"Qui dit moquerie, Ne dit pas précisément esprit." FT Andrew S. Ledwell

Andrew sortit de son cours de potions avec une folle envie de ne plus jamais remettre les pieds dans le cours de Rogue. Il n'avait jamais particulièrement aimé la matière en elle-même, mais l'attitude du Directeur des Serpentards ne rendait pas le cours plus agréable, bien au contraire. Il lança un regard en coin à l'un de ses camarades, et celui-ci lui répondit avec un air de dire "heureusement que c'est terminé". Ils se dirigèrent vers les escaliers, mais Andrew ne suivit pas le reste de sa classe vers la Grande Salle, prenant plutôt la direction des escaliers, et de la salle du cours de Sortilèges. Lors de sa dernière sortie à Pré-au-Lard, il avait acheté des plumes en sucre et il avait prévu de les échanger contre les véritables plumes que le professeur utilisait pendant son cours. Une petite blague pas bien méchante, mais il aimait bien imaginer la tête de l'élève de première année qui allait faire tomber la plume et la voir se casser sans pouvoir expliquer pourquoi.

Il arriva au niveau du couloir qui menait à la classe de Sortilèges quand il entendit ce qui ressemblait à une dispute, ou plus précisément, à du harcèlement. Il arriva dans le couloir et vit alors la scène qu'il avait entendue quelques mètres plus loin. Un groupe de Serpentards se tenait dos à lui, et à en croire leurs rires idiots, ils ne trainaient pas dans le couloir pour réviser leur examen de Sortilèges. Les sourcils froncés, Andrew s'approcha d'eux, la main serrée sur la baguette au fond de sa poche. D'un coup d'oeil, il compta le nombre d'élèves qui s'étaient regroupés dans le couloir pour cette petite "blague". Ils étaient trois, mais ils n'avaient pas l'air d'avoir inventé l'eau chaude. Andrew n'allait pas faire le malin, mais il savait qu'il pouvait se permettre d'intervenir sans prendre trop de risques. "Hey, qu'est-ce que vous faites ?" Il bouscula un des Serpentards pour avoir une vue plus dégagée, et ce qu'il aperçut alors lui donna l'impression d'avoir avalé un chaudron de café brulant.

Leur cible était une élève de première année, et à en croire son air paniqué et la manière dont elle trébuchait, ses bourreaux avaient déjà ouvert les hostilités. Andrew n'avait pas de petite soeur, mais il aimait penser que s'il en avait une, il la protègerait de la manière dont Caesius ne l'avait jamais fait avec lui. Plus que ça, il aimait penser que malgré ses blagues et son insolence, il avait des principes et des valeurs auxquels il tenait. Et s'amuser à embêter une gamine à trois contre un allait contre ces valeurs. Il sortit sa baguette et poussa légèrement le plus grand des vert et argent, puis il pointa sa baguette vers April. "Finite Incantatem," lança-t-il avant de concentrer son attention sur le groupe de trois singes qui se tenait face à lui. Il n'avait aucune idée des sortilèges qu'ils avaient lancé à la petite fille de Poufsouffle, mais il espérait qu'ils n'avaient rien lancé de trop violent. Son contre-sort ferait l'affaire contre la majorité des sortilèges classiques que les élèves s'envoyaient, et il ne pensait pas que les trois Serpentards étaient assez stupides pour lancer un sortilège dangereux à 5 mètres d'une salle de classe, mais il avait appris à ne jamais sous-estimé la stupidité des élèves de cette maison.

"Je parie que vous vous croyez malin à emmerder une gamine de 1ère année, hein ?" lança-t-il avec un grand sourire ironique sur ses lèvres. Pour des idiots de ce genre, c'était sans doute une grande preuve de puissance. Pathétique. "Mais je ne suis pas sûr que le directeur le verrait de cet oeil." Il avait hésité à mentionner leur directeur de maison, mais les réactions de Rogue étaient imprévisibles. Avant la guerre il n'aurait pas imaginé une seule seconde le professeur de Potions punir un élève de sa propre maison. Il avait changé depuis la bataille, mais pas assez pour qu'Andrew soit certain de pouvoir compter sur lui dans ce cas. Woodston, quand à lui, vivait dans la peur d'un scandale, et il n'aurait aucune pitié pour trois sang-purs qui s'amusaient à torturer une jeune élève, probablement une née-moldue. Il espérait simplement que sa menace serait suffisante pour les faire déguerpir. Il n'avait pas envie de se battre, mais il le ferait si besoin. En prévention, il tenait sa baguette fermement dans sa main droite.

