AccueilAccueil  CalendrierCalendrier  FAQFAQ  RechercherRechercher  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  

Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

 

 CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. »

Invité
Invité
Anonymous
CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » Empty
MessageSujet: CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. »   CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » EmptyDim 10 Oct - 0:21



Unusual You
Bridges are burning, baby I'm learnin'
A new way of thinking now'
Love I can see, nothing will be, just like it was,
Is that because...

Baby, you're so unusual,
Didn't anyone tell you, you're supposed to
Break my heart, I expect you to, so why havent you?



Ça faisait maintenant deux semaines que Eilys était sortie de l'hôpital. Les deux premiers jours, elle les avait quasiment passé à dormir, récupérant un sommeil précieux qu'elle avait perdu pendant sa « relation » avec Emrys. Cependant elle fut forcée de l'admettre, depuis qu'elle ne dormait pas dans ses bras, elle dormait mal. Par habitude, la jeune femme s'installait toujours du même côté sur le lit, s'imaginant enfouir sa tête dans le coup du chanteur, le nez posé sur l'oreiller qu'il avait parfumé malgré lui de son odeur.
Pendant les jours qui avaient suivit, Eilys était redevenue elle même pour finalement empirer. Elle ne parlait presque plus, la plupart du temps absente de la conversation, perdue dans ses pensées. L'expression qui lui était devenue naturelle était ce regard baissé, perdu dans le vie, témoignant du chagrin douloureux qu'elle ressentait. Eilys se sentait vide, plus qu'elle ne l'avait jamais été de toute sa vie. Était-ce parce qu'il fallait avoir quelque chose de précieux à perdre pour en ressentir le manque ? Pourtant elle avait toutes les raisons du monde de se sentir heureuse. La catastrophe avait été évitée et Charles semblait se porter le mieux du monde, ayant retrouvé son ancienne vie qui lui allait si bien.
Elle avait beau avoir annoncé à la presse que désormais elle était amie avec le chanteur, Eilys avait pourtant tout fait pour ne pas le croiser. Et pour ça, le meilleur moyen avait été de ne presque plus sortir de chez elle. Si ses musiciens voulaient travailler un morceaux, ils se déplaçaient chez elle mais elle ne se rendait pas au studio, à moins que Mary lui ait juré – limite sous Serment Inviolable – que Charles n'était pas dans les parages. C'était stupide mais Eilys ne voulait absolument pas le voir, elle ne voulait même pas l'apercevoir et encore moi lui parler. Pourquoi ? Parce qu'elle avait beau essayer de faire semblant – et vous savez à quel point elle n'était pas douée pour ça – la jeune femme ne pouvait nier l'évidence : sa « rupture » avec Charles lui avait porté un sacré coup sur le moral, personne n'avait put l'éviter. Eilys était toujours de mauvaise humeur, impatiente, désagréable et absente. La moindre remarque était une occasion pour déclencher une dispute (et Joe en avait vécu pas mal mais il l'avait cherché). Mais ce qui prouva plus que tout que la jeune femme n'allait pas bien était ses retards devenus des habitudes. Pour la dernière répétitions elle avait même eu le culot de ne pas venir alors que c'était elle qui les orchestrait. Mine de rien, elle débarqua alors que tout le monde rangeait le matériel, les mains dans les poches. Quand l'une de ses sœurs lui demanda pourquoi elle n'était pas venue, Eilys se contenta de se laisser tomber sur un canapé et de répliquer avec lassitude « ça m'a saoulé ». Jamais, Eilys n'aurait dit ça il y a quelques semaines. Et pourtant elle l'avait fait.
Joe culpabilisait. Pour ne pas dire paniquer en réalité. Il était bien conscient être en partie – voire totalement – responsable de ce qui était en train d'arriver à Eilys car c'était lui avait fait entré Charles dans sa vie. D'ailleurs ses liens avec la bassiste qu'il considérait pourtant comme une fille – dans les moments où il ne la manipulait pas – en prenaient un sacré coup. En plus d'avoir peur de perdre une grande musicienne, d'avoir détruit sa carrière, il se sentait responsable de sa vie qu'il semblait avoir foutu en l'air pour une histoire de marketing. Un jour vint où le manager réalisa à quel point la situation était devenue dramatique, bien plus qu'il ne l'avait imaginé...Eilys n'avait assisté à presque aucune répétition, ne se rendait pas aux rendez vous et parlait à tout le monde comme s'ils n'étaient pas vraiment conscients, comme une sale peste arrogante en fait et à tendance dépressive. Eilys n'était plus vraiment la même. Certes elle avait toujours eu l'air légèrement blasé mais c'était à cause de son caractère introverti qui l'empêchait d'exprimer totalement ses émotions. Là c'était totalement différent, totalement invivable. Le plus difficile avait été d'essayer de masquer ce changement d'attitude mais tout le monde finit par parler un jour...
C'était à la fin de la deuxième semaine qu'arriva la dernière crise de Black Ely. Depuis sa rupture avec Charles, elle ne lui avait donné aucune nouvelle et n'en voulait aucune de lui. Sans savoir pourquoi, plus le temps passait, plus Eilys était en colère contre lui. Comme si c'était la faute du chanteur s'il lui manquait autant, si elle ne dormait plus la nuit, si sa vie semblait vide. Elle lui en voulait tellement sans même savoir pourquoi tout compte fait. La famille Weatherfall, Joe et Mary étaient en alerte. Eilys avait fait une nouvelle crise dans la salle des instruments. Ces derniers temps elle avait vécu entre son lit qu'elle ne quittait pas et cette pièce. Quand elle y était, personne n'avait le droit d'y entrer. Ses sœurs souffraient beaucoup car Eilys se fermait totalement à elles. La jeune femme savait que Isibeal et Deirdre allaient lui demander d'exprimer ses émotions, d'expliquer ce qu'elle ressentait et elle n'en avait tout simplement pas la force. Et ce fut pourquoi depuis sa sortie de l'hôpital, Eilys n'avait pas été capable d'écrire une ligne et pire encore : de jouer. C'est ce qui provoqua sa crise la plus violente.
Les premiers jours elle avait pensé que la fatigue était la cause. Puis à partir du début de la deuxième semaine, la musicienne s'enfermait dans la pièce et essayait de jouer encore et encore. Cependant ses doigts glissaient sur le piano, les mélodies lui faisaient mal. Quand elle en avait parlé à Joe, il semblait premièrement dérouté mais confiant. Sauf qu'une semaine plus tard, Eilys n'avait pas été capable de jouer en entier ne serait-ce qu'un seul de ses morceaux. Tout lui faisait mal, tout était mauvais, sans saveur. Eilys savait pourquoi elle n'y parvenait pas. Elle l'avait sut dès les premières secondes mais par réflexe, comme toujours, elle s'était menti à elle même. Frustrée, elle avait tout simplement tout détruit dans la pièce. Par magie, à mains nues, tous les objets y étaient passés. Les instruments, les prix. Peu importait, en un sort ils seraient réparés. Cependant la jeune femme avait laissé intact un seul et unique instrument : le piano. Comme si elle lui laissait une dernière chance.
Eilys l'avait dit elle même à Charles. Dans ses chansons il y avait une part d'elle et quand elle les interprétait, elle se dévoilait. Or, s'il y avait bien une chose que la jeune femme n'avait pas envie de faire était d'exprimer ses sentiments. Elle ne voulait pas savoir ce qu'elle ressentait, ne pas comprendre, ne pas les admettre. C'était tellement moins douloureux de les anesthésier tout simplement même si pour ça elle devait se priver de musique. Mais pour combien de temps ?
Ce fut le soir même du jour où elle avait tout brisé que Eilys revit Charles. Elle n'avait pas quitté la pièce aux instruments qui ressemblait plus à Garnica après la guerre civile qu'autre chose avec tous les débris au sol. Elle n'en était pas sortie de toute la journée, sans manger ni boire. Personne n'avait osé la déranger, pas même ses sœurs, le message ayant été très clair de la part de la jeune femme quand elle avait hurlé « Cassez-vous ! Tous ! ».
Eilys se trouvait debout, habillée d'une robe noire et pieds nus comme toujours. Elle regardait par la fenêtre, les bras croisés sur sa poitrine et son maquillage noir avait coulé, beaucoup, laissant sur ses joues de poupée le fantôme de ses larmes cruelles. Elle ne pouvait plus écrire, ni jouer. Comment allait-t-elle s'en sortir ?
Quand elle entendit quelqu'un entrer dans la pièce, elle ne prit pas la peine de se retourner pour voir qui c'était qu'elle dit d'une voix basse, sombre et autoritaire :

- Dehors.

Cependant, Eilys finit par se retourner, réalisant que la dernière mais aussi l'unique personne qu'elle avait envie de voir au monde se trouvait là.







Dernière édition par Eilys Weatherfall le Dim 16 Jan - 1:21, édité 3 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » Empty
MessageSujet: Re: CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. »   CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » EmptyDim 10 Oct - 1:37

    Après la sortie d’Eilys de l’hôpital, Emrys avait dormit quasiment toute la journée était sortit le soir, pour trainer dans son petit bar habituel. Personne ne s’était attendu à l’y voir aussitôt, de toute évidence ils avaient tous crut qu’il aurait une petite période de déprime et qu’il ne sortirait pas trop, qu’il en profiterait probablement pour écrire. Emrys ne pouvait pas franchement les blâmer, après tout, tout le monde pensait qu’ils étaient vraiment sortis ensemble et qu’ils avaient de vrais sentiments l’un pour l’autre. Le jeune chanteur n’allait pas dire qu’il ne s’était pas attaché à la jeune femme, il n’était pas aussi enfoncé dans le déni que ça, mais il n’était pas déprimé au point de se cloitrer chez lui. C’était lui qui avait souhaité qu’ils se séparent officiellement, il avait obtenu ce qu’il voulait, maintenant il allait enfin pouvoir jouir de sa liberté retrouvée.

    Il salua le barman Tom d’un geste de la main, comme d’habitude. En apparence, on aurait put croire qu’Emrys n’avait pas changé d’un pouce. Il avait retrouvé sa coiffure complètement délirante, ses fringues étaient toujours les mêmes et même dans son allure et sa façon de marcher rien n’avait changé. Et pourtant, quand on prenait la peine d’y regarder d’un peu plus près, il manquait quelque chose à son sourire quand il naissait sur son visage et aussi dans ses yeux, un éclat qui lui donnait généralement tout son charme. Quelle ne fut pas sa surprise quand il aperçut Laura, assise à la même place que celle où il l’avait rencontré la première fois, après son tout premier concert chez les moldus. Il haussa les sourcils légèrement avant de se diriger vers elle. Il s’assit en face d’elle sans franchement lui demander son avis et commanda un whisky à Tom – il était chez les moldus et il préférait ne pas l’oublier.

    « Emrys oh putain, je suis vraiment désolée je ne voul… » Mais le jeune homme lui fit signe de s’arrêter d’un petit geste de la main, son éternel sourire en coin sur les lèvres. « T’inquiète pas, va, y a pas mort d’homme. » Il y avait faillit y avoir quand même, mais puisqu’Eilys était saine et sauve… En plus de ça, il continuait à mettre toute cette histoire sur le compte de Joe, ça avait été sa putain d’idée, pas celle de Laura. « J’ai apprit dans les journaux que vous vous étiez ‘séparés’… » Elle n’avait pas mimé les guillemets mais elle aurait tout aussi bien pu vu qu’Emrys savait qu’elle était dans la confidence depuis le début pour leur idylle bidon. Il ne put réprimer un sourire amusé, fixant quelques instants son verre, avant de tendre sa main sur la table pour attraper celle de la jeune femme. « T’inquiète pas je te dis, et arrêtons de parler de ça, le passé c’est le passé. » Son petit sourire charmeur était le même en apparence que celui qu’il avait toujours utilisé sur la gente féminine mais pourtant quelque chose était différent. Sur le coup, Laura ne sembla pourtant pas s’en rendre compte…

    Le lendemain, ce fut aux côtés de la jeune sorcière qu’il se réveilla, l’esprit légèrement embrouillé. Il se souvenait juste vaguement d’avoir un peu trop bu et d’avoir finit la soirée avec la jeune femme. Même s’il ne s’en était pas souvenu, la nudité de sa compagne à côté de lui l’aurait assez vite renseignée. Il se massa les yeux et se releva sans prendre la peine de réveiller la jeune femme. Il enfila un pantalon rapidement et pénétra dans le salon, il s’affala sur le canapé et s’assoupit quelques minutes. Pourquoi n’était-il pas resté dans son lit si c’était de toute façon pour dormir ? On aurait put croire que c’était dans le but évident de faire chier le monde, et en l’occurrence Laura, comme d’habitude, mais il n’y avait pas que ça. Ça lui faisait bizarre – et il avait honte de l’admettre ! – de dormir dans ce lit avec quelqu’un d’autre qu’Eilys. Il sentait encore son odeur par-dessus celle de Laura et ça le rendait franchement mal à l’aise. C’était carrément creepy en fait. Il alluma une cigarette, en guise de petit déjeuner, et des images lui revinrent en mémoire sans qu’il ne s’en rende compte. Cette scène lui rappela le matin où il avait rencontré Eilys. Ça lui paraissait pourtant si lointain, alors que c’était arrivé il y a deux-trois semaines maximum. Il n’en revenait pas de toutes les choses qui avaient changé en si peu de temps.

    Il finit par se relever et alla jeter un coup d’œil par la fenêtre sur Londres. Il devait être encore très tôt, les rues étaient encore désertes et le soleil n’était pas levé. Il écrasa sa cigarette sur le rebord de la fenêtre mais y resta appuyée encore un certain temps, perdu dans ses pensées. Finalement, il entendit des bruits de pas dans son dos et reconnu la voix de la fameuse Laura. Il se tourna à moitié pour ne pas lui donner l’impression qu’elle parlait totalement à un mur, même si, au fond, il n’écoutait qu’à moitié. « Déjà debout ? Ça ne te ressemble pas Emrys… » Il sourit, bien conscient qu’il devait agir de manière bien singulière pour que la jeune femme le lui fasse remarquer. Maintenant qu’elle le disait, il se rendait compte que ça faisait effectivement longtemps qu’il ne s’était pas levé aussi tôt, mais il avait mal dormi, qu’y pouvait-il ? Il se rapprocha de la jeune femme et l’attira à lui d’une manière qui rappelait déjà le vrai Emrys. « Peut-être bien que tu ne me connais pas aussi bien que tu ne le pensais… » Il lui lança un sourire en coin avant de caresser doucement sa joue. Quand il se prit, dans sa fatigue, à comparer les yeux de Laura à ceux d’Eilys, il se recula et soupira doucement. Il alla enfiler une chemise et tandis qu’il s’acharnait à la boutonner un minimum, il releva les yeux quelques secondes vers la jeune sorcière qui trainait dans son appartement. « Désolé, il va falloir que tu partes, je dois y aller aussi… » La jeune femme sourit et attrapa ses affaires, ce n’était pas comme si elle n’avait pas l’habitude après tout. « Ça, ça te ressemble déjà plus ». Emrys se força à sourire, ne goûtant que moyennement la plaisanterie, embrassa Laura rapidement avant de la regarder sortir et de refermer la porte derrière elle.

    Il commença alors à déboutonner sa chemise. Non, il n’avait pas eut l’intention de sortir, et il était persuadé que Laura le savait aussi bien que lui, mais c’était quasiment une sorte de routine entre eux dés que la jeune sorcière passait la nuit chez lui, ça se finissait comme ça. Emrys se laissa tomber sur le canapé et attrapa sa guitare. Il était à présent réveillé et se sentait d’humeur à jouer et à composer. Maintenant qu’il n’avait plus Eilys pour regarder par-dessus son épaule dés qu’il écrivait quelque chose, il se sentait plus libre d’écrire et de mettre sur parchemin les mots qui lui passaient pas l’esprit. Il se mit à gratter quelques accords mécaniquement sur sa guitare, ne se rendant même pas compte que c’étaient encore et toujours inlassablement les mêmes qui revenaient. Inspiré, il se mit à griffonner quelques phrases sur un parchemin à l’aide de son ancienne plume, sentant les mots lui venir aussi facilement que si c’étaient des phrases qu’il avait toujours eut envie de dire. Au final, il sortit de son état semi-comateux, où il ne se rendait presque même pas compte de ce qu’il faisait, et relut ce qu’il avait marqué…

    When I see your face
    There's not a thing that I would change
    Cause you're amazing
    Just the way you are
    And when you smile,
    The whole world stops and stares for awhile
    Cause girl you're amazing
    Just the way you are

    Il haussa les sourcils, ne comprenant pas d’où lui étaient venues ces paroles, ou plutôt refusant de comprendre. Il prit le bout de parchemin et en fit une boule de papier qu’il jeta à l’autre bout de l’appartement. Ce ne fut qu’après deux heures à réfléchir dans le vide qu’il se releva, lissa le morceau de parchemin, et alla l’accrocher au mur avec le reste de ses « croquis » de chansons. Ça faisait d’ailleurs longtemps qu’il n’en avait pas eut autant sur son mur. Inconsciemment, ça lui arracha un sourire.

    Le reste de la semaine ne se passa bien différemment de ce jour là. Il sortait généralement le soir et revenait à chaque fois avec une femme différente. Il profitait pleinement de son indépendance nouvellement récupérée, sans même se rendre compte qu’elle n’avait plus rien à voir avec celle qu’il avait abandonné pour accepter de jouer le jeu avec Eilys. Il refusait de voir l’évidence même, il avait changé et sa vie aussi. Il ne goûtait plus les plaisirs de la même façon et il passait plus de temps que d’ordinaire seul, dans son salon, sa guitare sur les genoux, à réfléchir, à jouer et à écrire. Il n’avait revu Laura qu’une seule fois après ce soir-là, et elle n’avait fait que lui dire qu’elle allait arrêter de le ‘fréquenter’. Elle avait bien tenté de lui expliquer un truc comme quoi ce n’était plus pareil, mais sur le coup il avait refusé de comprendre.

    Ce ne fut que quelques jours plus tard, environ une semaine après qu’il ait retrouvé sa liberté, qu’il reçut les premières nouvelles d’Eilys. Lui-même avait soigneusement évité la maison de disques, autant par désir d’éviter Eilys & Joe, que par manque de nécessité d’y aller. Il n’avait pas du tout suivit les infos – il n’avait pas spécialement envie de lire les gros titres sur sa soi-disant rupture avec Eilys, surtout qu’il savait très bien que tous allaient le tenir pour responsable – et il fut donc très surpris de recevoir une note de Joe lui indiquant qu’il s’inquiétait pour Eilys. Ce ne fut qu’à ce moment là qu’il prit la peine d’acheter les journaux de la semaine passée pour voir un peu ce qu’on disait. Après avoir passé une bonne vingtaine d’articles en revue, qui résumaient tous à peu près de la même façon, la fin de la romance Charlys, il tomba enfin sur l’article qui l’intéressait. Il parlait de l’état moral inquiétant de la jeune bassiste. Le journaliste qui avait écrit ça précisait clairement qu’après avoir fait un séjour à l’hôpital fatiguant – et avoir supporté Emrys pendant deux semaines de relation ! – la jeune femme semblait au bord de la dépression et qu’on entendait plus du tout parler d’elle, ce qui était rare, même pour Eilys Weatherfall… !

    Le jeune homme hésita une bonne dizaine de minutes sur ce qu’il devait, en tout cas il ne prit pas la peine de répondre à Joe, il n’avait pas envie que leur manager s’en mêle encore, il en avait déjà largement assez fait. Il finir par s’habiller et transplana devant l’appartement des Weatherfall, priant pour qu’aucun photographe perdu ne l’y surprenne et n’en fasse encore une fois la une des journaux. Ça faisait longtemps qu’il n’était pas venu, ou tout du moins, ça lui semblait faire une éternité. Il sourit malgré lui en poussant la porte de l’immeuble. Quand il entra dans l’appartement, il était désert, et seul quelques bruits venant de la salle de musique lui indiquèrent qu’il y avait quand même bien une personne présente ici. Sans rien dire, il se dirigea vers la fameuse pièce, déposant sa veste sur le canapé, faisant comme chez lui.

    « Ah bah sympa comme accueil… » Déclara-t-il quand il entendit ce qu’Eilys avait dit sans le voir. Ce ne fut qu’après qu’il réalisa le bordel dans lequel elle avait mit la pièce. Elle qui en avait si souvent parlé comme de son sanctuaire sacré auquel elle ne laisserait personne toucher s’il ne le méritait pas… Et bin, ça contrastait assez fortement avec ce qu’elle lui avait dit ce jour là. Atterré, il constatait l’ampleur des dégâts, enjambant les débris pour se rapprocher peu à peu de la jeune bassiste. « Oh… Pu… Tain… » Il finit par relever les yeux pour regarder Eilys et ne remarqua qu’à cet instant là les traces de maquillage qui étaient encore largement visibles sur son visage. Mais qu’est-ce qu’il s’était passé ici ? « Eilys, mais c’est encore pire que ce que j’avais imaginé, tu as vu l’état de cette pièce ?! » Il eut la délicatesse de ne pas faire de remarque sur son état à elle.

    Il arriva enfin à sa hauteur, et même si ça lui faisait mal de l’admettre, ça lui faisait plaisir de la revoir, même dans cet état là. S’il n’était pas revenu plus tôt la voir, c’était uniquement par orgueil. Pour la même raison, il n’avait même pas cherché à avoir de nouvelles, ayant trop peur de voir qu’il lui avait aussi rendu service en les faisant rompre officiellement. Enfin, de toute évidence, c’était le contraire… ! Il n’avait pas voulu admettre qu’il regrettait un peu de ne plus la voir, même s’il n’était pas totalement mécontent d’avoir retrouvé un peu de sa liberté d’agir. Il posa une main sur la joue de la jeune femme, un petit sourire au coin des lèvres, et passa l’autre dans son dos, il attrapa la baguette qu’elle avait mise dans la poche arrière de son pantalon. « C’est juste une précaution pour notre sécurité à tous… » Dit-il en rigolant légèrement tout en jetant un coup d’œil autour de lui, comme pour vérifier qu’il n’était pas entrain d’exagérer. Mais en voyant à nouveau l’état de la pièce, ça le conforta dans la résolution qu’il avait prise et confisqua la baguette de la jeune femme.

