The things I'd do ✗ Neal [FLASHBACK]

Chris termina son explication, essayant de capter l’attention de ses élèves pour la dernière fois de la journée. C’était la dernière heure de cours et il savait bien que ses élèves n’avaient pas le courage de vraiment se concentrer, mais son principal boulot était de leur faire comprendre que c’était important quand même. Alors il essayait de se montrer strict quand il le fallait et doux quand il essayait de les motiver. Jusque là sa technique avait plutôt bien fonctionné, mais ce soir c’était lui qui se sentait épuisé, qui n’avait pas envie de vraiment se concentrer. Alors il inscrit une formule à essayer de décoder au tableau avant de se tourner vers sa classe, laissant échapper un petit soupir presque amusé en les voyant tous presque déjà endormis sur leur table. « Pour le prochain cours, vous essaierez de me résoudre cette équation et d’écrire un petit paragraphe pour essayer d’expliquer son utilité. » Il aperçut quelques élèves commencer à s’agiter sur leurs sièges et sourit malgré lui. « Ça ne veut pas dire que vous pouvez y aller. Commencez à travailler là-dessus jusqu’à la fin du cours, vous gagnerez du temps. » finit-il par annoncer à la grande déception de la majorité de sa classe. Mais il n’était pas d’humeur à se montrer très indulgent alors il leur lança un regard sérieux jusqu’à ce que les jeunes commencent à travailler.

« En silence, s’il-vous-plaît. » ajouta-t-il avant de faire le tour des rangs pour vérifier qu’ils avaient tous bien commencé à travailler. Certains étaient en train de discuter – ils pensaient surement être discrets – mais Chris était trop fatigué pour essayer de les forcer à se concentrer. Après tout, c’était leur problème, et il en avait assez à régler de son côté. Il se tourna vers le fond de la classe, son regard se posant justement sur son problème principal à ce moment précis. Neal. Le jeune homme était très utile, c’était évident, mais il lui compliquait plus la vie qu’il ne la lui simplifiait. Il n’avait jamais rien fait de mal, il était toujours poli, rarement en retard et il était très intelligent… et surtout, il était très beau. C’était sans doute ça le fond du problème : Chris n’aurait pas du remarquer qu’il était beau. C’était normal que des adolescentes le regardent de loin dans les couloirs ou même pendant le cours, et il était assez confiant pour pouvoir admettre honnêtement que Neal était un jeune homme attirant physiquement, mais ça n’aurait pas du le toucher autant. Et ça commençait à devenir un véritable problème.

Chris aurait sans doute mieux supporté la situation si son assistant avait été un imbécile, avait été désagréable ou peu rigoureux, mais non, il avait fallut que Neal soit aussi charmant qu’agréable et ça, c’était plus difficile de ne pas le remarquer. Ce n’était pas comme si Chris était amoureux – pensez vous ! – mais il avait bien du mal à expliquer les frissons qui le prenaient quand Neal le regardait avec cet air passionné sur le visage. Il avait un peu l’impression d’être revenu au stade de l’adolescence et il n’aimait pas du tout ça, d’autant plus qu’il n’arrivait pas à se l’expliquer. Il ne pouvait pas vraiment être attiré par lui, alors pourquoi se sentait-il aussi bizarre en sa présence ? Et pourquoi diable était-il en train de s’approcher de Neal s’il le mettait si mal à l’aise ? « Tout se passe bien ? »

Chris s’assit à côté de son assistant, faisant de son mieux pour le regarder dans les yeux sans laisser son regard glisser le long de son visage pour atterrir sur ses lèvres – elles étaient vraiment beaucoup trop roses pour un homme. Il croisa ses jambes avant de jeter un regard vers ses élèves pour être sur que personne n’essayait de filer en douce. Personne ne faisait attention à eux et c’était déjà ça de pris. « Alors, qu’as-tu pensé du cours ? »

Ce poste d’assistant était une occasion rêvée pour Neal. Il avait toujours aimé l’arithmancie depuis qu’il avait eu la chance de l’étudier à Poudlard et lorsqu’on lui avait proposé ce poste à la fin de ses études, il ne s’était même pas imaginé une seconde refuser cette offre. Le poste d’assistant avait été créé cette année, et c’était à lui qu’on l’avait proposé, alors il avait sauté sur l’occasion, sans même se soucier de savoir qui était le professeur qu’il devrait aider. Dire non aurait été une erreur, et dire oui avait été l’une des meilleures décisions qu’il lui ait été donné de prendre et il ne regrettait jamais cette décision. Il l’avait encore plus assumé en voyant la personne qu’il devrait dorénavant assisté dans son métier. Le professeur Christopher Hawkins était une personne brillante, et il l’admirait chaque jour un peu plus. Il enseignait l’arithmancie avec une facilité dérisoire et il comprenait sans difficulté que l’effectif de la classe d’arithmancie ait doublé avec ce nouveau professeur, car plus que son talent, il était aussi terriblement beau. Le plus mignon dans l’histoire était sans doute qu’il ne semblait pas avoir confiance de son sex appeal, mais il suffisait de voir le regard de certaines adolescentes pour comprendre. Neal aimait les hommes, et ce, depuis sa plus tendre enfance et son premier amoureux, et le regard que portait les jeunes filles au professeur Hawkins ne faisait que renforçait la certitude qu’il avait déjà : Ses goûts en matière d’Homme étaient bons et bien souvent partagés. Il ne pu réprimer un petit sourire en écoutant d’ailleurs le professeur s’adresser à ses élèves du jour… Il avait l’air aussi fatigué ceux en cette dernière heure de la journée, mais n’en demeurait certainement pas moins séduisant.

« En silence, s’il-vous-plaît. » Il ne pu s’empêcher de penser qu’avec un tel professeur, il aurait sans doute travaillé doublement lorsqu’il était encore à Poudlard, mais non, il n’avait pas eu cette chance. Et puis dans le fond, il aurait surtout voulu qu’on le fasse très rapidement taire en posant ses lèvres sur les siennes s’il avait été du genre élève bavard dans le cours d’arithmancie. Parce que dans le fond, c’était ça qui était le pire chez le professeur Hawkins, ses lèvres… Mais il y avait aussi son regard, et ce petit sourire qu’il aimait parfois arborer lorsqu’il était tout simplement content de ce qu’il faisait. Et Neal y mettait tout son cœur. Il aimait voir que son « patron » était content de son travail, après tout, cela voulait dire qu’il n’était pas si mauvais et surtout, ça montrait que le professeur accordait un minimum d’intérêt au travail qu’il lui confiait. Puis, il devait avouer que son côté gamin, pas encore franchement adulte, aimait qu’on le félicite, comme lorsqu’il n’était encore qu’un simple et vulgaire élève parmi tant d’autres. Un élève dont le domaine de prédilection avait toujours été l’arithmancie même si cela avait semblé incroyable aux yeux de tous. Il aimait découvrir que des chiffres aussi, la magie pouvait découler et que tout n’était pas simplement une histoire de baguettes et de formules… Il était simplement heureux de voir que cette matière lui avait ainsi permis de rencontrer quelqu’un comme Christopher. Quelqu’un épris de la même passion, et avec qui il partagerait bien volontiers un autre type de passion, même s’il savait parfaitement que le fils de ce dernier suivait des cours à Poudlard… On peut simplement s’être trompé d’orientation et avoir eu un enfant non ? Il avait bien passé du bon temps avec certaines femmes… Sans que cela n’ait jamais égalé ce qu’un homme était capable de lui faire ressentir.

Il avait arrêté de regarder le professeur en se concentrant à nouveau sur une équation complexe qui lui tenait tête depuis une bonne heure, même si il avait passé une bonne partie de son temps à observer le maître à l’œuvre. Il avait donc repris sa plume, l’avait trempé d’un geste précis dans l’encre noire et avait recommencé à travailler, puis des bruits de pas l’avait surpris, et il s’était immédiatement redressé en reconnaissant le parfum que portait Christopher. Il se passa doucement une main dans les cheveux dans un geste quelque peu charmant, avant de planter ses yeux bleus sur le visage du maître, en le regardant avec un petit sourire en coin. Ce petit air mal à l’aise était craquant. « Tout se passe bien ? » Il avait bien envie de le taquiner et de lui dire que tout pourrait bien mieux se passer s’il venait l’embrasser en le plaquant contre cette table, mais la présence de trop nombreux élèves dans cette salle rendait la taquinerie compliqué. Il ne voulait pas lui causer d’ennui. « Bien sûr… » Il lui offrit un nouveau sourire en sentant son regard dévier vers la bouche de son tuteur, mais se reconcentra immédiatement sur lui.

