Robin - Sound of drums

Envoyer celui qu'il avait toujours considéré comme son meilleur ami fût à ce jour l'épisode le plus violent de sa vie. Et il ignorait que ce n'était que le début. Aussi soulagé qu'il se sentait coupable, le cadavre de la jeune femme, démembrée comme une poupée par un enfant en colère le hanta de nombreuses nuits. Peut-être aurait-il pu éviter ça, s'il n'avait pas fermé les yeux dès le début sur les petits trafics de Cassius. Mais comment aurait-il pu imaginer un seul instant que son camarade se transforme de vulgaire dealer en monstre sanguinaire ? C'était bien souvent par cette réflexion que Robin mettait un terme au débat qu'il menait seul dans sa tête. Il avait bien fait. C'était un héros. La une des journaux plusieurs semaines pour ce fait sordide. Une décoration. Une augmentation. L'admiration et le respect de ses supérieurs.



Fort de ses réussites, Robin se montra particulièrement imprudent un soir d'été. Alors qu'il pensait coincer un faussaire qui sévissait depuis maintenant trop longtemps dans le milieu magique, le jeune homme tomba en plein guet-apens, tendu par les relations d'un homme qu'il avait livré à la justice et qui cherchait vengeance. Projeté contre un mur sous la force des sortilèges qui lui tombèrent dessus, Robin perdit connaissance au moment où il sentit son crâne s'ouvrir sur un pavé particulièrement anguleux. Ses agresseurs eurent tôt fait de disparaître, le laissant pour mort. Il fût retrouvé gisant par terre par les membres de son équipe et envoyé à Ste Mangouste.

Son internement à l'hôpital sorcier dura sept interminables mois, dont deux dans le coma. A son réveil, le jeune homme ne gardait aucun souvenir de son agression et adoptait un comportement totalement incohérent vis-à-vis du monde qui l'entourait. Il était facile de se rendre à l'évidence que Robin avait écopé plus que deux mois d'un état léthargique mais également de sérieuses séquelles mentales. L'étendue de ses capacités cérébrales, de compréhension et d'adaptation fût alors évaluée entre celles d'un enfant de 6 à 8 ans.

Las de l'inefficacité de la médecine magique pour traiter les troubles mentaux, les parents de Robin prirent la décision difficile de le transférer au Bethlem Royal Hospital de Londres, un établissement moldu. Complètement perdu dans ce nouvel univers auquel il ne comprenait strictement rien, le fils O'Reily se coupa complètement des autres et plongea dans un mutisme profond. Puisque le monde le refusait, lui refuserait le monde en bloc.

La même année survint un écueil de taille assez conséquente. Debout à la barre, appelé à témoigner contre les suspects de sa propre agression -une enquête avait été ouverte-, Robin tenta d'étrangler le Magenmage sans autre forme de cérémonie. Par une erreur de jugement et une incompréhension totale de sa présence en ce lieu, le sorcier avait identifié le président de l'assemblée comme un être hostile et n'avait fait que réagir à cette menace. Le Magenmage s'en sorti indemne et Robin fût renvoyé à Bethlem où sa routine fût très vite perturbée par l'arrivée d'une personne supplémentaire. Le hasard avait voulu qu'il partage la même chambre que lui (le hasard, ou plutôt les coupes budgétaires exigées par la direction de l’hôpital).  Il/elle s'appelait [???] et même aux yeux de Robin, il/elle avait l'air d'avoir un sacré problème. Si dans un premier temps la cohabitation se révéla difficile, les choses ne tardèrent pas à s'améliorer.

Curieux, le sorcier chercha à connaître son/sa codétenu(e) et à comprendre ce qui lui avait valu d’atterrir ici avec lui. Son/sa compagnon/gne d'infortune le toucha probablement bien plus que les médicaments qu’il avalait lui permettaient de comprendre, et une certaine complicité s’instaura entre eux. Vint finalement le moment où [????] quitta Bethlem, et Robin manqua de sombrer dans une crise de démence.

Chacune des lettres de [????] qu'il recevait lui laissait un peu plus d'espoir de sortir de cet hôpital. C'était même la seule lueur de l'extérieur qu'il percevait depuis sa chambre, et lui faisait le plus grand bien...

Aujourd’hui, l’heure de la sortie est venue. Qui pourra dire ce qu’il adviendra de Robin dans les jours et mois à venir ? Lui-même n’en a probablement aucune idée…