Stronger than Me.

Eryn se regardait dans son miroir, aux Trois Balais, avec l'impression de ne pas se reconnaître. Pourtant, ce soir là, elle n'avait pas changé d'apparence, ou presque. La jeune femme respira profondément tandis qu'elle observait son reflet. Vêtue d'une jolie robe de cocktail d'un vert printemps mettant parfaitement ses cheveux roux en valeur, Eryn enfila une paire de talons terriblement hauts et dorés. Elle eu un sourire satisfait en observant le résultat. Depuis quand n'avait-elle pas été aussi féminine ? Ou du moins élégante. Car Eryn avait constamment cette féminité sauvage en elle, voire primitive. Dans sa démarche, sa façon de sourire, la manière dont elle plongeait ses yeux dans les vôtres pour vous déstabiliser. Mais ce soir c'était différent.
Si Eryn s'était à ce point pomponnée, ce n'était pas pour le plaisir ni parce qu'elle avait rendez-vous. Ce soir la jeune femme devait à tout prix entrer dans un club branché de Londres dont le propriétaire était l'un des Mangemorts figurant sur la liste des présumés coupables qui avaient échappés à un jugement grâce à Richard Davis, dont elle et Peter avaient sauvé la vie de la petite fille, Lilith. La rouquine tourna sur elle même, ne pouvant s'empêcher de culpabiliser à l'idée de s'être habillée ainsi alors qu'elle était veuve. Ce n'était pas comme si elle avait rendez-vous...
La jeune femme soupira, une main sur le front. Peter Adams. Il ne fallait pas qu'elle pense à lui. Pas maintenant.
Cette mission était d'un intérêt majeur. La jeune femme saisit son petit sac doré qui était en réalité celui qu'elle avait constamment avec elle et qui contenait toute sa vie. La rouquine s'était contentée de changer son aspect, toujours aussi douée en métamorphose et soucieuse du détail. Tandis qu'elle quitta sa chambre aux Trois Balais, Eryn repensait à son plan. C'était relativement rudimentaire, mais elle ne voulait pas se battre, pas ce soir, uniquement entrer en contact et s'assurer que sa piste était fondée. Car l'homme qu'elle soupçonnait, McLloyd, n'était pas un simple Mangemort. A l'arrière de son club très fréquenté étaient organisées les soirées les plus sordides qui soient, selon les rumeurs.
En effet, il était dit que tous les samedis soirs, les Rafleurs – bandes de sorciers partisans de Vous-Savez-Qui qui arrêtent les nés-Moldus ou les traitres à leurs sang contre de l'or – s'amusaient à faire combattre certaines de leurs prises sous imperium, les unes contre les autres. Les paris étaient ouverts et la soirée était arrosée, violente.
A la découverte de telles pratiques, Eryn avait eu un sursaut de dégoût mais aussi de crainte. Elle était une née-Moldue et la simple idée que des sorciers puissent prendre le contrôle de son corps et la manipuler ainsi la terrifiait mais l'enrageait littéralement.
La rouquine se trouvait désormais dans la rue déserte de Pré au Lard. Après un rapide coup d'œil par dessus son épaule, elle transplana pour les rues de Londres.
Dans une ruelle non loin du club dans lequel Eryn devait se rendre, la jeune femme réapparu. La nuit était fraîche et elle gelait littéralement, mais quand elle sorti de l'ombre pour se joindre à la foule, elle vit avec satisfaction qu'elle n'était qu'une femme peu vêtue parmi tant d'autres. Ayant visé juste, elle se rendit dans file d'attente afin d'entrer dans le club.
C'était douloureux de rester plantée là sur ses hauts talons, à supporter les regards lourds des hommes autour d'elle. Finalement, après un temps qui lui paru éternel, elle arriva devant la sécurité. On lui demanda sa carte d'identité et après avoir jugé qu'elle était assez sexy pour entrer, on la laissa passer.
La musique que l'on pouvait percevoir de l'extérieur était terriblement plus forte une fois à l'intérieur. La jeune femme grimaça légèrement , peu habituée à autant de bruit. Elle se rendit jusqu'au bar et commanda un Sex & The City. Boisson qui n'altèrerait pas ses compétences magiques.

- Vous êtes venue seule ? demanda une voix masculine à son oreille.

Eryn sursauta légèrement mais lui adressa un sourire radieux. Ce n'était pas l'homme qu'elle recherchait mais il avait un badge.

- Oui, le genre de soirées organisées ici ne plaisent pas à mes amis, répondit-elle en secouant légèrement ses cheveux.

L'homme la dévisagea un instant, un sourcil légèrement arqué, avant de regarder autour de lui et se pencher vers Eryn, pour parler à son oreille.

- Je veux la voir.

La jeune femme ne comprit pas immédiatement avant de finalement, oser. Eryn regarda également par dessus son épaule et elle descendit légèrement le haut de sa robe bustier, dévoilant la pointe de sa baguette soigneusement placée entre ses deux seins.
L'homme eu un sourire amusé, que lui rendit Eryn, avant de s'appuyer contre le bar.

- Je vous offre un verre, ça ne commence pas tout de suite.
- J'ai déjà commandé, précisa Eryn.

L'homme fit un signe au barman et avant que la rouquine ne puisse voir ce que ce dernier faisait, l' homme entamait la conversation. Leurs verres furent servis et la jeune femme but une légère gorgée. Cependant, à peine eu-t-elle goûté le liquide qu'elle ressenti l'envie d'en avoir plus. L'homme lui parlait mais elle ne l'écoutait pas, obsédée par la boisson délicieuse.

- Vous travaillez au Ministère ? demanda l'homme en regardant Eryn vider son verre sans retenue.

Il fit signe de la servir à nouveau, tandis qu'elle faisait non de la tête et buvait encore.

- Les gens qui viennent pour les soirées sont rarement seules, dit-il en penchant la tête légèrement sur le côté.

- Moi si, répondit Eryn avant de glousser, l'alcool faisant son effet.

