Alix perçut des bruits et jurons. Apache, contre sa jupe, ronronnait, confiante :


Tu vas te régaler avec les rats et les souris qui traînent. Je compte sur toi, ma belle, pour faire place nette !

Michael parvint à dégager la porte qu’il ouvrit :

Voilà… c’est une catastrophe… et notre divan est occupé… va voir toi-même et en occupe toi… si tu veux.

Ce divan… Celui où elle avait perdu sa virginité et connu tant d’extases, était, en effet, très occupé par une chatte et ses chatons. Apache la darda de ses yeux d’or, interrogative :

Les rats et les souris, j’ai dit ! Ceux-là… pas touche !


Le fauve, pas rancunier, partit en prospection. Alix retroussa ses manches :

Essaye de trouver un carton, une boîte quelconque, sèche-les au besoin. LORMAR !

Son elfe personnel ne tarda pas à pointer son long nez qu’il courba jusqu’au sol crasseux.

Lormar, nous avons du travail ! Peux-tu t’occuper de la toiture et des combles ?

Michael fit ce qu’il pouvait. Elle et son elfe firent le reste.
La nuit tomba sur une chaumière restaurée dans laquelle un beau feu ronflait.
Sortant de la douche, Alix jeta un œil attendri au nouveau nid des petits félins. Elle sacrifia les ailes du poulet et un blanc complet à la chatte efflanquée par le nourrissage de bébés.
Elle resta accroupie près de la cheminée, à regarder le tableau désarmant de naturel, sans s’intéresser à celui qui avait déballé effets et provisions.
Une main se posa sur son épaule, elle se raidit et finit par se relever en resserrant les pans de son peignoir contre sa poitrine :


Nous sommes fatigués, Michael. Mange si tu veux, va te doucher ensuite. Je prends le divan, bonne nuit.

Elle lui effleura les lèvres d’un soupçon de baiser et alla se pelotonner dans un plaid, face à l’âtre.
S’il avait entrevu cette nuit différemment, tant pis ! Il la connaissait assez pour reconnaître ses humeurs, surtout les mauvaises, et lui ficherait la paix.
Le sommeil tarda.
Parmi tous les refuges possibles, pourquoi avait-il choisi celui-là ? Désirait-il renouer avec un passé torride ? Allez savoir ? De quoi le lendemain serait-il fait ? Y avait-il seulement un avenir possible, autre que celui de fuir ou se faire descendre ?


*Rejetée par tous, tu finiras seule, à rêver dans ton coin…*

Au loin, un grondement se produisit, ravivant illico de vieux souvenirs. Un moment, elle avait failli oublier à quel point ce coin d’Angleterre était sujet aux orages. Cela faisait-il partie d’un… « plan » ?
On ne l’aurait pas deux fois !


Assurdiato !

La pièce devint un tombeau insonorisé et occulté à souhait. Apache ressentit-elle sa détresse ? Elle sauta sur le divan et se lova contre elle en ronronnant à qui mieux mieux. Un soupir d’aise plus tard, Alix s’endormit, tel un loir.

Un ciel gris lâchait un fin crachin quand Alix leva les volets. Elle ouvrit la porte à Apache et s’occupa de suite de la famille chat. Lait et poisson à profusion satisfirent les bestioles.
Lucas avait beau se moquer d’elle, Alix n’était plus si nulle en cuisine. Ses crêpes ne brulèrent pas et l’arôme du café fut alléchant. Toasts et marmelades prêts, elle grignota du bout des dents, en attente.
Ils furent deux à frapper à la vitre du coin cuisine. Chacun récompensé d’un pancake, Alix affronta les courriers. La gazette titrait en grand que trois corps sans vie avaient été retrouvé dans la tamise. La police magique y avait reconnu trois des suspects d’une évasion spectaculaire à Ste Mangouste. En encadré animé, les portraits de Michael et d’elle-même attiraient les regards.

