"Nothing out there !" [PV Fred Weasley] |Terminé|

Kayla Stark adorait sa famille. Ses cadets, si attachants, sa mère, si douce, et son père, si généreux. En règle générale, elle s'estimait très chanceuse d'avoir une famille comme la sienne. Mais pas aujourd'hui. Allen et Emily étaient partis la veille à Poudlard pour commencer leur sixième année, ce qui mettait tout le monde en état de stress. C'est vrai quoi, c'est pas du tout comme si Ombrage était directrice et que les Carrow avaient été nommés professeurs. Ni que les jumeaux étaient à Gryffondor, qui est, comme chacun le sait, la première maison à prendre dès qu'il doit y avoir quelconque punition. Non, vraiment, pas de quoi s'inquiéter à leur sujet. Et puis, ce n'était pas comme si M. Stark, qui n'avait toujours pas le droit de reprendre le travail, en était malade d'inaction et commençait à recracher le venin de sa haine sur les autres, par dépit. Non, vraiment, rien à voir. C'était d'ailleurs pour cela que depuis qu'ils étaient rentrés de la gare, Kayla l'évitait le plus possible, qu'elle s'était enfermée dans sa chambre quand elle ne travaillait pas, et qu'elle ne pipait mot lorsqu'ils se voyaient. Et Mme Stark ne pouvait rien y faire : en tant que Moldue, elle n'avait pas son mot à dire dans une dispute qui concernait directement le monde de la sorcellerie. Le chef Stark s'était en effet mit en tête que sa fille aînée se devait de rentrer au Ministère, tandis que la concernée ne voyait pas les choses du même oeil.
Ils ne font rien, malgré les évidences. Je "daignerai", comme tu dis, les prendre au sérieux le jour où Fudge "daignera" bouger son honorable fessier et prendre des mesures radicales contre Tu-Sais-Qui. Tu sais aussi bien que moi que malgré ce qu'ils disent il est de retour et ils ne font rien. Alors, pour moi, c'est non.
Cette pensée, elle la ressassait sans cesse et lorsqu'enfin elle osa le dire à son père, il se mit dans un état tel qu'une dispute sans précédent éclata au domicile familial. Elle admirait la loyauté de son père, qui lui, en tant que Policier Magique, en profitait pour mener l'enquête de son côté, mais elle avait envie d'agir d'une autre manière que contrôlée par des gens paranoïaques et trop peureux de perdre leur petit confort personnel pour se soucier de régler définitivement le problème V-Vold... Non, même en pensée, elle n'y arrivait pas. Elle se bornera à Vous-Savez-Qui.

La dispute dura plus d'une heure, les voix montaient sans cesse en puissance et la mère Stark finit par se cloitrer dans sa chambre, en pleurs. Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase, en cette soirée de septembre. Chacun reprochait une montagne de choses à l'autre et l'ancienne Serdaigle finit par transplaner sur le Chemin de Traverse pour échapper aux accusations injustes de son géniteur. Ce ne fut qu'une fois sur place qu'elle se rendit compte de l'imprudence de son geste – et en plus, c'était le premier endroit où son père penserait à la chercher. Elle sortit à grands pas de l'allée commerçante, les murs faisaient résonner les "clac, clac, clac" de ses talons. Des larmes de colère brouillaient sa vision et par précaution, elle gardait une main sur sa baguette, brulant reflet de sa rage, dans sa poche. Elle marcha ainsi un long moment. Jusqu'à ce que la nuit fut noire, jusqu'à ce que l'angoisse prit le dessus sur sa colère.

Là seulement elle se décida à jeter un rapide coup d'oeil autour d'elle. Elle était encore à Londres, ça, c'était certain. Elle avait sa baguette dans la main, ça c'était certain aussi. En revanche, elle n'avait foutrement aucune idée de l'endroit exact où elle se trouvait, ni de l'heure, ni sur qui elle pouvait tomber. Bien que pour le moment, elle avait l'air d'être seule, les histoires qu'on taisait au Ministère lui revirent en mémoire, toutes parlaient de sang-mêlé, de moldus, de "traitres à leur sang", de sang soit-disant "impurs" qu'on avait retrouvés morts, blessés, fous de douleur au matin dans des ruelles... Des ruelles comme là où elle se trouvait actuellement. Et qu'il faisait froid ! Elle aurait du penser à prendre une veste avant de transplaner ! Transplaner... Oui, c'était ça la solution. Puis la raison revint : elle n'était pas en état de transplaner. Pas lorsqu'elle était incapable de se concentrer. Elle risquait plus de se désartibuler qu'autre chose.

Réfléchir. Pour commencer, se calmer. Elle n'arriverait à rien si elle paniquait. Elle avait juste à sortir de ce dédales de rues mal famées et à demander son chemin à quelqu'un. Ce n'était rien d'impossible. Elle sortit sa baguette et l'alluma d'un discret "Lumos!". Autant y voir clair, ça l'aiderait. Elle commença à avancer, frissonnant, et elle avait l'impression d'être encore plus perdue qu'avant lorsque dans la ruelle où elle avait finit par se retrouver, elle entendit un nouveau son – un son qui, assurément, ne venait pas d'elle. "Clac, clac, clac". Quelqu'un marchait derrière elle. Et si c'était un Mangemort ? Si c'était bien ça, hein ? Elle aurait l'air maline, vraiment ! Elle avait été à Serdaigle, pas à Gryffondor. Elle n'arriverait peut-être même pas à se défendre !
J'aurai jamais du autant m'énerver tout à l'heure, j'aurai jamais du partir...

D'un geste vif, elle se retourna, serrant les machoires pour retenir un cri, pointant sa baguette rayonnante vers l'intrus, et l'abaissa presque aussitôt en reconnaissant son interlocuteur. Visage fin, tâches de rousseur, veste en cuir de dragon, chevelure rousse flamboyante... La devinette était facile.

"M. Weasley ?! M-Mais... Qu'est-ce que vous faites ici ?!" lâcha-t-elle d'un ton que la surprise - pour ne pas avouer la frayeur - rendait beaucoup plus aigu qu'à l'ordinaire, elle s'autorisa un souffle de soulagement, discret, pour ne pas s'attirer les railleries du rouquin.

Les menaces venant des ténèbres se faisaient de plus en plus présentes. C'était un secret pour la plupart des gens, bien évidemment les moldus, mais les sorciers se méfiaient de plus en plus de leurs arrières. Paranoïa? Non, plutôt une réalité qui amenait les plus téméraires à périr dans les rues sombres londoniennes. Toujours se méfier, éviter de sortir seul, protéger ses enfants, ne pas transplaner de manière déraisonné, voilà les règles que tout sorcier recherché ou du moins capital dans cet enjeu devait respecter.
Fred faisait partie de ces sorciers. Un Weasley, un sang pur du côté du bien et en plus de cela, il s'était engagé auprès de l'Ordre du Phénix. La prudence était donc de rigueur pour le rouquin. Pourtant, il n'était pas très difficile à repérer: élancé, roux, blagueur et bavard, le jumeau Weasley ne passait jamais inaperçu, surtout pas depuis qu'il avait ouvert sa boutique de farces sur le Chemin de Traverse. Il travaillait dur et ses efforts payaient, tout cela marchait très bien et lui et son frère avaient déjà embauché quelqu'un pour les aider. La belle vie? Pas tout à fait. Ce cher Weasley devait allier sa vie publique et ses occupations clandestines sans que personne ne soit réellement au courant. Il y avait toujours des missions importantes pour l'Ordre et Fred répondait toujours présent malgré ses horaires au magasin. Cette soirée faisait partie de l'une de celles où le jumeau n'aurait que peu de repos. Il devait aller chercher un colis au Chaudron baveur à un indicateur éminemment important. Ces informations étaient d'une importance capitale puisqu'elles décelaient les prochains agissements des mangemorts, toute une tactique découlerait du succès de cette mission.
Il passa dans les ruelles, pour une fois, il avait fait des efforts pour porter des vêtements moins voyants et camoufler sa chevelure rousse au maximum. Il réussit à obtenir les informations tant attendues et prit le chemin inverse non sans regarder derrière lui et effacer ses traces. La marche rapide, il observa une silhouette qui semblait égarée dans la ruelle devant lui. Il accéléra involontairement, un peu perturbé par l'ambiance glauque de l'endroit. La silhouette se détourna et il constata que c'était Kayla, son employée, assez mal en point d'ailleurs, comme si elle avait pleuré. Fred lâcha un léger hoquet de surprise avant de s'approcher lentement même si Stark semblait l'avoir reconnu également. Elle commença à parler et de suite, lui demanda ce qu'il faisait ici. Avec un sourire naturel, Weasley commença son baratin, pas le choix vu l'ampleur de la mission.

Kayla, quelle surprise! C'est plutôt à moi de te demander ça! Toute seule au milieu de Londres? J'allais juste chercher de quoi le rafraichir au Chaudron Baveur. Je bosse sur de futures inventions! Enfin, je ne te dis rien, secret professionnel entre Weasley, ma chère! Besoin d'aide pour rentrer? J'ai l'impression que le transplanage t'a échappé là...

