Alicia Spinnet

De par mes rares actions, on me croirait faible. Je ne pense pas l’être mais n’ai pas encore pu m’exprimer en dehors du sport dans lequel je n’aurais jamais imaginé briller : le quidditch. D’accord, j’ai besoin d’un bon coup de pied où je pense pour bouger. Angelina et Katie sont géniales pour m’y forcer. J’ai besoin d’un fil conducteur pour me réaliser. Je suis très sensible aux critiques, et il m’arrive de fondre en larmes sans raisons apparentes… pour les autres. Insignifiante la plupart du temps, je ne tolère cependant pas l’injustice.  Audacieuse ? Oh, non, pas moi ! Sauf quand j’ai un souaffle en main et peux me faufiler jusqu’aux anneaux du terrain de quidditch.

Mon histoire est la plus banale qui soit, à mes yeux du moins. La sorcellerie, j’y ai été baignée dès mon enfance. On parle de ma mère comme d’une grande dame joviale que tous aimaient tant elle était vive et admirée pour sa beauté et ses réceptions. Hélas, je ne l’ai pas connue, elle est décédée peu après ma naissance et les circonstances de sa mort ne m’ont jamais été révélées. Mon père s’est aussi toujours montré distant à ce sujet. Je n’ai néanmoins manqué de rien, de quoi me plaindrais-je ? Ma tante Aubépine s’est très bien occupée de mon éducation durant les trèèèèèès nombreuses absences de papa qui voyage sans arrêt avec le corps diplomatique. On ne s’embarrasse pas d’une fillette fade dans ce genre de travail. Je crois que son métier n’est pas la seule raison à ses évitements. D’abord, je suis une fille, il aurait sans doute préféré un garçon. Quand, à sept ans, j’ai réussi à faire tourner seules les pages d’un livre, il a dit : il était temps ! À croire qu’il redoutait que je sois Cracmol. J’ai donc bossé deux fois plus dur afin de combler ses espoirs déçus.
Lorsque ma lettre d’admission à Poudlard arriva, j’étais très excitée mais aussi extrêmement paniquée. N’allais-je pas, pour la première fois de ma vie, quitter le giron familial ? Entre mes cours particuliers comportant danse de salon, piano, chant et équitation, sans compter golf et natation, je n’avais eu que de rares occasion de fréquenter d’autres enfants. Imaginez ma terreur sur le quai 9 ¾. Papa et sa sœur y étaient. Un froid baiser, un « sois un bon serpentard » et j’embarquai. Je repérai un compartiment vide et espérais fortement qu’il le reste, mais le hasard - que dis-je, la chance! -fut au rendez-vous. D’abord y entra une jeune fille à la peau bronzée, la plus étonnante que j’ai connue ( pas difficile, je ne connaissais personne) Volubile, j’en sus des choses sur elle, sans rien avoir demandé, ni… répondu. S’ajouta une autre fille prénommé Katie. C’était fascinant. Du coup la durée du trajet me parut très courte, tant j’en entendis. Je répondis très peu étudiant, discrètement, ces deux phénomènes bouillonnants, ravie d’enfin participer à quelque chose. Mais les surprises ne s’arrêtèrent pas en si bon chemin. Si Angelina et Katie furent enchantées d’être acceptées chez les rouges et or, moi je m’y suis sentie mal. Le choixpeau m’a laissé le choix pourtant. Qu’est-ce qui m’a pris de réclamer, quasi pleurer, pour aller à Gryffondor ? Mon père allait gueuler ! Il le fit mais tant pis. Je n’allais pas risquer de perdre mes deux premières amies, non ?
Le temps a passé et l’amitié ne s’est jamais départie. Bien sûr, je reste la plus sage des trois mais me suis beaucoup améliorée en ouverture sociale grâce à elles ainsi qu’à la découverte d’un certain talent au Quidditch. On s’y marre vraiment bien. Pourvu que l’on règle vite son compte à Voldemort… Suis un peu perdue avec tout ce qui se passe au collège, moi ! [/i].