    Il fit du mieux qu’il put pour effacer le mascara d’Eilys qui avait coulé, mais il devait bien avouer que le résultat n’était pas fameux. De toute façon, même sans ça, la jeune femme avait l’air d’une mort-vivante. Elle avait sérieusement une tête de déterrée et son air blasé et dépressif n’arrangeait franchement rien. Elle avait des cernes monstrueuses sous les yeux et Emrys ne l’avait jamais vu aussi fragile, certes, il ne la connaissait pas depuis si longtemps que ça, mais quand même, il ne l’avait quasiment jamais connu au meilleur de sa forme. Finalement, sans lui demander son avis, il se baissa légèrement et passa un bras en-dessous des genoux de la jeune femme, l’autre sous ses épaules et la souleva. « Je crois que tu as bien besoin de repos ». Il lui sourit légèrement avant de l’emporter jusqu’au salon, il la déposa sur le canapé et s’assit par terre à côté, allumant une cigarette de son éternel air indifférent. Il posa son dos contre le canapé, se mettant face à la table basse du salon où trainait encore l’un des cendriers qu’il avait ramené quand il squattait ici. Rien que d’y repenser, un petit sourire naquit sur ses lèvres. « J’ai vraiment l’impression de m’occuper d’un bébé, tu sais ? » Dit-il en rigolant tout en tirant une bouffée sur sa cigarette, sans pour autant se retourner vers la jeune femme. Il était comme ça Emrys, il était incapable de dire les choses sérieusement et il fallait toujours extrapoler avec lui si on voulait apprendre un peu à le connaître. Au fond, il était content d’être ici, sinon il ne serait pas venu, ce n’était pas son genre de se sentir forcé de faire quelque chose qu’il n’avait absolument pas envie de faire. Même s’il ne l’admettrait probablement pas de sitôt, ces moments de calme avec Eilys lui avaient manqué. « Toi qui a tellement peur que les gens aient mauvaise opinion de toi, tu te rends compte que tu fais beaucoup parler dans les journaux à scandale ? Quand ils pensaient qu’on sortait ensemble ils disaient tous que je te forçais à te droguer et maintenant qu’on a ‘rompu’ ils te veulent tous alcooliques visiblement… » Cette remarque le fit rire malgré lui. Putain, qu’est-ce qu’ils détestaient les journalistes dans ce genre de moment. Il se retourna légèrement pour voir si la jeune femme dormait déjà ou si elle avait plutôt envie de parler. Lui, comparé à elle du moins, n’était pas en si mauvaise forme que ça.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » Empty
MessageSujet: Re: CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. »   CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » EmptyDim 10 Oct - 9:03







C'était le vide complet dans la tête de Eilys. En général il y a avait toujours une petite mélodie qui traînait aussi floue soit-elle, des paroles de chanson mais depuis presque deux semaines, plus rien du tout. Elle avait beau écouter de la musique, pas une seule ne lui restait en tête. Le silence total. La jeune femme avait l'impression d'être devenue sourde dans sa propre tête. C'était frustrant, cruel, si bien qu'elle n'était pas parvenue à se contrôler, détruisant tous les instruments qu'elle eu sous la main. A quoi bon les préserver puisqu'elle ne pouvait plus en jouer ? De quoi lui venait ce blocage ? C'était tellement improbable ! Pendant plus de dix ans, Eilys avait été considérée comme une sorte de puis à chansons, toujours capable d'en créer une nouvelle. Se pourrait-il que subitement son aspiration soit asséchée ? La sorcière avait toujours imaginé que si elle n'était plus capable de composer un jour, ce serait progressif et non aussi brutal qu'à cet instant. La violence de son incapacité était douloureuse à vivre. Mais ce qui fut encore plus douloureux pour elle était la présence de Charles.
Le jeune homme entra dans la pièce et ce fut uniquement parce qu'il avait prit la jeune femme par surprise qu'il croisa son regard. Elle le détourna bien vite, prenant soin de ne plus commettre cette erreur. Le voir ici, dans cette pièce, était pour Eilys aussi naturel que déplacé. Finalement elle fut contente de ne pas avoir nettoyé son bordel après avoir tout détruit dans la salle aux instruments. Elle était l'incarnation matérielle de l'état dans lequel la musicienne se trouvait : ravagée. Comment était-ce arrivé ? Pas même Eilys était capable de le dire. C'était un fait, point. Le regard perdu par la fenêtre, la jeune femme agit comme si personne ne se trouvait là, dégageant une froideur plus glaciale que jamais. Si en général elle était de nature introvertie, désormais la forteresse de ses émotions semblait plus infranchissable que jamais. Expliquant surement son incapacité à jouer... Eilys avait par instinct de protection enfermé absolument tous ses sentiments quelque part en elle. Ceux qui lui avaient permis de dormir paisiblement la nuit, ceux qu'elle n'avait pas le courage d'exprimer dans ses chansons, ceux qu'elle n'aurait jamais pensé ressentir un jour. Ne restaient plus que l'arrogance, le détachement, la froideur, le sarcasme. Rien de très réjouissant... Mais au moins , elle ne souffrait plus.
Quand le jeune homme lâcha un « putain », Eilys eu envie de sourire mais n'y parvint pas. C'était justement le terme idéal. Putain. D'ailleurs elle l'avait beaucoup utilisé ces derniers jours. A mesure qu'il approchait, la jeune femme eu envie de le repousser, de se tourner vers lui et de lui dire de dégager. Savoir Charles avancer dans cette pièce jusqu'à elle était comme s'il entrait dans sa propre tête ravagée jusqu'à la source de sa souffrance qu'elle avait enfermée. Pourquoi le laissait-elle faire ? Parce que comme toute demoiselle en détresse qui se respecte, même une qui a abandonné de se battre elle même pour sa liberté, Eilys espérait au plus profond de son être qu'un preux chevalier viendrait la sauver, aussi dévergondé soit-il. Charles lui parla, mais elle ne répondit pas, ne l'écouta même pas. La jeune femme aurait tout aussi bien put être sourde qu'elle n'aurait pas entendu ce qu'il lui avait dit; être aveugle qu'elle ne l'aurait pas vu, le regard éternellement fixé sur un point dans le vide, de l'autre côté de la fenêtre. Son visage n'exprimant toujours rien. Seules les larmes témoignaient de sa véritable souffrance.
Quand il posa une main sur la joue de la jeune femme, Eilys ne montra aucun signe de réaction bien que ce simple geste eu le don de la mettre dans une colère intense. Elle avait envie de le repousser, de lui crier dessus tout autant que de le prendre dans ses bras. Il lui avait manqué et rien que de s'en rendre compte, elle eu envie de pleurer à nouveau ou de tout casser autour d'elle. C'était tellement improbable ! Après tout, elle ne le connaissait que depuis si peu de temps ! Était-ce la sensation d'avoir été privilégiée pendant les jours passés avec lui qui l'avait séduite ? La frustration de ne pas être parvenue à le connaître suffisamment ? Ou réaliser qu'il l'avait chassée de sa vie sans donner de nouvelle, retournant à ses petites habitudes comme si Eilys n'avait jamais existé, comme si elle ne l'avait jamais fait entrer dans son monde pourtant si fermé ? La musicienne se sentait insultée, blessée mais pire que tout abandonnée. Quand Charles lui saisit sa baguette, elle ne réagit pas non plus. Si elle ne prenait pas de profondes respirations par instant on aurait put croire qu'elle était morte tant la vie semblait avoir déserté son corps. Les bras croisés sur sa poitrine, n'ayant pas bougé d'un seul millimètre dès l'instant qu'elle avait à nouveau détourné le regard de Charles alors qu'il était entré dans la pièce, Eilys se laissa faire. A quoi bon ? De toute manière elle n'était plus bonne à rien. Incapable d'écrire... De jouer... Elle n'était plus personne. Qu'il lui prenne sa baguette. Qu'il mette fin à sa souffrance qu'elle avait pourtant anesthésiée mais qui était encore là, enfouie et qui la faisait suffoquer, manquer d'air, comme si elle était constamment sur le point de faire une crise d'asthme.
Charles lui parla, il la toucha mais Eilys n'entendit rien, ne senti rien. Elle avait beau être totalement en colère, souffrir, la jeune femme n'arrivait pas à mettre des mots sur ses émotions, ce fut pourquoi elle garda le silence. Avec les autres elle parvenait encore à dire deux trois phrases mais avec Charles, sa forteresse se fissurait sans cesse et la sorcière devait prendre soin à toujours bien la fortifier, encore et encore, occupant son esprit. De l'extérieur, elle était vide, inanimée, alors qu'en elle, c'était le véritable chaos. Jamais Eilys n'avait souffert ainsi. C'était autre chose que la douleur physique, que la simple tristesse, bien plus profond. C'était un manque. Un véritable vide qui s'était propagé en elle comme un mal, glaçant le sang dans ses veines, creusant un gouffre plus grand chaque jour et qui paradoxalement, bien qu'il ne soit formé que de néant, il prenait toujours plus de place dans sa poitrine, l'étouffant. Eilys en vint à penser qu'un jour, elle mourrait de suffocation. Pourquoi une telle douleur ? Elle ne voulait pas savoir, elle ne voulait pas comprendre pour la simple et unique raison que si elle en venait à admettre ce qu'elle ressentait vraiment, les conséquences pourraient être encore plus dramatiques. Et elle ne le supporterait pas, elle n'en aurait pas la force.
Ce fut uniquement lorsqu'elle eu le réflexe ultime d'enfouir son visage dans le cou de Charles, comme un noyé trouve la surface même les yeux fermés, que la jeune femme réalisa qu'elle n'était plus debout mais dans ses bras. Pendant tout le chemin jusqu'au salon, elle parcouru avec douceur son cou du bout de son nez, sentant cette odeur qui lui faisait autant de bien que de mal. Le gouffre s'agrandissait en elle mais elle s'en moqua, se faisant souffrir elle même. La sorcière croisa les bras derrière la nuque de Charles et joua avec les boucles de cheveux d'un geste absent, sur le chemin. Cette attitude n'engageait à rien. Il n'y avait aucune sensualité, aucun désire de séduction, elle le faisait tout simplement. Le visage enfoui dans le cou de Charles, la gratitude, l'affection mais aussi la haine qu'elle ressentait pour lui étaient douloureux à tolérer, alors comme toujours, elle étouffa ses émotions, ne ressentant rien du tout. C'était donc vrai. Il était quasiment impossible de passer ne serait-ce qu'une soirée en la présence de Charles sans qu'il ne chamboule votre univers. Eilys avait elle, passé deux semaines. Comment le monde pouvait-il espérer qu'elle s'en sorte intacte ? Même si elle mourrait de honte à l'idée qu'elle ne valait pas mieux que les autres, qu'elle n'était pas l'égale du jeune homme mais simplement une sorte de groupie parmi d'autres. Une Laura capable de manquer de tout ce qui vient du chanteur, même ses pires défauts. Rien qu'en formulant cette idée dans sa tête, Eilys trouva le contact de Charles intolérable.
Elle fut soulagée qu'il ne la repose sur le canapé. Automatiquement, elle plia une jambe en tailleur, posa le coude gauche sur le dossier et amena sa main à sa bouche, comme si elle voulait ronger ses ongles, chose qu'elle ne fit pas. Elle se sentait bien trop épuisée pour ça. C'était à peine si elle avait encore la force de simplement exister dans ce monde. Depuis combien de temps n'avait-elle pas dormi plus de deux ou trois heures ?

« J’ai vraiment l’impression de m’occuper d’un bébé, tu sais ? » lui dit-il avec un sourire qu'elle ne vit pas, prenant bien soin de ne surtout pas regarder dans sa direction, agissant à nouveau comme lorsqu'elle se trouvait devant la fenêtre, fixant silencieusement un point invisible.
La phrase mit un certain temps à monter jusqu'à ses oreilles et encore plus pour qu'elle la comprenne. Eilys avait envie de discuter, de dire des choses, mais le simple fait de s'envisager entrer dans une conversation, elle se sentait déjà épuisée d'avance. Pourtant elle ne put presque pas retenir une simple phrase qui sembla lui coûter un bras à prononcer.
- Rien ne t'obliges, dit-elle d'un ton neutre qui sonna terriblement vide.

Eilys n'y pouvait rien mais elle le repoussait tout en ayant envie de sa présence. Il ne restait plus qu'à espérer qu'il aurait la force de rester en sa compagnie malgré son comportement, parce que s'il partait, Eilys, elle, n'aurait pas celle de le retenir. Qu'elle en meure d'envie ou non. Et puis pourquoi était-il ici après tout ? Elle ne lui avait rien demandé. Si c'était Joe ou l'une de ses sœurs qui lui avaient encore demandé la charité, Eilys ferait un carnage. Elle ne voulait surtout pas déranger Charles, il fallait le laisser dans sa petite vie qu'elle avait malheureusement chamboulé dans le mauvais sens. Sinon pourquoi le soir même serait-il retourné dans les bras d'une autre femme, comme si de rien n'était ? Eh oui. Si Eilys avait évité la presse, pas son entourage. On en parla sur le ton de la plaisanterie, balançant des « On ne change pas une équipe qui gagne ! », « Sacré Emrys ! Un vrai coureur ! », « Chassez le naturel il revient au galop ». Cependant pour Eilys, c'était à chaque fois un couteau de plus qu'on lui enfonçait si bien que depuis, elle s'était vidée de son sang. Sa personnalité n'avait pas survécu à l'hémorragie de son cœur.

« Toi qui a tellement peur que les gens aient mauvaise opinion de toi, tu te rends compte que tu fais beaucoup parler dans les journaux à scandale ? Quand ils pensaient qu’on sortait ensemble ils disaient tous que je te forçais à te droguer et maintenant qu’on a ‘rompu’ ils te veulent tous alcooliques visiblement… » poursuivit-il après un silence dans un faible éclat de rire qui sonna comme déplacé aux oreilles de la jeune femme.

Elle ne l'écoutait pas vraiment, comme une télévision dont le son serait baissé si bien que l'on ne fait plus l'effort d'essayer d'entendre, par paresse d'attraper la télécommande, par ennui. Eilys avait néanmoins envie de lui répondre, de lui balancer une réplique du genre « Parce que maintenant tu lis la presse à scandales ? » mais les mots ne vinrent pas, mourant sur le chemin jusqu'à ses cordes vocales, ses muscles refusant tout simplement de répondre. Elle n'avait pas envie de faire la conversation de toute manière. En fait, Eilys ne savait pas vraiment ce qu'elle voulait. Être seule. Qu'il reste. Qu'il la prenne dans ses bras. Qu'il foute le camp. Qu'il l'aide. Qu'il l'abandonne à sa douleur. Incapable de se décider, elle resta silencieuse comme toujours depuis leur « rupture ». C'était naturel chez Eilys le silence, étant de nature peu bavarde contrairement à ses deux sœurs qui elles monopolisaient la conversation. Par habitude de ne pas avoir le temps d'en placer une, Eilys parlait peu. Mais ces derniers jours c'était devenu autre chose. Une sorte de mutisme qui n'avait pour seule raison son angoisse à oser s'exprimer, de peur qu'elle n'en dise trop, qu'elle n'échappe des sentiments qu'elle se refusait d'admettre. Comme un feu délaissé, la flamme de la personnalité d'Eilys s'éteignait doucement.
La bassiste senti Charles bouger et se tourner vers elle du coin de l'œil mais elle ne le regarda pas pour autant, de peur qu'il ne comprenne, qu'il ne la prenne dans ses bras et la console comme il n'avait fait dans la voiture lors de leur premier bain de foule ou le matin de leur dernier jour de « relation ». Rien que l'imaginer faire, Eilys senti le gouffre en elle s'élargir, prouvant encore qu'il y avait en elle un manque cruel de quelque chose et pourtant bien que l'idée soit tentante, elle était aussi douloureuse. Mais plus douloureux encore aurait été de voir Charles partir, réalisant alors qu'elle perdait surement la raison, qu'elle était devenue encore plus bizarre qu'elle ne l'était déjà, ou tout simplement qu'il en avait marre. Et le comprendrait. Après tout, même Eilys avait envie de s'abandonner elle même.
Il y eu un long silence de quelques minutes pendant lequel la jeune femme ne bougea absolument pas de la position dans laquelle elle s'était assise, soupirant parfois, le regard chargé d'une tristesse cruelle. Elle se sentait si écorchée qu'elle n'en avait plus mal. C'était le « black out » total.

- Je n'arrive plus à jouer, dit-elle subitement toujours sans bouger. Elle avait prononcé cette simple phrase comme une constat pourtant désolant. Il n'y avait aucune émotion derrière ses mots, simplement une résignation cruelle. Il n'y a plus aucun son dans ma tête. Plus de mélodie, de parole, plus rien. Au début je pensais que c'était la fatigue mais ça fait deux semaines maintenant. Alors j'ai tout cassé. A quoi bon ? Je n'arrive plus à jouer. Je n'arrive plus à composer. Je n'arrive même plus à dormir..., termina-t-elle sur un faible rire dont la simple présence témoignait de sa véritable souffrance, du vide qui était en elle.

La jeune femme commença à nouveau à étouffer, sentant que plus elle expliquait ce qu'elle ressentait, plus elle avait mal. C'était à cause de Charles. Il la rassurait par sa présence alors elle voulait s'expliquer mais elle ne devait pas, elle devait cesser, les larmes venaient jusqu'à ces yeux qu'elle ne portait toujours pas sur le jeune homme. C'était comme si plus elle parlait, moins elle parvenait à contenir sa véritable pensée et si pour l'instant elle parlait de son incapacité à jouer, elle ne voulait surtout en venir au vrai fond du problème, celui qui expliquerait justement pourquoi elle se sentait vide de musique, celui qui creusait le gouffre en elle.

- Je suis épuisée, dit-elle d'une voix faible en se passant finalement la main sur le visage et ramenant ses deux jambes contre son corps comme pour se protéger d'une agression extérieure, se fermer un peu plus au monde. A Charles.






Dernière édition par Eilys Weatherfall le Dim 16 Jan - 1:50, édité 3 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » Empty
MessageSujet: Re: CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. »   CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » EmptyDim 10 Oct - 12:16

    Emrys n’avait pas réussit à dérider le moins du monde Eilys et honnêtement, ça l’inquiétait un peu. Il aurait préféré qu’elle lui hurle dessus, qu’elle essaye de le frapper, comme d’habitude, plutôt qu’elle soit aussi passive… Absente. Il avait l’impression d’avoir une coquille vide qui ressemblait beaucoup à Eilys derrière lui, assise sur le canapé et il détestait ça. Ça lui faisait peur de voir dans quel état la jeune femme, mais il ne chercha pas à savoir ce qui l’avait mis dans cet état. Peut-être qu’il avait peut-être d’entendre la réponse, il préférait croire, en attendant, que c’était son séjour à l’hôpital qui l’avait plongé dans une dépression rapide et profonde et qui l’avait mis dans un tel état d’épuisement physique et moral. Oui, c’était ça, elle avait quand même frôlé la mort, elle devait être entrain de remettre toute sa vie en question, c’était tout…

    Quand elle lui avait dit qu’il n’était pas obligé de rester, il avait esquissé un mince sourire, lui tournant toujours le dos mais ne partant pas pour autant. On ne l’avait pas forcé à venir, il l’avait fait de lui-même et ce n’était certainement pas maintenant qu’il avait vu dans quel état la jeune femme était qu’il avait plus envie de repartir. Non pas qu’elle était du genre encourageante ce jour-là, mais ça lui faisait un peu mal de la voir comme ça, pour une raison inconnue il voulait la voir aller mieux. Il se mit à penser que ça ne lui était jamais arrivé avec personne, même les filles avec qui il avait eut des « relations » - disons qu’il avait couché avec elles plus d’une fois -, même si on lui avait dit qu’elles n’allaient pas bien, ça ne lui serait pas venu à l’idée d’aller essayer de les aider. Quand il se rendit compte qu’il était entrain de trop réfléchir il emmerda profondément son esprit de divaguer ainsi et revint sur terre.

    Emrys ne put réprimer un léger sursaut quand elle déclara qu’elle n’arrivait plus à jouer. Pendant dix ans elle avait été une véritable machine à tubes et maintenant elle n’arrivait plus à jouer ?! C’était totalement inconcevable pour le jeune homme, même si ça expliquait pourquoi Joe avait mit un point d’honneur à lui demander son aide… Il leva les yeux au ciel rien que d’y penser. Enfin, ça n’avait aucun sens, Eilys avait réussit à composer une chanson complètement BOURREE ! Et là elle n’y arrivait plus à cause d’un petit coup de blues ? Emrys lui-même s’était sentit légèrement mal cette dernière semaine, il n’avait pas le même moral qu’avant, mais c’était justement ce qui l’avait aidé à écrire, il n’imaginait pas que la dépression de la jeune femme ait été aussi sérieuse que ça… ! Enfin il ne dit rien et la laissa continuer, puisqu’elle s’était enfin décidée à dire quelque chose, il y avait quelque part du mieux…

    Il ne pouvait pas l’écouter dire ça sans ressentir un pincement au cœur. Evidemment, il était triste pour elle en tant qu’artiste, rien d’autre. Il avait l’impression de lui avoir volé son inspiration et lui qui avait fait face au même syndrome qu’elle jusqu’à maintenant, il comprenait plus que quiconque ce que la jeune femme ressentait. Pire encore, il savait que c’était pire pour elle parce qu’elle en avait conscience et qu’en plus, elle était sensible comme pas possible… Elle ne vivait que pour sa musique alors ça ne l’étonnait plus qu’elle soit dans un état si misérable si son inspiration l’avait brutalement abandonnée… Il s’était retourné lui aussi, autant désireux d’éviter le regard de la jeune femme qu’elle semblait l’être d’éviter le sien. Il ne savait pas pourquoi mais il trouvait la situation un peu… Gênante, et il n’arrivait pas à la regarder sans ressentir un petit pincement au cœur, et il n’aimait pas ça.

    Emrys soupira et laissa sa tête tomber légèrement en arrière. Quand la jeune femme lui répéta qu’elle était épuisée, le jeune homme l’entendit comme un cri d’appel à l’aide. Il ne pouvait pas la voir comme ça sans avoir envie de faire quelque chose pour elle et de l’aider. Il se leva et se tourna vers le canapé, forçant un petit sourire en coin qu’il voulait rassurant, alors que lui-même ne ressentait pas cette assurance qu’il essayait d’inspirer. Il ne pouvait pas quand il voyait dans quel état pitoyable était la jeune bassiste. Elle s’était renfermée sur elle-même, aussi bien moralement que physiquement désormais. Ne se départissant pas de son sourire, il se pencha vers elle, posa ses mains autour d’elle et la souleva du canapé sans lui demander son avis. « Allez, au lit, le marchand de sable ne va plus tarder à passer… » Déclara-t-il en riant légèrement. C’était plus fort que lui, il devait tout tourner en dérision, il n’avait jamais été du genre à essayer de calmer une douleur en en parlant, et il ne le serait jamais. Il passa un bras sous les fesses de la jeune femme pour la soutenir, l’autre dans son dos pour la forcer à ne pas tomber en arrière et se dirigea vers la chambre d’Eilys doucement. Il monta sur le lit à genoux et finit par déposer doucement la jeune femme au fond du lit. Il remonta les couvertures sur elle et vint se blottir ensuite à ses côtés, comme avant… Si elle avait besoin de repos, c’était quelque chose qu’il se croyait en mesure de lui procurer et il n’allait pas s’en priver, surtout si c’était la seule chose qu’il était capable de faire pour elle. Il passa un bras autour d’elle pour la forcer à venir se blottir contre lui, déposa un baiser sur son front et ferma les yeux, prêt à s’endormir avec elle comme avant.

    * * *

    Le lendemain, Emrys s’était réveillé avant et était allé préparer le petit-déjeuner, comme si rien n’était arrivé cette dernière semaine. Il avait préparé le journal & les magazines de la jeune femme, avait salué ses sœurs qu’il n’avait pas tant croisé que ça et qui semblaient plus que surprise de le voir à nouveau squatter chez elles. Il ne prit pas la peine de s’expliquer et commença à prendre son petit-déjeuner comme si c’était la chose la plus naturelle du monde qu’il soit là. Il en avait assez d’essayer d’expliquer aux autres quelque chose que lui-même ne comprenait pas. Il était là, point barre, merde à la fin. Il n’y avait pas à aller chercher plus loin. Il avait attendu que la jeune femme se lève et vienne prendre son petit-déjeuner, comme s’il avait été désireux de vérifier qu’elle allait bien manger, puis était lui-même partit, ne souhaitant pas rétablir complètement leur petite routine d’avant, il ne voulait pas recommencer la même erreur deux fois. « Je vais au studio… »

    C’était le petit manège qu’il avait mit en place les premiers jours. Il passait une bonne partie de sa journée au studio et revenait en fin d’après-midi. Il passait du temps avec Eilys et s’arrangeait généralement pour dormir avec elle la nuit. Il ne savait pas si au fond il lui faisait plus de mal que de bien, mais en tout cas, il préférait voir de l’amélioration dans le comportement et l’attitude de la jeune femme. S’il disait chaque matin qu’il allait au studio, c’était bien évidemment pour lui donner envie d’y retourner. Après plusieurs jours, il s’était même mit à lui proposer clairement de venir, mais jusqu’à maintenant elle n’était pas venue. Emrys saurait se montrer patient, il avait bien conscience que la jeune femme devait considérer la maison de disque comme un véritable lieu de torture, l’inspiration l’ayant quitté depuis quelques temps…

    Ce matin là, il s’était rendu à la maison de disques, comme tous les jours, et avait passé la journée à travailler dans la salle où il avait rencontré Eilys. C’était là qu’il se trouvait le plus inspiré, et à vrai dire, ces derniers jours il avait tellement écrit et composer qu’il était persuadé que son prochain album serait prêt bien plus tôt qu’on aurait put l’espérer il y a encore quelques semaines. Il se rendait compte que tout ça, il le devait à Eilys, et il se servait de ça comme excuse, inconsciemment, pour se donner une raison d’aller l’aider à son tour. Il refusait toujours de voir que c’était en partie de sa faute si elle était comme ça et continuait de croire dur comme fer que c’était suite à son hospitalisation. Ses nerfs avaient été abimés, enfin une connerie médicale comme ça, et elle avait subit un trop grand choc. Fin de l’histoire.

    En fin d’après-midi, Emrys abandonna l’idée de voir Eilys débarquer au studio et comme tous les jours, récupéra ses affaires. Même s’il bossait beaucoup en ce moment, Emrys n’avait jamais été capable de concentrer son attention trop longtemps sur la même chose. Il passa devant le bureau de Joe et, regardant à l’intérieur à ce moment là, il vit le manager lui faire signe d’entrer. Il hésita quelques secondes. Au fond, il ne lui avait toujours pas pardonné ses combines à la con. Il mit les mains dans les poches de son jean et entra quand même, sceptique, mais curieux de savoir ce que Joe pouvait bien avoir à lui dire. De toute évidence, ça concernait Eilys…

    « Emrys, tu es allé voir Eilys comme je te l’avais demandé ? » En plein dans le mille… ! « Bien sur. » Se contenta-t-il de répondre avant de se tourner vers la porte, prêt à partir. Il n’avait pas spécialement envie de parler avec Joe et celui-ci était désormais en possession de l’information qu’il voulait. Mais la voix de son manager l’arrêta. « Elle va comment… ? » Emrys avait beau être de mauvaise foi il sentait bien dans la façon dont Joe avait dit ça qu’il s’inquiétait vraiment, et pas que pour son pognon. Il se sentait aussi un peu coupable, c’était clair pour quelqu’un comme Emrys qui avait toujours su lire les émotions sur le visage des gens. Néanmoins, il ne supportait pas l’idée que Joe, qui avait manqué de la tuer avec ses conneries, vienne soudainement prendre de ses nouvelles, surtout que le jeune chanteur était encore persuadé que c’était entièrement de sa faute si la jeune femme était dans cet état. « Depuis quand tu te soucies d’elle toi ? » Demanda-t-il d’un ton assez agressif qui ne lui ressemblait pas, pour une réponse à une question aussi simple. Son ton ne parut pas plaire le moins du monde à Joe, qui se leva, posa les mains sur son bureau, l’air énervé, avant de répliquer. « Et toi, depuis quand tu te soucies d’elle ?! J’ai été son manager depuis dix ans, tu la connais depuis trois semaines. Je te pose une question, alors tu réponds. » Emrys n’était pas le moins du monde impressionné par l’énervement de Joe, il y avait déjà trop fait face et il y avait quelque chose en lui qui l’énervait assez pour tenir tête à son manager sur ce sujet là. « On fait pas un concours pour savoir qui est le plus con de nous deux, Joe ! » Emrys se dirigea vers la sortie, ouvrit la porte et lâcha d’un ton légèrement froid : « Mais je suis sur que tu gagnerais la palme… » Il sortit et referma la porte derrière lui, incapable d’avouer à Joe que la jeune femme n’allait pas franchement mieux. Du moins, les progrès qu’elle faisait n’étaient pas pharamineux.