Le sorcier allait parler à nouveau quand un autre homme vint s'adresser à lui, il prit un air agacé et sembla hésiter à laisser Eryn seule au bar. Etait-elle une véritable menace ? Pas dans l'état dans lequel il venait de la mettre. Par chance, cet imprévu venait de lui sauver la vie.
L'homme tourna les talons avec son ami, laissant Eryn seule au bar. Elle commanda quatre autres verres avant d'être totalement ivre. Il était impossible de savoir si c'était uniquement l'alcool ou cette chose dans ses premiers verres qui avaient totalement libéré son esprit. Eryn se sentait comme dans un monde féérique, tout était beau et paisible mais aussi possible, sans danger.
Ayant beaucoup bu, la jeune femme ressenti le besoin d'aller aux toilettes. Le visage radieux – et l'air parfaitement rincée – elle se leva de sa chaise, saisit son sac et chancela jusqu'aux toilettes. Sur le chemin, elle croisa un homme qui lui fit penser à Peter. Réalisant alors qu'elle mourrait d'envie de le voir, Eryn transplana en pleine foule. Le monde était tel que personne ne remarqua la rouquine bourrée qui venait de disparaître.



Quelques secondes plus tard, dans le salon tranquille de Peter Adams, Eryn venait de faire son apparition. En touchant le sol, elle manqua de perdre l'équilibre mais resta debout, légèrement penchée en avant.

- Chhhhhhhhhhut ! fit-elle, un doigt sur la bouche, l'air sévère.

Il est clair qu'il aurait été malheureux que le canapé ou la table basse ne réveillent Peter...
Eryn gloussa à nouveau et rejeta ses cheveux en arrière, or, elle manqua de trébucher à nouveau. Désireuse de garder l'équilibre, elle retira ses chaussures, une expression malicieuse et comique au visage avant de retirer sa baguette de son bustier et la rejeter sur le canapé avec son sac à main.
La jeune femme quitta le salon, pour la chambre à coucher de Peter. Elle ne l'avait pas vu depuis leur dernière mission et avait refoulé son désire de le revoir à nouveau. Mais maintenant que son esprit était libéré de toutes notions de morale, Eryn trouvait tout à fait normal de débarquer en pleine nuit chez lui.
Sur la pointe des pieds, la jeune femme se rendit dans le couloir où elle percuta un mur, mais prit bien soin de s'excuser. Et enfin, elle trouva la porte de la chambre de Peter (qu'elle se prit au passage).
Eryn resta un instant sur le seuil à le regarder dormir. Ses couvertures étaient sans dessus dessous et sa position relativement drôle à voir. A cet instant, la jeune femme comprit qu'elle n'avait plus qu'une envie, au plus profond de son être, la moindre parcelle de sa peau le ressentait. Elle voulait Peter. Il n'y avait en elle aucune honte, entièrement anesthésiée par l'alcool. Seuls restaient ses sentiments, qu'elle avait encore du mal à discerner.
Un air gourmand au visage, pieds nus, Eryn s'approcha du lit – la démarche assez irrégulière – et se mit à quatre pattes, avançant lentement vers Peter endormit sur le dos. Doucement elle s'assit sur lui, au niveau de la taille et lui caressa les cheveux. Quand l'homme se réveilla en sursaut, Eryn mit un doigt sur sa bouche.

- Chhhhut ! Tu vas réveiller Peter !

Puis Eryn eu un éclat de rire étouffé et se pencha vers lui avant de l'embrasser avec gourmandise.

Eryn embrassait Peter avec une habilitée légèrement diminuée à cause de l'alcool. Cependant, son esprit embrumé était persuadé qu'elle se débrouillait comme un chef. Avec délice elle réalisa alors que le jeune homme lui rendit son baiser, pensant sincèrement que c'était pas choix et non par surprise.
La jeune femme rousse poussa une exclamation sentant Peter se redresser brusquement et la repousser avant d'allumer la lumière. C'était encore pire pour elle car maintenant elle pouvait voir avec perfection à quel point son visage était beau. La forme de ses lèvres, ses yeux, le doré de sa peau, ses cheveux décoiffés qui lui donnaient envie d'y passer la main. Tout ce qu'il y avait quelques années représentait son ami était désormais l'objet de sa plus grande tentation. Eryn se pencha légèrement en avant, frôlant à nouveau la bouche de Peter avant de reculer, les yeux au ciel, la chevelure sans dessus dessous.

« Tu as bu ? »

Eryn remua légèrement des épaules, prenant un air soudain malicieux. Son index au coin de la bouche, elle fixa Peter avec l'attitude d'une petite fille sur le point de se faire gronder. Elle eu un gloussement avant de répondre.

- Si je dis oui, tu me punis ?

Le ton utilisé exprimait clairement son envie d'être effectivement punie. Puis la jeune femme se libéra de Peter avant de l'attraper par la nuque et l'embrasser avec fougue, assise sur lui.
C'était surement l'une de leur pire situation. A croire qu'ils avaient vécus tous les cas possibles. Que ce soit par souffrance, par interdit ou par inconscience, ils arrivaient toujours par s'embrasser dans des moments inattendus. Mais à cet instant, la tête de Eryn était comme se retrouver dans un grand champ fleuris, plein de jolis petits papillons volant au gré du vent chaud de l'été. En réalité elle se trouvait à Londres et dehors il faisait un froid de canard. Pas de champs mais des taxis et encore moins des papillons mais des Mangemorts.
Depuis l'anniversaire de mort de Jackson, Eryn pensait être une mauvaise personne à vouloir être dans les bras de Peter, mais à cet instant son corps et surtout son esprit était privé de toutes notions de prudence, de conscience. Pourquoi s'empêcher de le toucher, de l'embrasser alors qu'elle ne désirait rien de plus fort ? Alors que tout son être hurlait ce besoin d'être avec Peter ?
Eryn passa les mains dans le dos du jeune homme et entreprit de lui retirer son t-shirt. Il était temps pour eux de reprendre où ils avaient été interrompus, d'enfin faire ce dont ils avaient tellement envie depuis des mois et des mois sans vouloir l'assumer.