Il le regarda s’assoir à côté de lui et reposa immédiatement sa plume afin de se concentrer sur son interlocuteur et de reprendre la discussion avec lui. Neal appréciait tout particulièrement échanger avec le charmant professeur, marié, mais ce n’était pas le genre de détail qui lui faisait peur, il avait déjà eu pire à affronter ! Il suffisait de voir l’élégance avec laquelle il avait croisé les jambes pour se douter que quelque chose clochait avec l’hétérosexualité de cet homme ! « Alors, qu’as-tu pensé du cours ? » Des tas de réponses taquines fusèrent dans l’esprit du jeune assistant. Mais il se contenta d’une réponse simple, bien que néanmoins taquines. « Toujours aussi intéressant ! Si mon professeur avait été comme toi je n’en aurais été que plus assidu ! Et je pense que les deux filles du deuxième rang ne sont pas tant passionnées par l’arithmancie que par celui qui l’enseigne ! » Il lui offrit un petit clin d’œil en remarquant que ces deux élèves s’étaient d’ailleurs retournées pour voir où était leur professeur préféré…

Chris s’éclaircit la gorge avant de s’asseoir à côté de Neal, faisant bien attention de ne pas entièrement tourner le dos à sa classe. Non pas qu’il ne leur fasse pas confiance mais… en fait, il ne leur faisait pas confiance du tout. Il avait été adolescent avant eux et il savait parfaitement de quoi ils étaient capables, et il savait surtout que s’il ne faisait pas au moins semblant de les surveiller, la moitié d’entre eux auraient filé dès que l’occasion s’en présentait. C’est aussi pour cela qu’il ne s’était pas assis directement face à son assistant, ça et parce qu’il ne se sentait pas capable d’avoir son attention complètement focalisé sur son visage pour une longue période de temps. Il avait un peu de respect pour lui-même et il savait très bien qu’il n’aurait jamais osé rien faire tant que ses élèves étaient encore là, mais tout de même. C’était juste plus prudent de ne pas le regarder directement pour l’instant. Après tout, personne ne s’amusait à regarder le soleil en face à moins de vouloir terminer aveugle, et Chris tenait simplement à éviter le moindre risque. Il savait qu’il se montrait mal à l’aise, et s’il était parfaitement conscient de la raison, il espérait seulement que Neal ne la découvrirait jamais. Il n’osait pas imaginer sa réaction. De toute façon, ce n’était pas comme si Chris avait l’intention de faire quoi que ce soit, c’était impensable.

Il fallait pourtant avouer que le sourire en coin que Neal lui lançait n’aidait pas à calmer ses nerfs et son cœur ne pouvait pas s’empêcher de battre un peu plus vite au léger mouvement de ses lèvres. Mouvement qui attira d’ailleurs le regard de Chris sur une partie de son corps qu’il aurait préféré pouvoir ignorer, mais les lèvres de son assistant étaient tellement roses, tellement… attirantes. Il déglutit avec difficulté avant de gigoter sur sa chaise. Il n’avait jamais été timide mais il fallait avouer que cette situation était très gênante pour lui, non seulement parce qu’il ne savait pas comment réagir lui-même, mais aussi parce que son comportement influencerait trois vies à la fois. Il allait vraiment falloir qu’il se calme, de toute façon ça finirait par passer. Il n’avait pas d’autre choix de toute façon.

Chris écarquilla les yeux en écoutant la réponse de Neal, sentant ses joues rougir quasiment immédiatement. La bouche légèrement entrouverte il se tourna sur son siège pour constater que les deux filles étaient effectivement en train de le regarder depuis le deuxième rang. Elles ricanèrent entre elles avant de se retourner brusquement. Chris se retourna vers son assistant, les joues toujours un peu rosies et les sourcils froncés. Bien sur il savait que c’était courant pour les jeunes filles d’avoir un coup de cœur pour leur professeur, mais tout de même, il était marié ! Il n’était certes pas la meilleure personne pour pouvoir utiliser ce fait comme argument, mais il n’avait vraiment pas besoin de ce genre de problèmes en plus. Surtout pas maintenant que Neal venait de mentionner le fait qu’il aurait pu être son élève aussi. La pensée aurait du l’écœurer, lui rappeler la différence d’âge qui existait entre eux, mais elle n’en fit rien. Au contraire, il se maudit de trouver l’idée plutôt excitante et il se mordit la lèvre pour s’empêcher de dire quoi que ce soit. Il secoua la tête tandis que son esprit était assaillit par les images de ce que ça aurait pu donner et de toutes les choses qu’ils auraient pu faire dans cette salle de classe. Il aurait du mal à y remettre les pieds après ça.

Chris avala sa salive avant de prendre une longue bouffée d’air, ses mains se serrant sous le bureau de Neal pour essayer de se calmer. « Je… Je suis sur que ce n’est rien qu’une passade adolescente. » Il s’éclaircit à nouveau la gorge. « Ce genre de choses finit toujours par passer, non ? » C’était bien la première fois que ça lui arrivait, et s’il était honnête il attendait vraiment une réponse à sa question. Non seulement pour se rassurer que les deux élèves ne penseraient plus à lui dans quelques semaines mais surtout pour se rassurer lui-même qu’il en serait de même pour ses sentiments. Enfin, sentiments était peut-être un grand mot, il ne savait pas vraiment ce que c’était. Il voulait juste être sur que ce n’était qu’une phase et son regard s’était sans doute fait plus sérieux que nécessaire.

Décidément mal à l’aise, Chris remua encore sur sa chaise avant de poser un coude sur la table. Il releva les yeux vers le visage de Neal, attrapant son regard et regrettant immédiatement son geste lorsqu’il se rendit compte qu’il n’arrivait plus à regarder ailleurs. Il était vraiment dans la merde. Il repensa à ce que son assistant avait dit et décida d’éclaircir un point sur lequel il avait encore des doutes. Neal avait dit ‘quelqu’un comme lui’ mais il voulait dire une femme, non ? Oh Merlin, Chris espérait que oui, si son assistant était gay en plus il allait finir par mourir de frustration. « Je suis sur que ça t’es arrivé d’avoir un coup de cœur pour une de tes profs quand tu étais encore à l’école. » Il essaya de sourire mais n’était pas certain du résultat. Il espérait surtout que ce n’était pas bizarre de parler de ce genre de choses. Il n’avait jamais vraiment eu d’ami homme et il ne voulait pas le mettre mal à l’aise, il avait assez de soucis à se faire avec ses propres états d’âme.

Christopher était le genre de prof pour lequel on en venait à prendre une matière qui avait l’air particulièrement ennuyeuse au premier abord. Et pas simplement parce qu’il y croyait, mais aussi parce qu’on avait du mal à détourner les yeux de lui quand on avait eu la drôle d’idée de les y poser pour détailler chacun des traits, si bien dessinés, de ce délicat, mais aussi délicieux et véritable appel au vice, qu’était le visage de cet homme. Il ne savait d’ailleurs pas comment il faisait pour venir travailler chaque jour dans la même salle que cet homme, en dormant sous le même toit, qu’était celui du château de Poudlard, en étant capable de se retenir de le plaquer vigoureusement et fougueusement contre son bureau pour venir emprisonner ses lèvres des siennes dans un baiser pour lequel il étoufferait bien. Il était certain de pouvoir dessiner avec une quasi perfection, les lèvres de l’homme, ces lèvres qu’il regardait si souvent lorsque celui-ci donnait ses cours et que lui était sensé plancher sur une équation particulièrement difficile, et qu’il se cachait comme il pouvait derrière son livre, pour ne pas que Chris ne se rende compte que ses yeux étaient fixés sur ses lèvres rosés, qu’il humidifiait parfois, dans un geste presque nerveux. Depuis qu’il était à Poudlard, il en était réduit à l’abstinence en semaine, et ce n’était pas spécialement agréable pour lui qui avait l’habitude de ne pas dormir seul. Pourtant, nul doute que si ce professeur n’avait pas eu cette alliance au doigt, il aurait été le réchauffer chaque soir dans son lit. Après tout, ce n’était pas Minerva qui allait les gronder pour si peu si ?... De toute façon, ses fantasmes n’auraient d’autres conséquences que de lui donner chaud, Christopher était marié, et père…

Il se passa une main dans la nuque pour penser à autre chose. Il inspira doucement, en regardant Christopher s’assoir à ses côtés. Neal adorait ce genre de moment où ils pouvaient discuter alors que les élèves faisaient autres choses. Ils passaient de longues heures à discuter ainsi, et cela lui plaisait beaucoup. Il avait l’impression d’avoir encore des centaines de choses à apprendre lorsqu’il entendait Christopher, et alors qu’il n’avait jamais été un énorme travailleur, il avait une passion pour l’arithmancie depuis son premier cours. Alors entendre sa matière préférée dans la bouche d’un homme aussi séduisant, c’était quelque chose de plaisant mais aussi, et pour son plus grand bonheur, ou malheur parfois, terriblement charmant et séduisant. Il soupira doucement en pensant que dans d’autres circonstances, il n’aurait jamais laissé passer un homme comme Christopher, pourtant il savait qu’il n’avait pas d’autre choix que de le regarder avec envie, sans avoir le droit de le toucher…

