La reconquête ne se déroulait pas aussi bien que Bellatrix l'avait espéré, c'était le moins qu'on puisse dire. Après leur attaque avortée à Pré-au-Lard, ils avaient besoin de se remettre les idées en place et de regoûter à la victoire. Ils avaient déjà perdu plusieurs Mangemorts qui étaient partis attaquer des membres de l'Ordre sans concerter leurs camarades, et qui s'étaient fait capturer comme des idiots. Bellatrix respectait leur soif de vengeance, et leur envie d'aller capturer Potter ou même Rogue, mais l'intention sans la réalisation n'avait aucun intérêt. Bien au contraire, au lieu de se couvrir de gloire, ils avaient affaibli les leurs en se faisant envoyer à Azkaban. Le groupe de Mangemorts qui lui était fidèle s'effritait avec chaque jour qui passait et, ça, Bellatrix ne pouvait pas l'accepter.

C'est pour cette raison que la brune avait décidé de recruter de nouveaux membres, ou plutôt d'anciens membres qui n'avaient pas rejoint leurs rangs après la guerre. Des traitres ou des lâches pour la plupart, mais Bellatrix n'avait aucun doute sur sa capacité à les convaincre de retrouver la raison et de rejoindre leurs anciens camarades, que ce soit de bon gré ou par la force. Elle aperçut une des cibles sur sa liste sortir d'un pub moldu décrépi (mais y'avait-il un autre type de commerce moldu après tout ?) et commença à le suivre, faisant attention à garder quelques mètres de distance pour qu'il ne la repère pas. Il n'avait pas l'air très méfiant, c'était sa première erreur. Quelques minutes plus tard, il se raidit en entendant le son de son talon contre le sol, et Bellatrix se cacha juste avant qu'il ne se retourne pour vérifier d'où le bruit venait. Il était préférable de ne pas avoir cette discussion en public, encore moins dans un quartier moldu. Après tout, Bellatrix était quasiment sûre qu'elle allait devoir avoir recours à la force, non pas que cette idée lui déplaisait.

Gabriel arriva devant la porte de son immeuble quelques minutes plus tard, et Bellatrix se glissa derrière lui, juste avant que la porte ne claque. Il ne s'était même pas retourné pour vérifier que personne ne l'avait suivi, quelle négligence. Bellatrix le suivit jusqu'au 3ème étage et s'interposa au moment où il tenta de fermer la porte de son appartement. La surprise était évidente sur son visage, et Gabriel ne paraissait pas ravi de la voir. Le contraire aurait été surprenant. Bellatrix n'avait pas l'habitude d'être bien reçue, elle aurait été vexée que ce soit le cas. Malgré sa surprise, Gabriel l'invita à entrer, certainement conscient du fait qu'il n'avait pas vraiment le choix. Bellatrix lui lança un sourire mesquin avant de le suivre à l'intérieur de l'appartement. Il attrapa deux verres de Whisky et partit s'asseoir après lui en avoir tendu un, mais sa décontraction ne berna pas Bellatrix. Il n'avait aucune raison de se sentir à l'aise en sa présence, et Bellatrix était persuadée qu'il le savait. "J'aurais pensé qu'un Mangemort qui se cache dans le Londres moldu serait plus sur ses gardes." Elle lui lança un sourire mielleux, mais son regard était perçant, menaçant. "Heureusement que c'est moi qui te suivais, et pas un membre de l'Ordre."

Bellatrix ne s'assit pas face à lui, préférant rester debout. Elle n'avait aucune intention de se mettre à l'aise, ou d'aider Gabriel à se sentir à l'aise. Bien au contraire. Plus il était à cran, et mieux ce serait pour elle. Elle n'aurait peut-être même pas besoin d'utiliser la force pour le convaincre de retrouver sa place dans leurs rangs... quel dommage. "Tu m'as l'air bien à l'aise ici... pour quelqu'un qui a abandonné ses camarades à la seconde où la bataille était terminée." Son ton se fit menaçant, et elle fixa Gabriel d'un regard mauvais. Elle n'avait pas encore sorti sa baguette, mais son aura ne permettait pas de douter de ses intentions. Elle obtenait toujours ce qu'elle voulait, et si Gabriel ne le lui donnait pas volontairement, elle le forcerait à le faire. C'était aussi simple que cela.