- Aller Peter, l'incita Eryn d'un souffle chaud. Je sais que t'en as envie autant que moi.

Puis, sans retenue, la jeune femme se laissa tomber sur le dos, attirant alors Peter sur elle. Et dire qu'il y avait quelques semaines, c'était dans ce même lit que tout avait manqué de se produire entre eux que cette fois-ci Peter avait eu un retour de conscience. Finalement à quoi ça servait puisqu'au final ils en revenaient toujours au même point ?
Eryn l'embrassait avec faim, avec ce qui aurait put être de l'amour si ce sentiment n'était pas trop complexe pour son esprit ivre. Elle ne faisait que ce dont elle avait envie. Dans le pub elle avait eu la soudaine envie de boire, puis de voir Peter alors elle s'était retrouvée ici, et maintenant elle voulait simplement Peter, alors elle se servait. Cependant, le jeune homme ne semblait pas disposé à se livrer avec autant de facilité que Eryn. Lui aussi aurait besoin d'un bon verre...
Exaspérée, la jeune femme se mit en position assise et se passa une main dans sa longue tignasse de feu regardant le jeune homme comme s'il était incapable d'exécuter un exercice basique.

- T'es fatiguant Peter ! s'exclama-t-elle en se mettant sur les genoux. Je ne te demande pas la lune ! Simplement une nuit d'amour ! Et c'est pas comme si on en avait pas envie depuis des mois !

Eryn avait dit ça en levant à nouveau les yeux au ciel. Cette évidence aurait put être drôle à entendre, dite de cette manière si elle n'était pas cruelle et vraie. Oui depuis des mois ils se désiraient à en souffrir et depuis des mois ils se mentaient. Eryn pleurait sur la tombe de son mari, dans son lit, en mordait ses draps tant elle souffrait d'être loin de lui. Pour la première fois, à cet instant, elle se sentait bien et libre. Ce fut pourquoi elle s'approcha à nouveau et embrassa Peter avec fougue, lui caressant le torse avec gourmandise.

- Je te préviens, je ne partirai pas sans avoir eu ce que je veux. Ce que tu veux.







[HJ : désolée c'est pas très long parce que là je pouvais pas faire grand chose. La surprise est pour le prochain poste ]

Eryn se rapprochait, sentant bien que Peter n'y mettait pas toute la volonté du monde pour la repousser. Se pensant alors victorieuse, la jeune femme se pencha à nouveau mais l'Auror réagit bien vite et bondit hors du lit, une main en avant, indiquant clairement la distance réclamée.

« Ce que JE veux maintenant , c’est que tu restes là et que tu te reposes , apparemment tu en as besoin »

Eryn l'observa d'un regard interrogateur, un peu comme une enfant avant de s'allonger dans les draps de Peter, se déhanchant, sans le quitter des yeux, avec son éternel air félin. Sur le ventre, elle agrippa les couvertures, un sourire malicieux aux lèvres puis se mit sur le dos jouant avec ses jambes qu'elle balançait lentement.

« Je te laisse le lit, le divan m’ira très bien »

La rouquine perdit son sourire satisfait face à son échec flagrant. Exaspérée, la chevelure sans dessus dessous, elle se redressa, assise sur les genoux et regarda Peter quitter la pièce à reculons.

« On reparlera de ça demain, et là on verra, ok ? »

Exaspérée, Eryn se laissa tomber lourdement sur le lit, avec un soupire théâtrale. Comme si elle allait attendre le lendemain ! Pour qui la prenait-il ? Jamais depuis la mort de Jackson la jeune femme ne s'était sentie aussi bien, paisible et libre de sa conscience. Pourquoi attendre le lendemain alors que Peter se trouvait dans la pièce à côté ?
Seule dans la chambre, sur le dos, Eryn se mit à jouer avec ses longs cheveux roux en bataille. Le silence était presque total et ce fut pourquoi on entendit soudain...


Eryn se leva du lit lentement et se dirigea vers la porte d'un pas chancelant, les mains délicatement posées sur les murs pour éviter de les cogner cette fois.


La rouquine venait d'entrer dans le salon où se trouvait Peter et se dirigea dans la cuisine séparée par un bar, sans lui prêter un regard, comme trop occupée et surtout comme chez elle.


Elle chantait toujours cette chanson qui ne semblait destinée à personne et à Peter à la fois, comme si elle parlait réellement à quelqu'un alors qu'en réalité elle ouvrait un placard, à la recherche d'un verre.


La sorcière referma le placard comme si elle se disputait avec un homme invisible et se passa la main dans les cheveux, ne sachant pas où chercher apparemment. Elle cessa de chanter un instant, toujours sans prêter attention à Peter dans le salon et ouvrit le frigo où elle plongea littéralement le nez, dansant légèrement sur une chanson muette. Eryn saisit une bière, claqua la porte d'un coup de hanche et parvint à l'ouvrir à l'aide du rebord du bar, montrant à quel point elle avait l'habitude.
Elle but une gorgée avant de reprendre.


Eryn but une autre gorgée et quitta la cuisine pour le salon chassant une mouche invisible de sa main libre.

En passant près de Peter et lui poussa légèrement la tête comme on le fait à un ami que l'on veut agacer, à un enfant que l'on rappel gentiment à l'ordre.


La jeune femme qui se tenait non loin du canapé, comme si elle chantait pour Peter sans pour autant faire réellement attention à lui se passa une main dans les cheveux, avec l'expression de celle qui imagine l'amour de sa vie accomplissant ce geste. Restait à savoir si elle voyait Peter ou Jackson à cet instant...


Par pure provocation, consciente ou non du regard de Peter, Eryn se déhancha lentement au rythme de sa voix grave et caressante, faisant glisser la bière de sa cuisse à sa taille avant de finalament la porter à ses lèvres. Le temps de ce geste, elle incarna totalement tout ce qui était interdit à Peter. De l'alcool et une femme. En avait-elle conscience ? Surement pas. Espérait-elle en tirer un certain avantage malgré tout ? Tellement.


