Sujet: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Dim 26 Jan - 21:54
Severus & Hermione
❝ I will attempt to penetrate your mind. You will attempt to resist ❞
Lorsque j'entendis la porte se refermer lourdement derrière moi, c'était comme si la sentence avait été prononcé, bien que je n'avais encore pas connaissance de mon châtiment. Rogue me toisa une seconde avant de faire le tour du bureau pour me faire face de toute sa hauteur. Pour ma part, je n'avais toujours pas bougé, sur le seuil de la porte, encore hésitante sur le fait de prendre mes jambes à mon cou ou non. Mais lorsqu'il m'annonça la raison de ma venue, j'en restais pétrifiée, sans voix. J'allais prendre des cours d'Occlumencie. La Miss-Je-Sais-Tout en moi sauta comme un petit cabri. Cet art ancestrale, peu de sorcier pouvaient se vanter de le maîtriser totalement. Le professeur de potions faisait parti de ce club privé. Et là, mon cerveau ingurgita l'ensemble des informations. Deux fois par semaine. Seule, cloîtrée dans un bureau avec Rogue. J'allais vivre les heures les plus longues de toute mon histoire dans ce cachot. Les plus noires mais également les moins encourageantes. Il n'était pas du genre à s'investir dans votre réussite personnelle, pire encore, le succès semblait l'exaspérait autant que la défaite. Deux soirées par semaine avec Rogue. Rogue qui allait se faire un malin plaisir de me mener à mal, histoire de se venger de ma «suffisance», à croire qu'il ne supportait pas que quelqu'un puisse être plus intelligent que lui ! Je maudissais Harry secrètement, s'il y avait mis un peu plus de volonté, je ne serais pas dans cette situation ! Des secondes entières auraient pu s'écouler, je n'aurais même pas réalisé. Je continuais de le fixer, comme si j'attendais que quelqu'un sorte de derrière son bureau pour crier «Surprise ! ». Mais personne ne vint. Et lui, il semblait être aussi ravi que moi. Il allait me suivre même jusqu'à Square Grimmaud... Soudain, mon cerveau se remit en marche et fit les connexions très rapidement. Dumbledore avait pris cette décision. Et Dumbledore ne laissait rien au hasard, avec cet homme, chaque fait, chaque geste, avait un impact précis et recherché. S'il avait décidé que je prendrais ses cours avec le maître des potions, c'est qu'il y avait une raison logique à ça. Je ne pensais pas avoir grande importance aux yeux du directeur. Enfin, j'espérais qu'il m'appréciait, du moins pour mon intelligence. Mais le seul qui le préoccupait, c'était Harry. Si j'étais là, la seule explication logique était mon meilleur ami. Je devenais un substitut. Harry devait à tout prix apprendre à fermer son esprit à Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Malheureusement, il ne parvenait pas à faire abstraction de sa rancune envers le sorcier aux cheveux corbeau. J'aimais mon meilleur ami, j'étais cependant tout à fait consciente de son obstination. Il était têtu, lorsqu'il ne voulait pas quelque chose, pas moyen d'en démordre. Il avait décidé que ces cours ne servaient à rien. Mais il avait tort. Harry était un sorcier époustouflant ! Dumbledore savait que je ne le lâchais pas avec cette histoire de violation d'esprit du Mage Noir, il espérait sûrement que je lui redonne des leçons par derrière. Et j'y comptais bien. J'acceptais de gâcher toutes mes soirées s'il le fallait, tant que ça donnait plus de chance à Harry pour la suite. Au bout d'un moment qui me parut interminable, mon visage changea d'expression. Je passais de choquée, presque malade, à déterminée. J'avais une bonne raison de supporter ça, maintenant personne ne pourrait m'empêcher de devenir une légilimen hors pair.
«- Non, aucune. »
Je m'avançais vers lui, comme pour le défier. J'essayais de rester forte, mais intérieurement je n'en menais pas large. J'avais plus ou moins toujours essayé d'esquiver Rogue tout au long de ma scolarité. Ce temps était indéniablement révolu. J'allais devoir passer de longues heures en sa compagnie, temps qu'il mettra à profit pour pénétrer mon esprit et s'insinuer sans vergogne au plus profond. Et j'allais devoir être douée et vite ! Je ne pouvais pas lui permettre de voir certaines choses. S'il venait à trouver les souvenirs de toutes les infractions commises à Poudlard, j'étais bonne pour Azkaban ou pire, pour l'expulsion du château et je finirais comme Hagrid : avec un parapluie rose pour seul rappel de ma grandeur d'antan. En même temps, je devais avouer que je ne serais pas peu fière s'il apprenait que j'avais moi-même préparé du Polynectar et ce sans aide durant ma deuxième année. Mais tout de même. Encore plus inquiétant, il pourrait voir nos entraînements, nous, l'Armée de Dumbledore ! Ou encore les discussions sur Vous-Savez-Qui ou bien sur lui, discussions interminables partagées avec mes deux acolytes. Ma plus grande crainte était plutôt égoïste cependant. Je craignais qu'il ne découvre les souvenirs de mon enfance. Jusqu'à mes onze ans précisément. J'étais seule, apeurée, persuadée d'être un monstre. Il utiliserait cela à des fins personnelles jusqu'à la fin de nos existence ou pire encore : il aurait pitié de moi. Je chassais ses idées et posais mon sac dans un coin de la pièce. Je m'arrêtais, la main en suspend, levant le nez vers lui, les sourcils froncés d'incertitude.
«- Je vais devoir prendre des notes ou vous désirez passer à la pratique immédiatement, Monsieur? »
« Vous rigolez, j’espère. » Severus n’avait jamais particulièrement apprécié l’humour du directeur mais il devait bien avouer que si c’était une blague, c’était surement une de se spires. Et c’était dire quelque chose ! Albus eut alors le culot – oui, culot – de lui lancer un sourire plein d’enthousiasme. Severus avait la vague impression qu’il allait encore se retrouvant perdant dans cette histoire. Il avait au moins le soulagement de savoir qu’il y’avait très peu de batailles que le directeur lançait sans les gagner au final. Mais ça ne rendait pas cette histoire moins frustrante pour lui. « A quoi bon lui donner des cours ? Donnez-lui un bouquin et elle s’en satisfera très bien. Je suis même prêt à dire qu’en ne lisant qu’un chapitre elle sera tout de même plus compétente sur le sujet que Potter. » Les yeux du directeur se mirent à pétiller de malice et Severus se rendit vraiment compte qu’il était dans la merde. La partie était déjà perdue et tous ses efforts seraient vains, il en était désormais certain. « Serait-ce un compliment, Severus ? » Le professeur de potions leva les yeux au ciel. « Au moins autant que si j’avais dit que Londubat était plus doué pour la magie que son crapaud. » Severus ignora le soupir du directeur, plutôt fier d’avoir trouvé une comparaison qui lui semblait assez juste et assez correcte. Albus fit le tour de son bureau pour aller s’asseoir derrière, et Severus se rendit compte pour la première fois de la journée que le directeur avait l’air épuisé. En plus le vieil homme ne jouait pas dans les règles, c’était injuste au fond. Severus décida de mettre un terme à cette discussion avant de devoir entendre à nouveau Albus recommencer à parler de l’importance que le « trio » avait pour eux dans la guerre. Il n’était pas certain de pouvoir le supporter. « Très bien, Albus. Je lui donnerai des cours, » soupira-t-il comme si ça lui faisait physiquement mal de devoir céder, ce qui était sans doute le cas. Albus lui lança un nouveau sourire, moins enthousiaste cette fois, plus résigné qu’autre chose et Severus se sentit trembler, coupable malgré lui. « Le plus tôt sera le mieux, Severus.
Et voilà comment Severus se retrouva à envoyer un hibou à Miss-je-sais-tout, en plein milieu de l’après-midi, lui donnant rendez-vous pour ce soir même. Il détestait vraiment sa vie parfois.
***
Severus vérifia sa montre, 19h45. Granger n’était pas encore arrivée, et en même temps ça n’avait rien d’étonnant. Il se replongea dans ses copies, ou plutôt fit semblant de se replonger dedans en attendant 20h. Il n’arrivait pas à croire qu’Albus avait encore réussit à le manipuler pour qu’il donne des cours d’Occlumencie à Granger. C’était peut-être la pire chose qui aurait pu lui arriver. Granger allait se sentir « spéciale » maintenant, elle allait se dire qu’elle avait le niveau et qu’on essayait de la former parce qu’on savait qu’elle en serait capable. Et franchement, ses chevilles étaient déjà assez larges comme ça sans avoir besoin d’en rajouter. Qu’Albus respecte la gamine, c’était une chose, mais il n’avait pas besoin de l’infliger aux autres dans ce cas, il aurait tout aussi bien pu lui donner les cours lui-même s’il y tenait tant que cela. Quelqu’un frappa à la porte à vingt heures moins cinq, forçant Severus à lever les yeux. Il aboya à la jeune femme d’entrer, se faisant la remarque qu’elle était à l’heure, au moins, pas comme un certain autre élève. Et si on pouvait se fier à ses capacités, au moins les cours ne pourraient pas être aussi désastreux que ceux qu’il avait donnés à Potter depuis quelques mois. L’espoir faisait vivre, n’est-ce pas ?
Il leva les yeux au ciel en entendant sa question et ravala le « non, pas particulièrement » qui lui brûlait le bout de la langue. Il se leva lentement de son siège pour faire le tour de son bureau et se tenir droit juste au bord de l’estrade. « Le professeur Dumbledore, dans sa sagesse infinie, a décidé qu’il vous serait profitable de prendre des cours d’Occlumencie, au même titre que Mr. Potter. J’aurai donc le plaisir de vous enseigner cette discipline jusqu’à la fin de l’année. » Albus aurait surement trouvé le moyen de lui reprocher d’y mettre de la mauvaise volonté, mais encore une fois, Severus faisait de son mieux. Le professeur de potions descendit de l’estrade pour s’approcher légèrement de la jeune Gryffondor, le dos droit et les bras tendus le long de ses hanches. « Nous nous retrouverons deux fois par semaine, ici-même ou bien Square Grimmaurd pendant les vacances. Je n’attends rien de moins qu’une concentration et un sérieux à l’abri de tout reproche, j’espère que les choses sont claires. Ce n’est pas parce que Mr. Potter pense qu’il peut faire semblant d’écouter pendant nos leçons que vous pouvez en faire de même. » Severus se tourna finalement vers Granger pour lui lancer un regard sévère. « Des questions ? » Severus se retint de grande justesse de lever les yeux au ciel. Granger avec des questions ? Ce serait du jamais vu.
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Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Lun 27 Jan - 21:34
Severus & Hermione
❝ I will attempt to penetrate your mind. You will attempt to resist ❞
Lorsque j'entendis la porte se refermer lourdement derrière moi, c'était comme si la sentence avait été prononcé, bien que je n'avais encore pas connaissance de mon châtiment. Rogue me toisa une seconde avant de faire le tour du bureau pour me faire face de toute sa hauteur. Pour ma part, je n'avais toujours pas bougé, sur le seuil de la porte, encore hésitante sur le fait de prendre mes jambes à mon cou ou non. Mais lorsqu'il m'annonça la raison de ma venue, j'en restais pétrifiée, sans voix. J'allais prendre des cours d'Occlumencie. La Miss-Je-Sais-Tout en moi sauta comme un petit cabri. Cet art ancestrale, peu de sorcier pouvaient se vanter de le maîtriser totalement. Le professeur de potions faisait parti de ce club privé. Et là, mon cerveau ingurgita l'ensemble des informations. Deux fois par semaine. Seule, cloîtrée dans un bureau avec Rogue. J'allais vivre les heures les plus longues de toute mon histoire dans ce cachot. Les plus noires mais également les moins encourageantes. Il n'était pas du genre à s'investir dans votre réussite personnelle, pire encore, le succès semblait l'exaspérait autant que la défaite. Deux soirées par semaine avec Rogue. Rogue qui allait se faire un malin plaisir de me mener à mal, histoire de se venger de ma «suffisance», à croire qu'il ne supportait pas que quelqu'un puisse être plus intelligent que lui ! Je maudissais Harry secrètement, s'il y avait mis un peu plus de volonté, je ne serais pas dans cette situation ! Des secondes entières auraient pu s'écouler, je n'aurais même pas réalisé. Je continuais de le fixer, comme si j'attendais que quelqu'un sorte de derrière son bureau pour crier «Surprise ! ». Mais personne ne vint. Et lui, il semblait être aussi ravi que moi. Il allait me suivre même jusqu'à Square Grimmaud... Soudain, mon cerveau se remit en marche et fit les connexions très rapidement. Dumbledore avait pris cette décision. Et Dumbledore ne laissait rien au hasard, avec cet homme, chaque fait, chaque geste, avait un impact précis et recherché. S'il avait décidé que je prendrais ses cours avec le maître des potions, c'est qu'il y avait une raison logique à ça. Je ne pensais pas avoir grande importance aux yeux du directeur. Enfin, j'espérais qu'il m'appréciait, du moins pour mon intelligence. Mais le seul qui le préoccupait, c'était Harry. Si j'étais là, la seule explication logique était mon meilleur ami. Je devenais un substitut. Harry devait à tout prix apprendre à fermer son esprit à Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Malheureusement, il ne parvenait pas à faire abstraction de sa rancune envers le sorcier aux cheveux corbeau. J'aimais mon meilleur ami, j'étais cependant tout à fait consciente de son obstination. Il était têtu, lorsqu'il ne voulait pas quelque chose, pas moyen d'en démordre. Il avait décidé que ces cours ne servaient à rien. Mais il avait tort. Harry était un sorcier époustouflant ! Dumbledore savait que je ne le lâchais pas avec cette histoire de violation d'esprit du Mage Noir, il espérait sûrement que je lui redonne des leçons par derrière. Et j'y comptais bien. J'acceptais de gâcher toutes mes soirées s'il le fallait, tant que ça donnait plus de chance à Harry pour la suite. Au bout d'un moment qui me parut interminable, mon visage changea d'expression. Je passais de choquée, presque malade, à déterminée. J'avais une bonne raison de supporter ça, maintenant personne ne pourrait m'empêcher de devenir une légilimen hors pair.
«- Non, aucune. »
Je m'avançais vers lui, comme pour le défier. J'essayais de rester forte, mais intérieurement je n'en menais pas large. J'avais plus ou moins toujours essayé d'esquiver Rogue tout au long de ma scolarité. Ce temps était indéniablement révolu. J'allais devoir passer de longues heures en sa compagnie, temps qu'il mettra à profit pour pénétrer mon esprit et s'insinuer sans vergogne au plus profond. Et j'allais devoir être douée et vite ! Je ne pouvais pas lui permettre de voir certaines choses. S'il venait à trouver les souvenirs de toutes les infractions commises à Poudlard, j'étais bonne pour Azkaban ou pire, pour l'expulsion du château et je finirais comme Hagrid : avec un parapluie rose pour seul rappel de ma grandeur d'antan. En même temps, je devais avouer que je ne serais pas peu fière s'il apprenait que j'avais moi-même préparé du Polynectar et ce sans aide durant ma deuxième année. Mais tout de même. Encore plus inquiétant, il pourrait voir nos entraînements, nous, l'Armée de Dumbledore ! Ou encore les discussions sur Vous-Savez-Qui ou bien sur lui, discussions interminables partagées avec mes deux acolytes. Ma plus grande crainte était plutôt égoïste cependant. Je craignais qu'il ne découvre les souvenirs de mon enfance. Jusqu'à mes onze ans précisément. J'étais seule, apeurée, persuadée d'être un monstre. Il utiliserait cela à des fins personnelles jusqu'à la fin de nos existence ou pire encore : il aurait pitié de moi. Je chassais ses idées et posais mon sac dans un coin de la pièce. Je m'arrêtais, la main en suspend, levant le nez vers lui, les sourcils froncés d'incertitude.
«- Je vais devoir prendre des notes ou vous désirez passer à la pratique immédiatement, Monsieur? »
Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Mar 28 Jan - 23:08
Severus avait encore du mal à croire qu’il avait laissé Dumbledore le persuader de donner des cours à Granger pendant ce qui aurait du être son temps libre. Il aurait pourtant du savoir depuis le temps que la notion de ‘temps libre’ n’existait pas lorsqu’on travaillait à la fois pour Dumbledore et Voldemort. Il fallait croire que la guerre ne tenait pas compte de son emploi du temps personnel – pour ce qu’il était chargé de toute façon. Albus ne lui avait pas donné d’instruction sur la régularité des cours qu’il dispenserait à la jeune Gryffondor, alors Severus avait tranché pour deux. Trois par semaine et il aurait fini à Ste Mangouste, dans l’aile psychiatrique, il en était certain. Un par semaine aurait été inutile et aurait donc nécessité plus de temps de travail sur la longueur ; et ça, Severus tenait à l’éviter à tout prix. Le plus vite cette corvée serait finie, le mieux ce serait pour eux deux. Il eut du mal à se retenir de grogner en voyant l’air choquée de la jeune femme, presque ahuri l’espace d’un instant. Il devait tout de même avouer que c’était étrange de la voir avec un air aussi… stupide. Elle avait toujours l’air affuté, concentré, prête à tout. C’aurait presque été un plaisir de provoquer cette expression si ça ne lui avait pas causé tant de peine de devoir supporter sa présence ce soir là.
