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 De Charybde en Scylla

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MessageSujet: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyLun 19 Juil - 10:45

La vie peut être si simple et belle quand on est assez roublard pour faire pencher les plateaux de la balance dans le bon sens.

Andreï Sanders misait gros sur les tables de jeu comme dans sa vie réelle.
Mélange étonnant de cynisme et de sincérité, qui pouvait se vanter de le connaître ? En fait personne, même pas lui.
Capable du pire ou du meilleur, c’était… selon les opportunités.
La seule et unique valeur à ses yeux était Samantha Forrester. Pour elle il se serait damné au cas où ce ne serait pas déjà fait.
Etrange ? Pas tout à fait si on voulait se donner la peine de décortiquer cet individu.
L’amour, qu’en connaissait-il avant de rencontrer Sam ? Rien.
Les aventures sans lendemains étaient légion, et alors ?
Nate… Il l’avait désirée par… jeu. Une sorte de pari avec lui-même, en quelque sorte. Belle, troublante avec ses airs de grandes dames qui ne demande qu’à s’échauffer, il avait été près de gagner quand son imbécile de mari s’en était mêlé.
Partie remise ! Et comment !
Nate, il l’aimait bien ; beaucoup même mais… aucune comparaison avec Sam.
Si avec Mrs Davenport il possédait des affinités, Sam représentait son idéal de perfection.
Elle connaissait ses travers, le pire dont il était capable… ou presque. Malgré tous ces défauts, elle l’aimait ce qui constituait en soi une victoire inégalable.
La piquer à Justin n’en renforçait que le prix.
Qu’il s’arrange maintenant avec sa femme, celui-là ! L’addition serait beaucoup plus salée que celle imaginée !

Belle réconciliation avec Sam après un échange de partenaire sur une piste de danse.
Agacé de la manière dont Nate semblait vouloir l’accaparer, il avait tranché. Son choix était fait depuis si longtemps !
Que Sam réponde positivement à ses ardeurs après des aveux complets n’avait que renforcé sa flamme.


Pas de pitié pour toi, Andrei Sanders…aucune. On t’aime ou on te hait…sans demi-teintes. Si tu choisis d’oublier…moi, je choisis de t’aimer.

Elle avait tenu parole. Si Sam passa la journée suivante avec son Tintin importa peu à Andreï.
Il suivit le show avec attention ne cherchant pas à analyser d’où émanait cette complicité limpide entre les concurrents. Il ne voyait qu’elle, que par elle.

Il devait y avoir de l’orage dans le ciel des Davenport vu la tête de Justin. Sans doute se prendrait-il une dégelée avant peu… Tant mieux.
La mine de Nate le navra à peine. Qu’en pouvait-il si cette pauvre fille s’était entichée de lui ? Jamais il ne lui avait laissé sous-entendre la moindre promesse, une once de mot d’amour. Elle avait cédé à ses envies au moment où lui-même était un peu à côté de ses pompes. Rien de plus.

La journée précédant l’étape finale, il l’employa à dérider son épouse. Pas de courses, rien d’important à faire, juste le plaisir d’être ensemble.
Un lac proche s’avéra idéal pour une virée à la voile ; le rivage désert propice aux tendres ébats. Andreï ne cacha pas ses ardeurs, ses désirs :


Fais-moi un petit ! Ou une petite, ça m’est égal. Je veux un enfant de toi, Sam !

Rien ne le comblerait plus. Ils s’y employèrent bellement.
Son épouse devant se préparer au dernier round, Sanders la laissa tranquille. A quoi occupa-t-il ses quelques instants de solitude ? Allez savoir.

Des déplacements, il en effectua et beaucoup, même. Le Net moldu était si… enrichissant.

Le soir, il accompagna sa belle aux studios de télévision et ne rata aucun moment du show. Des entractes, il y en eut, pub oblige ! C’était marrant de se retrouver comme étant le prince consort. Sam était une reine sur le plateau, lui s’occupait de son fan club autant que possible.
Marrant aussi que la majorité soit si unanime. Les concurrents étaient trop en phase aux dires de certains. Leur synchronisme en décontenançait plus d’un. Aussi Andreï tenta-t-il de faire pencher la balance en jouant discrètement de la baguette vers la salière de Davenport. C’était sans compter sur Justin et son sens sorcier. Le protego employé par l’Auror rendit inutiles les tentatives déstabilisantes de Sanders.
Qu’à cela ne tienne. Il pressentait, savourait d’avance ce qui allait, ce qui ne manquerait pas d’arriver s’il avait vu juste.
Le jury délibéra tandis que les candidats papotaient gentiment. Le verdict ne pouvait mieux satisfaire le public : un ex aequo !
Paré, Andreï comme beaucoup flasha le couple à l’honneur. Ils reçurent leur prix, saluèrent main dans la main puis se firent face. Toute la salle se figea. Toute ? Non, bien sûr !
A l’affut, abrité par son protego, Andreî enclencha son appareil photo magique.


*Tu pensais me réfrigérer ? C’est raté, mon vieux !*

Ce qu’il grava sur la pellicule sensible lui fit un mal de chien. Déjà par vidéo, ce n’était pas marrant de voir sa femme dans les bras d’un autre et, ici en direct, cette façon de s’embrasser était très différente, beaucoup plus… passionnée.

*Profites-en bien, Justin ! C’est la dernière fois !*

Tout redevint normal au bout de quelques secondes. Mêlé à la foule du public, Sanders sortit et alla féliciter son épouse. Tout le blabla officiel s’acheva dans la bonne humeur.
Pas de dîner de gala pour Sam et lui. Il en avait un peu assez de ces trucs culinaires, elle l’avait compris. Les adieux avec Davenport furent très… mondains. Que Nate ne soit pas dans le secteur n’étonna pas Andreï. Que ceux-là se réconcilient ou pas n’entrait pas en ligne de compte.

Les Sanders finirent la soirée en compagnie de leurs parents, dès le lendemain ils rentreraient au Cap.

Là-bas, ils durent à nouveau faire la fête en compagnie du personnel du « No Sense ». Tous étaient au courant du concours et l’avaient partiellement suivi en différé.
Andreï rigola des efforts déployés par François, Maryam et Ian afin d’éviter le sujet de Justin. Il était clair que ces gens appréciaient beaucoup Davenport.


*Aucune importance…*

La vie reprit son cours.
Sam réintégra ses fourneaux et lui son bureau. La routine, quoi.
Pendant les heures creuses du restaurant, selon le boulot d’Andreï, le couple pouvait se retrouver et s’adonner aux joies de la flânerie ou aux sports, selon.
S’il fut au courant des mésaventures de l’amant de sa femme, Andreï cacha bien son jeu. Il s’arrangea discrètement pour que Sam n’eût vent de rien. De toute façon en ce bout du monde, les malheurs d’un Anglais intéressaient peu de gens, donc...
Au moins Davenport ne téléphona pas une seule fois, et Sam ne chercha pas à le contacter.
La vengeance, douce, implacable, était en marche…

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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyMar 20 Juil - 20:37

Il avait gagné !!
Justin aurait dû se sentir fier et heureux de ce triomphe… On était loin du compte. Perdre Sam puis Nate dans la même journée l’atteignait beaucoup, sa déception était profonde.
Il s’était néanmoins battu afin de faire belle figure au concours, plus pour ceux et celles qui le supportaient que pour lui-même.
Recevoir son prix, se forcer à sourire, paraître détendu fut une « joyeuse » torture. Ce qu’il allait devenir après ce cirque ? Justin aurait été bien incapable de le dire. Lézarder au soleil des Bermudes ? Qui sait ? Changer d’air vite fait était une priorité, le reste… ?

Très entouré de journalistes et officiels, il salua le départ de Sam et Andreï comme si cela ne l’affectait pas alors qu’il avait l’impression de perdre une partie de son cœur.
Tout aurait été différent s’il avait osé refouler ses principes et possédé Sam avant qu’elle ne connaisse Sanders. Dire que c’était lui qui l’avait posée sur sa route, en plus ! Au moins conservait-il au fond de son âme deux plaisirs inégalables : celui d’avoir écrasé la mâchoire d’Andreï, et celui d’une certaine nuit de tempête…

Que d’efforts déployés, que de comédie pour donner le change ! Il n’était pas sans savoir qu’ils avaient été des marionnettes dans ce concours, des pantins obligés de jongler avec œufs, courgettes, camemberts et autres substances pour satisfaire public et jury.
Ce diplôme, il ne comptait pas s’en servir. Il l’afficherait à la galerie des trophées inutiles, tel un hommage à la décapitation de sa vie passée.
La majorité le crut heureux, tant mieux. Discourant avec les uns ou les autres, on était prêt à passer à table lorsque l’on vint le chercher avec un air affolé.
Des policiers l’attendaient avec une nouvelle écrasante : la « Folie » flambait.


Mes gosses ! hurla-t-il tel un animal blessé à mort.

Il aurait souhaité transplaner illico mais devant tant de moldus il ne put que suivre le mouvement. On ne lui délivra que des bribes d’informations, de quoi l’angoisser plus que le rassurer : peu savaient.
Amené au galop vers un hélico, gorge nouée, Justin scruta l’horizon rougeoyant en approche. Ce n’était pas possible
!

*Les gosses… Non, NON !!! La Folie est indestructible. J’ai veillé à tout !*

Pourtant, le spectacle qu’il survola le scia : sa propriété, sa « Folie », sa passion, partait bel et bien en fumées.
L’appareil se posa à distance respectable.
Nul ne sut retenir un Davenport fou de douleur qui courut vers le brasier gigantesque que tentaient d’éteindre plusieurs équipes de pompiers. Il hurla, pleura face au désastre. Ses pieds se dérobèrent, ses genoux fléchirent.
Les officiels et infirmiers l’empêchèrent de s’effondrer devant la catastrophe :


Inutile, Mr Davenport. On sauvera peu de chose. Suivez- moi, s’il vous plaît, dit un homme de haute stature en uniforme.


Barney Williams en avait déjà vécu des sinistres. De cette envergure, rarement.
Il fit monter Justin dans un combi de police où l’on lui posa une couverture sur les épaules et fourra un gobelet de café entre les mains.


Mes enfants… Je dois savoir… Sait-on si… Que… Que s’est-il passé ?


Mr Davenport, le voisinage nous a prévenus, il y a un peu plus d’une heure, que votre domaine flambait. Croyez-moi, tous les moyens ont été mis en œuvre pour limiter les dégâts. Hélas, nous ne savons pas encore si… votre famille… Pouvez-vous nous dire ce que vous savez… Vous étiez à Londres ce soir. Votre épouse est-elle… ?

En état de choc, Justin mit du temps à répondre. Œil hagard, tremblant, il soupira :

J’ai passé une bonne partie de la journée d’hier ici. On devait décoller demain pour les Bermudes… Ma femme et moi… on est en froid. Elle habite un cottage pas loin. Mon Dieu… On ne lui a rien dit j’espère !

Il s’affolait si bellement que l’officier lui tapota l’épaule :

La nouvelle n’est pas encore diffusée mais… avec les médias…

Bloquez tout ! Je vous en prie, vous en supplie ! Si elle croit que les gosses… Oh mon Dieu !

Nous faisons ce que nous pouvons, Mr Davenport. Vous n’avez rien remarqué de… suspect ? On ne sait jamais… un court-circuit… un accident… une malveillance sont possibles.

Rire sans joie :

La « Folie » était soi-disant ignifuge ! J’ai dépensé une fortune en système d’alarme et anti-incendie. Je… je ne comprends pas.

On le laissa mijoter dans son jus à regarder par la vitre ce qui représentait des années de collections prestigieuses, de patience, jeu et anecdotes s’évaporer sous un feu d’enfer.
Déjà il envisageait l’horreur. Si les siens n’avaient pu être sauvés, il ne serait pas long à les rejoindre.
Williams revint dans le combi, flanqué d’un subalterne japonais. Au sourire de l’inspecteur, Justin se mit à espérer.


Bonnes nouvelles Mr Davenport. Vos quatre enfants et leur nounou Miss Pims sont actuellement en vol pour les Bermudes : ils sont tous sains et saufs.

Son soulagement était tel qu’il faillit chialer pour de bon. Il bredouilla :

Les Bermudes mais…

Vos ordres auront été mal interprétés… Une équipe les attendra à destination. En attendant… ? Avez-vous un endroit où passer la nuit ? Chez des amis… Votre femme…

Non ! Je… je vais retourner à l’hôtel à Londres. J’y ai laissé quelques affaires…

Un de mes auxiliaires va vous y accompagner. Sans vous commander, nous souhaitons que vous restiez à proximité pour l’enquête… vous comprenez ? Demain les fouilles commenceront, votre présence est requise.

Justin se foutait des contraintes. Ses enfants étaient saufs qu’importe le reste ? Il accepta sans conditions et quitta le véhicule en évitant de regarder le brasier.

Cette chambre, il la détestait. C’était là que Nate et lui avaient eu leur dernière scène avant la rupture. Son parfum semblait y flotter encore même si ses objets personnels avaient été retirés et la suite briquée à fond.
Une douche ! Son âme pour une douche !
Se laver des relents de fumées, des taches de suies devint prioritaire.
Au passage vers la salle de bains, il déposa portefeuille, montre et baguette sur la table de chevet .
Longuement, il laissa l’eau s’écouler, tentant de se vider l’esprit des catastrophes en série de cette journée épouvantable… En vain.
En peignoir, il s’assit devant la télé qu’il n’alluma pas. Impossible de songer à dormir. Des coups de fil s’imposaient :


Michael ? Salut ! Excuse-moi de te déranger… Oui, je sais… J’ai pas donné de nouvelles. Je suis à Londres et… Nate ? Euh… non, elle n’est pas là. Ecoute, je ne te sonne pas pour te déballer ma vie sentimentale, il y a plus grave que ça… la… la « Folie » a cramé cette nuit. Non ! Heureusement, la famille est à l’abri, et…

Force fut de raconter le peu qu’il savait.

Je te dis que je ne comprends pas comment ça a pu arriver. Il y aura enquête, évidemment.
Pourrais-tu veiller sur mes gosses, ils vont débarquer à Hamilton dans la soirée… Ouais ! J’ai acheté une villa, il y a peu… Faut qu’ils s’installent, j’ai expédié des paquets hier. Je ne sais pas quand je pourrai vous rejoindre… Ok Michael, t’en fais pas pour moi, j’ai du répondant ! A bientôt et… merci !


Un second coup de fil provoqua la mauvaise humeur de son interlocuteur :

Knight ? Bob, c’est Justin Davenport. Désolé vieux de te réveiller. J’ai un souci…

Son copain faillit hurler en apprenant le désastre. Sa société risquait de devoir débourser un max en dédommagements. Justin s’étant toujours acquitté rubis sur l’ongle de ses factures monumentales… il faudrait faire avec.

Les heures défilèrent sans qu’il en prenne trop conscience. Il fuma et but beaucoup. Perdre la « Folie » était cruel mais ce n’était qu’un bâtiment ! Si Les multiples œuvres d’art seraient irremplaçables, les assurances paieraient, de même pour la collection de voitures de luxe des garages. On lui avait signalé les écuries intactes, donc… Rien de dramatique somme toute. La fatigue et l’alcool finalement eurent raison de lui à l’aube largement dépassée.

Il était près de midi quand il émergea sous les coups frappés à sa porte. Deux inspecteurs présentèrent leur carte, Justin devait les suivre.
Le temps de se rafraîchir sommairement et de s’habiller, il leur emboîta le pas.
La destination n’était pas la « Folie » mais le commissariat central. On le laissa sur un banc non loin du bureau de Williams. Ce dernier ne le fit pas poireauter trop longtemps.
Les salutations d’usage effectuées, Justin prit place en face de Barney qui chaussa des lunettes pour compulser des rapports :


L’incendie a été enrayé vers trois heures ce matin. Les expertises commenceront dès que possible. Néanmoins les premières constatations effectuées semblent pencher pour… une explosion dans les sous-sols. Y entreposiez-vous des substances dangereuses, Mr Davenport ?

Justin arqua les sourcils, perplexe. Avait-il la tête de quelqu’un qui connait tout du fourbi entassé dans ses caves ?

Je puis vous parler des millésimes qui y dormaient… Beaucoup de spiritueux aussi… La chaudière au mazout s’y trouvait également. Pour le reste…

Je comprends… Les bureaux de la compagnie Knight nous ont contactés. Ils désirent envoyer leurs experts sur le site. Avez-vous reçu des nouvelles des vôtres ?

Davenport avoua que non, il avait débranché le téléphone de sa chambre et n’avait pas pensé à regarder s’il avait des messages.

Vous nous donnerez leur adresse, n’est-ce pas ? La routine, vous comprenez ? Eh bien ce sera tout pour aujourd’hui, Mr Davenport. Votre architecte nous a délivré les plansdu bâtiment, nous vous recontacterons dès que nous aurons du neuf.

Puis-je aller chez moi… enfin, je veux dire là-bas… ?

Du moment que vous vous tenez à distance des ruines, pas de souci, Mr Davenport.

Dans la rue, Justin alluma son portable. Dix messages… Il soupira et rappela sa femme qui se révéla un peu hystérique.


C’est moi ! Oui… je vois que tu es au courant. J’aurais dû t’appeler, je sais…Oui, tout le monde va bien, un vrai miracle… Ils sont aux Bermudes, près de chez Michael… Moi ? Je reste ici pour l’enquête... à l’hôtel, oui où voudrais-tu que j’aille ? Ça va je t’assure, je vais bien. Ce ne sont que des briques après tout, et tu ne les aimais pas. Je te tiendrai au courant… Bye.

Comme ça faisait bizarre de ne pas terminer une communication avec Nate par les mots d’amour habituels… Enfin…( soupir) Elle s’était fait du mouron… Tant mieux ou tant pis.

Rester inactif déplaisait à Justin. Sûrement que son domaine était maintenant placé sous surveillance afin d’éviter des pillages ou des… soustractions de preuves d’acte criminel.
S’il n’avait tenu qu’à lui, il aurait transplané direct mais devoir expliquer un déplacement si rapide entre Londres et la « Folie » ne le tentait pas. Les écuries seraient tenues par le personnel extérieur ordinaire, pas de souci. Mais il faudrait récupérer des trucs dans son coffre avant que les autorités ne mettent la main dessus au risque de devoir leur jeter des oubliettes.

Dans le courant de l’après-midi, il contacta à nouveau Michael. Les gosses étaient arrivés à bon port. Mrs Pims et Bikita s’employaient à rendre la villa habitable ; cela irait vite. Ils se rappelleraient en soirée.
Tuer le temps ? Ce fut facile avec le harcèlement de Knight. Celui qu’il considérait en ami depuis des années se transformait en véritable requin. Justin passa des heures dans son bureau à revoir la liste innombrable des trésors assurés. A croire que cette situation rendait Robert malade ; il éternuait sans arrêt.


Rhume des foins, prétendit-il.

Néanmoins, quand Justin vida les lieux, Knight passa un long moment au téléphone avec le chef de ses experts :

Il faut serrer Davenport de près ! Mon allergie m’a repris devant lui. Je le croyais honnête mais j’ai toujours eu du flair pour l’arnaque. Cette affaire la pue à plein nez !

Minuit. L’odeur de fumée emplissait encore les lieux.
Le cœur serré, Justin avança au milieu des ruines de ce qui fut un domaine splendide. S’il avait été sur place au lieu de jouer au cuistot, si… si…
Peu importait les regrets, une mission l’attendait. Sous désillusion, il tenta de repérer ce qui restait de son bureau. Le corps central du bâtiment, l’aile droite et les deux étages qu’ils portaient formaient à présent un immense tas de gravats rendant l’accès intérieur difficile. Toutes les vitres de l’aile gauches avaient été brisées. Des étançons de fortune maintenaient la structure, les baies étaient clouées. Comment entrer là-dedans discrètement ?
Réfléchissant, Justin ne vit qu’une possibilité : l’étage. Un sort de lévitation l’amena sur la plateforme. Les pieds dans l’eau résiduelle des lances des pompiers, il gagna une des coupoles de verre miraculeusement intacte. Un alohomora plus tard, il se coulait dans les vestiges de sa demeure prestigieuse. Utiliser un lumos ? Inutile pour l’instant, Davenport était le seul à pouvoir se diriger yeux fermés dans son labyrinthe personnel.
Le grenier se descendit, les étages aussi.

Nostalgie ? Il voulut revoir sa chambre. Tout y était tel que l’avant-veille selon le discret éclairage dont il joua. Ne bougeant à rien, il gagna le rez-de-chaussée qu’il trouva encombré de poutrelles calcinées et gravats. Dur de se faufiler jusqu’à son bureau !
Escaladant, dégageant, il se fraya un chemin. La porte résista peu de temps à sa combinaison secrète. Ce lieu de travail était un véritable bunker, presque un abri antiatomique. L’intérieur était propre et net, intact. Les armoires blindées contenaient ses livres de comptes, relevés bancaires et autres sujets économique.
Le coffre s’ouvrit. Preste, Justin en retira le rapport sur l’infidélité de Nate, divers actes notariés très secrets, et de l’argent liquide. Il laissa le retourneur de temps et autres babioles. Le principal fourré en poche, il transplana vers l’hôtel.
Il n’y était pas de trente secondes que l’on frappait à sa porte :


Police ! Ouvrez !

Couvert de suies et cendres, trempé, Justin paniqua. Il voulut transplaner en catastrophe mais quelque chose le frappa à la tête ; il tomba.
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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyDim 8 Aoû - 3:33

Ex-æquo. Soufflé Grand Marnier. Le destin se moquait d’eux.

Une salve tonitruante d’applaudissements accueillit cette décision du jury. Justin avait pris sa main. Il souriait mais ses yeux étaient tristes. Elle souriait mais son cœur se brisait. Un bref instant volé au temps, rien que pour eux, le dernier. Une étreinte, un baiser éperdu, des « je t’aime » qui resteraient suspendus dans l’éternité d’un souvenir. Puis tout retrouva la blessante normalité et la réalité reprit le dessus…

Andrei n’avait rien voulu savoir de rester à la réception-banquet. Une dernière soirée en famille au manoir Sanders pour prendre congé de leurs parents. Bagages expédiés avec anticipation ils n’eurent qu’à suivre, le lendemain.

Le portoloin les mena jusqu’au seuil de leur maison, face à la baie. La soirée était délicieusement tiède, claire…Il l’avait serrée dans ses bras, heureux, comblé. Ses yeux pétillant de cette malice adorable, caressante, teintée à peine d’une certaine ironie qu’elle avait appris à adorer…et à craindre aussi.

Voilà, on est à la maison !

Castairs avait accompli son devoir à merveille. Tout était parfait. Zeus et Vulcain leur dispensèrent un accueil délirant, non moindre que celui d’Alonso qui, se déperchant de Dieu sait où, brava les dobermans pour présenter ses respects très expressifs et ronronnés.

Elle aurait voulu se sentir comblée de bonheur …mais non. Il lui restait un petit arrière goût d’amertume, un rien de déception, la moitié de son cœur en miettes…Être heureuse avec Andrei ? Rien de plus facile, à l’avis de beaucoup…Il était l’homme parfait ou presque…Beau, jeune, riche, intelligent, adorable, amoureux…Son mari. À elle. Il ne voyait que par ses yeux, du moins c’est ce qu’il assurait faire et démontrait jusque là. Il avait reconnu ses erreurs et fautes, faisait bon amendement de ses péchés et passait, bon cœur, l’éponge sur celui de Sam…bien moindre si on en faisait comparaison !

Retour au foyer ! Sam se déclarait ravie de reprendre en main son domaine. Sa maison. Sa vie. Mais même là, les souvenirs la poursuivaient…Justin !

Cette nuit. Leur unique nuit. Pour beaucoup un simple hasard, une conjonction banale de circonstances…pour eux ? Sam préférait ne pas y penser. Qu’avait représenté cette nuit unique ? Elle n’en savait trop rien...ou ne voulait pas y penser…pourtant, sans le faire, Sam savait que cela l’avait marquée de pour vie…à jamais !

Mais d’autres choses occupaient aussi l’esprit de Sam. Retour à la vie de tous les jours, soit ! Qu’Andrei, en plus, ait exprimé de façon très véhémente le désir d’avoir un enfant, la confondait quelque peu.

Jamais auparavant son mari n’avait semblé attiré par l’idée. L’épisode de sa fausse couche semblait appartenir à une autre vie et elle était sûre qu’Andrei n’en avait souffert que par le fait qu’elle ait tu son état et ses doutes misérables. Elle n’avait jamais supposé que son cher et tendre ait un penchant quelconque pour les enfants mais voilà qu’il n’y était pas allé par quatre chemins à l’heure de le demander :

Fais-moi un petit ! Ou une petite, ça m’est égal. Je veux un enfant de toi, Sam !

Cela l’avait secouée. L’idée de rester enceinte la figeait, elle ne se sentait pas prête à affronter cela, sans trop savoir pourquoi. Andrei l’aimait et elle le lui rendait bien mais…

*Il veut t’attacher…un enfant, c’est une ancre…*

Sam avait décidé d’aimer Andrei, d’oublier tout autre chose qui ne fut lui…Ce qui n’était pas bien difficile, il se chargeait de ne pas la laisser faire autre chose que penser à lui…l’unique chose qui manquait est qu’il prenne l’emploi de plongeur à No Sense pour être avec elle les 24 heures du jour…

Pour Sam, qui avait vu son retour au travail comme un agréable dérivatif à ses soucis, ce fut presque du raté. Son team, au grand complet lui avait fait la fête, la faisant se sentir comme si elle venait de décrocher un Oscar ou quelque chose dans le genre. Ils avaient suivi l’émission, pas à pas…Ils n’avaient pas raté détail mais bien sûr, n’en pipaient mot au sujet…pas face à Andrei, en tout cas. Sam bénit cette discrétion mais une fois son mari hors de scène, François ne put se retenir.


Vous étiez superbes…quelle synchro…quel talent…

Oui…ça a été…bien !

Bien !?...C’était fantastique !,renchérit Maryam, toute émoustillée, vous êtes merveilleux ensemble…vous devriez…

Un opportun coup de coude de Ian mit fin à cet épanchement. Trop tard. Sam avait pincé les lèvres, son regard avait perdu d’éclat.

Gauche, François avait essayé de rattraper la gaffe. Sam s’était contentée de lui tapoter le bras, avec un sourire de travers.

N’en parlons plus, ok ?...C’est fini…tout à fait…fini !

Un sanglot lui serrait la gorge. François n’en fut pas dupe, il houspilla l’équipe et le travail reprit comme s’il ne s’était rien passé. Ambre, arriva gentiment en retard, selon son habitude et sembla très surprise en découvrant Sam là.

Wow…déjà de retour ?...Après ce succès fou, j’aurais juré que tu allais rester en Angleterre et ouvrir un resto avec…lui !

Sam haussa les épaules.


Ben non, tu vois bien…je suis là, chez moi, avec mon mari !

Les yeux de la jeune femme pétillèrent comme si savoir qu’Andrei était de retour la plongeait dans un intense bonheur. Sam regretta en ce moment de l’avoir engagée, cette fille ne ferait que lui créer des problèmes, elle le pressentait.

Fidèle à sa consigne, Andrei se présentait en début d’après midi pour l’emmener faire une balade. Sam avait beau essayer de lui expliquer qu’il y avait trop à faire comme pour déserter en ce moment, il déployait tout son charme et l’entraînait hors du restaurant. C’est vrai qu’une fois les deux à seules, force baisers et câlins, Sam faisait vite d’oublier n’importe quoi d’autre qui ne fut son adorable mari…mais bien entendu quand cela se répétait, jour après jour…

Andrei, tu n’es pas sérieux…j’ai un travail et tu as le tien… Super ! si le tien te laisse tant de temps libre…le mien , non…je ne peux pas laisser toute la responsabilité à François…C’est mon restaurant…Oui…Christian était mon associé, sans lui je n’aurais jamais pu arriver là…mais je lui ai acheté sa part…No Sense est à moi, à part entière…Ah, tu ne le savais pas ?...Ben voilà, tu le sais maintenant…

Il ne sembla pas ravi et le lui fit remarquer. Pour une raison qui n’était pas trop claire, Sam s’en sentit vexée.

Ça te dérange ?...Que voulais tu ? Que je reste à la maison à attendre que tu rentres de ton bureau ? Je ne suis pas ce genre de femme…tu devrais le savoir !

Mi séducteur, mi dictateur il lui fit un gentil discours, tout mignon, où il encensait les valeurs de la famille, comme si sa vie en avait été un exemple palpable.

Tu t’égares un peu, Andrei…ou…tu t’es trompé de fille !

Il lui assura qu’il n’en était rien et le lui démontra de la plus douce et charmante des façons. Il le faisait toujours !

L’été battait son plein. Le temps, au beau fixe. Noël approchait. Pour Sam, aucune première des fêtes de fin d’année sans neige, même si cela faisait tout drôle se mettre en quête d’un sapin par plus de 30°C à l’ombre. Mais Andrei se chargea magistralement de l’affaire…Il ne trouva rien de mieux qu’à s’en faire expédier un, via portoloin, par sa chère Maman qui avait insisté pour passer ces fêtes en Angleterre, au grand dam de Gerry qui préférait la douceur du climat de son chez soi à Miami.
Ce serait leur premier Noël. Une année aventureuse et difficile qui touchait à sa fin. Une année que Sam aurait volontiers effacée de sa mémoire. D’où avait sorti son mari ces magnifiques ornements pour le sapin ? Elle soupçonna sa belle mère d’avoir envoyé le lot complet avec l’arbre. Le leur serait sans doute le sapin le plus réussi du Cap mais elle aurait quand même voulu avoir quelque chose à dire sur comment le décorer…mais celui là demeurerait le moindre de ses soucis. Andrei était heureux, comme un gamin… Il le serait sans doute plus encore quand elle lui donnerait la nouvelle tant attendue : bébé en chemin. Sans trop savoir pourquoi, elle lui avait soigneusement caché cette information. Pas de nausées matinales trop évidentes, ce qui l’arrangeait bien, seulement un certain dégoût pour le café et le bacon…pas trop dur à dissimuler en disant que ce n’était pas idéal pour la santé. Andrei pensa qu’elle était devenue une de ces fanas de la vie saine et n’y vit que du feu.


Ce matin là, Andrei était parti à son bureau. Jour de pause à No Sense…Sam beurrait rêveusement sa quatrième tartine en écoutant la BBC…

« Loin d’être éclairé, le cas Davenport prend une tournure inattendue. Le principal impliqué, Justin Davenport, qui moyennant une très généreuse caution, avait quitté la prison, a disparu… »

Sam n’écoutait plus. Pétrifiée sur place, tout venait de basculer hors de l’axe rationnel qui gouvernait sa vie depuis la fameuse soirée de fin de concours.

*Cas Davenport ? Justin en prison ?...Mais que… ?*

C’était vrai qu’en tout ce temps elle n’avait pas regardé la télévision ni était au courant des dernières nouvelles, pourtant elle était sûre que son mari, lui, n’en ratait pas une, le contraire l’aurait trop étonnée…Pourquoi ne lui avoir rien dit !?...Deux secondes de réflexion. Logiquement, il ne voulait pas du tout qu’elle sut quoique ce soit sur Justin…

Deux minutes plus tard, tartine oubliée, Sam s’attabla face à l’ordinateur, au bureau de son chéri.

L’Internet, source intarissable d’information, lui en apprit, des belles. Sam demeura interloquée, affolée, stupéfaite…La Folie avait brûlé de fond en comble, on accusait Justin d’avoir provoqué l’incendie dans des fins, très claires, selon tous, de toucher une indemnisation millionnaire de l’assurance, en outre, on voulait lui endosser quelques vilenies dans le genre fraude au fisc et autres.


*Justin…pas toi…jamais toi !*

Décomposée, elle vomit la tartine jamais mangée et se sentit malade le reste de la journée. En rentant, Andrei la trouva, lovée dans le divan, caressant distraitement Alonso, l’air accablé.

Pourquoi tu ne m’as rien dit ?

Sa question le prit de court. Il voulut savoir de quoi il allait.

Justin Davenport ! Sa maison…Sa Folie, qu’il adorait…brûlée jusqu’aux ciments…lui…en prison, poursuivi…en fugue…On l’accuse de fraude…de détournement…de Dieu sait quoi… NON !! Justin est incapable de faire des choses pareilles…

Cette chaleureuse défense ne fut pas pour plaire son mari qui riposta vivement, ce qui provoqua une virulente réaction de la part de Sam.

Bien sûr ! Pourquoi pas dire qu’il a fait ça pour se venger de son évaporée de femme ?...Oh oui, excuse moi, j’oublie toujours que la dame en question t’es chère…Prétends pas le contraire…

Andrei s’en défendit bellement.

Allons…ne jouons pas les innocents...dès que tu auras un motif valable tu sauteras dans on lit…Elle te chauffe le sang…Oh…Ok…la dernière fois vous avez joué bien vos rôles…NON ! JE NE SUIS PAS JALOUSE !!!

Elle ne l’était pas. Cela la remua toute, se rendre compte de cela. Elle était furieuse, ce qui, bien entendu n’était pas du tout la même chose.

C’était ça…ton manège, tout ce temps ?…Occupons cette idiote de Sam pour qu’elle ne regarde même pas la TV !!!! Tu voulais quoi ? Qu’il pourrisse en prison !? Tu savais qu’il aurait suffi d’un mot de ma part pour qu’il ne …Bon sang ! Andrei…je suis agent du département du trésor…enfin…j’étais...mais ma parole a encore du poids…

Tout a coup, Andrei s’érigeait en ennemi. Il haïssait Justin, rien ne pouvait être plus clair. Il avait quelques bonnes raisons pour cela…Selon lui, il n’avait que faire de cette chère Nate, ce qu’il ne pardonnait pas, malgré ses bonnes intentions d’oubli, était que Justin l’ait touchée. Maître absolu de ses situations, Mr. Sanders n’envisageait pas un pardon facile...il portait à Justin une haine tenace et selon ce que put déduire Sam…il voulait lui faire payer cher l’affront !

C’est donc çà…tu…oh, mon Dieu…tu as été capable de faire ça…rien que pour te venger de lui ???....Tu n’avais pas le droit…AUCUN DROIT !...Pas de détruire sa vie...son bon nom…tu as eu sa femme…que veux tu de plus !!!?...Je me fiche de ce que tu sens ou pas pour elle, tu m’entends…c’est cette attitude de macho primitif qui m’écœure…

Elle tournait à l’hystérique, là. Cela lui faisait un mal affreux…Cela la déchirait de la pire façon. Aimer Andrei, aveuglement et lui passer toutes ses exactions ? Difficile mais faisable…Ignorer qu’il ait utilisé les moyens les plus détournés pour achever Justin ? Ça jamais ! Il réclama, tempêta, devint presque désagréable et finit par se fâcher pour de bon mais Sam n’avait que faire de sa colère, elle était bien plus furieuse que lui…

OUI , JE L’AIME ET QUOI !!!???

Elle avait hurlé cela en se dressant devant lui comme une furie.

Je l’aime parce qu’il est le meilleur homme au monde, le plus droit, le plus doux et merveilleux…Il est, sans doute, l’être le plus généreux et admirable qu’il soit…Toi ?...Mon chéri…toi, tu es l’homme le plus tendancieux, égoïste et jouisseur que cette terre ait porté…Tu ne penses qu’à toi…Ton bon vouloir prime sur tout…Tu m’aimes ??? Oh…je ne le doute pas trop…mais ta façon d’aimer signifie soumission…dépendance totale…

D’un geste rageur, elle essuya les larmes qui coulaient sur ses joues. Endolorie. Vexée. Blessée. Déjouée. Trompée ?

Je…t’aime, Andrei…mais je ne supporte pas que tu contrôles chaque seconde de ma vie…Je te l’ai déjà dit…je suis ta femme, pas ta propriété…Je ne peux pas vivre ainsi…Non ! Ne me touche pas…on va mettre un point final à cette farce...OUI, imagine toi…je fous le camp…je m’en vais…où !? Tu seras bien le dernier à le savoir…Mon resto ? On s’en fout…François saura bien s’en tirer…

Pourquoi c’était si dur, même en étant dans son plein droit ? Cette folle passion qui l’unissait à Andrei avait son côté obscur. Être soumise et dépendante ne lui seyait pas. Elle était folle de lui mais son côté pragmatique l’emportait…On ne peut pas être heureux tant qu’un sain équilibre n’existe pas !

Ne me touche pas !!!

Son attitude défensive était pour décourager le plus brave, Andrei, mitigé, sembla pouvoir accepter cela. En fait, il avait l’air bien malheureux, là, mais Sam étai trop fâchée pour le rendre en considération…Il manquait trois jours pour Noël, elle était enceinte mais ce ne fut pas cela qui l’empêcha de boucler en vitesse un maigre bagage.

Je ne veux rien de toi…je voulais être ta femme…pas ta chose…tu n’as rien compris. Désolée, mon avocat te contactera…OUI ,TU AS BIEN COMPRIS …JE DIVORCE !!!

Il la retint, de force. Sam se rebiffa de belle manière en se sentant mourir de chagrin puis le prenant de court l’embrassa, une dernière fois.

Dieu m’est témoin, Andrei Sanders…je t’ai aimé comme une dingue…mais tu as voulu couper mes ailes…va...cherche ta Nate, elle, elle va t’aimer comme tu veux…Adieu !

Se défaisant de sa poigne, elle se hâta de transplaner. François était encore au restaurant quand elle s’ y matérialisa, en catastrophe, la mine défaite. Si sa soudaine apparition l’avait surpris, le français eut la délicatesse de ne rien en démontrer.

Ça ne va pas, hein ?


Sourire tordu.

On ne peut pas dire que la diplomatie soit ton fort, hein ?...Non…rien ne va bien…j’ai laissé Andrei…

Ohlala…et ? Qu’est ce que tu vas faire ? Tu sais…si tu veux...chez moi…c’est pas génial ni le grand luxe…

Sam soupira et ouvrit son sac, Alonso en émergea, avec un miaulement outré.

Merci, François…mais une folle et son chat…c’est une trop grande charge…en plus si Andrei savait que tu m’as filé un coup de main…Il est…assez …enfin…tu comprends…

Il t’aime, Sam…je n’ai jamais vu un homme plus amoureux que celui là…

Elle baissa la tête, réprimant à peine ses larmes.

Je l’adore…mais il m’étouffe…il me rend folle…mais ça me tue…Il n’a pas compris ce que c’est aimer…pour lui…c’est…absorber…contrôler…

François la regarda, apitoyé et osant ce qu’il n’avait jamais osé auparavant, la prit dans ses bras.

L’amour, ma belle, c’est bien un peu ça…dis…et tu crois que Justin est différent ?

Elle pleurait à chaudes larmes. En reniflant, Sam releva le nez et le regarda, en haussant les épaules.

Qu’en sais je ? Le plus sûr est que oui…les hommes sont tous pareils…

Pas tous.

Si tu le dis.

Tu…vas aller le chercher, n’est ce pas ?

Voudrais avoir le cœur net…c’est juste, tu ne crois pas ?

C’est bien d’avoir le cœur net !

Il déposa un baiser fraternel sur son front et la laissa aller.

Reviens nous vite, Sam…et à la fois…prends ton temps…On sera toujours là quand tu voudras revenir…je prendrai soin de ton restaurant.

On t’a déjà dit que tu étais merveilleux ?

Bof…ma foi…chaque deuxième jour !, assura t’il en faisant des efforts pour ne pas se mettre à pleurer de concert avec elle., je…peux t’emmener quelque part ?

Non..ça ira comme ça…tu as compris tantôt que je ne suis pas comme tout le monde...je suis une sorcière, François…

Depuis le temps que je le sais… je suis un cracmol de bonne famille…si tu savais comme j’envie ton pouvoir pour éplucher les patates et pas pleurer avec les oignons…pas de souci, boss...ton secret est bien gardé…



Le paysage découvert la sidéra un instant. En contre bas, la mer resplendissante de soleil, le damier irrégulier des palétuviers formant des îlots, les embarcations de diverses tailles, en joyeux désordre. Couleur de vacances, d’insouciance, comme si là, le temps était parvenu à se figer en quelque passé conjugué de bien être qui n’existait plus ailleurs.

La route, chemin de terre aplanie, à peine assez large pour deux voitures, s’élançait, en tournant, à l’assaut du petit port de plaisance, non consigné sur les cartes, comme s’il n’existait que pour quelques élus partageant le secret de son existence.

Sam avait eu du mal à arriver là mais y était parvenue par l’unique besoin de le trouver. Elle avait misé le tout pour le tout. Les jeux étaient faits. Rien n’allait plus.

La voiture garée, elle resta un moment accrochée au volant, le cœur battant la chamade. La tête vide, luttant soudain pour ne pas pleurer…encore une fois, un peu comme tous les jours, depuis le temps. Un Noël solitaire était passé. Le lendemain, serait le Nouvel An.

L’air était chaud et humide, chargé de senteurs de mer, de nature, de liberté...d’essence et diesel, mais c’était part du charme particulier de l’endroit. Encore trop tôt pour quelque arôme culinaire…selon ce qu’on lui avait dit, cela venait plus tard…

Il n’y avait pas un monde fou dans le coin. Ceux qui étaient là, s’occupaient de leurs embarcations, d’autres faisaient le point, bière en main, en dépit de l’heure matinale. Rires, convivialité, comme si tous les problèmes de la vraie vie étaient restés au dernier tournant de la route.

Lui, il ne riait pas. Ne bavardait pas. Occupé à emplir le cool box de cannettes de bière comme si sa seule idée était de se perdre dans le dédale de canaux et boire jusqu'à l’inconscience.

Les temps n’avaient pas été cléments avec lui. Amaigri, amer, une barbe de trois jours ombrageant ses joues, vêtu de bermudas délavés et un T-shirt informe...lui, le dandy à la mise parfaite et soignée. N’empêche que Sam le trouva en extrême séduisant ainsi. La peau tannée. Cheveux en bataille, œil torve...il ressemblait à quelque beau et dangereux corsaire…

Hey…toi ! Depuis le temps…

Il manqua de peu de lâcher son fardeau et relevant la tête la considéra d’un œil ébaubi, comme qui se croit en proie d’une hallucination…
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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyMer 11 Aoû - 20:20

Tout ne fonctionnait-il pas à merveille ? Andreï avait de quoi se réjouir. Son ennemi était dans la panade jusqu’au cou et Sam, son adorée, ne rechignait pas à la besogne pour lui donner un héritier.
On aurait pu s’étonner de ce désir apparemment soudain de vouloir fonder une famille. Et pourtant…

Pour Sanders les choses devaient se passer ainsi. Outre le fait qu’un enfant serait un ciment entre Sam et lui, voir naître et grandir une réplique d’eux donnerait un sens réel à leur vie. Il n’avait pas voulu épouser Sam juste pour l’épingler tel un beau papillon de collection dans une vitrine dorée. Chez les Orloff, le mariage signifiait bien plus que ça. Anastasia devait le savoir. Si son fils unique avait convolé, c’était qu’enfin il avait trouvé son port d’attache, son havre, sa paix.

En fait de paix, ce n’était pas tout à fait le top mais rien n’est parfait.
Néanmoins, il s’employait à remplir ce qu’il jugeait juste.
Sam serait une maman parfaite. Lui, il ferait ce qu’il pourrait. Plein de bonnes volontés, il ne désirait qu’apprendre à aimer. Renoncer à son métier passionnant? Soit ! Eviter de s’emparer des belles plantes de passages ? Soit. Il lui restait au moins les yeux pour voir et comptait bien s‘amuser à ce sport sans pour autant déborder de sa ligne de conduite irréprochable.

Que pouvait-on lui reprocher ? D’être un peu trop collant envers sa femme ? Il en avait bien le droit, non ? D’après lui, s’il ne s’y conformait pas, tôt ou tard on le taxerait de négligences !
Alors oui, il sautait sur la moindre occasion pour rappeler à Sam combien il tenait à elle. Pourtant parfois, elle semblait… agacée par son doux manège.


Andrei, tu n’es pas sérieux…j’ai un travail et tu as le tien.

Je m’arrange pour être le plus disponible possible pour toi. Tu le mérites tant.

Super ! si le tien te laisse tant de temps libre…

Tu pourrais faire de même avec le tien !

Le mien, non…je ne peux pas laisser toute la responsabilité à François.

Mais c’est TON resto, maintenant. Tu peux faire ce que tu veux !

Oui…Christian était mon associé, sans lui je n’aurais jamais pu arriver là…mais je lui ai acheté sa part…No Sense est à moi, à part entière.


Ce restaurant ! Mine de rien, Andreï commençait sérieusement à en avoir sa claque de ce truc qui le privait tant de sa femme. S’il n’avait tenu qu’à lui, un gentil « feu Daymon » l’aurait réduit en cendres ! Mais il ne pouvait pas priver Sam de son joujou… pas encore.

Cette discussion l’avait ennuyé. Quelque part, cela clochait. A croire qu’encore et toujours ce boulot la captivait plus que lui. Ne méritait-il pas aussi sa part d’attentions lui qui se décarcassait tellement pour éliminer tous les obstacles ? Non Sam ne serait pas du type à l’attendre sagement renter du bureau. Comment pouvait-elle croire que c’était ça qu’il voulait ?
Il rêvait d’une complicité pleine et entière comme au temps perdu où elle était devenue agent, comme lui ! Quelle fine équipe !
Une vie d’aventures ne cadrait plus avec un foyer… Andreï s’en était fait une raison, une de plus. Néanmoins, la connivence lui manquait.

Ce jour-là, rien n’avait préparé Andreï à la tempête à subir chez lui. D’abord heureux de constater que Sam était rentrée plus tôt que prévu, il déchanta très vite devant son minois ravagé. L’agressivité de son ton ainsi que la question brutale le désarçonnèrent :


Pourquoi tu ne m’as rien dit ?

Euh… Bonjour, d’abord ! Pas trop bonne journée dirait-on. Tu m’excuseras mais si tu veux que je réponde, il m’en faut plus. Rien dit sur quoi ?

Justin Davenport ! Sa maison…Sa Folie, qu’il adorait…brûlée jusqu’aux ciments…lui…en prison, poursuivi…en fugue…On l’accuse de fraude…de détournement…de Dieu sait quoi.

Ah… Tôt ou tard, Andreï se doutait bien que Sam serait au courant. La façon dont elle réagissait à la nouvelle n’eut pas l’heur de lui plaire.


Encore Davenport ! Pourquoi cela ne me surprend pas ? Le cher homme en prison ? Et alors ? C’est pas un saint ! S’il est dans la merde, c’est qu’il l’a cherché !

NON !! Justin est incapable de faire des choses pareilles…

Ben voyons ! Donne-lui l’absolution sans confession, tant qu’à faire ! Il aura cramé sa « Folie » sur un coup du même nom !

Bien sûr ! Pourquoi pas dire qu’il a fait ça pour se venger de son évaporée de femme ?...Oh oui, excuse moi, j’oublie toujours que la dame en question t’es chère…Prétends pas le contraire…

Comme il était navrant de constater à quel point Sam se fourvoyait du tout au tout. Il tenta :

Nate n’est qu’une amie qui m’a sorti d’un mauvais pas.

Allons…ne jouons pas les innocents...dès que tu auras un motif valable tu sauteras dans son lit…Elle te chauffe le sang…

Tu te trompes, Sam ! *Enfin pas sur le fait de m’échauffer* Il n’y a plus rien entre nous.

Oh…Ok…la dernière fois vous avez joué bien vos rôles…

C’était bien la dernière fois. Et que tu penses encore ainsi me ferait croire que tu es simplement jalouse.

Elle prétendit le contraire avec véhémence avant de se lancer dans une défense poignante envers Davenport. Selon elle, un mot de sa part aurait suffi à faire reconnaître l’innocence de Justin.

Tu t’avances bien loin, ma chère ! Que vaut la parole d’un ex-agent du Trésor qui a été séduite par le son client ? Crois-tu être la seule à craquer sous un charme masculin afin de dissimuler des fraudes ? Je pense que ton Tintin s’est bien fichu de ta poire ! Ne fallait-il pas détrôner l’idole de son piédestal ? Penses-tu que ce soit marrant de voir à quel point tu le surestimes ? Au moins les pendules sont remises un peu à l’heure. Il nous a fait assez de tort ; il est temps qu’il paie.

C’est donc çà…tu…oh, mon Dieu…tu as été capable de faire ça…rien que pour te venger de lui ???....Tu n’avais pas le droit…AUCUN DROIT !...Pas de détruire sa vie...son bon nom…tu as eu sa femme…que veux tu de plus !!!?...Je me fiche de ce que tu sens ou pas pour elle, tu m’entends…c’est cette attitude de macho primitif qui m’écœure…


Regarde-toi, bon Dieu ! Rien que l’idée que l’on touche à ton chouchou tu deviens folle hystérique. Avoue que tu aimes ce gars !

OUI , JE L’AIME ET QUOI !!!???

Oups. Il s’y attendait mais ça lui fit un mal de chien quand même. Le mal était donc profondément enraciné. Comment s’en débarrasser ?

S’en suivit un éloge mémorable à la gloire de tintin.


Je l’aime parce qu’il est le meilleur homme au monde, le plus droit, le plus doux et merveilleux…Il est, sans doute, l’être le plus généreux et admirable qu’il soit…

Blablabla ! VIVE SAINT JUSTIN ! Elevons-lui de suite un autel digne de son nom ! ET MOI ? QUE SUIS-JE DONC POUR TOI ?

Il n’était pas trop sûr de vouloir connaître la réponse mais tant qu’à faire… Il s’en prit plein la gueule :

Toi ?...Mon chéri…toi, tu es l’homme le plus tendancieux, égoïste et jouisseur que cette terre ait porté…Tu ne penses qu’à toi…Ton bon vouloir prime sur tout…

Mon bon vouloir ? Tu sais que c’est toi Sam ! Uniquement toi ! Je t’aime.

Tu m’aimes ??? Oh…je ne le doute pas trop…mais ta façon d’aimer signifie soumission…dépendance totale…


C’était pousser le bouchon un peu trop loin, là !

Tu sais que c’est faux ! J’ai renoncé à un tas de trucs POUR TOI ! Je te laisse mener la vie que TU VEUX ! Vie dans laquelle je me demande quelle place j’occupe, finalement. S’il y a un égoïste ici, quelqu’un de dépendant, je suis en train de le regarder.

Elle ne l’écoutait même pas. Le couperet suivant le scia :

Je…t’aime, Andrei…mais je ne supporte pas que tu contrôles chaque seconde de ma vie…Je te l’ai déjà dit…je suis ta femme, pas ta propriété…Je ne peux pas vivre ainsi…Non ! Ne me touche pas…on va mettre un point final à cette farce...OUI, imagine toi…je fous le camp, je m’en vais.


HEIN ? Où ? Qu’est-ce que tu racontes ? Et ton « cher » resto, tu l’oublies ?

Dans une contradiction incroyable, elle prétendit que François s’en sortirait alors que quelques jours plus tôt, elle disait le contraire.

Je ne veux rien de toi…je voulais être ta femme…pas ta chose…tu n’as rien compris. Désolée, mon avocat te contactera…OUI ,TU AS BIEN COMPRIS …JE DIVORCE !!!


Là, Andreï vit rouge tout en perdant les pédales. La furie ne se laissa pas raisonner ni rien. Un dernier baiser complètement hors propos, une tirade folle sur son amour pour lui et une perfidie au sujet de Nate, elle était partie.

Comme statufié, Andreï demeura debout sur place, absent. Trop d’idées l’assaillaient pour qu’aucune ne retienne son attention. Pas de larmes inutiles, ni de crise de désespoir, non.
Ce fut la truffe de Zeus dans ses mollets qui le fit revenir à la réalité.


Au moins vous êtes moins compliqués que les bonnes femmes, vous deux ! soupira-t-il en flattant la tête de ses chiens. Vous avez faim ? Que diriez-vous d’une balade à la page avant de dîner ?

Il faisait doux, si merveilleusement doux en cette saison au Cap. Noël dans trois jours, qui l’eut cru ?
Cette fête, ils l’avaient préparée à deux, pour eux, en amoureux ! Anastasia les y avait aidés. Comment cette chère femme prendrait-elle la nouvelle ? Déjà il entendait sa voix :


On ne divorce pas chez les Orloff.

Ça, il le savait et ne donnerai jamais son consentement à la chose jugée la plus absurde du monde.
Dire qu’il s’agissait encore de Davenport pour lui pourrir la vie !


*J’aurais mieux fait de le descendre de suite… Quoique non ! J’estime avoir fait beaucoup mieux. Sam l’aurait adulé en saint martyr, l’idiote. *


Pas question qu’elle vive avec le regret éternel de ce qui aurait pu être. Elle prétendait qu’il lui avait brisé les ailes ? Si Sam n’était pas complètement folle, elle réaliserait très vite qu’il n’en était rien. Ses rêves et illusions s’effondreraient, alors peut-être finirait-elle par l’admettre tel qu’il était, lui.

La balade achevée, Andreï nourrit les dobermans affamés. Lui, il se contenta d’une tranche de jambon oubliée dans le réfrigérateur.
Sans se presser, il démonta ensuite toutes les décorations de Noël qu’il rangea soigneusement dans leur carton. L’idée d’un beau feu de joie le saisit. Quelle tête tirerait Sam en apprenant le sinistre de leur maison avec lui dedans ? Il haussa les épaules :


Il y a assez de cendres ainsi et elle serait sûrement trop contente d’être débarrassée de moi.

Posé dans un fauteuil, une cigarette au bec, un verre en main, il délira un peu sur les options à prendre. Plusieurs idées se dégagèrent dans les volutes de fumées. Il saisit le téléphone :

Alex ? Salut, c’est Sanders. Désolé de t’ennuyer à cette heure… Oui, c’est important sinon je ne me permettrais pas… Soucis ? On peut dire ça. Rien de ferme mais il se pourrait que ma femme demande le divorce… Elle était très sérieuse, oui ! Mieux vaut prévenir, non ? A l’amiable ? Laisse-moi rire. Tu me connais Al. Prépare-moi ça veux-tu ? En aucun cas, elle ne l’aura, c’est clair ?

Presque souriant, Andreï s’occupa ensuite de son banquier. Ami depuis des lustres, Clifford Connolly se mettrait en quatre pour satisfaire les exigences d’Andreï. Il avait déjà opéré quelques transactions très favorables du même genre, on n’était pas à une près.

Le reste de la soirée, Sanders la passa devant le Net. Sam pensait qu’elle parviendrait à dissimuler sa retraite ? Il y avait fort à parier qu’au lieu d’un poisson, ce serait deux qu’il pêcherait. Il avait déjà une petite idée sur la cachette de Davenport… L’un n’irait pas sans l’autre, il l’aurait juré.

Assez satisfait, Andreï se fit couler un bain puis se glissa dans le lit froid. Ayant éclusé une bouteille complète de scotch, il ne tarda pas à s’endormir.
Au matin, il rappela Carstair à qui il confia à nouveau la maison et ses toutous :


Je pars en voyage pour une durée indéterminée. Vous connaissez la procédure, n’est-ce pas ? Si ma femme appelle, dites la vérité : vous ne savez pas.

Petit portoloin plus tard, il se matérialisa dans une jolie allée déneigée avec soin. Le brusque changement de climat le fit frissonner. Afin de ne pas éveiller les soupçons du gardien, il n’avait pas endossé son par-dessus. La chose fut vite réglée avant de se diriger vers l’entrée.
Quel accueil allait-il recevoir ? Aucune importance, en fait. Il sonna.


Une soubrette, cracmole probablement, s’enquit en le jugeant des pieds à la tête :

Vous désirez ?

Veuillez annoncer Andreï Sanders, je vous prie.

