[fb] End of the Road | Manoir Nott, Sirius Black

Zephyr se rendait régulièrement au manoir des Nott, mais ce n’était jamais sans raison.

Il ne s’y rendait pas pour faire du tourisme ou pour taper la discussion avec ses potes Mangemorts ; même lui qui était si décontracté avait du mal à supporter la vision de certaines choses qui étaient faites là-bas et quand il en sortait, d’ailleurs, il lâchait toujours un immense soupir, comme s’il était en réalité heureux que ce ne soit pas lui qui soit enfermé dans ces prisons. Pas lui qui criait sous la torture de Lestrange.

Il n’avait en réalité aucune raison de s’inquiéter, car jusqu’à présent, mis à part ce léger souci de sang impur venant de son père, Zephyr s’avérait être un parfait petit raffleur.

Il venait avec son lot de traîtres et de moldus et les livraient, parfois plus ou moins abîmés, haussant juste les épaules quand on le lui faisait remarquer, parlant d’une malencontreuse chute sur le chemin ou quelque chose du genre.

Zephyr n’avait cependant jamais été un grand tortionnaire. Les moldus et les traîtres à leur sang, il les capturait, mais il ne frappait que ceux qui avaient tenté de s’enfuir. « C’est pour le bien commun. », qu’il leur disait. Il riait ensuite, comme s’il n’avait pas pu s’empêcher de le faire et ne pouvait pas s’empêcher de penser à Eliot et de sa réaction s’il venait apprendre que parfois, il se prenait des coups d’une de ses proies juste pour le fun, pour le plaisir de répondre.

Zephyr était donc de passage au manoir Nott ce jour-là, autant qu’il s’en souvienne et il avait été particulièrement soulagé de ne pas entendre la voix de Lestrange. Il s’entendait bien avec elle, mais n’oubliait en aucun cas qu’elle était une supérieure pour le moins insaisissable, n’aurait pas voulu qu’on lui reproche quelque chose de son boulot – si bien fait. Il avait dû amener deux ou trois récalcitrants à moitié assommés et les avait poussés dans une cellule lorsque, sur le chemin du retour, il le vit.

La cellule était isolée des autres, il se souvenait l’avoir déjà vu les dernières fois et s’être dit que le pauvre type allait bientôt mourir. Il (ou elle?) était toujours là, au sol. Curieux, Zephyr s’en rapprocha, regardant autour de lui si personne ne le voyait, puis se retrouva au pied des barreaux.

« Petit petit petit. », commença-t-il.

L’homme (car c’était sans doute un homme) n’était pas petit. Il était extrêmement sale, ses cheveux étaient gras et il n’avait pas l’air en bonne santé. Les pensionnaires du manoir Nott étaient rarement en bonne santé, mais là, c’en était vraiment dramatique.

Magnanime, Zephyr sortit trois chocogrenouilles de sa poche et les lui jeta.

« Fais gaffe, ça saute haut. Sale temps pour être un sang de bourbe, hein. T’as fait quoi pour leur déplaire, toi ? »

Blood, blood, blood, pump mud through my veins

So we can fall 'til we bleed

☾☾J'ai cessé de compter les jours, cessé de compter les heures qui passaient. Je m'enfermais dans un mental, mes yeux fixant le vide dans cette cage qui était devenue ma prison. Je ne sais plus combien de temps j'étais là, à voir les jours défiler à travers la toute petit grille au plafond. Tout devenait noir, froid, comme les jours où les détraqueurs s'amusaient à venir aspirer mes souvenirs, quand je pensais à quelque chose de trop heureux. Douze ans, cela forge le caractère. Mais j'avais un atout, je pouvais me transformer en chien à Azkaban, personne ne venait, on pourrissait dans une cellule, pour seule compagnie ces spectres aussi froid que la mort.

L'avantage de la forme animagus c'est que les pensées sont plus primaire, plus simple. Les détraqueurs pensaient qu'on devenaient fou, vu qu'ils étaient aveugles. Padfoot m'avait aidé à supporter le froid, l'ennui, la mort qui venait doucement. Mais pas ici. Pas dans cet endroit où les allées et venues étaient trop importants. Pas ici, quand j'ignorais quand mon bourreau allait venir s'amuser sur mon corps et mon esprit.