Bien sûr que Neal aurait pu être l’élève de Christopher. Mais qui n’a jamais fantasmé sur un professeur ? Après tout, la différence d’âge en faisait un homme mûr et expérimenté, dans un même temps il était marié à une femme et ne savait probablement rien encore des relations homosexuelles, mais la différence d’âge ne le rendait surtout que plus séduisant, et ne rendait le fantasme que plus excitant. A ce moment précis, il ne pu réprimer un petit soupire de regret, en pensant que s’ils s’étaient connus des années avant, ce serait dans son lit qu’il dormirait le soir, ou au moins pour un soir, mais surtout, que s’ils s ce moment précis, il ne pu réprimer un petit soupire de regret, en pensant que s’ils s’étaient connus des années avant, ce serait dans son lit qu’il dormirait le soir, ou au moins pour un soir, mais surtout, que s’ils s’étaient connus avant, il n’aurait pas besoin de retenir cette terrible envie qu’il avait de poser la main au niveau de son entrejambe et de venir l’embrasser avant de lui avouer qu’il avait très envie d’offrir un cadeau à son professeur préféré. Un cadeau quelque peu… Particulier. Il porta sa bouteille d’eau à ses lèvres et en vida une bonne moitié, de toute façon, si un jour il mettait ce fantasme fou en œuvre, il était hors de question de le faire alors que la salle était pleine d’élève… Mais l’idée de lui sussurer des cochonneries alors que les élèves étaient à côté, était elle aussi, terriblement excitante. Il porta à nouveau sa bouteille à ses lèvres. Se rafraîchir les idées était vraiment la meilleure chose à faire dans ce genre de cas. Ou alors il ne tarderait pas à sauter sur le professeur. Il ne fallait plus qu’il pense à cela. Cela ne serait pas bon, ni pour Christopher ni pour lui. Lui ne voulait pas s’attacher durablement…

Il ne pu retenir un petit sourire en entendant la réponse de son interlocuteur. « Je… Je suis sur que ce n’est rien qu’une passade adolescente. » Oh oui, et puis elles avaient plutôt bon goût, alors il était fort difficile de leur en vouloir. « Ce genre de choses finit toujours par passer, non ? » Il laissa un petit rire lui échapper, en général, quand il avait un homme dans la tête, il fallait qu’il l’ait dans son lit pour que ça lui passe. Il repoussa doucement la feuille sur laquelle il travaillait avant de relever doucement la tête pour se décider à répondre au professeur. « J’imagine qu’à leur âge oui. Et puis c’est bien si grâce à toi la classe d’arithmancie est pleine ! A mon époque on n’était qu’une dizaine à suivre cette option ! » Il ne pu que remarquer l’air sérieux qui était apparu quelque secondes durant sur le visage de l’homme, et ne pouvait s’empêcher de le trouver encore un peu plus craquant avec cet air un peu trop sérieux…

Et puis leurs regards avaient eu la drôle d’idée de se croiser, et de ne plus parvenir à se quitter, comme s’il s’agissait de quelque chose d’immuable, de naturel et qui avait été conçu pour être ainsi. Comme si leurs yeux avaient été crées dans l’optique de se rencontrer un jour, pour ne jamais plus se séparer. Même si penser cela avait quelque chose de plutôt inquiétant, il n’avait aucune envie de se stabiliser ! Pas alors qu’il était si jeune… « Je suis sur que ça t’es arrivé d’avoir un coup de cœur pour une de tes profs quand tu étais encore à l’école. » Il ne pu retenir, cette fois encore, un petit rire amusé et nerveux qui le rendait encore un peu plus séduisant. Il ne savait pas comment répondre à son « ami ». Sur un membre du corps enseignant oui. Sur UNE professeur, non, sur un prof qui n’était pas son prof, sans aucun doute, en ce moment même d’ailleurs, et cela lui arracha un petit sourire en coin. « Oui bien sûr. Enfin, sur des profs… Fin, jveux dire… Plutôt masculin ! » Il sourit amusé avant de reprendre : « Et toi ? » Il lui offrit un petit clin d’œil qui montrait qu’il était plutôt… décomplexé au sujet de son homosexualité.

Dire que Chris était mal à l’aise était sans doute l’euphémisme du siècle. Non seulement Neal venait de lui faire remarquer que plusieurs de ses élèves avaient le béguin pour lui, mais en plus il fallait qu’il soit lui-même attiré par l’assistant en question. Il ne savait pas ce qui le gênait le plus dans cette histoire. Sans doute Neal, après tout, il était persuadé que les jeunes filles oublieraient ces histoires très vite, du moment qu’il les ignorait. Il ne put pas s’empêcher de remuer un peu sur sa chaise à la confession de son assistant. Il pensait vraiment que les élèves s’étaient inscrits à cause de lui ? Parce qu’elles le trouvaient séduisant ? En temps normal il aurait été ravi d’avoir un auditoire plus rempli, quelque en soit la raison, mais cette fois ci ça le dérangeait. Les filles avaient perdu leur temps et lui faisait perdre le sien. Plus encore, elles allaient le rendre mal à l’aise pendant son cours et Merlin savait qu’il n’avait pas besoin de leur aide pour cela. Il arrivait assez bien à se mettre la pression tout seul et Neal était suffisant pour lui scier les nerfs à force de s’inquiéter. Pour être honnête, il n’avait pas besoin de ça, en plus du reste.

Mais ces réflexions lui sortirent bientôt de la tête, chassés par une vision beaucoup plus intéressante. Neal avait commencé à boire… en soi, rien de bien exceptionnel, mais Chris ne put pas s’empêcher de regarder ses lèvres s’entrouvrirent. Il était fasciné par le bout de langue qu’il pouvait apercevoir, par la façon dont sa pomme d’Adam s’agitait alors que le liquide coulait. Chris se mordit l’intérieur de la joue et essaya de ne pas bouger, il fallait qu’il arrête de remuer comme un animal pris en cage s’il tenait à garder son secret. Franchement, il pourrait être un peu plus discret. Il se força à s’arracher à la contemplation du visage de Neal avant de lui lancer un petit sourire tendu. Ce cours n’en finissait pas et il avait l’impression d’être en Enfer. Qu’avait-il fait pour mériter ça ?

Mais essayer d’ignorer son assistant n’était pas tâche aisée, surtout pas lorsqu’il arrivait à accrocher son regard. Chris était incapable de regarder ailleurs et le contact dura trop longtemps pour être anodin, trop longtemps pour que le professeur puisse vraiment l’ignorer. Neal laissa échapper un nouveau petit rire et Chris ne put pas s’empêcher de sourire en réponse, sourire qui disparut aussi vite qu’il était arrivé lorsque l’assistant répondit à sa question. Si Chris avait été en train de boire il aurait surement tout recraché, et s’il avait été en train de manger, il se serait étouffé. A vrai dire, s’étouffer ressemblait à une très bonne solution à cet instant précis, mais il pouvait difficilement essayer de se suicider devant toute sa classe. Non, il allait devoir attendre d’être seul pour pouvoir péter un câble, restait à savoir s’il était capable de garder son calme en attendant. « Oh. » répondit-il bêtement une fois que la crise de toux était passée. Neal était… Merlin, Neal était gay. Chris ferma les yeux et se prit la tête à deux mains, se retenant à peine de se la frapper contre la table. Il était foutu. Il se frotta le visage l’espace d’un instant avant de reposer ses mains sur la table, prenant une longue inspiration. « Merlin… enfin, je veux dire… Non, bien sur, je ne veux pas dire que c’est quelque chose de… gênant, bien sur. Enfin, il n’y a rien de mal à ça, pour toi je veux dire… » Oh Merlin, apparemment son cerveau était parti en vacances. Si Chris avait eu envie d’aller se cacher avant ça, ce n’était rien comparé à ce qu’il ressentait maintenant.

Sans réfléchir un seul instant à ce qu’il faisait, Chris se pencha un peu plus vers Neal, avançant ses mains sur la table jusqu’à ce qu’elles viennent effleurer celles de Neal. « Je m’exprime mal mais bien sur, ça ne change rien. » Dans son esprit, ça changeait tout. Mais certainement pas de la manière dont Neal le pensait. « Je suppose que tout le monde ne peut pas être hétéro… Et tout le monde ne peut pas être gay non plus, enfin… tu vois ce que je veux dire ? » A vrai dire, Chris lui-même n’était pas sur de voir ce qu’il voulait dire.

