Chapitre 1 : You Found Me

Dans son appartement de Londres, Moira Rose Williams ouvrit les yeux rapidement, son impatience l'ayant tirée de son sommeil. La jeune femme blonde s'étira dans ses draps avant de frapper de sa main une surface douce et chaude qui n'était nulle autre que le visage de son petit ami Nathanael Fischer dont elle était folle amoureuse depuis sa cinquième année à Poudlard.

« Oups... désolée chéri. » s'excusa-t-elle dans un éclat de rire avant d'embrasser Nathanael toujours aussi rayonnante de joie. Le jeune homme sembla épuisé – elle lui faisait le coup tellement souvent que Nathanael ne réagissait même plus – et ce fut pourquoi la sorcière se contenta de le laisser dormir en paix tandis qu'elle quittait le lit pour une journée de travail tant attendue. D'un petit pas dansant, la sorcière s'étira et se rendit directement jusqu'à la salle de bain ou elle s'enferma et prit une bonne douche afin de se réveiller un peu plus. L'eau chaude caressant sa peau, détendant tout ses muscles, mouillant ses longs cheveux blonds, Moira se mit à penser à ce qui l'attendait ce jour là. Ca faisait maintenant deux semaines qu'elle se préparait mentalement pour cette journée et maintenant qu'elle y était, elle se rendit compte à quel point elle n'était pas prête en réalité. En effet, Moira avait été nominée par Ste Mangouste pour devenir la médicomage attitrée de nulle autre que Ewan Nolan Connolly, le célèbre batteur de l'équipe de Quidditch d'Irlande, sa préférée qui plus est. Rien que d'y penser elle était excitée comme une puce, c'était une véritable opportunité mais à peine fut-elle en joie que Moira se souvint de leur toute première rencontre, oubliant alors qu'ils s'étaient connus à Poudlard.

La jeune femme était dans le hall des urgences de Ste Mangouste, cherchant quel patient traiter en premier quand les grandes portes s'ouvrirent brusquement, dévoilant alors un jeune homme au bras en sang et semblant souffrir le martyr. Il hurlait tel un ours blessé, son visage exprimait la douleur que lui inspirait sa blessure et ce fut pourquoi la médicomage, incapable de résister à une telle vision, s'empressa d'aller à sa rencontre et de prendre son cas.

« Homme, grande taille, type caucasien, souffrant d'une hémorragie au bras droit suite à un sort non identifié. Contusions et hématomes divers sur le reste du corps » annonça le médicomage qui se chargeait du transfert du patient.
« Je prends son cas. Porter, avec moi. Je veux son identité » ordonna Moira tout en poussant le brancard jusqu'à une salle sous le regard ahuri des autres personnes présentes ici. Moira était une femme pleine de douceur mais quand il s'agissait de son travail elle était capable d'une autorité sans limite.
« Mais c'est Connolly ! Le batteur de l'équipe d'Irlande ! C'est lui ! » s'écria un patient en le pointant du doigt.
« Quoi ? » échappa Moira incapable d'en croire ses oreilles. Ce fut quand elle regarda véritablement le visage de son patient pourtant couvert de sang qu'elle reconnu alors le célèbre joueur de Quidditch. « Porter ! Appelez les sorciers vigiles, je veux une sécurité optimale ! Les fans vont nous empêcher de travailler sinon ! » sans attendre de réponse, Moira se rendit alors dans un bloc et entreprit de sauver le jeune homme. Lui accordant autant d'attention que s'il était quelqu'un d'ordinaire, la médicomage ne put s'empêcher de s'inquiéter tout particulièrement pour son bras. Après tout il était batteur et si elle ne parvenait pas à le soigner, sa carrière était terminée. « Il faut arrêter l'hémorragie. Faites appeler un autre médicomage. Peu importe qui ! On est surchargés ce soir ! Appelez Hurthlake alors ! » s'emporta Moira en soupirant avant de reporter son attention sur Connolly. « Deltoïde, grand pectoral et tendon du biceps touchés. Merlin il n'a pas de chance ! Ah bien, Hurthlake vous voilà. Vérifiez qu'il n'a pas d'autres blessures plus urgentes à soigner, il va falloir sauver son bras à tout prix sinon sa carrière est terminée. Je n'ai jamais vu un truc pareil ! » s'exclama-t-elle prise soudain de panique.