On l’introduisit dans un petit hall décoré superbement où il patienta quelques minutes avant le retour de la domestique :

Madame vous attend, veuillez-me suivre, Monsieur.

Belle comme dans ses souvenirs, plus peut-être, Andreï fut introduit auprès d’une rouquine piquante à l’air très… mitigé.

Bonjour Nate ! Toujours aussi divine, je vois. Bien belle maison que tu as là. Allons, tu n’as pas perdu ta langue, j’espère. Tu permets que j’ôte mon manteau ? Je ne te retiendrai pas plus longtemps que tu ne le veuilles...

Désarçonnée, sur la défensive, elle acquiesça, lui désignant un siège d’un signe de tête ; elle-même restant debout. Assez froide, elle lui demanda évidemment le motif de sa visite :

Tu veux la version longue ou la courte ? *La vraie ou l’inventée ?* … J’ai l’habitude d’être direct, tu le sais. D’abord, je voudrais m’excuser de la façon très cavalière *mufle serait mieux* avec laquelle je t’ai rembarrée la dernière fois que nous nous sommes tenus tête-à-tête.

Même s’il était maître dans l’art du mensonge, il n’en usait pas du tout en cet instant.

Je m’en suis voulu mais je n’avais pas le choix, tu l’auras compris. Mon mariage compte énormément pour moi. J’ai dû faire d’innombrables sacrifices pour maintenir mon ménage à flots… en vain : Sam a quitté le navire… Pourquoi ? Ben, à ton avis ? Pour Justin, quoi d’autre ?

Enervée, en proie à des sentiments contradictoires, Nate réclamait précisions, explications :

Je le sais… Regarde un peu ce cliché. Je ne sais pas si tu as vu l’émission finale du concours culinaire, il y a eu une très brève interruption dans la diffusion à la télé. Je n’ai pas marché dans le manège de ton mari et j’ai photographié ça.

De lui mettre sous le nez la photo animée du baiser époustouflant échangé entre leur conjoint respectif.

Ne me dis pas que ça t’est indifférent. Moi j’en ai toujours la nausée.

Encore plus sur des charbons ardents, Mrs Davenport semblait hésiter entre déchirer la photo ou la jeter au feu de l’âtre qui ronflait :

Ne la détruis pas, s’il te plaît. Nous pourrions en avoir besoin… Pourquoi ? Attends que je te déballe le tout, veux-tu ? Il fait sec, chez toi…

Il était un peu tôt pour consommer de l’alcool, qu’importe. Vu leurs états de nerfs…
Avalant une lampée l’air de rien, Andreï examina le décor.
Coquet, d’excellent goût, l’intérieur reflétait la personnalité de sa propriétaire. Plusieurs choses manquaient cependant :


Pas de sapin, pas de crèche ni lumières ? C’est Noël après demain pourtant.

Coup de Jarnac :

Tes enfants ne viennent pas ? Ils vont bien, j’espère ?

Et voilà, la vanne était ouverte, les récriminations plurent en masse.
Pauvre Nate, elle n’avait pas imaginé que Justin soit si cruel envers elle. Il avait expatrié leurs gosses et l’en privait pour les fêtes.
Sincère ( ben oui) Andreï compatit :


Ça doit être dur pour toi… Je me sens coupable, là ! Je te dois tant Nate… Je m’en veux parfois d’avoir dérapé… Pas que ce ne fut pas une expérience merveilleuse… mais pour ses conséquences… désastreuses… pour nous. Tu n’aimais plus Justin, Sam m’écartait de sa vie… On se plaisait. Inutile de revenir là-dessus. Un fait demeure : nos conjoints s’attirent… Non, je ne suis pas venu tenter de remplacer un pion par un autre, tu vaux mieux que ça quand même, non !

Elle était ravissante quand elle était ainsi remontée à bloc. Ses yeux possédaient alors un éclat incomparable. Tant de fougue… Canalisée dans le bon sens, Merlin savait quels seraient les résultats.

Je ne te cacherai pas que je souffre, comme toi. Peut-être pas pour les mêmes raisons. Je dois t’apprendre une chose importante : si la « Folie » a brûlé, j’en suis l’exécuteur.

Là, elle le prenait assez mal. Andreï rit en allumant une autre cigarette :


Tout doux ma belle ! J’ai dit « exécuteur » pas promoteur… Oui, tout était prêt pour un bel incendie… Je te jure. Sur le coup, j’ai trouvé ça idiot de la part de ton mari. Quelles étaient ses intentions réelles, j’en sais fichtre rien. La cave était bourrée d’explosifs ! Je le pistais des pieds à talons. Qu’il passe tant de temps à la « Folie » la veille du concours m’avait étonné. Quand j’ai vu les dispositifs en place, je me suis dit : si Nate et Sam le plaquent, il va commettre le pire !
J’ai pris l’initiative. J’ai mis les gosses et la nounou dans le premier vol en partance pour les Bermudes où il comptait soi-disant les expédier le lendemain, et j’ai déclenché son système.


Elle semblait anéantie, Andreï s’empressa de poursuivre :


J’ai sauvé la vie de la maisonnée ! Celle de Justin aussi je suis prêt à le parier, quoique cela ne m’aurait pas dérangé le moins du monde qu’il y reste…
Ouais, on l’accuse de fraude. Il est coupable, non ? … Si j’ai favorisé cet état de fait ? Euh… Oui et non… Qu’y puis-je si un serviteur zélé a aggravé le cas ? Il n’en demeure pas moins une évidence : Sam et Justin sont copains comme cochons, et nous… nous sommes deux idiots dont ils se fichent la poire. Je ne vais pas prétendre m’imposer à toi. Tu as toutes les raisons du monde à m’envoyer au diable et… toutes les raisons du monde à devenir ma complice dans… NOTRE vengeance.

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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptySam 14 Aoû - 15:05

Que s’était-il passé ? Pourquoi une vie bien rangée vous sautait-elle soudain au visage ? Comment peut-on tout perdre en quelques heures ? Justin n’en savait fichtre rien. Quand est-ce que la première brèche s’était-elle formée ? Avec la perte de son 1er fils ? Peut-être mais pas certain. Cela n’avait été qu’un boutefeu aux poudres qui couvaient, somme toute.
Le sage Davenport s’était endormi sur les bases d’un édifice qu’il pensait inébranlable et se retrouvait sur un tas de ruines.
Bouquet final inattendu : l’incendie de son domaine ! Manquait plus que ça pour en rajouter à son désarroi.
Comme si cela ne suffisait pas, à peine rentré chez lui, la police débarqua. Comme personne ne répondait à ses injonctions, elle procéda à l’intervention musclée :


Que diable faites-vous au tapis ? Eh bien Mr Davenport, je vois que l’on ne nous avait pas menti !

L’air goguenard, Barney Williams le toisait de haut alors que se frottant la nuque Justin tentait de recouvrer ses esprits :

On m’a frappé, je crois…

L’inspecteur interrogea du regard ses sbires qui furetaient partout. Leur négation le fit sourire faussement navré :

Il semblerait que vous êtes seul dans cette suite, Mr Davenport. Seul et… dans un drôle d’état si je puis en juger.

D’un claquement de doigt, Williams désigna un collègue pour aider Justin à se relever.
Il expliqua enfin les raisons de sa venue :


Nous avons reçu un coup de téléphone anonyme nous indiquant votre présence sur le sinistre. Si j’en juge par votre mise, nierez-vous vous y être rendu et y avoir fouillé… un peu ?

Encore groggy, Justin se contenta de hausser les épaules.

Veuillez vider vos poches, s’il vous plaît.

Toujours muet, le suspect s’exécuta. Ce qu’il retira de sa veste le laissa assez pantois : cela ne correspondait pas à ce qu’il avait raflé là-bas ! Il se palpa, perdu.

Belle somme de liquide… Forts beaux bijoux… et ça, qu’est-ce donc ?

Intrigué, avec un sourire de chat à l’affut, William enfila un gant et s’empara de l’objet déposé sur la table basse. La vue de ce bidule déformé et noirci décomposa Justin. L’autre jubilait :

Je ne suis pas expert en explosifs mais j’en ai suffisamment vu pour reconnaitre un dispositif de mise à feu. Notre labo le confirmera probablement. Je suis désolé, Mr Davenport, je vous arrête !

Aucune protestation ne vint à bout de la détermination de l’inspecteur. Menotté, Justin connut l’infamie. Devoir passer par le hall prestigieux dans cet état miteux, escorté de la sorte, le rendait fou et honteux.
On le laissa moisir derrière les barreaux le temps que le tamtam fasse son effet. Ayant eu droit à son coup de téléphone comme n’importe quel repris de justice, Justin réussit à contacter Maître Abermale. Par lui Michael serait prévenu et il le sortirait de là.
La chose ne fut pas aisée. La tempête soulevée causait des remous. Les assureurs hurlaient à la fraude, les médias s’emparaient de l’affaire.

Les retrouvailles avec Michael furent intenses, lui expliquer la situation assez malaisé.
A l’abri des indiscrétions, dans la suite de luxe, rasé de frais et un poil plus détendu après ces heures de galère, Justin avala deux verres cul sec et soupira :


Il y a tant de choses à dire mais je ne sais pas encore par où commencer. Ne m’en veux pas d’être aussi vague… J’ai vraiment besoin de tirer un tas de trucs au clair sur cette histoire… et d’autres problèmes à résoudre aussi, tu te doutes desquels. Tu m’as dit que les enfants allaient bien : c’est l’essentiel, le reste importe peu, dans le fond.

Si son copain parut surpris, il n’en respecta pas moins les résolutions de Justin :

Qu’est ce que tu vas faire maintenant ?

Je n’ai pas trop le choix… Je dois ficher le camp, disparaître de la circulation… un temps. Il me manque des éléments pour justifier certaines accusations. Je parie que cet inspecteur ne me lâchera pas la semelle si je ne mets pas les voiles, tu comprends ? Que cette « fuite » semble me rendre encore plus coupable… Je m’en fous. *Je me fous de tout, de toute façon*

Michael l’assura de son indéfectible amitié et lorsqu’ils débarquèrent au Venezuela, il se montra aussi ravi que fraternel :

Fais moi savoir si tu as besoin de n’importe quoi…j’irai faire un tour par là…un de ces jours.

Prends soin des gosses… c’est tout ce qui me reste.

Il ne mentait pas. Bien sûr, pour le commun des mortels, la situation financière de Davenport pouvait sembler encore florissante. Néanmoins, habitué à ne jamais se soucier du moindre dollar, livre Sterling ou gallion, là Justin encaissait mal les restrictions. Il ne pouvait pas utiliser ses cartes de crédit sous peine de se faire repérer. Son argent liquide se limitait maintenant à une poignée de devises.

Son nouveau « paradis » se résumait en une « modeste » villa en bord de mer collée à un village de pêcheurs traditionnels. Il n’y était plus venu depuis des années. Cette minuscule propriété, il l’avait achetée peu avant le mariage prévu avec Léanor. Il voulait lui en faire les honneurs en escale de voyage de noces… Raté… Un échec, le premier d’une longue liste à présent. Pourquoi ne s’en était-il pas débarrassé ? Il l’avait simplement oubliée.
Contraint de trouver rapidement un havre inconnu de tous, ses heures de taule la lui avaient rappelée.


*Ce n’était pas ce que j’avais prévu, merde !*

Il rageait.
La solitude n’était pas son fort. Avait-il été jamais été seul ? D’aussi loin qu’il s’en souvienne : non.
Quand l’envie lui prenait d’une compagnie féminine, cela ne manquait pas. Mais ce n’était pas de cette sorte d’absence qu’il souffrait, ce mal il pouvait le régler facilement vu les sourires engageants des femelles autochtones… Où étaient les rires des amis, les folles soirées animées, le délire total, l’insouciance ?
Là, certes il se lia vite avec les gens du cru qui l’avaient accepté comme le « gringo » local sans poser de question sur le retour inattendu du propriétaire de la villa « fantasma ».
Son ami et intendant Domingo Ramirez était tombé des nues en le voyant apparaître ce beau jour :


¡ Mi amigo! ¿ Cuál buen viento te trae?

Pas si bon que ça le vent, Dom ! Mon espagnol est rouillé, on continue en anglais. Je reprends possession de la villa pour plusieurs semaines voire des mois, j’en sais rien.

Que se passe-t-il ? Tu m’as l’air d’être… ?

Ce que je suis Dom : un fugitif ! J’ai des comptes à rendre en Angleterre mais j’avais besoin d’un coin tranquille pour préparer ma défense. Tout est il en ordre ?

Serguro que si. Depuis le temps que tu allonges le pognon, la villa est comme neuve. J’y ai veillé. C’est Carmen qui entretient les locaux… Si tu en veux une plus jeune et plus… belle… tu n’as qu’à demander.


Au diable les femmes, Dom ! Je ne la renverrai pas même avec 70 ans et sans dents. Elle continuera ce qu’elle fait comme si je n’existais pas. C’est ce que je désire… être invisible.


On n’est pas très riche dans le coin… Le silence a son prix…

Je paierai mon ami ! Même si je dois servir de plongeur au resto du coin, j’assumerai.

Il assuma. Sa liquidité fondit sous ce merveilleux soleil de fin d’année ; Justin s’en ficha. Train de vie ultra réduit, un maigre repas par jour ? Et alors ?
Quand il n’était pas ivre des bières avalées, Justin cogitait. Quoiqu’il fasse pour relier les pièces du puzzle, il en manquait une tonne. Son unique tentative de pousser une pointe à Gringotts s’était soldée par un échec… là aussi. Pour un peu, les gobelins l’auraient arrêté…


*Williams ne peut pas en être responsable… On me bloque de partout… qui, Merlin qui ? *

Noël passa. Justin déprima à fond ce jour-là. Il refusa toutes les invitations des villageois et se tapa une tamponne de tous les diables en solo. Si Nate ne l’avait pas rembarré, il aurait attendu les frimousses émoustillées de Viviane et Flore près du sapin en serrant Anthony et Philip dans ses bras. Il aurait été si heureux de les gâter… Nate aurait été soufflée par son cadeau somptueux…

*Au moins doit-elle râler de ne pas avoir le droit de garder les petits !*

Maigre consolation…

La veille de l’an…
Quelle bizarrerie du calendrier ? Comme si une fête majeure ne suffisait pas, il en fallait deux à une semaine d’intervalle.
Résigné à ce que ce réveillon soit comme l’autre, Justin prit son pack de bières habituel et s’assit non loin des autochtones guillerets.
La mer était calme, l’animation débutante.


*Tu devrais louer un rafiot et te perdre définitivement… Qui te regretterait ?*

La nostalgie le submergea en songeant au « lady Nate » son magnifique voilier tout confort qui devait s’ennuyer de lui, depuis le temps qu’il était au port. Même là, il ne pouvait pas se rendre… Les scellés devaient y être apposés.
Sans le vouloir ses pensées dérivèrent vers sa dernière sortie en mer sur ce navire de luxe. Il y avait été seul avec Sam… Sam qu’il aurait dû… Qu’il n’aurait pas dû… Aimer…

Elle lui avait préféré l’autre… Tant pis, tant mieux ? Il ne regrettait rien, ou beaucoup ? Allez savoir.


*Je regrette de l’avoir aimée sans le regretter… Je l’aimerai toujours même si Nate me manque… à quoi bon se torturer ? *

Fixant les flots sans le voir, il revécut, une fois de plus, cette unique nuit dans les bras de Samantha Forrester. Belle, adorable, fougueuse, si troublante et… troublée… Un rêve.

Hey…toi ! Depuis le temps…

Reprenant pied dans la réalité, Justin demeura comme deux ronds de flan sous cette interpellation inattendue. Pour un peu, il se serait fichu des baffes afin de s’assurer qu’il ne divaguait pas pour de bon. Mais non ! Radieuse dans l’air matinal, malgré un « je-ne-sais-quoi » de douloureux, Sam était bien à quelques pas de lui.

Je… SAM ? Bon Dieu si je m’attendais !

Balbutiement ressemblant à un coassement, Justin était pétrifié. A la fois émerveillé et incrédule, il mit quelques secondes à réagir :

*Qu’est-ce qu’elle fait là ? Comment a-t-elle su… pourquoi…,*

Sur quel pied danser ? Il n’en savait rien. Plaisir, inquiétude, rancœur ? Tout se mélangeait.


Tu me prends de court, là… *Idiot, tu pensais à elle pas plus tard qu’il y a une minute* Comment diable as-tu fait pour venir ici ?

Bien sûr, c’était une longue histoire dont elle ne tenait pas à déballer détours ou arcanes devant des villageois émoustillés par l’apparition d’une « bellissima guapa »
Tant pis pour la chronique locale qu’il allait alimenter, Davenport prit la main de Sam :


Viens, on va chez… moi.

Courte balade au ras des flots, il lui désigna sa résidence :

Aucune comparaison, hein ? L’époque de « la Folie » est bien révolue...

Il se sentait ridiculement minable de lui présenter ce décors banal, sans chichis ni extravagances :

Au départ, je voulais l’offrir à ma fiancée : Léanor. Un coin pour nous deux… Loin de tout. Tu… Tu es la première à y être invitée.

Misérable entrée en matière… Il ne pouvait prétendre à mieux.
Sam trouva l’ensemble charmant… mignon. Son air en disait long sur le décours de ses pensées.


*T’es tombé bien bas, mon pote*

L’installant dans un fauteuil de rotin garni de coussins, il lui proposa une boisson :

C’est un peu tôt pour l’apéro quoique perso, je m’en tape. Un peu plus tôt, un peu plus tard… Peu importe le flacon pourvu que… dit le dicton… Ouais, je sais, ce n’est pas une attitude « raisonnable » Mets-toi à ma place… (rire amer) Je me fous de tout, c’est vrai… Je ne pige rien à ce qui s’est passé… Ma faute ? (autre rire amer) Sans doute oui !

Il la vit choquée et s’attrista :

Peut-être que je mérite la taule, après tout ? Sache que je ne pensais qu’à une chose : en finir !
Que fais-tu ici, Sam ? Je te croyais en pleine romance avec ton Andreï.


S’il avait voulu mettre de l’huile sur le feu, il ne s’y serait pas mieux pris.
Intérieurement, il admira la fougue déployée tout en ressentant un immense sentiment de culpabilité et… de jouissance. Ne lui annonçait-elle pas qu’elle avait quitté Andreï pour de bon… ?
Prenant son temps pour intégrer toutes ces données déposées en vrac, Justin alluma deux cigarettes et lui en donna une qu’elle refusa. Pensif, il résuma :


Tu voulais savoir ce que je devenais… Merci de ta sollicitude, ça me touche plus que tu ne crois. Tu suspectes Andreï d’être derrière tous ces malheurs ?... J’avoue que ça ne m’étonnerais pas trop… sauf qu’il n’est pas responsable de tout, je… Je te l’avoue.

Pas facile de débiter la suite. Nerveux, il tira plusieurs bouffées, avala une gorgée sans la goûter et regarda la baie, misérable :


Imagine-toi être au sommet du monde, au Paradis et en être délogé d’un coup de pied aux fesses. Dans la même journée, tu m’as évincé de ta vie puis Nate a porté l’estocade finale en coupant les ponts de façon expéditive.
Après le seul faux-pas de ma vie, j’avais déjà essayé d’en finir… Michael m’a empêché de me noyer, pour mon malheur. J’ai bêtement cru pouvoir recoller les morceaux avec Nate. Dieu m’est témoin que je me suis donné du mal pour ça, jusqu’à prétendre l’amnésie... Mais ton Andreï, son charme, sa roublardise, la tiennent bien ! Toi aussi, du reste… Mais qu’importe. La veille de la terminale du concours, j’étais… fou ? Idiot ? J’en sais rien mais je ne voyais qu’une alternative pour faire cesser ma douleur : mourir. Une mort planifiée avec… ma démesure habituelle. (Larmes amères)
J’ai placé des explosifs en sous-sol de la « Folie » avec l’intention d’expédier Mrs McPherson et les gosses dans le premier avion vers les Bermudes au lendemain du concours et de me faire sauter avec mes biens.
J’ai rien compris quand on est venu me dire que l’incendie ravageait mon domaine. J’ai cru devenir complètement dingue en pensant qu’une erreur d’allumage avait déclenché le dispositif plus tôt que prévu. Je devais être l’unique victime. Que les assurances paient ou pas n’avait pas d’importance. Mon testament serait découvert tôt ou tard. Nate obtiendrait la garde alternative des enfants, leur avenir était assuré…


Hagard, enfilant cette fois des alcools plus forts, Justin ne toléra pas d’intervention :

Qu’Andreï soit à l’origine de ce « plus tôt », ne me surprends pas. J’aurais peut-être fait pareil, à sa place… Quoique non, je ne suis pas aussi…. vindicatif. Faut pas lui en vouloir Sam… Il t’adore. Je suis bien placé pour comprendre pourquoi puisque moi aussi je… ( trouble intense qu’il chassa d’un geste comme un moustique)
Mes comptes sont bloqués, on a retrouvé Dieu sait pourquoi ou comment l’amorce des explosifs dans mes poches… des bijoux aussi que j’avais pas pris. Plus des trois-quarts des dollars que je prévoyais en liquide se sont évaporés. Un tas d’œuvres rares ont été saisies dans ma villa aux Bermudes… Je n’ai pas expédié ça là-bas ! Bref…


D’un haussement d’épaule, il éjecta son mégot dans le cendrier avant d’allumer un autre clope :

Tu ne sais plus trop quoi penser, hein ? Une chose de plus qui nous est commune !...
Je ne suis pas parfait, Sam, loin de là. Désolé de te décevoir sur ce point, *et tant d’autres* mais c’est un fait.
Curieusement, moi qui voulais achever mon existence dans un feu d’artifice splendide, je me retrouve suspect de fraude avec peu de liquidités, les flics aux trousses et... comble de tout… ça ne me déplaît pas ! ( Rire sans joie)


Il remarqua son air choqué et s’attendrit en osant une brève caresse sur sa joue humide :

Suis un type banal… Quand on me cherche, on me trouve. Je me croyais aux trente-sixièmes dessous mais cette histoire débile a éveillé ma curiosité, sans ça je me serais jeté du premier pont venu. Je voulais savoir pourquoi tout me tombait dessus en même temps. Tu viens de m’apporter des réponses… et… je t’en remercie.

Il était presque midi à présent. Le temps passait vite.

On se fait un gentil déjeuner ? J’ai pas grand-chose à t’offrir ( double sens) On se débrouillera, hein ?

Maintenant qu’il savait qui était derrière tout ça, Justin se sentait soulagé. Que Sam se soit déplacée jusqu’à lui pour s’assurer de sa santé le réconfortait sans pour autant l’enchanter.

*Elle l’aime et retournera vers lui au premier appel… Nate réagira pareil envers Andreï… t’es foutu*


Des sandwiches ! Ironie culinaire…
Ils les mangèrent sans entrain en regardant les flots marins.
Une remarque anodine, le ramena encore sur terre :


Ce soir ? Ah ! Le réveillon… Non ! Rien de prévu. *Sauf un départ en beauté maintenant que je sais tout*

Hésitante, elle avoua souhaiter passer le cap de minuit avec lui.

Si… Si tu y tiens… Je vais demander à mon copain Domingo s’il peut te trouver un logement décent pour te reposer. On se retrouvera à… 22 heures 30, ça ira ?

Sam… Une fois qu’elle fut hors de ses pattes, Justin respira un peu.
Cette rencontre, il ne l’avait pas prévue ni désirée. Que cette jeune femme pour laquelle il craquait lamentablement apparaisse au pire moment de sa vie l’émerveillait et le désolait à la fois.
Il l’aimait, oh oui ! Seulement elle ne serait jamais entièrement libre sans Andreï dans le circuit. Autant arrêter avant de commencer à rêver… Elle n’était que de passage, juste le temps de voir si son ami était dans le besoin, rien d’autre.

Il s’octroya une sieste prolongée dès qu’il fut certain que Sam était installée confortablement dans le petit hôtel à proximité.
Carmen dut le secouer :


Senior Davenport… Il est tard… j’ai essayé à 18h comme vous l’aviez demandé, il est maintenant 20h30.

Mince alors ! Réveillé en sursaut, pressé par le temps, sous la douche Justin révisa sa stratégie.
Séduire ? Oui et non… Le fait est qu’il ne voulait pas gâcher l’image qu’elle garderait de lui.
Impeccable ( chose étonnante depuis des jours) il attendit la venue de son hôtesse. Divine – ne le serait-elle pas même vêtue d’un sac ? – il lui baisa la main en la réceptionnant sur le seuil.


Tu es magnifique !

Sans quitter ses doigts, il l’emmena à l’arrière de la villa. Dehors des chandelles luisaient sur une petite table dressée mieux qu’à la Tour d’Argent.
Un bouchon sauta, Justin servit les flûtes. Ils trinquèrent :


Je bois à toi ! Puisses-tu être heureuse, Sam.

Elle trempa à peine les lèvres dans les bulles, le regard voilé de… ? Tristesse ?

Tu vas bien, Sam ? Excuse-moi de ne pas avoir pris plus soin de toi tantôt… Tu as fait tant de kilomètres, tu t’es tant dépensée pour me venir me voir, et moi… j’ai oublié la plus élémentaire des courtoisies en ne pensant bêtement qu’à moi. Pardonne-moi…


Il avait été tellement pris de court en la revoyant qu’à présent ses yeux s’ouvraient différemment. Sam souffrait de quelque chose, c’était clair, si évident qu’il s’en serait foutu des baffes.

*Triple buse ! Bien sûr qu’elle ne va pas bien ! Elle a plaqué celui qu’elle adore… parce qu’il s’en était pris à toi… en plus ! Et tout ce que tu trouves à faire, c’est de pleurer sur tes malheurs*

Qu’elle était adorable : elle lui pardonnait. Sans s’étendre pour autant sur les raisons de son chagrin.
La gêne risquant de s’installer, Justin dévia la conversation :


Je nous ai préparé un petit dîner avec les moyens du bord. Heureusement, dans ce coin, on ne manque jamais de crustacés frais. Ça m’a fait bizarre de me remettre aux fourneaux, je n’avais plus touché une casserole depuis…

Pas la peine d’en dire plus. Cachant son trouble, il fila en cuisine et apporta la bisque façon Justin.

Je n’ai pas d’autre domestique que cette vieille Carmen que tu as entrevue tout à l’heure *J’ai pas les moyens d’en avoir plus, du reste* Elle avait droit à sa soirée en famille. On fera à la bonne franquette, veux-tu ?

Délicieuse Sam ! Même si elle en mangea peu, elle complimenta chacun des plats qu’il s’était échiné durant des heures à concocter juste pour son plaisir à elle.
Merveilleuse soirée avec en sourdine l’incessant doux bruit des vagues, et en éclairage les bougies, les étoiles… Décor très romantique s’il en est !

Ils parlèrent d’un peu de tout et de rien. Le restaurant de Sam fonctionnait sans elle, lui vivotait sans… personne.


Et tes projets ? Tu dois bien en avoir ?

La finaude ! Sam évita la question en la lui retournant. Coincé, il pataugea :

Moi ? Euh… Aucun de précis. *A part me ficher en l’air dès que tu seras partie* Oui… je vais rétablir la barre.¨*menteur*Je n’ai pas de preuve formelle à donner à l’inspecteur qui s’occupe de mon cas… Williams me rirait au nez si je lui parlais de sorcellerie, ce qui est impossible… Nate ? (Il faillit s’étrangler) C’est foutu. J’ai usé toutes mes cartouches, ma batterie est à plat. Si elle demande un divorce raisonnable, elle l’aura.

Il consulta sa montre afin d’échapper à d’autres sables mouvants.

Il est bientôt minuit… Allons sur la plage, veux-tu ? Il paraît que de là, on peut voir tous les feux d’artifice du coin.

Main dans la main, ils s’avancèrent vers la mer aux douces vaguelettes. Justin ôta ses chaussures, Sam ses fines sandales. Bientôt des vaguelettes leur léchèrent les orteils. Plusieurs éclatements retentirent. Pas besoin de lever très haut la tête pour constater l’embrasement du ciel.
N’y tenant plus, Justin attira doucement Sam contre lui alors que dans de joyeuses pétarades des gerbes multicolores fleurissaient au-dessus d’eux :


Bonne et merveilleuse année, ma chérie.

Ses lèvres effleurèrent la joue veloutée puis partirent à la rencontre de celles de Sam s’y posant à peine avant de les prendre avec une flamme de plus en plus intense...
Qu’importait le feu d’artifice extérieur. Celui déclenché dans le cœur de Justin les battait tous, et de loin !


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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyDim 15 Aoû - 16:25

La vie n’était qu’une folle suite de chance et déconvenues. De bonheur et misère, de joies simples et surprises. Pour Nate, depuis un temps elle se résumait à déconvenues, misère et surprises…pas toutes bonnes, soit dit en passant.

Le soir où elle avait fait ses adieux à Justin lui semblait, avec le temps, une mauvaise charade du destin…même si elle avait aidé grandement à cette faillite explosive de son mariage. Comment en était elle arrivée là ? La réponse était simple comme bonjour : la folie s’était emparée de son bon sens et l’avait réduit en miettes, la faisant renoncer à une vie parfaite auprès du plus parfait des hommes et le tout pour courir après une chimère…Chimère qui n’avait existé que dans son esprit avide de nouveauté, d’émotions fortes…de liberté ! La défaite de sa vie n’avait qu’un nom : Andrei.

Nate ne savait plus que penser ni sentir. Ce soir, après la fin du fameux concours, en signifiant à Justin sa décision de le quitter, elle avait senti un profond chagrin l’investir. Après tout on ne renonce pas à un homme comme lui sans peine. Il avait été parfait, sans rien à lui reprocher…ou presque. Pourtant, en rentrant à la demeure choisie pour y vivre en solitaire, Nate avait encore bercé, vaine illusion, que son mari la suivrait...encore une fois. Elle avait passé cette nuit à guetter son arrivée, sachant que s’il revenait à elle, une dernière fois, elle ne le laisserait plus partir…sauf que Justin ne s’était jamais présenté et le lendemain, de très bonne heure, la néo-zélandaise avait appris ce qui avait occupé ce cher Justin : La Folie avait brûlé de fond en comble ! Nate avait pensé devenir folle pendant les heures suivantes. Que cette demeure démesurée ne soit qu’un tas de ruines fumantes ne l’affectait nullement…c’était ne pas savoir ce qu’étaient devenus ses enfants qui la mettait dans un paroxysme hystérique. Ce n’avait été qu’en fin de soirée qu’elle avait réussi à parler avec son mari…Combien de message avait elle laissés ? Des dizaines…enfin, il sembla se souvenir de son existence et la rappela.

C’est moi !

Enfin !!! Mais que…La Folie a brûlé !?...et…

Oui… je vois que tu es au courant. J’aurais dû t’appeler, je sais…

Mes enfants !? Où sont mes bébés…où est tout le monde !? Toi ? Tu vas bien ?

Oui, tout le monde va bien, un vrai miracle… Ils sont aux Bermudes, près de chez Michael…

QUOI !?!? Aux Bermudes !? Mais…Mais…et…toi ? où es tu ?

Moi ? Je reste ici pour l’enquête... à l’hôtel, oui où voudrais-tu que j’aille ?

Elle l’imaginait défait, atteint au plus profond de son âme. Il adorait sa maison…sa Folie !

Co…Comment vas-tu ?

Ça va je t’assure, je vais bien. Ce ne sont que des briques après tout, et tu ne les aimais pas. Je te tiendrai au courant… Bye.

Et il avait coupé. Pas un seul mot doux…aucun regret. C’était bel et bien fini entre eux…Celle là avait été la dernière fois qu’ils avaient échangé deux mots. Nate suivit le reste de l’affaire, comme tout le monde, grâce aux medias, trop contents de mettre le doigt sur une nouvelle de cette envergure comme pour en laisser passer une miette. C’est ainsi qu’elle apprit que l’incendie de sa maison ne se devait pas à un accident mais au contraire avait été bel et bien prémédité…par Justin. Que la Police l’écroue n’étonna personne, que la compagnie d’assurances porte accusation contre lui pour fraude et Merlin sait quoi d’autre sembla normal…Que son copain indéfectible le sorte de prison de façon éclatante ne la surprit pas le moins du monde…que par la suite, Justin disparaisse de la face de la terre en laissant ses détracteurs sur leur faim, interloqua la plupart, elle inclus…Davenport, le plus droit et exemplaire des hommes signait sa faute de façon éclatante. Sa fuite n’était que reconnaître les griefs élevés contre lui comme vrais !

Les comptes bancaires de Justin avaient été bloqués, pour son bonheur Nate avait son propre compte, uniquement à son nom et personne ne semblait penser à le toucher et même au cas où, elle ne manquait pas de moyens sans avoir besoin d’attendre que son mari subvienne à ses besoins.

Aménager le cottage, qui en fait était plutôt un petit manoir campagnard, à son goût l’occupa un certain temps. Savoir ses enfants si loin d’elle ne la rendait pas folle de joie et Nate essaya de se communiquer avec eux…mais la seule façon de le faire était passer le filtre De Brent et Michael s’était montré sec, odieux et inflexible. Rien ne se ferait sans l’autorisation expresse de Justin, point final. Elle le détesta un peu plus, si possible.

Noël. Fête familiale par excellence. Il avait bien fallu avouer à tous, en Nouvelle Zélande, que son ménage tournait mal et que Justin et elle étaient séparés mais pas question d’aller passer les fêtes là bas. Elle n’aurait pas supporté cette ambiance joyeuse et le bonheur de son prochain. Pas de décorations, de sapin, de lumières ni autres détails allusifs aux dates prochaines. Elle resterait enfermée dans on fief et que le monde tourne sans sa présence…

Madame, un monsieur désire vous voir !

Nate leva le regard de son livre et considéra la jeune soubrette, en haussant un sourcil.

Et ce monsieur at’il un nom, Amélie ?

Sans doute un policier, encore un, essayant de pister son fugitif de mari.

Sanders…Andrei Sanders, qu’il a dit !

Si on lui avait dit que la reine d’Angleterre se trouvait à sa porte, elle n’en aurait été plus sidérée. Il lui fallut un instant pour se reprendre, en se levant, la jeune femme alla jeter un coup d’œil à un des miroirs en forme de soleil qui ornaient son séjour. L’image renvoyée était plaisante mais elle ne pouvait pas s’empêcher de trembler intérieurement…

Fais passer Monsieur, Amélie.

Elle dut s’obliger à respirer normalement, essayant de calmer, en vain, les battements fous de son cœur. Faute de mieux, elle serra les dents, prit son attitude la plus composée et l’affronta, lui, qui se voyait si plein d’aplomb, avec cet éclat d’ironie dansant dans ses yeux gris qui savait la mettre si mal à l’aise et si bien la séduire, en même temps.

Bonjour Nate ! Toujours aussi divine, je vois. Bien belle maison que tu as là.

Incapable de faire autre chose ou de piper un mot, Nate se contenta d’un sourire un peu figé. Cet homme s’arrangeait toujours pour la prendre au dépourvu et la mettre dans tous ses états. À peine si elle eut la présence d’esprit de lui signaler un fauteuil sans se trouver le courage de s’asseoir face à lui.

Allons, tu n’as pas perdu ta langue, j’espère. Tu permets que j’ôte mon manteau ? Je ne te retiendrai pas plus longtemps que tu ne le veuilles...

En plus, il ne manquait pas de toupet mais il fallait se reprendre, essayant se sembler le plus tranquille possible Nate s’enquit enfin sur le motif de cette intempestive apparition.

Tu veux la version longue ou la courte ?

La bonne, me siérait bien, si tu n’as pas d’inconvénient.

J’ai l’habitude d’être direct, tu le sais. D’abord, je voudrais m’excuser de la façon très cavalière avec laquelle je t’ai rembarrée la dernière fois que nous nous sommes tenus tête-à-tête.

Elle avala sec. Le souvenir de cette soirée était cuisant. Trop. Elle aurait préféré ne pas s’en souvenir mais bien entendu, Mr. Sanders n’allait pas lui en faire la grâce

Je m’en suis voulu mais je n’avais pas le choix, tu l’auras compris. Mon mariage compte énormément pour moi. J’ai dû faire d’innombrables sacrifices pour maintenir mon ménage à flots… en vain : Sam a quitté le navire.

Cette mise à jour la secoua. La blonde avait abandonné son mari ? Cela ne lui ressemblait pas trop. Il devait avoir eu une trop bonne raison pour cela.

Tu…m’en vois désolée. Je pensais que vous aviez fini par vous entendre…Pourquoi a-t-elle fait une chose pareille ?

Mrs. Davenport n’était pas sûre de vouloir le savoir mais il ne se priva pas d’éclairer sa lanterne, pour si jamais.

Pourquoi ? Ben, à ton avis ? Pour Justin, quoi d’autre ?

Nate ouvrit la bouche mais se trouva dans l’incapacité d’articuler le moindre mot pendant un instant, se sentant follement désemparée.

Je…je…ne peux pas y croire !...Eux...enfin…je ne sais plus…Justin ne…Je pensais que …tout était fini là…Elle et toi…

Je le sais… Regarde un peu ce cliché. Je ne sais pas si tu as vu l’émission finale du concours culinaire, il y a eu une très brève interruption dans la diffusion à la télé. Je n’ai pas marché dans le manège de ton mari et j’ai photographié ça.

Un coup de poing à l’estomac ne l’aurait pas plus affectée…Nate se sentit étouffer en examinant le cliché animé qu’Andrei venait de lui fourrer entre les doigts. Justin et Sam, étroitement enlacés, échangeant un baiser affolant de passion, rien à voir avec les échanges presque innocents auxquels elle avait assisté en les espionnant. Celui là était un échange d’amour fou, désespéré…un adieu…ou un sublime au revoir, si on en croyait à ce que disait le mari délaissé.

Ne me dis pas que ça t’est indifférent. Moi j’en ai toujours la nausée.

Elle leva la tête et le regarda, droit aux yeux.

Que veux tu ? Que je pleure !!?

Elle en avait bien envie pourtant. La fameuse photo semblait la narguer…la jeter au feu lui sembla une bonne chose à faire.

Ne la détruis pas, s’il te plaît. Nous pourrions en avoir besoin.

Un dernier coup d’œil à cette preuve douloureuse.

Besoin ? Pourquoi donc !? À quoi ça pourrait bien …

Mais bien sûr, il ne la laissa pas finir.

Pourquoi ? Attends que je te déballe le tout, veux-tu ? Il fait sec, chez toi…

Elle soupira.

Le bar est là…sers toi.

Qu’il serve deux verres l’alerta, ce qui allait s’en suivre ne serait pas facile.

Mine de rien, il examinait le décor et en manqua pas d’en faire un commentaire qui eut l’heur de lui briser le cœur.


Pas de sapin, pas de crèche ni lumières ? C’est Noël après demain pourtant.

Elle se mordit la lèvre et fit l’effort de ne pas pleurer, optant pour s’asseoir dans le divan.

Pas...de Noël cette année…mes…mes enfants ne sont pas là.

Tes enfants ne viennent pas ? Ils vont bien, j’espère ?

C’en fut trop. Quel affreux nœud à la gorge qui l’empêchait presque de respirer.

Bien ?...Oui…ils vont bien, d’autant que je sache…Justin…Justin, les a emmenés…Je n’avais…Je n’ai…jamais cru qu’il serait capable de le faire…mais il les a emmenés…aux Bermudes !!! Il…Il a préféré les confier à son copain…que les laisser avec moi, qui suis leur mère…Même pas...pour Noël…mes pauvres chéris…

Si elle avait su qu’ils étaient si contents et adaptés à leur nouveau milieu que même pas Viviane, sa préférée, ne pensait trop à elle…le blond Lucas De Brent comblait très bien le vide ce son absence ! Sans pouvoir l’éviter, Nate pleurait…amèrement

Ce doit être dur pour toi.

C’est…affreux…, sanglota t’elle.

Je me sens coupable, là ! Je te dois tant Nate.

Elle secoua la tête et s’essuya maladroitement ses larmes en reniflant.

Dis pas de bêtises…

Mais il poursuivait, ne lui épargnant rien…remuant des souvenirs qu’elle aurait préféré oublier. La leur avait été une histoire condamnée depuis le début mais là, il y avait plus…beaucoup plus.

Un fait demeure : nos conjoints s’attirent… Non, je ne suis pas venu tenter de remplacer un pion par un autre, tu vaux mieux que ça quand même, non !

Nate prit une profonde inspiration. Les mots d’Andrei semblaient dire une chose mais laissaient en deviner une autre…Que voulait il à la fin ? La rendre folle pour de bon` ?

Andrei, que…puis je te dire ? Ce qui s’est passé entre eux…semble avoir été plus profond qu’on n’a pu le croire ?…Sait on jamais comment peuvent réagir des personnes comme Justin…ou ta Sam ?…Si droits…si imbus de principes…Ils sont si…parfaits…si…wow…que les autre ne semblons être que des éléments…basiques…qu’en sais je ? Je m’en fiche…mais ça me fait mal…c’est tout ce que je sais…ça me fait mal !

Je ne te cacherai pas que je souffre, comme toi. Peut-être pas pour les mêmes raisons. Je dois t’apprendre une chose importante : si la « Folie » a brûlé, j’en suis l’exécuteur.

QUOI !?...Tu…Tu as…Andrei…c’était ma maison…le foyer de ma famille…mes enfants…Tu…tu…n’avais…Oh, mon Dieu…, elle n’avait jamais apprécié cette bâtisse démesurée mais qu’il reconnaisse l’avoir incendiée, comme si rien, avait quelque chose de vexant, tout de même.

Tout doux ma belle ! J’ai dit « exécuteur » pas promoteur…

Et de lui fournir une explication on ne peut plus rationnelle du pourquoi du comment. Voilà que du coup, il avait sauvé les enfants, la nounou et même la peau de son imbécile de mari, qui aurait manigancé toute l’intrigue dans l’unique but de sauter avec sa fastueuse demeure, avec ce sens du spectaculaire qui lui était propre. Le capitaine coule avec son navire...et pas seulement parce qu’elle l’avait abandonné…la blonde Mrs. Sanders semblait avoir eu une énorme incidence dans ce désir fou d’en finir , en beauté.

Mais, Andrei…cela ne veut pas dire que…

Ouais, on l’accuse de fraude. Il est coupable, non ?

Il…Il n’a rien réclamé...je le sais…Justin est trop…Je ne sais même plus comment il est…droit ? Juste ? Ou simplement stupide ?...

Mais Andrei n’en restait pas là, il enfonçait gentiment le clou.

Il n’en demeure pas moins une évidence : Sam et Justin sont copains comme cochons, et nous… nous sommes deux idiots dont ils se fichent la poire. Je ne vais pas prétendre m’imposer à toi. Tu as toutes les raisons du monde à m’envoyer au diable et… toutes les raisons du monde à devenir ma complice dans… NOTRE vengeance.

Elle dut faire un effort pour ne pas se mettre à hurler ou à rire. N’importe laquelle de ces deux réactions aurait été déplacée. Un instant, assez long, de silence. Juste le temps de remettre ses idées en ordre. Samantha Sanders avait abandonné son mari dans l’unique but d’aller chercher le sien qui se tapissait Merlin sait où…Ce ne serait pas pour aller lui demander s’il se plaisait là où il voudrait bien se trouver ou lui rapporter sa brosse à dents. L’évidence était plus que blessante. Sous leurs airs des Stes. Nitouches, imbues de grands principes moralisateurs…leurs conjoints ne faisaient, ni plus ni moins que ce qu’ils leur avaient reproché…Nate n’en revenait pas…

Tu veux dire que ta parfaite Sam t’a largué pour aller trouver…Justin ? Comme ça ? Du jour au lendemain ?

Vu les faits, faudrait y croire. Andrei s’était chargé de bloquer ses cartes de crédit, ses comptes. De la laisser sans ressources ou du moins de les amoindrir. En outre, il ne semblait pas du tout disposé à faire plaisir à sa belle blonde et lui donner si facilement le divorce.

Justin s’en prendra de même…il me fera la vie impossible et voudra s’arranger pour m’enlever la tutelle des enfants…je le sais. Il avait promis de ne pas me faire suivre...et l’a fait…tu t’imagines bien les belles preuves qu’il a, non ?

Rire plein d’amertume.

Mais enfin…c’est fait, pas de marche arrière…Je te l’ai dit, la dernière fois, je ne regrette rien…*uniquement que tu ne m’aimes pas !*…Je pense que je suis parlante pour accepter ton défi…

L’idée était on ne peut plus tentante, en fait. Elle avait, à ses heures mortes, envisagé aussi quelque manœuvre tordue pour ne pas se laisser vaincre de si plate couture mais malheureusement rien de trop effectif ne lui venait à l’esprit et voilà qu’Andrei, qui maniait l’intrigue avec sublime talent venait quérir sa collaboration, mu exactement par les mêmes aspirations qu’elle. Cela avait de quoi la mettre presque de bonne humeur.

Et…en quoi consisterait elle, cette vengeance ? J’avoue être trop secouée pour y penser clairement ! Tu as sans doute quelques idées très pertinentes à ce sujet, n’est ce pas ?

Penser le contraire aurait été absurde. Avec un soupir elle se leva et alla vers la grande fenêtre. La neige s’était remise à tomber, doucement.

Quand j’étais petite…je rêvais de Noël sous la neige…C’est beau, n’est ce pas ?

Avec croissante amertume, Nate pensait à ses enfants. La neige et les petits, cela signifiait rires et insouciance. ..et ils étaient loin…très loin, sous d’autres cieux, sans neige. Sans elle. Nouveau soupir en se retournant pour découvrir Andrei à deux pas, la regardant gravement.

Ne t’en fais pas…Je ne vais pas me mettre à pleurer à tort et à travers. Passons à d’autres choses plus pratiques.

Elle esquissa un sourire sans joie.

As-tu déjà pris tes dispositions pour ton séjour ? Non ?...Ah bon...Pas eu le temps d’y penser. Toi, agissant sur un coup de tête ? Pardonne moi si j’en ris…Il me semble te connaître un peu, Andrei…tu n’es pas du genre à agir de la sorte.

Bien sûr que non. L’éclat de ses yeux le dénonçait. Il connaissait trop bien les règles du jeu comme pour commettre une erreur.

Mais enfin, puisque c’est ainsi…Cette maison est assez grande, tu l’auras constaté et il y a suffisamment de chambres d’invités, tu n’as qu’à choisir celle qui te plaira le plus et t’installer…à moins, bien entendu, que tu ne préfères aller à l’hôtel ou chez ta mère.

Elle n’avait pas douté un instant qu’il accepterait mais se garda bien de démontrer une satisfaction trop évidente. Les règles de ce jeu ne lui étaient pas inconnues, non plus. Nate savait bien à quoi s’en tenir avec lui. L’attirance jouait toujours à fond entre eux, c’était inévitable. La complicité née à bord du QM2 avait bel et bien mué en une passion déferlante. Il n’avait jamais été question d’amour entre eux et ne le serait sûrement jamais. À quoi bon y penser. Il resterait avec elle tant que durerait leur accord. Accord basé uniquement en leurs propres intérêts, rien d’autre. Si entre temps, le plaisir de leur mutuelle compagnie s’en mêlait, ils saisiraient l’occasion, sans arrière- pensées, sans remords.

Nate le guida à l’étage, le laissant choisir où s’installer.

Tu n’as pas de bagages…il faudra remédier à cela. Si tu le désires je peux envoyer mon elfe chez toi pour qu’il ramène ce dont tu auras besoin…Pas de souci, Briman peut se montrer la discrétion même…le gardien de ta maison ne se rendra même pas compte qu’il est passé par là, à moins qu’il ne connaisse par cœur le contenu de tes armoires.

Ce cher Briman, héritage forcé de Justin, semblait pourtant très heureux de sa nouvelle position au service uniquement de sa maîtresse, qu’il, chose étonnante, idolâtrait, tout autant qu’il avait détesté son maître. Allez savoir par quel détour inexplicable des sentiments elfiques, servir Justin lui avait résulté odieux. S’il avait acquitté les tâches imposées, cela avait été sans aucune dévotion seulement parce que cela ne pouvait être autrement. Par contre, il aurait baisé les pieds de Nate, au besoin et se laisserait écorcher vif pour elle, si nécessaire. Il reçut les indications pertinentes sans faire de commentaire, tout comme il se doit et s’acquitta rapidement.

Le laissant à son installation, Nate se rendit à la cuisine pour s’entretenir avec Kaela, qui entre ses multiples talents était aussi une excellente cuisinière. À deux, elles décidèrent le menu du jour, la fidèle domestique ne put que remarquer l’air enjoué et presque heureux de la jeune femme mais se garda bien d’en faire la remarque, elle était assez longtemps à son service comme pour connaître les menus faits de sa vie et devinait, sans mal, que l’homme qui venait d’arriver était la cause de beaucoup des déboires qui affligeaient la miss. Mais encore là, pas un mot ne franchit ses lèvres.

Le déjeuner se passa agréablement à parler de tout et de rien, comme s’ils craignaient aborder des thèmes plus sérieux. Un soleil timide perçant entre les nuages invitait à sortir, ce qu’ils firent après s’être chaudement emmitouflés dans leurs manteaux. Nate cala son gros bonnet de laine jusqu’aux yeux, ressemblant à une gamine espiègle et s’élança dans l’allée couverte d’une fine couche de neige, en l’écoutant crisser sous les semelles de ses bottes.

J’adore ce bruit…c’est tout bête…cela me relâche les nerfs !

Andrei ne semblait pas trop convaincu mais sourit et ses yeux gris pétillèrent malicieux. Il ne s’attendait sûrement pas à ce qui s’en suivit. S’il avait supposé que Nate allait lui couler un regard énamouré et lui sauter au cou, la première boule de neige qu’il se prit dût le surprendre beaucoup.

Elle riait en se sauvant de sa riposte. Une gentille petite bataille de boules de neige s’en suivit et ils s’en donnèrent à cœur joie, comme des enfants trop vite grandis.

Les joues rougies de froid, les yeux éclatants, le souffle court, Nate secoua la neige de son manteau.

Ça fait si longtemps que je ne m’amusais pas tellement…wow ! Qu’il fait bon se sentir vivant !!! Viens…Marchons un peu…Profitons qu’il fait un peu beau…

Pendant un instant, elle hésita à passer son bras sous le sien même à la réflexion finit par fourrer les mains dans les poches et marcher à côté de lui, sans plus. Ils ne cherchèrent pas à meubler le silence, se perdant, chacun de son côté dans Merlin sait quels souvenirs, sans sentir le besoin de les partager.

L’après midi déclinait déjà quand ils rentrèrent à la maison. Le feu flambait dans l’âtre du séjour, rendant l’ambiance chaleureusement douillette. Andrei servit deux cognacs et lui offrit une cigarette. Nate accepta et s’accommoda entre les coussins du divan.

Bon, maintenant raconte moi un peu ce que nous allons faire ? J’avoue que jouer avec la neige est très vivifiant mais je ne crois pas que cela aidera à avancer notre cause commune.

Logiquement Andrei avait d’autres plans en tête que se livrer à des batailles de boules de neige ou d’aller patiner à l’étang.

Alors, tu ne sais pas exactement où se trouve Justin, si j’ai bien compris. Tu te doutes bien qu’il ne m’a rien dit, cela va de soi…Je suis sûre que le seul qui le sait est Michael…mais aller le lui demander serait la même chose que parler à un mur…

Andrei ne connaissait pas trop bien De Brent. Nate, elle ne le connaissait que trop.

Tu ne tireras rien de lui. C’est le type le plus secret que je connaisse et il se laisserait arracher la peau avant de vendre son copain…Ils sont plus proches que des frères, ces deux là…depuis leurs temps à l’école…Non, Michael n’a rien d’un saint même s’il a l’allure d’un ange...il est retors, mauvais, arrogant et rusé. Non…je ne l’aime pas du tout…et il me le rend bien. Je sais que tu es paré à tout, Andrei…mais celui là, il a tenu tête à Voldemort et s’en est tiré d’une pièce…Il a plus d’un tour dans son sac et est, aux dires du même Justin, plus dangereux qu’un mamba noir, si tu vois ce que je veux dire !

Il le voyait mais cela semblait ne pas lui poser de grands soucis. Il disposait de pas mal de moyens pour obtenir l’information souhaitée, pas tous très orthodoxes, on s’en doute bien, mais ils n’en étaient pas à ça près.

Soirée tranquille au coin du feu, ils n’avaient aucune envie de sortir. Il neigeait de nouveau. Quand il prit place dans le divan près d’elle, Nate ne put pas réprimer un frisson qu’elle se hâta d’attribuer au froid…ce qui eut pour unique résultat qu’il la prenne dans ses bras, ce la fit frissonner de plus belle, sauf que cette fois, il n’y eut aucun besoin d’explications. À quoi bon ? Ils savaient sciemment qu’était ce qui faisait tourner le monde depuis la nuit des temps.

Rassurée dans son étreinte, Nate soupira doucement, en fermant les yeux. S’en morigéner ne menait à rien. Elle ne pouvait pas se mentir…le sentir si proche la rendait heureuse. Il était l’interdit, le péché, le plus insensé des plaisirs, le plus doux tourment mais aussi la réalité cruelle et sans artifices, la vérité crue. Il était ce feu attirant avec lequel on joue en s’y brûlant les doigts au risque de s’y consumer entière…mais quoiqu’il en soit Nate avait beaucoup de mal à oublier leur dernière rencontre et la façon dont il l’avait rembarrée pour après partir avec sa blonde bien aimée.

Se dégageant doucement de ses bras, Nate lui flatta la joue et se leva.

Bonne nuit, Andrei…fais des beaux rêves !

Consciente d’être suivie par son regard, Nate ne se retourna pas en quittant le séjour et gravit calmement l’escalier. Une fois dans sa chambre, elle ferma la porte et s’y adossa en respirant profondément, son cœur battait la chamade folle. Une douche rapide la calma un peu mais le sommeil la fuyait. Elle resta là, dans le noir, à fixer le plafond sans le voir, à écouter les bruits de la maison, devinant la neige qui tombait au dehors…

La porte s’ouvrant, silencieuse , lui livra passage. Nate ne bougea pas mais ne put feindre dormir, se sentant soudain affolée par le sentiment intense qui l’envahissait. Il se glissa sous les draps, sans un mot et l’enlaçant, la serra contre lui avec un rien de brutalité. Tout essai de proteste se vit bâillonné par un baiser délirant qui la laissa hors d’haleine, les idées en débandade…
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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyLun 16 Aoû - 23:03

Depuis l’instant où elle avait décidé de se lancer à sa recherche, Sam avait craint sa réaction en la voyant. Il fallait dire qu’il ne semblait pas follement heureux, seulement surpris…ça oui !

Je… SAM ? Bon Dieu si je m’attendais !

*Oups… belle gaffe, la tienne !*

Si elle parvenait à disparaître rapidement, peut être qu’il croirait vraiment à une hallucination. Oui. Ce serait sûrement le mieux pour tous… mais déjà, il reprenait ses sens.

Tu me prends de court, là… Comment diable as-tu fait pour venir ici ?

En écartant une mèche folle qui lui tombait sur le visage, Sam sourit, un peu de travers et eut un geste vague de la main.

Disons…qu’en retournant les pierres du chemin…j’en ai trouvé une qui m’a soufflé ton secret…

À quoi bon lui raconter sa misère d’âme en réalisant ne pas avoir la moindre idée d’où le chercher.

