Jev S. Kambrynski

Ils avaient rompu depuis des mois et le temps était resté au beau fixe entre nous tous lorsque Marcie eut envie de fêter son dix-septième anniversaire d'une façon un peu... particulière. C'était pendant les vacances. J'ai reçu un hibou d'elle qui m'invitait à passer la soirée chez elle. Elle mentionnait le fait que ses parents seraient sortis. Je pensais qu'elle avait organisé une fête avec la moitié de l'école parce que Marcie ne manquait pas d'amis, mais non. Quand je suis arrivé chez elle, certes un peu à la bourre, il n'y avait que Hendel. Nous avons échangé un long regard sans comprendre ce qui se passait. Marcie nous a emmené dans sa chambre et elle a commencé à retirer lentement ses vêtements. Hendel a du réaliser plus vite que moi car il a immédiatement tourné les talons pour ficher le camp. Marcie l'a rattrapé par la main et l'a forcé à revenir. Je n'arrête pas de me dire qu'on aurait pu partir si on l'avait réellement souhaité. Le fait est que nous sommes restés...
Elle a passé ses bras autour de mon cou pour venir m'embrasser et a fait la même chose avec Hendel quelques secondes après. Marcie était vraiment très jolie. Elle le savait. Elle nous avait choisi. Ou plutôt, elle n'avait pas choisi entre nous deux visiblement. Comme si une force mystérieuse m'y poussait, j'ai posé mes mains sur sa taille pendant qu'elle embrassait mon ami et je les ai regardé. Je ne me sentais même pas honteux. Je n'étais pas gêné. Marcie a fini par se dégager de mon étreinte et a passé un bras dans le dos d'Hendel et un autre dans le mien avant d'exercer une pression pour nous faire se rapprocher l'un de l'autre. Il faisait nuit et la lumière était éteinte dans la chambre. Malgré cela, je le voyais un peu grâce aux lumières des lampadaires de la rue. Ses lèvres étaient légèrement entrouvertes et il le sentait trembloter. J'ai tourné la tête vers Marcie et elle m'a sourit avec malice. Je sentais qu'elle comptait se délecter de ce moment. C'est moi qui ai embrassé Hendel le premier. Lui ne bougeait pas d'un pouce. Je pensais que ça n'avait pas d'importance. Je l'ai débarrassé de son t-shirt alors que Marcie m'ôtait le mieux. Nous nous sommes docilement laissé faire.
Marcie a ensuite pris Hendel par les épaules et l'a fait reculé jusqu'au lit où elle est parvenue à le faire s'allonger. Elle a grimpé sur lui, en sous-vêtements affriolants, et a commencé à défaire sa boucle de ceinture. Avant de tirer dessus pour lui retirer, elle s'est tournée vers moi. J'étais toujours debout devant le lit et je commençais à m'enflammer. Je pense qu'elle prenait les initiatives avec Hendel plutôt qu'avec moi parce qu'elle savait qu'elle n'aurait pas à me forcer. Si elle m'avait plaqué sur le lit à sa place, Hendel en aurait profité pour filer, c'était sûr. Moi... je les ai rejoints.

C'était l'une des expériences les plus sensationnelles de ma vie ! Les caresses de Marcie me faisaient du bien mais celles d'Hendel - accidentelles au départ - me donnaient vraiment du plaisir. Avec un P majuscule. Les minutes passèrent et puis, soudain, c'est lui m'embrassa. Je sentis sa langue plus rugueuse que celle de notre amie franchir la barrière de mes lèvres et j'eus toutes les peines du monde à ne pas arrêter mon pelotage de Marcie pour me jeter au cou de mon camarade. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Pourquoi avais-je cette soif de lui alors que je venais de passer sept ans sur le même banc sans rien ressentir d'autres qu'une amitié tout ce qu'il y avait de plus platonique ?
Cette nuit-là, je passai vraiment LA nuit magique. Quand je me réveillai le matin, Marcie était pelotonnée contre mon flanc. De l'autre coté, Hendel dormait sur mon épaule, une main abandonnée sur moi à la hauteur du nombril. Mon coeur s'énerva, battant à me rompre les tympans et rien ne fut plus jamais pareil. Je ne pouvais plus le regarder avec la même innocence. J'avais honte de ce que je ressentais et en même temps honte de me l'être toujours caché, parce qu'il était évident que ce désir n'était pas né cette nuit.

J'ai eu le malheur de me rendormir et quand je me suis éveillé bien plus tard, Hendel n'était plus là. Je crus une seconde avoir fantasmé mais je voyais toujours sa ceinture qui dépassait de sous la commode où elle avait atterri après que Marcie l'ait lancé.
Je n'eus pas de nouvelles de lui de toutes les vacances.

A la rentrée, je l'ai retrouvé à Poudlard. Je l'ai salué l'air de rien. Il m'a rendu mon salut mais était visiblement tendu. Nous avons essayé de faire comme s'il ne s'était rien passé mais à chaque fois que nos mains s'effleuraient pour prendre un livre ou quoi que ce soit, Hendel se dégageait d'un geste vif, comme si je l'avais piqué.
Un matin, je l'ai rattrapé dans un couloir pour lui dire que je voulais discuter avec lui de notre nuit avec Marcie, pensant qu'une fois cela fait le malaise se dissiperait de lui-même. En réalité, je n'avais aucune idée de ce que j'allais lui raconter. J'avais l'intime certitude qu'il ne voudrait pas entendre la vérité, qu'il ne voudrait pas entendre que... j'étais peut-être amoureux de lui.

Alors que je le poursuivais dans la cour du château pour essayer de conclure un rendez-vous pour en discuter, Hendel se dirigea droit sur Marcie, entourée d'un petit groupe de filles. Il attrapa son coude et la força à se retourner vers lui avant de prendre ses lèvres d'assaut. C'était vraiment inhabituel de sa part cette impulsivité et malgré le coup bas que cela représenta pour moi, je me rappelle sur le moment que la seule pensée qui avait atteint ma conscience était irrémédiablement : Marcie est une chanceuse.
Et puis, là, devant la moitié des élèves de notre Maison, il lui avait demandé de ressortir avec lui.

Exit Wounds - The Script

My hands are cold, my body's numb
I'm still in shock what have you done
My head is poundin, my vision's blur
Your mouth is moving, I don't hear a word

And it hurts so bad that I search my skin
For the entry point, where love went in
And ricocheted and bounced around
And left a hole when you walked out yeah

Ça fait maintenant deux semaines qu'ils sont ensemble et que nous ne nous adressons plus la part. J'ai échangé ma place en cours à coté de lui contre une autre au fond de la classe. Nos camarades croient que nous sommes fâchés parce que j'étais toujours amoureux de Marcie. Les imbéciles...

Je n'arrive toujours pas à croire que Hendel ait pu me faire une chose pareille. Tout ce que je demandais c'était une petite discussion ; je n'allais pas le demander en mariage non plus ! De quoi avait-il eu si peur ?
Quelque soit la raison, elle m'avait fait perdre mon meilleur ami et c'était très difficile. Trop difficile.