Finalement, deux autres médicomages en plus vinrent les aider ce qui permit à Moira de se concentrer et de mener les opérations d'une mains de fer. Même le lendemain, alors que Connolly était hors de danger, personne n'était capable de dire quel était exactement ce sort qu'ils avaient tenté de soigner. Une sorte de maléfice inconnu, probablement expérimental. Tout ça pour dire qu'après huit heures de sortilèges, trois médicomages et un interne, le bras de Connolly était enfin sauvé. Du moins presque...

« Vous aurez besoin de rééducation. Beaucoup de rééducation. Ce sera même douloureux mais après un temps d'effort, votre bras sera remit. Si vous ne faites pas les exercices nécessaires, la cicatrisation peut être mauvaise et vous empêcher de jouer pour toujours. Aucun de nous ici ne le souhaite monsieur Connolly. »

Moira sorti sa baguette et sécha ses longs cheveux blonds et raides tout en regardant son reflet dans le miroir plein de vapeur. Finalement, le joueur de Quidditch s'était montré opaque à toute forme de travail et de volonté de rétablissement. La sorcière ne comprit pas pourquoi il refusait d'aller mieux. Certes la rééducation était douloureuse mais ça ne durerait pas tout une vie, pas comme le fait d'avoir pleinement abandonné son rêve... Moira soupira et regarda à nouveau son visage. De grands yeux verts et pétillants, un sourire à en décrocher la mâchoire mais aussi les cœurs, la jeune femme était très certainement ravissante. Voire magnifique. Après une petite moue, la médicomage leva sa baguette et la dirigea vers ses cheveux qu'elle changea d'un sortilège de métamorphose. Soudain sa longue chevelure blonde devint couleur chocolat, courte et bouclée. Ravie du résultat, la jeune femme sourit, dévoilant de ravissantes fossettes joyeuses. Habillée, la sorcière retourna rapidement dans sa chambre embrasser une dernière fois l'homme de sa vie encore endormi – ce qui était rare étant donné sa fonction – et quitta son appartement en refermant la porte tout doucement derrière elle.

Comté de Somerset. Moira respira une bouffée d'air frais et observa le paysage environnant avec un grand sourire, comme toujours. L'endroit était magnifique c'était certain. Étrangement, étant donné la vie que menait le joueur de Quidditch, surtout depuis la coupe, Moira s'était attendue à ce qu'il vive en plein Londres ou Dublin, traînant dans les clubs tous les soirs mais non, c'était dans cette ravissante maison familiale qu'il passait ses journées. La sorcière jeta un coup d'oeil au lac. La vue était magnifique même avec ce ciel gris. C'était une vision agréable qui pourtant, bien qu'elle la trouve jolie, eu le don de mettre la jeune femme mal à l'aise. Moira avait une peur bleue de l'eau, ce fut pourquoi, depuis le jour où elle avait manqué de se noyer il y a des années – Nathanael l'avait sauvée – la jeune femme ne prenait même plus de bain, ne supportant pas la sensation. Rejoignant la ravissante demeure, Moira tenta de se calmer. Certes c'était Ewan Connolly, LE Ewan Connolly mais il était un patient comme les autres. A peine eu-t-elle pensé ainsi que Moira eu un sourire septique. Non, il était évident qu'il n'était pas un patient comme les autres, car les autres s'ils refusaient leurs soins n'avaient pas de médicomage personnelle. Pourquoi Connolly ? Parce qu'il était riche et célèbre mais surtout que si la presse découvrait que Moira Rose Williams, sa médicomage n'avait pas été capable de sauver son célèbre bras droit qui avait fait des miracles lors de la coupe du monde de Quidditch, sa carrière mais aussi la réputation de Ste Mangouste serait dangereusement entachées. Pas d'autre solution, Connolly devait retourner sur le terrain au plus vite ou ne montrer ne serait-ce que quelques signes de progression.