Le second courrier était, comme il fallait s’y attendre, une convocation expresse dans un lieu sinistre à souhait.
Michael apparut en se grattant les cheveux.


Ça y est ! Il nous appelle. Je monte m’habiller, tu n’as qu’à te servir !

Il lui lança un regard étrange, presque douloureux. Elle ne s’y attarda pas.

La salle de réunion était occupée par l’élite des fidèles du Lord. Éclairée par de nombreux flambeaux, même le feu d’enfer brûlant dans la large cheminée n’arrivait pas à ôter l’impression sinistre des lieux coupés au milieu par une longue table au bout de laquelle siégeait le Maître.
Ils furent les derniers à arriver. Alix suspecta aussitôt que l’heure donnée devait être plus tardive que celle imposée aux autres « invités ». Probablement que leur sort avait déjà été débattu, voire fixé.


Nous avons failli attendre, nasilla le Lord. Asseyez-vous !


Alix et Michael, tête haute, prirent les seules places libre.

Vous êtes, décidément, des recrues peu… ordinaires. Nous nous félicitions de votre réintégration, surtout après l’incendie spectaculaire produite par vos soins. Dommage que vous ayez raté votre cible… mais je ne puis exiger la perfection.


Cela ne présageait rien de bon. D’ordinaire, Voldemort n’était pas aussi doucereux.
Puisque c’était-elle qui avait raté le premier ministre, Alix baissa les yeux vers la table.
Le Maître poursuivit :


Il me semblait vous avoir recommandé la discrétion après ce haut fait ! Quelle ne fut pas notre surprise lorsque la nouvelle de l’assassinat d’Ariana nous est parvenue ! Et, non content d’avoir abattu votre sœur, De Brent, vous vous êtes fait cueillir ! De plus, trois de nos membres sont à déplorer suite à votre évasion de Ste Mangouste. J’exige des explications !

Michael se leva et discourut, reconnaissant avoir laissé des sentiments familiaux prendre le dessus sur les consignes, argumentant qu’Ariana lui avait tendu un piège dans le seul but ( petit mensonge) de pouvoir s’emparer de son héritage.
Son témoignage quoique d’une sincérité absolue et très convainquant, n’émut personne.


Et vous, Miss Blackstorm, quel fut votre rôle dans cet assassinat ?

Dressée à son tour, Alix avoua :


Je devais surveiller les arrières et n’ai rien pu empêcher. Lorsque la police a débarqué, je n’avais d’autre solution que la fuite. J’ai retrouvé Waxley, Schwartz et Greenwood avec lesquels nous avons conçu un plan pour délivrer De Brent.

Vos bons soins ont bien fonctionné dirait-on… En tout cas mieux que la marque appliquée à De Brent par vos soins…

Depuis le temps, Alix était préparée à cette question. Elle prit un air coupable :


C’est de ma faute, j’ai sans doute commis une erreur dans la formulation…


La précipitation, novice à cette fonction… je compatis.


L’ensemble des Mangemorts présents s’esclaffa aussitôt.


Nous allons donc réparer ces erreurs ! Et, cette fois, c’est MOI qui œuvrerai. Tout est-il prêt ?


Lucius Malfoy approuva. Deux rouleaux de parchemins s’étalèrent sur la table.
Les yeux rouges brillèrent de satisfaction mauvaise.


Blackstorm, à genoux devant moi !

Alix se raidit. Jusqu’ici elle avait pu échapper à l’infamie. Là, pas d’échappatoire. Dissimulant ses émotions sous un masque d’apparente satisfaction, elle recula son siège et s’avança près du Maître.
À genoux, tête baissée, elle reçut le parchemin qu’elle commença à lire à haute voix :


Moi, Alexandra Blackstorm, je jure par la présente…

Un brouhaha interrompit le serment. Chacun se tourna vers la source du dérangement.
Bellatrix Lestrange, échevelée et les yeux fous, s’excusa de son intrusion en s’inclinant profondément. Un conciliabule se murmura. Alix, très proche, perçut quelques bribes :


Gringotts… effraction… coffre…

La face plate du Lord refléta la colère. Il se pencha sur Alix :

Partie remise, ma chère !

