Fear has no power # Kayla & Fred

Une guerre ne laissait jamais de survivants. C'était ainsi que ce mécanisme cruel prenait des vies sans pitié. C'était ainsi depuis que les forces du mal étaient réapparus. Aujourd’hui, cela aurait dû être le cas. Une personne aurait dû mourir et pourtant, il se trouvait sur ce lit d'hôpital profondément endormi. Une lutte qui n'avait pas eu lieu d'être, Fred devait simplement transmettre une information, pas se retrouver dans un guet-apens inextricable qui plus est, en compagnie de son employée. Mourir en héros, était-ce réellement son voeu? Absolument pas. Weasley était de ceux qui comptait rester en vie bien longtemps, sans avoir à se soucier de qui le suivait et de ce qu'il devait faire pour continuer d'arpenter cette Terre. C'était aussi ce souhait d'avoir une vie en paix qui l'avait obligé à rentrer dans l'Ordre. Même après sa chute de la soirée, le sorcier n'avait aucunement l'intention d'abandonner, au moins, il avait une raison de se lever et de retrouver les champs de bataille bien vite. Il y avait une guerre à mener, à gagner pour enfin pouvoir vivre en tranquillité.
Le prix à payer était gros. Bien trop important. Sa vie était à la limite de s'écouler entre ses plaies béantes. Le sortilège avait fait des dégâts considérables, certes réparables puisque pris à temps. On lui avait sauvé la mise une nouvelle fois. Fred, au bord du gouffre, ouvrit les yeux. Visage cadavérique, souvenirs douloureux d'un combat pour lequel il n'avait pas l'impression d'avoir joué un rôle majeur. Qu'en avait été l'issue? Fred se posait un tas de questions, soucieux de ne pas avoir fait trop de mal autour de lui malgré les circonstances... Il découvrit qu'il était à Ste Mangouste et qu'il souffrait de la hanche mais il semblait pouvoir sentir tout le reste de son corps. Sa surprise fut bien plus grande lorsqu'il vit Kayla entrer dans la pièce. Au moins, elle semblait debout elle aussi. Il se remémora son geste pseudo-héroïque et étouffa un sourire. Plus jamais on ne le reprendrait à inviter une jeune femme à sortir avec les conséquences désastreuses qui en découlaient. Stark s'approcha et Fred tenta de se remettre d'aplomb -une question de fierté, vous comprenez- mais il réalisa bien vite qu'il était encore un peu trop faible pour cela.

Rappelle moi de ne plus t'emmener dans un bar moldu... Bien trop dangereux. J'ai loupé quoi? J'ai comme l'impression d'avoir raté le plus divertissant...

Il étala un large sourire sur ses lèvres. Ne jamais perdre pied, ne jamais laisser son humour disparaître, ce jour là il serait fini. Il regarda Kayla et attendit que les informations viennent à lui.

Cette nuit-là avait été longue, très longue pour Kayla. Elle avait tout d'abord cherché à s'échapper de chez elle, oppressée par son père. Elle avait finalement croisé un de ses patrons alors qu'elle était perdue dans Londres et lui avait évité une agression. Les choses étaient plus graves que ce qu'elle avait imaginé, vu la réaction du Weasley – qui s'était avéré être Fred. Il l'avait alors amenée dans un bar moldu, et tous deux avaient fait semblant d'être en rencard. Si les choses avaient semblé s'améliorer à ce moment-là, ce n'était qu'un leurre. Ils avaient été retrouvés et s'étaient fait attaquer par des mangemorts en plein Londres. Ils avaient réussi à déplacer la bataille dans les ruelles, loin du centre-ville mais la bataille avait été rude. La jeune femme avait été frappée par un Doloris, une expérience cuisante qui mettait encore ses nerfs à rude épreuve. Elle supportait tout juste d'être touchée, et lorsqu'elle avait enfin réussi à dormir, pendant l'heure du déjeuner, elle s'était réveillée en sursaut, effrayée par un éclair de lumière rouge. Au moment où tout semblait gagné, Fred s'était retrouvé touché par un Sectumsempra, un sortilège qui aurait pu le tuer. Mais la jeune femme l'avait emmené à Ste Mangouste et il avait pu être sauvé. Les guérisseurs l'avaient pris en charge juste à temps. Kayla avait insisté pour qu'on ne s'occupe pas d'elle. On lui avait simplement prescrit des potions pour qu'elle puisse dormir. Ils avaient ensuite pris en charge le rouquin et Kayla s'était chargée d'aller avertir George. Elle s'était rendu à l'appartement, lui avait appris ce qu'elle savait. Il l'avait à peine remerciée, ce dont elle ne se formalisait pas. Dans ce genre de situations, c'était tout à fait normal. Elle lui avait proposé de s'occuper de la boutique au moins pour la journée. Son deuxième patron s'était donc empressé de prévenir le reste de la famille, puis avait couru rejoindre son jumeau.

Ceci fait, il avait fallu tenir la boutique. Heureusement, c'était une période creuse de l'année, il y eut peu de clients et pas trop de commandes. Mais bordel, ce qu'ils avaient comme paperasse à faire ! Ces deux flemmards avaient en plus pris du retard ! L'ancienne Serdaigle s'attacha donc à remettre de l'ordre dans tout ça et finit par arrêter en s'arrachant les cheveux. Elle n'était pas en état d'y arriver, et puis c'était leur problème, pas le sien. Vivement qu'ils reviennent ! Elle se permit de fermer plus tôt qu'à l'accoutumée. De toutes façons, elle n'aurait pas tenu plus longtemps. Son corps était raidit de courbatures, elle était morte de fatigue et elle avait besoin de sommeil pour assimiler ce qu'elle avait vécu ; mais elle imaginait parfaitement la réaction des parents Stark en voyant rentrer leur fille. Elle verouilla la boutique et transplana.
La fin d'après-midi ne s'était finalement pas trop mal passée. Ses parents étaient plus inquiets que furieux, son père ayant eu des échos de « l'incident » de la veille. Après avoir assuré qu'elle se sentait bien et après avoir prit deux cafés pour tenir encore quelques heures, elle se rendit à Ste Mangouste. A l'entrée, elle croisa George et deux autres personnes, aux visages pâles et inquiets, une petite femme replète et un grand homme mince, tous deux roux eux aussi. Elle supposa donc qu'ils devaient être Mr et Mrs Weasley. Elle bavarda quelques minutes avec eux, assura à George que tout allait bien à la boutique et que s'ils le désirait, elle s'en occuperait encore pendant quelques jours. Cette fois-ci en revanche, chacun des trois Weasley la remercia chaleureusement et la rassurèrent sur l'état de santé de Fred, même s'il n'était toujours pas réveillé. Cela ne comblait nullement l'immense sensation de culpabilité qui pesait sur ses épaules – si ses sortilèges de protection avaient été plus puissants, il ne serait certainement pas dans cet état -, et elle avait la franche impression que cette attaque n'était qu'un début, un combat dans lequel un parti caché prenait part, mais elle fit mine de rien. Ils finirent pas se séparer et après s'être renseignée auprès de la dame de l'accueil – une femme carrément désagréable – elle monta directement voir la victime.

Son visage se ferma lorsqu'elle vit le rouquin. Il venait apparement de se réveiller. Tant mieux dans un sens, ça lui laisserait le temps de lui donner une autre version des faits avant qu'on ne vienne l'interroger. Mais il avait l'air encore tellement faible qu'elle se sentit encore plus coupable qu'avant. Il était encore d'une blancheur cadavérique, et lorsqu'il essaya de se remettre debout, une grimace de douleur vint prouver qu'il n'était pas encore en état de le faire. Involontairement, elle fronça les sourcils pour marquer sa désapprobation. Il venait à peine de se réveiller, et il voulait déjà se mettre debout ? Ridicule ! Surtout avec la blessure qu'il avait !
 « Reste couché, sinon je t'attache au lit ! » Hors contexte, cela pouvait être pris de manière très étrange, mais elle n'avait pas le goût des plaisanteries de ce genre maintenant, surtout avec quelqu'un qui la payait. Ce qui importait maintenant, c'était la santé de Fred. Malgré la tournure agressive de la phrase, elle l'avait dit sur un ton rieur, et un sourire en coin venait éclairer son visage fatigué. Elle s'assit sur une chaise près du lit du patient, qui lui, recommençait déjà à blaguer, un grand sourire aux lèvres. Il ne s'arrêtait donc jamais !
 « Et pour ma part, plus de rencard avec un roux ! J'ai eu ma dose pour un moment je crois... » Elle lui rendit son sourire et l'observa un instant avant de reprendre son sérieux. Il fallait le mettre au courant avant qu'un des guérisseurs n'arrive dans la chambre.
 « Bon, tu dois te souvenir qu'on s'est battus en plein Londres... Juste à la fin, un des mangemorts lancé un sectumsempra vers nous avant de transplaner avec les autres. J'aurai du me le prendre, sauf que tu m'as poussé et du coup, tu as commencé à te vider de ton sang par le côté gauche. » Elle s'interrompit quelques instants, les souvenirs lui remontaient et la vue de tout ce sang risquait de la rendre malade, surtout dans l'état de fatigue dans lequel elle était. Lorsqu'elle reprit, elle ne regardait plus Fred. Comment aurait-elle pu, alors que c'était de sa faute si il était dans un lit d'hopital à Ste Mangouste ?  « C'était assez gore, mais un sorcier du Ministère est arrivé, et grâce à ça, on a pu refermer quelques plaies pour que je puisse t'emmener à Ste Mangouste. Quand je suis arrivée dans le hall, tu avais recommencé à te vider de ton sang. Ils t'ont tout de suite pris en charge, donc tu as pu t'en tirer. Je suis restée au début, mais ils étaient au courant qu'il y avait une méga-embrouille, donc ils ont commencé à m'interroger. J'ai dit qu'on était sortis prendre un verre et qu'une bande de sorciers avaient commencé à nous attaquer. » Elle lui jeta un coup d'oeil, avec un grand sourire.  « Ils avaient l'air désolés pour nous, c'était magnifique ! » Elle reprit un air normal avant de continuer à parler.  « Ensuite comme on m'a dit que je pouvais rien faire à part attendre, je suis ressortie, je suis allée à votre appart' et j'ai prévenu ton frère. Je me suis occupée de la boutique pour lui, ensuite quand je suis rentrée je me suis fait trucider, je me suis droguée au café et ensuite je me suis dit que j'allais passer voir si tu allais t'en sortir. J'ai croisé George et vos parents dans le hall, ils viennent de partir. Je m'attendais pas à ce que tu sois déjà réveillé... » conclut-elle, la voix cassée d'avoir autant parlé d'une traite et aussi de fatigue. Elle s'affala un peu plus dans son fauteuil, toujours meurtrie de courbatures. Elle avait volontairement omis son sentiment de culpabilité, son sentiment d'impuissance quand elle avait été à la boutique toute seule et ses propres blessures – psychologiques, pour le Doloris, et quelques égratignures dans les mains et sur les jambes. Ce n'était vraiment pas la peine qu'il s'occupe de ça, il devait déjà digérer beaucoup de choses pour quelques jours.