Andrew avait toujours détesté les brutes. Il en avait souvent été victime quand il était plus jeune, et maintenant qu'il avait appris à se défendre sans utiliser la force, il se sentait obligé d'en faire autant pour les autres. La jeune fille qui se faisait embêter par trois de ses camarades avait un tel air de panique sur le visage qu'Andrew n'avait pas pu s'empêcher d'intervenir. Il toisa les trois gamins du regard et fut soulagé de voir deux d’entre eux s’enfuir sans demander leur reste. Le troisième s’attarda entre Andrew et la jeune fille, et même si le jeune Serdaigle ne pouvait pas voir le regard qu’il lançait à sa camarade, il pouvait aisément se douter qu’il ne promettait rien de bon pour le futur. Le 3ème serpentard finit par faire volte face pour rejoindre ses camarades, sans un regard pour Andrew. Apparemment, ils se sentaient courageux quand il s’agissait d’attaquer une gamine seule, mais c’était une autre affaire devant un élève plus âgé, quasiment adulte.

“Quel dommage, je suis certain que le Directeur aurait adoré faire votre connaissance,” ricana-t-il en voyant les trois Serpentards s’enfuir. Il n’avait pas été obligé d’en rajouter, mais si Andrew était prudent dans ses actes, il était bien moins réfléchi dans ses paroles, et la provocation verbale était un peu sa spécialité. Les trois élèves ne se retournèrent pas pour lui répondre, et Andrew concentra son attention sur la jeune élève de Poufsouffle. Son regard semblait plein de gratitude, mais l’expression sur son visage racontait une autre histoire. Il arqua un sourcil de surprise en l’entendant l’appeler “Monsieur”. Ouch. Caesius serait sans doute ravi d’apprendre que les élèves de 1ère année commençaient à le prendre au sérieux, mais Andrew aurait préféré un ton un peu moins formel. 

Andrew lança un sourire qu’il voulait rassurant à la jeune fille, assez peu surpris qu’elle essaie de défendre ses agresseurs. Quand on n’avait aucun moyen de se défendre, la meilleure solution était souvent de prendre la faute sur nous en espérant ne pas aggraver la situation. Dans le monde moldu, elle n’aurait sans doute pas eu d’autre choix, mais à Poudlard ce n’était pas la force physique qui comptait. En travaillant, elle avait toutes les chances d’être une meilleure sorcière que ces 3 imbéciles, et alors elle n’aurait plus rien à craindre. “Pourtant, tu as arrêté de trébucher à la seconde où j’ai lancé mon Finite Incantatem,” répondit-il, sans avoir aucune idée du déni dans lequel la jeune fille se trouvait. “C’est drôle, non ?” Il lui lança un petite sourire amusé, espérant détendre l’atmosphère, mais étant donné les informations qu’il n’avait pas sur la jeune April, il risquait fort de faire tout l’inverse.

Andrew ne s'était pas attendu à ce que la jeune Poufsouffle lui saute au cou ou se mette à pleurer de gratitude, mais il n'avait pas anticipé la froideur de sa réponse. Elle lui en voulait d'être venu l'aider ? Les trois Serpentards qui l'avaient attaquée était sans doute stupides, mais Andrew n'avait pas pensé qu'ils le seraient assez pour continuer à s'en prendre à elle maintenant que quelqu'un les avait vus. Pourtant, Andrew ne serait pas toujours à côté de la jeune fille, elle avait peut-être raison d'avoir peur des représailles. La meilleure chose à faire serait encore de lui apprendre à se défendre seule, mais sa réponse suivante lui montra bien que la tâche serait sans doute plus difficile que prévue.

