AccueilAccueil  CalendrierCalendrier  FAQFAQ  RechercherRechercher  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  

-20%
Le deal à ne pas rater :
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, 144 Hz, FreeSync ...
399 € 499 €
Voir le deal

 

 Pas demain la veille (fe)

Angel Grisham
new & pure
Angel Grisham
hiboux : 4570
maison : Serdaigle
house points : 0
multicomptes : Justin Davenport
Alix Blackstorm
Erik Nielsen
Pas demain la veille (fe) Empty
MessageSujet: Pas demain la veille (fe)   Pas demain la veille (fe) EmptyVen 26 Nov - 13:07

Être l’épouse d’un journaliste vedette n’est pas de tout repos. Angel Grisham le savait parfaitement lorsque, après bien des aléas, elle était devenue Mrs Preston Yates.
Pourquoi ces deux-là étaient-ils tombés amoureux alors qu’ils étaient si différents ? Si beaucoup tenaient cela pour un mystère, eux pas.
Preston représentait la force sage de l’âge mûr. Alliant assurance, stabilité avec un humour subtil, il la fit fondre irrémédiablement. Jamais elle ne s’en plaignit.
Oh, ce ne fut pas toujours rose, loin de là. Très jeune, Angel supportait mal la notoriété qui auréolait son mari. Preston l’adorait mais il était aussi passionné par son travail. Que de fois n’avait-elle pas craint pour sa vie quand, joyeux, il prenait son sac et filait en reportage. Plus ça bougeait, ça bardait, plus il était heureux. Elle n’allait pas l’en priver quand même ? Mieux, Angel employa souvent son art magique afin d’accompagner Mr Yates dans ses missions.
Tantôt en chat fourré dans un bagage, tantôt en secrétaire dévouée, la jeune femme était résolue à protéger son Preston de tout incident majeur. Leur complicité était totale, on peut dire que les deux faisaient la paire.
Heureusement, le monde tournait sans que Mr Yates dût se rendre sur place à chaque événement qui le secouait.
Quelles périodes bénies alors !
Après le bureau, il rentrait à heure fixe tandis que, ravie, elle quittait sa boutique de potions afin de lui concocter ses petits plats préférés en attendant leurs retrouvailles toujours intenses.

Un bonheur en entraînant un autre, Angel eut la grande joie d’annoncer à Preston sa future paternité. Moment intense ! Ce grand fou exulta ! Enchanté, il imaginait mille projets pour l’enfant à naître.
Pendant sa grossesse, il ne fut plus question pour Angel d’accompagner Preston dans ses déplacements. Il poussa la gentillesse jusqu’à les espacer grandement, préférant suivre pas à pas l’évolution de la gestation. Il souhaitait que ce soit une fille et qu’elle lui ressemble. Elle désirait un garçon pour les mêmes raisons. C’est lui qui gagna.
La petite Diana Yates-Grisham vit le jour en décembre 1995 faisant bonheur et fierté de ses parents.


Six mois plus tard…

Preston n’avait pas pu résister à l’appel de son grand boss et était parti depuis un mois en reportage en Afghanistan. A l’aéroport, les adieux s’échangèrent en mode boutade :

Je te jure : c’est la dernière fois. Je veux voir grandir notre trésor. A bientôt, mon amour…


Je t’aime Preston. Reviens vite ! Sois prudent.

Bon, elle n’allait pas chialer ! Elle tint jusqu’à leur grande maison en banlieue. Un pressentiment ? Même pas ! L’absence à elle seule valait le torrent de ses larmes.
Avec Preston, ils avaient mis au point un système de communication peu orthodoxe et très… sorcier.
S’il se sentait menacé, en danger quelconque, son mari devait activer un gallion truqué. Tous les soirs, autant que possible, ils se téléphonèrent. Parfois l’hermine patronus d’Angel rendait visite au reporter. Tout allait bien…


Demain on monte en Jeep dans les collines : un contact important. On forme une équipe formidable. Tu verras les photos ! Je t’aime.

Ultime communication… Elle l’ignorait.

Angel venait de terminer de donner le bain au poupon rose autour duquel orbitait sa vie désormais. La sonnette de l’entrée lui fit froncer les sourcils. Qui diable se permettait de la déranger à cette heure ?

Sur le seuil ses parents et un type dont elle se rappelait vaguement comme collègue de Preston se tenaient avec des têtes… épouvantables. Ils ne dirent pas un mot, leurs yeux parlaient pour eux : il était mort.


*Non ! NOOOOOOooooooooooooooooonnnnnnnnnnnnn !*

Ce qu’elle fit ensuite lui fut raconté plus tard car, choquée, elle n’eut pas conscience de ses actes. Hurlant comme une possédée, elle avait claqué la porte au nez de ces corbeaux porteurs de malheur. Mrs Grisham, sorcière patentée, avait transplané à l’intérieur. Elle l’avait trouvée en train d’étreindre son bébé à l’étouffer. Tous les mots du monde lui passèrent par-dessus la tête.
Les potions ingurgitées de force par sa mère la réintégrèrent dans la réalité à laquelle elle aurait voulu échapper. On lui apprit alors les circonstances du décès de son mari : sa Jeep avait sauté sur une mine… Il ne restait pas grand-chose à rapatrier…

Pendant qu’Angel tentait de surnager à la dépression, les presses internationales commentèrent largement l’ »accident ». De toute part, des messages de sympathie affluèrent ; elle y répondit dans un état second. Il était certain que sans sa fille à ses côtés, Angel aurait sombré.

Les funérailles ? Elle les suivit tel un fantôme. On enterra un cercueil quasi vide ; seul l’ADN prouvait l’identité des restes. Preston, son Preston, l’élu de son cœur s’en était allé… sans elle. Que n’eût-elle pas donné pour le suivre ? La vie l’en empêchait, Diana méritait une enfance digne…

Des mois incertains se succédèrent. Fermée, Angel ne supportait personne à ses côtés. Parents, amis, connaissances, tous subirent ses rebuffades et… pardonnèrent en se désolant.
L’unique humain qui avait grâce à ses yeux était l’enfant chérie : Diana. Pour faire rire sa gamine, Angel souriait aussi, se battait, inventait jeux, surprises. Le reste du monde, hélas, s’était arrêté.


Rester 24h sur 24 avec sa fille n’était pas une solution. Sa grand-mère, Rose Penventies avec laquelle elle avait commencé son éducation sorcière, ne se gêna pas de la secouer un beau soir via beuglante :

Qu’est-ce qui te prend, Angel Grisham ? Preston n’aimerait pas te voir aussi amorphe et désireuse de pourrir votre gamine. Diana a du caractère, si tu la couves trop, bonjour les dégâts ! Je t’adjure de retravailler ou de faire n’importe quoi mais… de vivre ! Reprends le collier ! Foi de moi, désobéis, il t’en cuira !


Histoire d’être vivante, Mrs Yates reparut sur le chemin de traverse. Recevoir, effectuer des commandes, fabriquer des potions l’occupa. Le cœur n’y était pas ? Quelle importance ?

Bébé marcha tout seul. Ce jour-là, Angel pleura comme jamais, joies et peine mêlées. Elle s’adressa au ciel en réceptionnant sa fille dans les bras :


Tu la vois, hein Preston chéri ? Tu vois comme elle est belle et volontaire. Elle te ressemble TA fille… Notre fille...

De là-haut, il était sûrement fier de Diana. Autant s’en persuader et cesser de se lamenter.


1998…

Le monde sorcier aurait-il enfin la paix ?
Un temps, Angel avait fait partie de la résistance contre le mage noir qui voulait asservir l’univers en prônant la pureté du sang. Mais sa vie personnelle l’avait empêchée d’aller risquer sa peau et de participer autant qu’elle l’aurait voulu au rétablissement de l’ordre.
Plus administrative qu’active, elle se consacrait toute à l’éducation de son enfant.
Qu’attendre plus d’une veuve de 21ans et demi nantie d’un mioche de presque deux ans ?
D’argent, elle n’en manquait pas. Preston – soupir – avait veillé à tout. L’assurance vie touchée ainsi qu’un héritage très conséquent, mettaient à l’abri Angel et Diana de tout ennui financier.
Paisible et sans heurt, voilà comment se déroulait l’existence des Yates à ce moment.
Beaucoup de personnes se faisaient insistantes auprès de la jeune femme :


Tu devrais sortir un peu plus. Avant, tu aimais aller écouter des concerts !... Il y a un brunch chez les Davenport. Tu devrais y aller… Et si nous allions au ciné ? Tu adorais ça ! … Viens dîner avec Diana, elle nous manque… etc.

Père, mère, grand-mère et consort y mettaient de l’entrain… En vain.
Toutes les excuses étaient bonnes pour refuser les invitations :


Diana a un rhume… Je ne me sens pas trop bien… J’attends le réparateur télé…

Elle aurait inventé n’importe quoi pour avoir la paix.
Mais il est des devoirs auxquels on ne peut déroger. Les commémorations en sont un bel exemple…

Un jour, elle reçut un très beau carton d’invitation de la part de la BBC.


Très chère Mrs Yates,
Nous avons le plaisir de vous annoncer qu’une soirée commémorative en l’honneur de notre très regretté Preston Yates se tiendra le 8 avril. Nous serions enchantés de vous compter parmi nous à cette occasion. Croyez, chère madame, etc.


Le carton fut réduit en confettis, Angel oblitéra cette proposition, comme toutes les autres.

Le matin du 7 avril, ayant complètement oublié cette invitation, Angel se penchait sur une potion spéciale dans son officine lorsque déboula sa pétulante amie de toujours :


Salut ma belle ! Alors t’es prête pour demain ? Moi j’ai besoin d’un parfum, tu vois quel genre… un qui me représente moi !

Dérangée mais amusée, elle sourit :

Je ne suis pas parfumeuse… mais je peux t’arranger ça. Seulement… Je ne sais absolument pas de quoi tu causes.

Tu es tombée sur la tête ? T’as oublié ?... Non ! Ne me dis pas que tu ne veux pas y aller ? On compte sur toi… Tous ses amis en seront !

En soupirant, Angel reposa ses fioles :


Ah, ce truc.. Non, j’irai pas. J’ai pas répondu. Je… je ne veux pas… C’est… trop tôt.

Trop tôt ? s’emballa Opal McLane. Mais ça fait deux ans, ma chérie. Deux ans que tu refuses la société, deux ans…

Qu’il est parti, merci de me le rappeler. C’est non. J’irai pas. Ecoute… ce n’est pas que je ne veuille pas honorer sa mémoire… Je ne suis pas prête à voir tous ces gens et leur sollicitude qui m’accable plus que ne m’aide...

Ta belle-famille en sera, elle ! Que va-t-elle penser si tu ne viens pas ?


M’en fous. Ils sont gentils mais, franchement, ça ne me botte pas du tout.

Ben moi, je vais te botter les fesses. TU DOIS Y ALLER ! C’est pas marrant, je l’admets, mais tu le lui dois. Son talent, ses passions, tout va être exposé. Si tu n’es pas là, ce sera comme si… tu lui refusais… sa gloire !

Sa gloire… Il avait tant souhaité recevoir un Pulitzer… Il l’avait reçu, l’an passé, à titre posthume… Belle récompense, vraiment. Angel n’y était pas allée… pourquoi se rendrait-elle à cette cérémonie qui sonnait telle une mauvaise farce ? Deux ans après son décès ? De qui se moquait-on ? Qui voulait-on mettre en exergue ?

Contrainte, elle céda mollement.


J’ai personne pour garder Di… ça posera un problème, une gosse, tu crois ?

Aucun souci, même les toutous sont acceptés ! rigola Opal. Mais ce serait tard pour Di. On trouvera une solution. Allez, on va te refaire une beauté. Non mais t’as vu tes cheveux ?

Non, elle ne les avait pas vus. Elle ne s’était pas regardée dans un miroir depuis… longtemps.

Je te passerais bien ma baguette sur la tête mais tu me connais… le résultat risque d’être assez cata…

Ça, Angel s’en doutait. A Poudlard, elles s’y étaient risquées une fois pour un bal… Angel avait été la risée de la soirée avec des cheveux verts et un maquillage vampirique ! Ici, pas question d’être un clown.
Entraînée manu militari, Angel passa par tous les « faiseurs » de miracles moldus en même temps qu’Opal.

Coiffeur visagiste, esthéticienne, manucure, pédicure, modiste : Angel subit l’ensemble avec une patience… d’ange.

La grande salle était bondée quand les jeunes femmes s’y présentèrent. Quoi de plus normal ? Preston était quelqu’un de si…
Cela ne rata pas, les murmures les escortèrent le long de la traversée.
Des marques de sympathies, Angel en avait déjà tant reçues… Des mots au passage, embrassades multiples, il fallait sourire et répondre. Ces gens étaient venus en hommage à Preston. Ils l’avaient aimé… Pas autant qu’elle mais tous le regrettaient. Ses beaux-parents félicitèrent Opal avant de s’adresser à elle :


Merci de l’avoir décidée à venir. Ma chérie, tu as bien fait d’être là. Regarde combien on l’appréciait !

Le plus vibrant accueil reçu le fut de la part de Camilla. L’ancienne secrétaire dragon de Preston l’étreignit avec effusion, exprimant très haut ses divers sentiments :

Oh ma chérie ! Je suis si contente de te revoir enfin. Il te manque, hein ? Il nous manque à tous ! Je sais que tu l’adorais ! Moi aussi… Enfin, je veux dire… mais tu le sais.

Oui, Angel savait que Camillia, sous des dehors austères, possédait un cœur d’artichaut et avait toujours surprotégé Preston même en le houspillant souvent.

Sans vous Camillia, il ne serait pas devenu le grand reporter que nous connaissons.

Le compliment alla droit au cœur de la quinquagénaire qui fondit en larmes en s’épongeant copieusement.

La cérémonie débuta peu après.
Au premier rang des invités, Angel ignora complètement les discours retraçant le parcours professionnel de Preston. Qu’il ait fait ceci ou ça ne comptait pas. À ses yeux il était et resterait le compagnon joyeux, parfois loufoque, qui avait partagé sa vie et fait d’elle une femme.
Le président de la BBC parla à n’en plus finir. Elle n’écoutait pas, revivant des scènes privées jamais révélées. Envies de rire, envies de pleurer… Elle rêvait éveillée. La conclusion était proche : la remise d’un trophée.


Au nom de toute la profession, nous sommes heureux de lui transmettre ce petit témoignage de notre reconnaissance pour ses actions. Mrs Yates…

Flottement. Mrs Yates avait la tête ailleurs. Murmures, coups de coude, on la força à se lever pour monter l’estrade où trônait le portait souriant du disparu.
Angel avait toujours détesté les mondanités et être soumise ainsi aux feux de la rampe était loin de lui plaire. Impossible de s’y soustraire.
Encouragée de tous côtés, il lui fallut se lever et avancer sous les projecteurs. Tendre les mains, réceptionner l’objet massif aux inscriptions multiples, sourire…
Les applaudissements se turent, on attendait manifestement qu’elle y aille de son discours.
Elle, parler en public ? Jamais !
Au micro tendu, elle expulsa un « merci » discret, salua et regagna sa place.
Ouf ! Corvée achevée. Du moins, elle le crut jusqu’à ce que le président reprenne le micro :


Je vous invite tous maintenant à passer au buffet et à visiter notre galerie de photographies.

Je m’en vais, souffla-t-elle à l’oreille d’Opal.