    Encore légèrement énervé par la discussion qu’il venait d’avoir avec Joe, il se mit à marcher dans les couloirs de la maison de disque avec une envie de tout casser sur son passage. Sans même s’en rendre compte, ses pas le menèrent au studio d’enregistrement et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il constata que la fameuse blonde dont il venait de discuter avec son manager se trouvait à l’intérieur, un casque sur les oreilles mais hésitant de toute évidence à se poser devant son piano. Il s’approcha doucement, faisant exprès de ne pas pouvoir être vu depuis l’intérieur de la cabine. Il se plaça de façon à pouvoir voir Eilys sans être vu donc, et se tournant vers le jeune homme qui s’occupait du studio, il demanda : « Vous pouvez enregistrer ça, s’il-vous-plait ? » Il ne prit pas la peine d’expliquer pourquoi, c’était juste quelque chose qu’il était sur de vouloir enregistrer. Il attrapa finalement un casque, le posa sur ses oreilles et attendit patiemment que les doigts de la jeune femme ne se mettent enfin à pianoter. Une chose était sure, quoi qu'elle chante, il s'empresserait de récupérer la cassette avant qu'elle ne sorte. Il sentit son coeur faire un bond dans sa poitrine quand la jeune femme se mit à jouer, non seulement elle venait de lui prouver qu'elle allait mieux, mais en plus de ça, il ne pouvait pas manquer d'avoir reconnu les premiers accords de la chanson qu'elle avait choisit d'interpréter, sans savoir que quelqu'un était entrain de l'enregistrer...
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » Empty
MessageSujet: Re: CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. »   CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » EmptyDim 10 Oct - 14:53







Eilys soupira doucement. Malgré elle, la jeune femme avait dit à Charles qu'elle était fatiguée à la fois parce qu'elle espérait qu'il la laisse en paix mais aussi qu'il la prenne dans ses bras et l'emmène avec lui. Quand il se leva elle crut premièrement qu'il en avait déjà assez. Après tout c'était normal. Deux semaines s'étaient écoulées depuis que le chanteur avait récupéré sa liberté, il n'allait pas y renoncer de ci-tôt, encore moins pour passer du temps avec une femme aussi déprimante qu'elle. Enfin son parfait opposé. Cependant Eilys ne parvint pas à masquer un regard curieux quand elle le sentit passer ses bras autour d'elle. Toujours aussi épuisée et sans vie, la jeune femme se laissa porter, son cœur se remettant à battre plus vite, c'est à dire à un rythme presque normal...

« Allez, au lit, le marchand de sable ne va plus tarder à passer… » lui dit-il en souriant.

La musicienne ne partagea pas sa plaisanterie bien qu'elle en ressente la chaleur. Charles était en train de la conduire vers sa chambre, leur chambre et elle savait ce qu'il allait s'y passer. Ce soir là, au moins, elle dormirait profondément. Le visage enfoui dans le cou du chanteur, Eilys senti déjà ses paupières être plus lourdes alors qu'ils n'avaient même pas atteint la chambre. La gratitude qu'elle ressentait, la joie de le savoir ici était douloureuse mais elle ne dit rien, préférant apprécier cet instant qui pourtant lui faisait mal. Paradoxalement, c'était le moment le plus agréable qu'elle ait connu.
Charles parvint à la porter jusqu'au fond de son lit avec une apparente facilité. En même temps, Eilys n'avait jamais été bien épaisse et pire que tout, elle n'avait presque rien avalé cette dernière semaine. Timidement, n'osant y croire, la sorcière s'allongea à sa place habituelle, s'attendant presque à ce que ce soit trop beau pour être vrai et à voir Charles tourner les talons. Cependant il s'allongea à ses côtés et l'attira à lui. Eilys alla se blottir contre le jeune homme et enfouit son visage dans son cou, humant à plein nez l'odeur qui savait si bien l'apaiser. Comme ceci avait toujours été sa place, la musicienne s'appropria les bras du chanteur et se pressa contre lui, avant de s'endormir profondément, comme elle n'avait pas été capable de le faire avant qu'il n'entre dans sa vie et après qu'il en soit sorti.

* * *


Quand Eilys se réveilla le lendemain matin, elle fit longtemps semblant d'être encore en train de dormir, ne voulant pas mettre fin à son dernier moment de répit, avant de sombrer à nouveau dans la dépression qui la saisissait. Être dans les bras de Charles pour dormir était la chose la plus innocente qu'elle ait surement fait. Elle n'attendait rien de lui à part de la serrer, de la rattacher à ce monde et de lui faire comprendre qu'elle ne pouvait pas disparaître comme ça, sans qu'il ne tente de la retenir. Quand le jeune homme se leva, elle ressenti à nouveau un vent glacé la parcourir qui n'avait rien à voir avec la couverture qu'il avait soulevé et ce fut le retour de ce grand vide mais aussi la sensation d'étouffer, paradoxalement provoquée alors qu'elle n'était plus blottie contre Charles.
Elle l'entendit préparer le petit déjeuner mais n'eut pourtant pas la force de se lever pour le rejoindre, comme tous les matins depuis plus d'une semaine. En général Eilys attendait que ses sœurs aient terminé pour faire un tour dans la cuisine. Elle prenait un aliment – le plus généralement un fruit comme une pomme – pour croquer dedans une fois et le jeter, sans appétit. La jeune femme eu envie de ne jamais sortir de sa chambre, pas même pour savoir ce que faisait Charles. Allait-il manger ici ou partir une fois le petit déjeuné préparé ? Elle saisit des voix lointaines. Ses sœurs étaient là mais avaient vite abandonné l'idée d'essayer elles mêmes d'aider Eilys, comprenant qu'elles n'étaient pas celles qui fallait à leur petite sœur si fragile. La sorcière refusa également d'admettre de qui elle avait vraiment besoin, envie. C'était encore plus douloureux que de subir le manque.
Quand elle n'entendit plus rien, la curiosité la poussa à se lever. S'étant encore endormit habillée, la jeune femme se rendit jusqu'à la salle à manger où elle vit Charles attablé. Cette vision fut aussi rassurante que désagréable. Eilys voulu lui adresser un sourire mais elle ne parvint qu'à peine à grimacer. Elle voulu lui dire quelque chose, mais un simple bruit de gorge sorti de sa bouche. Elle n'était pas prête, pas encore, surtout qu'elle n'était pas du matin habituellement.
La musicienne tâcha de ne pas faire attention aux petits coups d'œil qu'il lui lançait pour vérifier qu'elle mangeait bien. Décidée à le forcer le moins possible à rester avec elle, parce qu'il ne méritait pas ça, la jeune femme prit un croissant français et le porta à sa bouche. Eilys fit un effort colossal pour mâcher ce qu'elle avait dans la bouche, ayant l'impression de manger un tapis. Ça n'avait pas de goût ni d'odeur, aucune saveur, comme elle, sa vie. Elle bu un peu de jus d'orange pour faire passer mais le liquide lui brûla la gorge comme un acide détruisant tout sur son passage. Même manger était devenu une souffrance pour elle, qui était désormais une écorchée vive. Quand Charles eu terminé, elle parvint à lui adresser un sourire furtif qu'elle voulait rassurant sans pour autant avoir prononcé le moindre mot.

« Je vais au studio… » dit-il en partant tandis que la jeune femme hocha la tête. Elle voulut lui dire un « Merci pour tout, à plus tard » mais là encore, les mots prirent forme dans sa tête sans qu'elle ne parvienne à les prononcer. Son mutisme commençait à sérieusement devenir inquiétant.

Elle resta quelques secondes à table, attendant d'être certaine que Charles soit effectivement parti. Puis, doucement, elle reposa le croissant qu'elle tenait dans sa main droite et regarda la table pleine de nourriture. Elle avait l'air bonne et pourtant, rien que de les avoir sous le nez, de sentir leurs parfums, imaginer leurs saveurs, Eilys se senti malade. Incapable de tenir plus, elle eu un hoquet avant de porter une main à sa bouche. La jeune femme se mit à courir à toute vitesse dans l'appartement se dirigeant vers les toilettes dont elle poussa brusquement la porte. A genoux au sol, elle vomit ses tripes sachant qu'elle n'avait presque rien mangé. Elle tremblait, pleurait en même temps, ses sœurs étant présentes. L'une d'entre elles lui tint les cheveux tandis que Eilys commençait à être de plus en plus atteinte physiquement par son état mental. Elle avait commencé par rejeter toute forme d'émotion, désormais son corps rejetait la nourriture. Quelle serait la prochaine étape ?
Il était environ sept heures quand quelqu'un poussa la porte de la chambre de Eilys. La jeune femme ne bougea pas, le regard perdu dans le vide. Elle avait passé sa journée dans son lit, cherchant désespérément à retrouver un sommeil si cruellement perdu comme le reste. La jeune femme senti quelqu'un approcher et monter sur le lit. Sans parler ni même demander pourquoi, elle laissa Charles la serrer dans ses bras tandis qu'elle retrouva sa place au creux de son cou. Bien que Eilys se pose des questions, elle n'en formula aucune pour deux raisons. La première étant qu'elle n'arrivait toujours pas à parler et la seconde parce qu'elle savait que le meilleur moyen de prendre la tête à Charles était de lui demander des comptes. Il ne faisait que ce dont il avait envie et s'il voulait être là – aussi surprenant que cela puisse paraître – il l'était, point barre. Ce soir là, une fois encore, Eilys ne montra aucun signe de vie et se contenta de simplement dormir dans les bras de Charles. Au petit déjeuner, les aliments n'avaient toujours pas de saveur mais elle n'eut pas envie de vomir tandis que Charles quittait l'appartement pour le studio.
Elle passa une fois de plus la journée dans la salle aux instruments. Debout au milieu des débris que personne n'avait osé toucher, Eilys regarda le carnage sans pour autant réparer les instruments. Elle fixa un long moment le piano, debout à côté, les bras croisés sur sa poitrine, avec autant d'animation que si elle regardait une émission d'un intérêt limité. Ce soir là, Charles était de retour.
Dans ses bras, Eilys se posa beaucoup de questions cette nuit là et se mit à réfléchir sur la routine qui était en train de s'installer. Charles disait aller au studio mais le faisait-il vraiment ? Était-il à ce point inspiré ? Dans ce cas elle avait réussit sa mission même si elle l'avait payé de sa propre inspiration. Et dire qu'elle n'avait même plus goût à jouer alors que la tournée commençait dans moins de trois mois... C'était dramatique. En tant normal, Eilys se serait disputée avec Charles et lui aurait fait porter le chapeau de son manque d'inspiration, ayant pour réflexe le prétexte débile de lui dire qu'il la lui avait volée. Cependant alors qu'elle s'endormait dans ses bras pour le troisième soir elle fut incapable de lui en vouloir. Comment le pouvait-elle alors qu'il renonçait volontairement à sa liberté pour prendre soin d'une dépressive comme elle ? Cette nuit là fut la première où Eilys pleura silencieusement, le visage contre Charles. Pour certains c'était mauvais signe mais la jeune femme savait qu'elle commençait à aller mieux. Pourquoi ? Parce que pleurer est humain, que ça témoigne qu'elle ressent encore quelque chose même si c'est de la douleur, de la frustration alors que la semaine passée, elle n'était qu'une coquille vide.
Au petit déjeuner, Eilys mangea et trouva le jus d'orange moins acide. Elle fut cependant surprise d'entendre Charles lui proposer d'aller au studio sur le ton de la conversation. C'était hors de question. Le studio, c'était l'endroit où l'on s'enregistrait et s'écoutait. Eilys ne voulait pas entendre à quel point elle avait perdu de son talent, à quel point la situation était alarmante. La jeune femme se contenta de hausser les épaules comme si l'idée n'était pas déplaisante et qu'elle allait y réfléchir mais elle avait prit sa décision dès que Charles eu terminé sa phrase.
Deux jours s'étaient écoulés depuis celui où Charles lui avait proposé pour la première fois de le retrouver au studio. Après tout c'était normal puisqu'à la base ils devaient travailler ensemble. Enfin Eilys devait l'aider sauf que maintenant le chanteur assistait la bassiste. C'était le monde à l'envers. La veille elle s'était habillée, coiffée et maquillée et était même allée jusqu'à la porte d'entrée, prête à le faire. Mais avant que sa main ne touche la poignée, elle avait déjà tourné les talons pour retourner à sa chambre. Là, elle s'allongea sur son lit et ferma les yeux, humant le parfum que Charles avait laissé ces dernières nuits qu'il n'avait pas passé à faire l'amour à une femme pour simplement l'apaiser elle. Il y a quelque temps, Eilys aurait trouvé cette situation tout bonnement improbable. Malgré elle, la sorcière se remit à penser à la chanson qu'elle avait écrite à cause de lui alors qu'elle avait bu.
Brusquement Eilys se redressa. Elle se rendit dans la salle aux instruments et ouvrit le meuble dans lequel l'alcool était rangé. Lui aussi avait prit cher mais il restait deux ou trois bières intactes. De sa baguette elle ouvrit la première et la bu toujours en fixant le piano, à la recherche désespérée d'inspiration. A la troisième, elle n'était toujours pas parvenue à se sortir la chanson qu'elle avait dans la tête, la seule qui restait et qu'elle ne voulait pourtant pas entendre. Elle avait dessaoulé quand Charles arriva ce soir là, la trouvant assise devant le piano sans pour autant le toucher.
Le chanteur parti à nouveau pour le studio et Eilys se leva de table pour aller s'habiller. La nuit précédente elle n'avait pas pleuré mais elle avait prit une décision. Il était temps de se bouger. Charles n'allait pas définitivement rester ici à la materner. Un jour il allait la laisser tomber et Eilys voulait faire en sorte que ça n'arrive pas. Elle ne supporterait pas un deuxième voire troisième abandon. Dans sa chambre, elle saisit une petite robe noire à poids blanc, une paire de chaussures à talons rouge et s'habilla. Elle laissa ses cheveux retomber sur ses épaules et ne prit pas la peine de les coiffer. Elle mit son maquillage habituel : un trait d'eye liner et un rouge à lèvre rouge baiser. Devant le miroir, elle eu presque envie de sourire en voyant qu'elle avait quand même l'air moins morte. La jeune femme saisit sa veste en cuir et quitta sa chambre, décidée à prouver à Charles qu'il n'avait pas sacrifié sa semaine pour rien. Être avec lui donnait à la musicienne une motivation autre de s'en sortir. Si elle n'en avait pas la force pour elle même, elle l'aurait pour lui, pour lui rendre sa liberté, comme elle avait eu la force de parler aux journalistes sans bégayer. Cependant, la jeune femme resta bloquée devant la porte incapable de l'ouvrir. Au bout de cinq minutes elle tourna les talons et voulu retourner dans sa chambre. Pourtant en passant devant le salon, elle cessa, revoyant Charles installé dessus avec Laura, puis se souvenant de la manière dont elle avait écrit sa dernière chanson. Si seulement elle avait sut que ce serait la dernière de sa carrière... Inconsciemment, elle se rendit jusqu'au canapé et s'y assit, laissant son esprit vagabonder. Elle se perdit dans ses pensées et malgré elle l'inspiration revenait mais concernant une seule et uniquement mélodie, la seule qu'elle ne voulait pas composer, la seule qu'elle ne voulait pas créer jusqu'au bout. Mais c'était comme si son cerveau bloquait tout, comme si elle ne pourrait jamais avancer temps que cette chanson là n'était pas achevée.
Ce fut environ trois heures plus tard que Eilys se décida à quitter son appartement. Elle transplana jusqu'au studio et chercha presque automatiquement un endroit où se cacher. Elle n'avait pas envie de voir Charles maintenant, se sentant presque fiévreuse. L'effort qu'elle venait de faire était monumental. Elle évita soigneusement Joe et Mary bien qu'elle pensa un instant que la jeune femme l'ait aperçue. Si c'était effectivement le cas, l'assistante avait eu la délicatesse de ne pas venir à l'encontre de la musicienne et de lui demander comment elle allait ou pire, agir comme si tout allait bien. Car elle n'allait pas bien du tout. Mais plus pour longtemps. Dès qu'elle aurait fait ce qu'elle avait à faire, tout irait mieux, Eilys le sentait. C'était comme un maléfice qu'il fallait rompre.
Elle eu le réflexe de se rendre à la salle du piano, sa salle, mais fut surprise en découvrant que quelqu'un était dedans en train de travailler. Charles. Soudain paniquée à l'idée qu'il puisse la voir, elle tourna rapidement les talons et se rendit dans le seul endroit où personne ne s'attendait à la trouver et où il y avait de quoi jouer : le studio d'enregistrement.
Quand elle arriva devant l'instrument, Eilys resta debout face au piano, à le regarder comme s'il était un adversaire à abattre, le genre de ceux qui avaient été un jour un frère avant de se retourner contre vous. Doucement elle toucha l'objet du bout des doigts, le frôlant de sa main fragile et tremblante. Elle s'assit mais ne joua pas, essayant de se remémorer la chanson qu'elle allait jouer et qu'elle avait désormais terminé. Il n'y avait aucun morceau de papier, personne ne devait découvrir ce qu'elle avait écrit, ce qu'elle était sur le point d'interpréter. La musicienne resta ainsi pendant plus d'une demi heure à penser avant de finalement commencer à simplement se mettre en condition de travail. Quinze minutes plus tard, elle leva les mains et toucha le piano toujours sans enfoncer la moindre touche. Rien que de se dire qu'elle allait jouer la chanson, Eilys eu envie de pleurer. C'était douloureux et elle ne pourrait pas être libérée temps qu'elle ne l'aurait pas jouée parfaitement, libérant totalement, sans pudeur, sans retenue, ce qu'elle ressentait au fond d'elle. Eilys ne s'enregistrerait pas, refusant de reconnaître quelles émotions, quels sentiments transpercent dans sa voix. Eilys respira profondément et appuya sur le do.
Immédiatement la note retenti dans la pièce, l'envahissant de sa justesse, de sa mélodie. La musicienne manqua de sursauter, comme si elle ne s'y était pas attendue. Elle soupira doucement, inconsciente d'être enregistrée à cet instant. Étrangement, une atmosphère intime se dégageait dans l'habitacle. Eilys attendit deux secondes et enfin, elle joua la mélodie, avec pudeur mais sincérité. La jeune femme se mit autant à nue que si elle avait retiré ses vêtements, inconsciente de le faire devant Charles.
La mélodie avait commencé. La jeune femme marqua une pose d'une seconde, ne désirant pas faire un effet, simplement prendre son souffle avant de se lancer. Pouvait-on saisir sur la bande à quel point chanter ce morceau était douloureux pour elle ? La sensualité de sa voix, de son piano mais aussi la profondeur de ses sentiments ? Le regard baissé sur son piano, Eilys ouvrit la bouche, chantant d'une petit voix légèrement cassée par son mutisme. Elle n'avait jamais été une grande chanteuse, c'était Deirdre qui avait une grande voix. Pas elle. Et pourtant, les mots sortirent de sa bouche pour la première fois depuis des jours.

[Toxic]
Baby, can't you see
I'm calling
A guy like you
Should wear a warning
It's dangerous
I'm falling

Eilys chanta ces paroles, se souvenant de ce qu'elle avait ressenti en réalisant l'effet qu'avait Charles sur elle. Oui, il était dangereux. La preuve, elle avait manqué de mourir, de perdre sa carrière, de se ridiculiser à plusieurs reprises et maintenant de sombrer définitivement dans la dépression. En fin elle poursuivit sur le deuxième couplet, celui qu'elle avait écrit inconsciemment depuis ce fameux soir mais qu'elle refusait de noter, espérant l'oublier, en vain. Sa voix était lente et caressante, comme un appel timide, qui manquait d'air mais dont la sincérité et le désire était flagrant. Au fils des mots, la jeune femme s'ouvrait un peu plus, libérant ses émotions cloîtrées dans sa forteresse.

There's no escape
I can't wait
I need a hit
Baby, give me it
You're dangerous
I'm loving it

Cette partie la fit sourire. Elle résumait encore l'état dans lequel cette chanson lui avait été inspirée. Cette sensation de danger, de liberté totale. Eilys était triste, les larmes perlaient à ses yeux mais elle parvint à ne pas trop faire trembler sa voix pourtant faible. Ses mots étaient des caresses pourtant chargées d'un passion violente. C'était tout Eilys. Douce en apparence, intense à l'intérieur.

Too high
Can't come down
It's in the air
And it's all around
Can you feel me now ?

Sa voix était aigüe et fragile et pourtant juste. Eilys appuya une dernière fois sur le piano et marqua une pose d'une seconde. Puis, elle releva la tête avant de chanter le début du refrain qui lui avait fait si honte et qui avait tant plut à Charles. Puis le piano suivit.

With a taste of your lips
I'm on a ride
You're toxic I'm slipping under
taste of a poison paradise
I'm addicted to you
Don't you know that you're toxic ?
And I love what you do
Don't you know that you're toxic ?

Charles connaissait ces paroles mais jamais il n'avait entendu Eilys les chanter. Elle prononçait chaque mot comme s'ils la faisait souffrir, comme si sa poitrine manquait d'air. Rien qu'à sa façon d'appuyer d'une voix torturée sur « toxic », on pouvait comprendre qu'elle avait vraiment mal. Oui elle souffrait d'un mal qui l'avait rongée, qui la brûlait et il n'y avait pas besoin d'être devin pour comprendre quelle en était la nature. Eilys n'arrivait plus à avancer sans Charles, elle en était dépendante sous différentes manières. Pour sourire, dormir, écrire... La façon dont elle s'était attachée à lui n'était pas naturelle... Normale. Comme lorsque l'on devient dépendant d'une drogue et que l'on se retrouve obligé de s'en sevrer par la force. C'était ce qu'elle voulait transmettre malgré elle en chantant ce refrain.

It's getting late
To give you up
I took a sip
From my devil's cup
Slowly
It's taking over me

Eilys eu un sourire bien qu'une larme coula sur sa joue pour finir sur sa main. Elle avait écrit dans le deuxième couplet un clin d'œil à la façon dont la chanson lui avait été inspirée, comme si elle espérait que Charles puisse l'entendre et comprendre lui aussi que ce morceau était le résultat d'une nuit d'ivresse dont la gueule de bois de Eilys n'avait toujours pas cessée, aujourd'hui encore.

Too high
Can't come down
It's in the air
And it's all around
Can you feel me now?

With a taste of your lips
I'm on a ride
You're toxic I'm slipping under
taste of a poison paradise
I'm addicted to you
Don't you know that you're toxic?

Eilys chanta avec toujours la même émotion, en se donnant toujours plus. Dans sa voix, sa façon de bouger tandis qu'elle jouait, la manière qu'elle avait de sourire sur certains mots et de fermer les yeux bien que des larmes ponctuelles en coulent. Doucement, la sorcière était en train de se libérer. Malgré elle, elle admettait la vérité qu'elle s'empresserait d'oublier une fois sortie d'ici. Ce qu'elle disait dans cette chanson elle le pensait vraiment mais refusait de l'admettre parce que ce n'était pas réciproque, parce qu'elle avait peur. Elle avouerait une seule et unique fois ses sentiments et pourrait reprendre sa vie d'avant, elle le sentait. Sa forteresse s'effondrait à chaque note un peu plus, libérant sa douleur mais aussi son amour, sa joie, sa peur, sa timidité, son désire. Tout ce qu'elle avait anesthésié pendant des semaines, des années même, et tout donner à Charles dans cette chanson qu'il n'était pas censé entendre.

Intoxicate me now
With your loving now
I think I'm ready now
I think I'm ready now
Intoxicate me now
With your loving now
I think I'm ready now
I think I'm ready now
Intoxicate me now
With your loving now
I think I'm ready now
I think I'm ready now
Intoxicate me now


Cette partie était un appel à Charles, un appel à son amour, à sa passion, à son corps. Eilys ferma les yeux, souriait, pleurait, se balançait doucement sur sa chaise tout en jouant, s'imaginant dans les bras du jeune homme. Elle baissa la tête, comme si elle espérait y trouver son cou, son odeur. Il n'y avait aucune vulgarité bien que dans ses mots, son appel à l'amour était détourné et pourtant clair. Jamais Eilys n'avait été aussi explicite, encore moins devant l'homme en question. Sa voix était une caresse, un murmure de désire et d'affection pure, comme une sirène qui appel son marin avant de rendre son dernier souffle.
Doucement, tout en pudeur, la jeune femme acheva sa chanson au piano. Quand la dernière note fut jouée, elle resta assise, silencieuse. Quelques minutes plus tard, elle repoussa son siège et se leva avant de saisir sa veste. Elle jeta un dernier regard au piano avant de finalement porter sa main sur sa bouche puis sur l'instrument. Puis elle quitta la pièce, d'une démarche déjà beaucoup plus assurée. Tout irait mieux désormais, elle avait fait ses adieux à ses sentiments, elle était prête a renoncer à ce qu'elle éprouvait pour Charles, à lui rendre sa liberté. Car Eilys le savait, auprès d'elle, il n'était pas heureux.