Spoiler:

La mort aux trousses, il fallait avouer que depuis quelques semaines, la vie des Weasley ressemblait étrangement à un mauvais film d'action qui ne semblait pas avoir de fin. Tenter de survivre, de se cacher et surtout de continuer à réaliser toutes sortes de missions secrètes afin de faire avancer la lutte contre le Mal. A certains moments, la tension était difficile à supporter, d'autant plus que les jumeaux avaient une affaire à faire tourner. Le pire bien entendu, c'était la paranoïa. D'une famille innocente, bien sous tous rapports et toujours le sourire aux lèvres, on passait à des gens stressés, sur leurs gardes et les réunions avaient bien changé, la peur les nouant, comme si c'était la dernière fois qu'ils se voyaient au complet. C'était certainement l'ambiance qui devait régner dans le hall avec le reste de famille, Fred avait beau causer des troubles, il était aimé et était indispensable à l'équilibre familiale.
Encore un peu endormi, Fred tentait de réaliser ce qui s'était passé, chose clairement difficile après tous ces éclairs aveuglants, ces sortilèges lancés au hasard et surtout la douleur atroce avant de s'évanouir. Tout était allé bien trop vite, la fulgurance des évènements lui faisait mal à la tête, à moins que ce ne soit le traitement que les médecins lui avaient prescrit. Lorsqu'il vit arriver Kayla, sa première tentative fut bien sûr de montrer qu'il allait bien, tout cela n'avait pas été concluant, il s'était bien vite recouché alors que la jeune femme commentait sa plaisanterie. Il fallait avouer que ce "rendez vous" avait non seulement été un fiasco mais ils avaient bien failli y rester...

Tu as raison! A partir de maintenant, il va falloir conserver un périmètre de sécurité entre nous deux si tu ne veux pas finir en charpie!

Il lui fit un clin d'oeil, après tout, malgré les blessures et la douleur, l'envie et la motivation étaient toujours là. Rien ne le faisait tomber, certainement pas un tyran, encore moins une blessure, Fred était certain de se remettre de tout, sauf de la perte de son jumeau évidemment... mais il tentait de ne jamais y penser. Ce qui comptait était le présent et voilà que Kayla partait sur une explication de leur passé récent. Fred la regarda avec des yeux écarquillés, tentant de suivre son raisonnement. Il fallait avouer qu'il n'était pas encore au top de sa concentration mais il capta quelques bribes de ce que dit la jeune femme. Cela ne valait rien qui vaille, le Ministère demanderait des comptes et c'était ce qu'avait prévu Stark lui racontant la nouvelle version des faits. Le roux hocha la tête en signe de compréhension avant de reprendre sa respiration.

Wow Stark, doucement au niveau du débit. Tu sais que j'ai failli y passer là? Non, parce que mon cerveau a du mal à intégrer toutes les informations mais je crois que tout me revient maintenant... Un sacré pétrin, je suppose que si tu me vois disparaître, tu sauras où chercher... Le Ministère ne laissera certainement pas passer cette histoire... Il faut croire que le règne de Farces pour Sorciers Facétieux a des chances de continuer sans Fred à la barre...

Un léger sourire triste s'étala sur son visage avant d’enchaîner avec une grimace de douleur. Les massacres et les coups bas ne s'arrêteraient-ils jamais? Il y avait fort à parier que non et il était bien persuadé qu'il devrait payer le prix de son imprudence. Il échangea un regard lourd de sous entendus à Kayla, en espérant qu'au moins elle, reste en sécurité...

Kayla était déchirée, pour ainsi dire. Elle n'aimait pas les hôpitaux, l'odeur des médicaments, des potions, et puis elle revoyait son père, incapable de marcher, allongé sur son lit d'hôpital. Elle ressentait le même sentiment de panique, d'oppression qui avait accompagné ces visites, sauf que cette fois-ci elle était en plus écrasée par la culpabilité. Si elle n'avait pas été là, aucun des évênements de la nuit passée ne serait arrivé... Si elle n'avait pas été là, Fred n'aurait pas eu à être hospitalisé à son tour. Morte de fatigue et accablée, elle n'osait même plus le regarder. Elle gardait le regard au loin, dans le vague. Bon, elle lutait aussi pour les garder ouverts. Mais il n'était pas l'heure de dormir : il y avait encore des choses importantes à régler. C'était ce qu'elle était venue faire, même si elle ne s'attendait pas à ce que le Weasley soit déjà sur pied.
Pour quelqu'un qui venait de se réveiller, son cerveau fonctionnait à plein régime. Comme quoi, malgré tout ce qu'avait pu dire les mauvaises langues de Poudlard, les jumeaux Weasley étaient des génies – dans leur genre, c'était juste la nuance à saisir. Il eut l'air d'approuver la version des faits qu'elle avait présenté, ce qui la rassura un peu. Elle n'était pas au courant de toutes les implications de cette histoire, et ce n'était peut-être pas le moment de lui redemander vu ce sur quoi ça avait débouché la dernière fois, mais ça sentait l'emmerde à plein nez. Et elle n'était pas assez stupide pour ne pas assurer ses arrières.

 « Tu comprends pourquoi il fallait que je t'en parle en premier... » fit-elle avec un air sarcastique qui cachait du mieux qu'elle le pouvait l'angoisse qui l'habitait. Ils étaient dans les ennuis jusqu'au cou. Et elle ne serait pas épargnée : elle était la première à avoir jeté un sort, elle avait stupéfixé l'homme la première. Si le Ministère venait à apprendre ça, elle était foutue. Mais il n'y avait pas qu'elle. Son père travaillait au Département de la Justice Magique, les conséquences seraient lourdes pour lui aussi. Sans s'en rendre compte, elle avait entrainé toute sa famille dans un conflit dont elle ne savait rien. Heureusement qu'elle avait pu passer chez elle discuter avec son père, essayer de préparer le terrain. Son père se débrouillerait pour récupérer l'enquête, ce qui leur assurait quasiment d'être tranquilles. Encore fallait-il que cela soit fait et tant que ce n'était pas confirmé, ils devaient faire attention à tout ce qu'ils diraient.
La suite du petit monologue du rouquin lui cloua le bec, et le regard triste et plein de sous-entendus qu'il lui lança lui fit l'effet d'une douche glacée. Comment ? W&W sans Fred ? L'entreprise des jumeaux sans un des jumeaux ? Non. Non, non, non, pas tant qu'elle avait son mot à dire, et Merlin savait qu'elle parlait beaucoup. Elle fronça les sourcils en se rapprochant un peu de lui. Ok, il était dans un lit d'hôpital, dans une chambre toute blanche, mais bordel, il était Fred Weasley. Il n'allait pas se laisser abattre comme ça !
 « Et c'est là qu'on se dit qu'on aimerait tous avoir un Stark chez soi ! » Elle ne put retenir un sourire fier en voyant l'air interloqué du rouquin.  « Oui, disons que c'est pratique d'avoir un Papa Stark qui va récupérer l'enquête sur le petit 'incident' de la nuit dernière... Vu que sa fille est impliquée, il est extrêmement motivé pour ça. De toutes façons, on a fait que se défendre. Il y a des témoins, je veux dire, des témoins sorciers à qui on a pas effacé la mémoire. Ils ont vu qu'on était tranquilles là-bas et qu'un mec s'est mis à nous attaquer, que nous on s'est tirés et qu'on a pas utilisé de sortilège impardonnable. Techniquement, on a rien à se reprocher. » Elle se tut le temps de laisser le temps à Fred de capter tout ce que cela voulait dire, avant de se rapprocher un peu plus de lui, mi-amusée, mi-menaçante.
 « J'ai rien dit à ton frère pour pas lui mettre la pression, mais c'est hors de question que l'un de vous deux abandonne la boutique. Vous avez un retard phénoménal dans la paperasse, donc vous avez intérêt à vous y mettre tous les deux – elle appuya largement ces trois mots – parce que c'est impossible de s'y retrouver dans votre bordel... En gros, faut que tu reviennes et donc, tu reviendras. Point barre. » Elle éclata d'un rire nerveux en se reculant. Elle avait vraiment besoin de dormir...  « Excuse-moi, c'est juste que... C'est pas facile de digérer tout ça... »