Il se rendit alors compte qu’il avait presque pris les mains de Neal dans les siennes et Chris recula brusquement pour rompre le moindre contact physique. Il s’éclaircit la gorge, passant ses mains sous la table pour les cacher tandis qu’il commençait à jouer avec pour se détendre. Il détourna le regard, faisant semblant de vérifier si ses élèves travaillaient bien. Il ne voyait rien du tout, son cerveau tournait à plein régime, lui envoyant des images non voulues de Neal avec d’autres hommes. Il aurait vraiment pu s’en passer. Mais il se rendit compte qu’il n’avait pas répondu à la question de son assistant. Il ne se tourna toujours pas vers lui. « Non je… je suppose que je n’ai rien connu de tel. J’ai rencontré ma femme à Poudlard et je… Je n’ai jamais regardé personne d’autre depuis… » A cette remarque, Chris se tourna vers Neal. Son regard était triste et il le savait, il s’en voulait de montrer ce côté de sa personnalité à son assistant, mais il n’arrivait pas à la masquer pour l’instant. Il avait regardé d’autres personnes depuis son mariage, en tout cas jamais sérieusement avant d’avoir rencontré Neal. Le jeune homme était un test, il en était sur, il commençait à user ses défenses et Chris ne savait plus combien de temps il arriverait à tenir avant de craquer complètement. « Enfin… » soupira-t-il, soudainement fatigué. « Tu as un copain alors ? »

Le sentiment qui faisait qu’un homme était mal à l’aise était quelque chose qui le dépassait littéralement. Il ne l’avait tout simplement jamais connu, son homosexualité avait toujours été assumé, même quand il n’était qu’un enfant, et il n’avait jamais été du genre complexé par les sujets dits « tabou ». Le principe même du « tabou » le dépassait quelque peu. Il n’y avait aucun sujet dont on ne pouvait pas parler, il suffisait simplement de savoir comment en parler, ça en était de même pour ce qui s’agissait de rire. On pouvait rire de tout, il suffisait simplement de ne pas faire de l’humour lourd comme les moldus avaient le don de faire. Il se souvenait d’un ami qui… Wait… Christopher venait presque de rougir et ça, c’était beaucoup plus intéressant que l’histoire de cet ami. Il avait cet air de l’homme gêné, et c’était plutôt craquant. Non, c’était même totalement craquant aux yeux d’un garçon qui comme Neal, n’avait tout simplement JAMAIS l’air gêné. C’était même quelque chose qui le dépassait rien que dans le concept. Ca avait quelque chose de plaisant de faire rougir un homme de cet façon, et il avait déjà des tas d’idées pour le faire rougir encore, de multiples et divers façons, comme par exemple, en posant, malencontreusement la main un peu trop bas, ou trop haut, c’est selon, sur l’entrejambe de l’homme en question. C’était une idée comme une autre… Il se passa rapidement la langue sur le bout des lèvres afin de les humidifier. Il n’y avait rien de sexuel là dedans. Rien du tout.

Il avait donc eu besoin d’eau, et personne ne pouvait sincèrement lui en vouloir d’imaginer des choses fort peu religieuses alors qu’il avait la personnification du fantasme du professeur face à lui… Christopher lui offrait un petit sourire tendu qui le fit sourire davantage, comme si il avait envie de dire quelque chose qu’il n’aurait pas dû vouloir dire… Mais là encore, il devait se faire des idées. Chris était un homme raisonnable, marié et père. Il n’y avait donc aucune chance qu’il ne soit, en ce moment même en train de se dire qu’il avait envie de venir caresser ses lèvres de sa langue pour voir si elles étaient encore humides de l’eau qu’il venait de boire. Il se passa une main dans les cheveux, comme pour chasser tout cela de son esprit, ayant malgré tout, beaucoup de mal à se concentrer sur autre chose. Il fallait qu’il trouve quelque chose d’autre à quoi penser. Quelque chose qui ne lui donnerait aucune mauvaise idée concernant les pensées de son supérieur… Il ne lui restait plus qu’à trouver ce que ça pourrait-être. Le bureau. Oui, un meuble c’était bien.

Mais Christopher semblait en avoir décidé autrement et leurs regards semblaient avoir décidés qu’ils voulaient se rencontrer, et soudainement, le bureau sur lequel il se concentrait depuis quelques secondes pris bientôt une autre tournure dans ses pensées. Il déglutit doucement, nul doute que ce bureau pourrait servir à tout autre chose. Il était plat, dur et stable… Parfait pour y plaquer fougueusement un autre homme. Mais pour ça, il aurait fallut que cette salle soit vide et que cet anneau ne soit pas autour du doigt de Christopher… « Oh. »Il ne savait pas comment il était sensé prendre cette réponse. Etait-ce là le signe que son supérieur était un tantinet moins tolérant qu’il ne l’avait supposé ? Peut-être était-ce simplement un signe de surprise de la part de Chris. Après tout, il ne portait pas une étiquette sur le front affirmant son orientation sexuelle et son collègue avait peut-être cru qu’il était hétéro. On ne voit pas la différence entre un homo et un hétéro dans sa relation au travail. Dans la façon dont il se passe la langue sur les lèvres en observant un collègue, sans doute un peu plus, mais Neal préférait compter sur l’innocence de Chris pour qu’il ne remarque pas qu’il était précisément LE collègue qu’il regardait de cette façon. « Merlin… enfin, je veux dire… Non, bien sur, je ne veux pas dire que c’est quelque chose de… gênant, bien sur. Enfin, il n’y a rien de mal à ça, pour toi je veux dire… »Il ne pu retenir un petit rire amusé devant la gène que semblait de nouveau éprouver le professeur. C’était très mignon et en même temps, quelque peu enfantin pour lui… Il porta une nouvelle gorgée d’eau à ses lèvres avant de se décider à répondre à son ami et collègue. « Oh non rien de mal pour moi ! Ne t’en fais pas, je sais que ça surprend certaines personnes, mais je ne vois pas pourquoi je devrais en parler moins librement que si j’aimais les femmes. Il n’y a aucun mal à préférer les muscles et les bras fort d’un Homme à la voix douce et la fragilité déconcertante des femmes ! » Il sourit d’un air amusé pour montrer à Christopher qu’il n’avait pas à être géné. Lui le premier aimait prendre les choses à la légère. Même les plus graves.
« Je m’exprime mal mais bien sur, ça ne change rien. » Mais il allait le mettre dans cet état plus souvent s’il continuait comme ça. Il sentit les mains du professeur venir effleurer les siennes et ne pu retenir un petit sourire content. « Je suppose que tout le monde ne peut pas être hétéro… Et tout le monde ne peut pas être gay non plus, enfin… tu vois ce que je veux dire ? » Tout était très clair. Si apprendre qu’il était gay le rendait aussi proche de lui, alors il le lui répéterait autant de fois que nécessaire. Ce contact entre leurs mains et ce petit air gênait avait quelque chose de touchant aux yeux du jeune assistant. Il se passa doucement, la main qui n’était pas en contact direct avec celle de Chris dans les cheveux et la reposa près de celles de son interlocuteur. « C’est ça. Chacun est comme il est… Je savais que ça ne changerait rien pour toi… Merci de m’accepter comme je suis chaque jour davantage… » Il ne pu retenir un petit sourire, presque timide pour une fois. A croire que Christopher avait le don de le rendre un peu plus… normal.

