Sujet: Before the day is gone. [FE Nolwenn] Dim 5 Aoû - 23:42
Before the day is gone.
T ête inclinée, Iakov se surprenait à humer autre chose que l'odeur de nicotine qui l'entourait habituellement. Il avait plaisir à errer comme tout anonyme citadin au cœur des artères de Berlin. Loin de l'Angleterre, loin des obligations dues à son rang. Ce n'était toutefois pas par pur plaisir qu'il était là. Depuis quand un Mangemort prenait-il des vacances ? Depuis quand Iakov s'accordait-t-il la moindre insouciance ? Les jours ne pouvaient même plus être comptés. La raison de sa venue se résumait à un admirable paquet de gallions et à un homme. Un malfrat comme il avait l'habitude d'en poursuivre. Un vulgaire arnaqueur de commerce en magie noire. Des choses qui ne le concernaient pas vraiment. Hormis le plaisir qu'il retirait à effectuer la capture. Le Ténébreux laissa sa carcasse déambuler encore quelques instants, les yeux absinthes se posant distraitement sur l'anonymat des enseignes environnantes, son corps s'étant paré de couleurs sombres aussi communes que peu remarquables, son visage impassible éloignant en temps normal la plupart des individus. Un regard de sa part suffisait à faire fuir les plus curieux. On aurait pu croire qu'une sorte de monstruosité hantait ses traits, mais c'était sans doute la douleur qu'ils exprimaient qui poussaient à la fuite. La douleur s'apparentant finalement à la meilleur des armes. Tant redoutée et ce bien plus que la mort. Combien de fois avait-il pu contempler dans les yeux de ses victimes cette terreur de souffrir ? Les paupières s'inclinèrent à ce seul songe, la main rugueuse extirpa une cigarette aussitôt consumée au rebord de ses lèvres. Les poumons n'avaient pas obtenu une mi-temps digne de ce nom.
La journée se terminait ou bien commençait selon le point de vue de certains. Pour Iakov, prenez la deuxième option. On dit bien que la nuit tous les chats sont gris, mais pour le Polonais le proverbe était plutôt associé aux souris qui sortaient de leur trou, les chats eux avaient gagné le repos auprès d'une maison aussi banale que confortable depuis bien longtemps. Pour obtenir des informations sur sa cible du jour, le Chasseur avait décidé d'aller imbiber son foie dans un bar sorcier réputé louche de la Capitale allemande. Quelques questions permettaient facilement de trouver ce type de lieu finalement. Les sortilèges et la lame d'acier aidant, sûrement. La gorge déploya un dernier volute de fumée tandis que la main nonchalante laissait chuter le mégot consumé. Iakov poussa ainsi la porte du fameux bar. Les prunelles absinthes observèrent les diverses âmes hantant les lieux, son regard se portant machinalement sur une chevelure dorée, bien incongrue au milieu de ce petit groupe d'éclopés. Une lueur dans la noirceur du lieu. Presque aveuglante. Quelle bêtise se murmura intérieurement Iakov. Mais le regard offert à celle qui lui tournait le dos s'apparentait davantage au dédain. « Un whisky pur-feu . » déclara-t-il à l'intention du Barman. Sa main tapotant fermement le bois du comptoir. « Double. » Ses yeux se posant froidement sur le garçon. Celui-ci sembla prendre peur. Comme tous. Au moins, il obtint sa boisson rapidement. Le Polonais attrapa le verre en lâchant quelques pièces. Sa silhouette robuste se fraya un chemin jusqu'à la Frêle qui ne l'avait pas encore aperçu. Sans demander aucune autorisation, il prit place en face d'elle, nonchalant. Ses orbes métalliques partirent à la rencontre de ceux azurés de la Jeune femme. Elle avait quoi ? A tout casser, seize ans. Bien trop jeune pour traîner ici en tout cas. Pourquoi il était là et pourquoi il s'était assis en face d'elle ? C'était une toute autre question.