La porte s'ouvrit brusquement pour laisser entrer un homme en blouse blanche, les guérisseurs avaient du être alertés par le bruit qui venait de la chambre. Le médicomage eut l'air surpris de voir les deux jeunes gens en train de discuter si vivement mais le fait que ce soit Kayla qui soit présente, enfoncée dans son siège, proche du rouquin, ce fait-là donnait du sens à l'histoire qu'elle leur avait raconté en déboulant couverte de sang pendant la nuit.
 « Bien, Mr Weasley, vous avez donc finit par vous réveiller ! Comment vous sentez-vous ? Vous savez pourquoi vous êtes ici ? » fit-il, très calme, en avançant un peu vers le lit du patient, un sourire paternel sur les lèvres.

L'idée vint à Kayla qu'elle n'était peut-être pas censée rester et elle jeta un coup d'oeil inquiet à Fred. Que devait-elle faire ? Rester, s'en aller ? Jouer les petites-amies inquiètes ? Elle guettait un signe du rouquin qui lui indiquerait la marche à suivre, parce qu'elle sèchait totalement. Elle était totalement out, physiquement et moralement.

Se retrouver dans cet endroit que le commun des mortels haïssait plus que tout au monde, Fred ne se sentait nullement à sa place. Après tout, il n'avait jamais été un réel combattant, certes, il possédait un certain talent avec les sortilèges mais ce n'était pas pour autant qu'il avait brillé pendant sa scolarité au contraire. Aujourd’hui, le monde était sens dessus dessous et il avait la très nette impression d'être un des responsables. Encore une fois, il n'avait pas réussi à mettre une fin à sa mission. Elle avait semblé très simple mais le rouquin avait quand même trouvé le moyen de dériver de son objectif en rencontrant Kayla à un instant où il aurait mieux valu l'éviter absolument. Les conséquences avaient été désastreuses et à cette idée, Weasley se sentait mal. Des gens étaient morts, des moldus avaient subi les douleurs de leur monde, ce n'était pas ainsi que cela devait fonctionner. L'angoisse, Fred ne ressentait plus que cette sensation, il tentait de contenir son traumatisme, ce n'était pas le moment d'effrayer Kayla qui semblait elle aussi au bord de la rupture. Cette nuit, ils ne l'oublieraient certainement jamais alors qu'ils se faisaient une promesse silencieuse de conserver une bonne partie de l'histoire secrète.
Lorsque Kayla accentua son propos en lui disant qu'il avait été primordial qu'elle discute avec lui des modalités avant qu'un agent du Ministère ne débarque, Fred hocha la tête en signe de compréhension. Ils étaient dans un sacré bourbier et Fred ne put contenir plus longtemps la peur que le Ministère le fasse disparaître d'une manière ou d'une autre. La mort, c'était la seule manière de se faire pardonner dans cette guerre. Une fois qu'on y rentrait, la seule issue était d'y laisser la vie. Lorsqu'il émit ses doutes à voix haute, Kayla s'approcha et prit la parole. Son père se chargeait de l'affaire, personne n'en saurait jamais rien s'ils arrivaient à tenir leur langue. Plus facile à dire qu'à faire quand on connaissait les méthodes du nouveau Ministère de la Magie, le contexte avait changé, il n'y avait plus de place pour la compassion. Ceux qui avaient été vos amis auparavant périssaient de la même manière que vos ennemis de toujours. C'était ainsi que cela fonctionnait aujourd'hui même si le roux le déplorait.

Il partagea un regard avec Kayla, un brin de désespoir pouvait se lire mais il conservait un optimisme surprenant. Fred était capable de tenir jusqu'au bout, même sous la torture. Rien ni personne ne lui retirerait son intégrité ou son amour de l'honneur. Quoiqu'il en soit, Weasley était un peu rassuré avoir entendu le discours de Kayla et lui fit part de son opinion.

Tu me rassures là.. Enfin, à moitié. C'est déjà ça de pris, tu sais bien que je t'ai entraîné dans cette histoire... Je devais juste faire quelque chose pour.. Enfin, pour... Que le bien triomphe et j'ai échoué. En plus de ça, je t'ai fait courir un danger trop important, je suis désolé Kayla.

S'excuser, fait assez rare quand on connaissait les jumeaux mais c'était certainement une sensation plaisante. La suite de la conversation dériva sur le pessimisme nouveau de Fred. Stark ne semblait pas vraiment approuver ce comportement. Elle prétexta un boulot monstre au magasin, ce qui fit sourire Fred évidemment. Il fallait avouer que les Weasley avaient toujours un retard fou dans les papiers. Ce n'était vraiment pas leur domaine de prédilection mais Weasley avait décidé de faire un effort, après tout, s'il avait failli mourir, c'était sûrement un message...

D'accord chef! Je ferais un effort, si j'arrive à sortir de ce lit d'hôpital en vie bien évidemment! Ce qui risque d'être difficile si tu me donnes des ordres ma chère, tu sais que je suis allergique à l'autorité!

Il rit quelques secondes avant de se rendre compte que cela accentuait sa douleur. Il se calma bien vite pour colmater la plaie et lorsqu'un médicomage fit son entrée. Un sourire aux lèvres, ironique bien sûr, Fred regarda l'homme se diriger vers lui en posant tout un tas de questions...

Disons que j'ai été pris dans une embuscade alors que je me promenais avec ma fiancée.. Rien d'extraordinaire vous savez!

Il étouffa un rire avant de regarder Kayla, lui attrapant la main pour protéger leur couverture. Le sorcier se demandait quand ils seraient enfin tranquilles, ce ne serait certainement pas tout de suite au vue de la bataille de la veille...

Ca avait été une soirée horriblement marquante pour eux deux. Kayla n’était peut-être pas dans un lit d’hôpital mais elle n’en restait pas moins traumatisée par ce qui s’était passé, d’autant plus qu’elle avait dormit tout juste deux heures depuis. C’était le genre d’épreuve qui vous faisait mûrir d’un coup, trop vite. C’était donc ça, le vrai quotidien de la plupart des gens : l’angoisse, la culpabilité. Elle n’avait pas l’air d’être la seule dans cet état de fragilité : personne n’avait jamais entendu un des jumeaux Weasley s’excuser, à sa connaissance. Elle en ouvrit les yeux ronds comme des soucoupes, partagée entre la stupéfaction et sa propre culpabilité. Elle ne sut donc pas quoi répondre, elle ne fit que secouer la tête de droite à gauche, incrédule. C’était de SA faute à ELLE. Il n’avait certainement pas à s’excuser de quoi que ce soit, elle avait insisté, elle avait jeté un sort la première alors que lui avait cherché à l’en empêcher. N’importe quoi.
Heureusement, elle réussit à le faire sourire avec ses réflexions sur le boulot monstre au magasin. Elle n’avait pas exagéré, c’était ça le pire. On voyait bien quel était le domaine de prédilection des jumeaux dans ce genre de situations… Elle avait cru devenir folle, ce matin, enfin, encore plus qu’avant quoi ! Evidemment, il trouva le moyen de plaisanter dessus, ce qui lui rendit un peu le sourire. « Heureusement que je ne te donne pas d’ordre alors ! Je t’explique simplement ce qui va se passer ! » Son air ironique s’effaça pour lui laisser la gorge nouée devant les grimaces du rouquin. Ils avaient beau en plaisanter, tant qu’il ne serait pas de retour à la boutique à charrier tout le monde, elle ne serait pas rassurée sur son état.

Voyant l’air de Kayla, le médicomage qui était entré lui avait fait signe de rester assise. « Ne vous inquiétez pas, vous pouvez rester. Nous ne lui ferons pas d’autres examens avant demain. » Il avait attendu une réponse du rouquin, qui n’avait pas tardé. Elle se laissa saisir la main sans broncher, même si elle eut du mal à se contenir lorsqu’il parla de sa « fiancée ». Elle serra trop fort la main du Weasley en guise d’avertissement. S’il en faisait trop…
Mais le guérisseur se contenta d’hocher la tête à l’affirmative. « Bien. Je vois que vous êtes en bonne compagnie – il leur fit un clin d’œil qui fit rougir la jeune femme – donc je reviendrais plus tard. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à nous appeler. N’oubliez pas que les visites sont autorisées jusqu’à 21h, sinon vous serez contrainte d’être enfermée ici jusqu’à demain matin mademoiselle. » Kayla lui adressa un sourire de remerciement, machoires serrées, et dès que la porte se referma sur lui, elle se retourna vers le rouquin.