Il ne put pas s'empêcher d'écarquiller les yeux en l'écoutant dire que ses tourmenteurs avaient simplement prononcé des mots en latin, comme au hasard. La jeune Poufsouffle paraissait agacée, mais Andrew n'était pas certain de comprendre pourquoi. Il y avait décidément quelque chose d'étrange. Sa remarque sur la déclinaison de son sortilège sous entendait quelque chose d'improbable. Quelque chose qu'Andrew aurait pensé impossible avant de se retrouver face à cette jeune élève qui lui lançait un regard plein de colère. "C'est le sorcier ou la sorcière qui créé le sortilège qui décide de son incantation," souffla-t-il, se retenant de pouffer. Il n'arrivait pas à croire qu'il était en train d'avoir cette discussion, mais quelque chose lui disait qu'il allait devoir faire preuve d'une plus grande délicatesse que d'habitude. La barre n'était pas très haute, mais il allait devoir faire attention à ce qu'il disait, une chose rarissime chez lui. "La convention veut qu'on s'inspire du latin, mais la formule n'a pas besoin d'être grammaticalement correcte pour fonctionner." Il se retint de rajouter "La preuve" pour conclure sa phrase.

Dans d'autres circonstances, il aurait déjà trouvé étrange d'avoir une discussion sur les déclinaisons du latin avec une élève de 11 ans, mais la situation était encore plus étrange que cela. Il fronça légèrement les sourcils, essayant de trouver un moyen détourné de poser la question qui lui brûlait la langue. Mais comment demandait-on à un élève de Poudlard s'il croyait à la magie ? C'était comme demandé à quelqu'un qui sautait d'un bâtiment s'il croyait à la gravité. "Pourquoi est-ce que tu ne t'es pas défendue contre les élèves qui t'attaquaient ?" Alors même qu'il posait la question, Andrew était persuadé qu'il avait mal interprété l'attitude de la jeune fille, qu'il avait mal compris ses mots, mal lu ses expressions. Son instinct lui soufflait qu'elle remettait en doute l'existence même de la magie, mais c'était complètement fou. Impossible.

Andrew écarquilla les yeux en entendant les réponses de la jeune fille face à lui. Pourquoi parlait-elle d'une marmotte et d'un papier d'aluminium ? Avait-elle perdu sa marmotte ? Ou bien essayait-elle de faire une métaphore ? Andrew avait grandi dans une maison où toute chose moldue était vue comme une faiblesse, et il n'avait donc pas passé son enfance à regarder la télévision. Il préférait aller courir et se dépenser de toute façon, il était incapable de rester assis plus de cinq minutes sans avoir besoin de gigoter. L'attitude d'April était déconcertante, c'était le moins qu'on puisse dire. Ses réponses n'avaient aucun sens, pourquoi semblait-elle faire une fixation sur le latin et sa grammaire ? Personne n'avait besoin d'apprendre le latin pour faire de la magie, et heureusement, sinon les sorciers auraient disparu depuis des siècles. La majorité des élèves du château étaient à peine capable de retenir les quelques incantations qu'ils utilisaient en cours, alors Andrew avait du mal à les imaginer réciter des déclinaisons. Pourtant, la jeune fille semblait déterminée, comme si elle était sûre de ce qu'elle avançait. Andrew était perplexe.

Il avait espéré que sa question suivante permettrait d'éclaircir la situation, et il ne fut pas déçu par la réponse de la jeune Poufsouffle. Elle était prête à reconnaître que les Serpentards l'avaient insultée, mais elle passait volontairement sous silence les sortilèges qu'ils avaient lancés. Elle semblait vraiment croire qu'ils ne l'avaient pas touchée, qu'elle avait sans doute trébuché d'elle-même. Andrew se mordit l'intérieur de la joue pour se forcer à ne pas répliquer du tac au tac. Lui qui avait l'habitude de parler sans réfléchir, il sentait bien que la situation nécessitait une subtilité inhabituelle. La surprise devait se lire clairement sur son visage, mais la jeune fille ne semblait pas perdue. Elle semblait sûre d'elle. Andrew ne put pas s'empêcher de pouffer en entendant la suite. "Ces sottises ? La magie tu veux dire ?" Il avait dit ça sur le ton de la plaisanterie, incapable de se retenir. C'était de loin la discussion la plus étrange qu'il avait jamais eue, et quand on connaissait sa famille, c'était dire quelque chose.