Mais rapidement, le mince contact physique qui s’était établi entre eux fut rompu par le professeur, et Neal ne pu retenir un soupire de regret. Il serait bien resté quelques minutes de plus ainsi, sans que personne ne vienne les déranger. Il détourna lui-même le regard et se concentra sur le bout de papier sur lequel l’équation sur laquelle il travaillait été écrite. Il fallait qu’il cesse d’espérer des choses alors qu’il semblait évident qu’elles n’arriveraient jamais. Il n’avait jamais eu aucun mal à avoir les hommes de son choix, mais celui-ci était marié et visiblement pas tenté par l’idée de tenter avec un homme. Il allait devoir finir par s’y faire. « Non je… je suppose que je n’ai rien connu de tel. J’ai rencontré ma femme à Poudlard et je… Je n’ai jamais regardé personne d’autre depuis… » La surprise pu se lire un court instant su son visage. Il avait donc une vie rangée depuis si longtemps ? Qui aurait la folle idée de se caser en sortant à peine de l’école ? C’était un peu comme une sorte de suicide long et douloureux ! Mais Sean avait déjà 17 ans, et en y réfléchissant, Christopher avait donc du devenir père très tôt… Il ne pu s’empêcher d’avoir envie de lui prendre la main pour la serrer, sous la table, en lisant toute cette tristesse dans ses yeux, mais ce n’était pas un geste qu’on avait pour un ami quand on était un homme, et il ne pouvait pas vraiment le faire sans risquer de perdre son amitié. « Tu es heureux avec elle ?... » Il avait envie qu’il lui dise la vérité. Si elle mettait en miette tous ses minces espoirs, tant pis. Mais voir cet homme aussi triste lui faisait mal. « Enfin… » Il lui offrit un petit sourire qui se voulait rassurant et gentil, simplement pour lui montrer qu’il était là s’il avait besoin de lui. Il serait là. Qu’importe le type de besoin et n’importe quand… « Tu as un copain alors ? » Il ne pu retenir un petit rire amusé. Il n’avait jamais vraiment été du genre à être capable d’être sérieusement avec un mec et de le garder… Mais comment dire ça plus joliment et de façon à lui laisser voir qu’il était ouvert à toute proposition ? « Disons que je n’ai pas trouvé chaussure à mon pied… Et ajoutons qu’en vivant à Poudlard, la vie de couple serait difficile Rentrer, le voir le week end, et repartir… Je ne suis pas sûr que ça soit ce qu’il me faut! Je suis libre, libre comme l’air…» Il ponctua sa phrase d’un nouveau sourire alors que la cloche retentit et que dans la minute qui suivit, les élèves eurent déjà quitté la salle…

Oh Merlin, Christopher était en train de se rendre ridicule. Il avait envie d’arrêter de parler, mais ses lèvres ne voulaient pas arrêter de remuer malgré tous les signaux que son cerveau voulait envoyer. Il n’aimait pas le tournant que la discussion avait pris tout simplement parce que c’était une pente qu’il préférait ne pas approcher de trop près. Bien sur, il n’était pas intolérant, et il n’avait rien de particulier contre l’homosexualité. Il n’y avait que deux personnes au monde chez qui ça avait le don de le gêner : chez Neal et chez lui-même. Chez lui-même pour des raisons évidentes, l’alliance qu’il portait au doigt notamment, et chez Neal parce que s’il y avait bien une personne au monde qui aurait pu pousser le professeur à trahir ses vœux de mariage ; c’était lui. Oh, tout aurait été tellement plus simple si son assistant avait été hétéro ( Pourquoi devait-il être gay ? Qu’est-ce que Chris avait fait pour mériter ça ? ). Chris aurait pu mettre un terme à toutes ces histoires et continuer à rêver dans son coin tout en sachant que rien ne pourrait jamais arriver. Enfin, tant que ça faisait rire Neal, pensa-t-il avec une certaine amertume.

Chris se mordit la lèvre en voyant son assistant reprendre une gorgée d’eau. Il allait finir par le tuer. Il savait qu’il avait raison, il n’y avait aucun mal à être gay, à condition de ne pas être marié évidemment. Il essaya de se rappeler ce petit détail dans sa tête et se força à retrouver son calme. Et pourtant, tous ses discours ne l’empêchèrent pas de venir presque déposer sa main sur celle de Neal. Il ne savait pas s’il était inconscient ou masochiste, mais dans tous les cas, il savait que ce geste n’était pas bon. Ni pour lui, ni pour Neal, mais il n’avait pas pu s’en empêcher. Oh il était vraiment mal parti. Il avala sa salive lorsque Neal recommença à parler. Il se maudissait de répondre avec un sourire qu’il voulait presque charmant, il s’en voulait de prendre autant de plaisir à parler avec le jeune homme, à le faire sourire. Mais rien n’y faisait, et il se força finalement à écarter sa main avant que les choses ne dégénèrent. Il avait été tenté de caresser le dos de la main de Neal du bout des doigts, et il savait très bien que ce geste n’aurait pas pu être considéré comme ‘amical’. Il allait vraiment devoir faire attention, sous peine de se voir démasquer.

Il essaya bien de ramener le sujet sur sa femme, mais il savait très bien que c’était une tentative vouée à l’échec. Son ton s’était fait plus triste, rempli de regrets, et il savait que ça n’échapperait pas à Neal. Il se raidit immédiatement en entendant la question du jeune homme, il s’éclaircit la gorge avant de s’agiter un peu sur sa chaise. Il n’avait aucune envie de répondre, certainement pas si c’était Neal qui écoutait. Dire qu’elle ne l’avait pas rendu heureux aurait été un mensonge, il s’était rendu malheureux tout seul et blâmer sa femme aurait été malhonnête. Alors Chris préféra changer le sujet. Malheureusement pour lui, la question qu’il venait de poser n’allait pas l’aider à se calmer. La réponse non plus d’ailleurs. Chris avait l’impression qu’il était sensé tirer quelque chose de personnel de cette réponse, comme si Neal essayait de lui faire comprendre quelque chose, mais il finit par supposer que ce n’était que son cerveau qui lui jouait des tours. La cloche retentit et Chris s’arracha enfin à la contemplation du sourire de son assistant, déçu et soulagé de ne plus pouvoir profiter du spectacle. Il se tourna sur sa chaise, ouvrant la bouche pour dire à ses élèves de travailler avant le prochain cours mais ils étaient déjà tous quasiment partis. « Tant pis… » souffla-t-il doucement avant de se lever.

Il tourna en rond l’espace de quelques instants avant de laisser échapper un soupir. Qu’il l’imagine ou non, il devait mettre les choses au clair avec Neal, ou en tout cas essayer. Il se tourna à nouveau vers son assistant, passant sa langue sur ses lèvres. « Je… Je ne sais pas si elle m’a rendu heureux. Je ne sais pas si je l’épouserais à nouveau si on me donnait la chance de tout recommencer depuis le début, mais le fait est qu’elle est ma femme… » conclut-il, sa voix un peu rauque et difficile. Il serra son poing contre sa hanche tandis qu’il passait l’autre dans ses cheveux. « Mais je doute que ça t’intéresse vraiment. » plaisanta-t-il enfin. Il ne savait pas pourquoi il s’était senti obligé de dire tout ça, ce n’était pas comme si Neal avait essayé de le draguer.

Et pour sa santé mentale, il valait mieux ne pas penser à ce genre de choses. Il s’éclaircit la gorge. « Ta journée est finie tu sais, tu n’es pas obligé de rester. » Il essaya de sourire pour bien montrer qu’il plaisantait, mais son visage ressemblait plus à une grimace qu’à autre chose.

Neal n’avait jamais eu de problème avec son orientation sexuelle. Enfant son amoureuse était un garçon et il avait appris que ce n’était pas normal. Pourtant, il l’avait toujours assumé sans le moindre problème, bien sûr à Poudlard, il avait eu quelques « soucis » pour trouver ses petits amis, tombant toujours sur des mecs qui n’assumaient pas et n’ayant droit qu’à des rendez vous secret quelque part dans Poudlard. Il se souvenait de son premier petit ami sérieux. Il s’appelait Alexander Swift et avait été le pire des petits amis ! Neal était chez Gryffondor, et Alex chez Serpentard et Alex avait fini par le frapper devant ses amis, pour s’excuser ensuite en l’embrassant de plus belle pour se faire pardonner. Neal avait fini par mettre fin à leur relation à force de trace de coup sur le corps. Il n’aimait pas être pris pour un con, et même si Alex avait été sincère dans ses sentiments, il ne supportait pas l’idée d’être battu juste pour lui avoir adressé un petit sourire devant ses meilleurs amis. Il n’avait plus ce problème maintenant, et la raison était simple : Il n’avait plus de petit ami, il n’avait plus que des aventures d’une nuit. C’était la solution qu’il avait trouvé à ce genre de problème. Et dans le fond, aucun homme rencontré jusqu’ici n’avait réussi à le convaincre de changer de mode de vie, et de vivre simplement une belle histoire de couple. Une histoire de couple… Il avait presque l’impression que cette notion était strictement réservée aux couples hétéros. Il secoua brièvement la tête pour chasser ces idées de son esprit, dans le fond, son mode de vie actuelle lui allait très bien.