Aux autres, il clama :

Enfermez-les séparément ! Nous reprendrons la séance plus tard. Il y a urgence !

Sans douceur, on releva Alix. Elle vit Michael être entraîné par deux sbires. Un regard éperdu s’échangea.
On la fit descendre vers un cachot où on la boucla après lui avoir soustrait sa baguette.
Il ne restait qu’à attendre…
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Always... Empty
MessageSujet: Re: Always...   Always... EmptyDim 14 Oct - 20:56

Il y a des jours où la chance sourit mais vers la fin tire la grimace. Celui là devait être un de ceux-là. Après sa fuite de Ste. Mangouste et l’assurance, peu réjouissante d’être dans le collimateur de tout le monde, Michael avait joui, de justesse, de quelques heures de soi disant paix. Mieux raconter des histoires à d’autres ! Maintenir la concorde demandait des efforts éreintants et il n’était pas d’aplomb pour en trop fournir. Que Justin et Alix aient pu, au moins pour cette fois, agir en alliés, ne signifiait pas qu’ils avaient scellé éternelle amitié. Loin de là. Que sa mère accepte autre chose que sa propre loi, mission impossible. Lui restait la satisfaction de savoir que Lord Cavendish l’appréciait bien plus qu’il ne le méritait et que Lucas, son fils délaissé, par la force des choses, ne le détestait pas comme il l’avait craint.

Retour aux sources ?...Vision romantique à laquelle, il s’était laissé allé, le temps de découvrir à quoi ressemblait la réalité. Il avait fait de son mieux mais après s’être crevé à l’effort il semblait que cela n’avait pas été suffisant. Sans Alix et son elfe, la chaumière aurait fini de tomber en ruine devant leurs yeux…ou sur eux. Dans le chaos régnant, Michael avait déniché une corbeille, assez grande pour contenir la chatte et ses petits. On aurait tout vu, lui, s’occupant du confort d’une nichée de chats ! Mais Alix semblait ravie avec les bestioles, autant lui faire plaisir. Au soir, après efforts et fatigue, ils avaient récupéré un semblant de chez soi, assez confortable comme pour en être satisfaits. Il s’était permis, alors, de rêver à des moments plus douillets. Une soirée au calme, au coin du feu, avec la femme qu’il aimait…

Au diable avec les rêves !


Nous sommes fatigués, Michael. Mange si tu veux, va te doucher ensuite. Je prends le divan, bonne nuit.

*Rien que ça !?...Qu’est ce que j’ai fait de travers !?*

Une tragique imitation de baiser et le voilà renvoyé s’arranger comme il pourrait. Pas la peine d’insister, quand Alix se montrait si distante et polie on pouvait prévoir le pire. La chambre était glacée, le lit, encore plus. La solitude étant mauvaise compagne et le froid n’aidant pas , il eut assez de temps pour réfléchir, ce qui aida à sombrer ce qui pouvait lui rester d’optimisme.

*Elle en a marre !...Ce n’est pas une vie, ce que tu lui offres…tu es marqué, damné, pourri, perdu…elle mérite bien plus que toi…que ça…*

Il aurait voulu avoir mieux mais pour les effets, les alternatives brillaient par leur absence. Il avait froid. Apache avait rallié la camp d’Alix et l’avait abandonné à sa misère, elle aussi. Lormar aurait pu penser à allumer le feu dans cette glacière mais sans doute, dans sa logique elfique, il avait prévu une autre tournure. Tout comme lui. (sans que cela signifie qu’il pensait comme un elfe domestique). Le grondement de l’orage lui redonna de l’espoir et l’idée lui vint d’aller voir comment se débrouillait sa chérie mais en fut pour ses frais, la belle avait lancé un Assurdiato et dormait placidement, bien au chaud, en compagnie de la lâcheuse de service. Longue et froide nuit.