Elle s'approcha de Peter et lui donna sa bière non parce qu'elle voulait partager mais parce qu'elle voulait avoir les mains libres.


Eryn lui tourna le dos et sembla à nouveau adresser ces paroles à une personne invisible. C'était étrange car bien que la jeune femme ne semble pas s'adresser à quelqu'un en particulier, on pouvait voir qu'elle ressentait ce qu'elle disait.


Elle se déhancha à nouveau, prise dans la musique, sans regarder Peter. Etait-elle encore ici pour le séduire ou pour lui dire par un moyen dérivé ce qu'elle ressentait ? Eryn elle même ne savait pas pourquoi elle avait choisit cette chanson, pourquoi même elle chantait à cet instant.


Cependant elle se tourna vers Peter à cet instant, les mains levées en signe de questionnement, comme si cette question était le fruit d'une mure réflexion avant d'échapper un rire et de manquer de trébucher.


Eryn se remit à chanter, sa voix imprégnant l'air d'une caresse tentatrice. Elle se déhancha légèrement, regarda par la fenêtre, mais son comportement était en rien logique. Puis, reprenant comme conscience de la réalité, elle s'approcha de Peter, sa démarche toujours aussi féline, sa voix toujours enchanteresse malgré l'alcool.


Cette remarque sembla sur les lèvres de la jeune femme vraie, comme si c'était une véritable conversation, le doigt levé, indiquant clairement que c'était hors de question. Le seul détail surprenant était qu'elle chantait au lieu de parler.


Elle se pencha vers lui, comme pour l'embrasser, se contentant de rapprocher son visage et lui transmettre par le son de sa voix à quel point cette idée lui faisait envie, avec gourmandise.


Comme lorsqu'elle s'était retrouvé sur son lit tout à l'heure, Eryn recula et leva les yeux au ciel, chantant encore avec vérité. Oui ce n'était pas un crime de se désirer, du moins maintenant qu'elle était totalement ivre et incapable de réflexion, cela semblait tellement naturel à ses yeux qu'elle ne comprenait pas pourquoi ils étaient encore dans le salon.


Eryn se pencha à nouveau, l'air gourmand et la voix ronronnant, avant d'embrasser Peter, espérant enfin obtenir ce qu'elle désirait de lui depuis ce jour devant la cheminée. Finalement c'était presque la même chose, sauf que cette fois-ci, ils étaient sur le canapé et non sur le sol...

Eryn était le tortionnaire le plus cruel que Peter n'ait jamais connu. Sans aucune hésitation, sans honte, la sorcière jouait avec les émotions de sa victime, ses faiblesses et le réduisait à moins que rien pour qu'il lui cède enfin. Oui, le jeune homme devrait être plus fort qu'elle. Mais ce n'était pas parce qu'il le devait qu'ils le voulaient tous les deux. Pourquoi lutter après tout ? Pourquoi Peter refuserait de vivre un moment de bonheur, de liberté et d'amour intense ? Parce qu'ils étaient veufs depuis des années ? Mais quand on est mort, on existe plus. Alors pourquoi se soucier de froisser les sentiments de personnes qui ne sont plus ? En tant normal, Eryn aurait voulu se tuer tant penser ainsi lui faisait honte. Or, à cet instant, c'était étrange, mais l'alcool lui donnait l'impression que cette idée n'était pas cruelle envers la mémoire de Jackson et de Selena mais que c'était naturel. Il n'y avait rien de méchant, tout était pur et sincère.
Quand elle déroba un baiser à l'Auror, Eryn eu peur que le combat ne soit pas terminé mais au contraire, Peter déposa les armes si vite qu'elle en vint à se demander si lui même voulait de cette guerre. Le sorcier saisit la jeune femme par la nuque avant de l'embrasser avec fougue. Ce geste déclencha en Eryn un tourbillon de passion enragée dont l'expression la plus violente et la plus cruelle était ce baiser qu'elle lui donnait.
Les pensées de la rouquine s'emmêlèrent entre souvenirs, sentiments et désirs. Elle pressa sa bouche avec tendresse contre celle du sorcier. Jackson lui souriait amoureusement. Eryn saisit Peter par la taille. A qui était cette main dans sa longue tignasse rousse ? La sorcière ne savait pas, elle ne savait plus et elle ne voulait pas savoir, désirant rester dans ces bras si chaleureux et réconfortants. Que ce soit Jackson ou Peter, le bonheur était le même.
La bouteille se brisa.
Le son qui retenti se répandit dans la pièce comme les bris de verre sur le sol, accompagnés par l'éternel vent glacé qui suit chaque moment qui n'aurait jamais dut arriver.

« Ne bouges pas »

Eryn ne répondit pas, les mots lui manquant. Elle qui avait été capable de chanter peu avant était désormais sans voix. Ce verre brisé avait été comme le brusque retour à la réalité l'empêchant désormais d'être heureuse. Mais comment être heureuse ? La réponse s'inscrivit dans son esprit avec une évidence troublante. Dans les bras de Peter. Pourquoi se sentait-elle mal déjà ? Parce qu'elle n'avait pas le droit de se trouver ici et d'agir ainsi. Mais pourquoi ne le pouvait-elle pas ? Elle et Peter étaient deux adultes responsables – d'accord l'un était actuellement plus adulte et responsable que l'autre – et libres d'agir comme ils le désiraient, le deuil n'avait jamais empêché le bonheur, même quand les deux défunts en question étaient des âmes sœurs. C'était naturel et humain de se raccrocher désespérément à la seule source de bonheur que l'on pouvait trouver. Pour Eryn, c'était Peter. Il était sa fontaine de joie et de légèreté et comme une assoiffée, elle irait s'abreuver dans ses bras à en perdre la raison.
Comme une petite fille, Eryn changea à nouveau d'avis et ce fut comme si la bouteille ne s'était jamais brisée.
Peter la laissa derrière lui tandis que la jeune femme s'assit lourdement sur le canapé, le nez en l'air. Elle joua avec ses cheveux puis les rejeta en arrière avant de secouer sa tignasse (geste qu'elle regretta car la terre chancela sous ses pieds). En proie à une grande agitation, la rouquine s'allongea sur le ventre sur le canapé et observa Peter nettoyer à la main la flaque au sol. Le visage de la jeune femme se trouvait au niveau de l'épaule du sorcier et pendant tout le temps qu'il nettoya, elle ne lui adressa que des regards amoureux et malicieux. Ce fut d'ailleurs l'un de ces regards que le jeune homme croisa quand il leva les yeux vers la sorcière.