* * *

Eilys transplana du couloir de la maison de disque jusqu'à la porte de son appartement. L'endroit était désert. Parfait. La sorcière sorti sa baguette et se rendit directement jusqu'à la salle des instruments, abandonnant sa veste en cuir sur le canapé en passant. Était-ce parce qu'elle allait soudain mieux dans sa tête et dans son corps que la jeune femme fut pour la première fois perturbée de voir dans quel état était la pièce ? Et dire que c'était censé illustrer son malaise interne... Non... Ça ne pouvait décidément pas durer plus longtemps. La jeune femme leva sa baguette et répara les instruments un à un, leur montrant le respect qu'ils méritaient, les remettant en place avec douceur. Quelques minutes plus tard, la salle était intacte. Eilys aussi.
Affamée, elle se rendit dans la cuisine et chercha de quoi manger avant de retourner à nouveau dans la salle où elle se mit à jouer à nouveau, sentant que la vie reprenait un peu plus sa place dans son corps. Et pourtant le vide était encore là. Elle savait qu'elle devrait apprendre à avancer sans Charles, à renoncer à le garder prisonnier auprès d'elle dans sa cage dorée. C'est en essayant d'assourdir les cris de son cœur que la jeune femme se mit à jouer à nouveau.







Dernière édition par Eilys Weatherfall le Dim 10 Oct - 17:06, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » Empty
MessageSujet: Re: CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. »   CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » EmptyDim 10 Oct - 17:00

    Emrys s’était attendu à beaucoup de choses mais très certainement pas à ce qui suivit. Le casque enfoncé sur les oreilles, il attendait, patiemment, les mains dans les poches et se contentant de jeter de temps en temps des coups d’œil au responsable du studio, comme s’il allait être en mesure de le renseigner sur quand la bassiste se mettrait à jouer. Emrys était déjà impressionné qu’elle soit venue jusqu’au studio dans son état et qu’elle ait osé s’approcher de cette salle, alors ça ne l’aurait pas étonné qu’elle ne touche même pas aux instruments. Pourtant il demanda au jeune homme à côté de lui d’enregistrer, sans trop savoir pourquoi. Surement un peu parce qu’il savait que si la jeune femme jouait maintenant, ça risquait d’être assez exceptionnel parce que ça viendrait du fond du cœur…

    Il reconnut aussitôt la mélodie que la jeune femme avait débuté et il n’en revenait pas. Il s’était tellement foutu de sa gueule avec cette chanson qu’il s’était toujours imaginé que ce serait la dernière chanson qu’elle voudrait interpréter, surtout ici… ! Une chance qu’elle n’ait pas su qu’il écoutait à ce moment là sinon elle aurait fait une attaque cardiaque. Emrys avait l’impression de violer totalement l’intimité de la jeune femme en l’entendant chanter comme ça, tout en sachant pertinemment que si Eilys avait su qu’il entendait, elle n’aurait jamais même pensé à jouer cette chanson, et encore moins à la chanter… Surtout de cette façon. Emrys pouvait la voir pleurer légèrement, même d’ici, mais ce n’était pas ce qui l’avait choqué le plus au départ. La façon dont elle chantait… Sa voix était faible, aigue et douce, mais les paroles qu’elle chantait étaient tout l’opposé. Il se souvenait de la nuit où elle avait commencé à composer cette chanson comme si c’était hier mais quand elle avait prononcé les paroles en parlant, ça l’avait fait rire. De la voir les chanter comme ça, c’était carrément autre chose. Emrys n’était pas encore capable de déterminer si ça lui faisait plus plaisir ou mal d’entendre la jeune femme chanter comme ça, mais une chose était sure, ça ne le laissait pas indifférent le moins du monde, et ça, c’était déjà une première.

    Il sentit son cœur s’accélérer tandis que la jeune femme continuait à chanter. C’était affreux, mais même à travers le casque Emrys avait l’impression de tout entendre comme si elle était juste à côté de lui. Les remous de sa voix, les sentiments qu’elle faisait passer à travers ces paroles, tout, et il avait franchement du mal à s’en remettre. Il se tourna vers le responsable du studio, comme s’il s’attendait à ce qu’il partage son effarement, et finit par s’asseoir, le visage à moitié enfouit dans ses mains, ses coudes sur ses cuisses pour soutenir sa tête, et le casque toujours sur les oreilles. Il avait l’impression d’entendre la jeune femme pour la première fois quand elle chantait comme ça. Il se sentait à présent tellement stupide et surtout particulièrement aveugle. Il entendait si clairement la souffrance dans la chanson de la jeune femme qu’il se demanda comment il l’avait manqué avant. Ou plutôt comment il n’en avait pas comprit l’origine. Pour quelqu’un d’aussi orgueilleux et arrogant que le chanteur, c’était un véritable paradoxe que ce fut cette fois-ci qu’il avait choisit pour être trop humble…

    Emrys finit par relever légèrement la tête et constata que la jeune femme continuait à pleurer tout en jouant et qu’elle réussissait à ne pas trop faire trembler sa voix. Malgré lui, il fut impressionné, mais rien que d’y penser, il ressentit un nouveau pincement au cœur. Il se frotta le visage tout en écoutant la chanson jusqu’à la fin, il était perdu et il commençait à réfléchir. Il n’avait pas l’habitude, mais c’était par choix plus qu’autre chose, il était loin d’être bête mais il refusait de se prendre le chou pour un rien, et surtout pour des trucs aussi compliqués que ça. Mais là, c’était comme s’il n’y arrivait pas, son cerveau refusait de lui obéir et il n’arrivait pas à chasser ces interrogations de son esprit. Il avait envie de tout casser autour de lui, mais il fut bien trop occupé à éviter de croiser la jeune femme quand elle sortit. Il remarqua tout de suite que quelque chose avait changé, rien qu’à sa démarche. C’était tellement con à dire, mais il avait l’impression qu’elle allait mieux… Il resta assis quelques minutes, préférant ne prendre aucun risque de croiser Eilys dans les couloirs et récupéra la cassette qu’on avait enregistré pour lui. Il la contempla quelques instants et la fourra finalement dans la poche arrière de son jean, n’étant à présent plus sur de savoir ce qu’il allait en faire, ni même de ce qu’il avait envie d’en faire. Il ressentait encore trop pleinement le mélange de souffrance et de bonheur que la jeune femme lui avait transmis pour avoir envie de la réécouter tout de suite.

    Finalement il se mit à trainer dans les couloirs de la maison de disques, faisant tout pour se sortir la chanson de la tête alors qu’il avait lui-même mis un point d’honneur – et pas qu’une fois – à ne jamais la faire oublier à la jeune femme. Il avait vraiment envie de tout casser sur son chemin, il détestait ne pas réussir à arrêter de penser à un truc mais depuis qu’elle avait commencé à chanter, il était comme obsédé. Il se posait trop de questions auxquels il n’avait aucune réponse à fournir et d’autres auxquels il avait juste trop peur de répondre. Il descendit les escaliers lentement et sortit par la porte de secours, il n’avait pas envie de sortir par la porte principale, il n’avait pas envie de se faire remarquer. Il shoota dans une cannette vide qui trainait par terre, celle-ci ricocha sur le mur et alla s’écraser un peu plus loin dans la ruelle. Putain, ça servait à rien mais qu’est-ce que ça faisait du bien… ! Il détestait se prendre la tête comme ça mais c’était comme s’il ne contrôlait plus son cerveau et tout ce à quoi il pouvait penser, c’était la chanson de tout à l’heure & Eilys.

    Dés qu’il y repensait il ressentait un mélange trop complexe et paradoxal d’émotions pour être réellement décrits, mais il se sentait mal, il avait envie de hurler et de fracasser quelque chose. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il n’avait pas envie d’aller chez les Weatherfall, pas maintenant, il ne se sentait pas de faire semblant de rien devant Eilys alors qu’il n’arrêtait pas de penser à ce qu’il avait entendu. Si quelqu’un d’autre avait assisté à l’enregistrement de tout à l’heure, il n’en aurait probablement rien retiré de spécial, peut-être même que Joe n’y aurait vu qu’un futur potentiel hit, mais pour Emrys qui avait été habitué à fréquenter la jeune femme – sans guillemet non… - et surtout, qui savait exactement dans quelles circonstances cette chanson avait été écrite, c’était carrément bouleversant. C’était comme s’il se rendait enfin compte de tout ce qu’il avait vécut ces dernières semaines. Il s’était contenté de vivre, sans se poser de questions, mais maintenant il se sentait assaillit par un tas de questions sans réponses, toutes plus dérangeantes les unes les autres.

    Sans savoir pourquoi, son premier réflexe fut de transplaner chez Laura. Ça pouvait paraitre con, voire même très con, mais c’était probablement la personne qui le connaissait le mieux, à part Eilys peut-être… Rien que de se rappeler leur proximité des dernières semaines Emrys se sentit mal. Il monta les étages qui menaient à l’appartement de la jeune sorcière et entra sans même prendre la peine de frapper, comme s’il était chez lui. « Laura, il faut que je te pose une question. » Normal quoi, il débarque chez elle et rentre directement dans le vif du sujet. Cette attitude ne sembla pas déranger Laura qui l’encouragea à poser sa question. « Quand tu m’as largué, deux fois… » Il leva les yeux au ciel mais continua « c’était à cause d’Eilys, pas vrai ? » Il prit un air interrogateur qui fit éclater de rire la jeune femme. « Tu mets vraiment du temps à capter toi, hein ? » Pour toute réponse le jeune homme prit un air à moitié affolé, comme si le fait que Laura le lui dise rendait le tout beaucoup plus vrai. Finalement, sans le moindre avertissement, il se jeta quasiment sur Laura et s’empara de ses lèvres. Rien. Il recula son visage, l’air perplexe, lisant clairement dans les yeux de la jeune femme qu’elle avait très bien le peu d’effet que ça avait fait à Emrys. Il s’écarta, fourra les mains dans ses poches, salua la jeune femme et sortit sans plus de cérémonie.

    Il marcha longtemps dans les rues londoniennes, il ne savait même pas depuis combien de temps il trainait ainsi quand, commençant à ressentir le froid et la fatigue, il transplana. Il avait hésité à se rendre chez lui, mais il avait quelque chose à vérifier et il savait aussi que la jeune femme allait l’attendre et qu’il arriverait déjà largement plus tard que d’habitude. Il entra dans l’appartement des Weatherfall et constata qu’il s’était écoulé plus de trois heures entre son départ de la maison de disque et son arrivée ici. Il ne les avait même pas vu passer, plongé dans ses pensées et luttant contre lui-même. Il ferma doucement la porte de l’appartement et entendit tout de suite une mélodie venant de la salle de musique. Il haussa les sourcils, et se rendit dans la direction de la chanson, déposant sa veste n’importe où comme d’habitude. Quelle ne fut pas sa surprise quand il constata que la jeune femme était de nouveau entrain de jouer et que tous les instruments étaient redevenus intacts. Il s’arrêta sur le palier de la porte, s’y appuyant, et fixa Eilys jusqu’à ce qu’elle ait terminé le petit morceau qu’elle avait commencé. Il avait l’impression de l’apercevoir pour la première fois, elle était vraiment belle en fait… Encore plus quand elle jouait. Il se maudit de ne pas réussir à contrôler un peu mieux ses pensées. Le pire, c’est que pendant ces trois heures où il avait faillit se faire exploser le cerveau, il n’était pas arrivé à déterminer ce qu’il allait faire. Il n’avait pas l’habitude de prévoir ce qu’il faisait, généralement il avait envie de faire quelque chose, il le faisait, point. Mais là ce dont il avait envie, il n’osait pas le faire.

    Il aurait voulu aller prendre Eilys dans ses bras, lui dire qu’il avait assisté à l’enregistrement de la chanson de tout à l’heure et l’embrasser. Mais il ne fit aucune de ces trois choses, gardant d’ailleurs la cassette bien à l’abri dans une poche de son jean. Il se contenta de dire d’un ton qu’il avait voulu naturel : « Tu as retrouvé un peu d’inspiration… » Il lui lança un petit sourire en coin avant de détourner le regard. Il détestait ça, mais il avait l’impression que c’était impossible pour eux d’aller bien au même moment. Alors que lui recommençait à broyer du noir, il voyait que la jeune femme se sentait mieux, c’était d’une telle évidence. D’ailleurs, la bonne humeur de la jeune femme n’était pas pour rien dans la mauvaise d’Emrys. Il s’était attendu à la voir toujours dans le même état, et il aurait pu être là pour elle, jugeant enfin à leur vraie valeur les moments qu’il passait avec elle… Elle avait l’air d’être redevenue un peu plus elle-même, et il était à présent persuadé que le fait de chanter tout à l’heure l’avait plus libéré qu’autre chose. Etrangement, ça le rendait triste et amer. Il fit cependant ce qu’il put pour n’en rien laisser paraitre et pour exprimer plus d’enthousiasme qu’il n’en ressentait en réalité.

    « Tu aurais du passer au studio alors… ! Tu viendras demain, si tu veux. » Mais quoi ?! Mais qu’est-ce qu’il racontait là ? Il n’avait pas eut le courage de lui avouer qu’il avait entendu sa chanson et qu’il savait ce qu’elle ressentait. Elle avait l’air d’aller tellement mieux… Il n’avait pas le courage de lui faire ça, surtout que lui était toujours dans le brouillard le plus complet. En plus, il devait bien être honnête pour une fois, il ne se voyait pas du tout fait pour Eilys. Alors face à l’attitude si naturelle de la jeune femme, Emrys avait décidé de faire comme si de rien n’était, du moins d’essayer… Il vint s’asseoir sur l’un des pouf de la salle, ferma les yeux quelques secondes de lassitude, avant de les tourner juste un instant vers Eilys. Il détourna le regard quasiment immédiatement et alluma une cigarette, comme si ça allait l’aider. « Tu as travaillé sur quoi ? » Il lui lança un vague sourire en coin histoire de l’encourager à lui dire ce qu’elle avait fait, conscient que ça ne pourrait que l’aider elle. Depuis qu’il était entré, il avait fait ce qu’il fallait pour rester le plus à l’écart possible de la jeune femme, comme s’il avait réellement peur de s’en approcher. D’ailleurs, même dans la façon dont il lui parlait, on pouvait sentir une certaine distance, comme s’il se forçait pour ne pas se trahir.

    Il aurait rêvé de pouvoir se bourrer la gueule à cet instant là, ça aurait au moins eut le mérite d’éteindre son cerveau l’espace d’une soirée. Mais il avait un peu peur de ne pas se contrôler non plus. C’était affreux, il avait envie de redevenir comme avant, insouciant, indifférent et impulsif, le Emrys qui n’agissait que par instinct et sur le coup, et il savait que s’il était bourré, il le ferait. Mais il avait aussi peur de redevenir lui-même parce qu’il se sentait obligé de ne pas n’en faire qu’à sa tête. Parce que pour l’une des premières fois, il ne voulait pas agir en fonction de ses désirs égoïstes, parce qu’il ne voulait pas risquer de faire du mal aux autres personnes qui seraient affectés par ses actions, parce que pour la première fois, il n’arrivait pas à se laisser aller. Parce que pour la première fois, quelqu’un avait réussit à le faire douter. Il écrasa sa cigarette, en alluma une deuxième à la suite, prenant bien soin de ne pas croiser le regard de la jeune femme. Il détestait Eilys parce qu’elle était la cause de son état du moment, et à la fois il ne désirait qu’une chose, la prendre dans ses bras. Elle allait le rendre dingue. Il prit la résolution de ne pas dormir ici ce soir-là, mais alors qu’il s’était décidé à se lever pour prendre congé, il se retrouva cloué sur place, incapable de se lever et de partir. C’était officiel, il se détestait.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » Empty
MessageSujet: Re: CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. »   CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » EmptyDim 10 Oct - 18:25






Eilys croqua dans une pomme bien verte, à pleines dents tandis qu'elle s'approchait du piano. Si un peu plus tôt elle le considérait encore comme un ennemi à abattre, elle le voyait plus comme un mustang sauvage qu'elle avait dompté Maintenant, ils étaient liés pour toujours et rien ne les séparerait. Eilys était de retour, elle le sentait. D'accord, elle n'avait toujours pas retrouvée son éternelle capacité à sortir des paroles comme on récite un poème mais elle pouvait jouer et pour elle ça n'avait pas de prix. Son fruit terminé, elle fit disparaître le trognon d'un coup de baguette et s'installa pour commencer à jouer. La jeune femme hésita une dernière fois puis après avoir prit une profonde inspiration, elle interpréta « My heart burned in Salem », qui fut la première chanson qui lui vint à l'esprit. Finalement elle se retrouva à rejouer une bonne partie du répertoire des Bizzar'Sisters, par automatisme. En plus, elle n'avait pas assisté à un sacré nombre de répétitions depuis sa « rupture » avec Charles. Il était vraiment temps qu'elle se remette à travailler sérieusement. Cependant elle se demanda si elle devait toujours aider le chanteur à composer. Apparemment, avec tout le temps qu'il passait au studio ces derniers jours – et elle le vit en train de travailler – il était clair qu'elle ne lui était plus vraiment d'une grande aide. De plus, Eilys ne savait pas comment seraient leurs futures rencontres désormais. Elle n'avait jamais été très douée pour mentir, elle était même lamentable.
Les heures s'étaient écoulées assez rapidement, plus que ces derniers jours. La musicienne avait mal aux doigts à force de jouer au piano. C'était dans ces moments là qu'on comprenait qu'elle n'y avait plus passé autant de temps qu'avant. La musique c'est comme un sport, il faut pratiquer régulièrement pour ne pas perdre la main. Et elle, elle n'avait pas touché d'instrument pendant plus de deux semaines...
Eilys se sentait vraiment différente depuis qu'elle avait déclaré ce qu'elle ressentait pour Charles en jouant sa chanson à son insu – pensait-elle l'idiote..! – c'était comme si elle n'avait plus peur à nouveau d'exprimer ses émotions à travers la musique. Désormais elle comprenait d'où lui venait son blocage. La musicienne n'était pas en mesure de comprendre – ok d'admettre – ce qu'elle éprouvait pour Charles, ce fut pour quoi elle avait emprisonné absolument toutes ses émotions. Maintenant qu'elle avait libéré les plus douloureuses et qu'elle savait les éviter, tout était redevenu normal. Ou presque. Le vide était toujours là, mais jouer l'aidait à respirer, à lui donner l'illusion qu'elle le comblait comme on pense bêtement parvenir à retenir de l'eau entre ses mains.
Eilys jouait avec un petit sourire aux lèvres, appréciant sincèrement ce qu'elle était en train de vivre. La liberté. Amer, certes, mais de retour. Et elle était soulagée de se dire qu'enfin, Charles serait définitivement libre aussi, plus forcé de la materner comme il s'était vu contraint de le faire ces derniers temps parce qu'elle était en pleine déprime. Eilys semblait irradier de bonheur tant le plaisir de pouvoir jouer à nouveau était intense. Certes, pour quelqu'un ne la connaissant pas, on aurait put croire qu'elle était simplement paisible, mais pour ses proches, ceux qui savaient à quel point elle était d'une nature mélancolique, Eilys rayonnait de bonheur.
Elle venait de terminer « Pumpkin' Jinx » quand elle se rendit compte de la présence de Charles. Malgré elle, quand elle croisa son regard, Eilys se mit à rougir. Il était venu. Plus tard que les autres soirs, elle s'en rendit compte, mais il était là, s'attendant surement à être obligé de la border et de sacrifier une autre soirée pour elle. Ce fut pourquoi, la jeune femme lui adressa un sourire timide, mais un sourire quand même. N'oublions pas qu'il s'agissait d'Eilys... Soudain, alors que le chanteur progressait dans la pièce, elle ressenti comme une boule au creux de son estomac et sa bouche se dessécha légèrement. D'accord elle pouvait jouer de la musique à nouveau, mais maintenant qu'elle savait clairement ce qu'elle ressentait pour Charles, Eilys avait du mal à le regarder dans les yeux, encore plus qu'avant leur rencontre. Elle devait tout faire pour étouffer ses sentiments et l'avoir assit près d'elle n'était pas la manière la plus simple d'y parvenir. En même temps, c'était pour le garder dans sa vie qu'elle préférait sacrifier son cœur. Si elle avait voulut le faire fuir, il lui aurait suffit de lui dire ce qu'elle éprouvait pour lui et la sorcière était certaine qu'il se serait sauvé en courant. Charles n'avait pas tenu deux semaines dans une fausse relation, alors une vraie...

« Tu as retrouvé un peu d’inspiration… » lui dit-il. Eilys reporta son regard sur le piano, souriant toujours et hochant la tête. Elle eu une expression amusée car la remarque du chanteur lui fit penser au jour où elle, était entrée dans le salon en disant simplement « tu écris ». Lui non plus n'avait rien trouvé à lui répondre, c'était une simple constatation qui voulait déjà en dire long. Pas besoin de déblatérer dessus pendant des heures. Elle fut simplement surprise à quel point en quelques jours les situations pouvaient basculer. C'était elle qui s'était remise d'une crise et Charles qui l'avait sauvée. Cependant elle ne savait pas ce qu'il en était pour lui mais Eilys avait l'intime conviction que lui l'avait plus aidée qu'elle ne l'avait fait pour lui.

Il y eu un court silence pendant lequel Charles alluma une cigarette. Eilys ne s'en formalisa pas, de toute manière elle avait l'habitude maintenant et puis c'était lui... L'ambiance dans la pièce n'était pourtant pas très agréable. Eilys retrouva rapidement son expression neutre et regardait Charles par moments, croisant son regard avant de rougir et de le détourner. Enfin rien de nouveau. Mais elle avait l'impression d'avoir été atteinte d'une maladie particulièrement dangereuse et contagieuse et que Charles, en bon ami, essayait de reprendre le court de leur vie comme si de rien était, comme si elle était « normale ». Eilys fut reconnaissante mais aussi attristée par cet effort car maintenant elle avait l'impression de lui faire pitié. Charles n'aimait pas les femmes faibles, c'était pour ça d'ailleurs qu'il ne l'aimait pas elle et surtout que le seul soir où il l'avait vraiment regardée, fut celui où elle s'était battue dans un bar et totalement imposée avec son caractère de Black Ely.

« Tu aurais du passer au studio alors… ! Tu viendras demain, si tu veux. » lui proposa-t-il d'une voix qui sonnait faux. C'était comme demander à un coureur blessé de reprendre la course sachant qu'il ne s'en sentait pas capable. Eilys leva les yeux vers Charles et le fixa un instant, essayant de comprendre où il voulait en venir. Pourquoi est-ce qu'il se forçait à ce point ? Elle allait mieux maintenant, elle jouait... ! La jeune femme pensa alors qu'elle ne le montrait pas assez ou qu'elle n'avait pas assez envie d'aller mieux. Car au delà de la souffrance se trouvait la satisfaction d'avoir Charles pour elle toute seule, l'égoïsme de le garder prisonnier dans sa maison.
- Je ne sais pas si je suis prête à y retourner..., menti-t-elle en bougeant nerveusement sur sa chaise. Elle avait les joues rouges et le regard fuyant. Elle était vraiment très mauvaise et pria pour que Charles mette sa gêne sur une quelconque raison. Et puis tu n'as pas vraiment besoin de moi. Apparemment ton album avance bien avec tout le temps que tu passes au studio. Je suis vraiment contente pour toi. Acheva-t-elle en le regardant dans les yeux, un sourire sincère aux lèvres. Elle avait perdu l'inspiration et commençait tout doucement à la retrouver, elle ne pouvait que trop bien comprendre que bonheur que cela supposait. Surtout que Charles ne méritait pas d'en être privé, pas avec son talent.
« Tu as travaillé sur quoi ? » lui demanda-t-il mine de rien. Ah. Pour une fois elle était parvenue à faire passer un mensonge comme un hibou dans la volière. C'est qu'elle devenait de plus en plus douée la Eilys ! Cependant, comme à chaque fois qu'elle devait mentir, elle prit une expression clairement révélatrice signifiant un joli « Euuh... Attends je cherche. ».
- Rien de spécial. J'ai rejoué certaines chansons du groupe. J'ai manqué beaucoup de répétitions ces derniers temps, j'ai du travail à rattraper. Menti-t-il en baissant à nouveau le regard et rougissant. Décidément, discuter avec Charles était encore plus difficile qu'au début car maintenant, elle en avait vraiment envie mais n'y arrivait pas. Alors qu'avant, elle n'avait strictement rien à lui dire et se fichait bien de ce qu'il pouvait penser.
Il y eu un nouveau silence pendant lequel Eilys luta avec elle même. Charles était encore ici et à son expression il n'était pas tout à fait lui même. Est-ce qu'il n'était pas convaincu de son rétablissement. Eilys commença à culpabiliser. Elle ne voulait pas le bloquer ici, l'obliger à s'inquiéter pour elle alors qu'il avait une vie à vivre, une bien plus passionnante que s'il restait en sa compagnie et elle le comprenait. Parfois, la musicienne s'ennuyait d'être avec elle même.
- Merci encore d'être resté. J'ai l'impression de dire ça à chaque fois, mais tu es toujours là quand j'en ai besoin. dit-elle le regard baissé et les joues rougissant à nouveau. Mais je vais mieux maintenant. Tu es libre. ajouta-t-elle en le regardant et lui adressant un sourire furtif.