« J’aurais au moins pu être au courant qu’on était fiancé, mon cher ! » fit-elle en le fusillant du regard. Mais en voyant l’air encore cadavérique du rouquin, elle poussa un soupir à fendre l’âme. « J’espère au moins que George ne sera pas trop jaloux quand on devra lui dire… » ajouta-t-elle avec un air espiègle. « J’ai hâte de voir la réaction de ta mère, aussi ! » ajouta-t-elle avant d’éclater franchement de rire. Il avait commencé, il l’avait donc bien cherché ! Mais bien vite, la culpabilité reprit le dessus. Qui était-elle, pour se permettre de se moquer de lui, alors que c’était à cause d’elle qu’il était ici ?
« Désolée, je devrai pas rire, c’est à cause de moi si tu es dans cet état… »

Allongé sur ce lit d'hôpital, Fred ne voyait pas l'avenir d'une façon très encourageante. Le lendemain semblait bien plus effrayant que la veille et pourtant, il continuait d'utiliser son humour pour prouver qu'il n'avait peur de rien et surtout pas des conséquences de ses actes douteux. Kayla semblait elle aussi angoissée mais répondait tout de même à ses remarques habituelles. Elle lui répondait qu'elle ne lui donnait pas d'ordre mais qu'elle était juste là pour servir de pont pour lui apprendre la suite des évènements. Fred hocha la tête en signe de compréhension, à vrai dire, il riait un peu de la situation. Il y a quelques jours, il était encore son patron et aujourd'hui, on avait plus l'impression que la relation était inversée. cela le faisait rire plus que cela ne le dérangeait et il le montrait à travers son attitude.
Par la suite, un médicomage avait fait son entrée prodiguant des conseils sur la santé de Fred. Celui-ci semblait peu enclin à prendre garde aux propos de l'homme. Non, il souhaitait surtout protéger Kayla des évènements de la veille. Il avait donc menti, prétextant une relation amoureuse entre eux deux. Il n'était pas forcément à son aise intérieurement mais il ne le montrait guère, un sourire et des regards plein d'entrain cachant ses angoisses. Il attrapa même la main de la jeune femme alors qu'il sentit à travers la réaction de Stark qu'elle désapprouvait son plan. Weasley la regarda avec un air amusé, il n'écoutait jamais personne et ce n'était pas aujourd'hui qu'il commencerait apparemment... Le médicomage les regarda avec envie et leur indiqua qu'il les laissait tranquille, en tête à tête. Fred vit Kayla rougir et pensa tout bas qu'il avait eu une excellente idée pour la mettre mal à l'aise puis il remercia le médecin avant de le regarder quitter la pièce.

Soyez assuré que je la jetterais dehors dès 21h monsieur! Je vous remercie en tout cas et certainement à demain pour la suite du supplice!

Une fois que le médicomage fut dehors, Fred se retourna vers Kayla. Il s'attendait à un un ouragan mais la jeune femme sembla en rire, avec une pointe d'ironie tout de même. Forcément, elle insista sur les conséquences de ce léger mensonge: Georges, sa mère... Le rouquin ne préférait pas penser à leurs réactions s'ils apprenaient ce fait par le médecin. Fred rit en choeur avec son employée puis celle-ci se stoppa, s'excusant de rire alors qu'il était cloîtré à Ste Mangouste. Fred effaça également son sourire mais n'était nullement vexé par les propos de la jeune femme, il lui en fit part...

Je suis sûr qu'ils en seraient ravis... Molly voir son cher fils finalement entrer dans le droit chemin, j'imagine déjà la scène... Georges, c'est une autre histoire, c'est vrai... Kayla, ce n'est vraiment pas de ta faute si je suis ici. Et de toute manière, qui s'en soucie? Regarde, on est tous les deux en vie et désormais fiancés! Plus besoin de ressasser le passé tu vois bien!

Et le sourire reprit la place qui lui était dû au milieu du visage du roux. La vie continuait et Fred ne comptait pas s'arrêter de fonctionner de la sorte, peu importe les conséquences...

Si Kayla avait l'air tendue, il n'en était rien du Weasley qui riait allégrement à tout ce qu'elle disait, et même du fait qu'elle se montre assez autoritaire envers lui. Cela n'était pas vraiment son rôle de faire ça : elle n'était que son employée, rien d'autre. Certes, ils s'entendaient bien et se permettaient de se faire quelques blagues entre eux – comme la fois où elle s'était endormie et qu'il l'avait réveillée avec un magnifique Aguamenti – mais elle ne se serait pas permis de lui donner des ordres, même sous la forme de plaisanterie. Aujourd'hui, c'était différent. Elle lui avait sauvé la mise par deux fois la nuit précédente et elle était la seule debout des deux alors forcément, celle qui était en position de force, c'était bien la Serdaigle. Il n'avait pas l'air trop dérangé par ça mais de toutes façons, il n'avait pas vraiment le choix.
Le médicomage avait fait son entrée, sans doute prévenu par un truc de guérisseur dont elle ne savait rien. Double source de gêne, entre le Weasley qui s'en donnait à cœur joie, saisissant sa main, annonçant leurs fiançailles – quite à être fiancée, elle aurait bien aimé être au courant – mais n'avait pas l'air de se soucier plus que ça de sa santé, et le médecin paternaliste, avec clins d'oeils et sourires entendus, et même regards envieux. Avaient-ils l'air autant en phase que ça ? Ils ne sortaient même pas réellement ensemble ! Si un jour ils s'y mettaient, qu'est-ce que ça donnerait... La sorcière était mal à l'aise et si, lorsque le guérisseur était encore dans la pièce, elle le masquait en baissant les yeux avec des sourires gênés, lorsqu'il sortit, elle eut envie de remettre le rouquin à sa place, violament, avec une bonne humiliation. Mais c'était impossible. Il était déjà dans un lit d'hôpital à cause d'elle, elle n'allait pas en plus l'engueuler quand il cherchait à leur trouver un prétexte pour la veille. Non, elle prit le parti d'en rire. Le rire était la meilleure arme face à l'angoisse qui les habitait, de toutes façons, et c'était quelque chose dont la communauté sorcière anglaise manquait cruellement en ce moment. C'était d'ailleurs la raison qui l'avait poussée à se tourner vers les jumeaux, dont un qui tenait toujours sa main sans que cela ne la dérange – ils n'étaient plus vraiment à ça près, étant donné qu'elle l'avait un peu rafistolé quelques heures auparavant.

La réponse du rouquin la déconcerta un peu. Molly ? Qui était cette Molly ? Ah, sûrement la petite femme à l'air inquiet à qui elle avait brièvement parlé dans le hall. Oh, effectivement, elle imaginait assez bien la réaction des parents Weasley et malgré le sentiment d'abattement qu'elle éprouvait, l'évocation que Fred en faisait lui donnait le sourire. Mrs Weasley – elle n'allait tout de même pas l'appeler Molly ! - en ferait sûrement tout un foin, surtout qu'il s'agissait d'un des jumeaux, les fameux jumeaux Weasley ! Ceux qui n'écoutaient rien ni personne, qui avaient fait la fuite la plus magistrale de Poudlard, avaient réussi à faire plier Peeves à leurs directives, et narguaient tout le monde avec leur boutique ! Oui, elle imaginait bien la petite rousse passer par tous les stades d'émotions possibles et ça avait quelque chose de très amusant. Sa propre mère serait sûrement pareille. Il passa rapidement le sujet sur George en revanche, était-ce un sujet à problème ? Elle n'en savait rien. Ses frère et sœur à elle se foutaient complètement d'avec qui elle sortait, tant que lesdits copains ne lui faisaient pas de mal. Elle gardait en mémoire un épisode assez impressionant lors de sa dernière année à Poudlard, un garçon de Poufsouffle avec qui elle était à l'époque qui n'avait pas la même notion de fidélité qu'elle. Oh, Emily et Allen avaient fait en sorte qu'on n'entende plus parler de lui pendant un moment. Peut-être qu'eux pourraient la renseigner sur la question d'ailleurs ; mais ils étaient faux-jumeaux, le lien ne devait pas être exactement le même entre Emily et Allen qu'entre Fred et George. Faudrait que je leur écrive demain d'ailleurs, voir comment ils survivent à Poudlard... Enfin, ce qu'il en reste.
Il tentait ensuite de la rassurer, arguant qu'il ne lui en voulait pas. C'était bien beau de dire ça, mais ça n'empêchait pas qu'elle se sentait toujours responsable de la situation. Mais les remarques qui suivirent réussirent à rendre son sourire à Kayla, qui vrilla de nouveau ses yeux vers ceux de son boss.
 « C'est vrai, désolée... Mais dans le même temps, je ne suis pas sûre que ça dure très longtemps entre nous, si tu ne me parles pas des trucs importants, genre nos fiançailles puisqu'on a évoqué le sujet ! J'aimerai bien être la première au courant pour ce genre de choses la prochaine fois ! Tu me préviendras quand on sera mariés avec enfants au moins ? » fit-elle en lui tirant la langue. D'un autre côté, s'il continuait à inventer des histoires fantaisistes comme ça, ils allaient forcément finir par émettre des incohérences et ramener les soupçons vers eux. Kayla s'était déjà assurée de couvrir leurs arrières, ce n'était pas pour tout foirer après : ils avaient déjà causé assez de remue-ménage pour toute une vie, de son point de vue.
 « Je ferai bien de mettre Papa Stark au courant de ça, d'ailleurs... En espérant qu'il ne vienne pas t'achever ici après ! » Elle éclata franchement de rire en imaginait la scène qu'il ferait. « Au fait papa, je m'suis fiancée avec le gars avec qui je m'suis fait agresser l'autre jour, tu reveux du thé ? » Et ledit Papa Stark – comme elle aimait beaucoup l'appeler, à son grand damn – de transplaner sur le champ en hurlant des malédictions contre la famille entière de rouquins. « M'voyez jeune pomme, ça c'ma fille, et on y touche pas, capiche ? » Oui, elle voyait bien son père faire toute une scène de cette histoire qui n'était même pas réelle. Mais ça pouvait quand même se révéler très drôle à voir, surtout pour elle en fait.  « Beuah, je viendrais avec lui, comme ça je te sauverai la vie pour la... combien de fois déjà ? Troisième fois si je me souviens bien ? En toute modestie, bien sûr... Mais c'est normal, c'est moi la meilleure de nous deux. » ajouta-t-elle avec un sourire qui révélait toutes ses dents et un clin d'oeil amusé et complice.  « Tu devrais prendre un abonnement... Histoire que tu me refiles encore plus de fric ! » Elle prit un air de conspiratrice, avant de mimer le panneau qu'elle allait annoncer de sa main libre.  « L'abonnement Kayla, c'est plus fort que toi ! » Elle fit mine de réfléchir quelques instants.  « Je suis sûre que je pourrai monter mon propre business comme ça. J'en parlerai à George à l'occasion, s'il est pareil que toi, vous allez en avoir besoin tous les deux ! Qu'est-ce que vous feriez sans moi, hein ? »