« Qu’est-ce que je peux dire pour que tu oublies ce que tu as en tête ? »
- Rien, ronronna Eryn d'un ton qui confirmait qu'en effet, c'était cause perdue pour le jeune homme.

Apparemment Peter aussi avait comprit le message car il sembla abandonner la partie ce qui eu le don de ravir Eryn qui saisit sa chance. La rouquine se pencha légèrement en avant et embrassa furtivement le jeune homme, un sourire taquin aux lèvres.

« Tu devrais vraiment aller te reposer »
- J'ai pas sommeil, répondit Eryn en se laissant retomber sur le canapé avant de se redresser brusquement l'air animé. Sauf... Si tu me portes jusqu'à ton lit.

La sorcière prit son air butté le plus connu et tendit les bras en direction de Peter. Voyant qu'il ne la prenait pas au sérieux, la sorcière se mit debout maladroitement, manquant de tomber par dessus le dossier du canapé. De justesse, la sorcière se rattrapa et éclata d'un grand rire sincère et si rare ces dernières années sur ses lèvres. Puis, décidée à jouer les enfants, Eryn tendit à nouveau les bras et s'imposa dans ceux de Peter, désirant qu'il la conduise lui même dans sa chambre où il était évident qu'elle ne s'endormirait pas aussi facilement.
Pendant tout le trajet, la sorcière avait un sourire innocent et sincèrement joyeux aux lèvres, comme si être portée par Peter était d'un amusement sans faille. A moins que ce soit le fait qu'il soit près à tout du moment qu'elle l'écoutait (ou plutôt faisait semblant).
La sorcière reposa les pieds au sol devant le lit avant de monter dessus à quatre pattes et de se laisser tomber sur les couvertures, le regard pétillant. Cependant, alors qu'elle donnait l'illusion de vouloir agir sagement et écouter – pour une fois – ce que lui disait Peter, Eryn se redressa brusquement et le saisit par le t-shirt avant de l'attirer avec elle sur le lit dans de grands éclats de rire qui n'eurent fin que lorsque la rouquine trouva une nouvelle fois son puis de bonheur dont l'entrée se trouvait sur les lèvres du sorcier si cruellement désiré.







[HJ : Je vais me pendre. C'est nul '-' ]