Il cligna des yeux, comme pour s'assurer qu'il était bien réveillé. Il faisait souvent des rêves étranges, mais ça, même dans ses rêves, il n'aurait pas pu l'imaginer. Que faisait-elle au château si elle ne croyait pas à la magie, et si elle refusait d'admettre que des élèves l'avaient utilisée pour la persécuter ? Il se gratta le dos du crâne, hésitant sur la marche à suivre. Dire que la situation était inédite aurait été un euphémisme. "Si tu penses que ces imbéciles n'ont pas utilisé la magie contre toi, comment..." Il s'interrompit. Il avait voulu lui demander comment elle expliquait qu'elle avait ressenti elle-même l'effet de leurs sortilèges, mais il savait d'avance ce qu'elle aurait répondu. Elle l'avait en partie déjà fait. "Qu'est-ce que tu fais pendant les cours si tu ne crois pas ce que les professeurs essaient de t'apprendre ?" L'expression sur le visage d'Andrew devait lui donner un air ahuri, ce qui ne devait pas aider sa crédibilité, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. "Tu n'essaies pas de reproduire les sortilèges ? Qu'est-ce que tu fais de ta baguette ?" Des dizaines de questions se bousculaient dans sa tête, si bien qu'il ne savait pas par où commencer. Ce n'était pas son rôle de s'occuper de la jeune fille, il en avait déjà bien assez fait, mais il ne pouvait pas simplement faire volte face et la laisser ici. La journée avait juste pris une tournure pour le moins inattendue.

C'était sans doute la conversation la plus étrange qu'Andrew ait jamais eue. En tout cas, il ne se souvenait pas d'une plus incongrue, plus déstabilisante. La jeune fille qui se tenait face à lui venait d'admettre qu'elle ne croyait pas à la magie, qu'elle considérait les sortilèges comme des tours de passe-passe, les invocations comme de simples énormités en latin. De toute évidence, le fait qu'elle se tienne dans une école de magie, entourée d'autres sorciers, et passant sa journée en cours de magie ne l'ébranlait pas dans sa certitude. Son attitude ne laissait entrevoir aucun doute et, pire encore, elle semblait prendre Andrew en pitié. Son regard était devenu compatissant, comme si elle le plaignait de croire à toutes ces bêtises. C'était vraiment le pompon. Il écarquilla les yeux en l'entendant dire qu'elle cherchait un moyen de s'enfuir, de plus en plus décontenancé par l'attitude de la jeune Poufsouffle. Beaucoup d'élèves auraient au contraire aimé ne jamais quitter Poudlard, et elle cherchait à s'enfuir. Andrew avait la sensation d'avoir atterrit dans un univers parallèle, et il se retint de se pincer pour vérifier qu'il ne rêvait pas.

Andrew regarda instinctivement sa baguette en entendant April en parler, essayant d'imaginer quelqu'un en train de l'utiliser pour allumer un feu. Il serra inconsciemment sa main autour du bois. "Attends, attends," répondit-il, se plaçant en plein milieu du couloir pour empêcher la jeune fille de s'en aller. Elle le prenait de haut, et elle était même assez désagréable, mais Andrew ne pouvait pas la laisser partir comme ça. Ça aurait été comme voir un bébé abandonné dans un square et juste détourner le regard. Beaucoup de gens en auraient peut-être été capables, mais pas Andrew. Il avait besoin de l'aider, de lui faire comprendre la beauté de la magie, tout ce qu'elle ratait. Et plus que ça, il avait besoin de temps pour mieux comprendre son état d'esprit, et pour réfléchir à comment gérer la situation. Le directeur devait sans doute déjà être au courant, après tout un élève de Poudlard qui ne croyait pas à la magie, ça ne devait pas passer inaperçu, et pourtant... D'autres élèves avaient-ils pris le temps de discuter avec elle ? De challenger ses doutes ?

"Si ma baguette n'est qu'un bout de bois bon pour faire un feu, alors comment je peux faire ça ?" Il leva sa baguette et la pointa juste au-dessus de la tête d'April, sans prononcer l'incantation "Flambios". Il avait commencé à travailler les sortilèges informulés et il s'en sortait plutôt bien... surtout sur les petits sortilèges inutiles dans le quotidien. Sa baguette dansa dans les airs, traçant des lettres avec des petites flammes de manière à ce qu'April puisse les lire : "Alors ?" Andrew se tourna vers April en terminant sa dernière lettre, curieux de voir sa réaction. Il comprenait qu'on puisse être sceptique, mais pas lutter contre l'évidence. Elle avait vu de ses propres yeux des gens utiliser la magie au château, comment pouvait-elle s'entêter à croire que tout ça n'était qu'une vaste blague, un complot ? Elle était peut-être têtue, mais Andrew aussi était borné, et il n'avait pas l'intention d'abandonner si vite.