« Elle était seule, perdue et avec un chat déboussolé qui miaulait dans son sac…À qui poser des questions ? Qui voudrait y répondre, pour commencer ? Son premier réflexe avait été rentrer en terrain connu. Miami. Mais celui là était aussi le premier endroit où son mari la pisterait. Le petit bungalow aux cayes lui servit de refuge. Personne ne songerait jamais à la chercher là. Heureusement qu’il y avait assez de provisions dans la réserve, pas besoin de se laisser voir dans le coin. Mais rester là indéfiniment, coupée du monde, comme une lépreuse n’arrangerait rien. Pour la première fois depuis le début de sa grossesse, Sam se sentit réellement malade mais la logique primant, elle attribua cela aux nerfs plus qu’à aucune autre chose…Noël se passa tristement, entre larmes et nausées. Alonso, lui, semblait ravi avec les alentours et les quelques boîtes de sardines qu’il savoura avec délectation.

L’unique solution que la jeune femme trouva pour obtenir la vitale information fut de se rendre aux Bermudes, où elle savait, se trouvait le meilleur ami de Justin. Michael. Le revoir la secoua rudement, dans son souvenir, De Brent était un homme magnifique, fringant, plein de vitalité et bonne humeur…là, elle se retrouva face à face avec un spectre pâle et affaibli, qui, selon ses propres explications, survivait de justesse à une tentative de meurtre par poison…il fallait bien croire que ce gars vivait définitivement au fil du danger, sans que cela ne lui fasse pas de grand souci.

Je m’en sors…c’est assez pénible d’être en état de loque, mais ça va aller…alors, tu cherches Justin…Pourquoi au juste, si on peut savoir ?

Euh…parce que, tout simplement…je sais qu’il a beaucoup de problèmes…et je pense avoir réponse à quelques questions qu’il doit se poser.

Michael ne se laissait pas raconter des fables, sous cet air d’ange, il était plus roué que le diable. Justin n’aurait pu trouver plus fidèle et efficient Cerbère.

Écris-lui une lettre, je la lui ferai arriver.

Je ne veux pas lui écrire une lettre ! Je veux le voir…je dois le voir…Comprends…

La seule chose que je comprends est que tu es la femme de Sanders…et tu dois le savoir, mais Justin ne le porte pas dans son cœur et c’est réciproque…

Je viens de demander le divorce à Andrei Sanders…justement pare que j’ai appris ce qu’il avait fait à Justin…Tu es son meilleur ami…et moi…et moi…je l’aime.

Wow !...Vraiment ?

Il se moquait d’elle, malade ou pas, celui là était un dur à cuire.

Oui, vraiment !, elle était à point de se fâcher mais quelque chose dans son regard et son sourire en coin, rasséréna ses esprits, j’ai…abandonné mon mari, ma maison, mon resto, ma vie et certainement mériterai l’opprobre de mon prochain, mais je m’en fiche…je veux trouver Justin et tu es le seul à pouvoir me le dire…je t’en supplie, Michael…Donne moi du Veritaserum si tu veux pour t’en convaincre…

Il avait souri en lui tapotant la main.

Pas besoin…je ne fais que suivre des instructions…Justin n’y croyait pas et en le croira sûrement pas en t’ayant face à lui, mais tu es la seule personne à qui je peux confier cette information…Je devais seulement gagner du temps pour m’assurer que tu es la véritable Sam et pas quelqu’un d’autre sous Polynectar…

Il avait ri face à sa mine surprise.

Je me méfie de tout et de tous…Justin te le dira, des roublards de toute espèce, j’en connais…soit, je te dirai où le trouver…mais je te demande quelque chose en échange…ne lui dis pas que tu m’as vu dans cet état misérable…cela lui fera une préoccupation de plus et pas besoin de ça…Dis lui que ses enfants vont bien…mieux que bien…regarde là bas…les deux fillettes exemplaires au milieu des autres dingues sont ses filles…les jumeaux dorment en ce moment..ben, faute de mieux je suis délégué en nounou à demeure…les autres ?...Ils sont à moi…sauf le sauvage qui hurle…celui là, c’est le fils des voisins…

Merci, Michael.

De rien. Prends soin de lui…Il en a besoin. Je ne te retiens pas…on se voit un de ces jours…pas pour le moment, il y a pas mal de mouvement suspect dans le coin…On surveille les petits…Je lui ferai signe…ou irai…

Remets toi vite… »

Un compliment charmant fusa dans l’air du matin, la faisant retomber sur terre. Tiens, sa présence semblait avoir attiré l’attention de ce petit monde assemblé à la marina. Déjà Justin prenait sa main et l’entraînait à sa suite.

Viens, on va chez… moi.

En le suivant, Sam prit son temps pour détailler les alentours. Idylliques. Paisibles. Semblant tirés du pinceau d’un peintre naïf…couleurs vives, luminosité parfaite, contrastes, senteurs, vie. Un peu plus loin, nichée entre une nature d’exubérante verdure, s’élevait une maison blanche, gracieusement trapue dans son style colonial. Sam la devina plongée dans une demi pénombre fraîche, avec des sols dallés de carrelages et sans doute un petit patio intérieur…

Aucune comparaison, hein ? L’époque de « la Folie » est bien révolue...

Elle se tourna vers lui en serrant à peine les doigts mêles aux siens.

Ça n’a rien à voir…c’est différent…mais magnifique de toutes façons.

Il ne semblait pas si convaincu de sa bienveillance et crut bon donner quelques explications.

Au départ, je voulais l’offrir à ma fiancée : Léanor. Un coin pour nous deux… Loin de tout. Tu… Tu es la première à y être invitée.

Justin avait du mal avec ses souvenirs. Se trouver dans une situation pareille n’aurait fait que les raviver, cruellement. Elle serra plus fort sa main.

Merci.

Ils passèrent à l’intérieur et elle sut ne pas s’être trompée. Tout était tel quel elle l’avait imaginé. Il faisait si bon, là.

C’est parfait…j’adore, Justin…c’est tout chou et mignon…je t’assure, tu n’as pas de quoi te sentir mitigé… tu es aux portes du Paradis…quel besoin d’une mansion…

Mais il n’avait pas du tout l’air heureux. Acte suivi, pour cacher sa gêne, il ne trouva rien de mieux que proposer un apéritif…sauf qu’à 10 :00 du matin c’était décidément trop tôt...à l’avis de Sam.

C’est un peu tôt pour l’apéro quoique perso, je m’en tape. Un peu plus tôt, un peu plus tard…

Absolument désenchanté, voilà ce qu’il était.

Peu importe le flacon pourvu que… dit le dicton…

Pourvu qu’on ait l’ivresse, compléta t’elle, et ça te semble une attitude sensée ? Justin…je t’en prie…

Ouais, je sais, ce n’est pas une attitude « raisonnable » Mets-toi à ma place… Je me fous de tout, c’est vrai… Je ne pige rien à ce qui s’est passé…

Ce n’est pas demain que tu y pigeras quelque chose de continuer comme ça…Après tout, tu t’y es si bien pris que...c’est un peu ta faute aussi…

La réaction ne pouvait être autre que d’une amertume douloureuse.

Ma faute ? Sans doute oui ! Peut-être que je mérite la taule, après tout ? Sache que je ne pensais qu’à une chose : en finir !

Ne…ne dis plus jamais une bêtise pareille…je t’en supplie…

Mais il voulut ignorer ça et changea de thème, rageur.

Que fais-tu ici, Sam ? Je te croyais en pleine romance avec ton Andreï.

Elle retint à peine un sanglot même si ça lui resta traversé dans la gorge.

Je…sus venue te chercher, quoi d’autre ? Ou pensais tu que je passais dans le coin parce que je voulais acheter du poisson frais et en te voyant je me suis dit « Tiens, Justin est là ! », j’ai arrêté ma voiture et suis descendue te dire bonjour…Franchement, Justin Davenport, je sais que tu as des problèmes mais cela ne t’autorise pas à te comporter comme le dernier des idiots de la terre, elle fit une petite pause pour prendre de l’air puis lâcha, du tac au tac, j’ai demandé le divorce à Andrei...je ne veux rien savoir de plus…j’ai quitté Le Cap et ai couru la moitié du globe pour te trouver…j’avais besoin de savoir que…tu allais bien…surtout après ce que j’ai appris…Tu aurais quand même pu t’en douter…mais…mon mari a eu trop à voir avec tous tes malheurs…

Si elle avait dit n’importe quoi d’autre, il aurait peut être réagi mais là, il sembla rester un peu surpris avant de reprendre, d’un ton mondain.

Tu voulais savoir ce que je devenais…

Entre autres !, gronda t’elle, à point de se lever pour le secouer.

Merci de ta sollicitude, ça me touche plus que tu ne crois. Tu suspectes Andreï d’être derrière tous ces malheurs ?

Il me semble que c’est exactement ce que j’ai dit.

Et l’autre de commenter, placidement.

J’avoue que ça ne m’étonnerais pas trop… sauf qu’il n’est pas responsable de tout, je… Je te l’avoue.

Ah bon…

Et de s’en suivre le plus ahurissant des aveux. Sincère, poignant, entrecoupé de remords et larmes.
Des erreurs, il en avait commises et les payait toutes d’un seul coup. Éjecté de son paradis, il se retrouvait, simple mortel, presque aussi dépourvu qu’Adam face au courroux divin. Le voir pleurer lui brisa le cœur mais elle n’osa pas l’approcher, consciente de devoir le laisser vider son sac d’amertume. Savoir qu’il avait voulu en finir, avec sa vie, la secoua terriblement. Le voir boire sans mesure la préoccupa. Il était déçu, désespéré, la solitude lui pesait bien plus qu’il ne voudrait le reconnaître…


Justin…

Tu ne sais plus trop quoi penser, hein ? Une chose de plus qui nous est commune !...

Elle sentit les larmes lui brûler les paupières mais il poursuivit.

Je ne suis pas parfait, Sam, loin de là. Désolé de te décevoir sur ce point, mais c’est un fait.

Tu…ne me déçois pas…

Curieusement, moi qui voulais achever mon existence dans un feu d’artifice splendide, je me retrouve suspect de fraude avec peu de liquidités, les flics aux trousses et... comble de tout… ça ne me déplaît pas !

Le mélange d’alcool, cigarettes et soleil semblait avoir fait des ravages sur son esprit si lucide, la douceur de ses doigts flattant sa joue baignée de larmes la fit frissonner. Elle aurait voulu qu’il la prenne dans ses bras et la serre contre lui, pour la rassurer, pour lui faire savoir que tout n’avait pas été en vain.

Suis un type banal… Quand on me cherche, on me trouve. Je me croyais aux trente-sixièmes dessous mais cette histoire débile a éveillé ma curiosité, sans ça je me serais jeté du premier pont venu. Je voulais savoir pourquoi tout me tombait dessus en même temps. Tu viens de m’apporter des réponses… et… je t’en remercie.

C’était tout ? Il était si…peu son Justin à elle, le doux et prévenant Justin. Là, il ne restait qu’un homme aigri, endolori, désenchanté, triste…et pourtant, elle découvrit l’aimer encore plus, si possible.

Tout…va aller bien...tu verras, souffla t’elle mais il ne sembla pas l’écouter.

Faisant un effort, il voulut assumer un ton léger, assez raté.

On se fait un gentil déjeuner ? J’ai pas grand-chose à t’offrir .On se débrouillera, hein ?

Sam se força à sourire, même si le cœur n’y était pas. Que pensait il ? À quoi ? À qui ? Encore à sa rouquine évaporée ? Parce qu’il avait semblé bien plus surpris que content en la voyant. Peut être qu’elle arrivait juste pour mettre les pieds dans le plat et qu’il n’avait vraiment pas grande envie de l’avoir dans les pattes…Après tout, quelques mois auparavant, elle avait pris la décision de partir avec son mari, laissant Justin en plein désarroi…

*Ça t’apprendra, triple idiote, à te faire des idées à l’eau de rose…tu frôles le mièvre, là !*

L’inspiration n’était pas au rendez vous. Le sens culinaire de Mr. Davenport semblait aussi émoussé que sa joie de vivre. Sans trop se fouler, il se contenta de bricoler des sandwiches sans imagination. Sam grignota un peu, du bout des dents…L’appétit n’était pas son fort dernièrement et elle n’avait aucune envie de faire une crise de nausées face à ce cher homme.

Elle s’activa plutôt à meubler la conversation, mieux dit en fit les frais complets puisque que Justin, perdu dans les nues de Dieu sait quel rêve, se limitait à des monosyllabes incertains, placés ci et là, au petit bonheur la chance.

Et dire que cette année finit ce soir…Qu’est ce que tu vas faire ? Pour le réveillon, je veux dire !

Il sembla revenir de quelque aventureuse virée dans les limbes et la regarda comme si elle lui demandait quelle incongruité monstre.

Ce soir ? Ah ! Le réveillon… Non ! Rien de prévu.

Elle aurait pu y penser. Déprimé comme il était, son idéal le plus certain serait sans doute se soûler à mort et avoir quelque idée pendable.

Ah…Bon..moi, non plus je n’ai aucun plan…Je…euh…je me demandais si ça ne…te dérangerait pas trop si…on…on le passait ensemble, ce fichu réveillon !

C’est fou ce qu’il sauta de bonheur ! Si elle lui avait proposé de chercher un arbre auquel se pendre, Justin aurait démontré un peu plus d’enthousiasme.

Si… Si tu y tiens… Je vais demander à mon copain Domingo s’il peut te trouver un logement décent pour te reposer. On se retrouvera à… 22 heures 30, ça ira ?

Charmant ! De peu, et il la mettait à la porte. Le copain en question l’octroya d’un sourire resplendissant et assura qu’il allait d ce pas réserver la plus jolie chambre de l’hôtel du coin pour « la preciosa amiga de Justin »...Au moins lui, il semblait content de la voir là ! De quoi lui mettre le cœur en joie. Vu que l’esprit du maître de céans semblait avoir repris sa tournée astrale, Sam décida de suivre Domingo, sans plus de cérémonies… Elle eut envie d'envoyer Justin au diable mais se retint…après tout passer le réveillon de la St. Sylvestre avec Alonso ne la tentait guère.

Domingo était une source intarissable d’information. Quand il découvrit que « la gringa » s’exprimait en un espagnol plus que correct, sans même une pointe d’accent, il se sentit libre de s’épancher. Elle en apprit des belles, Sam.

Ça faisait de la peine à voir quand il est arrivé, le pauvre.

Si mal que ça ?

Pire encore…C’est un chic type, Justin…toujours si droit, plein de bon sens…là…ça ne valait pas une chique. Ça lui arrivait pas de pas arrêter de boire des jours durant…jusqu’à être malade comme un chien…alors, il chialait comme un gosse…J’ai même eu peur qu’il ne fasse une bêtise…Quand il part avec le canot, par là…ça me fiche la trouille de ne pas le voir revenir…

Il a eu des moments difficiles…très difficiles. Vous êtes un bon ami, Domingo…vous avez pris soin de lui.

Z’allez rester ?

Elle soupira profondément.

Je ne sais pas…Je ne sais rien…

Ce n’était pas le « Four Seasons » ni le Plaza, mais le petit hôtel était tout coquet et confortable. Comme promis, Domingo s’arrangea pour qu’elle ait la plus jolie chambre disponible et se chargea personnellement de ramener ses bagages, surpris d’avoir trouvé un chat en train de ronfler sur le siège arrière de la voiture.

C’est Alonso…mon copain. On voyage ensemble !, assura t’elle en relevant le minet, vous ne pensez pas que ça posera un problème si je le garde avec moi, non ?

Il avait assuré que ça ne représenterait aucun inconvénient et pensé, sans doute, qu’elle était un peu folle sur les bords.

S’installer lui prit un quart d’heure…Restaient plein d’heures à occuper. Ça lui faisait peur, le temps vide, c’était propice pour penser…réfléchir, raisonner, se souvenir…et finalement, faute de mieux, pleurer. Ça fatiguait. Trop de sursauts, trop d’émotions…Sam finit par s’assoupir, bercée par le constant ronronnement d’Alonso lové contre elle.

Elle dormit plus longtemps que prévu et en se réveillant constata qu’il lui restait juste le temps de se doucher, passer quelque chose de convenable et filer chez Justin, dans l’espoir qu’il serait d’humeur un peu plus festive. Choisir que mettre lui posait une belle colle. Elle ne pouvait pas se présenter parée comme si elle était sur le QM2…Quelque chose de plus simple serait de mise pour ne pas dépareiller dans ce décor bien plus simple, où certainement pompes et circonstances restaient reléguées au miséricordieux oubli. Une robe blanche, toute simple, mode tunique, ferait l’affaire. Elle se contenta de laisser ses cheveux tel quel, sans les attacher ou les ramener en chignon. Des boucles d’oreille un peu extravagantes complétaient l’ensemble, sans plus.

Sam était énervé comme une adolescente à son premier rendez vous en avançant vers la villa, les sandales à la main, jugeant ne pas avoir besoin de se casser la figure chemin faisant.

Il la reçut sur le seuil. Son allure avait appréciablement amélioré depuis le matin. Plus trace des bermudas ni du t-shirt. Sans aucun besoin de smoking, il était simplement craquant.

Tu es magnifique !

Le baiser qu’il déposa sur ses doigts la fit frissonner. Il ne lâcha pas sa main pour la conduire à l’arrière de la maison. Justin n’avait pas perdu le sens du splendide, même au milieu de la simplicité. La table mise avec un soin parfait, les chandelles…le champagne…

Je bois à toi ! Puisses-tu être heureuse, Sam.

*Comment l’être si tu ne l’es pas ?*

Et moi…à que la chance te sourie, Justin et que tu retrouves ce que tu crois avoir perdu !

Il fallut faire un effort pour garder la voix claire alors qu’un sanglot menaçait de la briser.

Tu vas bien, Sam ? Excuse-moi de ne pas avoir pris plus soin de toi tantôt.

Ça…peut aller !, souffla t’elle, sans force pour le regarder droit aux yeux.

Tu as fait tant de kilomètres, tu t’es tant dépensée pour me venir me voir, et moi… j’ai oublié la plus élémentaire des courtoisies en ne pensant bêtement qu’à moi. Pardonne-moi…

Ne dis pas de sottises, Justin…je n’ai rien à te pardonner…absolument…rien.

Devina t’il son peu d’envie de parler des ses problèmes ? Habilement, il sauta à un autre thème, toujours sûr : la cuisine.

Je nous ai préparé un petit dîner avec les moyens du bord. Heureusement, dans ce coin, on ne manque jamais de crustacés frais. Ça m’a fait bizarre de me remettre aux fourneaux, je n’avais plus touché une casserole depuis…

J’imagine…oui…

Comme qui se sauve pour éviter de parler trop, il fila à l’intérieur pour revenir lui présenter un bisque d’aspect plus que délicieux…qui pour quelque étrange raison chamboula affreusement son estomac.

Je n’ai pas d’autre domestique que cette vieille Carmen que tu as entrevue tout à l’heure. Elle avait droit à sa soirée en famille. On fera à la bonne franquette, veux-tu ?

Merveilleux Justin ! Il ne l’avouait pas mais cette vie simple lui seyait mal…même s’il le dissimulait bravement.

Elle s’obligea à goûter toutes et chacune des créations, sublimes, que lui servait Justin. Chaque bouchée était un défi à vaincre la nausée qui menaçait, sournoise. Ce fut avec un énorme soulagement qu’elle dégusta le rafraîchissant sorbet aux fruits servi comme dessert, cela calma la houle de son système digestif, lui laissant jouir de la conversation et la compagnie.

La conversation se maintint légère, quasi banale, ils craignaient tous les deux aborder d’autres thèmes, mais tôt ou tard, il fallut bien parler un peu de la vie réelle…

No Sense marche à la perfection…personne ne peut rêver d’un collaborateur comme Francois…Il est parfait.

Et tes projets ? Tu dois bien en avoir ?

Demi sourire de travers.

Pour le moment, François est resté comme chef principal…et bientôt…comme propriétaire…, elle soupira, sans le regarder, je vais lui vendre le restaurant…Je…ne pourrai plus m’en occuper…mais et toi ?...Tu ne vas pas rester tapi ici le reste de ta vie, quand même ! Quelque nouveau projet en tête !?

Moi ? Euh… Aucun de précis. Oui… je vais rétablir la barre. Je n’ai pas de preuve formelle à donner à l’inspecteur qui s’occupe de mon cas… Williams me rirait au nez si je lui parlais de sorcellerie, ce qui est impossible…

Elle s’en doutait bien tout autant que de tout ce qu’il venait de dire. Il souriait mais son regard ne suivait pas le mouvement, s’il avait des idées en tête, cela n’avait rien à voir avec un retour glorieux à sa vie passée.

Et…Nate ?

Elle aurait du se mordre la langue jusqu’au sang avant de poser cette question insidieuse. Il faillit s’étrangler mais avoua, sans fioritures :

Nate ? C’est foutu. J’ai usé toutes mes cartouches, ma batterie est à plat. Si elle demande un divorce raisonnable, elle l’aura.

Que dire ? Rien. Parfois, le silence est le plus parfait des alliés

Il est bientôt minuit… Allons sur la plage, veux-tu ? Il paraît que de là, on peut voir tous les feux d’artifice du coin.

La tenant de la main, il la guida, au bord de l’eau où elle ôta ses sandales, pour laisser les vaguelettes douces lui caresser les orteils. Il n’avait pas menti, de là on appréciait bien les alentours. Le spectacle n’avait rien de grandiose mais Sam le trouva émouvant. Ils étaient si loin de tout, de leur monde connu, isolés dans un coin de la planète pas répertorié sur les cartes…mais en cet instant, dans cette merveilleuse simplicité, elle se sentit à sauf de ses misères.

Minuit.

Bonne et merveilleuse année, ma chérie.

Il l’avait attirée contre lui, délicat.

Bonne année…*mon amour !* Justin !

Quand sa bouche frôla sa joue, Sam frissonna…quand se lèvres se posèrent sur les siennes, elle se sentit défaillir. De très doux et tendre, le baiser se fit plus chaleureux, perdant tout qualité de bellement amical et un petit peu plus pour se transformer en un échanger grisant de fougue, de cette folle passion qui écartait si bien le bon sens…Réminiscences de leur unique nuit d’amour…

Hors d’haleine, Sam s’écarta, avec un rien de précipitation. Elle le vit se crisper, s’attendant Dieu sait à quoi, alors levant la main, lui caressa amoureusement la joue…

Non…ce n’est pas ce que tu penses…non…c’est que…

Elle ne savait plus par où commencer, un nœud terrible lui serrait la gorge mais faisant un bel effort Sam finit par dire, d’une voix pareille à un souffle.

Je…je t’aime, Justin…C’est…c’est pour ça que je suis venue…mais…maintenant…je me dis que…tout…tout est si compliqué…

Elle chercha de l’assurance en se lovant dans ses bras, proche à la crise de larmes, mais se reprenant, releva de nouveau la tête et le regarda, droit aux yeux.

J’aurais…j’airais voulu que tout soit…différent…mais ce ne l’est…Je ne peux pas te mentir…ni te cacher mes vérités…ni te tromper demain en inventant une fable absurde…Non…ce n’est pas Andrei…je…je ne retournerai jamais auprès de lui…Je…je…

Larmes traîtresses qui avaient le dessus.

Justin…je...suis enceinte…je vais avoir un enfant de…lui…Non. Il ne le sait pas…même pas un soupçon…Je n’ai pas voulu le lui dire…et…je ne veux pas qu’il le sache…ce sera mon bébé, à moi toute seule…

Elle frotta sa joue contre son épaule, s’imprégnant de son odeur, de sa force…puis lentement se défit de son étreinte.

Je t’aime…et je pense que…tu tiens un peu à moi…mais il y a des choses qu’on ne peut pas imposer dans la vie…et je ne veux pas être cette charge…cette chose…pas avec l’enfant de ton ennemi, de celui qui a si bien flanqué ta vie en l’air…

D’un geste décidé, elle essuya ses larmes et esquissa l’essai d’un sourire.

Pardonne moi…c’est…une faiblesse cuisante…je…voulais…juste un bout de rêve…maintenant, excuse…cette scène…mais là…je ne me sens pas…pas trop bien…

*Tu ne vas pas tomber dans les pommes quand même…oh, mon Dieu…c’est quoi…ces étoiles ?*

Silence ouaté…à peine si elle percevait des murmures…C’était bon, doux…rassurant !
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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyMer 18 Aoû - 20:10

De sa vie, personne n’avait tenu tête à Andreï Sanders. Si celle qu’il avait épousée croyait se moquer de sa poire et s’en sortir indemne, elle se trompait lourdement. Même s’il admirait son courage d’oser le braver et ne l’en aimait que plus – si possible – Andreï se sentait prêt aux dernières extrémités pour la récupérer.
Ne lui avait-elle pas dit qu’il filerait chez Nate Sommerby à la première occasion ? Sam ne l’y poussait-elle donc pas avec cette fuite incompréhensible assaisonnée d’une promesse de divorce à la clé ? Au moins aurait-elle raison sur ce point. Joindre l’utile à l’agréable était une spécialité de Sanders. Il n’y dérogerait pas.
Imaginer être reçu à bras ouverts par Nate aurait été bien présomptueux. Il y alla donc en douceur pour lui proposer une association. Le reste… On verrait sur le tas, selon le déroulement de la situation.
Dosant ses effets, voulant éveiller en elle un ressentiment profond envers Justin Davenport, Andreï se montra très franc. C’était généralement payant. Il en aurait bondi d’aise quand elle laissa tomber :


Je pense que je suis parlante pour accepter ton défi… Et…en quoi consisterait-elle, cette vengeance ? J’avoue être trop secouée pour y penser clairement ! Tu as sans doute quelques idées très pertinentes à ce sujet, n’est ce pas ?

Elle le connaissait donc un peu. Des plans, il en avait plusieurs en réserve. Cependant la prudence était encore de mise avec Nate. Jusqu’où serait-elle capable d’aller ?
Aussi se contenta-t-il d’une réplique assez vague :


A leur pourrir la vie, quoi sinon ? Il ne serait pas juste qu’ils soient en paix alors qu’ils nous laissent sur le carreau sans aucun remords.

Perdue dans ses pensées, la belle se dirigea à la fenêtre y regarder tomber la neige. De sa place, Andreï ne pouvait voir ses traits mais les imagina emprunts de tristesse. Qu’elle soit si tourmentée lui fit mal. Sans autre arrière-pensée que de la consoler, il la rejoignit comme elle se retournait :

Ne t’en fais pas…Je ne vais pas me mettre à pleurer à tort et à travers. Passons à d’autres choses plus pratiques.

Comme quoi ?

As-tu déjà pris tes dispositions pour ton séjour ?

Pas encore, non, avoua-t-il sans détours. Pas eu le temps d’y penser.

En fait, là aussi il disposait de plusieurs options… Celle que Nate lui proposa, en n’étant pas dupe de ses manoeuvres, l’enchanta secrètement car c’était sa préférée :

Cette maison est assez grande, tu l’auras constaté et il y a suffisamment de chambres d’invités, tu n’as qu’à choisir celle qui te plaira le plus et t’installer…*Le tienne*à moins, bien entendu, que tu ne préfères aller à l’hôtel ou chez ta mère.

C’est très généreux de ta part, Nate. Pour le moment ma mère est ici ; elle rêvait de nous avoir pour Noël… Je préfère éviter de les troubler elle et Gerry. Les hôtels…

Quoiqu’elle fît de son mieux pour paraître indifférente, la deviner satisfaite renforça ses soupçons : il n’était pas en disgrâce, que du contraire. Voilà de quoi se frotter les mains.
Il se laissa guider par son hôtesse, choisit la première chambre proposée tandis que, très maîtresse d’elle-même, Nate lui offrait le concours de son elfe pour prendre des effets personnel chez lui. Il serait la discrétion même.
Andreï ne vit aucun inconvénient à confier à Briman les indications nécessaires afin de lui ramener de quoi séjourner en toutes circonstances en ces lieux.

Demeuré seul, le jeune homme ne dut pas attendre longtemps le retour du domestique zélé. Il refusa son aide pour caser ses affaires. N’était-il pas devenu une sorte de soubrette grâce aux « bons » soins de Sam ? Il n’y avait qu’en cuisine qu’il demeurait irréductiblement nul.
Heureusement Nate disposait d’une autre elfe très douée en cette matière.

Après un déjeuner parfait, Nate désira sortir. Maintenant qu’il pouvait affronter le rude climat, Andreï n’y vit pas d’inconvénient.
La campagne anglaise avait bien du charme ainsi sous la neige. Sa compagne avait un air enfantin qu’il ne lui connaissait pas. Elle semblait toute autre ainsi, comme libérée...
Preuve en fut la manière avec laquelle la jeune femme agit ensuite. La voir le bombarder gentiment d’une boule de neige le scia sur le coup mais les vieux, très vieux réflexes de Durmstrang revinrent au galop. Entrant de bon cœur dans la ronde, il prit curieusement grand plaisir à ce jeu de gosses impromptu. Nate était décidément pleine de surprise, ce qui était loin de le laisser indifférent.
Il l’avait connue dans bien des attitudes. Tour à tour froide, hautaine, chichiteuse avant de passer à la folie torride, sensuelle, cette nouvelle facette ne lui déplaisait pas :


*C’est… un papillon… Elle sait batifoler à cœur joie, se poser, fermer ses ailes avant de décoller à nouveau en déployant un miroitement de couleurs… ravissantes.*


Charmé ? Plutôt amusé, Andreï n’essaya pas de profiter de ce rapprochement dû au jeu. Il laissa la belle à ses réflexions tout en s’enfonçant dans les siennes.

De retour au nid, installés douillettement, ils fumèrent un moment en silence. Andreï savait que les questions essentielles ne tarderaient pas. Nate y alla franchement :


Bon, maintenant raconte moi un peu ce que nous allons faire ? J’avoue que jouer avec la neige est très vivifiant mais je ne crois pas que cela aidera à avancer notre cause commune.

Il rit devant tant de bon sens :

En effet… Alors j’avoue n’avoir qu’une vague idée du lieu où se trouve Justin depuis tout ce temps.
Le fait qu’il disparaisse de la circulation me suffisait. Sam était aux petits soins pour moi, nous envisagions même d’avoir un héritier… je ne voyais pas la nécessité de le rechercher plus activement *comme si tu n’avais rien fait, menteur*


Cela lui avait pris du temps à trouver une piste. Il est vrai que le bougre se cachait bien. Aucune des personnes interrogées sur des prétextes divers ne put le renseigner. Force fut de se rabattre dans l’espionnage des proches de Davenport. Lors d’un bal chez lui, Justin lui avait présenté la clique de joyeux drilles qu’il fréquentait assidument dont faisait partie un certain De Brent. Manifestement, ce type constituait la meilleure piste. D’ailleurs Nate partageait son avis puisqu’elle déclara avec fougue :


Tu ne tireras rien de lui. C’est le type le plus secret que je connaisse et il se laisserait arracher la peau avant de vendre son copain…Ils sont plus proches que des frères, ces deux là…depuis leurs temps à l’école…

J’avais remarqué. Ils sont très liés et solidaires quoique opposés de caractère.

Non, Michael n’a rien d’un saint même s’il a l’allure d’un ange...il est retors, mauvais, arrogant et rusé.

Andreï ne put s’empêcher de rire :

Tu ne le porte pas dans ton cœur, celui-là !

Non…je ne l’aime pas du tout…et il me le rend bien. Je sais que tu es paré à tout, Andrei…mais celui là, il a tenu tête à Voldemort et s’en est tiré d’une pièce…Il a plus d’un tour dans son sac et est, aux dires du même Justin, plus dangereux qu’un mamba noir, si tu vois ce que je veux dire !

*Tu le détestes vraiment ! Sans doute aura-t-il trop compris ta nature, ma belle, et n’aura pas tenté de te séduire… Ce que tu aurais sans doute aimé, toi qui adore les jeux dangereux.*, rigola-t-il en son fort intérieur.

De Brent est la clé, j’en suis sûr. On trouvera un moyen d’éviter de se faire piquer par ce serpent.
L’épervier vole haut, rassure-toi ! J’envisage plusieurs stratégies à explorer. Mais rien ne presse. Accordons-nous la trêve de Noël avant d’entamer les hostilités.


Mine de rien, il s’était rapproché de Nate. La voir frissonner l’amusa :

Froid, ma belle? Viens-là !

Qu’elle tressaille à son contact conforta ses suppositions :

*Elle t’a toujours dans la peau !*

Craignait-elle ce qui en suivrait ? Andreï aurait juré que non et que son « bonne nuit » n’était autre qu’une invitation.
Il la laissa pourtant le quitter, se régalant les yeux en suivant du regard ses courbes parfaites onduler, telle une promesse.


*Faisons la mijoter un peu. L’attente n’est-elle pas la meilleure des jouissances ?*

Le temps de finir verre et cigarette, il monta prendre une douche rapide puis, en tenue d’Adam, il poussa doucement la porte de la belle. La respiration irrégulière venant du lit accusa l’état d’éveil de la Miss. Elle l’espérait donc ? Autant ne pas la décevoir...

Nate… Quel numéro cette femme ! Andreï ne pouvait nier qu’elle lui retournait les sens.
Leur rencontre sur le QM… Il s’en souviendrait longtemps. Rarement il s’était ému devant une fille d’Eve. Celle-ci avait été un fameux défi à relever. Remporter la palme en Thaïlande fut un pur plaisir. S’il n’y avait pas eu Sam… Tout aurait pu être différent.

Au matin d’une nuit torride consommée en plusieurs épisodes, Andreï savoura cette nouvelle victoire en contemplant avec tendresse la chevelure rousse en désordre sur l’oreiller.


*Il n’y a pas que Sam et Justin qui s’entendent copain comme… Nous on serait plutôt de la seconde espèce…*

Emoustillé par les perspectives en cours, il s’étira, satisfait :

Hey belle marmotte ! Sais –tu qu’il est presque onze heures ? A ce train, tu ne seras jamais prête pour le réveillon de minuit !

Il éclata de rire devant le froncement du minois cerné :

Je te charrie ! Tu es splendide. Je vais me doucher, puis disparais. Prends tout ton temps, je reviens pour t’emmener dîner. Je parie qu’il y a des mois que tu es sortie. A tout à l’heure.

Un bisou sur le nez, il fila.
D’abord, il lui fallait régler son plan B. Le A fonctionnant à merveille, pourquoi garder la chambre d’hôtel où il avait expédié ses bagages ? Sitôt prêt, il y transplana défaisant le lit avant de s’installer à l’ordinateur. Avide, il lut les mails de l’avant-veille. Tiens, un albatros voulait du poisson… Parfait, contrat approuvé. Ensuite, il lui fallut prendre des nouvelles des espions délégués Aux Bermudes.
La note d’hôtel payée rubis sur l’ongle, son attirail réduit en poche, Andreï s’évapora pour Londres.
Les renseignements frais sur De Brent le disaient avoir été aux portes de la mort. Il demeurait affaibli, quasi grabataire, la plupart du temps chargé de la surveillance d’une tribu de gosses.


*Les gosses, voilà comment l’atteindre : il en est fou !*

Selon le récent rapport, Sam ne s’était pas encore pointée chez Michael. Elle le ferait, aussi sûr que deux et deux feraient toujours quatre. Dès qu’elle y mettrait les pieds, Sanders en serait averti.

En attendant, il se rendit à Londres y effectuer plusieurs achats et passa encore un peu de temps dans diverses transactions.
De retour chez Nate, il entra comme n’importe quel visiteur par la porte de devant. S’il était sapé comme un prince – n’en était-il pas un ? – Andreï fut soufflé par celle qu’il allait escorter cette douce et Sainte nuit. Ne ménageant pas les compliments il s’approcha et baisa doucement les lèvres frémissantes :


Salut, toi ! Bonne journée ? … Moi ? Excellente. Tu es prête, je vois, parfaite comme toujours… Où on va ? C’est un petit secret.

Obtenir une table au Gordon Ramsay un soir pareil tenait de la magie. Rien de plus facile donc, pour un sorcier.
L’ambiance huppée ne les indisposait ni l’un ni l’autre puisque très habitués à y évoluer.
On laissa de côté les sujets dérangeants, se contentant de savourer le menu prestigieux autant que l’éclat de leurs yeux.
Petit bémol, cependant, quelques convives connaissaient Nate. Cela tendit un peu l’atmosphère de voir ces snobs leur tourner le dos et échanger des conciliabules en leur jetant des regards réprobateurs :


T’en fais pas, avait souri Andreï. C’est à cause de ton mari que l’on te traite en pestiférée. Tu m’as moi, maintenant. Je ne permettrai aucun affront de la part de ces gens. Qu’ils pensent ce qu’ils veulent, c’est toi la plus belle de la salle.

Il jouait l’indifférence mais n’en était pas moins un peu inquiet des ragots qui pourraient faire souffrir sa mère. Il imaginait facilement ces vieilles pies en train de lui susurrer à l’oreille :

« On a vu votre fils au réveillon de Noël tout près d’ici et… (cerise sur le gâteau, il n’était pas avec sa femme ! »

Il s’en serait fichu s’il n’avait si bien connu Anastasia à qui il avait téléphoné plus tôt dans la journée en opérant avec un déviateur d’appels.
Ne lui avait-il pas prétendu que tout allait bien sauf que Sam était aphone et n’appellerait pas avant quelque temps ? Bah…

A part cela, Sanders jugea la soirée parfaite. Le couple n’exagéra d’ailleurs pas les démonstrations d’affection ou autres.
Rentrer en voiture avec chauffeur, calmement… Un rêve.
Quand Nate franchit le seuil de sa demeure, elle resta clouée sur le seuil. Toute la maison s’illumina dans un décor de circonstance. Même un grand sapin multicolore trônait au milieu du salon.
Comme elle était émue ! Réjoui de sa surprise, il l’enlaça :


Joyeux Noël, ma belle. Puissions-nous en goûter beaucoup d’autres semblables.

La réponse à ses vœux lui donna un peu le tournis. Briman servit le champagne.

Tu veux ton cadeau maintenant ?

C’est fou ce qu’elle avait l’air d’une gamine avec ses yeux pétillant autant que le vin.
Un écrin s’ouvrit sur un double rang de perles rosées qui parut enchanter Nate :


Tu sais que mon plus beau cadeau, c’est toi ! Mais j’ai aussi autre chose à partager avec toi.

L’air mystérieux, il la laissa quelques instants seule et revint avec une grosse enveloppe scellée.

On l’ouvre ?

Hésitante, elle accepta. Ce qui se déballa fit sourire Andreï plus que Nate. A n’en pas douter l’espion que Davenport lui avait mis aux fesses avait bien rempli son office. Là s’étalaient des preuves flagrantes d’un joyeux adultère. Pas besoin de longs discours, d’un commun accord les complices jetèrent les clichés dans l’âtre ronflant. Ce fut une belle flambée, moins cependant que celle qui s’empara d’eux peu après.

C’était Noël ! Matin tardif, et alors ?
S’amusant à caresser les courbes soyeuses de sa maîtresse, Andreï la réveilla en douceur :


Il va falloir se préparer… Non, non ! rit-il en se dégageant des doux bras qui l'enserraient. Pas de paresse au lit, ma chatte. Nous devons faire un petit voyage… Aux Bermudes, ça va de soi. Tu as bien le droit de voir tes gosses un jour pareil, non ? Je suis certain que même le diable ne refuserait pas ce droit à une mère repentante !

Selon ses plans, Andreï comptait beaucoup sur cette visite aux De Brent. L’espionnage indirect était bien mais rien ne valait mieux que de se rendre compte de ses yeux. Pas de soucis pour l’invisibilité, Andreï resterait dans l’ombre.
Ce fut bientôt à Nate d’endosser son rôle. N’ayant aucun doute quant à sa réussite, il la fila de loin.
Alix céda même plus vite que prévu devant le pauvre visage de Mrs Davenport qui ne réclamait somme toute que peu de chose : passer quelques heures avec ses enfants le jour de Noël.
La routine des De Brent, Andreï la connaissait. Tous les matins, Paxton embarquait Miss Pimms et les marmots qu’il ramenait au soir où une elfe s’ajoutait à la surveillance. Les petits passaient toute la journée chez Michael. Les dispositifs de sécurités y étaient accrus, apparemment.

Nate se présenta « seule » avec au bras un sac à malice. Le dialogue échangé fut bref. Se glissant à sa suite, Andreï pénétra les lieux sans encombre. Un peu choqué de l’apparence piteuse du maître des lieux, il ne put que siffler en silence devant Alix. Cette femme l’avait toujours attiré… Mais il n’en avait rien à cirer. Tandis que Nate parlementait avec une sincérité poignante, Andreï fureta un peu partout. Il savait devoir éviter les fauves dont le « 6ème » sens pouvait détecter sa présence.
Par une fenêtre, il se rassura. La marmaille au grand complet était surveillée par le cougouar et la panthère ainsi que par diverses nounous. Un enlèvement par l’intérieur s’avérait très problématique.
Quand il descendit de son inspection de l’étage, Andreï entendit les cris de joie de tous les gosses assemblés autour d’une Nate rayonnante de tenir ses fils dans ses bras tandis que ses filles s’accrochaient à ses jupes. Beau tableau, pas à dire !
Avec l’arrivée de la tribu De Brent, Andreï jugea bon de vider les lieux en douce.
Il laissa Nate retenue à déjeuner et, dès qu’il fut dehors, il transplana à la villa Davenport.
Il s’y attendait : l’elfe maintenait un barrage anti intrusion.

*Ce sera tordu et dangereux à souhait mais ce sera faisable !*

Peu après un tour d’horizon complet, il rentra à l’hôtel réservé en ville où il ne lui resta qu’un gentil roupillon à piquer en attendant le retour de sa complice.
Elle le réveilla vers 17 heures. Pas besoin d’être devin pour constater qu’elle avait pleuré.
L’attirant vers lui, Andreï lui caressa les cheveux, apaisant :


Là, là ! Ça va aller. C’est dur, je m’en doute… Tu vois, ils ne t’ont pas jetée dehors... Sinon, comment cela s’est-il passé ?

Nate raconta, d’une voix triste, la rencontre avec ses enfants. Sa rancœur envers Justin avait augmenté… Tant mieux !
Il se devait de la consoler et possédait un moyen infaillible pour y parvenir. Si, au départ, la Miss ne semblait pas dispose, elle céda néanmoins aux audaces qu’il déploya.
Plus tard, la berçant comme une enfant, Andreï lui dévoila une partie de ses vues :


J’ai examiné avec minutie les alentours, des deux côtés. Chouette qu’ils t’aient demandé de récidiver demain. Il serait bon d’insister pour voir la villa de ton mari… Ne serait-ce pas naturel que tu constates comment ils sont installés ? J’y ai des vérifications à faire… Pourquoi ? Mais ma chérie, pour te rendre tes enfants, bien sûr !

S’il avait dit une énormité, Nate ne l’aurait pas toisée avec plus d’incrédulité.

… Ecoute, tu m’as dit que De Brent exerçait une surveillance farouche et préférerait mourir que de trahir son pote… Nous devons donc faire sortir le loup de la bergerie… Si Justin constate la disparition de ses enfants, ne sacrifiera-t-il pas sa retraite pour eux ? Il émergera et… nous lui tomberons dessus. Il finira ses jours en prison, tu obtiendras un divorce facile avec la garde de tes gosses, et Sam n’aura plus personne sur l’épaule de qui pleurer… Ce qui lui fera les pieds. N’est-ce pas une belle solution ?

Andreï s’attendait à des objections, elles ne manquèrent pas. Selon l’orientation mentale de la future ex-Mrs Davenport, Sanders disposait encore d’un beau panel de possibilités à sortir de son chapeau magique et il était prêt à les lui offrir sur un tapis rouge… au besoin.


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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyJeu 19 Aoû - 21:15

Presque cinq mois de réclusion totale. Cent cinquante jours, 3600 heures… seul à remâcher ses erreurs, ses douleurs, profiler vaguement un redressement de situation. En avait-il seulement envie ?
Ivre les trois quarts du temps, Justin devait bien avouer que ces soucis l’avaient largement dépassé. De la vie, il n’attendait plus qu’une chose : revoir Sam une ultime fois.
S’il avait aimé Nate, il fallait avouer que cela avait été passionnel et fusionnel. Un désir fou de conquête, une victoire âprement désirée dont la saveur ne s’était jamais départie jusqu’à ce que…
Pourquoi revenir sans cesse là-dessus ? Parce que Davenport détestait l’échec, la déception. Merlin était témoin qu’il s’était dépensé sans compter pour maintenir à flots son union avec la rouquine.
Dans tous les griefs dont elle l’avait abreuvé, il ne pouvait qu’admettre une grande part de vérité… Dominant, volontaire, grandiloquent… Mais aussi droit, honnête, fidèle : l’homme rêvé, non ? Pour ce que cette dernière part lui avait rapporté, il en était venu à penser que s’il avait tourné le dos à ses principes rigoureux, les choses auraient évolué différemment, quoique…

Soit ! Jamais il ne récupérerait Nate, autant se faire une raison. Qu’elle vive ce que bon lui plaise… sans lui… malgré multiples promesses et preuves d’amour, elle se fichait de lui et avait flanqué en l’air un paradis savamment construit. Douloureux, déchirant...
Pourtant perdre Sam s’avérait encore plus cruel. Étonnant, non ? Pas tant que ça…
Rencontrer son âme soeur n’arrive pas tous les jours. Lors d’une danse à la « Folie » Justin avait compris qu’il la tenait dans ses bras, elle… Celle dont il rêvait, il l’avait trouvée… tard, hélas.
Pour un coup inattendu du sort, c’en fut un de taille. Fondre ou résister ? Sa droiture le guida… mal. Car ça faisait un mal de chien que de reconnaître s’être leurré pendant des années.
Une unique nuit d’amour… avec pour seul regret que… cela se soit arrêté là.

En cinq mois, Davenport n’avait pas eu grand contact avec son monde. Michael restait son contact privilégié. Justin ne s’était montré que deux fois aux Bermudes afin d’y voir ses enfants puis avait jugé préférable de ne plus y aller à cause du risque encouru mais surtout parce qu’il déprimait trop après ces courtes visites.

Une réponse à ses prières ? Alors qu’il se croyait devenu invisible aux yeux de tous, Sam était reparue dans son horizon. Michael avait donc jugé bon de lui indiquer sa retraite… Dommage ou tant mieux ? Un coup de grâce, somme toute !
Tout en lui concoctant un menu élaboré, Justin ne se faisait guère d’illusion. Même s’il lui avait semblé qu’elle ait parlé d’un divorce, cela ne signifiait rien. Combien de femmes énervées ne réagissent-elles pas ainsi ? On se balance un tas de trucs à la tête puis on fait la paix…

Dîner aux chandelles, fond de musique douce… Quelque chose semblait néanmoins tracasser Sam.


*Elle cherche la façon la moins sensible pour t’annoncer qu’elle repart…*

Il la laisserait l’abandonner à nouveau mais pas avant, pas avant de l’avoir embrassée comme il aurait toujours dû le faire.
Moment intense… Mieux enivré par cette étreinte que par le vin absorbé, Justin eut l’impression que ses pieds décollaient du sable. L’émerveillement dura… 20 secondes avant de chuter lourdement dans la réalité : elle le repoussait.
Son air devait être bien déçu puisqu’elle tint à adoucir son retrait en se blottissant contre lui, affolée comme un oiseau tombé du nid
:

Je…je t’aime, Justin…C’est…c’est pour ça que je suis venue…mais…maintenant…je me dis que…tout…tout est si compliqué…

Ça l’a toujours été… , ne pleure pas, ce n’est pas si grave.

J’aurais…j’aurais voulu que tout soit…différent…* Et moi, donc* mais ce ne l’est…Je ne peux pas te mentir…ni te cacher mes vérités…ni te tromper demain en inventant une fable absurde.

Que dire d’autre que d’admettre sa défaite :

Andreï a beaucoup de chance…

Non…ce n’est pas Andrei…je…je ne retournerai jamais auprès de lui…Je…je…

Voilà une nouvelle qui aurait pu l’enchanter si elle n’avait été suivie d’un coup de poignard inattendu :

Justin…je...suis enceinte…je vais avoir un enfant de…lui…

Les tripes nouées, il ne put que souffler :


Il doit être très heureux…

Non. Il ne le sait pas…même pas un soupçon…Je n’ai pas voulu le lui dire…et…je ne veux pas qu’il le sache…ce sera mon bébé, à moi toute seule…

Les idées à l’envers, Justin fut sur le point de fulminer contre Andreï. Qu’avait-il donc fait à Sam pour qu’elle décide de le priver d’elle et de leur progéniture ?

*Le bougre de salaud… S’il lui a fait du mal, je…*

Imaginant les pires scénarios, il entendit à peine ce que Sam racontait :

Je t’aime…et je pense que…tu tiens un peu à moi…mais il y a des choses qu’on ne peut pas imposer dans la vie…et je ne veux pas être cette charge…cette chose…pas avec l’enfant de ton ennemi, de celui qui a si bien flanqué ta vie en l’air…

De quoi diable parlait-elle ? Ce discours n’avait aucun sens ! Ou plutôt si : elle était juste venue l’informer de son état et lui signifier l’impossibilité d’une relation profonde entre eux, point barre.
Quel minable sourire que le sien quand elle dit :


Pardonne moi…c’est…une faiblesse cuisante…je…voulais…juste un bout de rêve…maintenant, excuse…cette scène…mais là…je ne me sens pas…pas trop bien…


Il s’attendait à ce qu’elle parte mais pas comme ça, pas dans les vapes ! Or, cela y ressemblait beaucoup. Inquiet, il la soutint :

Sam ? Hey !

Elle s’amollissait dangereusement, il tenta de la secouer :

Sam réponds ! Sam ? SAM !

Pétrifié avec la belle dans les bras, Justin ne savait pas quoi faire. La ranimer bien sûr mais comment ? Papa de quatre enfants, jamais il n’avait dû affronter ce genre de situation. Nate n’avait pas connu ce genre d’ennui en début de grossesse…
Ses appels restant vain, Justin souleva Sam aisément et courut la déposer sur le divan du salon.
Quoiqu’il lui tapote les joues blêmes, lui bassine les tempes d’un linge humide, Sam ne réagissait pas.
L’affolement le gagnait. Il pensa l’emmener direct à Ste Mangouste puis récusa l’idée :


*Un portoloin est peut-être dangereux !*

Il ne restait qu’une chose à faire : appeler de l’aide. Lors de leurs conversations pendant le contrôle fiscal à la « Folie », les jeunes gens avaient évoqués bien des personnes. Un nom revenait souvent dans les paroles de Sam : Lavinia Dexter. Amie et médecin de Samantha, cette dame accepterait-elle d’être dérangée la nuit de la St Sylvestre ?


*Qui ne risque rien…* Spero patronum…

Justin dut s‘y reprendre plusieurs fois avant de trouver le souvenir heureux qui déclencherait le patronus. Par la joie ressentie en embrassant Sam, le caméléon argenté se matérialisé :

Trouve le docteur Dexter, à Miami, le plus probable. Dis-lui ceci discrètement : Pardon de vous déranger, Samantha Forrester va mal, venez s’il vous plaît ! Tu lui donneras les indications ensuite. Vas vite !

Le patronus évaporé, Davenport revint au chevet de la belle évanouie qu’il déménagea du salon à une petite chambre de l’étage. N’osant pas la dévêtir, il la glissa entre les draps frais, et s’assit à son chevet, lui tenant la main, embrassant son front :


Ça va aller mon amour. J’ai appelé ton docteur… *Si elle ne se dépêche pas, j’en appellerai un moldu*

Moins d’un quart d’heure plus tard on sonnait vigoureusement à la porte.

Le docteur Lavinia Dexter passait une très agréable soirée en nombreuse compagnie festive. Elle se rafraîchissait aux toilettes après une farandole endiablée quand une apparition faillit la faire crier. Une drôle de bestiole argentée tenait à lui délivrer un message.
La surprise la cloua sur place. Sam allait mal ? Cela devait être urgent pour qu’Andreï la presse en y mettant des politesses ! Dans quelle folie ce curieux époux l’avait-il entraînée pour que son amie se retrouve au Venezuela ? Elle n’avait jamais trop compris le choix de Sam envers Sanders.
L’amour…
Pas le temps de tergiverser. Même si elle était furieuse de devoir quitter ses amis et leur réveillon si déjanté, Lavinia se devait de répondre avec célérité. Elle prit juste le temps de s’excuser auprès des joyeux drilles, prit sa mallette dans le coffre de sa voiture et activa un portoloin.
Elle tomba pile sur le seuil de la petite villa en bord de mer et sonna, rageuse.
La porte s’ouvrit quasi instantanément, elle attaqua en fonçant :


Ecoutez Andreï, j’espère que c’est sérieux parce que… *Oups… C’est pas Andreï…*

Justin qui avait transplané de haut en bas ne se formalisa pas pour cette erreur :

Je m’excuse encore du dérangement, Docteur. Sam est en haut, si vous voulez bien me suivre…

Qu’a-t-elle au juste, Monsieur… ?

Sam est évanouie… Elle est enceinte… Je ne sais pas ce qui se passe.

Enceinte ? Depuis quand ? Elle ne m’a pas prévenue, s’étonna le docteur en emboîtant le pas à ce jeune homme très énervé.

C’est récent. Entrez, elle est ici... Je… je vous laisse.

Les pieds en plomb, Justin descendit attendre le verdict. Il savait que parfois des futures mères tombaient dans les pommes mais ne connaissait pas de cas d’évanouissement si longs. Cela ne présageait rien de bon. Incapable de rester à ne rien faire, il arpenta le tapis, s’assit et se releva plusieurs fois. Une cigarette, une autre, il ne les compta pas, pas plus que le temps qui filait.
Un verre d’alcool ne parvint pas à chasser la folle angoisse qui l’étreignait face à l’éventualité d’une catastrophe imminente.
C’est dans cet état de nerf que Lavinia le surprit en descendant l’escalier à pas feutrés.


Eh bien, on jugerait que c’est vous le père !

Sursautant, Justin grimaça un sourire en réponse au ton mi-figue mi-raisin du docteur :

Ce n’est pas le cas. Comment va Sam ? Puis-je aller… ?

Laissez-la se reposer. Elle va bien. Beaucoup de stress, de fatigue, d’angoisses… Une bonne cure de repos et des vitamines appropriées, elle oubliera vite ces désagréments. Offrez-moi plutôt un café, si vous le voulez bien.

Rappelé à ses devoirs d’hôte, Davenport s’empressa. S’occuper les mains lui plaisait. Tout à son dosage minutieux, il ne remarqua pas l’œil sagace qui ne le quittait pas.

Il y a longtemps que vous connaissez Sam ?

Pris de court, il bredouilla :

Plus d’un an… Elle a contrôlé ma fiscalité.

Et autre chose aussi, si j’ai saisi ce qu’elle m’a raconté en pleurant.

Chose inaccoutumée, Justin se sentit rougir sous le regard malicieux de Lavinia. Il tenta de se détourner d’un terrain piégé :

Je… Elle pleure ?

Une vraie fontaine !

Je comprends, soupira Justin en surveillant les frémissements de l’eau mise à chauffer. Se trouver mal loin d’Andreï doit lui peser. J’aurais peut-être dû l’appeler mais je… Je n’y ai pas pensé.

A son grand étonnement, le docteur éclata de rire :

Encore heureux ! Sam vous en aurait voulu à mort. Plus sérieuse, elle ajouta : C’est un gars bizarre, dangereux. J’ai eu l’occasion de le soigner à deux reprises… Je m’en veux parfois d’avoir si bien travaillé.


Justin ouvrit des yeux ronds. Qu’est-ce que cela voulait dire ?

Intéressée par les réactions de Davenport, Lavinia s’amusa un peu.


Vous l’avez compris, Sam n’était pas heureuse avec lui. Elle s’est beaucoup épanchée en se réveillant…

J’imagine qu’elle doit lui en vouloir terriblement pour partir ainsi… Il ne l’a pas brutalisée au moins ?

Là, Justin serrait les dents d’une rage rentrée. Le Docteur soupira intérieurement :

*elle le dit intelligent mais là, il frôle la bêtise !*
Cela ne vous a pas surpris qu’elle vienne directement chez vous ?