Eilys se leva de sa chaise et s'étira, le regard dans le vide. La meilleure chose à faire serait de reprendre comme au départ et baser à nouveau leur relation sur le travail. Eilys ne voulait pas que Charles parte, aussi difficile pour elle soit sa présence. Elle savait que trop bien désormais quelles seraient les conséquences s'il sortait brusquement de sa vie, même si maintenant elle savait à quoi s'attendre, ça ne voulait pas dire que ce serait plus simple. Au contraire elle avait l'impression qu'un second coup lui serait fatal et qu'elle n'arriverait pas à se relever.

- Tu as faim ? demanda-t-elle en se tournant avec énergie vers le jeune homme. Elle se pencha vers lui et saisit sa main pour le forcer à se lever à son tour. Ce soir je te garde avec moi, dit-elle avec malice avant de préciser : Tu m'empêches toujours de jeter un coup d'œil à ton travail, cette fois ci tu n'y échapperas pas ! On est censés bosser ensemble plus qu'autre chose. acheva-t-elle avec un rapide sourire avant de lui lâcher la main qu'elle avait gardé dans la sienne par réflexe.

Le cœur battant à tout rompre malgré elle, la jeune femme quitta la pièce pour se rendre dans le salon et saisit le téléphone, essayant d'oublier le léger malaise qu'elle avait ressenti à toucher Charles. Décidément, ça ne serait pas si facile que ça.

- Tu as envie de quoi ? lui demanda-t-elle avec innocence en se tournant vers lui et le regardant droit dans les yeux sans ciller.

Elle, elle aurait bien mangé japonais...





Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » Empty
MessageSujet: Re: CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. »   CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » EmptyDim 10 Oct - 19:55

    Renfrogné, assis sur son pouf, Emrys évitait toujours le regard de la jeune femme. Parfois il le sentait sur lui mais il faisait alors ce qu’il pouvait pour ne pas se tourner avec elle. C’était tellement bizarre de se trouver en sa présence après tout ça… Il ne savait même plus comment agir avec elle et ça le perturbait plus que tout ce qui s’était déjà passé avant. Il l’avait déjà embrassé, il avait déjà dormi avec elle et ils avaient fait semblant de sortir ensemble pour couvrir un scandale dans la presse, mais le simple fait de penser qu’elle ressentait quelque chose pour lui et que c’était peut-être réciproque – il avait bien dit peut-être ! -… Il n’allait jamais s’en remettre c’était certain. Il n’écoutait déjà plus qu’à moitié ce que la jeune femme lui disait et n’eut même pas les réponses à ses questions. De toute façon, il ne les avait posées que pour éviter qu’Eilys ne se doute de quelque chose. De toute évidence c’était peine perdue, mais au moins, il aurait essayé.

    Le seul moment où Emrys entendit ce qu’elle disait, ce fut quand elle lui mentit en faisant semblant de ne pas être allé au studio. Il étouffa un rire avant d’écraser sa deuxième cigarette. Elle mentait toujours aussi mal, même s’il ne l’y avait pas, il était persuadé qu’il aurait su qu’elle mentait. C’était impressionnant, c’était comme si la vérité pouvait se lire sur son visage, ou alors c’était juste lui qui était doué pour détecter ses mensonges. Il y avait probablement un peu des deux. Il priait juste pour ne pas être aussi mauvais menteur qu’elle, sinon il allait prendre cher. Il n’avait pas spécialement envie de se rendre compte qu’il s’était fait des films non plus, sinon son orgueil en prendrait un bon coup. L’esprit d’Emrys arrêta de suivre pendant quelques temps après ça, il était encore plongé dans ses pensées et ses réflexions, et n’avançait pas d’un pouce. C’était d’un frustrant de ne pas savoir quoi dire, quoi faire, ni même quoi penser. Il avait vécut pendant des années à faire ce qu’il voulait quand il le voulait, à n’en faire qu’à sa tête et à toujours agir sous le coup d’une impulsion soudaine. Il avait perdu l’habitude de faire attention à ce qu’il disait et faisait et franchement, après seulement quelques heures, ça commençait déjà à le gaver…

    « Tu es libre ». Ces mots sonnaient tellement faux aux oreilles du jeune homme. Décidément elle le faisait exprès, elle n’était jamais sur la même longueur d’onde que lui. Elle lui disait qu’il était libre alors que lui ne s’était jamais sentit aussi emprisonné. Il avait l’impression d’étouffer, coincé dans un esprit qui refusait de lui obéir, entre ce que la jeune femme ressentait apparemment pour lui, et ce que lui, possiblement, ressentait pour elle. Rien que d’y repenser, il avait mal à la tête. Il se massa le front mais préféra ne pas commenter la réplique de la jeune femme. Il n’avait pas l’habitude de se montrer amer, à part quand il était vraiment à bout, mais aujourd’hui, alors qu’il faisait attention de près à ce qu’il disait, il n’avait pas envie d’être honnête de peur de se trahir auprès de la bassiste. Il l’imaginait d’ici se moquer de lui parce qu’il avait passé son temps à dire qu’elle le désirait secrètement, alors qu’au fond, c’était surtout lui qui… Mais il chassa ses pensées de son esprit, avec la plus grande difficulté du monde, se forçant à se concentrer sur le monde réel pour empêcher ses pensées de recommencer à vagabonder sur des sujets auxquels il ne voulait pas penser. Il fallait qu’il s’en aille d’ici sinon il allait devenir fou.

    Il se réveilla d’ailleurs au bon moment. Il sursauta légèrement en se rendant compte que la jeune femme s’était rapprochée et lui prenait la main. Il se laissa tirer vers le haut sans opposer trop de résistance, de toute façon, il avait été trop surprit pour essayer. Il eut un petit rire triste quand elle lui déclara qu’elle ne le laissait pas partir pour ce soir. Lui qui ne rêvait justement que de s’enfuir de là au plus vite. Il se contenta de la regarder partir vers le salon, la suivant des yeux avant d’aller se poster à nouveau dans l’entrebâillement de la porte, l’observant de loin. Elle avait l’air… Tellement normale. Elle allait mieux, c’était clair. Peut-être qu’il ferait mieux de s’en aller, ça vaudrait mieux pour lui et pour elle aussi. Elle n’avait plus besoin de lui, il le sentait – ou pensait le sentir en tout cas – et si elle lui avait demandé de rester, c’était surement par politesse, ou il ne savait trop quoi. De toute manière il s’en fichait, lui, n’avait aucune envie de rester. Il ne s’était jamais sentit aussi mal à l’aise que ce soir là en compagnie de la jeune femme et il avait l’impression de ne plus être entièrement lui-même quand il perdait ses moyens comme ça. Pour quelqu’un qui a l’habitude de faire ce qu’il veut et de tout réussir, c’était frustrant d’être à ce point incapable de se sentir à l’aise. Ce n’était pas dans ses habitudes d’être aussi peu sur de lui et il détestait littéralement ça, surtout que la jeune femme avait presque l’air plus à l’aise que lui… C’était quand même le comble ça, non ?! Il lui avait volé son inspiration, elle lui avait volé son assurance.

    La dernière question d’Eilys le fit rire malgré lui. Il baissa les yeux, fixant quelques secondes ses converses, un mince sourire malicieux aux lèvres. Il n’en revenait pas de la vitesse à laquelle certaines répliques lui étaient venues en tête et quel effort il avait du faire pour ne pas les laisser échapper. Il détourna le regard quand elle le vit le fixer comme ça, gêné, il mit ses mains dans ses poches et se mordit légèrement la lèvre inférieure. Il détestait ne pas réussir à être lui-même mais depuis quelques heures il avait l’impression d’avoir totalement disparut de la surface de la planète, remplacé par un homme qui lui ressemblait physiquement mais qui, mentalement, n’avait strictement rien à voir avec lui. Il détestait ça. Il n’était même plus acteur de sa propre vie alors qu’à la base, il avait toujours été quelqu’un qui agissait avant et réfléchissait après, ou non, ne réfléchissait pas du tout.

    « Je ne sais pas, commande ce que tu veux. » Il lui lança un petit sourire, faisant un effort surhumain pour la fixer pendant plus de deux secondes d’affilée avant de détourner à nouveau le regard. Il alla s’asseoir sur l’accoudoir du canapé et se massa le visage. Il avait l’air épuisé. La seule raison pour laquelle il n’avait pas refusé l’invitation de la jeune femme, c’était qu’après deux semaines à la voir ne manger quasiment rien, il était content qu’elle retrouve l’appétit. Il s’était même inquiété pour sa santé pendant un moment. Même si ça lui faisait plaisir de la revoir enfin redevenir un peu elle-même, il était dégoûté de ne pas se reconnaître lui-même. Il y avait vraiment des fois où il avait l’impression qu’ils étaient comme deux récipients partageant un même liquide. Quand elle gagnait en assurance, lui la perdait, c’était la même chose pour l’inspiration, et maintenant pour leur personnalité entière… Où cela s’arrêterait-il ? Il ne prit pas la peine d’essayer de répondre à cette question. Quand il releva la tête, il croisa le regard de la jeune femme qui était déjà entrain de téléphoner. Il resta bloqué pendant quelques secondes, un air inutilement grave sur le visage. C’était probablement l’une des premières fois qu’il ne souriait pas du tout, son visage était juste inexpressif. Il se releva brusquement après s’être réveillé de sa léthargie, sa décision était prise, il ne pouvait pas rester ici, c’était de la folie, il n’était pas gentil au point de devenir masochiste.

    « En fait, désolé, mais je crois que je vais y aller. Je suis fatigué et j’ai encore beaucoup de choses à faire… » Il avait bien conscience que ça sonnait comme une fausse excuse bidon, d’un autre côté, c’en était une, et il ne pouvait pas s’en cacher totalement. Il jeta un coup d’œil à la jeune femme mais n’osa pas vraiment regarder. Il ne savait même pas si elle avait déjà commandé et raccroché ou pas et il s’en foutait. Il attrapa sa veste et se dirigea à pas vifs vers la sortie. Il n’eut même pas l’idée de s’excuser à nouveau, il ne voulait pas se retourner. Il sortit et ferma doucement la porte derrière lui. Une fois sur le palier de la porte, il expira longuement, à la fois soulagé et… Il ne savait pas trop. Il ressentait un pincement au cœur et une sorte d’amertume. Mais au moins il n’était plus aussi mal à l’aise. Il resta bloqué ainsi pendant quelques secondes sur le pas de la porte, avant de commencer à dévaler les escaliers. Ce ne fut qu’une fois arrivé en bas de l’immeuble, dans la rue, qu’il se rendit compte de quelque chose. A vrai dire, il ne voyait pas pourquoi il s’était infligé tout ça et n’y avait pas pensé plus tôt.

    Il faillit se mettre une baffe tellement il se trouvait idiot. Il se plaignait de ne plus être lui-même tout à fait, alors qu’il avait une solution « évidente » pour régler son problème. Evidente, ce n’était pas exactement le mot, disons que la solution lui apparaissait comme évidente à lui, en vrai, c’était du suicide organisé. Son idée de génie ? Foncer dans le tas et réfléchir après. C’était comme ça qu’il avait toujours fait et c’était comme ça qu’il aimait sa vie, même si ça risquait de lui faire faire la pire connerie de sa vie, il devait le faire, et maintenant. Il se connaissait assez bien pour savoir qu’il allait vite péter un câble de toute façon s’il devait rester comme ça dans l’incertitude et le malaise vis-à-vis de la jeune bassiste. C’était du suicide, il le savait, mais encore une fois, la méthode kamikaze lui avait souvent réussit par le passé, c’était sa marque de fabrique, et c’était en état comme ça qu’il se sentait le mieux, qu’il se sentait lui-même.

    Il remonta les escaliers rapidement et pénétra à nouveau dans l’appartement sans frapper. La jeune femme ayant entendu la porte s’ouvrir retourna dans le salon et parut pour le moins surprise de voir qu’il s’agissait d’Emrys, de retour. Il fixa la jeune femme et pendant une seconde, faillit abandonner son plan si génial et s’enfuir en courant. Mais il devait le faire, il le savait. C’était le mieux à faire. Il eut quand même du mal à dire : « J’étais là au studio quand tu as chanté aujourd’hui. » C’était pourtant pas compliqué comme phrase. Mais il savait assez bien que la jeune femme allait péter un câble, une chance qu’il n’ait pas décidé de lui dire qu’en plus de ça il l’avait enregistré… Il la voyait d’ailleurs déjà commencer à hurler et à essayer de le frapper. Elle n’avait pas l’air ravie en tout cas, c’était sur. Il se rapprocha d’elle rapidement tout en continuant, la coupant dans ce qu’elle disait. « Arrête de t’insurger pour une fois, elle est parfaite cette chanson ! » Il s’était un peu laissé emporter en voyant la réaction de la jeune femme. A chaque fois qu’il parlait de cette chanson elle commençait à se défendre, à dire qu’elle était nulle, mais cette fois-ci Emrys était incapable de la croire. Pas après la façon dont elle l’avait chanté tout à l’heure. Il entendait encore sa voix résonner dans sa tête, c’était totalement envoûtant et tout particulièrement pour lui.

    « Arrête de mentir, tu t’y prends toujours comme un manche, tu le sais aussi bien que moi… » Il avait déclaré ça d’un ton beaucoup plus calme, son éternel sourire en coin revenu sur ses lèvres, exprimant une assurance qu’il était très loin de ressentir. Il s’était encore approché et était à présent à quelques centimètres d’Eilys. Il posa une main sur la joue de la jeune femme, l’autre sur sa taille, comme pour l’obliger à ne pas s’enfuir en courant, et s’empara vivement de ses lèvres. Il avait conscience qu’il y avait toutes les chances qu’elle ne lui file un coup de genou dans les parties avant de le tabasser, mais même si ça devait arriver, il ne regretterait pas. D’une part, il serait fixé, et c’était surtout pour ça qu’il avait décidé de foncer dans le tas sans réfléchir, et de deux, il ne pouvait pas le nier, ce baiser en valait le coup, volé ou non. Il vivait lui-même encore tellement dans le déni qu’il s’étonna presque d’apprécier autant le contact des lèvres de la jeune bassiste sur les siennes. Il y avait déjà goûté, c’était vrai, mais cette fois-ci c’était différent. Elle n’était pas bourrée et ne cherchait pas juste l’inspiration, il n’essayait juste pas de l’enrager ou de profiter d’elle et il y avait un petit je-ne-sais-quoi en plus. Un sentiment qu’il n’arrivait pas à déterminer, en grande partie parce qu’il n’en avait aucune envie. En tout cas, une chose était sure, ça faisait du bien de se retrouver, ne serait-ce que pour quelques secondes.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » Empty
MessageSujet: Re: CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. »   CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » EmptyDim 10 Oct - 21:52







Le téléphone à la main, Eilys était en train d'appeler la réception de son immeuble de luxe. C'était eux qui s'occupaient de passer des commandes, histoire d'être certains que c'était bien parce qu'un des locataires avait commandé chinois qu'un livreur se présentait devant le portier et non un voleur ou un fan complètement malade. Une main sur la taille, elle attendit qu'on décroche et interrogea Charles du regard. Cependant il n'avait pas l'air en très grande forme. Rien que de le voir comme ça Eilys eu envie de le prendre dans ses bras, de caresser sa joue et de lui demander ce qui n'allait pas. Mais rien que de s'imaginer en train de le toucher, elle senti le faussé qui s'était creusé entre eux s'élargir. Maintenant elle n'arrivait même pas à comprendre comment ils en étaient arrivés à dormir ensemble.

« Je ne sais pas, commande ce que tu veux. » dit-il avec un sourire tout en s'asseyant. Eilys lui lança un regard inquisiteur. Non sérieusement quelque chose n'allait pas. Il souriait certes mais à sa manière d'agir, c'était comme s'il disait oui en faisant non de la tête. Eilys était tellement occupée à essayer de comprendre ce qui se passait ou admettre qu'elle allait devoir mettre de côté son envie de s'éloigner de Charles pour s'occuper de lui comme il se doit qu'elle en oublia la personne à l'autre bout du fil.
- Ah pardon ! Oui. Donc euh... Je voudrais passer une commande chez un traiteur...Oui pour deux..., reprit-elle en sentant ses mains trembler malgré elle. Le malaise se faisait de plus en plus pesant et bien qu'elle tourne le dos à Charles volontairement, elle ne pouvait ignorer l'air grave sur son visage. Il ne souriait pas. Il souriait toujours normalement. Eilys eu presque envie de s'en coller une avec sa basse. Et voilà, elle était parvenue à déprimer le plus grand imbécile heureux de la terre...
« En fait, désolé, mais je crois que je vais y aller. Je suis fatigué et j’ai encore beaucoup de choses à faire… » lui dit-il subitement , l'interrompant dans sa commande. La jeune femme se tourna vers le chanteur, le regardant comme si elle ne le reconnaissait pas. Elle hocha la tête, faisant semblant de comprendre mais il était clair qu'il ne voulait pas rester en sa compagnie, se sauvant de l'appartement comme un gobelin ayant aperçut une pièce d'or au loin.

Impolie, Eilys coupa le téléphone sans s'excuser, mettant fin brutalement à la conversation. Elle fixa la porte un long moment, espérant, priant pour que Charles ne la pousse à nouveau et revienne près d'elle. Cependant les secondes s'écoulaient et il ne se passait rien. La jeune femme senti les larmes monter en elle. Eilys le comprenait. Il avait envie de sa liberté, de s'éloigner d'elle mais ce n'était pas une raison pour la larguer comme ça avec l'excuse la plus bidon du monde. Elle avait bien vu qu'il n'allait pas bien et la jeune femme se senti tellement stupide et égoïste de ne pas avoir eu le courage de lui demander clairement ce qui n'allait pas. Charles avait sacrifié du temps, son énergie et apparemment son moral pour l'aider à aller mieux et Eilys n'avait pas eu la générosité d'en faire de même alors que lui n'allait pas bien. La jeune femme eu honte. Ce n'était pas le moment de s'éloigner de lui, c'était trop tôt. Pourquoi ? Elle n'en savait rien. Tout ce qu'elle savait était que dès l'instant qu'il avait claqué la porte, elle s'était sentie faible et sans vie. Lui en voulait-il d'avoir été si faible ? D'avoir fait comme si elle allait bien ? Peut être pensait-il qu'elle n'était pas assez reconnaissante et c'était normal dans le fond. Il lui avait sauvé deux fois la vie dans les bains de foule, il l'avait aidée à préserver son image de fille sage et elle lui proposait quoi en retour ? Une soirée de travail.

- Mais quelle conne ! murmura-t-elle.

Eilys tourna brusquement les talons et se précipita dans sa chambre où elle saisit sa veste en cuir. Il fallait qu'elle retrouve Charles, qu'elle le retienne, lui demande pardon, de rester avec elle parce qu'elle avait besoin de lui. Eilys était prête à l'écouter, à entendre ce qui n'allait pas dans sa vie même si elle devait découvrir qu'il s'agissait d'elle même. Elle serait assez forte pour l'entendre. Elle le devait à Charles.
La sorcière enfila sa veste en cuir par dessus sa petite robe tandis qu'elle marchait dans le couloir à toute vitesse. Elle était en train de prendre ses clés sur sa table basse quand elle entendit la porte s'ouvrir à la volée. Charles était là à nouveau, elle ne rêvait pas. En voyant son air elle se senti à la fois heureuse et effrayée. Qu'allait-il faire ? Allait-il crier ? Évidemment. La bassiste le voyait déjà lui reprocher d'avoir gâché sa vie, de lui saper le moral avec sa mélancolie naturelle. Le cœur de Eilys s'emballa, s'essouffla même - n'ayant presque pas battu pendant des semaines – et sa poitrine se soulevait avec force au rythme de sa respiration manquante. Cependant ce qui lui dit, elle ne s'y était absolument pas attendu.

« J’étais là au studio quand tu as chanté aujourd’hui. »

Le sang de Eilys se figea dans ses veines tandis que l'information remontait à son cerveau. Elle perdit la parole un instant et le fixa comme s'il avait trois têtes. Charles ne pouvait pas bluffer puisqu'il avait visé juste. Il l'avait vue, pire, il l'avait surement entendue. Cette chanson qui décrivait parfaitement ce qu'elle ressentait pour lui, ce qu'elle voulait de lui. Ça expliquait tout désormais. Charles était en colère. Il la fuyait parce qu'elle s'était « attachée » à lui plus qu'il ne le fallait. Il voulait rester libre et rebelle et il était évident qu'avec la bassiste, il n'aurait ni l'un ni l'autre alors il l'abandonnait. La jeune femme senti les larmes monter jusqu'à ses yeux tandis qu'elle retrouva l'usage de la parole, favorisé par la haine soudaine qu'elle ressentait pour Charles en plus d'autre chose.

- Et tu m'as fait croire que tu ne savais pas ! Tu m'as écoutée ! Tu ne devais pas entendre ! Tu ne devais pas savoir ! Cette chanson ne le mérite pas ! s'écria-t-elle après avoir passé une main dans ses cheveux et jeté ses clés sur le canapé. Et dire qu'elle avait été sur le point de lui courir après pour le rattraper. Maintenant elle voulait lui arracher les yeux tellement elle avait honte et peur. Charles s'était sauvé en entendant la chanson, que ce serait-il passé s'il s'était retrouvé face à Eilys lui avouant ses sentiments ?
« Arrête de t’insurger pour une fois, elle est parfaite cette chanson ! » coupa-t-il tout en s'approchant. Par réflexe Eilys recula d'un pas et leva les mains devant elle, essayant apparemment de se contrôler. Sa voix tremblait clairement quand elle prit à nouveau la parole et elle pleurait. Cependant elle n'était pas faible, elle était enragée.
- Non Emrys ! Elle n'est PAS parfaite ! Cette chanson c'est moi ! C'est ce que je ressens pour toi et ce n'est pas parfait, ok ?! elle se passa les mains sur le visage avant de reprendre avec plus de fougue que jamais. Tu n'avais pas le droit de l'entendre ! Si j'ai pas envie de te dire ce que j'éprouve ça me regarde ! Et puis j'ai jamais dit que cette chanson te concernait ! se contredit-elle finalement, ne sachant pas quelle attitude adopter. Elle voulait tout dire et en même temps tout nier. De toute manière Charles avait déjà comprit, c'était pour ça qu'il avait tenté de se sauver avant de tout mettre sur le tapis et de marcher dessus avec ses gros sabots. Eilys le voyait maintenant dans la manière dont il la regardait. Il savait, un point c'est tout. Mais savait quoi ? Elle même n'était pas certaine de savoir véritablement ni même de comprendre. Oui cette chanson lui était destinée mais il ne devait pas savoir. Il devait poursuivre sa route sans rien connaître de la vérité et l'oublier avec le temps. Sauf qu'il était là, et qu'il avait entendu sa chanson. Pour Eilys, c'était une telle violation de son intimité que s'il lui avait dit qu'il l'avait regardée se doucher, elle aurait eu tout aussi honte, voire moins. Des corps de femme il en avait vu plein. Le cœur même de Eilys mit à nu, c'était unique, rare.
« Arrête de mentir, tu t’y prends toujours comme un manche, tu le sais aussi bien que moi… » dit Charles avec un sourire confiant qui fut pour Eilys comme une gifle en plein visage. Il se fichait d'elle, de ce qu'elle ressentait. Qu'est-ce que ça pouvait lui faire à lui ? Il avait eu des centaines de femmes dans sa vie et en aurait encore beaucoup d'autres. Mais ce n'était pas le cas de Eilys – elle était pas branchée femmes... - elle n'avait pas eu beaucoup d'histoires mais toutes avaient une importance à ses yeux, elles symbolisaient ce qu'elle était aujourd’hui. Elles étaient certains de ses tubes. Mais elle refusait de se donner à Charles tout en pensant qu'elle lui donnerait une place majeure dans sa vie sans que ce soit réciproque et pourtant... Il lui avait déjà prouvé être capable de prendre soin d'elle, de l'aider, de la faire passer avant tout. Comme les nuits passées dans ses bras à dormir et non dans ceux d'une autre, la journée à la veiller à l'hôpital... Combien de fois Charles avait fait de Eilys sa priorité mine de rien ? La jeune femme aurait aimé croire que c'était parce qu'il ressentait la même chose mais c'était impossible parce que sinon, lui aussi aurait mal vécu leur séparation. Or ça n'avait pas été le cas. Seule Eilys était devenue une loque, pas lui.
- Arrêtes de sourire ! s'emporta-t-elle en reculant vivement de quelques centimètres mais Charles la prit doucement. Cette chanson n'est pas parfaite, répéta-t-elle la voix tremblant avec force, comme s'il était vital pour elle qu'il admette ce fait. Elle n'existe pas. Elle n'est pas écrite et ne sera jamais jouée ! Il n'y a pas de chanson ! poursuivit Eilys, sa voix se faisant à chaque mot plus suppliante tandis qu'elle plongeait son regard baigné de larmes dans les yeux bleus de Charles.