L’assistant avait regardé avec regret la main du professeur s’éloigner de la sienne, il y avait presque vu un appel au pécher. Quelque chose qui disait « Je veux tromper ma femme avec toi. Maintenant. » Pourtant, dieu savait qu’il avait toujours pensé que Christopher était du genre raisonnable, heureux en mariage et en famille ! Mais si celui-ci ne s’y opposait pas, il serait son professeur à lui dans l’adultère. Après tout, il avait déjà couché avec des hommes mariés et convaincus d’être hétéros, ça n’avait jamais été un problème pour lui. Mais quelque chose lui disait que c’était bien plus compliqué que ça avec Christopher. Sans doute parce qu’il était inquiet lorsqu’il n’avait pas l’air serein, et qu’il faisait tout son possible pour le faire sourire quand il ne souriait pas, alors que ce n’était jamais comme ça d’habitude. Il ne fallait pas que cela prenne une autre tournure alors qu’il n’aurait probablement jamais cet homme dans les bras. Il se passa une main dans les cheveux d’un geste presque nerveux. Lorsqu’il avait accepté ce job, personne ne lui avait dit qu’il travaillerait avec un professeur aussi sexy. Les profs d’arithmancie n’avaient jamais été réputés pour être sexys. Mais c’était ainsi, chaque jour, il se levait en sachant qu’il allait retrouver Christopher et l’assister dans la préparation de ses cours, et il adorait ce job, au moins autant que celui qu’il devait assister. Dans le fond, il aurait peut-être simplement dû être soulagé de voir que ça se passait bien entre eux, mais c’était tellement plus compliqué que ça.

Un instant, l’attention de Neal se tourna vers les élèves qui quittaient la salle le plus rapidement possible afin que leur professeur n’ait pas l’idée folle de venir leur rajouter un devoir supplémentaire à ceux qu’il avait donné auparavant. Il ne pu retenir un petit sourire en les voyant sortir plus vite les uns que les autres alors qu’ils riaient en se retrouvant après deux heures d’arithmancie. Ce n’était pas sans lui rappeler certains souvenirs pas si lointains que ça dans son esprit. Ses années à Poudlard avaient été des années où plus que par ses résultats, il avait brillé par ses bêtises multiples, et les coups foireux organisés avec ses amis. « Tant pis… » Il se re-concentra sur le professeur et ne pu retenir un petit sourire amusé. Il avait quitté Poudlard il y a suffisamment longtemps pour croire encore au possible sérieux de ses élèves à la fin d’un cour et à leur capacité à ne pas partir avant qu’il ne le leur ait dit. Il tourna rapidement sur son tabouret pour retrouver le regard de Christopher et répondit d’un air taquin : « Tu peux me donner les devoirs à moi Professeur. Je te jure que je m’appliquerais à les faire ce soir… » Dans sa tête, cette phrase avait un tout autre sens, et il ne pu s’empêcher de se mordiller le coin de la lèvre en y pensant. Il y avait quelque chose dont il était maintenant sûr d’une chose précise. Le fait que Chris soit professeur était quelque chose qui ne faisait que rajouter à son sex appeal, du moins à ses yeux… Il espérait que sa femme assure et soit à la hauteur. Une idiote ne réalisant pas sa chance ce serait du gâchis pour un homme comme lui. Il ne pu retenir un petit soupire à cette pensée, en se disant qu’il ne devait pas penser à ça. Il était marié, ils étaient amis, il devait simplement se réjouir du fait qu’il soit marié s’il était heureux par la même occasion. Après tout, s’il aurait adoré être plaquer sur ce bureau par le professeur, il ne devait pas en espérer plus. Jamais.

Il observa la langue de Christopher passer sur ses lèvres avec envie avant de l’entendre parler : « Je… Je ne sais pas si elle m’a rendu heureux. Je ne sais pas si je l’épouserais à nouveau si on me donnait la chance de tout recommencer depuis le début, mais le fait est qu’elle est ma femme… » Il releva les yeux, son sourire ayant disparu. Il n’avait jamais envisagé le mariage, et pour cause, mais il doutait que ce soit ce genre de discours que devait tenir un homme marié qui allait bien. Il se leva doucement et se retint de venir lui attraper doucement le poignet. Il ne devait pas faire ça alors qu’il était marié et qu’il semblait bien décider à lui rester fidèle encore longtemps. « Mais je doute que ça t’intéresse vraiment. » Il secoua la tête de droite à gauche en baissant les yeux. Il avait l’impression qu’en réalité, le professeur ne le connaissait absolument pas. Il releva doucement les yeux en les plantant droit dans ceux de son interlocuteur comme pour appuyer encore un peu ses dires. « Chris… Je pensais qu’on était amis… Il ne pu retenir un petit soupire en tendant, inconsciemment la main jusqu’au poignet du professeur. Si ça ne va pas fort, le week end tu peux venir passer la soirée chez moi. Et ça m’intéresse. J’aime que mes amis me parlent d’eux et de leurs soucis. » Il ramena sa main à sa poche en espérant que son geste soit passé inaperçu. Il ne pouvait pas lui prendre la main, ni même l’enlacer. Ce serait une vraie mauvaise idée.

Il se mordit à nouveau la lèvre en pensant à cela. « Ta journée est finie tu sais, tu n’es pas obligé de rester. » Il leva doucement les yeux au ciel en laissant s’échapper un petit soupire. « Je ne me sens pas forcé tu sais. J’aime bien rester un peu le soir. Tu m’apprends toujours des tas de choses… » Cette fois, ce fut un vrai sourire qui illumina le visage de Neal alors qu’à nouveau, sa main s’était quelque peu approché de celle du charmant mais néanmoins marié professeur. « Ton fils… Ca va ? Enfin je veux dire… Avec lui, ça va ? » Il se passa une main dans les cheveux tandis que les doigts de son autre mains venaient de frôler le dos de la main de Christopher.

Chris ne savait pas ce qu’il avait fait pour mériter ça, sincèrement. Pourquoi fallait-il que Neal insiste à se montrer aussi séduisant sans même essayer de l’être apparemment. Et s’il essayait de le séduire, il imitait assez bien l’innocence pour pouvoir faire croire le contraire. Mais que ses gestes soient volontaires ou non, ils avaient de l’effet sur Chris, et il estima que se lever pour s’éloigner un peu de son assistant avait été une bonne idée. Neal avait une capacité inouïe à tourner une phrase anodine en come on. En tout cas, c’était comme ça que Chris le ressentait, mais c’était sans doute sa tête qui lui jouait des tours.

En y repensant, se lever avait sans doute été la pire idée que Chris ait jamais eue. Assis, la table les séparait toujours, mais maintenant Neal pouvait s’approcher autant qu’il le souhaitait. Et pire que tout, Chris aussi pouvait s’approcher autant qu’il le voulait, ce qui voulait dire beaucoup plus qu’il n’aurait aimé. Le jeune homme s’était levé à son tour et avait réduit la distance entre leurs deux corps d’une manière considérable, et c’est son attitude plus que ses mots qui firent frissonner Chris. La manière dont il releva les yeux vers son visage, le fait qu’il soit sur le point d’attraper son poignet (car oui, Chris était peut-être un peu plus vieux que Neal mais il n’était pas aveugle pour autant). C’était vraiment mal parti, oh Merlin, surtout quand on savait que Chris n’avait qu’une seule envie : éliminer complètement la distance que Neal avait encore laissé entre leurs deux corps. Il se mordit la lèvre en imaginant la scène et se força à sourire, essayant de faire comprendre à Neal qu’il avait bien entendu ce qu’il venait de lui dire et qu’il appréciait. Alors Chris se contenta de hocher la tête, ses poings serrés le long de ses hanches. Il ne s’autorisa à respirer que lorsque Neal éloigna un peu ses mains pour les cacher dans ses poches. C’était plus prudent comme ça.

Oh Merlin, Chris ne savait pas pourquoi ce qu’il avait dit avait eu un tel effet, mais il s’en mordait la lèvre maintenant. Neal était désormais tout sourire, et vraiment est-ce que Chris était le seul à penser que son assistant était en train de le draguer ? Oh Merlin, il espérait avoir tort de tout son cœur, même si son corps (le traître) espérait obtenir une réponse bien différente. Chris ferma les yeux en sentant la main de Neal venir effleurer la sienne, ce simple geste provoquant une réaction complètement disproportionnée à son avis. Il sentit son cœur s’emballer, ses mains commencer à devenir moites et il regretta immédiatement d’avoir choisi de rester dans cette salle après la fin du cours. Il avala sa salive en voyant Neal passer une main dans ses cheveux et sa réaction fut aussi instinctive qu’immédiate. Chris déposa sa main dans les cheveux de son assistant, écartant doucement la sienne en essayant de le recoiffer. Il se sentit rougir de sa propre audace mais n’écarta pas sa main. Essayer de la retirer brutalement ne ferait que montrer à quel point son geste était bizarre, maintenant qu’il avait commencé il n’avait pas d’autre choix que d’aller jusqu’au bout. « Je pense qu’il va bien, tu sais c’est un adolescent… On ne peut jamais vraiment savoir ce qui lui passe par la tête… » Il parlait plus pour essayer de se distraire qu’autre chose, et sa voix était trop faible. Elle sortait difficilement comme s’il était à bout de souffle.