Si, avoua-t-il penaud. J’ai trouvé ça chic qu’elle veuille m’avertir des agissements de son mari à mon encontre et… étonné qu’elle me fasse l’honneur de la primeur de sa future maternité.

Le café étant prêt, Justin le versa, pensif. Il se sentait désorienté par ces questions inattendues.

*A quoi elle joue cette bonne femme ?*

Ils sirotèrent leur tasse. Justin perdu dans ses pensées, Lavinia ne le quittant pas des yeux. Elle but une petite gorgée gourmande :

Délicieux ! Sam ne ment pas en disant que vous êtes doué, Justin.

Il sourit ravi du compliment, avançant innocemment :

Euh… Elle a parlé de moi ?

Le rire perlé retentit à nouveau :

Si elle m’a parlé de vous ? Mais enfin, Justin, descendez donc de votre nuage ! Elle n’a quasi parlé QUE de vous !

Il ouvrit la bouche, aucun son ne sortit. La refermant, sourcils froncés, il gambergea en force. Cette femme essayait de lui faire comprendre quelque chose… Quelque chose de tellement incroyable qu’il refusait l’évidence. Des échos des paroles de Sam lui revinrent en mémoire :

*Je suis venue Te chercher… Franchement, Justin Davenport, je sais que tu as des problèmes mais cela ne t’autorise pas à te comporter comme le dernier des idiots de la terre… J’ai quitté Le Cap et ai couru la moitié du globe pour te trouver… Tu ne me déçois pas… Tout va aller bien tu verras… à que la chance te sourie, Justin et que tu retrouves ce que tu crois avoir perdu !... Je t’aime, Justin*

Elle l’aimait ! Elle le lui avait chanté sur tous les tons et il n’avait rien entendu !

Lavinia n’avait pas perdu une miette des expressions qui illustraient le débat interne de son vis-à-vis. Lorsqu’elle vit ses traits enfin se détendre et ses yeux briller d’un éclat d’incrédulité émerveillée, elle sourit :

Puis-je vous poser encore une question, Justin ?

Je… Euh… oui…

Sam a besoin de repos. Pensez-vous sincèrement pouvoir veiller sur elle, sur EUX Deux, pendant disons… les 10, 20 ou… trente ans qui viennent ?

Scié d’émotions, Justin avala sa salive en bondissant sur ses pieds :

Merde si je m’attendais ! Euh pardon… Oui, bien sûr que oui ! Je croyais… j’étais persuadé que…

Alors courez le lui dire ! se leva Lavinia à son tour. Je trouverai la porte, rassurez-vous.

Déjà il galopait vers l’escalier, elle le fit se retourner :

N’oubliez pas, Justin ! J’ai dit SE REPOSER !!!


Elle partit en riant tandis qu’il volait à l’étage. Devant la porte, il pila net, essayant de rassembler ses idées éparses et calmer les battements fous de son cœur.
Sam voulait de lui ? Il n’en revenait pas. C’était tellement… Nerveux, affolé, il se passa les doigts dans les cheveux à la recherche des mots à dire en face d’elle.


*Ma chérie… ? Mon amour… ? Je t’aime… ? Je t’adore… ? Et merde !*


Autant improviser.
Ne trouvant rien de valable, il gratta l’huis qu’il poussa sans attendre de réponse. Elle était là, les yeux un peu rougis, aussi haletante que lui. Il n’hésita pas une seconde en se jetant à genoux à son chevet, l’étreignant avec passion. Entre deux baisers déments, il déballa :


Sam ! Ma douce folle ! Comment as-tu pu penser que ta présence m’imposerait quoique ce soit ? Je suis le dernier idiot de la Terre pour n’avoir rien pigé… *Et c’est peu dire* Je te veux à mes côtés aussi longtemps que je vivrai… Non, je ne t’aime pas, je t’adore Sam… Lui ? Ton bébé ? Ce sera le nôtre ! Je suis trop heureux, trop… Oh Sam comme tu m’as manqué… Un chat ? Je l’adopte ! Mes filles, nos filles, en seront folles.

Ils en connurent des délires et confessions ceux-là. Mais tout à la joie des retrouvailles, même si une faim commune les possédait, Justin se récusa lorsque la situation devint plus ardente encore :

Non mon amour, pas question que je vienne sous tes draps.

Son minois allongé valait tous les trésors du monde.

Prescription de ta copine toubib : repos ! Dors bien… oui, je serai là demain, et tous les jours que tu voudras m’accorder.

Refermant la porte en douceur après un dernier baiser du bout des doigts, Justin alla s’écrouler sur son lit. Décidément, cette nouvelle année commençait mieux qu’un rêve. Les idées suicidaires envolées, Davenport dormit comme il ne l’avait pas fait depuis cinq longs mois.


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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptySam 28 Aoû - 15:06

Andrei! Bonheur et perdition! L‘antithèse du rêve…et pourtant ! C’était condamné depuis le départ, mais quelle douce damnation. Si c’était en enfer qu’elle devait aller, au moins que ce soit de son bras…S’il était l’Enfer, elle y brûlerait volontiers !

S’appliquer toute sorte d’épithètes peu méritoires n’aidait pas grand-chose dans la folle confusion mêlée au délicieux oubli où la plongeait son étreinte. Elle aimait chaque seconde auprès de lui, chaque mot, même ses ironies, sa brutale passion…ce sentiment dévorant et fougueux qui les entraînait si loin de leurs réalités si douloureuses. Nate ne se faisait aucune illusion quant à se sentiments. Pour Andrei le seul amour qui méritait ce nom s’appelait Samantha. Il jurait vouloir se venger, lui faire payer l’affront, lui pourrir la vie. Nate n’était pas dupe…si la blonde se montrait tant soit un peu repentante, il l’accueillerait de retour, en toute joie de cœur.

Elle détestait Samantha ! Il faut reconnaître que ce n’étaient pas les motifs qui lui manquaient pour le faire. Mine de rien, la douce créature, avec son petit air d’ange parfait, avait irrémédiablement détourné Justin de ses sacro saints principes, ce qui était déjà beaucoup dire ! Et puis…elle avait et aurait toujours l’amour d’Andrei. Cet amour total, unique…celui qu’elle, Nate Sommerby, n’aurait jamais. Elle le savait et en souffrait, même si jamais un mot à ce respect ne franchirait ses lèvres. Déçue ou pas, Nate avait toujours son orgueil !

Qu’Andrei ait si vite agréé sa proposition de rester chez elle ne surprit presque pas Nate. Elle s’y attendait et, à quoi bon mentir, l’espérait aussi. Entre eux, le courant d’attraction était trop fort pour être ignoré. Cette relation fusionnelle et passionnée qui avait débuté à bord du QM2 avait survécu à bien d’épisodes appelés à la contrer.


Hey belle marmotte ! Sais –tu qu’il est presque onze heures ? A ce train, tu ne seras jamais prête pour le réveillon de minuit !

Ouvrir les yeux et le voir. Combien de fois n’avait elle pas rêvé de cela ? Plus qu’un rêve, un fantasme ! Il était là et souriait avec cette ironie qui pouvait être joyeuse ou blessante.

Tu penses que cela me prendra si longtemps ?

Sa vie n’avait pas été des plus gaies, dernièrement…peut être que cela se reflétait sur ses traits ? Nate ne pouvait pas l’éviter, de fille simple et sans complications, être mariée avec Justin, l’avait changée en une belle fleur dont on devait constamment prendre soin. Devenue coquette, elle soignait chaque détail de sa mise, de son expression, le tout pour faire l’effet voulu…or là…elle était devenue vénale…

L e rire qui suivit ses mots la rassura à moitié. Il se moquait d’elle, c’était sûr !

Je te charrie ! Tu es splendide. Je vais me doucher, puis disparais. Prends tout ton temps, je reviens pour t’emmener dîner. Je parie qu’il y a des mois que tu es sortie. A tout à l’heure.

Là, il ne se trompait pas du tout ! Depuis que toute cette épouvantable affaire de Justin poursuivi en justice, soupçonné de plus de vilenies que permis, avait éclaté , le fameux cercle d’amitiés, qui pouvait ,en un clin d’œil, emplir sa maison pour une réception, s’était douloureusement rétréci…à peine s’il lui restaient deux ou trois « amies » et encore! Voir de près la déchéance des Davenport semblait faire que la curiosité malsaine l’emporte sur le mépris.

Andrei …

Mais déjà, il déposait un baiser de rien du tout sur le bout de son nez et filait.Ils venaient de passer une nuit de retrouvailles tout simplement époustouflante et voilà qu’il la quittait comme si rien. Sans même prendre le petit déjeuner ensemble…sans un petit câlin, sans un mot doux.

*Tu n’es qu’une imbécile, Sommerby…que veux tu de plus ? Qu’il fonde d’amour ? Raté ! Temps de te réveiller, ma belle…Il ne t’aimera jamais !!!*

Non. Elle le savait, par contre, il la désirait. Il aimait Sam. Mais voilà Sam, elle, aimait Justin…Justin aimait Sam, ça, Nate le savait depuis un bon bout de temps. Ils s’aimaient et étaient sans doute ensemble, en train de se ficher de la déconfiture de leur prochain, sans aucune arrière pensée, quoiqu’en connaissant assez son futur ex-mari, Nate se doutait bien que quelque chose devait le tarauder…au moins de temps en temps !

Elle n’avait pas su cerner Sam. Savoir exactement quel genre de femme elle était. Si douce, fine, parfaite…la Miss aurait mérité une auréole, selon les plus crédules et il fallait dire qu’elle avait trompé tout le monde, la Ste. Nitouche…Sa belle mère, la princesse devait en faire une crise de foie, pour ne pas dire son américain de père, si conservateur sur les bords.


*Pourvu qu’ils la maudissent à jamais !*

Comme si cela pouvait lui apporter une quelconque consolation ! La journée traîna en longueur. Bien entendu, Andrei jouait au mystère, selon son habitude et ne donna signe de vie pendant des longues heures. Heures qu’elle occupa à penser à la soirée…Faute de mieux à faire, Nate passa en revue sa garde robe et là, il n’y avait que l’embarras du choix…

Étrangement son choix se porta sur du noir. Nate n’avait pas envie de couleur. C’était un peu comme avoir l’âme en deuil. La veille de Noël et elle n’avait pas ses enfants…rien ne rappelait cette fête chez elle. Nate s’était pratiquement interdit d’y penser. Ce pouvait être Noël ailleurs…pas chez elle ! Pas cette année...et dire qu’il y avait même de la neige…

Le soir venu, ce qui arrivait très tôt à cette époque de l’année, Nate monta se préparer. Un long bain précéda les préparatifs. Elle ut longue à se décider que mettre, comment tourner ses cheveux, quel bijou portier…ou ne pas en porter du tout ! C’était si bête mais elle se sentait comme si c’était son premier rendez vous…et elle voulait l’éblouir !


Ce fut elle l’éblouie ! Il était tout simplement superbe. Princier. Beau et magnifique. Son pauvre cœur en prit un coup et démarra à deux cent à l’heure.

Salut, toi ! Bonne journée ?

Essayant de reprendre son aplomb coutumier, Nate sourit.

Parfaite. Et la tienne !?

Elle mentait. Lui, non.

Moi ? Excellente. Tu es prête, je vois, parfaite comme toujours.

Nate savait qu’il ne mentait pas, elle se sentait bien…belle, jeune et désirable. Autant être à la hauteur des expectatives. Un petit sourire en coin, à peine si de la coquetterie dans le regard.

Et où allons nous ?

Où on va ? C’est un petit secret.

Un de plus. On y perdrait le compte. Qu’est ce que cela pourrait bien faire ? Mais bien sûr elle ne s’était pas attendue à se retrouver au Gordon Ramsay, à une table de choix, entourée de la crème de la crème des pires colporteurs de ragots du Royaume Uni. À quoi pensait Andrei en s’exhibant avec elle dans un endroit pareil ?

T’en fais pas. C’est à cause de ton mari que l’on te traite en pestiférée. Tu m’as moi, maintenant. Je ne permettrai aucun affront de la part de ces gens. Qu’ils pensent ce qu’ils veulent, c’est toi la plus belle de la salle.

Elle agréa le compliment et l’en détesta, aussi. Il était si imbu de soi, si absolument suffisant, jouant d’une indifférence presque blessante.

On aurait pu juger la soirée parfaite. Pour Nate, elle fut exténuante. Figée dans son rôle de la belle abandonnée par un mari stupide et retrouvant le sourire auprès de ce beau prince…si bien marié, il y avait de quoi la dégoûter…et pourtant, tout au long de cette soirée, elle ne perdit pas un instant son expression placide de femme heureuse et comblée…Inutile de dire que les langues allaient à un train de diable !

Elle s’en fichait. Royalement. Que le ragot atteigne tôt ou tard la Nouvelle Zélande ? Qu’est ce que cela pouvait bien lui faire ? Jugée et condamnée, autant le prendre avec souveraine grâce.

Retour au cottage après cette exhibition face au grand public . Nate se sentait mal à l’aise.

*Tu n’es qu’un pion de plus dans son jeu !*

Mais un pion très gâté. Être reçue, chez elle par ce spectacle de Noël parfait alla au-delà de ces espoirs les plus …désespérés !

Joyeux Noël, ma belle. Puissions-nous en goûter beaucoup d’autres semblables.

Elle ne voulait pas pleurer. Surtout ne pas démontrer la moindre faiblesse. Au lieu de cela, elle fit exactement ce qu’il attendait d’elle.

Tu veux ton cadeau maintenant ?

Un cadeau ? Elle n’y avait même pas pensé à ce Noël ! Son petit cœur partit à mille en ouvrant l’écrin offert. Des merveilleuses perles roses, parfaites…froides !

Merci…elles sont…splendides !

Elle s’approcha pour l’embrasser, essayant de se sentir parfaitement heureuse.

Tu sais que mon plus beau cadeau, c’est toi ! Mais j’ai aussi autre chose à partager avec toi.

Ses paroles la firent soupirer, follement attendrie, voulant y croire de toutes ses forces mais déjà il la laissait seule un instant pour revenir avec une grosse enveloppe.

C’est…quoi ?, s’enquit elle en découvrant les sceaux qui la fermaient et sans trop savoir pourquoi se mit à craindre son contenu.

On l’ouvre ?

Les lèvres pincées, Nate retournait l’enveloppe dans ses mains.

Oui…bien sûr…mais j’ai la sensation que cela ne va pas me rendre folle de joie.

Elle n’avait pas tort. Se voir confrontée avec les preuves flagrantes de son aventure adultère en Thaïlande lui remua le cœur. Justin avait donc toujours eu la confirmation de son péché mais ne l’avait pas chassée pour autant. Avait il donc tenu un peu à elle ?

*Il t’aimait, triple gourde…il t’a aimée comme jamais un autre homme ne t’aimera…surtout Andrei…*

Douloureux pincement au cœur.

C’est…c’est dégoûtant ! Ignoble…Il m’avait pourtant promis…de ne …

À quoi bon y penser ! Justin n’avait pas tenu ses promesses, elle avait failli à son serment de fidélité envers son légitime époux. On pouvait dire qu’ils étaient quittes. Mais pour une raison ou une autre, cela ne lui produisit aucune satisfaction.

C’est fini…à jamais !

Sans appel. Et pendant que ces ignominieuses preuves flambaient dans l’âtre, elle s’appliqua, consciencieuse, à oublier Justin dans les bras de celui qui faisait si bien battre son cœur.

Doux réveil. Noël magique. Il faisait bon ouvrir les yeux et découvrir son sourire, sentir ses caresses.


Elle aurait voulu rester ainsi pendant des heures.

Il va falloir se préparer.

Elle sourit à son tour, enjôleuse et lui entoura le cou de ses bras, quémandant encore un baiser mais il se défit de son étreinte en riant.

Non, non Pas de paresse au lit, ma chatte. Nous devons faire un petit voyage…

Un voyage ?...Pour aller où ?

Aux Bermudes, ça va de soi. Tu as bien le droit de voir tes gosses un jour pareil, non ?

Ses enfants ? Quelle classe de mère était elle pour ne pas y avoir pensé. Andrei lui faisait tout oublier.

Avec un soupir dépité, elle se redressa et le regarda.

Je n’ai pas trop envie d’aller aux Bermudes…tu le sais très bien !...Mais oui, je veux voir mes filles, mes bébés…Tu penses que Michael me laissera tant soit les voir de loin ?

Elle le connaissait trop bien De Brent. Il saurait se montrer désagréable et borné, jouant des pieds et des mains pour l’empêcher d’atteindre son but.

Michael me déteste…

Je suis certain que même le diable ne refuserait pas ce droit à une mère repentante !

Faudrait l’espérer.

Il faisait bon et beau à Hamilton, ce jour de Noël. Comme on aurait pu s’en douter, Andrei avait un plan. Il en avait toujours un. Toute cette mise en scène ne pouvait qu’obéir à une intention : vengeance. Elle jouait son rôle, lui le sien. Leur but était le même : faire le plus de mal possible à Justin…et une des façons les plus sûres pour l’atteindre…était bien le priver de ses enfants, qu’il adorait par-dessus tout. Devoir les laisser sous la féroce tutelle de son copain lui brisait sans doute le cœur. Tant mieux !

Contrairement à ce qu’elle avait supposé et craint, on lui franchit passage dans la tanière du fauve. Alix la reçut, hautaine, froide mais exquisément polie, comme toujours. Nate ne fit pas un mystère du but de sa visite impromptue.


C’est Noël…et même si Justin ne le veut pas, j’ai le droit de voir mes enfants. Ils me manquent.

Mrs. De Brent était aussi mère et pouvait comprendre cela. Nate la sentit s’adoucir mais quand tout commençait à aller selon ses souhaits et ceux d’Andrei, qui pour les effets devait rôder dans la maison camouflé d’invisibilité, l’apparition du maître de céans mit fin à ce début d’affabilité. Cela faisait assez longtemps que Nate ne l’avait pas rencontré, celui là et le revoir, en ce moment, lui provoqua une pénible impression. Michael ressemblait à un spectre. À l’ombre de soi même. Amaigri, défait, souffrant.

Pas la peine de te faire des illusions, Nate…vais pas crever, assura t’il, rogue, quel bon vent t’amène ? Tu t’es soudain souvenue que tu avais des enfants ?

Elle releva le menton, défiante et lui décocha un regard ombrageux.

Je ne l’ai jamais oublié mais dis donc, toi…le passé te rattrape…encore un vieil ami qui a voulu se défaire de toi ?

Et qui n’a pas réussi, évidemment. Mais tu n’es pas là pour t’enquérir de ma santé. Tu te doutes bien que je n’ai aucune envie de me montrer bienveillant avec toi…mais on va jouer au Noël parfait. Tu peux les voir mais n’essaye pas de me jouer un de tes sales tours, ça ne marcherait pas. Donc, si tu avais rêvé d’aller faire un tour avec eux, c’est raté, les enfants de Justin ne quittent pas la maison, compris !?

Ce sont mes enfants aussi !!!, protesta t’elle, avec vigueur.

Michael laissa échapper un ricanement mauvais. Malade ou pas il n’en demeurait pas moins le plus fidèle des amis de son ex.

Tu aurais dû y penser avant de filer avec ton amant…Au fait, de très mauvais goût parader avec lui au vu et au su de tous. Ça ne te rapportera rien de bon, Sommerby.

Elle se sentit étouffer de rancœur et aussi de surprise. Comment savait il donc ? Le sourire narquois de Michael la scia.

Il doit le savoir, il n’est pas le seul à avoir des tours pendables dans son sac…Je ne suis pas né de la dernière pluie.

À bon entendeur. Alix s’approchait de son mari, conciliante. Elle le prit amoureusement du bras comme en craignant de le voir d’effondrer et lui conseilla doucement de ménager ses forces puis invita Nate à prendre place au salon avant de sortir chercher les petits Davenport.

Tu penses jouer indéfiniment le rôle de père de réserve avec mes enfants ? Tu n’en as pas assez avec les tiens ?

Si Justin me juge assez bon pour le faire, je ne vois pas de quoi tu pourrais te mêler. Je me chargerai de déjouer toutes tes intentions, n’ai aucun doute sur cela.

Tu es…tu es…

Ton pire cauchemar, Sommerby, sois en sûre !

Ce doux entretien fut interrompu par l’arrivée de Viviane et Flore qui se jetèrent en pleurant de joie dans les bras de leur mère. Nate ne put se retenir et pleura à son tour en les serrant contre elle.

Mes petites chéries…mes adorées…comme vous me manquez ! Comment allez vous ?...Êtes vous heureuses, ici ?

Elles l’étaient. L’entente avec la tribu De Brent était parfaite. Cela les changeait de leur vie somptueuse mais assez solitaire à La Folie. Là elles avaient plein d’amis, allaient à l’école et semblaient adorer tous les petits moldus rencontrés. Tout était différent, trépidant, coloré et bruyant. Oui, elles pensaient à leur mère…de temps en temps. L’oncle Michael était le meilleur. Papa était venu deux fois les visiter.

Ah…il est venu ?

Il était triste, Maman, assura Viviane, très triste mais ne pouvait pas nous emmener avec lui…Dis, Maman…c’est ça qu’on appelle divorce ?

Nate se demanda d’où sa fille pouvait sortir une idée pareille mais évidemment personne, dans ce nouveau monde ne faisait un mystère des réalités de la vie.

Pourquoi me demandes tu ça, ma puce ?

Clive dit que c’est pareil avec ses parents, sauf que lui, il vit avec sa Maman, ajouta doctement Flore, Clive est l’ami de Lucas et est amoureux de Vivi.

Oh, mon Dieu !, elle jeta un coup d’œil courroucé à Michael qui semblait se marrer en douce, installé dans son fauteuil, quel genre…d’amis avez-vous donc ?

La meilleure société des Bermudes, pas de souci !, assura t’il, ce ne saurait pas être autrement !

L’entrée en scène de Mrs. Pimms portant Philip coupa court ce nouvel échange diplomatique. La suivait une superbe créature qui tenait Anthony dans ses bras.

Comme vous avez grandi !!!
, s’effara Nate, mes trésors !

Comme si tant de mièvrerie le dégoûtait, Michael se leva et sortit lentement, il ne pouvait pas autrement, du salon, jugeant sans doute que la future ex Mrs. Davenport était assez surveillée avec Mrs. Pimms et Miss Hathaway dans le coin.

Les petits étaient merveilleusement éveillés, dégourdis, dorés comme des biscuits mais n’acceptèrent pas en toute joie de cœur qu’elle le prenne dans ses bras et le couvre de baisers. Pour eux, elle n’était qu’une inconnue trop entreprenante. Anthony, le portait tout craché de son père ne tarda pas à se mettre à hurler à pleins poumons, bientôt imité par Philip.

Ils…ne m’aiment pas !, sanglota Nate, éperdue.

Ils ne vous connaissent pas Madame !, dit sèchement Mrs. Pimms en reprenant le bébé, sauf votre respect…mais il est difficile pour un enfant de dix mois de reconnaître une mère qu’il n’a pas vue depuis qu’il n’en avait que six. Prenez, Philip, Aby…

Mais je veux les avoir avec moi !, protesta Nate, je saurai les calmer…laissez les là…vous pouvez disposer.

Désolée, Madame, mais Mr. Michael a interdit de vous laisser seule
, et Mrs. Pimms prit place dans un fauteuil, pas loin de là.

Nate essaya d’ignorer ce Cerbère à jupes et s’adonna à la joie de sortir de son sac les cadeaux pour ses enfants…et aussi pour les autres petits de la maison, autant s’assurer les bonnes grâces du dragon à demeure. Au bout d’un moment, attirés par les cris de joie extasiés de Viviane et Flore, le reste de la tribu fit son apparition. Lucas avait grandi et ressemblait chaque jour plus à sont père , Sarah toujours aussi rousse et maligne. Désirée, qui ressemblait tant à Vic, lui tira un soupir endolori…Victoria avait été sa seule véritable amie…Kieran était devenu un petit garçon adorable. La fille d’Alix, Tanit, devenue De Brent sans problèmes complétait le tableau. Les petits derniers, eux, se trouvaient sans doute à la nursery.

Nate se demandait ce que faisait Andrei pendant ce temps mais s’imagina qu’il avait déjà passé au crible la maison De Brent, comme prévu. Elle s’émerveillerait de son efficacité pour être passé inaperçu et se réjouissait d’avance sur la réussite de leur plan. Si Michael se croyait malin, Andrei saurait l’être encore plus. Elle désirait cela de tout son cœur.

Hôtesse parfaite, Alix la retint au déjeuner, comme ça elle passerait plus de temps avec ses enfants qui partageaient, en belle et colorée pagaille, cette magnifique table de Noël. Excités comme des puces, ils parlaient tous en même temps, riaient, se racontaient des blagues…se lançaient même des petits pois à travers la table sans que le maître de céans semble s’en incommoder, pas plus que sa belle dame. En fait, ils semblaient parfaitement heureux dans cette ambiance de folie familiale. Nate se dit que ces deux là voulaient à tout prix oublier leurs enfances si strictes…

*Ça donnera que des petits sauvages !*

Et quand elle vit Flore faire de même pour attirer l’attention de Lucas, Nate aurait fondu en larmes mais se força à sourire en réprimandant doucement sa fille, ce qui, bien entendu, n’eut aucun effet. La seule parole qui semblait compter là était celle de Michael…et il s’amusait autant que les gosses.

Andrei dormait quand elle arriva à leur chambre d’hôtel. Pendant un moment, elle le contempla. Relâché dans son sommeil, Andrei pouvait sembler même vulnérable, chose qu’il n’était ni serait jamais. Avec un soupir affolé, Nate reconnut l’aimer mais il fallait jouer du bon sens...lui, il ne l’aimerait jamais. Il acceptait sa présence, parce qu’elle était nécessaire au bon aboutissement de son plan, quel qu’il soit. Peut être tenait il un peu à elle. Leur entente pourrait durer, tant qu’elle n’exigerait rien de lui. Elle ne le ferait pas. D’un geste décidé, elle refoula de nouvelles larmes. Assez pleuré pour un jour. Sur le chemin du retour à l’hôtel, sous l’œil mordant d’un certain Paxton, qui travaillait pour Michael, elle n’avait eu aucune retenue pour pleurer tout son soûl…Pourquoi ? Pour tout !

Elle s’assit sur le bord du lit et caressa doucement les cheveux du dormeur.

Coucou…je suis là…

Réveillé au quart de tour il ne tarda pas à remarquer son pauvre état d’âme, l’attirant vers lui, il s’était employé à la consoler.

Là, là ! Ça va aller. C’est dur, je m’en doute… Tu vois, ils ne t’ont pas jetée dehors... Sinon, comment cela s’est-il passé ?

Sans pouvoir dissimuler le chagrin qui lui broyait l’âme elle lui raconta les menus faits de cette rencontre, sans omettre le peu de sympathie perçue de la part de Michael et la surprenante affabilité d’Alix.

Justin est odieux. Il s’est vraiment bien arrangé avec ce suppôt de Satan pour m’enlever mes enfants…Viv et Flore sont ravies chez lui..Anthony et Philip eux…ne m’ont même pas reconnue !!! Je le déteste…Je déteste Justin Davenport et son maudit copain ! Mais…enfin…

Nouvelle crise de larmes, qu’Andrei s’empressa de tarir…à sa façon, lui faisant oublier pendant un délicieux moment, toutes les misères de sa vie.

J’ai examiné avec minutie les alentours, des deux côtés. Chouette qu’ils t’aient demandé de récidiver demain. Il serait bon d’insister pour voir la villa de ton mari.

Ma foi…si tu le dis. J’en ai pas trop envie mais…

Ne serait-ce pas naturel que tu constates comment ils sont installés ? J’y ai des vérifications à faire…

Des vérifications ? Pourquoi faire ?

Sa réponse la laissa bouche bée.

Pourquoi ? Mais ma chérie, pour te rendre tes enfants, bien sûr !

Tu…penses que cela soit possible ? Mais comment ? Michael ne les lâchera jamais. Il a juré à Justin de veiller sur eux et se ferait tuer plutôt que de…

Écoute, tu m’as dit que De Brent exerçait une surveillance farouche et préférerait mourir que de trahir son pote… Nous devons donc faire sortir le loup de la bergerie… Si Justin constate la disparition de ses enfants, ne sacrifiera-t-il pas sa retraite pour eux ? Il émergera et… nous lui tomberons dessus. Il finira ses jours en prison, tu obtiendras un divorce facile avec la garde de tes gosses, et Sam n’aura plus personne sur l’épaule de qui pleurer… Ce qui lui fera les pieds. N’est-ce pas une belle solution ?

Belle ? Magnifique. Unique ! Irrésistible !

Ce ne sera pas facile de les berner, ces deux là…Michael sait que nous sommes ensemble. Comment ? …Je suppose qu’il a lui aussi des espions un peu partout…en tout cas il sait que nous avons passé Noël ensemble. Non…D’après ce que m’ont dit mes filles, leur père est allé les voir deux fois…Défait de chagrin. Il a toujours adoré les enfants…Il a l’âme d’une mère poule…Non. Personne ne semble avoir vu ta femme…Bien sûr, ils n’allaient pas en parler…Tu penses qu’elle a fini par le rejoindre ?...Tu ne sais pas non plus où elle est, hein ?

*Qu’elle pourrisse en enfer, fichue blonde !*

Mais elle savait que ce ne serait pas si facile que ça. Samantha Forrester n’était pas née de la dernière pluie, non plus.

Alors…tu penses mettre le grappin sur Justin et le jeter en prison ? Malin comme il est et avec l’aide son copain, je doute qu’il y reste trop longtemps…Je sais de quoi je parle. Oui…on le tient pour un délinquant…mais il a des amis puissants qui le connaissent trop bien comme pour douter de son innocence…Moi ?...Je connais Justin, va ! Il ne ferait pas du mal à une mouche…et se fiche de l’argent comme d’une guigne, il en a trop. Ruiné ?...Tu veux me faire rire !?...sans doute ce revers a été un coup dur à encaisser. Je sais…tout est contrôlé et il n’a aucun accès à ses comptes en banque…le coup de Gringott’s doit le faire râler…mais, ce n’est pas cela qui le rendra plus malheureux…Singapour, les îles Caïman, même les Bermudes…Justin est roué, qu’il ne fasse aucun esclandre pour le moment me fait penser qu’il est ou…minablement abattu et incapable de réagir…ou, planqué en toute joie de cœur en train de manigancer un retour en beauté. J’espère qu’il sera en pleine déprime, ne valant plus un sou, traînant sa misère…Il boira, sans doute…ça le fera crever tôt ou tard…

Elle aurait voulu en être sûre…mais savait que ce serait trop rêver. Justin retombait toujours sur ses deux pieds.

Le lendemain, sa visite chez les De Brent n’apporta rien de nouveau, sauf que Michael semblait ne pas avoir une bonne journée, aux dires d’une Alix consternée, et demeura dans sa chambre.

*Mourir ne lui ferait pas de mal !*

Mais, bien sûr, il ne lui fit pas plaisir. Quitter ses enfants sans trop savoir quand les revoir, lui brisa le cœur. Viviane pleura un peu, Flore se montra distraite et les jumeaux demeurèrent intraitables. Sa haine pour Justin monta d’un cran.

Alix se montra inébranlable. Elle se serait fait tuer sans dire mot rien que pour son mari, si celui-ci avait juré à son ami de garder ses enfants alors, elle ferait tout simplement ce que Michael voudrait, sans jamais songer à le contrarier, c'est ainsi que l’irréductible Mrs. De Brent, lui refusa catégoriquement le droit de visiter la demeure Davenport. Selon elle, Justin l'aurait explicitement exigé. Rien n'y fit. Nate comprit, on ne lui fermait pas la porte au nez, tout juste parce qu'ils étaient encore polis...mais cela pouvait ne pas trop tarder à changer.

*Maudite mangemorte ! Maudits, ces deux là*

Il ne restait qu’à attendre et espérer que le plan ourdi par Andrei donne les résultats voulus…
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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyDim 29 Aoû - 13:46

Sam ? Hey ! Sam réponds ! Sam ? SAM !

Elle s’en voulait de l’effrayer de la sorte mais n’y pouvait rien. Pas un mot n’arrivait à franchir ses lèvres blêmes. C’était bel et bien parti pour un petit tour dans les vapes…

Quelle odeur odieuse ! En un violent sursaut Sam revint à elle. Ammoniaque !

Enfin ! Pas trop tôt, ma belle !!!

Ce n’était pas la voix de Justin, celle là ! Elle aurait pu en pleurer…elle voulait Justin, elle. Une petite baffe plus tard, Sam reconnut …

Lav !?...Mais que…

No comments, ma chérie…un adorable type à bout de nerfs a lancé un SOS dans la nuit et je n’ai pu qu’accourir…

Mais…euh…Je me suis…

Évanouie comme une idiote ! Oui, ça arrive, pas de souci . Je t’ai examinée. Tout va bien. Oui. Bébé va bien, tu vas bien…mais dis donc, quel stress !

Sam, confondue, finit par se redresser en regardant le décor qui l’entourait. Une petite chambre toute coquette. Elle prit de l’air. Lavinia la considérait d’un œil mi rogue mi amusé.

Euh…je ne sais pas trop…

Pas de bile, ma belle…ce que tu vas devoir m’expliquer est ce changement de mâle dominant à adorable épris ! Faut dire que tu en as de la chance, chacun dans son genre, ils sont wow...celui là vaut le détour…C’est pas ton mari sous Polynectar, quand même !?

Euh…non. Dieu merci. J’ai…j’ai…abandonné Andrei.

Lavinia Dexter opina du chef. Cette nouvelle avait beau la prendre de court, elle ne s’en réjouissait pas moins, ce qui ne l’empêcha pas de faire des commentaires.

Peux pas dire que ça me surprend…te connaissant, je me disais bien qu’il ne collait pas trop bien, mais tu semblais si amoureuse…plus que ça…folle de lui !

Pour toute réponse, Sam éclata en sanglots désespérés et le Dr, Dexter ne trouva mieux à faire qu’à la bercer comme à un enfant effrayé.

Là, tout doux, ma belle…si tu me racontais tout…je me sentirais resarcie de ma soirée ratée…Je m’amusais comme une folle, pour une fois !

Reniflant de plus belle, Sam s’essuya les larmes et essaya de trouver ses mots pour raconter cette histoire si compliquée. Lavinia semblait ne pas être pressée ou plutôt résignée à voir son réveillon tomber à l’eau. L’histoire ne fut pas courte mais Lavinia se garda bien de l’interrompre, ce ne fut qu’à la fin qu’elle retrouva l’usage de la parole.

Franchement, ma jolie…on peut dire que sous cet air de blonde inoffensive …Hum ! On y croira tous…Non, ma chérie, ça m’est égal…Tu as fait une erreur mais as découvert comment la corriger…

Les larmes de Samantha semblaient intarissables. Lavinia s’y employa, comme la meilleure des amies, à la calmer.

Là, ma belle…là… Calme toi, tant de stress ne te fera aucun bien, ni à toi ni au bébé…Ma pauvre Sam chérie…tout va aller bien tu vas voir…je ne connais pas ce Justin mais il a l’air tout comme il faut…un peu assez paumé…mais on va laisser ça aux circonstances…ou…il est comme ça tout le temps ?

Jus...Justin est merveilleux !!! Le meilleur des hommes…

*Comme si je m’en serais doutée…le type parfait, en somme !*

Mais il n’est pas le père de ce bébé, non ?

Soupir suivi de sanglots, précédant à un torrent de larmes.

No...noon…j’aurais tant voulu…mais non…

Calme toi, Sam…

Se calmer ? Elle en avait des belles son amie Lavinia…Sa vie n’était qu’une monumentale confusion !

J’aime Justin…je l’aime de tout mon cœur, Lav...il est le seul…Il est si…merveilleux…je me suis trompée…je n’aurais jamais dû épouser Andrei…mais j’ai cru…j’ai pensé que…

Lavinia lui caressait la tête, aussi rassurante que la meilleure de mères.

Ben…ce sera un peu tortueux mais tu t’en sortiras, ma jolie…si ce fameux Justin est la moitié de ce que tu dis…et bien…tu n’auras pas eu tort de lui courir après !

Entre sanglots et reniflements, Sam la mit au courant de tout. Elle ne rata pas un détail. Toute l’histoire y passa, lui tirant plus d’un soupir et même quelque opportune larme.

Tu as eu du courage, ma chérie…mais ça ne veut pas dire que ton Andrei, s’il est la moitié de méchant que je soupçonne, se privera du plaisir de vous pourrir la vie…

Sam le savait parfaitement bien.

Tu dois prendre soin de toi et de ce mioche qui, il va de soi, sera mon filleul…Non, ma douce, pas de souci, ton mari peut venir me torturer, je ne soufflerai pas un mot…

Lav…il le fera.

On trouvera bien comment l’envoyer au diable, t’en fais pas…Suis docteur mais aussi une sorcière rouée et mauvaise quand on me cherche…souviens toi de Mrs, O’Donnell.

Qui aurait pu l’oublier, leur prof de Sortilèges ? Elle boitait encore et personne n’avait jamais pu établir la vraie cause du mal qui l’avait soudain handicapée.

Lav…tu es ma meilleure amie…

Je sais. T’en fais pas…ton secret mourra avec moi…Prends soin de toi, veinarde…et surtout, repose toi…dans toue l’extension du mot repos…on se comprend ?...Là, je vais rejoindre mon adorable mari avant qu’il ne fasse trop de dégâts…Tiens moi au courant, Sam…j’y tiens !

Une étreinte plus tard et Lavinia était partie. Restée seule, Sam donna libre cours à son désarroi.

*Mais qu’est ce tu as fait ? En venant ici…tu condamnes Justin…et maintenant Lav…Justin aura tout le droit de te mettre à la porte…Il a assez de problèmes pour se charger des tiens…Fiche le camp, trouve un trou pour te cacher et essaye de vivre ta vie...ce qu’il en reste…*

Elle en eut, du temps, pour soupeser ses erreurs et s’en morfondre joliment quand, tout à coup, après un insignifiant grattement à la porte, celle-ci s’ouvrit, livrant passage à un Justin dans tous se états.
En deux bonds, il fut près d’elle et la prenait dans ses bras, déballant, sans presque respirer :

Sam ! Ma douce folle ! Comment as-tu pu penser que ta présence m’imposerait quoique ce soit ? Je suis le dernier idiot de la Terre pour n’avoir rien pigé… Je te veux à mes côtés aussi longtemps que je vivrai… Non, je ne t’aime pas, je t’adore Sam… Lui ? Ton bébé ? Ce sera le nôtre ! Je suis trop heureux, trop… Oh Sam comme tu m’as manqué…

Elle ferma les yeux, soupira et se laissa aller dans se bras, soulagée, affolée, émue, attendrie, amoureuse, éperdue…

Justin…mon amour…j’ai…j’ai eu…peur…mais il…y a encore quelque chose que tu dois savoir !

Le pauvre homme en fit une tête mais elle s’empressa de le rassurer.

Euh…ce n’est rien de trop affreux…C’est…Alonso…mon chat…il…il est avec moi….je n’ai pas pu me résoudre à le laisser avec...lui…et ses chiens…

La réaction de Justin fut tout comme on pouvait l’espérer. Il l’enserra dans une étreinte folle, la dévorant de baisers, mi riant, mi pleurant :

Un chat ? Je l’adopte ! Mes filles, nos filles, en seront folles.

Ça, c’était trop rêver ! Sam pouvait être optimiste mais de là à croire que les deux filles de son chéri allaient l’adopter et l’aimer comme une mère. Mais elle se garda bien de le dire. À quoi bon gâter ce moment parfait. Il était là et l’aimait. Elle en était dingue. Sa vie n’orbitait qu’autour de lui, pour lui…par lui…

Je t’aime, Justin…

Bien sûr qu’elle l’aimait. Au delà de tout ce qu’elle aurait pu imaginer un jour et ne désirait qu’une chose, ne jamais se séparer de lui…

Reste avec moi…je veux que tu restes avec moi, lui souffla t’elle à l’oreille, entre deux baisers délirants.

Mais c’était sans compter avec le bon sens de Mr. Davenport, aiguillonné, en plus, par les sages conseils de cette chère Lavinia.

Non mon amour, pas question que je vienne sous tes draps.

Mais…je veux…

Rien à faire. C’était un irréductible, celui là.

Prescription de ta copine toubib : repos ! Dors bien… oui, je serai là demain, et tous les jours que tu voudras m’accorder.

De la musique à ses ouïes. Tous les jours qu’elle voudrait lui accorder ?...Alors ce serait jusqu’à son dernier souffle.

Va bien dormir, Monsieur Bon sens…je t’adore !

Justin sorti, elle se défît de sa robe et s’allongea de nouveau entre les draps, un soupir de bonheur plus tard, le bienfaisant sommeil la prenait…La nouvelle année venait de commencer…Justin l’aimait !

Un rayon de soleil se faufilant entre les rideaux la tira doucement de ses rêves. Elle en émergea sans se presser, jouissant de cette délicieuse paresse, prenant son temps pour s’ébrouer et puis peu à peu, pour découvrir ce qui l’entourait. La veille, Sam n’avait eu ni le temps ni l’esprit à détailler quoi que ce soit. Si on la comparait à la grandiose démesure de celle occupée jadis à La Folie, la chambre semblait toute petite mais n’en demeurait pas moins claire et coquette. Décoration simple, sans chichis ni luxes extravagants. Sur une table basse, un vase de fleurs, sans doute fraîchement coupées qui, elle en était sûre, ne se trouvait pas là, la veille. Un joli fauteuil en osier où reposait…son peignoir. À peine surprise, Sam finit par se lever. Découvrir ses affaires dans la penderie lu tira un soupir ému. Justin avait pensé à tout et pendant qu’elle dormait comme un loir avait ramené ses bagages de l’hôtel. Sans doute, Alonso se trouvait aussi quelque part, à explorer ces nouveaux alentours. La maison semblait bien silencieuse mais cela n’était qu’une impression. Rien n’était silencieux sous ces cieux. Oiseaux, insectes, la mer toute proche, le bruissement de la nature sous la brise discrète. Elle écarta le rideau et s’emplit les yeux de sa petite vision du paradis local. Exubérance, couleurs, odeurs…tout était intense, varié, magnifique, chaleureux. Pieds nus sur le carrelage frais, Sam se sentit heureuse, en paix… Une petite salle de bains, rien de sybaritique, complétait l’ensemble confortable. Sam se doutait bien que pour ce coin de monde, ces installations tenaient sans doute du luxe pur, pour Justin Davenport, la limite du supportable.

Une douche rapide plus tard, petite robe en cotonnade enfilée, toujours pieds nus, Sam se lança à la prospection des lieux et à la recherche de Justin, presque sûre de savoir où le trouver. Guidée par les effluves délicieux du café frais fait, elle ne fut pas longue à aboutir dans la cuisine. Comme prévu, le maître de céans semblait se donner à cœur joie face aux fourneaux. Tiens, l’endroit avait subi une certaine mutation depuis la veille, Sam l’aurait juré. La magie avait eu sans aucun doute beaucoup à voir en tout ça. La cuisine avait un nouvel aspect, tout pimpant, plus accord au talent du cuistot de service qui pour les effets semblait très pris dans la préparation des pancakes. Elle resta un moment, appuyée au chambranle sans faire remarquer sa présence, suivant ses faits et gestes, follement attendrie, le cœur battant à cent à l’heure. Aussi silencieuse qu’une souris, Sam arriva tout près de lui et sans rien dire, passa les bras à sa taille et posa la tête contre son dos, en fermant les yeux, avec un soupir, s’enivrant de son odeur, de sa force.

Bonjour !

Le premier de leur nouvelle vie…le premier de tous ceux qu’elle rêvait lui souhaiter…

C’était si bon de se glisser dans ses bras, de l’embrasser, de le savoir si proche, de se sentir si aimée…et si prosaïquement affamée.

C’est…terrible…mais j’ai une fringale atroce !

Elle piocha sans retenue une tranche de bacon grillée.

Je t’aime…mais en ce moment je ne peux que penser…à ça…Miam ! J’adore les pancakes ! Et ce bacon est…sublime. Oh ! De la salade de fruits…quoi ? Tu les as cueillis là dehors ?...Je devrai aller voir ça…Et ces petits pains !!!...Pardonne moi…je meurs de faim…Ce petiot va me faire ressembler à une vache…

Il riait et entre baiser et baiser finit de faire les pancakes. Sam fit griller des toasts et finit de mettre la table. Il servit le café, elle en huma l’arôme avec délectation.

Merveilleux ! Tout est merveilleux ici...toi aussi…OH…Alonso !!!

Le minet venait de faire une entrée triomphale avec un poisson en travers la gueule.

Où as-tu été voler ça !?...Faut l’excuser, ses vieilles habitudes ressortent parfois…après tout, le pauvre courait les poubelles quand je l’ai trouvé…là bas…

Elle ne voulait pas prononcer Le Cap…C’était une partie de sa vie que Sam voulait effacer de sa mémoire. Sauf que vouloir n’est pas toujours pouvoir. Ses pensées s’envolèrent, involontairement, vers cette ville si lointaine déjà, vers tout ce qu’elle y avait laissé. Des bons amis…No Sense…Tant de choses qui ne reviendraient qu’en souvenirs…Andrei, lui aussi, mais ce ne serait que pour la tourmenter. Justin sembla le deviner, un éclat chagrin passa dans son regard. Sam eut un petit sourire mitigé.

Ça…passera.

Elle enlaça ses doigts au siens et soupira, ce qui commençait à devenir une habitude.

J’adore cet endroit…cette maison…Mais non, je ne mens pas…C’est vrai. C’est parfait…J’aime les trucs simples…Tu sais, il y a des tas de choses merveilleuses cachée par là…Tantôt en me réveillant…toute cette vie qui grouille là dehors…et puis la mer…Tu m’emmèneras faire un tour ?Je sais que le coin est réputé par sa bio diversité…Ben oui, je me suis quand même peu informée…quand j’ai enfin réussi à soutirer l’information à ton copain…un irréductible, celui là…tu en as de la chance d’avoir un ami pareil…Ben, moi aussi j’ai la chance d’avoir Lavinia…elle est unique…mais ça tu as pu le remarquer…tu l’as fait quitter une fameuse fête de réveillon…t’en fais pas, elle fera de sorte que tu ne l’oublies jamais…

Elle fit honneur aux pancakes avec sirop d’érable comme s’il s’agissait de son dernier repas, avant de reprendre.

J’ai vu tes filles…Tout va bien, aux Bermudes…mais Michael m’a avertie sur une surveillance serrée, il n’a rien dit en particulier mais…je suis presque sûre que…Andrei ne doit pas être bien loin…Je le connais, Justin…il voudra te blesser avec ce que tu aimes par-dessus tout : tes enfants. Ça ne m’étonnerait pas du tout si…Nate joue les complices…

Elle s’en voulut de l’avoir dit. L’expression de Justin s’assombrit.

Le bonheur a son prix, mon amour…et celui du nôtre sera haut…très haut, je le pressens. Andrei n’est pas un ennemi commode…il est roué, mauvais…rancunier comme pas deux…Il n’hésitera pas à sortir le grand jeu pour nous pourrir la vie…mais oublions ça pour le moment…on aura tout le temps pour s’en occuper…Ces œufs brouillés sont délicieux…

Elle finit son repas en toute joie de cœur, sans se priver de rien. Pas à dire, un si bel appétit était digne d’admiration, surtout que la veille à peine elle n’avait que goûté du bout des lèvres le somptueux repas.

Je me sens en pleine forme…on fait quoi, là !?

Des idées elle en avait à revendre mais ne voulait pas épouvanter Justin de si bon matin. Sagement, elle le laissa lui faire les honneurs des lieux, découvrant, ravie, ce petit endroit calme et ses gens.

Personne ne posait des questions, mais s’en faisait des tas, sans aucun doute.

Elle y penserait le lendemain…ou le jour d’après. La vie était belle, en cet instant…


Dernière édition par Samantha Forrester le Mar 31 Aoû - 20:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyDim 29 Aoû - 18:36

Joli coin que les Bermudes, pas à dire ! Dans un sens Andreï comprenait le choix de De Brent et de Davenport pour cet endroit où hiver et été se confondaient.
Il y aurait bien pris un pied-à-terre aussi, tant qu’à faire. Peut-être plus tard, quand il se serait apaisé, quand il aurait mené à bien sa quête personnelle.

Quelqu’un de normal aurait abandonné la lutte. Andreï était-il fou ? Sans doute. Fou de sa femme en tout cas. Et, par-dessus tout, il ne tolérait pas et ne tolérerait jamais l’échec.
Retrouver Nate était dans la logique des choses. Quelque part, cette femme lui ressemblait. Le seul défaut qu’il lui trouvait était son besoin de se rassurer… de s’assurer qu’Andreï était à elle. Il la savait suffisamment intelligente pour comprendre que son amant ne fondrait pas d’amour pour ses beaux yeux. Andreï avait eu un cœur, Sam l’avait brisé, il n’en avait donc plus.
Malgré tous ses défauts, Sanders ne tricherait pas avec Nate. Il ne promettrait rien, n’inventerait pas de déclarations creuses, ne s’épancherait pas. Elle s’en contenterait ou pas, la suite le dirait.

Pour le moment, en tout cas, la rouquine se satisfaisait de ce qu’il lui accordait et ce n’était pas lui qui s’en plaindrait. Quelle ardeur, quelle passion !
Elle avait surmonté l’épreuve du restaurant de prestige avec brio. Exposée aux commérages de la « bonne » société, elle avait fièrement joué le jeu et relevé le menton.
Andreï n’en attendait pas moins. Il savait pertinemment que de « bonnes » âmes s’empresseraient de faire jouer le tamtam auprès de la princesse Orloff. Ses dispositions étaient prises dans ce sens.
A l’heure actuelle, un message préenregistré devait être parti du Cap souhaitant un « joyeux Noël » aux Forrester en leur annonçant le mensonge de la veille et la possible dissolution de son union avec Sam.
Message différé ? Ben oui, devant Anastasia, Andreï aurait eu du mal à feindre… il demeurait un petit garçon effrayé d’être rejeté… Il l’avait tant été. Cette fois encore…


*Sam ! Pourquoi ?*

Vivre sans elle était inadmissible. Il pensait lui avoir donné tout ce qu’elle désirait, avoir changé de comportement pour la satisfaire… ce n’était pas assez.

*Pourquoi je n’ai pas laissé crever Tintin ?*

Cette question le remua longtemps. Il l’avait fait pour faire plaisir à Nate… et à Sam… S’il avait pu imaginer que son adorée filerait avec l’enragé…
Car c’était là qu’elle était, à n’en pas douter.

Son expédition aux Bermudes n’avait pas entièrement comblé les lacunes de Sanders. Certes, il disposait à présent de précisions intéressantes mais pas suffisantes.
Comme Nate avait dû souffrir d’être reçue en étrangère par ses propres enfants !
Il la consola de la meilleure façon possible en y prenant beaucoup de plaisir...
Suite à quoi, il lui dévoila une partie de ses plans. Nate, lovée dans ses bras, réagit
:

Ce ne sera pas facile de les berner, ces deux là…Michael sait que nous sommes ensemble.

Ah bon ! Je me demande comment, mais ce n’est pas un problème.

Comment ? …Je suppose qu’il a lui aussi des espions un peu partout…en tout cas il sait que nous avons passé Noël ensemble.

Il rit :

C’est le secret de polichinelle à présent ! Ne t’inquiète pas pour ça. Ils ont parlé de Justin ? S’est-il pointé récemment ?


Il espérait que oui quoique cela signifierait que son système d’espionnage avait des failles.


Non…D’après ce que m’ont dit mes filles, leur père est allé les voir deux fois…Défait de chagrin. Il a toujours adoré les enfants…Il a l’âme d’une mère poule.

Je lui laisse volontiers ce rôle ! Tu verras sa tête quand on les lui reprendra, ses poussins ! Et de Sam, pas de traces ?

Non. Personne ne semble avoir vu ta femme…Bien sûr, ils n’allaient pas en parler…Tu penses qu’elle a fini par le rejoindre ?...Tu ne sais pas non plus où elle est, hein ?


Pas encore mais ça ne saurait tarder. Elle doit se terrer quelque part mais finira par se rabattre chez les De Brent, seul lien avec Tintin. On les coincera.

Il se marra intérieurement ensuite quand Nate émit à voix haute ses réflexions. Selon elle Mr Davenport disposait de gros moyens pour sortir de taule rapidement. Il aurait des comptes planqués en divers endroit du monde, des alliances puissantes…
Lui dire, ne pas lui dire… Sanders se tut.
Il avait confiance en Nate mais… Ce mais était dérangeant. Tant de fougue dans son exposé prouvait la rancœur profonde éprouvée par Mrs Davenport à l’encontre de son mari. De l’amour à la haine, de la haine à l’amour… Le pas est infime. Sanders ne brûlerait pas des cartouches dans des spéculations inutiles.

Que les De Brent refusent à Nate l’accès à la villa où logeaient les enfants le contraria mais pas trop. Rien ne pressait…
Leur virée aux Bermudes ne leur rapporterait sans doute pas plus d’indices, pourquoi alors ne pas profiter de la douceur du climat ?
Belle semaine de farniente.
Bien sûr, ils ne restèrent pas à proximité des De Brent. Plusieurs sortilèges de protection furent installés autour de la villa louée à l’autre extrémité de l’île. Un sixième sens avertissait Sanders d’un espionnage de ses faits et gestes et il détestait ça.
L’avant veille de l’an neuf, Nate revint furieuse des courses effectuées en ville.


…Qu’est-ce que tu racontes ? Cartes bloquées ?

Il s’en était étranglé de rire :

C’est de bonne guerre ! Pas de panique. J’ai plus de liquide qu’il ne nous en faut ! J’ai fait pareil pour Sam et Justin depuis un certain temps ! J’avais donc prévu un coup similaire… de Michael sûrement. Pose tes paquets et assieds-toi, je ne suis pas resté inactif… J’ai fait du café et le ménage est correct.

Andreï était d’excellente humeur. Le service traiteur auquel ils avaient recours durant ce séjour n’y était pour rien, il tenait enfin une piste.
Veillant à ce que Nate soit bien installée, il versa le breuvage chaud et la laissa mijoter un peu avant de lui avouer :


Je sais où ils sont… Au Venezuela ! Madame a essayé sa carte de banque pour y louer une voiture… Elle est cuite. Un espion est sur sa piste, j’aurai des nouvelles dans la journée, je pense. Mais… ce n’est pas tout… Ce soir, si tout va bien, nous rentrerons en Angleterre et nous ne serons pas seuls ! J’ai fait ce que j’ai pu pour égayer ton réveillon de Noël… celui de l’an sera plus réussi, j’espère.

Curieuse pire qu’une chatte, Nate voulait tout savoir, les détails, le comment du pourquoi. Il rigola :


Je te le dirai… peut-être… Si tu es très gentille avec moi !


Pour être gentille, Nate se surpassa. Il lui laissa prendre la direction des opérations et ne fut pas déçu le moins du monde. Même si ses délires avec Sam s’étaient souvent avérés plus qu’intenses, il devait avouer qu’avec Miss Sommerby, c’était… crevant !

Hey ! A ce rythme je serai sur les rotules, feignit-il de se plaindre. Or, ma tigresse, nous devons être en forme ce soir.