La jeune femme respira profondément, son souffle étant court, et fixa le jeune homme, son regard allant d'un œil à l'autre comme si elle espérait y trouver la solution en y cherchant bien. Cependant les seules réponses qu'elle obtint, elle les connaissait déjà, elle ne voulait seulement pas les voir.
La bassiste exprimait une crainte et une détresse flagrante rien qu'à l'idée d'être en train d'avouer à Charles ce qu'elle ressentait pour lui. Elle était paniquée de succomber à un homme comme lui, elle qui était déjà si fragile... Il lui fallait quelqu'un capable de la protéger du monde, quelqu'un capable de braver les danger pour elle. Étrangement, plus elle essayait de décrire l'opposé du chanteur, plus l'image qu'elle peignait lui correspondait.
Eilys le laissa toucher son visage poser la main sur sa taille, tremblante comme une feuille, les joues rouges pas la colère et la honte.

- Tu n'étais pas censé entendre cette chanson..., dit-elle dans un souffle sans quitter Charles des yeux, le visage ruisselant de larmes. Jamais elle n'avait soutenu son regard aussi longtemps.

Il y eu un battement de quelques secondes pendant lesquelles Eilys luta avec elle même. La jeune femme avait l'impression de passer son temps à faire ça depuis qu'elle connaissait Charles. C'était surement parce qu'il était plein de contradictions. Elle voulait fuir, le repousser, lui dire qu'elle ne ressentait rien pour lui, mentir quoi. Mais elle voulait aussi pour une fois prendre le risque de monter sur le Sombral, quitte à en tomber et se faire mal. Elle trouverait toujours la force de se relever , elle le devait. Cependant Charles prit la décision pour eux deux. Le jeune homme s'empara brusquement de ses lèvres et le premier réflexe de Eilys fut d'essayer de se libérer.
Charles resserra son étreinte l'obligeant à faire face à ses propres sentiments. Etait-il en train de jouer avec elle ? De « sauter sur l'occasion » ? Par fierté, la musicienne aurait voulu le repousser et lui demander des comptes mais vous savez quoi ? Sur le coup elle en eu plus rien à foutre. De sa carrière, de la chanson, de sa fierté, de la réputation du chanteur, de son cœur qu'elle exposait dangereusement.
Décidée à vivre pleinement cet instant, Eilys respira avec force tandis qu'elle rendait son baiser à Charles, ses poumons manquant d'air. Mais de ça aussi elle s'en fichait. Qu'elle meurt, peu importait du moment que c'était sur un baiser de Charles. La sorcière le saisit par la nuque et lui rendit son geste, avec une fougue presque désespérée, comme une boulimique cédant à l'appel de la nourriture. Elle était affamée d'amour, de Charles et ce soir, elle ne le laisserait pas partir quitte à s'en rendre malade.
Eilys croisa les bras derrière la nuque du jeune homme, prenant appui et lui indiquant implicitement la marche à suivre. Non ce soir elle ne serait pas la petite fille sage. Elle ne le repousserait pas pour protéger son cœur qui n'a que trop peu servit. Ce soir Eilys serait une femme dans les bras de l'homme qu'elle aime sans même le savoir. La sorcière retint son souffle tandis que Charles la portait pour la conduire directement à leur chambre, dans leur lit où le chanteur avait si étrangement trouvé sa place. Sur le chemin elle l'embrassa, le dévora, lui caressant les cheveux.
Si la veille elle se sentait encore morte, ce jour là Eilys était pleine de vie. Son cerveau fonctionnait à toute allure, le sang dans ses veines bouillonnait, sa peau irradiait de passion, ses poumons ne souffraient plus du manque d'air, ils n'en avaient plus besoin.
Enfin elle retomba sur son matelas. D'un geste fébrile, toujours sans quitter les lèvres de Charles comme si ce simple fait allait le faire disparaître, elle passa les mains sur la taille du jeune homme et entreprit de lui retirer son pull tout en caressant son torse sous son vêtement au fur et à mesure qu'elle remontait. Elle agissait avec fougue, comme s'il fallait qu'elle se montre presque brutale pour être certaine que Charles était bel et bien réel, magnifique. Eilys l'embrassa encore et encore, n'ayant jamais été aussi heureuse de risquer son bonheur, se sentant plus vivante que jamais et décidée à lui faire l'amour toute la nuit.





Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » Empty
MessageSujet: Re: CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. »   CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » EmptyDim 10 Oct - 23:11

    Emrys avait royalement ignoré les arguments de la jeune femme, ou plutôt ses tentatives désespérées pour le repousser. Pour lui, c’était comme si elle disait qu’elle n’avait pas envie de lui alors que ses yeux disaient le contraire pour elle. Il avait finalement osé, ne lui laissant quasiment même pas la possibilité de se reculer quand il vint joindre ses lèvres aux siennes, persuadé que de toute façon si elle n’en avait vraiment pas eut envie, elle aurait trouvé un moyen de le repousser plus efficacement. Là, il avait plus l’impression que c’était reculer pour mieux sauter, d’ailleurs il ne fut que moyennement surprit lorsqu’il sentit qu’elle lui rendait son baiser passionnément tout en passant ses mains derrière sa nuque. Il se sentit frissonner malgré lui tandis qu’il continuait à goûter au plaisir de ses lèvres. Il s’était jeté dans le vide comme ça sur un coup de tête, parce que c’était comme ça qu’il avait toujours été, mais désormais c’était autre chose qui l’empêchait d’arrêter le contact. Il continuait à embrasser Eilys et à la caresser doucement parce qu’il en crevait d’envie et ça lui était apparut encore plus clairement que jamais au moment où il avait osé le faire. Putain qu’est-ce qu’il pouvait être con.

    Il descendit sa main qui caressait la joue de la jeune femme et commença à enlever la veste qu’elle avait remis pendant qu’il était partit. Tiens donc, elle avait voulu sortir elle aussi ? Tant pis, elle allait devoir rester à l’intérieur encore un peu… Il laissa la fameuse veste tomber sur le sol sans y accorder plus d’attention et posa ses mains sur les hanches de la jeune femme. Il la souleva doucement, ne décrochant ses lèvres des siennes que pour respirer de temps en temps, il la força à s’agripper à lui tandis qu’il la soutenait en posant une main sur ses fesses. Sans franchement lui demander son avis il se dirigea vers la chambre encore entrouverte de la bassiste. Certes, il avait l’habitude de ne pas y aller par quatre chemins avec les femmes, n’en témoigne son nombre de conquêtes, mais aussi con que cela puisse sonner, avec Eilys c’était différent. C’était comme s’il n’avait plus les pieds sur terre, et déjà qu’il ne réfléchissait pas beaucoup dans ce genre de situations, là il était carrément incapable de penser à quoi que ce soit d’autre que la femme qu’il avait dans ses bras. Il sentait son parfum qui l’envoûtait depuis déjà quelques semaines, le contact de ses lèvres le brûlait presque et lui laissait au passage une sensation d’inachevée qui le poussait à les reprendre quasiment immédiatement d’assaut. S’il avait du choisir entre continuer à garder Eilys contre lui comme ça et ne plus jamais fumer de sa vie, le choix était vite fait, et venant d’un gros fumeur comme Emrys, ce n’était vraiment pas peu dire, même si ce n’était pas la pensée la plus romantique du monde…

    Il finit par monter sur le lit et déposa doucement la jeune femme dessus, se libérant de l’emprise de ses lèvres quelques secondes. Il ne put s’empêcher de plonger son regard dans le sien et il fut soulagé de ne pas y lire de l’angoisse ou un fâcheux éclat prémonitoire de regret. Non, il y lisait à peu près la même chose que ce qu’elle devait pouvoir lire dans les siens, du désir. Il frissonna à nouveau quand elle vint caresser son torse en retirant son pull et se laissa faire de bon gré, souriant comme il l’aurait fait si, quelques semaines auparavant, il avait réussit à lui faire péter un câble et perdre ses moyens. C’était drôle comme, parfois, les choses évoluaient, sans même qu’on ne s’en rende vraiment compte. En quelques semaines, ils étaient passés de la haine, au respect, à l’amitié, à la tendresse platonique pour finalement se retrouver ici… Il n’aurait jamais parié un seul centime sur ce scénario le jour de sa rencontre avec la jeune bassiste, ça c’était sur.

    Remontant doucement la robe de la jeune femme, caressant ses cuisses au passage, il se laissa lentement pencher vers l’avant au fur et à mesure qu’il la déshabillait. Etrangement, ses yeux étaient toujours fixés sur le visage de la jeune femme, ses yeux pétillants de malice comme le premier jour où il l’avait rencontré, mais son visage exprimant plus de sérieux, mais surtout, plus d’affection pour elle. Comme un con, il s’était aveuglé lui-même et laissé prendre au piège, ah celui-là, il ne l’avait pas sentit se refermer sur lui, mais ce soir-là, il se laissait avoir avec plaisir. Emrys releva légèrement Eilys et la rapprocha de lui. Il enleva totalement sa robe et la rejeta quelque part dans la pièce sans vraiment faire attention à où. Il passa ses mains dans le dos de la jeune femme et commença à la caresser doucement avant de venir dévorer son cou de ses lèvres, laissant le soin à la belle blonde de finir de le déshabiller à son tour.

    Relevant ses mains pour décrocher le soutien-gorge de la jeune femme, il remonta ses lèvres le long de son cou pour venir à nouveau chercher ses lèvres. Se laissant encore doucement tomber avec elle sur le lit, il posa ses mains des deux côtés du visage d’Eilys, sentant son désir continuer à monter en flèche. Elle le rendait dingue, encore une fois, mais d’une manière tellement plus agréable que jusqu’à maintenant. Il laissa ses doigts caresser doucement le corps quasiment nu de la jeune femme, prenant plaisir à la sentir frissonner sous lui. Il avait atteint ce qu’il appelait son point de non retour, celui où il perdait totalement le contrôle de ses gestes. Lui qui avait piqué une crise parce qu’il ne se retrouvait plus quand il était avec Eilys était à présent plus que ravi de ne plus réussir à se contrôler…

    * * *

    Le lendemain matin, Emrys se réveilla sous le coup de 10h, dans les bras d’Eilys. Il se souvint de la dernière fois qu’il s’était retrouvé collé à elle comme ça, complètement nu et priait pour qu’elle ne réagisse pas de la même façon. Après tout, elle allait peut-être soudainement se rendre compte qu’elle avait fait la connerie de sa vie, ça lui ressemblerait bien tiens. L’hypothèse lui semblait pourtant peu probable vu la nuit qu’ils venaient de passer, elle avait parut plus que consentante… Rien qu’à l’évocation de ce souvenir, un large sourire naquit sur le visage du jeune homme qui se mit doucement à caresser la jeune femme, quasiment inconsciemment. Il ferma les yeux et posa sa tête sur l’épaule de la jeune bassiste. Ça faisait longtemps qu’il ne s’était pas sentit aussi… Bien, en se réveillant le matin. Il se rendait compte à présent que quand les artistes parlaient dans leurs chansons de renaître dans les bras d’une femme, ce n’était pas que des conneries pour faire vendre. Il y avait un fond de vérité mine de rien.

    Après dix petites minutes, il rouvrit les yeux et n’eut pas le courage de la réveiller en voyant à quel point elle avait l’air de bien dormir. Cela faisait des semaines qu’elle dormait mal et qu’elle était au plus bas physiquement et mentalement, elle avait plus besoin de récupérer que lui, c’était normal. Il se leva et sortit du lit, il enfila son pantalon de la veille rapidement et pénétra dans le salon. Il avait déjà commencé à préparer leur petit déjeuner habituel quand il entendit les clés tourner dans la serrure de l’appartement. Réflexe stupide : il sursauta et chercha des yeux un endroit où il pourrait se planquer. Mais il eut tout juste le temps de se lever de sa chaise que les deux sœurs d’Eilys étaient déjà rentrées. Il leur lança un petit sourire qu’il voulait innocent mais qui faisait plutôt ressentir sa culpabilité qu’autre chose, mais les deux Bizarr’Sisters ne semblèrent rien remarquer. Elles ne se formalisèrent même pas de voir Emrys dans cette tenue de si bon matin, après tout, c’était la scène habituelle du matin. Ce fut à ce moment là que le jeune chanteur remarqua que ça faisait quasiment des semaines qu’ils étaient « en couple ». La preuve, ils avaient passé la nuit dernière ensemble, et personne ne semblait le remarquer, pourtant il n’avait rien essayé de cacher. Cette réflexion le fit sourire.

    Quelques minutes la jeune femme débarqua dans le salon à son tour et Emrys se tourna vers elle, un sourire au coin des lèvres qui lui donnait un air malicieux et qui ne voulait pas le quitter depuis qu’il s’était réveillé. « Bonjour. » souffla-t-il avant de déposer un baiser au coin des lèvres de la jeune femme. Il continua à boire son café jusqu’à ce qu’il entende un peu de bruit venant de la salle où se trouvaient les deux sœurs d’Eilys. Il haussa légèrement les sourcils, se rendant soudainement compte que ça n’allait pas être le plus pratique toute cette histoire… Quand la jeune femme se leva pour aller s’habiller, il la suivit, non sans jeter un coup d’œil autour de lui pour vérifier que personne ne le voyait, et passa ses bras autour d’elle une fois qu’elle fut dans sa chambre. « Tu veux pas qu’on aille chez moi plutôt, ce n’est pas que tes sœurs me dérangent, hein, mais… C’est un peu bizarre quoi. » Le pire, c’est qu’il était persuadé que les sœurs de la jeune femme ne ferait pas de scandale si elles apprenaient ce qu’il s’était passé, mais il n’avait pas envie de crier sur tous les toits qu’ils avaient couché ensemble alors qu’il ne savait même pas encore ce qu’il ressentait vraiment. En plus, ils seraient plus tranquilles chez lui. Et ce fut comme ça qu’ils se retrouvèrent à passer les deux jours suivants enfermés dans l’appartement du jeune chanteur, sans donner de nouvelles à quiconque.

    * * *

    Emrys fut donc moyennement étonné quand il reçut une missive alarmée de la part de leur manager, lui demandant clairement s’il avait kidnappé Eilys, l’avait découpé en petit morceau pour la jeter dans la Tamise. Ce petit mot le fit tellement rire qu’il le montra à son tour à la jeune femme. « Putain je te jure que s’il était pas marié et qu’il avait pas le double de ton âge je commencerais à me poser des questions sur votre relation… » Il avait dit ça sur le ton de la plaisanterie, bien sur. Mais le message de Joe avait au eut le don de ramener dans son esprit une question qu’il s’était posé dés le lendemain de leur première nuit ensemble. « Au fait, ça ne te dérange pas que personne ne soit au courant ? Je veux dire, personnellement moins les gens au courant et mieux je me porte. Je garde un assez mauvais souvenir de la dernière fois que la presse a pensé qu’on sortait ensemble, et si Joe l’apprenait, tu sais très bien qu’il mettrait immédiatement ses amis au courant… ». Sur le coup, il avait dit ça sans même se demander s’ils sortaient vraiment ensemble ou pas. Pour lui ce n’était pas le problème, mais il estimait qu’ils étaient dans une relation, c’était implicite pour lui et ça coulait de source, sans se rendre compte qu’il y avait de quoi en étonner plus d’un, surtout plus d’une. Mais il n’eut même pas le temps d’entendre la réponse de la jeune femme que le manager débarqua dans l’appartement sans frapper à la porte. Emrys en caleçon et Eilys en chemise de nuit, jusque là rien d’étonnant. C’était assez frappant la façon dont personne ne risquait de se douter de rien dans leur entourage tant qu’ils ne les auraient pas prit ‘sur le fait’. Quoi ? Ils avaient agit tellement comme un couple ces dernières semaines ? Visiblement oui. « T’inquiète pas Joe, personne n’est mort. Regarde, Eilys est toujours en un seul morceau et moi je n’ai pas tabassé de journalistes ces dernières 48 heures… » il lança un sourire particulièrement sarcastique à Joe avant d’aller s’affaler dans le canapé, allumant sa première cigarette de la journée. Et voilà que les problèmes commençaient. Emrys n’était pas assez aveugle pour ne pas avoir remarqué que dés que leur manager pointait le bout de son nez, les emmerdes commençaient à leur pleuvoir dessus, la dernière en date ayant quand même été pas moins que la dépression d’Eilys…
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » Empty
MessageSujet: Re: CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. »   CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » EmptyLun 11 Oct - 14:09








A cet instant, Eilys réalisa tout ce dont elle avait manqué dans sa vie pourtant riche. La passion, l'ivresse, la liberté. En fait, toutes ces choses pouvaient se résumer en la seule et unique personne de Charles. Le vide qui s'était creusé en la jeune femme s'élargit encore plus tandis qu'il l'embrassait mais la sensation était agréable car contrairement à avant, elle savait que le jeune homme était là pour tenter de le combler, de la combler elle de toutes les manières qui soient. Être dans les bras de Charles, c'était pour Eilys comme être sur une scène dans un stade de Quidditch, devant une foule en folie. Jusque là, il n'y avait que ainsi qu'elle se sentait vivante, pensant bêtement qu'il lui fallait des milliers de gens pour l'animer, la faire vibrer alors qu'il ne suffisait que des baisers de Charles, de ses caresses. Il était clair que le jeune homme savait comment traiter une femme dans ce genre de cas, il avait de l'expérience.
Merde. Eilys avait commit l'erreur de penser aux autres avant elle. Parce qu'il fallait tout de même l'admettre, si elle, elle avait des tendances de petite Sainte, Charles c'était tout le contraire. Soudain Eilys se mit à penser à Laura et à la possibilité qu'elle ne soit pas aussi « performante » qu'elle. Après tout la sorcière devait être plutôt douée, sinon pourquoi Charles serait-il revenu auprès d'elle plusieurs fois alors qu'il pouvait avoir toutes les femmes du monde, même Eilys ? Rien que d'y penser, la jeune femme blonde se senti se figer sur place, laissant un instant le chanteur u n peu tout seul. La bassiste n'avait pas touché un homme depuis plus d'un an et était persuadée que ça allait se sentir, surtout pour un coureur comme Charles. Et si ce n'était qu'un coup comme ça pour lui ? Argh, non Ely ! Tu avais dit, « on s'en fou ». Mais la jeune femme ne put s'en empêcher, elle pensa aux autres femmes qui étaient passées avant elles et qui allaient suivre très certainement... Cependant, alors qu'elle venait de lui retirer son pull, geste qu'elle aurait presque regretté, Eilys leva les yeux vers le jeune homme au dessus d'elle et vit son expression qui habituellement n'engageait rien de bon pour elle. Le retour de sa tête d'imbécile heureux... Mais, cette fois, Eilys prit le temps de bien l'observer, oubliant un instant qu'elle était censée faire autre chose et surtout l'avoir déjà « vu » depuis des semaines. En fait, il n'avait pas l'air si imbécile que ça maintenant qu'elle prenait le temps. Bien au contraire. Son regard était toujours aussi pétillant mais profond, donnant l'impression à la musicienne qu'il était la porte d'un monde merveilleux, plein de fantaisies. Son sourire n'avait plus rien d'arrogant mais dont le charme et l'érotisme était presque cruel à supporter. Eilys posa une main sur la joue du jeune homme qu'elle glissa sur son cou, l'admirant comme on regarde une œuvre d'art. Peu importaient les autres femmes du moment qu'il continuait à la regarder ainsi, à la rendre vivante à travers ses yeux. Eilys se redressa légèrement, embrassant le jeune homme avec tendresse, se laissant déshabiller par ses mains habiles. Qu'il le fasse, qu'il la prenne, elle s'en moquait désormais. Elle voulait lui appartenir rien de plus.
A partir de cet instant, les craintes de la jeune femme s'envolèrent définitivement. Elle avait prit sa décision et ne le regretterait pas. A quoi bon ? Elle l'avait bien comprit elle même. Séparée de Charles, elle n'était plus bonne à rien, pas même de dormir... Certes elle ne pouvait s'empêcher de stresser légèrement, se demandant toujours si son corps était assez désirable, ses baisers assez passionnés, ses mains habiles, son souffle chaud. Car Charles, lui, il était parfait, sur toute la ligne. Il aurait presque fait croire à Eilys que ce qu'elle ressentait pour lui – elle ne savait pas encore tout à fait quoi mais c'était là – était réciproque. Comme s'il ne voulait plus jamais éloigner son corps de celui de la bassiste, ayant enfin trouvé sa moitié avec qui se lier pour l'éternité.
Eilys eu du mal à retenir un soupire de plaisir tandis que le chanteur caressait doucement ses cuisses, lui retirant sa robe. Jamais elle n'avait autant désiré quelqu'un. Charles la rendait dingue, il perturbait ses sens, son cerveau ne fonctionnait plus normalement, son coeur était affolé mais elle en redemandait toujours plus, avec l'impression que ce mal était le meilleur moyen de la rendre heureuse. Si c'était la souffrance qu'il lui fallait, alors elle être prête à être torturée par lui toute la nuit et les suivantes s'il le désirait.
Ses mains tremblaient légèrement quand elle détacha le pantalon de Charles mais ce n'était pas que par peur ou appréhension. C'était surtout parce qu'elle ressentait trop de choses en même temps, des émotions plus intenses les unes que les autres et difficiles à contrôler pour une femme comme elle, habituée à la passivité. Et pourtant, cette ivresse, elle savait désormais qu'elle ne pourrait plus jamais s'en passer, comme totalement dépendante de ce que lui offrait Charles.

I'm addicted to you
Don't you know that your toxic ?



* * *

Quand Charles quitta le lit le lendemain matin, Eilys ne le senti pas, se contentant de se retourner sur le dos et de croiser les bras sous son oreiller, dormant paisiblement. Elle n'avait pas eu de bonnes nuits de sommeil depuis tellement longtemps... En fait, ça remontait déjà de l'époque de ses seize ans, quand sa carrière a commencé et qu'elle s'est découverte une nature perfectionniste qui l'empêchait de totalement décrocher une fois la nuit venue. Elle avait d'abord été très heureuse et – il fallait l'admettre – charmée, de pouvoir aussi bien dormir dans les bras de Charles. Sauf qu'après leur séparation – qui a paradoxalement marqué l'évocation de leurs sentiments – elle avait eu peur de jamais pouvoir aussi bien dormir sans lui. Et c'était vrai. Comment allait-elle faire désormais ? Charles ne passerait pas sa vie avec Eilys, elle le savait. D'ailleurs, elle se doutait bien qu'il ne la supporterait pas longtemps, « fréquentations » ou pas. Ce serait trop beau qu'il l'apprécie, voire plus, pour la supporter elle, la mélancolique de service.
Ce fut quand elle entendit des clés tourner dans la porte que Eilys se réveilla en sursaut. Charles n'était plus là, son pantalon non plus (le pull n'était pas dans son champ de vision). Immédiatement la jeune femme se mit à paniquer, ses mains à trembler, son cœur à s'emballer. Il était parti sans rien dire, il l'avait déjà abandonnée. Elle voulu sauter de son lit et lui courir après mais elle réalisa alors sa nudité totale. Échappant une petite exclamation de surprise (oui elle ne supportait même pas être nue avec elle même), la jeune femme saisit sa longue robe de chambre blanche qui dessinait la moindre de ses courbes et se précipita dans le salon. Cherchant déjà quoi dire pour retenir le jeune homme.
Le cœur de Eilys manqua un battement quand elle vit que le chanteur était encore là et à sa tenue, il n'avait pas l'attention de partir. Les joues de la musicienne devinrent roses rien qu'en voyait l'expression de Charles alors qu'il la vit entrer dans la pièce. C'était peut être arrogant, voire faux, mais à la malice de ses yeux et au charme de son sourire, elle eut la même émotion que s'il était en train de lui dire secrètement « je t'aime ». Perturbée dans sa contemplation de la beauté de Charles, la jeune femme blonde réalisa alors que ses sœurs étaient ici. Évidemment, le coup de la clé c'étaient elles, pas Charles. Il n'en avait même pas d'ailleurs, quelle idiote.