Café, pancakes, toasts ? Alix s’était surpassée mais le moment sembla se prêter mal à faire des éloges, déjà elle quittait la table en l’informant de l’arrivée du courrier.

Ça y est ! Il nous appelle. Je monte m’habiller, tu n’as qu’à te servir !

Merci.

Tant d’indifférence le désarçonnait mais il n’y avait pas de temps à perdre. S’emparant du message les convoquant il maugréa un juron. L’endroit prévu pour la réunion ne lui était pas inconnu et serait, comme toujours, hautement sécurisé. Alix avait disparu à l’étage. Portable en main, il sortit. L’appel ne lui prit que quelques instants, information échangée, il regagna l’intérieur, fit sa toilette et attendit qu’Alix le rejoigne.

Allons y. Je suppose qu’on ne l’aura pas à la gaité.

Plus laconique, impossible. Il ne se trompa pas. La clique en plein occupait déjà les lieux, le Boss en tête de table. Ils étaient bon derniers mais à l’heure fixée dans la convocation. Michael se douta bien que leurs « collègues » n’avaient pas perdu de temps pour débattre leur cas à l’endroit et à l’envers et tenant compte de l’expression de malsaine satisfaction arborée par la plupart, déduire à quel « joyeux » consensus ils avaient abouti ne demandait pas beaucoup d’imagination.

Le Maître leur ordonna de s’asseoir. Ils obéirent en silence. Le discours ne rata pas. Il commença par les féliciter de leur coup au quartier moldu, sans trop déplorer le fait que le premier ministre soit encore en vie mais laissa cela au compte d’un manque de perfection qu’il ne pouvait exiger.


*Avec la m***e jusqu’au cou, t’as intérêt à pas jouer les difficiles !*

Apparemment à ses yeux, ils avaient raté la case Discrétion et l’affaire Ariana remise en cause n’améliorait pas la vue d’ensemble.

Et, non content d’avoir abattu votre sœur, De Brent, vous vous êtes fait cueillir ! De plus, trois de nos membres sont à déplorer suite à votre évasion de Ste Mangouste. J’exige des explications !

Arborant un calme loin d’être ressenti, Michael se leva. Plus d’un lui trouva un air suffisant et blâma son arrogance mais il n’avait rien à cirer de l’avis de son prochain.

Je reconnais avoir enfreint les consignes mais comme le dicte la loi sorcière : « la famille avant tout». Ariana a cru aller au dessus de cela et a pris mon fils comme appât pour un piège qui m’était destiné. Son unique but, depuis toujours, n’était autre que se défaire de moi. Elle voulait reprendre possession de la fortune familiale qui, comme tous le savent, ne revient de droit qu’à un héritier mâle. J’ai agi et ne le déplore pas. Quant à ceux qui ont aidé à mon évasion de Ste. Mangouste, j’ignore ce qu’il peut être advenu, nous nous sommes séparés une fois dehors.

Pas un mot ne fusa mais on pouvait deviner sans mal le train des pensées. Son manque total de contrition aurait dû le mettre au même rang que ces assassins sans cœur, sauf qu’il avait abattu une des plus chères recrues du Maître et cela ne resterait pas sans punition, inutile de se faire des illusions. N’ayant rien de plus à dire, il se rassit et attendit la suite qui, bien entendu, ne tarda guère. Cette fois le reptilien personnage s’adressa à Alix, s’enquérant sur son rôle lors de la mort de la chère Ariana. La version de Miss Blackstorm fut concise et précise, sans émotion.

Vos bons soins ont bien fonctionné dirait-on… En tout cas mieux que la marque appliquée à De Brent par vos soins…

*M***e !*

Alix tenta une pirouette en s’avouant coupable d’erreur de formulation mais cela ne marcha pas exactement comme voulu. Le Maître y alla de sa sibylline ironie avant de décréter, mordant :

Nous allons donc réparer ces erreurs ! Et, cette fois, c’est MOI qui œuvrerai. Tout est-il prêt ?