Et ce fut repartit pour la ronde des questions. Au moins ça lui donnait du répit.
Tout en caressant l’épiderme échauffé de sa compagne, s’amusant à encore la faire vibrer par des coups de langue audacieux en des endroits stratégiques, Andreï révéla :


Ce soir, nous allons gâcher la nuit de certains. J’ai du Polynectar prêt à être utilisé. Ton rôle… ? Je suis navré mais tu n’aimeras pas… Transformer des courbes si attrayantes en vieux sacs pendants… Mais ça ne durera pas... Il faudra aller vite… Qui ? Je ne sais pas. Autant que l’on pourra. Je voudrais te les rendre tous les quatre, j’ignore si c’est faisable. Ne t’inquiète pas, ma douce, J’ai pris sur moi de donner de la compagnie à Keala et Briman. Je t…


Les mots qu’elle attendait moururent dans son gosier.
Il ne pourrait plus les dire. Il ne pouvait les dire qu’à une seule et celle-là n’était pas là.

Quelle routine ! Franchement les De Brent auraient dû varier les plaisirs. Ça aurait donné du piquant à l’affaire. Mais non ! Persuadés que leur système était infaillible, ils se cantonnaient dans leur sempiternel rituel
.

21 heures.

[î]Paxton roulait avec précaution comme à son habitude. Il en avait un peu marre de ces navettes. N’aurait-il pas été plus simple de loger les marmots chez ses patrons plutôt que de les obliger à réintégrer le nid tous les soirs ? Bon… Par la force des choses, il avait fini par admettre que c’était la seule solution pour que Davenport puisse voir ses poussins en toute tranquillité. Il ne ratait jamais ces rendez-vous nocturnes ! Tous les soirs, invariablement, dès que les gosses dormaient, il venait les voir, selon Mrs Pimms. Il ne voulait pas que les enfants le sachent, que personne ne sache.
Devenu copain avec cette nounou un peu revêche mais au cœur si doux, le sergent avait eu le bénéfice de confidences.


*Davenport est une mère poule ! Un tendre…*

Paxton était un peu usé pour assumer ce rôle de convoyeur. Merlin sait si la tribu De Brent contribuait à l’user. Il aimait bien cette marmaille pétillante, la dresser encore plus. Cela fonctionnait. Tant mieux. Michael De Brent avait bien besoin d’un coup de main. D’autant que sa femme… Dieu quelle femme ! Avec dix ans de moins, il se serait bien mis sur les rangs… d’attente.

Ce qui se passait chez ses patrons ne le regardait pas. Tout à sa conduite, il bavarda un peu avec la nounou :


Demain soir, on n’aura pas ce trajet à faire. Ce sera la fête ! Les petits seront contents.

Vous les aimez, n’est-ce pas Jeremy ? Madame a prévu un beau repas, des attractions inédites... Ce ne sera pas triste. On va pouvoir… STOPPPPPPPPPPPPPPPPPP !

Freinant comme un malade, le sergent à la retraite appuya sur le frein tout en veillant à dévier l’obstacle sur la route.

C’est… c’était quoi ?

Une femme ! Une pauvre créature est sur la route. Jeremy, il faut…


Non ! Nos ordres sont stricts. On ne s’arrête sous aucun prétexte.


Jeremy… Elle a levé la main… elle demande de l’aide…

Paxton, butté, tenta de relancer le moteur calé :

On ne peut pas ! On ne doit pas ! Saloperie de machine !

Je vais aller voir.

Pendant que le sergent tournait vainement la clé Mrs Pimms Descendit du véhicule pour s’approcher de la forme avachie sur le bitume :

Puis-je… Puis-je vous aider ?

Un pétrificus totalus lui répondit.
Au même instant, un stupefix frappa Paxton.
Les gosses éveillés hurlaient. Tant pis ! Dans la foulée, Andreï endormit tout le monde.


On file !

Le portoloin prêt bleuit.
Mission accomplie !

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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyMar 31 Aoû - 18:53

Aimer… Mot doux, magique, tourné de mille façons depuis la nuit des temps. Conjugué à l’infini, modulé, transformé, que signifiait au juste ce mot ?
Dire je t’aime est si facile : on aime son chat, chien, copain, copine, le café du matin, l’air qu’on respire, etc.
Aimer est hautement plus compliqué.

Pour Justin Davenport il n’existait qu’une unique traduction à ce mot : tu es tout.

Si des gens balançaient ces lettres comme ils diraient bonjour, Davenport n’était pas de ceux-là.
Toujours, il avait voulu se montrer droit et juste. Nate lui correspondait à l’époque. Il aurait tenté de lui décrocher la lune si elle l’avait souhaité. Il n’avait pas soupçonné qu’elle puisse changer à ce point. Ou était-ce lui qui avait changé ? Qu’avait-il raté ? Fait ou pas fait ? Il ne savait pas.

Samantha était venue à lui alors qu’il se sentait dépouillé des fondements de son moi profond.
Dieu sait s’il avait lutté pour s’empêcher de dévier du droit chemin et de rendre à son couple la splendeur d’antan. Par quelle magie Sam s’était-elle incrustée en lui ? Il l’ignorait et, dans le fond, il s’en moquait tant qu’il la pensait heureuse même si loin de lui.
Mais voilà… Elle ne l’était pas. C’est vers lui qu’elle s’était tournée quand la coupe avait débordé avec son Andreï, lui qu’elle avait finalement choisi d’aimer.

Cela faisait des mois que Justin ne s’était levé si tôt, sans gueule de bois, en plus.
Une énergie du tonnerre l’habitait. Son premier geste, il ne l’effectua pas de gaité de cœur. Sous la douche, quasi rageur, il arracha l’anneau doré qui ornait son doigt depuis tant d’années. Il l’abandonna sans un regard dans une soucoupe de la salle de bains.
Après sa toilette, il fila en douce regarder dans la chambre voisine si sa visiteuse ne s’était pas évaporée.
Non ! Ouf ! Un courant d’amour déferla en lui quand il contempla le minois apaisé qui reposait sur l’oreiller. Sans bruit, il la laissa poursuivre son sommeil n’ayant qu’une préoccupation en tête :


*Qu’est-ce qui lui ferait plaisir ?*

Il pensa d’abord à son confort. Elle allait s’éveiller et ne rien trouver lui appartenant autour d’elle ? Ah, non, alors ! Un petit transplanage l’amena à l’hôtel où il régala la note après avoir empaqueté les bagages de la Miss. Le chat qui dormait sur le couvre-lit ne rouspéta pas d’être longuement caressé avant d’être placé dans sa cage portable.
Le petit déménagement effectué, Justin s’aida de magie pour tout ranger auprès de la belle endormie.

Tout joyeux d’avoir à s’occuper, Justin descendit dans le jardinet qui bordait la propriété. Il y laissa vagabonder Alonso et, des ciseaux en main, il confectionna un bouquet simple mais ravissant, cueillit plusieurs fruits puis rentra à la cuisine.
Oh, elle n’avait pas la taille requise, cette cuisine ! Pour un temps, ce serait suffisant.
Déjà les projets fourmillaient sous les cheveux blonds de Davenport alors qu’il expédiait le vase garni dans la chambre de Sam. Pelant les fruits, les mettant au frais, il gambergea :


*On construira… Pas trop grand ! Mais puisqu’il y aura au moins cinq enfants… Je me demande où nous établir ? Me fous de l’endroit du moment qu’elle est là. Elle choira et ce sera parfait. Viv et Flo seront contentes… Oh, zut ! Je n’ai pas été les embrasser… Mrs Pimms et Paxton doivent se demander quoi ! On ira tantôt ! *

Il bâtissait ainsi un avenir de rêve sachant très bien qu’il s’avançait beaucoup mais ne pouvait pas s’en empêcher.
Absorbé à confectionner un solide petit déjeuner, il en était à penser aux essences à planter dans le parc de leur future résidence quand il se sentit très agréablement entouré de bras chaleureux.


Bonjour !

Incroyablement heureux, Justin goûta cette étreinte en fermant les yeux. Lâchant ses ustensiles, il se retourna pour s’emparer des lèvres tendues vers lui. Quelle merveilleuse façon de commencer la journée !

Bien dormi, ma chérie ? Tu te sens bien ?

Mais l’effusion passée, Sam revenait à des considérations plus terre à terre :

C’est…terrible…mais j’ai une fringale atroce !

Tant mieux ! Ça prouve que tout va bien !

Il s’amusa de son air alléché devant ses préparatifs et de la façon gourmande dont elle chipa une tranche de bacon frit :

Je t’aime…mais en ce moment je ne peux que penser…à ça…Miam ! J’adore les pancakes ! Et ce bacon est…sublime. Oh ! De la salade de fruits…

Cueillis derrière la maison, juste pour vous, ma chère.

Quoi ? Tu les as cueillis là dehors ?...Je devrai aller voir ça…Et ces petits pains !!!...Pardonne moi…je meurs de faim…Ce petiot va me faire ressembler à une vache…

A la plus adorable des vachettes, alors ! Je me verrais bien en fermier, du coup !

Comme c’était agréable de la voir rire et dévorer avec entrain. Le chat fit une apparition. Où diable cette boule de poil avait-elle été voler ce poisson ?

Faut l’excuser, ses vieilles habitudes ressortent parfois…après tout, le pauvre courait les poubelles quand je l’ai trouvé…là bas…

Ce là-bas évoquait inévitablement un passé récent et… douloureux. Justin respecta le silence installé sans néanmoins pouvoir éviter à ses tripes de se nouer. Désormais, tout ce qui atteignait Sam l’atteignait aussi.

Ça…passera.

Je t’y aiderai, souffla-t-il.

Doigts enlacés tendrement, Sam changea de sujet en vantant les lieux qu’elle trouvait adorables. Elle avoua aussi par quel biais elle avait déniché sa retraite :

J ’ai enfin réussi à soutirer l’information à ton copain…un irréductible, celui là…tu en as de la chance d’avoir un ami pareil !

Entre nous, il me le doit bien mais je ne ferai jamais les comptes. C’est à la vie à la mort avec Michael.

Vive et gaie, Sam était un régal pour les yeux. Justin n’en revenait pas encore de sa chance. Elle dévorait son petit déjeuner avec un engouement assez incroyable tout en babillant, joyeuse :

J’ai vu tes filles…Tout va bien, aux Bermudes…mais Michael m’a avertie sur une surveillance serrée, il n’a rien dit en particulier mais…je suis presque sûre que…Andrei ne doit pas être bien loin…Je le connais, Justin…il voudra te blesser avec ce que tu aimes par-dessus tout : tes enfants. Ça ne m’étonnerait pas du tout si…Nate joue les complices…


Le sang de Justin ne fit qu’un tour :

Qu’ils essayent seulement de les toucher… Mais ils sont en sécurité.

Le bonheur a son prix, mon amour…et celui du nôtre sera haut…très haut, je le pressens. Andrei n’est pas un ennemi commode…il est roué, mauvais…rancunier comme pas deux…Il n’hésitera pas à sortir le grand jeu pour nous pourrir la vie…

Je n’en doute pas un instant. Il a déjà commencé… et a fait chou blanc. *Et ne se doute pas à quel point je peux être tordu, au besoin !*

Mais oublions ça pour le moment…on aura tout le temps pour s’en occuper…Ces œufs brouillés sont délicieux…

Adorable Sam ! Justin craignit un moment que ce trop plein de gâteries ne chavire à nouveau son estomac délicat mais il tenait bon, pourquoi se priver alors ?
Lorsqu’elle fut enfin rassasiée, elle s’enquit des projets immédiats. Va pour une balade !
Les gens du cru l’avaient connu solitaire. Aucune honte n’habitait Justin de s’afficher ouvertement avec la belle Américaine aux cheveux d’or.

Enlacés, ils sillonnèrent doucement les rues du village, saluant l’un ou l’autre au hasard de leur promenade.


Cet après-midi, si tu es en forme, on poussera une pointe dans la forêt. J’y suis souvent allé… méditer. Il y a un coin fabuleux, je sais que tu aimeras.

C’était cela la magie entre eux. Il n’avait pas à fournir beaucoup d’efforts pour savoir à coup sûr ce qui plairait à Sam ou pas.

Ils marchèrent lentement sur les plages de sable fin. Peu de discours, à quoi bon ? Détailler ici ou là le vol d’un oiseau, la nacre d’un coquillage, la tenir contre lui… Oui, le bonheur existait.

Ils déjeunèrent assez frugalement de poisson et fruits frais. Une sieste s’imposait.
Sans préavis, depuis un endroit désert, Justin entraîna sa compagne dans un transplanage en douceur.
L’écrin de verdure qui les reçut s’animait d’une haute chute d’eau tombant dans un lac naturel. Une version miniature du Paradis…

Personne ne peut venir ici sans être sorcier, c’est clos de tous les côtés.

L’émotion lui nouait la gorge quand il l’embrassa. Si belle, si désirable, si…

Le fruit défendu fut consommé avec ardeur, sans aucun remord. Se réveiller en Adam, serrant une Eve rayonnante dans ses bras, laissa un sentiment de plénitude totale au cœur de Davenport.
Ils batifolèrent longuement dans le lac glacé, avec pour seul souci de rire l’un et l’autre, l’un par l’autre.
Revenant sur la rive en se tenant la main, ils ne s’attendaient pas à la surprise qui les accueillit.
La vue de la forme argentée alarma aussitôt Justin.


C’est le couguar de Michael ! expliqua-il à Sam en accélérant l’allure.

A peine un pied posé au sec, le félin s’avança à son tour délivrer son message. Davenport sentit l’angoisse lui vriller les tripes en apprenant que Michael les attendait chez eux. Ce n’était sûrement pas pour leur souhaiter une bonne année ! Inutile de faire un dessin à Sam ; ils rhabillèrent au quart de tour et transplanèrent direct à la villa.
Fébrile, Justin se précipita au salon où son pote était sagement assis. D’abord, l’air souffreteux de Michael frappa Justin, moins cependant que la nouvelle qu’il reçut mieux qu’un uppercut à l’estomac :


ILS ONT FAIT QUOI ?

Sourd aux appels au calme de son ami, Davenport avait l’impression qu’il allait exploser. Comme un dément, il gueula :

TU AVAIS DIT QUE C’ÉTAIT IMPOSSIBLE ! LA SURVEILLANCE N’AVAIT PAS DE FAILLES ! TU…

Il fallut la main fraîche de Samantha sur son bras pour l’empêcher de défoncer le portrait de De Brent.

… Je… Je m’excuse Michael, mais c’est un coup tellement… tellement…

Vil, bas, ignoble, il en perdait son vocabulaire et ses bonnes manières. Sam proposa de s’asseoir. Elle fila en cuisine préparer du café tandis que Justin allait au bar. Ses mains tremblaient au point qu’il versa une bonne part d’alcool à côté :

Raconte-moi tout ! Je suis prêt à entendre.

Cela s’était passé l’avant-veille au soir. Paxton et Miss Pimms s’étaient fait agresser non loin de la villa Davenport. Un coup d’éclair.

Et tu me préviens seulement maintenant ? Bon Dieu Michael à quoi pensais-tu ? Ah… Tu sais où ils sont ! *Au moins ça !* Ils t’ont contacté ?... Pas encore… Ouais… M’étonne pas. On sait ce qu’ils veulent.

Un peu plus tranquille, Justin admira Sam et la justesse du raisonnement qu’elle tint lorsqu’elle leur servit le café.

Oui… Je suis conscient que les gosses ne risquent rien. Nate est peut-être une mère dénaturée mais elle ne leur fera aucun mal. Je n’en dirais pas autant d’Andreï… Elle ne le laissera pas faire ? … j’avoue que j’en sais rien, Michael.

Il n’allait quand même pas avouer à quel point il s’était trompé sur Miss Sommerby ! Tout ce qu’elle désirait était sans doute de récupérer ses gosses en sachant parfaitement que lui, il souffrirait le martyre de ne plus pouvoir les approcher avant longtemps :

La garce ! Elle s’en fout des petits ! Elle l’a tant prouvé !

N’avait-elle pas abandonné sa marmaille en toute joie de cœur afin d’aller se débaucher en Thaïlande ? Une chose était sûre, si Justin avait conservé une once d’amitié pour elle, Nate venait de l’effacer pour de bon.

Ils veulent la guerre ? Ils l’auront !

Dans une atmosphère plus détendue, le trio commença à échafauder une stratégie. Les atouts de Davenport étaient des plus solides, ses contacts très fiables dans les deux mondes. Michael aussi tenait à faire pencher dans la balance toutes ses connaissances influentes. Sam assura que son père y mettrait également son grain de sel.
La soirée s’était doucement avancée. Ce ne fut seulement qu’alors que Justin remarqua vraiment l’état de fatigue de son copain. Faire quelques pas en tête-à-tête dans le jardin devenait nécessaire. Pendant que Sam s’activait aux fourneaux, Justin prit Michael par le bras en sirotant l’apéro :

Je voudrais encore m’excuser de m’être emporté contre toi, mais tu comprends, ces gosses… oui, je sais, s’il s’agissait des tiens, tu aurais gueulé aussi. Mais, dis donc, mon vieux… est-ce que tout va bien ? T’as pas l’air particulièrement en forme... QUOI ? T’as failli y passer ? Pourquoi tu ne m’as rien dit ?

Une histoire rocambolesque s’énonça d’un ton mi-figue mi-raisin. A l’en croire Michael se portait mieux qu’il n’en avait l’air. Il n’avait pas voulu en rajouter aux soucis de son ami, d’ailleurs Alix avait pris les choses en main.

*Elle a oublié de te donner une paire de trucs... Un miroir entre autre…*

Avec les moyens du bord, Sam leur avait mitonné un délicieux repas que, malgré sa saveur, personne ne goûta à sa juste valeur. On trinqua à la « bonne » année… Le cœur n’y était pas.
Plus tard, après des accolades au funeste messager, Justin et Sam montèrent à l’étage.
Pourquoi utiliser deux chambres et donner plus de travail à Carmen ? Sa compagne n’était pas dupe de ses états d’âme, sa douceur et sa tendresse l’apaisèrent un peu :


Que deviendrais-je sans toi, Sam ? Non… arrête de soupirer. Je sais que tu penses être en partie responsable de ce qui m’arrive mais tu te trompes. On ne l’a pas cherché… Tu ne m’as quand même pas violé ce soir-là ! Qu’Andreï soit fou, de rage ou d’amour, est son problème. Je ne savais pas mon ex aussi dingue, par contre… ça n’a pas d’importance, plus aucune espèce d’importance, à présent, mon amour. Je te jure qu’ils ne s’en sortiront pas indemnes… Comment je me sens ? Euh… Un taureau lâché dans l’arène ? Un mec renversé par un bulldozer ? Un chien perdu ? Un tigre affamé ?

Les comparaisons contradictoires ne manquaient pas. Justin caressa l’épaule satinée de son aimée :

Je me sens surtout très amoureux de vous, petite sorcière !

Un sourire, un câlin.

Demain, Michael va rameuter les troupes, tu peux en être sûre. Le terrain est déjà préparé, nous n’avons pas encore eu l’occasion de beaucoup en parler ( il rit pour ne pas pleurer) j’ai eu des choses plus agréables à penser. D’ici un jour où deux… ah oui… les congés, j’oubliais… Ben disons que d’ici une semaine nous rentrons en Angleterre avec une défense en béton.

Il la berça tendrement au creux de ses bras jusqu’à ce qu’elle s’endorme, confiante. Alors là, il soupira et pleura.
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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptySam 4 Sep - 22:06

Vrai bonheur? Non. Jamais de la vie. Passion assouvie, oui. C’était juste à cela que se remettait son affaire avec Andrei. Il ne l’aimait pas, ni le ferait jamais d’ailleurs. Sa blonde épouse s’était chargée de briser en miettes ce cœur déjà fragile. Nate le connaissait trop comme pour s’y méprendre. Le désir de vengeance animait Andrei mais ce n’était pas seulement cela…il était encore et le serait toujours fou perdu d’amour pour la femme qui l’avait abandonné…pour fuir vers Justin.

Justin ! Celui là était une autre paire de manches. Mr. Perfection devenu homme du commun…délinquant traqué, mari adultère, briseur de couples, voleur d’enfants…Enfin, la liste s’allongeait au fur et à mesure qu’elle y pensait…même en sachant que deux ou trois fautes lui seraient plus facilement imputables, à elle…Après tout, c’était ainsi même si c’était déplaisant d’y songer !

Perdue dans ses pensées, elle tendit sa carte de crédit, une Platine, à la vendeuse. La suite la prit de court. Mitigée, la jeune femme tournait le rectangle plastique entre ses doigts.

Excusez moi, Madame...mais cette carte est bloquée. En avez-vous une autre ?

En avoir ? Une collection ! Mais dorées, exclusives, platines ou tout ce qu’on voudra, toutes les belles cartes de Mrs. Davenport eurent droit au même traitement : blocage absolu.

Elle tremblait encore de rage en arrivant à la jolie villa qu’Andrei avait louée.


Je..je ne peux pas y croire ! Imagine toi que…toutes mes cartes de crédit ont été bloquées…TOUTES !!!

Et voilà qu’Andrei s’écroulait de rire comme si elle avait raconté la meilleure blague de l’an.

Je ne pense pas qu’il y ait de quoi rigoler !, assura t’elle, morose.

C’est de bonne guerre ! Pas de panique. J’ai plus de liquide qu’il ne nous en faut ! J’ai fait pareil pour Sam et Justin depuis un certain temps ! J’avais donc prévu un coup similaire… de Michael sûrement. Pose tes paquets et assieds-toi, je ne suis pas resté inactif… J’ai fait du café et le ménage est correct.

Nate ne out que soupirer et lâcher se paquets, le peu qu’elle avait réussi à sauver de la débâcle, avant de prendre place dans le divan, laissant qu’Andrei joue les parfaites ménagères et lui serve un bon café.

Et de quoi il s’en mêle, Michael !?

Question stupide et déplacée. Comme si elle ne le savait pas. On touchait à De Brent, Davenport sautait. On touchait à Davenport et De Brent n’hésitait pas et il fallait convenir que Michael n’était pas du tout un individu agréable à traiter !

Je sais où ils sont.

Ah bon ?, dit Nate, jouant les indifférentes, et c’est où, au juste ?

Au Venezuela ! Madame a essayé sa carte de banque pour y louer une voiture.

Elle est idiote ou quoi ? Ou sorcière pour des prunes, ta femme…qui pense à louer une voiture en pouvant transplaner !?

*Une mauvaise sorcière…une qui est malade…une qui ne sait pas où elle va…ou une qui…Elle est enceinte !!! Bon sang, elle attend un bébé…pas de Justin en tout cas…*

Cette révélation la tint occupée un instant, le temps qu’Andrei délivre le reste de l’information .

Elle est cuite. Un espion est sur sa piste, j’aurai des nouvelles dans la journée, je pense. Mais… ce n’est pas tout… Ce soir, si tout va bien, nous rentrerons en Angleterre et nous ne serons pas seuls ! J’ai fait ce que j’ai pu pour égayer ton réveillon de Noël… celui de l’an sera plus réussi, j’espère.

Maintenant, il avait toute son attention.

De quoi parles tu ?..Qu’est ce que tu mijotes là ? Dis moi, Andrei...je t’en prie…

Je te le dirai… peut-être… Si tu es très gentille avec moi !

Nate n’avait aucun problème pour « être gentille » avec lui. Il savait bien la rendre folle de plaisir et elle ne manquait pas d’idées, non plus. Ce fut en toute joie de cœur qu’elle entreprit de le convaincre de livrer ses secrets.

Hey ! À ce rythme je serai sur les rotules. Or, ma tigresse, nous devons être en forme ce soir.

Elle sourit, maligne en posant sa joue sur son torse, écoutant son cœur battre à mille.

Prends ton temps...mais je veux tout savoir !

Mais ce n’était pas pour sitôt. Il se laissa divaguer en caresses et coups de langue audacieux qui furent à point de lui faire perdre, encore une fois, la tête. Il était unique pour la faire vibrer de la sorte…affolant jusqu’au dernier pore de sa peau.

Parle…à la fin !
,implora t’elle.

Il rit et après un dernier baiser consentit à dire :

Ce soir, nous allons gâcher la nuit de certains. J’ai du Polynectar prêt à être utilisé.

La mention du Polynectar ne la réjouit pas du tout. Il le devina, expliquant aussi très vite que les désagréables effets ne seraient pas longs à disparaître. Elle devrait se faire passer pour une vieille femme mourante ou presque…

Tu...penses pouvoir les avoir…tous ?...Les filles et les jumeaux ?

Andrei secoua la tête, avec un certain dépit.

Je ne sais pas. Autant que l’on pourra. Je voudrais te les rendre tous les quatre, j’ignore si c’est faisable. Ne t’inquiète pas, ma douce, J’ai pris sur moi de donner de la compagnie à Keala et Briman. Je t…

Nate contint presque la respiration en attendant la suite..il avait failli dire « je t’aime » elle en était presque sûre…mais Andrei retint à temps ses paroles…jamais, il ne ferait pareil aveu…Sa haine pour Sam se décupla !

Faisant semblant de ne rien avoir entendu, elle sourit, enjôleuse, en l’embrassant sur le bout des lèvres.

Ce sera parfait…je suis prête pour n’importe quoi…raconte moi en détail en quoi consiste ton plan.

Il le fit, sans trop se faire prier, le coquin. Un plan d’une simplicité merveilleuse. Il avait cerné tout de suite la routine des De Brent. A croire qu’ils se sentaient parfaitement sûr pour ne jamais varier d’un poil leurs mouvements.

Bizarre quand même…ça ne ressemble pas à un mangemort, ce plan.

Elle ne saurait que beaucoup plus tard combien juste avait été cette assertion.

Et tout se déroula comme prévu. Chrono 21:00 le tout avait débuté. À
21:03 tout était fini.
Cinq minutes plus tard, ils étaient tous au cottage. Dehors, il neigeait doucement. Les Bermudes n’étaient qu’un souvenir…et…ils avaient quatre enfants sur les bras.


Nate serra les jumeaux contre son cœur, en déposant un baiser sur ces têtes, l’une blonde , l’autre rousse. Ils avaient grandi. Ils étaient si mignons…ses enfants…

Andrei semblait assez pris de court avec Viviane et Flore, endormies, dans se bras. Nate sourit…elle ne l’avait jamais imaginé avec un enfant dans les bras…

Merci…Merci de me les avoir rendus !

Keala accourut prompte, suivie d’un Briman on ne peut plus diligent, qui en un clin d’œil se chargea de préparer les chambres pour ses petits maîtres. L’elfe ne faisait pas un secret de son allégeance absolue envers Nate. Si elle était heureuse, il l’était aussi. Si avoir de retour ses enfants la comblait, alors il ferait en sorte pour que tout se déroule à la perfection. ..Mais elfe domestique ou pas, Briman n’était pas bête…tout lui résultait trop simple…ce qui ne pouvait que signifier que…difficultés en vue ! Prévoyant comme il était, l’elfe, qui détestait Justin, s’appliqua à renforcer les mesures de sécurité qui entouraient la demeure.

Nate rayonnait. La veille du jour de l’an et elle venait de remporter une énorme victoire sur son mari…enfin, si on pouvait encore le nommer ainsi. Elle ‘avait privé de son bien le plus précieux : ses enfants. Après avoir déposé un baiser sur le front des chers endormis, sans avoir éprouvé le moindre besoin de les réveiller, elle finit de les border et ordonnant à Briman d ne pas les quitter des yeux, était descendue rejoindre Andrei au séjour.

En passant face à un miroir, elle sourit…les affreux effets du Polynectar avaient disparu, elle avait recouvré son joli minois et ses belles formes étaient toutes à leur place. Le feu ronflait gaîment dans l’âtre et Andrei sirotait déjà un Pur Feu en toute joie de cœur.

Ils dorment tous, comme des anges ! Je ne saurai jamais assez te remercier pour cela !

Allant vers lui, elle lui jeta les bras autour du cou et attirant son visage vers le sien, l’embrassa de façon assez véhémente comme pour laisser claires son intention de continuer à le remercier. Il ne fut pas dupe et suivit gaîment le courant du moment. Ce qui les unissait n’était certes pas de l’amour mais on ne pourrait jamais se plaindre de manque de fougue.

Ce qui restait de cette courte nuit se passa à prouver combien partagée était cette folle passion…Ils étaient à point de s’endormir lorsque les pleurs d’un bébé rompirent abruptement la magie parfaite du moment.

C’est Philip !, assura Nate.

Andrei devait se demander comment elle le savait mais il y a des choses évidentes pour une mère.

Je reviens tout de suite !

Enfilant son peignoir, elle fila vers la nursery, toute proche . Dans son berceau, Philip s’époumonait à qui mieux mieux, ce qui bien entendu ne manqua pas de réveiller Anthony qui ne pensa pas deux fois pour rallier la cause de son rouquin de frangin.

Calmez vous, mes anges…Maman est là !

Ce ne fut que pire. Au bout d’un instant, ça hurlait à faire peur. Cela ne tarda pas plus de trois minutes avant que Viviane et Flore ne se pointent, cheveux ébouriffés, yeux chargés de sommeil.

Maman !?!?...Qu’est ce que tu fais là !?

Impossible de tendre les bras vers sa fille aînée, elle portait les jumeaux qui braillaient à plein poumon.

Ma chérie…nous sommes à la maison…Là, tout doux, mes chéris…tout doux..

Bercer, parler, donner des explications…cela s’annonçait ardu. Philip trouva que c’était une bonne idée de hurler un peu plus, si possible. L’idée, bien entendu, enchanta son jumeau…

C’est pas chez nous !,assurara Flore d’une voix aiguë où se frayaient passage les larmes, c’est pas chez nous…il fait froid ici…JE VEUX ONCLE MICHAEL !!!!

Juste ce qui manquait. Viviane faisait des efforts pour garder le calme mais cela ne dura pas longtemps. Sa bouche tremblota et les premières larmes ne tardèrent rien à couler.

Ou…où est Papa ?...Je veux Papa !!!

Mais, ma puce...je suis la…

JE VEUX PAPA !!!

Et ça, à chœur, le tout rythmé par les hurlements des deux petits…Débâcle totale ! Tant et si bien qu’Andrei, pensant qu’on égorgeait sa maîtresse, ne trouva rien de mieux qu’à faire une apparition remarquable, en nouant sa robe de chambre.

Viviane et Flore lui jetèrent un regard outragé avant de se mettre à hurler de concert avec leurs petits frères. Leur cri de guerre était : PAPA !!!

Alertés par la pagaille régnante, Keala et Briman ne furent pas longs à arriver sur les lieux du désastre. Nate, affolée essayait de calmer les plus petits. Andrei, pétrifié, se laissait fulminer des regards ulcérés des deux demoiselles Davenport qui, du haut de leurs tendres âges, semblaient avoir compris quel rôle innommable il jouait là.

Jamais Nate ne s’était sentie si misérable de sa vie. Ses quatre enfants ne pouvaient exprimer plus clairement leur mécontentement de la voir auprès d’eux. Ils ne voulaient que leur père ou leur mal fichu oncle à la noix….

Mais...je suis votre mère !

Viviane, sa chérie…sa préférée, son aînée, renifla de plus belle mais dit d’une voix assurée.

Tu es partie…tu nous a laissés..Papa, lui, il nous aime...et puis…c’est qui…LUI ?

Et cela avec son index, tremblant de colère, pointé sur Andrei qui n’en revenait pas d’être si ouvertement mis en évidence par une mijaurée de six ans.

Ma chérie…calme toi…Je peux tout t’expliquer…Bon Dieu, arrête de crier, Philip...Chut…tout doux...Anthony…là…là...

Keala en avait les larmes aux yeux, face à cette scène, elle jeta discrètement un sortilège apaisant sur les deux fillettes et les entraîna vers leur chambre. Que la mère exemplaire se débrouille avec les deux petits…après tout, c’étaient ses enfants…à elle de voir !

Philip était un irréductible…et hurlait comme tel. Anthony, lui, gigotait de plus belle, lui tirait des cheveux..et hurlait, très à ton avec son frangin adoré.

Aide moi, au moins !, implora Nate en fourrant le blondinet Anthony dans les bras d’Andrei, berce le…raconte lui n’importe quoi…

Philip sembla se calmer un peu mais ce n’était pas gagné…d’une voix douce, pleine d’amour, Nate commença à chantonner, en berçant le petit rouquin.

Anthony n’agréa pas de sitôt être catapulté dans le bras d’un illustre inconnu. Il pleurnicha encore un peu puis s’intéressa de plus près au bonhomme qui le tenait, si solidement dans ses bras…Il renifla, en fronçant son bout de nez, puis, sans se gêner, se mit à le humer…Il sentait bon. C’est vrai qu’il ne souriait pas mais Anthony sembla trouver plaisant l’éclat de ses yeux gris. Ça faisait quelque temps que le cher gosse s’essayait dans les arcanes du langage…à part quelque borborygmes assez imprécis il n’y avait qu’un mot qu’il réussissait assez bien…foi de môme, fallait essayer…

Avec une moue indécise, mi sourire mi sanglot assuré, il leva sa menotte et toucha le visage de l’inconnu. Ça faisait papa, le soir. Râpeux…Rassurant.

Papa !

Ravi de sa prouesse, Anthony sembla du coup en avoir assez de la soirée. Il répéta son premier mot puis, confiant, comme le doux innocent qu’il était, nicha sa tête blonde au creux de ce cou masculin, qui lui semblait assez paternel, se ficha le pouce dans la bouche…et s’endormit, placide et heureux.
Philip s’était endormi, lui aussi. Nate ne pouvait pas quitter les yeux d’Andrei avec le petit endormi dans se bras…Il aurait fait un père merveilleux…

Rêver !...Oui, juste un instant…Il y a des impossibles qui n’ont pas de nom…Rêver…Oui, juste un peu…
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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyDim 5 Sep - 13:25

Pouvait on rêver en étant toute éveillée ? La réponse était oui…auprès de Justin tout était possible. Même une simple balade à la plage avec lui, revêtait des allures de fête…Des trucs simples, comme s’émerveiller de la couleur du ciel, sur le vol d’une aigrette, sur les coquillages qui sillonnaient le sable, petit joyaux parfaits, que Sam ramassait avec joie enfantine pour revenir se lover dans les bras de Justin et lui montrer ses trouvailles.

J’ai toujours adoré ça…écoute…tu entends la mer, là !

Et de lui coller le coquillage à l’oreille. Elle aimait l’expression sérieuse qu’il prenait alors pour après sourire, ravi, comme un gosse trop vite grandi, découvrant les petits plaisirs gratuits de la vie.
Elle devenait sotte, enfantine, délurée ou un peu folle avec lui. Il la faisait rire et elle s’y prenait pas mal pour le faire s’esclaffer, aussi.

Cet après-midi, si tu es en forme, on poussera une pointe dans la forêt. J’y suis souvent allé… méditer. Il y a un coin fabuleux, je sais que tu aimeras.

J’en suis sûre…Tu sais, Justin…avec toi…tout est facile…Je me sens…libre ! Vivante…Heureuse…

Elle l’était. À la fois simple et grandiose, ce bonheur l’emplissait toute entière Adieu, les erreurs commises…Justin était sa vérité, son chemin…sa joie de vivre. Son amour. À quoi bon les regrets pour ce hier dépareillé qui lui avait faut découvrir des facettes de la vie dont elle se serait volontiers passée. Andrei. L’aimer ? Oui. Elle l’avait aimé, éperdument. Pour lui, avec lui, elle avait découvert le côté sombre, celui secret, des intrigues et de la peur, celui où la vie et la mort n’étaient que monnaie de change. Celui où le danger et le plaisir se côtoyaient, intimes.

Justin était la lumière, la paix…la douceur de vivre, sans crainte. Tout devenait merveilleusement facile à ses côtés…comme écouter la mer dans un coquillage ! Simplement magique.

Leur déjeuner fut délicieusement frugal. Impossible autrement avec Justin aux fourneaux. Un simple petit poisson devenait mets exquis, une pomme de terre prenait de allures de fête et une salade de fruits tournait en poème.


Qu’il l’emporte, sans préavis dans un transplanage d’escorte ne surprit pas Sam. Il avait sa façon à lui de lui livrer son monde. L’endroit où ils se matérialisèrent tenait su paradis. Un paradis très exotique, tout couleur et contraste. Embaumé, comme seules peuvent être ces forêts tropicales. Senteurs de cacao, vanille et papaye…

C’est merveilleux !

Personne ne peut venir ici sans être sorcier, c’est clos de tous les côtés.

Comme quoi, Monsieur…on a des privilèges enviables !...Je t’aime…

Oh oui ! Elle l’aimait. De ce genre d’amour qu’on n’éprouve qu’une fois dans la vie. Il y aurait des jours d’orage, sombres, sans doute. C’est comme ça. La vie !

Lui appartenir de nouveau. Depuis cette nuit de tempête au Cap, de leur première fois, il était resté, indélébile, gravé dans son âme…dans sa peau…après lui, tout essai serait vain. Il n’y avait que lui qui comptait. Le seul. L’unique. À la vie, à la mort !

L’eau était délicieusement froide. Fraîcheur venue des montagnes. Merveilleusement douce… et puis sur le rivage l’apparition inattendue qui mit fin au doux délire.

C’est le couguar de Michael !

Cela ne pouvait signifier rien de bon. Ça, Sam le pressentait. L’ami de Justin n’aurait pas envoyé son Patronus juste pour leur souhaiter une bonne année. Elle ne se trompa pas. Michael les attendait à la villa.

Ils y furent en un clin d’œil. Michael, encore pâle et pas trop en forme, les attendait assis à l’ombre douce du séjour. En les voyant, il se leva, l’air grave.

Je suis désolé, Justin…je ne suis pas porteur de bonnes nouvelles. Ils ont enlevé les enfants, avant-hier, au soir.

Concis, précis, sans fioritures. Sam ne put qu’admirer sa maîtrise de soi. Justin, lui, perdit la sienne.

ILS ONT FAIT QUOI ?

Michael leva la main pour calmer son élan mais Mr. Davenport était hors de lui.

Calme toi, mon vieux. La seule personne qui peut avoir fait ça est ton ex femme, mais sans doute elle a eu de l’aide. Excuse moi Sam, mais ton mari y a trempé la main, je donne la mienne à couper.

Comme si elle ne s’en serait pas doutée.

TU AVAIS DIT QUE C’ÉTAIT IMPOSSIBLE ! LA SURVEILLANCE N’AVAIT PAS DE FAILLES ! TU…

De peu et il fonçait sur son ami de toute la vie. Sam le prit par le bras, le retenant.

Calme toi, mon chéri…Michael a fait tout ce qui était possible pour éviter ceci, ce n‘est pas sa faute si Andrei est si misérable comme pour utiliser tes enfants dans cette histoire tordue.

Cela sembla apaiser ses envies e meurtre même si, malgré son triste aspect, Michael ne se serait sûrement pas laissé faire comme si rien.

… Je… Je m’excuse Michael, mais c’est un coup tellement… tellement…

La liste de comment on pouvait qualifier cet acte serait certes longue mais on n’avait pas du temps à perdre en paroles vaines.

Je vais préparer du café. Vous, deux, parlez…je ne tarde pas !

Dès la cuisine, elle ne perdit pas miette de l’entretien.

Raconte-moi tout ! Je suis prêt à entendre.

Michael déballa sa version de l’histoire, sans ornements inutiles. Cela avait été une action éclair. Ça portait la signature d’Andrei. La rouquine n’était pas capable d’entreprendre une chose pareille sans aide.

Et tu me préviens seulement maintenant ? Bon Dieu Michael à quoi pensais-tu ? Ah… Tu sais où ils sont ! Ils t’ont contacté ?... Pas encore… Ouais… M’étonne pas. On sait ce qu’ils veulent.

Sam revenait avec le café, elle servit tranquillement puis s’assit à côté de Justin.

Je suis certainement la cause de tout ceci mais pense être aussi de grande aide. Je connais Andrei mieux que vous deux. Il est mauvais et tordu, mais il ne fera jamais du mal aux enfants. En plus, comme je soupçonnais Nate a eu sa part à faire…

Pauvre Justin, il en perdait la tête. Adorant ses enfants comme il le faisait, celui là était un coup plus que bas.

Oui… Je suis conscient que les gosses ne risquent rien. Nate est peut-être une mère dénaturée mais elle ne leur fera aucun mal. Je n’en dirais pas autant d’Andreï…

Sam aurait voulu pouvoir lui jurer que tout irait bien, mais Andrei pouvait être affreusement mauvais parfois. Il haïssait Justin…mais de là à …

Michael secoua la tête, mitigé.

Ta femme ne le laissera pas faire. Je sais qu’elle n’est pas la meilleure des mères mais de là à leur faire du mal…

Ce sont ses enfants, bon Dieu…

La garce ! Elle s’en fout des petits ! Elle l’a tant prouvé !

Abattu. Défait. Il se manquait de peu pour qu’il pleure. Mais il tint bon. Sam serra très fort sa main.

Elle se sentait si coupable.

De Brent, lui, ne perdait pas son calme. Il avait l’air un peu plus en forme que la dernière fois. Son aspect ne disait rien qui vaille mais Sam le soupçonna de cacher plus d’un secret, le peu qu’elle savait de lui la poussait à y penser. Il suffit d’ailleurs d’un regard et un sourire en coin pendant que Justin gambergeait, éperdu.

Ils veulent la guerre ? Ils l’auront !

Personne ne s’en doutait !

Andrei va se servir de tous ses contacts, pas qu’il tienne à rester avec les enfants…Il ne veut que te faire du mal, Justin. Il a tout essayé, par les moyens les plus détournés. Il est l’artifice indéniable de toute cette misère. Il a tout manigancé, chaque détail a été soigné. Il n’a rien laissé au hasard…enfin, presque rien. Il compte maintenant avec une complice…Mais nous, on n’est pas de paumés…On peut contrer son action. Je…j’ai des contacts qui pourraient aider. Gerry aussi…mais je ne sais pas dans quel était d’esprit il se trouve en ce moment…après tout, il est marié avec la princesse…ça corse les choses ! Je suis de l’idée de le laisser jouir des bontés de la paternité…quelques jours avec quatre enfants ne seront pas de toute gaîté pour lui…Ça le fera penser.

Elle ne voulut plus parler de l’influence que pourrait avoir Nate en tout cela. Ce serait décisif. Pas la peine d’ajouter plus d’huile au eu. Elle préféra aller s’occuper du dîner et laisser les deux ami en tête à tête. Andrei avait sans doute sa rousse complice mais eux…ils étaient le team parfait ! Elle pressentait une parfaite entente avec Michael…l’homme à facettes. Elle le savait capable de plus d’un tour inespéré…et Justin confiait aussi aveuglement en lui, comme Michael en son copain-complice-frère !
Elle prit son temps pour leur concocter le dîner parfait même en sachant que personne n’y prendrait plaisir mais faire la cuisine avait toujours été le dérivatif parfait pour oublier les misères de la vie.

Le repas se passa calmement. Tous firent semblant se sentir à l’aise en ne l’étant pas. Après les derniers vœux de « bonne année », Michael assura qu’il devait rentrer…son Alix se faisait un sang d’encre et il était, pas besoin de le dire, un peu fatigué. Il broya son ami en une accolade qui voulait tout dire puis se tourna vers Sam, pour lui flatter doucement la joue.

Rends le malheureux...et je réclame ta peau !

Elle sourit, radieuse et s’approcha pour l’embrasser sur la joue, le temps de dire.

Pas de souci…j’y suis…j’y reste !

Tout allait bien…tout irait bien !

Michael parti, Sam entreprit de faire un peu d’ordre. Justin y aida à la perfection et en un rien de temps tout était impeccable. Au moment de monter à l’étage, le choix des chambres ne posa pas de problème. De commun accord, complices parfaits, ils se dirigèrent vers celle du maître de céans. C’était celle qu’elle comptait partager pour le restant de sa vie !

Que deviendrais-je sans toi, Sam ?

Énorme soupir. Elle le regarda avec une petite moue triste.

Tu n’aurais que la moitié des problèmes…sans moi…Si je n’étais pas ici…Andrei ne se serait jamais pris à tes enfants…

Sa réponse fut merveilleusement rassurante.

Non… arrête de soupirer. Je sais que tu penses être en partie responsable de ce qui m’arrive mais tu te trompes. On ne l’a pas cherché…

Elle baissa le nez et soupira de nouveau. Le souvenir de cette nuit, au Cap revenait clair…Il avait voulu s’y résister, elle l’avait entraîné…

Tu ne m’as quand même pas violé ce soir-là ! Qu’Andreï soit fou, de rage ou d’amour, est son problème. Je ne savais pas mon ex aussi dingue, par contre… ça n’a pas d’importance, plus aucune espèce d’importance, à présent, mon amour. Je te jure qu’ils ne s’en sortiront pas indemnes…

Ils ne le feraient pas. Indemnes ? Jamais…ils étaient déjà blessés à mort. Le mal était fait depuis longtemps.

Mon chéri…mon Justin...mais toi ? Comment te sens tu ?

Elle essaya de sourire en caressant doucement sa joue. Sa réponse la bouleversa.

Comment je me sens ? Euh… Un taureau lâché dans l’arène ? Un mec renversé par un bulldozer ? Un chien perdu ? Un tigre affamé ? Je me sens surtout très amoureux de vous, petite sorcière !

Il l’aimait, aucun doute sur cela mais souffrait comme un damné. Ses baisers avaient un goût d’amertume, de désespoir.

Je t’aime, Justin…


Cela semblait suffire pour rendre l’éclat à son regard.

Demain, Michael va rameuter les troupes, tu peux en être sûre. Le terrain est déjà préparé, nous n’avons pas encore eu l’occasion de beaucoup en parler, j’ai eu des choses plus agréables à penser.

Doux chéri. Si plein de tact. Si prévenant.

D’ici un jour où deux… ah oui… les congés, j’oubliais… Ben disons que d’ici une semaine nous rentrons en Angleterre avec une défense en béton.

Il l’aurait, sa défense en béton. Elle ferait son meilleur effort Michael le sien. Justin était quitte pour s’en tirer comme un prince. On ne lambinerait pas à la tâche.

S’endormir dans ses bras. Que pouvait elle souhaiter de plus ?

Ce fut un soupir étouffé, teinté de sanglot qui l’éveilla. Justin souffrait, tout discret et merveilleux qu’il pouvait être. Savoir ses enfants loin de lui torturait son âme…

Sans rien dire, Sam se contenta de caresser doucement la tête réclinée sur son épaule. Nouveau soupir. Pas un mot. Elle laissa se doigts filer ces cheveux blonds que le soleil avait éclaircis. Peu à peu, il se relâcha et finit par s’endormir, sans avoir échangé un seul mot. Aucun besoin de parler. Ce n’était pas nécessaire entre eux…

Douce routine. Elle laissait Justin encore endormi et descendait s’occuper du petit déjeuner. Carmen arrivait un eu plus tard et la trouvait déjà affairée à concocter son petit banquet.

Ce matin là, elle renvoya gentiment Carmen en lui demandant d’aller chercher des langoustes au marché. On était 7 Janvier. Largement le temps que les fériés soient finis…même si depuis le début elle savait qu’en Angleterre, on reprenait la normalité à partir du 2 Janvier. Justin avait voulu ce sursis, ce n’était pas elle qui en allait discuter.

Entre temps, il y avait eu l’obligatoire explication avec Gerry. Cela n’avait eu rien de gai. Mr.Forrester était très imbu de ses principes et en plus était le mari de…sa belle mère… mais, contrairement à ce qu’elle avait craint, Anastasia Orloff n’avait pas renié d’elle ni l’envoyée pâtir en enfer.

Mon cœur se brise pour mon enfant…mon Andrei, mon petit garçon...mais je suis consciente, ma chérie, qu’il n’est pas aisé d’aimer un homme comme lui. Andrei est un inconnu…un inconnu dur et froid…je me sens coupable de ce qu’il est devenu mais ne te condamnerai jamais de vouloir chercher ton bonheur ailleurs…nous n’avons qu’une seule vie, ma chérie…une seule…il ne faut pas en gaspiller un seul instant. Ne me demande jamais de déposer contre mon fils, c’est tout ce que j’exige…

Elle n’avait jamais songé à faire pareille demande. Gerry , lui, n’était pas si compréhensif.

Excuse moi de te le dire, ma fille, mais ton comportement est définitivement erratique…C’est quoi ça de planter ton mari, sans plus…et demander le divorce…Tu es devenue folle ou quoi ?

Oui, Daddy…je suis devenue folle, tout à coup…c’est merveilleux devenir fou comme ça…Pense un peu, Gerry…qu’est la vie sans un peu de folie !?...Ne me juge pas, ne me méprise pas…Je t’aime, Gerry…tu es mon père…pas mon juge. Sois heureux…demander ton aide en ce moment serait ridicule…Je saurai me débrouiller. Je t’aime, Gerry…tu es le meilleur des pères au monde !

Le couguar argenté ne la surprit pas, pas plus que l’apparition, cinq minutes plus tard d’un Michael, décidément plus fringant de jour en jour.

Hey toi…ça va mieux, à ce que je vois !

Elle aimait bien son sourire en coin et son air réservé, tout autant démenti par l’éclat malicieux de son regard.

Justin dort…encore. Tu veux une tasse de café ? Oh...il ne tardera pas…je suis sûre qu’il se laissera attirer par les effluves…café et petits pains sont irrésistibles.

Une tasse de café fut servie . Michael demeurait grave.

Sam prit place, face à lui, en remuant distraitement son café au lait.

Tu n’as pas tout à confiance en moi, hein ?...Qu’est ce que tu crois ? Que tout ceci …ok…je comprends, c’est ton ami…les petits sont tes filleuls…Michael, j’aime Justin…tu le sais…et je ferai ce qui sera en mon pouvoir pour qu’il s’en sorte de la meilleure façon possible…et crois moi…je ne manque pas de moyens…pareil que toi !

Échange de sourires désabusés. Sam haussa les épaules avant de poser sur la table l’identification comme agent fédéral et son arme.

Andrei ne le sait pas…après mon séjour à la Ferme…ayant été agent du Trésor, le FBI m’a contactée…X files, tu comprends, selon ce que je sais de toi…on est branchés sur la même longueur d’onde. Je ne suis pas une douce et inoffensive blonde…mais ça…tu le savais déjà, non?… Entre espions…il n’y a pas trop de secrets…merci de taire les miens. Pas de souci…les tiens sont en parfaite sûreté.

Justin eut l’heur de s’annoncer avec sa rencontre avec Alonso au bas de l’escalier. Beretta 9 .00 mm et identification FBI disparurent. En arrivant à la cuisine, Justin ne trouva que son meilleur ami et sa chérie qui faisait des pancakes et toute joie de cœur.

Assieds toi, mon chéri…tout est à point.

Œufs brouillés. Bacon. Toasts. Pancakes. Jus d’orange frais pressé. Rien ne manquait.

Ils bavardèrent de tout et de rien…puis vers la fin, juste après la salade de fruits, Sam déposa face à son adoré, un dossier bien nourri. Sourire circonspect échangé avec Michael. Un baiser pour Justin.

Tout est là.

Elle l’aimait. Il était sa vie. Sans lui tout perdait son sens…No Sense.
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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyDim 5 Sep - 18:12

A tout prendre, Andreï se demanda pourquoi Sam avait osé utiliser sa carte de crédit. Elle devait pourtant se douter que son mari allait la surveiller de près. Une erreur de sa part ? Non, sûrement pas. Il connaissait bien celle qu’il avait épousée. Sam était réfléchie voire roublarde à ses heures. Quel dommage que Davenport ait tout gâché ! Elle était courue le rejoindre… Pas pour longtemps !
Pour Andreî le manque de précaution de Sam était volontaire : elle voulait qu’il sache où elle était !
Pourquoi ? La raison était simple : le faire venir la chercher !


*Là, cours toujours ! C’est toi qui viendras !*

Elle viendrait. Elle suivrait un Justin qui se couperait en quatre pour récupérer ses gosses, coûte que coûte !

Le plan d’une simplicité banale ne pouvait pas échouer. Il avait bien étudié les environs et les caractères de tous les protagonistes. Mrs Pimms était une sorcière au cœur tendre mais farouche adversaire. L’affronter directement était illusoire à moins d’être radical. Un mort ou deux n’aurait pas beaucoup gêné Sanders mais il préférait la méthode douce, pour cette fois...
Nate se montra efficace même si dégoutée par son aspect de laideron âgé. La voiture conduite par Paxton pila net comme prévu ; c’en était fait d’eux !

Le retour avec les mioches s’effectua sans problème. Marrant de voir à quel point l’elfe de Davenport obéissait à sa maîtresse. S’il avait appartenu à Andreï, sûr qu’il aurait eut sa tombe quelque part ! Là, le domestique se montra efficace et toute la marmaille endormie fut installée rapidement. Il ne restait plus à Sanders que de recevoir ses lauriers, et quels lauriers !
Nate était décidément une bombe sexuelle, à n’en pas douter ! Cela le faisait marrer de lui proposer des jeux fous qui, toujours, recevaient des échos favorables :


*Elle devait s’ennuyer ferme avec Tintin ! Je parie qu’il portait une cravate même au lit !*

N’est-il pas gratifiant pour un égo macho de se croire meilleur que son rival ? En tout cas, Andreï le pensait sans néanmoins reconnaître que Nate n’avait pas dû s’ennuyer tous les jours avec son mari puisqu’il avait réussi à lui fabriquer quatre enfants, alors que lui...

Les gosses ! Oui, il avait espéré que Sam en porterait un. Un seul lui aurait suffi, à lui ! Le seul qu’elle ait porté venait de…


*Qu’il aille au diable !*

Malgré des ébats très fougueux, Andreï ne dormait pas. Il râlait trop pour ça. Si ses sens étaient satisfaits, si ses plans tournaient ronds, n’en demeurait pas moins une rage sourde, éprouvante.


*Ils vont venir, et alors…*


OOOUUUUUUUUUIiiiiiiinnnnnnnnnnnnnnnn !

Qu’est-ce que c’était que ça ? Un chat que l’on égorgeait ?

C’est Philip !

*Et Merde !*

Déjà la récente mère sautait au bas du lit ravagé, sans se soucier de lui, et volait dans la chambre proche où étaient installés les jumeaux
.

Je reviens tout de suite !

Ah quand même une pensée pour ses tympans !

Le tout de suite durait. D’autant qu’au duo de chats étripés s’ajouta un autre chœur tout aussi vigoureux de :


Papaaaaaaaaaaaaaa !

N’y tenant plus, Andreï se leva à son tour, nouant à la diable sa robe de chambre.

C’est quoi ce bordel ! gronda-t-il en déboulant en plein drame.

Complètement dépassée avec ses fils dans les bras, Nate échevelée tentait de calmer ses deux filles qui braillaient autant que leurs frères.
L’apparition d’Andreï n’arrangea pas les choses, que du contraire. Nate se défendait piteusement :


Mais...je suis votre mère !

L’aînée, butée, répliqua venimeuse :

Tu es partie…tu nous as laissés..Papa, lui, il nous aime...et puis…c’est qui…LUI ?


D’être ainsi pointé d’un index accusateur n’était pas plaisant :

*Ton pire cauchemar, sale garce, si tu ne cesses pas ton cirque de suite !*


Déjà l’idée d’un « gentil » sortilège naissait dans l’esprit de Sanders. Un truc du genre eau bouillante, ou langue coupée… L’elfe intervint à point nommé pour calmer les « grandes » qu’elle évacua prestement afin d’éviter un autre drame.
Les jumeaux, eux, continuèrent à s’en donner à cœur joie, brayant à pleins poumons. Enervée, Nate ne trouva rien de mieux que de lui fourrer le poupon blond dans les bras :


Aide-moi, au moins !

J’en fais quoi ? *Je le jette par la fenêtre ?*

Ce n’était pas l’envie qui lui manquait.

Berce-le…raconte lui n’importe quoi…

Hein ? Elle en avait de bonnes ! Qu’est-ce que l’on raconte à un gosse ?