Raté ! Sa copine, soutenue par la parenté, la propulsa dans les salles attenantes.
Un verre de jus d’orange en main, son sac lesté du trophée, elle dut déambuler dans les travées couvertes de tapis rouges en s’arrêtant comme il se devait devant chaque panneau illustré.
Au départ, Angel demeura de marbre. Un collègue de son mari – Patrick O’Neill - la guida, de cliché en cliché, commentant les circonstances de leur prise. Guerres ici, affrontements par là… Preston en avait vu du monde ! Puis, au fil des affiches, les prises de vue changèrent. Ce n’était pas Preston qui avait photographié ces scènes… il y apparaissait trop fréquemment. L’Afghanistan… Son dernier voyage…
Sur une, Preston caressait la tête d’un enfant noiraud ; plus loin, il interrogeait un autochtone…
Pas à dire celui qui avait pris ces clichés avait l’œil pour figer des instants spéciaux avec talent.
Les dernières photos la déchirèrent cruellement. Une rafale due à un déclencheur automatique, sans doute. Une Jeep roule, Preston sourit en parlant au chauffeur, un véhicule part en gerbe…
Fin du parcours.

Figée devant ce tableau illustrant de façon »explosive » la mort de son époux, Angel ferma les yeux à deux doigts de défaillir.
Comment le collègue de son époux avait-il osé lui montrer ça ? Ça, le dernier sourire de Preston, son départ… en fumées, c’était le summum de la cruauté.
Inconscient de ce que cette vision déclenchait en elle, Patrick commenta :


Incroyable, non ? J.O est un photographe hors pair, il était juste derrière lui. D’ailleurs, il est là-bas. Venez.

Poussée malgré ses réticences, Angel fut confrontée à l’autre héros du jour, l’étoile montante du reportage photo : James Oliver Westwood.
Souriant, sirotant une flûte de champagne, ce grand gaillard bavardait très à l’aise avec le président, entourés d’une cour d’admirateurs et admiratrices.
L’apparition de Mrs Yates fit s’écarter les frotteurs de manche.
IL osait lui sourire, lui tendre la main ! LUI avait survécu, se vantait de ses clichés… dramatiques.
Une colère sans nom s’empara d’elle. Flair, instinct ? Elle sut qu’il était du même monde qu’elle, du monde sorcier.
Echange de regard… arrêt sur image. Elle expira puis inspira un grand coup :


VOUS AURIEZ PU L’EMPÊCHER !

Le verre de jus d’orange valsa au visage du photographe, Angel se détourna. Qu’importe les réactions outrées de l’assistance, elle s’enfuma dès que la voie fut libre.

Gestes de tous les jours, la routine reprit.
Il faisait enfin beau en ce début de printemps.
L’officine fermée le week-end, Angel ne put résister à aller se promener au parc proche. La petite princesse Diana ne dissimula pas ses envies d’escampette. La voir pousser comme un champignon, entendre ses commentaires rigolos, rire de ses cabrioles, voilà qui enchantait sa mère.
Lâchée en pleine nature, Di s’envolait en papillon heureux pour la plus grande joie d’Angel.
Assise sur un banc, lisant distraitement un roman, Angel surveillait du coin de l’œil la prunelle de ses yeux. Di ne s’approchait-elle pas trop de cet étang ? Les cygnes sont plus vicieux que ce que l’on pense en général. Pas d’alarme en vue, elle lut trois lignes. Un cri… Sursaut et bond.
Qu’est-ce que c’était que cette touffe de poils qui s’en prenait à Diana ?
Un chien ? Horreur ! Bon, les lévriers afghans ne sont pas des pitbulls… N’empêche que celui-là semblait considérer Di comme une sucette à lécher avec délectation. Ni une, ni deux, Angel courut à la rescousse :


Fous-le camp ! Laisse-la tranquille !

Tirer le chien en arrière, essayer de relever l’enfant hilare baveuse de léchouilles : beau cinéma.

Vas-tu arrêter ?


Rien à faire. Sa baguette la démangea, histoire de les tirer du pétrin. Le maître de l’hirsute intervint, enfin… Stupeur.

Vous ? Cet animal est à vous ? Retenez-le ! Si vous n’y arrivez pas, je…

Vous avez vu les 101 dalmatiens ? Non ? Vous devriez car la scène suivante en est une belle illustration.

Tirant, poussant, se débattant, les protagonistes tentèrent de libérer le chien et la gosse. Le résultat se termina par un splendide plongeon dans le lac.
Trempés jusqu’à l’os J.O et Angel s’affrontèrent à nouveau :


Vous… Vous l’avez fait exprès !

Dégoulinante, furieuse, Angel hésita. Lui foutre une baffe ? Rigoler ?
Sur la berge, un chien et une fillette batifolaient…


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Pas demain la veille (fe) Empty
MessageSujet: Re: Pas demain la veille (fe)   Pas demain la veille (fe) EmptySam 27 Nov - 21:09

L‘explosion répercuta sur les parois de pierre, déclenchant des éboulis…La panthère, blessée, feula, rauque, se recroquevillant. Survivre. Unique but. Tapi sur l’étroite corniche, l’animal avait peur, la douleur à son épaule atteinte devenait brûlante…Il aurait voulu se lécher la plaie, mais était déjà trop faible. S’élancer, lors de la chute mortelle, avait demandé un effort suprême, dû uniquement à l’instinct de survie. Atteindre la corniche tenait du miracle, seule la force de ses pattes trapues et l’équilibre de sa très longue queue avaient permis que ce vol plané atteigne son but.

Voix. Cris. Encore un éboulis. Des cailloux de diverse taille, lui tombèrent dessus, pas trop gros, pour sa chance. Il bougea à peine, sans être totalement conscient, il reconnaissait le risque d’un mouvement brusque. S’accrochant à la froide surface, il entreprit une lente reptation pour rester plus près de la paroi solide. Encore des cris. Des ordres fusaient…en anglais, afghan, italien…

*Ils étaient derrière nous…ceux de la RAI…*

Il essaya de lever la tête, de crier…Vain effort. Sa voix était réduite à grognements incertains, quelque part, son corps avait reçu les éclats de la mine…Luttant pour conserver la conscience, il essaya de fixer son attention sur quelque chose de tangible, de plus réel que cette sensation de flotter déjà hors de son corps…

Son esprit partit très loin…Triste nouvelle pour Maman Rose et Maman Magnolia…mort solitaire quelque part dans ces montagnes, si loin de chez lui…

Le soldat afghan jurait l’avoir vue, la panthère, là, sur la corniche…mais à sa place on ne trouva qu’un photographe américain, assez mal en point. Comment était il arrivé là !? Personne ne pouvait l’expliquer…Il aurait fallu être…une panthère pour faire un bond si prodigieux, or il s’agissait bien d’un être humain en chair en en os. Pour sa chance, il avait déjà perdu connaissance quand on entreprit les manœuvres de sauvetage.


Il se réveilla deux jours plus tard, dans un hôpital militaire, loin de ces montagnes damnées et de la fichue guerre. Deux femmes étaient penchées sur lui, guettant chaque battement de ses cils.

Franchement, mon chéri…un de ces jours, tu nous tues de la trouille.

Maman Rose.

Dieu merci, tu es en d’une pièce.

Toujours pratique. Maman Magnolia.

Comment ces deux énergiques avaient réussi à le joindre là ? Allez le savoir ! Mais il y a des choses que seul l’amour d’une mère atteint…ne disons pas de deux ! À part être un peu amoché, la prunelle de leurs yeux se portait assez bien. Il vivait. C’était plus de ce qu’on pouvait dire de ses compagnons.

J.O prit très mal la nouvelle de la mort de Preston Yates et de Mahmoud, le chauffeur. Il vivait, merci une chance folle et inexplicable pour tous. Lui, il savait. Son instinct l’avait sauvé, comme tant de fois quand gosse casse cou, il entreprenait des aventures hasardeuses…Cet instinct magique qui le transformait en fauve des hauteurs pour sauver la mise quand il aurait dû, en commun mortel, y laisser la peau…

Rose et Magnolia Westwood firent, selon leur habitude, jouer toutes les influences à portée de main pour rapatrier leur enfant chéri. C’est ainsi que J.O alla se reprendre des sursauts de sa trépidante existence dans le confort douillet de la demeure maternelle. Il avait toujours aimé cette énorme maison chaleureuse et lumineuse, qui l’avait si bien accueilli des années auparavant, le mettant à sauf des moments les plus sombres de sa vie.

La triste fin de ce voyage au creux de la guerre, lui donnait pas mal de quoi penser. L mort, en soi, ne l’effrayait pas, il voyait comme part intrinsèque de l’existence même…mais pas comme ca ! Pas si soudain, Pas si vite. Pas en laissant sans faire tant de choses auxquelles il ne pensait même pas…Ce qui le menait, sans cesse à penser à Yates. Cet anglais si…anglais avait su lui faire voir la différence entre vivre par le simple fait de respirer et courir l’aventure…et vivre pour donner une raison valable à chaque pas qu’on fait. Preston lui, en avait des raisons pour vivre. J.O avait vu les photos de sa femme et de son petit bout de fille, qu’il adorait par-dessus tout. Pendant ce mois partagé, dans les décours de la guerre afghane, ils en avaient échangé des confidences…enfin, Yates avait parlé, à tort et travers de son Angel est sa Diana…

Il était mort. Lui, était vivant. Des jours durant une espèce de remords douloureux l’avait taraudé, le faisant se sentir presque coupable. Mais la mort ne choisit pas au hasard, elle sait exactement qui part et qui reste. La veille de l’accident il avait rêvé de la Banshee…

Mais la vie, tant qu’on y était, devait reprendre son cours…Un mois de repos, à se faire chouchouter suffisaient largement. Les dames Westwood auraient bien vouloir le retenir mais c’était la même chose que vouloir mettre le vent en bouteille.

Je vous promets de faire gaffe aux mines terrestres…si vous voulez, j’irai à dos de mulet…ça flaire le danger, ces bestioles !

Maman Rose lui avait administré une tape. Magnolia, elle avait froncé les sourcils.

Ok…je ne ferai que des photos sympas…

Pour lui, toute bonne photo pouvait l’être, mais cette fois, le gars tint parole. Fin 1997 sa série de photos « Les sourires de la misère » remporta le Pulitzer. Il avait couru le monde…ce monde triste et oublié de l’enfance pauvre et trouvé, ô merveille, le sourire magique des enfants…et fait remarquer au monde entier, qu’un enfant n’est que cela…un enfant…mais que les plus pauvres entre les pauvres sont ceux qui sourient le plus sincèrement. La photo d’une merveilleuse gamine dans les plus sordides slums de Calcutta, illustrait la présentation. Elle portait une fleur blanche, fichée derrière son oreille et souriait…comme si tous les trésors des maharajas avaient été à porté de sa main.

Coup d’œil à la montre. Juron. Il serait en retard. Pas de doute. Cela faisait un moment qu’on aurait dû atterrir mais voilà que son avion tournait sur Heathrow, en attendant son tour pour prendre piste. Finalement, après une demie heure , le vol 243 de Qantas, se posa sur le tarmac…Il fallait avant tout, récupérer SaP. La pauvre bête serait dans tous ses états. Pas de 1ère. Classe pour les toutous. Il avait obtenu, magie aidant, toutes les permissions et autres pour que son grand Sac à Puces, noble prince afghan, mais chien à la fin, ne dusse pas subir l’opprobre d’une quarantaine solitaire.

Soirée exclusive de la BBC. Il aurait pu refuser de s’y rendre mais il s’agissait d’un hommage à Preston Yates. Deux ans déjà. Le temps volait. On ne lui avait fourni que des détails sommaires. On allait exposer quelques de ses photographies de ce dernier voyage…Il n’aurait pas un mot à dire, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Que pourrait il dire !?

Comme on pouvait le prévoir, il arriva en retard et rata tous les discours. Tant pis. On avait remis un souvenir à la jeune veuve. J.O détestait ces cérémonies de commémoration. À quoi bon revivre la douleur d’une perte ? Pauvre femme… Assez avoir perdu son mari de la sorte, deux ans auparavant, comme pour qu’on ait le besoin de retourner le couteau dans la plaie.

Personne ne fit trop de foin pour le retard. Il arrivait au cocktail, lui qui ne voulait que dormir. Sap, lui, roupillait comme un roi à l’hôtel. Chien privilégié…Le président de la BBC avait le don du discours. J.O n’écoutait que d’une oreille, sans rater pour autant les propos que lui tenait la jolie blonde, à sa gauche…ceux de la brune, un peu plus loin et encore la belle rouquine qui …

James…permettez moi de vous présenter Mrs. Yates !

Atterrir au plus vite. Mrs.Yates ? La femme de Preston ? Cette si jeune femme au regard flamboyant ?

Les photos entrevues ne lui faisaient aucune justice…Pas le temps de trop détailler, elle le dévisageait comme qui dévisage son pire ennemi, en grondant, furieuse.

VOUS AURIEZ PU L’EMPÊCHER !

Il aurait voulu le faire mais…

Être baigné de jus d’orange n’était pas son idée pour finir la soirée, mais elle faisait déjà demi tour, olympienne, et le laissait là en dégoulinant de la vitamine C.

Quelle folle !, assura la blonde, roucoulante tout en lui essuyant la veste.

Folle? Il ne le croyait pas. Pour qu'une femme que son mari avait décrite comme le summum du savoir faire et bons sens réagisse de la sorte il fallait une raison très puissante. Un minable pressentiment se glissa dans son esprit.

O'Neill...Il me semble que vous accompagniez Mrs. Yates...peut être sauriez vous...

Il savait...et comment. Sans aucun remords, O'Neill reconnut avoir mené la jeune femme en un parcours de l'exposition. Oui, il s'était chargé lui même des choix des clichés, faute de mieux, puisque J.O se trouvait aux Antipodes, pour alors. Les derniers pris lors du voyage fatal.

VOUS LUI AVEZ MONTRÉ ÇA!?

Et l'autre, sans ambages, de reconnaître que oui. Il ne s'attendait pas au poing plein la figure, accompagné d'un grondement de fauve furieux.

TRIPLE CRÉTIN...quel manque de tact!!!


La scène fut dûment documentée par quelques paparazzi présents. Le lendemain, un J.O frénétique mettant K.O l'adjoint de la direction de la BBC, faisait la une des nouvelles...

On le taxa de dingue mais il pouvait se permettre ça, après tout, si vous êtes célèbre…autant en tirer du profit. Le reste de la soirée se passa sans encombres, plus de jus d’orange ni veuves éplorées, la brune emporta le concours de son attention et la nuit finit joyeusement, dans sa suite au Ritz…SaP, râla un peu, mais qui y faisait attention…

Rester à Londres un temps ? Pourquoi pas ? C’était toujours mieux que courir par là, en esquivant les balles de n’importe qui…De persister dans l’affaire, il finirait bien par en trouver une qui porterait son nom…En plus, ce cher SaP avait besoin de prendre de l’air, de se sentir comme un chien normal…ce qui, même si J.O en rêvait, s’avérait assez impossible. La noble bête, prince entre les princes, de peu et roi de la gent canine, selon celui qui avait eu l’heur de lui en faire cadeau, s’adaptait bien que mal à cette vie de saltimbanque qu’il avait l’habitude de mener. La fidélité même, loyauté était son deuxième nom...en fait le troisième puisque, encore chiot inoffensif, il répondait au gaillard nom de Khan. Sauf que J.O West ne s’encombrait de détails moindres. Une fois qu’il l’eut vu se gratter avec fol enthousiasme, et de le faire lui aussi, une visite au vétérinaire le plus proche s’était imposée…Noble ou pas, Khan était infesté de puces…On combattit le fléau mais le nom lui resta…Sac à Puces.

