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 Lendemains

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MessageSujet: Lendemains   Lendemains EmptyDim 11 Juil - 23:16

Petit résumé pour bien comprendre le tout :

Après pas mal de mal entendus et un quiproquo diabolique, Sam et Andrei essayent de remettre leur vie en ordre. Recommencer de zéro en oubliant le passé. Entreprise difficile. Mais le mal était fait. Si bien elle aime son mari, Sam ne peut pas faire abstraction de ce qu’elle sent pour Justin. Andrei a des soupçons et quelques preuves mais n’ose ou ne veut pas y croire tout à fait. Il adore Sam même s’il l’a trompée, sans aucun remords avec Nate, la femme de Justin.
De leur côté, les Davenport essayent de remettre les pendules à l’heure, avec un succès approximatif. Justin n’ayant rien trouvé de mieux que se feindre amnésique, il se met en tête de reconquérir sa volage de femme. Si au début il avait des soupçons, ceux là se sont rapidement mués en certitude. Il sait que Nate l’a joyeusement trompé avec Andrei .Mais le brave homme n’est pas au bout de ses peines, il lutte contre le remords d’avoir lui aussi trompé sa femme (comme quoi, tout le monde trompe tout le monde…mais lui, il a des principes !)même si cela n’a été qu’une seule et unique fois…avec Sam . Débat avec sa conscience, résultat : il aime la blonde épouse de son rival le plus acharné…

On arrive en plein concours gastronomique. Justin et Sam y prennent part…Ils viennent de se retrouver pour la première fois depuis le séjour de Justin au Cap…

...

Tout se déroulait comme dans un rêve. Sam avait fait ses préparations presque sans en être consciente. Gestes précis, posés. Résultat d’une longue pratique et aussi de faire abstraction de tout ce qui l’entourait. Oublier que Justin était là. Qu’Andrei était là. Et la rouquine endiablée aussi, sans aucun doute, elle le pressentait.

Être parmi les six élus ne la surprit pas le moins du monde. Blasée ? Non. Pas le moins du monde. Elle savait avoir le talent nécessaire, c’est tout ! On échangeait des gratulations, les unes sincères, d’autres pas autant mais enfin…qu’est ce que cela pouvait bien faire. Sam sentit son cœur se lance dans une ronde affolée. Justin venait vers elle…ou elle allait vers lui ?

Sam… J’ai été surpris de te voir là…

Et moi donc…je ne m’y serais jamais attendue…

Il avait l’air nerveux. Gêné ? Pas plus qu’elle. Mais le revoir, lui parler la rendait vraiment heureuse.

Faut que l’on se parle absolument. On n’a pas beaucoup de temps logiquement mais :Tempus Frigera.

Dieu…ce que tu peux être pratique, assura t’elle en souriant, le cœur en joie.

Son étreinte ne la surprit pas, elle la désirait autant que lui. Que cela fit du bien, ces très brefs instants dans ses bras !


Tu me manques à chaque instant même si je sais que c’est illusoire…

Justin…

On ne va pas revenir là-dessus, je te le promets. Avec Nate on est dans une sorte de compromis…

C’était à prévoir. Tout compte fait…quoi de plus normal qu’essayer de recoller les bris de sa vie…de leurs vies ?

Vous vous êtes réconciliés ? C’est merveilleux, mais elle avait presque envie de pleurer.

Réconciliés ? On peut dire ça. J’aimerais que ce soit vrai… m’enfin. Et toi, ça va ?

Soupir.

On peut dire que oui. On a parlé…Je lui ai raconté…pour le bébé…Il semblerait qu’il…a compris et accepté. Tu sais…on essaye de reprendre nos vies. D’être heureux. On s’aime, c’est sûr…mais ce ne sera jamais comme avant…Il a changé, je l’ai fait aussi…mais qui sait ? Avec un effort…peut être…

Elle ne voulait sonner ni amère ni désenchantée. C’était tout juste la réalité. Entre elle et Andrei s’était perdu quelque chose d’indéfinissable.

Et Justin de faire l’aveu le plus inespéré.

Je sais que ce que je vais te dire est farfelu mais… en principe j’ai perdu la mémoire sur bien des choses… les plus dérangeantes comme… comme toi et Andreï. Ne me demande pas de détails maintenant. Seulement, il faut impérativement jouer le jeu, tu piges ? Je dois faire semblant de ne pas vous connaître. C’est pour ça que je ne t’ai pas encore saluée, et même évitée.

Elle suivit attentivement ses explications sans pouvoir s’empêcher de sourire, amusée.

Cela ressemblait trop à M. Bon Sens pour s’y méprendre. Pratique et adorable, il se jouait le tout pour le tout et pourquoi ? Pour Nate ?

Aussi, si nous avons l’occasion, et elle ne ratera pas car je connais nos époux, de nous rencontrer, ne te vexe pas si j’ai l’air à côté de la plaque. Je te saurai gré d’éviter les questions pièges. Je fais ça pour essayer le tirer Andreï de la tête de Nate.

Bien sûr que c’était pour sa folle rouquine qu’il aimait envers et contre tout. Si seulement elle l’avait mérité. Mais enfin…

Aide-moi, s’il te plaît à retrouver une vie normale si… Si tu m’aimes... un peu…

Elle lui flatta doucement la joue en souriant.

Bien sûr que oui…je t’aime…compte sur moi…

Il lui effleurait la bouche d’un baiser. Sam frissonna de plus belle mais déjà ils s’écartaient, échangeant un clin d’œil complice. Il mit fin au sortilège et chacun s’en alla de son côté.

Trouver Andrei l’attendant à la sortie des vestiaires ne l’étonna pas. Il semblait ravi de ses exploits…mais pas seulement de cela, Sam n’en fut pas dupe et se le vit confirmer à l’instant près.


J’ai rencontré Nate dans le public. Un dîner à quatre ça te dit ?

Elle ne put éviter d’arquer un sourcil, surprise. On ne pouvait pas dire que son mari essayait de dissimuler son enthousiasme. Cela le ravissait donc tant de la retrouver, la rousse ? En toute évidence, oui.

*Mais ce n’est pas seulement ça, je parie…Monsieur veut voir comment tu réagis face à Justin !*

Ma foi, pourquoi pas ?...Si ça te fait plaisir…

Ils semblaient même s’être mis d’accord sur le restaurant, au préalable. Sam se garda sa remarque et se força à sourire.

Bonsoir, Nate…cela faisait longtemps ! Bonsoir, Justin .

Sans plus. Aucune effusivité. Personne n’allait jouer la comédie de la joie des retrouvailles, là. Ils étaient faux, soit…mais pas bêtes.

Andrei la retenait contre lui, possessif en s’adressant à Davenport avec un large sourire.

Salut ! Ça m’a fait un choc de te voir sur scène. Bravo en tout cas !

*Je pense plutôt que le choc a été retrouver sa femme…un très agréable choc, dirais je !*

Pourquoi Andrei insista t’il presque à la faire s’asseoir à côté de Justin alors que lui-même prenait place près de Nate, qui semblait énervée mais pas moins ravie pour ça.

Justin était nerveux. Elle aussi. Personne ne la ferait démordre de la sensation d’être mise à l’étude, là. Sous ses dehors d’affabilité charmante, Andrei était aux aguets. Elle le connaissait trop bien pour s’y méprendre. Il suivait tous les faits, gestes et paroles de Justin, avec morbide délectation, comme s’il attendait de le prendre en faute au moindre doute ou écart.

On parla de tout et de rien. Comme les bons amis qui se retrouvent et sont contents d’être ensemble. Justin jouait son amnésie avec émouvante conviction.

Ah ! Vous… Tu tiens un restaurant au Cap ?

Petit sourire de circonstance.

Oui. Un gentil petit restaurant…le No Sense…

Pardonne-moi, j’ai des trous.

Ne t’en fais pas…ce n’est pas grave. On peut très bien comprendre que tu sois un peu perdu…Les chutes de cheval sont traîtres…Pourtant cela m’étonne de toi, tu es un excellent écuyer…Oui, nous avons pratiqué un peu d’équitation quand j’ai été à La Folie…il y a longtemps…

Tiens les deux autres semblaient très pris dans leur conversation, à eux…Conversation ?

À la mine de chat alléché de son mari et à celle…frissonnante de Nate, Sam jura qu’ils ne se contentaient pas de parler. Quel toupet incroyable.

Tu étais mon contrôleur fiscal ? Comment j’ai pu oublier ça, excuse-moi…

Elle esquissa un petit sourire passe partout.

C’est allé sans mal…ta comptabilité est impeccable…

Quelle comédie stupide. Ils se comprenaient d’un regard. Sam sut que Justin non plus, n’était pas dupe quant au petit jeu de leurs voisins de table. Il semblait décomposé et quitta la table avec précipitation.

Justin s’est juste trouvé un peu mal, pas la peine de t’affoler pour autant, Nate !, dit Sam, acide, en la voyant rester si tranquille.

Elle prit sa coupe de vin d’un geste assez brusque, tout en décochant à son mari un regard pointu.

Et toi, Nate…comme t’accommodes tu à l’état de ton mari ?...Ce doit quand même être…inquiétant de pallier une situation pareille…quoique, cela peut se révéler assez accommodant, si on y pense bien.

Le couple face à elle la regardait, pris un peu de court par la virulence de ses mots…mais surtout par son expression fermée.

Pas la peine de me regarder comme ça…Nous savons parfaitement de quoi je parle, n’est ce pas ? Nous sommes tous assez grands comme pour nous épargner le petit jeu de l’innocence outragée…seulement que je trouve d’assez mauvais goût de repasser vos gentils souvenirs de voyage face à Justin qui n’en a pas la moindre idée…à mon avis…ça peut le bouleverser encore plus !

Qu’ils le prennent comme ils le voudraient. Justin revenait et vu sa tête, il ne se sentait pas du tout d’aplomb de poursuivre ce jeu cruel.

Ça va mieux ?, s’enquit Sam, doucement, tu es pâle…

Tant pis si Andrei pinçait la bouche et lui coulait un regard rageur. Nate eut, tout de même, la bonne grâce de lui demander ce qu’il avait.

Ce n’est rien… Manger à cette heure après avoir trimé sous les spots…

Tu as raison, ce n’est pas la joie.

Je ne sais pas comment tu fais Sam mais moi je suis claqué. N’oublie pas que l’on doit être au studio à 5 heures. Nate chérie, si tu veux continuer, je t’en prie reste. Je connais le chemin de l’hôtel. Bonne soirée vous deux, on se revoit demain.

Le tout débité très vite sans donner aux autres le temps de riposter et avant qu’ils n’y songent, ce cher homme avait fait demi tour et quittait le restaurant comme s’il avait le diable à ses trousses. Sam prit une profonde inspiration et dévisagea ses interlocuteurs, encore assez interdits par cette sortie intempestive. Elle prit sa coupe de vin et en but un peu puis la reposa en déclarant, tranquillement :

Peut être devrais je faire la même chose…après tout comme l’a dit Justin, demain cela commence de très bon matin. Vous avez encore tant de quoi bavarder…

Elle se leva et écarta sa chaise.

Je transplane à la maison, chéri…Gerry voudra encore que je lui raconte ma journée. Bonne fin de soirée.

Prenant son sac, elle fit demi-tour et se dirigea vers la porte. Son cœur battait la chamade. La colère lui battait les tempes. Une fois dehors, elle tourna la tête à droite et à gauche, pour chercher un coin isolé d’où disparaître sans être trop évidente mais il y avait un monde fou déambulant par là. Faudrait se diriger vers quelque ruelle moins fréquentée. Elle n’avait pas fait dix pas qu’on la prenait du bras, la retenant. Elle aurait pu lui faire une clé de défense mais préféra se dégager, sans violence.

Laisse moi, Andrei…je ne suis pas d’humeur.

Mais il s’en fichait, de son humeur. Sans demander son avis, il l’entraîna vers une ruelle paisible et transplana. La maison était calme. Vu l’heure, Anastasia et Gerry devaient s’être déjà retirés à leurs quartiers de nuit. Samantha se défit de la poigne de son mari et alla vers le meuble bar du salon. Sans rien dire, elle servit à boire et se retournant vers lui, lui fourra un verre à la main.

Alors, Épervier, fier du succès de la mission ?...Pas la peine de feindre le contraire, Andrei…sinon comment appellerais tu ce petit cirque au restaurant ?...Tu as la vilaine tendance de juger les autres selon tes propres agissements ?...À quoi t’attendais tu , hein ? À que Justin me coule des regards énamourés ? À que je lui saute dessus pour le dévorer de baisers ? (exactement de ce dont elle avait eu envie !).

Elle s’éloigna vers la porte fenêtre et l’ouvrit, restant sur le seuil. Andrei s’approcha.

Tu es malin, de ça personne ne doute. Je sais que tu es rusé, roué et mauvais quand l’envie t’en prend…je te connais bien, va…Pas la peine de jouer la comédie avec moi…Suffisait de te voir avec ta rouquine…elle fondait. Qu’est ce que tu faisais ? Tu lui caressais la cuisse ou Dieu sait quoi d’autre ?… Ne me fais pas rire…tu crois que je suis aveugle. Je l’ai remarqué. Justin l’a remarqué…Tant et si bien qu’il en a été malade…Mon estomac tient mieux les coups détournés, tu peux me croire.

D’un geste plein d’humeur, elle remit en place une mèche de cheveux qui lui balayait la joue avant de se tourner vers lui et le regarder, incisive.

Maintenant, je vais monter dormir…demain, nous aurons une longue et fatigante journée. Tu n’es pas obligé de m’accompagner …on se retrouvera au studio, le soir, pour l’épreuve…Je ne sais pas ce qu’on va faire là de si bon matin mais je parie que ce ne sera pas de tout repos…Si on nous laisse un moment libre, j’en profiterai pour me balader par là, courir les boutiques…enfin…penser à autre chose…et, une dernière chose, chéri…ne me file pas. Je suis ton épouse…mais pas ta propriété. Tu peux faire ce que tu voudras avec ton temps… on se comprend !?

Plus clair, l’eau de roche. Avant qu’il ne s’avise à dire quoi que ce soit, elle sortit du salon et monta se coucher. Andrei grimpa les escaliers à sa suite.

Elle ne se résista pas quand il l’enlaça sous les draps.

Tu es un salaud de la pire espèce, Andrei Sanders…

Elle pouvait très bien comprendre pourquoi Mrs. Davenport réagissait de la sorte avec lui…

Ce fut une nuit très courte et les autres concurrents semblaient être du même avis. Ce n’était pas la joie de se trouver là, à 5:00 du matin alors qu’on aurait voulu encore dormir jusqu’à 10:00.


L’épreuve concoctée par ce jury sadique n’était pas des moindres. Aller aux Halles du coin, avec un certain budget pour acheter les ingrédients du repas de ce soir. Ils n’avaient que deux heures pour compléter le parcours.

C’est dingue…Tu as vu la taille de l’endroit ?

Justin était d’accord, ils ne viendraient jamais à bout de la corvée. Faire usage de la magie était tentant mais cela aurait été de la triche.