Et voilà qu’elle avait l’air écœurée maintenant. Elle ressemblait presque à Weasley comme ça. Déterminée maintenant, voilà qui lui ressemblait plus déjà. Severus s’en trouva presque soulagé, au moins ça voulait dire qu’elle avait finit de cogiter dans son coin et qu’ils allaient pouvoir commencer à travailler. Au moins il n’avait pas eu besoin de lui expliquer l’intérêt de ces cours – pas comme avec un certain gamin aux chevilles enflées et aux cheveux noirs en bataille. Severus n’oserait jamais l’admettre, que ce soit à haute voix ou à lui-même, mais de temps en temps c’était un véritable soulagement de travailler avec quelqu’un qui avait un cerveau en état de marche. Le professeur de potions ne laissa rien paraître de sa surprise en entendant la réponse d’Hermione, refusant de lui laisser croire qu’elle pouvait prendre l’avantage – non pas que ce cours soit une compétition, ou bien qu’il puisse y avoir le moindre suspens sur le vainqueur si c’en était une. Il arqua légèrement un sourcil, un geste plus moqueur qu’autre chose alors que la jeune femme s’avançait vers lui. Il dut retenir un soupir exaspéré en entendant sa question. Prendre des notes sur l’occlumencie serait aussi utile que de demander à un cul-de-jatte de pédaler un vélo. Il s’agissait d’un art qui se pratiquait, se ressentait et ne pouvait s’apprendre que par la pratique. Et c’est bien ce qui laissait penser à Severus que Granger allait être incapable de s’en sortir.
« Prendre des notes ne sera pas nécessaire, » annonça-t-il, sa voix basse et profonde. Il avait beau parler d’un ton calme et presque monotone, il savait qu’il avait le don de provoquer le respect – ou la peur – chez ses élèves. C’était son meilleur atout. Il sortit sa baguette de la poche de sa robe avant de retrousser ses manches. Il était capable de lancer le sort sans baguette, mais c’était tout de même plus efficace avec. Il s’agissait d’un des rares sorts qu’il ne maîtrisait pas encore tout à fait à mains nues, mais avec un peu de chance, ces cours auraient au moins le mérite de l’entraîner à ce niveau là. « Prête ? » demanda-t-il avant de pointer sa baguette sur Hermione. Il n’attendit pas qu’elle réponde avant de murmurer l’incantation. « Legilimens ! » Severus sentit son corps se dissoudre pour ne plus laisser que son esprit. C’était peut-être la sensation qu’il aimait le plus au monde, le fait de ne quasiment plus exister si ce n’était par son esprit. C’était un tel soulagement parfois. Le reste s’enchaîna très vite. Granger n’était pas préparée à se défendre, si bien qu’il pénétra son esprit sans aucun souci, accédant à ses souvenirs en un quart de seconde. Hermione petite avec son appareil dentaire et les cheveux encore plus en bataille que pendant sa première année – si c’était possible. Hermione qui soufflait les bougies d’un gâteau d’anniversaire. Hermione pendant la cérémonie de répartition. Hermione qui pleurait dans les toilettes des filles. Hermione qui attendait qu’Harry se réveille à la fin de la première année. Malefoy qui la traitait de Sang-de-bourbe quelques mois plus tard. Severus sortit de l’esprit de la jeune femme à cette image, comme brûlé par les mots de son élève. La scène en question lui rappelait un souvenir trop douloureux. « Vous devez vous concentrer, Miss Granger ! Même Potter a fait mieux lors de son premier essai. » Mensonge éhonté, certes, mais ça Hermione ne pouvait pas le deviner. Ça aurait au moins le mérite de l’agacer assez pour la forcer à faire mieux, sans compter que ça masquerait le fait qu’il était sorti de son esprit plus ou moins volontairement il y’a quelques secondes. La fin du sortilège n’était pas sensée être aussi brutale, mais encore une fois, Granger n’avait aucun moyen de le savoir.
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Dernière édition par Severus T. Rogue le Sam 1 Fév - 17:58, édité 1 fois
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Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Mer 29 Jan - 21:01
Severus & Hermione
❝ I will attempt to penetrate your mind. You will attempt to resist ❞
Je me relevais, assez déçue. À ce moment-là, j'étais contente d'avoir suffisamment lu sur le sujet pour connaître un minimum l'occlumancie. L'art de dissimuler son esprit, de le préserver des légilimens qui pourraient s'insinuer à l'intérieur pour connaître tous nos moindres secrets. Rogue était un expert de ces deux pratiques, rares et peu maîtrisées. C'était sûrement pour cela que personne ne parvenait à lui définir un camp bien précis. Dumbledore était convaincu de sa loyauté envers notre cause et de ce fait Remus Lupin l'était aussi. Mais beaucoup doutait. Harry, Ron, Sirius... Je ne savais pas trop quoi penser de lui pour ma part. Je tempérais énormément mes deux amis, après tout, si Rogue était un partisan du Mage Noir, il aurait pu atteindre Harry un bon million de fois en ayant la possibilité de faire passer ça pour un accident. Il n'était pas un homme très agréable, ça ne faisait pas forcément de lui un mangemort. Je me rappelais alors de notre troisième année, lorsqu'il s'interposa sans l'ombre d'un doute entre nous trois et un loup-garou. Il avait risqué sa vie sans hésitation pour nous sauver. Pourquoi aurait-il fait ça s'il ne cherchait au fond qu'à nous nuire ? Sa voix fit son chemin jusqu'à moi et mon corps réagit instinctivement. Basse, froide, elle me donnait des frissons malgré moi. Il savait imposer le respect, établir cette barrière entre lui et le reste du monde qui le rendait si impressionnant, limite effrayant. Je récupérais ma baguette et lui faisait de nouveau face, essayant de calmer l'appréhension grandissante en moi. Lorsqu'il me demanda si j'étais prête, mes yeux s'écarquillèrent. Il n'était tout de même pas sérieux, si ? Il ne m'avait strictement rien dit ! Je ne savais absolument pas comment le repousser ! J'allais protester mais c'était trop tard, avant même que je ne puisse pleinement réaliser ce qu'il m'arrivait, il était là. L'espace d'une seconde, je ne vis plus que son visage, son visage et rien d'autre. Le temps semblait s'être suspendu. Puis je fus comme propulsée à l'intérieur de mon esprit. Je revivais mes souvenirs, à la fois spectatrice et actrice des scènes qui défilaient. C'était épuisant, étourdissant. Tout allait si vite. Je n'avais pas le temps d'identifier un souvenir qu'un autre arrivait. Mais le plus perturbant, c'était de sentir la présence de Rogue tout autour de moi. Ombre impalpable dans chaque instant de mon existence. Je vis Malefoy, je ressentis la douleur de son insulte. C'était dur. À ce moment-là, le sort se rompit et j'en fus soulagée mais également bouleversée. Outre la rétrospective, c'était bien plus brutal que je ne le pensais. Je fis quelques pas en arrière et, avant de finir par tomber pour de bon, trouvais appui sur le mur de pierres froides. J'avais la respiration saccadée, comme si j'avais couru à en perdre haleine. J'étais choquée de voir à quel point c'était difficile. Mais j'étais surtout énervée par ma piètre performance. Il avait raison, j'avais été pitoyable. Cet échec lamentable m'était insupportable. Je ne m'attendais pas à faire des miracles, mais de là à être si mauvaise. Cette lacune m'angoissait. Je m'en voulais maintenant d'avoir été si dure envers Harry. Je me rendais compte que j'avais les larmes aux yeux. Je les fermais un instant. Outre les souvenirs difficiles, notamment le dernier, j'avais réellement du mal à encaisser ce qu'il venait de se passer. Et comme à chaque fois que je ne parvenais pas à accepter un fait, j'en cherchais une justification.
«- Vous... vous m'avez attaqué avant même de savoir si j'étais prête ! Vous ne m'avez même pas préparé, comment voulez-vous que je parvienne à contrer votre sortilège si vous ne m'expliquez pas la technique ? J'ai besoin d'apprendre, pas d'être prise en guet-apens! Et évidemment que c'est mauvais, je n'ai jamais subit aucune attaque de légilimens ! Je savais déjà que vous étiez un expert en la matière, il était inutile de me faire une démonstration, surtout de cette manière ! »
Ma voix était encore saccadée. C'était sûrement une des plus longues phrases que je n'avais jamais prononcée pour le professeur de potions. Je respirais profondément, ravalant mes larmes et ma colère. Même s'il ne laissait rien transparaître, j'étais persuadée qu'il devait jubiler intérieurement. En plus d'avoir assisté pour la première fois à un échec de la Miss-Je-Sais-Tout qu'il ne supportait pas, il avait également pu voir certains souvenirs douloureux. Harry avait raison : Rogue était fourbe et déloyale. Je rassemblais mes esprits. Mes joues s'embrasèrent, je venais de m'énerver, presque d'engueuler, Severus Rogue. Hors de question d'abandonner, j'allais lui prouver coûte que coûte que malgré ce qu'il pensait, j'étais capable de le maîtriser. Même si ce n'était de toute évidence pas pour tout de suite. J'enchaînerais les coups, soit. Mais il arrivera un temps où il ne pourra plus m'atteindre, je m'en faisais la promesse solennelle.
Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Sam 1 Fév - 18:29
Severus se rendait bien compte qu’il s’était sans doute montré un peu sec avec la jeune femme, mais au fond sa méthode ne faisait que prouver que, bien que récalcitrant, il avait du respect pour son élève. Il savait parfaitement que Granger avait fait des recherches sur le sujet et était prête, théoriquement en tout cas, à ce qui l’attendant. Alors à quoi bon tergiverser pendant des heures avant de passer à la pratique ? Bien sur qu’il s’était montré brutal, mais il ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’au fond il avait eu raison. Et le fait de voir que Granger en avait presque perdu l’équilibre ne le fit pas changer d’avis. Il ferma les yeux un instant pour tenter de chasser les mots de Drago de sa mémoire, en vain bien évidemment. Mais quand il ouvrit à nouveau les yeux, son visage était de nouveau complètement fermé, détaché et froid. Ce qui n’était pas le cas de celui de la jeune Gryffondor.
Elle était clairement moins calme que lui, sa respiration encore haletante, ses joues rougies – par la colère ou par la honte ? – et ses yeux remplis de larmes refusant de couler. Severus prit quelques secondes pour étudier sa posture et décida qu’il s’agissait définitivement plus de colère que de honte. C’était bon signe pour le reste de son apprentissage, même s’il savait que ça allait le faire chier de devoir le supporter. Quoi que les autres puissent en penser, que ce soit Potter, Granger ou même Albus, Severus ne donnait pas ses cours dans le but de faire échouer la jeune sorcière. Le fait était que la seule méthode qui avait une chance de fonctionner était la méthode brutale. Et si Severus tirait un petit peu de plaisir à la faire souffrir par la même occasion, ça ne voulait pas dire que c’était le but premier. Il remonta ses manches, prêt à repartir lorsqu’il se rendit compte que Granger, elle, était loin d’être prête. Elle releva les yeux et Severus savait qu’il pouvait tout aussi bien reposer sa baguette pour l’instant, elle était bien trop agitée pour pouvoir reprendre le travail, et voilà qu’elle commençait à parler. Severus la laissa terminer sa tirade, agacé malgré lui-même de devoir subir ça en sachant qu’il pouvait difficilement répondre. Non pas parce qu’elle avait raison, mais parce qu’il avait besoin qu’elle se calme s’il voulait pouvoir reprendre l’entraînement. Il lui lança un regard noir en l’entendant insinuer qu’il n’avait fait ça que dans le but de montrer qu’il était capable de le faire. Mais il se força à se taire, préférant ravaler sa propre colère pour le moment. Granger avait honte, il n’avait pas besoin d’être maître en occlumencie pour s’en rendre compte, et pour l’instant il se contenterait de cette petite victoire.
Il leva les yeux au ciel en l’entendant dire qu’elle était prête maintenant. Il prit un pas dans sa direction, son geste lent et maîtrisé alors que son visage restait fermé. « Non, » répondit-il simplement. Il posa sa baguette sur son bureau avant de se tourner à nouveau vers Granger. « Défendre son esprit contre une attaque externe demande un calme, une lucidité que vous êtes loin de maîtriser. Calmez-vous. » Sa dernière phrase, bien qu’étant plus un conseil qu’un ordre, fut prononcée d’une voix sèche et sans appel. Si Granger était dans cet état, il serait capable de lui arracher ses pensées les plus intimes sans même avoir besoin d’essayer. Il ne la laisserait même pas lancer un sortilège de lévitation dans cet état, elle aurait été fichue de mettre le feu à son bureau. Mais il eut la délicatesse de ne pas le lui dire, et il estima que c’était déjà assez de courtoisie pour aujourd’hui. « Faîtes preuve d’un minimum de bon sens, Miss Granger. Que feriez-vous si vous deviez protéger un parchemin sur lequel était inscrit votre plus grand secret ? » Peu de gens le comprenaient, mais ce type d’attaque était une arme pour celui contre qui le sortilège était lancé. Il ne suffisait pas de se protéger, on pouvait également répliquer. Que ce soit en inversant le sort pour pénétrer dans l’esprit de l’adversaire ou bien en lui fournissant volontairement des images erronées, inventées de toute pièce. Et si Granger espérait pouvoir le comprendre, il allait falloir qu’elle utilise sa cervelle plutôt que sa répartie. Pour l’instant, ce n’était pas gagné.
Severus lui laissa quelques minutes de calme avant d’aller chercher sa baguette sur le bureau. Il prit une longue inspiration avant de vérifier que la jeune sorcière avait eu le temps de se concentrer à nouveau. Il attrapa rapidement son regard avant de lui faire un petit signe de la tête. « Legilimens ! »
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Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Dim 2 Fév - 18:20
Severus & Hermione
❝ I will attempt to penetrate your mind. You will attempt to resist ❞
Je pouvais sentir chaque pulsation de mon cœur venir heurter brutalement ma poitrine. Je ne m'étais pas énervée de la sorte depuis un sacré moment. Depuis ma droite dans la mâchoire de Malefoy je crois bien. Mais je ne faisais malheureusement pas face à la fouine de Serpentard. Je venais de m’égosiller sur Severus Rogue, il allait certainement me tuer. Enfin, verbalement en tout cas, j'espérais que sa colère ne dépasserait pas les mots. Pourtant, il ne dit rien, strictement rien, se contentant de me regarder tout du long en attendant que je finisse. Il finit par lever les yeux aux ciel, comme exaspérait. Il ne semblait pas en colère, juste impatient. Finalement, il fit un pas vers moi et je me braquais, persuadée qu'il allait relançait son sortilège au moment où je m'y attendrais le moins. Ce qu'il ne fit absolument pas. Et j'en étais étonnée. Il n'était pas du genre à prendre en compte les états d'âme des autres, encore moins des Gryffondors. L'entendre m'expliquer que j'étais incapable à l'instant de faire quoi que ce soit au vu de mon état, c'était surprenant. Je suivais des yeux le mouvement qu'il fit lorsqu'il posa sa baguette sur son bureau. Il était sérieux alors, il allait me laissait le temps de récupérer. En un instant, je regrettais mes pensées précédentes. Son objectif n'était peut-être pas de me faire échouer après tout. Mon regard finit par plonger dans ses yeux sombres, comme si ce contact visuel allait m'aider à comprendre le sens profond de ses mots. Que ferais-je si je devais protéger un parchemin sur lequel figurait mon plus grand secret ? Bonne question. La réponse semblait hors de portée. Mais j'appréciais la métaphore, elle me parlait. J'avais peur de me faire des idées à son sujet, mais Rogue semblait vouloir m'aider plus que je ne le soupçonnais. J'aurais du me concentrer sur le moyen de le repousser de mon esprit, je n'y parvenais cependant pas. J'étais plutôt focalisée sur le mystère que représentait le professeur. Pour autant, me lancer dans une tentative de déchiffrage me donnait le calme nécessaire de reprendre. Lorsqu'après un moment, il retourna chercher sa baguette sur son bureau, j'étais bien plus calme et plus apte à répliquer si nécessaire. Ça ne signifiait pas pour autant que je parviendrais à mieux faire .
De nouveau, nos regards se croisèrent et tout disparut en un instant. Il était de nouveau dans ma tête. Très vite, je m'affolais, incapable d'agir pour bloquer cette intrusion. Il se promenait à sa guise dans mes souvenirs. J'assistais impuissante à la rediffusion de ma vie. J'étais en classe de potions, en première année, mon premier cours face à lui, tellement désespérée de l'impressionner. Et puis j'étais plus grande et je rougissais face à un Lockhart qui me lançait des clins d’œils en classe. Je comprenais maintenant pourquoi Ron et Harry continuaient encore aujourd'hui de se moquer de moi à cause de ce béguin. Je ressemblais à une parfaite idiote, béat devant un crétin fini. Très vite, le décor changea. Nous étions dans le salon de mes parents, Cédric Diggory était mort et je leurs annonçais que je repartais dans quelques jours pour le monde des sorciers. Je revoyais leurs visages inquiets et malheureux. Je ressentais de nouveau la douleur de les quitter. Je fus soulagée de changer de souvenir lorsque je compris duquel il s'agissait. Nous étions encore en cours de potions, et je savais que Harry s’apprêtait à jeter un pétard dans le chaudron de Goyle pour que je puisse m'introduire dans le bureau de Rogue et lui voler des ingrédients. Oh non. Non et non, hors de question qu'il voie ça ! Concentre toi Hermione, que ferais-tu pour préserver un parchemin secret ? J'essayais de réfléchir à toute vitesse et n'assistais plus qu'à moitié à la scène lorsqu'enfin j'eus une idée. De toutes mes pauvres forces, je me concentrais sur les bouquins de la bibliothèque. J'avais une mémoire photographique, si bien que je n'avais qu'à me rappeler du livre pour le visualiser dans la tête. Si je voulais cacher un secret, je noierais celui qui tenterait de le découvrir sous une tonne d'informations inutiles. Du moins, c'était la seule solution que j'avais pour le moment.