*Il était une fois un tueur à gages qui aimait son métier. Il travaillait aussi pour des missions très secrètes dans lesquelles il lui arrivait souvent d’exploser des gens…*

Bercer un gosse, lui ? Anthony aurait été transformé en cocktail sous les secousses vigoureuses appliquées par des bras inexpérimentés si, contraint par les cris, Sanders n’avait freiné ce balancement énergique. Il se contenta alors de fixer le marmot avec un regard dur.

*Si tu n’arrêtes pas, je t’étrangle !*

Tiens, la menace informulée semblait fonctionner, le blondinet s’apaisait en le dévisageant de ses grands yeux bleus innocents. Autant continuer :

*Je te ferai frire avec des oignons et te dégusterai à la petite cuillère!*


Là-dessus, le bébé articula des sons étranges :

*Baba ? C’est quoi ça, baba ?*

Il y tenait à son baba puisqu’il le répéta. Contre toute attente, satisfait de sa position, l’enfant nicha sa tête dans le cou râpeux et s’endormit, pouce en bouche.
L’œil de Nate posé sur lui déconcerta Andreï. Elle semblait si… attendrie( ?)
Grand bien lui fasse !
Sans trop de brusquerie, il largua son fardeau dans son berceau et sortit retrouver son lit.
Nate ne tarda pas à le rejoindre. Elle chercha le contact, il maintint son dos obstinément tourné.

Lendemain en fanfare !
Finies les grasses matinées, apparemment. Nate était déjà debout quand les cris réveillèrent Andreï.
Grommelant, il se gratta la nuque en gagnant la salle de bains. Une longue douche lui remit les idées d’aplomb. Ça gueulait toujours quand il descendit.
La cuisine ressemblait à un champ de bataille. Viviane et Flore avaient renversé leur bol de céréales et pleuraient abondamment. Nate, chevelure en bataille, tentait de faire avaler de la bouille à Anthony qui la recrachait allégrement tandis que Kaela gavait un rouquin récalcitrant.
Ça gigotait et brayait de partout.
Son arrivée stupéfia les deux plus grandes. Viviane, accusatrice, invectiva sa mère :

Tu avais dit que papa allait venir ! C’EST PAS MON PAPA !

Flore pleurnicha en retour :

Ze veux mon papa !

Imperturbable en apparence, Andreï traversa le chantier et alla se servir un café. Ses mains ne tremblaient pas malgré sa fureur rentrée. Son mutisme parut troubler les petiotes qui n’en continuèrent pas moins à lui lancer des regards assassins. Quand il se pencha pour prendre les lèvre de Nate, Viviane devint cramoisie :

TOUCHE PAS MA MAMAN !

En réponse, Andreï prolongea volontairement son baiser ce qui ne manqua pas de provoquer une réaction fougueuse de la part de l’aînée. Elle se précipita sur lui, avec sa cuillère brandie, lui en assénant plusieurs coups sur le bras :


C’est dégoûtant ! Il n’y a que papa qui peut…

Vive, une main saisit la mouflette au cou, lui coupant le sifflet. Se détachant de sa maîtresse, Andreï souffla à son adresse :

Ne t’inquiète pas. Ce sera vite réglé.

Sourd aux protestations de Nate, toujours la main au collet, il tracta la gamine jusqu’au salon où il l’expédia s’affaler dans un siège.
Dès l’étreinte relâchée, l’enfant se massa le gosier en ravalant ses larmes.


Ça fait mal, hein ? Libre à toi de connaître bien pire si tu continues à te comporter comme une idiote.

Je… Je vous déteste !

La belle affaire, ricana-t-il. C’est entièrement partagé, crois-moi ! Je ne sais pas ce que ta mère vous a raconté mais sache ceci : en aucun cas je ne veux devenir ton père. Votre séjour ici se passera bien ou mal, à toi de choisir. Il y a de belles caves pleines d’affreuses d’araignées et aussi un joli grenier où une goule putride sévit. Je peux très bien y mettre ton lit si tu continues à me casser les pieds et les oreilles.

T’es méchant !

Je n’ai jamais prétendu le contraire, et tu n’as encore rien vu, je t’assure.


Maman ne vous laissera pas faire ! Et papa… papa vous tuera !

Nous verrons qui tuera l’autre, on s’en fout ! Mais toi, tu as intérêt à la boucler et à afficher un profil bas. Si j’entends encore des cris ou des plaintes, si ta sœur et toi n’êtes pas gentilles avec maman… tu sauras la vraie valeur du mot méchant. Maintenant file, amène ta sœur en haut et que l’on ne vous entende plus avant midi ! Compris ?

Chamboulée, cette mijaurée qui ne devait jamais avoir été brutalisée de sa vie, ferma son clapet et s’enfuit chercher sa sœur. Quand une porte claqua à l’étage, Andreï revint à la cuisine où la situation était moins tendue. Sous les remarques acerbes de Nate, il haussa les épaules :

…Elle est vivante, non ? Portait-elle des traces de coups ? Non ! Alors cesse tes reproches. Une mise au point ne peut nuire. Et qu’est-ce que c’est que cette porcherie ?

Des evanescos ôtèrent les traces des repas gâchés et des recurvites nettoyèrent les bébés en un clin d’oeil.

Ceux-là sont repus, mets-les au lit Keala. Madame et moi déjeunons en paix.

En paix… Façon de parler. Nate pérorait, s’indignant sur sa façon de procéder, et autres :

… Ecoute, Nate, dit-il en achevant son repas, je suis comme je suis. Tu voulais tes enfants et surtout faire du mal à Justin : mission accomplie. Hier nous avons lancé un appât à nos poissons. Ils mordront sois-en sûre, et ce sera pire pour eux… je suis dur avec tes filles ? Je ne trouve pas. Si j’avais osé un quart des remarques de Viv j’aurais été fouetté au sang, et je l’ai été plus qu’à mon tour. Ma tante Fillipia s’y entendait très bien en tortures, crois-moi… Les battre, elles ? Je ne sais pas. Si elles m’agacent, c’est pas impossible… Quoi ? Mais qu’est-ce que tu attends de moi, NDD ? Vais pas me transformer en papa-poule, désolé. Ça ne te plaît pas ? (il ricana) Ce n’est pas grave ! Je sais, moi, ce qui te plaît !


Assiettes, plats, tout ce qui encombrait la table fut balayé d’un sortilège. Avant qu’elle ait pu dire ouf, Miss Sommerby fut troussée de maîtresse façon à même le bois dur et, aux sons émis, elle ne disait pas non.

Soir de fête ! Vive l’an neuf !
Une sorte de pacte s’était établi entre les filles et « leurs parents ». Fermées, Viviane et Flore avaient de bien tristes mines en ce soir de réveillon en « famille ».
Dans la journée Andreï s’était absenté pour affaire, laissant Nate se démerder avec sa marmaille. Il était passé chez un traiteur réputé, dans diverses boutiques, chez ses avocats et chez sa mère…
L’entrevue, sans beau-père à l’horizon, fut tendue : elle était au courant de ses difficultés conjugales et de son réveillon de Noël particulier.


Andreî, mon petit… Ne sois pas si dur envers Samantha, ce n’est pas de sa faute.

Dis que c’est de la mienne tant qu’à faire ? Elle est partie, maman. C’est ELLE qui m’a quitté. Je ne peux pas oublier ça !

Gerry est très affecté. Il lui fera la leçon, sois en sûr !

Elle n’en fera qu’à sa tête comme d’habitude et je porterai les cornes !

Tu as commencé, ne l’oublie pas !

Qu’aurais-tu fait à ma place, maman ? Gerry m’a compris quand je lui ai avoué mon infidélité. Sam me considérait alors moins que son chat, moins que… tout ! Merlin m’est témoin que j’ai fait des efforts de conciliation ! Tout ce que j’ai récolté c’est qu’elle s’envoie en l’air avec ce dandy de Davenport…


Justin est quelqu’un de bien, et…

C’est ça, prends sa défense ! St Tintin ! J’ai sa femme, il a la mienne, ironie du sort ? Je m’en fous : je veux Sam. On ne divorce pas chez les Orloff, tu me l’as assez répété, n’est-ce pas, mère ?

Une idée fugace lui vint en tête… Et si… Non ! C’était absurde. Jamais sa mère n’aurait osé occire son père… ou si ? L’accident de voiture dont il avait été victime n’avait jamais été élucidé, et si… ?
Il tut ces pensées irrévérencieuses, se concentrant sur la suite du débat ébauché :


Je suis capable de passer l’éponge pour Sam, si elle voulait revenir vers moi. Je l’aime, maman. Je n’ai jamais aimé comme ça.


Le profond soupir d’Anastasia Orloff ne lui plut pas :

Entre ce que l’on veut et ce que l’on peut, il y a une marge, Andreï. Les temps ont changé, oublie les vieux préceptes. Gerry veut le bonheur de sa fille, je veux le tien, mon petit. Si Sam est partie c’est sans doute que…

Ne dis pas un mot de plus ! Est ce qui est ; arrivera ce qui doit. Bonne année, maman !


Il était parti, plus atteint qu’il ne l’aurait voulu.
La soirée se déroula dans une ambiance mitigée. Les filles acceptèrent leurs cadeaux avec des sourires polis. Nate reçut ses fourrures avec une joie toute féminine. Lui berça Anthony dont le « baba » le remuait sans qu’il sache trop pourquoi.

Huit jours de galère. Entre les crises des petits, la bouderie des grandes et une Nate fatiguée, Andreï perdait patience.
Que se passait-il ? Ce n’était pas normal. Davenport aurait dû réagir depuis longtemps.
Depuis le réveillon de l’an, Andreï guettait, attendait et… rien.
Nerveux, à cran, il passait des heures sur le Net à réviser ses infos ou à rester plongé dans les journaux.
Mal luné les trois quart du temps, il n’y avait qu’Anthony qui parvenait à le faire sourire… de travers… Puis…


NATE ! Ça y est ! Ils sont en Angleterre !

Le scoop de la télé ne pouvait mentir. Sous les objectifs des caméras, Davenport, grave, flanque d’une Sam timide, franchissait un poste de douane. La police était là…
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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyJeu 9 Sep - 22:46

La vie aurait été si belle et si simple avec Samantha. En quelques jours, sa présence douce et attentive avait mis du baume à ses tourments. Certes le coup bas issu de Nate et son complice faisait toujours très mal. La souffrance ne cesserait qu’une fois les poussins au nid.
Justin travailla beaucoup via l’ordinateur. Il tenait évidemment Sam au courant du gros du déroulement de ses interventions, demeurant cependant vague sur certains points comme le nom de divers contacts. Il lui sembla aussi que sa chère et tendre conservait quelques petits secrets à son encontre. Peu importait dans le fond ! Leur amour se renforçait et la confiance totale régnait. Au matin du 7 janvier, Justin s’éveilla en humant l’atmosphère. Sa douce l’avait devancé, comme souvent, et préparait le petit déjeuner. Sa toilette fut rapide, il remonterait se brosser les dents plus tard, la fringale le tenaillait.
Au bas de l’escalier, il faillit trébucher sur la queue du matou qui traînait par là :


Salut, toi !

Marrant d’avoir un chat à la maison. Justin y était peu habitué. Il est vrai qu’avec une épouse animagus doberman, la coexistence aurait pu être houleuse... Là, il appréciait vraiment le petit félin qui n’avait pas trop manifesté d’animosité en voyant un autre homme partager les draps de sa maîtresse. Le prenant à bras, il entra à la cuisine d’où lui parvenaient des échos de conversation et des arômes alléchants :

Michael ! sourit-il en reconnaissant son pote. Tu as une mine superbe aujourd’hui !

Accolade de bienvenue passée, il obéit à Sam et s’assit en déposant Alonso par terre.

Tout va bien chez toi ? Quoi de neuf ?

Pour que son copain se pointe de si bon matin, c’est qu’il avait des choses à dire et pas seulement faire admirer ses muscles renaissants.
Michael assura que tout se déroulait au mieux des intérêts de chacun. Une résidence était prête pour accueillir les Davenport réunis. Il apportait entre autre les billets d’avion prévus et donna des nouvelles fraîches, très intéressantes sur l’espionnage mené autour du manoir de Nate.
Savoir que l’ambiance là-bas était éprouvante pour les ravisseurs enchanta Justin.
Sam fit le service entre temps. Ils attaquèrent joyeusement. Avalant ses crêpes, Davenport vanta la cuisine de sa « femme » en expliquant sommairement :


Je sais que mon idée de réapparition au grand jour par avion peut paraître bizarre. Pourtant, je suis quasi certain que nos « ennemis » ne s’y attendent pas. S’ils imaginent que je vais chercher une conciliation quelconque hors des sentiers battus : ils se trompent.

Soudain, très câline et mystérieuse, Miss Forrester déposa devant lui une épaisse chemise de dossier :

Tout est là.

Il reçut baiser et paquet d’un air intrigué. Le clin d’œil échangé avec Michael ne lui avait pas échappé :

Qu’est-ce que c’est ? Que manigancez-vous tous les deux ?

La meilleure façon de le savoir était d’ouvrir. Immédiatement, Justin reconnut le caractère très officiel des documents qu’il parcourut rapidement, son sourire s’accentuant à mesure du déchiffrement :

WOW ! C’est de la dynamite, ce truc ! Tu as fait jouer tes influences, Michael ?

Son copain, goguenard, assura n’y être pour rien.
Interdit, Justin contempla une Sam qui hésitait entre rire et sérieux :


C’est … toi ? Mais comment, pourquoi ?

Questions idiotes, s’il en est. Le comment lui sautait aux yeux. Pour disposer d’informations pareilles, il fallait être un agent du gouvernement, impossible autrement. Quant au pourquoi, il s’en doutait mais s’émerveillait toujours lorsque Sam lui déclamait sa flamme. Non seulement elle répéta délicieusement les mots les plus doux du monde mais il détenait à présent une preuve éclatante de leur véracité. L’attirant contre lui, il l’enserra avec force :

Mon amour…

Le baiser fou échangé sous le nez de Michael finit d’amuser ce dernier. A son raclement de gorge, les amoureux se séparèrent. L’œil de Justin se fit interrogateur envers son pote. Question muette, réponse identique. Reçu 5/5. Cela signifiait en gros : oui elle en est ; non, elle ne sait pas.
Se concentrant sur Sam qu’il n’avait pas lâchée complètement, Justin dit, coquin :


Alors comme ça ma Jane fait des cachoteries à son Tarzan ? On n’est pas qu’une ex-agent du trésor, on magouille aussi avec le FBI ?

Elle sembla hésiter avant d’éclater de rire mais moins que Michael qui s’étranglait littéralement, prêt à tomber de sa chaise. Faussement vexé, Justin le toisa :

Ben quoi ? Tu n’uses jamais de petits noms gentils avec Alix ?

Michael pleurait de rire. Du coup, il fallut entrer dans la danse ; le trio s’esclaffa ainsi un bon moment.
Ça leur faisait du bien de se détendre un peu. Depuis le jour de l’an, rares avaient été les occasions de se défouler pleinement.
Cet intermède s’acheva par la force des choses. La suite des événements n’avait rien de particulièrement hilarant.
L’avion ne les attendrait pas.

Caracas -Londres… Poème éprouvant.
Même installé en classe VIP, c’est un trio fatigué qui débarqua à l’aéroport d’Heathrow après plus de 11 heures de vol. Lunettes noires, col relevé, Justin Davenport rentrait au bercail. Une très belle jeune femme accrochée à son bras, un gars blond alerte à son côté, il passa la douane sans difficulté sous l’œil avide des médias venus en masse. Des micros se tendirent :


Mr Davenport… Mr Davenport ! Une déclaration ? Où étiez-vous passé ?

Mr Davenport quel effet cela vous fait-il de vous jeter dans la gueule du loup ?


Impavide, le trio traversa la meute affamée de scoop pour se heurter à un mur d’uniformes.
On s’attendait à une arrestation spectaculaire, on se bousculait au portillon.


Laissez-les respirer ! s’énerva un vieillard aux cheveux neigeux.

Place ! rouspéta un homme de forte stature qui se dégagea pour étreindre le second jeune homme avec effusion. Michael, ça va ? Bon voyage, mon fils ?

Les cinq firent front aux policiers tandis que des murmures s’échangeaient entre les journalistes excités.
Face à un objectif de caméra, un reporter tenta d’expliquer :


C’est une belle pagaille qui accueille en ce moment Justin Davenport. Nos services, prévenus il y a peu, vont tout faire pour résumer la situation. Justin Davenport, le milliardaire déchu après l’incendie de son domaine « la Folie » réapparaît d’une cavale de cinq mois. Où était-il, pourquoi cette fuite ? Nous tentons d’en savoir plus. Regardez, la police est là, elle va le cueillir... On reconnaît l’honorable Lord Cavendish aux premières loges. Le petit bonhomme… antique est probablement l’avocat de Davenport. Ah… L’inspecteur Williams s’avance. Il tend les mains… Il va passer les menottes… Mais… Chers auditeurs c’est incroyable ! Personne n’y comprend rien !

La caméra se fixa sur une scène inattendue. Barney Williams, le plus acharné à mettre la main au collet de Davenport, serra… la main de la cantonade et aboya des ordres brefs. Le cordon de policiers se déplaça, empêchant les journalistes de harceler le petit groupe qui se laissa guider vers les voitures du dehors où il s’engouffra avec l’inspecteur.
Une fois à l’intérieur, Justin ôta ses lunettes et sourit à Sam :


Belle mise en scène, non ? J’en connais un qui doit bouffer sa télécommande et une qui s’arrache les cheveux.

Si tous arboraient des mines épanouies à présent, l’inspecteur, lui, restait renfrogné :

Franchement, vous auriez pu vous montrer plus discret, Mr Davenport. J’en suis à parier que c’est vous qui avez appelé la presse au rendez-vous ?

Non, très cher, c’est moi, avoua Lord Cavendish de sa voix profonde.

Néanmoins je désapprouve ce cirque. Je vous l’ai signalé, Milord. Quelle grandiloquence ! Vous auriez pu vous contenter de…

Mon client agit comme bon lui semble, précisa le curieux vieillard coincé entre Sir John et son fils. Nous savons tous pourquoi il est revenu. S’il veut rendre les choses publiques, c’est son affaire.

Mais quand même, ragea Barney, une mise à jour demain devant la télévision...

Est souhaitable ! compléta Justin glacial. Je veux que l’on sache l’entière vérité. Je n’ai rien à cacher ni à me reprocher.

On arriva en plein cœur de la capitale. L’escorte de motards s’écarta de la limousine. Le tamtam des médias – aidé ou pas ? - avait rameuté les curieux. Nouveau cordon de sécurité. Le groupe des amis s’engouffra dans le hall, portes bouclées derrière lui. Williams resta dehors, bougon, seul à affronter la meute.

Justin aurait souhaité s’isoler avec sa belle espionne mais Maître Abermale et Lord Cavendish n’étaient pas décidés à les laisser en tête-à-tête. Il fallait réviser la stratégie du lendemain, prévoir le concret et les imprévus, voire l’inimaginable.


Il n’attaquera pas de front, assura Justin. Sanders est trop malin pour ça ; son profil détaillé remis par Sam le prouve. Les dispositions seront installées pour éviter les intrusions de ses sbires, nous ne risquons rien pour le moment.

Néanmoins tous les sorciers se mirent à explorer les lieux à la recherche de failles dans la sécurité. Rien n’étant détecté, on fit un rapide bilan puis laissa enfin le couple seul. Tendre, Justin enlaça sa Sam :

Ma douce, je suis désolé de t’imposer tout ça… Je sais… Tu veux en être, ton combat est le mien, tu es dans le bain jusqu’au cou.

Son œil pétilla de malice :

En fait de bain… ça te dirait… ?

Merveille…

10h30, studio de la NBC.

Se maquiller ? Merlin qu’il détestait ça ! Comment des femmes supportaient-elles de s’astreindre à un rituel pareil !
Bon… Drillé grâce au concours culinaire, Davenport subit la séance en tentant de se détacher de tout.


Antenne dans 10 secondes, neuf, huit, sept…

Chers auditeurs, bonjour. Grand événement inédit sur notre chaîne : le retour de Justin Davenport. Des questions, tous nous nous en posons depuis hier. Que dis-je ? Depuis cette nuit dramatique qui ravagea une des plus somptueuses propriétés de notre pays.
Ce matin éclairera-t-il nos lanternes ? Vous le saurez en suivant ce débat qui s’annonce passionnant.
Aux tables de délibérations vous pouvez voir Mr Davenport flanqué de ses représentants légaux : Maître Abermale et l’honorable Lord Cavendish. De l’autre côté se trouvent de gauche à droite, l’inspecteur Barney Williams, l’honorable juge Guilmore et Mr Knight assureur.


La caméra se fixa sur le quinquagénaire à la barbe poivre et sel qui, d’ordinaire portait toge et perruque. Il se leva :

Mesdames, Messieurs, nous sommes ici afin de dévoiler les conclusions d’un jugement qui a été rendu officiellement le 20 du mois dernier en l’absence du principal intéressé. Les parties concernées ont toutes été averties des décisions de la cour via leurs représentants légaux.

Les questions des journalistes fusèrent.
Semblant regretter l’absence de son maillet, le juge apaisa la masse :


Les débats ont été faits à huis clos selon les désirs du prévenu d’alors qui a répondu à toutes les accusations à son encontre.

Un déluré clama :

En clair, Davenport est coupable, ou pas ?

Dès que les preuves irréfutables ont été approuvées, Il a été reconnu… non coupable !

Un brouhaha indescriptible régna. Abandonnant la partie, Sir Guilmore prononça quelques mots d’excuse et s’éclipsa. Maître Abermale se leva comme mu par un ressort.

Merci, votre honneur ! Mesdames, messieurs, du calme s’il vous plaît. Afin de répondre à vos légitimes questions, nous avons pensé que la meilleure façon de procéder était de faire devant vous le « procès » de mon client. Vous y comprendrez alors mieux les raisons de l’acquittement de Mr Davenport. Je vais donc l’interroger comme il aurait dû l’être s’il n’avait pas préféré jouer aux courants d’air.

Quand la salle eut fini de murmurer, Maître Abermale se lança :

Mr Davenport, aviez-vous prévu le ministre… le sinistre qui a ravagé votre propriété ?

Très calme, sans ciller, Justin approuva :

Oui, maître.

(Il va sans dire que chaque réponse fut ponctuée de réactions du public.)

Vous reconnaissez donc avoir déposé une quantité conséquente de substances explosives dans les sous-sols de la Folie... J’adore ce nom, soit dit au passage.

C’est exact.

Dans quel but, Mr Davenport ? Vos affaires marchaient mal, n’est-ce pas ? Vous pensiez sûrement que les assurances vous renfloueraient ?

Pas du tout ! Je n’avais qu’un but : en finir avec cette existence. Aucune loi n’interdit de se faire sauter chez soi si l’on en a envie ! D’ailleurs, je ne réclamais strictement rien aux assureurs. Lord Cavendish en est témoin.

Le beau-père de Michael De Brent se leva à son tour :

Je confirme effectivement avoir reçu de la part de Mr Davenport une lettre expliquant les intentions de mettre fin à ses jours ainsi que son testament où il stipulait de laisser les assurances en dehors de la succession puisqu’il s’agissait d’un acte volontaire. Malheureusement, je n’ai pas pu en prendre connaissance au moment des faits, j’étais… en vacances.


Maître Abermale reprit la parole tandis que Lord Cavendish se rasseyait :

Que pensiez-vous qui ce soit passé ce soir-là, Mr Davenport ? Une erreur de votre dispositif ?

C’est effectivement ce que j’ai cru. Normalement, tout aurait dû sauter avec moi le lendemain du concours culinaire, APRÈS avoir évacué ma famille dont j’avais retenu les vols pour les Bermudes. J’ai été affreusement angoissé en imaginant que le système avait déraillé et que mes… mes pauvres enfants étaient à l’intérieur.

Le bouleversement de Justin n’était pas feint. Il revivait chaque instant de cette terrible nuit d’incertitude ; l’assistance sembla compatir.

Mais… ensuite, une fois que vous avez été rassuré sur le sort de votre famille, vous avez bien contacté Mr Knight, ici présent.

C’est vrai ! J’étais encore sous le choc et ne pigeais à moitié rien. Comment mes enfants étaient-ils déjà en route au moment de l’incendie ? Il m’est apparu alors que quelqu’un avait agi à ma place pour l’incendie et pour déplacer mes enfants. Puisque je me savais innocent d’avoir détruit ma propriété, les assurances devaient en régler un certain montant.

Pourtant, on a retrouvé certaines de vos œuvres d’art dans les bagages expédiés aux Bermudes…

Une preuve de plus que l’on voulait m’enfoncer. Le petit malin qui a opéré ce tour de passe-passe n’y connait heureusement rien en chef d’œuvre. Tous ceux qui me connaissent savent mes préférences en la matière. Si j’avais voulu sauvegarder des pièces rares, ce ne sont sûrement pas celles découvertes que j’aurais planquées. Je pense que l’idiot qui a fait ça confondrait la Vénus de Milo avec Vénus Williams.

(petits rires dans la salle)

Vous aimez toujours les dégâts... euh... les Degas. Bref, d’après vous, on cherchait à vous nuire ? Comment expliquez-vous que l’on ait retrouvé sur vous le dispositif d’allumage de votre feu d’artifice ? Ne vous êtes-vous pas rendu chez vous explorer les ruines afin de récupérer des preuves de votre forfait ?

Non, pas du tout ! J’ai été le premier surpris quand l’inspecteur Williams, m’a fait vider mes poches. Je n’avais jamais vu ces objets-là, ( petit sourire)sauf les billets de banque, bien sûr !
Je suis retourné chez moi y constater l’ampleur des dégâts, j’ai fouillé un peu, c’est vrai, comme tout homme normal le ferait après un désastre pareil ! Je pense d’ailleurs que l’inspecteur Williams et Mr Knight peuvent confirmer qu’il était impossible à quiconque d’atteindre le sous-sol, et donc le vrai système de mise à feu, à cette époque.


Contrait d’être mis en avant, le policier se leva, amer :

Il nous a fallu plus de deux mois pour atteindre ce niveau et y découvrir le dispositif décrit par Mr Davenport dans les lettres qu’il nous a envoyées après sa fuite. La mise à feu était complètement différente de celle trouvée sur lui.

La fuite ? Il fallait appeler un plombier... Euh... je m'égare. Parlons-en de cette escapade ! Mr Davenport, pourquoi cette attitude coupable ?

J’aurais voulu vous y voir, moi ! s’insurgea Justin. Tout s’écroulait autour de moi. Dès que je bougeais un doigt, des preuves s’accumulaient sur mon dos ; On a bloqué mes comptes, fait croire que mes entreprises magouillaient. Je n’avais pas d’autre solution que de m’éloigner afin de freiner ces attaques et laisser à la justice le temps de prouver mon bon droit.
Ce qui a été fait, fort heureusement.


Vous auriez pu réapparaître dès le jugement prononcé en votre faveur, mon ami…

Je… Je n’en avais pas envie. A quoi bon ? Ma réputation était sauve, c’était le principal pour l’avenir de mes enfants. Mes ennuis privés, eux, ne s’étaient pas arrangés.

Parce qu’ils le sont maintenant ?

En partie, oui ! (large sourire vers Sam en coulisse) Mais je suis surtout rentré parce que je subis à nouveau un grand, un immense préjudice.

Il inspira et expira lentement puis fixa la caméra. D’une voix tranchante, avec l’espoir que l’incriminée le regardait avec la même férocité, il tonna :

J’accuse... J'accuse ma femme de rapt d’enfants ! Je suis venu demander le divorce et que justice soit rendue !

Le brouhaha reprit de plus belle. On passait d’une histoire terminée à une autre intrigue inattendue. Les questions plurent à qui mieux mieux.
Le temps d’antenne était dépassé ; on évacua la salle.

Joyeux déjeuner. Réunis dans une salle discrète, les cinq compères festoyèrent gaiment. Soulagé, Justin soupira d’aise :


Pas fâché que cette partie soit réglée.

Michael se marra en évoquant la tête que devaient tirer certaines personnes.

J’espère bien que ça va réagir de ce côté ! Nous possédons tous les éléments contre eux. Vous avez bien reçu l’autre enveloppe, Milord ?

Oui, mon garçon. Elle est à l’abri à Gringotts ; je ne l’ai pas ouverte, comme stipulé. Serait-ce trop demandé de savoir…

Ce qu’elle contient ? Une bombe, bien sûr, rigola Justin. En tout cas, merci à tous du mal que vous vous êtes donné pour me tirer de là. Vos témoignages, votre assiduité à faire valoir mes droits, me vont droit au cœur. Quand L’assurance aura craché au bassinet, je vous gâterai autrement mieux que par un simple déjeuner. Je sais… il n’est pas de meilleur trésor que l’amitié et… l’amour. ( regard appuyé sur Sam) Il va néanmoins encore falloir jouer serré avec nos deux roublards. Sanders doit être assez mal dans sa peau avec une accusation de complicité d’enlèvement sur le dos mais ça ne l’abattra pas. Le dossier que tu m’as remis ma chérie prouve assez son caractère déjanté… et sournois. Il mijote quelque chose, j’en mettrai ma main au feu.
Maître Abermale… Merci de vous être déplacé dans ce monde… inhabituel pour vous. Je


Pas de chichis, Justin. J’avoue avoir dû répéter mon rôle pendant des heures devant un miroir correcteur. Tu n’as heureusement pas assisté à la vraie audience… j’ai dû envoyer je ne sais combien d’oubliettes pour effacer mes bourdes. Mais je suis très content d’avoir changé de cadre ; les moldus sont très divertissants et nettement moins pointilleux que nous les sorciers !

Rassurez-nous… Le divorce sorcier ne sera qu’une formalité, je me trompe ?

Le petit vieillard s’agita, contrarié :

En principe, oui ! Tout dépend de l’opposition des parties…

Bah ! On verra dit Justin en clignant de l’œil à Sam.

Le repas achevé, ils se séparèrent. Justin et Sam rentrèrent à leur hôtel. Très amoureux, ils ne remarquèrent pas de suite l’insistance d’un rapace collé à la vitre du balcon.
Ce procédé n’annonçait rien de bon. Les amants s’entreregardèrent longuement avant, d’un commun accord, refuser l’accès au volatile :


Je crois que ton mari et ma femme tentent un contact. Nous ne leur donnerons pas la satisfaction de nous exploser la figure sans s’être vus en face.
Fermons ce rideau…


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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyVen 10 Sep - 12:40

Se bercer des illusions? À quoi bon? Le regard incisif d’Andrei suffisait pour lui faire comprendre que tout cela n’était que pur ennui pour lui. L’intervention de ses filles n’avait rien arrangé.

Franchement, elles n’étaient pas allées de main morte à l’heure de l’accuser et encore, affligée, Nate savait que ce ne serait le début d’une petite guerre très désagréable.

Andrei déposa le bébé endormi dans son berceau et quitta la nursery, sans lui faire aumône d’un regard. Philip enfin calmé, fut doucement déposé à sa place. Un baiser sur ces fronts innocents plus tard, elle retourna à sa chambre. Andrei feignait dormir et ne bougea même pas quand elle s’approcha. Il boudait, tant pis. Avec un soupir, Nate éteignit la lampe de chevet et essaya de trouver le sommeil. Impossible.

À peine les petits commencèrent leur concert matinal, de très bonne heure, Nate bondit hors du lit et accourut auprès d’eux dans l’espoir de les calmer avant qu’ils ne réveillent Andrei qui, lui, dormait comme un bienheureux.


Allons, mes anges…Maman va vous changer, vous donner votre biberon puis nous irons manger une délicieuse bouillie…

Inutile de vouloir les convaincre qu’elle était la meilleure mère au monde. Ils ne cédèrent pas aux câlins prodigués et gigotèrent de plus belle quand elle les changeait. Essayer de leur donner le biberon n’eut aucun résultat. Briman accouru en son aide, s’avoua vaincu avant de commencer, les mioches hurlèrent comme des dingues rien qu’en le voyant.

À la cuisine, Keala s’efforçait pour faire le bonheur des petites mais rien ne semblait leur agréer. Jamais elle n’avait vécu ses filles de la sorte. Où étaient passées ces enfants douces, charmantes et dociles qu’elle pensait avoir si bien élevées ? Décidément côtoyer ces barbares, sans foi ni loi, qu’étaient les De Brent avait eu une influence néfaste sur ses adorables enfants.

Les jumeaux installés dans leurs respectives chaises-bébé se passèrent le mot pour jouer la partie difficile.

Mais voyons…vous adorez cette bouillie…elle est très bonne !

À d’autres. Ils jouissaient immodérément du plaisir de tout recracher. Nate commençait à perdre patience. Et voilà que Viviane protestait en assurant que les céréales servis n’étaient pas ceux qu’elles prenaient toujours.

Ma chérie ne fais pas d’histoires, maintenant ce sont celles-ci que vous allez manger !

Mais on aime pas !!!

Vivi…je t’en prie, comporte toi comme une grande fille ! Donne le bon exemple aux autres ! Anthony, mon cœur…NE CRACHE PLUS !!!

Et comment…ça y allait avec fol entrain. Les deux filles choisirent d’y mettre de leur part et en un mouvement synchronisé à la perfection renversèrent leurs bols en faisant un beau désastre. Nate en aurait pleuré.

Vous êtes des méchantes enfants…

On veut Papa !

Il viendra…un de ces jours !

Qu’il le fasse ! Elle lui arracherait la peau par petits lambeaux.

Keala avait un peu plus de succès avec Philip qui, si bien barbouillé de partout, avalait quand même sa bouillie. Le blondinet, lui, s’y refusait catégoriquement.

Et au milieu de cette débâcle, Andrei fit son apparition, ce qui ne manqua pas de déclencher l’hécatombe en toutes règles. Viviane fut la première à entrer dans la ronde. Après avoir dévisagé l’intrus hargneusement, elle se tourna vers sa mère, livide d’enfantine colère.

Tu avais dit que papa allait venir ! C’EST PAS MON PAPA !

Je n’ai jamais dit que ton père allait venir tout de suite ! Tais toi, Vivi !

Et Flore d’y mettre du sien.

Ze veux mon papa !

Blessant concert. Andrei passa de large pour se servir un café, sans piper mot, mais il ne fallait pas être devineresse pour savoir qu’il était simplement furieux. Les deux fillettes lui larguaient des regards meurtriers. Qu’il se penche vers elle pour l’embrasser, mit le feu aux poudres.

TOUCHE PAS MA MAMAN !

Et lui de s’en ficher, prolongeant l’échange, ce qui n’eut pour résultat que faire monter Viviane aux barricades. Cuillère en main, elle se jeta sur lui en lui tapant dessus , au temps de crier :

C’est dégoûtant ! Il n’y a que papa qui peut…

Vif comme une mangouste, Andrei la saisit du cou. Nate retint un gémissement d’horreur mais il murmura à son adresse :

Ne t’inquiète pas. Ce sera vite réglé.

Andrei…je t’en prie. Ce n’est qu’une enfant…Andrei, lâche la…Andrei…

Sourd à tout, il quitta la cuisine en emmenant Viviane qui hurlait comme putois écorché. Flore s’était faite toute petite à sa place mais pleurait à chaudes larmes.

Il est méchant, lui…Il fait du mal à ma sœur…Papa le tuera !!!

Ne dis pas de sottises, Flore…tiens…voilà ta sœur ne crie plus ! *Seigneur, il l’a étranglée !*. Andrei n’est pas méchant, il ne va vous faire aucun mal, mais si vous continuez de vous comporter comme des sauvages…

Je veux mon papa !!!

Ça suffit, Flore…ça suffit, tu m’entends ! Ton papa viendra quand il voudra venir…mais en attendant, je veux que vous vous comportiez comme il faut, entendu !?

La petite lui décocha un regard de noyée et allait riposter quand sa sœur se pointa et la prenant de la main s’enfuit avec elle, à l’étage, sans un mot pour sa mère.

Qu’est ce que tu lui as fait !? Ma pauvre Vivi…tu n’as pas la moindre idée de comment te conduire avec les enfants…Tu les épouvantes…

Elle est vivante, non ? Portait-elle des traces de coups ? Non ! Alors cesse tes reproches. Une mise au point ne peut nuire. Et qu’est-ce que c’est que cette porcherie ?

Il avait raison…c’était du chaos pur. Mais il prit l’affaire en main et en quelques coups de baguette le tout avait récupéré un aspect de cuisine propre. De même que Philip et Anthony, débarrassés de leur masque de bouillie.

Ceux-là sont repus, mets-les au lit Keala. Madame et moi déjeunons en paix.

La fidèle domestique se garda bien de donner son avis mais lança à Nate un regard attristé avant de se charger des deux poupons.

C’est inconcevable, cette façon d’agir ! Que veux tu ? Instaurer un règne de terreur chez moi ?

Il s’en fichait de ses discours outrés qui durèrent un bon moment alors qu’il mangeait, apparemment tranquille. Mais à peine la dernière bouchée avalée, elle eut droit à sa réponse.

Écoute, Nate, je suis comme je suis. Tu voulais tes enfants et surtout faire du mal à Justin : mission accomplie. Hier nous avons lancé un appât à nos poissons. Ils mordront sois-en sûre, et ce sera pire pour eux.

Elle fit un effort pour se calmer et se passant la main dans les cheveux essaya de les mettre un peu en ordre.

Oui…je sais…mais tu…as été si dur avec Viv…

Je suis dur avec tes filles ? Je ne trouve pas. Si j’avais osé un quart des remarques de Viv j’aurais été fouetté au sang, et je l’ai été plus qu’à mon tour.

Elle s’imaginait bien qu’il n’avait pas eu une enfance heureuse. Sa tante Filippia, de triste souvenir y avait bien veillé.

Tu…tu serais capable de les battre ?

Il eut ce sourire désabusé qui résultait blessant,

Les battre, elles ? Je ne sais pas. Si elles m’agacent, c’est pas impossible.

Mon Dieu, Andrei…Tu pourrais faire…un effort…

Sa réponse fut directe.

Quoi ? Mais qu’est-ce que tu attends de moi, NDD ? Vais pas me transformer en papa-poule, désolé. Ça ne te plaît pas ? (il ricana) Ce n’est pas grave ! Je sais, moi, ce qui te plaît !

Nate allait ouvrir la bouche pour demander à quoi il faisait référence quand d’un sortilège inespéré la table se trouva dégagée. Jamais de sa vie, elle n’avait pensé être traitée de la sorte, troussée comme vulgaire fille de taverne sans pour autant songer à le repousser…

Tu…es une brute, Andrei !

Ce fut la seule chose qu’elle dit en se rajustant et retenant de justesse une larme traîtresse. Il lui signifiait, à sa façon, quelle était l’unique place qu’elle occupait dans sa vie. Elle l’avait voulu.

St. Sylvestre. Le souvenir de réveillons fous, entourés d’amis joyeux, revint vriller l’âme de Nate. Force cajoleries et menaces, elle avait extirpé à ses filles la promesse de se tenir sagement ce soir là. Elle n’y croyait pas trop. Restée seule toute la journée, elle dut compter avec l’aide d’une Keala de plus en plus morose et d’un Briman débordé. Andrei ne lui avait pas dit où il allait et elle ne s’était pas trouvée le cœur de le lui demander. De quel droit d’ailleurs ?


Triste soirée. La mine boudeuse de ses filles, les pleurnichements opportuns des jumeaux. Un dîner exquis, dégusté poliment, du bout des lèvres. Un « bonne année » sans véritable joie. Il avait été somptueux avec ses cadeaux. Nate eut droit à des merveilleuses fourrures adorées de sitôt, tout comme ce chaleureux baiser dont il l’octroya avant de…chose surprenante, s’occuper d’Anthony, qui se montrait très bavard avec lui. Comme chaque fois qu’elle le voyait avec l’enfant dans ses bras, Nate éprouvait un pincement au cœur…

Les premiers jours de l’an furent éprouvants. Passés à l’attente d’un Justin qui ne semblait pas bien pressé de récupérer ses enfants qu’il jurait tant aimer. Andrei était impatient, tendu, nerveux, de mauvaise humeur, bien entendu.


Étrangement, seul Anthony parvenait à lui tirer un sourire de temps à autre. Nate ne disait rien, se contentant de soupirer discrète et de se faire des drôles d’idées, en silence. De tous ses enfants, le blondinet était le portrait craché de son père…

NATE ! Ça y est ! Ils sont en Angleterre !

Elle accourut, preste, à son appel. En effet, la TV n’avait pas raté le retour de ce délinquant. Tant mieux, quelqu’un avait dû vendre la mèche. La police était là, pour le cueillir. Sauf que Justin n’avait pas du tout l’air du grand coupable prêt à purger ses péchés. Grave et tout ce qu’on voudra, il avait une mine d’enfer, bronzé comme un pirate, les cheveux plus clairs. A ses côtés, timide mais imbue d’une douce sérénité, se trouvait Samantha. Jolie comme un cœur. Sa main dans celle de Davenport, sans aucune honte…aux yeux de tous !

Nate coula un regard de biais à son amant. Il carrait les mâchoires, luttant pour ne laisser transparaître les pensées qui l’accablaient.

OH, non !!! Regarde qui est là !

Avançant à la suite du couple, Michael De Brent, arborant un sourire placidement arrogant et ayant l’air de jouir de bien meilleure santé qu’à Noël.

Je te l’avais dit. Ce type a un pacte avec le Diable…Il ne lâchera pas Justin d’une semelle…mais que fait la police ?

Un reporter s’emparait de l’écran, résumant la situation pour ceux qui n’auraient rien compris.

« …Regardez, la police est là, elle va le cueillir... On reconnaît l’honorable Lord Cavendish aux premières loges. Le petit bonhomme… antique est probablement l’avocat de Davenport. Ah… L’inspecteur Williams s’avance. Il tend les mains… Il va passer les menottes… Mais… Chers auditeurs c’est incroyable ! Personne n’y comprend rien ! »

Nate retint la respiration, elle l’avait bien reconnu « le petit bonhomme antique » et savait très bien de quoi il était capable :

Artemius Albermale…celui là est capable de battre le diable de plate couture sur son propre terrain…il a même réussi à laver le nom de De Brent, le faire passer pour un ange de miséricorde même s’il porte la Marque…

De quoi se mettre le cœur en joie !

La suite lui donnait déjà raison, personne ne songeait à mettre Justin en état d’arrestation, bien au contraire, l’inspecteur Williams du New Scotland Yard, lui serrait même la main et la Police formait une barrière de protection, empêchant le harcèlement des journalistes excités.

Un petit cri joyeux, derrière eux, les fit se retourner. Viviane et Flore se tenaient sur le seuil et fixaient l’écran avec ravissement.

Papa !!! Papa est là !, jubila Viviane.

C’est qui la dame qui est avec lui ?, voulut savoir Flore.

Viviane soupira et en regardant durement Nate dit, très distinctement…

C’est peut être notre nouvelle maman !

Sa main partit sans le penser et l’enfant recula, sans pleurer, mais la bouche tremblante.

Je …je ne voulais pas, Vivi…ma chérie…pardonne moi…

C’était en pensant à Andrei qu’elle venait de gifler sa fille. Le scoop était terminé mais il restait là, figé…

Montez à votre chambre…que je ne vous entende pas !

Papa va venir ?

Montez…de suite !!!

Cavalcade dans l’escalier. Nate s’approcha d’Andrei et sans rien dire le serra dans ses bras.

Je suis désolée…

Il ne la repoussa pas mais ne la retint pas non plus alors, elle l’embrassa doucement sur le bout des lèvres et faisant demi tour, sortit presque en courant, s’attendant au pire.

Elle n’eut pas tort. Non content avec cette entrée en scène si réussie, Justin et sa clique allaient apparaître en TV le lendemain matin, pour une mise à jour, face au grand public. Nate commença à trembler. Andrei demeurait imperturbable mais son regard virait au sombre meurtre. Inutile de lui demander comment il se sentait. Voir sa blonde accrochée à Davenport l’avait sans doute secoué plus que voulu. Nate haït Justin de toutes ses forces.

Le lendemain, à l’heure stipulée pour l’émission, ayant donné à Keala et Briman l’ordre strict de retenir les filles à l’étage. Nate prit place face au poste de TV. Andrei eut la bonne grâce de s’asseoir auprès d’elle et lui offrir le réconfort de ses bras en lui assurant que leur plan fonctionnait : Davenport était sur le terrain. À découvert. Nate avait des sévères doutes sur une réussite quelconque et résignée au pire, attendit l’apparition de son mari sur l’écran. Il ne tarda guère.


« …Aux tables de délibérations vous pouvez voir Mr Davenport flanqué de ses représentants légaux : Maître Albermale et l’honorable Lord Cavendish. De l’autre côté se trouvent de gauche à droite, l’inspecteur Barney Williams, l’honorable juge Guilmore et Mr Knight assureur. »

À mesure que se déroulait le débat, elle en apprenait des belles. La conclusion du jugement avait été rendue le 20 Décembre. Elle n’en avait rien su. Andrei peut être ? Qui sait, avec lui on pouvait s’attendre à tout ! Comme pour lui répondre l’honorable Guilmore assurait :

Les débats ont été faits à huis clos selon les désirs du prévenu d’alors qui a répondu à toutes les accusations à son encontre.

Nate pinça les lèvres et chercha la main de son amant.

Dès que les preuves irréfutables ont été approuvées, Il a été reconnu… non coupable !

C’est…incroyable !, souffla t’elle, les preuves en son encontre étaient…accablantes. Sa fuite…tout…

Si on en croyait à la suite tout avait été part d’un plan artistiquement manigancé. Maître Albermale, dans son style fleuri, prenait l’explication en main.

Vous y comprendrez alors mieux les raisons de l’acquittement de Mr Davenport. Je vais donc l’interroger comme il aurait dû l’être s’il n’avait pas préféré jouer aux courants d’air.

Tout le monde était à l’expectative. Personne ne fut déçu. Très maître de la situation, Justin répondit aux ponctuelles questions d’Artemius Albermale. Il reconnut sans aucun remords avoir voulu faire sauter La Folie en exposant ses raisons.

Je n’avais qu’un but : en finir avec cette existence. Aucune loi n’interdit de se faire sauter chez soi si l’on en a envie ! D’ailleurs, je ne réclamais strictement rien aux assureurs. Lord Cavendish en est témoin.

Qu’un homme comme Davenport ait envisagé le suicide était presque choquant, qu’il ait choisi une façon si spectaculaire, tout à fait son genre.

Raison pour tout. Réponse à tout. Confirmation à tout. Pas des moindres. Que Lord John Cavendish, pair du Royaume et respecté de tous, assure avoir en son pouvoir les preuves des véritables intentions de l’impliqué, mettaient celui-ci au rang des…incontestables.

Je savais…je savais !, grommela t’elle, il allait sortir le grand jeu…et l’a fait !

Albermale choisit ensuite de révéler les arcanes de ce mystère, laissant parler son client sur les pourquoi et comment des faits en question. L’autre ne rata pas l’occasion :

Normalement, tout aurait dû sauter avec moi le lendemain du concours culinaire, APRÈS avoir évacué ma famille dont j’avais retenu les vols pour les Bermudes. J’ai été affreusement angoissé en imaginant que le système avait déraillé et que mes… mes pauvres enfants étaient à l’intérieur.

Nate frissonna en se souvenant de cette nuit infernale où elle aussi avait cru ses enfants péris dans les flammes. L’air affligé de son mari émut les cœurs sensibles, pas le sien ! Mais un autre détail retint l’attention de la rouquine…qu’il ait voulu attendre la fin du concours pour sauter en l’air avec sa précieuse demeure. Elle ne connaissait que trop la raison…ce dernier baiser à Samantha. C’était donc bien d’un adieu désespéré qu’il s’était agi.

D’après sa déclaration, il avait vu de suite qu’un autre avait agi à sa place.

*Bien sûr…tu es un génie !*

Selon lui qu’on ait retrouvé certaines œuvre d’art, dans sa maison aux Bermudes, ne faisait que confirmer son innocence.

Si j’avais voulu sauvegarder des pièces rares, ce ne sont sûrement pas celles découvertes que j’aurais planquées. Je pense que l’idiot qui a fait ça confondrait la Vénus de Milo avec Vénus Williams.

Coup d’œil discret vers Andrei qui jusque là écoutait tranquillement la déposition de Justin. Il avait à peine tordu le geste.

Et Albermale de reprendre, plein d’humeur :

Vous aimez toujours les dégâts... euh... les Degas. Bref, d’après vous, on cherchait à vous nuire ? Comment expliquez-vous que l’on ait retrouvé sur vous le dispositif d’allumage de votre feu d’artifice ? Ne vous êtes-vous pas rendu chez vous explorer les ruines afin de récupérer des preuves de votre forfait ?

Justin reconnut, sans détours, l’avoir fait mais encore là, il avait l’explication plus que précise.

Je pense d’ailleurs que l’inspecteur Williams et Mr Knight peuvent confirmer qu’il était impossible à quiconque d’atteindre le sous-sol, et donc le vrai système de mise à feu, à cette époque.

Ce à quoi, l’inspecteur ne put que reconnaître que c’était la vérité et cela, sans omettre détail.

On voulait, bien entendu, savoir pourquoi il avait choisi de fuir de la façon qu’il l’avait fait et encore là, l’impliqué ne perdit pas le calme et avoua n’avoir voulu que freiner ces attaques en disparaissant un temps, laissant la justice prouver son juste droit. Ce qui avait été fait de façon éclatante.

Commentaire ponctuel de l’antique, mais non moins vivace, maître du barreau.

Vous auriez pu réapparaître dès le jugement prononcé en votre faveur, mon ami…

Je… Je n’en avais pas envie. A quoi bon ? Ma réputation était sauve, c’était le principal pour l’avenir de mes enfants. Mes ennuis privés, eux, ne s’étaient pas arrangés.

Nate tiqua, prit une profonde inspiration et se serra contre Andrei., pressentant ce qui allait suivre.

Parce qu’ils le sont maintenant ?

En partie, oui ! Mais je suis surtout rentré parce que je subis à nouveau un grand, un immense préjudice.

*Elle est là…c’est pas à De Brent qu’il sourirait de la sorte, l’animal !*

Puis Davenport fixa la caméra et Nate sentit en plein cœur la rancœur de ce regard qui, elle en était sûre, était tout pour elle.

J’accuse... J'accuse ma femme de rapt d’enfants ! Je suis venu demander le divorce et que justice soit rendue !

Mais…mais, balbutia t’elle, blême, c’est mon droit…c’est toi qui les a enlevés, qui les as emporté loin de moi !!!

Consciente d’être en train de donner la réplique à l’écran, elle se tut, se sentant gagner par une amertume monstrueuse. Les larmes menaçaient mais elle les retint, laissant, au lieu de pleurer, qu’une colère sans nom l’investisse.

Maudit soit il ! MAUDIT SOIT IL !!!!

Elle aurait voulu l’avoir en face, pour lui lancer un Avada ou encore mieux pour lui arracher la peau, lui crever les yeux, le tuer lentement…peut on haïr après avoir tant aimé !? Oui. C’était un fait. La rage l’étouffait, elle en devenait folle ne cherchant que quelque chose à détruire. Transformée en démon hurlant et démené, elle commença à briser tout ce qui se trouvait sur son chemin, en commençant par le poste de télévision. Elle aurait pu semer le séjour de décombres si Andrei n’était pas intervenu en lui appliquant une paire de claques qui la sonnèrent presque mais qui réussirent à calmer sa fureur démente. Sans pouvoir l’éviter plus, elle chercha son appui, en sanglotant, éperdue.

Il…il…va me les prendre…Il va…faire n’importe quoi pour me traîner en justice…m’enlever mes enfants…Andrei…il peut me faire mettre en prison ?

La seule l’idée l’épouvantait et au milieu de son désespoir Andrei demeurait son unique planche de salut. Elle s’y accrocha.

Que…pouvons nous faire pour contrer ça !?...De quelles armes disposons nous ?...Je…veux le voir ! Je Dois le voir. Justin…est un homme raisonnable.

Elle voulait y croire mais ne s’aveuglait pas. La guerre était déclarée et l’ennemi serait tout moins raisonnable. Il fallait pourtant essayer de garder la tête froide et ne pas se laisser abattre...Si cela avait été si facile…

La nouvelle de ses déboires , une traînée de poudre qui atteignit les confins de la planète. Avoir son père au bout du fil, fut la terrible confirmation.

Et dire, tonna t’il, que j’avais pensé avoir une fille sensée et au lieu de cela découvre qu’elle n’est qu’une femme dissolue et irresponsable, capable du comportement le plus bas. Où as-tu la tête, Natasha ?...Tu traînes ton nom dans la boue et avec l’honneur de la famille. Tu n’es qu’une perdue. Oui….Nous avons tout vu, tout écouté. Des rumeurs nous étaient parvenues, nous n’y voulions pas y donner foi…

Papa…


Je ne suis pas le père d’une vulgaire catin qui s’affiche avec son amant, qui enlève ses enfants, qui ne méritent pas l’opprobre d'avoir une mère comme toi …Pas la peine de pleurer ou de feindre…Je sais tout ! Absolument tout ! Comment ?....Que crois tu ? Des âmes généreuses, ça ne manque pas. Non. Ton mari n’a rien à voir. C’est un homme trop noble pour tomber au niveau d’un ragot…d’autres s’en chargent. Non, ta mère ne veut pas parler avec toi. C’est fini. Tu as brisé l’image que nous avions de toi…Ne t’avise à revenir jamais. Je renie de toi. Tu es une honte pour le nom Sommerby.

Nate tremblait, accrochant le combiné comme si sans ça elle pouvait sombrer en enfer. À son père succéda Granny Patches.

Je n’ai pas de mots pour décrire ce que je sens. Tu es ma pire déception, Natasha…la pire, la plus cuisante. Que Dieu te pardonne, je m’en sens incapable en ce moment.

Granny…je t’en supplie…GRANNY !!!

Hurlant dans le vide, Nate comprit qu’elle venait de franchir les portes de son enfer particulier…
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De Charybde en Scylla  Empty
MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyLun 13 Sep - 0:33

Tout était parfaitement orchestré. Michael n’avait laissé aucun détail au hasard. On allait jouer la partie à la moldue. Il y en aurait plus d’un de surpris, de cela, pas de doute ! Magie opérant des bagages, dont elle n’avait soupçonné l’existence, furent faits. Justin avait le sens précis du détail. Finie la petite tenue décontractée.

L’aéroport de Maiquetia vit se pointer un trio de beaux milliardaires, très à l’aise dans leur peau. Ils ne jouaient aucun rôle préconçu, c’était exactement ce qu’ils étaient. Mais Sam tremblait. Seule la main de Justin serrant la sienne parvenait à la rassurer. Elle savait qu’ils allaient se jeter dans la gueule du loup. Andrei serait là, sans aucun doute. Et cela suffisait pour lui faire craindre le pire.
Tantôt, à la maison de la plage, elle avait dévoilé son jeu. Justin avait semblé surpris. Michael lui, demeurait le complice parfait. Le dossier officiel remis à son chéri contenait toute l’information voulue sur le major Andrei Sanders, des services secrets américains.


WOW ! C’est de la dynamite, ce truc ! Tu as fait jouer tes influences, Michael ?

Sam avait souri, quoi de plus normal qu’il croit que son ami en était l’artifice, de cette information. Michael déclina gracieusement l’honneur. Justin s’était tourné vers elle qui se mordait la lèvre pour ne pas rire.

Je crains de t’épouvanter un peu, mon chéri…mais c’est moi qui ai réuni ce dossier.

C’est … toi ? Mais comment, pourquoi ?

Elle soupira, reprenant son sérieux et s’assit à côté de lui.