Va à gauche, je vais à droite. Je cherche les crustacés et du veau.

Tiens…pourquoi ça ne m’étonne pas ?

Ils rigolèrent et s’en furent chacun de leur côté. Cette collaboration eut des bons résultats. À l’heure dite, ils se retrouvaient à point nommé avec les autres concurrents plus ou moins satisfaits de leurs emplettes. Eux, ils avaient leurs paniers pleins de bonnes choses. On déposa le tout chez les organisateurs et ils se retrouvèrent en liberté jusqu’au soir.

On prend un café, Sam ? On l’a bien mérité, non ? Et personne ne trouvera rien à redire ou tu penses qu’il ne vaut mieux pas… ?

Elle songea à sa singulière mise à jour avec Andrei, la veille au soir.

Et pourquoi pas ? Je ne vois qui aurait quelque chose à redire…

Mais elle n’en était pas plus sûre pour autant, avec son diable de mari on pouvait s’attendre à n’importe quoi.

Un petit café presque désert les accueillit.

La paranoïa me guette, avoua t’elle contrite, être mariée avec un agent secret n’arrange rien…Je jurerais qu'on nous observe...

Tu crois qu’il se doute que nous deux nous…

Elle remua son café avec un profond soupir et acquiesça, en silence.

Nate a des doutes aussi. Ça m’importe peu. J’aimerais juste savoir si… si toi tu es satisfaite…

Que ça faisait du bien se laisser aller dans son regard. Tout cela semblait si injuste…c’était injuste…Sans dire un mot, Sam s’approcha un peu plus de lui et levant la tête, trouva sa bouche sans que celle-ci se détourne. Un intense frisson de bonheur la parcourut.

Non. Je ne le suis pas…même si je veux me convaincre du contraire…pas plus que tu ne l’es, toi…

Nouveau soupir. Elle but un peu de café et secoua la tête.

Tu sais…je risque de te sembler un peu folle mais…ta femme et mon mari…ils nous aiment, à leur façon…c’est immoral et assez absurde mais je sais que c’est comme ça…

Justin, lui, était trop moral pour accepter cela comme si c’était la chose la plus normale du monde.

On les a vus hier soir…Je sais que tu l’as remarqué aussi. Ils vivent une folle passion inassouvie, si tu veux mon avis.

Ce n’était pas cela qui allait le faire se sentir mieux.

Peut être s’ils avaient fini leur croisière alors…tout irait bien maintenant…enfin, pour toi et je n’aurais jamais rencontré Andrei et me serais fait descendre par un tueur à gages…qui sait si par lui-même…mais on aurait eu tous notre vie comme elle devait l’être, sans plus de complications…

Un petit rire nerveux la saisit mais cela faillit finir pitoyablement en un sanglot mais elle se reprit à temps, parvenant à sourire, désinvolte.

Allez, finis ton café et allons dévaliser les magasins…on dit que ça remet d’aplomb…Je veux acheter les casseroles les plus belles, les couteaux les plus incroyables…les épices les plus rares…et une robe de soirée à faire tomber tout le monde raide dingue….Bien sûr que je veux que tu viennes avec moi…Tant pis si mon mari et ta femme se font des idées, on ne fera que leur rendre la monnaie de leur pièce…à notre digne et très civilisée façon…

Peut être que son association avec un type de si douteuse morale que son mari lui donnait des drôles d’idées. Justin avait à peine fini de digérer ses sages paroles et s’apprêtait à se lever quand elle le retint et l’embrassa.

Tu sais…je m’en veux parfois d’être si digne et civilisée…peut être un jour je te demanderai de t’enfuir avec moi…Tu viendrais ?

Elle ne put que rire devant son expression assez effarée.

Cela ne veut pas dire que je vais changer du jour au lendemain…

La tension était tombée, ils finirent par rire ensemble et ça ne leur fit que du bien. S’en suivit la plus folle journée de shopping qui soit. Ils s’entendaient trop bien pour tomber en désaccord. Leurs choix concordaient autant que leurs exigences. Le fait d’être en train de dépenser une fortune pour combler leur moindre caprice ne les gênait pas le moins du monde. Ils s’en donnèrent à cœur joie, tant et si bien que le temps pour la robe de soirée manqua.

Pas de souci…je ferai ça demain…Tu as vu l’heure qu’il est ? Allons plutôt au studio.

Débarquer là, avec leurs emplettes, volumineuses, attira pas mal l’attention des présents. Ça ne pouvait pas rater. Andrei et Nate semblaient avoir été en train de les attendre mais évidemment n’avaient pas compté les voir arriver ensemble et encore moins si ravis de la vie.

Devinez ? On a passé toute la journée à courir les magasins…Justin connaît des adresses exclusives où j’ai trouvé des trucs divins…j’espère, mon amour, que tu ne m’en voudras pas d’avoir un peu jeté l’argent par les fenêtres…c’est vivifiant. Non, Nate…j’ai pas acheté un seul chiffon…pas avec Justin, voyons…si tu veux on pourra y aller ensemble…quand tu voudras.

*Pour t’arracher tranquillement les yeux !*

C’est vrai qu’on aurait dû expédier tout ça à la magique…oups…j’y ai pas pensé.

Justin assura que lui non plus. Mais déjà il était temps d’entrer. Laissant leurs conjoints se débrouiller avec leur tonne d’achats, ils allèrent se préparer pour le show.

Il lui souhaita bonne chance.


Merci, je vais en avoir besoin…

L’épreuve dura une heure et demie. Assez de temps pour s’occuper des langoustes, du sorbet au champagne et encore pour faire des mérites avec les tournedos aux herbes et les pommes de terre dauphine. Elle ne se donnait pas la peine de consulter l’horloge murale ni sa montre. Ses mains agissaient de concert avec son esprit, avec une efficience précise et délicate, sans se presser mais ayant parfaite conscience de l’administration de chaque minute.

Les croustades de langouste, prêtes. Tournedos et Co, idem. Le sorbet présenté dans ses coupes…Elle appuya sur le « champignon »…en même temps que…elle releva la tête et lui sourit. Justin et elle semblaient synchronisés à la perfection…


Les jurés ne furent pas longs à donner leur verdict…des six restaient quatre…

Andrei et Nate les attendaient, à la sortie. Sam jubila avec leurs mine mitigées en les voyant rire, Justin et elle, comme s’ils partageaient la meilleure des blagues et la plus parfaite complicité.

Alors…ça vous a plu ? wow…c’était glorieux…je me suis sentie comme au resto quand on est pleins à craquer …c’est fou ce qu’on travaille bien sous pression. Je ne sais pas vous, mais moi, je meurs de faim et je suis trop énervée pour aller à la maison…demain on a pause jusqu’au soir…Ça vous dirait d’une folle soirée…allons dîner puis danser…ça fait des siècles que je ne sors pas en boîte !

Son mari et Mrs. Davenport la regardaient comme si elle avait émis quelques incongruité mais Justin se déclarait ravi.

Elle avait ri comme une dingue au dîner. Justin, amnésique ou pas, lui donnait une réplique parfaite. Andrei semblait suspicieux et Nate, prise de court.


Ils évoluaient sur la piste au son d’un slow, après s’être démenés comme des fous. Sam rit doucement en regardant son partenaire.

Drôle de jeu…
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MessageSujet: Re: Lendemains   Lendemains EmptyDim 11 Juil - 23:56

Rideau. Fin du show. Nate essaya de calmer les battements fous de son cœur. Elle savait, devinait…espérait ce qui allait s’en suivre. Cela ne rata pas, Andrei venait vers elle, sourire innocent ( ?) aux lèvres, comme si la revoir obéissait au plus immense des hasards…en fait, c’était bien le cas.

Nate ! Quelle bonne surprise ! Nos conjoints s’affrontent ? N’est-ce pas amusant ?

Elle sourit à son tour, en voulant ne pas sembler trop ravie.

Oui…je suis surprise aussi de vous trouver là…au lieu d’en Afrique du Sud.

Ce qui sans doute aurait été le mieux pour tout le monde. C’était ridicule comme simplement le revoir la mettait dans tous ses états, et voilà qu’il la prenait du bras et la menait un peu à l’écart.

Ça va toi ?

Oui, je vais bien, merci. Tout…va bien.

Tu t’es remise avec lui ?

Sourire en coin, teinté à peine d’ironie.

À ton avis ? Il ne me restaient pas 35 options…et toi ?

Tu as bien fait. Moi… ? J’essaye de me faire pardonner. On a eu des moments pas drôles…

Pourquoi cette pincée au cœur faisait elle si mal ? Rien de plus normal à la fin, que vouloir remettre sa vie en ordre.

Nous aussi…ça n’a pas été trop facile…

Toi aussi ?... Il t’a frappée ? Si c’est ça dis-le et je lui casse la gueule !

Je t’en prie. Justin me frapper ? Il en aura peut être eu envie mais il ne le ferait jamais. Il est trop poli pour ça…Non…Ça a tourné d’une façon…inespérée. Il a fait une chute de cheval…oh, rien de grave…sauf qu’il…a perdu la mémoire.

Non... ah…Qu’est-ce que tu dis ?... Amnésique ?

Oui. Il ne se souvient pas de beaucoup de choses…pour tout te dire, il a pétrifié Michael parce qu’il ne se souvenait plus que De Brent n’était plus mangemort…tu me diras…Euh…Je ne sais pas s’il t’a oublié, toi…ou ta femme…mais tu te doutes bien que je ne vais pas aller le lui demander…S’il a oublié, c’est tant mieux pour tous.

Andrei ne sembla pas trop convaincu de cette stupéfiante tournure des choses. Elle aussi avait parfois des soupçons sur la légitimité de cet oubli, si opportun mais préférait en laisser les choses là et continuer comme si rien…Si Justin voulait fermer les yeux sur ses fautes, ce n’était pas elle qui irait réclamer qu’il les ouvre.

Que dirais-tu d’aller cueillir nos époux ? On pourrait dîner ensemble ?

Elle sourit en le regardant.

Pourquoi pas ?

Ils se mirent d’accord sur le restaurant. Ils s’y retrouveraient une demi-heure plus tard.

Elle alla chercher Justin. Il avait l’air content quoique assez fatigué mais ce n’est pas cela qui amoindrit son enthousiasme.

Tu as été superbe, mon chéri…et devine ? J’ai rencontré un de nos amis parmi le public…le mari de la blonde qui prend part au concours. Les Sanders.

Excuse-moi ma chérie… Qui sont les Sanders ?

Elle soupira, de temps à autre elle avait la sensation qu’en plus d’amnésique son mari était devenu un peu idiot.

Des amis, mon chéri. Tu as dû remarquer la blonde…

Ah… des amis ? Sa femme est celle qui a buzzé en même temps que moi… Bien jolie femme…

Oui…elle n’est pas mal.

Le moindre à dire, Sam avait l’allure d’une top model et semblait avoir le don d’attirer irrésistiblement les regards masculins…surtout ceux de son mari…et du sien.

Bon, si tu y tiens, pourquoi pas. Si je suis censé les connaître…

Bien sûr que tu les connais…Nous pouvons y aller en marchant, ce n’est pas bien loin d’ici.

Elle s’accrocha au bras de son mari et ils se baladèrent gentiment jusqu’au restaurant, y arrivant en même temps qu’Andrei et sa blonde, qu’il retenait comme en craignant de la voir s’enfuir. Sanders accueillit Justin comme s’il était vraiment ravi de le voir… Tiens, Sam tirait une drôle de tête, elle n’avait pas du tout ravie d’être là. Elles échangèrent à peine un sourire poli. Personne n’allait faire un mystère sur le fait qu’elles n’étaient pas les meilleures amies du monde.

À table, Andrei s’assit à côté d’elle. Nate put observer à loisir son mari et Sam. Ils semblaient plutôt coincés, ces deux là. Justin plus tendu que la blonde et avec tendance à s’énerver encore plus à mesure que se déroulait la conversation qui, en soi, ne devait lui poser pourtant aucun pépin…amnésie ou pas, tout le monde peut bavarder sur le temps, les nouvelles et toute autres banalités. Lui, il était nerveux. Nate ne fut pas sans remarquer la façon dont il regardait Mrs. Sanders. Pas à dire, il l’avait sans doute oubliée mais là, elle lui faisait de l’effet.

Mais enfin, décidée à ne pas se préoccuper des états d’âme de son mari, Nate se tourna vers son voisin.

Et alors, qu’est ce que tu racontes…Ton travail ? Toujours si intéressant ?

Il en parla, sans donner des détails et demanda des nouvelles des enfants. De l’autre côté de la table, la conversation allait bon train, gentiment, sans aucun excès réprouvable.

Que son pied rencontre celui d’Andrei se dût à un parfait hasard, sans aucune préméditation. À peine si elle lui adressa un coup d’œil de biais et un très discret sourire en coin. Feignant s’intéresser à ce que racontaient Justin et Sam, elle poursuivait avec ce petit jeu si stimulant en sentant son pouls s’accélérer. Mais quand sa main caressa sa cuisse, tout son être s’hérissa de plaisir et elle dût faire un effort pour en pas laisser échapper un soupir.

Et voilà que son mari se levait en catastrophe et quittait la table.


Justin s’est juste trouvé un peu mal, pas la peine de t’affoler pour autant, Nate !

Mais quelle mouche la piquait, celle là ? Parce que son commentaire était plus corrosif que de l’acide.

Tu ne penses tout de même pas que je vais lui courir après, non ?...Justin est assez grand pour se débrouiller tout seul et il n’avait pas l’air précisément mourant…donc, pas de souci.

Mais Samantha n’avait décidément pas fini, après un regard féroce à son mari, elle s’enquit sur ses réactions quant à l’état de Justin en laissant entendre que son amnésie l’arrangeait sans doute joliment.

Tu ne sais pas de quoi tu …

Pas la peine de me regarder comme ça…Nous savons parfaitement de quoi je parle, n’est ce pas ? Nous sommes tous assez grands comme pour nous épargner le petit jeu de l’innocence outragée…seulement que je trouve d’assez mauvais goût de repasser vos gentils souvenirs de voyage face à Justin qui n’en a pas la moindre idée…à mon avis…ça peut le bouleverser encore plus !

Avant que Nate songe à riposter voilà que Justin était de retour et Mrs. Sanders s’enquérait, presque avec tendresse, sur sa santé.

Ce n’est rien… Manger à cette heure après avoir trimé sous les spots…

Tu as raison, ce n’est pas la joie.

Je ne sais pas comment tu fais Sam mais moi je suis claqué. N’oublie pas que l’on doit être au studio à 5 heures. Nate chérie, si tu veux continuer, je t’en prie reste. Je connais le chemin de l’hôtel. Bonne soirée vous deux, on se revoit demain.

Mais, Justin, mon chéri…

Sauf qu’il ne prêta aucune attention à ce qu’elle avait à dire ou pas et s’en allait rapidement.

Sam finit son vin et se leva à son tour avant de déclarer qu’elle aussi était fatiguée et que son père voudrait sans doute entendre les détails sur sa journée. Gracieux demi tour et de s’en aller sans plus.