Reviens, bon sang ! SaP…reviens là ! Maintenant !

Ben… quand un chien veut jouer au sourd, pas question de lui faire changer d’avis. Khan, était un lévrier…et ça sait courir, ces bestioles là. J.O était en bonne forme mais ne cherchait pas à battre un record olympique.

Pénible spectacle. La noble bête poilue avait trouvé l’objet rêvé se ses délires de chasseur frustré…N’allez pas croire de suite que ce brave chien étripait quelque proie de choix…Pas dans un parc londonien…Khan adorait les enfants. Allez savoir pourquoi !...Et le voilà qu’il avait plaqué à terre une fillette et le léchait avec entrain…Bien entendu, la mère de la petite ne semblait pas apprécier tant d’affection et luttait, en vain, avec l’entêté.

Fous-le camp ! Laisse-la tranquille ! Vas-tu arrêter ?

Mais bien entendu, SaP ne voulait écouter la pressante prière, d’autant plus que la mioche semblait s’en donner à cœur joie et riait, ravie.

Bon sang, Sac à Puces…arrête ce cirque…


Il tira du collier mais Khan ne démordait pas de ses viles intentions. La maman, furieuse, s’en prit à lui mais au milieu de la diatribe qu’elle comptait lui larguer, un certain déclic sembla se faire dans son esprit…et une seconde après dans celui de J.O.

Vous ? Cet animal est à vous ? Retenez-le ! Si vous n’y arrivez pas, je…

J’essaye…SAP …ÇA SUFFIT !!!!

Mais bien sûr, entre vouloir et pouvoir…S’en suivit une belle mêlée. Elle tirait de son côté, lui du sien…Khan alias Sac à Puces, se défendait, la fillette riait…puis allez savoir comment, un coup de coude l’envoya valser dans l’étang. Il jurerait plus tard ne pas l’avoir entraînée mais le résultat était évident…La mère de la petite se trouvait autant dans la flotte que lui et elle n’était pas ravie.

Vous… Vous l’avez fait exprès !

Exprès !? Exprès ?...Désolé de vous contredire…mais c’est vous qui m’avez poussé !!!

Pendant un instant, ils se dévisagèrent. Elle hésitait. J.O s’attendit au pire. Il allait se prendre la baffe de sa vie de cette dame trempée et le pire est qu’il l’aurait sans doute gagnée. En terrain sec, Sac à Puces et sa « victime » s’en donnaient à cœur joie.

Ok…je reconnais que mon chien est dingue…le pauvre, pas sa faute…Il a pas trop d’amis…

Mais le moment se prêtait mal aux explications. De quelque chose devait servir avoir été élevé par deux dames si exquises, le plus galamment du monde, il tendit la main à la jeune femme pour l’aider à sortir de l’étang mais elle n’était pas d’humeur et sortit par ses propres moyens. Ils avaient l’air fins, là, à se dévisager en chiens de faïence. Par un de ces hasards miséricordieux, le spectacle n’avait pas eu de témoins, autant profiter de l’aubaine. Un sortilège de séchage, informulé, plus tard, et ils fumaient gentiment mais au moins étaient secs et présentables.

Il fallait quand même dire quelque chose, sauf que pour l’instant, J.O se sentait un peu à court d’arguments. Le regard bleu de Mrs. Yates semblait vouloir le pétrifier sur place.

Je…Je suis franchement désolé…

C’était le moindre à dire. Une profonde inspiration plus tard, il embraya avec la suite.

Pour maintenant…mais aussi pour l’autre soir. Vous n’auriez jamais dû voir ces photos…O’Neill est un crétin de la pire espèce…

Pas besoin d’entrer en détails. Elle, comme tout le monde, savait exactement de quelle façon il avait réglé l’affaire.

Sans perdre plus de temps en politesses, J.O. opta pour aller s’occuper du prince afghan qui continuait à faire des siennes, à la grande joie de la petite miss. Attrapé par la peau du cou ou par la première touffe de poils à portée de main, Khan fut sommé à reprendre une attitude plus digne. Dans son cas, un air de pénitent en quête de pardon.


Tu devrais avoir honte…

C’est quoi ça ?, sembla demander le brave toutou en jappant, joyeux.

La petite fille, cheveux ébouriffés, joues roses et un air ravi, semblait quitte pour la répétition.

S’accroupissant face à elle, il lui enleva doucement quelques brindilles des cheveux.


Tu es devenue une adorable petite princesse, Diana…

Peu importe l’âge, une femme est une femme, et les compliments sont toujours bien reçus. La récompense de J.O fut un sourire resplendissant et une petite demoiselle lui sautant au cou. Maman suivait la scène, l’air grave, un sourcil en accent circonflexe.

Je sais que ce n’est peut être pas la meilleure façon de faire connaissance…enfin, après le jus d’orange de l’autre soir…Faisons semblant qu’il n’en est rien et que…Voilà, je suis Oliver James Westwood…enchanté de vous connaître, Angel !...Il fait un peu frais pour la saison, enfin…c’est Londres…ça vous dirait, un chocolat chaud ?

Instant de réflexion maternelle. Diana, toujours accrochée à son cou et flanqué d’un Sac à Puces plein de princière dignité, J.O eut un de ces sourires qui auraient attendri…un ange ?
Revenir en haut Aller en bas
Angel Grisham
new & pure
Angel Grisham
hiboux : 4570
maison : Serdaigle
house points : 0
multicomptes : Justin Davenport
Alix Blackstorm
Erik Nielsen
Pas demain la veille (fe) Empty
MessageSujet: Re: Pas demain la veille (fe)   Pas demain la veille (fe) EmptyLun 29 Nov - 11:40

Le week-end commençait plutôt mal. Un chien fou agressait Diana, et son maître – pas moins fou – la faisait tomber à l’eau ! De plus il n’était rien de moins que le gars qu’elle avait aspergé de jus d’orange à la fin de la commémoration.
Ils avaient l’air fin !


Ok…je reconnais que mon chien est dingue…le pauvre, pas sa faute…Il a pas trop d’amis…

S’il saute ainsi sur tout le monde, il n’est pas prêt d’en avoir !

Furieuse ? Même pas. Enfin juste comme on est censé l’être en pareille circonstance. S’il fit un geste pour l’aider à sortir du bouillon, elle l’ignora, se concentrant sur le devenir de la fillette léchée à qui mieux mieux.
Hasard, chance ? Les deux sorciers purent se tirer du bain sans que personne ne voie les dégâts causés aux tenues.
Pratique, West les fit sécher en un clin d’œil, s’excusant à la va-comme-on-peut :


Je…Je suis franchement désolé… Pour maintenant…mais aussi pour l’autre soir. Vous n’auriez jamais dû voir ces photos…O’Neill est un crétin de la pire espèce…

L’affaire avait été suffisamment commentée pour qu’elle soit au courant des suites.
Cette fois, c’était à elle de demander pardon :


Je… j’ignorais que vous n’étiez pas responsable du choix des clichés. Merci de lui avoir donné ce qu’il méritait.

Sa confusion devait être visible. Avec tact, J.O passa l’éponge et s’intéressa aux folles cabrioles de son chien qui, après quelques semonces, cessa son cirque.
Etonnant de voir avec quelle douceur et gentillesse, ce grand gars redressa la fillette hilare et remit un peu d’ordre dans sa mise :


Tu es devenue une adorable petite princesse, Diana…

Mots simples mais choquants :

*D’où sait-il son nom ?*

Autre fait non moins troublant voilà que Miss Yates sautait au cou du photographe, la mine la plus émerveillée du monde. On ne pouvait nier que Di n’ait pas bon goût. En le regardant bien, ce gaillard avait… de l’allure. Encore plus lorsqu’il se tourna vers elle avec un sourire désarmant et une proposition des plus honnêtes :

Je sais que ce n’est peut être pas la meilleure façon de faire connaissance…enfin, après le jus d’orange de l’autre soir…Faisons semblant qu’il n’en est rien et que…Voilà, je suis Oliver James Westwood…enchanté de vous connaître, Angel !

*D’où diable me connait-il ? Manque pas de culot !*

Il fait un peu frais pour la saison, enfin…c’est Londres…ça vous dirait, un chocolat chaud ?

Ce gars en savait long sur elle, pas à dire. Curiosité en éveil et coincée par le tableau charmant qu’il offrait avec sa fille pendue à son cou, que faire d’autre ?

Il me semble que vous connaissiez l’essentiel sur moi, Mr Westwood. Va pour un chocolat. Je ferai mon possible pour ne pas vous l’envoyer à la figure, cette fois.

Di refusa obstinément de lâcher son porteur. Qu’est-ce qui la fascinait ainsi chez cet homme ? Peut-être sa jeunesse ? Il est vrai que l’enfant avait très peu vu son père et que la majorité de la gent masculine orbitant autour des isolées était assez âgée. Py Grisham et Py Yates étaient de beaux spécimens encore verts mais ne tenaient pas la comparaison avec la carrure athlétique de Mr Westwood.

L’entrée dans le café amena aussitôt le garçon vers eux :


Madame, Monsieur… nous sommes désolés. Les chiens sont interdits dans notre établissement.

Remarque ironique de West… Il n’y avait aucun chien de visible. Stupeur, excuses.

Qu’en avez-vous fait ? souffla Angel alors qu’ils s’asseyaient près des radiateurs.

La réponse était simple, l’animal avait l’habitude d’être réduit à la demande. Elle pouffa :

Si cela ne lui fait aucun mal, je trouve ça très… pratique.

Les chocolats furent commandés, Angel fouilla son sac. Une remarque de J.O l’interrompit, l’obligeant à le dévisager ébahie :

Oui… Je cherche mon médicament contre cette fichue allergie… Exact, sinon je gonfle comme un ballon ! Mais…

Elle plissa le nez, contrariée :

C’est Preston qui vous l’a dit, non ? Pourquoi diable a-t-il été vous raconter un truc pareil ? J’espère qu’il s’en est tenu là !

S’amusant à ses dépends, J.O commença à raconter des choses qui amenèrent un fard terrible aux joues d’Angel.
Preston avait osé lui raconter leur première rencontre ? Misère… Tout y était, depuis la nuisette affriolante au bond derrière le divan après le baiser fougueux en principe destiné à un autre. Elle ne savait plus où se mettre.
Heureusement les tasses mousseuses arrivèrent créant une diversion bienvenue :


Di, viens sur mes genoux, tu vas tacher le monsieur.

Mais ni l’un ni l’autre des compères ne voulaient se séparer. Force fut de sortir un bavoir en souhaitant qu’il n’y eut pas de catastrophe.
Tournant sa cuillère, Angel soupira :


Preston n’a jamais su beaucoup tenir sa langue devant des… amis… Il devait vous estimer pour vous raconter ça.

Suivit un déballage qui faillit la faire déraper. Selon les dires de J.O, effectivement, Preston ne se confiait pas facilement mais quand il s’agissait d’Angel et de Diana, il se montrait intarissable. De plus, il était très heureux à ce moment de croiser un autre sorcier. L’éloignement, des points communs… ça ouvre le dialogue lors de longues nuits solitaires.

… Oui, c’est dur de l’avoir perdu. Vous n’imaginez pas à quel point Preston était quelqu’un d’exceptionnel… Pas seulement pour moi mais dans beaucoup de domaines, il était… unique. Qu’y pouvons-nous ? C’est la vie…

Il fallait changer de thème ou elle allait pleurer. Pourtant, J.O insista à lui raconter les derniers moments de son mari. Il semblait affligé, presque fautif de ce qui était arrivé.

Vous n’y êtes pour rien, voyons ! L’équipe de déminage à mal fait son boulot, c’est tout. *Je m’en veux déjà assez de n’avoir pas été là* Vous aussi avez été une victime de cette lacune. Votre épaule va mieux ?

Il parut surpris qu’elle sache cela.

Je sais… oui, moi aussi je sais des choses vous concernant. J’ai pas pour habitude d’arroser les gens, en général je suis plus maîtresse de mes réactions… J’ai pris des renseignements, et alors ? Si votre toutou n’avait pas embêté miss Di, j’étais prête à vous écrire mes plus plates excuses pour mon comportement...

Il parla de lui, de ses mères, son chien. Histoire singulière, s’il en est.

Je suis adoptée, moi aussi... Un triste épisode, c’est loin… Mon vrai nom est Erin Gloss.

Elle raconta son accident à l’âge de trois ans, sa mort en tant qu’Erin… le meurtre de ses vrais parents par sa propre jumelle.

J’ai retrouvé Meredith en 5ème année à Poudlard. On correspondait trop pour que ce soit du hasard… On ne se voit plus… dommage.

Une confidence, une autre, J.O bavardait avec aisance tout en surveillant Miss Di qui commençait à sommeiller sur ses genoux.

Ma puce a besoin de sa sieste, on dirait. Je vous remercie de ce moment qui m’a touchée… beaucoup. Je ne vais pas vous embêter plus longtemps avec mes misères. Vous avez sûrement mieux à faire que d’écouter les épanchements d’une veuve. (La fillette changea de mains)
J’apprécie vraiment votre patience mais je crois que votre SAP doit en avoir marre d’être enfermé dans votre poche… Vous partez ce soir ? Un reportage au grand Nord ? Euh… bon refroidissement !


L’addition se régla, on sortit. Dans un coin discret, Khan reprit forme canine.
Quelque chose clochait. L’animal si vigoureux tantôt restait… amorphe. Impossible de le relever.
Son maître s’énervait. Revigor, énervatum… rien ne rendait d’étincelle joyeuse au toutou.


… Mangé quelque chose de contraire ? Je… Je ne connais pas les chiens. On va trouver un vétérinaire, calmez-vous.

C’était touchant et incroyable de voir à quel point ce photographe si sûr de lui paniquait devant son chien malade.

Je… Ma chatte, Alba, est suivie par le docteur Yan Mortensen. On y va.

Transplanage direct.
Angel expliqua à l’employée de l’accueil qu’il s’agissait d’une urgence pour un ami
.

Alicia, je vous en prie. Je ne dérangerais pas Yan si ce n’était pas important. Vous me connaissez quand même ?

Angel n’appréciait pas particulièrement cette blondasse qui préférait se vernir les ongles que de s’occuper des animaux en détresse. Par contre, cette Miss Banbridge s’intéressait beaucoup à la gent masculine. La façon dont elle reluqua J.O était pour le moins… scandaleuse.
Dédaignant complètement Angel, sa fille et le malade, elle papillonna des cils :


Je vais arranger ça !

Deux minutes plus tard, l’élégant Yan Mortensen ouvrait la porte :

Angel ? Quelle délicieuse surprise ! Alba n’est pas malade au moins ?

Il était bien gentil ce Yan… Mais d’un collant ! Que de fois Angel n’avait-elle pas dû le rembarrer, lui et ses assiduités depuis… deux ans !


L’afghan de mon ami est malade. Si vous pouviez…

D’accord, je le visite. Ça vous coûtera… un dîner ?

D’accord, mais faites quelque chose !