La pâleur ne quittait pas son visage, elle avait les yeux rouges et gonflés et sa main, qui pointait sa baguette vers Weasley, tremblait légèrement. Elle était soulagée que ce soit lui – il n'avait pas l'air de vouloir la massacrer, la torturer ou quoi que ce soit d'autre de peu enviable. La lueur de sa baguette était faible, mais suffisante pour que Kayla puisse dévisager son interlocuteur. Il était habillé plus chaudement qu'elle – Le chanceux ! se disait-elle – plus sombrement qu'à l'accoutumée, aussi. Par contre, elle aurait été incapable, si on le lui avait demandé, de déterminer s'il s'agissait de Fred ou George ; l'obscurité l'en empêchait. Elle ne se gênait pas pour le détailler, le regard vaguement hystérique et surtout paniqué. Lui non plus ne semblait pas à l'aise : son air surpris, les sourcils légèrement froncés, comme dérangé... Se pourrait-il que l'ambiance glauque parvienne à échaudder même l'ancien Gryffondor ? Ou ne s'attendait-il pas à trouver du monde dans Londres à cette heure-ci – et surtout à cet endroit là – et cela le contrariait-il ? Elle nota à peine qu'il la dévisageait également, méfiant. Elle était encore trop perturbée pour ça, comme en témoignaient les battements incontrôlables de son coeur. Avant d'avoir réfléchi posément, comme elle aurait dû certainement le faire, avant de s'être composé un visage, elle l'avait interrogé sans gêne. Mais bon, qui savait, par ces temps-ci, ce dont les gens que l'on pense connaitre sont capables de faire ? Personne. Alors que dire des gens que l'on connait à peine ?

Le rouquin lui s'était vite repris – bien plus vite que Kayla, qui tremblait toujours comme une feuille. Il affichait son sourire habituel en répondant à la question quelque peu indiscrète, elle ne s'en rendit compte qu'après, de la jeune fille. Il était loin, loin du Chaudron Baveur et s'il l'aidait à se sortir de ce merdier, elle l'adulerait probablement jusqu'à la fin des temps – enfin ça, c'était ce qu'elle pensait maintenant, car en réalité, elle était beaucoup trop fière pour faire ça. Secret professionnel entre Weasley ? De toutes façons, comme elle vendait leur produits, elle finirait bien par savoir de quoi il en retournait, s'ils travaillaient vraiment sur une nouvelle invention. Et puis maintenant, cela ne lui était d'aucune utilité, mais alors vraiment, le top, m'voyez ? Elle tiqua en revanche sur la remarque concernant son incapacité à transplaner, ce qui se traduisit physiquement par un léger froncement de sourcils et un sourire crispé, sa main raffermissant sa prise sur sa baguette. Respire. C'est pas de sa faute si t'es dans ce pétrin là, ma vieille. Soufflant légèrement, elle rabaissa – de peu – son arme magique et se força à rire.

"Oui, bon, je me suis perdue... Ca arrive à tout le monde !" fit-elle d'une voix gênée, plus aigüe qu'à l'ordinaire. "En fait, je voulais aller au Chaudron Baveur aussi." Son bras libre désigna l'endroit où ils se trouvaient. "J'avais juste besoin de marcher, prendre l'air. J'ai l'impression que je me suis plantée d'endroit, apparement !" Ca, elle ne pouvait que l'accorder de bonne foi. Elle n'était déjà pas réputée pour avoir un bon sens de l'orientation mais là... Pour se planter, elle s'était plantée en beauté ! Elle n'aurait jamais du transplaner et se retrouver perdue dans les ruelles mal fâmées de Londres. En revanche, elle était ravie de constater que sa voix reprenait son timbre normal. Par contre elle ne savait pas pourquoi elle avait inventé qu'elle voulait aller au Chaudron Baveur, mais maintenant qu'elle l'avait dit, cela lui semblait être la meilleure idée de la soirée. Et y aller accompagnée, même par quelqu'un que rétrospectivement, elle ne connaissait qu'à peine, lui paraissait bien mieux que d'y aller seule en trois fois plus de temps que ce qu'il fallait normalement.

"On peut peut-être faire le chemin ensemble ? C'est quand même moins glauque quand on a quelqu'un avec qui parler, enfin, j'imagine..." s'entendit-elle presque avec surprise demander au Weasley. Si elle l'avait pensé, elle n'aurait pas osé le demander, du moins c'était ce qu'elle croyait. Fuyant le regard du Weasley, elle laissa son regard vagabonder sur un tournant derrière lui lorsqu'elle aperçut un sorcier qui levait sa baguette sur lui... Son sang ne fit qu'un tour, elle écarta vivement le rouquin et cria "Stupefix !" Puis elle s'approcha à pas feutrés de l'intrus, sa baguette toujours levée au cas ou son sortilège aurait eu moins d'effet que prévu. Qui était-il ? Pourquoi était-il là, après eux ? Elle jeta un regard intrigué auquel se mêlait de l'inquiétude au Weasley. "Il pointait sa baguette sur vous, désolée si je vous ai un peu bousculé, ça a été disons... réflexe." Elle ne cessait maintenant de jeter des coups d'oeils inquiets autour d'elle, comme si elle craignait d'en voir d'autres arriver. "Une idée de qui ça pourrait être ? J'ai pas attaqué un de vos amis au moins ?"

Spoiler:

La nuit ne se terminerait pas bien. Fred avait l'impression que les forces du mal le guettaient, son instinct de sorcier lui jouait certainement des tours mais c'était pourtant la première fois depuis qu'il était dans l'Ordre qu'il se sentait oppressé. Il regardait autour de lui sans arrêt, tentait de masquer ses pas et surtout de se faire invisible. Chose peu simple lorsqu'on était un des jumeaux Weasley, il était bientôt rendu à l'endroit où il pourrait transplaner sans qu'on capte sa trace. Enfin, il le croyait. C'était sans compter sur l'ombre devant lui qui s'avéra être Kayla, son employée au magasin. Angoissée, en proie à la panique, la jeune femme était complètement perdue dans les ruelles infâmes de la grande ville de Londres. Fred n'allait tout de même pas la laisser dans cet état alors qu'il estimait cette jeune femme, toujours prête à donner un coup de main pendant les heures de boulot.
Le sorcier s'arrêta puis s'approcha de Stark. Il avança lentement alors que la jeune femme baissait sa baguette. Fred lui demanda ce qu'elle faisait ici et ses soupçons s’avérèrent réels. Elle s'était perdue et comptait se rendre au Chaudron Baveur. Le rouquin grimaça, il venait d'y aller mais il se voyait mal laisser Kayla s'y rendre seule alors qu'elle était dans un état d'angoisse incommensurable. Il tenta un sourire rassurant pour cacher son désarroi. Sa mission avait été conclu, il y avait de fortes chances que son indicateur soit déjà rendu dans son lit. Il tenta de s'en convaincre alors qu'il répondait à sa collègue.

Décidément, tu aimes te mettre dans des situations embarrassantes! Mais bon, je ne vais pas t'en tenir rigueur et je vais même t'accompagner jusqu'au Chaudron baveur en bon gentleman que je suis!

Il marqua un léger sourire malgré la fatigue et l'heure avancée de la nuit désormais. Il allait se mettre à marcher mais il vit le regard apeuré de Kayla puis elle cria "Stupefix". Le temps que Fred se retourne, il avait un mangemort recroquevillé aux pieds. Il eut un léger cri d'effroi puis tenta de connecter tous les éléments. Sa mission de routine avait bien failli terminer en règlement de comptes, en cet instant, il était reconnaissant que Kayla soit dans les parages. Le rouquin aurait certainement fini dans les mains de Vous-Savez-qui sans elle. Forcément, la jeune femme commençait à poster tout un tas de questions et Fred n'avait pas la réponse ou en tout cas ne pouvait pas la donner. Il fouilla rapidement le pauvre individu au sol et en conclut que c'était clairement une attaque contre l'Ordre. Weasley était mal. Il regarda Kayla avec un sourire forcé puis commença à l'entraîner le plus rapidement possible dans le dédales des ruelles après avoir lancé un sortilège de dissimulation dans les environs. Une fois qu'ils arrivèrent dans un coin bien sombre et à l'abri des oreilles indiscrètes, Fred s'arrêta et regarda Kayla.

Tu ferais mieux d'oublier ce que tu viens de voir si tu veux rester en vie jusqu'à demain. Il y a des choses qu'il vaut mieux ne pas savoir, surtout vu le contexte actuel, Kayla...