Andrew pouvait bien voir l'exaspération, voire le dédain, sur le visage de la jeune fille, mais bien loin de le rebuter, son expression lui donnait envie d'insister plus lourdement encore. Il détestait qu'on le contredise ou qu'on le prenne de haut, mais il s'efforça de ne pas s'énerver. La jeune Poufsouffle ne se comportait pas comme ça pour l'énerver ou pour le provoquer, elle était perdue, et Andrew n'arrivait pas à imaginer ce qui devait lui passer par la tête en ce moment. Comment pouvait-on vivre au château, assister aux cours, manger avec ses camarades... tout ça, sans croire à la magie ? Il y avait de quoi devenir fou, à supposer qu'on ne l'était pas déjà de base. Sur ce point, Andrew commençait à se poser de sérieuses questions.

Il avait espéré que son sortilège, même s'il n'était pas impressionnant, suffirait à convaincre la jeune fille, mais sa réaction le détrompa immédiatement. S'il avait été un personnage de dessin animé moldu, il se serait pris un seau d'eau froide en plein visage, et son expression trahit sans doute sa surprise. "Oui, mais les briquets ne se promènent pas dans les airs tout seul, et ne forment pas des mots de manière spontanée," répondit-il, sa voix un peu plus sèche qu'il ne l'aurait voulue. La patience n'avait jamais été son point fort, mais il n'avait pas envie de s'énerver contre la jeune blonde. Elle devait se sentir perdue et très seule au château, et Andrew ne pouvait pas ignorer le pincement au coeur qui le prenait quand il imaginait à quoi ses journées devaient ressembler. Il prit une longue inspiration, et baissa de nouveau son regard sur la jeune fille, son expression désormais plus calme.

"Excuse moi, je ne voulais pas m'énerver," dit-il d'une voix qu'il espérait sereine et maîtrisée, dénuée de toute trace de frustration. De toute évidence, la jeune élève ne lui faisait pas confiance, et elle était si braquée qu'elle refuserait sans doute de croire tout ce qu'il disait, même s'il pouvait le lui prouver. Il venait d'en avoir la preuve. Il était fascinant de voir ce que le cerveau humain pouvait faire pour nier l'évidence, mais Andrew comptait bien lui faire entendre raison. Pour en arriver à sincèrement croire que la magie n'existait pas, et que tous les élèves et professeurs du château devaient faire partie d'un complot d'une envergure à peine imaginable... le simple fait d'être têtue n'expliquait pas tout. Elle devait avoir une bonne raison de refuser de croire les faits qui devaient la frapper en plein visage depuis son arrivée au château, et Andrew avait envie de connaître cette raison. Il avait toujours été curieux, de nature à mettre son nez dans les affaires qui ne le regardaient pas... au grand désespoir de sa famille. Pourtant aujourd'hui, sa curiosité maladive était peut-être une bonne chose. "Est-ce que je peux te poser une question ?"

Changement de tactique. Plutôt que d'essayer de forcer la jeune fille à voir la vérité, Andrew allait essayé une méthode plus... subtile. La subtilité était loin d'être son fort, mais il allait devoir en faire preuve s'il ne voulait pas braquer complètement la jeune Poufsouffle, et maintenant qu'ils avaient un peu discuté, il se sentait comme responsable d'elle. Si elle disait à qui voulait l'entendre que la magie n'existait pas, il ne fallait pas s'étonner qu'elle se fasse embêter par ses camarades. Et de ce qu'Andrew avait pu voir jusqu'ici, la jeune fille n'avait pas sa langue dans sa poche. Si elle refusait d'accepter l'évidence, Andrew allait essayer quelque chose de nouveau pour lui : la diplomatie. Et ça commençait par demander à la jeune blonde si elle acceptait qu'il lui pose une question. Ça lui donnerait peut-être moins l'impression d'être face à un autre élève qui la prenait pour une débile, et ça laissait à Andrew le temps de réfléchir à comment poser les questions qui lui brulaient la langue.