*Juste ce qui nous manquait !*

Avec énorme discrétion, Michael consulta sa montre. Si les instructions données servaient à quelque chose, il serait peut être possible de s’éviter ce martyre stigmatisant. Lucius Malfoy approuvait, servile, en approchant de son bien aimé Maître les parchemins avec leur acceptation. Pendant un instant Michael eut l’espoir d’être choisi pour passer en premier mais le Lord avait décidé autrement.

Blackstorm, à genoux devant moi !

Une poigne de sournois désespoir lui serra le cœur en la voyant plier le genou, humble et soumise en apparence. Il devinait la rébellion qui bouillait sous son lourd chignon.

Moi, Alexandra Blackstorm, je jure par la présente…

Il serra les dents, rageur en décomptant les secondes. À point nommé, s’amena Bellatrix Lestrange, assez hors d’elle.

*Parfait !*

Peu importait la nouvelle, elle ne réjouit pas du tout le Lord au point de le faire renoncer à ses plans immédiats. Se penchant vers Alix, immobile, il gronda :

Partie remise, ma chère !...Enfermez-les séparément ! Nous reprendrons la séance plus tard. Il y a urgence !

*C’est ça…sauve toi…tu ne perds rien pour attendre !*

Sans contemplations, deux armoires à glace le prirent en charge tandis que d’autres entraînaient Alix de l’autre côté. Inutile de se débattre, pas question de se faire assommer comme un idiot. Comme unique mesure de sécurité, on l’avait délesté de sa baguette. Il bénit l’ignorance aveugle de ces sorciers butés en sentant la réconfortante présence de son arme moldue. Restait à trouver la façon de s’en servir avant que ces deux là lui appliquent un de ces sortilèges patentés, capables de l’envoyer « ad padres » avant de compter jusqu’à trois. Sans le lâcher, ils s’engagèrent dans l’escalier de pierre menant aux cachots. Il marqua un arrêt, comme si l’idée de descendre le paralysait soudain de terreur.

Fais pas le con…bouge toi !

Veux…pas qu’on m’enferme !, gémit il, pitoyable.

Les deux hommes semblèrent trouver très amusant de voir le fier De Brent, affolé comme un enfant dans le noir.

Tant pis pour toi, mauviette. T’as bien entendu le Maître, on te boucle et tiens toi…sans ça on te la casse, ta jolie gueule pour te faire pleurer !

Comme il ne se décidait pas, un des malabars le poussa brutalement, le faisant dégringoler les degrés de pierre. Michael se laissa tomber, en priant pour ne pas se casser le cou et resta immobile en arrivant en bas.

Quel imbécile, celui là !, grommela une des brutes, en le poussant du pied, lève toi…, n’obtenant ni réponse ni réaction, il se tourna vers son compagnon, tu crois qu’il est…

Ben j’espère que non…la Maître voulait s’en occuper lui-même…cela ferait exemple de choix, dit on par là.

*Comme quoi…c’est fichu pour de bon !*

Son escorte ne s’attendait pas à le voir revenir à la vie su brusquement et encore moins à se trouver avec une arme moldue braquée sous le nez, tenue de main ferme par un Michael De Brent qui n’avait plus du tout l’air d’un gosse trouillard.

J’insiste…être enfermé ne me plaît pas !