L'ex-Serdaigle depuis peu observait le visage de Weasley, le scrutait comme si elle espérait y trouver quelque chose. Elle ne savait pas quoi mais à cet instant précis c'était la seule personne humaine qui était en sa compagnie et elle était certaine qu'il n'allait pas lui faire de mal. S'il avait eu un problème avec son sang, ce qui aurait révélé son appartenance au côté du mal, son frère jumeau et lui-même ne l'auraient jamais embauchés. Elle était sang-mêlé, une sorcière engendrée par une mère sans aucun pouvoir magique, ce qui justifiait selon certains qu'on la traite comme moins que rien. De plus, les Weasley étaient une famille de sang certes "pur" mais ils étaient réputés pour leur grande tolérance. Elle en avait eu des échos du côté de son père, lui même sang-pur, mais aussi du côté de son frère et de sa soeur, qui étaient tous deux à Gryffondor. Non, ce n'était pas le Weasley qui l'inquiétait en soit, c'était plutôt son expression sérieuse. C'était cela qui l'avait frappée en le voyant, il n'avait pas ce sourire en coin habituel qu'il arborait lorsqu'elle était à la boutique avec lui. Il avait l'air pressé, embêté et elle avait la nette impression qu'elle le dérangeait mais qu'il n'osait pas se débarasser d'elle. Même si rapidement, l'expression de son visage changea, elle n'arrivait pas à se débarasser de cette impression, malgré les paroles aussi enjouées qu'à l'accoutumée du rouquin. Elle allait répondre par une pique mordante dont elle seule était capable lorsqu'elle avait repéré l'intrus.

Tout s'était passé très vite. Le sortilège de stupéfixion avait atteint sa cible, qui ne bougeait plus. Si Kayla s'en était vite approchée, elle ne remarqua pas l'expression interdite du rouquin, et entendit à peine le léger cri qu'il venait de lâcher – tant mieux pour sa crédibilité me direz-vous. Les questions se bousculaient dans sa tête et elle sentait son coeur qui recommençait ses embardées violentes dans la poitrine. Qui était-il, que leur voulait-il, pourquoi était-il là ? Oh bien sûr, elle n'avait fait qu'une remarque d'un ton cynique à son employeur, mais cela cachait une inquiétude bien plus profonde. Un long frisson glacé parcouru son échine lorsque Weasley s'avança finalement pour fouiller celui qui aurait pu les tuer tous les deux – elle avait du mal à le réaliser – et elle se sentit pâlir lorsqu'elle vit le visage de son comparse. Si lorsqu'il avait l'air sérieux, c'était déroutant, lorsqu'il se forçait à sourire, c'était effrayant. Il y avait quelque chose qui clochait pour de bon et Kayla jeta des coups d'oeils frénétiques entre les deux hommes, l'un stupéfixé, l'autre lui aggripant le poignet, essayant de faire une connection entre les deux.

"Que... Qu'est-ce que vous faites ?!" s'écria-t-elle, mais le roux la fit taire d'un regard et il lui fit forcer l'allure. Une sensation de malaise s'insinuait vicieusement en elle, mettant tous ses sens en alerte, sa main crispée sur sa baguette. Si Weasley m'avait voulu du mal, il m'aurait désarmée... Il aurait largement eu le temps de le faire... ne cessait-elle de se répéter machinalement. Weasley l'entraina dans un labyrinthe de ruelles. Elle pensait en avoir finit mais non, il s'obstinait à l'éloigner du Chaudron Baveur, bien qu'il ai affirmé qu'il l'emmènerait jusque là-bas, en "gentleman". L'intrus devait donc avoir changé la donne. Ce n'était pas contre elle qu'il en avait mais contre le roux. Elle sentit la boule dans son estomac se desserer un peu. Elle n'était pas directement visée, elle pouvait espérer s'en sortir sans trop de dommages, comme elle n'était pas avec lui à la base... En tout cas elle l'espérait. Ils finirent par arriver dans un coin encore plus sombre et isolé que le reste et Weasley s'arrêta enfin, relâchant la pression sur son poignet et les entourant de sorts de dissimulation.

Elle ouvrit la bouche pour parler au moment même où lui même se tournait vers elle en prenant la parole. Alors elle se tut et écouta médusée son petit discours, ses sourcils se fronçant et ses yeux commençant à lancer des éclairs. Sa main se resserra un peu plus sur sa baguette, tant et si bien qu'elle sentit sa main commencer à trembler.
"C'est une menace ?" siffla-t-elle, prête à se défendre. Elle pensait le Weasley de son côté, mais il lui manquait apparement une donnée pour pouvoir résoudre son équation. Ses yeux bleus-gris reflétant un esprit buté accrochèrent le regard du rouquin. "Sachez que je n'ai pas l'intention de mourir, ni cette nuit, ni demain. Et apparement en vous croisant, je me suis mise dans un beau pétrin, pire que ce que je pensais de ce que vous me dites." Elle inspira profondément pour garder son calme. Ce n'était certainement pas le moment de refaire une crise de colère, ni de panique. "Le contexte, je commence à connaître, merci. Mais je ne pense pas être capable d'oublier ce qui vient de se passer et si je peux me permettre, une baguette en plus ne vous sera pas inutile si vous aussi vous voulez vous en tirer vivant. Je me trompe ?" Son regard se fit appuyé. Si elle avait été en danger en croisant le sang-pur, il était clairement le premier visé et donc le plus en danger des deux. Elle releva sa baguette qui pointait un faible faisceau lumineux de sorte à voir le visage de l'ex-Gryffondor sans pour autant l'aveugler. "Et si à l'aube on me retrouve à Ste Mangouste j'aimerai autant savoir pourquoi j'y serai." ajouta-t-elle en guise de conclusion d'un air cynique, un sourcil légèrement relevé et en sourire en coin.

Une attaque surprise et voilà que le jumeau Weasley était pris de panique. Intérieurement, il bouillonnait, les choses ne se passaient vraiment pas comme prévu. Il avait touché le but avant d'échouer lamentablement. Les forces du mal devaient déjà connaitre l'avancer de leur piège, il n'avait pas été assez rapide et il avait fort à parier que l'indicateur n'était qu'un fourbe qui travaillait pour l'ennemi. Fred commençait à croire qu'il était dans un véritable roman magique sans intérêt. Pourtant, c'était bien la réalité et il y avait des hommes à ses trousses, enfin désormais, le rouquin devait plutôt inclure Kayla dans ce genre de problèmes. Elle avait mis hors d'état de nuire un mangemort qui semblait assez féroce. La pauvre femme ne savait clairement pas dans quoi elle s'embarquait, elle le saurait bien assez tôt à en juger par la prise d'élan de Fred.
En un rien de temps, il quitta les lieux d'un pas rapide, Kayla à ses côtés. Bien évidemment, elle avait beaucoup d'interrogations sur ce comportement plus qu'inquiétant lorsqu'on le connaissait un minimum. On avait plus souvent l'habitude de le croiser un grand sourire farceur sur le visage en parlant à des inconnus, toujours une plaisanterie sur le bout des lèvres. Cette nuit, c'était différent. Fred n'avait jamais pris les missions de l'Ordre à la légère et voilà qu'avec la fatigue de ses activités cumulées, il n'était pas assez prudent. Une innocente était désormais en danger de mort par sa faute, qui plus est, une innocente qui travaillait pour lui.
Le roux ne prit pas la peine de répondre à la question de Kayla, il n'était pas en lieu sûr. Il ne la regarda pas de out le trajet et lorsqu'il sentit qu'une petite ruelle leur apporterait du répit. Il arrêta sa course effrénée et lâcha le bras de son employée.

Crois moi, tu préférerais que ce soit une menace de ma part. Tu viens de te mêler d'une histoire qui ne peut que t'apporter de la misère tu sais?

Il lui fit un regard compatissant. Kayla était une des personnes qu'il appréciait le plus après sa famille et il se sentait atrocement coupable de l'enchaîner à un combat qui n'était pas le sien. Cela ne sembla pas la gêner pour autant puisqu'elle continua son discours sur le même ton teinté d'ironie. Elle voulait participer, elle invoquait l'impuissance d'une seule baguette, elle avait clairement raison. D'autres adversaires feraient leur apparition mais le prix de cette nouvelle aide était élevée: avouer la vérité à quelqu'un d'externe à l'Ordre. Une des règles les plus importantes est bien le silence dans ce genre d'organisations. Une grimace vint crisper son visage alors que la voix cynique de Kayla s'évanouit dans les airs, en attente d'une réponse convenable. Fred souffla un peu puis parla d'une voix ferme mais agréable.

Ecoute moi Kayla, tu as une famille à protéger. Tu ne peux pas te permettre de te mettre dans une guerre de la sorte. Qu'est ce qu'ils feront si tu disparais hein? Moi, c'est différent. Si tu es au courant ne serait ce que d'une miette de ce qui se trame de l'un côté ou de l'autre de ce combat, tu risques gros, très gros... Je ne peux pas me permettre de risquer ta vie.

Son poignet lui faisait mal et elle frottait l'endroit douloureux, comme si cela pouvait calmer la douleur. Kayla pensait bien que le Weasley ne l'avait pas fait exprès, qu'il était juste sous pression – tout comme elle – mais bon, ça faisait un mal de chien tout de même ! Certes, ils avaient fuit lorsqu'ils avaient été retrouvés par cet homme, qu'elle avait mis hors d'état de nuire, sauvant sans le savoir à ce moment sa peau et celle du rouquin. C'était déjà un bon point et ils étaient maintenant dans un coin d'une ruelle particulièrement sombre, protégés, du moins elle l'espérait, par des sortilèges de dissimulation que son comparse avait eu le bon sens de lancer autour d'eux. Elle avait senti ses entrailles s'entortiller pendant tout le trajet en remarquant que Weasley ne lui accordait pas une once d'attention. Avait-elle fait quelque chose de mal ? Elle venait de lui sauver la peau, non ? Et ce ne fut que pendant son petit discours qu'elle comprit, à la tournure de certaines de ses phrases. Il avait l'air embêté, et compatissant aussi, et cela aussi l'aida à comprendre. Il devait s'en vouloir de l'avoir entrainée là-dedans. Elle avait des choses à dire cependant, et ce n'était pas lui qui l'en empêcherait. La dernière phrase sembla suspendue en l'air, comme une mélodie dont les notes vous restent dans la tête.