J'étais sur le point d'abandonner lorsque ça se produisit. Je voyais Harry glisser la main dans sa poche, et d'un seul coup, le décor changea. J'étais seule à la bibliothèque, des dizaines de livres autour de moi. Il fallait que je me concentre juste un petit peu... je pouvais sentir le regard de Rogue par-dessus mon épaule alors que je portais toute mon attention sur les mots. C'était l'Histoire de Poudlard, je l'avais lu si souvent que c'était un jeu d'enfant. Mon subterfuge ne tint cependant pas la route. Il se brisa avec violence à peine quelques secondes après son début, et je fus renvoyée brutalement dans mes souvenirs à la guise du sorcier qui finit par lever le sortilège. Pour la seconde fois, j'avais l'impression d’atterrir dans le bureau. Le retour à la réalité me semblait moins dur que la première fois. Mais j'étais exténuée, littéralement vidée de toutes mes forces. Ce deuxième essai était tout aussi pathétique que le premier. Je n'avais réussi qu'à orienter le professeur sur un souvenir inutile sans le repousser réellement, et ça n'avait duré qu'un bref instant. Pourtant, toute mon énergie y était passée. J'enrageais. De nouveau appuyée contre la pierre froide, je n'osais pas regarder le Maître des Potions. Il allait être aussi déçu de cette tentative que de la première et j'étais déjà assez en colère contre moi-même pour deux personnes.
«- Je sais que ce n'était pas très concluant, mais j'essaie vraiment de vous repousser... C'est juste bien plus dur que je ne l'avais imaginé. Et... Je... »
Je voulais encore me justifier, ne pas lui laisser croire que j'abandonnais ou que je n'étais pas assez douée pour y arriver. Mais je sentais le sang quitter mon visage. J'avais froid d'un coup, si bien que je me reculais du mur frais, au grand dam de mes jambes qui ne semblaient plus pouvoir supporter le poids de mon corps. Ma vision se troublait. Finalement, je relevais le regard vers Rogue qui se tenait toujours droit devant moi.
«- Je ne pensais pas que c'était aussi exténuant... »
J'essayais de rester normale, mais j'avais bien peur de tourner de l’œil. Le cas échéant, il ne s'aviserait sûrement plus de me donner la moindre leçon.
Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Dim 2 Fév - 23:12
Severus prit une longue inspiration pour tenter de se reconcentrer. Granger n’avait aucun moyen de se défendre, mais il espérait bien que ce second essai se prouverait plus fructueux pour elle que le premier. Et s’il voulait affronter ne serait-ce qu’un petit challenge, il allait avoir besoin d’être concentré sur sa tâche. Il voulait à tout prix éviter de revivre l’expérience qu’il avait vécu avec Potter quand celui-ci avait réussit à retourner son sort contre lui. Par pure chance, cela ne faisait aucun doute, alors Severus avait du mal à imaginer ce dont Granger serait capable si elle y mettait vraiment du sien. Il vida son esprit, mettant tous ses souvenirs personnels ou confidentiels dans un coin de son esprit pour ne plus laisser que des souvenirs banals et sans intérêt au devant de sa mémoire. Il croisa le regard de la jeune femme et lança à nouveau son sort, pénétrant dans ses souvenirs aussi aisément que la première fois. Les images défilaient à une vitesse impressionnante, sans que le professeur de potions ne tente de s’attarder sur l’une d’entre elles. S’il voulait vraiment que Granger essaie de le repousser, il allait devoir chercher le souvenir qu’elle voulait garder pour elle, le moment de sa vie qu’elle ne supporterait pas qu’il voie de ses propres yeux. Il navigua parmi ses pensées comme s’il feuilletait un livre avant d’arriver sur une scène qui, de toute évidence, mettait la jeune femme mal à l’aise. Il put la sentir se tendre à l’instant même où elle reconnut la pièce, et Seveus décida donc d’arrêter ses recherches sur ce moment. Intéressant.
Severus se concentra sur Hermione – celle du souvenir – et remarqua finalement qu’elle observait Potter du coin de l’œil, comme si elle attendait son signal. Il fronça les sourcils et se tourna vers Harry, mais avant qu’il n’ait eu le temps d’apercevoir quoi que ce soit de suspect, le décor changea. Ils étaient désormais dans la bibliothèque du château, et Hermione était penchée sur un livre… L’Histoire de Poudlard. Severus leva les yeux au ciel. Bien sur qu’elle aurait choisi ce souvenir. Il avait assez vu la jeune femme traîner à la bibliothèque pour savoir qu’elle connaissait ce fichu bouquin par cœur, et quand on connaissait ses origines, ce n’était pas si étonnant que ça. Masquant le petit sourire qui menaçait d’étirer ses lèvres, Severus les tira à nouveau vers un autre souvenir, reprenant ses recherches là où il les avait laissées. Il s’était laissé déconcentrer l’espace d’un instant pour observer Potter, et Granger en avait profité. Il aurait été impressionné s’il n’avait pas été aussi agacé de s’être laissé avoir si facilement alors qu’il était clairement sur le point d’assister à une scène qui allait l’intéresser. Il était sur le point de s’arrêter sur une autre scène lorsqu’il sentit que Granger avait abandonné les armes. Il se força alors à relâcher son sort, plus en douceur cette fois-ci, mais sans pour autant faire preuve de délicatesse. Il garda les yeux fermés l’espace d’un instant, le temps de retrouver ses appuis. Mais lorsqu’il les rouvrit, il comprit vite pourquoi la jeune femme avait arrêté de résister. Elle était pâle comme la mort, de nouveau appuyée contre le mur en pierres comme si sa vie en dépendait. Plus probablement, comme si son équilibre en dépendait. Severus l’écouta essayer de se justifier et posa doucement sa baguette sur le bureau. Même dans cet état elle était incapable de rester silencieuse, ça en disait long. Il n’essaya pas de l’interrompre, simplement par peur qu’elle ne se force à l’interrompre à son tour et ne gaspille son énergie en vain. Évidemment qu’elle était extenuée, c’était un exercice difficile et éreintant surtout. Elle n’avait mis qu’une petite heure à réussir quelque chose que Potter avait mis deux semaines à essayer de comprendre. Mais essayer d’utiliser la magie sans la maîtriser parfaitement était dangereux, et Severus regrettait presque de l’avoir poussée à continuer la session.
Il se tourna rapidement vers une des chaises qui trainait dans son bureau, la faisant léviter jusqu’à la jeune femme sans prononcer un mot avant de la laisser retomber à côté d’elle. «Asseyez-vous, » ordonna-t-il. Il n’avait pas envie de la voir s’évanouir dans les cachots, il osait à peine imaginer la réaction de Dumbledore. Et franchement, sa réputation n’avait plus besoin de ce genre d’incident. Il savait que ça l’aiderait d’avaler quelque chose, mais il n’avait rien sur lui et il se doutait bien que la jeune femme ne tiendrait pas à s’attarder ici plus que nécessaire. Au moins il ne l’avait pas laissé debout. Il se dirigea rapidement vers sa bibliothèque personnelle, commençant à scanner le titre des ouvrages alors qu’il attendait que Granger ne reprenne un peu son souffle. « L’usage de la magie peut se montrer fatigant lorsqu’elle n’est pas canalisée, utilisée correctement. Vous avez réagit instinctivement, sans logique, et donc sans aucune maîtrise. J’aurais été étonné de vous voir tenir debout sans effort, » expliqua-t-il d’une voix monotone, comme s’il ne faisait pas véritablement attention à ce qu’il disait. Bien sur, chaque mot était réfléchi, mais ça, Granger n’avait pas besoin de le savoir. Il avait besoin de lui faire comprendre qu’elle allait devoir travailler, sans pour autant lui laisser penser qu’elle était si mauvaise que son cas était désespéré. Il détestait devoir gérer des adolescents. A se demander comment il avait eu le boulot.
Il attrapa finalement un livre couleur rouge sang et l’amena jusqu’à la jeune femme. « Il est inutile de poursuivre la session, vous n’êtes pas en état de vous défendre. » Il lui tendit l’ouvrage, le visage toujours aussi fermé qu’auparavant. On avait l’impression qu’il venait juste de se lever, contrairement à Hermione qui donnait l’impression de se remettre doucement d’un marathon. « Je m’attends à ce que vous ayez lu ceci de couverture à couverture d’ici à la semaine prochaine. Notre prochaine session se déroulera Jeudi prochain, à 20h également. »
❝ I will attempt to penetrate your mind. You will attempt to resist ❞
Je le regardais faire léviter jusqu'à moi une des chaises de son bureau. Il m'ordonnait de m'asseoir, je m'exécutais sans demander mon reste. Même si je ne l'aurais pas prononcé à voix haute, j'espérais qu'il allait en restait là. Déjà que mes deux tentatives n'étaient pas très glorieuses, je savais pertinemment que, dans l'état actuel, je ne serais plus capable de rien. Je tentais malgré tout d'être attentive et d'avoir l'air moins pitoyable. Je le suivais des yeux lorsqu'il se dirigeait vers sa bibliothèque. C'est seulement à ce moment-là que je réalisais l'immensité de la structure, remplie de livres aux couvertures diverses. Je n'étais pas étonnée, juste émerveillée. Rogue était peut-être un type peu recommandable, mais il ne faisait aucun doute qu'il était un sorcier puissant et intelligent. La Miss-Je-Sais-Tout en moi avait envie de se lever et de parcourir les titres à la recherche de la perle rare. Mais même ça, je ne me sentais pas l'énergie de le faire. J'allais répliquer, lui dire que j'avais réfléchi et que, contrairement à ce qu'il semblait penser, j'avais un cerveau et il avait été en marche tout au long de l'exercice. Pourtant, tel un poisson rouge après un tour de bocal, ma colère passa dès l'instant où il me tendit le bouquin au cuir rouge.
Je contemplais l'objet comme si c'était un véritable trésor. Premièrement, un livre sur l'occlumancie, ça ne courait pas la bibliothèque, et ce n'était pas faute de l'avoir parcourut maintes et maintes fois. Deuxièmement, Severus Rogue me prêtait, à moi, immondice de chez Gryffondor, un de ses ouvrages personnels. J'étais à deux doigts d'être flattée. Je réprimais un sourire amusée et finit par me lever pour récupérer mon sac tout en gardant contre moi l'ouvrage. D'autres auraient sûrement pester à sa requête mais me connaissant, je n'aurais pas de répit tant que la dernière page ne serait pas tournée. D'ici la semaine prochaine, j'aurais terminé et commenté le bouquin. Sans prétention, bien sûr.
«- J'y compte bien... Bonne soirée, professeur. »
Je ne m'attardais pas plus dans les cachots. Rapidement, je remontais dans la tour des rouges et ors. Comme je m'y attendais, Harry et Ron m'attendaient impatiemment. Mais j'étais bien trop exténuée pour leur raconter quoi que ce soit. D'un geste de la main, je repoussais leurs questions et filais directement dans mon dortoir. Si seulement je pouvais dormir jusqu'à la semaine prochaine...
A week later...
La semaine défila à toute allure. Malheureusement, je n'avais eu que très peu de temps pour mes recherches personnelles, entre les cours, les devoirs et le bouquin à achever. Toute la journée du jeudi, je ne pensais qu'à ma leçon particulière. L'occlumancie occupait tout mon esprit. Je profitais du cours d'Ombrage pour relire une dernière fois mes notes. Le temps où la Défense contre les Forces du Mal demandait une attention toute particulière était révolu. C'était exaspérant de voir autant d'incompétence. J'aurais pu ne jamais mettre le pied dans la salle de classe de ce bonbon rose et pourtant en savoir plus sur le sujet. Heureusement, j'avais la chance pour ma part d'avoir reçu un peu d'entraînement des membres de l'Ordre durant les vacances de noël. Ce n'était pas le cas de tous cependant...
Arrivée au repas du soir, je prenais bien soin, pas comme la dernière fois, à emmagasiner assez de force pour pouvoir clouer le bec du Maître des Potions. Ce soir, il fallait à tout prix que j'ai une réussite, aussi minime soit-elle ! Mes deux amis me regardèrent manger de bon appétit, surpris. J'étais du genre à avoir un appétit d'oiseau, sans aller jusqu'à me laisser mourir de faim. Lorsque je leur avait raconté pour les cours d'occlumancie, Harry, fidèle à lui-même, s'en voulu énormément. Encore des jours plus tard, il avait du mal à accepter le fait que je doive supporter Rogue à cause de son échec. Je ne voyais pas les choses de cette manière. Le Serpentard était ce qu'il était, mais il y avait une chance pour qu'il me donne un atout considérable en vue de ce que nous allions devoir affronter.
J'arrivais devant la porte du bureau de Rogue cinq minutes en avance, comme la dernière fois. Je retirais le livre rouge sang de mon sac pour le garder au bras et toquais trois coups contre le bois. Encore une fois, il me dit d'entrer avec toute la joie et l'allégresse dont il était capable, c'est-à-dire aucune. Sans me démonter, je refermais la porte derrière moi en le saluant brièvement. Je m'avançais jusqu'à son bureau sur lequel je posais son bouquin et en profitais pour quitter mon sac.
«- Je ne pense pas qu'aucun livre à la bibliothèque ne puisse expliquer aussi bien l'occlumancie que celui-là. Il présente les choses d'une manière... différente. Moins théorique, beaucoup plus dans le ressenti. »
Je n'étais pas sûre que mes impressions sur le contenu l'intéressait mais je m'étais mise à le commenter avec passion sans même m'en rendre compte.
Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Sam 8 Fév - 20:07
Une semaine plus tard.
Seveus avait eu du mal à croire que Granger se remettrait de leur première session, si bien qu’il avait été assez surpris de la voir debout aussi tôt que d’habitude le lendemain matin. Il l’avait même croisé dans le couloir plusieurs fois et avait rapidement remarqué qu’elle était en train de feuilleter l’ouvrage qu’il lui avait prêté. Sans compter le fait que lire en marchant était la chose la plus insensée au monde, il devait admettre qu’il était soulagé de voir qu’elle, au moins, prenait ses cours au sérieux. Il allait avoir du mal à se débarrasser d’elle si elle mettait du cœur à l’ouvrage, mais étant donné l’obstination dont Albus faisait preuve la plupart du temps, il avait du mal à imaginer qu’il aurait réussi de toute façon. Et au moins si elle faisait des efforts, leurs cours seraient peut-être une perte de temps moindre. En tout cas, moins importante que celle que représentait ses sessions avec Potter. Il quitta la Grande Salle aux alentours de 19h pour aller s’enfermer dans son bureau. Si son cours avec Granger commençait à 20h, il allait avoir besoin d’au moins trois quart d’heure pour reprendre son souffle. S’il avait le malheur de se présenter à leur session dans un mauvais état d’esprit, il risquait non seulement de la blesser, mais surtout de ne pas le regretter assez pour essayer de réparer son erreur. Il pouvait imaginer le visage d’Albus d’ici et décida que ça ne valait pas le coup de tenter le diable. Il s’installa finalement avec un grand verre de jus de citrouille et les copies du test des troisièmes années. Lorsqu’il leva à les yeux de ses copies, il était déjà moins dix et Severus se leva à contre cœur pour préparer la leçon de la jeune Sang et Or.
A vingt heure moins cinq, comme la semaine dernière, il entendit la jeune femme frapper à la porte et l’invita à entrer en aboyant presque son ordre. La démarche de Granger était déjà moins incertaine que la dernière fois et Severus reposa ses affaires sur son bureau avant de se lever. Il leva les yeux au ciel en l’écoutant parler, comme si elle avait assez d’éléments pour pouvoir vraiment juger de la qualité de l’ouvrage qu’il lui avait donné. Et elle disait cela comme si ça la surprenait. Severus maîtrisait assez son sujet pour savoir exactement quel livre allait aider, et même si c’était précisément ce que Granger venait de laisser entendre, il n’en appréciait ni la manière ni le ton. « Contrairement à d’autres ouvrages que vous aviez l’air d’apprécier il y’a quelques années, ce livre a l’avantage d’avoir été écrit par quelqu’un qui sait de quoi il parle, » répondit-il de sa voix froide habituelle, masquant à grande peine son exaspération. Certes, faire référence à Lockhart parce que Granger avait eu le malheur de tomber dans le piège quand elle avait 12 ans était puéril, et stupide, mais au moins ça lui permettait de garder la main sur la discussion. Il avait besoin que Granger admette qu’elle ne connaissait rien au sujet si elle devait pouvoir commencer à apprendre. Et malheureusement pour lui, ça ressemblait fort à une bataille perdue d’avance. Il savait très bien qu’il se cherchait des excuses, qu’il était simplement désagréable avec elle pour se venger en quelque sorte, parce qu’elle l’avait toujours agacé. Mais se montrer civil avec la jeune femme aurait sous-entendu qu’il était capable de la supporter, et ça, c’était hors de question. De toute façon, elle se défendrait bien mieux contre lui s’il réussissait à faire en sorte qu’elle ne veuille absolument pas de lui dans son esprit. Quand on considérait leur passé, ce n’était pas bien dur à imaginer.
