J’étais dans un sale état lorsque je débarquais cette nuit-là chez mon meilleur ami. Ce n’était pas à cause de Seamus que j’étais venue chercher refuge chez lui, mais afin que mon futur mari ne me voie pas le monstre que je pensais être en cet instant. Je ne voulais pas lui infliger ce spectacle par peur de voir mon reflet dans ses yeux. Il y avait toujours eu une espèce de lien un peu étrange entre Gwaen et moi, comme si un radar nous indiquait que l’autre n’était pas très loin. Je ne fus donc pas surprise de voir la porte s’ouvrir rapidement sur mon grand blond alors que je venais tout juste de toquer. Il ne me fallut pas plus d’une minute pour me retrouver blotti contre lui, à verser toutes les larmes de colère que j’avais refoulée jusque-là. Pourtant, alors que la nuit avançait, je ne pouvais m’empêcher de penser à l’homme que j’avais lâchement abandonné. Que pouvait-il penser ? Je savais pertinemment qu’il était jaloux de mon meilleur ami, il me l’avait annoncé quelque temps plutôt dans la soirée. Et pourtant, j’étais là au lieu d’être avec lui. Mais affronter son regard m’était trop pénible, j’avais besoin de m’éloigner. Le grand blond ne me posa aucune question et je lui en étais reconnaissante. De toute manière, j’aurais été dans l’incapacité physique de lui répondre convenablement. Épuisée par la journée et les émotions qui l’avaient accompagnée, j’avais fini par m’endormir dans les bras de l’ancien Poufsouffle, les larmes ruisselant toujours sur mes joues.

Lorsqu’enfin j’ouvrais les yeux, la matinée était déjà bien avancée. Inconsciemment, ou par habitude, j’avais tendu le bras sur le côté pour y chercher Seamus, mettant quelques instants pour me souvenir des évènements de la veille. C’est quand ma main se posa dans le vide que tout me revient en mémoire. Je me sentais minable en me levant pour rejoindre Gwaen qui était déjà dans la cuisine en train de nous préparer un petit-déjeuner. Autour d’une tasse de café, je lui avais fait le détail de ma fin de soirée plus que chaotique. Encore une fois, je fus surprise d’entendre mon interlocuteur prendre le parti de mon futur mari. Lui qui avait l’air si abattu suite à l’annonce de notre prochain mariage avait l’air d’avoir surmonté tout cela. Je m’étais peut-être inquiété pour rien finalement. J’espérais qu’il parviendrait à enfin tourner la page et à trouver la femme qui le rendrait heureux. Au terme d'une discussion où il m'a remise à ma place et m'a répété à maintes reprises que j'étais idiote, il a décidé que je ne pouvais pas demeurer chez lui et qu'il était temps que j'affronte le père de mon enfant, sous peine de le voir devenir mon ex-mari avant même la cérémonie.

Je me sentais mal à l’idée de faire face à Seamus et j’avais demandé à Gwaen de m’accompagner, histoire de jouer le tampon au cas où les choses ne se passeraient pas bien. Je savais que je risquais d’en prendre plein la poire entre le grand blond et le petit brun. Mais je ne pouvais pas affronter le regard de ce dernier toute seule, je n’en avais pas le courage. On aurait pu transplanter jusque chez moi, mais j’avais ressenti le besoin de prendre mon temps et de profiter de l’air frais, voire même froid, de ce 25 décembre, pour mettre mes idées aux claires. Alors, nous avions fait le trajet entre nos deux appartements à pieds, marchant dans la neige fraîche. Il nous avait fallu une vingtaine de minutes pour qu’on se retrouve devant la porte de chez moi. Mon cœur battait à tout rompre et je tremblais comme une feuille. J’avais peur le logement soit vide, que Seamus ait décidé de partir. Je ne pourrais m’en prendre qu’à moi-même si tel avait été le cas. Le grand blond me prit les clefs des mains car je n’y arrivais pas. Après avoir déposé un baiser sur le sommet de mon crâne, il ouvrit la porte et me laissa passer la première.

Lorsque j'aperçus Seamus assis sur le canapé, un léger soulagement m'envahit. Y avait-il passé la nuit en m’attendant alors que je lui avais dit que je ne comptais pas rentrée ? D’ailleurs, je n’avais pas franchement prévu de revenir aussi vite à ce moment-là. Mieux valait pas qu’il le sache d’ailleurs. J’entendis le grand blond refermer la porte derrière moi. J’avais la soudaine impression d’être prise au piège entre ces deux-là. J’allais devoir assumer mes actes et mes paroles.

« Salut. »

Murmurais-je péniblement en me sentant soudain très attirée par une tache sur le plancher. Je ne parvenais pas à regarder l’ancien Gryffondor, bien trop honteuse et perturbée par toute cette situation.