yo tu veux un café [Adam]

yo tu veux un café -  @David Harley

Adam dormait d'un sommeil profond, il en profitait pour une fois qu'il le pouvait, c'était le matin de son jour de repos alors autant rattraper sur ses heures de sommeil perdues… En tout cas, c'était ce qu'il avait compté faire jusqu'à ce qu'il soit réveillé par un bruit sourd contre le carreau de sa fenêtre. Tenté de l'ignorer, il réalisa rapidement qu'il n'aurait pas ce luxe vu l'insistance du hibou derrière la vitre. Un soupir profond et la lecture d'un simple bout de papier sur lequel est écrit une question "Yo, tu veux un café ?" qui n'avaient malheureusement pas suffi à le sortir de sa torpeur. "C'est pour ça que tu m'as réveillé ?" demanda-t-il au hibou comme s'il pouvait lui répondre, un sourcil levé, tournant le bout de papier entre ses doigts à la recherche de plus d'indices. Drôle de canular. Il laissa le hibou se reposer un peu chez lui, activa la cafetière, et puis d'un coup cela le frappa : il reconnut l'écriture et se fendit d'un sourire rayonnant.

Dave.

Le sorcier s'était volatilisé lorsque la guerre avait éclaté. Du jour au lendemain, la boutique fermée, pas une trace de celui qui avait été un ami, voire même un mentor pour lui. Il s'était demandé ce qu'il lui était arrivé, mais il n'avait jamais vu son nom passer dans la liste des victimes, alors il n'avait pas vraiment cessé d'espérer qu'il allait bien. Maintenant que le conflit s'était apaisé, il avait dû refaire surface. Adam prit le premier stylo qui traînait, rédigea une réponse hâtive au dos du papier ("Laisse-moi le temps de me lever et j'arrive," tout aussi droit au but que la proposition de Dave) qu'il donna au hibou.

Il lui fallu un peu moins d'une heure pour se préparer. Plus l'âge avançait, plus il avait du mal le matin, c'était bien dur à avouer mais il fallait qu'il regarde la vérité en face, un drame qui n'en était clairement pas un. Ce n'était pas comme s'il était très âgé non plus, et Adam n'avait certainement pas comme projet de s'empêcher de vivre. Plutôt que de transplaner, il prit le parti de venir à pied, en profitant du court trajet qui séparait son nouvel appartement de la boutique. Puisque David n'avait pas donné de nouvelle adresse, il était parti du principe qu'il le trouverait là. Le médicomage s'arrêta simplement un instant à une boulangerie pour prendre des viennoiseries au passage. Arrivé devant la devanture de la boutique, il s'arrêta un instant. Il était repassé quelques fois ces derniers mois sans que les lieux n'aient aucun signe d'être habités. Cette fois-ci cependant, il vit que quelques objets ont été déplacés, que la poussière qui s'était accumulée avait disparue. Avec un grand sourire, Adam poussa la porte de la boutique, laissant la porte se refermer derrière lui. "David ?" appelle-t-il, sans réponse. L'ancien poufsouffle fit quelques pas à l'intérieur, laissant traîner un regard scrutateur autour de lui, un petit sourire qui ne quittait pas ses lèvres. "David ?" retenta-t-il en haussant le ton, au cas où il ne l'avait pas entendu la première fois. Il décida de tenter sa chance à l'atelier, et dès l'instant où il mit un pied dans les escaliers menant à la pièce où Dave insufflait vie à ses créations, les bruits qui s'en échappaient lui confirmèrent qu'il le trouverait là. Dans un coin de la tête, il se nota qu'il fallait qu'il lui demande comment il avait réussi à parfaire son sortilège d'insonorisation à ce point, Charlotte et Louis en auraient sûrement besoin avec les enfants. "Heyyyy…" tenta-t-il de nouveau en bas des escaliers, le début de sourire devenant radieux en reconnaissant la silhouette qui travaillait sur une nouvelle pièce. "Je n'arrive pas les mains vides !" fit-il en montrant le sachet contenant les viennoiseries avant de le poser sur la première surface qu'il trouva. L'ostéopathe franchit les derniers pas qui le séparaient de son ami pour venir le saluer d'une étreinte, courte mais chaleureuse. C'était bon de le revoir. "De retour alors, hein ?" Une question banale, une invitation à raconter ce qu'il avait fait, un simple salut ; Dave le prendrait de sa manière particulière et Adam verrait à partir de là. Pour l'heure, il était simplement heureux de le voir en chair et en os.