Et m***e ! La voilà contrainte d’accepter une soirée en compagnie de ce pot-de-colle ! Elle s’en serait bien passée.
Laissant un J.O inquiet entrer en consultation avec son SaP mal foutu, Angel s’assit dans la salle d’attente. Bercer Di, la rassurer fut sa priorité :


Il va bien. C’est juste un truc qui passe pas bien. T’en fais pas. Là, là…

Les minutes s’égrenèrent, l’enfant s’endormit dans ses bras.
La tête de James ne payait pas de mine en sortant de la consultation. L’inquiétude première était passée, mais il fulminait. Derrière lui, Yann était radieux :


Faut du repos à ce prince. Ça arrangera tout. Angel, samedi prochain, hein ?

Clin d’œil, sourire mielleux : la barbe.

Alicia Banbridge tenta bien de retenir un peu ce couple mal assorti selon son goût, les autres lui passèrent sous le nez.


Qu’a-t-il dit au juste ?... Ah… Pas de voyage, des médicaments tous les jours… Vous partiez demain, non ?...

Pour du pas de bol, c’en était un. J.O parlait de chercher un chenil, un refuge, n’importe quoi pour héberger Sap rapidement, le temps qu’il se retape et qu’il puisse le récupérer.
Diana, très réveillée, lança :


Maison ! J’aime bien SaP.

S’encombrer de… ça ?

Ma chérie, tu sais qu’Alba n’aime pas les chiens…

J.O se lança dans un plaidoyer vibrant et très… convainquant. A l’en croire, il n’y avait pas de meilleure solution. Son reportage devait durer un mois, il raccourcirait la sauce mais il fallait absolument qu’Angel garde le malade.

Bon… Contrainte, elle céda.

Contre toute attente, SaP et le chat angora blanc s’entendirent à merveille. Pas un jour, J.O ne rata de prendre des nouvelles de son toutou, de Di et Angel par la même occasion.
C’était… bizarre. Cela faisait longtemps qu’Angel n’avait pas eu l’occasion de bavarder quotidiennement avec quelqu’un d’autre que Preston. Les conversations s’allongèrent progressivement, elle donnait des nouvelles de chacun, lui il racontait ses démêlés avec les autochtones.


Ça baigne mieux que prévu… oui, il mange bien… il m’obéit, oui ! Bon, c’est vrai, il dévore n’importe quoi, vous devrez payer trois paires de chaussures et deux poupées sans compter les chaussettes… c’est pas grave… Mordre ? Non, pas du tout sauf euh… Le doigt de Yan hier… Ouais… demain je sors au restau avec lui. Quoi ? (rire) Suis spécialiste en potions, pas de souci (rires) Ok, à demain, bye
!

Marrant qu’à l’autre bout du monde il se fasse du mouron pour elle alors qu’il ne s’agissait que d’un dîner compensatoire d’un dérangement de week-end.

Une soirée publique avec un homme… Qu’est-ce que cela signifiait ? Rien, rien du tout. Pour elle en tout cas mais pas pour tous. C’était à croire que, depuis un certain temps, tous voulaient la recaser.
Angel regrettait profondément Preston. Nul à ses yeux n’obtiendrait grâce. Pourquoi ne comprenaient-ils pas ça ? Elle était jolie, sympa, n’avait que 21 ans et quelque ? Et alors ?
Godiche ? À cheval sur les principes ? Ben oui… Et alors ? C’était pas demain la veille qu’apparaîtrait celui qui la ferait fondre à nouveau. Yan Mortensen avait beau être charmant, cool, disert et érudit, il l’exaspérait par… son entêtement.

Très classe dans son costume chic, Yan vient la chercher à l’heure dite. Ce type avait dû avaler une montre suisse étant jeune. Opal serait baby et dogsiter tandis qu’eux se régaleraient au restaurant.
La soirée aurait pu être aussi délicieuse que les plats dégustés si Yan ne s’était pas à nouveau mis sur les rangs des prétendants. Sans arrêt, il essayait de lui prendre la main, tenait des propos mielleux vantant ses vertus, son courage etc. Il la parait de toutes les qualités, en s’en donnant un tas d’autres. A l’entendre, ils étaient faits l’un pour l’autre. Pour se défendre d’un tel feu, Angel mentit beaucoup, chose inhabituelle chez elle :


Je ne sais du tout cuisiner, ni coudre un bouton… parfois j’ai des crises d’eczéma atroce, vous me verriez alors… affreuse !

Elle avait beau inventer les pires histoires sur son compte, Yan semblait ne rien entendre. Il l’avait percée à jour et s’en amusait :

Même avec un dentier et une perruque, vous seriez toujours aussi adorable, Angel. Il faut quand même que vous pensiez à l’avenir. Je sais que vous faites tout votre possible avec Diana mais un enfant à besoin de deux parents, et...

Mais j’y pense, Yan. J’y pense beaucoup. Je ne suis pas seule, savez-vous ?

L’autre se renfrogna faisant mine de chercher dans la salle l’inconnu qui lui avait ravi la place.

D’ailleurs, vous le connaissez : c’est le maître de SaP. Il est en voyage actuellement, mais…

Ce n’est pas l’homme qu’il vous faut, Angel ! Vous avez besoin de quelqu’un de stable, de quelqu’un…

Comme vous, Yan ? J’en doute beaucoup. Je n’apprécie pas les coureurs de jupons. Je sais très bien qu’Alicia et vous…


Je la renvoie demain, si tu veux. Laisse-moi au moins ma chance…

Blablabla, elle en avait vraiment marre. Le café était bu, elle ramassa son sac, décidée à prendre un taxi pour rentrer. Raté, il se devait de la raccompagner. Malgré ses défauts, c’était un gentleman.
Pas de harcèlement en route. Si elle escomptait le planter sur le trottoir, encore raté !
Va pour un dernier café. Opal serait là pour la défendre au besoin.
La clé tourna, un aboiement joyeux répondit.
Elle s’attendait à voir une belle pagaille dans le salon en y introduisant Yan mais non. Tout était en ordre. Si Opal trônait assise et ravie dans un fauteuil, jamais elle ne s’était attendue à ce que le siège voisin fit occupé par… Le chien, d’accord mais LUI ? Que faisait-il là ?


*Misère !*

Flagrant délit de mensonge ? Ah non !
Ni une ni deux, Angel rayonnante sauta au cou d’un J.O abasourdi.


Mon chéri, tu es rentré ! Quelle merveilleuse surprise !

Et de l’embrasser gaiment plusieurs fois en trouvant l’occasion de souffler avec des yeux en SOS :

Jouez le jeu, pitié !

Le chien fut déplacé des genoux de son maître qui attrapa Angel à sa place. Pas à dire cet homme savait s’y prendre… Il fit mieux que marcher, il courut.
Dans son coin, Opal faisait des efforts terribles pour ne pas s'étouffer de rire tandis que Yan semblait transformé en statue de sel.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Pas demain la veille (fe) Empty
MessageSujet: Re: Pas demain la veille (fe)   Pas demain la veille (fe) EmptyMar 30 Nov - 21:11

La meilleure chose à faire pour retenir l’attention d’une femme est éveiller sa curiosité, il y avait réussi, dirait-on. Elle passa en revue les quelques éléments à sa disposition, jaugea la scène et décida qu’il n’y avait, sans doute, aucun mal à prendre un chocolat chaud en compagnie d’un quasi inconnu au bataillon. Certainement voir sa fille pendue à son cou, si confiante et ravie, la poussa à céder.

Il me semble que vous connaissiez l’essentiel sur moi, Mr Westwood. Va pour un chocolat. Je ferai mon possible pour ne pas vous l’envoyer à la figure, cette fois.

Cette demi-promesse fit sourire J.O, il appréciait les femmes qui disaient ce qu’elles pensaient.

Je vous en serai reconnaissant. On y va ?...Tiens, toi tranquille, SaP !

Docilement le chien suivit la petite procession. La petite Miss Yates semblait l’avoir adopté d’emblée et refusa d’aller avec Maman. J.O ne s’en plaignait pas, son empathie avec les enfants se confirmait encore une fois. Ils n’allèrent pas bien loin, un petit café d’aspect accueillant ne semblait attendre qu’eux. Ils n’avaient pas fait un pas à l’intérieur que le garçon de café se précipita.

Madame, Monsieur… nous sommes désolés. Les chiens sont interdits dans notre établissement.

Il devait les avoir vu s’approcher et SaP n’était pas passé inaperçu mais pour les effets, il fallut sortir le jeu complet, prenant son air le plus ahuri, J.O lança un regard aux alentours avant de s’enquérir avec un rien d’ironie.

Chien…quel chien ?

Et l’autre de se confondre en excuses…pas trace de toutou dans les environs. Bien entendu, Mrs. Yates voulut savoir ce qu’était devenue la folle bête.

Reducto. Il y est habitué, ça va sans mal.

Elle en rit, jugeant le fait comme pratique. Entre sorciers, on se comprend.

Commande passée, la jeune femme entreprit de fouiller son sac avec entrain.

Votre allergie vous embête toujours ?, s’enquit il, innocemment.

Cette simple question sembla la surprendre, d’abord, la contrarier un peu, ensuite.

Oui… Je cherche mon médicament contre cette fichue allergie… Mais… C’est Preston qui vous l’a dit, non ? Pourquoi diable a-t-il été vous raconter un truc pareil ? J’espère qu’il s’en est tenu là !

Sourire enjoué, en installant confortablement Di sur ses genoux.

Preston ne parlait que de vous. Nous disposions de beaucoup de temps et il adorait raconter des histoires…surtout celle de votre rencontre.

La douce coloration de ses joues passa subtilement du rose tenu au rose soutenu. Cela faisait très longtemps que West ne croisait une femme capable de rosir de façon si charmante.

Faut dire qu’il avait raison de la juger inoubliable, cette rencontre…je ne serais pas près d’oublier un truc pareil, non plus. Pas tous les jours on se trompe de porte pour être reçu et je cite : « une sublime créature en nuisette m’a sauté au cou. Quelle réception ! »…

Du rose elle passait au pivoine mais ce n’est pas cela qui arrêta ces aveux impénitents. Soit, il se payait un peu sa tête mais ne l’avait elle pas baigné de jus d’orange face à une centaine de personnes ?

La suite me faisait rire aux larmes. J’imaginais parfaitement Preston fuyant sous la table en pensant que vous alliez le réduire en cendres avec votre baguette. Cet homme vivait en perpétuelle fascination pour notre monde…Je n’avais jamais rencontré un moldu aussi féru de magie…

L’arrivée des tasses de chocolat servit à dévier un peu le thème et elle réclama sa fille qui ne voulut rien savoir d’abandonner sa place sur ses genoux.

Ne vous en faites pas, je m’en charge !

Mrs. Yates fut forcée d’accepter l’évidence, Di semblait très à l’aise, là. Un soupir plus tard, elle reconnut que son mari n’avait jamais su trop tenir sa langue devant ses amis.

Il devait vous estimer pour vous raconter ça.

À son tour de soupirer. Que de souvenirs !

On s’entendait bien. Découvrir que j’étais sorcier a beaucoup aidé…Comment il l’a su? Je n’en sais rien…il avait du flair pour ces choses là. Une fois qu’il s’est assuré que j’étais du genre inoffensif, le cher homme s’est montré intarissable… en parlant de vous et sa fille. On était là bas, loin de tout, avec une guerre à deux pas…parler, ça aide. Preston était un type très spécial…

Courageuse petite femme, parler de son mari lui faisait encore un mal de tous les diables.

Oui, c’est dur de l’avoir perdu. Vous n’imaginez pas à quel point Preston était quelqu’un d’exceptionnel… Pas seulement pour moi mais dans beaucoup de domaines, il était… unique. Qu’y pouvons-nous ? C’est la vie…

Une vie parfaitement injuste, oui. Il méritait de vivre pour voir grandir sa fille…pour vous. Vous avez eu raison, l’autre soir, j’aurais pu…dû, l’empêcher, mais n’ai su rien faire…La route était sûre, l’endroit où nous nous rendions l’était aussi…

Et elle se trouvait l’esprit de le conforter assurant qu’il n’y était pour rien, que c’était la faute à l’équipe de déminage.

Vous aussi avez été une victime de cette lacune. Votre épaule va mieux?

Tiens, elle s’était donné la peine de se renseigner sur cela.

Ça va…c’est allé sans trop de mal…On m’a récupéré sur la corniche et voilà…

Contrite, la jeune femme reconnaissait s’être laissée emporter, façon de dire, le soir de la commémoration, assurant que ce n’était pas du tout sa façon normale d’agir. Il la crut très volontiers.

Si votre toutou n’avait pas embêté miss Di, j’étais prête à vous écrire mes plus plates excuses pour mon comportement...

Faudra remercier, SaP, alors…Je voulais aussi vous revoir…vous expliquer…mais enfin…puisqu’on est là, plus de souci à se faire. En fait, j’avais voulu le faire depuis longtemps mais l’occasion ne s’était pas présentée…après l’accident, je me suis retrouvé dans un hôpital militaire en Turquie…mes mères sont allées me chercher…Oui, c’est bien ce que j’ai dit…Rose et Magnolia Westwood…Elles m’ont adopté quand j’avais six ans…enfin, je pense leur avoir un peu forcé la main en apparaissant sur le seuil de leur porte, la veille de Noël…j’avais cinq ans et demi et m’étais sauvé de l’orphelinat…

Il sourit en évoquant ce jour déjà lointain.

Elles assurent que j’étais un môme adorable…Bref, vous vous imaginez bien, ça a tout changé…Le reste a été…merveilleux. Elles sont ma famille, la seule que j’aie et veuille avoir…enfin elles…et Sac à Puces…Son vrai nom est Khan, issue de la noblesse canine afghane…un vieil ami me l’a offert en étant encore un chiot…on ne se sépare jamais…Mais ça suffit de parler de moi…

Son histoire n’était pas banale. Tragique, en fait. Parfois la Magie donnait lieu à des circonstances navrantes.

Je suis adoptée, moi aussi... Un triste épisode, c’est loin… Mon vrai nom est Erin Gloss.

J.O, qui avait vécu dans un milieu paisible, ne put que qualifier cette histoire de meurtre obscur, commis par une enfant, comme étant une des plus macabres et cruelles qu’il eut entendues.

C’est épouvantable…difficile à croire que ça puisse arriver…ici…bon, je sais que vous avez pas mal de problèmes avec…enfin, vous savez bien avec qui…

Il avait entendu dire que les sorciers anglais ne prononçaient jamais le nom du grand Ennemi.

Mais…qu’est devenue…votre sœur ?

J’ai retrouvé Meredith en 5ème année à Poudlard. On correspondait trop pour que ce soit du hasard… On ne se voit plus… dommage.

Ou peut être mieux comme ça, se dit J.O mais n’en pipa mot. La conversation était aisée avec elle, normalement il n’était pas porté à parler de lui et encore moins à faire des confidences, mais là, il se trouva en train de raconter des anecdotes de sa vie tumultueuse, peut être dans l’espoir de la voir sourire et oublier un peu des amertumes. Sur ses genoux, Di dodelinait doucement et cherchait une position confortable, attendri, il caressa la petite tête aux boucles brunes mais déjà, Mrs. Yates semblait juger que le moment de prendre congé était arrivé.

Ma puce a besoin de sa sieste, on dirait. Je vous remercie de ce moment qui m’a touchée… beaucoup. Je ne vais pas vous embêter plus longtemps avec mes misères. Vous avez sûrement mieux à faire que d’écouter les épanchements d’une veuve.

Je vous assure qu’il n’y a eu rien d’embêtant. Nous avons tous des misères dans nos vies, en parler aide parfois à mieux surmonter ce qu’on ne peut plus changer. Je vous rends votre petit trésor…elle est adorable.