Chris se mordit la lèvre inférieure alors qu’il sentait tout contrôle lui échapper. Sa main glissa dans les cheveux de Neal jusqu’à arriver sur son visage, ses doigts venant effleurer ses pommettes avant d’attraper son visage un peu plus fermement. Chris s’approcha encore un peu, retenant son souffle et priant tous les Dieux qu’il connaissait qu’il avait bien compris les signaux. Qu’il s’était aussi bien compris lui-même qu’il n’avait compris Neal. Dans le cas contraire, ça pourrait devenir très gênant, très vite. Mais toutes ces pensées s’envolèrent bien vite lorsqu’il sentit le souffle de son assistant sur son visage, les muscles de son torse se frottant presque contre les siens. Chris laissa échapper un soupir fébrile avant de fermer les yeux et de déposer ses lèvres contre celles de Neal.

Neal avait toujours été, du moins depuis qu’il était en âge de l’être, un séducteur. Il aimait séduire et voir qu’il plaisait, et il pensait être capable de plaire à tout homme qu’il trouverait lui-même à son goût. Il savait faire des efforts, ou lancer les bonnes phrases au bon moment. Certains appelé ça être un dragueur, lui préférait appeler ça son charisme naturel, puisque dans le fond, il n’avait jamais rien fait pour séduire aussi facilement. Les choses lui venaient naturellement, et il était parfois un peu trop charmeur aux goûts des autres, mais il ne le faisait tout simplement pas exprès. C’était du moins son excuse officielle. Officieusement, il devait avouer qu’en effet, il aimait beaucoup séduire et plaire, et ça avait toujours été le cas. Et puis, dans le fond, ça n’avait pas réellement l’air de déplaire au jeune professeur. S’il ne se trompait pas, ça semblait même plutôt bien lui plaire. Mais il se faisait probablement des idées pour une énième fois.

La prudence et la raison soufflaient d’une voix faibles au creux de l’oreille du jeune assistant. Pourtant, elles ne parlaient probablement pas suffisamment forts parce qu’il avait plutôt tendance à écouter son cœur et son désir. Bien sûr, la raison lui disait que Christopher était marié, qu’il était le père d’un garçon de 17 ans et que tenter quelque chose était une pure folie, et la prudence lui demandait de ne rien tenter pour ne pas risquer de vivre l’un des premiers râteaux importants de sa vie qui pourrait donner lieu à des situations très gênantes. Et la raison semblait avoir haussé le ton lorsqu’il revint glisser sa main dans sa poche de pantalon ou lieu de venir attraper le poignet du professeur. Et puis il avait fallut qu’il ait l’air terriblement touchant et beau en parlant de sa situation sentimentale. Puis... Il avait bien dit qu’il ne ré-épouserait pas sa femme si on lui laissait de nouveau le choix. Alors, c’était peut-être aussi une espèce de message subliminal. Il n’avait pas envie de le voir triste, et de lire cette mélancolie sur son visage. Son cœur semblait même s’être un peu noué en l’entendant… Il n’aurait pas du prendre cela autant à cœur, mais c’était là tout le charme de Christopher. Il lui donnait envie de le serrer doucement dans ses bras, pour ne plus jamais le lâcher. Il ne pu retenir un léger soupire en pensant cela. Il ne devait pas penser cela. Il savait que Chris était un homme raisonnable et qu’il ne pourrait jamais rien avoir de plus qu’une relation de collègues et amis entre eux. Il se mordit doucement la lèvre en regardant Christopher faire quelques pas avant de se retourner vers lui. S’approcher de lui et l’embrasser en lui caressant doucement le dos et peut-être même le bas du dos. C’était terriblement tentant, mais il ne pouvait pas céder à la tentation. Il ne devait pas…

Mais il avait cédé. Sa main était venue caresser doucement le dos de la main du professeur et il n’avait pas pu s’empêcher de sourire sous ce geste. Un sourire simple et sans doute un peu bête d’ailleurs. Il le regarda fermer les yeux un court instant sous ce contact, mais il n’avait pas retiré sa main. C’était ça le principal, Neal n’avait pas si mal compris ce que Christopher avait laissé apparaître dans leurs rapports l’un avec l’autre. Il avait passé la main dans ses cheveux, et bientôt, il sentit celle de Christopher venir s’y perdre, et son sourire n’en fut finalement que plus grand. Ils s’étaient vraisemblablement compris. Il ferma les yeux quelques secondes pour savourer ce geste qu’il n’avait jamais osé espérer. « Je pense qu’il va bien, tu sais c’est un adolescent… On ne peut jamais vraiment savoir ce qui lui passe par la tête… » De qui est-ce qu’il parler déjà ? Il avait rouvert les yeux pour écouter ce qu’il avait à lui dire, mais il ne savait plus exactement de quoi ils étaient en train de parler. De sa femme ? Non sa femme n’était pas une adolescente. D’un élève alors ? Sûrement pas… De son fils ! Sean, c’était lui le sujet de conversation, il secoua rapidement la tête pour se remettre les idées en place. Sa voix avait été faible, mais ils étaient suffisamment proches pour qu’il ne l’entende. « Je pense que c’est un garçon bien… Alors… » Comment peut-on dire à un homme dont on a très envie qu’on a pas forcément envie de parler de son fils ? Il se mordit doucement la lèvre en regardant son visage, alors que ses yeux glissaient doucement vers les lèvres du professeur qu’il avait envie de venir saisir pour ne plus les lâcher. Il allait avoir besoin d’une douche froide ce soir, une douche très froide s’il voulait parvenir à dormir calmement et sans salir ses draps… Il inspira profondément comme pour se calmer.

Il observa avec attention le professeur se mordre la lèvre et ne pu retenir un petit soupire d’envie en observant ce geste. Il sentit sa main glisser dans ses cheveux et venir se poser sur son visage, et il ne pu s’empêcher de sourire en le regardant droit dans les yeux comme pour lui donner une autorisation dont il n’avait pas vraiment besoin. Leurs corps étaient maintenant très proches, peut-être un peu trop d’ailleurs, et il vint doucement poser ses mains dans le bas du dos du jeune professeur pour le ramener un peu plus contre lui, en se mordillant doucement la lèvre. Leurs torses étaient l’un contre l’autre et il pouvait sentir le dessin des muscles du jeune homme à travers leurs vêtements, il pouvait sentir son souffle venir caresser ses lèvres, et passa rapidement la langue sur ses lèvres pour les humidifier rapidement. Il ferma doucement les yeux en laissant l’homme venir saisir ses lèvre, et il lui rendit le baiser avec beaucoup d’envie, et ses mains resserraient doucement leur prise dans le dos du jeune homme pour le ramener encore un peu plus contre lui, en laissant lui échapper un soupire fébrile et plein d’envie. Il le poussait doucement contre le mur derrière eux sans plus penser à rien d’autre qu’à ce professeur qu’il avait si souvent désirer.

Chris savait que c’était une erreur, son cerveau n’arrêtait pas de le lui hurler, mais il n’arrivait pas à s’arrêter. Il avait l’impression de se tenir au bord des rails, de voir deux trains sur le point de se percuter et d’être incapable d’empêcher le désastre. Et sentir les lèvres de Neal sous les siennes n’aidaient en rien, bien au contraire. S’il s’était senti capable de se retenir avant ça, tout espoir était désormais perdu. Les lèvres de son assistant étaient douces, chaudes et si Chris avait pu, il ne les aurait jamais lâché. Sa main se serra dans les cheveux du jeune homme pour le ramener contre lui, approfondir le baiser alors que son esprit lui hurlait de s’enfuir. Mais son corps avait un avis bien différent, et il avait pris le dessus.

Chris laissa Neal le pousser légèrement, les faisant reculer jusqu’à ce que son dos heurte doucement le mur de la classe. Il pouvait sentir le corps de son assistant se presser contre le sien et il laissa échapper un gémissement malgré lui. Il n’avait pas ressenti ce genre de choses depuis si longtemps, il n’était même pas sur d’avoir jamais ressenti un baiser avec autant d’intensité. Il n’avait jamais voulu rester accroché aux lèvres de quelqu’un aussi désespérément, n’avait jamais autant apprécié un contact au point de se demander comment il avait vécu jusqu’ici sans y goûter tous les jours. Il pouvait sentir les joues mal rasées de Neal contre ses doigts et ça ne fit rien pour le calmer, bien au contraire il pressa son corps contre celui du jeune homme avec plus d’insistance encore. Il sentait tout son corps se réveiller, de son bas ventre jusqu’à son entrejambe et si le sentiment n’avait pas été aussi électrisant, il lui aurait fait peur.