Avec un soupir, Nate prit sa coupe de vin et en but un peu.


Je suppose que le plus décent est que tu lui coures après…Ne t’en fais pas pour moi, Andrei, je peux rentrer toute seule à l’hôtel.

Elle aurait voulu qu’il dise que cela ne faisait rien, que sa femme pouvait se débrouiller seule, tout comme Justin mais Andrei ne semblait pas prêt á se farcir une scène de ménage en toutes règles…sans doute il aurait de toutes façons droit à une mais s‘il ne la suivait pas, sa drôle de femme serait capable de n’importe quoi. Nate commençait à croire que, sous ses dehors angéliques, Samantha Forrester n’était pas du tout facile à vivre.

Nous trouverons bien un autre moment pour bavarder…Bonne nuit, Andrei.

À peine s’il lui effleura la bouche d’un baiser rapide avant de courir après sa blonde.

Restée seule, Nate finit son vin avec un soupir puis quittant le restaurant, flâna tranquillement parmi la foule bruyante qui circulait par là. Elle n’avait aucune envie de rentrer de sitôt à l’hôtel mais évidemment cette flânerie solitaire n’avait, non plus, rien d’engageant.


Justin feignait dormir quand elle arriva. Nate l’en remercia tacitement, sans aucune envie de l’affronter en une mise à jour qui pourrait résulter douloureuse pour tous les deux. Il voudrait savoir beaucoup de choses qu’elle n’était pas prête à avouer.

Une longue douche plus tard, l’esprit toujours en ébullition, elle se glissa sous les draps en espérant qu’il se rapprocherait mais Justin demeura obstinément à sa place et elle finit par s’endormir en se posant des questions que seule elle pouvait répondre…mais envisager ses vérités lui faisait peur…

En se réveillant le lendemain, Nate réalisa que son mari était déjà parti, sans même laisser un mot…Cela ne voulait dire qu’une chose : pas envie de te voir de la journée.

Il avait suffi de revoir Andrei, pour que tout l’édifice, patiemment bâti, du repentir et bonnes intentions s’écroule pitoyablement. Elle n’avait rien à dire pour sa défense sauf qu’il la rendait folle…mais une autre chose de très dérangeant lui avait sauté à la face la nuit dernière…elle était folle d’Andrei…mais pas moins que Justin de Samantha…et cela lui fit beaucoup plus de mal que prévu.

Mais qu’est ce qu’elle a cette fille pour les rendre tous fous ?

Parce qu’elle aurait très stupide de supposer qu’Andrei n’était pas follement épris de sa blonde.

Le comble…tu fais une bêtise monumentale…et elle s’en tire glorieusement avec les deux qui bavent pour elle…

L’idée que la justice poétique, ça existe…ne l’effleura même pas !

Elle était tellement furieuse que son appétit s’envola, après une douche rapide, Mrs. Davenport s’habilla discrètement et quitta l’hôtel. Il était encore très tôt. Avec un peu de chance, elle arriverait au studio et les y trouverait encore…Un transplanage rapide la mena aux alentours…pile poil pour les voir arriver chargés de paniers bien garnis comme s’ils venaient de faire des courses au marché. Ils riaient, ravis, complices. Avec un vilain pincement au cœur, Nate ne put se décider à les aborder et préféra rester là à attendre. Il ne lui fallut pas patienter bien longtemps.


Si elle avait supposé qu’ils prendraient gentiment congé et s’en iraient chacun de leur côté, Nate dût s’avouer rudement désappointée. Décidément pour quelqu’un qui a perdu la mémoire, il lui sembla que son mari avait rapidement retrouvé ses repères… Un petit sortilège de Désillusion plus tard et elle leur emboîtait le pas à prudente distance.

Ils trouvèrent un petit café peu fréquenté, ce qui l’arrangea bien. Elle trouva son bonheur dans un coin, d’où elle pouvait voir et entendre…en supposant qu’ils parlent normalement, mais évidemment ils n’avaient aucune envie d’éventer leurs confidences.

Un frisson de colère la secoua en les voyant s’embrasser…rien d’extraordinairement passionnel mais cela ne parlait d’aucune façon d’amitié platonique.

*Et toi qui jurais que ton Justin était le dernier des innocents !*

Ils ne restèrent pas longtemps là. Le temps de finir leur café et de s’embrasser de nouveau…enfin de que Sam embrasse Justin, qui n’avait pas l’air bien malheureux. Nate étouffa un grondement enragé et fidèle à la consigne du jour, les suivit.

Se coller aux basques de ces deux là n’était pas de tout repos. Ils semblaient pris par la fièvre de la dépense. Nate pouvait comprendre cela, étant elle-même adepte fervente du shopping…sauf que Justin et Sam ne s’adonnaient pas au plaisir simple de dévaliser des boutiques chic…ils achetaient tout ce qui était susceptible de rendre heureux un cuistot de catégorie…Tout y passa, de la simple casserole, de marque, s’il vous plaît, aux couteaux les plus raffinés, en passant par un tas de trucs dont Nate, l’ignorance même en affaire cuisine, méconnaissait l’utilité…En tout cas, ils n’y allèrent pas de main morte et firent des acquisitions d’importance.


*Ils pensent ouvrir un restaurant ou quoi ?*

Cette idée l’angoissa pour de bon. Seulement l’idée de voir Sam s’établir en Angleterre la mettait de mauvaise humeur…cela ne pourrait que signifier qu’Andrei aussi serait dans le coin…et cela…l’angoissa encore plus.

Elle lâcha prise comme limier à l’heure du déjeuner. N’ayant rien pris depuis la veille au soir, elle défaillait pour de bon et opta pour rentrer à l’hôtel, manger et se reposer un peu en attente du soir.

Andrei se trouvait déjà là quand elle arriva, il ne fut pas dupe de sa mine pincée mais n’eut pas le temps de s’enquérir sur les raisons de sa mauvaise humeur. Justin et Sam venaient d’arriver, chargés de paquets et l’air sincèrement ravi. Ce fut au tour de Sanders de tordre le geste, ce que les deux autres ne semblèrent même pas remarquer.

Vous avez dévalisé les magasins, ma parole, dit Nate, d’un petit ton guindé, tu as refait ta garde robe ?

La jeune femme se contenta d’un sourire, tout innocence et assura :

Non, Nate…j’ai pas acheté un seul chiffon…pas avec Justin, voyons…si tu veux on pourra y aller ensemble…quand tu voudras.

Vipère !

On en parlera!

Les plantant là avec leurs emplettes, les deux cuistots allèrent de préparer pour le show. A la première accalmie dans la foule, Nate envoya un sortilège de réduction aux multiples paquets et rageuse, les fourra dans son sac.

Une heure et demie à regarder d’autres à faire la cuisine. Nate avait perdu tout intérêt mais ne pouvait pas quitter des yeux Sam et Justin…Cette fois, ils travaillaient côté à côté.
Sans échanger un seul regard, parfaitement concentrés à ce qu’ils faisaient. Elle admira la fluide précision de leurs gestes, leur admirable précision. Couper, émincer, blanchir, mélanger, frire ou sauter…rien ne semblait avoir la moindre difficulté…


*Et toi tu n’es pas capable de pocher un œuf !*

Le souvenir de ses vains essais en cuisine, même sous l’aimante férule de son mari, lui tira un soupir chagrin. Qu’Andrei prenne sa main et la tapote doucement ne fut qu’un geste consolateur. Nate le regarda , boudeuse.

Je n’ai jamais pu apprendre…ta Sam est une artiste.

Il se reconnut incapable d’un tel exploit, ce qui la fit sourire tristement…la belle paire d’inutiles et songea que, sans Justin, sa vie serait une longue succession de repas livrés par un traiteur…entre autres. Cela faillit la faire déprimer pour de bon. Que Sanders ne lâche pas sa main, la consola un peu…

Elle aurait voulu se trouver le courage pour lui dire de sortir de là et aller s’asseoir ailleurs, seuls…mais à la réflexion préféra se taire et rester sagement à sa place.

Que leurs chéris restent entre les quatre finalistes ne les étonna pas, ils allèrent à leur rencontre. Ils étaient contents…trop, à l’avis de Nate, en fait, la blonde lui sembla légèrement surexcitée, elle riait comme si Justin lui racontait des blagues...ce qui pour les effets semblait bien être le cas.


À croire qu’il s’est tout à coup souvenu du reste de sa vie !, marmonna Nate en décochant à son mari un regard aigu que celui-ci ignora allègrement.

Et voilà que Samantha, gaie comme un pinson disait qu’elle voulait s’amuser…aller manger, danser…

*Et quoi plus ?*

L’idée ne l’enchantait guère.

Mais, mon chéri…tu n’es pas fatigué ? Ça a été une longue journée.

Rien n’y fit. Il ne leur resta rien d’autre, à Andrei et elle, que suivre le mouvement dicté par le duo dynamique.

Le dîner se passa joyeusement, la bonne humeur de Sam et Justin sembla être contagieuse sauf pour le minime détail que les deux se livraient, mine de rien, à un élégant et très civilisé flirt, tant et si bien que Nate oublia même de chercher consolation dans la proximité d’Andrei, qui ne semblait pas particulièrement ravi, non plus.

Radical renversement de la situation. En les regardant danser, en parfaite concordance et complicité, Nate sentit les torturantes affres de la jalousie. Ils ne faisaient pourtant rien de spécial…à part rire en se regardant aux yeux, se sourire…

Sa main trouva celle de l’autre conjoint abandonné, leurs doigts s’enlacèrent. Il suffit d’un regard et un demi-sourire.

La mélodie était lente, invitante…
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MessageSujet: Re: Lendemains   Lendemains EmptyLun 12 Juil - 23:42

Jouer… Jouir ! Andreï aimait ça.
L’échiquier monté de toute pièce par ses soins semblait des plus prometteurs. Qu’avait-il espéré par ce dîner entre les quatre protagonistes d’une histoire somme toute banale ? Le tout dépendrait de la position des pions à déplacer. Il lui suffisait d’attendre patiemment la suite des événements.
Même s’il écoutait ce que racontait Nate et y répondait, il s’intéressait aussi beaucoup à ce que faisaient les deux autres. Pas à dire le courant passait entre ceux-là. Peut-être pas un courant identique à celui qu’il entreprit « innocemment » de faire circuler entre Nate et lui, mais bien proche selon toute vraisemblance. Sentir Nate vibrer grâce à ses très savants attouchements sous la nappe excitait Andreï. Le jeu allait-il trop loin ? Davenport avait quitté la table, livide.
Nate s’en souciait comme d’une guigne tandis que Sam paraissait inquiète :


*Décidément, c’est le monde à l’envers*


Durant cette absence, Sam fustigea verbalement ses voisins. Elle y allait avec tant de fougue…

*Elle est adorable quand elle s’énerve. De plus elle est très perspicace : je l’adore.*

Le seul truc dérangeant c’était cette façon énergique de défendre, voire de plaindre Justin.
Lorsque celui-ci revint, il ne s’assit pas et préféra les laisser continuer leur soirée.
Sanders n’y voyait aucun inconvénient ; Sam oui.
Acide, elle décida à son tour de partir en leur donnant quasi le feu vert pour faire tout ce qu’ils voudraient. Cela signifiait-il qu’elle allait retrouver Davenport en prétendant rentrer chez euX ? Pas besoin du consentement de Nate pour lui courir après. Réflexe ? Il lui donna un baiser de rien du tout avant de filer à la suite de sa femme. La Miss n’était pas d’humeur, lui non plus.
Accrochée dans un passage discret, il entraîna Sam au bercail. D’une secousse elle se dégagea et alla au bar leur servir à boire.


*Elle ne te flanque pas le verre à la figure : déjà ça*

Grinçante, elle attaqua :

Alors, Épervier, fier du succès de la mission ?

La mission ? Quelle mission ? dit-il en buvant machinalement.

Pas la peine de feindre le contraire, Andrei…sinon comment appellerais-tu ce petit cirque au restaurant ?

Disons que je me sentais… au théâtre. J’ai assisté à un spectacle très… édifiant.

Tu as la vilaine tendance de juger les autres selon tes propres agissements ?...

Un peu comme toi, ma chérie.

À quoi t’attendais tu , hein ? À que Justin me coule des regards énamourés ? À que je lui saute dessus pour le dévorer de baisers ?

*Même en en crevant d’envie, tu ne l’aurais pas fait sous mon nez.*

Elle alla ouvrir la porte-fenêtre, il la rejoignit. Ne regardant que la nuit, Sam poursuivit son analyse :

Tu es malin, de ça personne ne doute. Je sais que tu es rusé, roué et mauvais quand l’envie t’en prend…je te connais bien, va…

*Tu oublies de dire que je peux être le plus attentionné, le plus fougueux des maris ! Vide ton sac*

Décidément, elle cherchait la scène de ménage… lui pas, pas encore. Il lui fallait savoir avec exactitude quels étaient ses sentiments pour Davenport.

Pour en entendre il en entendit. Son épouse croyait avoir percé son manège avec Nate.


*Tu es à côté de la plaque ! Mais si ça te rend jalouse, tant mieux !*

La tirade finale le décontenança un poil :

une dernière chose, chéri…ne me file pas. Je suis ton épouse…mais pas ta propriété. Tu peux faire ce que tu voudras avec ton temps… on se comprend !?

Il resta paf trois secondes. Encore une fois, c’est tout juste si elle ne lui ordonnait pas de profiter de l’occasion de se faire Nate. Si ses paroles lui semblaient claires, pour lui elles étaient incompréhensibles. Non, il ne pigeait pas… à moins que ce ne soit une manœuvre détournée pour lui dire : fais ce que tu veux, je ferai pareil avec qui je veux.
Sam était en haut de l’escalier quand il revint à la réalité. Aussitôt il la suivit. La porte refermée derrière lui, il la rejoignit sous le drap :


Mrs Sanders, vous êtes folle à lier et moi je suis fou de vous !

Il ne mentait pas et le lui prouva. Même si elle l’injuria alors qu’il entreprenait de la trousser savamment, elle ne se débattit pas, lui répondant avec une passion identique.

Assez satisfait de la tournure des événements, Sanders gambergea longuement dès que Sam s’éclipsa après leur courte nuit mouvementée.


*Les candidats doivent se retrouver au studio, à parier qu’elle passera sa journée avec Tintin. Inutile de les filer, ils sont trop coincés pour se livrer à des excentricités publiques. *

Puisque Sam lui donnait le feu vert, il aurait semblé normal d’aller retrouver Nate.
Eh bien pas du tout. Pourquoi alimenter un moulin qui fonctionnait si bien seul ?
Rasé de frais, il descendit déjeuner avec les Forrester. Ceux-ci semblaient enthousiastes devant le succès obtenu par Sam au concours. Par le menu, il leur raconta la soirée en évitant les moments pénibles. Ce fut sa mère qui mit les pieds dans le plat :


J’ai été étonnée de voir que Davenport en fait partie… Mais contrairement à ce que tu croyais, ils ne semblent même pas se connaître…

Justin a fait une chute de cheval… il lui manque soi-disant des cases.