Les crucio et les doloris de ma cousine étaient réellement terrible. Elle était la haine, la folie incarnée en une seule personne. C'était comme essayer de raisonner un fou, c'était impossible. Elle était ainsi faite. Il n'y avait pas que elle, d'autres mangemorts s'amusait à tenter de me faire flancher, à tenter de me faire dire ce que je savais. Je n'avais jamais parler. Trop de temps s'était écouté que je ne connaissais même plus le son de ma voix, à boire l'eau, qui coulait le long du mur pour tenter de m'hydrater comme je le pouvais.

La faim et la soif, le manque de soin avait eu raison de mon apparence, alors que j'étais couché à même le sol, en position fœtale, le regard dans le vide, observant les gouttes d'eau former doucement une flaque. Comme les secondes de ma vie qui défilaient, je me contentais de rester là, à ne penser à rien, à m'enfermer dans mon esprit. Quand une voix forte résonna. Je ne pus contrôler le mouvement de mon corps qui se recroquevillait, prêt à recevoir le sort impardonnable. Mais rien ne vient. A la place, j'entends qu'on jette quelque chose à travers les barreaux de la cage. Je me retourne quand j'entends l'homme parler de nouveau.

J'observe son visage, enfin de ce que j'en vois. Il porte un masque noir sur la partie basse, ne dévoilant que ses yeux qui me fixait et ses cheveux noirs, aussi noir que les miens. Il semblait en bonne état, accroupi derrière les barreaux à mon niveau. Je romps le contact visuel et observe les trois paquets devant moi. Des... des chocogrenouilles ? C'était toujours mieux que rien. J'en attrape une et me redresse, avec difficulté pour venir m'adosser sur le mur. Mes vêtements étaient déchirés à de multiples endroits, la peau rouge, à vif qui ne se fermaient pas, ou presque plus, sous les assauts répétés des Diffindo.

J'ouvre le premier paquet, réussis à rattraper la chocogrenouilles avant de mordre la tête. Le parfum du chocolat envahit mon palais alors que je vois que l'homme attends une réponse. J'avale difficilement, grimace alors que je tente de lui dire, d'une voix rauque, d'avoir gardé trop longtemps le silence.

« Je... » Une quinte de toux me prend alors que je tente de parler. Je déglutis et reprend. « Je suis pas un né moldu. Je suis son cousin. »

Je pense que là, sur l'instant, je préférais le sort réservé au sang de bourbe que le mien.

CODAGE PAR AMATIS | 604 mots

Et non, le sort ne venait pas car Zephyr n’avait pas vraiment l’intention de sortir sa baguette.

Dans un autre état d’esprit, certes, il aurait pu le faire. Il aurait même pu simuler une prétendue évasion pour être contraint à se défendre et prétexter avoir agi par légitime défense, mais dans quelle mesure se battre contre un prisonnier en guenilles et à bout de force aurait pu être drôle ? L’homme semblait être sur le point de s’écrouler, sa peau était triée de blessures et même Zephyr qui avait au quotidien tant de mal à rester sérieux ne pouvait s’empêcher de le regarder avec de la pitié dans les yeux.

« Son cousin ? », répondit-il et il chercha immédiatement de qui l’homme pouvait être cousin.

Des traîtres à leur sang, il y en avait par ici, c’était juste qu’ils ne duraient en généralement pas longtemps dans ces cellules, alors un cousin suffisamment important pour qu’on prenne le soin de ne pas lui asséner le plus terrible des trois sortilèges interdits ? Zephyr se tordait le cerveau, les sourcils, se demandant si de la famille Nott, Lestrange ou Black, ce type pouvait être affilié.

Il en profita pour mieux le regarder et alors il comprit. Là, devant lui, il avait sous les yeux l’objet de la plus grande chasse à l’homme du monde sorcier et moldu qui avait pu être menée ces dernières années. On ne tarissait pas de surnoms à son égard à cette époque : le plus fidèle serviteur de Celui dont on ne devait pas prononcer le nom ou pas mal de patronymes de cet acabit, et il était finalement mort alors qu’on avait révélé son innocence.