Eryn était sur un petit nuage, dans un monde où tout était beau, lumineux et plein de douceur. En fait, la rouquine réalisa qu'elle n'avait pas eu cette impression depuis la mort de Jackson. Depuis qu'il avait quitté cette terre, Eryn vivait dans l'obscurité, le cœur rongé par la haine et la soif de vengeance. Mais Peter était là désormais et tout était différent. Les baisers qu'il lui donnait étaient de précieuses étoiles, ses caresses fleurissaient la peau de lait de la sorcière et ce souffle qu'il partageait lui redonnait vie, comme s'il réanimait un corps inconscient depuis deux ans, éteint par le deuil.
Ce qui se passait dans le cœur de Eryn était douloureux à ressentir. Depuis deux ans maintenant, il n'avait été qu'un lieu de désolation et de désespoir. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, laisser des sentiments purs et sincères comme la tendresse, l'amitié, l'affection, l'amour ? y entrer et adoucir tout sur leur passage n'est pas un acte sans douleur. La souffrance est un état auquel on s'habitue, surtout lorsque l'on pense la mériter. Mais Peter avec son regard tendre et respectueux, ses paroles douces, censées et drôles, sa simple présence terriblement désirable, rendait tout bien plus compliqué. Il se passait en Eryn des choses dont elle ne voulait pas connaître la cause à cet instant, ni même le nom. Tout ce dont elle était certaine était que la seule personne avec qui elle désirait se retrouver chaque minute du jour, regrettant son absence, n'était désormais plus uniquement Jackson. Cet homme n'était nulle autre que celui allongé sur elle, pressant son corps de lait et dénudé contre lui avec désire, l'embrassant langoureusement, elle, la veuve de son meilleur ami. Et pourtant, Eryn lui rendait ses baisers, ses étreintes avec la même ardeur, la même intensité, parce qu'elle ne voulait plus que lui, plus que Peter Adams.
Heureusement pour elle, Eryn n'était pas en état de réfléchir, ni même de ressentir convenablement. Elle avait des envies, des souhaits et se contentaient de les exécuter. Avec délice, elle constata que ceux de Peter étaient proches des siens, qu'ils ne voulaient que la même chose depuis longtemps, trop longtemps même. Depuis ce jour au Chaudron Baveur, Eryn avait envie de le toucher, de le sentir contre elle. Depuis ce feu de cheminée, la rouquine ne pensait plus qu'à le sentir à nouveau dans ses bras, de retirer sa chemise et parcourir son torse avec une pudeur et adoration religieuse. Depuis qu'elle était revenue de chez Smith décomposée et que dans ses bras elle s'était retrouvée entière et saine, la jeune femme ne pensait plus qu'à se reconstruire par les baisers de l'Auror. Non... Elle ne devait pas penser à Smith, pas maintenant, plus jamais. Depuis Lilith qu'ils avaient sauvés des Mangemorts... Smith était un Mangemort... Eryn ne voulait plus que retrouver ce sentiment de paix et de tendresse qu'ils avaient été capables de lui offrir. Ces moments de désire et d'affection sur ce grand lit voilé étaient délicieux et cruels car désormais impossibles. Ils étaient veufs et torturés. Jackson avait été tué par un Mangemort. Smith était l'un d'entre eux. Eryn fronça les sourcils, redoublant d'intensité les baisers qu'elle donnait à Peter, refusant de gâcher cet instant. D'un geste étrangement assuré compte tenu de son état, la rouquine lui retira son t-shirt et elle marqua un temps, ses pupilles de feu brûlant le corps de Peter du regard avec passion. Puis, comme incapable d'attendre plus, elle le saisit par la nuque et l'embrassa, le dévora avec un désire désespéré. Elle voulait Peter, elle l'avait mérité après tout ce temps. Vraiment ? Ne put-elle s'empêcher de se demander. Et Smith ? N'était-ce pas une honte de céder à un homme comme lui et après prétendre mériter un ange tel que Peter ? Non. Eryn était impure.
Presque instinctivement, la rouquine imagina Peter embrasser Selena. Ses lèvres si roses, si douces, son regard si poétique. La Moldue avait toujours donné à la sorcière l'impression d'être une sorte de scrout à pétard dévastant tout sur son passage tant elle était douce et adorable. Eryn, elle, était avec Jackson un couple d'aventuriers et non un couple de petits tourtereaux. Ils se battaient un peu partout, faisaient des investigations, changeaient d'apparence et d'identité. Chaque fois que Eryn en avait fait part à son époux si adoré, celui-ci lui avait répondu qu'il était heureux que la rouquine ne soit pas comme Selena, car cela aurait signifié qu'elle aurait été faite pour Peter. Or, la Eryn dont Jackson était tombé amoureux était parfaite pour lui. Avait-elle changé ? Peter aussi ? N'étaient-ils plus les mêmes ou sans même le savoir, Eryn et Peter avaient toujours été faits l'un pour l'autre ?
La sorcière eu un geste impatient du visage, entre l'envie d'embrasser l'Auror et de le repousser, comme divisée entre son corps et son cerveau. Non, elle ne voulait pas penser à Smith, ni à Jackson et encore moins à Selena, cette femme qui l'avait possédé tellement de fois sans ressentir la moindre culpabilité, cette femme qui le méritait car elle pouvait lui offrir de quoi être heureux. Une mariage tranquille – Eryn en était littéralement incapable - , un enfant – elle avait perdu le sien – et de l'amour sans borne et sans limite, chose impossible car cet amour, Jackson, de l'autre monde, le retenait encore prisonnier.
De l'au delà... A quoi jouait-elle dans les bras de Peter ? L'alcool ne faisait plus effet ou au contraire... Chose certaine, Eryn tourna doucement le tête, comme ne désirant pas que Peter ne la regarde. Elle posa ses mains sur son torse lui faisant comprendre qu'elle ne voulait plus le savoir contre elle. Or, quand il s'écarta, Eryn ressenti un grand vide, principalement en elle. Comme une enfant, la jeune femme saisit le drap qu'elle sera contre elle et y enfouit son visage, en larmes. Elle resta un moment à sangloter avant d'expliquer ce qui lui arrivait. Ce n'était pas la faute à Peter, c'était elle le problème. C'était elle qui était venue ici, c'était elle qui le tentait, qui le poussait vers le mal, c'était elle qui n'était même pas assez bien pour prétendre l'aider à aller mieux. Peter n'avait pas besoin d'elle dans sa vie, c'était Eryn qui le voulait constamment comme un humain cherche désespérément à rejoindre la surface alors qu'il se noie.

- Pardonne moi Peter, sanglota-t-elle toujours sans le regarder. Je te force à faire ce que tu ne veux pas... Je ne te mérite pas... Pas après Selena, je ne suis pas aussi bien qu'elle et encore moins après... après... Smith.

A peine eu-t-elle prononcé ce nom qu'elle cacha encore plus son visage, désirant disparaître et pourtant elle ne voulait pas qu'il parte. S'il la laissait maintenant, s'il l'abandonnait, Eryn serait perdue, pour une seule et unique raison. Doucement, la sorcière se tourna vers Peter, le visage balayé par ses longs cheveux roux et décoiffés, ses yeux rouges et ses joues perlées de larmes.

- J'ai tellement besoin de toi, Peter. Simplement toi et personne d'autre.

Eryn échappa un nouveau sanglot. Il fut un temps où le monde aurait put s'écrouler, peu importait tant que Jackson était là, mais désormais, c'était Peter. Il était son point de gravité, la raison pour laquelle elle ne quittait pas cette terre subitement, se laissant mourir. Parce qu'il était devenu pendant cette dernière année, bien plus que le meilleur ami de son mari, l'époux de sa sœur de cœur ou même son propre ami. Peter était désormais sa raison de vivre et le simple fait de le comprendre était aussi agréable qu'être vidée de son sang par un Vampire assoiffé.
Avec une impression de déjà vu, Eryn s'appropria les bras de Peter et le serra contre elle, en larmes, avant de s'asseoir contre lui et ne réclamer que sa présence et sa tendresse.

- J'espère qu'ils me pardonneront..., murmura-t-elle d'une voix baignée par les larmes, le visage contre le torse chaud de Peter.

Oui, il ne restait plus qu'à espérer que Peter, Jackson et Selena pardonneront Eryn d'être si faible.