Spoiler:

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C'était bien Dave ; sa stature imposante mais chaleureuse était facilement reconnaissable, même après deux ans sans s'être vus. Son attitude paternaliste amusa Adam dont le sourire s'étendit un peu plus. Avec lui, il avait moins l'impression d'être un "vrai adulte responsable" tout en en restant un, une sensation étrange mais pas désagréable. Un petit rire lui échappa lorsque son ami justifia le besoin qu'ils changent de pièce. "Je devrais arriver à résister à la tentation de jouer avec tu sais," répondit-il en le suivant néanmoins à l'étage. Retrouvant vite les habitudes perdues, il se percha sur l'un des tabourets et écouta Dave alors qu'il sortait le nécessaire pour leur café. Il l'aurait bien aidé, mais il savait d'expérience que c'était peine perdue et que son hôte ne le laisserait pas faire. La main d'Adam passa sur le comptoir, comme pour ancrer son retour en ces lieux. "Ca me fait plaisir que tu sois de retour en tout cas," dit-il. Il eut un sourire triste à la mention de Patate, l'ancien chat de son ami. "Tu comptes en reprendre un ? Il est peut-être un peu tard pour la portée de mon dernier, mais je peux toujours demander." Il avait lui-même toujours eu ses chats par trois, et Charamel était le dernier en date, un chaton roux qu'il avait recueilli auprès d'une voisine peu après son emménagement. Adam prit une des tasses entre ses mains et l'observa brièvement, l'air nostalgique en se rappelant la première fois qu'il était venu dans la boutique. L'odeur du café commençait à imprégner la pièce, se mêlant à celle des viennoiseries lorsqu'Adam ouvrit le sachet pour qu'ils puissent se servir. Il laissa Dave se servir en premier avant de piocher dans le sachet à son tour, l'observant d'un air pensif.

Que s'était-il passé pendant l'absence de son ami ? Pas mal de choses, en vérité. "Toujours médicomage ouais. On a eu beaucoup de travail avec… tout ça, répondit-il, élusif, Mais ça s'est calmé un peu, on retrouve plus de cas "normaux", ça fait plaisir quelque part." Il prit une bouchée de sa propre viennoiserie, méditant sur ce qu'il venait de dire, ce qu'il allait répondre par la suite. "J'ai un de mes neveux qui commence à montrer des signes de magie, et mon frère va bientôt avoir un deuxième gosse." Il réfléchit un instant. "C'est tout pour la famille, je crois." Il n'avait pas mentionné Coraline volontairement, mais ne doutait pas que Dave lui poserait la question s'il voulait savoir où en était sa vie amoureuse. "Et toi alors ? T'as fait quoi pendant tout ce temps ? T'es revenu y'a longtemps ?" Il adressa un sourire franc à son comparse, prêt à écouter ses aventures s'il voulait les partager. Il avait craint pendant longtemps qu'il ne soit arrivé quelque chose au sorcier, alors le voir en chair et en os était rassurant, un peu comme lorsque d'autres nés-moldus avaient refait surface à la fin de la guerre finalement.

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Adam écoutait patiemment son vieil ami (qui n'était d'ailleurs pas si vieux, contrairement à ce qu'il disait parfois de lui-même), hochant la tête au fur et à mesure de ce qu'il expliquait. Il avait certainement raison ; il était peut-être un peu tôt pour qu'il reprenne un compagnon. Il comprenait parfaitement en tout cas le besoin d'un peu plus de temps pour se réinstaller et faire le deuil d'un animal, étant lui-même passé par là avant de prendre son quatrième chat. L'ostéopathe répondit avec un petit sourire et un geste de la main, un de ceux qui voulaient dire Bah, t'en fais pas, c'est rien. Le sujet était clos et ne méritait certainement pas qu'il le relance plus que cela.

D'autant que Dave semblait vouloir rattraper son retard, et Adam ne se fit pas prier pour lui donner les dernières nouvelles. Il prit le temps d'y aller point par point, sans s'attarder sur trop de détails ; juste l'essentiel, un petit tour d'horizon. Ha-ha-ha, le faux rire sarcastique et le regard amusé échangé entre les deux, complices, refléta avec acuité leur dynamique retrouvée sans peine. Le sujet vola sur celui de ses neveux et nièces, la prunelle de ses yeux. L'enthousiasme du sorcier lui fit chaud au cœur, et le rassura l'air de rien. Les enfants, toujours plus de tracas qui ne le concernaient pas directement - pas faute d'en avoir envie, cela ne s'était simplement jamais fait. On espère aussi, mais jusqu'ici tout se déroule bien donc c'est plutôt bon signe. Merci, fit-il lorsque le sorcier lui servit un café. Il lui laissa le temps de se réinstaller tranquillement, dégustant sa viennoiserie au passage en prenant soin de ne pas faire tomber une miette hors de l'assiette. Si son hôte s'était donné tant de mal pour le recevoir, il n'allait pas lui compliquer la tâche.