J’apprécie vraiment votre patience mais je crois que votre SAP doit en avoir marre d’être enfermé dans votre poche…

Cela le fit rire.

Ne vous en faites pas, cela ne lui fera pas de mal être bien reposé…ce soir nous partons au Groenland.

Euh… bon refroidissement !

Ça vous pouvez le dire…on va se cailler un peu, là haut, même si c’est soi disant le printemps…

Un moment plus tard, dehors, il fut grand temps de rendre SaP à sa taille normale sauf que là, quelque chose semblait clocher. L’animal n’était pas du tout en forme. Terriblement abattu, il ne put même pas se remettre sur ses pattes. C’était la première fois que J.O le voyait dans cet état alarmant. Il essaya de tout mais aucun sortilège ne fonctionna.

Hey…mon vieux…ne me fais pas ça ! SaP !!!, il devait avoir un air si désolé que la jeune femme prit de suite cartes en l’affaire.

On va trouver un vétérinaire, calmez-vous.


Il…il n’est jamais malade…mon pauvre SaP…je…ne sais pas ce qui…


Je… Ma chatte, Alba, est suivie par le docteur Yan Mortensen. On y va.

Pas question de perdre un instant de plus. On transplana.

La clinique vétérinaire recevait des urgences le weekend. Une aubaine. Une réceptionniste blonde, fardée comme starlette fut leur premier contact. J.O n’apprécia pas du tout la façon dont la femme jaugeait Mrs. Yates...avec un certain mépris.

Alicia, je vous en prie. Je ne dérangerais pas Yan si ce n’était pas important. Vous me connaissez quand même ?

La blonde semblait se ficher royalement du chien malade mais lui adressa un sourire resplendissant qu’il ignora de son mieux.

Pourriez vous vous dépêcher… Khan ne va pas bien dut tout !, grommela t’il.

Elle daigna enfin d’aller chercher le docteur. Si la fille lui avait semblé stupide, le vétérinaire lui, ne mérita pas un avis plus conciliant. Mise soignée de dandy, sourire de réclame de dentifrice, il n’eut d’yeux que pour la jeune femme.

Angel ? Quelle délicieuse surprise ! Alba n’est pas malade au moins ?


*Il est con ou quoi…quelqu’un a vu un chat dans le coin !?*

Force fut de lui faire remarquer que le patient potentiel était un bel afghan de bonne taille pour les effets mou comme poupée de son dans les bras de son maître.

Sourire dévastateur de charme à l’adresse de la jeune veuve.


D’accord, je le visite. Ça vous coûtera… un dîner ?


*Manque pas de toupet, le mec !*

Mrs. Yates ne sembla pas ravie de ce marché mais avec un soupir, accepta. J.O s’en voulut drôlement.
Le toubib l’enjoignit de le suivre.


SaP fut déposé sur la table d’examen. Il geignit doucement.

Ça va aller, mon vieux…tout va aller bien !, assura t’il en caressant la noble tête.

Voyons voir ce qu’a ce grand gâté !
, dit le vétérinaire d’un petit ton crispant, belle bête…elle est à vous ?

Bien sûr qu’il est à moi…à qui vouliez vous qu’il soit ?

Arrêtant un instant l’auscultation, le Dr. Mortensen le jaugea des pieds à la tête.

C’est le genre de chien qu’on associe mieux à une duchesse russe qu’à un grand gars comme vous !

Et bien, vous voyez, je ne suis pas une duchesse russe ! Mais ça n’intéresse pas…qu’est ce qu’il a ?

Et l’autre de poursuivre en ton de confidence.

Un chien comme celui là coûte une fortune.

Il n’était certes pas sapé comme un prince mais de là à lui dire presque miséreux…

On me l’a offert quand il était tout petit…cela fait un peu plus de deux ans. Khan n’a jamais été malade et oui, croyez moi, il a tous ses vaccins et droit aux meilleurs soins…mais qu’est ce qu’il a ?

Examiné exhaustivement du nez au bout de la queue, SaP subissait, en se plaignant élégamment de temps à autre.

Je ne lui trouve rien de mauvais…ce cher animal semble tout juste être…fatigué. Sûrement une déficience vitaminique. Quel est son régime habituel ?

Et J.O de décrire minutieusement ce que mangeait le chien…c'est-à-dire… de tout. SaP ne se privait de rien. À part sa nourriture canine habituelle, il avait parfois des lubies allant jusqu’à l’extrême une fois de gober 100g de caviar Beluga sans ciller…mais bien sûr, il ne dit pas cela à ce pincé de toubib.

Peut être faudra t’il soigner un peu plus cela…l’alimentation, je veux dire et le laisser faire de l’exercice.

Il fallut avouer qu'ils voyageaient pas mal mais que la plupart du temps, Khan disposait de tout le terrain voulu pour épancher son énergie.

Vous voyagez beaucoup…excusez moi la question…quelle est votre profession ?

Photographe.

Ah…un de ceux qui courent après les célébrités ?

Non, pas du tout
, dit il, rogue sans aucune envie d’alimenter la curiosité de l’homme, pouvez vous aider Khan, sans que ma profession vous gêne ?

L’autre soupira et assura qu’il serait question de donner un petit coup de pouce à Khan et procéda à lui injecter une bombe vitaminique, qui le remettrait selon lui, rapidement sur ses pattes. Il caressa distraitement le pelage soyeux de l’animal.

A-t’il un bon pedigree ?

Oh oui…sa généalogie ferait sans doute verdir d’envie les maisons régnantes de l’Europe.

Pour un royaliste déclaré, ce commentaire ne fut pas à encaisser de bonne grâce.

Vous êtes…américain, si je ne me trompe pas.

Comme s’il s’agissait d’un défaut majeur mais J.O préféra passer outre.

Enfin, voilà votre chien remis en forme, je vais prescrire des vitamines à lui faire prendre tous les jours en plus de repos et calme. Rien de tragique…cela aura servi au moins à revoir cette charmante Mrs. Yates. Une femme magnifique, dommage la tragédie de sa vie…vous…savez, non ?

Preston Yates et moi étions amis.

Ah…

*Oui, ah ! Triple crétin !*

Retour à la réception, Khan trottinant, docile, à sa suite. La jeune femme voulut tout de suite savoir comment se portait le malade. Mortensen s’empressa de répondre, ravi.

Faut du repos à ce prince. Ça arrangera tout. Angel, samedi prochain, hein ?

Le tout accompagné d’un clin d’œil et d’un sourire tout miel. J.O et presque envie de lui taper dessus. Ils prirent rapidement congé.

Qu’a-t-il dit au juste ?


Que Monsieur est stressé. On aura tout vu. Qu’il a besoin de prendre des vitamines et se reposer, au calme…Impossible de l’emmener avec moi, c’est trop extrême, s’il n’est pas en forme.

Ah… Pas de voyage, des médicaments tous les jours… Vous partiez demain, non ?...

Sourire de travers.

Ce soir…mais il faudra remettre ça au moins d’un jour…je dois trouver où laisser SaP. Il doit bien avoir des pensions pour chiens…une très bonne, cela va de soi…je ne peux pas le confier à n’importe qui…Excusez moi, Angel…mais ça m’énerve qu’une situation me dépasse…mais je ne veux pas vous déranger avec mes problèmes…je trouverai bien une solution.

Mais voilà que la petite Di s’en mêlait et donnait son avis, si innocent.

Maison ! J’aime bien SaP.

Une solution qui était très loin d’enchanter sa mère.

Ma chérie, tu sais qu’Alba n’aime pas les chiens…

J.O n’était pas précisément un opportuniste, même si beaucoup prétendaient le contraire, mais la solution ne pouvait être meilleure.

SaP est vraiment un brave toutou, croyez moi. Il est parfaitement bien élevé *Mais plus fou qu’une chèvre !*…et puis, il s’entend très bien avec Di…et c’est un fameux gardien…

Il se demandait contre quoi il pourrait la garder, mais enfin…puisque toupet il y avait…

Angel…ce serait magnifique si vous accédiez…il ne serait question que…d’un…petit mois de rien du tout…

Un mois. 30 jours à se farcir cette menace poilue. Le comble de l’opportunisme, de l’audace…

Di y mettait du sien en cajolant le « grand malade » qui se laissait faire comme un caniche vertueux. Presque impossible autrement, elle céda.

Vous êtes merveilleuse !!!...Je ferai mon possible pour que ça aille plus vite…que ce ne soient que trois semaines…moins même…

Comment ? Allez savoir, faudrait faire des bouchées doubles.

Nuuk. J.O était arrivé au matin. La chambre d’hôte offrait tout le confort nécessaire, pas de quoi se plaindre. Ce serait son campement de base pendant son séjour au Groenland. Il y aurait des virées vers le nord et la côte Est qui le tiendraient sans doute éloigné du confort douillet de la civilisation, mais il y était habitué.

Ciel limpide. Air glacial. Il passa sa première journée à joindre ses contacts. Pas question de se lancer à l’aventure sans un guide attitré.

Krista Jensen n’était pas exactement ce qu’il s’était attendu. Il avait prévu, allez savoir pourquoi, quelque groenlandais bourru et se trouvait avec une jeune femme souriante qui, lui fit remarquer, non sans une pointe d’ironie, que le Groenland était intimement rattaché au Danemark, que beaucoup portaient des noms danois même si étant établis depuis des générations sur cette terre…difficile. Leçon faite, on passa au côté pratique. Elle lui assura être parfaitement compétente pour le guider et lui apprendre tout ce qu’il voudrait savoir sur ce coin de monde. Il énuméra les endroits qui l’intéressaient particulièrement qui n’étaient ni peu ni des moindres. Les routes étaient pratiquement inexistantes, restait la ressource du cabotage côtier et bien sûr de l’avion ou l’hélicoptère. J.O n’avait pas de problème, il avait les moyens nécessaires à sa disposition.

Ce soir, après avoir donné de ses nouvelles aux dames Westwood. Il téléphona chez les Yates. Angel sembla surprise de l’entendre. Il assura que tout allait bien de son côté et voulut savoir comment elle se débrouillait avec SaP. Tout baignait. Toutou était brave comme pas deux, obéissait, mangeait et s’entendait à merveille avec le chat de la maison. Elle et Di se portaient très bien.

Après une journée à aller de droite à gauche et à se geler gentiment, J.O sentit de nouveau le besoin de savoir si tout allait bien …chez les Yates. Au bout d’une semaine, c’était devenu une habitude. Bavarder avec Angel après une journée de travail intense, était réconfortant. En plus d’être adorable, elle était intelligente, son esprit finement malicieux et perspicace était un délice. Il devait s’avouer ne jamais avoir rencontré une femme avec laquelle il se soit senti autant à l’aise. Ils se racontaient les menus faits de leurs respectives journées, même si pour quelque obscure raison, il se garda bien de lui décrire son guide.

Le soir où elle lui raconta que SaP avait mordu le vétérinaire, il se sentit fier de son chien, sans donner aucune importance au fait qu’en passant le noble afghan ait réduit en charpie trois paires de chaussures, deux poupées et un nombre incertain de chaussettes. Qu’elle ait remis son rendez vous avec le toubib le ravit.

Demain je pars vers le Nord…j’y passerai deux ou trois jours puis nous reviendrons vers la côte Est…Oui, des photos magnifiques…la toundra au printemps est…et reste la toundra… Pas de souci, il n’y a pas de risque…Les ours ? Je ne resterai pas à portée de main…et ne pense pas me laisser avoir par des lemmings…Je téléphonerai à mon retour…Bonne nuit.

Paysages d’un monde presque inconnu, figé de glace mais d’une beauté étourdissante. Il était sûr de réussir des photos magnifiques mais était, sans trop savoir pourquoi, pressé d’en finir. Krista assistait patiemment à de déploiement d’énergie, non sans se faire quelques idées. Elle avait su, par l’intermédiaire de la réceptionniste de l’hôtel, qui était sa cousine, que l’attractif photographe américain se scotchait au téléphone tous les soirs et parlait, longuement, avec un certain numéro en Angleterre, comme quoi il n’y a pas de secret qui tienne…même au Groenland. Si se côtoyer à longueur de journée rapproche les gens, celui-ci ne semblait pas trop être le cas. À croire que l’américain n’avait d’yeux que pour les beautés de la nature et ne prêtait aucune attention à autre chose. Malicieuse et enjouée, Krista était bien décidée à changer cela. Une fois éclairé sur ses intentions, il ne joua pas les difficiles. À deux, un séjour à la toundra est décidément plus agréable…sauf que de retour à la capitale, il reprit ses habitudes.

Angel sembla ravie de l’entendre. Lui ,de lui parler. Tout allait bien. SaP se portait comme un charme. Di était heureuse avec ce nouveau compagnon de jeu si folichon. Elle ? Son soupir disait long mais tout baignait. Il n’en crut rien. En raccrochant, il avait un pincement au cœur.
Le lendemain, son agent lui téléphona. Temps d’en finir, avec le Groenland. Il avait décroché un super contrat avec National Geographic. Changement radical de décor. L’Amazonie et ses splendeurs l’attendaient. Il devrait être sur place une semaine plus tard. Il prit congé d’une Krista,un peu boudeuse, sans aucun remords et ce fut en toute joie de cœur qu’il monta dans l’avion en partance pour Copenhague. De là, se rendre à Londres, un jeu d’enfants.

À peine s’il prit le temps de laisser ses bagages à l’hôtel et téléphoner aux USA pour informer qu’il vivait et jouissait de parfaite santé. Rose et Magnolia soupirèrent, rassurées. La magie aide quand on est pressé. Un transplanage le mena jusqu’au jardin des Yates.

Coup de sonnette. Une minute plus tard la porte s’ouvrait à toute volée sur une jeune femme souriante, qui ne l’inspecta pas moins avec une certaine suspicion.

Bonsoir…je suis…

Pas de souci, je sais qui vous êtes, dit elle, impossible de vous oublier…l’arrosé au jus d’orange.

Euh…oui, le même…je…

Décidément on ne lui laissait pas placer un mot. SaP avait dû le flairer, il déboula en aboyant comme un dingue et se jeta sur lui, au comble de l’enthousiasme.

Inutile de demander si le toutou est à vous !, rigola la miss, au fait…je suis Opal McLane, amie d’Angel marraine de Di, baby et dog sitter à l’occasion…mais entrez donc…Angel n’est pas là.

Ah bon ?…oui, c’est vrai…son rendez vous avec …le vétérinaire.

Je vois qu’on vous tient au courant de tout…alors, ça a été, le Groenland ?...Angel m’a parlé de vous…en bien, pas de souci, cette fille est incapable de dire du mal de quiconque…suis sûre qu’avec un effort, elle trouverait même des excuses pour Voldy.

Elle ne manquait pas de vitalité et esprit, la miss. Un peu farfelue. J.O se demanda comment Angel et elle s’étaient liées d’amitié…elles étaient définitivement très différentes. Il ne tarda pas à le savoir. Dans son style pittoresque, l’australienne brossa un tableau complet de l’histoire, le faisant rire aux larmes en imaginant les situations échevelées dans lesquelles les deux amies s’étaient vues mêlées.

Bien sûr Angel a toujours été le côté sérieux de la relation…moi, j’y arrive pas mais ça fait équilibre.

C’était certainement cela. Puis Opal changea radicalement de thème.