Elle avait fait en sorte de paraître plus assurée qu'elle ne l'était réellement. Mais elle voulait être bien sûre qu'il comprenne que tout ce qu'elle avait dit, elle le pensait. Qu'elle n'avait absolument pas l'intention de mourir. Elle observa son visage se crisper. Le message était donc passé, mais pas son contenu. Il n'aimait apparement pas l'idée qu'elle prenne aussi bien le fait de mettre sa vie en jeu. Après un léger soupir, il reprit la parole. La jeune femme l'écouta attentivement, toujours avec ce sourire en coin sur les lèvres, mais ses yeux avaient une lueur triste. Il était visiblement aussi buté qu'elle. Lâchant un léger grognement, elle se pinça l'arrête du nez. Elle commençait à crever de fatigue, elle aurait du rentrer depuis longtemps – ou même, ne pas partir de chez elle du tout. Au lieu de cela, elle s'était embarquée dans cette histoire qui sentait l'emmerde à plein nez. Et puis d'abord, de quel droit se permettait-il de juger de ce qu'elle devait faire ou pas ? Elle était adulte, comme lui, elle avait le droit de prendre des décisions concernant sa vie toute seule, quand même ! Elle ne voyait pas la différence entre eux deux. Lui agissait déjà, et elle restait inactive. Maintenant qu'elle pouvait se rendre utile, il la repoussait. C'était à s'en éclater la tête contre un mur ! La dernière phrase lui réchauffa le coeur cependant. La jeune femme sentit ses joues rosir légèrement, touchée par la sollicitude de son compagnon de galère. Elle adressa au Weasley – elle commençait à reconnaitre Fred à la lueur de sa baguette, sans être totalement sûre que c'était lui – un sourire qui ne monta jusqu'à ses yeux qu'à moitié.

"Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas se permettre de risquer ma vie. De toutes façons, je vous l'ai dit : je ne compte mourir ni ce soir ni demain." Elle passa volontairement l'impasse sur les soit-disant différences entre eux, ce n'était pas le moment de se chamailler pour rien. Il leur faudrait vite se remettre en route et se mettre dans un endroit réellement sûr. Elle ne savait pas où, mais apparement, ce ne serait pas le Chaudron. Ni à la boutique, c'était certainement un endroit auquel le roux était attendu. Elle ne se sentait vraiment pas de transplaner maintenant, ce qui voulait dire qu'à moins de trouver une maison de sorcier qui leur laisserait emprunter le réseau de cheminée, elle ne pouvait pas l'emmener chez lui pour le mettre en sûreté – car c'était sa priorité. C'était lui qui était recherché pour le moment, pas elle : c'était donc lui qu'il fallait mettre en lieu sûr. Son père venait de sortit de Ste Mangouste, elle n'avait pas l'intention de le laisser y aller sans se battre. Elle détestait l'idée qu'il arrive quelque chose au rouquin car c'était une personne qu'elle estimait beaucoup. Passons.

"De toutes façons, rien ne vous oblige à me dire de quoi il s'agit maintenant. Voilà ce que je vous propose : je vous accompagne jusqu'à ce que vous soyez en sûreté. Non non non, ne protestez pas !" fit-elle en levant la main en voyant qu'il s'apprêtait à répondre. "Je n'ai pas finit. Ca ne peut vous apporter que des avantages. Si vous tombez dans une embuscade, seul, vous ne vous en sortirez jamais." La sorcière devint encore plus pâle à cette idée. "Si je suis avec vous, je pourrai vous aider. Une baguette en plus n'est jamais de trop dans ce genre de situations. N'essayez pas de me faire croire le contraire, mon père est à la Brigade de Police Magique. De plus, ils vous recherchent seul. Ils ne recherchent pas deux personnes à la fois. Nous avons plus de chance de passer inaperçu si nous restons ensembles. Et si on s'en sort, vous m'expliquerez ce que vous pourrez." Elle esquissa un faible sourire. Oui, s'ils en sortaient... ils auraient alors beaucoup de chance.

"On devrait se remettre en route, maintenant." dit-elle d'une voix douce en prenant une des mains du Weasley dans la sienne. Ils recherchaient un homme seul après tout, pas un couple. Elle était prête à jouer le jeu si cela pouvait leur sauver la vie à tous les deux. "Une idée d'où on devrait aller peut-être ?" Sa voix avait reprit des intonations cyniques et elle entraina de nouveaux son employeur dans le dédale des ruelles mal-fâmées de Londres.

Le coup du sort. Cette marque indéfinie du destin qui provoquait des catastrophes dans l'entourage des Weasley. Ce soir là n'échappait pas à cette mécanique, le rouquin ne savait pas comment il allait pouvoir se sortir de ce mauvais pas sans que Kayla soit en danger. Il se triturait le crâne pendant leur périple dans les ruelles infâmes de la grande ville anglaise. Fred ne voyait que le spires scénarios, il avait beau utilisé l'humour comme une arme habituellement, en cet instant, il n'avait vraiment pas envie de rire de ces actions. Le visage fermé, il devait convaincre Kayla qu'elle devait le laisser à son propre sort et aller protéger sa famille. Discours qui s'avérait vain très rapidement à en juger par l'air déterminé de la jeune femme. Il reconnaissait bien Kayla dans cette attitude. Fred commençait à baisser les bras, ce défaitisme dura quelques secondes puisque son employée se remit à parler avec une voix bien assurée malgré les circonstances dramatiques.
Celle-ci était persuadée qu'elle verrait l'aube se lever d'ici quelques heures. Fred lui fit un sourire qui contrastait étrangement avec le discours de sa camarade. S'il y avaut bien une chose que Fred avait appris récemment, c'est qu'il ne fallait absolument pas sous estimer le travail des mangemorts. Leur investissement dans cette guerre en était déconcertant. Ils étaient sur tous les fronts et tout ce que tentait l'Ordre demeurait bien infructueux face à cette masse d'individus prêts à tout pour le triomphe du mal. Enfin, pour le moment, Stark n'avait aucune raison de le savoir ou de s'en rendre compte. Certainement que d'autres arguments en béton viendraient perturber sa façon de penser.

Bon si tu ne comptes pas mourir, ça devrait aller alors... Non mais tu rigoles Kayla? Ce n'est pas de simples élèves de première année de Poudlard auxquels on a affaire!

Il avait tenté un trait d'humour mais n'avait pas pu contenir sa remarque acerbe en constatant que Stark était prête à tout pour qu'ils survivent tous deux à la soirée. Fred avait plutôt l'intention de la faire rentrer chez elle sans encombre, ce qui voulait surtout dire qu'elle parte loin de lui pour éviter toute menace maintenant qu'il avait été repéré.
La jeune femme n'en démorda pas pour autant. Au contraire, elle fit un long monologue pendant lequel Weasley avait tenté d'intervenir mais s'était fait rembarrer sans ménagement. Kayla avait une capacité de persuasion impressionnante alors Fred la laissa terminer malgré son envie de protester contre ses idées suicidaires.
Une fois qu'elle eut terminé, Fred laissa un léger silence, souffla légèrement et afficha son plus large sourire.

T'es fière de toi là? Tu m'as convaincu! Je t'aurai Stark!

En vérité, il comptait bien s'éclipser si un danger imminent leur tombait dessus. Pour Fred, il était hors de question pour Kayla de prendre part à un combat de cette envergure. Protecteur? Peut être mais c'était pour le bien de la jeune femme qui semblait toujours foncer tête baissée dans la bagarre. La jeune femme finit par lui prendre la main, mettant son plan à exécution jusqu'au bout. Fred la laissa agir et écouta ce qu'elle avait à lui demander. La suite du plan, voilà ce qu'il leur fallait. Comment passer inaperçu désormais? Un nouveau sourire vint frapper le visage de Fred alors qu'il regardait sa partenaire de crime.

Tu veux jouer à ce jeu là? Alors autant le jouer jusqu'au bout. Dans un endroit public avec des moldus, il y a peu de risques qu'on vienne nous trouver si tu vois ce que je veux dire! C'est un rencart Stark!

Un rire tonitruant s'échappa de sa gorge alors qu'il était fier de son idée. Pas certain que ce soit la meilleure solution pour en sortir vivants mais c'est tout ce que le sorcier avait sous la main pour le moment. Avec un certain entrain, Fred entraîna Kayla dans son sillage à travers les rues londoniennes pour trouver un endroit peuplé où ils pourraient rester tapis...