[HJ : J'en ai besoin °-°' ]

EVERYTIME





Eryn respira profondément, sa crise de larmes s'étant calmée mais continuant toujours à pleurer ponctuellement, tandis que ses pensées allaient et venaient. L'alcool n'agissait plus vraiment. Certes sa démarche serait encore moins assurée mais elle avait perdu l'euphorie des premiers instants, cette sensation de liberté qui lui avait parut ultime il y a quelques minutes de cela. Désormais, sa poitrine lui faisait mal mais ce n'était pas désagréable. Eryn sentait quelque chose dans son cœur changer et bien qu'elle ait peur, d'où la douleur, elle savait que c'était pour le mieux. La jeune femme avait essayé de s'envoler sans aile et elle était tombée au sol une fois de plus. Elle s'était fait mal mais s'était relevée pour essayer une fois de plus et atteindre le paradis où elle pourrait enfin être en paix. Mais ce soir, alors qu'elle avait à nouveau prit son envol, en retombant brusquement, Eryn avait comprit que si elle ne pouvait pas décoller sans se faire mal, c'était parce qu'elle n'avait pas sa place dans ce ciel. Son paradis était ici, sur terre, dans les bras de Peter Adams. Pourquoi vouloir aller ailleurs ? Pour rejoindre Jackson ? Mais si elle souffrait, devait-elle essayer encore ou vivre avec le souvenir de sa vie passée sur un nuage ? Jackson voudrait que sa femme qui lui avait donné tout l'amour de son corps, de son âme, retrouve enfin sa place sur terre, qu'elle soit en paix.
D'autres larmes brulantes coulèrent et Eryn leva les yeux vers un coin de la pièce. Peter la serrait contre lui, il la touchait avec tout le respect et la tendresse du monde. Jamais elle n'aurait osé espérer tant de sa part. C'est simple, rassurant, suffisant. La jeune femme eu un sourire timide tandis qu'elle vit devant elle le visage de celui dont elle était éperdument amoureuse depuis ses dix sept ans.
Jackson était là, appuyé contre le mur de la chambre dans un coin de la pièce, les mains dans les poches, un pied sur le mur, vêtu de son éternel jean délavé, son débardeur blanc et de sa veste en cuir. C'était comme s'il n'était jamais mort, comme si jamais sa disparition n'avait eu lieue. Pourquoi ? Parce qu'il n'était pas qu'une simple part de la vie de Eryn, il était Eryn. Rien de surprenant à ce que Peter se découvre une attirance pour elle, puisqu'elle était la femme de son meilleur ami. Peut être était-il attiré par l'amitié qu'elle symbolisait, qu'il prenait soin de ce qu'il jugeait précieux. Tout comme Eryn avec Peter. Elle savait au fond d'elle que Selena ne pouvait être que rassurée de savoir sa sœur de cœur aimer son époux désormais seul au monde. Elle seule sur cette terre savait comment prendre soin de lui, comment le rendre heureux et à eux deux, ils ne redonnaient pas vie à leur passé mais le préservait avec respect et amour.
Silencieuse, Eryn regarda Jackson les fixer tous les deux. Elle ne se demanda pas ce qu'il pensait, s'il lui en voulait ou non puisqu'elle connaissait déjà la réponse. La rouquine resserra son étreinte dans les bras de Peter et se laissa tomber sur les oreillers avec lui, sans crainte que le fantôme de son époux ne lui en veuille.
Le visage de Jackson était toujours aussi beau mais Eryn, qui ne le quittait pas des yeux, voyait en lui une tristesse compréhensible. Etait-ce l'alcool qui lui provoquait ces visions ou par amour, Jackson arrivait-il à revenir « de l'autre côté » afin de s'assurer qu'elle allait bien, afin de la voir une dernière fois ? Combien de fois Eryn avait eu l'impression de sentir sa présence, de le voir vraiment dans la pièce ?
Jackson s'éloigna lentement du mur, le regard triste et un sourire aux lèvres pourtant. De son pas léger, fantomatique, il s'approcha du lit et s'assit sur le bord, juste à côté de Peter. Eryn ne le quitta pas du regard. Elle n'avait pas peur, elle n'était pas intriguée et le pire de tout était que son premier réflexe ne fut pas de se lever brusquement pour essayer de rejoindre Jackson. Pourquoi ? Eryn savait. Elle avait toujours sut mais il lui avait fallut deux ans pour comprendre que la réponse était au fond d'elle. Inconsciente. Redoutée.
Son mari adoré leva la main et toucha ses cheveux roux, irradiant de perfection. Cependant, ce fut la main de Peter qui toucha la chevelure de la sorcière. Ce fut sa chaleur que Eryn ressenti et le vide que provoquait Jackson en elle. Le visage terriblement triste, Jackson retira sa main fantomatique et se contenta de regarder sa femme.
Eryn n'essayerait plus de s'envoler désormais. Pourquoi ? Parce que son paradis n'était pas au ciel. Parce que son paradis n'était plus Jackson. Ils ne faisaient plus partie du même monde bien que leur amour inconditionnel les unisse encore. Bien que jusqu'à sa mort, Eryn resterait Eryn Peters. La première et unique femme de Jackson, la seule ayant sut comment l'aimer. Mais Peter était là, seul et privé d'amour. Eryn avait essayé d'ignorer, elle avait essayé de poursuivre son envol au fil des mois, de s'éloigner de cette terre, mais l'attraction était trop forte et la chute de plus en plus facile. Eryn ne luttait plus malgré elle avant de finalement abandonner de plein gré. Si elle ne cessait d'échouer, c'était parce qu'elle ne voulait pas réussir. Eryn ne voulait que Peter désormais,parce qu'il était ce qu'il lui fallait. Elle avait besoin de lui.
Jackson baissa les yeux, comme résigné, et pourtant son regard restait triste, chargé de regrets. Eryn aurait put culpabiliser mais Peter la caressa à nouveau. Jackson observa son meilleur ami un instant avant de reporter son attention sur Eryn. Comme pour lui donner son accord, le jeune homme blond hocha lentement la tête. Jackson se pencha une nouvelle fois pour embrasser son épouse mais Eryn ne senti qu'un grand vide, glacé et cruel en elle. Déstabilisée, elle resserra son étreinte autour de Peter et ne quitta pas Jackson des yeux, terriblement désolée de ne plus faire partie de son monde, de ne plus être son univers et sa raison d'être.
Le jeune homme adressa un dernier sourire plein de tristesse. Il devait abandonner. Il devait laisser Eryn partir et ne plus la hanter comme il le faisait. Ne plus habiter ses rêves, son âme. C'était pour ça qu'elle se sentait vide, parce qu'elle était habitée par un fantôme. Mais si elle laissait sa place à Peter, cet homme encore bien vivant, celui qui séchait ses larmes, qui consolait ses peines, qui la rendait vivante.
Jackson sembla comprendre. Comment pouvait-il en être autrement puisqu'il était une création de la folie passagère de Eryn, n'est-ce pas ? Rien de tout cela n'était réel ? Eryn n'en savait rien. Tout ce dont elle était certaine fut que Jackson eu un dernier sourire et tourna les talons lentement. Sur le coup, la sorcière lutta avec elle même. Devait-elle le retenir ? Avait-elle le droit de le laisser partir ainsi ? Jackson... Jackson ! Eryn voulait l'appeler mais Peter la serrait contre lui. Si elle le quittait maintenant, qui sait si Selena ne prendrait-elle pas cette place ? La rouquine se trouva confrontée à un choix. Le fantôme de Jackson ou Peter ? Pour certain, la question ne se poserait même pas mais Eryn savait que son ami lui comprendrait à quel point il état douloureux de se décider.