Quand Preston et mort j’ai cru qu’elle deviendrait carrément folle…j’ai eu peur. Si elle est arrivée à tenir c’est bien à cause de Di…mais enfin, depuis un temps…elle semble remonter doucement la pente…Voulez vous boire quelque chose, Mr. West ?...pas du jus d’orange, quand même…

Ils riaient encore quand la clé tourna et SaP aboya gaiement. Une minute plus tard Angel flanquée d’un Dr. Mortensen , sapé en Prince Charmant se tenaient sur le seuil du séjour.

La suite fut assez confuse…De prise de court, l’expression de Mrs. Yates se fit extatique alors qu’elle s’élançait vers J.O.


Mon chéri, tu es rentré ! Quelle merveilleuse surprise !

Il ne protesta pas, se laissant embrasser, ravi de tant d’enthousiasme mais force fut de lire un appel au secours dans son regard si bleu et pour si jamais de capter ce qu’elle susurrait :

Jouez le jeu, pitié !

On poserait des questions plus tard, au besoin. En un clin d’œil, J.O avait maîtrisé l’urgence, écarté SaP, qui voulait à tout prix s’interposer et embrassé la belle, avec toute la science désirable pour sceller ces retrouvailles, supposées longuement attendues.

Mais…mais…


Ce balbutiement incertain rompit la magie de l’instant. Mortensen n’avait pas bougé d’un pouce et avait l’air…décomposé, éperdu en monosyllabes endoloris, chargés d’interrogations. Opal se chargea magistralement de l’évacuation du malheureux éconduit, le prenant gentiment du bras, elle l’entraîna vers la porte.

On va les laisser seuls, ces chéris…Bonne nuit. Doc…faites des beaux rêves !

Une fois le panneau fermé sur le vétérinaire, on entendit l’australienne émettre un petit rire étouffé mais en revenant au salon, elle pleurait de rire.

Franchement…BRAVO ! Quelle prestation…Angel, le théâtre a perdu une étoile…et vous, Mr. West…pas à dire…vous n’êtes pas du tout lent à la détente !!!

Pour alors, Angel, qui passait par toutes les couleurs de l’arc en ciel, quittait précipitamment ces genoux qui l’avaient si chaleureusement accueillie et s’éloignait comme si elle cherchait un trou de souris pour y disparaître.

J.O mit cinq secondes de plus pour revenir vraiment sur terre. Se levant à son tour, il lança un regard à Opal qui ne trouva mieux que proposer à boire à la ronde et disparut direction la cuisine.

Il se passa la main sur la tête, essayant de trouver quelque chose de sensé à dire et finit par s’approcher de Mrs. Yates qui lui tournait obstinément le dos.


Allons…pas la peine d’en faire un plat…euh…enfin…je comprends ce qui vous a poussé à faire ce petit numéro…

Elle ne semblait pas plus convaincue pour autant alors il la prit doucement par les épaules et la fit se tourner vers lui.

Regardez moi…s’il vous plaît, Angel…

Elle finit par lever lentement la tête.

Si vous ne voulez pas…on en parle plus. Oublié. Effacé…Ce n’est jamais arrivé, Ok ? On peut faire semblant que je viens d’entrer et…Bonsoir, Angel…ça va ? Je rentre juste du Groenland…et repars dans deux, trois jours en Amazonie…

Le trouble céda place à la surprise…vraisemblablement, elle ne s’était pas attendue à cette nouvelle.

Je l’ai su hier…Je ne voulais pas dire ça au téléphone…SaP ?...euh…Je pensais l’emmener et…le laisser chez moi…aux USA,je le vois mal dans la jungle, celui là…

Il avait tout à coup la sensation de sauter de faux pas en faux pas…Heureusement qu’Opal fit son apparition avec trois coupes de vin et que SaP bailla bruyamment…sinon, on aurait entendu voler une mouche…
Revenir en haut Aller en bas
Angel Grisham
new & pure
Angel Grisham
hiboux : 4570
maison : Serdaigle
house points : 0
multicomptes : Justin Davenport
Alix Blackstorm
Erik Nielsen
Pas demain la veille (fe) Empty
MessageSujet: Re: Pas demain la veille (fe)   Pas demain la veille (fe) EmptyVen 3 Déc - 16:53

Angel Grisham n’avait pas la prétention d’être quelqu’un de spécial. La vie prévalait, celle de sa fille surtout. Leur avenir ? Elle n’y pensait pas vraiment. Son chemin était tracé : elle éduquerait Diana à la moldue mêlée de sorcellerie jusqu’à ce que Poudlard la réclame. Son travail comblerait les heures de séparation, et puis… voilà.
Triste destin ? Non, pas du tout.
Angel n’avait pas vraiment eu de vie sociale avant de rencontrer Preston Yates. Ses vrais amis se comptaient sur une main mais avec sa famille et sa belle-famille, cela suffisait amplement. Rester seule ne la gênait pas, elle n’entrevoyait franchement pas d’autre voie.
Son entourage, pourtant, semblait penser différemment…
Depuis quelques temps, à chaque visite dans la parenté, ou presque, Angel était certaine de trouver là un invité « surprise »
.

Oh, Angel chérie, regarde qui est là ? Tu te souviens de Marcus Ellington ? Le fils aîné de nos voisins… Je te présente Michael Jonas, le cadet du baron… Steven Wiseman a eu la gentillesse de nous dire coucou… etc.

Tout ce que ces personnes bien intentionnées gagnèrent dans leur manège à peine voilé fut que Mrs Yates espaça ses apparitions ou les fit sans avertir, na !
Elle était bien dans sa peau actuelle et ne désirait pas en changer.
La goutte qui fit déborder le vase s’appelait Yan Mortensen. Pour s’en dépêtrer, elle avait fait fort en se jetant au cou de celui qu’elle croyait congelé dans un igloo.
La réaction, au quart de tour de G.O la prit de court, de très court même. Trop tard pour reculer ! Elle n’eut d’ailleurs pas le temps d’y songer qu’elle se trouva entraînée par Mr Westwood à échanger un baiser… renversant.
Il fallut les balbutiements incrédules de Yan pour la ramener sur terre.
Paf de son attitude, Angel entendit à peine Opal raccompagner le vétérinaire à la porte. Quand, tordue de rire son amie revint au salon, Angel piqua un fard et pâlit tour à tour, d’autant que Miss McLane en rajoutait :


Franchement…BRAVO ! Quelle prestation…Angel, le théâtre a perdu une étoile…et vous, Mr. West…pas à dire…vous n’êtes pas du tout lent à la détente !!!


Peut-on mourir de honte ? Si c’était vrai, alors Mrs Yates aurait été terrassée sur place. Au lieu de quoi, elle alla se réfugier près de la cheminée avec vaguement l’intention d’y disparaître. Opal parla de boire quelque chose, elle faillit demander de la cigüe.

*Bon Dieu Grisham, t’es folle ou quoi ? Que va-t-il penser de toi ? *


Ne pas se retourner, jamais. Mince, il s’approchait dans son dos :

Allons…pas la peine d’en faire un plat…euh…enfin…je comprends ce qui vous a poussé à faire ce petit numéro…

Ben, il en avait de la chance ! Elle comprenait à peine elle-même.

Regardez moi…s’il vous plaît, Angel…

*Oh, non ! Pas ça !*

Il est des moments où il faut assumer le prix de ses erreurs. Prenant son courage à deux mains, elle releva la tête. Marrant ! Il avait l’air quasi autant embarrassé qu’elle :


Si vous ne voulez pas…on en parle plus. Oublié. Effacé…Ce n’est jamais arrivé, Ok ? On peut faire semblant que je viens d’entrer et…Bonsoir, Angel…ça va ?

Cette élégante façon de la mettre à l’aise amena un léger sourire aux lèvres de la jeune femme qui entra dans le nouveau jeu :


Bonsoir J.O ! Quelle bonne surprise ! Je vais bien merci, et vous ? Je vous croyais encore là-bas.


Je rentre juste du Groenland…et repars dans deux, trois jours en Amazonie… Je l’ai su hier…Je ne voulais pas dire ça au téléphone…

Elle ne s’attendait pas à cela. Il aurait fait tout ce déplacement pour l’avertir en personne ?

*Bien sûr que non, patate, il est venu chercher son chien* Ah… Et… SaP ? Qu’en faites-vous ?


…SaP ?...euh…Je pensais l’emmener et…le laisser chez moi…aux USA, je le vois mal dans la jungle, celui là…

*Gagné !*


A la fois surprise et tracassée, Angel ne sut que dire. Ils étaient là à se regarder en chien de faïence quand Opal entra avec les verres de vin :

Que se passe-t-il ? J’ai raté quelque chose ?

Euh… Non. J.O part en Amazonie dans quelques jours… Il ramène SaP aux USA.

Oh là, là, dit Miss McLane en leur donnant une boisson. Di va pas apprécier. Elle adore ce lévrier.

Ne dis pas de bêtises. Il n’est pas à nous, elle le sait très bien. Je la préparerai demain. Je… (nouveau trouble) Je tiens à m’excuser auprès de vous deux pour… tantôt. J’avoue avoir été très sotte de prétendre à Yan que je sortais avec J.O. C’est le premier nom qui m’est venu à l’esprit. Je voulais qu’il cesse de m’asticoter à sortir avec lui. Puis… fallait lui donner le change au risque qu’il recommence à m’embêter… La soirée ? Opal tu n’imagines pas la drague ! Il se parait de toutes les vertus et m’encensait à l’avenant… j’ai inventé tout ce qui me passait par la tête, rien ne le rebutait.

Sauf d’avoir de la concurrence, rigola sa copine. Bien fait ! Ce gars a un parapluie coincé quelque part si tu veux mon avis. (Elle se tourna vers le photographe) Alors on ne reste que quelques jours ? Combien ?... Deux ou trois ? Et à quoi allez-vous occuper votre temps libre ?

Mr West n’en fit pas un mystère : se reposer. Il devait aussi préparer son autre voyage. Il s’avoua ensuite passablement fatigué et écourta sa visite. Il prendrait son chien le lendemain. Il salua Opal qui, taquine, ne put s’empêcher de mettre son grain de sel :

Si vous avez le temps, passez nous voir avec Sap. On se marre plus quand vous êtes là !

En bonne hôtesse, Angel raccompagna Mr Westwood à l’entrée. Une poignée de main, un regard entendu :

A demain JO, SaP sera prêt. Di aussi.

De retour au salon, Angel trouva Opal en train de gratter l’oreille du toutou. Sitôt entrée, son amie lui sauta sur le râble, excitée :

Alors, c’était comment ?

Comment quoi ?

Le baiser, nouille ! Allez, raconte !

Je… je n’en sais rien sauf que… c’était une idiotie monumentale.

Ecoute ma fille, j’aimerais te voir aussi idiote plus souvent ! C’était mignon tout plein. Et puis… il est beau gosse ce J.O, pas du tout le genre à prendre les gens de haut ; pas comme le vété !

En soupirant, Angel vida son verre :


Ne bâtis pas un roman là où il n’y a rien.

Rien ? Tu es aveugle ou quoi ? Il a fait plus de 3000 kilomètres pour soi-disant t’annoncer de vive voix qu’il repartait et tu trouves que c’est rien ?

Il est venu reprendre son chien, c’est tout.

Il aurait pu te demander par téléphone de mettre toutou dans un avion : fin de l’histoire.

Tiens, c’était vrai. Refusant d’épiloguer là-dessus plus longtemps, Angel trancha :

Disons qu’il est… délicat. Bon, je te remercie d’avoir veillé sur Di. Je ne te mets pas dehors mais je suis fatiguée. Bonsoir.

Ouf, Opal ne s’incrusta pas. Néanmoins, au moment de partir, elle glissa :

Si tu as encore besoin de mes services, n’hésite pas, surtout si c’est pour toi sortir en compagnie du beau J.O !

Excédée, Angel lui claqua la porte au nez en secouant la tête.
Elle laissa le lévrier faire son tour au jardin, le rentra, vérifia ses gamelles et le mit au panier dans la cuisine. Ensuite, elle monta voir sa fille. Le petit ange dormait à poings fermés. Quelle serait sa réaction demain ? Sûrement pas très gaie…
Une fois au lit, Angel se vida l’esprit. Elle ne voulait penser à rien, à plus rien de cette soirée.
Pas facile quand le poids du remords vous ronge. Qu’elle le veille ou pas, elle se sentait affreusement coupable.

*C’est comme si j’avais trompé Preston ! *

Il ne s’était rien passé du tout. Elle devait s’en convaincre et… oublier.

Le lendemain au petit déjeuner, Diana très en forme babillait gaiement :


On va aller au parc avec Sap, hein, maman ? Cours vite, le chien.

Les lévriers sont les meilleurs chiens coureurs, ma chérie… Tu sais, hier soir, on a eu de la visite… Le maître de SaP est rentré de voyage…

La petite fit la sourde oreille, faisant exprès de laisser tomber des flakes à terre pour que le chien s’en régale. Angel, en douceur, récidiva :

Diana, écoute-moi, s’il te plaît. D’abord, ces trucs que tu lui donnes sont trop sucrés pour lui, arrête ! Puis… tu sais que Khan ne nous appartient pas. Il n’est ici que parce qu’il ne pouvait pas voyager. Maintenant, il n’est plus malade et son maître va venir le chercher tantôt.


Arrêt sur image, pincement de cœur.
Les animaux savent toujours quand on parle d’eux. SaP ne fit pas exception. Avait-il compris de quoi il s’agissait ? En tout cas, il s’affala soudain sur le flanc, l’air souffrant.


Tu vois, s’indigna Di, il est encore malade. Il peut pas partir. Je veux pas !

Il est très bon comédien, ma chérie. Il se porte comme un charme. Que tu le veuilles ou pas ne change rien : c’est ainsi et pas autrement.

T’es michante !

Le bol valsa sur le sol, Diana aussi. Elle s’agrippa aux poils de l’afghan et pleurant mieux que Marie-Madeleine. En soupirant, Angel se pencha sur le couple enfant-chien, caressant leur tête.

Tu aimes SaP, je l’aime beaucoup aussi… J.O l’aime encore plus : c’est SON maître. Il serait malheureux sans lui, il l’a reçu bébé. On ne peut pas l’en priver… Je te l’ai dit cent fois, Di… Il n’est pas à nous. Allons promener maintenant, tu veux ?


Peut-être la balade dériderait-elle la gosse ? Cela en eut l’air, en tout cas. Voir les grandes foulées du lévrier en action était un régal pour les yeux. Tout au début du séjour de SaP chez elle, Angel avait souvent dû empêcher Diana de considérer ce chien comme un poney. Elle voulait à toute force grimper sur son dos. La colonne vertébrale de ces racés n’est pas destinée à cela. Un petit singe, à la limite, pourrait monter dessus mais pas une gamine de 10 kilos ! Di avait finalement accepté de laisser gambader Khan, libre comme l’air.
Ce beau dimanche, le chien profita largement de l’espace dégagé. Il disparut un instant, de quoi alarmer mère et fille.


SaP !! Où as-tu été te fourrer ?


L’avait-il fait exprès ? Royalement crotté du museau à sa ridicule queue en trompette, et fier de l’être, le chien reparut dans un état lamentable. De plus…

Il pue ! s’écria Di la frimousse dégoûtée.