Le verre se porta jusqu'à ses lèvres pour permettre la noyade bienvenue de l'alcool ambré. Les yeux détaillaient toujours la silhouette enfantine, sans ciller. « Vous ne vous êtes toujours pas suicidée depuis la dernière fois ? » Non sans blague, il faisait preuve d'humour parfois. Effectivement, ce n'était pas la première fois qu'il rencontrait cette gamine, aussi intrépide qu'inconsciente. La malheureuse s'était donné pour idéal de chasser des Vampires, vernis au ongles et pieu en main. De quoi attrister un expérimenté comme lui. Mais la tristesse n'était pas un sentiment qui figurait dans son rayon. Il avait plutôt été remplacé par la consternation et un profond dédain. « Forcément, il a fallut que vous choisissiez votre moment, et bien entendu que ma présence soit attendue pour que j'assiste à ce formidable spectacle. » Une nouvelle gorgée d'alcool vint apaiser quelque peu son tourment, ou bien était-ce autre chose ? Un rictus tenta de combler le vide de ses traits, assouplissant le visage comme une sorte de masque. Le constat était aberrant, il ne savait même plus sourire. Mais le sentiment s'empruntait davantage au sarcasme, alors c'était moins gênant. « Je ne sais comment vous remercier douce enfant. »
Dernière édition par Iakov Liadowski le Ven 17 Aoû - 20:18, édité 1 fois
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Sujet: Re: Before the day is gone. [FE Nolwenn] Mer 8 Aoû - 23:47
❝ Before the day is gone ❞
J e reste persuadée que la solitude s'apprend, s'acquière avec le temps. Certains se complaisent à discuter avec eux-même, à ne croiser que leur propre reflet dans le miroir, et n'avoir qu'une seule tasse sur la table. D'autres, comme Nolwenn, étaient foncièrement incapables d'écrire leur histoire avec une seule plume. Il fallait qu'on vienne embêter leur chemin, rajouter quelques cailloux et rigoles ; les faire avancer plus vite, et parfois, les ralentir. Pourtant solide et indépendante, la demoiselle n'était rien d'autre qu'une gamine ordinaire si on lui ôtait tous ses seconds rôles. Par exemple Iakov, personnage effacé de son existence, pas loin de passer dans la liste des figurants, avait somme toute son importance. On ne savait pas trop bien s'il faisait partit de ses soutiens ou de ses détracteurs, mais il était au casting, et la demoiselle se réjouissait de chacune de leurs rencontres. Peu importait finalement que cette joie soit partagée. Car oui, le malin ne semblait guère des plus enjoués quand leurs routes se décidaient à se croiser. En même temps, pas sur que cette expression de visage fasse partie de son panel de jeu. Par contre, la rage et le dédain, il savait faire. Il en faisait d'ailleurs une parfaite démonstration, maintenant assit en face d'elle.
E n plus d'un certain talent pour arracher quelques cris des créatures, les deux jeunes gens avaient celui de tomber au hasard de leur chemin l'un sur l'autre. Ce n'était même pas voulu. Surement pas par Iakov, peut-être un peu par Nolwenn. Le monde de la souffrance est petit. Finalement, on parcourt toujours les mêmes réseaux de relations, les mêmes lieux, on menace les mêmes balances, on frappe les mêmes bedeaux. Pauvre d'eux. Comme ce bar sorcier à Berlin, transpirant la fourberie. D'ailleurs, étrange que le barmaid se comporte comme une fillette apeurée face au grand méchant loup. Des bourrus inspirant tout sauf la confiance, ca pullule dans les alentours. La blonde avait l'impression de n'être entourée que de ça, là, tout de suite. Ou peut-être est-ce le fait qu'elle tranchait avec l'ambiance, qui accentuait la différence d'être. Il faut dire qu'elle ne cherchait pas à se fondre dans le décor, au contraire. Exit la cape, bonjour la tenue moldue. Bonjour le sourire aussi. Une notion parfaitement oubliée apparemment. Raison de plus pour qu'elle l'arbore. Aussi car la traque l'avait toujours excitée ; être dans la position du chasseur, observer sa cible alors que la cible ne sait pas encore qu'elle en est une. Cette dernière n'était pas présente entre les quatre murs et se faisait désirer. Selon les informations qu'on lui avait confié, son cher carnivore venait roder régulièrement dans l'endroit. Ce qui expliquait la présence de la demoiselle, forcément. Ce contrat allait lui permettre de payer son loyer, il n'était pas question de tout faire capoter avec un excès de précipitation, comme elle savait si bien le faire. Brave petite fille, entrain de siroter sa bierraubeurre, attendait sa distraction.