La maison semblait déserte. Les volets étaient fermés, il n'y avait aucun signe de vie et Moira vit que la plupart des journaux de ces derniers jours étaient encore devant la porte. C'était comme si le joueur était venu en prendre un jour sur deux. La sorcière prit le courrier important dans la boîte aux lettres afin de le donner au jeune homme. Peut être n'était-il pas ici ? Mais l'entraîneur de l'équipe avait certifié que c'était pourtant bel et bien le cas. Dans le doute, Moira resta derrière la porte, n'osant pas frapper, espérant malgré elle qu'il ne soit pas là. Rencontrer Connolly dans l'enceinte de Ste Mangouste était une chose, elle portait sa blouse, elle était médicomage, mais être face à l'un de ses joueurs préférés dans sa maison avait quelque chose de relativement intimidant. La sorcière châtain fronça les sourcils quand elle entendit une voix crier quelque part dans la maison. Une dispute ? Une beuglante ? Elle mit encore quelques longues minutes à se décider, luttant avec elle même pour ne pas tourner les talons. Non, ce jeune homme avait besoin d'elle, il souffrait et refusait de se soigner, c'était impossible pour la sorcière de le laisser ainsi, seul. Redressant les épaules et le nez, Moira soupira avec force pour se donner du courage et frappa à la porte avec fermeté, se faisant mal aux phalanges à cause du froid. Quand la porte s'ouvrit Moira senti son cœur s'arrêter de battre et malgré elle, la jeune femme ne put s'empêcher de ne voir en lui que le célèbre joueur de Quidditch l'espace de quelques secondes. La bouche grande ouverte, Moira ne sut plus si elle devait dire « Je vous adore ! » ou « Je suis ici pour vous soigner ».

« Désolé, je ne signe plus d’au…. » dit Connolly d'une voix légèrement grognon avant de s'arrêter dans son geste. Moira ouvrit un peu plus la bouche prenant une respiration mais c'était trop tard, la porte était déjà refermée. Figée sur place, la sorcière cligna bêtement des yeux, comprenant alors ce qui venait de se passer. Insultée, incapable de savoir comment agir dans de telles circonstances – c'est quoi ! La plupart des gens veulent aller mieux en général ! - Moira resta immobile. La porte s'ouvrit à nouveau. La sorcière prit encore une fois une grande inspiration et ouvrit la bouche pour parler mais le joueur de Quidditch prit la parole en premier, son visage étant légèrement dans l'obscurité. « Au cas où vous ne l’auriez pas comprit, vous êtes invitée à dégager de ma propriété. Inutile de revenir, il est absolument HORS DE QUESTION que je vous laisse approcher vous et vos potions à la con. » Puis il referma la porte à nouveau sans ménagement.

Debout comme une idiote, Moira regarda la porte sans bouger. C'était la meilleure. La médicomage aurait put continuer à tambouriner, à essayer de le raisonner mais il était clair que le joueur n'allait pas la laisser entrer aussi facilement. Les sourcils froncés, la jeune femme remit son sac à main sur son épaule et d'un pas conquérant fit le tour de la maison, cherchant par où entrer. Le cœur battant à tout rompre, elle eu l'impression d'être une sorte de cambrioleur et elle se demanda alors si Connolly était en droit d'appeler la police pour tentative d'effraction. Après tout la médicomage ne faisait que de tenter de faire son travail. Était-ce sa faute si alors Connolly lui compliquait la vie ? Arrivée vers une imposante porte fenêtre blanche, Moira reconnu ce qui semblait être le salon mais tout était si sombre à l'intérieur, le nez collé à la vitre elle ne pouvait pas mieux voir. Tout ce dont elle était certaine fut qu'il y avait un certain désordre. N'avait-il pas de femme de ménage ? A moins que le joueur blessé ne refuse sa présence également... Moira sorti sa baguette et d'un sortilège elle ouvrit la grande porte, entrant ainsi pour la première fois dans la résidence. Les deux premiers pas furent intimidants mais le reste fut carrément angoissant quand elle alluma toutes les lumières et vit l'état dans lequel se trouvait le salon. Ou le foutoir même ! La bouche à nouveau grande ouverte, Moira observa ce spectacle de désolation qui s'offrait à elle. La sorcière progressait parmi les objets cassés et manqua de trébucher sur ce qui semblait être le haut d'une coupe brisée. A certains endroits le papier était déchiré, les meubles brisés. Presque immédiatement, Moira eu l'impression d'être dans la maison de la Bête dans le conte de la Belle et la Bête. Cet homme brisé et souffrant. Connolly était visiblement en colère, plein de rage, de haine même. C'était évident, terrifiant mais terriblement douloureux à voir. Tous ces objets brisés étaient un appel au secours, un appel que le jeune homme voulait étouffer pour une raison ou pour une autre. Moira mit ses mains sur sa bouche quand elle reconnu alors des traces de sang sur le mur qui avait visiblement été frappé sans ménagement. Touchant la surface de ses petites mains fraîches, la jeune femme retint son souffle, incapable d'imaginer quelle souffrance pouvait être assez forte pour pousser un homme à en créer de nouvelles pour étouffer la première. Soudain elle entendit un bruit la surprenant.

