« I can face the future. » | Amy & Neville |

Il y a une grande tension entre Neville et moi. Je peux sentir son embarras maintenant que ses amis sont partis. Il n'avait peut être pas prévu de se retrouver seul en compagnie d'une fille. Cette idée m'amuse beaucoup mais je prends la peine de le cacher. Il n'y a aucune honte à être timide, en fait je trouve même ça plutôt mignon. Je suis heureuse qu'il soit de mon avis à propos d'agir selon son coeur. Bien sûr j'ai peur de ce qui va m'arriver, mais de toute façon ils ne pourront pas me tuer, je suis la petite soeur d'un membre du personnel de l'école après tout. Ce sera un honneur de prendre quelques doloris pour avoir protégé un élève gentil et courageux comme Neville. Petit à petit, je m'approche de lui, ne sachant pas trop comment il va réagir à cette nouvelle proximité. Quand il relève les yeux vers moi, je reste immobile, mon éternel sourire réconfortant imprimé sur mes lèvres. C'est vrai quoi, j'ai pas l'intention de le manger. L'idée de lui rappeler une de ses amies me fait plaisir, puisque dans un sens ça ne peut être qu'un compliment. Je le vois mal se faire des amis méchants et stupides. Par contre, je ne m'attendais pas à ce qu'il me compare à sa grand-mère... Après quelques secondes de surprise, je me dis que ça doit être une femme fabuleuse, et que même si le compliment est un peu maladroit, il reste un beau compliment. Je glousse un peu en posant ma main devant ma bouche. Je ne me moque pas vraiment de sa maladresse, mais il faut avouer qu'on ne me l'avait jamais faite celle-là.

« Ne t'inquiète pas, je comprends ce que tu veux dire. Je prends ça comme un compliment. »

Des pas précipité et un petit cri inquiet interrompt notre discussion. Le professeur McGonagall fait irruption dans la salle, certainement alertée par les autres élèves s'étant rebellé contre les méthodes pédagogiques peu appropriées des Carrow. Elle demande à Neville s'il va bien, puis s'adresse à moi. Instinctivement, je pose une main sur l'épaule de mon camarade, comme pour le remercier de nouveau.

« Je vais bien professeur McGonagall. Les autres sont à l'infirmerie. »

Elle me lance un regard entendu, puis se sauve en courant dans les couloirs. Je sais qu'elle va prévenir Robin de ce qui s'est passé, et ça va pas être joli à voir. Il faudra que je l'empêche de s'en prendre à Amycus, parce que nous n'aurions nul part où vivre s'il perdait son emploi. Mon attention se reporta sur le garçon qui se tenait à côté de moi, je retire ma main vivement de son épaule en rougissant. Pourquoi est-ce-que je me suis accroché comme ça à lui ? Mon regard balaye la pièce, comme si je me sentais soudain observée. Rassurée de voir que nous sommes seuls, je fixe mes pieds et me racle la gorge. Finalement, le Gryffondor prend la parole et me demande mon nom. Oh mais bien sûr, j'ai complètement oublié de le dire !

« Oh pardon ! Quelle maladroite, j'avais complètement oublié. Je suis la meilleure amie de Luna, je m'appelle Amethyste Earnshaw, mais tu peux m'appeler Amy. Tout le monde le fait. »

Je suis mal à l'aise, peut être parce que je n'arrive pas à soutenir son regard. Ses yeux sont d'une couleur douce et pétillante. J'ai comme des papillons dans l'estomac. Qu'est-ce-qui m'arrive, encore ? C'est quoi cette nouvelle fantaisie ? Reprends toi petite, t'es vraiment larguée !

Malgré sa grande timidité qui fait tout son charme, il m'observe avec une insistante étonnante. La chaleur que je sens se répandre sur mes joues est formelle. Je rougis à l'idée qu'il pourrait s’intéresser à moi. Bien sûr je sais que ce n'est pas un preux chevalier en armure plein de muscles, mais je lui trouve quelque chose de désespérément attirant. Bien qu'il n'en sache probablement rien, je vois au fond de ses yeux une flamme d'espoir et de courage que beaucoup de possèdent pas. Tout ce que je sais, c'est qu'un jour ce lionceau craintif deviendra un grand lion fort et brave. Tout ce que j'espère, c'est être à ses côtés lorsque cela se produira. En attendant, je me contente de lui sourire en croisant ma jambe gauche sur ma jambe droite. Assise à côté de lui sur cette table de cours, je suis un peu mal à l'aise. En fait je crois que c'est la première fois que je me sens comme ça avec quelqu'un. C'est un sentiment nouveau sur lequel je ne peux pas encore mettre de nom. C'est doux et chaud comme un rayon de soleil sur ma peau, ça me retourne l'estomac et fait battre mon coeur plus vite. Je n'ose pas prétendre que c'est probablement de l'amour, parce que je n'ai jamais été amoureuse et parce que je ne suis toujours pas sûre que mon camarade gryffondor soit bien le garçon de ma vision. Enfin, il se présente à son tour.