L'attitude de Gabriel n'était pas aussi respectueuse, aussi soumise que Bellatrix aurait pu l'espérer. Elle ne comprenait pas qu'un Mangemort puisse simplement s'enfuir après la bataille, vivre sa vie comme si de rien n'était, et ne pas s'attendre à ce que ses anciens camarades viennent le retrouver. Mais si Gabriel avait l'intention de vivre une petite vie tranquille maintenant que le Seigneur des Ténèbres avait disparu, il se trompait, et Bellatrix allait le lui faire comprendre. Très rapidement.

Elle fronça les sourcils en l'écoutant lever le ton. Ses yeux se mirent à briller de colère devant son insolence, et elle serra instinctivement sa main autour de sa baguette dans la poche de sa robe. Comment osait-il lui parler sur ce ton ? Selon lui le fait d'avoir voulu échapper à Azkaban était une raison suffisante pour abandonner tous ses principes, pour s'enfuir comme un lâche et laisser ses camarades derrière. Bellatrix avait peu de principes, mais elle était directe et franche d'une certaine manière, et elle n'arrivait pas à concevoir comment quelqu'un pouvait préférer trahir les siens, trahir son idéologie même, plutôt que de la défendre jusqu'au bout, quitte à finir en prison. Après tout, c'était elle même ce qu'elle avait fait, et le Seigneur des Ténèbres l'avait récompensée. Gabriel aurait dû préférer mourir que de passer de l'autre côté, que de tourner le dos aux autres Mangemorts.

Bellatrix était sur le point de le lui dire quand il finit son verre d'un trait, puis reprit. Cette fois-ci, Bellatrix sortit sa baguette de sa poche et la tendit vers Gabriel. "Le Seigneur des Ténèbres n'est pas mort !" cria-t-elle. Il ne pouvait pas être mort, c'était tout bonnement impossible. S'il était mort, ça voudrait dire qu'elle avait véritablement tout perdu... pour rien. Non, ce n'était pas possible. "Et si sa disparition suffit à te faire baisser les bras, c'est que tu n'étais pas digne de faire partie de ses fidèles." Décidément, l'accueil de Gabriel n'était pas fait pour la calmer ou pour la mettre à l'aise, mais s'il cherchait la confrontation, il n'allait pas être déçu.

Elle l'observa se servir un nouveau vers et fit un pas vers lui, sa baguette pointée directement sur sa tête. Elle avait peut-être beaucoup perdu ces derniers mois, mais pas ses talents de sorcière. Et si Gabriel avait besoin qu'elle les lui rappelle, elle n'allait pas se faire prier. Elle s'approcha encore un peu, sa baguette à seulement quelques centimètres du visage de Gabriel. "Mais si Azkaban te fait si peur, on peut s'arranger. Tu préfèrerais peut-être que je mette un terme à ta vie dès maintenant ?"

Bellatrix était à bout, elle pouvait le sentir. Comme si la disparition du Seigneur des Ténèbres ne suffisait pas, elle devait en plus gérer une troupe de bras cassées, et voilà que maintenant même un traitre se permettait de la prendre de haut. C'était hors de question. Elle n'avait jamais apprécié Gabriel, même quand il avait fait partie de leurs rangs. Bellatrix ne lui avait jamais fait confiance. Il fallait aussi dire qu'elle ne faisait confiance qu'aux Mangemorts qui se donnaient autant pour la cause qu'elle-même... c'est à dire personne. Mais elle avait tout de même différents niveaux d'estime ou de dégoût pour les autres serviteurs du Seigneur des Ténèbres, et Gabriel avait toujours fait partie de la couche inférieure dans son classement. Un soldat sans conviction, sans courage, sans principes. Et voilà qu'il lui donnait raison.

Pourtant, Bellatrix ne pouvait pas ignorer sa question. Pourquoi le Seigneur des Ténèbres ne l'avait pas contactée ? Il ne pouvait y avoir qu'une seule réponse : il n'en était pas capable. Mais s'il n'était pas capable de communiquer, que lui était-il arrivé ? Où était-il ? Elle se força à chasser ces questions de son esprit, préférant tourner sa colère et ses doutes contre Gabriel. Elle avait besoin de croire que le Seigneur des Ténèbres était encore vivant, quelque part. Le contraire aurait été trop douloureux.