« Merlin ! Connolly, vous m'avez fait peur ! » s'exclama Moira en se redressant brusquement la main sur le cœur, oubliant visiblement que l'intrus ici, c'était elle. « S'il vous plait attendez ! » s'empressa-t-elle d'ajouter les mains en avant tout en s'approchant du jeune homme tout en sautillant, passant par dessus les débris qui jonchaient dangereusement le sol un peu partout. Ce fut uniquement lorsqu'elle se trouva à environ deux mètres de lui que Moira réalisa que le joueur était torse nu. Rougissant légèrement, la jeune femme détourna le regard et porta son attention sur le visage du jeune homme. Il était beau. Vraiment très beau. Il avait l'air d'un dur légèrement inquiétant. Il était clair qu'en le voyant ainsi avec ses cicatrices, son expression grognon la bagarre dans le bar n'était pas partie de rien. Peut être s'en voulait-il ? Aucune idée. En tout cas Moira avait conscience que temps qu'elle ne saurait pas pourquoi il refusait de se soigner, elle ne pourrait pas le pousser à le f aire. « Moira Rose Williams. Appelez moi Moira. Nous nous sommes déjà rencontrés à Ste Mangouste, je suis la médicomage qui était chargée de votre... votre cas. Je suis ici pour m'assurer que vous exécutiez bien votre rééducation monsieur Connolly. » cependant alors que le jeune homme sembla refuser d'entendre raison, la sorcière se mit à insister un peu plus. « Monsieur Connolly ! Savez vous que si vous ne faites pas votre rééducation convenablement vous pouvez dire adieu à votre carrière ?! Votre... » elle fit apparaître un dossier d'un coup de baguette qu'elle ouvrit tout en lisant à voix haute. « Deltoïde, grand pectoral et tendon du biceps ont été atteints par le sort ! C'est écrit ici ! » s'exclama-t-elle en secouant le dossier sous le nez du jeune homme comme si ce simple fait allait le ramener à la raison. « Comprenez vous ce que cela signifie ? Avec de tels muscles blessés vous perdez environ 40% de votre force et de votre précision. Ces 40% font la différence entre un grand joueur international qui a gagné la coupe du monde et un joueur digne de Poudlard ! » s'exclama-t-elle en le pointant du doigt les yeux plissés comme si elle était son entraîneur et non son médicomage. C'était peut être ça le problème, tout le monde traitait Connolly comme s'il était un joueur mondial avant tout et non un humain qui souffrait. Même Moira qui s'était jurée de ne pas faire cette erreur mettait totalement les pieds dans le plat...

Moira s'adressait à un mur. Ewan refusait de l'écouter, il était totalement refermé sur lui même. La jeune médicomage pensait que la situation ne pouvait être pire alors que les feuilles fournissant son dossier s'envolaient un peu partout dans la pièce, frappé par la forte main du joueur. Elle avait peur, elle était inquiète pour sa propre sécurité, tout lui indiquait qu'il fallait qu'elle cesse, qu'elle abandonne mais de tout son être, Moira se refusa de baisser les bras après une seule tentative. Ewan méritait qu'on le sauve, et sauver les gens, c'était ce qu'elle faisait de mieux. Les mots médicaux, les mises en gardes avaient été dites et pourtant tout cela ne semblait avoir aucun sens. Ils étaient comme deux personnes ne parlant pas la même langue. Le jeune homme la domina de toute sa hauteur d'un regard puissant et redoutable. Une fois de plus, la sorcière l'identifia à un ours sauvage. « Écoutez-moi bien, Williams. » Il refusait de l'appeler par son prénom, ce qui prouvait à quel point il ne voulait rien d'elle. La distance était mise et le ton le confirmait que durement. « Vous n‘avez absolument pas la moindre idée de ce qui fait un Joueur de Quidditch. » « En fait j'ai... » commença-t-elle mais Ewan reprit la parole bien vite, ne semblant pas être d'humeur à écouter quoi que ce soit. Bavarde, c'était l'un de ses sacrés défauts à Moira. « Ne me parlez pas de ce que je perds à cause de cette… blessure. Ce ne sont pas seulement 40% de force et de précision qui se sont envolés. »