« Moi c'est Neville. Londubat. C'est un peu plus banal, comme nom. »

Je me retiens bien de lui dire que je connaissais déjà son prénom grâce à Luna. En revanche son nom retient mon interet. Je l'ai déjà entendu quelque part, je crois. Peut être que Robin m'a déjà parlé de lui en racontant une anecdote de l'école, je ne m'en souviens pas vraiment, mais je ferai en sorte de m'en souvenir prochainement. Voyant que Neville continue de se trouver banal et inutile, je hausse les yeux au ciel en soupirant.

« Mais non, c'est un joli nom. Et puis ce n'est pas un nom qui fait d'une personne ce qu'elle est vraiment. C'est une question de choix de vie. » Je fais une pause en pensant à la pièce de Shakespeare, puis cite avec un air théâtral. « Qu'y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons une rose embaumerait autant sous un autre nom. »

Je doute qu'il comprenne que je viens de citer Roméo & Juliette, puisqu'il ne vient pas du monde moldu. Enfin bref, l'important c'est qu'il saisisse le sens de cette phrase. Finalement, la discussion change de sens lorsqu'un bruit retentit dans la salle. Neville se raidit et regarde rapidement dans la direction du vacarme. Inquiète, je me suis déjà redressée, ma baguette dans la main. Qu'est-ce-que c'est ? Encore un de ces ignobles mangemorts ? Contrairement à ce que je croyais, le gryffondor s’avança vers la source du bruit. C'était une grosse malle en bois patiné par des années d'utilisation. Cette dernière bougeait toute seule comme si un fantôme invisible s'amusait à la secouer violemment. Ce phénomène me rappela un cours de troisième année. Neville confirma ce que je craignais.

« Il y a un épouvantard là-dedans... »

Une ombre traversa le regard de mon ami et je compris son idée presque avant qu'il ne la prononce à haute voix.

« On va le mettre dans leur bureau. Il faut leur montrer de quoi les élèves sont encore capables. »

Malgré la peur qui me nouait le ventre à l'idée de ce qui pourrait sortir de ce coffre, je ne pu me retenir de glousser en imaginant Amycus tomber nez à nez avec son pire cauchemar en ouvrant la porte de son bureau. Quelle idée de génie ! Lorsque Neville posa ses mains sur la poignée, je fis deux pas en arrière pour empêcher l'épouvantard de s’intéresser à moi. Je savais quelle forme il pourrait prendre face à moi et le souvenir de mon cours de troisième année me traumatisait suffisamment comme ça. Lorsque le couvercle se souleva brusquement, je ne pu retenir un petit cri de surprise, m'attendant à croiser de nouveau mon pire cauchemar. Heureusement, la proximité de mon camarade fit que ce fut un professeur Rogue à l'air sévère qui émergea des ténèbres. Même si je vis Neville trembler un peu et hésiter, je fut stupéfaite par sa capacité à se maîtriser pour jeter le sortilège. L'épouvantard se retrouva rapidement enfermé dans le bureau des Carrow.

« J'espère qu'ils apprécieront la surprise. »

Je hochais la tête, encore un peu pâle. Les couleurs revinrent sur mon visage petit à petit et je pu faire un petit sourire que je voulais rassurant. Je n'aimais pas passer pour une poule mouillée. Je fis alors quelque chose d'un peu mesquin, dont je n'étais pas du tout fière.

« Je ne savais pas que tu avais tellement peur du professeur Rogue. C'est comme ça depuis toujours ? »

Pour cacher ma propre terreur, je me cache derrière la sienne. Pourtant, je sais que tôt ou tard il me demandera ce que moi j'aurais vu en ouvrant la malle.