La sorcière leva un sourcil, un sourire de conspiratrice sur le visage. Elle avait l'air de péter un peu les plombs mais ça faisait du bien de débiter autant de conneries, et puis s'être excusée auprès de Fred lui avait ôté un poids de la conscience. Elle allait peut-être pouvoir passer une soirée agréable en compagnie du roux, - sans prendre en considération le fait qu'il soit cloitré dans un lit d'hôpital - ? En tout cas, ça peut pas être pire que la nuit dernière... se disait-elle avec raison. Non, effectivement, cette soirée-là ne risquait pas d'être gâchée par une attaque de Mangemorts. Ils pouvaient se permettre de se comporter comme de gens de leur âge : insousciants, rieurs. Sans se préoccuper des conséquences.

Spoiler:

Faire preuve d'humour, ne jamais laisser le monde vous anéantir avec des moments douloureux. Vivre sa vie au maximum, même si cela se résumait à faire des tours impromptus dans un lit d'hôpital. Fred ne se laissait jamais abattre, il aimait bien trop la vie, les plaisanteries qu'il faisait à autrui pour se morfondre sur sa condition. Certes, le sortilège semblait avoir fait des dégâts importants sur son corps désormais meurtri mais le rouquin avait bon espoir de pouvoir sortir d'ici en quelques heures. D'un optimisme décapant, Fred ne faisait que sourire. Il était en vie, Kayla également et aucun mangemort ne devrait pouvoir les atteindre à Ste Mangouste, il y avait de quoi se réjouir n'est ce pas? Enfin, c'est ce que Weasley tentait de se dire, après tout, ils pouvaient choisir George comme cibles... L'inconvénient d'avoir un jumeau est bien de voir la conséquence de nos actes atteindre cette autre partie de nous-mêmes. Il ne fallait pas penser à cela, pas alors que la veille, le businessman avait failli passer de l'autre côté de la barrière. Pour le moment, l'heure était à la guérison. Il avait certes perdu une bataille mais la guerre était loin d'être finie. Les forces du bien étaient encore en phase de ralliement et sous peu, Vous-Savez-Qui aurait de quoi avoir peur. Certains sorciers choisissaient le bon camp et ils étaient extrêmement dangereux pour le sorcier le plus maléfique de l'histoire de l'humanité. Fred n'était qu'un pion dans ce combat mais il savait pertinemment que son ami Harry mettrait fin au règne du Mal, il suffisait d'être patient...

L'humour continuait de percer dans la conversation des jeunes blessés. La mort ne les effrayait plus autant que la veille et ils tentaient tous deux d'évacuer la pression à leur manière. L'arrivée du médicomage avait semé le trouble dans l'équilibre de leur relation et Fred s'en était amusé. Annoncer leurs fiançailles au premier homme qui passait dns le coin était plutôt drôle lorsqu'on constatait la réaction de son employée. Elle semblait excédée de ne pas avoir été au courant de son plan secret. Le sourire aux lèvres, Weasley était bien heureux de son effet. Le commentaire de Kayla ne servit pas à faire disparaître ce satané étirement des lèvres du roux. Décidément, il aimait bien la voir s'énerver de ses propos...

Hum, laisse moi y réfléchir! En ce qui concerne les enfants, cela risque d'être plus difficile pour moi.. Mais le mariage, je tenterai de te tenir au courant par hibou!

Puis, Kayla commença à devenir bien volubile. Elle tentait de le déstabiliser en parlant de mettre au courant son père de la situation. Pour Fred, c'était déjà bien difficile d'imaginer sa mère face à un mariage mais le père de Kayla, c'était une autre histoire. il était certain qu'il souffrirait encore plus et se retrouverait avec de toutes nouvelles blessures. Le jeune sorcier effaça momentanément son sourire pour regarder la jeune femme avec un certain effroi...

Oh oui, quelle bonne idée! Tu réalises que je suis encore dans un lit d'hôpital et t'envisages déjà de me faire tuer? J'aurais peut être dû rester dans les vapes encore un peu!

La suite fit rire Fred. Kayla avait clairement besoin de se détendre et étrangement, Weasley commençait à penser qu'elle traînait trop avec les jumeaux. Elle faisait part avec grande modestie de la manière dont elle lui sauvait la peau à chaque fois. Evidemment, son discours était peuplé de boutades qui ressemblaient un peu aux plaisanteries des Weasley. Il était certainement temps de lui laisser des congés et Fred la regarda avec incrédulité.

Tu réalises que t'es pire que moi là? Je vais me sentir obligé de te donner tes jours de congés. Tu deviens dingue ma chère Kayla! Cela dit, sans toi... Et bien je pense que ce serait quand même difficile de gérer W&W ces temps ci. C'cela quand on est des Weasley, on a une vie de ministres!

Il sortit un sourire ravageur avant de fermer les yeux quelques instants, tentant d'imaginer ce que serait sa vie sans sa magnifique fuite de Poudlard. Il n'en serait certainement pas là et dans tous les cas, il était heureux de sa vie, aujourd'hui et maintenant, même s'il prenait tous les risques et qu'il n'était pas sûr de revoir le lendemain. Il rouvrit les yeux et regarda Kayla avec un nouveau sourire. Ils étaient loin d'être sortis d'affaire après tout...

Les yeux levés au ciel, elle lâcha un soupir. Travailler avec les Weasley était épuisant, mais elle avait l'habitude d'être constamment charriée : comme elle le disait si bien elle-même, « j'ai les même à la maison... » Mais comme ils -entendre par là Emily et Allen- étaient repartis à Poudlard, replonger dans cette ambiance détendue lui faisait un bien fou. Cependant, les plaisanteries sur ses fiançailles... C'était une autre paire de manches, étant donné qu'elle se voyait très mal se marier à 18 ans, contrairement à ce que Fred affirmait comme si de rien n'était. Enfin, si c'était un mariage par hibou express, ce n'était rien, mais les conséquences ne seraient pas moindres. Enfin pas le temps – ni la conscience – pour s'énerver, mieux valait retourner la situation à son avantage. Comme un duel de sorcier, mais par la parole – un match amical. Ils n'étaient plus patrons/employée, ils étaient simplement des connaissances discutant allègrement. Surtout Kayla d'ailleurs.

Elle continua sur sa lancée avec la menace de la réaction de son père. Cela sembla plutôt bien fonctionner, à voir la mine déconfite du Weasley. C'était décidement fort comique, comme petit jeu dangereux, mine de rien. Voir son sourire s'effacer lentement de son visage, ses sourcils se froncer ainsi, ses yeux exprimer une légère panique... Magnifique, vraiment.
 « Que veux-tu... Fallait y penser à deux fois avant d'inventer tes histoires à dormir debout ! En fait ce que je t'ai pas dit c'est qu'après je ferai la même chose à George et comme ça je pourrai récupérer votre boutique ! Hahahahaha ! » Elle simula un rire sadique, genre le rire de méchant Disney de base, pour illustrer son propos. Bien entendu qu'il n'était absolument pas dans son intention de faire un coup aussi bas à des gens biens comme eux, ce n'était qu'une simple plaisanterie... Un peu comme sa plaisanterie avec les fiançailles. Non, Kayla ne s'en remettait pas : elle avait horreur qu'on joue avec elle comme ça et elle avait beau le prendre à la rigolade cette fois-ci, elle s'assurerait qu'il tournerait 7 fois sa langue dans sa bouche avant de lâcher une connerie comme celle-là, la prochaine fois.