Gerry paraissait mal à l’aise :

Anastasia m’a tout raconté sur tes soupçons mon garçon. Je serais le premier surpris d’une telle légèreté de la part de ma fille. Sauf peut-être si elle a eu vent de tes… aventures.


C’est vrai, renchéri la princesse. Andreï, tu t’es très mal conduit m’a raconté Gerry. Ce n’est pas parce que Sam te délaissait qu’il te fallait…

Je ne l’ai pas cherché. C’est arrivé, c’est tout. Sam ne s’est pas vengée avec Justin, croyez-moi… c’est pire : elle est amoureuse de lui. Ne dites rien, écoutez…

De long et large sans détours, Andreï raconta l’absolue vérité mieux que sous Véritaserum. Polynectar, enlèvement, viol, bébé, etc.
Sa mère et son mari restèrent sur les rotules devant ces aveux sincères. Embarrassés, contrits, ils ne savaient que dire. Gerry se racla la gorge :


Je parlerai à Sam…

Non ! Surtout pas. Je ne voulais pas vous mêler à ça mais tôt ou tard vous auriez vu que quelque chose clochait entre nous. J’ai fauté *avec entrain qui plus est* je le reconnais. Elle peut m’accuser de beaucoup de travers mais pas de celui d’être malhonnête. Peut-être joue-t-elle à me rendre jaloux pour me faire payer… j’en doute. Elle croit que je la considère comme ma chose, elle se trompe.
Probablement que je l’aime mal… en tous cas pas comme elle s’attend à être aimée. Si seulement je savais comment…

Son désespoir faisait peine à voir. Les époux Forrester hésitaient sur l’attitude à adopter. Cas difficile quand il s’agissait du fils de l’une et de la fille de l’autre.

Pour meubler sa solitude et s’évacuer la tête en évitant de penser à Sam, Andreï joua au golf le reste de la matinée. L’après-midi se déroula devant le Net. Il connaissait déjà pas mal de choses sur Davenport. Plus il en saurait mieux ce serait.

Quand il rallia le studio, Sanders s’étonna à peine de la mine pincée de Nate débarquant peu après lui. Avait-elle compris, elle aussi, qu’ils étaient foutus ? Preuve en fut l’arrivée radieuse des concurrents
.

*Elle est heureuse, radieuse… *

Lui n’en menait pas large, Nate non plus. En douce Andreï se marra de la façon dont sa Sam provoqua Nate avec une proposition très hypocrite de courir les magasins ensemble.
Dans le fond, il était un peu perdu. Sam en voulait-elle à Nate pour essayer de lui piquer son mari ou pour le mal que cette situation créait à Justin ?

Une heure trente de show ! Beau spectacle, en fait. Pas à dire, Sam et Justin possédaient un talent identique et indéniable. Tristounette, Nate le reconnut également :


Je n’ai jamais pu apprendre…ta Sam est une artiste.

Suis pas doué non plus ! A part du café correct et un peu de ménage, suis bon à rien… de ce côté-là.

Maigre consolation que de tenir la main de Nate. Juste un geste banal d’affection.

Qu’avaient donc manigancé deux des finalises ? Sam babillait sans arrêt, voulait fêter leur sélection de maîtresse façon et Justin, comme sur scène, répondait à l’unisson.
Etrange situation. Justin et Sam rirent de bêtises, voulurent aller en boîte pour terminer en beauté cette soirée
.

*Ils ne sont pas cons…* pensa furtivement Andreï qui analysait le comportement de ce couple.

En attendant, lui ne se décollait pas de sa chaise, Nate non plus. Il faillit sursauter quand la jeune femme lui prit la main. Elle devait se sentir délaissée, reléguée quasi au rang de « bon » souvenir.
L’invitation était claire. Il lui sourit :


Tu veux danser ?

Oh oui, elle voulait. Soit…

Un très beau slow, très langoureux, idéal pour des amoureux. A peine en piste, Nate chercha le contact étroit, enlaçant son cou des doux serpents de ses bras. Les signaux hauts et forts lui piquèrent la colonne vertébrale. C’est fou ce que Mrs Davenport pouvait déborder de sensualité.
Il lui effleura des lèvres le lobe de l’oreille sachant très bien qu’elle allait frissonner des pieds à la tête mais aussi que les paroles susurrées allaient la refroidir aussi sec :


Nate, ma douce, décolle-toi s’il te plaît. Ne vois-tu pas leur jeu ? Tu ne vas pas tomber dans le panneau, non ?

Elle se raidit immédiatement lui coulant un regard d’incompréhension totale.

C’est un piège de leur part, rien d’autre. Sam a pigé que je voulais l’observer en présence de Justin et là elle me rend la monnaie de ma pièce, tout simplement *J’espère*. Ce sont eux qui nous observent, là !

Oups, ce n’était pas les paroles qu’elle espérait. Nate frisait la crise. Colère ? Désillusion ? Tristesse ? Il ne voulait pas y penser. Toujours avec le même sourire attendri mi-moqueur mi-séducteur, il grinça :

Ne tire pas cette tête, tu les ferais trop se marrer ! Reprends-toi, N*m de D***u !

Il la sentit prête à la fuite, à la gifle. La maintenant fermement, son pas glissant venait de les amener juste à la hauteur de leurs conjoints :

Changements de partenaires ! rit-il.

Et hop, il fourra Nate dans les bras de son mari, récupérant sa femme au passage.

Alors ma belle, tu t’amuses bien ? Je suis content que tu aides Justin à récupérer la mémoire… *ça m’arrange beaucoup, du reste*… Quoi Nate ? …Sais pas… elle a poussière dans l’œil, je pense. T’ai-je déjà dit que tu avais les plus beaux yeux du monde ? Et aussi la peau la plus douce, la plus savoureuse qui soit…

Magie des mots, du rythme. Elle ne se déroba pas au baiser profond octroyé.
Ils écourtèrent la soirée, Sam devait se ménager pour le lendemain, non ? Laissant les Davenport peler les œufs qu’ils voudraient ou pas, Andreï rentra au domaine avec Samantha dans les bras.
Elle était si bien échauffée qu’il aurait pu directement conclure sur l’oreiller. Non… pas encore.

Musique douce en sourdine, il leur servit un dernier verre puis s’approcha d’elle sur le divan. Soupir :


C’était une bonne soirée, pas comme hier, n’est-ce pas ma chérie. Je t’ai laissé vider ton sac, j’espère que tu daigneras écouter le mien. Tu me connais, prétends-tu ? Tu m’as bassiné de mes pires défauts, très réels hélas. (profonde inspiration) Je t’ai trompée avec Nate, je ne t’apprends rien. Elle était libre, j’étais malheureux. Oh, je ne me cherche pas d’excuses, c’est pas ça.
Je voudrais juste que tu voies les choses telles qu’elles étaient, telles qu’elles sont.
Tu m’avais relégué à n’être qu’un… objet dépendant de ton bon plaisir. Tu partais au boulot, te souciant à peine de moi. Tu m’avais caché ce qui te tracassait. Je te l’ai dit : tu aurais dû me faire confiance. Mais non. Par contre Justin a eu cette « chance » lui ! Je sais qu’il a passé une semaine au Cap. Ambre m’a confirmé ce que j’avais pu trouver en voyant certaines vidéos.
J’ai failli croire ce que le héron m’a suggéré avant de mourir… Que tu lui avais cédé volontairement en pensant qu’il était Justin. Tu t’es rattrapée depuis, je crois… là n’est pas le plus important.
Hier tu étais fâchée pour un petit jeu au restaurant. Nate est un violon, tu caresses une corde, il vibre. C’est ainsi que je la vois et rien d’autre.
Par deux fois, tu m’as ouvert la porte hier. Je ne l’ai pas prise, et ne la prendrai plus si c’est ce que TU désires… Je veux que tu sois heureuse Sam. Je m’y emploierai de toutes mes forces
.

Elle semblait bien pensive. Trop… ?

Je n’ai jamais aimé personne comme je t’aime, toi. On ne m’a pas appris à aimer, c’était un tabou chez moi. Aide-moi à devenir meilleur ma chérie. Mais… de grâce, épargne-moi ta pitié. Si c’est lui que tu préfères envers et contre tout... je me soumettrai.

La bille de la roulette tourna sur le plateau du destin…
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MessageSujet: Re: Lendemains   Lendemains EmptyMar 13 Juil - 23:28

Tic-tac-tic-tac-tic-tac. La valse hésitation. Nate-Sam-Nate-Sam-Nate-Sam…
Dans le fond, Justin savait très bien ce qu’il devait faire, ce qu’il aurait dû faire et ce qu’il ferait.
Les paroles de Sam l’avaient atteint quand elle avait déclaré ne pas se sentir heureuse avant d’ajouter :


Tu sais…je risque de te sembler un peu folle mais…ta femme et mon mari…ils nous aiment, à leur façon…c’est immoral et assez absurde mais je sais que c’est comme ça…

J’aimerais que ce soit vrai, mais si Andreï t’aime, Nate ne m’aime plus… Elle me tolère parce qu’elle ne sait pas quoi faire d’autre... je suis juste un refuge, une étape par défaut... un chien.

C’était tellement limpide ! Il lui avait suffit de se retrouver à proximité de Sander pour que Nate oublie le reste du monde…

Ils vivent une folle passion inassouvie, si tu veux mon avis.

Amer, il rétorqua :

Inassouvie… ? À d’autres. Tu le sais aussi bien que moi.

Sam avait poursuivi son idée en prétendant qu’il aurait peut-être mieux valu les laisser poursuivre leur début d’idylle sur le Queen Mary. Là, Justin s’était mordu la langue pour ne pas répliquer mais n’en pensa pas moins :

*Ainsi c’est de ma faute, tant qu’à faire !*

A l’entendre il aurait dû fermer les yeux et laisser Nate aux pattes de Sanders ? Et eux ? Où en seraient-ils alors ? D’accord, elle n’aurait pas connu Andreï ; n’empêche qu’elle serait peut-être morte à l’heure présente… Avec lui, au lit, qui sait ?

Démoralisés tous les deux, ce fut Sam qui se chargea de les dérider. Lorsqu’elle l’embrassa, Justin fut remué plus qu’il n’aurait dû. Mais cela n’avait rien de passionnel, les Américains s’embrassent très facilement sur la bouche…

Puis, une remarque farfelue de la part de la jeune femme :


Tu sais…je m’en veux parfois d’être si digne et civilisée…peut être un jour je te demanderai de t’enfuir avec moi…Tu viendrais ?

Pris de court, il n’avait pas répondu mais son cerveau, lui, le fit :

*Oui !*

Ils n’épiloguèrent pas là-dessus. Mrs Sanders avait sa manière bien à elle de se changer les idées : en route pour du shopping à gogo.
Jamais Justin n’aurait fait de telles courses avec Nate. Rien que d’imaginer sa femme dans une coutellerie prestigieuse le faisait rigoler. Que dire pour le choix des casseroles et autres ustensiles. Parlez-lui couturiers, chausseurs ou bijoutiers, là elle était pro, pour le reste…
Ici, franchement, Justin s’amusait tout en se désolant. Sam était parfaite, leurs goûts correspondaient en tant de choses ? A quoi bon rêver…

Pris par le jeu des achats, ne se privant pas lui-même d’acquérir de nouveaux ustensiles ou ingrédients, Davenport se retrouva hilare les bras chargés de paquets. Il était temps d’aller au studio au risque d’être disqualifié pour retard.
Sanders et Nate y étaient déjà. Rien que leur tête à les voir arriver si joyeux valait le détour.
Les pilleurs de boutique laissèrent leur époux se débrouiller avec les colis, eux devaient se rendre en coulisse.


Une fois de plus devant les fourneaux, Justin se concentra bellement. Sans même s’en rendre compte, il sifflait gaiement en réduisant la sauce prévue pour le brochet ce qui agaça son voisin direct et valut à Davenport un discret rappel à l’ordre d’un des jurés. Contrit, Justin s’appliqua d’avantage à ne plus l’ouvrir.

Qu’il termine l’épreuve en même temps que Sam le fit sourire. Les dégustations commencèrent ; deux candidats furent éliminés. Le rideau tombé, les finalistes eurent aussi l’occasion de goûter les plats de leurs adversaires. Justin se régala des croustades de langouste préparées par Sam mais félicita aussi les deux autres postulants jugeant que la lutte serait rude.
En sortant des vestiaires où ils avaient troqué leur tablier contre leur tenue de ville, Sam et Justin papotèrent en traînant un peu les pieds. Aucun d’eux n’avait trop envie de retrouver leur conjoint respectif et leur jeu cruel. Prenant le parti d’en rire ( même jaune) Justin accrocha le bras de Sam :


Nous devrions leur jouer le même cinéma qu’ils nous ont fait, non ?


La jeune femme approuva vivement. Aussi c’est gais et un peu farfelus qu’ils rejoignirent Nate et Andreï. Débordante, Sam déclara vouloir dîner puis aller danser.

Sans se soucier des réactions des autres, Davenport et l’Américaine s’en donnèrent à cœur joie dans des réparties désopilantes pour eux. Une boîte très animée reçut ensuite leurs trémoussements et déhanchements sur des rythmes endiablés, avant de passer à un tempo reposant. Pas à dire, Sam et Justin s’amusaient beaucoup. A aucun moment, ni l’un ni l’autre ne s’occupa de son conjoint. Parfois Justin leur jetait un œil assez intrigué par la tête des autres.


On dirait qu’on les surprend, murmura-t-il à l’oreille de sa cavalière.

Drôle de jeu, répondit-elle.

Sans aucun doute c’en était un. Si on avait dû demander à des étrangers qui était l’époux de ces dames, nul n’aurait hésité à déclarer Sam et Justin mari et femme. Cette danse les unissait à la perfection, leurs regards en disaient long. Pourtant aucun geste déplacé n’eut lieu, ni attouchement langoureux.

*Tu devrais l’embrasser, crétin ! Pourquoi ménager Nate ?*

La réponse, il la connaissait.

Tiens, un mouvement se produisait dans le couple adverse qui entrait aussi en lice. Voir Nate se coller si intensément à Andreï, l’écoeura à nouveau.

Ça va faire du joli, soupira-t-il. On devrait peut-être s’en aller et les laisser…

Sam n’avait pas l’air heureux non plus. S’apprêtant à céder la piste aux complices, Justin fut soudain freiné par un :

Changements de partenaires !

Andreï, très dynamique, récupérait Sam et lui fourrait Nate dans les bras.
Sa femme semblait… furieuse ? Triste ? Révoltée ? En tout cas elle avait les larmes aux yeux et pas disposée du tout à danser, pas plus que lui n’en avait envie.


Pour une fois, nous sommes du même avis ! ricana-t-il en s’écartant sans la lâcher pour autant. Viens !

Protestation ou pas, il lui tenait ferme le poignet.
De retour à leur place, il lui fourra sac et étole en main, l’entraînant à sa suite tel un bulldozer en action. Dès qu’un endroit désert se présenta, il transplana en l’emportant.
Ce n’est que dans leur chambre d’hôtel qu’il la lâcha. Hésitant à lancer un collaporta, il se contenta d’un :


Assurdiato !