Et bien.

Si ce n’était pas une surprise, ça.

Ce devait être le cousin de Bellatrix, donc, et cette seule pensée lui fit dresser les poils de la peau, regarder à gauche puis à droite pour voir si cette dernière n’arrivait pas. Enfin ce n’était pas comme s’il enfreignait un quelconque règlement. Ni même comme s’il tentait de faire libérer Black.

Il se retiendrait toutefois d’émettre l’hypothèse comme quoi il avait compris, se faisant plus idiot qu’il ne l’était, juste pour ne pas se mettre en danger inutilement. Zephyr bâilla, sortit une gourde pleine d’eau qu’il lança à Sirius à travers les barreaux. Tout allié de Dumbledore qu’il pouvait être, le pauvre type avait l’air dans un piteux état. (il raconterait sans doute plus tard l’anecdote à Eliot pour lui montrer qu’il avait bon fond. Enfin à peu près)

« Pas d’chance pour toi. T’as dû faire de sacrées conneries pour être ici. Enfin vaut sans doute mieux pour toi de pas être dehors, il fait vraiment un temps de chiottes et en plus les matchs de Quidditch ont été annulés. »

Ca n’avait rien à voir mais c’était tout Zephyr, ça. Il n’avait pas parlé depuis moins d’une minute et le voilà qui prenait déjà un pauvre hère comme cible pour lui causer du temps catastrophique anglais et des Vifs d’Or, même si ce n’était franchement pas sa passion.

« Si t’as faim je dois avoir un sandwich au saucisson. On me la fait ce matin, c’est pas une franche réussite honnêtement mais je ne me sentais pas d’humeur à vexer mon cuisinier. Il fait peur quand il s’énerve, tu sais. Et je sais, tu dois me prendre pour un fou à te parler alors que je ne te connais ni d’Eve ni d’Adam – c’est une expression moldue, tu sais. Mais je m’ennuie tellement, et ils n’étaient vraiment pas bavards, aujourd’hui, c’était mortel !!! »

Blood, blood, blood, pump mud through my veins

So we can fall 'til we bleed

☾☾Il ne dit rien, m'observe et j'en fais de même. Je vois sur son visage, sous ses froncements de sourcils, les méninges de son cerveau qui tournent. Je souris à moitié, quand il semble me remettre. Sans un mot, il sort une gourde de sa poche, la balance à travers les barreaux. Je la fixe un temps, la laissant rebondir sur le sol dur de la prison où j'étais, avant de l'attraper en tendant une main vers la gourde, sale, pleine de sang séché, de crasse. Je l'ouvris rapidement, bu une gorgée salvatrice. Je soupire d'aise, un instant, alors que je reprends encore une gorgée. Je me redresse complètement, grimaçant sous l'effort alors qu'il prend la parole. Un vrai moulin celui là ! Je ris quand il parle des matchs de Quidditch, toussant un coup sous l'effort. Je pose la tête sur le mur de pierre, le fixant de mes yeux gris sur mon visage amaigri et meurtri. Il cachait une grande partie de son visage par un masque, seuls ses yeux d'un bleu intense et ses cheveux noir était visible.

« Je préfèrerai être volontiers dehors qu'ici... »

Il continue de parler, comme si c'était tout à fait normal de discuter. Je lève un e main, ferme les yeux, écoutant ce flot de parole. J'ouvre la bouche, aucun son ne sort. La gourde d'eau et la chocogrenouille entamé, à côté de moi. Il s'arrête de parler et je le fixe, reposant mon bras, le long de mon corps, ma main sur mon ventre.

« Pourquoi tu m'aides ? Tu devrais pas être là. Si elle le sait, t'es un homme mort. »

Je lui demande alors que je le fixe toujours avant de reporter mon attention sur la chocogrenouille entamé et la gourde. Reportant mon attention sur le chocolat, je finis la gourmandise doucement, avant reprendre encore une gorgée d'eau et la poser près des barreaux pour qu'il la reprenne. Pas besoin qu'elle reste dans la cage, à être découverte et qu'il se fasse prendre.