Elle prit un certain plaisir à lire la surprise et la peur dans le regard de Gabriel. Comme n'importe quel animal sauvage, Bellatrix avait haussé le ton pour montrer qu'elle était en parfaite maitrise de la situation, que c'était elle qui dirigeait. Et elle ferait en sorte que Gabriel ne l'oublie pas. Il n'avait peut-être pas envie de mourir maintenant, mais elle ne lui laisserait peut-être pas non plus le choix, et le simple fait qu'elle ait ce pouvoir suffit à la calmer un peu. Elle n'était pas venue ici pour tuer Gabriel, mais elle n'hésiterait pas une seconde si le Mangemort refusait de coopérer. Apparemment, il avait compris le message.

Gabriel avait au moins l'honnêteté de reconnaître qu'il avait baissé les bras, ça ne suffisait pas, mais ça allait sans doute lui éviter un sortilège Doloris. Bellatrix baissa sa baguette mais garda ses doigts serrés autour du bois. Elle ne baissait jamais sa garde, et elle n'allait pas commencer aujourd'hui. "Je t'écoute," répondit-elle avec un sourire menaçant aux lèvres. Elle avait surtout baissé sa baguette devant la soumission de Gabriel, plus que par véritable envie d'entendre ce qu'il avait à dire. Elle doutait qu'il ait quoi que ce soit d'intéressant à lui apprendre, et pourtant, à force de se ranger toujours du côté qui l'arrangeait le plus, il avait peut-être entendu des informations pertinentes. "Mais j'espère pour toi que c'est intéressant." Bellatrix n'ajouta rien de plus, elle se contenta de lui lancer son sourire le plus cruel avant d'attraper le verre de whisky qu'il lui avait donné plus tôt, et qu'elle avait posé sur la table. Elle ne le quitta pas des yeux un seul instant tout en buvant une gorgée. Après des mois en fuite, le goût du whisky lui brula la gorge avec délice. Si Gabriel n'avait rien d'intéressant à lui communiquer et refusait de reprendre son poste, elle pourrait toujours le tuer et utiliser son appartement comme planque pour les quelques fidèles qu'ils lui restaient. Elle trouverait un moyen de rendre sa visite utile, c'était certain.

J'aurais préféré tomber sur l'un de mes autres camarades comme Marcus ou encore Morgan plutôt que Bellatrix, mais la soirée en a décidé autrement. Il est plutôt rare de la croiser dans le monde moldu, elle qui préfère rester dans sa petite zone de confort. Lui balancer dans la figure que le seigneur des Ténèbres est mort n'est vraiment pas la chose à faire, car elle l'a très mal prit et elle a même haussé le ton. Je peux le comprendre, après tout, elle lui est fidèle depuis plusieurs années. La question que l'on doit se poser s'il n'est véritablement pas décédé, c'est où est-il maintenant ? Hélas, aucun d'entre nous le sait.

Dans un moment de colère, alors que je m'étais servi un autre verre, Bellatrix pointe sa baguette sur moi. Surpris et ayant peur de qu'elle pourrait me faire, je réussi tant bien que mal à poser celui-ci sur le comptoir et à lever les mains par réflexe. Je n'ai aucune envie de mourir, pas dans ces conditions et surtout pas de ses mains. Bellatrix à un énorme palmarès en ce qui concerne des victimes et je ne souhaite en aucun cas en faire partie. Je lui demande donc de baisser sa baguette afin de calmer l'atmosphère qui est déjà immense en émotions négatives.

Au fond de moi, je sais et je suis persuadé qu'elle ne me fera rien, si dans la mesure du possible je reste coopératif envers elle. Je ne tiens plus vraiment à faire couler du sang peu importe qu'il soit pur ou impur. Je me refuse à redevenir une sorte de bourreau que j'ai pu être auparavant, mais aies-je vraiment le choix ? Avec elle, la réponse est sans appel. Si je suis convié à une réunion je dois être présent, si je suis convié à une bataille, je dois également être présent. Je lui reconnais avoir baissé les bras avec honnêteté et sincérité. De toute manière, je ne peux pas lui cacher plus longtemps, autant mieux l'avoir fait.

Je dois lui annoncer quelque chose. Bellatrix baissa sa baguette prête à m'écouter, mais elle espère que ce que je vais lui annoncer sera pertinent. À croire qu'elle n'est Pas au courant que j'ai infiltré le ministère. Sera-t-elle surprise de cette annonce ? Ou bien fera-t-elle comme d'habitude ? Je me lance donc tout en m'approchant d'elle 《 Que cela soit pertinent ou pas, il faut que tu saches que j'ai intégré le ministère de la magie. 》 Je lève les sourcils tout en la fixant du regard. Je soupire un petit moment avant de reprendre 《 Je prends des risques tous les jours en me rendant dans ces lieux, pour quelqu'un qui a baissé les bras, c'est plutôt ironique. 》 dis-je avec un petit sourire au coin des lèvres.

