6h30. Nah, s’il vous plait, pas déjà le matin. Je vous prie, pas le matin ! La jeune femme se tourna dans son lit, changent de côté et empêchant de cette manière le soleil qui la gênait alors qu’il traversait la vitre de sa chambre sans soucis de déranger l’occupant de la pièce qui ne voulait qu’une seule chose. Rester la tête sous l’oreiller. Isabella s’était couchée particulièrement tard qui plus est la nuit dernière. Pourquoi ? Elle était sur un roman qui l’enthousiasmait au plus haut point et elle avait passée quatre heures à parler et approfondir cet univers qui sortait tout droit de son esprit. C’était un phénomène étrange mais lorsqu’elle écrivait elle ne voyait pas le temps passer. La fatigue semblait l’éviter de même, comme si elle lui donnait l’opportunité d’avoir quelques heures supplémentaires. Le temps. Etrange. Ce temps qui n’avait pas été particulièrement clément avec elle toutes ces dernière années. Ce temps, semblait vouloir se rattraper d’une certaine manière. Quoiqu’il en soit, Isabella n’avait jamais autant apprécié et aimer les années qui s’étaient succédées à sa scolarité.
Isabella se défendait donc contre le sommeil qui, à présent que le jour se levait tout juste, semblait la fuir. Avec détermination, elle émit une sorte de … grognement ensommeillé ? Elle se tourna de l’autre côté et enfouit son visage dans son oreiller. Une demie-heure, ce fut cette fois son réveil qui la réveilla de nouveau. 7 heures. Elle faillit l’envoyer en l’air … Enfin, au début, elle n’était même pas certaine que le bruit qu’elle entendait provenait de sa chambre et était un réveil. Elle crut que cela venait de son rêve et, alors qu’elle était pourchassée par des créatures immenses aux pieds palmés et aux longs doigts fins et griffus qui hantaient le lieu qu’elle visitait pour le moment – un endroit sombre, c’était tout ce qu’elle savait -, une alarme sonna soudainement.. Dans le rêve oui. Etrange. Cela parut bien irréel dans le décor plus que moyennageux dans lequel elle évoluait… Oui, je sais, Isabella faisait des étranges rêves vous me dites … Peut-être cela venait-il de cette impression qu’elle ne serait jamais débarrassée de son passé ? Ou de l’emprise de ses parents… Même de là-bas en Italie ? Et puis, ils avaient des appuis partout. Si cela se trouvait, ils la faisaient même surveiller. Quoique c’était peu probable. Après leur conversation houleuse d’il y avait quelques mois et après qu’ils aient compris (enfin ?) qu’ils ne parviendraient pas à faire d’elle ce qu’ils voulaient, elle ne devait plus faire partie de la famille.
Isabella ne savait pas exactement ce qu’elle ressentait. Déception ? Tristesse ? Même pas. Elle n’avait pas été proche de sa famille, mis à part sa sœur aînée qui, elle, avait coupé les ponts avec leur famille depuis longtemps. A l’exception également de sa grand-mère qui était malheureusement décédée l’an passé. Elle n’avait plus de raison, plus d’attaches là-bas. A la garde, lorsqu’elle avait dû repartir, elle n’avait cependant pas su ce qu’elle avait ressenti précisément en voyant sa mère détourner le dos avant même que le train ne s’ébranle.
Enfin, elle se convainquit qu’elle ne parviendrait plus à se rendormir et choisi donc de se lever. Elle se glissa hors de son lit, à moitié ensommeillée encore et se glissa jusqu’à la salle de bain en baillant. Comme chaque matin. Elle n’était pas vraiment du matin à vrai dire. Autant elle avait l’habitude de se coucher tard sans être jamais fatiguée, autant le matin c’était dur de se lever. Compréhensible. Les draps semblaient nous retenir de leurs chaînes – bras ?-. Cet endroit tout chaud, ce nid douillet au creux duquel on avait dormi… Il était bien difficile de pouvoir le quitter. Pour y entrer c’était autre chose, étant donné que les draps étaient froids. Et puis, Isabella était tout simplement davantage du soir. Surtout quand on avait des choses importantes à faire ! Et son roman en faisait partie ! L’écriture était sa vie. Comment bien démarrer une journée ? Une bonne douche déjà. Isabella se sentit aussitôt éveillée et ressortant de la cabine de douche, elle chercha une bonne minute la serviette qui devait se trouvait approximativement près de sa main … mais qui, ce matin-là, n’était pas là. Elle ouvrir les yeux. Saleté, elle était tombée par terre. Se baissant, elle la ramassa et s’entoura de cette dernière. Ses pieds touchèrent de nouveau ensuite la sol carrelé de la salle de bain. Les vêtements furent plus faciles à trouver. Fort heureusement, elle ne se voyait pas parcourir tout son appartement pour aller les trouver … D’ailleurs, qu’est-ce qu’une petite culotte, un sous-vêtement ou un débardeur feraient dans le salon je vous jure ? Rien du tout, nous sommes bien d’accords.