Si Kayla avait appris une chose des jumeaux Weasley, c'est qu'ils souriaient tout le temps et qu'il fallait donc déchiffrer chacun de ces sourires pour trouver ce qu'ils pensaient réellement. Etant donné qu'elle travaillait avec eux depuis deux mois, elle avait tout le loisir de s'adonner à ce décodage – pour son esprit de Serdaigle, ce n'était qu'une énigme de plus – et elle devait dire qu'elle commençait à bien se débrouiller. Elle savait reconnaitre un sourire satisfait, le sourire qu'ils avaient lorsqu'ils parlaient d'une chose qui ne les concernaient qu'eux deux, jumeaux. Elle savait reconnaitre le sourire qui signifiait qu'ils se payaient sa poire, le sourire forcé bien sûr, le sourire fatigué aussi. Mais elle savait aussi reconnaitre le sourire qu'ils affichaient devant un client qui leur donnait du fil à retordre, et elle devait dire que Fred affichait exactement ce sourire là devant elle. Cela contrastait fortement avec son attitude défaitiste et elle songea – avec raison – qu'elle n'avait pas finit d'argumenter avec lui. Mais ce n'était pas le moment, ils avaient bien mieux à faire que de se chamailler comme des gamins !

Le trait d'humour raté du rouquin lui attira les foudres du regard de Kayla. Elle n'était pas bête, elle en était même loin, elle savait parfaitement dans quoi elle s'engageait. Enfin ça c'était ce qu'elle imaginait. On ne peux jamais savoir parfaitement dans quoi on s'engage lorsqu'il s'agit de ce genre de "mission" délicate. Et la remarque de Weasley, acerbe, sèche, l'étonna et l'agaça prodigieusement, bien qu'elle ne fit aucun commentaire, se préparant plutôt à déclamer son petit discours. Celui-ci eut d'ailleurs l'effet escompté. Elle pouvait le voir dans l'attitude du rouquin et rien que le fait qu'il ne cherche pas à protester contre son idée lui semblait une preuve que c'était dans la poche. Et lorsqu'il avoua de vive voix sa défaite, Kayla eu du mal à retenir un sourire satisfait, bien que cette satisfaction s'afficha dans son regard et dans son port de tête, plus fier qu'à l'ordinaire. Le rouquin ne protesta pas quand elle saisit sa main et elle devait avouer que s'il avait lui-même pris cette initiative, elle ne l'aurait pas rejeté. Ca avait un côté rassurant qui était non-négligeable en cette "agréable" soirée de septembre.

Le sourire qui vint éclairer le visage du rouquin ne lui dit rien qui vaille, absolument rien de bon à venir. C'était le sourire qui disait "Je vais dire/faire une énorme connerie et je vais être très fier de moi". Et elle avait raison, encore une fois. Si elle approuvait pleinement la première partie de sa petite tirade, la fin la fit grimacer un peu, vous savez, comme quand vous voulez manger un citron ! Et le rire assourdissant qui anima Weasley n'aida pas cette mimique, la Stark fut bientôt parcourue d'un frisson qui la secoua toute entière. Elle aurait du s'en douter, il se foutait littéralement de sa gueule. Un instant, elle eut envie de le planter là, mais un petit pincement au coeur nommé "conscience" l'en empêcha et elle préféra opter pour de l'humour.

"Oh non, par Merlin, j'ai un rencart avec un roux !" fit-elle avec une mimique faussement désespérée mais qui était convaincante. Elle se laissa guider par le Weasley, tout en continuant à parler. "Mais qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour mériter ça..." dit-elle de manière théatrale, histoire de bien enfoncer le clou. Les couleurs repeuplaient peu à peu le visage de la brunette mais des frissons de froid la secouaient de temps à autre. En revanche un sourire qui avait presque l'air sadique et qui donnait à Kayla un air de psychopathe s'étala progressivement sur ses lèvres. "V... Tes groupies vont être jalouses, affreusement jalouses !" Elle avait eu du mal à passer au tutoiement mais s'ils devaient jouer leur couverture, c'était indispensable. Et puis l'idée de croiser une de ces pauvres cruches qui ne venaient à la boutique que pour avoir une chance de parler à l'un des jumeaux et de la rendre malade de jalousie lui plaisait bien. Elle trottina un peu derrière lui pour se remettre à son niveau et se colla inconsciemment contre lui : il dégageait de la chaleur et la jeune femme, même en marchant, ne parvenait pas à se réchauffer.

Rapidement, ils finirent par sortir de ce dédale de ruelles londonniennes et Kayla fut un peu éblouie par la lumière qui se dégageait de la ville, et elle devait le reconnaitre, impressionnée par le sens de l'orientation du rouquin. Elle aurait été incapable de sortir de là toute seule. Elle regarda autour d'elle, attentive à tout ce qui pouvait paraitre suspect, et constata qu'effectivement ils étaient dans le Londres côté moldu. Bien. Maintenant, se cacher. Il devait être moins tard que ce qu'elle avait imaginé car il n'y avait que les magasins qui étaient fermés. Ils pouvaient donc se "tapir" là où ils le voulaient... Le mieux serait d'entrer dans un établissement moldu et d'y rester un peu, le temps que ceux qui poursuivaient le rouquin perde totalement leur trace. Un autre problème maintenant... En transplanant de chez elle, elle n'avait pas pris le temps de prendre beaucoup d'argent avec elle. Elle se retrouvait avec un peu d'argent moldu et un peu d'argent sorcier, mais ce ne serait pas suffisant pour eux deux, donc... Elle serra un peu la main de Fred pour qu'il se tourne vers elle et lui lâcha d'un air moqueur : "Bon, puisque c'est un rencart et que v-tu es un mec galant bien entendu, c'est toi qui invite !" Elle fit mine de réfléchir mais ses yeux le fixaient toujours avec intensité. "Mais comme je suis gentille, je te laisse choisir où !" Puis elle éclata franchement rire. Ce n'était qu'un juste retour des choses, étant donné la manière dont il l'avait considéré comme une enfant puis s'était moqué d'elle tout à l'heure. Comme elle l'avait prévu sans attendre à ce que cela ne se passe réellement, une fille qu'elle avait déjà vu à la boutique passa devant eux et leur jeta un regard à la fois surpris et outré avant de s'en aller à grands pas. Un sourire de gamine s'attarda sur le visage de Kayla, lui donnant l'air d'une enfant de 5 ans venant de faire une bêtise. La soirée n'était peut-être pas entièrement perdue, tout compte fait, bien qu'elle n'oubliait pas que la conclusion devait être qu'ils ne se fassent pas repérer et puissent rentrer sain et sauf chez eux. Et ce n'était pas gagné du tout...

Spoiler:

Mourir cette nuit n'était pas une option, pas depuis qu'il aavit croisé le chemin de Kayla. Fred était extrêmement inquiet du sort qui leur serait réservé si on les retrouvait. Mettre à terre un mangemort n'était jamais sans conséquences, d'ici peu de temps, le rouquin devrait certainement payer le prix de l'audace de son employée. Trouver un plan tout de suite était primordial. Alors que Kayla refusait obstinément d'abandonner cette guerre verbale tant que Weasley n'aurait pas lâché l'affaire, Fred faisait tourner son cerveau à la puissance maximale. Être doué en inventions et sortilèges était une chose mais créer un plan digne de ce nom en était une autre. L'infiltration n'avait jamais été son fort, Fred aimait plutôt se faire remarquer, il allait devoir lutter contre sa nature profonde ce soir s'il voulait garder Stark en vie et la ramener auprès de sa famille saine et sauve.

Encore un regard noir en sa direction et Fred comprit qu'il devait abandonner le combat. Kayla était une jeune femme persuasive, il s'en était bien rendu compte la première fois qu'il l'avait rencontrée, le roux avait su instantanément qu'elle serait un atout majeur à l'avancée de la boutique. Il ne regrettait clairement pas son choix hormis lorsqu'elle le regardait de cette façon. Fred avait l'impression d'être un enfant qu'on allait punir très sévèrement et pour masquer son agacement, il continua de lui sourire tout en lançant une plaisanterie.
Celle-ci eut l'effet escompté. Kayla commença à rentrer dans son jeu et à dénigrer sa couleur de cheveux. Fred n'avait jamais été dérangé par cette situation. Le jeune sorcier avait toujours été fier de sa différence et il acceptait très bien ce genre de blagues. Il explosa de rire en voyant le regard de Kayla. C'était ainsi qu'ils fonctionnaient: de bons moments de rigolade avant d'entrer dans une nouvelle période de crise à gérer mais au final, ils s'en sortaient toujours.

Si tu n'étais pas aussi tête en l'air et obstinée, tu n'aurais pas eu besoin de sortir avec un roux! C'est entièrement ta faute ma chère!

Un léger sourire accompagna son discours et Kayla continua sur sa lancée. Des groupies, il avait certainement entendu beaucoup de choses mais ce genre de mots lui étaient rarement destinés. Fred savait que ces produits avaient un certain succès et que les jumeaux étaient désormais renommés à Poudlard pour leur rébellion mais des groupies, notion qui lui était bien inconnue à l'heure d'aujourd'hui ou alors il était aveugle.

Lesquelles? Il faudra que tu mes les présentes à l'occasion, ça pourrait m'intéresser!