Je m'assoie sur mon fauteuil toujours sous sont regard malveillant et ténébreux et je pose ma baguette sur la table en guise de soumission. Si je veux, je peux transplaner pour fuir, mais Bellatrix me retrouvera où que j'aille. L'idée est complètement stupide que je la chasse de ma tête 《 J'entends beaucoup de choses à travers les murs du ministère. Si j'entends quelque chose qui pourrait te convenir, tu seras la première avertie. 》 lui dis-je tout en me relevant devant elle, la boule au ventre. J'avale ma salive et reprends 《 D'après ce que je sais, il y a des amis de Potter au ministère. Je peux peut-être essayer d'avoir des informations précises de ce qu'il compte faire. 》

C'est un début et je pense que Bellatrix aimerait en savoir plus sur les intentions des membres de l'Ordre et tous ceux qui sont proche du soit disant élu. La mangemort souhaite que je reprenne ma place dans les rangs, mais ai-je réellement le choix ? Ça reste à prouver.

Bellatrix n'avait jamais aimé travaillé avec Gabriel. À vrai dire, elle n'aimait travailler avec personne, et encore moins avec des lâches, des sorciers sans conviction, sans honneur, des sorciers qui se tournaient toujours vers le camp qui les arrangeait. Malheureusement pour elle, elle n'avait plus le choix. La position dans laquelle elle se trouvait ne lui permettait pas d'être difficile quand au choix de ses camarades, et c'était la raison qui l'avait menée jusqu'à l'appartement de Gabriel. Qu'en penserait le Seigneur des Ténèbres s'il re... quand il reviendrait, se corrigea Bellatrix dans sa tête. Malgré les longs mois qui s'étaient écoulés depuis sa disparition, elle refusait de croire qu'il était bel et bien mort. La dernière fois, il avait attendu plus de 10 ans pour faire son retour, alors elle l'attendrait. Elle n'avait pas d'autre choix.

Elle observa Gabriel et elle lui lança un regard plein de mépris. Il feignait la détente, l'indifférence, mais elle espérait bien qu'il sentait le danger qui l'attendait s'il n'apaisait pas son invité. Il aurait été idiot d'en faire fie. Alors comme ça Walker avait commencé à travailler au ministère ? Bellatrix devait bien admettre que cette information la surprit l'espace d'une seconde, même si elle n'en laissa rien paraître. Il voulait lui faire croire qu'il avait infiltré le ministère pour aider ses anciens camarades, mais Bellatrix n'y croyait pas une seule seconde. Gabriel avait surement, comme d'habitude, suivi le chemin qui servait le plus ses propres intérêts. Et depuis la bataille de Poudlard, ça voulait dire faire semblant d'être réformé et se mettre en bonne position auprès du ministère. Ces tactiques lui donnaient envie de vomir, mais il était certain qu'elles pourraient lui être utile.

Gabriel se rassit et posa sa baguette pour faire comprendre à Bellatrix qu'il ne comptait pas ouvrir les hostilités. La brune dut se retenir de rigoler. Il pensait peut-être qu'elle se sentait menacée ? Au contraire, elle était presque déçue de voir qu'il n'avait pas l'intention de l'attaquer, de lui donner une raison valable de se défouler sur lui. Merlin savait qu'elle en avait envie, qu'elle en avait besoin. "J'ose espérer que je serai la première à le savoir... étant donné que tu n'as jamais contacté tes anciens camarades pour leur fournir des informations jusqu'à présent." Une remarque en forme de menace. Bellatrix savait que Gabriel ne serait jamais venu à leur rencontre si elle n'était pas venu lui rendre cette petite visite, et le message était clair : les vacances sont terminées, et tu as plutôt intérêt à ramener des informations utiles... et vite.