Mais aujourd’hui, elle avait un rendez-vous au ministère, et figurez-vous qu’elle l’avait totalement oublié... Evidemment, le ministère n’était pas dans ses principales priorités. Et pourtant, en descendant dans sa cuisine, elle pensait ne pas être obligée de sortir. Emploi du temps de la journée : Ecriture de son bouquin, puis un petit repas entre deux, et elle se remettrait à l’écriture ! Elle passait toute sa journée à écrire me direz-vous ? Pas du tout. C’était juste que quand elle se donnait dans quelque chose, ce n’était pas à moitié. Et puis, si on voulait terminer quelque chose le plus vite possible, autant ne pas perdre du temps ! C’est en versant une tasse de thé – trop brûlant, comme d’habitude elle le laissait trop chauffer -, qu’elle se souvint de son rendez-vous. Précipitant son petit-déjeuner, elle se brûla à moitié le palet avec le thé brûlant … Elle s’exhorta alors à attendre –patiemment- que son thé refroidisse. Lorsqu’elle fut prête, elle attrapa son sac, plus les clés de chez elle et laissa la porte d’entrée claquer derrière elle… Le déclic de la fermeture se fit entendre et en bas de l’immeuble, l’ancienne Poufsouffle transplana.
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Ministère. Halle d’accueil. 9h30. Isabella mit un bon quart d’heure à atteindre les ascenseurs qui se trouvaient –malheureusement – de l’autre côté du hall ! Un quart d’heure ! Mais pourquoi, pourquoi, on lui avait mis un rendez-vous à cette heure-là … Pourquoi tout simplement devait-elle venir signer une décharge concernant la particularité qu’elle avait acquise : Isabella était en effet Animagi et comme normalement, tous animagis étaient référencés au ministère. De toute évidence, ils avaient perdu un papier et il lui fallait donc revenir histoire de remplir de nouveau ce même papier qu’elle avait signé trois plus tôt. Généralement, elle évitait le ministère. Surtout aux horaires d’ouverture et de fermeture, heures de grandes affluences. Un quart d’heure pour se frayer un chemin dans la foule. Un quart d’heure dans le ministère et elle avait déjà envie d’en ressortir.
Isabella savait à quel étage elle devait se rendre. Un bon point. Sans passer par l’accueil où une blonde (davantage friande de des ragots du ministère que de son travail) se trouvait, elle se dépêcha en direction des ascenseurs en priant pour qu’il n’y ait pas la queue là non plus. Oh là-bas ! Un qui venait d’arriver ! Elle sauta sur l’occasion comme un attrapeur viendrait soudain d’apercevoir le vif d’or qui mettrait fin au jeu… Grâce à de bons réflexes acquis durant ces années de Quidditch à Poudlard, elle fraya un chemin à sa frêle silhouette –fort heureusement- et s’engouffra dans l’ascenseur sur l’ascenseur sur lequel son attention s’était portée. Enfin, elle y entra un peu trop rapidement. Malheureusement, si elle était bonne pour les démarrages subits au Quidditch, les atterrissages n’étaient pas son fort et emportée par son élan, elle se heurta à une personne qui, de toute évidence, avait visé le même ascenseur qu’elle ...
« Oups, désolée, je … Passez je vous en prie »
Normal. Elle était arrivée en seconde à l’ascenseur. C’était elle qui l’avait bousculée en plus. Rencontre percutante allons nous dire
Pff, c’était une véritable course chaque fois que l’on venait ici ! En plus de l’atmosphère étouffante ! Elle avait hâte d’en ressortir tiens. Se baissant pour ramasser son sac, elle se releva, puis entra à sa suite. C’était plus calme ici. Au moins on s’entendait plus facilement parler. Elle releva les yeux, rencontra le regard de l’inconnu (?) et esquissa un sourire gêné. Une seconde. Ce fut le temps que son esprit mit pour détailler son voisin d’ascenseur de la même manière qu’elle détaillait tous les gens : avec discrétion… Elle observait souvent les gens, même ceux qu'elle croisait dans la rue. Et elle notait dans son esprit tout ce qu'elle remarquait d'original ou d'unique. Habitude d’écrivain sans doute (ou pas forcément). Observatrice en tous les cas.
Un visage jeune, tout à fait avenant, un regard profond. Tout au plus, il ne semblait pas plus âgé qu’elle et curieusement, elle avait l’habitude de déterminer quel genre de métier les gens faisait rien qu’en s’attachant à leurs mains. Dans ce cas précis, des mains faites pour soigner ! Un médicomage ? Enfin, bien entendu, cela ne s’avérait pas toujours juste. Mais en tous cas, il semblait assez soigneux et … Oui bon, laissons son analyse personnelle de côté et poursuivons.
Pas douée pour les rencontres, il fallait toujours évidemment qu’elle les fasse de manière fracassante tiens ! Elle qui n’aimait pas attirer l’attention, et bien elle était servie … Elle n’était pas plus douée pour les conversations ; elle ne savait jamais que dire… En voulant éviter de dire des banalités, c’était là qu’on en disait justement … Etrange l’esprit.
« Pas facile les matins au ministère n’est-ce pas ? », dit-elle dans un éclat de rire qui s’éteignit bien vite lorsqu’elle se morigéna elle-même. Bon, au moins, c’était déjà ça, elle avait évité la météo. Alors là, bravo Isa’. Non mais je te décerne la palme des meilleurs débuts de conversations. En tous cas, c’était bien mieux qu’un silence ! Non parce que, si elle ne parlait pas énormément, le silence lui était cependant bien plus pesant parfois !
Le silence… Il y avait une seule exception à la règle et c’était lorsqu’elle écrivait. Dans ces moments-là, elle aimait le calme. Avec toutefois un fond musical approprié à ce qu’elle écrivait … Bon, je suis d’accord avec vous, avec un fond musical, ce n’était plus vraiment du calme mais bon … C’était tout de même du calme
Etrange Isa ? Oui, c’était parfois l’impression qu’elle donnait
Elle n’en demeurait pas moins attachante. Du moins selon les dires de ses amis. Et les amis ne sont-ils pas ceux qui peuvent le mieux nous décrire… ? Ceux qui nous connaissent le mieux évidemment.