severus rogue, a white blank page and a swelling rage

(1) severus ne dort que 3h par nuit, et encore, quand il a de la chance. il a le sommeil très léger, vestige des nuits passées à guetter les cris de son père pour savoir s'il allait devoir essayer de se cacher. depuis la bataille de poudlard il revit l'attaque de nagini dans ses cauchemars, et il a tendance à se réveiller en sueur au beau milieu de la nuit, même s'il ne l'avouera à personne. quand on lui parle de l'attaque, il dit qu'il ne se souvient de rien, mais la vérité c'est qu'il a parfois encore l'impression de sentir les crocs du serpent percer sa peau (2) il déteste la bièraubeurre et les choses sucrées de manière générale. il en était privé étant petit, et depuis il a horreur de tout ce qui est trop sucré. il préfère un bon whisky pur feu à un dessert (3) il a toujours adoré lire, petit c'était un moyen de s'échapper, et puis c'est devenu sa meilleure arme. depuis l'adolescence il lit principalement des revues scientifiques ou des manuels, et ne lit que très rarement des romans. il savait que son seul moyen de s'en sortir était d'apprendre, de toujours en savoir plus que les autres. il était l'élève de poudlard qui passait le plus de temps à la bibliothèque jusqu'à l'arrivée d'une certaine hermione granger. malgré cela, il relit régulièrement les romans qu'il dévorait pendant son enfance, particulièrement les nouvelles de roald dahl (4) il a horreur des chansons, il n'écoute que de la musique sans paroles. il a toujours pensé que les mots étaient superflus quand il s'agissait de musique, parfois on en dit plus sans ouvrir la bouche. un des seuls objets personnels dans sa chambre à poudlard est une platine vinyle, héritée de sa mère. il écoute ses vieux albums quand il a l'impression que les murs du chateau se referment sur lui, quand son cerveau refuse de s'arrêter. la musique lui permet de faire le vide (5) bien qu'il sache utiliser la magie sans baguette, severus préfère se servir de sa nouvelle baguette. ça lui donne l'impression de mieux controler ses gestes, et ça le rassure. il reste toutefois capable de lancer un sort sans baguette s'il en a besoin (6) il a gardé une vilaine cicatrice sur son avant bras gauche, là où la marque des ténèbres tronait. la marque s'est effacée, mais a laissé une trace indélébile. de toute façon severus n'avait aucune envie de l'effacer complètement, c'est sa manière de se rappeler le choix qu'il a fait, et les conséquences qui sont venues avec. (7) il déteste qu'on lui parle de son rôle pendant la guerre, que ce soit pour l'insulter ou pour le remercier de ce qu'il a fait. la moitié du monde sorcier pense qu'il a changé de camp au dernier moment et que dumbledore s'est fait avoir, l'autre qu'il est un héros et que le ministère devrait lui accorder l'ordre de merlin. aucune des deux options n'est vraie, alors il préfère que les gens ne lui en parlent pas du tout. il préfère que les gens ne lui parlent pas tout court.