Un clin d'oeil lancé au hasard puis la petite expédition repartit sur les chapeaux de roue. Ils n'avaient pas de temps à perdre s'ils voulaient survivre à cette affreuse nuit. Fred commençait à se repérer facilement dans le labyrinthe londonien et au bout de quelques minutes de course effrénée, voilà que les jeunes gens arrivaient dans le coin peuplé de moldus de la ville. A ce niveau là, Fred n'était pas le mieux loti, il savait à peine se servir de leur monnaie, encore moins utiliser leurs règles de bienséance mais il allait devoir faire un effort pour que ce "rendez vous" se passe au mieux. Kayla précisa qu'il était en charge de la situation et Fred tourna son regard vers elle avec une légère surprise. La jeune femme se laissait rarement entraîner de la sorte mais le sorcier se contenta d'un sourire en montrant du doigt ce qui semblait être un bar de nuit. Weasley n'avait aucune idée de ce que cela représentait mais il fallait bien prendre les choses en main avant l'arrivée de leurs ennemis...

Puisque c'est cela, je propose ce merveilleux endroit en face! Je ne sais pas ce que cela vaut mais au moins, on sera en sécurité!

Il entraîna de nouveau Stark dans son sillage et ils se trouvèrent dans une ambiance jusqu'alors inconnue. De l'alcool, des jeunes gens en train de danser, Fred croyait halluciner. Un peu perturbé, il choisit un coin de la salle où il laissa Kayla s'asseoir.

Maintenant, survivons! Si t'as une idée de la suite, je t'écoute ma chère Kayla!

Des ricanements s'échappaient de la gorge de Kayla tandis qu'elle bavardait allègrement avec son patron. Oh, bien sûr, elle n'oubliait pas qu'elle avait vraisemblablement fait une légère bourde en stupefixant l'homme qui avait menacé Weasley. Mais ça avait été plus fort qu'elle. Alors, maintenant, ils étaient tous les deux dans le caca jsuqu'au cou... Et ils se bidonnaient dans une ruelle mal fâmée en plein Londres. Pour un spectateur lamba, c'eut été une scène particulière ; pour qui les connaissait un tant soit peu, ce n'était que banal. Ainsi, après s'être presque bagarrés pour savoir si oui ou non Kayla était une personne censée, ils étaient officiellement en rencard - officieusement en fuite - et ni une ni deux, Fred les avait sortis de ce qui pour la jeune femme était son cauchemar personnel : une sorte de labyrinthe de rues qui se ressemblent toutes. Et ils s'étaient retrouvés dans une place moldue, à plaisanter sur les timbrées à moitié hystérique qui ne venaient à la boutique que pour voir les jumeaux, généralement des filles encore à Poudlard. Du point de vue de l'ancienne Serdaigle, elles rentraient toutes dans le même panier : des pauvres timbrées totalement écervelée. Mais ils avaient plus important à faire, comme par exemple dans l'immédiat trouver un endroit où se planquer. Une place Moldue ferait parfaitement l'affaire, ce n'était pas forcément le premier endroit où on penserait à chercher deux sorciers.
La jeune sorcière laissa son boss s'occuper de leur trouver une "cachette". Il eut l'air surpris, ce qui étonna Kayla, avant qu'elle ne se dise que ce devait être à cause de ses origines "pures" comme diraient certains. Elle voyait mal ses grands-parents paternels se ballader tranquillement dans le Londres moldu par exemple, et eux aussi étaient de sang pur. Ainsi Weasley pointa du doigt un établissement - probablement au hasard - et la jeune femme le suivit sans hésiter. Elle avait froid, ils étaient probablement pistés maintenant : de toute évidence, ils seraient bien mieux à l'intérieur que dehors. Pas gênée pour un sous par l'ambiance du bar où son "rencart" l'avait amenée, elle se laissa emmener à une table dans un coin de la salle. A son grand soulagement, elle se réchauffait déjà et sentit même son dos se décontracter, ce qui était plutôt bon signe. Mi-amusée, mi-alarmée par la dernière phrase du rouquin, elle afficha un sourire ironique.

"Eh bien, on va attendre un peu ici ! On a pas trop le choix de toutes façons !" fit-elle en posant ses coudes sur la table pour se rapprocher de lui. Dans ce genre d'endroits, il était impossible de s'entendre, mais elle n'avait pas envie de parler trop fort, des fois que quelqu'un se décide à les écouter. Traitez-la de paranoïaque, j'aimerai vous y voir le jour où vous serez suivis par des malades convaincus qu'il faut vous tuer. Et puis de toutes façons, ici, ce serait rester à 30km l'un de l'autre qui les rendrait suspects. Le pauvre Weasley avait l'air totalement paumé, de toute évidence il ne sortait pas beaucoup dans ce genre d'endroits. Prise de pitié, Kayla lui adressa un sourire compatissant. "Sans vouloir te vexer, il faudrait que tu aies l'air normal, Fred. On croirait qu'on vient de te trimballer en enfer, là."dit-elle en lui adressant un clin d'oeil, espérant que ce soit effectivement à Fred qu'elle parlait et qu'elle ne l'ait pas confondu avec George – avouez que ça le ferait pas. Elle sortit son portefeuille de la poche de son jean, compta son argent Moldu en prenant soin de ne pas faire tomber de Gallion. "J'ai assez pour nous prendre des bières, je reviens." Avec une aisance qui pouvait paraître déconcertante, Kayla évoluait dans ce bar moldu comme si de rien n'était et elle revint en quelques minutes avec leurs bières, prenant soin de ne pas se faire bousculer pour ne pas les renverser. Elle déposa son butin sur la table avec un sourire satisfait. "Ca ne vaut pas ce qu'on a chez nous mais ça se laisse boire quand même."

Kayla se rassit et commença à siroter sa boisson. Personne ne devrait les déranger ici, elle en était certaine. Ils étaient donc tranquilles tous les deux, le tintamarre devrait couvrir leur discussion et logiquement, aucun sorcier mal intentionné n'aurait l'idée de venir les chercher ici. Pourtant, la jeune femme demeurait pensive. Etaient-ils réellement tirés d'affaire ?
"Je peux savoir pourquoi mon cher boss adoré se serait retrouvé à bouffer les pissenlits par la racine sans moi maintenant ?" lâcha-t-elle d'un ton parfaitement ironique. Elle n'était pas du tout d'humeur à aller danser, malgré la musique assourdissante, alors autant faire passer le temps en discutant."S'il te plait !" se rattrapa-t-elle en se rendant compte qu'elle devait avoir été agressive. Et puis, bon, elle devait avoir mérité l'info, elle l'avait quand même sauvé d'un sort probablement atroce. Ce n'était pas vraiment son intention de l'agresser verbalement à la base, simplement, c'était rare de croiser les jumeaux Weasley séparé, et elle n'aurait pas imaginé qu'on puisse leur vouloir du mal, et l'idée lui tapait sur les nerfs. C'était des gens biens. Elle ouvrit grand les yeux - et les oreilles - attentive aux explications qu'elle espérait que le Weasley lui fournisse des explications, mais ils n'en eurent pas le loisir. Des gens venaient de s'installer pas très loin d'eux. A y regarder de plus près, l'un des deux hommes, âgés pour ce genre d'établissement, portait un tatouage très significatif sur l'avant-bras... Un tatouage qui rappelait avec un peu trop d'insistance une certaine Marque des Ténèbres. Un troisième vint les rejoindre, ressemblant de manière très troublante à celui que la Serdaigle avait stupéfixé auparavant.

Faisant mine de se frotter la nuque, elle inclina la tête vers ladite table suspecte, faisant tomber ses cheveux devant son visage au passage, et envoyant un coup de pied dans le tibia du Weasley, peut-être un poil plus fort que nécessaire. Le sourire de la jeune femme se figea en même temps qu'elle sentait ses entrailles se liquéfier. ”On ne devrait peut-être pas rester, tout compte fait...” marmonna-t-elle à l'adresse du boss d'un air inquiet. Non, il ne valait mieux pas trainer. Quite à ce qu'il y ait de la casse, autant que ce soit dehors, sans Moldus autour, et puis, ils ne les avaient peut-être pas repérés, alors, autant ne pas s'exposer. Quoi qu'il en soit, ils devaient déguerpir. Et rapidement.

Les deux jeunes sorciers pénétrèrent à l'intérieur de la bâtisse, non sans appréhension pour Fred. Les boutiques moldus, il n'y comprenait strictement rien en pourtant son cher père leur vouait un culte. En ce qui concernait le rouquin, il était bien incapable de convertir la monnaie, encore moins de comprendre leur langage. Du vrai charabia, ce qui était évident était qu'ils vivaient des vies aux antipodes et c'était bien difficile de tisser des liens. A vrai dire, Fred les trouvait amusant: insouciants, ces gens là ne vivaient sous aucune menace de Vous Savez qui, vie a priori paisible qui fascinait l'ancien Gryffondor. Un sourire aux lèvres, le roux entra aux côtés de Kayla et se dirigea d'un pas vif vers le fond de la salle, autant privilégier la discrétion avec les forces du mal qui rôdaient dans le secteur. Fred ne put s'empêcher de regarder partout autour de lui, nouvelle curiosité qui le détendait après cette course effrénée. Il ne comprenait pas grand chose à leur pratique.. Un breuvage jaunâtre, de la couleur d'une bieraubeurre à vrai dire, était la boisson de prédilection. Des boissons roses, violettes, vertes voire même bleues, Fred avait les yeux écarquillés. Que pouvaient-ils bien boire? Il croisa les bras dans un geste de défi, plutôt fier de ces origines de sorcier. Définitivement bizarre les moldus...
Le jeune homme finit par revenir sur Terre, Kayla l'interpellant sur sa manière de se comporter. C'est vrai qu'il avait l'air d'un pitbull prêt à sauter à la gorge du premier individu qui se mettrait sous son nez.