Je me retins de faire la moindre remarque à propos de ce que venait de me dire Neville. Même si je sentais qu'il ne me disait pas tout, je savais aussi que ça ne devait pas être une histoire agréable pour lui. Je m'estimais déjà heureuse qu'il ai répondu à ma question ( qui au passage était assez déplacée ). En fait, plus les minutes passaient et plus je m'enfonçais dans une confiance profonde envers le jeune homme. Pendant qu'il parlait, mon regard glissait sur sa carrure, essayant d'en apprendre chaque détail. Il était plus grand que moi d'au moins une tête et demi, il avait les épaules larges et un visage amical. Il était relativement mince, un peu musclé mais pas trop. Sa peau était blanche comme de la porcelaine, ce qui faisait ressortir ses splendides yeux gris/verts. Mes pensées vagabondèrent au point que j'en vins à me dire qu'il était vraiment charmant. Je crois que ça ne me dérangerais pas que Neville soit le garçon de ma vision. Je voulais que mon premier baiser appartienne à quelqu'un de spécial, et puis je voulais aussi trouver quelqu'un que mon frère accepte. Robin était extrêmement protecteur avec moi, alors si je venais lui annoncer que je sortais avec un garçon, il ferait une crise cardiaque ! Enfin, je n'en étais pas là de toute façon. J'aurai tout le temps d'y réfléchir. Le tressaillement de Neville ne passa pas inaperçu lorsqu'il eu fini de raconter son histoire. Si je n'avais pas été aussi timide, je l'aurais pris dans mes bras pour le réconforter, mais ce n'était pas le cas alors c'était inutile d'y songer. Finalement, il acheva son discours sur une pensée globale.

« Enfin, on a tous un épouvantard un peu mystérieux je suppose... Et qui en dit beaucoup sur nous, comme nos patronus. »

Personnellement, je n'avais aucune idée de l'origine de mon épouvantard, ni de ce que ça voulait dire à propos de moi. Beaucoup de personnes devaient avoir une peur bleue des requins, je ne pouvais pas être la seule. Cela n'en restait pas moins un mystère à mes yeux. Alors que je m'attendais à ce que Neville me questionne sur ma propre peur, il n'en fit rien. Il sauta à une autre question que je n'attendais plus.

« Dis, je me trompe peut-être mais...tu devais vraiment me faire confiance pendant l'exercice, non ? Je veux dire, tu n'as pas tremblé un instant et tu avais l'air...calme. »

Mon coeur oublia de battre pendant une seconde. Moi qui espérais tant qu'il ne l'ai pas remarqué, j'étais dans de beaux draps à présent. La raison de mon attitude appartenait au plus grand secret de ma vie. Seules deux personnes au monde savaient de quoi j'étais capable : Robin et Edward. Un doute s'installa en moi. Pouvais-je faire suffisamment confiance à Neville pour lui expliquer une chose que je gardais pour moi depuis l'arrivée de mes pouvoirs, lorsque j'étais toute petite ? Je savais qu'il n'en ferait pas mauvais usage mais une fuite pouvait très vite arriver. Si une personne mal attentionnée dans le château apprenait cela, il lui suffirait de savoir utiliser la legilimancie pour m'utiliser comme une boule de cristal super-puissante. Je ne voulais pas qu'on se serve de moi, qu'on m'enferme comme une bête de foire. Cependant, je devais bien avouer que l'honnêteté de mon camarade m'avait touchée. Ne pas en faire de même semblerait grossier. Et s'il y a bien une chose que je ne suis pas, c'est grossière. Je m'installais alors sur le premier bureau à proximité. Mon regard était plus sombre et fixait le sol d'un air pensif.

« Je n'ai pas l'habitude d'en parler, mais je suppose que tu sais garder un secret. Tu seras la troisième personne à savoir la vérité. »

Je laissais glisser un léger silence. J'avais longtemps rêvé que mon secret n'existait plus et que je devenais une jeune fille comme les autres. Pourtant je savais que ça n'arriverait pas. Même si en grandissant j'avais commencé à prendre ce pouvoir comme un don plutôt qu'une malédiction, en parler restait douloureux.

« Je peux voir l'avenir, sous forme de visions. La plupart m'arrive durant mon sommeil, comme des rêves prémonitoires, mais il m'arrive parfois d'en avoir en étant éveillée. La nuit dernière, j'ai vu le cours de ce matin et tu prenais ma défense. Alors je n'étais pas particulièrement inquiète lorsque c'est arrivé. »

L'émotion nouait ma gorge mais je ne parvenais pas à pleurer. J'avais sûrement versé trop de larmes à cause de ce poids sur mes épaules. Je n'avais plus une goutte d'eau dans les yeux, mais ceux-ci restaient brouillés comme cachés derrière un voile blanc de tristesse.

« C'est un fardeau que je dois porter depuis aussi longtemps que remonte ma mémoire. Même Luna n'est pas au courant même si elle commence à se doute que mes réveils en sursaut ne sont pas liés à un cauchemar récurrent. »