Il s’écarta finalement pour reprendre son souffle, et quelle erreur ce fut. Il rouvrit les yeux et eut l’impression de se prendre une gifle en pleine figure. Non seulement il venait d’embrasser quelqu’un d’autre que sa femme, mais il avait embrassé son employé… un homme. Oh Merlin, il avait dépassé les bornes, et il le savait très bien. Ses yeux s’écarquillèrent et il recula brusquement, se projetant presque contre le mur pour essayer de s’écarter de Neal. Il ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit alors il finit par la fermer à nouveau. Qu’avait-il fait ? Qu’avait-il risqué ? Et pourquoi ? Merlin, il ne s’était jamais senti aussi stupide, il avait enfin de se frapper la tête contre le mur jusqu’à s’évanouir. Avec un peu de chance il allait se réveiller dans son lit et s’apercevoir que tout ça n’était qu’un mauvais rêve. Oh Merlin, faîtes que ce ne soit qu’un cauchemar.

Mais il savait très bien que c’était réel, la scène était trop détaillée, trop physique et il l’avait trop ressenti pour véritablement pouvoir croire à un rêve. « Merde… » souffla-t-il la mâchoire serrée. Jurer aidait moins que se frapper la tête contre le mur, mais c’était déjà ça de pris. Il passa une main dans ses cheveux, regardant partout sauf le visage de son assistant. Sa langue vint humidifier ses lèvres et Chris regretta immédiatement son geste lorsqu’il sentit le goût de Neal sur sa bouche. Ses lèvres étaient légèrement enflées et il devait avoir l’air ravagé, les cheveux en pétard et il était persuadé que ses joues avaient pris une teinte écarlate. « Je suis désolé je n’aurais jamais du… Je n’aurais pas du faire ça, ce n’était pas juste de ma part et c’était une erreur. »

Ce n’était pas juste, ça c’était l’euphémisme du siècle. Ce n’était ni juste pour Neal, ni pour Chris ni pour personne d’autre. Et certainement pas pour sa femme et son fils, et c’est sans doute cette pensée qui le força finalement à s’écarter pour de bon. Il s’approcha de son bureau, tournant le dos à Neal. Il prit une longue inspiration, mais il avait bien du mal à respirer normalement. « Je suis vraiment désolé, Neal, mais ça ne remet pas en cause ton poste dans cette école. J’apprécierais que tu gardes cette histoire pour toi, je pense que tu sais pourquoi. » Chris laissa échapper un petit rire sans joie. Il avait envie de demander à Neal de partir mais il n’en avait pas le courage. De toute façon, il comprendrait bien qu’il n’était pas le bienvenu ici de lui-même. Chris avait tout gâché, et tout ça parce qu’il était incapable de contrôler des sentiments qu’il n’aurait jamais du avoir. Il allait avoir besoin de penser à tout ça à tête reposée, et la présence de Neal ne pouvait pas aider. Mais quoi qu’il en soit, Chris était déjà certain d’une chose : le sommeil n’allait pas être facile à trouver cette nuit.

Neal ne pouvait s’empêcher de sourire, les lèvres collées sur celle de son boss. Il avait attendu ça bien trop longtemps pour ne pas en profiter. Il avait toujours été persuadé que cet homme était foncièrement hétéro, même s’il était carrément sexy, et là, il venait de l’embrasser en se posant visiblement beaucoup moins de question. Sa langue caressait doucement les lèvres du professeur avant de franchir les lèvres et de venir caresser avec une sensualité certaine, celle de Christopher. Il savourait cette saveur nouvelle, celle de Christopher. Il l’avait longtemps imaginé sans pour autant avoir jamais pu y goûter, et aujourd’hui enfin, il avait la chance de savourer cette saveur délicate et particulièrement masculine. Il en venait d’ailleurs à regretter de ne jamais avoir pu y goûter avant, et n’avait strictement plus aucune envie de s’en passer. Il avait l’impression que cette sensation était comme devenue nécessaire, mais il savait que lorsque ce baiser serait terminé, tout serait sans doute bien plus compliqué. Après tout, il était tout de même marié.

Il en voulait plus. Il en voulait tellement plus qu’il avait l’impression qu’il serait incapable de se retenir, il savait que ce n’était ni l’endroit ni le lieu, mais il voulait sentir le corps du professeur bien plus proche encore du sien. Cela faisait particulièrement longtemps qu’il n’avait pas pu profiter d’un homme comme ça, sa dernière conquête commençait à remonter, depuis qu’il vivait à Poudlard, avoir des aventures était un peu plus compliqué. Il s’interdisait de regarder les élèves, et Chris était bien l’un des rares profs qui lui plaisait. Il y avait bien Edward et Robin aussi, mais rien de comparable à Christopher… Plaquant le professeur contre le mur, il vint passer les mains dans ses cheveux pour les décoiffer un peu plus, avant de laisser ses mains glisser dans son dos, lentement, de plus en plus bas. Il sentait les lignes de son corps contre le sien et mourrait d’envie de le découvrir encore davantage, sans vouloir, pour autant, le faire sans son autorisation. Hors de question de tout gâcher, mais déjà son bas ventre commençait à le lancer. Il se pensait bien plus résistant que ça, mais l’excuse de sa longue abstinence pourrait toujours tenir. Il mordit légèrement sa lèvre inférieure en sentant son cœur se mettre à battre un peu trop vite pour que ce soit normal. Il rêvait de ça depuis des jours, si ce n’était des semaines, et il n’avait plus aucune envie que ça ne s’arrête. Pas alors qu’il avait fallut tant de temps avant que ça arrive.

Malheureusement pour lui, ils étaient humains et déjà le professeur s’éloignait de ses lèvres pour reprendre son souffle. Il fit de même, sans le quitter des yeux. Pourtant quelque chose lui disait que c’était maintenant que tout allait devenir compliqué. Il allait réfléchir, penser à sa femme, à son fils, et le laisser comme un con. C’était comme ça que ça allait se passer il en était certain. « Merde… » Et voilà. La réaction tant attendu venait d’arriver et Neal baissa les yeux en soupirant, il savait que ça arriverait, mais être mis devant le fait accompli n’en restait pas moins difficile. Il aurait aimé que ce soit un « Merde » suivi de quelque chose du genre « Qu’est ce que c’était bien ! », mais il savait que ce n’était pas le cas, et il se passa une main sur le front en soupirant. Il sentait encore le parfum de Christopher sur ses vêtements, et le goût de ses lèvres sur le bout de sa langue. « Je suis désolé je n’aurais jamais du… Je n’aurais pas du faire ça, ce n’était pas juste de ma part et c’était une erreur. » Il laissa un soupire lui échapper à nouveau. Quel genre de réaction typique, ça en était presque décevant. Il leva les yeux au ciel en regardant son chef. « C’est pas comme si je m’attendais à ça. Et puis, c’est pas toi qui a l’air d’un con maintenant… C’est pas grave. » Un nouveau soupire vint ponctuer sa phrase alors qu’il passait la main dans ses cheveux pour se recoiffer .

Il observa le jeune homme s’éloigner de lui et repris doucement ses esprits en attrapant ses affaires sur la table en les mettant dans son sac d’un air déçu. Il en avait espéré un peu plus de la part de Christopher. Il avait osé croire qu’il était un peu différent des hommes mariés qu’il avait pu croiser sur sa route. « Je suis vraiment désolé, Neal, mais ça ne remet pas en cause ton poste dans cette école. J’apprécierais que tu gardes cette histoire pour toi, je pense que tu sais pourquoi. » Il ne pu s’empêcher de lever les yeux au ciel cette fois. Il se foutait de sa gueule. Il n’y avait pas d’autres mots. C’était quand même le minimum non ? Ne pas remettre en cause son poste … Ils avaient échangés un baiser, rien d’autre, et lui pensait vraiment qu’il pouvait avoir peur de ça ? « Sans blague ? Puis c’est vrai, je vais m’amuser à raconter à tout le monde que j’ai l’air très con à avoir espéré que tu puisses avoir envie d’autre chose que de tester simplement ce que ça fait d’embrasser un mec. T’auras qu’à le raconter à ta femme, ça les excite en général. » Il leva les yeux au ciel. Il regrettait déjà ce qu’il venait de dire mais il ne pouvait s’empêcher d’être froid après ce qui venait de se passer.

Il ferma doucement son sac et jeta un dernier regard vers le professeur d’arithmancie l’air plus froid qu’il ne l’aurait voulu : « A demain. Les équations seront prêtes et les copies des quatrièmes années corrigée. » Il laissa un nouveau soupire lui échapper et s’éloigna du bureau d’un air décidé pour rejoindre sa chambre. Il n’avait aucune envie de parler avec quiconque ce soir, et encore moins de penser à Dean, pourtant lorsqu’il s’allongea sur son lit, la première chose qui lui vint à l’esprit fut les lèvres de Christopher. Cette nuit encore, il ne serait pas très serein pour dormir…