Tombant la veste, il défit son nœud de cravate de plusieurs crans, lui faisant face :

Maintenant tu t’assieds ou tu files ! Je te jure que si tu franchis cette porte, ce sera terminé entre nous, Nate Sommerby. En définitive tu me prends pour qui, le guignol de service ?
J’en ai marre, Nate ! Marre de ton cirque, de tes chichis, de tes états d’âmes. Marre de me battre pour tes beaux yeux qui ne brillent plus que pour ce Sanders. Seulement les siens ne verront jamais QUE Sam ! Vexant, non ? (Il avait le sourire mauvais) Je sais tout, j’ai toujours tout su… Oui, la chute de cheval ne m’a rendu amnésique que quelques minutes. J’avais une chance de redresser la situation pour nous. Je l’ai prise, je me demande encore pourquoi... De Brent aurait pas dû m’empêcher de me noyer.


Arrêtant de tourner en rond, il servit des verres en en versant la moitié à côté.

Prends-en un, si tu veux !

Il enfila le sien qu’il emplit aussitôt. La miss tremblait de la tête au pied…

C’est ça, vas-y, traite-moi de tous les noms, je m’en fiche… Sam ? Quoi, ça t’intéresse ? Ne me joue pas la comédie de la jalousie, s’il te plaît. Tu te foutais pas mal de ce que je devenais pendant près de deux mois, alors cesse… Oui, je me suis retrouvé dans son lit, et pas pour jouer aux cartes… Une nuit, une seule et c’est pas faute d’avoir essayé de sortir de cette maison que l’orage avait bouclée mieux que Fort Knox pendant que toi tu prenais des leçons de respiration artificielle en Thaïlande…
Bien sûr que je t’ai fait suivre ! M’ s’rais gêné, tiens ! J’ai pas eu besoin d’ouvrir le rapport pour savoir où tu étais. La prochaine fois que tu voyageras utilise un compte que je ne puisse voir, ça m’évitera les coups bas.


Troisième verre… Nate enrageait-elle ? Elle crachait comme un chat échaudé, en tout cas.

Ce que je foutais ce soir avec Sam ? Bien moins que toi au resto d’hier, hélas !... Ah… je bave devant Sam ? La prochaine fois que tu verras Andreï, je prendrai des clichés pour que tu voies ta tête.

Son imitation d’une amoureuse en pâmoison aurait été tordante en d’autres circonstances. Se pourléchant les lèvres entrouvertes, l’air extatique, battant des cils, l’œil humide, Justin mit le paquet du grotesque. D’un rire cynique, il enchaîna :

Oui, c’est à ça que tu ressembles quand il est à proximité : une vraie chienne en chaleur ! Si c’est ça qui te plaît, si c’est ça que tu veux, décide-toi, NDD ! J’ai mes défauts mais MRD, t’en as pas mal, avoue !

Là-dessus, il expédia son verre vide au diable, attrapa la bouteille et sa veste au vol puis transplana.
Un parc désert le recueillit. Roulé en boule le dos contre un tronc, Justin éclusa jusqu’à cul sec.

Hey ! Qu’est-ce que vous faites-là ! le secoua un gardien méfiant.

Depuis qu’il avait la charge de vérifier l’état des lieux avant l’ouverture, Mr Oliver Pratt en avait vu de toutes les couleurs. Les grilles avaient beau être solides, la surveillance accrue, il y avait toujours des petits malins qui parvenaient à se faufiler la nuit ou à se faire enfermer sans être repérés. Pourtant, les gaillards en beaux costards étaient rares. Le spécimen qu’il avait devant lui l’intriguait. Mal rasé, tenue négligée, cheveux en bataille, celui-là lui disait quelque chose.

Mais vous êtes le gars de la télé ! Davenport, Justin Davenport ! Eh ! Qu’est-ce qui vous arrive ? ça ne va pas ?

Rien,rien ne va, grommela Justin en se redressant.

Il s’étira comme il put, se sentant très mal au propre comme au figuré.

Quelle heure est-il ? bâilla-t-il d’une voix pâteuse.

Sept heures, Monsieur. Ne devriez-vous pas aller aux studios ?

Zut ! Il avait oublié. Haussant les épaules, il se rassit lourdement :

Pas envie. Pas la pêche.

Ma femme et moi on fait des paris avec les voisins. On a misé gros sur vous et sur la belle blonde. On n’arrive pas à trancher. Vous n’allez pas laisser tomber quand même ?

C’est pas important pour moi. Reportez vos mises sur Samantha. C’ est la meilleure.

Pas important pour vous peut-être mais nous les petites gens on aime les beaux spectacles. Pas juste de gâcher la fête et nous priver d'un peu de fric.

Laissez tomber. Suis vidé.

Non, non ! Faut y aller. Beaucoup comptent sur vous ! Des économies de plusieurs mois sont en jeu ! Z’allez pas nous faire ça, hein ? Venez, j’habite à côté. Une douche, un coup de rasoir et en courant, vous arriverez à temps.


Poussé, tiré, Justin se laissa traîner jusqu’au cottage de Pratt. Son épouse se jeta presque à son cou quand elle le reconnut aussi. Branle bas de combat dans la maisonnée. Tous, enfants compris, poussèrent Justin dans la salle de bains. Marge Pratt donna ses ordres :

Olli, tu le déshabille et le briques à fond, Amanda, tu cires ses pompes, Jenny tu repasses son costume. Allez, allez, on se grouille !

Qu’il le veuille ou pas 15 minutes plus tard Justin avait retrouvé figure humaine. Son entrain demeurait au fond d’une bouteille avec des rêves en miettes, perdus, noyés.

Buvez ça !

Wow ! Faudra me donner votre recette, madame Pratt. C’est du pur feu, votre truc !

De la pimentine sans les effets secondaires, rit la dame enrobée. Ma fille a trouvé une baguette dans votre poche, on a compris. Maintenant, allez travailler, du nerf mon garçon. On compte tous sur vous !

Regonflé à bloc, l’orgueil parla, Justin transplana.

Il arriva bon dernier au rendez-vous mais dans le délai quand même. Cette fois, les candidats pouvaient s’égailler où bon leur semblait à la ville, bois ou aux champs du moment qu’ils ramenaient de quoi réjouir d’un menu complet une famille de six personnes au budget limité.
Le cœur n’y était pas. Son œil attristé vers Sam dut alarmer cette dernière qui vint à lui sans poser de question. Ils avaient à nouveau une journée quasi complète devant eux pour faire du shopping culinaire…

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MessageSujet: Re: Lendemains   Lendemains EmptyMer 14 Juil - 14:10

Jouer le même cinéma des autres? L’idée en soi n’était pas mauvaise, le seul hic était le poids de leurs principes. Parfois Sam pensait qu’il serait bon de les larguer au loin, ces fichus principes et devinait que Justin avait à peu près la même idée…mais c’est su…on ne se refait pas en un jour !

Ils continuèrent donc à danser comme si rien, sans se livrer à aucune démonstration extravagante mais quand Nate et Andrei les rejoignirent sur la piste, ils durent faire un effort pour ne pas perdre le calme. Un regard à son partenaire suffit à Sam pour savoir que le pauvre souffrait comme un damné. Il aimait sa rousse et la voir langoureusement collée à son mari lui faisait un mal de chien.

Ça va faire du joli. On devrait peut-être s’en aller et les laisser…

Le tout avec un soupir à fendre le cœur. Elle secoua la tête.

On ne bouge pas d’ici…ça serait leur faire trop plaisir…

Mais c’était sans compter avec les idées d’Andrei qui tout à coup l’enleva aux bras de Justin en claironnant, tout joyeux :

Changement de partenaires !

Même si elle était fâchée avec lui, Sam ne put s’empêcher de sentir un délicieux frisson lui courir le long du dos, il le sentit et la serra plus étroitement dans ses bras.

Alors ma belle, tu t’amuses bien ? Je suis content que tu aides Justin à récupérer la mémoire.

Elle s’écarta à peine pour le regarder droit aux yeux.

Hum! Vraiment ? Qu’est ce que tu lui as fait à Nate…il me semble qu’elle allait pleurer.

Et l’autre de prendre son air le plus innocent même si son regard distillait malice pure.

Quoi Nate ? …Sais pas… elle a poussière dans l’œil, je pense. T’ai-je déjà dit que tu avais les plus beaux yeux du monde ? Et aussi la peau la plus douce, la plus savoureuse qui soit…

Nul autre homme comme Andrei! Lui seul savait exactement comment s’y prendre pour la faire oublier le reste du monde…et en pas s’en plaindre. Ces mots susurrés à l’oreille, sa bouche caressant son cou puis ce baiser délicieux qui la plongea dans un ravissement intense. Tout son être réagissait au quart de tour avec lui et Sam confirma ce qu’elle savait depuis longtemps…surtout depuis la veille au soir, jamais elle ne serait capable d’aimer un autre homme avec tant d’intensité. Justin était merveilleux, doux et attentionné, le compagnon idéal pour une vie de rêve…mais il n’était que cela…un rêve. Andrei était la réalité. Brutale parfois, intense toujours…

Elle ne s’avisa même pas à protester quand il décida de partir et ils transplantèrent au manoir Sanders. Un dernier baiser et la laissant installée dans le divan, mit de la musique avant de servir à boire et revenir vers elle. Son soupir la mit en alerte…la scène d’amour était remise, on entrait aux aveux. Qu’elle le veuille ou pas, il faudrait écouter…

Et il n’y alla pas de main morte. Fidèle à sa nature, Andrei allait direct au point.


C’était une bonne soirée, pas comme hier, n’est-ce pas ma chérie. Je t’ai laissé vider ton sac, j’espère que tu daigneras écouter le mien. Tu me connais, prétends-tu ? Tu m’as bassiné de mes pires défauts, très réels hélas.

*Au moins, il sait le reconnaître*

Elle s’attendait à ce qui allait suivre mais cela ne lui fit pas moins mal pour autant.

Je t’ai trompée avec Nate, je ne t’apprends rien. Elle était libre, j’étais malheureux.

Regard chagrin, elle pinça la bouche avant de lâcher, à peine râleuse.

Depuis que ça existe, les excuses…

Oh, je ne me cherche pas d’excuses, c’est pas ça.

Ah bon…et alors quoi ?

Je voudrais juste que tu voies les choses telles qu’elles étaient, telles qu’elles sont.

Sam fronça les sourcils.

Et…alors ?

La suite ne fut pas de toute gaieté parce qu’il n’avait tort en aucun des points. Sam frissonna mais là cela n’avait rien à voir avec du plaisir. Andrei savait tout…absolument tout et pourtant, on ne pouvait pas dire qu’il était fâché mais…déçu ? Endolori ?

J’ai failli croire ce que le héron m’a suggéré avant de mourir… Que tu lui avais cédé volontairement en pensant qu’il était Justin. Tu t’es rattrapée depuis, je crois… là n’est pas le plus important.

Elle ne put réprimer le haut de corps qui la secoua. Il la surprenait. Mettant à découvert sa faute, il ne l’en blâmait pas ouvertement, au lieu de cela passa à autre chose.

Hier tu étais fâchée pour un petit jeu au restaurant. Nate est un violon, tu caresses une corde, il vibre. C’est ainsi que je la vois et rien d’autre.

À peine remise du choc, Sam soupira, sans trop oser le regarder.

Par deux fois, tu m’as ouvert la porte hier. Je ne l’ai pas prise, et ne la prendrai plus si c’est ce que TU désires… Je veux que tu sois heureuse Sam. Je m’y emploierai de toutes mes forces.

Ces paroles la secouèrent jusqu’aux tréfonds de son âme. Serait ce possible qu’il passe si facilement l’éponge sur son affaire avec Justin ? Une bien courte affaire mais enfin. Non, le connaissant, il remiserait cela quelque part, prêt à en faire usage le moment venu…ou non ? L’aimait il donc autant ? M’enfin…Des preuves il lui en avait données. Depuis le début la leur avait été une relation singulière…Partie de rien, elle avait atteint des degrés d’incandescence parfaite…Incandescence qui n’avait jamais décru… sauf des hauts et des bas dramatiques mais le fait demeurait…par quelque miracle divin, leur amour était toujours là, peut être pas pareil…qui sait si encore plus fort…

Il sembla se faire des idées à cause de son silence réfléchi. Ce qu’il dit par la suite, Combla Sam d’un bonheur inimaginable.


Je n’ai jamais aimé personne comme je t’aime, toi. On ne m’a pas appris à aimer, c’était un tabou chez moi. Aide-moi à devenir meilleur ma chérie. Mais… de grâce, épargne-moi ta pitié. Si c’est lui que tu préfères envers et contre tout... je me soumettrai.

Elle tourna lentement la tête vers lui. L’éclat, un rien angoissé de ses yeux gris l’émut profondément, alors elle leva la main et lui caressa la joue d’un geste très doux à la fois que plein de passion, s’arrêtant au coin de sa bouche, pour la parcourir du bout des doigts avec entêtante lenteur.

Pas de pitié pour toi, Andrei Sanders…aucune. On t’aime ou on te hait…sans demi-teintes. Si tu choisis d’oublier…moi, je choisis de t’aimer.

Il est des situations dans la vie où les paroles ne sont plus de mise. Il suffit d’un regard, d’un geste…d’un baiser éperdu pour signer une reddition totale en sachant que le choix est sans appel.

Ouvrir les yeux le lendemain, de très bonne heure, dans les bras d’Andrei endormi, la fit, encore une fois, frissonner de bonheur. Elle voulut échapper à son étreinte sans le réveiller mais ce fut raté…

Je dois me lever, mon chéri…il y a un concours auquel je prends part, tu n’as pas oublié ça, non ?

Il n’avait rien oublié mais tint à se lever lui aussi. Se doucher avec Andrei était un risque à courir et il fallut beaucoup de conviction pour ne pas céder à la tentation de tout lâcher et rester avec lui la journée entière mais Sam était le bon sens même et peu après ils descendaient prendre le petit déjeuner. A leur grande surprise, Gerry et Anastasia se trouvaient déjà á table malgré l’heure très matinale. Il suffit d’un coup d’œil pour que Sam comprenne qu’ils étaient en plein désarroi.

Vous en avez, un air bien soucieux, vous deux !, dit-elle en prenant place après les avoir embrassés.

Gerry n’y tint plus, très énervé, il lâcha du tac au tac.

Andrei nous a tout raconté.

Elle se tourna vers son mari et secoua la tête en souriant avant de soupirer.

Alors, tant mieux…comme ça vous ne serez que plus contents en sachant que nous avons tiré tout au clair. Plus de mystères, plus de doutes…Je ne veux rien d’autre au monde qu’être la femme d ce diable d’homme et le demeurer pour le restant des mes jours. Et maintenant, je vais prendre mon petit déjeuner en vitesse et rallier le studio…sinon, on me mettra à la porte et ce sera fichu pour les efforts…

L’ambiance se détendit de plusieurs crans. Gerry soupira bruyamment et sourit soulagé. Anastasia sembla très heureuse et Andrei, très satisfait.