En revanche, le rouquin continuait de la regarder étrangement. Elle se rendit soudainement compte qu'elle ne s'était jamais autant laissée aller auparavant avec les Weasley et qu'effectivement, du coup, son comportement pouvait paraître étrange... Alors qu'elle était juste naturelle, enfin, elle se comportait comme elle-même. Son sourire s'effaça lorsque Fred évoqua la possibilité de lui laisser des congés et la qualifia même de dingue. Eh oh, moi j'ai pas dormit toute la journée j'te rappelle! Ses sourcils se froncèrent et elle dévisagea le Weasley, agacée, incapable de déterminer s'il se foutait de sa tronche une nouvelle fois ou pas. Elle reprit vite une expression plus calme, sans se remettre à sourire cependant, en entendant le compliment caché dans les paroles de Fred. Elle n'en demandait pas tant, elle ne pensait absolument pas être meilleure que lui – si elle l'avait été, ç'aurait été elle qui aurait fuit de Poudlard et qui aurait inventé toutes les choses qu'elle les aidait à vendre. Mais entendre de la bouche du roux qu'elle se rendait utile, comme elle en doutait, lui mettait du baume au cœur et contribuait à enlever le fardeau de la culpabilité des événements de la veille de ses épaules. Quant aux jours de congés, ce ne serait pas pour tout de suite. Certainement pas après ce qui venait de se passer -super logique, la Kayla.
 « Ah mais non, je suis ni dingue ni sous ton influence... Là je suis normale ! » Elle esquissa un sourire en coin devant son air intrigué.  « J'ai un frère et une sœur, des jumeaux, et ils vous ressemblent énormément, à toi et à George... Mais en modèle Stark. Et comme c'est de famille, et aussi un peu parce que je suis leur grande sœur et que je leur ai bien montré l'exemple... On peut dire que je suis un peu comme eux. » expliqua-t-elle patiemment. Elle n'en revenait pas, en y repensant, de constater à quel point ils se connaissaient mal, malgré le fait qu'ils aient passé 6 ans dans la même école, malgré le fait que ses cadets soient dans la même maison qu'eux étaient... Et malgré le fait que depuis trois mois, elle les voyait presque tous les jours, bavardaient avec eux. Elle avait même évité à l'un des deux un sort peu enviable il y avait à peine quelques heures. Comme quoi, on ne connaissait jamais vraiment les personnes de notre entourage. C'était un peu comme si en société, chacun jouait un personnage. Elle-même devait jouer quelqu'un de timide, qui n'osait pas vraiment se mettre en avant, sans s'en rendre vraiment compte, pour que le Weasley soit étonné à ce point de la découvrir sous son véritable angle.
Elle sourit à la remarque du Weasley, qu'elle n'entendit qu'à demi, plongée dans ses pensées ; et lorsque, secouant légèrement la tête avec de grands yeux, elle reporta son attention sur le blessé, qui la dévisageait en souriant, elle lui rendit faiblement son sourire, sentant ses yeux recommencer à vouloir se fermer tout seul. Sa remontée d'énergie quand elle avait vu son boss se réveiller semblait redescendre, et son corps semblait la rappeler à l'ordre.
 « Désolée, j'ai bugué je crois... » Elle arracha sa main à celle du Weasley, pour se frotter les yeux, en étouffant un baillement prolongé. La jeune sorcière ramena ses jambes contre elle, les entourant de ses bras et posa sa tête sur ses genoux, histoire d'être bien installée pour continuer à bavarder avec le Gryffondor.

 « Tu parlais de ton emploi du temps de ministre je crois... » Elle bouillonait d'envie de lui redemander la raison de ses « heures sup' » de la veille au soir, mais ce n'était vraiment pas l'endroit. Quand il sortirait, elle devrait trouver un moyen de le coincer pour l'interroger dessus. Après tout, elle aussi avait faillit y passer, elle aimerait bien savoir pourquoi elle devait maintenant jouer les futures Madame Weasley, si l'enjeu en valait vraiment la peine – oui, elle donnait l'impression que c'était l'ultime sacrifice. Eh beh figurez-vous que c'est pas très loin de la vérité. Au lieu de cela, elle prit une expression méfiante face au sourire ravi de son interlocuteur.
 « C'est quoi ce sourire, j'ai dit un truc qu'il fallait pas ? Tu m'as fait un truc ? » La Serdaigle plaqua ses mains sur son visage à la recherche d'une modification quelconque. Ces Weasley alors ! On ne pouvait pas tourner le dos deux minutes qu'ils trouvaient encore un truc à vous faire pour vous emmerder. Si elle ne l'avouerait jamais, la sorcière adorait ça ; au moins, elle était sûre de ne pas s'ennuyer – même si pour le moment, elle aurait bien aimé être au calme. Le sourire du Weasley ne lui disait rien qui vaille, mais la fatigue lui jouait peut-être des tours.

Fred recommençait à reprendre du poil de la bête. Après les épreuves de la veille, on ne pouvait pas dire qu'il était dans une forme olympique mais il survivait malgré les accès de douleur tous les quarts d'heures. Rire lui faisait du bien, enfin, s'il continuait de rire étant donné la tournure de la conversation avec cette chère Stark. Il fallait avouer que dévoiler des fausses fiançailles devant le personnel hospitalier n'était pas ce qu'il y avait de plus discret et encore moins de recommandé quand on était passé à deux doigts des funérailles quelques heures plus tôt. Kayla s'amusait clairement du petit jeu qu'elle avait mis en place, légère vengeance de cet aveu au grand public. D'abord, des menaces envers lui en utilisant le patriarche de la famille et maintenant une nouvelle épée de Damoclès en forme de son magasin. Il était plutôt fier de ce que son frère et lui avaient réalisé dans ce modeste local du Chemin de Traverse et son employée le savait très bien. Raison de plus bien sûr pour se servir de ce fait contre lui. Fred effaça son sourire bien rapidement, légèrement inquiété par la situation. Pour le moment, c'était surtout la nouvelle douleur qui le transperçait la hanche qui l'empêchait de prendre la remarque de Kayla à la plaisanterie. Pour autant, le rouquin lança un regard empli d'ironie à sa partenaire de crime.

Ah c'était donc ça ton plan pendant l'entretien d'embauche. Je n'y ai vraiment vu que du feu. Je retiendrai que les Stark sont des manipulateurs, ça m'empêchera à l'avenir de me mettre entre toi et un sortilège dangereux.

Plutôt fier de son effet, le sorcier se tut quelques instants. Contrairement à lui, Kayla commençait à délirer et parlait à tort et à travers, certainement un moyen de faire évacuer la tension des dernières heures et la fatigue qui semblait lui peser alors qu'elle tentait de prendre une position plus confortable pour ses muscles endoloris. Fred ne manqua pas de lui faire remarquer qu'elle devenait folle et celle-ci trouva tout de suite une explication tout à fait plausible. Alors comme cela, elle avait des jumeaux dans sa famille? Il fallait croire qu'elle aimait bien cette ambiance difficile qu’entraînait un duo de folie. Fred remit un sourire sur son visage, bien heureux d'en savoir plus sur Kayla et sur les anecdotes qu'elle avait à lui conter.

Et bien, tu m'avais jamais raconté ça. Ca doit être pour ça que t'arrives relativement bien à nous supporter, nous misérables Weasley. Il faudrait que je les rencontre ces terreurs, histoire de leur donner des tuyaux sur la meilleure manière de t'en faire voir de toutes les couleurs.

Fred laissa son sourire s'étaler réellement désormais que la tempête semblait passée au dessus de sa tête. Kayla semblait un peu ailleurs, certainement concentrée dans ses pensées, Weasley en fit autant pendant une bonne minute, pressé de retrouver le Terrier & son magasin. Il n'était jamais bon de le voir rester dans un lit, lui qui était hyperactif, les bonnes vieilles plaisanteries ne manqueraient pas de fuser sous peu. Son sourire alerta Kayla, qui se réveilla rapidement? Fred lui lança un regard d'incompréhension total avant de parler à nouveau.

Pourquoi à chaque fois que je souris, tout le monde croit que l'apocalypse arrive? Tu sais bien que si je bouge trop, ma blessure pourrait se rouvrir. Je ne prends jamais de risques, tu me connais un peu maintenant.

Fred lui fit un léger clin d'oeil. La vie coulait dans ses veines et après tout, c'était tout ce qui lui importait aujourd’hui, même si son corps était en lambeaux.

Spoiler:

La remarque un peu sèche de Fred l'avait totalement prise de court. La culpabilité qu'elle avait mis de côté lui revint comme un boulet de canon à la figure et elle avait fait mine de rien en discutant d'un peu de tout et de n'importe quoi. Non, elle n'oubliait pas que c'était de sa faute si le rouquin était là et elle n'avait en conséquence aucun droit de protester quant à la remarque qu'il venait de lui faire. Attristée sans rien en montrer, elle avait donc commencé à partir en délire et Fred avait semblé de meilleure humeur, à son grand soulagement. Si l'ambiance avait aussi tendue sur la suite, sa place à la boutique aurait été menacée, mais elle commençait à réellement apprécier les Weasley, surtout lui, et cela l'aurait pas mal affectée.
Elle était donc partie dans des délires sans queue ni tête – la fatigue et la pression accumulées, certainement – qui avaient intrigué le roux sur son état mental. Kayla s'était empressée de se justifier : non non, elle n'était pas folle, c'était juste de famille. Le Weasley avait repris un air normal et recommençait même à lui adresser des sourires et à plaisanter, ce qui l'avait considérablement rassurée. C'était peut-être débile, mais pour elle, un jumeau Weasley passait son temps à se foutre du monde, au fil des semaines c'était devenu un « repère ». Si cela devait s'arrêter... Cela n'augurerait rien de bon, elle en était certaine. Enfin ce n'était pas le cas, il avait même eu l'air intéressé par ce qu'elle lui racontait.

