Ce matin, je n’ai aucune difficulté à me lever pour sortir du lit ! J’attendais cette journée avec impatience pour être honnête. La raison ? C’était simple ! Aujourd’hui était prévu une sortie à Pré-au-Lard. L’idée de sortir quelques heures de l’enceinte du château le réjouissait au plus haut point. J’enfilais rapidement une tenue civile des plus classiques pour le né moldu que je suis, c’est un dire un jean et un sweat-shirt avec ma veste en cuir favorite. J’avais du mal à me faire à la mode sorcière et préférais mon style. Hors de question de me voir avec une robe de sorcier en dehors de l’uniforme obligatoire pendant les cours. Je m’apprêtais à traverser la Salle Commune des Poufsouffle en trombe quand une petite voix m’interpella, m’arrêtant net dans ma course. Je me retournais pour voir la petite mine déconfite de Becky, ma petite sœur de cœur. Elle n’était qu’en première année et n’avait donc pas l’autorisation de sortir. À chacune des sorties précédentes, elle me faisait le même cirque. Je lui fis un sourire chaleureux et l’assurais de lui rapporter quelques gourmandises de chez Zonko avant de la planter là pour rejoindre la Grande Salle. N’allez pas croire que je n’avais pas de cœur, c’était juste qu’elle aurait put me faire fléchir et me faire louper cette sortie.

Alors que j’arrivais à la Grande Salle pour y avaler mon déjeuner avant de partir, je croisais le chemin de ma Gryffondor préférée, Alexiel. Cette dernière était également la sœur aînée de Becky accessoirement. Au regard qu’elle me lançait, je savais qu’elle allait m’annoncer qu’elle ne sortirait pas du château aujourd’hui. Encore une fois, elle me plantait pour notre sortie au village. Je savais pourquoi et comprenais parfaitement les angoisses qui la tenaillaient encore bien qu’elle redevenait progressivement la jeune femme joyeuse et pleine d’énergie que j’avais toujours connue. Mais une sortie à Pré-au-Lard sa ma rouquine favorite rendait l’expédition moins agréable. Du coup, mon enthousiasme en prit un coup et je pris donc mon temps pour avaler mon petit déjeuner.

Lorsqu’enfin, je me retrouvais dans les petites rues du village, errant comme une âme en peine sans ma meilleure amie, je me demandais bien ce que j’allais pouvoir faire. J’irais naturellement acheter des bonbons en fin de journée pour Becky, mais en dehors de ça, mes projets étaient tombés à l’eau sans Alexiel. Je profitais cependant de ce moment de solitude pour me promener. Mais le froid de l’hiver commençait à être sacrément mordant. Du coup, je finis par me rendre au Trois Balais pour y boire une bonne bièreaubeurre et réchauffer ma carcasse.

Alors que j’ouvrais la porte du pub, le brouhaha vrilla mes oreilles. Comme d’habitude, l’endroit était plein. Je cherchais du regard une table avec une petite place disponible au milieu de mes camarades. Je me moquais bien de les connaître ou non. Dans le premier cas, je pourrais parler de tout et de rien. Dans le second, je pourrais faire connaissance avec eux. Mais mon regard s’arrêta sur un visage que je commençais à bien connaître et qui était seul à une table. Sans une once d’hésitation, je me dirigeais droit vers Jay Butler, l’homme qui tentait de nous aider à construire notre avenir pour éviter de nouveaux drames.

M’installant sur la chaise vide en face de lui, je déclarais avec un grand sourire jusqu’aux oreilles :

« Bonjour, Monsieur Butler. Vous permettez que je me joigne à vous ? »

En réalité, j’étais déjà assis. Je savais qu’il ne refuserait pas ma compagnie de toute manière. Nous avons déjà eu pas mal de discussion intéressante lui et moi à l’occasion de ses passages à Poudlard. Ça me faisait un peu bizarre de le voir en dehors de l’école, mais vu que je le trouvais plutôt cool et qu’il n’était pas vraiment professeur, ce n’était pas gênant.

Je devais bien admettre que si on m’avait dit que je passerais ma journée de liberté hors du château avec un des enseignant plutôt que de ma meilleure amie, je serais certainement resté sous ma couette. Je n’avais rien contre Jay, bien au contraire, mais il ne faisait pas franchement partie de mes plans initiaux. J’étais malgré tout content de le voir et de pouvoir peut être en découvrir plus pour cet homme à qui la réussite avait l’air de sourire. Je m’étais installé avant qu’il ne me réponde et heureusement qu’il avait accepté, car j’aurais eu l’air con s’il m’avait dit qu’il attendait quelqu’un ou tout simplement non. Commençant à cerner l’homme grâce aux conversations que nous avions déjà eu, je ne fus pas tellement surpris qu’il me demande de l’appeler par son prénom en dehors des murs de l’école. Je lui répondis par un simplement hochement de tête pour lui signifier que j’avais enregistré sa demande. Puis il me demanda si je n’avais pas mieux à faire que de lui tenir compagnie. Avec un haussement d’épaule, je lui répondis :

« Ben à la base, je devais passer la journée avec ma meilleure amie, mais encore une fois, elle a trouvé un prétexte pour rester à Poudlard. Elle n’a pas fait une seule sortie à Pré-au-Lard cette année et ça commence à m’inquiéter sérieusement. C’est notre dernière année, j’aimerais qu’on profite de toutes les opportunités de passé des moments ensemble. Mais j’ai l’impression qu’elle a encore quelques angoisses à cause de l’année dernière. »

Je ne savais pas pourquoi j’avais déballé autant de trucs. La question n’avait pas appelé une réponse si détaillée. C’est pour cette raison que j’enchaînais rapidement :

« Je ne sais pas pourquoi je vous dis tout ça. Vous n’avez certainement pas besoin d’écouter les états d’âmes d’un ado. »

Alors que je finissais tout juste de parler, une petite serveuse vient me demander si je voulais boire quelque chose. Je demandais une bièreaubeurre avant de demander à l’homme d’affaires s'il désirait autre chose. Politesse élémentaire. Une fois qu’il eut passé sa commande, j’ajoutais :

« Vous n’avez pas franchement choisi le bon jour pour venir boire un verre ici. En-tout-cas, j’en profite pour vous remercier de prendre du temps sur votre emploi du temps chargé pour prodiguer vos conseils aux élèves complètement largués que nous sommes. Vous étiez dans quelle maison quand vous étiez étudiant ? »

Cet homme nous donnait des conseils pour choisir nos carrières et réussir nos vies, mais finalement, nous ne savions pas grand-chose à son sujet. Et je devais bien admettre que je tentais d’imaginer ce que pourrais demander Alexiel, en tant que futur journaliste, pour en savoir plus sur le grand blond. Je suis sûr que ma meilleure amie aurait été bien plus efficace que moi pour lui tirer les vers du nez. Faut dire qu’elle commençait à avoir de l’expérience pour découvrir les petits secrets des autres. Nos camarades ayant été ses cibles favorites durant notre scolarité.