Sa voix était calme, comme avant une tempête. Plantée comme une idiote au milieu du salon ravagé, Moira le regarda se diriger vers la porte pensant bêtement qu'il partirait. Évidemment, il la voulait dehors. « Allez oust, dehors. » Le ton était presque débile. Enfantine et ne se doutant pas de ce qui allait suivre, la sorcière adopta un air provocateur, croisa les bras sur sa poitrine et dit le nez en l'air « Et si je décide de rester vous allez faire quoi ? Me foutre à la porte ? Ah ah ! J'aimerais bien vous y voir ! Mmpf ! » finit-elle persuadé que l'un des plus grands joueurs de Quidditch que la Grande Bretagne ait jamais connu allait se gêner. Ewan s'approcha et la saisit brusquement. « M-Mais qu'est-ce que vous faites ?! Lâchez moi gros balourd ! Ah bah oui forcément c'est malin ! » hurlat-elle soulevée par un bras et ses pieds ne touchant plus le sol par moments tant Ewan était fort. Une partie d'elle – la fan girl pour être précise – hurlait au fantasme à cet instant. « Vous ne vous débarrasserez pas de moi comme ça ! Argh ! Ugh ! » s'écria-t-elle en tentant de se libérer de sa prise. Quand elle réussi, la malheureuse termina sur des bris de glace qui transpercèrent son jean. Malgré elle, elle poussa cri plus de surprise que de mal mais Ewan sembla se décomposer à la vue de la jeune femme blessée. « Quelle maladroite je fais... » marmonna-t-elle en observant sa plaie sur la jambe et ses mains sur lesquelles elle s'était rattrapée. « Excusez-moi ! » s'écria l'ours. Sur les fesses, Moira ne leva les yeux que lorsqu'il fut proche d'elle pour voir sa blessure. Son petit genoux osseux était jonché de bris de verres. Le jeune homme poussa ses petites mains délicates de médicomage pour mieux voir, comme s'il s'y connaissait mieux. Voir ses deux paluches immenses agir de manière si délicate la prit de court un quart de seconde. Moira cligna des yeux et se reprit. « Hum. C'est rien » menti-t-elle. Les bris étaient dans l'os et elle souffrait. Mais l'ombre sourde qui passait sur le visage du joueur la prit de pitié. Ewan ressemblait à un ours mais elle fut certaine qu'il y avait plus à voir. Peut être qu'en insistant un peu plus... « Pour ce qui est de la rééducation... » commença-t-elle à peine avant que Ewan les redresse tout les deux et lui tourne le dos à nouveau. Un mur.

« Repartez à Ste Mangouste. Et faites vous soigner par la même occasion. » dit-il calmement. Il la repoussait à nouveau et honnêtement, Moira n'y était pas habituée. Sans grande prétention, les gens l'aimaient en général. Personne ne s'était montré aussi cruel sauf par jalousie. Les épaules de la sorcière s’affaissèrent malgré elle. L'échec était cuisant, elle avait beau se mentir en se disant qu'elle avait une chance, son corps admettait, lui. « Vous pouvez marcher ? » demanda-t-il finalement. Le visage alors si joyeux et innocent de la jeune femme d’assombri. Les sourcils froncés, la voix aussi dure que Ewan lui même, Moira traversa la pièce avec une étrange assurance, évitant tout débris et dit avec dureté « Ne vous inquiétez pas, le message est clair. Pas besoin de me casser une jambe pour ça. Je m'en vais. » La sorcière voulu pour un effet de style le bousculer par l'épaule en passant devant lui mais il était si fort et grand qu'au final elle rebondit contre son bras musclé pour se cogner contre l’entrebâillement de la porte. Les joues rouge tomate, elle lui jeta un dernier regard qu'elle voulait agressif mais il fallait l'admettre, elle avait raté sa sortie. Bouse de dragon ! « Connolly. » dit-elle en guise de salut pour essayer de rattraper le coup. La sorcière fit quelques pas jusqu'au devant la propriété, les yeux rivés sur le lac qui lui faisait face. Magnifique endroit. Dommage qu'elle n'y revienne plus jamais. Alors qu'elle tournait sur elle même pour transplaner, la porte d'entrée était, elle, déjà fermée.