Elle lui lança un grand sourire incrédule, mais sur son visage l'expression devait paraître plus violente qu'autre chose. "Tu es infiltré au ministère et pourtant tu n'as pas encore essayé d'obtenir des informations sur Potter ? Décevant," souffla-t-elle, l'ironie dégoulinant de chacun de ses mots. Elle savait qu'il ne servait à rien d'antagoniser Gabriel, mais l'instinct de survie ou de protection n'avait jamais été son point fort. Elle était toujours directe, toujours franche, même quand faire preuve d'un peu de finesse aurait pu faire avancer sa cause. Elle avait horreur de faire semblant. "Je veux des informations sur le traître... sur Rogue," siffla-t-elle, l'expression sur son visage devenue glaciale, effrayante. Elle fit un pas en direction de Gabriel, ses yeux scintillants de haine, mais sa baguette fermement calée contre sa hanche. "Tu as eu des informations sur lui au ministère ?"

Je n'ai jamais vraiment apprécié Bellatrix. Hautaine et hystérique, je me suis toujours mis à l'écart quand elle est dans les parages. Cette fois-ci c'est différent. Elle est chez moi et je ne compte ni m'enfuir, ni la mettre dehors. Je tiens beaucoup trop à ma misérable vie pour me prendre ses foudres. Bellatrix à une haine profonde envers moi, je le sens je le sais. Elle en a tout à fait le droit, je n'ai jamais été très efficaces à ses yeux et pourtant j'en ai commis des horreurs. Moins que ce qu'elle a pu faire au passé, mais je n'ai pas assez de doigts pour compter.

Je repense à la bataille. Quand le seigneur a " disparu " je me suis enfui. Je me dis que j'aurais dû rester auprès des miens pour les aider, mais je crois que je n'en avais plus le courage. Bellatrix reproche d'être un lâche, un bon à rien et je ne vais pas la contredire. Pourtant, elle s'occupe plus de ses fesses que ses camarades et elle ose faire la morale ? Quelle ironie.

Détendu, après ce qu'il vient de se passer, je me suis assis à nouveau dans mon fauteuil toujours sous son regard glacial qu'elle me lance depuis le début. Je lui fais part de mon infiltration au ministère et que si j'entends des informations elle sera la première au courant. Bellatrix n'a pas hésité à me lancer un pic par rapport à nos camarades. Je fronce les sourcils tout en prenant un air désabusé 《 À quoi bon contacter les autres puisque je n'ai aucune affinité avec eux 》

Je m'empêche de rire en toussant. Ce n'est pas le moment de se lâcher. Elle a raison, mais tort en même temps. La mangemort refuse de croire que le seigneur est mort. J'aimerais voir sa tête quand elle aura compris que celui-ci ne reviendra jamais, ça devra être hilarant. D'un autre côté, je ne souhaite en aucun cas qu'elle prenne le pouvoir. Pour moi, elle n'a rien d'un leader.

La conversation dévie sur les informations que je peux entendre à travers leurs du ministère. J'entends beaucoup de choses, mais rien de vraiment intéressant pour le moment. Je sais que des amis du Potter y travaillent, mais rien de concret. Je dois être plus attentif aux conversations que je peux entendre entre les membres de l'Ordre et les aurors. Puis, elle souhaite avoir des informations sur le traitre, Rogue.

Pourquoi souhaite-t-elle des informations sur lui ? Aux dernières nouvelles il est encore à Poudlard et ne souhaite plus reprendre contact avec nous. Bellatrix doit savoir cela, après tout rien ne lui échappe, enfin presque rien 《 Tu dois savoir que Rogue est toujours à Poudlard, alors je ne vais pas m'éterniser à ce sujet 》. Je regarde vite fait ma baguette avant de revenir vers son visage. Une tentation de la défier traverse mon esprit, mais je ne fais rien. Je ne veux pas que mon appartement soit détruit.

Je souffle un bon coup. Rogue est un traître qui connaît chaque fait et gestes de ses anciens camarades. Si Bellatrix souhaite des informations, c'est sûrement parce qu'elle a une idée en tête. Elle ne me dira jamais ce à quoi elle pense envers lui, mais je suis curieux de savoir ce qu'elle souhaite 《 Que veux-tu savoir sur Rogue exactement ? 》 Je passe une main sur ma barbe de trois jours, dure comme du bois. Je continue à ne pas la quitter du regard et je lui fais un sourire forcé au coin des lèvres.

Quand elle avait décidé de chercher Gabriel, Bellatrix ne s'était pas véritablement à trouver des informations intéressantes, ni même un allié valable. Mais elle n'était plus en position de faire la fine bouche et, même s'il n'avait jamais considéré Gabriel comme un Mangemort sur qui on pouvait compter, leurs rangs se faisaient trop minces pour qu'elle puisse se permettre de faire la difficile. Un Mangemort peu convaincu et qui sert sa cause à reculons valait mieux que rien... enfin elle l'espérait en tout cas.