Son attention se tourna entièrement vers son aîné lorsqu'il décrivit les années passées en fuite. Comme tant d'autres, ils avaient trouvé refuge à l'étranger… Mais pas tant que ça, à l'en croire. Plus David en parlait, plus le visage d'Adam s'assombrissait, et il lâcha même une ou deux grimaces quand l'anecdote s'y prêtait ; mais il le laissa finir de raconter son histoire sans l'interrompre. Eh bah putain… Je suis content que tout se soit bien fini pour vous en tout cas, lâcha-t-il avec un soupir. Il imaginait sans peine l'état de stress que Dave avait pu ressentir pendant tout ce temps. Après tout, c'était une peine partagée, un fardeau commun, qui les avait liés l'air de rien. Sentant qu'il ne souhaitait pas insister plus que cela - compréhensible, qui avait envie de revivre ces mois en permanence ? - Adam n'insista pas plus que cela. David ne lui en laissa de toute façon pas l'occasion.

Coraline, ouais. Gêné, le médicomage se passa une main dans la nuque dans un geste emprunté à Lachlan. Il reposa son mug avec un soupir, conscient qu'il n'allait pas échapper au sujet plus longtemps. Elle… Ce n'est plus un sujet. Il faisait de son mieux pour garder un ton égal. Le temps faisait son office, trop lentement à son goût peut-être. Ca fait quelques semaines qu'on s'est séparés. C'est bizarre de parler d'un truc aussi trivial après tout ce qui s'est passé, hein ? Un petit rire sans joie lui échappe alors qu'il fixe la boisson dans son mug, bien calé entre ses deux mains. Il reporta son regard sur Dave ; la sincérité qu'il dégageait lui donnait envie de se confier, comme toujours. Après tout ce temps, c'était plutôt rassurant. Je sais pas trop quand ça a commencé à dérailler… Si ça se trouve ça faisait longtemps, mais avec tout ce qui se passait on s'en rendait pas compte. On était trop occupés à tenir au jour le jour. Et quand tout s'est calmé, ben… Elle était allée voir ailleurs. Simple. Radical. Il haussa les épaules. C'est la vie ! Il avait de la chance, finalement, d'être de si bonne disposition. Je suis déçu de ne pas te voir avec une française, du coup. Ou un français. Un sourcil relevé et un sourire en coin en portant le mug à ses lèvres. Insensible à toutes leurs peines, la vie continuait.

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Ce genre de discours rassurant sur ce qu'il vivait, Adam en avait entendu plein - et comme Dave le soulignait avec justesse, cela montrait bien que la vie continuait malgré tout. Mais jusqu'ici, ces discours lui étaient passés un peu au-dessus de la tête ; il était touché de la sollicitude de ses proches, bien sûr, mais rien ne l'atteignait de façon rationnelle. Dave avait cette capacité - un talent, vraiment - de rendre ses paroles plus tangibles et pour la première fois depuis la séparation, Adam se sentit réellement rassuré sur l'avenir. Un regard de remerciement passa de l'ostéopathe à son comparse avant qu'il ne change de sujet, histoire de ne pas s'apitoyer sur son sort trop longtemps - ce n'était pas son genre.

Visiblement, la question d'Adam était bien tombée. Le né-moldu observa les rôles s'inverser en direct, se redressant un peu et cachant son air narquois derrière son café. L'embarras de Dave était flagrant. Mmhmmh, bien sûr. Une seconde de battement. Et donc ?
Et donc, Adam laissa David lui narrer son histoire avec ce moldu français. L'air narquois d'Adam se mua en air attendri, puis compatissant.
Tu devrais lui écrire, oui. Ou l'appeler, si tu peux. Adam reposa sa tasse, considérant le dilemme de son ami sous tous ses angles. Au moins tu seras fixé, et puis… Ça ne coûte rien d'essayer. Il lui offrit un sourire rassurant, riant en son for intérieur de ce retournement de situation. Tu n'es même pas obligé d'expliquer en détails pourquoi vous êtes partis, tu peux simplement dire qu'il y a eu une urgence en Angleterre, ou je sais pas quoi. Dans le pire des cas, tu sais à quoi t'en tenir, dans le meilleur des cas, vous reprenez contact. Il était également curieux de connaître ce moldu qui avait fait chavirer le coeur de l'impassible Dave, mais il était bien trop tôt pour cela ; il sentait bien que Dave était bien plus touché par cette histoire que ce qu'il montrait, qu'il le cachait derrière ses airs fanfarons qui reprenaient le dessus à vitesse grand V.
Tu vois, rien que pour ça, tu devrais lui écrire. Tu ne me serais d'aucune utilité sinon, répondit-il sur le ton de la plaisanterie. Des vacances… L'expression d'Adam se fit rêveuse. Tu as pris un peu de temps pour toi d'ailleurs après tout ça ? Ou tu comptes réouvrir la boutique tout de suite ? Le bien-être avant tout les ami.es - parole de médicomage qui ne prend jamais de vacances.