« Bonjour. » lui souffla-t-il doucement avant de l'embrasser au coin de la bouche. Aussi perturbée que s'ils étaient encore dans la chambre à se donner l'un à l'autre, Eilys fut presque sur le point de lui dire « moi aussi je t'aime ». Mais elle eu l'intelligence de se taire, surtout qu'elle n'était pas amoureuse – non du tout – et qu'elle ne voulait pas lui faire peur. Les joues en feu malgré elle, la jeune femme blonde se rendit jusqu'à Isibeal et Deirdre qui elle le savait – avaient comprit que leur petite sœur était en train de craquer pour Charles – et les serra dans ses bras. Ca faisait des semaines que l'on ne disait plus « les filles » en parlant des trois Weatherfall mais que l'on disait désormais Eilys et Emrys. L'un n'allait jamais sans l'autre et la jeune femme n'imaginait pas à quel point... La sorcière ne but qu'un jus d'orange tandis que Charles terminait son café tranquillement. Elle discuta avec ses sœurs, faisant comme si le jeune homme s'était endormit ici à cause du boulot et non parce qu'il l'avait « fréquentée ».
Toute la nuit.
Eilys culpabilisait un peu mais les quelques dix minutes qu'elle passa à discuter avec ses sœurs, elle n'avait qu'une envie, qu'elles partent pour la laisser seule avec Charles. C'était surement ridicule et égoïste mais le simple fait de le savoir dans la même pièce sans pouvoir le toucher lui faisait mal, comme si la distance qu'elle se devait de respecter était à combat à gagner. Enfin, elle put retourner dans sa chambre s'habiller. Elle avait tellement de choses à faire ! Les répétitions à rattraper, la campagne de pub à programmer avec Joe, l'ordre des chansons pour le concert à vérifier une dernières fois, les réservations, les interviews pour ses deux sœurs...
« Tu veux pas qu’on aille chez moi plutôt, ce n’est pas que tes sœurs me dérangent, hein, mais… C’est un peu bizarre quoi. » lui dit Charles en passant ses bras autour d'elle. Eilys sursauta légèrement, étant prise par surprise alors qu'elle programmait avec sérieux ses journées à venir. Cependant, quand elle entendit le son de la voix de Charles – et il était de réputation mondiale qu'elle possédait un érotisme unique – elle ne parvint plus à réfléchir convenablement. Totalement sous le charme, presque reconnaissante qu'il accepte d'être avec elle - comme quoi les choses changent vite ! - Eilys leva les yeux vers Charles, alors qu'elle s'apprêtait à lui dire « Non Emrys, j'ai beaucoup de travail à faire et toi un album à écrire, allons au studio », la jeune femme hocha tout simplement la tête, un petit sourire au coin des lèvres.

- Allons travailler chez toi, dit-elle dans un souffle avant de l'embrasser avec passion, sa respiration devenant presque immédiatement plus rauque.

Ils « travaillèrent » ainsi pendant les deux jours suivant, sans sortir ni même donner de signe de vie, étant tous les deux très professionnels.


* * *


Il y avait dans le comportement de Eilys une très nette différence que seul Charles pouvait noter et surement ses sœurs – mais elles n'étaient pas là pour voir. La jeune femme comprit qu'elle était tout simplement heureuse quand elle échappa son premier éclat de rire alors qu'elle « travaillait » avec Charles. Ce n'était pas que la situation était particulièrement 'comique', le chanteur étant vraiment très appliqué, mais elle était simplement en train de ressentir une telle dose de bonheur et d'euphorie qu'elle ne parvint à en contrôler le rire. Elle eu peur que Charles ne se vexe mais il était clair sur le visage de Eilys, dans le pétillant de ses yeux mais surtout sur son sourire, celui que personne ne voyait, celui qui d'une rareté surprenante, qu'elle lui adressait, qu'il n'y avait aucune moquerie. Charles venait simplement de faire d'elle une femme heureuse et Eilys eu presque peur qu'il n'ait envie de sauver, pensant alors être pris au piège dans une relation stable qu'il n'avait jamais voulu avec personne d'autre. Ce phénomène arriva encore une autre fois pendant les deux jours de « travail » acharné qu'ils avaient passés chez Charles.
Cependant toutes les bonnes choses ont une fin, même les rêves devenus réalité. Le chanteur et la compositrice furent ramenés sur terre par une lettre de Joe et la sorcière senti à son ton, quand Charles lui donna le papier pour qu'elle le lise aussi, qu'il avait été à la limite d'envoyer une Beuglande.

« Putain je te jure que s’il était pas marié et qu’il avait pas le double de ton âge je commencerais à me poser des questions sur votre relation… » dit le jeune homme sur le ton de la plaisanterie. Cependant Eilys le regarda comme s'il venait de dire quelque chose qui portait à réflexion. Devait-elle y voir une pointe de jalousie ou – au moins – de possessivité dans sa remarque ? Non.. Charles n'était pas de ceux qui veulent une seule femme pour eux seuls mais plutôt de ceux qui les veulent toutes. C'était pour ça que Eilys était bien décidée à profiter du temps qu'il lui accordait du mieux possible avant qu'il ne se décide à passer à autre chose.
« Au fait, ça ne te dérange pas que personne ne soit au courant ? Je veux dire, personnellement moins les gens au courant et mieux je me porte. Je garde un assez mauvais souvenir de la dernière fois que la presse a pensé qu’on sortait ensemble, et si Joe l’apprenait, tu sais très bien qu’il mettrait immédiatement ses amis au courant… » dit-il avec un peu plus de sérieux.

Eilys fixa Charles un instant et détourna le regard, pensive. Ce que disait Charles n'était pas faux. Elle aussi gardait un très mauvais souvenir de leur fausse relation et elle n'avait pas vraiment envie de détruire euh... Elle ne savait pas trop ce qui se passait entre eux mais pour l'instant ça lui plaisait vraiment. En réunissant deux aussi grosses stras que Charlys, Joe avait créé un phénomène mondial qui avait bien faillit coûter la vie à la jeune femme, surtout la deuxième fois. Mais elle avait beaucoup repensé au cas de Joe alors qu'elle « travaillait » avec Charles. Pas qu'elle aime particulièrement pensé à son manager dans ces moments là, hein, mais elle se disait que sans lui, jamais le chanteur ne serait rentré dans sa vie, dans sa peau. Parce que oui, s'il y avait bien une chose que Eilys ne pouvait pas nier, c'était qu'elle l'avait dans la peau. Elle n'eut cependant pas le temps de donner une réponse que le manager en question entra dans le salon, les joues rouges comme s'il revenait du commissariat où il avait sorti Deirdre un nom incalculable de fois.

« T’inquiète pas Joe, personne n’est mort. Regarde, Eilys est toujours en un seul morceau et moi je n’ai pas tabassé de journalistes ces dernières 48 heures… » dit Charles toujours aussi détendu. Eilys croisa les bras sur sa poitrine et voulu aller chercher une autre robe de chambre que la blanche qu'elle portait depuis leur premier matin qui lui donnait trop l'impression d'être nue. En plus, elle était mal à l'aise rien que de savoir que Charles sache effectivement qu'elle ne portait rien sous. Mais avec tout le « boulot » qu'ils avaient abattu ces deux derniers jours, elle n'avait pas franchement trouvé l'occasion de s'habiller.
« Oui, bon, je vois bien ! » reprit Joe visiblement partagé entre l'agacement et le soulagement. Il poursuivit tandis que Eilys, presque instinctivement, vint s'asseoir sur le canapé où Charles s'était affalé, au niveau de ses jambes et regarda son manager avec un intérêt poli totalement feint. Elle devenait vraiment meilleure à ce jeu là au fil des jours. Pourquoi le monde s'acharnait à vouloir discuter alors qu'elle était presque totalement obsédée par son « travail » avec Charles ? « Je suis content que tu ailles bien Eilys mais s'il te plait ne disparais plus comme ça sans donner de signe de vie. Si tu ne veux voir personne je comprends mais dis le moi ou à Mary. Surtout quand tu as des rendez-vous !
- Quels rendez-vous ? demanda-t-elle les sourcils légèrement froncés et l'air soudain tendu.
« Mais tu sais... » commença maladroitement Joe qui sentait qu'il allait encore passer pour le méchant. « Tu dois donner une interview pour Sorcière Hebdo et poser pour la couverture de leur prochain numéro. Tu es l'icône de ce mois. »
- Mais je croyais que l'interview devait porter sur ma relation avec Charles ? J'ai reçu les questions il y a des semaines mais on est plus ensemble maintenant ! dit la jeune femme en rougissant malgré elle. Bon le mensonge s'était toujours pas trop son truc.
« Oui... Mais le jour même de votre rupture ils m'ont contacté pour me demander si ça tenait toujours. Les questions portaient sur comment tu vivais désormais sans Emrys. Je te les ai données pour que tu les prépares. Quand je t'ai demandé si tu voulais vraiment le faire, tu as dis 'pourquoi pas ?'. »

Joe se racla la gorge visiblement mal à l'aise. Eilys détourna le regard, fixant le sol, l'air soudain nettement malheureux. Elle ne se souvenait pas avoir eu cette conversation ni aucune autre pendant les deux semaines qui avaient suivit sa rupture avec Charles. Elle avait été une vraie loque et c'était uniquement maintenant qu'elle se sentait tellement mieux qu'elle se rendait compte ne pas avoir été elle même pendant tout ce temps. Absente. Elle senti la main de Charles non loin de la sienne et par réflexe, elle la toucha furtivement de la sienne avant de la porter à ses cheveux, mine de rien. L'ambiance dans la pièce était redevenue lourde. Joe venait de rappeler des souvenirs que tous voulaient oublier.

« C'est pas grave, reprit Joe en chassant une mouche invisible d'un geste de la main. Je vais les appeler et dire que tu ne peux pas. »
- Non, laisses tomber. Je vais le faire. dit Eilys avec douceur en regardant son manager. Je crois qu'il est important pour les fans de savoir qu'ils ne vont pas assister au concert d'une dépressive mais d'une artiste qui aime toujours autant son travail, acheva-t-elle en rougissant légèrement. Maintenant elle ne pouvait plus utiliser ce mot sans y voir de double sens, ça allait devenir compliqué pour elle...
« Tu es certaine ? » demanda Joe qui n'osait y croire. Il eu un grand sourire quand il la vit hocher la tête. « Parfait ! J'appelle Mary, elle va venir avec toi pour être certaine que tout se passe bien. Voici un double des questions, prépares tes réponses quand même , le rendez-vous est dans trois heures » précisa-t-il en faisant apparaître un document de nulle part et lui donnant. « Merci Ely. Ah, Charles, tu fais du bon boulot. » ajouta-t-il simplement sans en faire des tonnes. Il savait qu'avec le chanteur c'était inutile. Mais en tant que manager, Joe se devait d'être capable de mettre des coups de pieds aux fesses de ses protégés mais aussi de les féliciter. Et il était clair qu'il ne s'était pas attendu à un tel sérieux de la part du turbulent Emrys, qui semblait véritablement être décidé à faire de son mieux pour son prochain album.

Puis le manager tourna les talons, les laissant seuls dans le salon. Eilys survola les questions et en les voyant, elle comprit qu'elle n'avait finalement pas eu tord d'accepter. Contrairement à ses habitudes qui étaient de fuir comme la peste des interviews, celle-ci lui tenait à cœur tout particulièrement. Les joues rouges, la sorcière saisit son sac à main posé au fond du canapé et y fourra sans ménagement les questions, désirant éviter que Charles ne les lise. Elles étaient très personnelles et la jeune femme, qui n'avait rien à lui cacher mais qui était pudique, préférait qu'il les découvre tout seul, en lisant le magazine.

- Bon, reprit-elle en se tournant vers lui le regard fuyant et l'air toujours aussi timide. On a trois heures devant nous. Je pense qu'on a largement le temps de travailler., proposa-t-elle sans savoir elle même quel sens elle voulait donner à « travailler » dans ce contexte.

* * *


Bon, elle avait faillit arriver en retard. C'est fou ce qu'il est difficile de s'arrêter de « travailler » une fois que l'on commence...! La sorcière avait enfilé la première robe qu'elle avait sous la main, mit une paire de chaussures à talons et ne prit pas la peine de se coiffer ni de se maquiller puisqu'elle allait devoir faire une séance photo et que les professionnels s'en chargeraient pour elle. Ses Ray Ban sur le nez, elle embrassa furtivement Charles et transplana. Sa crainte d'arriver en retard lui avait totalement fait oublier que ce serait le dernier baiser qu'elle lui donnerait avant des heures. Eilys ne s'était pas attendue à manquer de lui aussi rapidement.
A peine arrivée dans le studio, la jeune femme senti un vide en elle en plus de son stresse qui commença à monter mine de rien. Et dire qu'elle avait accepté... Soudain la musicienne recommença à avoir peur et se senti toute petite. Heureusement pour elle Mary était là et comme toujours à la hauteur. Eilys fut presque ravie d'avoir fait une courte dépression ces dernier temps, ça lui donnait une excuse pour se faire pardonner par la jeune assistante qui avait été forcée de reconnaître que la bassiste n'avait pas été dans son état normal ces dernières semaines. Eilys détestait parler aux gens comme s'ils étaient des moins que rien, mais elle en avait eu assez qu'on la prenne pour une idiote et tente de la manipuler, si bien qu'elle était constamment sur la défensive.
A peine arrivée on vint la saluer et la conduire vers le salon de maquillage et coiffure. Pendant qu'on s'arrangeait pour la rendre belle (ses nombreuses séances de « travail » avec Charles avaient eu le don d'écourter ses nuits, marquant son visage de petites cernes). Assise sur son siège et prête à se laisser faire, la journaliste arriva, profitant de la petite heure de préparation nécessaire pour faire son interview. Les deux femmes se saluèrent et en bonne professionnelle, la journaliste entra rapidement dans le vif du sujet. Eilys respira profondément et parvint à se ressaisir. Elle pouvait le faire.

« Une tournée mondiale qui débute dans maintenant deux mois, un dernier album vendu à des millions d'exemplaires et une carrière partie pour ne pas s'essouffler, le public n'attendait de vous que de réussir également sur le plan sentimental. Ce que tous avons pensé en découvrant votre relation avec le chanteur Emrys. Depuis votre rupture comment vous sentez vous ? »
« Mieux. Beaucoup mieux. », répondit simplement Eilys qui voulait éviter les pièges.
« Quand la première photo vous montrant en train de vous embrasser est parue, Emrys affirmait que vous en étiez déjà à une semaine de relation. Deux autres après, vous vous sépariez. Pourquoi selon vous ? »
« Je crois que le plus gros problème dans ma relation avec Emrys a été notre mauvais timing. Nous nous sommes connus parce que nous devions travailler ensemble » elle eu un sourire timide « mais lui était en train de composer son prochain album et moi de préparer la prochaine tournée du groupe. Je crois que nous étions pas en mesure de nous investir dans une relation de couple à ce moment là ».
« Quels sont vos liens désormais avec le chanteur ? Des témoins disent que l'on ne voit jamais Eilys sans Emrys depuis quelques jours. N'est-ce pas gênant comme situation ? »
« J'aimerais vous dire que non, tout a été très simple dès le début sachant que nous nous sommes séparés sur un accord commun. Mais j'ai eu vraiment beaucoup de mal à m'en remettre en réalité, plus que je ne l'avais imaginé. Emrys est entré dans ma vie en défonçant la porte d'un coup de pied, jamais je n'aurais imaginé vouloir le suivre une fois qu'il en était sorti. La première semaine qui a suivit notre rupture a été très difficile pour moi mais alors que je ne m'y attendais pas, Emrys m'a aidée. Il a été là pour moi et il est désormais normal que je lui rende la pareille du mieux que possible en travaillant avec lui » là encore, la jeune femme eu du mal à retenir un sourire. Quelle idée d'avoir utilisé « travail » comme métaphore...!
« Êtes vous désormais amis ? »
« Honnêtement, je ne pourrais pas mettre un mot sur notre relation actuelle. Mais tout ce que je peux dire c'est que je ne veux surtout pas que ça change. Je crois n'avoir jamais autant apprécié la présence de Emrys. »

L'interview se termina rapidement. La journaliste avait l'air plutôt satisfaite et souhaita bonne chance à la musicienne avant de la laisser poser pour le photoshoot qui allait suivre. Eilys se sentait fébrile, tremblante mais comme lorsqu'elle se trouvait dans les bras de Charles, c'était agréable. Elle y était parvenue. Elle avait répondu à toutes ces questions sans vraiment dire de bêtises et bégayer. Normalement elle avait bien mit les choses au clair et il était impossible de comprendre quelle était la véritable relation qu'entretenaient les deux artistes, qui eux même n'arrivaient pas à mettre de mot dessus, d'ailleurs.
Elle eu un peu plus de mal pour le photoshoot, ce n'était pas vraiment son truc de se montrer devant tout le monde et être prise en photo. Mary l'aida du mieux possible et à cet instant Eilys regretta de l'avoir autant négligée... Finalement, après une première demi heure maladroite, Eilys parvint à être plus à l'aise. Le photographe lui demanda des photos où elle riait, souriait, montrant qu'elle était bien dans sa peau et heureuse, mais pour seul résultat, il n'obtint qu'un léger sourire en coin malicieux qui en fait rendait plutôt bien. Ce fut d'ailleurs la couverture du magazine. Elle avait l'air d'une petite poupée aux joues légèrement rosées, comme lorsqu'elle était gênée devant ou par Charles lui même, son regard plus poétique et mélancolique que jamais. Quand elle vit l'image, Eilys l'adora immédiatement. Pas qu'elle se trouvait particulièrement jolie dessus – elle détestait se regarder et encore plus en photo (le portrait d'elle dans sa chambre était un cadeau de ses sœurs qui l'avaient fixé à coup de Glu Perpétuelle quand elle avait juré l'arracher) – mais elle adorait ce que son expression supposait et soudain, elle eu presque envie que Charles soit là pour la voir, espérant qu'il comprenne le message derrière ce petit sourire malicieux. Eilys aurait très bien put mimer un éclat de rire pour faire plaisir au photographe mais elle s'y refusa (déjà parce que cette expression ne lui correspondait pas, elle était Black Ely après tout) mais surtout parce que cette photo était supposée être destinée au monde entier, à tous ses fans, à des gens qui se l'approprieraient. Or, Eilys avait offert son rire à une seule personne : Charles. Dans son petit sourire malicieux, elle disait au monde que jamais ils n'en verraient plus, car un seul aurait cette « chance ». C'était beaucoup pour une simple expression du visage, mais pour Eilys sur le coup, ça signifiait énormément. Surement le chanteur ne comprendrait jamais mais elle savait qu'à l'instant où on lui avait demandé de rire, elle avait refusé, préférant le faire alors qu'elle était dans les bras de Charles.

Spoiler:


Quand Eilys rentra chez elle, il était déjà dix heures du soir. Entre le temps qu'elle avait mit à se préparer, l'interview, les différentes tenues et coiffures pour le shooting, l'exposition des photos, le choix de la couverture qui s'était fait en sa présence, la jeune femme avait passé tout l'après midi et une bonne partie de la soirée à travailler – pour de vrai – mais surtout à ne cesser de se dire qu'elle n'avait qu'une envie : rentrer et retrouver Charles. D'ailleurs elle était passée à son appartement mais s'était retrouvée coincée devant la porte fermée. Il avait surement saisit l'occasion pour aller s'amuser. La sorcière fit tout ce qu'elle put pour ne pas être jalouse, sentant pourtant la colère et l'amertume monter en elle mais surtout le vide que provoquaient les absences de Charles. C'était la première journée qu'elle avait passé sans lui depuis leur première fois et honnêtement, maintenant elle avait honte de se dire qu'elle n'avait pensé à lui toutes les secondes, faisant pourtant des choses passionnantes. Rien à faire, elle avait le jeune homme dans la peau.
Eilys jeta sans ménagement sur le canapé l'enveloppe dans laquelle se trouvaient quelques photos du shoot offertes par le photographe pour la remercier d'avoir posé pour lui, dont la couverture. Elle retira ses chaussures et se mit à marcher pieds nus d'un pas traînant jusqu'à sa chambre, espérant pouvoir trouver le sommeil même sans Charles contre elle pour lui donner l'affection et la tendresse dont elle avait besoin. Cependant, quand elle poussa doucement la porte, elle trouva la jeune homme allongé sur son lit.
Heureuse, Eilys lui adressa un sourire rayonnant, celui qu'elle avait justement refusé d'offrir au photographe.







Dernière édition par Eilys Weatherfall le Dim 16 Jan - 3:25, édité 3 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » Empty
MessageSujet: Re: CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. »   CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » EmptyMar 12 Oct - 17:51

    Comme à son habitude, Emrys n’écoutait qu’à moitié les déblatérations de son manager et pour être honnête, pas beaucoup plus les réponses que faisaient Eilys. Il était encore déconnecté du monde réel, comme à chaque fois que son manager venait le voir. Il avait l’impression de se retrouver à nouveau sur les bancs de Poudlard à se faire sermonner par un professeur – McGonagall s’était littéralement acharné sur lui pendant toute sa scolarité ! – parce qu’il jouait ou chantait trop fort ou parce qu’il trainait dans les couloirs la nuit ou encore parce qu’il séchait la moitié des cours de la journée… Non mais franchement, les prof’ avaient tout fait pour lui pourrir la vie. Et il avait la même impression avec Joe, c’était l’homme qui était là pour le freiner dans ses élans et pour le ramener à la réalité quand il le fallait. Même si c’était indispensable pour quelqu’un comme Emrys d’avoir un Joe, le jeune chanteur se serait bien débarrassé de son manager, et à coup de pied dans le c…

    Il tira une bouffée de sa cigarette, toujours à moitié concentré sur ce que les autres disaient. Il n’y pouvait rien, dés que Joe venait il était prit d’une irrépressible envie de lui témoigner par tous les moyens possible qu’il pouvait aller se faire foutre… Peut-être que ça avait quelque chose à voir avec ses menaces de le virer s’il s’approchait de trop près d’Eilys. Oups ? Bah, pour le coup c’était juste un tout petit trop tard, et puis c’était lui qui les avait poussés à travailler – dans le véritable sens du terme. Ils avaient suivi ses recommandations à la lettre, ils avaient juste un peu extrapolé le sens du mot « travailler », rien de bien grave. Le jeune homme ne se réveilla qu’à la brève évocation de son nom. Quand il comprit qu’ils parlaient de sa rupture avec Eilys il ne put réprimer un petit éclat de rire, que Joe s’empressa de ne pas relever. Il avait l’habitude avec Emrys. Il suivit encore à moitié le reste de la conversation jusqu’à ce que Joe s’en aille. Il le salua de la tête, n’ayant même pas entendu ce qu’il lui avait dit sur son travail – pour ce qu’il en avait à foutre, hein, sérieusement ! – et écrasa sa cigarette dans le cendrier posé sur la table basse. Il releva légèrement la tête pour observer Eilys, assise un peu loin sur le même canapé. Un petit sourire malicieux qu’il n’arrivait pas à retenir sur les lèvres, il se releva et se mit à genoux sur le canapé, se pencha vers Eilys tout en prenant son visage entre ses mains.

    « J’attendais que tu dises ça… » Il eut un léger éclat de rire franc avant de venir embrasser la jeune bassiste. C’était pas tout ça mais ils avaient encore du pain sur la planche…

    * * *

    Emrys s’était à moitié rhabillé entre le moment où il s’était relevé et celui où la jeune femme l’embrassa furtivement avant de s’enfuir pour son interview. Il la regarda partir en souriant niaisement sans même s’en rendre compte et il enfila un t-shirt une fois la porte refermée. Il soupira, se demandant bien ce qu’il allait faire de ces quelques heures de « pause », se rendant compte qu’il avait passé les deux-trois derniers jours avec Eilys non-stop et qu’il avait presque comment s’occuper tout seul. Il alla chercher sa guitare et commença à gratter négligemment dessus en chantonnant ce qui lui passait par la tête. Ça n’avait pas grand sens mais bon. Il alluma une nouvelle cigarette tout en continuant à jouer par intermittence. Une mélodie lui revenait en tête, une qu’il était sur d’avoir déjà commencé, mais il la chassa de son esprit, bien décidé à trouver quelque chose de nouveau… Il se sentait assez inspiré ce jour là pour écrire son album en entier s’il le souhaitait réellement. Il passa l’heure suivante à poser les accords sur parchemin et la demi-heure d’après à écrire des paroles. Il n’avait jamais composé une chanson aussi vite, il était même persuadé d’avoir battu une sorte de record du monde, mais c’étaient comme si les paroles lui étaient venues immédiatement en tête, ou plutôt comme si elles avaient toujours été là mais qu’il n’arrivait à les entendre réellement qu’aujourd’hui. Dans tous les cas sa décision fut prise – comme les autres – en moins d’un quart de secondes et après avoir attrapé sa veste, ses clopes, son briquet et sa guitare, il transplana jusqu’au studio.

    Il parcourut les couloirs jusqu’à arriver au studio d’enregistrement où il avait entendu chanter Eilys il y a quelques jours. Il sourit à l’évocation de ce souvenir mais il sentit aussi la cassette – encore dans la poche de son jean, il la gardait constamment avec lui, juste au cas où – le brûler légèrement. Il ne comprenait pas pourquoi, incapable de reconnaître la naissance d’une légère culpabilité dans son cœur. Il ne lui avait pas encore dit qu’il l’avait enregistré, et encore moins qu’il avait l’intention de chanter avec elle sur la bande son pour mettre la chanson sur son prochain album. Mais il y tenait. Finalement il salua Marc, le jeune homme qui avait enregistré Eilys pour lui et qui s’occupait du studio et entra dans la cabine. Il passa une bonne demi-heure à répéter en boucle la mélodie et à chauffer un peu sa voix – il n’avait jamais eut besoin de la travailler vraiment mais quand même, ce n’était pas aussi naturel que ce qu’on aurait pu penser et il voulait que sa voix soit juste parfaite pour ce morceau – avant d’attaquer vraiment le morceau. Il fit un signe à Marc à travers la vitre et se lança…

    Take me away

    this time what I want is you
    there is no one else
    who can take your place
    this time you burn me with your eyes
    you see past all the lies
    you take it all away
    I've seen it all
    and it's never enough
    it keeps leaving me needing you

    take me away
    take me away
    I've got nothing left to say
    just take me away

    C’était ainsi que la chanson commençait… Après plusieurs essais il réussit à faire à peu près ce qu’il voulait et Marc fut assez satisfait aussi du résultat que ça donnait. Il reviendrait en faire plus tard, mais déjà il avait recommencé physiquement à préparer son album et rien que ça, ça lui faisait chaud au cœur malgré lui. Pour un peu il commencerait presque à s’apercevoir qu’Eilys avait raison… Mais il était encore un peu trop fier et déraisonnable pour l’admettre de toute façon, au quant bien même on lui aurait prouvé par A + B. Finalement il laissa le soin à Marc de s’occuper de la cassette qu’ils venaient d’enregistrer et se dirigeait vers la sortie de la maison de disque quand il entendit son nom ainsi que celui de la jeune femme provenant de la salle près de laquelle il passait justement. Il s’arrêta, légèrement curieux, n’ayant pas besoin de passer sa tête à travers l’entrebâillement de la porte pour reconnaitre les voix des deux interlocuteurs, c’étaient Mary & Joe.