« Je suppose que vous l’avez terminé, » déclara-t-il avant de récupérer son livre, se donnant un peu l’impression d’arracher son jouet à un enfant. Il lui avait prêté le livre sur un coup de tête la semaine dernière, et avait depuis retrouvé ses esprits. Elle avait surement lu l’ouvrage à table et il connaissait assez bien Weasley pour savoir qu’il était capable de projeter sa nourriture à des mètres à la ronde. C’était un risque qu’il n’était pas prêt à prendre. Il se dirigea vers sa bibliothèque pour ranger l’ouvrage. « J’ose espérer que vous êtes mieux préparée que la semaine dernière. » Sa voix était monotone, mais imposante, une capacité qu’il avait toujours eu sans l’avoir travaillé. Une capacité qui était surtout très utile dans son métier, c’était un atout véritable de pouvoir inspirer le respect et la peur sans avoir besoin de s’égosiller. Et c’était encore le meilleur moyen de s’assurer la concentration totale de ses élèves. Granger ne faisait pas exception. Il fit demi-tour sur lui-même, croisant ses bras derrière son dos avant de hausser un sourcil presque moqueur. « Je vous écoute, Miss Granger. Qu’avez-vous retenu ? Quel moyen vous paraît être le plus efficace pour vous défendre ? » Il prit une longue inspiration, se préparant au pire. Non seulement Granger adorait parler, mais il venait en plus de l’encourager. Et il avait bien peur que les minutes à venir allaient être douloureuses pour lui, mais il n’y avait aucun moyen d’y échapper.
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Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Dim 9 Fév - 13:57
Severus & Hermione
❝ I will attempt to penetrate your mind. You will attempt to resist ❞
Je le regardais reprendre l'ouvrage dès l'instant où je l'avais posé sur le bureau, comme s'il regrettait même de me l'avoir prêté précédemment. Mais ce ne fut pas ce qui me choqua le plus. Oh non, ce qui poussa mes joues à s'enflammer de colère, et surtout de honte, ce fut sa remarque à peine voilée sur mon béguin en deuxième année envers le professeur Lockhart. Cette remarque me donnait l'impression d'être une parfaite idiote à ses yeux, pour la simple raison que lorsque j'avais douze ans, j'avais idolâtré un sombre idiot. De toute évidence, quoi que j'ai pu faire les deux années qui suivirent, il était resté bloqué sur cette idée. J'avais de l'admiration pour le professeur Rogue. C'était le seul être capable d'instaurer une tension dans l'air, d'imposer à quiconque un respect envers sa personne. Il était également le seul être sur cette planète à avoir la faculté de me faire le détester plus que n'importe quoi en l'espace de quelques secondes. J'essayais de ravaler ma fierté, bien que les mots se pressaient contre mes lèvres, prêts à l'incendier en un instant, et l'observais ranger l'ouvrage. J'aurais aimé pouvoir le garder, mais j'avais pris un soin particulier à prendre des notes à part à chacune des pages. Harry m'avait regardé faire, assez dubitatif. Pour lui, l'occlumancie était tout simplement une chose impossible à maîtriser, il me conseillait même d'arrêter avant d'en faire les frais. Mais je ne l'avais pas écouté. J'avais envie d'en apprendre plus sur ce sujet et j'avais attendu cette cession avec le Maître des Potions toute la semaine, dans une impatience surprenante. Cette impatiente avait totalement disparu. Je lui faisais face et, devant cet air moqueur, renvoyais une mine sombre, renfrognée. J'étais vexée, ça pouvait paraître absurde, même puérile, mais je me considérais comme une personne intelligente, et qu'il ne me voie que comme une gamine amourachée d'un usurpateur était offensant. Je ne répondis donc pas lorsqu'il déclara de sa voix froide espérer que je sois mieux préparée. De toute façon, je ne pensais pas l'être vraiment. La seule différence notoire, c'était que j'avais bien pris le temps de prendre un bon repas pour m'assurer de ne pas tourner de l’œil une seconde fois. Et puis il me donna la parole. Severus Rogue me posait une question à laquelle il attendait une réponse. C'était bien la première fois de ma vie que cela m'arrivait. D'habitude, il prenait un soin tout particulier à m'ignorer sans vergogne alors que je connaissais la réponse à sa question dans les moindres détails.
«- Ce que j'ai retenu, professeur, c'est qu'il ne fallait pas que je me concentre sur le moyen de vous faire sortir de mon esprit. »
Et c'était plus facile à dire qu'à faire parce que la présence du ténébreux sorcier dans mes souvenirs était tout bonnement insupportable. Je devais admettre, et à l'heure actuelle, c'était très difficile, qu'il était plus fort que moi, physiquement je n'en doutais pas, mais surtout mentalement. Pour le moment, chercher à le chasser serait une perte de temps et d'énergie. Il fallait d'abord que je trouve le moyen de visualiser mon esprit, d'en connaître les moindres recoins et d'y canaliser chaque sentiment. J'étais une Gryffondore, même si j'étais quelqu'un de réfléchie, il m'arrivait d'atteindre mes limites et de perdre mon sang-froid, la droite assénée à Malefoy en était un parfait exemple. Mais j'étais aussi sensible et revoir mes souvenirs ramenait des émotions enfouies sans que je ne puisse avoir aucun contrôle dessus.
«- J'ai aussi compris que vous deviez être encore meilleur légilimens que je ne le pensais. Selon l'auteur, les qualités indispensables dans cet art sont le détachement, la froideur, plus largement la capacité à n'avoir aucune émotion. »
Ça n'était pas vraiment un compliment. Il était tout ce que je n'étais pas et je ne comprenais pas comment j'allais pouvoir faire pour obtenir de bons résultats. Devenir comme lui était inconcevable, j'étais incapable de ne pas m'enflammer lorsque l'on me cherchait, et même envers lui, alors qu'il m'évoquait une certaine crainte, je ne pouvais m'empêcher de répondre. Ce côté insolent, je ne l'avais pas toujours eu. Il s'était développé à force de devoir faire mes preuves, mais aussi d'être obligée de me battre pour ce qui était juste.
«- Je vais donc essayer d'effacer toutes émotions de mon esprit lorsque vous tenterait d'y accéder en prenant exemple sur vous. »
Dernière édition par Hermione Granger le Sam 15 Fév - 19:22, édité 1 fois
Severus T. Rogue*
new & pure
hiboux : 28
maison : serpentard
house points : 0
localisation : les cachots
multicomptes : johann, emma & bella
Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Sam 15 Fév - 18:18
Certes, Severus savait très bien que sa petit remarque n’était ni très correcte, ni très intelligente. Mais il avait eu besoin de la faire, comme un mauvais réflexe qu’on était incapable de battre après des années d’habitudes. Et puis, au fond, il ne faisait que se venger un tout petit peu, même si ce n’était pas la faute de Granger s’ils se retrouvaient coincés ici une fois par semaine. Le principal, c’était que ça défoulait un peu. Il se tourna vers la jeune femme, redoutant le pire. La laisser parler était comme s’ouvrir une veine et se jeter dans un océan infesté de requin. Mais il n’y avait pas vraiment de moyen d’y échapper, il devait bien s’assurer qu’elle avait lu l’ouvrage et qu’elle en avait retenu quelque chose. Il en doutait fort, mais il fallait bien pouvoir le prouver. Severus haussa un sourcil en entendant sa réponse. Alors comme ça elle jetait déjà l’éponge ? Il devait admettre que sa conclusion était assez logique. Défaitiste, mais logique. Pour l’instant il ne lui aurait servi à rien d’essayer de l’empêcher d’accéder à ses souvenirs, il avait trop d’expérience et, même si c’était lui qui le disait, trop de talent pour l’occlumencie. Cette discipline demandait de la rigueur et une capacité hors-norme de réflexion et de contrôle. Autant dire, qu’elle avait été inventée pour lui.
La suite de sa réponse le frappa de plein fouet, sans qu’il n’en laisse rien paraître. Aucune émotion ? Était-ce vraiment ce qu’elle pensait de lui ? Il devait admettre qu’il l’avait cherché, après tout ça faisait aussi partie de son travail, de sa mission. Mais il ne pouvait pas accepter d’entendre une élève, une Gryffondor qui plus est, le lui dire en face. Il ravala sa salive discrètement, se mordant la langue pour s’empêcher de l’interrompre. L’occlumencie ne demandait pas une absence d’émotion, mais plus précisément une capacité à les maîtriser. S’introduire dans l’esprit de quelqu’un sans émotion n’aurait aucun intérêt, il ne fallait pas laisser croire qu’aucun sentiment n’était présent, mais plutôt en montrer des faux. Et pour inventer des émotions, il fallait bien les avoir ressenties auparavant, non ? Mais ça, bien sur, Granger n’était pas encore capable de s’en rendre compte. Severus allait faire en sorte de lui ouvrir les yeux, et elle risquait de regretter amèrement son insolence. Il serra les poings dans son dos avant de prendre une longue inspiration par le nez. L’instant d’après, il apparaissait presque détendu, calme, comme s’il n’avait rien entendu de ce qu’elle avait dit. « Voyons voir si vous en êtes capable, » déclara-t-il avant de sortir sa baguette d’une des poches de sa robe. Si Granger pensait vraiment être capable de masquer toutes ses émotions, Severus allait se faire un plaisir de lui faire comprendre à quel point c’était stupide. Le problème des émotions, c’était que plus on essayait de les cacher et plus elles étaient visibles. On les mettait en évidence à force d’essayer de les masquer.
Severus attrapa le regard de la jeune femme avant de lever sa baguette. « Legilimens ! » Le professeur de potions se sentit transporter dans l’esprit de la jeune femme en l’espace d’une seconde, un sentiment qu’il connaissait par cœur mais dont il ne se lassait pas. Il avait imaginé que la plupart des sportifs ressentaient la même chose en enfourchant un balai, que les musiciens ressentaient la même chose en effleurant leur instrument. L’occlumencie était un art, et Severus allait s’efforcer de montrer que sa maîtrise était plus compliquée que Granger ne semblait le penser. Il aperçut une petite fille aux cheveux hirsutes qui recevait un cadeau d’anniversaire et changea rapidement de scène. La joie n’allait pas faire l’affaire pour cette leçon. Il atterrit alors dans une cour d’école et aperçut une bande de garçons se moquer d’une gamine assise dans un coin. Il se concentra sur elle avec un sentiment de fierté, se plongeant réellement dans la scène jusqu’à sentir sa douleur, sa tristesse et sa honte. Il gratta sous la surface jusqu’à se retrouver dans les chaussures de la petite fille, exposant ses émotions comme s’il étalait des ingrédients sur un bureau. Lorsqu’il estima avoir vu tout ce dont il avait besoin, Severus changea de scène sans s’attarder. Ses mouvements étaient froids, calculés, secs. La colère de la jeune fille en entendant Weasley dire qu’il était normal qu’elle n’ait pas d’amis. Ses larmes dans les toilettes juste avant que le trool n’arrive. Sa peur pendant sa seconde année quand elle pensait que le Basilic allait s’attaquer à elle. Elle était terrifiée, sans pourtant le montrer. Il sentit également un peu de rancœur à l’égard de ses deux amis qui étaient incapables de se rendre compte qu’elle souffrait à côté d’eux. De la rancœur, encore, quand Potter et Weasley l’avaient écartée du groupe en troisième année. Il arriva alors en quatrième année, au bal de noël et se rendit compte que Granger était en train de pleurer. Elle courrait vers les escaliers, laissant Weasley derrière elle. Il se concentra à nouveau sur elle, commençant à gratter pour dévoiler sa colère et sa tristesse après la manière dont son ami s’était comporté. Il en jubilait presque, mais il se força à ne pas laisser ce sentiment le déconcentrer. Après tout, c’était ce que Granger avait demandé, non ? Il était sur le point de passer à une autre scène lorsqu’il sentit la connexion le tirer en arrière, l’empêchant presque d’avancer. Il aurait pu continuer, aisément même, mais il décida qu’il avait assez démontré la sottise de la jeune femme pour le moment.
Severus ferma les yeux et sortit de son esprit, moins brutalement que la dernière fois. Il reprit ses esprits en quelques secondes, sentant le sol dur des cachots sous ses pieds. Il ne se tourna pas vers Granger, se dirigeant immédiatement vers son bureau pour poser sa baguette. « Je pensais que vous alliez essayer de masquer vos émotions. C’est bien ce que vous aviez prévu, non ? »
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Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Dim 16 Fév - 1:15
Severus & Hermione
❝ I will attempt to penetrate your mind. You will attempt to resist ❞
Je fixais le professeur, attendais, non sans impatience, sa réaction. Il restait de marbre, comme à son habitude. Pourtant, j'avais remarqué une étincelle briller au fond de ses yeux noirs. Je ne l'aurais jamais remarqué auparavant mais maintenant qu'il tentait à tout prix de découvrir le moindre de mes secrets, j'accordais plus d'attention que dans le passé à son regard qui, le premier abord franchi, se révélait être la seule manière de le découvrir un tant soit peu. Je pensais qu'il allait exploser de colère, me chassait sans vergogne de son cachot et ne plus jamais chercher à m'instruire cet art. Mais non. Il finit par prendre une longue inspiration et tout avait disparu, ça n'avait duré qu'un instant, un bref instant qui n'avait pas paru être vrai. Il me toisait, l'air détaché, détendu. J'en restais pétrifiée. J'étais incapable d'autant de contenance. Il plongea de nouveau ses yeux noirs dans les miens et déjà j'avais l'impression qu'il était dans mon esprit. Je ne parvenais pas à détourner le regard, si bien que je me sentais vulnérable, presque sur le point de m'excuser. Et puis tout s'effaça autour de nous.
Je n'eus pas le temps de comprendre la première scène qu'elle s'effaçait sous mes yeux, laissant les visages de ma mère et de mon père flotter un instant dans mon esprit. Ils me manquaient cruellement, bien plus que je ne le disais. Les traits d'une cour d'école s'élevèrent et je me reconnus rapidement. La petite fille seule, sur un des bancs de la cour, chahutait par tous les autres enfants. Pointée du doigt, la risée de tous. Je pensais que le souvenir s'arrêterait à cette simple vision. J'avais tort. Cela me semblait bien différent de la dernière fois. Je ne me contentais pas d'être simple spectatrice de mon passé. Je le revivais. Littéralement. Je pouvais le voir de mes yeux d'enfant, mais pire que tout, je pouvais ressentir chaque émotion ressentie à l'époque. À mon grand étonnement, j'avais honte et j'avais peur. Ce n'était pas normal... avant que je ne commence à chercher la raison de tout cela, l'école s'effaça et laissa place à un autre paysage, beaucoup plus familier. La cour extérieur du château, ma colère contre Ron et puis mes larmes dans les toilettes des filles lorsque je me ressentais rejetée, incomprise à nouveau. Ses larmes, je les sentais couler sur mes joues, je ne saurais dire si c'était les joues de la femme que je suis ou de l'enfant que j'étais. J'étais perdue, comme noyée dans mes souvenirs, mes émotions étant des vagues qui déferlaient sur moi sans que je ne puisse m'y soustraire. Je revivais ces moments avec trop de vraisemblance par rapport à la dernière fois. Et puis je courrais dans les couloirs, mon cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Je savais qu'il allait venir pour moi, il avait compris je serais sa prochaine cible. Il fallait que les autres comprennent. Lorsque ses deux yeux jaunes se reflétèrent dans la glace, je criais et encore une fois, peut-être l'avais-je aussi fait dans ce cachot. Je ressentais ces instants avec une telle puissance que je ne pouvais plus me concentrer sur l'aspect visuel de l'expérience. Colère, tristesse, peur, désespoir, solitude. Je n'étais plus que cela.
J'allais le supplier d'arrêter. J'aurais rendu les armes à l'instant si il me l'avait demandé. Je n'étais pas capable de gérer tout ça, c'était impossible s'il me faisait revivre toute ma vie avec une telle intensité. C'était comme être au beau milieu d'une tempête, seule et apeurée, et devoir continuer jusqu'à ce que tout s'arrête, et pourtant n'avoir aucun pouvoir sur cette fin. Lorsqu'il sortit enfin, ce ne fut pas aussi brutalement que précédemment. Mais ce voyage intérieur avait été si intense que j'en ressortais lessivée. J'avais mal, physiquement mal. Ma gorge était serrée, le cri poussé dans ce souvenir avait du retentir en écho dans cette salle et je sentais mes joues humides. Mon cœur ne se calmait pas, c'était comme si je m'attendais à ce que le regard sombre de Rogue soit les deux pupilles jaunes du Basilic. Il me posa une question mais j'étais incapable de l'entendre. Je n'arrivais pas à me calmer. Et lui, il semblait enchanté de m'avoir donné cette leçon. Il jouait avec mes émotions comme il l'aurait fait avec une poupée de chiffon. J'étais sa marionnette, il voulait me faire comprendre que c'était bel et bien lui le seul capable de tirer les ficelles. J'avais raison, il ne devait pas savoir ce qu'était la douleur et la honte, sinon jamais il ne m'aurait forcé à revivre tout cela de cette manière.
Ma colère était elle qu'elle me consumait toute entière. Mon corps réagit instinctivement. Je m'avançais à lui dans une foulée rageuse et m'arrêtais à quelques centimètres. Brusquement, ma main se leva dans les airs pour le gifler. Je voulais qu'il ai mal autant que je souffrais à l'heure actuelle et j'avais oublié tout aspect magique de la chose. Pourtant ma raison l'emporta. Je m'arrêtais, la main près de son visage, le souffle coupé. J'allais vraiment le frapper. Il m'avait fait perdre la tête. Je n'avais jamais été aussi hors de moi de ma vie. Pour lui, ce n'était qu'un jeu alors que moi, c'était ma vie. Je n'étais sûrement pas la plus à plaindre, mais j'avais eu mon lot de peines et de douleurs pour lesquels il avait une indifférence inacceptable.