Ben…je ne suis pas si simple et sotte que j’en ai l’air…Désolée de ne pas te l’avoir dit avant, Justin mais en fait…je travaille pour le FBI, un département spécial, tu t’en doutes, X Files…comme Michael avec le MI6…de là qu’il sait exactement de quoi il en va…Cette information est classifiée « Confidentiel », juste un point au dessous de Top Secret. Je t’aime, Justin et ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour que toute cette affaire s’éclaircisse.

Sa réaction n’aurait pu être plus explicite. Il fallut que Michael se racle la gorge pour les faire retomber sur terre. La suite eut l’heur de la faire rougir jusqu’à la racine des cheveux. Justin était impayable.

Alors comme ça ma Jane fait des cachotteries à son Tarzan ? On n’est pas qu’une ex-agent du trésor, on magouille aussi avec le FBI ?

Rien de plus merveilleux que rire. Michael De Brent, normalement si circonspect s’écroulait de rire face à tant d’eau de rose, un inédit total.

Moi Jane, toi Tarzan…tu es dingue…je t’adore !

Et de rire comme si l’apocalypse se déclenchant à l’instant ne les préoccupait pas le moins du monde.

Ils attendirent le départ de leur vol en salon VIP et une fois à bord récurent le traitement préférentiel et select dispensé aux passagers très importants voyageant en 1ère classe. Samantha ne voulut pas savoir e que Michael avait manigancé mais en tout cas il s’y était pris de main de maître. N’empêche qu’ils étaient nerveux et les onze de vol furent longues et éprouvantes. Ils étaient assez à bout en arrivant à Heathrow.

Sam se sentait comme une vedette de cinéma guettée par ses fans…sauf que celui là n’était pas le cas. Imitant son chéri, elle arborait son air le plus tranquille, lunettes fumées, relevé le col de fourrure de son manteau, serrant avec force la main de Justin. S’il la lâchait, elle était perdue. Elle sentait presque les yeux d’Andrei braqués sur elle, la vouant aux enfers. Elle l’avait trahi. Et il n’allait pas le pardonner.

Une foule de journalistes excités les attendait. Sam déglutit péniblement. Une épreuve à laquelle elle ne s’était pas attendue. La discrétion n’était pas de mise, bien au contraire. Des micros qui se tendaient, on demandait des explications pour ce retour inespéré du délinquant par excellence.

Mr Davenport… Mr Davenport ! Une déclaration ? Où étiez-vous passé ?

Mr Davenport quel effet cela vous fait-il de vous jeter dans la gueule du loup ?

Encore heureux que pas un n’eut la curiosité de demander ce qu’elle faisait là. Surgi de Merlin sait où, un petit bonhomme aux cheveux blancs se frayait passage. Le célèbre Artemius Albermale, même elle en avait entendu parler.

Laissez-les respirer !

Et un homme majestueux et imposant s’ouvrait , sans peine place.

Place ! Michael, ça va ? Bon voyage, mon fils ?

Sam l’avait reconnu. Lord John Cavendish, pair du Royaume. Homme très en vue dans les deux mondes. Elle l’avait rencontré lors de la fête de déguisements à La Folie. Le beau père de Michael…avec pareils atouts de leur côté, tout ne pouvait qu’aller pour le mieux. Qu’à la suite apparaisse l ‘inspecteur Williams du New Scotland Yard laissa prévoir à beaucoup une arrestation imminente mais au lieu de cela, la police les protégea de la horde démenée des journalistes et les conduisit rapidement vers une limousinée, garée à la porte du terminal.
Sam était un petit peu dépassée. Pas à dire, ces deux compères avaient du style pour faire les choses.


Belle mise en scène, non ? J’en connais un qui doit bouffer sa télécommande et une qui s’arrache les cheveux.

Elle soupira mais ne dit rien. Andrei , à ne pas douter, venait d’être témoin de ce retour et serait, pas en train de bouffer la télécommande, mais en train de mijoter la meilleure façon de les avoir. Quant à ce que ferait Nate…elle espérait sincèrement que la rousse en aurait crevé !

L’inspecteur, lui, ne semblait pas trop ravi. Il trouvait que cette mise en scène si spectaculaire était de trop et accusa vertement Justin d’avoir mis la Presse au parfum. Lord Cavendish le tira de son erreur en avouant que c’était lui qui s’en était chargé, des médias.

Elle était là, au milieu de tout. Sage. Silencieuse. Fatiguée. Sans doute jaugée et jugée. Le regard censeur de l’inspecteur Williams ne lui avait pas échappé. Elle savait exactement ce qu’on pensait, disait, murmurait : la maîtresse de Davenport. Coupable. Face à elle, Michael lui sourit, il comprenait. Savait. Appuyait, indéfectible. Avec un allié pareil, Sam n’avait rien à craindre. La seule chose qui la taraudait cruellement était que Gerry aurait peut être suivi l’émission. Il s’en ferait des idées, son père. Le mari de la Princesse. La mère d’Andrei.


Enfin arrivés à destination, impossible de croire que tout allait en rester là. Leur suite au Ritz ressemblait, à peine entrés, au quartier général de quelque opération du service secret, sauf que là, mêlant allègrement moldu et sorcier, tout le monde y mit de son compte pour s’assurer que tout était hermétiquement sûr.

Sauf que pour Andrei, cela représentait le moindre des soucis. Ça, Sam le savait très bien.

Ma douce, je suis désolé de t’imposer tout ça… Je sais… Tu veux en être, ton combat est le mien, tu es dans le bain jusqu’au cou.

Michael et son beau père venaient de partir, précédés de peu par le charmant Artemius Albermale.

En souriant, elle alla vers lui.

Et c’est parfait comme ça…


Le petit malin avait son idée en tête.

En fait de bain… ça te dirait… ?

Un vrai plaisir d’oublier pour un moment leurs problèmes. Très sérieuse, au milieu de ces bulles parfumées, Sam caressa doucement le visage de son adoré, celui pour lequel elle avait balancé par dessus bord tous ses schémas établis.

Je t’aime, Justin Davenport…avec toi, jusqu’à la fin du monde.

Rien n’importait plus. Il était à elle et elle à lui…

Studio 4. NBC. 10 :30

Sam était restée en coulisse, avec Michael, qui ne voulait rien rater des évènements. Il la rassura en disant que Justin s’en tirerait, comme toujours, tel un prince.

Je sais qu’il le fera mais cela ne m’empêche pas de craindre ce qui viendra après…je connais trop bien Andrei.

Elle en aurait pleuré. Michael, ami par excellence, lui entoura les épaules de son bras réconfortant en lui jurant presque que tout marcherait à la perfection. Il y pourvoirait.

Tu es…le meilleur des hommes, Michael…c’est merveilleux que Justin puisse compter avec un ami comme toi.

Dire que Sam prêta grande attention à l’émission serait mentir. Pas que la proximité de Michael la troublât, rien de ça…comme peu de fois, elle se sentait vaseuse, faible, fatiguée. Les conseils de son amie Lavinia lui revinrent : pas de stress. Elle voulait rire.

Michael se préoccupa de la voir si défaite mais, la délicatesse même, ne posa pas de questions, il se limita à faire apparaître un fauteuil et l’y installer. Elle n'écouta que d’une oreille distraite la déposition des uns et des autres. Elle savait de quoi cela allait. Sa seule préoccupation en ce moment était de surmonter la nausée qui menaçait.


Et puis la dernière déclaration de Justin.

J’accuse... J'accuse ma femme de rapt d’enfants ! Je suis venu demander le divorce et que justice soit rendue !

Fin de l’émission.

S’ en suivit un déjeuner des plus joyeux.


Pas fâché que cette partie soit réglée.

Elle, discrète comme une souris, préféra disparaître un moment et s’enfermer dans la salle de bains.

*Qu’est ce que tu as fait, Sam ? …C’est toi, qui as envenimé cette affaire…Disparais…*

Mais elle ne pouvait pas s’y résoudre. Justin était sa vie.

Revenue tard à la réunion, elle n’en capta que la fin.

Rassurez-nous… Le divorce sorcier ne sera qu’une formalité, je me trompe ?

Sam tiqua. Ridicule mais vrai…elle n’avait pas pensé à ce détail.

*Le sorcier ?...*

Maître Albermale semblait un peu contrarié, comme si quelque chose allait mal de ce côté-là.

En principe, oui ! Tout dépend de l’opposition des parties…

Le clin d’œil de Justin se voulait rassurant. Elle repassait à toute vitesse le contrat de mariage, signé la veille de la grandiose cérémonie à Miami. À son souvenir, il n’existait aucune clause vicieuse de ce côté-là. Et même si, elle aurait fait allusion aux enfants…Il n’y en avait pas eu. Donc…Divorcer à la sorcière était tout une autre histoire. Elle s’en serait bien passée, jadis, de la bénédiction du prêtre sorcier mais Anastasia y a avait tenu…

Le « Bah ! On verra ! » de Justin avait mis fin à la conversation. Elle était fatiguée mais plus que tout énervée, la sensation d’être observée la taraudait.

Dans la voiture qui les ramenait à leur hôtel, elle se serra contre Justin et ferma un instant les yeux en soupirant :


Je nage en pleine paranoïa, là…j’ai peur, chéri…j’ai vraiment peur…

Ce n’étaient pas les raisons qui lui manquaient.

Arrivés à leur suite, Sam se défit de ses hauts talons et de son manteau pour se laisser tomber dans le divan avec un soupir d’aise.


Je pensais que cette journée n’aurait pas de fin…Pas de souci, je me sens bien…juste un peu fatiguée…mes pieds me font mal !

Douce plainte appelée à lui faire oublier les soucis du jour et le faire s’occuper de ses jolis pieds mais ce n’était pas pour autant qu’elle cessait d’y penser, elle.

Je sais qu’il voudra une rencontre…et…je ne veux pas le voir, Justin….je ne peux pas…

Cette attitude pouvait donner pas mal à penser, elle crut le deviner au regard mitigé de Justin.

Soupir.

Il n’y a que toi que j’aime, Justin…et je sais que tu m’aimes aussi…mais revoir Nate va te faire du mal aussi, penser le contraire serait absurde…

Il oublia ses pieds endoloris et l’étreignit avec force. Cette situation débile mettait leurs nerfs à rude épreuve.

Ce fut un bruit déplacé qui les fit revenir à la réalité. Surpris, ils se tournèrent vers la grande porte fenêtre qui s’ouvrait sur le balcon. Un hibou s’adonnait, frénétique, à taper la vitre de son bec.


Tu…connais quelqu’un qui veuille à tout prix te contacter ?

Il reconnut que le seul était Michael et encore, lui, il se serait servi du téléphone.

Je crois que ton mari et ma femme tentent un contact. Nous ne leur donnerons pas la satisfaction de nous exploser la figure sans s’être vus en face.

Non…jamais de la vie !

Fermons ce rideau…

En riant, Sam s’échappa de ses bras et allant vers la fenêtre, tira les lourds rideaux…la bestiole insista encore un bon moment, mais eux, ils ne l’entendirent plus.

Les après midi de Janvier étaient courtes. Il faisait nuit en un rien de temps. Sam frissonna en écartant le rideau pour risquer un coup d’œil au dehors.

Il…neige ! Justin…il neige !!!

Il la rejoignit, en riant. Pour lui, la neige n’était aucune nouveauté mais pour une fille qui avait vécu et grandi à Miami, c’était toute une première.

C’est beau…On pourrait sortir faire un tour ? Juste un petit moment…Je veux savoir comment ça se sent…

L’idée ne sembla pas trop le ravir mais l’enthousiasme enfantin de Sam eut le dessus. Un moment plus tard, chaudement emmitouflés, il l’entraînait, via transplanage d’escorte, au beau milieu de Hyde Park, aux bords de la Serpentine…

C’est magique…merveilleux…

Elle riait en offrant son visage aux gros flocons qui glissaient sur sa peau comme une caresse…Yeux fermés, ouvrant ses bras et ses mains, Samantha Forrester dégustait sa première neige avec délices.
Une boule de neige en plein dos mit fin à sa rêverie hivernale…Justin se marrait comme un petit fou. Elle ne perdit pas de temps à réagir…

Ils riaient encore en retournant à leur suite, nez rouges et mains glacées.

Je ne m’étais jamais tellement amusée…tu es merveilleux, Justin…et maintenant…pendant que tu t’occupes de commander un chocolat chaud…pas de thé…ça ne donne rien…je vais couler un bain…ça aidera à se dégeler…

La vie pouvait être belle et insouciante mais bien sûr…ça n’allait pas durer.
Justin était parti assez tôt. Il avait rendez vous avec l’inspecteur Williams et après avec la compagnie d’assurances. Il laissa Sam encore à moitié endormie, disparaissant presque sous la couette…Elle était frileuse, rien que de penser à la neige là dehors…

C’est fou ce qu’elle devenait paresseuse. Sa grossesse l’avait prise de ce côté-là, Lav lui avait expliqué que c’était un mécanisme de défense de son corps pour parer le stress de la situation…dormir leur faisait du bien, au bébé et à elle. L’autre côté sympa d’être enceinte était la fringale…à mi matin, elle décida de s’octroyer un petit banquet…sans témoins, elle pouvait s’en donner à cœur joie. Justin se moquait gentiment d’elle en la voyant manger avec tant d’entrain, sans pourtant prendre un gramme.

Elle croquait encore un petit sablé en prenant l’ascenseur, faisant des plans joyeux pour les deux heures qui manquaient pour retrouver Justin au déjeuner. Tout à coup, avec un tressautement en rien agréable, la cabine s’immobilisa entre deux étages…au Ritz ?

Elle n’avait fait aucune attention à lui en y entrant. Un liftier comme tant d’autres mais en le regardant, Sam sentit le cœur lui manquer…

Qu’est ce que tu veux ?...Je n’ai rien d’autre à te dire que ce que t’ont transmis mes avocats…

Crier ? À quoi bon ? Elle était à sa merci et à moins d’essayer la magie…et encore..
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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptySam 18 Sep - 15:09

Voir sa Samantha accrochée au bras ennemi tortura intensément Andreï. Entre amour et haine la limite est si infime. Lui, il aimait à la folie.
Le reportage à la télévision s’annonçait tellement savoureux qu’il en salivait presque. Là, dans un instant, Justin Davenport serait moins fier avec les menottes aux poings. Alors Sam serait ravagée de honte et…


OH, non !!! Regarde qui est là !

*Qu’est-ce que j’en ai à foutre de De Brent et consort !*

Concentré sur la scène, sa jubilation retomba brutalement.
Que se passait-il ? Ce n’était pas normal, ça !
Au lieu des bracelets attendus, des mains se serraient, on entourait, protégeait Davenport et son escorte.
Choqué, Andreï ne réalisa pas de suite l’intrusion de Viviane et Flore :


Papa !!! Papa est là !

C’est qui la dame qui est avec lui ?

C’est peut être notre nouvelle maman !

Comment de simples mots d’enfant pouvaient-ils déclencher un mal de chien pareil ? Si Nate n’avait pas été aussi prompte à la détente en giflant son insolente fille, fort à parier que sous la baffe d’Andreï Vivi aurait perdu des dents !

La sollicitude de Nate lui passa par-dessus la tête. Perdu dans un chao de pensées contradictoires, Sanders tenta de remettre les pièces du puzzle en place. Il avait dû rater une case quelque part. Qu’est-ce qui avait foiré ?
Normalement, Davenport aurait dû être écroué sur le champ, au lieu de cela c’est tout juste si on ne lui déroulait pas le tapis rouge !
Nuit d’insomnie. Nuit pendant laquelle Sam et Justin devaient rigoler…


*Rira bien qui rira le dernier*

Une conférence de presse se tiendrait le lendemain. Il devait prendre ses dispositions urgemment ; elles le furent.

A nouveau plantés devant la télévision, Nate et Andreï, nerveux, attendirent que le débat s’ouvre.
A peine démarré, il signala ce que Sanders redoutait : Justin Davenport s’en sortait comme une fleur, lavé de tous soupçons.


*C’est impossible ! Impossible !*

A son côté Nate s’affolait, il n’en avait cure trop curieux d’entendre la suite.
Pas à dire, son beau plan était parti en fumées mieux que la maison Davenport.
Impavide en apparence, Andreï écouta les arguments de son ennemi et entrevit les failles du piège tendu.
Bouquet final, Justin attaquait :


J’accuse... J'accuse ma femme de rapt d’enfants ! Je suis venu demander le divorce et que justice soit rendue !

La rage et la panique de Nate explosèrent, le téléviseur aussi... Elle avait des envies de ravages, lui de meurtre. Mais pas question de s’adonner à des destructions inutiles dans l’énervement du moment! Cette attitude puérile de Nate l’agaça :

Ça suffit ! Calme-toi !


Il se leva et lui asséna une claque bien sentie sur chaque joue puis la serra fortement contre son torse en lui caressant les cheveux :

Ils seraient trop heureux de te voir dans cet état. Tout doux, mon endiablée.

Il…il…va me les prendre…Il va…faire n’importe quoi pour me traîner en justice…m’enlever mes enfants…Andrei…il peut me faire mettre en prison ? Que…pouvons-nous faire pour contrer ça !? De quelles armes disposons- nous ?...


Il ricana :

Ça m’étonnerait que ça aille jusque-là ! Je connais d’habiles faussaires, les moldus n’y verront que du feu quoique ton mari ait prévu.

Mais la jeune femme restait dans sa terreur :

Je…veux le voir ! Je Dois le voir. Justin…est un homme raisonnable.

Très mauvaise idée, ma chère. Tu te trompes sur lui ! Rien n’est perdu, je t’assure.

Elle se rassura un peu tout en essayant de lui faire avouer ce qu’il mijotait encore. Elle le saurait bien assez tôt mais lui ne désirait prendre aucun risque cette fois. Les femmes sont si… inconstantes.
Le coup de fil émanant de Nouvelle Zélande accabla beaucoup sa maîtresse. Être soumise au bannissement familial ne devait pas être marrant. Pour une fois, Andreï se montra plus doux avec elle, histoire de calmer ses propres angoisses.

Ainsi Davenport avait pigé qu’on cherchait à le piéger. La plus grosse erreur de Sander avait été de sous-estimer son adversaire en confiant l’accumulation des « preuves » de culpabilité à un sous-fifre efficace mais pas assez malin
.

*J’aurais dû agir moi-même !*

Voilà tout ce qu’il avait à se reprocher mais à ce moment des faits, il devait montrer patte blanche pour éviter que d’éventuels soupçons ne lui retombent dessus. On ne pouvait pas l’accuser d’avoir tout manigancé, aucune preuve, ni trace n’existait. Les seuls qui auraient pu parler n’étaient plus que cendres à présent.
Tranquille de ce côté, Andreï poursuivait son but.
La première partie était gagnée : Davenport était revenu au grand jour, avec Sam de surcroît. Qu’il la lui ait ramenée n’adoucissait en rien la vindicte d’Andreï à son encontre : il paierait !

Nate avait tenu à envoyer un hibou à son futur ex-époux. Il l’avait regardé écrire le parchemin en se fichant de sa poire. Si les termes employés, les larmes qui éclaboussèrent la feuille auraient attendri un caillou, Andreï doutait que cela contribue à un revirement de situation.

Le lendemain, très tôt, il avait déserté la chaumière de Nate et s’était rendu à proximité du Ritz.
Quand il vit Davenport prendre un taxi, la tentation devint insupportable : il devait voir Sam.

Se transformer en groom ? Sanders avait connu bien pire. Sam sortirait tôt ou tard, il la coincerait au bon moment, voilà tout.
Appel d’ascenseur au dixième étage ? C’était le leur !
Andreï fourgua un pourboire au liftier en fonction et prit sa place dans la cabine sans que l’autre ne trouve rien à redire.
La porte métallique coulissa sur une Sam rayonnante qui grignotait un biscuit, l’air absent.
La descente à peine entamée, la cabine s’arrêta, Andreï se retourna sur sa proie :


Bonjour, toi !

Amusant cet air de panique et de rébellion mêlées. Elle crevait de trouille mais crânait :

Qu’est ce que tu veux ?...Je n’ai rien d’autre à te dire que ce que t’ont transmis mes avocats…

Mielleux, il affirma :

Bizarre, je n’ai rien reçu ! Suis pas facile à trouver, moi... Tu sais ce que je veux Sam : TOI !

Avant qu’elle ait pu esquisser le moindre geste de défense, il la bloqua contre la paroi de métal. La toisant dans les yeux, il sourit :

On dirait que tu as peur de moi, mon amour. Quelle drôle d’idée !

Un oiseau affolé pris au piège. Comme s’était tentant. La force de son désir était très perceptible. Chaque fibre de son être vibrait à ce contact intense. Il l’embrassa, forçant les lèvres à s’écarter pour s’insinuer en elle et la savourer. Gémissement douloureux ? Et alors ? Il rit :

Non, je ne vais pas te violer… pas encore, pas ici !


Une lueur de soulagement passa dans le regard de la jeune acculée, pas longtemps. Elle tenta de renâcler lorsqu’une main audacieuse s’insinua dans son entrejambe, mais il la maintenait très fermement de l’autre. Dommage qu’elle soit en pantalon…

Je t’aime Sam. Tu as un grand pouvoir sur moi, sais-tu mon amour. Toi seule peux arrêter ce qui est en marche… Quoi ? Comment ? A ton avis ?

Il reprit sa bouche, prolongeant à satiété intimité et approfondissement de ses caresses.

Tu m’aimes aussi Sam, tu le sais aussi bien que moi ! Ne mens pas en me disant que ça ne te fait rien, que tu ne ressens rien.

Cela aurait pu se conclure joyeusement, il en était persuadé, mais on commençait à s’activer tout autour d’eux. Une cliente coincée au Ritz ? Quelle horreur !


D’une voix étranglée où transparut le fond de son désarroi, il murmura :

Ecoute, je peux passer l’éponge sur tout, tu m’entends, sur absolument tout si… si tu reviens de ton plein gré vers moi. Je t’en prie Sam, ne joue pas l’obstinée.

Elle semblait désorientée, comme honteuse de ses propres réactions :

Il te suffirait d’oublier Justin… Ne me force pas à cela… Je pourrais le faire : un oubliette canon… mais que tu reviennes de cette manière ne me comblerait pas. Je t’aime Sam… je mourrai sans toi ou… avec toi.

Plop, il s’évapora à l’instant où l’on relançait la mécanique de la cabine.

Il se rongea les sangs deux jours durant, se fichant complètement de Nate et ses gosses. Enivré il découcha sans remords, se perdant sous un pont ou l’autre au risque de crever de froid.
Au matin du 3ème jour, il débarqua sans s’annoncer, sale et hirsute.
Viv et Flore furent tellement surprises qu’elles en demeurèrent muettes… bonne chose. Il n’en alla pas de même avec Nate Sommerby.
Mélange de rage et d’angoisse, elle l’apostropha durement, comme prête à l’assommer avec la poêle à frire tenue en main. Il riposta, morose :


Cesse donc ! Je suis là, non ?... Qu’est-ce que ça peut te faire où j’étais ? Vais me doucher.

Oh, non ! La dame n’était pas de cet avis, pas avant qu’il ne soit mis au courant des derniers événements. Furieuse, elle lui fourra une liasse de documents en main.
Lourdement, il s’assit, se versa du café et entama la lecture. Beaucoup de paragraphes en jargon légal le laissèrent indifférent puis :


Attendu que selon le contrat de mariage - toujours en vigueur entre les époux Davenport Justin-Sommerby Natasha -, il est stipulé qu’en cas de séparation des époux la garde exclusive des enfants revient au père reconnu desdits enfants, nous avons l’honneur de vous intimer la restitution pleine et entière des droits susnommés. Auquel cas aucune poursuite ne sera engagée à l’encontre de la contrevenante et du, ou des complices, ayant favorisé la contravention.
En cas de manquement au respect de cette ordonnance, si aucune conciliation n’intervient dans la semaine suivant la notification, plein droit sera accordé au demandeur et saisie judiciaire ordonnée.


Andreï posa les documents sur la table. Il but le café et alluma une cigarette sous l’œil horrifié de Nate qui s’énervait de plus belle.

On ne fume pas devant les gosses ? Autant qu’ils apprennent vite les dures réalités de l’existence !... Tais-toi, Nate ! Tu ne sais rien !... TA GUEULE ! FERME-LA !

Elle l’apostropha encore. Si bien qu’il se leva, l’air mauvais. Lui agrippant le gosier, Sanders la foudroya du regard :

BOU-CLE-LA et écoute : il n’aura pas tes gosses si tu y tiens tant ! Quoique je pense que c’est plutôt l’envie de l’emmerder qui te pousse à les garder. Je m’attendais à un truc tordu de ce genre. T’avais pas lu ton contrat de mariage, pauvre cloche ? Je l’ai fait pour toi, il y a peu. C’est prévu, tout est prévu ! En ce moment même, tintin doit se demander où, quand, et comment il a pu signer une dérogation en ta faveur. Je te fiche mon billet qu’aucun expert au monde ne pourra prouver qu’il s’agit d’un faux. Et si cela ne suffit pas, ne t’en fais pas…

Il prit une grande inspiration avant de lui balancer au visage :

On ne confie pas la garde d’enfants à un mort ! … Oui, tu m’as bien entendu : un mort !

Il la relâcha, éjecta sa cigarette dans l’évier et monta se doucher. Les cris d’enfants, l’air stupéfait de Nate lui importaient peu. Sam ne s’était pas manifestée… pas encore.
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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyMer 22 Sep - 20:37

Quoi de plus défoulant qu’un bataille de boules de neige ? Sam était magnifique en lui donnant une réplique fougueuse dans ce parc où ils s’étaient promenés au petit matin. Tracasseries envolées, le couple s’en était donné à cœur joie durant un bon moment. A cœur joie... en apparence pour Justin. A un moment donné, il avait feint l’amusement pour ne pas contrarier Sam.
En plein milieu de la bagarre acharnée, il n’avait pu empêcher les souvenirs d’autres batailles similaires de revenir le hanter. Viviane et Flore adoraient la neige. Elles auraient dû être là, avec eux, alors son plaisir aurait été complet
.

*Enfin… ce sera pour bientôt, je suppose. *

En rentrant Sam voulut un bain chaud. Justin l’y laissa barboter en révisant la politique du jour : passage chez maître Abermale et réunion avec l’inspecteur principal Williams.
Un long baiser à Sam, des recommandations de prudence, un café vite avalé, il descendit réclamer un taxi.

Il ne vit rien du trajet à travers la capitale, n’arrêtant pas de retourner ses problèmes sous tous les angles afin de trouver une faille éventuelle dans sa stratégie. Là, dans la solitude de la banquette arrière, Davenport pouvait tomber le masque et révéler ses angoisses.
Peur ? Pas vraiment. Inquiet, oui.
N’aurait-il pas été un parfait idiot d’imaginer que tout allait baigner dans l’huile comme si de rien n’était ?
Pour ne pas alarmer Sam – qui n’avait pas besoin de ça en ce moment – il feignait la sérénité totale. Certes, il était quasi certain d’emporter la lutte de haute main. Mais…


*Avec Sanders on peut s’attendre à plusieurs coups bas…*

Il savait Andreï capable des dernières extrémités et restait sur ses gardes depuis qu’ils avaient mis les pieds en Angleterre. Impossible pourtant de s’envelopper en permanence d’un protego.
Selon Davenport, Andreï ne se risquerait pas à agir en plein jour : ce serait signer ses méfaits. Même tireur d’élite à distance, son rival ne pourrait rien dans une foule dense en mouvement. Il suffisait donc de fréquenter, autant que possible, des lieux publics très animés.
Autant dire que le taxi ne représentait pas exactement la sécurité… Pourtant, Justin était obligé de se mouvoir un minimum en « bon » moldu.
Toutefois, il se promit de changer de mode de transport sitôt chez son avocat.

Maître Abermale et son domaine d’un autre âge… comme lui.
Le choix de ce défenseur pouvait paraître absurde à beaucoup. Ce petit sorcier farfelu n’en était pas moins pour autant la tête la mieux farcie en législation des deux bords. Même s’il avait surtout exercé ses talents côté sorcier, l’avocat avait un flair réel pour dénouer les embrouilles, relever les vices de forme et surtout les contrer.
Aider Justin à recouvrer réputation et biens était un plaisir pour lui ; arranger un divorce à l’amiable : un service consenti de bon cœur.
Son cabinet aurait fait fuir n’importe quel client « normal ». Encombré d’une paperasserie titanesque - une chatte n’y aurait pas retrouvé ses chatons – ce lieu était à l’avenant du propriétaire. Un dehors désordonné, une puissance intérieure. Abermale était le seul à pouvoir gérer son antre et s’enorgueillissait.
Introduit dans ce capharnaüm par un misérable elfe délabré, Justin fut reçu avec chaleur par son avocat :


Très cher, nos affaires avancent ! Ce matin, j’ai posté le courrier destiné à la future ex-Mrs Davenport, j’espère ne pas avoir mis trop de timbres, et les originaux sont déposés aux greffes des tribunaux. La procédure est donc engagée des deux côtés, comme prévu.

Voyant la tête de son client, Maître Abermale s’enquit :

Ça ne va pas, Justin ? Quelque chose cloche ? Tu es tout pâle. Tu n’as pas changé d’avis au moins ?

Justin s’assit en soupirant :

Non ! Bien sûr que non ! C’est seulement que ça me fait bizarre… Nate mérite cent fois ce traitement pour tout ce qu’elle m’a infligé, mais… j’aurais souhaité que ça se passe… différemment. *Ou que ça ne se passe pas du tout !*

Le petit homme aux cheveux neigeux lui mit un index noueux sous le nez :

Pas de ça, Justin ! Pas de remords ! TU ES DANS TON DROIT !

Justin le savait et… cela lui faisait une belle jambe.
Il était tombé amoureux de Sam en quelques jours, avait reconnu en elle la femme qui comblerait son existence, mais aurait fait une croix sur ce sentiment si Nate ne s’était pas comportée comme elle l’avait fait avec lui. Elle, elle avait fait un choix que lui n’aurait jamais su faire. Tout comme… Sam, dans le fond. Miss Forester avait tranché en sa faveur sinon jamais Justin n’aurait cherché à la revoir, à la détourner de son ménage même si celui-ci était bancal.
Il n’y aurait pas de retour en arrière, plus maintenant, plus jamais.
A part regretter d’avoir été aveugle pendant des années, Justin n’avait à s’en vouloir de rien. Pourtant…
Il chassa ces idées, comme on chasse un insecte dérangeant
:

Je compte exercer ce droit. Si vous êtes prêt, allons voir Williams.

Le vieillard boucha son antique sacoche ; ils transplanèrent.

Assis dans son bureau, Barney Williams consultait l’épais dossier Davenport.
Quelle étrange affaire que celle-là !
Son flair l’avait-il trahi ? L’avait-on manipulé ? Ce n’était plus de son ressort à présent puisque la « lumière » avait été faite et le suspect acquitté.
Il va sans dire que le sujet n’était pas clos car si Davenport n’était pas le coupable prévu, il devait forcément y en avoir un autre. Là-dessus, la partie Davenport ne se mouillait pas et laissait à la justice le soin de le découvrir. Williams aurait juré qu’on lui cachait des éléments. Lesquels ? Il aurait donné beaucoup pour les connaître.


*Suis sûr qu’ils en savent plus long que ce qu’ils racontent. *

Des soupçons, il en avait, oh oui ! Comment ne pas penser à Andreï Sanders ? Il possédait des alibis en béton pour le soir incriminé mais s’il y en avait bien un qui aurait pu en vouloir à Davenport au point de lui créer tous ces ennuis, il gagnait la palme. Quoique… à tout prendre, c’était plutôt Justin qui était à plaindre au moment des faits. Sa femme le quittait, sa maîtresse supposée aussi…
Aucune preuve n’existait d’une relation extraconjugale de ce côté-là. Par contre, de l’autre…
Williams n’avait pas à intervenir dans ces histoires intimes sauf qu’à présent, il s’agissait d’un rapt d’enfants.
La partie attaquée réagissait avec vigueur, il fallait s’y attendre.
Lentement, Barney tourna et retourna l’enveloppe qu’il avait reçue au matin. Il se serait bien passé de la recevoir mais elle était là, le narguant.


*Ou Davenport est un con, ou c’est encore une manœuvre… *

Intrigué, le principal avait hâte de voir la tête qu’allait tirer Justin quand il lui soumettrait ce document.
Peu après, il reçut la réponse.

Sans attendre, il fit entrer ses visiteurs qu’il salua avant de leur proposer de s’asseoir :


Belle journée, n’est-ce pas ? Je suppose que vous venez m’apporter une copie de votre contrat de mariage, Mr Davenport ?

Pendant que maître Abermale s’affairait à extirper le document de sa mallette, Justin confirma :

Oui, il s’agit de la clause particulière me donnant plein droit de garde en cas de séparation ou divorce sans conciliation. Il y a aussi toutes les attestations notariées prouvant l’authenticité de l’acte et de son établissement en Nouvelle-Zélande et en Angleterre.

Chaussant ses lunettes, Williams examina les papiers et approuva :

Tout semble parfaitement légal. Il y a donc bien eu contravention.

Justin se détendit d’un cran. Artémius sourit :

Vous ne verrez donc aucun inconvénient à faire respecter l’ordonnance. Mon client espère beaucoup que les enfants lui seront rendus ce jour, et que…

Williams toussa, contrarié :

Ce n’est pas si simple… Mr Davenport souffrez-vous de troubles de mémoire ?

La question prit Justin au dépourvu, il tiqua violemment :

Non ! Jamais ! Qu’est-ce qui… ?

Le papier manipulé tantôt par le policier s’exhiba :

Reconnaissez-vous ceci ? Vous pouvez le prendre, il s’agit d’une copie. L’original et son enveloppe sont est au laboratoire pour les empreintes…

Deux têtes avides se penchèrent sur le feuillet. Dans sa précipitation, le front d’Abermale cogna celui de Justin à qui il piqua le papier.
Vu son air à la lecture, Justin sentit ses tripes se nouer. Accusateur, Artémius l’apostropha :


Vous auriez pu me parler de ça, Justin ! Ça fiche tout en l’air !

Ça quoi ? Laissez-moi le voir, au moins !

Le papier changea à nouveau de main. Davenport tangua sur sa chaise en secouant la tête d’incompréhension. Muet un moment, il lut et relut le document avant de cracher :

Je n’ai jamais écrit ça, jamais de la vie ! C’est grotesque ! C’est un faux !

Se rengorgeant comme s’il venait de faire une bonne blague, Williams osa un sourire :

Je m’attendais à cette réaction. Nos experts travaillent dessus, ne vous en faites pas. Avouez, cependant, que cela change l’optique des choses… Mrs Davenport…

Ne l’appelez plus ainsi ! clama un Justin au teint échauffé de colère.

De cause à effet, elle est encore votre épouse légitime… Si vous y tenez, niez ce terme, mais avec ce document, la mère de vos enfants a été habilitée par vos soins à prendre seule en charge leur garde.
La date est très intéressante… Vous étiez en état de choc à ce moment… Regardez l’en-tête du papier… N’est-ce pas le papier à lettres de votre hôtel et la date celle du soir où elle vous a signifié votre rupture ?


J’EN SAIS RIEN ! Tout ce que je sais c’est que je n’ai pas écrit cette ineptie !

Tout porte à croire que vous aviez décidé votre « départ » en beauté à ce moment-là et changé vos dispositions à l’encontre de votre femme.


Non ! NON ! Mon testament stipule qu’en cas de décès, seul Michael De Brent peut prendre toutes les dispositions concernant les enfants.
Par… Par son comportement, Nate a perdu ses droits sur eux. Je suis… j’étais prêt à passer l’éponge, elle doit avoir reçu une lettre en ce sens, à condition qu’elle respecte notre contrat. ELLE LES A ENLEVÉS, NOM DE DIEU !


Quoique la situation n’ait rien d’amusant, Williams se marrait en douce. Tant de choses étaient obscures dans cette histoire… En aurait-il un jour le fin mot ? Car il fallait bien avouer que des points réclamaient des éclaircissements.

Vous nous avez déjà fournis des témoignages sur la disparition de vos enfants aux Bermudes… Mr De Brent devra probablement comparaître pour les avaliser. Nous avons des contacts avec des équipes là-bas. Néanmoins… des éléments ne collent pas... Par exemple… Personne ne comprend comment vos enfants auraient pu être enlevés au jour dit et réapparaître le soir même chez votre femme…
Nous allons devoir vérifier beaucoup de choses, Mr Davenport. Je crains que la récupération de votre famille ne demande plus de temps que vous ne l’escomptiez.


JE NE VEUX PAS ATTENDRE ! JE VEUX MES GOSSES !

N’allez pas commettre d’actes que vous regretteriez et qui seraient préjudiciables à votre cause ! Laissez-nous débrouiller cette affaire, voulez-vous ?

*Tu parles si je vais rester les bras croisés ! *

Justin, l’inspecteur a raison. Il s’agit d’une complication inattendue mais nous nous en sortirons. Nous nous en remettons à vous, Principal Williams. Veuillez excuser l’emportement de mon client. Viens, Justin.


Il dut presque le traîner de force dehors. Davenport fulminait, se sentant prêt à transplaner direct chez Nate et lui casser le portrait.

Du calme mon ami ! Ils ont marqué un point mais nous allons nous défendre. Que dirais-tu d’aller déjeuner ? Je suis certain que Sam saura te remonter le moral.
Nous avons du pain sur la planche mais celui-là ne nourrit pas son homme. Veux-tu que je te ramène à l’hôtel ?


Il était presque midi, bien qu’ayant sauté le petit déjeuner Justin n’avait pas faim. Les idées à l’envers, il assura pouvoir rentrer seul et laissa l’avocat s’envoler.
Il avait besoin d’être seul un moment. Aussi déambula-t-il sur les trottoirs déneigés, sans porter la moindre attention aux passants qui s’y bousculaient. Plusieurs fois, il fut heurté mais s’en foutait.
Son errance l’amena dans le métro qu’il prit comme en rêve.
Il ne se réveilla vraiment que face au Ritz. Il devait vite se recomposer un visage serein, Sam ne méritait pas ces tracas supplémentaires.
Pénétrant dans leur suite, il s’étonna de ne pas l’y trouver. Serait-elle sortie malgré ses recommandations ?
Des bruits caractéristiques de douche le rassurèrent à moitié :


*Elle devient maniaque de la propreté, elle a déjà pris un bain ce matin !*

Sans doute était-ce là une lubie de femme enceinte.
N’y prêtant pas plus attention, il visa le bar où il s’enfila un whisky bien tassé avalé d’un trait avant de s’en servir un second. Le sirotant doucement, il tourna en rond avant de se rendre compte que le temps filait. L’eau coulait toujours, Sam ne réapparaissait pas.
Posant son verre, il s’approcha de la porte de la salle de bains :


Sam ? Ma chérie… Tout va bien ?

L’absence de réponse lui fit craindre le pire. Il força l’ouverture, le cœur chaviré d’angoisse.
Tassée sur elle-même, inexpressive, Sam recevait des torrents d’eau sur la tête sans sourciller.
Surpris, il se précipita, arrêta le mitigeur et prit Sam dans ses bras :


Hey, ma belle, ça ne va pas ? Qu’est-ce que tu as ? C’est le bébé ?

En réponse, la jeune femme lui accrocha le cou et nicha son visage dans le creux de l’épaule.

Qui a-t-il Sam ? Bon Dieu, réponds-moi !

Force fut de la ramasser. Tout en la berçant et lui embrassant les cheveux dégoulinants, il la conduisit à la chambre où il la posa sur la courtepointe.

Là, là ! Ça va aller. Ne pleure pas ma chérie, ça va aller.

Dire qu’il était rentré avec l’espoir de se faire consoler et que maintenant…
Un sortilège de séchage express empêcha la miss de frissonner. Ses sanglots s’atténuant, Justin continua à l’étreindre en la couvrant de baisers :


Regarde-moi mon amour. Raconte. Qu’est-ce qu’il y a ?


Avait-il bien entendu ?


Rien ? Tu prétends qu’il n’y a rien ? Enfin Sam… suis pas né de la dernière pluie. Pour te mettre dans un état pareil, il y a forcément eu quelque chose.

Une idée lui sauta à l’esprit :

Andreï ! Je parie que c’est ce salaud ! Il t’a contactée ? Tu l’as vu ?

Elle nia avec vigueur, ce qui ne le convainquit pas trop mais que faire d’autre que d’accepter cette affirmation ?

Tant mieux si ce n’est pas lui car je te jure qu’il passerait un très mauvais quart d’heure. On s’en fout d’Andreï *Tu parles* Veux-tu que j’appelle ta copine toubib ?


Nouveau déni. Justin soupira, dépité :

Bon… C’est toi qui vois. Je vais commander un déjeuner que l’on prendra ici, rien que nous deux... Pas faim ? Moi non plus. Du café et deux ou trois sandwiches feront l’affaire.

Sans la quitter, il s’empara du téléphone et donna ses ordres au room service. Reprenant Sam contre lui, il la cajola du mieux possible :

Je te fais passer de rudes moments, pardonne-moi mon cœur. Dans quelque temps, tout ira mieux, je te le promets. Allez, fais-moi un sourire ou je vais pleurer aussi !

Elle fit beaucoup mieux que cela. Wow ! Quel baiser renversant ! Que d’aveux d’amour et d’abnégation. Justin ne se sentit pas de cœur de gâcher cet état d’esprit en confiant les derniers rebondissements de l’affaire. Faussement joyeux, il la laissa entièrement se reprendre et dut commander d’autres sandwiches car l’appétit de sa dame était revenu avec son sourire.
S’il espérait donner le change longtemps, il fut déçu.


…Euh, moi ? Ça va ! Pas de souci ! *Menteur*

Voilà ce que c’était de vivre avec une femme intelligente qui, de plus, avait l’esprit en phase totale avec le sien : elle n’était pas dupe !

Bon d’accord… ça ne se passe pas comme prévu… J’aurais, dans un trait de folie, signé un truc confiant la garde des enfants à Nate.

Evidemment, Sam se révolta.

… bien sûr que non ! Jamais je n’aurais fait un truc pareil. A moins d’être atteint d’Alzheimer, je m’en souviendrais… Admettons que ce faux document, car c’est un faux, fonctionne. L’accusation de rapt tombe à l’eau. Cela ne changera pas grand-chose aux termes du divorce. Nate est adultère avant séparation de son chef. Elle vit avec son amant au passé plus que douteux. Son environnement est malsain pour les enfants, n’importe quel juge sensé le reconnaîtra, alors tout ira bien !

Deux jours s’écoulèrent. Sam et Justin ne sortirent guère. La jeune femme semblait parfois tellement perdue dans ses pensées que le sorcier s’en inquiétait. Il aurait donné cher pour lire dans cette tête aux cheveux d’or.
Lui, il avait naturellement eu des contacts avec son avocat et avec Lord Cavendish. Selon eux, l’affaire suivait son cours. Bon point pour Davenport : si écriture et signature du codicille semblaient authentiques aux siennes, aucune empreinte n’avait été relevée sur le document transmis par Nate.
L’optimisme revint.
Il fallait fêter ça !


Pomponne-toi, ma chérie, nous sortons ce soir. On ne va pas leur donner la joie de croire que nous avons peur d’eux, n’est-ce pas ?

Prendre l’ascenseur déclencha une réaction étrange chez Sam. Pourquoi dévisageait-elle tant le liftier en s’accrochant si fortement à son compagnon ? Justin ne s’en plaindrait pas, mais… Bizarre quand même.

La table réservée au Beach Blanket Babylon fut à la hauteur des aspirations de ces deux gourmets.
Chacun rivalisait des papilles pour détecter les ingrédients de ces saveurs somptueuses. Petit jeu innocent auquel ils s’adonnaient gaiement en sachant que leurs goûts concorderaient en tous points.
Sam paraissait remise de ses mésaventures inavouées, Justin demeurait confiant. Il ne pouvait cacher que ses gosses lui manquaient affreusement, que de les savoir sous la tutelle de Nate et Andreï le dérangeait beaucoup. Il misait cependant sur ses filles pour rendre à leurs gardiens une belle vie houleuse.
En amoureux, le couple bavarda de sujets anodins ou plus sérieux :


J’ai contacté plusieurs architectes, ma douce. Nous aurons des plans avant peu. Tes désirs seront des ordres pour moi ; tu auras l’embarras du choix.

Elle riait, heureuse…
Justin verdit soudain :


Excuse-moi. Les figues caramélisées ont un drôle d’effet sur moi.

Flageolant, il arriva tout juste au lavabo des toilettes. Le front baigné d’une mauvaise sueur, il ouvrit le robinet et s’aspergea copieusement le visage. Son reflet dans le miroir lui fit peur mais moins que ce qu’il crut y distinguer. Illusion, réalité ? Sanders se tenait derrière lui, l’œil goguenard. Le temps de se retourner baguette pointée, il n’y avait personne.
Tremblant, Justin rangea son bois en se traitant de paranoïaque.
Deux pas en avant… retour brutal en arrière. La nausée le sciait. Le robinet s’activa encore.


*Sauce tomate ? Il n’y avait rien à la tomate…*


Horrifié, Davenport réalisa que c’était du sang qui s’effaçait dans le lavabo.

*Un ulcère en pleine révolution !* rigola-t-il intérieurement.

Il ne rigola pas longtemps. La crise suivante l’écroula presque.
Accroché à l’évier, Justin eut l’impression de remettre son âme à Dieu…

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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptySam 25 Sep - 16:33

Être condamnée, sans appel , par ceux qu’elle chérissait tant, blessa cruellement Nate. Certes, elle avait envisagé qu’ils ne seraient pas ravis d’apprendre ce qu’elle avait fait de sa vie si exemplaire mais de là à la bannir des cadres…cela n’avait jamais effleuré son esprit ! Sans l’appui d’Andrei elle se serait effondrée mais il se montra d’une douceur, sans précédents, apaisant, très habilement, ses craintes, la faisant se sentir, pour une fois, presque aimée. Si cela avait pu être toujours comme ça !

Mais bien sûr, prétendre cela était trop rêver.

Plus tranquille, reposant entre les bras rassurants de son amant, Nate repassa ce qu’il lui avait dit avant que n’arrive l’appel fatal. Encore là, Andrei l’avait pleinement rassurée de sa crainte de perdre ses enfants et d’aller donner avec ses os en prison :

Ça m’étonnerait que ça aille jusque-là ! Je connais d’habiles faussaires, les moldus n’y verront que du feu quoique ton mari ait prévu.

Sotte qu’elle était, son idée d’aller trouver son futur ex-mari fut vite désamorcée par un Sanders ironique.

Très mauvaise idée, ma chère. Tu te trompes sur lui ! Rien n’est perdu, je t’assure.

Bien sûr qu’elle s’était trompée sur Justin. Tout le monde s’était trompé sur lui. L’image du sage et conciliant Davenport, si imbu de principes de rectitude, venait de voler en éclats en s’exposant à la vue de tous en compagnie de sa blonde maîtresse, sans que cela semble lui peser le moins du monde.
Personne ne douterait plus que sous cet air d’affabilité, Justin était un affabulateur né, un intrigant de la pire espèce…

Mais à quoi bon penser à son ex mari alors que c’était Andrei qui était là. Même dans le relâchement du sommeil il émanait de lui une force qui la subjuguait, qui la faisait oublier toute autre chose qui ne fut lui. Il avait beau être ironique et dénué de tendresse la plupart du temps, un peu brute à ses heures, elle s’avouait vaincue d’amour…pour lui, elle irait en enfer, au besoin…

*Si tu savais comme je t’aime, Andrei…si tu savais…*

Parce que cette folle passion qui les avait unis dès le début avait, depuis longtemps, pour elle, mué en un amour sans transition. Nate se savait perdue mais cela ne changeait rien.

Fébrile, attablée face au parchemin vierge, Nate cherchait ses mots pour adresser une requête de paix à son ex.


Je dois…lui expliquer…le ramener à la raison…il ne peut pas m’accuser de tant de bassesses …

Andrei lui se marrait en douce, lui faisant remarquer l’inutilité de pareille démarche, lui assurant que Justin lui rirait au nez la traitant, en plus, de quelques noms d’oiseau bien choisis. Les yeux pleins de larmes, elle avait étalé une belle prose, capable d’émouvoir le plus endurci. À mesure qu’elle écrivait les souvenirs de ce passé partagé avec Davenport lui revinrent en force. Années parfaites, sans sursauts, ponctuées d’un amour inconditionnel et merveilleux, d’une dévotion sans nom. Il l’avait tant aimée et elle…qu’avait elle fait ? Trahi cet amour, cette confiance indéfectible, détruit leur ménage…fait fi du vrai bonheur pour vivre cette aventure incertaine qu’était son union avec Andrei. Là, elle pleurait pour de bon mais entre reniflements avait fini sa missive et d’une main tremblante l’avait attachée à la patte du hibou commis pour la délicate mission.

Hibou qui était revenu, bien d’heures plus tard, bredouille, le message encore attaché à sa patte. Justin refusait toute communication avec elle ou pensait à quelque piège…


Ce sera une autre fois !, assura t’elle.

Andrei avait ri.

Le lendemain, il déserta leur lit bien avant que le concert des enfants ne s’entame, comme tous les matins.

Où vas-tu, si tôt, Andrei !?


Aucune explication, à peine si un baiser distrait et il avait disparu. Un affreux soupçon assaillit Nate.

*Il est allé la chercher…Il va attendre que Justin la lâche un instant et voudra la voir…lui parler…*

Cette idée lui fit tout le mal du monde, le visage enfoui dans l’oreiller qui conservait encore sa chaleur et son odeur, Nate pleura toutes les larmes de son corps. Ses enfants se chargèrent vite de la tirer de là et la routine exténuante d’une nouvelle journée commença.

Mon papa il va bientôt venir nous chercher, affirma Viviane au petit déjeuner.

Tais toi, Viv et finis de manger !


Tu ne veux plus voir Papa ?, s’étonna Flore, en toute innocence, ce qui lui gagna un coup de coude, de son aînée, nanti de son petit commentaire hideux.

Non, elle ne veut plus le voir, Flo…Maman ne l’aime plus ! Maman, elle ne…

Taisez vous, toutes les deux…vous ne savez rien !, tempêta Nate en essayant de convaincre les jumeaux de manger.

Oui, on sait !


Viv pouvait être très péremptoire quand l’envie lui en prenait, surtout quand Andrei n’était pas dans les alentours, lui, il savait bien lui fermer le clapet et lui faisait très peur. Mais là, leur mère était seule et comme d’habitude semblait assez dépassée, une proie facile, en somme.

On sait tout…Tu n’aimes plus notre Papa et tu nous a enlevées rien que pour lui faire mal…Tu ne nous aimes pas, non plus…Tu ne l’aimes que lui…et nous on veut pas qu’il soit notre nouveau Papa…il est méchant…j’espère que Papa le tuera.

L’idée que Justin pouvait effectivement tuer Andrei la mit dans un état de désespoir atroce. Le contraire était très probable aussi mais celui là était le moindre de ses soucis.

Ton père ne va tuer personne. Je me demande où tu vas chercher des idées pareilles, Viviane…finis tes céréales…et montez dans votre chambre.

On veut aller jouer dans la neige…on aime jouer là…Papa, lui…


Ton père n’est pas ici, Viv…Ça suffit…

Quand on sera avec lui…on pourra !
, ajouta Flore, sentencieuse, avec lui et notre autre Maman…elle a l’air gentil…elle !

Comment deux enfants de sept et six ans peuvent être si cruelles ? Nate commençait à l’apprendre à ses dépends.

Vous…vous ne savez rien d’elle.


Si Papa l’aime…nous aussi !

Pique finale avant que Nate, agacée au plus haut point, les renvoie tout de go à l’étage. Restée seule avec les jumeaux, elle n’en menait pas large. Briman jouait les invisibles pour ne pas épouvanter les jumeaux , Keala la secondait, mine fermée, bouche pincée, le reproche le plus vif peint exprimé sans un mot…jusque là.

Sauf votre respect, Madame…mais vous ne devriez pas être si dure avec les petites demoiselles.

Nate se retourna et dévisagea la néo-zélandaise, les sourcils froncés.

Vraiment ? Et à ton avis, Keala…que dois je faire ? Écouter leurs niaiseries à longueur de journée ? La situation est telle qu’elle est…point final.

Ce n’est pas facile pour deux enfants de cet âge, Madame, de comprendre que leurs parents se séparent...et encore moins de cette façon…Elles avaient une vie parfaite et puis vous les avez abandonnées…Elles adorent leur père, qui lui ne leur a jamais manqué, qui a toujours été là…

Tiens…encore une admiratrice de Justin. L’Homme parfait !


Keala essuya doucement la bouche d’Anthony et soupira.

Ne vous en déplaise, Madame, mais c’est bien le cas… Mr. Justin est un homme irréprochable, droit, loyal…

Loyal !?!?...Il s’affiche à la TV avec une autre femme accrochée à son bras…et…

Madame Natasha, je vous connais depuis très longtemps…avant même que vous ne veniez en Angleterre pour la première fois et je ne pense pas que ce soit un manque de respect de ma part de vous dire que c’est sur vous que retombe toute la faute de cette situation. C’est vous qui avez déserté le foyer, abandonnant mari et enfants…c’est vous qui vivez avec …votre amant, sans aucun autre souci que votre plaisir…

KEALA !!!


Entendre la vérité fait mal…peu importe, je sais, je ne suis qu’une employée…votre Granny Patches m’a envoyée ici pour vous aider…et vous protéger…mais toute la bonne magie déployée pour vous ramener à la raison s’avère inopérante…

Que…voulez vous dire ? Vous n’êtes qu’une espionne à la solde de…ma famille !?

La femme maori eut un sourire triste.

Non. Je n’espionne pour personne. Je n’étais qu’une amie venue de loin…Whangarei…celui qui a été votre foyer…

À la mention de ce foyer perdu, la bouche de Nate tremblota pitoyable, elle essaya de se reprendre mais des grosses larmes lui échappaient déjà.

Ils…ils ne veulent plus de moi, Keala…ils…m’ont bannie…effacée de leurs vies…

Vous l’avez cherché, avec une ténacité imprévisible…Je sais…vous aimez Mr. Andrei au delà de tout, inutile de le nier, cela saute aux yeux de tous…mais cela lui importe peu, à lui…

Vous…ne connaissez pas Andrei…il est…


Un homme des plus ambigus que j’ai jamais connu. Il peut être mauvais, froid et roublard mais dans le fond ce n’est qu’une âme perdue…il a peur et a perdu ce qu’il aimait le plus…Vous le savez…

Mais comment… ?


Keala sourit, amère.


La vieille magie, Madame, permet de voir les âmes telles qu’elles sont…Je suis une sorcière à l’ancienne, ma magie est aussi élémentaire que la nature…Je sens plus que ne vois, sans rien deviner je découvre…et je sens beaucoup de choses, là…Cet homme vous est et sera à jamais attaché parce que vous lui avez rendu ce qu’il avait de plus cher jusque là : sa dignité de vivre…Il vous aime, à sa façon…mais son cœur appartient à une autre…

Là, Nate pleurait carrément, sans se soucier des jumeaux qui suivaient le tout sans piper un son, elle appuya le front sur ses bras croisés sur la table et se laissa aller à son amertume.

Pauvre enfant !, dit doucement Keala en lui caressant les cheveux, pauvre enfant…

Elle emmena les petits à la nursery et les laissa aux bons soins de la petite Nimué, qui, discrète comme une ombre, s’acquittait à sa tâche sans que presque personne ne la remarque, puis redescendit auprès de la dame de céans qui pleurait toujours, telle intarissable fontaine.

Calmez vous, Madame, elle agita sa baguette sur la tête rousse et peu à peu les sanglots s’espacèrent.

Nate se redressa et la regarda, éperdue.