Ce sera sans doute une longue journée, on se revoit ce soir !

Elle embrassa son mari puis lui flattant le bout du nez, ajouta.

Oui, sans doute, je passerai tout ce temps avec Justin…mais si je le connais bien, il sera arrivé aux mêmes conclusions que nous…à chacun sa chacune, et point final !

Et avant que quiconque n’aventure quelque commentaire, elle fila en riant.

Arrivée au studio, elle fut surprise de ne pas y trouver Davenport qui, la ponctualité personnifié, était toujours des premiers à se présenter. L’heure top était prés de sonner, quiconque arrivant après cela était disqualifié. Sam se faisait quelques idées saugrenues et pas mal de bile aussi, préférant ne pas imaginer que la scène avec Nate, parce qu’il sans aucun doute il y en avait eu une, avait tourné à l’aigre…ou pire encore… Mais, manquant quelques minutes, voilà que Justin débarquait, juste pour entendre les instructions du jour.

L’idée ne manquait pas d’imagination : une journée complète pour quérir les ingrédients nécessaires pour faire un repas familial pour six et cela avec budget limité. Les choix d’où et comment restaient ouverts. Aux quatre candidats de voir. Un regard vers Justin suffit pour la renseigner. Le pauvre homme était là, sans envie de l’être en plus de passablement abattu. Elle prit son sac et alla vers lui, pas besoin de poser des questions…elle en devinait prés de la moitié.

Alors, on y va ? Pas envie de courir le bled en solitaire, je ne suis pas du coin, pour si jamais tu as oublié…

Qu’ils s’en aillent ensemble n’étonna personne, c’était plus qu’évident qu’ils s’entendaient mieux que larrons en foire. Une ruelle calme jouxtant le studio, Sam crut bon lui faire part de ses idées .

Je ne sais pas toi, mais moi je veux une belle poule…des œufs frais et autres trucs très à la mode fermière…ça te dit de me convoyer à la campagne ?

Ça lui disait. Un transplanage discret les emmena à l’endroit voulu. Petit village charmant, digne d’une carte postale, aux alentours de Londres. Nantis de leurs paniers, ils ne furent pas longs à se mettre à la tâche. Sam était ravie avec les légumes frais, les œufs somptueux et la grosse poule dodue qu’elle rêvait de préparer …Justin s’y prenait machinalement, sans trop d’entrain, l’œil affligé. Elle finit par l’entraîner dans un café.

Tu vas parler ou faire la tête toute la journée ?

Au début, il sembla que Justin partait pour la deuxième option mais Sam n’était pas prête à en démordre.

Je sais que ce ne sera pas facile, Justin…mais c’est la meilleure option pour tous…Andrei et moi, on a eu une longue conversation hier soir…Oui, il sait tout….Noon, pas fâché…ça lui a fait mal, évidemment mais il a compris…et moi aussi…

Dieu, qu’il avait l’air abattu. Elle posa sa main sur la sienne.

Tu sais, Justin…je t’aimerai toujours mais…plus comme nous avons failli le penser…Tu es homme d’une seule femme et dans ce cas, c’est et ce sera toujours Nate…Tout autre chose ferait que le remords te ronge et ça ne te laisserait jamais vivre en paix…Ce n’est pas comme ça qu’on serait heureux…Je suis sûre que tu es arrivé à la même conclusion…

Du coup elle avait presque envie de se mettre à pleurer mais ne le fit pas, à quoi bon mêler plus de sentiments qui ne feraient que compliquer ce tout déjà si embrouillé.

J’aime Andrei, ma vie est avec lui…c’est ma décision et…c’est la bonne.

Le café avait refroidi, ils s’en fichaient tous les deux. Ceux là seraient leurs derniers moments ensemble avant ,sûrement, très, très longtemps. Il faudrait remiser leur rêve au fond de leurs esprits et se dire adieu…parce que c’était logique et sensé…parce que l’éventail d’alternatives pour leurs lendemains s’était fermé face à la réalité…parce qu’il fallait vivre avec les deux pieds sur terre et ne pas bercer de folles illusions qui ne menaient qu’à la plus douloureuse des amertumes.

Elle se laissa aller dans ses bras et ferma très fort les yeux, son cœur faisait mal tellement il battait fort et un méchant nœud lui serrait la gorge. Ils restèrent ainsi un long moment, sans mots…à quoi bon ? Tout ce qu’ils auraient pu dire ne ferait que plus mal.

Un dernier « je t’aime », un dernier baiser…


Finissons ces fichues courses…il nous manque pas mal de trucs !

En quittant ce petit café de village, ils étaient devenus, par la force des choses et de leur bon sens, ces amis-complices que tout le monde croise en souriant, enviant leur parfaite entente, sans trop comprendre le pourquoi du comment.

Retour en ville avec partie de leurs achats qui fut déposée en main des organisateurs pour aller déjeuner sur le pouce à un des fast food du coin. Sam, américaine jusqu’au bout de ses convictions trouva son total bonheur dans un Mac Do, le plus anti gourmet possible.

Ne me regarde pas comme ça…c’est un crime de lèse gastronomie, soit…mais…mmm ! C’est délicieusement graisseux, haut contenu de cholestérol…j’adore la sensation de mes pauvres artères saturées…

Et de croquer à belles dents un magnifique cheese burguer en prenant un air extatique.

À cette singulière expérience culinaire suivit une délirante virée supermarché grande surface où Sam s’en donna à cœur joie en entraînant Justin dans sa folie de ménagère au budget limité.

Retour au studio, question de se préparer pour l’avant dernière émission. Andrei s’y trouvait déjà...et Nate aussi, l’air mitigé, à prudente distance. Ces deux là semblaient avoir eu une conversation pas trop réjouissante à en juger par l’expression de Mrs. Davenport.
Sans lâcher ses achats, Sam alla vers son mari.


Salut, toi…Bonne journée ?

Elle l’embrassa tendrement sans se préoccuper de personne d'autre que lui.

Tu ne t’imagines pas, on a couru comme des dingues…Fronce pas le nez, mon amour, tout est clair…absolument clair ! Maintenant, je file…on se retrouve plus tard…toi et moi…seuls. Je t’aime !

Justin était déjà entré. Elle le retrouva juste avant d’entrer en scène et lui cligna un œil sans rien dire.

Deux heures, cette fois, pour concocter un repas pour six. Faudrait s’y mettre avec entrain. Au moins sa volaille avait déjà été dûment plumée et vidée, n’empêche qu’il faudrait travailler ferme et sans se laisser distraire.

Sa première préoccupation fut la poule. Aussitôt celle ci dans sa marmite avec légumes et aromates. Elle passa à s’occuper du dessert, gâteau mousseux au chocolat, un incontournable qui plaît à grands et petits. Une fois la préparation au four, elle écuma le bouillon et poursuivit avec la préparation d’un délicieux potage au potiron. Pour alors, elle pouvait déjà préparer le riz à la créole avec le bouillon résultant. La volaille était à point, elle la retira du bouillon et le laissa réduire, tout en s’activant à faire un roux comme base de la sauce…

Manquant cinq minutes pour le temps chrono, elle appuya sur le « champignon », sans se surprendre d’entendre un autre candidat faire de même…pas la peine de regarder, elle savait de qui il s’agissait. Ses plats, parfaitement présentés n’attendaient que le verdict du jury…Inconsciemment, son regard se tourna vers le public distingué à peine à cause des spots éclairant la scène, mais elle sut qu’Andrei la regardait…son sourire fut radieux…
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MessageSujet: Re: Lendemains   Lendemains EmptyMer 14 Juil - 21:48

Bien sûr, elle aurait voulu faire part à Andrei e ses observations du jour mais à la réflexion préféra se taire. Nate ne se sentait guère à l’aise. En fait elle se sentait comme la plus parfaite des idiotes. Justin se fichait de sa tête, Sam eut le toupet de la provoquer avec une soit disant invitation à faire du shopping et Andrei…avec un soupir mitigé, Nate dut reconnaître que celui là semblait plus préoccupé qu’il ne voulait en laisser paraître. Qu’il soutienne sa main pendant le show sembla plutôt du réconfort fraternel qu’autre chose…
Mais que voulait elle à la fin ? Refaire sa vie avec Justin ? Repartir de zéro en passant l’éponge sur ses fautes…et sur les siennes, au cas d’en avoir ? Ou vivre encore une aventure incertaine avec un homme qui ne pensait à elle que pour quelques heures de plaisir volé ? Parce que tout émoustillée que Nate put être avec cette perspective, cela ne serait jamais rien d’autre que cela. Andrei ne l’aimerait jamais. Il la désirait, rien de plus. Et elle ? À moment donné, lors de leurs derniers jours à Ko Phi Phi, elle avait été presque sûre de l’aimer mais en y pensant bien était arrivée à la conclusion que confondre le désir fou avec l’amour entraîne des douloureuses confusions. Sauf que cette reconnaissance arrivait avec un certain retard…La veille encore, le revoir l’avait plongée dans un ravissement extatique et affolant qui n’avait pas échappé…à personne.

Fini le show, il avait encore fallu suivre le caprice de la blonde Mrs. Sanders qui semblait en un état de surexcitation digne de soupçon. Après un dîner pendant lequel tous et chacun essayèrent de se montrer relâchés vint l’épreuve de les voir danser, ravis de la vie, en parfaite complicité et concordance, comme s’ils étaient faits l’un pour l’autre et eux, légitimes conjoints, faisaient partie du décor.

Elle se sentait perdue sans savoir comment s’y prendre…Stupidement, sa main chercha celle d’Andrei.

Tu veux danser ?

Oui.

Elle ne voulait pas le regarder ainsi, mais le fit. Elle en voulait pas céder à la délicieuse et chatouillante sensation que lui produisait sa proximité…mais là encore, elle le fit. Du coin de l’œil, elle observa Justin qui parlait à Sam, yeux dans les yeux et une bouffée de rage faillit la secouer…mais déjà la bouche d’Andrei frôlait le lobe de son oreille et cela lui produisit un frisson merveilleux…qui finit en décharge électrique en l’entendant susurrer :

Nate, ma douce, décolle-toi s’il te plaît. Ne vois-tu pas leur jeu ? Tu ne vas pas tomber dans le panneau, non ?

Ces paroles, inespérées lui firent l’effet d’un seau d’eau glacée, se raidissant dans ses bras, elle le regarda, interdite.

C’est un piège de leur part, rien d’autre. Sam a pigé que je voulais l’observer en présence de Justin et là elle me rend la monnaie de ma pièce, tout simplement. Ce sont eux qui nous observent, là !

C’était donc ça ! Il l’avait utilisée pour mesurer les réactions de sa blonde avec Justin. Elle n’était qu’une pièce amovible dans son petit jeu. Elle l’aurait bien mérité. Mais ce n’est pas reconnaître ça qui lui évita de se sentir déjouée, trompée, délaissée et malgré ses efforts ses yeux se remplirent de larmes.

Ne tire pas cette tête, tu les ferais trop se marrer ! Reprends-toi, N*m de D**u !

Il en avait des bonnes. Elle aurait voulu lui rendre la moitié de son poison quand le voilà qui la fourrait dans les bras de son mari et reprenait sa belle après un joyeux :

Changement de partenaires.

Se retrouver dans les bras de Justin dans cet état de bouleversement n’arrangea en rien les choses.

Je…je ne …veux plus danser !

Pour une fois, nous sommes du même avis ! Viens !

Lâche moi !, gronda t’elle entre ses dents mais il n’en fit rien.

Elle n’avait jamais connu Justin brutal, là il était à deux pas de l’être. Serrant son poignet avec force, il retourna à leur place, lui fourra ses affaires dans la main avant de l'entraîner comme à prise de guerre vers la sortie. Une fois dehors et toujours sa lâcher prise, il chercha un endroit d’où transplaner.

Parvenus à leur chambre d’hôtel il la lâcha brusquement et lança un « Assurdiato » qui ne présageait rien de bon. Enragé il se défit de sa veste et desserra le nœud de sa cravate avant de lui faire face :

Maintenant tu t’assieds ou tu files ! Je te jure que si tu franchis cette porte, ce sera terminé entre nous, Nate Sommerby. En définitive tu me prends pour qui, le guignol de service ?

Je…euh…, mais à la réflexion mieux se taire et écouter ce qu’il avait à dire.

J’en ai marre, Nate ! Marre de ton cirque, de tes chichis, de tes états d’âmes. Marre de me battre pour tes beaux yeux qui ne brillent plus que pour ce Sanders. Seulement les siens ne verront jamais QUE Sam ! Vexant, non ?

Que ça faisait mal ! Mais…n’était il pas…amnésique?

Elle t’a raconté tout ça !?

Son sourire mauvais la cloua sur place.

Je sais tout, j’ai toujours tout su… Oui, la chute de cheval ne m’a rendu amnésique que quelques minutes. J’avais une chance de redresser la situation pour nous. Je l’ai prise, je me demande encore pourquoi... De Brent aurait pas dû m’empêcher de me noyer.

De…de quoi parles tu ?, elle était vraiment perdue, affolée, sans rien comprendre…se noyer ? Justin avait voulu se noyer et Michael lui avait sauvé la mise ?, de…quoi parles tu ?...Alors…tout a été…de la mise en scène ?

Le voir tourner en rond, comme ours en , n’avait rien de rassurant, qu’il stoppe abruptement face au bar et serve deux verres en renversant la moitié la fit frémir, jamais elle n’avait vu Justin perdre le domaine de ses nerfs.

Prends-en un, si tu veux !

Elle s’approcha en tremblant et prit son verre alors que son mari enfilait le sien sans respirer pour le remplir de nouveau. Elle but un peu et essaya de reprendre contenance pour lui lancer une riposte furibonde.

Tu parles de redresser une situation !...Mensonges ! Tout ce que tu as dit ne sont que des mensonges…pourquoi ? Parce que tu sembles avoir la conscience pourrie, du coup…Toi et ton petit numéro du mari déboussolé…tu joues si bien les innocents, toi que tu as mis tout le monde dans ta poche…même ton crétin d’ami…Justin le probe…Justin le justicier…Et ta Sam, quoi ? Tiens…je vous ai suivis ce matin…quelle gentille scène…hier soir tu joues les outragés et ce matin…J’ai vu comme tu l’embrassais…

C’est ça, vas-y, traite-moi de tous les noms, je m’en fiche… Sam ? Quoi, ça t’intéresse ? Ne me joue pas la comédie de la jalousie, s’il te plaît. Tu te foutais pas mal de ce que je devenais pendant près de deux mois, alors cesse…

Cesse quoi ? De rire ?...Ta petite blonde exemplaire, si prude et éprise de son mari…tu peux lui tourner autour tant que tu voudras…tu ne l’auras jamais, elle…ne te fera jamais une place dans son lit…et te connaissant…

Elle ne s’attendit jamais de la vie à sa réponse.