    « Oui elle est encore en plein photoshoot. Je l’ai laissé quelques minutes, j’avais des dossiers à récupérer. Elle a l’air d’aller mieux en tout cas… » Joe approuva d’un simple ‘uhm’ mais n’eut pas le temps d’en rajouter, visiblement Mary avait d’autres pensées et opinions à partager. « Tu crois que c’est grâce à Charles ? » Emrys tressaillit rien que d’entendre son prénom, non pas qu’il craignait le pire sur ce qu’ils allaient dire, honnêtement, il s’en foutait comme de son premier balai, mais il détestait toujours autant qu’on l’appelle par son vrai prénom. Ce prénom n’existait tout bonnement pas pour lui, il s’appelait Emrys, point barre. Joe retint un rire qui arriva néanmoins aux oreilles de tous ceux à portée d’entendre la conversation. Emrys retint quant à lui, un petit sourire moqueur. « Ouais je sais c’est ridicule »Ah bah merci !’ Pensa Emrys avant de se concentrer pour écouter ce que Mary continuait à dire. « Mais ils passent leur temps ensemble et depuis qu’Emrys est allé la voir elle va mieux, non ? Je trouve ça louche moi… » Même s’il ne pouvait pas voir Mary, Emrys imaginait assez son air suspect, ainsi que celui perplexe de Joe. Mais le jeune chanteur en avait entendu assez et il voulait les faire flipper, juste un peu, pour leur apprendre à parler de leur vie privée en pensant que personne ne les entendrait. Il avança un peu dans le couloir jusqu’au niveau de la porte et passa sa tête légèrement dans l’entrebâillement. « Bonsoir, vous deux, je rentre chez moi, bonne soirée… » Il leur lança un petit clin d’œil, ne pouvant cacher son sourire satisfait et moqueur quand il les vit tout deux sursauter. Finalement il ressortit et transplana jusqu’à l’appartement, bien décidé à ne pas en parler ni à y repenser.

    Emrys n’était revenu à l’appartement que depuis une petite quinzaine de minutes en fait seulement quand il entendit le bruit des talons aiguilles d’Eilys au-dehors. Il était alors allongé sur son lit, somnolant à moitié tout en fumant sa énième cigarette de la journée. Il était seulement en jean, comme chaque soir quasiment. Quand il l’entendit entrer il sourit malgré lui, attendant de voir combien de temps ça lui prendrait pour le trouver. Elle ne s’attendait visiblement pas à ce qu’il soit là vu son sourire et sa surprise quand elle le vit affalé sur le lit, comme d’habitude. Il écrasa sa cigarette dans le cendrier posé sur la table de nuit et lui lança un petit sourire en coin en retour. Il lui fit un petit signe de la main pour lui dire d’approcher et Eilys ne se fit pas trop prier pour venir se blottir dans ses bras. Emrys passa son bras autour de la jeune femme et déposa un léger baiser dans ses cheveux blonds en respirant son parfum pendant quelques secondes. C’était dans ce genre de moment qu’il comprenait comment il avait retrouvé l’inspiration nécessaire pour écrire la chanson d’aujourd’hui par exemple… Il sourit malgré lui en y repensant. « Comment s’est passé l’interview alors ? » Demanda-t-il doucement, se rendant compte qu’avant il aurait posé la question avant de laisser son esprit s’évader alors que là, il avait carrément envie d’entendre la réponse. C’était une quasi-nouveauté pour le jeune homme qui ne s’était, pendant des années, intéressé à peu près qu’à lui-même. Les seules fois où il s’était réellement intéressé aux vies des autres, c’était dans la mesure où ça pouvait l’aider lui, et pour aucune autre raison.

    * * *

    Ce ne fut que quelques jours plus tard que l’interview de la jeune bassiste parut enfin dans Sorcière Hebdo. Emrys avait étrangement retenu la date et s’était arrangé pour se lever avant Eilys pour intercepter le magazine et pouvoir le lire sans qu’elle n’essaye de le lui arracher des mains. Il avait essayé de la questionner à propos des réponses qu’elle avait donné plusieurs fois lors de ces derniers jours mais n’avait obtenu que des sourires gênés et des « tu verras bien ». Ces non réponses ne l’avaient rendues que plus curieux encore, il savait que si la jeune femme refusait de lui en parler c’était parce qu’elle était gênée de ce qu’elle avait dit lors de l’interview et donc, forcément, il avait envie de lire ça… !

    Assis sur un tabouret haut, le magazine posé sur le bar qui faisait la séparation entre la cuisine et le salon dans l’appartement, il venait de finir l’interview quand Eilys sortit de la chambre. Il était un peu perplexe après la lecture de l’article, non pas que ça ne lui avait pas fait plaisir, au contraire, c’était justement le fait que ça l’ait touché comme ça qui le rendait perplexe. Il cacha sa pseudo-émotion par une expression volontairement figée et dure qui ne lui allait pas du tout. Il fixa Eilys et faisant exprès de ne rien dire pour lui faire peur, il dit : « Je viens de lire l’article. Viens ici s’il-te-plait… » Il avait volontairement dit ça d’un ton froid et neutre et attendait maintenant qu’elle vienne à lui. Il avait tourné légèrement son tabouret pour être face à elle et attendit qu’elle se place entre ses jambes. Sans autre forme de procès il posa ses mains dans le bas du dos de la jeune femme et l’attira à lui, retrouvant son sourire de circonstance avant de venir embrasser tendrement Eilys. Il laissa ses mains caresser le dos de la jeune femme avant de descendre le long de son corps jusqu’à ses cuisses. Il écrasa un dernier baiser sur les lèvres de la jeune femme avant de poser son front contre le sien, son sourire malicieux toujours figé sur les lèvres. « Tu as apprit à embobiner les journalistes je vois… Tant mieux, qu’ils nous foutent la paix pour changer… » L’ironie résidant dans le fait qu’au moment même où il parlait, un journaliste prenait des photos de la scène à travers la vitre du salon.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » Empty
MessageSujet: Re: CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. »   CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » EmptyMar 12 Oct - 21:00







Charles fit signe à Eilys de le rejoindre sur son lit. Le jeune homme venait d'écraser sa dernière cigarette de la soirée avant un bon moment. Comment la sorcière le savait-elle ? Parce qu'en général, pour fumer, il faut porter la cigarette à sa bouche, or Eilys prenait littéralement d'assaut celle du chanteur, comme si c'était ainsi qu'elle pouvait respirer. Et puis, il avait la délicatesse de ne pas fumer alors qu'elle se trouvait dans ses bras, sachant que ses poumons étaient toujours aussi fragiles. Cependant, elle ne s'était jamais aussi peu soucié de sa santé. A quatre pattes, la bassiste avança du pied du lit jusqu'à Charles, un petit sourire malicieux naissant sur ses lèvres au fur et à mesure. Elle avait plus sourit ces derniers jours que pendant ces dernières années. Elle avait un peu honte de l'admettre mais elle faisait effectivement partie de ces femmes qui sont plus belles, plus souriantes dans les bras d'un homme. La musicienne aurait aimé être plus féministe, plus forte, plus cool... Charles passa ses bras autour d'elle et la blottie contre lui avec douceur, sentant son souffle chaud sur elle. Non mais qu'est-ce qu'elle en avait à faire finalement des féministes ? Eilys aurait bien aimé les voir si elles avaient eu l'occasion d'être dans les bras d'un homme comme lui ! Avec le chanteur, c'était comme se retrouver près d'un ravin. On avait peur de la sensation de vide mais on avait la curiosité de pencher la tête pour voir ce qu'il y avait. Certains restaient curieux toutes leurs vies, d'autres prenaient le risque. Eilys avait, elle, littéralement sauté après avoir longtemps reculé.
Il déposa un léger baiser sur ses lèvres et la jeune femme resserra son étreinte. Après une journée particulièrement épuisante, elle était enfin rentrée, chez elle. Eilys ne parlait pas de son appartement ou de son lit, non, mais des bras de Charles. Ils étaient l'endroit le plus accueillant du monde, son foyer, un endroit où elle aurait toujours sa place et l'amour dont elle nécessite. Sans même s'en rendre compte, la sorcière était en train de faire du jeune homme son univers.

« Comment s’est passé l’interview alors ? » lui demanda-t-il tout en la serrant dans ses bras. Eilys eu un moment de battement pendant lequel elle se demanda si elle devait répondre ou non pour la forme puisqu'elle savait que l'attention de Charles était aussi solide que celle d'un furet. Optant pour une solution de compromit, elle fit une phrase simple.
« Je ne sais pas à vrai dire. Je pense avoir bien répondu mais je ne suis pas certaine, je ne l'avais pas préparée. Tant pis. Tu verras bien ».

Épuisée, Eilys soupira et ferma les yeux, n'ayant même pas la force de se rendre jusqu'à la salle de bain retirer au moins son maquillage de top modèle pour dormir. La jeune femme releva légèrement la tête et embrassa doucement le cou de Charles si délicieusement parfumé.
« Désolée mais ce soir, je suis trop fatiguée pour travailler » marmonna-t-elle en reposant sa tête sur le torse de Charles. Là encore « travailler » avait deux sens mais il était clair que pour l'un, il en coûtait plus à Eilys de ne pas le faire.


* * *


Sérieusement, Eilys pensa à plusieurs reprises que l'expression « soit beau et tais toi ! » avait été trouvée par une femme dont le petit ami était particulièrement bavard. Et sexy. Parce que depuis cette histoire d'interview, Charles avait été intenable. Un vrai gamin. Une chance pour lui que malgré tout Eilys le trouvait adorable. Et sexy. Timide, la jeune femme avait refusé de lui dire de but en blanc ce qu'il y avait dans l'interview, curieux, Charles s'était évidemment empressé de tout faire pour en savoir plus. A croire qu'il le faisait exprès... En fait oui; c'était forcé.
Enfin, le fameux jour arriva. Eilys était dans son lit quand elle senti Charles se lever et aller prendre le courrier. Elle aussi avait retenu la date et ce fut pourquoi elle le laissa seul, le temps de terminer la lecture de l'article. Pendant ces interminables minutes, la sorcière resta à paniquer toute seule. Et s'il trouvait l'interview débile ? Ses réponses stupides ? Ce qu'elles signifiaient en vrai surtout ? Et par dessus tout, allait-il regretter ce qu'il était en train de vivre avec elle comme la jeune femme avait eu envie de lui faire payer leur premier matin ensemble, après avoir écrit la fameuse chanson ?
Après un temps qu'elle jugea raisonnable, et surtout parce qu'elle n'en pouvait plus de ne pas savoir, la jeune femme se rendit jusqu'à la cuisine, le pas aussi timide qu'une enfant sur le point d'être punie.
Dès l'instant qu'elle se trouva dans la même pièce que Charles, Eilys regretta d'avoir fait cette interview, d'avoir dit ces mots qui visiblement lui déplaisaient. Le visage de la musicienne perdit ses couleurs avec une rapidité inquiétante et ses jambes lui donnèrent la très nette impression qu'elles n'étaient pas assez solides pour la porter. Quelle idiote ! Comme avait-elle été assez stupide pour croire que Charles aurait tout simplement envie de passer du temps avec elle et uniquement elle ? Qu'il serait ne serait-ce qu'un peu fier de se dire qu'il comptait à ce point pour la jeune femme ? Soudain, Eilys en vint à remettre en question toute leur relation, malade de ne pas être capable d'y mettre un nom. Surement déjà parce qu'elle n'était même pas capable de comprendre ce qu'elle éprouvait pour lui. Elle savait deux choses : l'une qu'elle n'était pas amoureuse puisque c'était impossible, la seconde que chaque instant passés sans Charles était une souffrance et qu'elle ne voulait personne d'autre que lui dans sa vie, qu'il était le sourire sur son visage, les battements de son cœur, la chaleur de son sang. Étrangement, cette description rappelait bien un certain sentiment...

« Je viens de lire l’article. Viens ici s’il-te-plait… » lui dit-il avec un sérieux qui surprit la sorcière parce qu'elle n'y était pas habituée et surtout parce qu'elle se rendit compte qu'elle détestait littéralement le voir ainsi. Elle avait l'impression de ne pas le rendre aussi heureux que lui même le faisait.
« Écoute Emrys... » commença-t-elle en approchant rapidement. Peut être que si elle trouvait les bons mots, elle pourrait le convaincre de ne pas la quitter. Pas maintenant que tout allait si bien. Pas maintenant que tout venait à peine de commencer. Pas maintenant qu'elle avait besoin de lui pour se sentir en vie.

Le jeune homme posa ses mains sur le bas de son dos et Eilys se senti presque impure pour un geste aussi précieux que celui-ci. Et dire qu'il y a quelques semaines elle lui en aurait collé une pour ça, maintenant c'était limite si elle n'allait pas le remercier. Dans un sens, entre temps, ils avaient passé assez de temps « à travailler » pour que la jeune femme comprenne à quel genre d'homme elle avait à faire.
Ce fut quand il retrouva son sourire que le cœur de Eilys manqua un battement. Elle qui avait pensé qu'il était sur le point de lui dire « ça peut plus durer » était en train de l'attirer à lui la charmant d'une de ses nombreuses expressions du visage dont lui seul avait le secret. Eilys fut tellement prise de court qu'elle en perdit la parole un instant, les couleurs de son visage ne revenant toujours pas. Ses joues se tintèrent cependant de rose tandis qu'il glissait ses mains le long de ses cuisses la faisant à nouveau frissonner. Bon quelque chose n'allait pas... Ce fut quand il écrasa littéralement ses lèvres contre celles de la bassiste qu'elle comprit enfin qu'il s'était foutu d'elle, n'ayant apparemment pas résisté à l'occasion. C'était malin ! Elle avait faillit mourir cent fois pendant la dernière minute !

« Tu as apprit à embobiner les journalistes je vois… Tant mieux, qu’ils nous foutent la paix pour changer… » dit-il en posant tendrement son front contre celui de la musicienne. Eilys retrouva petit à petit la faculté de réfléchir. Quand le moment vint, elle ne trouva pas mieux à dire que :
« Espèce de... ! Tu m'as fait peur je te signal ! Je te voyais déjà en train de me dire que t'en avais marre ! » s'exclama-t-elle en lui collant une baffe gentille. Elle voulait avoir l'air outrée mais en réalité, Eilys n'arrivait pas à faire disparaître ce sourire rayonnant sur ses lèvres, reprenant des couleurs au fur et à mesure qu'elle reprenait confiance en Charles. Ignorant totalement le photographe dans l'immeuble d'en face, la sorcière échappa un nouveau éclat de rire si rare et si précieux avant d'écraser à son tour un baiser sur les lèvres de Charles. Elle colla son front contre le sien avant de lui dire d'un ton partagé entre la tendresse et l'amusement : « Toi, je t'adore. »

Le photographe eu un sourire. Ces photos là, ils les revendrait cher, très très cher.


* * *


Eilys décida de passer la journée avec ses deux sœurs avec qui elle n'avait pas eu beaucoup de moments privilégiés. Charles devait travailler sur son album et paradoxalement quand la compositrice initialement engagée pour se trouvait avec lui, leur programme de travail avait tendance à dériver.
La jeune femme s'était évidemment débarrassée de l'exemplaire du Sorcière Hebdo jurant qu'elle refusait d'avoir un magazine avec elle en couverture et parlant d'un article à propos de sa fausse rupture avec Charles en plus accompagné d'une séries de photos. Cependant, à la manière dont le jeune homme avait finit par abandonner, la sorcière se douta qu'il irait toujours s'en acheter un dans un kiosque juste histoire de la taquiner (ce mot est un euphémisme...).
La musicienne avait pour la première fois depuis longtemps véritablement apprécié le moment passé avec ses sœurs sans chercher toutes les deux secondes une excuse pour rentrer et retrouver Charles au plus vite. D'accord, elle y avait pensé plusieurs fois quand même. Mais pour des raisons de liens familiaux, elle se devait de ne pas délaisser ses sœurs, surtout qu'elle était censée véritablement travailler avec Charles et non le « fréquenter ». Heureusement pour Eilys, être avec ses sœurs dans les quartiers Moldus et faire du shopping avait eu le dont de la distraire suffisamment pour ne pas souffrir de l'absence de Charles. Et puis, il était impératif pour la jeune femme blonde d'apprendre à lui laisser sa part de liberté sinon il allait s'enfuir. Mais Eilys ne pouvait s'empêcher d'être anxieuse à l'idée que si le chanteur redevenait trop libre, il ne reviendrait jamais près d'elle.
Les bras chargés de sacs, la jeune femme rentra chez elle en compagnie de ses sœurs. Or, pour son plus grand malheur, les musiciens du groupe arrivèrent à l'improviste, commencèrent à boire un verre ou deux et finalement ils dînèrent avec les filles. Eilys aurait put se sauver chez Charles vers onze heure après le repas mais il était clair que personne n'avait envie de mettre fin à cette soirée improvisée dont l'ambiance n'était qu'un avant goût de la tournée à venir. La plupart étaient là depuis le début, certains – comme Eilys – avaient même achevé leur adolescence avec les filles. Ils étaient tous une grande famille et s'il y avait quelques semaines la bassiste et compositrice pensait que tout son univers se trouvait là, elle n'avait jamais autant réalisé à quel point il était incomplet. A être entourée d'autant de monde, elle réalisa alors à quel point la simple présence de Charles lui était importante, voire vitale.
A force, la jeune femme parvint à oublier l'idée de rejoindre le chanteur. Après tout ils ne devaient que travailler sur l'album et tout le monde aurait trouvé étrange qu'elle ne puisse pas prendre ne serait-ce qu'une soirée de repos. Vers minuit, Isibeal qu'on avait toujours énormément de mal à maintenir en place se mit à la batterie, faisant lever au ciel les yeux de Eilys. Lequel de leurs parents avait été assez fou pour lui mettre un tel instrument entre les mains ? Cependant personne ne pouvait le nier, Isibeal savait mettre le feu en trois coups de baguettes. Il n'en fallut pas plus à Deirdre pour saisir sa guitare et chanter tandis que les autres musiciens saisir leurs instruments, n'attendant pas Eilys qui était toujours la dernière dans ces moments là. La bassiste hésita un instant puis voyant le bonheur environnant, se décida à y prendre part, bien que son cœur soit ailleurs.


* * *


Au moment même où Eilys avait sorti sa baguette elle s'était juré de ne plus le refaire, sinon Charles risquait de la tuer. Mais elle n'y pouvait rien, elle n'avait pas put résister. Environ quatre heures plus tard, la jeune femme avait transplané de chez elle jusqu'à chez Charles. Tout le monde dans son appartement était trop crevé et occupé à dessaouler pour se rendre compte que la dernière des Bizzar'Sisters n'était plus dans son lit. Peu importait, Eilys n'avait pas réussit à s'endormir, à passer ne serait-ce que quelques heures de sommeil sans être dans les bras de Charles. De plus, elle avait finit par boire à force d'entendre ses sœurs insister. Elles adoraient se moquer d'elle quand elle avait bu, sachant très bien que la bassiste ne tenait pas l'alcool.
Ouvrant la porte de l'appartement de Charles, Eilys se rendit directement jusqu'à sa chambre, connaissant désormais les lieux comme sa poche. Il faisait noir et elle se prit plusieurs meubles et murs sur le chemin. Enfin à l'entrée de la chambre – dont elle se prit la porte pensant qu'elle était plus éloignée – Eilys entra, d'un pas qu'elle voulait feutré. Finalement la jeune femme monta sur le lit à quatre pattes et se rendit jusqu'à Charles avant de s'installer sur lui, au niveau de son bassin et le secouer doucement, un sourire enfantin aux lèvres.

« Emrys ! Emrys ! Réveilles toi ! » murmura-t-elle tout en le secouant avec à chaque fois plus de vigueur. « Désolée mais les filles m'ont retenues à l'appartement. Je sais pas toi mais moi j'ai bien envie de travailler un peu beaucoup ! » dit-elle avant d'embrasser langoureusement le jeune homme comme elle l'avait fait pour la première fois sur le canapé de ce même appartement quand elle avait été totalement ivre morte.

Sans même lui laisser le choix, ni le temps de se réveiller, Eilys embrassa le jeune homme toujours plus tout en lui retirant son t-shirt. Il n'y avait pas à dire, « travailler » avec une Eilys sobre et une Eilys bourrée c'était différent. Comme voir l'adaptation d'un livre au cinéma. On préfère l'original mais on est toujours séduit par le son et la couleur...


* * *


Eilys eu du mal à se réveiller le lendemain matin, saggle de bois faisant des ravages. Elle ne sut pas comment mais elle était sur le canapé du salon de Charles visiblement, n'ayant sur son dos qu'un des t-shirt du jeune homme et une culotte. Quand était-elle arrivée dans le salon ? Où plutôt, quand était elle arrivée dans l'appartement ?!
Avec l'impression que sa tête allait exploser, Eilys se redressa lentement, tout en essayant de ne pas faire mal à Charles qui se trouvait sous elle, pas plus habillé. Et voilà, la tornade Emrys avait encore frappée. Comme lors de leur première nuit, ils avaient fait un peu n'importe quoi mais la différence se trouvait dans l'état d'esprit dans lequel se trouvait la jeune femme au réveil. Elle n'était pas déboussolée – si un peu avouons le – et encore moins paniquée. Peu importait ce qu'elle avait fait, du moment que c'était avec lui, ce n'était pas important.
Le jeune homme se réveilla à son tour, ayant surement senti la sorcière bouger et la pièce étant désormais baignée de lumière. Eilys se pencha à nouveau vers lui et l'embrassa tendrement, respirant profondément. Ciel que c'était bon quand même ! Décidée à ne pas se montrer une minute de plus dans cet état là, elle se rendit dans la salle de bain et prit une douche rapide. Ce fut quand elle réalisa que son shampoing à la framboise y était déjà qu'elle réalisa tout le temps qu'elle passait déjà ici. Une demi heure plus tard, elle était habillée, coiffée et maquillée. Un petit sourire malicieux aux lèvres, le regard pétillant, elle approcha de Charles dans le salon et passa ses bras autour de sa taille avant de se mettre sur la pointe des pieds et l'embrasser tendrement.
De l'autre côté de la rue, le photographe se mit au travail. Voyeur, il n'hésita pas à prendre certaines photos qui trahissaient la passion dévorante que ressentaient les deux stars une fois dans les bras de l'autre, incapables de s'en rendre compte eux mêmes.


* * *



Deux jours plus tard, la catastrophe s'abattait sur eux. Cette nuit là, Eilys avait à nouveau été obligée de la passer sans Charles à cause de ses sœurs et de sa carrière personnelle. Ce fut pourquoi elle était dans son appartement quand elle découvrit le nouveau numéro du Daily Prophet et dont le gros titre était un article intitulé « Eilys et Emrys : A quand la vérité ? ». Il y avait tout une page retraçant la relation des deux artistes, ce qu'ils avaient prétendus et faits mais aussi des photos volées et à l'angle de prise de vue, Eilys comprit qu'ils avaient été espionnés. Automatiquement, la jeune femme se précipita aux fenêtres et ferma tous les rideaux avec brusquerie, sentant ses mains trembler. La presse était parvenue à mettre fin à leur fausse relation, elle parviendrait à le faire pour la vraie. Littéralement paniquée, Eilys saisit sa veste en cuir et sorti précipitamment de l'appartement pour retrouver Charles chez lui.
La sorcière tambourina à sa porte, les larmes aux yeux.

« Emrys ! Ouvres ! C'est urgent ! Emrys ! » s'écria-t-elle. Enfin la porte fut ouverte et quand elle vit le jeune homme, la bassiste n'eut pour seul réflexe que de se jeter dans ses bras et y pleurer. Incapable d'expliquer clairement ce qui se passait, elle lui tendit le magazine et se laissa tomber sur le canapé, ses jambes en proie à des tremblements compulsifs. Elle était en train de faire une nouvelle crise, elle la sentait venir. Son cœur battait tellement vite qu'elle ne l'entendait plus, sa température monta et son corps tremblait totalement. Et pourtant, ce n'était pas la presse qui lui faisait peur ou sa carrière, c'était de perdre Charles.





Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » Empty
MessageSujet: Re: CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. »   CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
CHAPITRE 3 « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. »
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Un seul être vous manque...
» Je suis en manque !!! Et vous ???
» Je vous ai manqué ? | Viper est de retour
» CHAPITRE 1 « Inutile d'être arrogant. Le cercle parfait de la lune ne dure qu'une nuit. »
» • Le chien est le seul être qui t'aime plus qu'il ne s'aime lui-même • FT CILLIAN
unbreakable vow :: Londres