Je m'acclimate à mon environnement Kayla.. Regarde leur visage, tu vois un sourire toi?

Cette fois, il sortit son arme fatale avec un dédain évident. Puis la jeune femme partit leur chercher un de ces breuvages à la mode, Fred en profita pour faire un tour d'horizon, la prudence était de mise si un mangemort passait devant le bar. Kayla revint bien vite avec les boissons, commentant leur composition. Fred la regarda avec angoisse puis but une gorgée. Mixture qui se laissait boire sans conteste mais il préférait amplement ce qu'on pouvait trouver dans le monde des sorciers.

Je devrais penser à acheter des inventions moldus pour le magasin, je suis sûr que cela marcherait fort!

A vrai dire, tous les moyens étaient bons pour le jumeau afin de ne pas penser aux dangers qu'ils encouraient. Il suffisait d'un rien pour qu'il soit repéré et Kayla avec. Ils étaient suffisamment proches pour brouilles pistes mais ils étaient loin d'être immunisés contre les probables attaques. Un léger silence suivit cette petite incartade commerciale puis la curiosité de Kayla se remit à l'attaque, que s'était-il passé dans cette ruelle? Pourquoi? Que risquaient-ils dans cette rébellion contre les forces obscures? Fred commençait à être fatigué de toutes ses questions et avait finalement envie que la jeune femme soit dans la confidence... Enfin, il l'aurait aimé puisqu'une mauvaise surprise les accueillit. Un peu plus loin, deux hommes s'assirent. Fred reconnut l'homme stupéfixé et surtout la marque des ténèbres, gros mouvement de panique alors que Kayla lui donnait un coup de pied digne de ce nom. Fred fit un boucan d'enfer et se haït presque instantanément lorsque tous les visages se tournèrent vers eux...

Oups.. COURS!

Il eut le temps de crier cette instruction à Kayla que les mangemorts sortaient leur baguette et se ruaient sur eux. Une panique générale s'ensuivit et Fred n'eut pas l'occasion de comprendre tous les éléments qui se tramaient. Ils se battaient avec l'homme stupéfixé à coups de sortilèges les plus basiques, même si lui tentait le Diable.. Les sortilèges les plus dangereux et interdits. L'adrénaline le fit perdre pied, il ne comprit bien vite plus rien lorsque d'autres sorciers se mêlèrent à la bataille. Puis, sans crier gare et sans qu'il puisse identifier Kayla, Fred sentit le trou noir arriver. Perte de connaissance inopportune qui entraînerait certainement son lot de conséquences plus tard...

Elle n'avait que rarement vu un Weasley bougon... En fait, elle n'avait même jamais vu un Weasley dans cet état ! Elle s'était donc permit de lui faire une remarque – c'est vrai quoi, autant faire un effort – et si lui avait l'air de vouloir tuer quelqu'un, ils allaient vite se faire repérer. Certes, les moldus autour d'eux n'avaient pas l'air spécialement aimable non plus, mais eux n'avaient pas l'air de vouloir faire un meurtre. Elle se permit de lever les yeux au ciel d'un air exaspéré. Qu'ils étaient gamins ces jumeaux parfois ! Mais c'était aussi ce qui faisait leur charme. Et puis il s'était finalement repris, c'était l'essentiel. Elle finit donc par aller chercher les boissons, ça faisait partie de la couverture, et puis ça lui permettait d'échapper à Fred qui avait vraiment l'air très mal. Elle ne sentit pas le regard du rouquin dans son dos lorsqu'elle partit et en revenant avec leurs bières son air intrigué, voir même apeuré la fit rire. Elle ne savait pas ce que c'était, elle qui faisait partie de ces deux mondes. Elle ne savait pas ce que c'était de tout découvrir maintenant, surtout dans cette situation. Un petit rire suivit le commentaire de son boss. Ils étaient vraiment prêt à tout pour avoir de l'argent, ces deux-là ! Elle ne releva pas mais le regard qu'elle lui lança était suffisamment significatif. Il ne fallait peut-être pas trop pousser mémé dans les orties, non plus.

Un petit silence suivit avant que Kayla n'ose reprendre là où ils s'étaient arrêtés. Mais la vague de panique qui l'avait saisie empêcha son comparse de répondre – ou peut-être était-ce l'énorme coup qu'il venait de se prendre dans le tibia ? Le vacarme monstrueux qui suivit projeta la panique. Tout se passa très vite : Fred qui lui criait de courir, les inconnus qui se levaient eux aussi, les moldus qui se levaient, riaient en voyant les simples bouts de bois puis hurlaient en voyant des éclairs rouges qui sortaient...
Kayla attrapa Fred par le poignet et courut vers la sortie. Lui lançait des sortilèges pour retarder les poursuivants mais à l'instant, ce qu'il fallait, c'était s'éloigner pour qu'aucun Moldu ne soit touché. Ils arrivent essouflés dans la ruelle qu'ils avaient quitté il n'y avait pas si longtemps et là, s'engagea un duel. Déjà, les sorciers du Ministère arrivaient, certains se joignirent à eux pour se battre. Les sortilèges fusaient, mais Kayla n'osait pas lancer des sorts interdits. C'était peut-être un mal, parce que les Mangemorts – Kayla ne voyait que ça – ne se gênaient pas. D'autres Mangemorts arrivèrent en renfort et elle sentit la panique monter. Il n'y avait plus qu'elle, que ses tripes et leurs vies qui étaient en jeu. Elle parvint à stupéfixer un des Mangemorts, le même que tout à l'heure. Elle jeta un coup d'oeil en arrière pour voir Fred s'écrouler à terre.

"NOOON !" Un hurlement apeuré, paniqué sortit de sa gorge sans qu'elle ne puisse le retenir et elle rejoint rapidement le Weasley, lança un charme de bouclier, trop vite, trop bâclé. L'aggripant par les épaules, Kayla se mit à le secouer, comme si ça allait le réveiller. Voyant que ça ne faisait rien, et prise d'un malaise indescriptible, elle sentit les larmes affluer, les ravala tant bien que mal. "Crève pas tant que j'aurai pas eu ma paye, Weasley..." Après avoir vérifié son poul, elle se remit debout devant lui. Au moins, il était vivant. Elle leva sa baguette... Trop tard. "ENDOLORIS !" L'éclair de lumière rouge fonça sur elle sans qu'elle ne puisse l'esquiver... Et tout devint noir. Ou rouge ? Impossible de le deviner, elle avait mal, beaucoup trop mal. Etait-ce vraiment possible d'avoir mal comme ça ? Peut-être valait-il mieux mourir plutôt que de supporter ça... Elle ne se rendit pas compte que des cris de douleurs s'échappaient de sa gorge, elle avait mal, beaucoup trop mal, que cela cesse ! Son cerveau était en train d'exploser, ses bras, ses jambes aussi, pourquoi personne ne le voyait ? Que cela s'arrête...
Et tout à coup, cela s'arrêta. Essouflée, tremblante, elle releva la tête. Fred était devant elle. Elle ne le voyait que de dos. Où était-elle ? Elle parvint tant bien que mal à se relever tandis que les évênements lui revenaient. Elle prit appui sur Fred pour tenir debout tant ses jambes n'étaient pas stables. Charme du Bouclier, et lui lançait des maléfices. Il y avait des corps allongés dans les deux camps, elle en vint un qui formait un angle bizarre. Espérant de tout coeur que c'était l'enflure qui lui avait infligé le sortilège Doloris, elle jeta un coup d'oeil rapide à Fred.

"Contente de te revoir sur pied, Weasley !" fit-elle d'un ton sarcastique, faible, sans l'ombre d'un sourire. Elle avait les traits tirés, le corps douloureux. Ils avaient mieux à faire que de bavarder. Fred avait eu raison de la mettre en garde : elle n'avait aucune idée de ce qui l'attendait, elle n'aurait jamais du se mêler à cette histoire. Mais si elle ne l'avait pas fait... Considérant les adversaires qu'ils affrontaient, il n'aurait eu aucune chance de s'en sortir.

Côte à côte, ils continuaient à se défendre tant bien que mal. Charme du Bouclier, sortilège de confusion, maléfice de chauve-furie, désarmement, Protégo, tout ce qui lui passait par la tête pourvu qu'ils s'en sortent et qu'ils ne soient pas touché par les maléfices atroces qui risquaient de les atteindre. Par miracle, elle n'en avait subit qu'un seul. Ils n'étaient plus que trois debouts dans chaque camp, voyant que la situation s'éternisait, certains mangemorts avaient fuit le combat et quelques sorciers avaient abandonnés le combat pour administrer les premiers soins aux blessés les plus graves. On entendit nettement un "SECTUMSEMPRA !", un jet de lumière se dirigeait vers tandis que dans un bruit de claquement, les derniers mangemorts disparaissaient... Pas le temps d'esquiver. L'un des deux serait forcément touché.