Oui, je me suis retrouvé dans son lit, et pas pour jouer aux cartes…

Nate se sentit suffoquer, il le reconnaissait si fraîchement !

Mais…tu n’en manques pas de…toupet, toi ! Alors…cette…cette Ste. Nitouche et toi…avez…une affaire !!!

Sa voix avait atteint presque une note aiguë, lamentable, il lui décocha un regard hargneux avant de continuer, d’un ton teinté de profond regret :

Une nuit, une seule et c’est pas faute d’avoir essayé de sortir de cette maison que l’orage avait bouclée mieux que Fort Knox pendant que toi tu prenais des leçons de respiration artificielle en Thaïlande…

Et elle savait très bien que le regret perçu n’était pas causé par cet enfermement arbitraire ni par ses aventures thaïlandaises…mais à cause cette unique nuit partagée avec Sam.

Tu…tu…avais juré ne pas me …surveiller…tu as dit que…si je revenais ce serait sans reproches…tu…tu…

Bien sûr que je t’ai fait suivre ! M’ s’rais gêné, tiens ! J’ai pas eu besoin d’ouvrir le rapport pour savoir où tu étais. La prochaine fois que tu voyageras utilise un compte que je ne puisse voir, ça m’évitera les coups bas.

TU N’AVAIS AUCUN DROIT !!!

En fait, il les avait tous. C’était elle qui avait déserté le foyer conjugal, c’était elle qui avait vécu une aventure plus que torride…mais ce n’était pas cela qui lui ôtait l’envie de l’écharper et de le maudire de la pire façon possible.

Et…et en plus…ce soir…très édifiante votre petite scène…Si Andrei ne l’avait pas arrachée à tes…

Ce que je foutais ce soir avec Sam ? Bien moins que toi au resto d’hier, hélas !...

Tu baves comme un idiot dès qu’elle est là…

Ah… je bave devant Sam ? La prochaine fois que tu verras Andreï, je prendrai des clichés pour que tu voies ta tête.

Et de se livrer à une imitation grotesque de son attitude.

Tu n’as pas…

Son rire cynique lui glaça le sang.

Oui, c’est à ça que tu ressembles quand il est à proximité : une vraie chienne en chaleur ! Si c’est ça qui te plaît, si c’est ça que tu veux, décide-toi, NDD ! J’ai mes défauts mais MRD, t’en as pas mal, avoue !

Avant qu’elle n'ait idée de placer un mot, il avait éclaté son verre au sol, une habitude marquée chez lui quand les nerfs le trahissaient, prenait sa veste et la bouteille avant de s’enfumer en un transplanage, la laissant déboussolée, rageuse et tourmentée…sans savoir où en donner de la tête.

Les derniers mots de Justin lui tournèrent dans la tête tout au long de cette longue nuit où elle ne put pas fermer l’œil.


« Si c’est ça qui te plaît, si c’est ça que tu veux, décide-toi, NDD ! »

Qu’avait il voulu dire avec ça ?...Qu’elle se décide…mais pour quoi ?...Pour lui ? Lui donnerait-il une autre opportunité ? La laisserait elle retourner chez eux ?...revoir ses enfants ?...La rejetterait il avec tout le blâme qu’elle méritait ? Jetant sur elle tout l’opprobre que cela entraînait ? Que dire à sa famille ?...Ils la mettraient á la porte…Cette simple pensée parvint à la désespérer pour de bon. Pourquoi n’avait elle pu s’arrêter un instant à penser aux conséquences de ses actes ? Tout simplement parce qu’elle avait été suffisamment stupide pour penser qu’il n’y en aurait pas. Elle était tombée à pieds joints dans le panneau de Justin… « Je ne voudrai jamais rien savoir de ce que tu feras. Tu es libre de faire ce que tu voudras et si tu décides revenir, je ne poserai pas de questions»

*Plus idiote que toi, ma fille, difficile à trouver !*

Ce n’est pas cela qui allait la consoler. Où était allé Justin ? Furieux comme il était, partir en emportant une bouteille de whisky ne laissait rien de bon à prévoir. Mais Nate supposa que ses manières impeccables l’empêcheraient de se donner en spectacle, comme le dernier des poivrots, en buvant sous un pont. Elle ne pouvait pas s’imaginer comme son tort était grand !

Le jour se leva et toujours pas trace de Justin. Elle savait sciemment qu’il devait se trouver au studio de TV à 8 :00. Un transplanage l’amena sur les lieux. Au comble de l’énervement, elle se présenta à la porte. Bien sûr, pas question de la laisser passer.

Je ne voulais que savoir si Mr. Davenport se trouve là ?

Le portier la regarda, avec un rien de moquerie. Elle releva le menton, avec morgue.

Je suis sa femme, aussi simple que cela !

Eh bien, ma p’tite dame, va falloir attendre qu’il sorte alors…moi, j’ai pas la permission de vous laisser entrer.

Avec un soupir dépité, il ne lui resta qu’à faire demi-tour et se planter un peu plus loin…et attendre.

Tout comme la veille, ils sortaient ensemble, sauf que cette fois Justin n’avait pas l’air ravi et Samantha, très sérieuse. Sans même regarder aux alentours, ils se dirigèrent vers la ruelle toute proche, elle les suivit, rien que pour les voir transplaner.

Que faire ? Où aller ? À qui se confier ? À qui demander conseil ? Pas une de ses soi-disant amies n’étaient le genre de personne à qui elle confierait ses tourments. Elles ne se réjouiraient que trop de la voir dans une impasse pareille, rêvant qu’elle disparaisse enfin de leur horizon pour jeter leur dévolu sur Justin…que toutes considéraient comme le non plus ultra des maris…en plus de le trouver très séduisant. Le pire est qu’elle savait tout cela…Si son chemin n’avait pas croisé celui d’Andrei…


*Finis par dire que c’est sa faute, tant que tu y es !*

Bien entendu qu’il y avait quelque chose de cela mais…L’idée d’aller le trouver et le mettre au courant de ses déboires la tenta un instant mais délaissa l’idée en la trouvant déplacée.
À midi, son amertume n’avait fait que s’accroître. Reconnaître ses torts ne lui remonta pas trop le moral mais au moins l’aida à envisager le possible futur qui l’attendait. Que Justin ne veuille pas la voir de retour à La Folie ne serait que trop compréhensible. Avec un soupir, elle pensa au joli cottage qu’il lui avait offert avant leur mariage. Cela faisait longtemps qu’elle n’y était pas allée mais un elfe s’occupait périodiquement de le maintenir en bon état, en attente du jour où quelqu’un s’aviserait à venir l’habiter. Elle en avait rêvé, de ce petit coin à eux, au lieu de la démesure de La Folie…Justin ne se lasserait jamais de son extravagante demeure…

Retrouver ces quatre murs douillets qu’elle avait aménagés avec tant d’amour eut raison de ses nerfs, se laissant tomber dans le divan, Nate pleura toutes les larmes de son corps. Cela ne dura guère trop longtemps.

*Pas la peine de te plaindre sur le passé…pense à demain !*


La décision fut vite prise. Un message à Briman avec instructions précises fit son œuvre. Magie aidant, en fin d’après midi, l’endroit avait retrouvé netteté et confort, à l’étage, dans sa chambre, se trouvaient ses affaires. Pas toutes, à La Folie restaient ses bijoux, robes de soirée et autres tenues luxueuses. Redevenir la Nate d’avant devenait prioritaire. À La Folie restaient ses enfants qu’elle n’avait pas su aimer…et Justin qui ne les aimerait que plus. Aussi ses souvenirs, sept ans ou presque de bonheur parfait…et ses erreurs.

Peu avant l’heure du show, elle retourna au studio. Andrei s’y trouvait déjà.

Je suis contente de te voir. Il ne me reste qu’à souhaiter que Sam et toi sachiez être heureux…Non…pour Justin et moi c’est certainement déjà trop tard. Non, il ne m’a pas mise à la porte, c’est moi qui m’en vais…Non…pas courir le monde. Refaire ma vie, tout simplement.

Elle soupira puis serra les lèvres un instant avant de le regarder avec un sourire triste.

Ce qui s’est passé entre nous à été une erreur…mais je n’irai pas jusqu’à dire que je m’en repends…Tu m’as fait découvrir une facette de moi-même qui m’effraye mais qui est là…Non. Je ne pense pas qu’elle me plaise trop…Nous…ne nous reverrons plus…Jamais, si possible. Sois heureux, Andrei.

Elle s’éloigna et fit mine de s’intéresser au va et vient des gens qui entraient et sortaient. Sam et Justin arrivèrent ensemble. Elle alla vers son mari et l’embrassa, enjouée, heureuse…et il sembla si content, lui aussi. Justin allait passer de large mais elle le retint.

Juste pour te dire, que…je voudrais te parler…après le show. Je serai là bas…au café. Viens, s’il te plaît.

Il ne dit rien et préféra entrer. Elle ne se trouva pas le courage d’entrer suivre le déploiement de ses talents.

Nate occupa les deux heures suivantes à de profondes réflexions. Que Justin s’encadre sur le seuil la fit soupirer. Peut être restait il un minime espoir ? Seul le temps le dirait.


L’expression fermée, il s’approcha de sa table et prit place face à elle, sans un mot, attendant qu’elle parle.

Tu as eu raison hier soir…tu as toujours eu raison. Te demander pardon pour toutes les erreurs que j’ai commises ne me semble même plus relevant. Je n’ai aucune excuse rationnelle pour ce que j’ai fait. Tu peux penser ce que tu voudras…tu auras raison. Je t’ai fait trop de mal, Justin…mais pour stupide et incroyable que cela te semble…je t’aime toujours…Non, n’aie pas de crainte, je ne vais pas jouer les épouse repentantes et faire une scène en quêtant ton pardon. Je ne le mérite certainement pas…Je t’épargnerai des moments pénibles…Tu n’as pas besoin de me demander de quitter la maison…c’est déjà fait.

Cela sembla le prendre un peu de court mais elle préféra poursuivre tant que le courage était là.

C’était le mieux à faire. Non, je ne file pas...C'est simplement que…t’imposer ma présence après tout ce qui est arrivé…serait injuste. Si tu décides divorcer, je ne ferai aucun esclandre…il n’y a qu’une chose que je te supplie de considérer…Laisse moi voir mes enfants de temps en temps…s’il te plaît. Je ne veux rien d’autre…absolument rien…Je sais que…qu’on peut penser le contraire…mais je les aime…Tu…tu es…un homme merveilleux, Justin…et moi, une idiote perdue…J’ai eu droit au ciel et l’ai renié…Plus de droit au paradis…le prix est haut mais il faut le payer…Non…ne t’en fais pas pour moi…avant de te connaître, je savais très bien me débrouiller…je saurai le faire de nouveau…Non…je ne vais plus partir en voyage…Je serai là où j’avais rêvé d’être… avec toi…

Elle allait flancher et se mettre à pleurer et c’était juste ce qu’il fallait éviter, alors avant que cela se passe, elle se leva et prit son sac.

Prends soin de toi, Justin…et c’est vrai…j’ai tellement d e défauts…Au revoir…Adieu…je ne sais pas…

Gagner la porte au plus vite et se perdre parmi la foule, chercher le premier endroit désert et disparaître. Elle pleurait en transplanant et cela n’allait pas mieux en franchissant le seuil de sa nouvelle demeure…

Nate aurait voulu mourir…mais cela aurait été trop facile…
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MessageSujet: Re: Lendemains   Lendemains EmptyVen 16 Juil - 20:32

La scène avec Nate avait scié Justin jusqu’à la moelle. Elle devait avoir des œillères et des boules quiès dans les oreilles. Si sourde et aveugle, elle n’était pas restée muette pour autant après qu’il ait commencé à lui jeter à la tête ses quatre vérités.
Hors de lui ? Même pas !
Il était seulement écoeuré, à bout du fait des fantasmes de la Miss. Lui mettre les points sur les I, la pousser au pied du mur était l’unique solution.

Parfois, les meilleures intentions du monde se retournent contre vous. Il avait envoyé autant de signaux que possible… Elle n’avait rien compris ou rien voulu capter, et pris la mouche.
Au moins sa franchise totale avait déconcerté sa femme. Résultat : vexation ! Nate l’accusait de ne pas manquer de toupet sans reconnaître qu’elle était plus fautive que lui et que le mal était venu d’elle seule.

Elle allait partir. Tout dans l’attitude de Nate le lui faisait sentir. Non seulement elle crânait mais essayait en plus de lui faire retomber les fautes dessus.


TU N’AVAIS AUCUN DROIT !!!

*C’est la meilleure de l’année !*

Elle allait partir… et il ne le supporterait pas. La fuite était préférable à tout plutôt que d’assister à ça.

Curieuses pensées qui l’habitèrent pendant qu’avec conscience, il vidait la bouteille raflée dans son évasion.


*C’est fichu ! Elle n’a pas idée de ce qu’elle a fait, de ce qu’elle est devenue… Tiens, je devrais téléphoner à sa chère grand-mère, elle serait probablement outrée de l’attitude de son poussin favori ! Bien sûr le clan Sommerby la défendra et te fera porter le chapeau… Je leur rirai au nez en disant qu’il est immettable vu les cornes dont elle m’a gratifié. Reste à croire au miracle… Tu n’y crois pas, tu es trop rationnel pour ça. Je veux croire qu’un jour… elle retombera sur ses pattes… mais lui courir après : jamais plus. Et Sam ? Sam est aveuglée par Andreï… il ne la laissera jamais voir par d’autres yeux que les siens… Ils pourraient être heureux ensemble malgré tout, je ne leur gâcherai pas cette chance.*

L’ivresse n’arrangea rien mais au moins lui permit de dormir.
Se moquant de tout, il avait fallu que les simples Pratt le remettent d’aplomb en faisant appel à son bon cœur. Pour eux, il ne devait pas encore baisser les bras, il n’en avait pas le droit.

Le moral dans les semelles, Justin se matérialisa aux studios. Distrait, il écouta les instructions du jour.


*De la bouffe pour... une famille de six personnes… c’est ce que j’avais… avant*

Pas besoin de discours avec Sam, elle avait pigé son état mental et l’avait entraîné dehors sous le regard des autres. Qui s’en soucierait ? Dans une ruelle proche, elle tenta de se montrer enjouée :

Je ne sais pas toi, mais moi je veux une belle poule…des œufs frais et autres trucs très à la mode fermière…ça te dit de me convoyer à la campagne ?

Si tu veux. C’est pas de la triche de transplaner ?

Respirer un autre air lui ferait peut-être du bien. En route pour une balade champêtre.
Les prix des producteurs étant nettement inférieurs que ceux des détaillants, ils savaient y gagner en économie autant qu’en fraîcheur. Petits légumes cueillis pour eux, œufs pondus de quelques heures, champignons des bois proches ornèrent leurs paniers. Sam eut sa poule dodue, lui ses côtes de porc.
Son manque d’entrain était si net que Sam le prit en pitié en l’entraînant dans un café du village. Sans ambages, elle attaqua :


Tu vas parler ou faire la tête toute la journée ?