Je ne sais pas combien de temps j'étais restée comme ça, le menaçant de la sorte, mes dents mordant rageusement mes lèvres comme pour essayer de me contenir. J'attrapais finalement mon sac et quittait les lieux sans un mot alors que pourtant, j'avais envie de hurler. C'était plus qu'une envie, c'était même un besoin. La porte claqua derrière moi magiquement, sans que je ne la touche, signe que j'avais perdu tout contrôle. Rogue était finalement ce que tout le monde pensait de lui, un être sans cœur.
Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Dim 16 Fév - 19:30
Severus ne s’était pas attendu à ce que Granger sorte indemne de cette petite expérience, c’était même le but premier. L’occlumencie ne s’apprenait pas comme on apprenait un simple sortilège de lévitation ou comme on apprenait à lire une carte du ciel. C’était un art ténébreux, mal compris par la plupart, un art qui demandait de l’investissement, de l’expérience, du vécu. Et ça, Granger semblait incapable de le comprendre. Il aurait du s’en douter, pour quelqu’un qui avait l’habitude de tout apprendre en théorie d’abord, qui ne savait rien de plus que ce que ces maudits bouquins lui avaient appris, l’occlumencie était une discipline inaccessible. Il ne comprenait juste pas pourquoi Albus n’avait pas été capable de le voir lui-même. Si le vieux fou avait pris cinq minutes pour y réfléchir, il se serait rendu compte de lui-même que cette expérience ne pouvait se finir qu’en désastre. Severus était sur le point d’en rajouter une couche lorsqu’il vit Granger sortir de sa transe, se dirigeant rapidement vers lui comme si elle était sur le point de lui jeter un sort. Mais Severus se rendit bien vite compte que la jeune femme n’était pas sur le point de sortir sa baguette. Elle s’arrêta juste devant lui, la main tendu, prête à le gifler. Severus ne bougea pas d’un pouce, ne recula pas, n’esquissa pas le moindre mouvement. Il n’avait pas besoin d’être un génie pour comprendre que la jeune sang et or était en colère, il pouvait pratiquement sentir sa rage dans l’air qui les séparait. Il la pensait tout à fait capable de le frapper, et en un sens, fut déçu de voir qu’elle se ravisa au dernier moment. Elle refusa de lui donner une excuse d’arrêter leurs cours à jamais, de la faire renvoyer même. Même sous l’effet de la colère, elle n’avait pas dépassé les bornes, et Severus en était énervé. Il lui lança un regard sombre, comme pour la défier d’aller au bout de son geste, mais Granger n’en fit rien. Avant qu’il n’ait eu le temps de commencer à lui hurler dessus, la jeune femme avait fait demi-tour, attrapé son sac, et fuit les cachots.
Severus resta planté là pendant ce qui sembla être des années. Immobile, sous le choc malgré lui. Il ne se détendit que quelques minutes après le départ de la jeune femme. Sa joue le brûlait comme si elle l’avait frappé, et il passa le bout de ses doigts contre sa peau, comme par réflexe. Il pouvait encore entendre le bruit de la porte qu’elle avait claqué, et ce ne fut que la conversation d’un groupe d’élève dans le couloir qui finit par le forcer à bouger, à revenir à l’instant présent. Il se mordit la lèvre avant d’attraper un bocal sur son bureau, le lançant contre le mur dans un excès de rage qu’il ne parvenait pas à expliquer. De la colère contre Granger, il aurait comprit, mais ce n’était pas ça. Il était énervé contre lui-même, énervé d’avoir perdu son calme et de l’avoir attaquée comme ça. C’était puéril et inutile. Il repensa à ce que Granger avait revécu dans ses souvenirs et résista à l’envie de jeter autre chose encore contre le mur de son bureau. Ce qu’elle avait ressenti, ce qu’elle avait vécu, il ne le comprenait que trop bien. Et il n’osait même pas imaginer sa réaction si quelqu’un l’avait obligé à revivre ces instants en présence d’un témoin supplémentaire. Granger n’avait aucun droit de s’enfuir de la sorte, encore moins de le menacer physiquement, et seule la pensée de ce qu’il aurait fait à sa place l’empêcha de montrer jusqu’aux dortoirs des Gryffondors pour la coller en retenue pour le reste de l’année. Non, à la place il se dirigea vers sa chambre, son seul réconfort le soulagement de savoir, qu’au moins maintenant, leurs sessions étaient probablement terminées.
Une semaine plus tard.
7 jours n’avaient pas été de trop pour permettre à Severus de se calmer un peu. Si bien que lorsque 20h approcha, il se tourna instinctivement vers la porte de son bureau, s’attendant à ce que Granger frappe à tout instant. A 19h57, rien n’était encore arrivé, et Severus s’en voulut d’être presque déçu. Granger avait moins de culot qu’il ne lui en avait accordé. Tant pis pour elle. A 20h, Severus était debout, prêt à retrouver ses quartiers lorsque quelqu’un frappa à la porte. Il s’arrêta net et prit une longue inspiration avant d’ouvrir la porte lui-même d’un geste du poignet. Il ne regarda pas la jeune femme sur le pas de la porte, se tournant plutôt vers son étagère pour faire semblant de regarder les ouvrages qu’il y avait assemblés. Il n’avait aucunement l’intention de présenter ses excuses, c’était tout bonnement impensable, mais il savait également qu’il ne pouvait pas se comporter comme il l’avait fait la dernière fois. Albus le lui avait assez rabâché tout au long de la semaine. Et Severus ne tenait d’ailleurs pas à savoir comment le vieil homme savait ce qui s’était passé, c’était un terrain dangereux. « Je ne pensais pas vous revoir aujourd’hui, » concéda-t-il finalement après quelques minutes de silence. Son ton était froid, détaché, comme d’habitude. Severus finit par se tourner vers la jeune femme, croisant ses bras contre sa poitrine. « Nous avons besoin de parler de ce qui est arrivé la semaine dernière. »
Severus s’avança lentement en direction de la jeune femme, se retrouvant face à elle et la regardant de haut. Sa taille avait toujours été un avantage, et vu ce qu’il s’apprêtait à dire, il estimait qu’il allait avoir besoin de tous les avantages qu’il pourrait rassembler. Il n’allait pas s’excuser, c’était hors de question. Et il avait beau mourir d’envie de renvoyer Granger chez elle pour ce qu’elle avait fait, Albus lui avait clairement fait comprendre que ce n’était pas une option. Severus croisa alors le regard de la jeune femme et se rappela de la peur qu’il avait lue dans ses souvenirs. De la honte, de la colère et de tout ce qu’il l’avait forcée à revivre. Les mots sortirent avant qu’il n’ait pu les retenir. « Vous n’avez rien réussi à me cacher, vous n’avez pas même réussit à me sortir de votre esprit, » commença-t-il avant de prendre une pause de quelques secondes. « Cependant… vous avez commencé à résister. Je pense qu’il est temps de reprendre votre apprentissage. » Ce n’était ni des excuses, ni un compliment, ni un encouragement. Mais venant de Severus Rogue, c’était surement ce qui s’en rapprochait le plus.
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Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Dim 16 Fév - 21:39
Severus & Hermione
❝ I will attempt to penetrate your mind. You will attempt to resist ❞
Il faisait noir et je courais. Je pouvais sentir mon cœur affolé me demandait d'arrêter mais je ne le pouvais pas. C'était comme si j'étais pourchassée par quelque chose, parce quelqu'un. J'avais peur, mais je ne savais pas pourquoi. Et lorsque je me rendais compte que je ne savais plus pourquoi je courais, je m'arrêtais. Ça là que je les voyais. Ces grands yeux sombres m'observer dans la pénombre. C'est quand il m'enveloppait toute entière, à tel point que je ne semblais plus exister, que je me réveillais.
La semaine avait été difficile. Je n'avais pratiquement pas adressé la parole à qui que ce soit. Après mon cour particulier, j'étais montée dans la Salle Commune des Gryffondors, les joues encore souillées de larmes et dans une colère qui ne passait pas. Bien sûr, Harry et Ron avaient voulu en savoir plus, ils avaient tenté de me suivre jusqu'à mon dortoir et finirent par terre, l'un sur l'autre, l'escalier leur refusant l'accès. Ce n'est qu'enfin seule que j'explosais. J'attrapais mon oreiller et hurler dedans si fort que je pouvais sentir mes cordes vocales protester. Rogue avait réussi à mettre à jour tout ce que je tentais d'enfouir au plus profond de moi. C'était trop douloureux pour le vivre continuellement, je n'avais aucune envie de vivre avec ça. J'en étais incapable. Ça avait beau faire partie de ma vie, j'avais l'impression que si je gardais ça en tête, j'allais finir aussi folle que Croupton Junior. Et je ne pouvais pas me permettre de flancher.
Je n'avais pas dit aux garçons ce qu'il s'était passé. Mais ils avaient bien compris que ça avait un rapport avec Rogue. Tout deux avaient essayés de me réconforter de toutes les manières possibles, allant de maudire le professeur de Potions jusqu'à essayer de me faire rire. Pourtant, aucun de leur effort n'avait été concluant. Je passais mes journées à ruminer du noir et durant les nuits, j'étais au proie à de terribles cauchemars. Sa leçon, je l'avais retenu, elle semblait même être gravée en moi si profondément qu'elle ne m'avait pas quitté. Je n'irais plus jamais à ces têtes à têtes avec lui. Rien de bon ne pouvait venir de cet homme. Je m'étais jurées deux jours avant le prochain cours de ne plus mettre un pied dans son bureau. Et je comptais bien tenir ma promesse. Mais rien ne se passait jamais comme prévu. Les crises d'Harry était de plus en plus fréquentes et incontrôlables. Lorsqu'il s'évanouit en cours d'Histoire de la Magie, j'oubliais tout mes tracas de la semaine, inquiète pour lui. Il semblait plus pâle que jamais, étendu sur ce lit d'infirmerie. De larges cernes assombrissaient son visage. Il était fatigué, je le savais. Ces intrusions le mettait à rude épreuve. J'avais passé des jours, enfermée dans mon malheur, à me plaindre de ce dont Rogue me faisait subir alors que lui devait essuyer les attaques mentales du plus dangereux de tous les sorciers. Il n'était pas resté longtemps près de Madame Pomfresh. Assez pour me faire changer d'avis du moins.
Lorsque mes doigts vinrent frapper à la porte de son bureau, j'eus l'envie irrépressible de m'enfuir à nouveau. C'était comme revenir à l'abattoir après avoir observé les tortures qui m'y attendaient. À ma grande surprise, il vint m'ouvrir la porte de lui-même. J'entrais sans un regard pour lui, restant dans le fond de la salle, mon sac toujours sur l'épaule. Je n'avais pas envie d'être ici, avec lui. Il connaissait maintenant bien trop de choses sur moi, des choses que je n'avais jamais dites et il prenait un malin plaisir à les utiliser pour me rabaisser. Malgré ça, il était le seul capable à me donner les chances d'aider Harry. Alors moi non plus, je ne pensais pas le voir aujourd'hui. Et je n'avais certainement pas envie de parler de ce qu'il s'était passé la dernière fois. Mais je n'avais pas le choix. Je le regardais croiser les bras sur sa poitrine alors que moi, je n'avais pas bougé d'un pouce. Même lorsqu'il s'approcha de moi, m'observant de toute sa hauteur, je ne sourcillais pas. Il ne m'impressionnais plus. C'était un être lâche et sans aucune compassion. Le respect que je lui attribuais dorénavant se limité à ses prouesses magiques. Je ne répondais pas à son semblant de sentiment, me contentant de lâcher mon sac et de prendre ma baguette en main, juste au cas où. Lorsqu'il comprit que je ne lui dirais rien, il entra dans mon esprit.
De nouveau, la pièce s'effaçait et les souvenirs tournaient. Rien de comparable à la semaine passé. Je me retrouvais à l'infirmerie, scène vécue en vrai la veille. Harry était étendu, blême. J'étais à ses côtés, bouleversée. Je l'étais encore aujourd'hui. Et puis nous étions dans le manoir des Black, le jeune Potter venait d'être récupéré par l'Ordre mais nous lançait sa haine, à Ron et à moi, d'avoir été laissé seul tout un été, après la mort de Cédric. Une autre scène se déroulait, j'étais plus jeune, dans le Poudlard Express, les détraqueurs entraient et je le sentais tomber, encore, criant en entendant le cri de sa mère. Je ne voulais pas qu'il assiste à toutes les scènes de souffrance d'Harry, je ne voulais pas lui donner de quoi se moquer de lui. Il fallait que je change de souvenirs, que je lui montre ce que je voulais bien qu'il voie mais ce n'était pas facile. Il continuait d'aller et venir dans mon passé lorsqu'enfin, je sentais que le paysage s'effaçait mais pas de son propre chef. J'étais dans son bureau, tremblante comme une feuille, pleurant de peur et de rage. Je me lançais contre lui, la main tendue, prête à le gifler et lui ne bougeait pas, m'observant comme pour me défier. C'était cette scène qui était apparue, sûrement parce que je l'avais ressassé toue la semaine. Ou bien aussi parce que c'est son attitude et sa cruauté à ce moment-là précisément qui m'avait fait comprendre que je ne le voulais plus dans mon esprit. J'avais réussi à l'évincer un court instant, c'était une maigre victoire mais des plus appréciables après tout cela. Je n'étais jamais parvenue à me protéger contre lui, mais imaginer le sort réservé à Harry si mes souvenirs s'ébruitaient m'avait donné une motivation plus forte. Une étincelle s'alluma en moi. Je pouvais peut-être y arriver.
Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Dim 16 Fév - 23:06
Severus ne s’était pas attendu à la voir trembler de peur, ou bien à la voir s’enfuir en le voyant s’approcher d’un peu plus près. Mais ne serait-ce qu’une once de peur dans le regard aurait été satisfaisant. Granger cependant ne semblait pas d’humeur à lui donner satisfaction. Son visage était fermé, déterminé et sa posture droite, inébranlable. Il ne savait pas pourquoi il s’était attendu à autre chose, les Gryffondors avaient toujours été arrogants et insolents, pourquoi est-ce qu’elle aurait fait exception. Il en regrettait presque de ne pas avoir insisté auprès d’Albus pour la faire renvoyer. Et dire qu’elle n’avait même pas la politesse de répondre. La jeune femme lâcha son sac sans aucune délicatesse, puis attrapa sa baguette, de toute évidence pas d’humeur à discuter. A n’importe quel autre moment, Severus aurait tué pour pouvoir dire ça d’elle, mais ce soir, ça l’agaçait. Il se mordit la langue pour s’empêcher de lui dire exactement où elle pouvait se mettre son insolence et se força plutôt à se concentrer lui-même. Tenter de lui apprendre quelque chose aurait été parfaitement inutile s’il n’était pas capable lui-même de contrôler ses émotions. Severus serra ses doigts autour de sa baguette avant de baisser le regard pour attraper celui de Granger. Quand il comprit qu’elle était prête, il pénétra à nouveau dans son esprit.
La première scène qu’il aperçut était récente, de toute évidence. Potter était étendu dans un lit de l’infirmerie, et Granger était à ses côtés. Severus pouvait sentir son inquiétude comme si elle la projetait dans l’air. Il en avait entendu parler, bien sur, Albus l’avait tenu au courant. Mais le voir en vrai n’était pas beaucoup moins désagréable que d’en entendre parler. Insupportable autant qu’il soit, Severus n’avait pas envie de s’attarder sur l’image du Survivant, pâle comme la mort dans un lit d’hôpital. Il se concentra juste quelques secondes sur Granger par conscience professionnelle avant de passer à la scène suivante. Le trio se disputait au Square Grimmaurd, ou plus exactement, Harry reprochait à ses deux amis de l’avoir laissé seul pendant l’été. Égocentrique au possible, soupira-t-il intérieurement, ne faisant même pas attention à ce que Granger avait pu ressentir pendant cette scène. Il avait lui-même du mal à se concentrer. Il ferma les yeux et passa à la scène suivante. Le train. Les détraqueurs. Potter qui hurlait avant de s’évanouir sur le sol du compartiment. Severus était concentré sur cette scène, son cerveau pensant à mille et une choses à la fois quand il se sentit tirer dans le sens opposé. La scène changea alors sans qu’il l’ait demandé, le ramenant dans son bureau, à leur session précédente. Il aperçut Granger se diriger vers lui, prête à le gifler. Mais au lieu de sentir sa propre colère, cette fois ce fut celle de la jeune femme qu’il ressentit. Un mélange horrible de rage, de honte et de tristesse. Mêlée à tous ces sentiments, Severus sentit une sorte de détermination. Comme un besoin, celui de le garder hors de sa tête. Et enfin, il comprit. Potter, on en revenait toujours à Potter. Son inquiétude pour lui, les souvenirs qu’elle avait eu en tête avant d’arriver, ceux qu’il avait vu, puis cette obstination à vouloir réussir. Severus n’eut besoin que de quelques secondes pour relier les points, mais c’était déjà trop tard. Lorsqu’il essaya à nouveau de changer de scène pour les ramener vers les souvenirs qu’il voulait, il se retrouva retenu en arrière. C’était un peu comme si un gamin essayait de le retenir par la manche, pas assez pour l’empêcher d’avancer, mais assez gênant tout de même pour l’obliger à s’arrêter. Severus ferma les yeux et se laissa sortir de l’esprit de la jeune femme, se retrouvant légèrement projeté en arrière contre son bureau.