Une lutte à n'en plus finir. Des blessés, certainement des morts et tout cela en pleine ville de moldus. Les dégâts seraient considérables et une chose était sûre, le Ministère de la Magie se chargerait du cas de Weasley en un rien de temps. Pour le moment, le rouquin n'avait pas le temps d'y penser. La bataille faisait rage et la bande de sorciers s'était retrouvé en plein dans une ruelle de la ville. Aucun moyen de s'échapper, les sortilèges fusaient et la débandade était certaine. Les choses auraient pu être simples si les hommes du main du Ministère n'étaient pas arrivés pour créer un combat d'une envergure exceptionnelle. Fred fit les yeux ronds en voyant les deux bandes se faire face alors que Kayla et lui n'étaient plus très sûrs de leur place dans la lutte.
Fred n'aurait certainement jamais dû se déconcentrer de la sorte et regarder les sorciers faire briller leur baguette à la vitesse de l'éclair. L'un de ceux là vint le frapper et en l'espace d'une demie seconde, il se retrouva à terre, inconscient. La terre tournait, les étoiles venaient le perturber, des bruits incohérents, la froideur des pavés, rien n'était à sa place. Que se passait-il? Où était-il et surtout qu'en était-il de Kayla?

Fred se repositionna sur ses jambes pour tenter de comprendre la situation. Combien de temps avait-il somnolé? Les rangs des deux camps s'était bien éclaircis, plus que quelques sorciers de part et d'autres et pas mal de corps éparpillés au centre de la ruelle. Un massacre, voilà à quoi il assistait. Il constata le champ de bataille pendant quelques secondes avant de sentir Kayla dans son dos, il se retourna une demie seconde pour voir son état, ce n'était pas beau à regarder. Un sortilège impardonnable certainement mais Fred n'eut pas plus de temps pour lui parler ou même la rassurer, les mangemorts avaient remarqué leur réveil et recommençaient à attaquer.
La fatigue commençait à se faire sentir et pourtant, il fallait continuer. La moindre protection donnée par le sortilège de Kayla faiblissait à vue d'oeil. Il allait rompre au moment où un Sectumsempra brisa l'air. Moment intense, la douleur allait suivre. La peur dans les yeux, Fred regarda les mangemorts disparaître, impuissant. Sa décision fut bien vite prise...

Kayla, reste pas là!

Il la poussa légèrement, en sachant qu'il mettait sa vie en danger. La foudre tombait sur lui littéralement, la vie semblait s'échapper de son corps, il avait été un simple pantin dans une guerre qu'il n'avait pas eu le temps de réellement vivre. Fred sombra dans l'inconscience, la mort l'attendait-elle au tournant?

Spoiler:

Il était rare d'avoir autant de sorciers en train de se battre dans le Londres moldu, en pleine nuit. En tout cas, c'était ce que le Ministère essayait de leur faire croire à tous. Ils auraient donc encore un travail considérable : faire pression sur la Gazette, faire taire les non-moldus qui avaient assisté à la scène, sans compter les Oubliators qui allaient avoir un boulot monstrueux à fournir. Pour le moment, il s'agissait surtout de s'en sortir vivant, et c'était bien ce que Kayla comptait faire, même si elle était considérablement affaiblie par le Doloris qu'elle avait reçu de plein fouet et qui la faisait encore un peu chanceler. Heureusement, Fred la laissait prendre appui sur lui sans protester. Tous deux avaient le visage tiré par la concentration, pâle de douleur, de peur. Il n'y avait plus que l'instant présent qui comptait. Ils voyaient à peine, autour d'eux, les corps qui jonchaient la rue, les pans entiers de murs qui s'étaient effondrés. Ils entendaient vaguement les cris de panique derrière, les marmonnements de formule, les bruits caractéristiques des transplanages.

Au bout d'un moment qui parût une éternité, la bataille sembla enfin diminuer d'intensité et Kayla pensait enfin pouvoir souffler, peut-être s'allonger quelque part – tout son corps lui faisait encore mal, toute sa posture en était raidie – mais c'était sans compter sur les mangemorts restant qui, sentant le vent tourner, avaient décidé de lancer un dernier sortilège avant de fuir. On entendit distinctement la formule du sortilège, le « pop » sonore du transplanage et elle observa horrifiée l'éclair de lumière qui semblait foncer vers eux, comme au ralenti. Sectumsempra... Un sortilège horrible, qui faisait l'effet de taillader la victime comme à coups de poignards sur la partie du corps ciblée. Si la victime n'était pas prise en charge dans les minutes suivantes, elle se vidait de son sang jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Puis, tout se passa très très vite – trop rapidement pour l'ancienne Serdaigle qui était déjà choquée par les évênements, en fait. Elle entendit Fred lui crier de se pousser, de ne pas rester là. Toujours comme dans un ralenti, elle se sentit tomber, puis atterrir lourdement au sol, ses genoux et ses paumes étaient éraflées et saignaient un peu. Mais ce n'était rien, rien comparé à Fred qui s'était pris le maléfice de plein fouet. Il avait pris sa place pour qu'elle ne soit pas atteinte. Elle entendit quelqu'un hurler quelque part, sans se rendre compte que c'était elle qui criait, attirant l'attention d'un autre sorcier qui s'approcha et pâlit d'un coup en observant le rouquin. C'était un spectacle désolant. Il blanchissait à vue d'oeil et la flaque de sang qui s'étendait autour de lui aussi augmentait à vue d'oeil. Le Sectumsempra l'avait touché sur le flanc gauche et on voyait une énorme tâche d'un rouge foncé sur sa veste, là où les entailles le vidaient de sa vie. Les yeux fermés, il respirait péniblement et semblait inconscient.

 « Je peux refermer les plaies, mais ce ne sera que superficiel. Il a besoin d'aller à Ste Mangouste de toute urgence ! » Hébétée, Kayla cligna stupidement des yeux en regardant le sorcier qui l'avait rejoint et qui avait déjà commencé à passer sa baguette sur une des plaies dont les lèvres se recollaient avec une lenteur exaspérante. Ecoutant avec attention la formule, elle commença à faire de même, les mains et la voix tremblante. Ce n'était certes pas grand chose mais si ça pouvait le garder en vie, c'était déjà pas mal. Ce sortilège demanda beaucoup plus d'énergie qu'elle ne l'avait prévu et elle finit par arrêter, tout son corps tremblant de fatigue. Le sorcier finit lui aussi par s'arrêter. Comme il n'y avait plus que quelques plaies, Fred n'était plus en danger de mort immédiat – à moins bien sûr que les plaies ne se rouvrent, ce qui était fort probable.  « On a fait le plus gros, vous devriez l'emmener à Ste Mangouste maintenant. Vous pensez pouvoir transplaner ? » La jeune femme répondit par un signe de tête à l'affirmative. Il le fallait, la vie de Fred Weasley en dépendait. Le sorcier adressa donc un bref signe de tête à Kayla, qui le lui rendit à peine, avant de vaquer à d'autres occupations, comme soigner d'autres gens, aider les Oubliators, bref, le genre de choses que l'on fait quand deux camps opposés de sorciers se livrent une bataille sans aucune forme de pitié en plein Londres.

L'essentiel pour le moment était de faire soigner son boss, qui commençait à s'agiter un peu. Elle souleva donc le rouquin par les épaules avec un grognement et concentra toute son attention sur la destination qu'elle voulait atteindre. Elle devait ignorer les bruits extérieurs, oublier momentanément ce qui venait de se passer... Ste Mangouste.
« Pop ! » Elle sentit ses pieds heurter le sol et se retrouva devant la vitrine du fameux magasin qui cachait l'hopital pour sorciers. Le mannequin à l'intérieur de la vitrine hocha directement la tête et Kayla les fit entrer tous les deux à l'intérieur sans voir que les plaies de Fred s'étaient rouvertes et qu'il laissait une trainée de sang derrière lui. Lorsqu'en plein milieu du hall, elle s'en rendit compte, elle lâcha un cri paniqué avant de s'écrouler par terre en appelant à l'aide. Les Médicomages de garde et qui étaient présents accoururent pour administrer les premiers soins au Weasley, tandis que Kayla, qui tremblait encore plus qu'avant, était accroupie auprès de lui, les bras serrés autour de ses genoux et se balançait d'avant en arrière sous l'effet de l'angoisse. L'un des guérisseurs vint s'occuper d'elle, lui parler, demander les circonstances de l'attaque. Elle inventa une histoire, en espérant qu'elle aurait le temps d'informer Fred sur la version des faits qu'il devait donner avant qu'il n'invente une histoire lui-même. Si les propos qu'ils tenaient n'étaient pas cohérents entre eux, ils seraient dans les ennuis jusqu'au cou... Si c'était possible de l'être plus que dans le cas présent, en ce qui concernait le Weasley – qui recommençait à s'agiter, d'ailleurs.

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