La douleur. C’est la première chose dont Severus eut conscience en se réveillant à l’infirmerie du château, trois jours après la bataille de Poudlard. Trois jours après la mort de Voldemort. Trois jours après le jour où il aurait dû mourir, lui aussi. Ça avait toujours été le plan, et si Dumbledore et lui-même n’en avaient jamais parlé, les deux hommes avaient su que le professeur de potions ne survivrait pas à la guerre, qu’il ne pourrait pas vivre après avoir trahi le seigneur des ténèbres. Et pourtant, Severus était encore là, allongé dans un des lits de l’infirmerie de l’école, avec l’impression que tous ses muscles criaient de douleur. Il observa Mme Pomfresh courir de lit en lit, donner des ordres à qui voulait bien les entendre, mais il fut surpris de sa réaction quand elle regarda finalement dans sa direction. Là où il s’attendait à un regard noir, à des insultes peut-être, où même à de la surprise de voir que quelqu’un avait osé l’installer dans un de ses lits, Severus trouva une émotion bien différente. Les yeux humides, l’infirmière du château s’approcha de son lit avant de s’éclaircir la gorge. ”J’ai bien cru que nous allions vous perdre, Severus.” Son ton, d’habitude sec et plein de reproches, était cette-fois plus doux, et Severus dut se retenir de lui répliquer qu’il n’avait apparemment pas eu cette chance. Elle se pencha vers son cou et Severus recula instinctivement, laissant échapper un sifflement de douleur. ”Ne bougez pas, voyons. Vous allez garder une cicatrice, mais la douleur devrait s’estomper dans les prochaines semaines.” Elle le regarda dans les yeux, mais si elle s’attendait à y trouver du soulagement, Severus pensa qu’elle devait certainement être déçue. Il se rallongea contre son oreiller mais ne prit pas la peine de lui répondre. Qu’y avait-il à dire ? Severus ferma les yeux, la mâchoire serrée. Des centaines de pensées se bousculaient dans sa tête, mais il était trop fatigué pour réussir à véritablement réfléchir. La douleur dans ses muscles semblait s’intensifier, et Severus sentit la main de l’infirmière se poser sur son épaules. Après quelques secondes, la douleur diminua et tout son corps commença à se détendre. ”Vous avez de la chance d’être en vie, Severus. Il entendit à peine la voix de l’infirmière avant de sombrer dans le sommeil, et il ne trouva pas la force de lui dire qu’elle avait tort.

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Severus mit plusieurs jours à adresser la parole à Mme Pomfresh, et sa première question fut de lui demander ce qu’il faisait là, et plus exactement, pourquoi il n’était pas mort dans la cabane hurlante - comme prévu. La gêne évidente sur le visage de l’infirmière aurait dû suffire à lui indiquer la nature de sa réponse, et pourtant la vérité était plus douloureuse que ce que Severus aurait pu imaginer. Hermione Granger, la miss-je-sais-tout qu’il avait déjà dû supporter pendant 6 ans, avait apparemment fait le chemin jusqu’à la cabane hurlante juste après la bataille pour tenter de le sauver, et elle était parvenue à le trainer jusqu’à l’infirmerie juste à temps. Ou trop tôt, comme Severus préférait le voir. Plus encore que le fait d’être en vie, l’idée d’avoir été sauvé par Granger lui était plus insupportable que le reste. En voyant l’expression sur son visage, l’infirmière avait filé s’occuper de quelqu’un d’autre, et elle n’était revenue le voir que le lendemain.

Severus resta presque un mois à l’hôpital du château, mais il n'adressa la parole à l’infirmière que lorsque strictement nécessaire, malgré tous ses efforts pour tenter d’engager la conversation. Il avait cru en se réveillant que rien ne pourrait être plus douloureux que le venin de Nagini, mais il avait eu tort. La visite d’Harry Potter, bien que brève, compta parmi les expériences les plus désagréables de sa vie. Quelques jours avant sa sortie, Minerva était également venue le voir pour lui demander de reprendre son poste de professeur de potions, car c’était “ce que Dumbledore aurait voulu”. Severus lui avait rétorqué qu’il en avait déjà assez fait pour l’ancien directeur, mais elle n’avait pas voulu lâcher l’affaire, et Severus avait dû s’admettre vaincu quand elle lui avait demandé comment il comptait gagner sa vie autrement qu’en reprenant son poste. Il avait été tenté de lui répondre qu’il n’avait justement pas l’intention de gagner sa vie, qu’il avait prévu de rentrer chez lui et de boire jusqu’à mourir d’épuisement ou de faim, mais il avait préféré se retenir. Alors il avait accepté le poste, sans aucun espoir de pouvoir partir, sans aucune idée de ce qu’il pourrait même faire s’il parvenait enfin à quitter Poudlard. Il avait repris le cours de sa vie comme si rien ne s’était jamais passé, mais tout en sachant que plus rien ne serait jamais comme avant, et avec pour seule consolation l’idée que la mort finirait bien par le rattraper pour mettre un terme à une existence qui n’avait plus de sens ni de motif.