Il passa une main dans ses cheveux pour les remettre en place le temps de retrouver l’équilibre. Il prit une longue inspiration, sentant bien que les mots qu’il allait prononcer allait lui couter. Vraiment. « Bel effort, » avoua-t-il finalement avant de s’approcher de la jeune femme, tirant une chaise au passage d’un sortilège informulé. Il la laissa s’asseoir avant d’attraper le siège de son bureau pour en faire de même. Il comprenait mieux pourquoi Granger avait tant envie de réussir à protéger son esprit. Elle avait surement dans l’idée de pouvoir aider Potter à y arriver. C’était stupide, certes, mais presque compréhensible. « Insuffisant, mais correct pour l’instant. » Ce qu’il avait du mal à comprendre, c’était que Granger ne pense qu’à la sécurité de Potter. Elle n’avait même pas songé au fait que le Seigneur des Ténèbres puisse tenter d’envahir son esprit, à elle. Après tout, si l’un des gamins du trio était à même de percer les plans d’Albus à jour, c’était Granger. Et c’était peut-être ça dont le vieux fou avait peur. Si elle était capable de comprendre les intentions du directeur, si elle arrivait à deviner les plans de l’ordre, alors elle devait être également capable de les tenir secrets. Potter ne savait que ce que la jeune sang et or devinait pour lui après tout. Severus s’en voulait presque de ne pas y avoir pensé plus tôt lui-même. Aussi dur que ce soit pour lui de l’admettre, Granger était déjà allé plus loin dans la pratique de l’occlumencie que Potter ne pouvait espérer aller. Et ça voulait dire que leurs cours étaient loin d’être terminés. Bien sur, Albus ne pouvait pas s’attendre à ce que la jeune Gryffondor maîtrise le sujet à la fin de l’année, mais Severus allait bel et bien être obligé de lui apprendre les bases. Il laissa échapper un soupir avant d’attraper le regard de la jeune femme. « Qu'avez-vous fait ? » demanda-t-il finalement. Il n’arrivait pas à savoir si Granger l’avait repoussé volontairement ou bien si elle avait réagit par instinct. Dans les deux cas, le résultat était plutôt satisfaisant, mais il avait besoin de savoir si elle s’était rendu compte de ce qu’elle avait fait ou non.
❝ I will attempt to penetrate your mind. You will attempt to resist ❞
La porte de son bureau claqua après mon passage et c'est à ce moment-là que je sentis mes pieds toucher terre de nouveau. Je mis un instant à différencier la réalité du souvenir, mais j'allais bien, j'étais rassurée. Je l'observais passer une main dans ses cheveux pour les remettre en place avec un goût de victoire. Je ne l'avais pas à proprement chassé de mon esprit, mais il était certain que je lui avais mis des bâtons dans les roues. J'en oublierais presque ma colère à son encontre. Mais pas vraiment. Lorsqu'il s'avança vers moi et fit glisser une chaise jusqu'à moi, je m'asseyais sans un mot, trop heureuse de lui avoir montré qu'il avait tort sur toute la ligne. Il pensait que j'étais incapable d'y parvenir, je comptais bien lui montrer, pas à pas, que je pouvais être plus qu'une affreuse Miss-Je-Sais-Tout. Son semblant de compliment ne m’atteignais pourtant pas. La semaine passée, je me serais pourtant damnée pour entendre ce genre de mots sortir de sa bouche. Aujourd'hui, ils n'avaient plus aucun sens. Je ne cherchais plus l'approbation de mon professeur mais juste un moyen de le garder à distance. Il ne m'impressionnait plus. J'avais toujours défendu le Maître des Potions, lui accordant un certain respect naturellement. Aux yeux des autres, il n'était qu'un horrible personnage, un être abject dont le seul but était de rendre l'existence des autres moins rose. Je pensais le contraire, je l'avais toujours imaginé comme quelqu'un de particulièrement intelligent, à part. J'admettais, de manière exceptionnelle, m'être trompée sur toute la ligne.
J'avais l'impression qu'il était presque déçu de ma réussite. Je ne pouvais m'empêcher pour ma part de sourire légèrement. J'avais été à deux doigts d'abandonner, c'est à cet instant que le destin me rappela pourquoi je faisais tout ça. Pour qui plus précisément. J'avais trouvé la motivation nécessaire pour continuer, pour lui. Il devait constamment affronter des choses horribles et j'étais certaine que ce n'était malheureusement que le début. J'avais choisi d'être à ces côtés, malgré tout ça, et de lui apportais toute l'aide que je pourrais. Je comptais bien tenir cet engagement, même si je devais en souffrir, ou pire. Ça n'avait rien de mélodramatique, c'était juste la réalité, ma réalité. J'aurais pu essayer d'expliquer tout ça à Rogue. J'étais néanmoins certaine qu'il ne comprendrait pas. C'était un homme froid, insensible, dénué de toute empathie. Mon dévouement sans faille à mon meilleur ami devait lui apparaître comme ridicule. Il ne savait pas ce que c'était que de faire le choix de sacrifier toute sa vie pour une personne, pour la voir réussir. Même si pour cela, on choisissait de mettre sa vie de côté. Il n'avait pas besoin de savoir pourquoi je faisais ça. La seule chose que je voulais qu'il sache, c'était que je parviendrais bel et bien à protéger mon esprit.
«- J'ai compris ce qu'il fallait que je protège et j'en ai éloigné tout danger. »
J'avais compris maintenant que j'étais incapable d'effacer toutes émotions de mon esprit. Tout ce que je pouvais faire, c'était apprendre à les canaliser, à les trier, pour les utiliser à mon avantage. Ici, je n'avais pas voulu que Rogue se penche plus en avant sur mon inquiétude pour mon meilleur ami, de peur qu'il n'en apprenne davantage à son sujet. J'avais préféré qu'il se contente de ma colère. Avec plus d'entraînement, je parviendrais peut-être aussi à choisir les souvenirs sur lequel je voulais le réorienter. Pour le moment, c'était trop incertain, et c'était sûrement beaucoup ma haine qui m'avait guidé. Je ne voulais pas m'en contenter, je voulais avoir le contrôle sur ces intrusions spirituelles. Et je voulais aussi finir par le repousser, pour moi. Au fond, je savais pertinemment que je n'y serais pas parvenue si cette séance n'avait pas porté sur Harry. Après qu'il ait joué avec mes souvenirs, me poussant à sortir de mes gonds, je voulais aussi me protéger, ne plus avoir à revivre ça. C'est sur cette pensée que je fixais mes yeux bruns dans son regard sombre. Severus Rogue était un homme complexe. Mais je ne voulais plus lui trouver d'excuses. Comme si j'avais peur de flancher, de découvrir quelque chose dans ses prunelles noires qui me ferait changer d'avis, je me relevais brusquement. Ma baguette toujours en main, je la pointais sur la chaise pour la remettre à sa place d'un sortilège. Après quoi je lui faisais de nouveau face, debout pour ma part, prête à recommencer.
«- Je suis prête, professeur. »
Je ne voulais pas m'attarder plus que de mesure dans son bureau. Dans un sens, il aurait du être ravi de la tournure que prenait les choses. Je ne voulais plus lui parler plus que nécessaire. Face à cette demie victoire, je me serais épanchée dessus durant de longues minutes auparavant, racontant comment je m'étais sentie, le déroulement de mes pensées, les efforts que j'y avais fourni. Dorénavant, je me contenterais de garder toutes ces choses pour moi, de répondre à ses questions de manière concise et de garder les miennes au maximum. Il n'avait connu jusque là que la Miss Granger insupportable, le rat de bibliothèque en admiration devant les connaissances qu'il pourrait lui transmettre. Aujourd'hui, il faisait face à Hermione, la jeune femme qui devait se montrer forte pour les autres et qui ne le mettait plus sur un piédestal.
Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Sam 22 Fév - 21:44
Severus n’irait jamais jusqu’à dire qu’il était impressionné par la performance de la jeune femme, ça aurait été mentir de toute façon. Mais il avait été agréablement surpris de voir qu’au lieu de s’effondrer après leur dernière séance, elle avait été capable de se relever. Sa technique était loin d’être parfaite, elle ne faisait pas preuve d’une grande finesse ni-même d’une grande perspicacité dans son choix de défense, mais c’était un début. L’occlumencie était un art qui ne pouvait s’apprendre qu’avec la pratique, et contrairement à Potter, il avait le maigre espoir qu’après quelques mois d’entrainement Granger allait réussir à avancer un peu. Il ne savait pas vraiment pourquoi ça l’étonnait au fond, elle avait toujours mieux réussi que son ami, mais ça le surprenait quand même. Lui qui pensait s’être débarrassé d’elle la dernière fois, il comprenait désormais qu’il allait être impossible d’écourter son apprentissage. Non, Severus était condamné à essayer de lui inculquer ce qu’il savait jusqu’à ce qu’elle réussisse à se protéger ne serait-ce qu’un minimum. Et cette pensée était suffisante pour le motiver à faire de son mieux de son côté.
Severus doutait que la jeune femme ait vraiment réussit à protéger tout ce qu’elle voulait garder hors de sa portée, mais il se contenta d’arquer un sourcil sceptique, ravalant sa remarque pour l’instant. Granger ne pouvait pas savoir qu’il n’avait pas tenté d’insister face à sa résistance, car il n’avait aucun doute sur ce qui se serait passé s’il avait un peu forcé le passage. Il aurait pu se balader dans son esprit comme un gamin courait le long du trottoir, mais forcer le passage aurait pu être dangereux. Et Severus n’était pas le genre d’homme à prendre un risque inutile. Lorsqu’il releva les yeux, il se rendit compte que la jeune femme était déjà en train de le regarder. Il soutint son regard pendant quelques secondes avant que Granger ne rompe le contact, se relevant un peu trop brutalement. Severus lui lança un regard suspicieux mais la jeune femme était décidée à ne plus croiser son regard et le professeur de potions avait mieux à penser que ce qui pouvait lui traverser la tête à cet instant précis. Elle était prête, et lui aussi. C’était le principal. Severus attrapa à nouveau sa baguette, la serrant au creux de sa paume avant de hocher la tête. Il ne croisa le regard de Granger qu’un quart de seconde avant de prononcer l’incantation et de se retrouver dans son esprit.
La sensation était légèrement différente cette fois-ci. Severus pouvait sentir une sorte de résistance, comme s’il essayait de marcher contre la brise. Mais ça n’était pas une tempête, et il n’avait donc pas peur de s’envoler. Il avança presque sans y prêter attention, se retrouvant dans une salle de classe de l’école. Ombrage était en train de faire cours, enfin, le terme n’était sans doute pas très approprié et à en juger par l’agacement que Severus pouvait sentir chez Granger, elle était d’accord avec lui. Il savait que ce n’était pas un souvenir inventé, mais il n’avait rien de très intéressant. Il décida donc de creuser un peu plus loin. Il se retrouva transporté dans le Poudlard Express avec une Hermione de 11 ans, pas encore répartie, et partagée entre l’excitation et la peur. Il pouvait presque lire sur son visage sans avoir besoin d’être dans ses pensées. Elle était terrifiée à l’idée que quelqu’un lui dise qu’elle n’avait pas sa place ici. C’était comme si elle s’attendait à ce que Minerva débarque et lui rit au nez, lui annonce que ce n’était qu’une blague et se moque d’elle pour s’être montrée aussi crédule. Severus remarqua également à quel point la prise de la jeune fille sur son livre de sorts était serrée, comme si elle avait peur de perdre ses pouvoirs si elle le laissait échapper. Severus pouvait presque entendre sa question silencieuse, celle qu’elle s’était sans doute répété pendant des mois : et si je n’étais pas assez bonne ?
L’espace d’un instant, Severus se rappela de ce que Lily avait pensé avant d’aller à Poudlard, de ce qu’elle avait ressenti. Son esprit ne s’égara qu’un dixième de seconde, mais lorsque sa concentration revint, il était déjà trop tard, et il ne put rien faire de plus que de constater les dégâts. Il ne mit que très peu de temps à reconnaître le paysage de la scène dans laquelle il s’était retrouvé, tout simplement parce qu’il l’avait revécu dans sa tête des milliers de fois par le passé. Il aperçut un rayon de soleil percuter les cheveux roux de la jeune fille à côté de laquelle il était assis. Lily se tourna vers lui et Severus aperçut alors quelque chose qu’il n’avait jamais vu car à cette époque, il avait été incapable de faire autre chose que de baisser les yeux devant elle. Lily lui avait sourit, de toutes ses dents, sans aucune retenue et Severus sentit son cœur s’arrêter à cette image. Ça ne dura qu’un instant, et quand celui-ci passa, le professeur de potions se força à reprendre le contrôle. Il s’arracha à l’esprit de Granger, s’enfuyant presque et se retrouvant soudainement projeté contre son bureau. Il pouvait sentir de la sueur couler le long de ses tempes, son souffle haletant alors qu’il essayait de vider son esprit. Il ne savait pas comment il avait pu être assez bête pour laisser Granger voir cette scène, pour lui donner ne serait-ce qu’une chance de prendre le dessus. Il ouvrit la bouche mais se retrouva incapable de parler, incapable de justifier ce qui venait d’arriver. Il ne pouvait pas décemment faire croire à Granger qu’il s’agissait d’un de ses souvenirs, d’un qu’elle aurait oublié ou occulté. Il ne la pensait pas assez bête pour gober ça, mais admettre qu’elle avait réussi à accéder à l’un de ses souvenirs était juste hors de question. Il se retrouvait piégé, en panique malgré lui-même, alors Severus fit la seule chose qu’il pouvait décemment faire. Il lança un regard noir à la jeune femme. « Dehors. »
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Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Mar 25 Fév - 18:14
Severus & Hermione
❝ I will attempt to penetrate your mind. You will attempt to resist ❞
Il me faisait finalement face, je tentais de rassembler mes forces. Nos regards se croisèrent un instant et comme à l'accoutumé, tout disparut autour de nous. Il ne restait plus que lui et moi avant que nous atterrissions dans mon esprit. Une autre salle de classe, une leçon sans aucune importance. Je ne pouvais que ressentir de la frustration face à cette femme qui ne nous inculquais rien, absolument rien, si ce n'était l'art de tourner les pages d'un bouquin. Il ne s'attardait pas dessus, je ne me sentais même pas assez en danger pour tenter de le contrer. Le décor changea, j'étais bien plus jeune. Mon premier trajet dans le Poudlard express. C'était un souvenir que je ne pourrais jamais oublier, je n'avais pas besoin qu'un légilimens ne vienne me le rappeler. Je quittais tout ce que je connaissais, toute ma vie pour en découvrir une nouvelle. C'était effrayant, mais j'avais l'impression qu'une partie de moi avait toujours su que cela arriverait tout ou tard et attendait ce moment avec impatience. J'étais inquiète cependant, j'avais passé les onze premières années de ma vie à être inexistante aux yeux de tous, un bête de foire que personne n'approchait. Être spéciale me paraissait impossible, si bien que j'étais terrifiée à l'idée que tout cela ne soit qu'une terrible erreur, que l'on me renvoie chez moi. Et alors que je me cramponnais à mon bouquin, mon attention dévia.
C'était comme si quelque chose qui n'avait pas sa place était apparu. Un détail minuscule au début qui ne cessa de prendre de l'ampleur jusqu'à avaler tout mon souvenir pour créer une nouvelle scène, totalement différente de la dernière. Ce paysage ne me disait rien du tout, nous étions dans un parc, c'était une magnifique journée d'été. Deux enfants conversaient tranquillement, assis l'un près de l'autre. Je n'étais aucunement l'un d'eux. Mais leur visage me paraissait familier, sans les reconnaître vraiment. C'est alors que je ressentis un déchirement, une nostalgie douloureuse qui rendait cette scène d'allure si banale, si enfantine, affreusement triste. Ma main se porta automatiquement contre mon cœur lorsque la fillette aux cheveux roux sourit au petit garçon à l'air si malheureux. Je souffrais devant eux et je ne savais même pas pourquoi. J'aurais aimé comprendre, mais avant que je ne puisse m'en rendre compte, tout se dissipa brutalement. Le soleil disparut et j'étais de nouveau dans ce bureau froid et sombre. Je ne m'attendais tellement pas à tout ça que je faillis tomber lorsque je revins à moins, mon corps absolument pas prêt pour ce retour. Je me rattrapais à la dernière minute à la chaise, observant Rogue propulsé quant à lui contre son bureau. Ça n'était pas normal, jamais les choses n'avaient tournées de cette manière. Et je ne reconnaissais absolument pas ce souvenir... Se pourrait-il que je sois entrée dans sa mémoire, à lui ? L'enfant aux cheveux noirs et au teint pâle, était-ce lui ? Mais dans ce cas, qui était la petite rouquine qui lui souriait amicalement ? J'étais persuadée de l'avoir déjà vu quelque part, sans pour autant pouvoir dire où. Elle ne faisait pas partie de la famille Weasley, peu de filles et j'aurais reconnu instantanément un de ses membres.
«-Qui... »
Sa voix froide, essoufflée, implacable, ne me laissa pas terminer. Il me lança un regard noir et je ne parvenais pas à le lui rendre, bien trop perturbée parce que j'avais vu, mais surtout parce que j'avais ressenti. Une tristesse si familière que je n'avais pourtant jamais connu. J'hésitais un instant, il ne semblait pas comme d'habitude même si je n'aurais pas pu non plus dire qu'il était expressif. Je finissais par reprendre mon sac et à sortir en fermant la porte derrière moi. Je restais quelques secondes, la main sur la poignée, toujours à la recherche d'une réponse. Je connaissais cette fillette, j'en étais certaine.
A week later...