Il haussa les épaules, indifférent à tout. La Miss voulut lui rendre les aveux plus faciles en avouant :

Andrei et moi, on a eu une longue conversation hier soir.

Pareil pour moi. De toute façon, je parie qu’il savait déjà.

Oui, il sait tout…

Il était fâché ?

Noon, pas fâché…ça lui a fait mal, évidemment mais il a compris…et moi aussi…

Tu as plus de chance que moi !

Tu sais, Justin…je t’aimerai toujours mais…plus comme nous avons failli le penser…*nous n’avons pas fait que faillir…*Tu es homme d’une seule femme et dans ce cas, c’est et ce sera toujours Nate…Tout autre chose ferait que le remords te rongerait et ça ne te laisserait jamais vivre en paix…*Possible, oui*Ce n’est pas comme ça qu’on serait heureux…Je suis sûre que tu es arrivé à la même conclusion…

*Pas exactement, non* se garda-t-il bien de dire.

Le coup de grâce menaçant intervint tel le couperet d’une guillotine:

J’aime Andrei, ma vie est avec lui…c’est ma décision et…c’est la bonne.

*Encore une sourde et aveugle ! Tu les choisis bien mon pote !*

Les choses étaient claires, le choix fait. Il ne restait plus qu’à s’y plier sans l’ombre de l’espoir souhaité. Que faire d’autre que de la serrer contre lui, se réchauffer une dernière fois à son contact, lui dire je t’aime et lui donner un baiser de rien du tout.

Leurs premiers achats furent déposés aux mains des organisateurs avant d’aller manger un bout dans un abominable fast food. L’unique fois que Justin en avait fréquenté un, il avait été malade. Sam, elle, semblait adorer ça. Il se contenta d’une salade sauce allégée, l’air dégouté.

Il manquait encore divers ingrédients à leurs préparations futures. Une grande surface très ordinaire aux prix cassés les vit s’approvisionner. L’entrain de Sam avait beau être communicatif, l’humeur de Justin demeurait morose. Comment en aurait-il pu être autrement ? Son avenir personnel était sombre, celui de Sam radieux… Il ne voulut pas lui gâcher son bonheur et se donna du mal pour paraître normal.

Le retour aux studios le fit grimacer en voyant à nouveau Andreï et Nate à proximité. Néanmoins si le premier triomphait, la seconde avait une bien petite mine.


*Qu’est-ce qu’elle fait là ? Elle vient dire au revoir à ce mec ou encore tenter de l'appâter ?*

Justin s’en moqua et voulut filer en coulisse rapidement. Nate ne lui en laissa pas le loisir :

Juste pour te dire, que…je voudrais te parler…après le show. Je serai là bas…au café. Viens, s’il te plaît.

Parfaite mise en condition pour affronter les caméras. Heureusement que la cuisine était son second élément. Toujours, elle lui avait permis de s’évader de tout. L’occasion de se dérider était excellente. Autant en profiter.

Immergé à fond dans son truc, Justin refoula la totalité de ses préoccupations privées.
Son potage lui sembla parfait. Si le dessert serait un pudding dans la plus pure tradition anglaise, son plat de consistance, lui, dépayserait un peu les palais en leur proposant une recette régionale belge à base de côtelettes rôties et sauce moutarde-cornichons.
Pendant que ses pommes de terre cuisaient, Davenport remarqua quelque chose qu’il l’ulcéra. Le voisin direct de Sam venait de renverser le poivrier complet dans la sauce que Sam avait laissé de côté derrière elle. Si Justin ne s’était pas trouvé à cette place, il n’aurait rien vu, comme personne du reste.


*Le salaud !*

Pour rattraper ça, un seul moyen : la magie. Des ustensiles se trouvant sous les plaques de cuissons, Justin s’accroupit brièvement et joua de la baguette afin d’extraire l’excès de poivre du plat de Sam. Un autre sort fusa vers la mixture du voisin indélicat qui serait surpris du feu de son ragoût de mouton.

Le temps imparti était presque écoulé quand il appuya sur le champignon en parfait duo avec Sam.
Comme elle rayonnait en cherchant le soutient de son Andreï. Davenport ne se fatigua pas à tenter de repérer Nate, elle n’était sûrement pas là.
Le jury ne délibéra pas longtemps. Sous de nombreux applaudissements, les derniers à s’affronter le lendemain seraient Sam et Justin.


Après les félicitations d’usage et quelques recommandations en vue de l’épreuve déterminante finale, Justin se changea avec lenteur. Il n’avait aucune envie de se rendre au café où Nate l’attendait.

*A quoi bon y aller ? Tu sais ce qui va se passer.*

Il est des martyrs qui vont au bûcher l’âme légère, pas Justin.
Nate était là, posée dans un coin discret, le sourire de travers en le voyant approcher. Elle avait dû longuement ruminer ce qu’elle allait dire car elle démarra à peine il fut assis en face d’elle
.

Tu as eu raison hier soir…tu as toujours eu raison. Te demander pardon pour toutes les erreurs que j’ai commises ne me semble même plus relevant.

*Ce serait pourtant un bon début…*

Je n’ai aucune excuse rationnelle pour ce que j’ai fait. Tu peux penser ce que tu voudras…tu auras raison.

*Tu es une idiote, une menteuse rouée, une s****e*

Je t’ai fait trop de mal, Justin…mais pour stupide et incroyable que cela te semble…je t’aime toujours…

*Dis ça à un cheval de bois, il rue !*

Non, n’aie pas de crainte, je ne vais pas jouer les épouse repentantes et faire une scène en quêtant ton pardon. Je ne le mérite certainement pas…Je t’épargnerai des moments pénibles…Tu n’as pas besoin de me demander de quitter la maison…c’est déjà fait.

Oups ! Là, il fut pris de court. Il s’était attendu à quoi ? Plus à une scène virulente qu’à cet air chagrin, plus à une tentative de conciliation qu’à cet… abandon, en tout cas.
Son blabla sur ses raisons ne l’atteignit pas. A l’en croire, elle voulait le ménager, de quoi se tordre de rire. Les mots divorce, enfants le frappèrent pourtant durement.
Il ironisa pour cacher sa profonde déception :


Comment vas-tu faire ? Tu vas encore te mettre à courir partout*Après n'importe qui* ?

ne t’en fais pas pour moi…avant de te connaître, je savais très bien me débrouiller…je saurai le faire de nouveau…Non…je ne vais plus partir en voyage…Je serai là où j’avais rêvé d’être… avec toi…

En gros ça se résumait à un « je te plaque, je serai mieux sans toi »
Il n’esquissa pas un geste vers elle quand elle se leva et prit son sac avec ces dernières paroles qui l’achevèrent :


Prends soin de toi, Justin…et c’est vrai…j’ai tellement d e défauts…Au revoir…Adieu…je ne sais pas…

Il resta là, comme si ses pieds étaient de plomb. Elle lui tuait sans lui faire l’aumône d’un ultime baiser. Lui courir après ? Non, plus jamais. Depuis des mois, il ne faisait que ça. Un sursis, un répit eut lieu avec sa pseudo amnésie. Maintenant, sa patience était usée, il était usé, les munitions épuisées.
Un garçon se présenta à la table s’enquérant :


La dame est partie ? Désirez-vous quelque chose ?

L’oubli si vous avez ?… Un whisky triple, merci.

Rude journée que celle-ci ! Peu pouvaient se vanter de s’être fait jeter deux fois en l’espace de quelques heures par des femmes qui, de surcroît, prétendaient les aimer. Davenport battait probablement un record dont il se serait bien passé.
Il but lentement, laissant ses idées partir sur le radeau à la dérive qu’était devenue sa vie.

Voix de Sam : « Justin, je t’aimerai toujours » Voix de Nate : « Je t’aime toujours » Il éclata d’un rire sans joie, solitaire.
Réglant sa consommation, il sortit de l’établissement et alla où le menaient ses pas.
Il ne voyait rien des néons de la ville, des publicités tapageuses, de la circulation, des piétons croisés.
Inconscient des klaxons ou coups de freins déclenchés par ses traversées brusques, Justin arriva sur les quais de la Tamise qu’il longea les yeux vagues.
Sept années foutues en l’air, parties en fumée. Celle qu’il avait posée sur un piédestal doré prenait la clé des champs ; celle qu’un hasard lui avait fait reconnaître comme sa vraie moitié en préférait un autre…
Arrêtant son errance, il contempla l’eau sombre qui coulait à proximité. Ce serait si simple d’enjamber la rambarde et de plonger…
Ces pensées il les avait déjà eues. Elles revenaient en force, tentantes, attractives…
Pourquoi ou pour qui lutter encore ? Les enfants ? Leur mère les aurait sur les bras…


*Bien fait, ça l’occupera !*

Ses usines et leur personnel ?

*Le groupe d’administrateurs élira un nouveau président !*

Des paroles de simples sorciers revirent le taquiner :

Ma femme et moi on fait des paris avec les voisins. On a misé gros sur vous et sur la belle blonde. On n’arrive pas à trancher. Vous n’allez pas laisser tomber quand même ? du nerf mon garçon. On compte tous sur vous !

Au moins avait-il encore ça à accomplir !


*T’es pas con, libre, beau gosse et riche ! De quoi te plains-tu ?*

Tournant le dos au fleuve, il transplana.

L’étape finale se déroulerait en direct interrompu par les nombreuses publicités habituelles. Le président du Jury tirerait au sort les plats à réaliser soit deux menus identiques.
Pour passer le temps, Justin fit un saut à « la Folie » Tout son petit monde se portait bien. Briman, son elfe, tirait une tête jusque par terre. Le maître comprit pourquoi lorsqu’il entra dans la chambre conjugale : les penderies étaient vides. L’oiseau envolé avait juste laissé quelques bijoux épars… tous les cadeaux de sa part, offerts avec tant d’amour au fil des années. Chacun témoignait d’un événement, attention, symbole. Qu’elle n’en ait pas voulu lui fit très mal. Il se sentit rejeté une seconde fois. Il ne les toucha pas, préférant quitter les lieux tels quels.
L’après-midi fut agréable à jouer avec les « grandes » et câliner ses fils.
Mrs Mc Pherson ne fut pas sans remarquer sa morosité sous-jacente en s’enquérant de Mrs Davenport. Laconique, il répondit :


Ma femme se repose au cottage. Je pense lui envoyer Briman que je ne peux plus voir en peinture. Vous vous entendez bien avec l’autre, non ? J’en engagerai une en remplacement.

Comme pris d’une inspiration subite, il dit :


Que diriez-vous d’un séjour à la mer ? J’en ai un peu marre de ce climat. Les Bermudes, ça irait ?
J’y ai acheté une propriété pas loin de celle des De Brent. Je pensais en faire la surprise à Nate, mais… Ça fera une joyeuse bande de monstres ! Il faut bouger, changer, vivre !


Si la nounou fronça les sourcils, il ne s’en soucia pas.

Je rentre ce soir après le dîner de gala organisé par la télé, on avisera. Préparez les malles !

Assez satisfait d’avoir pris une décision cohérente, Davenport rentra à Londres se préparer.

La salle affichait complet. Nerveux, pour une fois, l’organisateur donna ses dernières recommandations aux finalistes avant de les lâcher dans l’arène :

Tous les ingrédients correspondants aux plats sont à votre disposition en coulisse. On vous les apportera selon le tirage au sort. N’en faites pas trop mais… bonne chance !

Il les planta là, histoire de vérifier que tout était prêt avant le lever du rideau.
Pourquoi s’énerver ? Les adversaires de scène étaient amis pour la vie. Que l’un soit sacré meilleur que l’autre n’y changerait rien. Ils n’échangèrent pourtant que des banalités. Discret –honteux( ?)- Justin dévia les allusions à Nate par un :


Elle ne sera pas là ce soir. Elle est fatiguée de*moi* la cuisine.

Blabla du présentateur, entrée en scène des gladiateurs…
Le tirage au sort sous contrôle d’huissier donna : Darnes de saumon en croûte, Veau archiduc.
Le choix du dessert déclencha un clin d’oeil amusé entre les concurrents : soufflé au grand Marnier.

Top chrono.

Concentrés sur leurs préparations, Sam et Justin sans le vouloir jouèrent un numéro étonnant de duettistes parfaits. A croire qu’ils étaient synchrones.
La mécanique pourtant sembla se moquer de Justin. Deux fois de suite, il renversa la salière…


*Magie dans l’air… On me sabote ou quoi ?*

Il en fallait plus pour démonter Davenport qui, mine de rien, établit un bouclier protecteur autour de ses fourneaux. La pose du mélange à la liqueur d’orange dans les fours terminait la frénésie des acteurs. A part surveiller la liaison de la sauce champignons, il ne leur restait qu’à bavarder.

Tu fais quoi ce soir ? demanda-t-il à sa complice. Moi,… Je rentre à la « Folie » On va… déménager bientôt. Je trouve les gosses trop pâles. Ceux de Michael ressemblent à des petits biscuits.

Sam avoua rentrer au Cap dès le verre de l’amitié vidé. S’il était déçu, Justin ne le manifesta pas. Les fours sonnèrent, ils appuyèrent de concert sur le buzzer. La main sur la sienne était si chaude… Justin secoua la tête afin de remettre ses idées au clair.

Passage des membres du jury, silence total dans le public. Concertations, palabres…


On devrait inviter des membres de l’assistance à goûter, sourit Davenport. Je suis quasi sûr qu’ils déclareraient…

EXAEQUO ! clama le président du jury ! Jamais nous n’avons éprouvé de telles difficultés à trancher ! Bravo aux deux candidats !

Fameuse ovation du public. Sam et Justin rayonnaient. Main dans la main, ils saluèrent la foule qui les acclamait. Un regard vers Sam… Dieu qu’elle était belle, émue, rayonnante. C’était trop !

Tempus Frigera !

L’enserrant, Justin débita très vite :

Sam… Te rencontrer a été le moment le plus magique de ma vie. Je t’aimerai jusqu’à mon dernier souffle. Sois heureuse !

N’y tenant plus, il l’embrassa avec la passion qu’il contenait depuis un certain soir… Un baiser fou, délirant… sans lendemains.

Le temps reprit son cours dans la salle. De l’extérieur, tous les canaux de réceptions avaient été brouillés. Ce court moment n’avait appartenu qu’à eux, pour l’éternité des souvenirs…

Les adieux officiels furent plus pondérés. Poignée de main à Andreï, bisou sur la joue de Sam, Justin la mort dans l’âme les vit s’éloigner. Une page se tournait, une autre s’ouvrait.

Alors qu’ils allaient passer à table, un inconnu mit la main sur l’épaule de Justin :


Mr Davenport ? Veuillez me suivre : c’est urgent.

Intrigué, Justin suivit en posant des questions qui restèrent sans réponses. Des officiels l’attendaient en retrait du dîner de gala :

Mr Davenport, vous devez vous rendre de toute urgence chez vous… Un incendie épouvantable ravage le domaine « La Folie » ! Nous devons vous y conduire.

Avec un hurlement de bête meurtrie, Justin courut dans la nuit.
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