 « Ils sont à Gryffondor avec... 3 années de moins que toi je crois. De toutes façons si tu maintiens ta petite histoire, il va bien falloir que tu les rencontres... » avait-elle répondu d'un air absent, déjà repartie dans ses pensées. Quand elle en avait émergé, le Weasley continuait de la regarder, un sourire flottant sur les lèvres. Évidemment, elle avait de suite pensé être victime d'une quelconque plaisanterie et lui en avait fait part. L'air de franche incrédulité du jumeau la fit rire de bon cœur, tandis qu'il se défendait tant bien que mal.
 « Oui, bon, excuse-moi, c'est juste que, comment te dire ça... On est conditionnés à voir l'apocalypse arriver quand tu souris, alors maintenant je me méfie. Et c'est pas parce que t'es allongé que ça change la donne, tu es bien un sorcier à ce que je sache ! » La jeune sorcière lui sourit en lui lançant un regard perçant, qui redescendit au niveau de la hanche du Gryffondor, revoyant malgré elle le sang en couler à flots. Elle se sentit pâlir et devenir nauséeuse rien qu'à l'évocation du souvenir de la veille. Se rendant compte de son indiscrétion, elle remonta bien vite vers le visage de Fred, lui adressant un regard coupable. Elle aurait dû être à sa place, ce n'était pas juste. Ni pour lui, ni pour George, ni pour toute leur famille d'ailleurs. Il n'y avait qu'à voir l'air des parents Weasley quand elle les avait croisé dans le hall en arrivant.
 « C'est pas totalement refermé encore ? » demanda-t-elle avec les sourcils froncés. Si c'était le cas, le Sectumsempra devait être un sortilège extrêmement puissant pour laisser autant de marques que les guérisseurs de Ste Mangouste ne soient pas en mesure d'effacer sur le champ. Si elle avait pris le sortilège, comme il aurait dû en être le cas, y aurait-elle survécut ? Rien n'était moins sûr, se disait-elle en contemplant le résultat devant elle.
La jeune femme enfouit un peu plus sa tête dans ses genoux, ne laissant que ses yeux dépasser. Elle avait l'air d'un chat qui soit se préparait à chasser, soit avait fait une connerie et se cachait pour ne pas se faire réprimander. En fait, elle se sentait sur le point de pleurer et elle n'avait pas vraiment envie que le Weasley la voit dans cet état – c'est qu'elle faisait un peu l’ascenseur émotionnel, la petite Stark, ce soir. D'abord, le calme plat, puis les rires hystériques, et maintenant elle était totalement déprimée... Elle comprenait pourquoi le rouquin la prenait pour une folle, elle devait être inquiétante à voir.

 « Mais ça fait toujours mal du coup non ? » Si c'était le cas, elle comprenait qu'il ne prenne pas tout à la rigolade. Parce que la douleur ne devait pas être celle d'une petite coupure, elle devait être tout juste supportable, de ce qu'elle en avait vu. Encore une fois, elle eut envie de vomir. Trop de choses en une soirée, définitivement. Sentant les larmes lui monter aux yeux, elle les détourna du Weasley, regardant sans le voir le mur d'un blanc immaculé en face d'elle. Elle devait impérativement se calmer avant de se transformer en fontaine devant son boss. Parce que voyez-vous, Kayla n'était pas du genre à pleurer, du coup lorsqu'elle s'y mettait, c'était... dramatique. Elle se frotta une nouvelle fois les yeux, frissonnante et un baillement lui échappa.  « J'imagine que tu sais pas encore quand tu pourras sortir ? » finit-elle par lui demander avec un sourire forcé pour penser à autre chose. Ce n'était pas le moment de déprimer, ils n'avaient certainement pas finit d'entendre parler de cette histoire et ils devraient plus se réjouir d'être encore en vie que de se lamenter sur leur sort. D'autres n'avaient pas eu leur chance.

Spoiler:

Après un petit moment de flottement, la discussion reprit de plus belle avec plus d'entrain. Kayla lui parlait un peu de sa vie et de sa famille. Il fallait avouer qu'au magasin, ils avaient à peine le temps de se restaurer alors discuter de leur famille nombreuse respective n'était jamais au menu. Fred souriait alors que la jeune femme avouait avoir subi elle aussi les plaisanteries des jumeaux de sa famille. Ils étaient plus jeunes que Fred & George mais semblaient suivre le même chemin, une réussite pour le rouquin qui était clairement allergique à toute forme d'autorité. Fred eut envie de rire une nouvelle fois lorsque Kayla avança une proposition de rencontre avec les terreurs. Cette idée l'enchantait bien plus que celle d'un tête à tête avec la patriarche Stark, allez savoir pourquoi...
Alors que le roux constatait que Kayla était déjà repartie dans ses rêveries, il tenta un regard rapide vers sa blessure. Il espérait réellement qu'elle guérirait vite, l'idée de rester à Ste Mangouste ne l'enchantait pas du tout et il n'aimait pas rester inactif. Après avoir vu que le sang continuait encore de couler par à coups, il leva les yeux au ciel avant de se concentrer de nouveau sur son interlocutrice.

Je serai heureux de leur donner des conseils en face à face, ça c'est certain. J'espère que ton père sera pas dans les parages par contre! Je tiens à ma deuxième hanche tu comprends...

Il éclata de rire avant de réaliser que cela rendait sa hanche à nouveau douloureuse. Il cacha pourtant sa souffrance en insistant sur son sourire. Il s'en remettrait, c'était le principal. Bien évidemment, le fait de voir ce tout nouveau sourire légèrement forcé mit la puce à l'oreille de Stark , elle croyait dure comme fer qu'il avait préparé un autre mauvais coup, peu probable alors qu'il combattait encore contre les anti douleurs mais il était important de se rappeler qu'un jumeau Weasley était capable de tout en toutes circonstances.

Pour une fois que j'avais rien préparé... Certes, un sacré sorcier ça tu peux le dire! Tu deviens dur à avoir maintenant que tu commences à nous connaitre. Il va falloir que les Weasley se renouvellent.

Puis, Fred sentit un nouveau blanc pointer le bout de son nez dans cette pièce bien trop glauque pour quelqu'un d'aussi roux que lui. Il fallait avouer que la blessure était un sujet relativement difficile à aborder quand on savait les circonstances dans lesquelles Fred avait failli y laisser la vie. Pourtant, Fred continuait de sourire comme si rien n'était grave, après tout, les mangemorts étaient encore en vie et reviendraient certainement l'enquiquiner dès qu'il aurait mis un pied en dehors de l'hôpital. Profiter du moment présent, voilà la seule promesse que le roux se faisait à lui même. Il écouta avec attention les interrogations successives de la jeune femme, à chaque fois, elle laissa un léger silence avant de continuer. Une bataille silencieuse se jouait entre eux, une où la mort semblait bien trop proche, comme si elle était dans la pièce avec eux à les narguer. Rien ne serait jamais fini, pas tant que Vous Savez qui traînerait dans les parages. Fred tourna les yeux vers la jeune femme, ne laissant pas le blanc perdurer alors qu'il pensait à tout le mal qui régnait autour d'eux.

Non, ce n'est pas tout à fait guéri c'est vrai. Mais je t'assure que ce n'est rien. D'ici peu, je serai debout et je recommencerai à t'en faire voir de toutes les couleurs. T'en fais pas! Je sortirai bien plus vite qu'on ne le croit!

Il sentait que Kayla était troublé mais il ne savait pas réellement comment réagir, comme gêné d'être la cause de sa souffrance momentanée. Il tenta de se relever un peu afin de se rapprocher de Kayla qui semblait absorbée par le mur d'en face.

C'est fascinant ce que tu regardes tu sais! Tu es douée pour noyer le poisson.. Mais je t'assure qu'il n'y a aucune raison que tu te crois coupable... C'moi qui t'es entrainé la dedans...

Spoiler:

Elle ne se rendait pas compte que le rouquin l'observait avec attention à chacune de ses questions. Non, elle était bien trop occupée à regarder le mur en face d'elle, trop occupée à essayer de se maîtriser pour ne pas céder à la panique et aux larmes devant le Weasley qui sinon le lui rappellerait probablement toute sa vie avec un malin plaisir. Il ne répondit pas tout de suite, prenant son temps, certainement pour choisir ses mots – un exploit concernant le rouquin. De toutes façons, s'il avait répondu tout de suite, la sorcière ne l'aurait probablement pas écouté, trop plongée dans ses souvenirs, les flashs qui lui revenaient en mémoire, aveuglant de traits de lumières de toutes les couleurs, de cris, sa propre douleur... Le Doloris n'était pas un sortilège des plus agréables à subir et elle en avait fait les frais quelques heures auparavant. L'expérience l'avait laissée vulnérable, raidie, renfermée. Elle n'avait pas du tout envie d'en parler et considérait le monde d'un œil nouveau, plus méfiante, plus craintive qu'auparavant. Elle n'était plus la gamine naïve fraîchement sortie de Poudlard, à partir de maintenant.
Mais avec le Weasley, qui avait vécu cet « enfer » avec elle, ce n'était pas pareil. Ils avaient combattu côte à côte face aux Mangemorts – c'en était forcément ! -, il l'avait « en quelque sorte » sauvée du sortilège qui l'avait lui-même amené à un séjour à Ste Mangouste. Elle savait maintenant qu'elle pouvait définitivement faire confiance aux Weasley.