Days feel harder, night grows longer
Summer days its goodbyes
Darkness conver, we find shelter
Our own place to hide

La voix de Peter sorti de nulle part, attirant l'attention de Eryn mais aussi de Jackson, dont l'image traversait presque déjà le mur. La sorcière écouta ses paroles, sa mélodie. Presque immédiatement elle se senti plein de chaleur, d'amour. Le choix ne fut plus difficile pour elle car Eryn osa enfin s'avouer la vérité une fois de plus.
Il n'y avait pas à choisir tout simplement. Si l'attention de Jackson avait été attirée tout autant que celle de Eryn par la voix de Peter, ce fut parce que tous les deux ne formaient qu'un. Si Eryn se sentait en paix, Jackson ne pouvait que l'être. Certes, il était triste de ne plus contribuer à ce bonheur mais il laissait la main à son meilleur ami et ce dernier se débrouillait comme un chef.
A nouveau, le jeune homme adressa un sourire à sa femme et disparu pour de bon cette fois ci, laissant derrière lui un grand vide que Peter ne comblerait jamais, puisque ce n'était pas son rôle.
Eryn ferma les yeux et écouta Peter chanter de sa voix incertaine mais de sa tendresse affirmée. Même elle à cet instant ne pouvait ignorer ce qu'il ressentait. Ce que tous les deux étaient en train de vivre bien que la vie elle même ait tout fait pour les en empêcher ou au contraire, les rapprocher. Le destin peut-il être assez cruel et clément pour réunir par l'amitié deux âmes sœurs brisées telles que Peter et Eryn ? Devaient-ils souffrir pour se trouver ?

Oh as the light goes out
Facts turn to angels on the run
Oh as the night comes in
Dreams start their drifting and you hear a Lullaby
Lullaby
You and I

You and I...

Puis la chanson cessa, doucement, tendrement. Eryn ne dit rien, les yeux fermés, les sens et le cœur ouverts à Peter et tout ce dont il pouvait lui faire cadeau, comme le simple son de sa voix. Il y eu un silence puis Eryn ne put s'empêcher de dire d'un air timide :

- Peter... Tu chantes comme un chaudron...

La jeune femme échappa un éclat de rire qui finit avec plus de franchise. Amusée par sa plaisanterie, elle leva les yeux vers Peter, ravie de pouvoir encore rire dans ses bras et l'embrassa tendrement, les yeux baignés de larmes. Un simple baiser, sans fougue, sans désire charnel, simplement une démonstration de l'affection sincère qu'elle ressentait pour lui. Pour d'autres ce geste serait banal mais pour eux, il représentait le plus grand des interdits. Car on peut pardonner celui qui a cédé à l'appel charnel, mais pas à celui qui est tombé amoureux d'une autre personne. L'amour ne se combat pas, il ne peut pas être abandonné ou ignoré. Il ne peut être que vécu ou regretté.
Eryn avait décidé qu'il était temps pour elle de vivre.




Le jour était à peine levé quand Eryn ouvrit les yeux. Elle n'avait que très peu dormi et pourtant elle se sentait parfaitement éveillée, comme si elle n'avait pas vingt cinq ans de vie derrière elle. La jeune femme ne fut pas surprise de trouver Peter à ses côtés. Elle aurait aimé avoir tout oublié à cause de l'alcool. Lui demander des explications ne croire que ce qu'elle voulait. Mais ce n'était pas aussi facile. Eryn se souvenait parfaitement de sa nuit passée, de ses tentatives de séduction – cette idée la fit rougir – et de sa rencontre avec Jackson. Elle ne s'était pas précipitée dans ses bras, elle l'avait regardé partir, préférant rester dans les bras d'un autre.
Eryn quitta le lit lentement. Elle fut cependant surprise par la longueur de sa robe. Dans ses souvenirs elle semblait moins courte... Dans la salle de bain, Eryn manqua d'échapper un cri en voyant son visage. L'alcool, le maquillage... Quelle horreur... Pas étonnant que Peter ne l'ait pas touchée. Un sourire amusé aux lèvres, la jeune femme s'arrangea du mieux possible. L'eau fraîche raffermit ses traits et lui redonna de l'énergie.
Dans le couloir, Eryn hésita. Que dire ? Que faire ? Agir comme si de rien était ou au contraire foncer ? La sorcière opta pour la lâcheté, chose qui ne lui correspondait tellement pas. Cependant elle sut au fond d'elle que Peter lui en serait reconnaissant.
Dans le salon elle saisit un morceau de papier et de quoi écrire laissant ces quelques mots derrière elle, censés excuser son comportement et rassurer Peter.










[HJ : Comme toujours, merciiiiiiiii :pirat: :pirat: :pirat: ]