Dis pas que tu prétends nous avoir…avec ça ?, ricana l’un des sbires en levant sa baguette, on dirait que t’oublies que…

Au contraire, je n’oublie rien, moi…Baisse moi ça… sinon…

Ils choisirent la mauvaise option, lui la bonne, sans aucun sursaut de conscience. Récupérée sa baguette, il remonta l’escalier en courant. Il ne restait pas grand monde au salon mais les coups de feu avaient éveillé l’attention générale, le voir surgir comme diable de sa boîte n’arrangea rien, plusieurs sorts fusèrent, le ratant de peu. Pour alors un esclandre de fin de monde se laissait entendre venant de l’extérieur et créant la distraction voulue. Michael fonça vers l’escalier par où on avait emmené Alix. Deux gardes hantaient les lieux, sans demander son reste, il s’en défit tout en appelant sa belle à cor et cri. Il suffit de faire glisser le gros verrou pour ouvrir le lourd panneau, Alix lui tomba dans les bras, un peu tremblante.

On se tire d’ici !
, informa t’il en l’embrassant, frénétique.

La salle de réunion était scénario de totale débâcle. Les Mangemorts qui s’y trouvaient opposaient résistance à un groupe nourri de sorciers secondés par des hommes portant l’uniforme sombre des Forces Spéciales. Premier acte de collaboration entre les deux mondes. Ils n’avaient pas fait deux pas, qu’on leur ordonna de ne pas bouger, les mettant en joue. Il serra étroitement Alix contre lui.

Je suis l’agent spécial De Brent, aux ordres de Mrs. Applewhite, j’ai mon identifiant dans la poche !

On le fouilla sans douceur mais prouvée sa bonne foi, les armes se baissèrent.

Et la femme !?

Elle vient avec moi…c’est ma femme !

Sans commentaires. On les escorta à l’extérieur. Communication express avec les hautes sphères, on le embarqua dans un véhicule banalisé qui les mena à travers la ville vers leur destination finale, sans échanger un mot. Installés à l’arrière, Michael et Alix ne parlaient pas non plus, même s’il devinait mille questions qu’elle voulait poser. Sa main ne lâcha pas la sienne. Ils étaient ensemble, à ses yeux, la seule chose qui importait. À leur arrivée, on les escorta jusqu’aux étages supérieurs pour les laisser face à une porte de double battant, au fond d’un large couloir.

Le bureau du Boss, dit il, succinctement avant de toquer et obtenir la permission d’entrer.

Plus qu’un bureau traditionnel, le lieu où ils pénétrèrent ressemblait plutôt à un salon décorée avec sobriété et bon goût, où se tenait une femme entre deux âges, aux cheveux clairs, coupés courts, mince et élégante dans son tailleur Chanel. Elle les considéra d’un œil incisif avant de s’approcher.


Cette mission est terminée pour vous, Michael…les résultats sont satisfaisants, les dommages collatéraux, acceptables. Je vous félicite d’avoir mené cette mission, parfois au-delà du devoir et conviens qu’il est très dommage d’avoir à nous passer de votre collaboration dans le futur, pour des raisons compréhensibles, elle jaugea sa compagne d’un regard dénué d’émotion, vous êtes, bien entendu, Alexandra Blackstorm…fameux problème que vous nous avez posé mais je suis contente que tout ait bien fini. Je suis Maureen Applewhite et d’ores en avant serai, votre unique agent de liaison …j’ai préféré prendre le cas en charge moi-même que le transférer à un autre service.

Je vous en remercie, Boss.

Ne jouez pas les humbles, Michael, cela vous va très mal. Vous avez accompli ce que l’on attendait de vous. Un dernier détail, il y un instant, alors que vous étiez en route, le major Carruthers m’a communiqué que les lieux où vous étiez confinés, ont été pratiquement rasés, suite à un incendie terrible, dont il ne trouvait pas d’explication…On l’avait informé que deux personnes étaient détenues au sous-sol. Tout essai de les sauver à été vain, elles ont péri dans l’incendie.

Michael serra très fort la main de sa compagne en la sentant tressaillir. Mrs. Applewhite hocha la tête avec un soupir à peine mitigé.

Je suis désolée de vous l’apprendre mais Michael de Brent et Alexandra Blackstorm sont morts, il y a un peu plus de deux heures lors d’une razzia dans un des repaires mangemorts. Vous savez bien ce qui s’en suivra, n’est ce pas ?...Je vous laisse un moment pour que vous mettiez Miss Blackstorm au courant de ce revirement de situation.