Elle fut tirée de sa réflexion par la réponse de Fred. Réaliste, tout en se voulant rassurante. Agrémentée d'une petite boutade amicale, pour faire passer le tout. Elle lui accorda un regard vide, un sourire forcé avant de reporter son attention sur le mur, contenant un soupir, se mordillant l'intérieur des joues.  « Tant mieux alors... » parvint-elle à articuler, la voix un peu cassée. Le Weasley recommença à parler et Kayla reporta une nouvelle fois son regard sur lui, un peu surprise qu'il se soit rapproché sans en être gênée pour autant. Elle fronça les sourcils comme pour lui dire de se recoucher, qu'il n'était peut-être pas en état de se relever, mais après tout, sa mère, cette Molly si elle avait tout suivit, s'en chargerait assez bien elle-même le lendemain, enfin le supposait-elle en tout cas. Mais bon, Fred lui avait parlé, et il la soupçonnait déjà d'être folle, elle n'allait pas confirmer ses craintes en jouant les associables, surtout avec lui.
Elle avait dut moins bien cacher son jeu que ce qu'elle avait pensé, pour qu'il touche la corde sensible, toujours avec une petite touche d'humour qui malgré tout lui arracha un sourire. La gorge nouée, elle lui jeta un regard à la fois amusé et coupable en haussant les épaules.
 « … N'empêche que ce mur est quand même magnifique... » fit-elle dans une dernière tentative pour changer de sujet. S'ils continuaient, elle allait fondre en larmes... Et trop tard, se dit-elle en sentant ses joues se mouiller. Je suis ridicule. Cette pensée la fit rire et elle sécha ses joues avec les manches de son pull, malgré les larmes qui continuaient de couler.
 « Désolée que tu voies ça... » Et elle l'était. Elle ne devait pas être très belle à voir, à vrai dire, avec les yeux rouges et gonflés, secouée à la fois par des sanglots et des rires qui frôlaient l'hystérie.
 « C'est juste que je devrais être à ta place. Et arrête de dire que c'est toi qui est coupable, je suis une vraie tête de mule, même quand tu m'as dit de partir, j'ai voulu rester... Et maintenant voilà le résultat... On en serait pas là si j'avais pas été là... » Elle fut atteinte d'un long soupir avant de fermer les yeux pour se maîtriser. Elle était une Stark, bon sang, et les Stark étaient fiers et forts, et ne pleuraient pas. Elle essaya de maîtriser sa respiration et cette technique porta ces fruits. Au bout de quelques minutes, il n'y avait plus que quelques larmes qui lui échappaient du coin de l’œil.
 « Désolée, vraiment. » Elle se frotta les yeux encore une fois, décidément lessivée par ces deux derniers jours. Elle s'en voulait que le roux soit ici par sa faute et d'avoir en plus craqué devant lui.  « Qu'est-ce que tu dois penser de moi, maintenant... » fit-elle comme une tentative de plaisanterie en lui lançant un regard contrit, passant une main dans ses cheveux pour y remettre un semblant d'ordre, affreusement gênée par ce qui venait de se passer.

Elle aurait voulu rester ici un peu plus longtemps, repartir de meilleure humeur après avoir discuté et s'être rassurée auprès du Weasley. Certes, elle avait eu confirmation qu'il allait s'en sortir et elle en était énormément soulagée mais elle avait le moral assez bas quand le médicomage de tout à l'heure ouvrit la porte et les observa avec un air faussement désespéré, semblant ignorer les traces de tristesses sur le visage de la Serdaigle.
 « C'est bien ce que je pensais... Si je n'étais pas venu, jeune fille, vous vous seriez retrouvée enfermée ici pour la nuit. A moins que vous ne voulez qu'on vous prépare le lit à côté ? » dit-il d'un air narquois. Kayla se força à sourire.  « Non, c'est bon, je vais y aller. Merci d'être passé. » Le médicomage s'effaça et ne ferma la porte qu'à-demi.

 « Bon, eh bien, je suppose que je vais devoir partir alors... Hum... Je ne sais pas si j'aurai le temps de repasser, j'ai promis à George que je tenais la boutique le temps que tu te remettes. » Elle afficha un sourire gêné.  « Je suis désolée... Pour tout. Que ça ait tourné comme ça. » Elle entendait bien sûr aussi bien leur prétendu rendez-vous désastreux que la fin de leur discussion mais elle n'avait pas envie que tout le personnel de l'hopital magique l'entende dire. Elle gardait un minimum de fierté, tout de même, elle était une Stark et... Bon, devant le Weasley, elle n'avait plus trop de crédibilité. Mais le reste du monde n'en savait rien.  « Je prendrai des nouvelles via ton frère, de toutes façons... Remets-toi bien, alors. » Elle fit un effort pour lui adresser un sourire plus joyeux, tourna les talons et sur le pas de la porte, lui adressa un dernier signe de la main. Elle n'avait plus qu'une envie, maintenant qu'elle était sortie : prendre une potion du sommeil qu'on lui avait prescrit et dormir, dormir profondément, au chaud dans son lit, avec la garantie que rien ne pourrait jamais l'atteindre.

Spoiler:

Fred avait apparemment touché un des points sensibles de Kayla. La jeune femme se mit à pleurer sans avoir laissé de signe avant coureur. Le pauvre rouquin ne savait pas vraiment comment réagir face à la situation alors il resta dans la même position, non loin de la sorcière. Qu'allait-il leur arriver maintenant? Puisqu'apparemment, ils attiraient les ennuis comme personne. Alors que le sorcier pensait encore à tout ce qui leur était arrivé et certainement à la suite de leurs mauvaises aventures, Kayla s'excusa une nouvelle fois d'être aussi têtue et de ce fait d'avoir mis tout le monde en danger. Fred arbora encore un de ses merveilleux sourires, bien déterminé à lui prouver qu'elle n'y était absolument pour rien. Certes, elle était toujours fourrée là où on ne lui demandait pas d'être mais Fred avait bien conscience que sans Stark dans les parages, cela ferait un bail que les Weasley auraient laissé leur fameuse boutique décrépir. La veille, Kayla aurait certainement dû quitter les lieux, laisser Fred gérer le problème. A vrai dire, il se serait contenté de fuir en espérant que le mangemort perde sa trace et basta. De toute manière, il s'était avéré que sa mission avait échoué mais s'il n'avait pas croisé le chemin de Kayla, il ne l'aurait jamais su et désormais, il avait d'autres informations à transmettre à ses collègues de l'Ordre. Sans plus de cérémonie, Weasley regarda Kayla essuyer ses larmes et il se contenta de lui répondre de la manière la plus honnête qu'il soit.

T'es têtue tu le sais ça? Je te dis que tu n'y es pour rien. A vrai dire, si tu n’avais pas été là.. Je pense que je serai bien mort, tombé dans le panneau comme on dit... Mais de toute manière, on n'a plus à jacasser là dessus et aller de l'avant, compris soldat?

Son employé s'excusa de sa crise de larmes momentanée et sembla se calmer finalement. Fred était soulagé, il n'était pas très doué pour le réconfort, à part pour raconter des plaisanteries évidemment. Il se remit en place dans son lit, sentant que sa peau s'étirait dangereusement à l'endroit de sa toute nouvelle cicatrice avant de sourire naïvement à la réplique de Kayla. Ce qu'il pensait d'elle? Un brin de folie, certes mais une force extraordinaire. Il aurait certainement dû prendre le temps de la connaitre à Poudlard, elle aurait certainement été un allié de choix dans la lutte contre Ombrage. Mais bien sûr à l'époque, c'était une mission cent pour cent Weasley qui ne nécessitait pas de personnes extérieures à ce combat pour le moins controversé. Il revint au présent pour soutenir le regard de la jeune femme.

Je te rassure, tu es toujours aussi folle à mes yeux. C'est pas une petite crise de pleurs qui me fera changer d'avis. Après tout, tu nous as sauvé la vie quotidiennement à W&W alors on compte sur toi pour continuer maintenant.

Puis le médicomage de service vint interrompre la fin de cette conversation haute en couleurs. Il était temps que les visites se terminent et que les deux jeunes sorciers aillent faire un tour par la case dormir pour se remettre de leurs émotions. Kayla précisa avant de quitter les lieux qu'elle devait s'occuper de la boutique pour les jours à venir, le temps que le roux se remette de ses blessures. Il lui sourit en signe de confiance alors que la jeune femme se dirigeait vers la porte et se retourna une dernière fois pour lui faire un signe de la main.

Repose toi bien surtout. Et fous pas le bazar dans le magasin sinon quand je reviens, ça va barder!

Puis, il lui lança un clin d'oeil avant que la porte ne se referme derrière elle. Désormais seul, Fred se repositionna dans le lit et ferma les yeux. Le calme s'imposait enfin et il s'endormir très rapidement avec l'espoir que ce genre d'aventures ne se reproduise pas trop souvent...