Retour rapide à la maison devant les passants amusés ou écœurés. Un bain s’imposait.
Tous les jours, Angel avait passé du temps à démêler le long pelage soyeux de l’afghan et avait trouvé le tour de main nécessaire afin d’entretenir le poil lisse et brillant. Dans le fond, entre ce chien et son chat angora la différence n’était qu’une question de taille.
Là, il s’agissait d’une expérience inédite. Comment J.O s’y prenait-il avec son toutou ? Elle n’allait pas lui envoyer un patronus pour si peu. Un recurvite ? Elle n’osa pas. Direction : la baignoire.
Très vite, il s’avéra que Khan détesta ça. En un rien de temps, la salle de bains fut transformée en bourbier. Poils, savons giclèrent partout. Di riait aux éclats devant le spectacle de sa mère tentant de dompter un fauve trempé qui se démenait pour sortir du jus. Comble de tout, alors qu’elle était prête à expédier un stupefix au rebelle, la sonnette d’entrée fit son bruit.
C’était dimanche… Pas de nounou pour ouvrir.
Dégoulinant et couverte de boue et poils mêlés, contrainte, Angel alla ouvrir. Le feu s’empara de ses joues quand elle découvrit…


J.O ? Mais… Mais vous ne deviez venir qu’après-midi ! Je… Oui, je donne un bain à SaP ! Cet idiot a été se frotter à je ne sais quoi, je ne pouvais pas vous le rendre dans un tel état.

Il rit. Plié en deux, J.O en pleurait. Il expliqua entre deux éclats que Khan détestait ça que... etc. Bref, elle avait eu tort et en payait les conséquences. Bien sûr, il allait arranger ça, vite fait.
Riant malgré elle, elle le guida sur les lieux du sinistre. À sa vue, le chien jappa joyeusement avant de s’effondrer en gémissant, lamentable. La comédie reprenait.
Sous la gouverne du maître, le toutou fut séché et étrillé. C’était sans compter sur Di…
Plantée sur ses petits pieds, elle foudroya J.O de ses mirettes vertes, dures
:

Veux SaP !

Diana, tu oublies les usages ! On salue toujours les invités. Dis bonjours à Mr Westwood !

D’une moue peu convaincue, la petite obtempéra :

B’jour Mr Westwood. Veux SaP.

Cornélien !
Angel hésita entre semonce féroce et attendrissement larmoyant. J.O trouva un arrangement. Délaissant son faux malade, il prit l’enfant dans ses bras. Que lui raconta-t-il ? Bonne question. Le fait est que Di consentit une trêve bienvenue. Elle emmena le chien dans sa chambre avec un sourire resplendissant.
Intriguée, Angel demanda :


C’est quoi ce miracle ? Depuis que je lui ai annoncé la couleur, elle me tire la tête…

Nulle explication directe ne suivit. Un fait demeura : Les chiens étant interdits dans son hôtel, J.O souhaitait qu’elle garde le sien jusqu’à leur envol le lendemain soir.
Il accompagna sa requête avec une demande ressemblant étrangement à celle de Yan pour le service rendu un autre week-end :


… dîner ce soir ? Euh… Je… Je suis prise… Opal ? Que ?

Apparemment son amie, sous prétexte d’un gros rhume, avait annulé leur rendez-vous du soir et en avait informé Mr West, le priant de prendre « gentiment » sa place…

*Je vais la tuer !*

Di se montra enchantée d’accueillir encore un peu son grand copain. Elle se montra adorable le reste de la journée.
Le soir venu, Miss Pamela Knight, baby sitter d’occasion, entra en fonction alors que Mr West débarquait chercher Angel.
Quelle soirée !
Pas à dire mais Mrs Yates ne regretta rien.
Pas de tralala, J.O l’emmena dans un bar enfumé où une ambiance bon enfant régnait. Ils se défièrent aux fléchettes et au billard tout en mangeant un hamburger-frites bien saucé.
Rires assurés.
Avec J.O la conversation coulait de source. Pas de sujets épineux, ni politiques. Les anecdotes entre Salem et Poudlard ne manquaient pas de sel.
Quand Angel commanda une autre bière, J.O la tança gentiment. C’était sa troisième… la limite à ne pas dépasser. Preston le savait, il en avait fait les frais : Angel ne tenait pas l’alcool.
Un soir de dérive, il avait dû la porter sur son épaule alors qu’elle chantait des airs de Célestina Moldubec à tue-tête…


Vous avez raison, rentrons.

Ambiance cassée ? Aucune raison de se lamenter, elle avait passé une excellente soirée, la meilleure depuis…

Un bisou sur la joue, au revoir, merci pour tout. Un page se tourne.

Di avait insisté, Angel avait cédé : elles accompagneraient Mr Westwood à l’aéroport.
SaP avait gémi à fendre l’âme en entrant de force dans sa cage. Qui n’était pas triste ?
Le hall de l’au revoir. Angel tenait Di dans ses bras. J.O était paré avec son sac de cabine en main, face à elles.


Vous allez nous manquer, Sap et… vous… Prenez soin de vous, James. Tenez, voici une liste des espèces vénéneuses à éviter. Au cas où, j’ai là quelques potions de mon invention… Elles ne vous transformeront pas en troll, je vous le garantis. J’ai été ravie de vous connaître… Qui sait ? Un autre jour, un autre moment…

Di ajouta son mot :

Attention à SaP !

Reniflements, cajolerie.

Que tout aille selon vos vœux !

Angel tourna les talons, elle détestait les adieux.

La vie n’est qu’une longue série de rencontres et de séparations. Elle en goûtait encore l’amertume. J.O prenait son chemin, elle le sien.
C’était sans compter avec le destin et… le chien.

Nom d’un chien, qu’est qu’il en avait marre d’être traité en banal cador ! On ne s’appelle pas Khan pour rien.
Chiot donné en cadeau, ce lévrier avait du caractère.
Encore un transfert ? Zut, alors !
Il adorait son maître, mais… Pour la 1ère fois de sa vie, durant 15 jours, toutou avait goûté à la liberté, la vraie !
Aussi, quand l’occasion s’en présenta, il la saisit. Volontairement ou pas mal fermée, la serrure de sa cage s’ouvrit au premier coup de dents.
Désorienté de prime abord de sa chance, le lévrier pointa un museau discret hors de sa prison. Il huma l’atmosphère et prit sa course.

Retour peu glorieux dans cette trop grande maison héritée par mariage.
Angel se taxa de divers noms d’oiseaux en rentrant dans le nid voulu par son Preston.
À quoi bon la mélancolie, elle avait assez donné. Di réclamait son attention, elle s’y donna toute.
Un jour nouveau l’attendait.

Le téléphone ! Belle invention mais quel calvaire parfois !
Tirée du sommeil, Angel saisit le combiné :


J.O ?... SaP n’est pas là ?... j’en sais rien moi ! Je… Oui, d’accord, je vais demander, chercher après… Je vous contacte où ?

Elle gribouilla un numéro et raccrocha.
Quelques ablutions plus tard, préparant le petit déjeuner, Angel perçut des bruits anormaux à sa porte.
L’ouvrant, elle découvrit l’animal le plus crotté du monde :


SaP ?

Force fut de l’accueillir à nouveau…


Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Pas demain la veille (fe) Empty
MessageSujet: Re: Pas demain la veille (fe)   Pas demain la veille (fe) EmptyMer 8 Déc - 21:41

Curieuse soirée, c’était le moindre à dire. De peu et J.O demandait des excuses pour une situation qu’il n’avait pas provoquée…soit, il en avait tiré une certain avantage mais on ne pouvait pas l’en blâmer vraiment, après tout si une si jolie fille vous saute au cou, rester de marbre était de très mauvais goût. Si Mrs. Yates semblait absolument gênée par les faits, on ne pouvait pas dire la même chose de son amie australienne qui se marrait pour de bon, en revenant avec des coupes de vin.

Que se passe-t-il ? J’ai raté quelque chose ?

J.O se gratta le crâne en doutant bellement sur quelle attitude prendre et laissant à Angel le loisir de répondre.

Euh… Non. J.O part en Amazonie dans quelques jours… Il ramène SaP aux USA.

Et Miss McLane de le regarder en arquant un sourcil, à deux doigts de sembler outragée.

Oh là, là. Di va pas apprécier. Elle adore ce lévrier.

Il se sentait presque comme le méchant de l’histoire mais déjà Angel mettait les choses au clair.

Ne dis pas de bêtises. Il n’est pas à nous, elle le sait très bien. Je la préparerai demain.

En fait, cela n’en était pas une. La petite Di s’était entichée du chien et pas à dire, lui d’elle. Il suffisait de les voir ensemble pour deviner qu’ils s’entendaient à merveille, des vrais complices, ces deux là.

Tout ça était très joli mais J.O se disait qu’il ne pouvait pas imposer à Mrs. Yates la présence du grand farfelu, il avait déjà suffisamment abusé de sa bonté, sauf que cela ne semblait pas la préoccuper pour le moment, piquant un nouveau fard, la jeune femme se lançait dans des explications sur son surprenant comportement.

Je… Je tiens à m’excuser auprès de vous deux pour… tantôt. J’avoue avoir été très sotte de prétendre à Yan que je sortais avec J.O.

Ce n’était pas lui qui irait s’en plaindre mais évidemment cela n’entrait pas en cause. Elle n’avait fait que sauter sur l’opportunité de se défaire de ce pot de colle.

Sa soirée n’avait pas été, selon ses dires, de toute gaieté. Mortensen semblait très décidé à la convaincre.

Opal tu n’imagines pas la drague ! Il se parait de toutes les vertus et m’encensait à l’avenant… j’ai inventé tout ce qui me passait par la tête, rien ne le rebutait.

De cela, on pouvait s’en douter. Elle était jolie comme un cœur. J.O détesta un peu plus le vétérinaire mais préféra se taire, de toutes façons, Mss McLane donna son avis, qui, curieusement coïncidait très bien avec le sien.

Sauf d’avoir de la concurrence. Bien fait ! Ce gars a un parapluie coincé quelque part, si tu veux mon avis.

Elle était franchement sympathique, cette fille. Pas du genre à avoir des problèmes pour exprimer haut et clair ses pensées.

Alors on ne reste que quelques jours ? Combien ?

Deux ou trois…je dois être là bas en fin de la semaine prochaine.

Personne ne voulut savoir où se trouvait « là bas ». Quand on parle d’Amazonie, cela représente un énorme territoire, mais ces deux misses ne semblaient pas être intéressées sur sa destination finale et enfin, lui non plus n’avait trop envie de s’étaler en détails.

Et à quoi allez-vous occuper votre temps libre ?

Et la question accompagnée d’un sourire malicieux, comme si elle avait déjà des plans préconçus pour l’occuper, son temps libre.

La seule chose qui me vient à l’esprit est… me reposer !

C’est vrai qu’il n’avait pas trop dormi, ces derniers jours, ce qui le fit penser, pendant un laps très, très court à la charmante Krista…mais elle, comme le Groenland, appartenaient déjà au passé….et c’était très bien ainsi.

S’il restait là plus longtemps, J.O courait le risque de s’endormir, la fatigue pesait lourd et même si la compagnie de ces deux jeunes femmes lui résultait très agréable, il n’était surtout pas question de ronfler comme un malappris.


Je passerai demain prendre SaP mais maintenant…je dois y aller…pas à dire, suis passablement crevé.

L’australienne adorait taquiner son amie, pas de doute…elle voulait à tout prix la voir sortir de son long deuil.

Si vous avez le temps, passez nous voir avec SaP. On se marre plus quand vous êtes là !

Il ne put que sourire.

Je le ferai, pas de souci !

La dame de céans tint à l’accompagner jusqu’à la porte, où, très poliment, comme le veulent les circonstances civilisées, elle lui tendit la main.

À demain JO, SaP sera prêt. Di aussi.

Ni plus ni moins, logiquement, elle n’avait aucune envie de récidiver dans ses chaleureux épanchements de tantôt.

*Dommage…c’était pas mal du tout !*


Mais on n’est pas toujours à sa chance. Il aurait préféré prendre un taxi pour rentrer à son hôtel mais, comme toujours, quand on en a besoin, pas un seul ne voulut passer par là. Il ne lui resta d’autre ressource qu’entreprendre un gentil transplanage qui le mena tout près de sa destination. Arrivé à sa chambre, J.O se laissa choir dans le lit, sûr de s’endormir à la seconde…mais non…trop de choses lui tournaient dans la tête…trop de choses qui avaient toutes le même nom…Angel Yates !

Il finit par se lever, aller explorer le mini bar et finalement, faute de mieux, prendre une douche et se recoucher. Le mélange de cognac et eau chaude faisant son effet, J.O sombra dans un profond sommeil peuplé de rêves, plus ou moins biscornus.

Dimanche matin. Levé de bonne heure, par la force de l’habitude, J.O se trouva en train de tourner en rond dans sa chambre, en se demandant en quoi occuper les heures qui manquaient pour se rendre chez les Yates, récupérer SaP. Il faisait beau, peut être qu’une balade ferait l’affaire pour tuer le temps. Aller où ? Bonne question. Aucune envie de jouer les touristes. Avec un petit effort d’imagination, il décida d’aller voir à quoi ressemblait le fameux Chemin de Traverse dont lui avait tant parlé son ami Preston en lui donnant des indications très précises de comment s’y rendre.
Il ne fut pas déçu. C’était comme faire un voyage dans le temps…à un autre monde. On lui coula quelques regards curieux, pas de doute avec sa tenue de moldu endurci, il se faisait autant remarquer qu’un cheveu dans la soupe. Là, on conservait la tradition et tout le monde portait des habits de sorcier. Essayant de ne pas avoir l’air trop ébaubi, J.O flâna tranquillement en regardant les devantures des curieux magasins qui occupaient la rue marchande.

Hello, Mr. West !!!

Surpris d’être interpellé si gaiement, il se retourna pour se trouver face à face avec une Opal McLane, souriante et ravie.

Alors, on fait une petite balade dans le coin ? Avouez que ça vaut le coup !

Pas à dire…c’est très intéressant ! C’est la première fois que je viens ici…Preston m’en avait parlé !

Soupir de l’australienne.

Oh, oui…ce brave homme adorait cet endroit…mais enfin…paix à son âme ! Venez plutôt prendre un café avec moi…on pourra bavarder un coup sans se faire regarder comme des bêtes rares !...C’est ce que c’est pincé, ces gens !

Et comme pour donner foi à ses paroles, un sorcier, très à l’ancienne mode, passa à côté d’eux en grommelant quelque chose sur la honte de se voir envahis de sangs de bourbe.

Faites pas attention…il y en a qui se prennent pour quelqu’un parce qu’ils sont sang pur…

Elle semblait s’en ficher, de l’avis de son prochain et entraîna J.O vers un coquet établissement.

Mon restaurant, dit elle, toute fière, une petite affaire en or…bornés ou pas, ces sorciers se laissent toujours tenter par ma cuisine !

Peu après, assis face à des tasses de café, ils discouraient gentiment sur la pluie et le beau temps mais pas pour bien longtemps, Miss McLane, esprit pratique, ne tarda guère à entrer dans le sérieux de la conversation.

Alors…comme ça, vous allez disparaître du coin.

Faut bien, mon travail l’exige.

Dommage, soupir rêveur, vraiment dommage !

Vous trouvez ? C’est vrai que j’aurais voulu pouvoir rester plus longtemps mais…peux pas. En plus, je ne veux plus embêter Mrs. Yates avec SaP…

L’embêter ? Vous voulez rire…elle est ravie…Di est ravie…je suis ravie…Ça fait tant de bien de l’entendre rire avec les folies de votre toutou…c’est comme si la vie était revenue à cette maison…

De quoi le faire se sentir encore plus coupable.