Moira buvait lentement sa tasse de thé figée devant l'immense fenêtre de cette vielle maison. Les vitres étaient sales, comme si personne n'habitait vraiment ici. Elle se demanda si un Elfe avait un jour travaillé là ou s'il avait prit la fuite des années de ça. La fumée s'échappant de la tasse créait une délicate buée sur la vitre. La main enroulée dans son gros pull, Moira essuya et observa la vue. Le lac était ici, si sombre et bleuté. Si paisible et redoutable à la fois. Elle avait autant peur qu'envie d'y aller. Ce sentiment contradictoire lui inspirait un souvenir ressent. Ewan. A cette pensée, la sorcière soupira avec force, son corps entier suivant le mouvement. Une couverture sur les épaules tant la maison était froide et non chauffée, elle se tourna vers le canapé d'où un bruit sourd s'échappait. Le joueur de Quidditch était affalé là, ronflant. La médicomage n'en était pas dérangée, elle se doutait qu'avec tout les coups de Cognards qu'il avait du recevoir dans sa vie, sa cavité nasale avait forcément été endommagée. Et le connaissant depuis seulement quelques jours, il était évident qu'il n'avait jamais prit le temps de se soigner. Il ronfla et se retourna brusquement, tel l'ours qu'il semblait être. Moira eu un sourire triste. Comment un homme pouvait être brisé à ce point ? Il était près de six heures du matin et elle se retrouvait dans le salon du célèbre joueur de Quidditch. Posé sur le rebord de la fenêtre attendait une lettre écrite par la sorcière, à l'adresse de son petit ami. Quand la chouette arriva enfin, la sorcière reposa sa tasse sur le seul meuble encore non détruit et ouvrit à l'animal afin de lui donner le courrier. Nathanael lirait ces mots :

« Mon ange,

Je suis désolée de t'avoir inquiété ainsi. Heureusement que Plume peut me retrouver partout. Alors que j'avais eu l'intention d'abandonner le cas Connolly pas plus tard que hier, le jour de notre rencontre, le pauvre homme s'est enivré au point de causer des troubles sur la voie publique. Il s'est battu, blessé et a attaqué quelques passants. Je suis tombée sur lui à Ste Mangouste alors que j'écrivais ma lettre de démission afin de retrouver mon statu original de médicomage. Heureusement pour lui que je suis arrivée la première. La presse était partout en train de le harceler. Il était totalement ivre et enragé. Impossible de le calmer. Je ne te dirai pas comment j'ai fait pour, car je n'en suis pas fière, mais je l'ai agrippé et j'ai transplané chez lui. Il va bien et moi aussi. J'ai prit ma décision. Je ne l'abandonnerai pas. Je veux me battre pour lui, il le mérite.

Je t'aime, Moira. »

L'oiseau parti, la sorcière saisit de nouveau sa tasse et une chaise pas trop cassée afin de s'asseoir face au jeune homme qui dormait lourdement. Qu'allait-elle faire de lui ? Il n'était pas qu'une célébrité mondiale et un joueur, il était un homme avec des craintes, des peines qu'elle avait négligé en le considérant uniquement comme un bras cassé. Pour soigner la blessure physique de Ewan elle devrait soigner son âme. Peu importe le temps que cela prendra, maintenant qu'elle l'avait trouvé, elle ne le laisserait plus partir. Pas dans cet état, pas quand sa tristesse qui repousse tant de gens ne signifie qu'une chose : il a besoin de quelqu'un. N'importe qui, mais une présence qui le comprenne. Moira n'avait aucune idée de par quoi il était passé mais elle ferait tout en son pouvoir pour le soulager et tenter d'imaginer ce qu'une telle blessure pouvait signifier. Les minutes s'écoulèrent longuement, le ciel et le lac s'éclaircissaient au fur et à mesure que le soleil se levait sur cet endroit pourtant magnifique. Le sort endormant qu'elle lui avait jeté allait bientôt cesser d'agir. Il fallait qu'elle trouve les mots vite, qu'elle sache comment le convaincre de la garder près d'elle. C'était désormais une affaire personnelle.