O h, Nolwenn ne fut pas déçue par celle-ci. Une distraction nommée Iakov, bavarde et armée de quelques mots acides. Ravissant. Deux virgules se creusent dans les joues peu fournies, trahissant l'amusement qui la prenait. « Toujours pas. Je m'en voudrais d'obscurcir encore d'avantage ce visage déjà si.. » Voilà, elle était tourmentée entre la volonté de poursuivre dans la voie tracée par lui, et celle de se mettre dans le rang déjà occupé par le barmaid ; celui des personnes apeurées, tremblantes, ébranlées, choisissez votre degré de terreur, face au taciturne Iakov. « J'allais dire vieux, mais je ne suis pas sure que l'âge soit vraiment le problème. » Finalement elle ne résiste pas à l'appel de la douce taquinerie, avec un ravissant sourire en prime. La demoiselle est de toute façon intimement persuadée, que quoiqu'elle dise, il se contentera de lui envoyer ses foudres sans jamais la toucher.. jusqu'au jour où sa tête finira empaillée comme trophée dans son antre, ouais, surement. Mais le bougre avec sa dégaine d'enragé l'intriguait plus qu'il ne l'impressionnait. Le fait qu'il ai eu la faiblesse de se faire marquer au fer rouge y était pour beaucoup.
L 'ironie, toujours, finissait par être un langage que Nolwenn intégrait sans trop sourciller. Disons qu'à force, ils avaient compris comment valser ensemble sans trop se marcher sur les pieds. « Tu peux financer ma consommation, je suis un peu à sec. » Répliqua-t-elle, récupérant le sarcasme pour servir ses intérêts tout en faisant signe au serveur de la resservir. On vouvoie les gamines et tutoie les ancêtres. Le pauvre était perdu dans un autre siècle. Enfin, la pauvre, au sens premier du terme, c'était elle pour l'instant ; du moins tant que son contrat ne pointait pas le bout de sa canine dans l'endroit. « Quelle est ta cible ? » Dialogue irréel pour les non avertis. « Je me doute que tu n'es pas ici en visite. Un type sans défense, un chien qui aurait aboyé un peu trop fort pour les tiens ? » Les lèvres féminines tracèrent une moue moqueuse, à peine contenue. Ils ne chassaient définitivement pas dans la même catégorie. Le nez recouvert de mousse, la tueuse avait fière allure face à la représentation même de la noirceur.
Sujet: Re: Before the day is gone. [FE Nolwenn] Ven 17 Aoû - 20:23
Before the day is gone.
L'incarnation même de la provocation se dessinait sous ses prunelles blasées. Iakov mettait une certaine application à feindre l'indifférence. Sourire datait d'il y a bien trop longtemps. Pourtant recevoir des leçons d'une espèce de tête d'ange était vraiment quelque chose de drôle en soi. Le commun des mortels le redoutait, si ce n'était pas une simple indifférence, un profond sentiment de rejet allumé au plus profond des entrailles à l'égard du Polonais. Quelque chose qu'on n'expliquait pas mais qui était là aussi indélébile qu'une tâche pourpre sur une étoffe de soie. Les doigts épais s'appliquaient à meurtrir un peu plus discrètement l'écorce de la table puisqu'il ne pouvait pas porter de poison goudronné à ses lèvres, simple manière de combler le manque. Et la voilà qui lui tenait face aussi effrontée qu'un chaton face à un lion. C'était peut-être d'ailleurs pour cela qu'il ne levait même pas le petit doigt face à la provocation, il n'y avait là aucun challenge et sans doute également parce qu'elle représentait une certaine source de distraction. A sa manière. « Un visage qui a vécu enfant, tout simplement. » rectifia-t-il tandis que ses yeux absinthes inspectait les traits aussi doux que juvéniles. Elle verrait bien avec le poids des années l'Inconsciente. Tout le monde n'a pas la chance de recevoir la lumière au berceau.