Bellatrix arqua un sourcil moqueur et dédaigneux en entendant la réponse de Gabriel. Des affinités ? S'il était sur le point de dire qu'il en avait avec elle, Bellatrix était prête à lever sa baguette avant qu'il ne puisse finir sa phrase. Heureusement pour Gabriel, il n'en fit rien, et la brune se contenta de garder sa baguette fermement serrée au creux de sa paume. C'était le seul endroit qui lui donnait confiance, la seule position dans laquelle elle était à l'aise. Elle leva les yeux au ciel en écoutant Gabriel lui expliquer que Rogue était encore à Poudlard, et elle manqua le regard furtif du Mangemort en direction de sa baguette. Si elle l'avait vu, Gabriel aurait déjà été allongé par terre, en train de hurler de douleur.

"Bien sûr que je sais où cette vermine est !" siffla-t-elle, son regard encore plus fou que d'habitude. Elle détestait qu'on la prenne pour une imbécile, et qu'on lui fasse perdre son temps. Gabriel était en train de faire les deux, et elle devait se retenir de pointer une nouvelle fois sa baguette entre ses deux yeux. La tentation de lui lancer un sortilège Doloris pour lui passer l'envie de la prendre pour une conne était tentante... mais elle se retint pour le moment. Elle aurait l'occasion de s'amuser plus tard, surtout si Gabriel continuait à se montrer aussi inutile.

Elle s'avança encore un peu plus vers Gabriel, son regard noir de colère. Plus que ses capacités de sorcière, c'était son côté volatile qui terrifiait le monde magique. Parler à Bellatrix, c'était un peu comme essayer de désamorcer une bombe qui pouvait exploser de manière aléatoire. Gabriel n'avait plus quà espérer qu'elle n'exploserait pas chez lui. "Je veux savoir quand Rogue est vulnérable. Quand il quitte le château, quand il est en mission avec l'Ordre !" Elle cracha le dernier mot comme s'il lui salissait la bouche. Gabriel paraissait bien trop détendu, comme s'il ne se rendait pas compte du danger face auquel il se trouvait. S'il ne le réalisait pas bientôt, Bellatrix se ferait un plaisir de le lui rappeler.

"Ou bien dois-je te rappeler que c'est à cause de lui que le Seigneur des Ténèbres est désormais en fuite ?" Bella parla de fuite pour ne pas aborder l'état dans lequel il devait se trouver. Pour ne pas être revenu immédiatement, elle ne pouvait qu'imaginer. La dernière fois, il avait mis des années à revenir, mais elle espérait qu'il la retrouverait plus vite cette fois-ci. Quelqu'un frappa à la porte de l'appartement d'à côté et, l'espace d'une seconde, Bellatrix crut que le son venait de la porte de Gabriel. Elle se tourna instinctivement, lâchant Gabriel des yeux brièvement.

Avoir Bellatrix chez moi était comme une malédiction surtout que je sais pertinemment ce qu'elle pense de moi et cela ne me fait ni chaud ni froid. Elle souhaite sans vraiment me le dire droit dans les yeux que je reprenne du service, à ses côtés ainsi qu'aux côtés des autres. Ses actes parlent d'eux-mêmes et même si je suis assez à l'aise dans mon appartement, sa présence me laisse perplexe. Quoi que je peux faire ou dire, à la minutes où je peux supposer tenter quelque chose, je serai déjà au sol à crier de douleur. Bellatrix est une adepte du sortilège Doloris et pour la supplier d'arrêter, il faut qu'elle le veuille vraiment.

Heureusement pour moi, elle n'en fait rien. Elle aurait pu amocher mon minois auparavant, mais là non plus elle n'avait rien fait. Bellatrix me confie qu'elle souhaite avoir des renseignements sur Rogue, mais qu'elle sait très bien où il est. Son regard plus fou que d'habitude me fait suer. Si je n'avais pas peur d'elle, je serai probablement fou. J'essaie de calmer la situation comme je le peux, même si dans l'histoire je suis clairement perdant 《 Oui, je sais que tu sais où il est... 》 je ne finis pas ma phrase voyant sa colère de plus en plus intense.