« Merci. »

Fus le seul mot qui me passa par la tête avant que je ne revienne contre le mur, recroquevillant les jambes contre moi, comme j'avais l'habitude de le faire à Azkaban. Je ne devais pas reprendre des forces. Pas trop. Sinon, elle sera encore pire la prochaine fois qu'elle viendra. Elle prendra un malin plaisir à retirer toute parcelle d'espoir que je pouvais ressentir. J'attrape les deux dernières chocogrenouilles et les pose dans ma poche, pour les dissimuler à la vue de tous alors que j'attendis des réponses de cet homme masqué.

CODAGE PAR AMATIS | 604 mots

Zephyr gloussa légèrement, s’étira de tout le long dont il était capable avant de bâiller, sans doute à nouveau. Rien que le fait de savoir que Sirius Black était présent, là, juste devant lui, c’était une curiosité qui paraissait si aberrante qu’il était prêt à prendre un ou deux risques pour maintenir un semblant de conversation.

Car oui, Zephyr était conscient que Bellatrix était jetée, sinon complètement perchée. Il n’aurait jamais tenté d’entretenir une conversation avec elle – et le simple fait qu’il soit raffleur et de sang impur l’aurait probablement directement fait jeter dans un de ses cachots. Zephyr avait conscience de cela, pourtant restait tranquillement à collaborer avec des alliés du Seigneur des Ténèbres et ramenait des moldus ici alors qu’il savait pertinemment quel sort les attendait. Il n’était pas une bonne personne, il s’ennuyait surtout profondément et la perspective de se défouler un peu lui donnait du baume au coeur.

« J’aime bien le risque. Mais t’as raison, avec mon sang impur, ça risque de passer par le Doloris avant l’Avada. », avoua-t-il. « Non, et bien y’a moins de cris ou de tortures du genre aujourd’hui, elle a l’air d’être de sortie. P’tete qu’elle a une piste concernant le gosse-là. Potter, c’est ça ? »

Il ne savait pas du tout si cette hypothèse pouvait être juste ou si Bellatrix était juste aux côtés du Seigneur des Ténèbres. Plus loin il se tenait de ses affaires, mieux il l’était et par conséquent, mieux Eliot également se portait. Il avait conscience de l’importance du rôle de son amant dans l’affaire et de l’immunité que ce dernier pouvait lui apporter mais savait qu’il ne faudrait pas trop qu’il joue au con avec ses collègues mangemorts s’il ne voulait pas se prendre un Avada dans la face.

Après tout, Zephyr n’était qu’un pion remplaçable.

Le garçon baissa légèrement le foulard qui lui masquait la bouche pour goûter le sandwich ; mh, ce n’était pas la plus grande réussite d’Eliot, mais ça restait mangeable. Il ne se voyait pas lui dire pour autant car lui-aussi aurait pu se mettre aux fourneaux.

« Attends. », il en coupa un bout pour en distribuer la moitié de manière magnanime à Black. Si après ça, on ne l’appelait pas Mère Thérésa, faudrait le faire. « J’ai l’air de t’aider ? J’t’ouvre pas la cage, que je sache, j’fais juste ma pause dej ici et j’ai trouvé quelqu’un d’intéressant à qui parler. Toi, au moins, tu me supplies pas et t’as l’air à peu près normal, même si je sais pas comment tu fais, à ta place j’aurais pété un câble pas possible. »

Il s’essuya la bouche avec sa manche.

« T’inquiète pas, j’suis pas envoyé par elle pour trouver un point faible pour briser ton armure. Tu pourrais le penser et ça paraîtrait évident et franchement, j’ai aucun intérêt à le faire. Je me ferai même engueuler par ma moitié si je le faisais – ou buter, accessoirement. Il peut faire peur parfois, t’as pas idée. »

Sujet: Re: [fb] End of the Road | Manoir Nott, Sirius Black