Une sorte de rictus se peignit sur ses traits lorsqu'elle évoqua son manque d'argent. Ça c'était pourtant quelque chose qu'il avait hérité de sa condition, malgré la bâtardise de sa naissance. Tandis que Nolwenn appelait le serveur pour recommander une boisson, il lui fit un signe silencieux du doigt pour faire de même. « Il serait peut-être temps de passer à autre chose que la limonade. » ajouta-t-il, les sourcils broussailleux armés d'une once de dédain. Pas mieux qu'une fillette qui aime jouer aux Cowboys et aux Indiens. Ses lèvres se portèrent de nouveau au verre empli de liquide, vidant le contenant de son poison, la main agile repoussant le cadavre transparent pour s'emparer du nouveau déposé. Voilà que le garnement s'intéressait à elle, de par sa question et de son mignon tutoiement. Mais Iakov lui ne réservait cela qu'aux privilégiés. La vieille école voulait que cet usage démontre une certaine intimité et non un esprit de mépris et de provocation. « Non vraiment, j'avais envie de faire du tourisme et de visiter Berlin. C'est beaucoup plus chaleureux que Cracovie. » avait-il débité sans la moindre lueur sur son visage tout en laissant ses prunelles parcourir nonchalamment le visage de l'Intrépide. Mais il ne fallait pas croire, Iakov s'amusait. Le démontrer c'était une toute autre question. « Faire taire une fillette serait bien une de mes priorités, mais effectivement, je suis là pour autre chose. » Un contrat peu intéressant c'était le cas de le dire, et la Petite l'avait bien cerné. Inutile de mentir, la traque des Vampires lui manquait parfois, mais elle n'était cependant plus d'actualité. La Chasse aux Immortels était définitivement d'un autre temps, la ramener au présent ne représentait qu'un risque d'une nouvelle faiblesse à ses yeux, si ce n'était le simple risque que de se confronter à la réminiscence des actes passés. S'emprisonner dans une armée où on n'exigeait aucune réflexion de sa part était bien plus engageant. « Un rat de bas-étage simplement, un dénommé Heinrich Bartel. » Autant dire le nom, ne savait-on jamais si l'Inconsciente en avait entendu parler, à tout hasard. Ce qu'elle venait faire là , elle, Iakov le devinait plutôt mais il était rare de voir la gamine s'aventurer de l'autre côté de la Manche. C'était même la première fois qu'il la rencontrait en dehors du Royaume-Uni. Il reprit ensuite la parole à l'attention de la traqueuse en herbe. « Et vous ? Vous croyez réellement qu'un Dent-longue viendra traîner dans un bar aussi crasseux, dans lequel d'ailleurs on ne fournit même pas d'hémoglobine. Ou alors c'est loin d'être un premier choix. » Sa main s'était posée sous son menton tandis qu'il réfléchissait à la prochaine réflexion qu'il pourrait lui balancer au visage. Elle était gentille cette enfant vraiment, simplement dommage qu'elle soit suicidaire alors que lui n'avait même pas le courage d'en finir. La vie est parfois injuste. « Vous feriez un appât de choix pour n'importe lequel de ces Dracula en herbe. Mais une tueuse vraiment ? Je comprends que vous restiez à ce simple niveau. » Derrière les mots acides, peut-être que l'on pouvait deviner une toute autre intention. Les provocations déguisant habilement les mises en garde. Les mises en garde trahissant la protection dont il faisait preuve à son égard. Peut-être parce qu'elle lui rappelait un peu de lui, qu'elle ramenait un peu d'avant. Peut-être parce qu'elle offrait aux yeux de Iakov une sorte de reflet aux jours passés. Peut-être parce qu'elle comblait le vide que lui renvoyait le terne miroir de sa vie des jours présents.