J'avais passé ma semaine à essayer de me rappeler où j'avais bien pu avoir déjà vu cette fillette sans y parvenir. Et plus j'y pensais, plus cela me semblait impossible. Comment pouvais-je avoir rencontré une amie d'enfance du professeur Rogue ? Et pourquoi était-ce pour lui un souvenir si douloureux ? Il ne faisait dorénavant plus l'ombre d'un doute que c'était bien un de ses souvenirs personnels. Je ne savais pas comment j'avais fait pour pénétrer son esprit, mais c'était arrivé, et ça l'avait plongé dans une colère noire. Je le savais parce qu'il avait abandonné ses regards assassins en classe pour n'être plus qu'indifférence, ce qui semblait bien pire. J'étais tellement perturbée par ce qu'il s'était passé que j'avais totalement oublié ma colère à son encontre. Imaginer le maître des potions malheureux ne m'avait jamais frôlé l'esprit jusqu'à ce que je ressente, bien malgré moi, sa peine. Il était capable de sentiment de toute évidence, j'avais tort et je m'en voulais de l'avoir jugé si hâtivement. Non pas qu'il ne le méritait pas, ça n'excusait pas son comportement. En me dirigeant vers son bureau, cinq minutes avant l'heure fatidique, je me demandais s'il allait même m'ouvrir la porte. J'étais tout aussi gênée que lui d'avoir assisté à ce flash-back et même si une petite voix me soufflait de ne pas chercher à identifier l'enfant, ma curiosité était piquée à vif, la réponse m'obsédait. Ma main tapa trois fois contre la porte de bois. J'avais arrêté même de respirer, stressé au possible. Il pouvait ne pas m'ouvrir ou me laisser entrer, les deux cas étaient des situations tendues. Je ne pouvais décemment pas arrêter l'occlumancie, les enjeux étaient bien trop importants. Mais je n'étais pas sûre de pouvoir le voir de la même manière après avoir vécu ses émotions, senti sa peine.
Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Dim 2 Mar - 17:54
UNE SEMAINE PLUS TARD.
Severus avait passé sa semaine enfermé dans les cachots, incapable de se forcer à sortit par peur – oui, par peur – de croiser Granger. C’était le monde à l’envers. Lui qui était certainement le sorcier le plus craint du château, il se retrouvait forcé à s’isoler pour éviter de croiser une gamine de 15 ans. Une gamine qui en avait trop vu. Il ne savait pas comment il avait pu être assez bête pour se laisser déconcentrer de la sorte, pour lui laisser ne serait-ce que la moindre ouverture dans son propre esprit. Elle n’avait même pas cherché à se défendre, n’avait pas essayé de retourner le sort contre lui, et c’était le pire. Severus aurait tout aussi bien pu l’inviter à prendre le thé en regardant ses albums photos que ça n’aurait pas fait grande différence. Le pire, c’était bien qu’il n’avait aucune raison de blâmer Granger dans cette histoire, et ce n’était pas faute d’avoir cherché. Il s’était montré stupide, arrogant et faible pour la dernière fois, il se le promettait en tout cas. Il se retrouvait coincé dans une situation inextricable, obligé de compter sur la discrétion de Granger pour protéger ses propres souvenirs, pour protéger sa vie, sa réputation aussi. Et cette pensée lui était insupportable.
Il n’avait même pas pris la peine d’aller voir Albus pour lui demander d’arrêter les cours, ça aurait été du suicide d’y aller sans avoir de raison exacte, précise et justifiée. Albus aurait été fichu de deviner la raison de sa demande sans même avoir besoin d’entrer dans ses pensées, et Severus était déjà assez humilié comme cela sans avoir besoin d’en rajouter. Une personne avait vu ses souvenirs, et c’était déjà trop. Pire que ça, Albus l’avait connu à cette époque, il avait été avec lui quand Severus avait trouvé Lily… morte. Le directeur lui aurait certainement lancé un regard compatissant s’il avait su, et cette pensée était plus irritante encore que tout le reste. Il aurait cherché à comprendre, alors que tout ce que Severus voulait était oublier que cette session était jamais arrivée. Il avait donc préféré laisser ce sujet de côté, faisant de son mieux pour faire comme si rien ne s’était passé. Il ne regarda pas Granger une seule fois de leurs cours de potions, préférant se défouler sur les élèves qui se trouvaient à l’autre bout de la salle pour ne pas prendre de risque. Il avait peur de lever les yeux pour trouver Potter en train de ricaner dans sa barbe – encore inexistante. Il frissonnait rien que d’imaginer la scène. Il regarda sa montre et soupira en entendant les coups frappés contre la porte de son bureau. Severus avait osé espérer que la jeune femme aurait la décence de sécher la session de cette semaine, mais de toute évidence, c’était trop demandé. Il maudissait son manque de présence d’esprit. Il aurait du lui effacer la mémoire dès la semaine dernière, aujourd’hui ça aurait été inutile. Elle en avait déjà probablement parlé à Potter et Weasley et Severus savait qu’Albus n’apprécierait pas qu’il touche à l’esprit du grand Potter. « Entrez ! » hurla-t-il à contrecœur avant de se lever pour aller chercher sa baguette. Il n’avait pas encore bien décidé de l’attitude à adopter et savait pertinemment que quoi qu’il fasse, ça ne changerait rien. Il ne pourrait pas empêcher Granger de poser des questions ou d’essayer d’en savoir plus de son côté. Ce qu’il pouvait faire, par contre, était lui faire comprendre que les conséquences seraient terribles si elle essayait. Ça valait toujours le coup de tenter.
La porte s’ouvrit sur la jeune femme et Severus se redressa de tout son long, faisant en sorte de paraître le plus impressionnant que possible. Après la débâcle de la semaine dernière, il allait au moins avoir besoin de ça pour paraître crédible. « Asseyez-vous, » aboya-t-il presque, sans pour autant la regarder en face. Ça commençait mal. Il prit une longue inspiration, ne croisant pas ses bras dans son dos pour choisir au contraire de mettre sa baguette en évidence. C’était une technique d’intimidation un peu rustre et futile, mais ça pouvait fonctionner. Et Severus était assez désespéré pour se dire qu’il allait devoir mettre toutes les chances de son côté. « Je ne vous crois pas assez stupide pour oser parler de ce qui est arrivé la semaine dernière, mais je tiens à ce que les choses soient claires. Si je découvre que vous avez ne serait-ce que songé à en apprendre plus sur la question, je m’arrangerai pour que vous ne remettiez jamais les pieds dans cette école. Est-ce clair ? » Severus savait qu’au fond, ce n’était pas ce qui effrayait le plus la jeune femme, mais il était également persuadé que l’idée de devoir laisser ses amis se débrouiller seul serait assez pour la terrifier. Ils seraient incapables de tenir une semaine au château sans elle, et Granger en était parfaitement consciente. Severus se tourna finalement vers la jeune femme, attrapant son regard pour la première fois de la semaine. Il eut l’impression de se prendre une décharge, se retrouvant instantanément projeté à leur dernière séance, mais resta assez maître de lui-même pour n’en rien laisser paraître. Sa tenue s’était durcie, raidit encore plus si c’était possible. Il avait fait preuve de faiblesse, et il allait retenir sa leçon. Plus jamais. « Êtes-vous prête ? » demanda-t-il d’une voix sèche qui résonna dans toute la pièce.
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Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Ven 7 Mar - 14:06
Severus & Hermione
❝ I will attempt to penetrate your mind. You will attempt to resist ❞
Sa réponse ne tarda pas à venir, aussi sèche et brutale que je me l'étais imaginée. Ces leçons avaient beau avoir un but crucial, elles n'étaient définitivement pas de tout repos. Entre mes colères et les siennes, l'atmosphère était constamment pesante. Je m'exécutais et refermer la porte derrière moi, restant sur le pas. Il était face à son bureau, tenant déjà sa baguette bien en évidence, comme si il hésitait encore à m'attaquer ou pas. Je n'avais pas peur de lui, bien que j'aurais du. Il n'avait jamais semblait si en colère, se tenant devant moi de toute sa hauteur. J'avais l'impression qu'il cherchait à me dominer au point même de vouloir me faire disparaître, une envie que je savais réelle. Il avait fui mon regard toute la semaine, oui, Rogue avait préféré faire comme si je n'existais plus. J'en avais étonnée, persuadée qu'il profiterait des cours de potions pour se venger, me rabaissant devant les autres ou en enlevant tous les points possibles à ma maison. Je n'étais pas prête à cette attitude, j'avais douté de notre prochaine session : allait-elle avoir lieu ou l'annulerait-il ? J'avais hésité à ne pas quitter la tour des Gryffondors ce soir et je regrettais d'être descendue dans les cachots en le voyant. Outre sa fureur apparente, c'était ce qu'il ne montrait pas qui m'inquiétait. Je m'exécutais docilement et m'asseyais sur la chaise la plus proche, laissant mon sac tomber à terre. Je ne disais rien, ça n'aurait pas servi à grande chose, si ce n'est à le mettre dans une humeur encore plus massacrante si c'était possible. Si j'avais encore un doute, il me confirmait bien avec cet avertissement ce que je savais déjà : j'avais bel et bien eu accès à un des souvenirs personnels du professeur Rogue. Et cela remettait tout en question. J'avais décrété après une leçon désastreuse à mes dépends qu'il n'était pas capable de sentiment, pire encore, qu'il appréciait la douleur des autres. Je ne pensais pas à ce moment-là que j'allais devoir revivre ses émotions d'une manière si vraisemblable. Je ne comprenais peut-être pas tous les méandres de ce souvenirs mais j'avais eu accès à l'information principale. Il souffrait, sûrement était-ce liée à cette petite fille aux cheveux flamboyants. Je ne pouvais qu'acquiescer, me gardant bien de lui confier qu'au fond, j'avais déjà retourné mon cerveau une centaine de fois pour tenter de me rappeler où j'avais déjà vu ce visage. Je connaissais cette enfant, j'en étais sûre. Ces yeux me parlaient bien plus que la normale. Ça n'avait pourtant aucun sens, rien ni personne ne me rattachait au ténébreux professeur si ce n'était Poudlard. Je n'avais même pas envisagé qu'un jour il ai pu être un enfant. Je prenais sa menace au sérieux, il aurait été capable de faire de ma vie un enfer, c'était même le chemin qu'il avait pris depuis ma première année. Il pourrait trouver un moyen de me faire quitter cette école, j'avais malheureusement enfreint le règlement un nombre incalculable de fois et il avait un accès illimité à mon esprit. Je finissais par me relever, ma baguette également en main. Je ne m'en étais encore jamais servie mais je préférais la garder, au cas où. Je me sentais assez vulnérable lorsqu'il entrait dans mon esprit, si en plus je me savais désarmée je ne donnais pas cher de ma peau. J'aurais aimé qu'il m'explique ce qu'il s'était passé, comment nous étions passés de l'intérieur de ma tête à la sienne. Il ne semblait pourtant pas enclin à le faire. Ça me semblait pourtant important, si j'avais fait quelque chose qui avait amené à cette situation, je devrais en être informée. C'était un début à ma protection, je pourrais peut-être être capable de renverser la situation une nouvelle fois. Bien sûr, j'éviterais à tout prix de le faire, il n'aurait certainement pas supporté une autre intrusion de cette sorte. Je prenais une longue inspiration, me résignant à ne pas poser de questions.
«- Oui monsieur. »
Il accrocha mon regard pour la première fois de la semaine. J'avais senti sa réticence à ce simple contact visuel. À sa différence, je ne craignais pas de plonger mes yeux dans les siens, bien moins que précédemment. Cette aventure, bien que malheureuse, avait été plutôt bénéfique sur l'image que je lui attribuais. Il avait regagné mon respect. Il n'y avait aucune pitié, aucune moquerie dans mon regard noisette, seulement de respect. Il me semblait encore plus impressionnant qu'auparavant. Severus Rogue avait un passé, un passé que personne ne soupçonnait et qui voulait de toute évidence enterrer au plus profond de lui. Il avait souffert, comme tout le monde, je n'avais jamais soupçonné ce côté humain qu'il possédait également. L'occlumancie n'était donc pas l'art de n'avoir aucune émotion puisqu'il en était capable, mais celui de les dissimuler. C'était la capacité de ranger ses pensées, de faire le tri dans ce qui pouvait être visible et ce qu'il fallait à tout prix effacer. Je ne le comprenais que maintenant. Ce fut sur cette pensée que les murs de sombre bureau s'effacèrent, mon corps ne semblant plus avoir aucune attraction au sol. Il allait falloir que je sois à la hauteur, seul Merlin savait comment Rogue allait réagir.
Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Dim 9 Mar - 18:49
Dire que Severus était énervé aurait été l’euphémisme du siècle, mais contrairement à la normale, il n’était pas énervé contre Granger. Il était énervé contre lui-même. Énervé d’avoir dévoilé ses propres souvenirs, énervé d’avoir réagit à chaud, énervé de ne pas avoir su contrôler les dégâts après coup. Et pire que tout, il était énervé de savoir que même après tout ça, il n’avait plus tant envie que cela d’arrêter leurs sessions hebdomadaires. Peu de gens étaient au courant de son amitié d’enfance avec Lily Evans, et qu’elle le veuille ou non, la situation de Granger avait changé aux yeux de Severus depuis qu’elle avait vu cette scène. Elle ne savait peut-être pas qui était la jeune rouquine dans ce souvenir, mais elle n’allait pas oublier son visage de sitôt, ça Severus en était certain. Severus aurait du lui en vouloir, mais il en était incapable. Quand il avait croisé son regard, il s’était attendu à trouver une trace de triomphe, peut-être un peu de pitié ou de mépris… tout sauf ce qu’il y avait lu. Et c’était peut-être ce qui lui laissait croire que si un élève dans ce château méritait de véritables cours d’occlumencie, c’était Granger. Elle était capable de réagir à froid, mais même à chaud la plupart des ses décisions étaient rationnels. Elle avait déjà une capacité hors-norme à organiser ses pensées, à les ranger pour faire de la place aux informations capitales, elle l’avait déjà démontré par le passé. Si Severus détestait quelque chose plus que le reste, c’était de perdre son temps. Il avait pensé que ce serait le cas avec les cours qu’il donnait à la jeune Gryffondor, mais il avait bien peur que la jeune femme soit capable d’apprendre quelque chose, et malheureusement pour lui, ça voulait dire qu’il allait devoir continuer à lui enseigner. Granger était un défi, certes, mais au moins, elle ne représentait pas une perte de temps. C’était déjà beaucoup aux yeux du Professeur de Potions.
Severus hocha la tête avant de lever sa baguette et d’entrer dans l’esprit de la jeune femme. L’intrusion se fit plus doucement que d’habitude, moins brutalement, mais ça n’empêcha pas Severus de commencer à creuser pour trouver les souvenirs qu’il cherchait. Malgré elle, Granger s’était retrouvée de l’autre côté du miroir la semaine dernière, elle avait vécu ce que Severus ressentait quand il pénétrait l’esprit de quelqu’un. Et Severus espérait bien qu’elle se servirait de cette expérience – en théorie tout du moins – pour mieux se défendre contre ses intrusions. Il tomba tout d’abord sur une scène qu’il avait déjà vu… Granger dans le train, juste avant la cérémonie de répartition. Severus sentit son corps se tendre avant de changer de scène. La jeune femme avait du repenser à cette scène toute la semaine, se demandant peut-être quel était le rapport entre ce souvenir et celui de Severus. Dans tous les cas, le professeur n’avait aucune envie de s’attarder là-dessus, et il le lui fit vite comprendre. Il les tira brutalement vers un second souvenir, datant cette fois-ci de la troisième année de la jeune femme. Granger était partie se réfugier dans la cabane d’Hagrid, le garde-chasse, parce que Potter et Weasley refusaient toujours de lui parler. Severus pouvait presque sentir sa colère, sa douleur tellement elle les projetait. Mais ce n’était pas suffisant. Loin de là. Severus changea à nouveau de scène.
Granger était seule avec Krum dans une classe vide du château. Severus ne put pas retenir un léger sentiment de triomphe, pas d’avoir trouvé un souvenir embarrassant pour elle, mais d’être tombé sur un souvenir que Granger n’avait certainement aucune envie de revivre avec lui. Krum n’arrivait pas à regarder ailleurs alors qu’Hermione était incapable de croiser son regard. Ses joues étaient légèrement rosies et Severus n’eut pas beaucoup de mal à deviner sur quel souvenir il était tombé. « Concentrez-vous, Granger, » murmura-t-il, sachant très bien que sa voix résonnerait dans l’esprit de la jeune femme sans qu’il ait besoin de hausser le ton. « Ne cherchez pas à me faire sortir de votre esprit, contentez-vous de cacher ce que vous ne voulez pas que je voie. Comment masquer ce souvenir ? » La réponse était simple, elle pouvait également s’avérer très compliqué. Il fallait faire en sorte que l’esprit de la jeune femme soit fermé, sans pour autant en bloquer l’accès. Un labyrinthe ? Un couloir avec des portes fermées à clé ? Peu importait. Elle n’était pas capable de l’empêcher d’accéder à son esprit, mais elle était capable d’en bloquer le contenu. En tout cas, Severus la soupçonnait d’en être capable. Restait à savoir s’il s’était trompé ou non.