Que…puis je faire ? Je l’aime…et il ne m’aimera jamais...il n’aime que sa Sam…

Vous avez péché…et cela a son prix…vous avez déjà commencé à payer. Mais, il est une chose que vous ignorez encore…et cela peut changer la situation à votre faveur…pour le moment.

Là, Nate releva bien le nez et se fit très attentive.


Quoi donc, Keala ? Qu’y a-t-il que vous sachiez que j’ignore ?

D’un geste très doux, l’expression pleine de commisération la femme maori lui essuya encore une larme sur la joue.

Vous portez son enfant.

Un coup de massue ne l’aurait mieux assommée. Nate resta là, la bouche ouverte, les yeux élargis de folle surprise, ébahie…affolée, émerveillée et sans s’en rendre presque pas compte porta la main à son ventre qu’elle caressa avec infinie tendresse.

Un…enfant ? Un...bébé…d’Andrei ?


Il me semble m’être clairement exprimé, mon petit…oui, vous allez avoir un enfant de…lui.

Il…n’en voudra pas…il déteste les enfants…


Keala se permit un petit rire presque amusé.

Je ne dirais pas cela. L’avez vous vu bercer Anthony ? Malgré lui, il aime le petit …qui est l’enfant de son ennemi…Donnez lui un qui soit à lui…et ce sera un autre homme mais…ce ne sera pas facile…il peut aussi penser que vous ne l’avez fait que pour le retenir…mais c’est le risque à courir…Seul le temps dira…je ne puis prédire l’avenir.

Keala…vous…allez m’aider ?

Non…je ne ferai rien d’autre que m’en aller, Madame Natasha. Je ne peux plus rester ici…cela irait contre tous mes principes…je dois retourner chez moi…à la nature…je me sens contrainte ici. Seule ma loyauté envers votre Granny m’a retenue ici, jusque là…maintenant, vous devrez vous débrouiller seule…

Mais…mais...vous ne pouvez pas m’abandonner ainsi…

Je peux et je dois, Madame Natasha…que les dieux soient bienveillants avec vous !

Elle frôla son front de quelque signe ancien avant de s’enfumer sans bruit… Nate venait de perdre encore un repère…

Deux jours. Aucun signal de vie. Pas un mot. Pas un coup de fil. Rien. Deux jours pendant lesquels, sans l’aide de Keala, Nate, exténuée, dut s’arranger, à la comme on peut, pour faire front à ses quatre enfants. Briman, l’indéfectible, faisait des merveilles pour tenir la maison et faire la cuisine. Nimué s’occupait des tout petits mais les grandes s’en donnaient à cœur joie pour rendre impossible la vie de leur mère, dont les nerfs étaient prêtes à craquer. Andrei lui manquait cruellement et elle pensait déjà une défection de sa part…ce qui la plongeait dans le pire des désespoirs. Elle regardait les nouvelles à la TV, avec maladive attention, s’attendant à tout moment entendre le pire…

Dans l’après midi de ce deuxième jour de solitude atroce, un commis vint apporter une enveloppe qui lui était adressée. Le ventre tordu de peur, Nate l’ouvrit et prit connaissance du contenu. Sciée, elle se laissa aller dans un fauteuil en relisant un certain paragraphe :

Attendu que selon le contrat de mariage - toujours en vigueur entre les époux Davenport Justin-Sommerby Natasha -, il est stipulé qu’en cas de séparation des époux la garde exclusive des enfants revient au père reconnu desdits enfants, nous avons l’honneur de vous intimer la restitution pleine et entière des droits susnommés. Auquel cas aucune poursuite ne sera engagée à l’encontre de la contrevenante et du, ou des complices, ayant favorisé la contravention.
En cas de manquement au respect de cette ordonnance, si aucune conciliation n’intervient dans la semaine suivant la notification, plein droit sera accordé au demandeur et saisie judiciaire ordonnée.


Elle se sentait étouffer à en mourir. Son cœur ratait des battements. Le contrat de mariage ! Comment n’y avait elle pas pensé ? Elle l’avait signé, jadis, sans presque en prendre connaissance. Pourquoi l’aurait elle fait alors que sa vie semblait vouée au bonheur le plus parfait aux côtés de l’homme le plus merveilleux de la terre ?...Homme auquel elle avait juré, face à Dieu et aux hommes, de demeurer fidèle et de l’aimer jusqu’à ce que la mort les sépare ?

Le rituel du petit déjeuner, torture quotidienne, était en cours. Les petits recrachaient, comme toujours. Les grandes faisaient leur foin habituel et elle était prête à les envoyer tous au diable ,sans contemplations, quand Andrei fit une apparition des plus inespérées, dans un état qui disait long sur son emploi du temps des deux derniers jours. Sale, barbu, hirsute et avec son regard des mauvais jours.

Nate qui s’apprêtait à faire des œufs brouillés avait brandi la poêle, affolée.


Mais…Mon Dieu, Andrei !!! Où étais tu passé ?...J’ai pensé n’importe quoi…J’étais folle d’angoisse…comment peux tu me faire ça ?...J’ai cru…j’ai pensé…

Il n’était pas d’humeur pour une scène. Viviane et Flore étaient restées en suspens, affolées aussi face à cette apparition si peu engageante. Les jumeaux, eux, optèrent pour le silence.

Cesse donc ! Je suis là, non ?

Oui…tu es là…après deux jours sans un mot…où étais tu ? D’où sors tu…avec cet air de déterré !?

Qu’est-ce que ça peut te faire où j’étais ? Vais me doucher.

Faisant cas omis de la présence de sens enfants, Nate posa sa poêle et le prit du bras,

Ah non…pas si facile que ça , Monsieur…Tu disparais comme si rien…et rentres après deux jours avec une allure de qui a dormi sous les ponts…je veux savoir…j’ai quand même un…certain droit, non ?…en plus…pendant que tu vadrouillais par là...il y a eu du nouveau…Les autres n’ont pas lambiné…alors que tu prenais du bon temps…Tiens ! Lis moi un peu ça !!!

Et furieuse fit apparaître sous son nez les documents arrivés la veille. Force fut de prendre place en se servant un café et y jeter un coup d’œil. Cela lui prit un moment, après lequel, d’un air las, il finit son café et alluma une cigarette, sans se soucier de la présence des quatre enfants, ébahis.

Tu…ne peux pas fumer face aux enfants…c’est malsain pour eux…

On ne fume pas devant les gosses ? Autant qu’ils apprennent vite les dures réalités de l’existence !

Mais…Ça ne va plus chez toi ! Qu’est ce qu’il te prend !? C’est quoi cette façon de te comporter…tu es chez moi….je ne veux pas que…Oh…mais suffit de voir ton petit air désenchanté pour deviner ce qui s’est passé…T u es allé la voir, non ?...Et quoi…elle t’a envoyé…

Tais-toi, Nate ! Tu ne sais rien !

J’en sais plus que tu ne crois au contraire…Je ne suis pas si idiote que tu le crois…je…

TA GUEULE ! FERME-LA !

Tu n’es qu’un imbécile de plus, Andrei…Tu…


Elle lui bassina joyeusement les oreilles avec tout ce qui lui passait par la tête, peu lui importait que Viviane et Flore ne perdent miette de cet affront, en fait, elles suivaient avec véritable intérêt. La réaction de Sanders la prit de court. L’agrippant de la gorge il lui décocha un regard féroce.

BOU-CLE-LA et écoute : il n’aura pas tes gosses si tu y tiens tant ! Quoique je pense que c’est plutôt l’envie de l’emmerder qui te pousse à les garder. Je m’attendais à un truc tordu de ce genre. T’avais pas lu ton contrat de mariage, pauvre cloche ? Je l’ai fait pour toi, il y a peu. C’est prévu, tout est prévu ! En ce moment même, tintin doit se demander où, quand, et comment il a pu signer une dérogation en ta faveur. Je te fiche mon billet qu’aucun expert au monde ne pourra prouver qu’il s’agit d’un faux. Et si cela ne suffit pas, ne t’en fais pas…

La suite l’abasourdit joliment.

On ne confie pas la garde d’enfants à un mort ! … Oui, tu m’as bien entendu : un mort !

Relâchée, elle faillit tomber tant ses jambes s’étaient mises à trembler, alors que de commun accord ses quatre enfants se mettaient à hurler à qui mieux mieux.

*Tuer Justin ?...Je le déteste…mais pas...pas à ce point ! Ou oui ? ...Mon Dieu…*

Andrei !!!

Mais il était déjà parti en coup de vents la laissant, désemparée, avec sa petite famille hurlante.

JE VEUX MON PAPA !!!!, s’égosillait Viviane, imitée vite fait par sa sœur.

Taisez vous !!! TAISEZ VOUS !!!, totalement hors d’elle, affolée, Nate tira sa baguette et leur envoya un Bloclang enragé avant d’appeler à grands cris Briman et Nimué pour qu’ils emmènent les enfants hors de sa vue. Restée seule, elle se sentait au paroxysme du désespoir, sans trop le penser, d’une course folle, gagna l’étage.

Andrei sortait juste de la douche quand elle déboula dans la chambre, l’air hagard.


Que…qu’as…voulu tu dire ? Andrei…dis moi…que signifie…ce que…tu as dit…d’un…mort !!? Tu…tu…as tué Justin ??? Dis moi, tu l’as tué !!!????

Il rit, mauvais mais la rassura, plein d’ironie. Elle n’était pas veuve…pas encore !

Mais…Andrei…le...le tuer…Je…ne …voulais pas ça… Non ! Bien sûr que je ne l’aime pas. Plus jamais ! Je le déteste…mais de là…Oui, je me fais du souci…les enfants…Oui, je les veux avec moi mais qui sait…après…on pourrait trouver une conciliation…Non…enfin…un peu oui…je voulais le blesser en les lui prenant…mais ce sont aussi mes enfants…Je sais…tu ne les supportes pas…moi…j’en ai marre aussi parfois mais je les aime…

Elle était presque pitoyable dans son plaidoyer égaré et lui, se fichait pas mal de ce qu’elle pourrait dire ou pas, au lieu de la laisser parler, il s’approchait et la bâillonnait d’un baiser fiévreux, rageur. Nate voulut se séparer mais il la retenait fermement, jusqu’à ce qu’elle cède à sa demande. Elle ne pouvait jamais lui résister longtemps et Andrei le savait sciemment, la manipulant au gré de sa fantaisie, ce dont il ne manquait pas. Il ne se montra pas tendre au contraire, Nate sentit qu’il ne faisait que défouler quelque amère vindicte et devinait bien de laquelle il s’agissait…

Trois jours se passèrent dans un calme apparent...très apparent. Inquiet, énervé, tendu, il réagissait au quart de tour à la moindre provocation…réelle ou imaginaire. Viviane et Flore se maintenaient à respectueuse distance et restaient silencieuses en sa présence mais il suffit d’un petit commentaire de rien du tout de la part de la cadette pour qu’Andrei perde la tête et les envoie sans plus s’enfermer dans leur chambre pour le reste de la journée.


Mon Dieu, Andrei…calme toi,
pria doucement Nate en prenant sa main, elles ne voulaient qu’aller un moment dehors…elles adorent la neige…j’aurais pu les y accompagner…

Enragé, il lui fit remarquer que son cher mari et ses sbires n’attendraient qu’un petit moment d’inattention pour les lui reprendre, ses filles !

Elle voulut se montrer calme et conciliante.


Tu es un peu parano, mon chéri…je ne pense pas que De Brent ou qui que ce soit ne soit embusqué dans les buissons…Essayons plutôt de nous calmer un peu…

Se calmer !? Un vrai fauve en cage, la repoussant dès qu’elle voulut se rapprocher.

Bon…si tu vas te montrer si irascible…alors c’est moi qui vais sortir faire un tour !

Elle se dirigeait vers le portemanteau quand le mobile d’Andrei sonna. Il y répondit, laconique, mais d’immédiat sembla se transfigurer, l’éclat de ses yeux ne mentait pas…il rayonnait de bonheur. Avec un très douloureux pincement au cœur, Nate sut qui était l’interlocuteur …ce ne pouvait qu’être elle. La conversation fut très brève, en rangeant le téléphone, Andrei souriait…triomphant et se dirigea prendre son manteau.

Où…où vas-tu ? Andrei…ne…pars pas comme ça…Elle t’a abandonné…et maintenant claque des doigts et tu accours comme un chien obéissant…Elle…ne t’aime pas…Andrei…tu ne peux pas me laisser comme ça…

Parce qu’elle devinait que forcement c’était ce qui allait se passer. L’accrochant du bras, elle le retint, l’obligeant à la regarder.

Je sais…je ne suis que ton jouet…ta chose…mais il y a quelque chose que tu dois savoir avant de sortir par cette porte pour aller lui courir après…

Il lui décocha un regard agacé alors, prenant son courage à deux mains, elle lâcha sa vérité.

Je vais avoir un bébé, Andrei...ton bébé...et tu sais que je ne mens pas!

Son expression changea…à peine. Ses mots la blessèrent mais elle se força à ne pas faire une scène. Le lâchant, Nate s’écarta et le laissa aller.

Il reviendrait, tôt ou tard…
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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyDim 26 Sep - 11:53

Peur? Oui. À quoi bon mentir! Une trouille sans nom lui tordait les entrailles. Elle n’était pas prête à affronter Andrei et voilà que sans préavis, il était là, face à elle et sa position n’avait rien d’enviable.
Prise au piège, comme une idiote.

Crâner ne l’avança pas grand-chose.


Bizarre, je n’ai rien reçu ! Suis pas facile à trouver, moi... Tu sais ce que je veux Sam : TOI !

Elle retint sa respiration, essayant de penser à toute vitesse comment se tirer de là mais avant d’avoir pu esquisser le moindre geste, se trouva bloquée contre la paroi de l’ascenseur.

*Perds pas la tête…Reste calme…*


Facile à dire, elle savait trop bien de quoi il était capable.

On dirait que tu as peur de moi, mon amour. Quelle drôle d’idée !

Laisse…lâche moi, Andrei…lais…

Il fit ce qu’elle avait craint le plus : l’embrasser. Brutal, dominant, exigeant, il prit possession de sa bouche en maître absolu, la faisant frissonner…mais pas seulement de terreur. Il remuait encore trop de sentiments en elle, éveillait des sensations que Sam aurait voulu s’interdire. Désespérée, elle parvint à échappera à ce baiser affolant, seulement pour l’entendre rire.

Non, je ne vais pas te violer… pas encore, pas ici !

Le repousser ? Impossible. Il la clouait sur place, avec maîtrise
, osant des caresses insensées qui la firent rester sans haleine, horrifiée. Se démener…de débattre, cela ne donnait rien d’autre qu’exacerber le désir de son mari. Elle parvint, à peine, à tirailler faiblement ses cheveux, le faisant abandonner un instant sa bouche pour se livrer à des aveux non moins troublants.


Je t’aime Sam. Tu as un grand pouvoir sur moi, sais-tu, mon amour. Toi seule peux arrêter ce qui est en marche…

Que…que veux tu dire ?...Que…pourrais je faire…pour mettre fin…à tout…ceci ?

Quoi ? Comment ? A ton avis ?


L’horreur de ce qui croisa son esprit la submergea, il suffit de croiser son regard triomphant pour saisir l’énormité de l’enjeu.

Tu…tu…ne ferais pas…

Elle savait bien que oui mais…Que dire ? Avouer que son amour pour Justin l’avait menée à prendre des décisions rapides ? Qu’elle l’avait fui, sans lui donner le sursis de placer un mot, parce qu’elle craignait qu’il la détourne de son idée ? Que l’abandonner lui avait fait autant de mal que de bien ?

Laisse…moi aller, Andrei…ceci…ne mène à rien…

Il avait décidément une autre idée en tête, la broyant contre lui comme s’il voulait la fondre à son corps, il continua à l’embrasser, lascif, jouisseur…entêtant.

Tu m’aimes aussi Sam, tu le sais aussi bien que moi ! Ne mens pas en me disant que ça ne te fait rien, que tu ne ressens rien.

Mentir ? À quoi bon ? Sa réaction la condamnait. Ne rien ressentir dans ses bras ? Il faudrait être morte pour cela mais elle avait pris sa décision et c’était aimer Justin jusqu’à la fin de ses jours.

Je…je…t’ai aimé…oui…je t’ai aimé…mais…


Écoute, je peux passer l’éponge sur tout, tu m’entends, sur absolument tout si… si tu reviens de ton plein gré vers moi. Je t’en prie Sam, ne joue pas l’obstinée.

Elle se rebiffa, essayant encore de s’écarter de lui, sans aucun succès.

Je…je…l’aime…Laisse moi…tu as Nate…toi…


Il te suffirait d’oublier Justin…

L’oublier ? Je l’aime…

Sa réponse l’affola encore plus, pas tellement par la menace implicite mais plutôt par le désespoir qui y perçait.

Ne me force pas à cela… Je pourrais le faire : un oubliette canon… mais que tu reviennes de cette manière ne me comblerait pas. Je t’aime Sam… je mourrai sans toi ou… avec toi.

Andrei…

L’ascenseur s’ébranlait de nouveau, sans qu’elle puisse le retenir, Sanders s’était enfumé la laissant dans un état de folle confusion…de détresse. Tout le calme merveilleux de cette matinée volé en éclats, elle ne pouvait même pas réprimer le tremblement fou qui l’agitait… une nausée folle la secoua…Impossible qu’on la trouve là dans cet état…fruit d’un effort suprême, Sam transplana de retour à la suite manquant de peu de tomber sur le service qui venait de tout ranger…Les femmes de ménage firent peu attention à cette jeune femme défaite, qui fila comme le vent vers la salle de bain et s’y enferma…Des clients étranges, elles en avaient vus…donc…

Elle tremblait de tous ses membres, une vague de nausée la secoua de fond en comble et cela n’avait rien à voir avec sa grossesse…Les baisers et caresses d’Andrei l’avaient trop remuée comme pour qu’il n’en soit rien…Ce qu’elle avait ressenti la troublait énormément tout en la dégoûtant au plus haut point…pas les baisers, ni les caresses…sa réaction. Elle s’était affolée dans ses bras…il l’avait fait frémir, comme toujours, éveillant en elle un désir inavouable. Elle ne valait pas mieux que Nate…cet homme était capable de débrider son bon sens, de l’affoler…mais son amour, indéfectible appartenait à Justin…à lui seul…Elle commença à vomir comme une dingue, tout en pleurant…


*Justin…Justin…Justin…*


Percluse de douleur, de honte…de n’importe quoi, elle s’arracha presque les vêtements pour aller se perdre sous la douche…Elle ne voulait que laver la souillure de ses caresses, estomper l’ardeur qu’il avait si bien su éveiller…et pleurer à s’en vider l’âme de ses moindres souvenirs…mais la menace persistait…qu’avait il voulu dire avec: « Toi seule peux arrêter ce qui est en marche »…Andrei n’avait pas voulu donner de détail mais à bon entendeur…Il manigançait quelque horreur de son crû...contre Justin…contre les enfants…Pas contre elle…de cela Sam en était sûre. Elle…il la voulait pour lui.

*Mon Dieu…pourquoi s’entête t’il tant ?...Parce qu’il t’aime comme un fou…et qu’il n’admet pas une défaite…pas cette défaite…*

Elle aurait voulu pouvoir se noyer sous le jet puissant mais il est su qu’on ne se noie pas sous la douche…

Sam ? Ma chérie… Tout va bien ?

Justin était rentré…Elle aurait voulu avoir le courage de répondre mais resta là, pétrifiée sous le jet d’eau jusqu’à ce qu’il arrive, son sauveur adoré, coupe l’eau et la prenne dans ses bras, sans se soucier de se tremper.

Hey, ma belle, ça ne va pas ? Qu’est-ce que tu as ? C’est le bébé ?

S’accrochant à lui comme à planche de salut, elle mit la tête au creux de son cou. Le sentir...elle aimait son arôme...sa chaleur…il la rassurait. La sauvait.

Qui a-t-il Sam ? Bon Dieu, réponds-moi !


Il était si merveilleusement doux et prévenant et elle ne pouvait pas arrêter de pleurer.

Là, là ! Ça va aller. Ne pleure pas ma chérie, ça va aller. Regarde-moi mon amour. Raconte. Qu’est-ce qu’il y a ?

Elle était toute sèche à présent et n’avait plus froid. Il était là, son amour était là, la berçant, l’embrassant, éloignant tout…

Ri…rien…


Comment lui avouer ce qui venait de se passer tantôt ? Comment le blesser de cette façon si cruelle ?

Rien ? Tu prétends qu’il n’y a rien ? Enfin Sam… suis pas né de la dernière pluie. Pour te mettre dans un état pareil, il y a forcément eu quelque chose. Andreï ! Je parie que c’est ce salaud ! Il t’a contactée ? Tu l’as vu ?

Jamais elle ne lui avouerait cela…préférable en mourir.

Non…non…je…t’assure…Tout va bien…une sotte faiblesse…j’ai…j’ai eu peur…c’est tout !

Tant mieux si ce n’est pas lui car je te jure qu’il passerait un très mauvais quart d’heure. On s’en fout d’Andreï . Veux-tu que j’appelle ta copine toubib ?

Elle soupira en secouant la tête…surtout pas Lavinia !

Bon… C’est toi qui vois. Je vais commander un déjeuner que l’on prendra ici, rien que nous deux...

Nouveau soupir, là, elle consentit, un instant à se séparer un peu pour le regarder, penaude.

J’ai…pas faim…excuse moi…

Pas faim ? Moi non plus. Du café et deux ou trois sandwiches feront l’affaire.

Sam prit alors légèrement conscience d’être toute nue, là mais cela ne semblait pas trop déranger Justin, elle opta pour faire comme si rien et se lover contre lui, c’était si merveilleusement chaleureux et rassurant. Elle l’écouta passer la commande, sans bouger d’un pouce et adora ses cajoleries quand il eut fini de demander les fameux sandwiches…

Je te fais passer de rudes moments, pardonne-moi, mon cœur. Dans quelque temps, tout ira mieux, je te le promets. Allez, fais-moi un sourire ou je vais pleurer aussi !

Comment peut-on être si merveilleux sans en avoir conscience ? Le cœur de Sam s’envola de gratitude, d’amour…délaissant toute autre idée qui ne fut pas lui, son rêvé réalisé, elle lui entoura le cou de ses bras et l’attirant plus étroitement vers elle, l’embrassa avec toute la science que donne le mélange de bon amour et folle passion.

Oh, Dieu, Justin…je t’aime tant…non…en fait…je t’adore…Tu es le plus merveilleux des hommes…mais ça…tu le sais…

Ce qu’elle aimait le plus était le dérider, lui faire oublier pour un moment toutes les amertumes qui lui pesaient tant…l’absence de ses enfants et tant d’autres choses. Elle s’y engagea avec grand entrain, essayant d’oublier la pénible rencontre avec son mari…L’embrasser, entreprendre des caresses audacieuses, le faire rire…raconter n’importe quoi, sans cesser de l’étreindre, de s’affoler de lui comme si sa vie en dépendait, de se convaincre de cela...de lui appartenir jusqu’à la dernière parcelle d’âme et de corps…

Je suis à toi, Justin...seulement à toi…

C’était sa vérité…la seule ! Le reste n’était qu’une douloureuse erreur…très douloureuse…

Mais il aurait fallu être aveugle pour ne pas se rendre compte que même en participant à ses folies, Justin n’était pas exactement dans son assiette. Cessant pour un instant leur jeu délicieux, elle se redressa et le dévisagea, très sérieuse.

Toi… tu me caches quelque chose ?

…Euh, moi ? Ça va ! Pas de souci !


Elle le serra très fort dans ses bras, l’embrassant une petite dizaine de fois avant de le regarder de nouveau.

Je ne t’aime que plus pour ça, mon amour, mais de rien ne sert me mentir…je sais que quelque chose cloche là…Tu as cette ride, là…sur ton front…et puis…je le sens…dis moi la vérité.

Bon d’accord… ça ne se passe pas comme prévu… J’aurais, dans un trait de folie, signé un truc confiant la garde des enfants à Nate.

QUOI !? Mais…bon sang, tu n’aurais jamais fait ça…C’est ridicule prétendre le contraire…

… bien sûr que non ! Jamais je n’aurais fait un truc pareil. A moins d’être atteint d’Alzheimer, je m’en souviendrais… Admettons que ce faux document, car c’est un faux, fonctionne. L’accusation de rapt tombe à l’eau. Cela ne changera pas grand-chose aux termes du divorce. Nate est adultère avant séparation de son chef. Elle vit avec son amant au passé plus que douteux. Son environnement est malsain pour les enfants, n’importe quel juge sensé le reconnaîtra, alors tout ira bien !

Sam avait écouté sans l’interrompre et encore là, les mots d’Andrei lui vinrent à l’esprit…C’était donc cela. Son futur ex avait ourdi quelque intrigue plus que débile. Un faux, si parfait comme lui seul était capable de le fournir…il allait prendre ses enfants à Justin et encore, fallait il espérer que ce ne soit que cela

Oublions ça, oui…Il fait si bon là…Viens !!!


Le monde pourrait tourner sans eux…Dehors, il neigeait, faisait froid et l’intrigue courait à fond mais pour Justin et Sam, le temps avait fait une pause…ou du moins, essayait de le faire.
Enfouie au creux des bras de son aimé, Sam ne pouvait arrêter de penser. Elle avait prévu que rien ne serait facile, que leur bonheur aurait un haut prix…déjà on commençait avec l’enlèvement des enfants de Justin, ce qui le faisait trop souffrir comme pour en être dupe. Il y avait aussi les insidieux remords, suite à sa rencontre avec Andrei…qu’elle taisait soigneusement mais qui la faisaient se perdre en conjectures étranges, se poser des questions sans en trouver les réponses…Justin s’inquiétait des ses silences soudains, de son regard parfois perdu…


Je t’aime !, susurrait elle alors, je t’aime tant…

Deux jours isolés du monde, façon de dire. Si bien ils ne mirent pas le nez dehors, la communication entre Justin et ses alliés allait bon train. Les nouvelles étaient encourageantes, de quoi se montrer optimistes.

Douillettement emmitouflée dans sa robe de chambre, Sam grignotait des petits salés tout en regardant la TV. Justin avait Lord Cavendish au bout du fil. La vie était paisible. Elle était heureuse, oubliant presque sa rencontre avec Andrei qui lui semblait, de plus en plus, appartenir à quelque rêve étrange.

Pomponne-toi, ma chérie, nous sortons ce soir. On ne va pas leur donner la joie de croire que nous avons peur d’eux, n’est-ce pas ?

Sortir ? Elle aurait voulu rester là, dans ce cocon douillet qui l’isolait si bien de ses craintes mais Justin avait l’air si content que Sam s’en serait trop voulu de le priver de ce plaisir. Un long bain la mit d’aplomb, choisir une tenue pour cette soirée parvint à la distraire des ses réflexions. Le regard admiratif de Justin lui fit courir un frisson de pur plaisir le long du dos mais déjà il l’aidait à enfiler ses belles fourrures. Dans l’ascenseur, elle demeura obstinément accrochée à son compagnon en coulant des regards angoissés vers le liftier…Quel soulagement arriver au rez de chaussée sans avoir eu à déplorer quelque désagréable rencontre…mais cela avait ravivé des souvenirs cuisants.
Beach Blanket Babylon. Justin et son sens du spectaculaire. Il n’avait pu mieux choisir l’endroit. Sam se déclara ravie et s’efforça d’effacer tout souci de son esprit pour jouir de cette soirée de célébration. Le repas s’avéra, comme prévu, exquis. Ils s’amusèrent comme des enfants à détailler chaque ingrédient des mets servis évitant de penser à leurs problèmes mais ceux là ne les lâchaient pas si vite. Elle taisait soigneusement les siens. Justin pas trop. Savoir ses enfants avec Nate et Andrei le rendait malheureux. Sam compatissait de tout cœur.

Elle adorait sa façon de changer de thème, comme si rien.

J’ai contacté plusieurs architectes, ma douce. Nous aurons des plans avant peu. Tes désirs seront des ordres pour moi ; tu auras l’embarras du choix.

Architectes ? Était ce possible que cet homme adorable soit déjà en train de bâtir des plans pour construire…leur maison ? À eux ? Un endroit tout neuf, sans souvenirs d’autres temps…pour commencer une nouvelle vie…

Wow…et où se trouvera cette demeure de rêve, Monsieur ?


Où elle voudrait…Ils auraient pu passer des heures à en discuter amoureusement si tout à coup le teint de Justin n’avait pas viré au vert tendre.

Mon Dieu…tu es tout pâle, chéri…qu’est ce que…


Excuse-moi. Les figues caramélisées ont un drôle d’effet sur moi.

Et il fila. Restée seul à leur table, Sam perdit tout entrain, un mauvais pressentiment l’agitait, la mettant très mal à l’aise.

*Seigneur…ce qu’il peut tarder !*

Au bout de quinze minutes, n’y tenant plus elle se dirigea vers les toilettes juste quand un homme en sortait demandant de l’aide à cor et à cris.

Que…que se passe t’il ?, voulut savoir Sam, soudain blême.

Il y a un type là…il vomit du sang et a l’air d’être en train d’y passer !


JUSTIN !!!!

On ne put pas la retenir, elle s’était déjà ruée à l’intérieur…le tableau découvert faillit la faire s’évanouir. Justin gisait sur le carrelage, pâle comme un mort, des traces de sang sur ses lèvres et menton…de son sang qui teintait de rouge le lavabo. Tombant à genoux près de lui, Sam releva doucement sa tête.

Justin…mon amour…Justin !!!

Il ouvrit les yeux, son regard voilé de souffrance la chavira encore plus…le râle émis en guise de mot, l’épouvanta. Dix minutes plus tard, à bord de l’ambulance qui hurlait le long des rues, en tenant sa main inerte, Sam sût…

*C’est Andrei…c’est lui qui a fait ça…*

Justin..tout va aller bien…tout va aller bien…nous aurons une belle maison et tes enfants vont être là…avec nous…

Elle caressait son front, ses cheveux, guettant une réaction…un regard…mais sous on masque d’oxygène, Justin demeurait si loin...si absent déjà… Arrivés à l’hôpital, malgré ses suppliques, on lui empêcha de l’accompagner alors qu’on poussait la civière aux Urgences.

Restez là, ma petite dame…on vous renseignera au plus vite !

Infirmière la prenait du bras et la conduisait vers une chaise, quelque part, dans un corridor anonyme où tous couraient.

Je…je ne peux…pas le laisser tout seul !

On s’en charge, pas de souci...

Elle tapotait sa main, plein de compréhension…

*La pauvre…une si jolie fille qui passait une belle soirée…et il est si mal en point…quel drame…*

Il fallut encore donner des détails. Identifier le patient, ce qui, bien entendu, souleva une petite houle de curiosité.

Davenport…Ce ne serait pas…le même qui…mais bien sûr…Oh, mon Dieu…c’est lui !

Sam foudroya la femme d’un regard quasi haineux.

Qu’est ce que cela peut faire !?...Je veux le voir !!!

Êtes vous de la famille ?

Euh…non...enfin, pas exactement…pas encore…

Elle ne pouvait tout de même pas dire qu’elle était sa maîtresse.

Mais…je suis une amie…très proche…Il n’a pas de famille…à part…ses enfants…

*Et une femme légitime qui n’attend rien d’autre que le voir crever !*


Il fallait se contacter avec Michael…avec Lord Cavendish… Ils sauraient quoi faire, eux. Pour les effets, Sam n’était qu’une étrangère loin de chez elle, sans autres amis que ceux qui l’étaient de Justin…Une situation on ne peut plus précaire et triste.

Lord John Cavendish répondit à son appel malgré l’heure indécente. Son apparition à l’hôpital mit tout ce beau monde en branle bas de combat avec une célérité enviable. Quand, soutenue par le noble écossais, Sam put enfin voir Justin, elle fut sur le point de s’évanouir. Branché à quantité de moniteurs qui contrôlaient diverses fonctions, perfusion au bras, masque d’oxygène, Justin lui apparut d’une pâleur si cadavérique qu’elle craignit le pire…

Mon Dieu…mais qu’a-t-il ?...Pourquoi si soudain…Il allait si bien…et…


Lord Cavendish soupira, sans la lâcher.

J’ai parlé avec le Dr. Stevenson…Samantha…Justin a été empoisonné…Un poison très subtil…précis et je ne vais pas vous cacher la vérité…mortel. Celui qui a fait cela sait très bien comment s’y prendre…

Elle laissa échapper une plainte de bête blessée en mesurant l’horreur de la situation mais faisant un effort, se reprit. Le moment n’était pas aux plaintes mais aux agissements. Elle n’allait pas rester là, à pleurer en regardant Justin s’éteindre lentement.

Les docteurs donnent quelque espoir de rémission ? Existe-t-il un traitement pour… ?

*Elle a du caractère, cette petite !*


Un seul…l’antidote spécifique. Mais les recherches sont longues…et Justin n’a guère pas de temps.

Com…bien ?

Deux…trois jours au plus. Son organisme ne pourra pas combattre ce fléau. Samantha…savez vous quelque chose ? N’importe quoi peut nous être utile…

Oui, Milord…Je sais beaucoup de choses mais le moment n’est pas venu de les confier…cela ne ferait qu’empirer la situation. Savez vous quand Michael viendra !?

Pas de sitôt, mon petit…il a des graves problèmes familiaux qui demandent sa présence et absolue attention mais le connaissant, il s’arrangera sans doute pour venir demain…

Sam s’imagina quelque tragédie sans nom pour que De Brent ne se pointe pas à l’instant au chevet de son ami mourant.

Je…je l’espère…Justin…et lui sont…si unis. Il n’y a qu’en lui que Justin ait totale confiance…

Je le sais…mais maintenant, Samantha vous feriez bien de vous reposer un peu. L’état de Justin ne changera pas pour le moment et vous êtes très éprouvée. Allez dormir quelques heures…

Très gentil de votre part d’y penser, Milord mais croyez vous sincèrement que je pourrais tant soit songer à dormir en le sachant…là ?

Il s’en doutait et n’obtint d’elle que la ramener un instant à son hôtel pour se changer avant de revenir se poster au chevet de Justin.

Elle soutenait sa main en le regardant…Il semblait déjà s’éloigner de ce monde. Justin n’avait pas récupéré la conscience et selon les docteurs ne le ferait plus . Son organisme ravagé par le poison luttait férocement mais là, même les plus optimistes, tenaient cette bataille pour perdue…

Les mots d’Andrei tournaient et tournaient sans cesse dans sa tête. Depuis le début de ce cauchemar, Sam l’avait reconnu comme unique coupable et pour autant comme seul détenteur de l’antidote salvateur. Elle avait attendu quelques heures…à peine un demi jour de plus, espérant un miracle qui n’allait pas venir tout seul…

Posant ses lèvres sur la main inerte, Sam laissa échapper des larmes.


Je vais t’aimer toute ma vie, Justin…et tu vas me manquer chaque jour…j’ai été si heureuse…si peu de temps…Ne m’en veux pas de te quitter…c’est le prix à payer…

Avant que le courage ne lui manque, elle déposa un baiser sur sa bouche froide et quitta la chambre presque au pas de course.

Le froid était mordant, Sam s’en moquait. Assise sur un banc de parc, face à la Serpentine presque glacée, elle sortit son mobile et composa un numéro que trop connu. Il répondit à l’instant.

Je suis là…face au lac, à Hyde Park…Tu auras ce que tu veux en échange de l’antidote.

Pas besoin d’en dire plus. Il avait parfaitement compris. Elle releva le col de son manteau en contemplant la surface lisse du lac. À peine trois jours auparavant, elle avait été là, avec Justin, jouant à se lancer des boules de neige sous la lune…pourtant cela semblait être à des années-lumière…

Il ne se gêna pas pour apparaître là, comme si rien, sans se soucier s’il y avait ou non du monde, ce qui n’était pas le cas. En deux bonds, il fut près d’elle et la prenait dans ses bras, fébrile…heureux ? Sam se raidit dans son étreinte, ce qui le fit rire, doucement, moqueur. Il la tenait dans son piège et vu son expression de chat alléché, cela le transportait de bonheur.


Je…veux l’antidote.


Penser qu’il allait le lui donner de suite tenait du rêve au lieu de cela, sans relâcher son étreinte, il l’entraînait en un impeccable transplanage d’escorte.

Luttant contre la nausée, Sam parvint à s’échapper de ses bras et s’éloigner de deux pas, le temps de découvrir l’endroit où il l’avait amenée. Rien ne manquait en tant que luxe et confort…Tout semblait parfaitement prévu dans ce « nid ». D’un pas sans grande assurance, Sam évolua vers la fenêtre la plus proche, cherchant un repère quelconque. Arbres dénudés et campagne enneigée. Loin de la ville.


Tu avais déjà prévu le décor ou c’est de l’improvisation de dernière minute ?

De rien ne servait essayer de le provoquer. Andrei n’avait qu’un but…Avec un soupir résigné, elle laissa glisser son manteau, le laissant au sol, indifférente.

Ce sera où ? Ici ?...À l’étage ?...Non, je ne veux rien prendre…ne perds pas le temps. Nous avons un marché…que ce soit vite fait…

Mais évidemment, Monsieur avait envisagé les choses à sa façon…
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MessageSujet: Re: De Charybde en Scylla    De Charybde en Scylla  EmptyMar 28 Sep - 23:24

Pas facile de reconnaître une défaite, même si la guerre n’était pas perdue. Il se s’agissait que d’une petite bataille, jusqu’ici. Andreï aurait pu se réjouir d’avoir senti vibrer Sam sous sa contrainte. Quoiqu’elle tentât de le dissimuler en clamant sa foi envers Justin, une part d’elle conservait attirance et affection pour lui. Tout dans les réactions de la miss le prouvait.
Néanmoins, Sanders n’était pas entièrement satisfait.


*Elle a intérêt à réagir vite, autrement je ne réponds de rien.*

Voilà ce qui le préoccupa pendant ses deux jours d’errance à traîner la savate d’un bouge à l’autre sans se soucier de rien, tentant d’effacer de cruels souvenirs. Peine perdue !
Que faire d’autre que de rentrer au seul asile où il trouverait un peu de réconfort ?
Comme réconfort, il fut servi avec une Nate sur les nerfs qui lui bassina les oreilles de façon éhontée.
Elle fut à deux doigts de se prendre une solide correction. Seule la présence des gosses avec leurs yeux avides l’en avait empêché.
Fâché de sa faiblesse, à cran, il passa se décrasser sous la douche. Il en sortait alors que Nate rappliquait. On aurait dit que sa dernière tirade l’avait atteinte puisqu’elle attaqua aussitôt :


Que…qu’as…voulu tu dire ? Andrei…dis moi…que signifie…ce que…tu as dit…d’un…mort !!? Tu…tu…as tué Justin ??? Dis moi, tu l’as tué !!!????

Il rigola, assez fier de la façon dramatique dont il avait présenté les choses :

Si c’était le cas, les médias en auraient fait leur scoop, non ? Je ne m’abaisserais pas à cela, voyons ! Mais… Rassure-toi, ça ne devrait plus trop tarder.

Tiens, Nate semblait mitigée :

Mais…Andrei…le...le tuer…Je…ne …voulais pas ça.

Qu’est-ce que j’en ai à foutre de ce que tu veux ou pas ? Sa mort résoudra énormément de problèmes. Ne me dis pas que tu aimes encore ce gugusse ?


Bien sûr que je ne l’aime pas. Plus jamais ! Je le déteste…mais de là…

S’en suivit un discours assez décousu comme si la belle réfléchissait à haute voix. Elle y parlait surtout des gosses, de conciliation, d’énervement, etc.

Ils me tapent sur le système, et tu le sais. Tu les voulais ces mioches, tu les auras. Mais ne prétend pas les aimer. Là, je n’en crois rien. Ma mère aussi disait m’aimer, je t’assure que ce genre d’amour, je m’en serais passé. Et puis arrête de me casser les pieds !

Quelle meilleure façon de se défouler que de soumettre à sa loi une jeune femme qui ne demandait que ça ? Il avait la tête pleine de Sam en possédant Nate, et alors ? On fantasme comme on peut.

Trois nouveaux jours s’écoulèrent dans un calme précaire. Oui, il était de mauvais poil, il attendait, espérait et rien ne venait.


*Elle ne peut pas être conne à ce point ! J’ai été assez clair avec elle, pourtant ! Elle l’aura voulu ! C'est peut-être ce qu'elle attend, dans le fond? *

Intolérant, intraitable, hargneux, il en fit voir de toutes les couleurs à la maisonnée où Nate, déboussolée, tentait de maintenir le navire à flot.
Keala était partie pour une raison obscure à laquelle il avait peu prêté attention. C’était embêtant car seule avec les elfes, Miss Sommerby pataugeait. Andreï l’aidait très peu, il avait autre chose en tête que des déboires domestiques.
Ce jour-là, l’humeur de Sanders était encore plus massacrante. Les petites piaillaient du désir d’aller s’ébattre dans la poudreuse.


Vous n’irez pas ! Personne ne sort, c’est compris ? Filez dans votre chambre et que je ne vous entende plus !

Etonnamment, Nate prit leur défense le traitant de paranoïaque.

Je ne pense pas que De Brent ou qui que ce soit ne soit embusqué dans les buissons…Essayons plutôt de nous calmer un peu.

SE CALMER ? A d’autres ! Fiche-moi la paix ! T’en fais pas pour De Brent, il a d’autres chats à fouetter.

Elle prétendit sortir avec ses filles juste au moment où son portable vibra. Un œil au numéro entrant fit bondir son cœur. La voix attendue résonna telle une douce musique à ses oreilles :

Je suis là…face au lac, à Hyde Park…Tu auras ce que tu veux en échange de l’antidote.

Merveilleux ! Il ne sut dissimuler sa joie et Nate comprit ce qui se tramait lorsqu’il décrocha son pardessus :

Où…où vas-tu ? Andrei…ne…pars pas comme ça…Elle t’a abandonné…et maintenant claque des doigts et tu accours comme un chien obéissant…Elle…ne t’aime pas…Andrei…tu ne peux pas me laisser comme ça…

Ce n’est pas elle qui claque des doigts, c’est moi ! Et je fais encore ce que je veux !

Lamentable, cette façon de s’accrocher à lui. Il en était écoeuré.

Je sais…je ne suis que ton jouet…ta chose…mais il y a quelque chose que tu dois savoir avant de sortir par cette porte pour aller lui courir après…

Qu’allait-elle inventer pour contrer l’inéluctable ?

Je vais avoir un bébé, Andrei...ton bébé...et tu sais que je ne mens pas!

Il ne s’attendait certes pas à celle-là ! Qu’en avait-il à cirer ?

Eh bien, toi qui aimes tant les gosses, tu auras un joli bâtard pour t’occuper !

Odieux ? Qu’importe. Une seule voie était tracée. Elle le mena direct au parc enneigé.
Sam était là, emmitouflée d’un épais manteau, avec l’air résigné d’une condamnée à l’échafaud.
A son approche, elle se rebiffa, se contentant en guise de bonjour de lui balancer un :


Je…veux l’antidote.

Du diable s’il savait de quoi elle parlait ! Il ne s’en soucia pas et l’entraîna illico vers son « repaire ».
Quand Sam l’avait lâchement abandonné à sa misère, Sanders avait envisagé plusieurs cas de figure. Ayant besoin de Nate pour ses plans, il avait néanmoins joué la prudence et loué un cottage tel qu’il les aimait : sobres et confortables.
Au cas où Mrs Davenport lui aurait fermé sa porte, Andreï disposait donc d’un pied-à-terre digne de lui. Il ne s’y était pas rendu depuis lors, se fiant entièrement au domestique engagé alors afin que ce logement fût prêt à le recevoir à tout moment.
S’y rendre avec Sam le comblait d’aise même si cette dernière ne paraissait nullement heureuse, elle. Sitôt arrivée, elle prit ses distances, contemplant l’ensemble douillet d’un œil morne :


Tu avais déjà prévu le décor ou c’est de l’improvisation de dernière minute ?

Le ton se voulait blessant, il en rit :

Tu devrais savoir que j’improvise rarement.

Là-dessus, il se dirigea vers le bar tandis que la belle soupirait à fendre l’âme en laissant tomber son manteau :

Ce sera où ? Ici ?...À l’étage ?

Ce détachement voulu l’agaça un poil :

Rien ne presse. Bois au moins un verre…

Non, je ne veux rien prendre…ne perds pas le temps. Nous avons un marché…que ce soit vite fait…

Il tiqua à la fois incrédule et vexé :

Que ce soit vite fait ? Bon dieu Sam, on dirait que d’être avec moi est pire qu’une corvée. Je suis ton mari, celui à qui tu as prêté serment, celui qui t’aime et que tu aimes aussi ! Détends-toi ! Allez, sois une sage petite fille et avale ce verre, tu te sentiras beaucoup mieux après.

Raidie, elle secoua la tête, obstinée comme une enfant pourrie qui refuse de prendre son médicament.
Posément Andreï s’approcha et lui mit la boisson entre les mains, la guidant ensuite jusqu’à ses lèvres pincées.


Tu n’as rien à craindre de moi, Sam chérie. Ce n’est pas une drogue ni de l’amortentia. Je souhaite juste que tu te détendes et cesse de me considérer comme un ennemi.

Une gorgée s’avala suivie d’une autre.
Le mot d’ordre que s’imposait Andreï était : patience.
Il ne voulait rien brusquer. Le lion, en général, ne cherche pas à amadouer la gazelle. Il lui saute dessus et lui fait son affaire ; pas Andreï.
Tout en douceur, il se déplaça pour enserrer le dos de Sam. D’une main, il releva les cheveux de la nuque gracile qu’il effleura du bout des lèvres, s’enivrant du parfum tant aimé, tant espéré :


Tu m’as tellement manqué Sam. Non… Ne bouge pas. J’aime tant te tenir ainsi, tu sens si bon; j'adore ton Fidji.

Il connaissait à fond les points sensibles de l’anatomie de son épouse pour les avoir exploités des centaines de fois et ne se priva pas de les explorer à nouveau avec une joie sans partage.
La sentir frissonner le transporta, l’obligeant à se montrer plus audacieux. Quand sa main remonta sur le corsage galbé qui haleta aussitôt et que le verre de Sam tomba par terre, Andreï retourna son épouse face à lui. Le baiser le plus tendre du monde cueillit la bouche de Mrs Sanders.
Savant, appliqué, Andreï approfondit l’attouchement tout en commençant l’effeuillage patient des vêtements de la miss.
Il avait triché ? À peine, vraiment à peine. Le breuvage ne contenait rien d’aphrodisiaque ni d’hallucinogène. Ce n’était qu’un doux cocktail relaxant et pour se relâcher, sa belle y mettait beaucoup d’entrain.
Un transplanage discret les mena dans la piscine intérieure où l’eau tiède, parfaite, les reçut sans vagues. Très attentif à ne pas relâcher son avantage, Andreï susurra :


Tu te souviens de notre première fois ? La piscine à St Thomas ?

Elle se rappelait, tant mieux. Alors, tel qu’il l’avait fait sous un ciel étoilé, Andreï lui arracha les derniers vestiges de lingerie.
La posséder toute, la faire vibrer, l’amener à l’extase lui procura un bonheur ineffable qu’il prolongea à souhait dans les draps frais de l’étage. Andreï ne ménagea pas ses ardeurs, laissant à peine souffler Sam entre deux assauts glorieux. Qu’elle participe si joyeusement aux ébats augmentait encore son désir, sa soif de mourir de plaisir entre ses bras.
La nature reprit enfin ses droits et, épuisé, il la cala contre lui après un dernier baiser délirant de passion :


Je t’adore Sam. Toi seule compte et comptera à jamais.

Même fourbue, son épouse n’en récupérait pas moins très vite ses esprits. S’il avait espéré lui ôter Davenport de la tête, c’était raté. La voilà qui recommençait à le harceler avec son histoire de contrat et d’antidote.


Je suis désolé mon amour, je ne pige rien à ce que tu racontes.

Avec un soupçon de fureur, elle se redressa et le fusilla aussi bien du regard que verbalement :

… Ah ! Justin est en train de mourir, dis-tu ? Je ne vais pas jouer les hypocrites et prétendre que cela me navre, au contraire.

En fait, il se réjouissait beaucoup et ne le cachait pas.
Sam se mit vraiment en rogne, lui balançant de multiples qualificatifs au visage, ce dont il se moqua.


Bien sûr que c’est ce que je voulais. Ce que j’ai voulu dès l’instant où tu as filé le rejoindre… Quoi notre contrat ? Je n’ai signé aucun autre contrat avec toi que celui de notre mariage… Non, tu n’as pas rêvé, j’ai bien dit que toi seule pouvait arrêter ce qui était en marche, et il s’agit effectivement de l’élimination de Davenport… L’antidote ? Il a donc été empoisonné, le « cher » homme… Dans un hôpital moldu ?... Ah… J’ignorais tout, parole d’honneur.

Il se leva à son tour s’enfiler une rasade de scotch tout en se marrant de la mine déconfite de son épouse qui devait doucement comprendre la vanité de son « sacrifice ».

Tu sais pourtant comment fonctionne mon ancien boulot. On donne le nom de la victime, un délai, on paye et on attend. Qui le fait et comment, le commanditaire s’en fout. C’est comme ça que j’ai procédé. L’ennui, vois-tu… c’est que tu as tardé à te manifester. J’aurais pu annuler ce contrat sur la tête de Davenport si tu t’étais décidée… AVANT. Maintenant, je crains qu’il ne soit… trop tard puisque la chose est faite. Le mieux à présent est d’oublier, ma douce. Tu es rentrée au bercail, c’est tout ce qui importe.

Elle s’emporta pour de bon, pleurnicha ensuite, devint suppliante. Rien n’y fit, Andreï demeura de marbre :

Tu me prends pour un imbécile, Sam ? Crois-tu réellement que même si j’en avais le pouvoir je me couperais en 4 pour retaper Tintin ? Tu lui sauterais dans les bras à la première occasion. La leçon a porté … Tu m’as fait le coup une fois, il n’y en aura pas deux. De mon côté je m’engage, comme je l’avais fait jusqu’à ta fuite stupide, à ne pas revoir Nate Sommerby, ni aucune autre. Tiens, à ce propos, tu ne sais pas ce que l’idiote prétend ?... Elle se prétend enceinte de mes œuvres ! N’importe quoi !

Etait-ce une idée ou la pauvre chérie se troublait ?
Il se méprit sur les raisons de ce flottement d’humeur :


Ne sois pas jalouse. Elle ment certainement et, même si elle dit vrai, je ne reconnaîtrai pas l’enfant. Le seul héritier que je veuille, c’est toi qui me le donneras, mon amour. Ne sois pas triste, nous y arriverons bien un jour.

Plein de sollicitude, il voulut la réconforter en l’enlaçant mais elle se cabra, rétive. Ce qu’elle lui déballa ensuite désorienta complètement Andreï. Il s’était attendu à bien des suppliques, des excuses ou Merlin sait quoi mais à pas ces aveux, pas à ceux-là ! Muet sous le choc de la révélation, il se sentit se décomposer. Son assurance battit de l’aile, il chancela puis s’ébroua. Se jetant sur elle, il l’attrapa au collet en hurlant :

TU MENS ! JE N’EN CROIS RIEN ! TU NE PEUX PAS… TU NE PEUX PAS ÊTRE ENCEINTE DE LUI !

Sam tenta de se débattre de la poigne qui se refermait tel un étau sur son tendre gosier. Ivre de fureur, Andreï était prêt à châtier dignement l’infidèle dont le teint rougissait de suffocation.
Un éclair de lucidité perça le mur de l’outrage : la mort de Sam n’arrangerait rien. Autant mourir lui-même que d’en être responsable.
Les mains se dénouèrent. L’une d’elle partit dans une baffe retentissante accompagnée d’une flopée de jurons. Sam fut expédiée au tapis. Lui tourna en rond, perdu, hagard.


Comment as-tu pu me faire ça, Sam ? Revenir à moi en portant le fruit de l’autre !

Se massant la gorge, la jeune femme gargouilla quelque chose de tellement énorme qu’il s’en fallut de peu pour qu’elle ne se prenne un coup de pied.

TU ME RENDS DINGUE ! beugla-t-il en ramassant sa robe de chambre. Je… Je dois réfléchir. Va te recoucher, je sors.

A grands pas, il se dirigea vers la porte de la chambre et se retourna brièvement avant de la franchir :

Inutile de chercher une issue ou d’attendre la cavalerie. Personne ne connait cette maison. Tu ne portais pas de mouchard sur toi, j’ai vérifié. Portable et baguette sont confisqués… Prisonnière ? Prends-le comme tel si ça te chante. A tantôt !

Le froid pénétrant n’atteignait pas le promeneur solitaire qui errait sur le boulevard. Trop énervé, bouillant de rage, Andreï Sanders se souciait de la neige comme d’une guigne.
Bon Dieu qu’il était con ! Il le savait et en râlait ferme. Pourquoi aimait-il tant cette femme, cette immonde p****n qui l’avait trahi, bafoué, ridiculisé ? Le comble était atteint et, malgré tout, il l’aimait. Pour elle, il avait déjà risqué peau et réputation. Il n’y avait pas d’alternative.
Lui qui pensait avoir prévu le moindre détail, orchestré de main de maître la mise en scène la plus diabolique du monde, se voyait damer le pion par une saloperie de gosse inattendu.
Sa Sam attendait un enfant de l’autre… Encore de ce même autre sauf que, cette fois, l’acte était consentant et consenti.

Les passants étaient rares à cette heure indue autour de l’hôpital. Personne ne semblant lui prêtre attention, il transplana dans la chambre d’isolement où agonisait son ennemi.
D’abord, Andreï s’assura d’être réellement seul avec Davenport. A part un monitoring, nul ne veillait le mourant.


Salut Tintin, pas la forme, hein ?

La mort, Andreï l’avait souvent côtoyée de près ; une vieille amie, en quelque sorte.
Emu ? Pas le moins du monde. Déçu, sûrement.
Il s’approcha de sa victime dont la pâleur cadavérique l’aurait enchantée une heure plus tôt.


Merlin m’est témoin que je veux te voir crever, animal !

Un flacon sortit de sa poche intérieure. Le contenu s’injecta dans la perfusion.
Un sortilège aux instruments électroniques les fit reproduire les mêmes données en boucle alors que le respirateur se débranchait ainsi que d’autres sondes ou palpeurs.


Ouvre les yeux Tintin. T’as encore assez d’énergie pour m’écouter.

Le moribond battit des paupières, hébété, revenant de loin.
Sa main s’agita à la recherche de quelque chose d’absent lorsqu’il parut identifier son visiteur.


Oui, c’est moi ! Ne cherche pas ta baguette. T’es pas assez en forme pour un Avada… moi oui.
Ne cherche pas Sam non plus. Elle et moi venons de renouer de très, très chaudes relations.


Parfois torture mentale est pire que physique.
Pauvre Davenport ! Cloué sur son lit, il avait autant de force qu’une carpe hors de l’eau.


Ne te fatigue pas inutilement. Je suis juste passé te soulager de tes maux… de tous tes maux. Tu aimes Sam, moi aussi. A un point que tu n’imagines même pas. Un de nous deux est de trop, tu es d’accord, non ?

Andreï se marrait de voir les tentatives désespérées de Justin face à son destin.

Faut pas m’en vouloir mon vieux. Je viens de t’injecter un truc qui m’a coûté la peau des fesses. Un truc très spécial qui te condamne… À VIVRE, DAVENPORT ! Tu m’entends ? Tu dois vivre, tu vas vivre ! POUR ELLE ! Uniquement pour elle ! OUVRE GRAND TES OREILLES ! Si jamais un jour j’apprends que tu la fais pleurer, si tu portes la main sur elle, JE JURE QUE TU Y PASSERAS POUR DE BON ! A BON ENTENDEUR !

Un clin d’œil moqueur, Andreï disparut comme il était venu.



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