Bellatrix s'avança de plus en plus vers moi, son regard de colère de plus en plus intense à chaque minutes. Je glousse discrètement, mais je lui fais face en écoutant ce qu'elle désir le plus concernant Rogue, sa vulnérabilité, quand il sort du château et quand il part en mission avec l'ordre. J'avale ma salive. Les informations des professeurs de Poudlard sont plus compliqué à avoir, mais si Bellatrix souhaite s'occuper du traitre 《 Très bien, tu seras informée de tous ses faits et gestes 》 lui dis-je avec une voix tremblante.

Bellatrix se remet à parler du Seigneur des Ténèbres, mais lorsque son mot " fuite " résonne dans ma tête il se change en mot " mort ". Je ne dis rien, préférant ne pas la mettre plus en colère qu'elle ne l'est actuellement et je baisse la tête, en guise de soumission. Pourquoi m'embêter à essayer de lui tenir tête alors que je ne fais pas le poids ? 《 Je te préviendrais quand j'en saurais plus et tu pourras faire ce que bon te semble avec lui 》 .

Soudainement, on frappa à la porte d'à côté et Bellatrix tourna sa tête brièvement, le temps pour moi de prendre ma baguette et de la pointer vers elle sans réfléchir. Je peux lui lancer un Doloris, j'en suis capable, l'entendre crier de douleur devrait me donner satisfaction, mais à l'espace d'un instant j'hésite. Si je la torture, elle le pardonnera jamais et je serai inscrit sur sa liste. Je repose ma baguette sur la table, comme si de rien n'était 《 Ce n'est pas pour moi, je n'attends aucune visite 》.

Je m'approche de Bellatrix qui se retourne lorsque je lui parle. Une seule question me trotte dans la tête et sans attendre je la lui pose 《 Qu'attends-tu de moi Bellatrix ? Soit franche comme tu l'as toujours été 》 lui dis-je tout en passant devant elle pour entrouvrir ma porte afin de vérifier que personne ne se trouvait sur mon palier.

Bellatrix commençait doucement à perdre patience, non pas qu'elle soit de nature très patiente de base. Elle avait toujours détesté qu'on lui fasse perdre son temps, qu'on se moque d'elle, et elle avait la nette impression que Gabriel prenait doucement ce chemin. Il jouait l'innocent, se permettait même de lui répondre alors qu'il aurait dû trembler de peur en la voyant débarquer chez lui. Il devait bien se rendre compte que son attitude avait été tout sauf irréprochable ces derniers mois, mais au lieu de s'excuser platement, de se jeter à ses pieds, il tentait de lui faire face, de conserver une part de dignité. Si Bellatrix n'était pas aussi à bout, elle aurait peut-être trouvé son attitude courageuse. Aujourd'hui pourtant, elle ne faisait que l'agacer d'avantage.

Elle plissa les yeux, son regard rempli de soupçons, quand Gabriel lui répondit qu'il la tiendrait informée de tous les faits et gestes de Severus. Une promesse sans doute vaine, mais elle appréciait l'effort. Peut-être n'était-il pas aussi inconscient de la précarité de sa situation qu'elle l'avait tout d'abord supposé. S'il était prêt à se rendre utile, et à la laisser s'occuper de Rogue quand elle l'aurait trouvé, il n'était sans doute pas si fou. Le bruit de quelqu'un qui frappait à la porte la déconcentra une seconde, et elle n'aperçut pas le regard de Gabriel en direction de sa baguette. Bien heureusement pour lui. Elle ne pardonnerait pas une attaque en traitre, ni même la seule idée. Surtout pas venant de quelqu'un qui s'était enfui après la guerre pour faire comme si de rien n'était.

"Tant mieux", siffla-t-elle en réponse à sa remarque. Son regard se posa de nouveau sur son ancien camarade, mais son expression était un peu moins dure que quelques minutes auparavant. Gabriel n'était sans doute pas son meilleur allié, et si elle avait pu faire autrement elle n'aurait certainement pas choisi de travailler avec lui, mais faute de mieux il fallait bien qu'elle s'en contente. Le mangemort s'approcha d'elle, espérant sans doute montrer une assurance qu'il ne ressentait peut-être pas. Leur discussion était comme un combat dans lequel personne ne voulait se montrer trop vulnérable. Il était peut-être lâche, mais pas aussi bête qu'elle l'avait supposé. Elle l'observa vérifier que personne ne se trouvait sur le palier, et elle se demanda s'il n'attendait pas quelqu'un, contrairement à ce qu'il lui avait dit. Ou bien peut-être voulait-il lui montrer qu'il préférait assurer ses arrières, vérifier que personne n'irait la trouver chez lui. S'il le faisait, c'était uniquement dans son propre intérêt, mais comme elle ne tenait pas à ce que ses allers et venus soient connus, elle ne fit aucune remarque.