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Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Ven 14 Mar - 14:12
Severus & Hermione
❝ I will attempt to penetrate your mind. You will attempt to resist ❞
Il était déjà dans mon esprit et pourtant, je ne l'avais presque pas senti s'y introduire. Contrairement à certaine fois, le contact se fit avec douceur et j'en restais surprise. Une partie de moi pensait qu'il profiterait de son pouvoir durant nos séances pour me faire payer mon intrusion dans ses souvenirs, même si je ne savais pas comment j'y étais parvenue. Nous nous retrouvions une nouvelle fois dans le train, mais avant même que je ne le réalise et me mette à chercher ce détail qui m'avait permis de basculer dans sa tête, tout s'effaça. Il ne souhait pas s'y attarder plus que ça. Je n'étais pas sûre que je parvienne à reproduire l'exploit malheureux de la dernière fois de toute façon. Il faisait plus sombre dans ce prochain souvenir, je reconnaissais rapidement la cabine d'Hagrid. Il était là, poussant devant moi une tasse de thé grosse comme un bol alors que je pestais à voix haute, rongeait par la colère mais la voix visiblement brisée par la tristesse. Je me rappelais de ces moments et instantanément, je restais le même désarroi que durant ma troisième année. La même solitude qui m'avait poussé à rechercher du soutien auprès du garde chasse. Je pensais qu'il s'y attarderait plus et j'essayais de me détacher de tout ça, afin de canaliser toutes ces émotions. Et alors que je pensais y être parvenue, je me rendais compte qu'il me tirait en arrière, à la recherche d'autre chose. Quelque chose de plus fort, qui me ferait plus réagir.
La cabane laissa place à une salle de classe, je la pensais vide avant de remarquer nos deux silhouettes. Viktor et moi, l'année dernière. Un souvenir assez récent et plutôt marquant malgré tout. Je m'observais, spectatrice pour la première fois de la scène. Il ne me quittait pas des yeux, ce qui me poussait à fuir ce contact visuel. Je sentais mon cœur s'emballer, mes joues s'embrasaient, comme s'il allait de nouveau m'embrasser. Et je paniquais. Je ne voulais pas qu'il assiste à ça, c'était trop embarrassant, bien trop personnel. Je cherchais un échappatoire, je regardais partout, fouillant ce souvenir, comme si une porte de sortie allait apparaître. Je ne réfléchissais pas clairement. Jusqu'à ce que sa voix se fasse entendre dans ma tête, résonnant en écho dans cette salle de classe pourtant silencieuse. Cette voix qui était pourtant synonyme de tension avait comme un effet apaisant. Je me calmais et écoutais ses mots. Il avait raison, il fallait que je me concentre. Je n'avais aucune chance de le chasser hors de ma tête, il était bien trop fort. Je ne pouvais que lui bloquer la route, pas indéfiniment non plus. Il fallait rendre l'accès beaucoup plus difficile. Je prenais une grande inspiration alors que le jeune et beau bulgare se rapprochait de moi. Je me détachais de cette vision, visualisant alors des piles de livres. Et j'avais l'impression que ces piles de livres venaient d'apparaître sur la table, cachant nos corps qui se rapprochaient. Je me concentrais plus fort, ne pensant plus qu'à ça. Des titres d'ouvrages parcourant ma tête, je recréais avec exactitude les étagères de la bibliothèque, attribuant chaque bouquin à sa réelle place, si bien que bientôt, je ne parvenais plus à me voir, ni à voir le joueur de Quidditch. Même Rogue ne me semblait plus vraiment là.
Mais cela demandait une énergie considérable. Plus les bouquins me revenaient en tête, plus ils apparaissaient, forgeant une réelle barrière entre le souvenir et nous, plus je perdais le contrôle. Je me sentais flanchée. Certains livres tombaient à terre, les feuilles virevoltant comme si une brise les agitait. Je pouvais voir par ces vides laissés sur les étagères ce que je tentais de lui cacher. J'avais peur de perdre le contrôle, que tout ne s'effondre. Je me sentais trembler toute entière sous l'effort, je ne savais pas si c'était juste un effet de mon imagination ou si mon corps, dans le bureau du professeur Rogue, recevait ces impacts physiques. Je me penchais sur les détails, comme si ça rendrait ma défense plus vraisemblable. Je pouvais presque sentir l'odeur des pages vieillies, le grain particulier du cuir des couvertures. Je faisais tout pour me concentrer sur ça plutôt que sur ce qui l'intéressait vraiment, espérant l'embarquer avec moi vers ce côté-là. Mais plus les secondes passées, plus c'était difficile. Mes muscles étaient tendus, ma respiration difficile. Je me mordais les lèvres, une petite souffrance pour éclipser toutes les autres et me recentrais sur mon objectif. Puis tout disparut, à la manière d'un château de carte qui s'écroule. Les étagères s'effondrèrent une à une et je craignais d'être ensevelie sous leur poids. J'en aurais presque crié mais avant que je ne le comprenne vraiment, j'étais de nouveau dans le bureau. Mes yeux mirent quelques instants à trouver la silhouette sombre du Maître des Potions et je l'observais sans un mot, le souffle court. Avait-il décidé de partir ? Ou il s'était vu obligé de sortir de mon esprit ? J'oubliais ces interrogations lorsque je comprenais que j'avais réussi à lui barrer la route, n'ayant pas vu la fin de ce souvenir. J'avais réussi. Je commençais à réussir du moins. Je sentis mes lèvres s'étirer en un franc sourire sans que je ne puisse rien y faire, mes mains cherchant appui sur mes genoux pour me remettre de tout cela. Je m'exprimais joyeusement, soulagée :
«- Vous... vous n'avez pas pu... Vous ne l'avez pas vu m... »
Je me taisais soudainement. Je me rendais compte de ce que j'avais failli dire et j'en rougis instantanément sans pour autant cesser de sourire. J'avais pensé que je n'y arriverais jamais, qu'il me fallait admettre que je n'étais pas capable de pratiquer cet art. Et alors que j'avais perdu tout espoir, le sombre sorcier avait réussi à me pousser à réagir.
Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Dim 23 Mar - 22:00
Severus n'arrivait pas bien à comprendre ce qui l'avait poussé à aider Granger. Bon, certes, c'était son but premier - enfin si on en croyait le directeur - mais il était certain de ne l'avoir jamais autant pris à coeur qu'à cet instant là. Pour la première fois depuis qu'ils avaient commencé leurs cours, il avait l'impression que Granger pouvait peut-être arriver à quelque chose, qu'à terme, elle arriverait peut-être à se débrouiller en Occlumencie. Bien sur, il lui faudrait des années d'entraînement et de sérieux pour arriver à un niveau ne serait-ce que proche du sien, mais elle était peut-être capable d'y arriver. Severus n'arrivait pas à croire qu'il en soit sincèrement convaincu, mais c'était bel et bien le cas. Il y'a deux semaines encore, il se serait contenté d'assister à la scène entre Granger et Krum, et il aurait même pris un certain plaisir à voir la jeune femme rougir de honte en sachant qu'il assistait à ses souvenirs les plus intimes. Mais aujourd'hui, Severus avait changé d'objectif, et au lieu de remuer le couteau dans la plaie, il tenta d'aider la jeune Gryffondor à mieux se défendre. Il fallait qu'elle garde son calme, car c'était justement en se laissant reprendre dans son souvenir qu'elle allait perdre pied, qu'elle allait lâcher le contrôle et lui permettre de faire ce qu'il souhaitait de sa mémoire.
Il crut un instant que ses paroles ne l'avaient même pas atteint, qu'elle était trop embarrassée pour ne serait-ce que l'entendre, mais la jeune femme finit par réagir. Severus pouvait le sentir dans l'air de la pièce, il arrivait à percevoir une espèce de résolution qui venait remplacer la honte et la terreur. Il ne put pas s'empêcher de lever les yeux au ciel en apercevant des montagnes de livres commencer à s'empiler sous ses yeux, l'empêchant peu à peu de voir la scène qui s'était déroulée l'année dernière entre Granger et Krum. Severus eut à peine le temps de remarquer que la jeune fille recréait à la perfection les étagères de la bibliothèque de l'école - dans le bon ordre, tout à sa place - avant qu'elle ne commence à perdre le contrôle. Elle avait fait trop d'efforts, essayait d'y penser trop fort, et se concentrait sur des détails trop insignifiants. Elle n'arriverait pas à tenir très longtemps à ce rythme, et Severus le savait très bien. Il se contenta de s'écarter légèrement pour observer la jeune femme tenter de protéger son esprit. Les livres commencèrent à s'ébranler, à remuer comme si un vent tentait de les renverser. Il ne relâcha pas la pression, continuant à insister pour forcer Granger à se défendre. Mais après quelques secondes, la pression était devenue trop forte pour elle et les livres commencèrent à voler dans tous les sens. Severus eut le temps d'apercevoir les étagères qui s'écroulaient avant de sortir de l'esprit de la jeune femme, la ramenant dans son bureau assez rapidement pour éviter qu'elle ne se perde dans son esprit.
Severus n'irait pas jusqu'à dire qu'il était impressionné, mais tout de même. Il était presque satisfait du résultat de son travail, bien sur il restait énormément de choses à faire, énormément à apprendre. Mais la jeune femme commençait enfin à comprendre que le seul moyen d'arrêter un ennemi n'était pas de lui faire front, et c'était déjà une leçon importante. Severus aperçut alors le grand sourire sur le visage de la jeune femme, et l'espace d'un instant, eut peur d'avoir réveillé le dragon. Granger était déjà assez arrogante sans qu'il n'aie besoin d'en rajouter, et il espérait juste ne pas avoir fait une erreur en essayant de l'encourager. Il leva les yeux au ciel, se retenant à grande peine de lui faire remarquer qu'il avait eu au moins tout aussi peu envie de voir cette scène qu'elle de la revivre. Severus pouvait se montrer froid parfois, mais il n'était pas sadique au point d'apprécier d'humilier un élève sans aucune raison - quoi que. "Ne commencez pas à voir trop haut, Miss Granger. Vos défenses commençaient à tomber lorsque je suis sorti de votre esprit." déclara-t-il avant d'appeler un elfe de maison du château. Une fois la petite créature apparu face à lui, Severus se pencha à son oreille pour lui murmurer quelques mots. Deux secondes plus tard, l'elfe était reparti dans un crac. "Mais l'effort était intéressant, je dois l'admettre."
Severus fit léviter deux chaises et une petite table d'un geste du poignet avant de faire signe à la jeune femme de s'asseoir. Il, pour sa part, choisit de rester debout pour l'instant. "L'Occlumencie, comme toutes les disciplines magiques, demande de l'entraînement. Elle est beaucoup plus fatigante lorsqu'elle n'est pas maîtrisée, vous avez donc besoin d'un peu plus d'entraînement." Il ne fit pas remarquer qu'elle avait tout de même franchi une étape importante, il comptait sur la jeune femme pour s'en rendre compte toute seule. Une minute plus tard, l'elfe était de retour avec deux tasses bouillantes qu'il posa immédiatement sur la table. Severus lui fit un petit signe de tête en guise de remerciement avant de faire signe à Granger de commencer à boire. Lupin préférait peut-être le chocolat pour regagner des forces, mais Severus ne jurait que par le thé. Et il ne pouvait qu'imaginer combien d'énergie Granger avait dépensé en tentant de le repousser.
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Sujet: Re: L'art compliqué de l'ouverture d'esprit - Severus&Hermione Ven 4 Avr - 23:37
Severus & Hermione
❝ I will attempt to penetrate your mind. You will attempt to resist ❞
Rogue avait beau réduire cet exploit discutable, je ne pouvais m'empêcher de sourire. Il me fallait encore travaillé évidemment, ça ne signifiait pas que j'allais un jour maîtriser cet art si compliqué. Mais c'était un début. Et après toutes ces semaines d'efforts acharnés pour rien, c'était bien réconfortant. J'étais en proie à un doute inimaginable depuis quelques temps. Pour la première fois de ma vie, je ne maîtrisais pas quelque chose. J'avais beau redoubler d'énergie pour percer les mystères de l'Occlumencie, rien ne marchait. Il continuait à réussir à se trimbaler dans mon esprit avec une facilité déconcertante. Bien sûr, nos séances n'avaient pas non plus été des plus reposantes. Entre mes colères et les siennes, c'était assez déconcertant parfois. Mais en cet instant précis, ça n'avait plus aucune importance. J'étais prête à revenir aussi souvent qu'il le faudrait, même à augmenter nos heures de rencontres si ça me permettait de toucher au but. De protéger Harry et les autres du mieux que je le pouvais. Parce qu'au fond, il n'y avait que cela qui comptait. Autant pour le professeur des Potions que pour moi. Je savais qu'à mon échelle propre, il n'y avait pas beaucoup d'intérêt à me consacrer du temps pour cette cause. Je n'étais que moi, fille de moldus, insupportable Miss-Je-Sais-Tout. Le peu d'importance que j'avais provenait de mon amitié avec le Survivant, le seul capable de le vaincre, lui. J'étais mêlée à ce combat bien plus que je ne l'avais soupçonné au début. La raison aurait voulu que je m'en éloigne. Mais au fil des années, j'avais appris que la raison n'était pas la chose la plus importance en fin de compte.
Un elfe de maison fit son entrée dans le cachot et j'en fus surprise. C'était bien la première fois que Rogue venait à en appeler un. Et je n'aimais pas beaucoup ça. Je pris une respiration peut-être un tantinet trop importante pas le nez, les lèvres étroitement closes pour éviter d'entamer une conversation qui s'avérerait plus que houleuse. À cette heure tardive, même les elfes de maison n'avaient pas à être dérangés. C'était une question de respect, ils faisaient tourner à eux-seuls tout le château. Qu'on leur laisse au minimum la nuit pour se reposer. Je n'avais peut-être pas le temps de me consacrer comme je le voulais à la S.A.L.E, ça ne signifiait pas que j'oubliais mes principes pour autant. Un jour, je me battrais pour la cause des plus faibles. Pour l'heure, il me fallait me battre contre des forces beaucoup plus fortes, plus redoutables et meurtrières.
Severus Rogue m'accorda ce qui ressemblait le plus à un compliment, prenant en compte la personne qu'il était. Mon sourire se figea un instant même si j'eus la présence d'esprit de me retenir de garder la bouche grande ouverte, comme hébétée. Si je m'étais attendue à cela en venant. Si je m'étais attendue à cela un jour tout court d'ailleurs. Après toutes les leçons de potions, certains cours de défense contre les forces du mal, et tout le reste de notre passé qui n'était pas glorieux, j'avais tout envisagé sauf cela. Je regrettais presque qu'il n'y ai pas de témoin pour marquer l'événement. En plus, je n'étais pas en mesure de m'en vanter par la suite puisque je n'avais pas à ébruiter mes leçons particulières. Je restais muette, incapable de prononcer quoi que ce soit. Et lorsqu'il m'enjoint de m'asseoir, je m'exécutais sans réfléchir. De toute façon, j'étais épuisée, l'effort m'avait coûté il fallait que je le reconnaisse. Je l'écoutais parler en essayant de me concentrer à nouveau sur lui et pas sur sa précédente déclaration. L'elfe choisit cet instant pour revenir, tenant dans ses mains abîmées deux tasses bouillonnantes de thé. Il les posa sur la table et s'inclina respectueusement.
«- Merci et désolée pour le dérangement. »
Je lui souris gentiment alors qu'il tourna un regard surpris, à la limite de l'effroi, vers moi. Il disparut ensuite et je me retins de soupirer. J'attrapais la tasse de thé et posais mes doigts autour du récipient. J'avais plus froid encore qu'à l'accoutumé. Ce bureau était sensiblement bien moins chauffé que le reste du château et ajouté à la fatigue que ce cours occasionné, il n'y avait rien de plus normal. Je me gardais bien de le montrer. Le Serpentard se montrait étrangement courtois par rapport à d'habitude. J'avais l'impression que quelque chose avez changé. Bien sûr, pour ma part, tout était différent maintenant. Après avoir vu dans sa tête, partagé ses souvenirs, j'avais compris mon erreur. Il n'était pas seulement l'être froid et insensible qu'il voulait bien nous montrer. Il était autre chose même si je ne savais pas vraiment quoi. Là où était la vrai surprise, c'est que son comportement change vis à vis de moi.
«- Je m’entraînerais davantage en dehors de nos séances alors professeur. »
Ça allait être difficile mais j'essaierais. Je tentais déjà de vider complètement mon esprit le soir avant d'aller dormir. C'était une tâche des plus difficiles cependant. Mon cerveau avant de sombrer dans le sommeil était un fourmillement de mémo, de notes et de leçons. C'était sans compter en plus mes angoisses concernant mes meilleurs amis, nos familles, les membres de l'Armée de Dumbledore et les problèmes que pourraient nous causer Ombrage. Et les examens, bien sûr. Je me sentais encore plus submergée qu'en troisième année, lorsque j'avais décidé de garder toutes les matières proposées en usant du retourneur de temps. Et cette semaine, j'avais été tourmenté par ce visage de fillette. Cette rousse qui trottait sans cesse dans mon esprit. J'avais la sensation de l'avoir déjà vu quelque part sans pouvoir mettre un nom sur son visage. C'était exclu de toute façon. Rogue avait été très clair sur le sujet et bizarrement, je n'avais pas envie de me risquer à désobéir. Il avait beau connaître de plus en plus ma vie privée, je n'avais pas envie d'enfreindre la sienne. Je prenais une gorgée de thé, grimaçant légèrement en me rendant compte qu'il était encore très chaud.
«- Professeur Rogue... »
Je m'arrêtais un instant, pas sûre de devoir lui poser cette question. C'était quelque chose qui me trottait dans la tête depuis quelques temps. Voldemort s'amusait de plus en plus à entrer dans l'esprit d'Harry. Nous n'étions pas sûr qu'il se rendait compte de ses intrusions mentales. Mais je craignais qu'il ne le découvre. Il avait déjà montré de quoi il était capable par le passé. Et mon gryffondor de meilleur ami était tout sauf une tête réfléchie. J'avais peur qu'il ne se mette en tête des plans qui ne feraient que le mettre encore plus en danger.
«- Est-ce qu'il est possible en Occlumencie d'implanter dans l'esprit de la victime des idées ? Ou même de créer de faux souvenirs ? »