Mrs. Applewhite sortie, il poussa doucement Alix vers un sofa et s’assit près d’elle.

Voilà…c’est fini. C’était la seule façon de le faire. Voldemort n’était pas prêt à nous laisser aller, marqués nous devenions ses esclaves à jamais et même après lui, cela nous aurait poursuivi. Pardonne moi d’avoir pris cette décision sans te consulter mais le temps pressait. Maintenant nous avons le choix de reprendre nos vies, sous d’autres identités, loin d’ici…Je ne désire rien au monde plus que t’avoir avec moi…mais si tu décides faire chemin à part…tu seras toujours sous la protection…d’Applewhite...Alix, je t’aime comme un dingue…mais la vie que j’ai à t’offrir n’est peut être pas celle dont tu rêves…

Elle se prit de très agréable façon pour l’informer de son intention de le suivre où qu’il aille. La suite fut telle que prévue. La nouvelle de leur mort avait atteint toute personne susceptible de s’y intéresser. Ils firent la une de la Gazette du Sorcier, le désespoir de sa mère, l’accablement de Lord John et le profond chagrin de Justin. Pour des raisons compréhensibles, pour reprendre l’expression de Mrs. Applewhite, leurs funérailles furent discrètes. On les enterra ensemble, sans doute en posthume acceptation.

La location était admirable. Face à la mer, nichée dans un coin de paradis tropical, la maison, blanche aux grandes baies vitrées, était un refuge de rêve. Paisible, éloignée des voisins, offrant tout le confort désirable, dans un luxe de bon ton. Alix agréa leur nouvelle demeure après l’avoir parcourue de fond en comble. Le seul hic fut le bulletin météorologique à la TV, le soir de leur arrivée. L’annonce d’un ouragan en approche ne réjouit nullement Miss Blackstorm, il se faillit de peu pour l’en rendre coupable si pas de l’ouragan en soi au moins de la vile intention de lui faire vivre pareille angoisse.


Elle est bonne celle là…tu crois que j’ai eu le temps de me préoccuper du climat local ?...Ben non, apparemment Applewhite non plus…écoute, ma chérie…ce ne sera qu’un peu de vent et de pluie…on pourrait plutôt faire comme tout le monde, non ?...Euh…aller faire des provisions ?

Envoyé au diable, il alla plutôt faire un tour dehors pour inspecter les alentours. Chemin faisant, l’idée lui vint d’envoyer son patronus rassurer Justin sur son sort. Il ne s’attendait pas à voir son meilleur ami se matérialiser à deux pas de lui, un instant plus tard ni à qu’il lui fiche son poing dans la figure avant de dire bonjour.

Soit, conclut il en s’épongeant le nez en sang, suppose que cela veut dire que t’es content !...Désolé, pas eu le temps d’avertir quiconque…jeu serré…Bien sûr qu’Alix est avec moi…tu veux entrer dire coucou ?

On se doute de sa réponse. En rentrant, seul, Alix prit soin de son nez esquinté et se moqua un peu de sa mésaventure en assurant que Davenport retrouverait vite le chemin pour revenir le voir.

Il a une droite terrible…mais enfin…pouvais pas le laisser croire qu’il s’était enfin défait de moi…Ma mère ?...Non, pas envie de la voir s’amener elle aussi…Justin aura plus de tact pour lui raconter n’importe quoi et préparer le terrain…Pourquoi ?...Pour récupérer Lucas…je peux être mort pour tous, avoir changé de nom…il demeure mon fils…et je le veux avec nous…

Un roulement de tonnerre de fin de monde précéda l’obscurité totale. Elle se réfugia dans ses bras. Le monde était en ordre !
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

Always... Empty
MessageSujet: Re: Always...   Always... Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Always...
Page 1 sur 1
unbreakable vow :: Londres