Gabriel referma la porte, et Bellatrix attrapa son regard, son expression ferme. "Je veux que tu reprennes le rôle que tu as fui si facilement après la bataille de Poudlard," siffla-t-elle. "Tu as prêté serment au Seigneur des Ténèbres, et en son absence, tu continueras à servir ses intérêts... sous mes ordres." Bellatrix n'avait pas demandé, elle avait annoncé cela comme si c'était une évidence. Dans sa tête, c'en était une. Si elle avait eu le choix, elle aurait sans doute chassé les traites, les lâches qui s'étaient enfuis après la guerre, mais elle ne pouvait pas se battre contre tout le monde en même temps. Alors elle devait faire des choix douloureux. Sa main se resserra instinctivement autour de sa baguette, le mouvement exagéré pour attirer l'attention de Gabriel sur le bois. Une menace silencieuse, même si ce n'était pas souvent son genre de faire dans la finesse. Si Gabriel ne se pliait pas à ses souhaits, elle aurait l'occasion de laisser tomber la subtilité. "À moins que tu ne souhaites m'avoir comme ennemie."

Je sais que mon attitude envers Bellatrix pouvait la déranger voir l'énerver, mais j'estime être dans mon propre appartement et de réagir comme bon me semble. L'avoir chez moi ne me dérange pas, même si j'aurais aimé que ce soit un autre de mes camarades, ou plutôt personne. Être tranquille en cette soirée est ce dont j'ai rêvé, mais le sort s'est acharné sur moi et a décidé autrement. Quand j'annonce à Bellatrix que je l'informerais des faits et gestes de Rogue, je peux voir son expression sur son visage. Rempli de soupçons. Elle peut en avoir, ça m'est égal. Depuis que je ne suis plus actif, tous les effets négatifs me reviennent en pleine figure. Je ne sais pas vraiment quoi faire, mais reprendre du service me ferait peut-être du bien... du moins en partie. Mon regard anxieux traversa celui de Bellatrix, quand le bruit de frappe sur une porte la déconcentra quelques instants.  

Baguette en main, je la pointe vers elle sans même réfléchir. Elle a le dos tourné et il me suffisait de lui lancer un Stupéfix ou même le sortilège de saucisson pour me débarrasser d'elle, ou encore un Doloris, mais après ? Bellatrix est tellement rancunière et cruelle, qu'elle n'hésitera pas à me faire souffrir avec son Doloris Je décide de reposer calmement ma baguette et de faire comme si de rien n'était. C'est la meilleure chose à faire après tout. Je m'approche d'elle, sans aucune assurance. Notre discussion n'a rien de Courtois, mais personne ne souhaitait se soumettre à l'autre. À ce moment-là, je prends mon courage a deux mains et je lui demande tantôt ce qu'elle attend réellement de moi. Lorsque j'entends sa réponse, je tousse comme pour exprimer un dégout 《 Sous tes ordres ? Tu es folle de penser que tu peux me demander ce genre de choses. Reprendre du service je ne demande que ça. Mais sous tes ordres ? Je ne pense pas 》 Je sais que je prends un risque en refusant de reprendre du service sous ses ordres, mais pour moi, elle n'a pas les épaules assez solides pour reprendre le flambeau 《 Sans te manquer de respect, Bellatrix, pour moi tu n'as pas les épaules assez solides. Si tu souhaites réellement que je reprenne du service, dis-moi où se trouve le seigneur des Ténèbres 》

Après quoi, je regarde au palier si personne ne se trouvait derrière ma porte et lorsque cela est fait je la referme aussitôt et me retourne une nouvelle fois. L'avoir comme ennemie ? Je fronce les sourcils à sa dernière phrase 《 Je ne souhaite pas t'avoir comme ennemie, ni comme amie. On ne s'apprécie pas, autant le dire tout de suite 》 je soupire un instant en fermant les yeux, laissant mon esprit se vider avant de reprendre 《 Torture moi. Tu en meurs d'envie je le sens, je le sais...》 Si elle le fait, peut-être que cela pourra m'aider à prendre la bonne décision.