Je sais que SaP peut être très marrant…mais…au bout d’un temps, il devient catastrophique…

Ben…normal, c’est un chien…Mais passons…que me dites vous d’Angel ?

La miss allait direct au point.

Angel ?...Elle est très spéciale.

Hum…ça vous pouvez le dire…Faut pas lui en vouloir pour hier soir…

Je ne lui en veux pas !, s’empressa t’il d’affirmer, pas le moins du monde…en fait, je me demandais comment m’arranger pour…l’inviter dîner avec moi…je ne sais pas trop mais je ne crois pas qu’elle en ait trop envie…

Miss McLane sourit, enjouée.

Faut juste ne pas lui laisser l’embarras du choix…Tenez, ce soir on doit sortir, elle et moi…vous savez, le programme complet…cinéma…manger quelque chose, papoter comme des malades…rentrer chez soi et repasser des souvenirs…la gaieté totale, quoi…

J.O sourit en devinant où elle voulait en venir.

Et vous allez me céder gentiment la place !

Que vous êtes perspicace…on va peaufiner un petit plan infaillible…ça ne lui fera que du bien, changer un peu la routine !

Un peu plus tard, J.O prenait congé de la turbulente demoiselle, muni de tous les détails nécessaires pour mener à bon but sa mission.

Se présenter chez Angel avec quatre heures d’avance ? On n’en était pas au détail près. La jeune femme ouvrit la porte et pendant un instant, il ne sut quoi dire en la voyant trempée, couverte de boue et de poils, qui ne pouvaient qu’appartenir au lévrier. Et la voilà qui piquait un de ces fards qui lui allaient si bien.

Bonjour…

J.O ? Mais… Mais vous ne deviez venir qu’après-midi !

Euh…je sais…mais…ne me dites pas que…

Je… Oui, je donne un bain à SaP ! Cet idiot a été se frotter à je ne sais quoi, je ne pouvais pas vous le rendre dans un tel état.

C’était plus fort que lui. Donner un bain à SaP ? Ce chien en particulier détestait cela avec une véhémence émouvante. La seule vue de l’eau et le savon le mettait dans un état de folie frénétique.

Je…suis désolé, Angel…j’aurais dû vous prévenir…, il n’en rigolait pas moins, depuis qu’il est petit…je me contente de lui envoyer une paire de Recurvite…il aime pas l’eau…depuis qu’on a failli se noyer…en Inde…Il vous a vraiment mise dans un sale état…

C’était le moindre à dire. Finissant par rire, elle aussi, Angel le guida vers la salle de bains, transformée en zone de désastre où la petite Di s’en donnait à cœur joie avec son copain dingue. Le premier réflexe de SaP fut de japper, joyeux, prête à lui faire la fête…après tout il était son maître, non ? Mais voilà que son fol enthousiasme céda à un très théâtral malaise.

Et qu’est ce qu’il a, celui là ?

Assez mitigée, Angel lui expliqua que le chien semblait comprendre qu’on allait le séparer de sa petite amie et que depuis le matin…il jouait superbement la comédie de la mort imminente.

Ah bon…Monsieur veut nous attendrir !? Allez, Sac à Puces, arrête ton manège…Où es tu allé te fourrer…tu pues, franchement…pas de manières, toi !!!

En un tour de main et quelques coups de baguette, l’animal recouvra sa splendeur mais pas du tout la bonne humeur, tout autant que la petite Miss Yates.

Veux SaP !

*Oups ! On a un pépin…*

L’intervention de Maman remit un peu les pendules à l’heure mais la gamine était décidément fâchée. Il pouvait la comprendre. Sans faire attention à sa moue renfrognée, J.O la releva dans ses bras.

Je sais, ma puce, que tu aimes beaucoup SaP…Mais…c’est mon seul ami aussi…*Exagère pas !*mais on pourrait s’arranger…je vais te le laisser jusqu’à demain…et puis, on reviendra souvent te visiter…ça te dit ?

C’était toujours mieux que rien et la petite obtempéra, mi figue mi raisin et sitôt posée à terre courut enlacer SaP qui lui lécha la joue, ravi,avant de la suivre dans sa chambre.

Pas à dire…ils s’entendent comme larrons en foire, ces deux là !

C’est quoi ce miracle ? Depuis que je lui ai annoncé la couleur, elle me tire la tête…

Oh…rien...je m’entends bien avec les mioches…De toutes façons, je voulais encore vous déranger …Impossible d’aller à l’hôtel avec SaP *vil menteur !*…serait ce possible que vous le gardiez jusqu’à demain soir ?...et puis…Vous avez été si gentille avec nous…j’aimerais beaucoup que vous acceptiez de dîner avec moi, ce soir.

Gentil fard, soupir. Comme prévu, sa réponse ne rata pas.

… dîner ce soir ? Euh… Je… Je suis prise…

Avec les savants conseils de Miss McLane, J.O savait exactement que dire.

Je sais que vous aviez un rendez vous avec Opal…je l’ai rencontrée tantôt au Chemin de Traverse, la pauvre est terriblement enrhumée et m’a demandé de…prendre sa place.

Pas de doute, elle avait envie d’étrangler son amie mais finit par accepter.

Génial…je passe vous prendre à 19 :00, ça vous va ?

Ça lui allait.

Marrante soirée en perspective. Miss McLane, qui avait l’âme à l’intrigue, lui ayant assuré qu’il n’était pas question pas question de choisir un endroit romantique ni rien de semblable, il avait fini par jeter son dévolu sur un petit pub sympa tout ce qu’il y a de plus bon enfant. Elle en sembla très satisfaite et se détendit d’un cran.

La défier aux fléchettes ? Il n’aurait pu avoir de meilleure idée et il faut dire que la jeune femme s’y prenait à merveille.

Ne me dites pas, vous êtes la championne locale !?, rigola J.O qui venait d’envoyer une ailleurs qu’au but. Normalement, il s’y prenait plus adroitement mais l’entendre rire chaque fois qu’elle marquait des points et lui pas, valait le sacrifice. Au billard se fut autrement, il la battit de plate couture, sans cacher sa satisfaction. Le repas n’eut rien de merveille gastronomique mais le hamburger frites leur convint parfaitement.

Bavarder avec elle était un délice. Une fois oubliée sa timidité, Angel se montrait une interlocutrice adorable. Que ne se racontèrent ils pas ? Leurs temps d’étudiant étaient une source intarissable d’anecdotes.


Un peu coincé, Poudlard…enfin, très british…Chez nous, on se la coulait en douce, sans trop de chichis…Bien sûr, il y a, comme partout quelques uns qui aiment snober les autres…mais rien de grave…il suffisait de leur arranger un peu le portrait…

Cela ne l’horrifia pas le moins du monde, des snobs elle en avait connu. Les sorciers britanniques semblaient cultiver l’élitisme …la noblesse du sang comptait énormément, dans ce coin de monde mais on survola allègrement le thème…qui avait besoin de se montrer sérieux ? La rigolade allait bon train…la vie était belle !

Après sa seconde bière, Angel semblait d’humeur plus que joyeuse. Il ne s’en plaignit pas, son rire l’enchantait mais encore quelques paroles de Preston lui revinrent à la mémoire…sur sa femme et l’alcool. Ils ne faisaient pas bon ménage. J.O en avait un peu marre de tant de souvenirs liés au journaliste. Il était là avec une fille magnifique et devait sans cesse penser à Mr.Yates…c’était comme si de l’au-delà, il défendait encore son territoire.

*Laisse tomber, mon pote…elle n’est pas pour toi…*

La commande pour la troisième chope fusa, rieuse.

Je ne sais pas quelle tête ferait Diana si vous arrivez en chantant à tue tête…

*Triple idiot…*

Vous avez raison, rentrons.

Fin de la petite fête, il aurait pu se donner des baffes.

Ils échangèrent quelques banalités avant de prendre congé sur le seuil. Qu’elle lui fasse un bisou sur la joue l’étonna, mais on laisserait ça au compte des trois bières.

Je passerai demain en fin d’après midi chercher SaP…merci de cette soirée, Angel…à demain !

Le lendemain, la petite Diana insista pour les accompagner, lui et SaP à l’aéroport. Il détestait les adieux. Elle aussi. On fit court…suffisant le petit show dont les avait régalé le chien avant d’être embarqué.

Pas de souci, Di…il va dormir gentiment et en arrivant il sera comme neuf…

La petite n’en était pas si sûre mais retint vaillamment ses larmes. Du coup, il ne se sentait pas plus gaillard, surtout que mine de rien, Angel en rajoutait.

Vous allez nous manquer, SaP et… vous…

La menace poilue régnait dans le cœur de ces dames.

On reste en contact !


*Bien sûr…du cœur de la jungle…*

La suite lui fit vraiment chaud au cœur.

Prenez soin de vous, James. Tenez, voici une liste des espèces vénéneuses à éviter. Au cas où, j’ai là quelques potions de mon invention… Elles ne vous transformeront pas en troll, je vous le garantis.

Wow…vous pensez vraiment à tout…merci !


J’ai été ravie de vous connaître… Qui sait ? Un autre jour, un autre moment…

*Une autre vie…*


Bientôt, j’espère.

Di n’y tint plus, avec un reniflement à vous fendre l’âme elle lui recommanda de faire attention au brave toutou.

Il sera très bien…Toi, prends soin de ta maman et sois une brave fille, Ok ?...Au revoir, Angel…

Que tout aille selon vos vœux !

Un dernier regard, un sourire puis chacun fit demi tour et s’en fut de son côté.

Le voyage fut banal. Confortablement dorloté en Business Class, passa son temps à réviser quelques notes, à s’informer sur sa destination, à faire une liste de tout ce dont il aurait besoin, de penser à Angel…de faire un petit somme et de penser encore à elle en descendant de l’avion. C’est alors que tout se corsa. Contre toute prévision, attente et ce qu’on voudra…la cage de SaP arriva vide. Bien entendu, pas de trace de l’afghan dans la soute où il aurait dû voyager.

Mais comment ça !? Vous embarquez une cage vide sans le remarquer !? C’est quoi comme attention…je sais que vous pensez que c’est une autre pièce de bagage…C’est un chien, bon sang…mon chien !!!

Les employés de la compagnie aérienne se défirent en excuses, assurant qu’on trouverait une solution. J.O voulait bien savoir laquelle !

Je veux être tenu au courant…et vaut mieux que mon chien aille bien sinon, attendez vous à des retombées !

Le voyant si fâché, personne n’osa douter sur la teneur…des ces retombées ! Ses menaces portèrent.

Cela faisait quelques heures qu’il était de retour chez lui quand on l’appela de la compagnie aérienne. À croire qu’ils avaient alerté le Yard. Vraisemblablement, SaP s’était bel et bien arrangé pour prendre la clé des champs avant de son départ. Plusieurs personnes assuraient avoir vu le lévrier filer comme le vent, aux abords de l’aéroport…Un animal comme celui là passait difficilement inaperçu.

Ne te fais pas si mauvais sang, mon petit, conseilla Rose Westwood, on finira bien par le retrouver.

J’ai toujours pensé que ce chien est complètement fou !, assura sa sœur Magnolia, si tu dis qu’il s’est autant attaché à cette gamine…rien d’étonnant qu’il aille la chercher.

Tu crois, Maman… ? L’aéroport n’est pas tout près de chez Angel…

Magnolia Westwood sourit en lui tapotant la joue.

Qu’il soit fou ne veut pas dire qu’il soit bête…

Je vais téléphoner à Angel…elle saura que faire !


Tu ne dis pas que c’est une gamine de deux ans et demi !?, s’interloqua Rose.

Pas elle, Maman…Angel…est sa mère…

Échange de regards entendus, il filait vers le téléphone.

James…tu as regardé l’heure !?, s’enquit Magnolia .

Trop tard. Quand il regarda sa montre, on avait déjà décroché de l’autre côté de l’Atlantique…où il n’était que 04 :32 du matin…

Euh…Angel !?

Question idiote, qui cela aurait pue être d’autre ?

Désolé de vous réveiller…Oui, c’est moi…SaP a disparu….Oui, je sais que vous ne savez rien…mais…en étant là ce serait peut être plus facile…

Après s’être encore confondu en excuses, il raccrocha. Ses mères le regardaient, entre amusées et curieuses.

Ce n’est qu’une amie…en fait. C’est la veuve de Preston Yates…vous savez…

Elles savaient. Vint la mise à jour de rigueur, ce qui signifiait un interrogatoire en bonne et due forme, mais il s’y prêta de bonne grâce. S’il était la prunelle des leurs yeux, elles étaient son seul refuge et havre de paix.

Douce revanche ? Le téléphone le fit pratiquement bondir dans son lit. Un coup d’œil au réveil lui indiqua qu’il était 03:30am. Il reconnut sa voix à peine elle eut dit allô.

Angel …que qu’est ce que je faisais ?…euh…je dormais. Quoi ? SaP est apparu à votre porte ?...Satané chien…Mais non, voyons, je suis ravi que vous me réveilliez de la sorte…Non, ça n’a pas alerté la maisonnée…c’est ma ligne privée. Crotté jusqu’aux yeux ? Pourquoi ça m’étonne pas…Que Di est ravie ?...M’en doute…Non…Pas le temps…je dois être à New York demain…enfin…plus tard…C’est trop abuser de votre bonté !...Vrai ? Ça ne vous dérange pas de rester avec SaP jusqu’à ce que…ça risque de prendre un peu plus de temps que la dernière fois…Ça ne fait rien ?...Mais non…de toutes façons, je ne pouvais pas l’emporter avec moi…Vous êtes un ange…Angel !...

Il la rappela au soir, alors que l’heure était convenable pour tous les deux. SaP avait recouvré sa splendeur poilue, débordait de bonne santé et enthousiasme. La petite Di délirait de bonheur et elle ? Tout le monde était content, donc elle aussi…

Et lui ? J.O n’aurait pas su définir ce qui le taraudait. Rose et Magnolia Westwood, par contre, semblaient avoir compris au quart de tour mais se remirent à observer leur rejeton sans faire de commentaires. Pendant ces quelques jours qu’il resta à la maison, il s’enfermait au moins une demi-heure dans le bureau pour téléphoner en Angleterre.

Mais bien sûr, rigolait Magnolia en reprenant des points dans son tricot, notre chéri ne veut qu’avoir des nouvelles de son chien.

Rose pouffa.


Jamais vu un maître aussi exemplaire…allez, chut…il vient !...

Prenant des airs de conspiratrices elles l’entendirent soupirer et échangèrent un clin d’œil complice. Elles jouissaient de parfaite santé et rien ne laissait prévoir qu’elles quitteraient ce monde de sitôt mais l’avenir de leur enfant les préoccupait…à part elles, James Oliver n’avait plus personne en ce bas monde…il était sans doute temps que cet adorable casse cou trouve une gentille fille qui l’aime, sauf que lui, avait l’air de les aimer toutes et ne vouloir se décider pour aucune…

Le cadeau d’au revoir de ses chères mamans lui sembla un peu extravagant : un téléphone satellitaire et tous ses accessoires, ce qui lui permettrait de se communiquer avec n’importe qui…n’importe où. Il suffirait d’avoir toujours une batterie chargée à portée de main. Il s’en alla, content comme toujours au moment d’entreprendre une nouvelle aventure.

Le voyage fut sans incidents. D’abord arriver à Caracas, capitale du Venezuela et de là prendre un autre avion, plus petit pour se rendre à Ciudad Bolivar, de là encore un Cessna qui sembla minuscule pour gagner la Gran Savana, de là, il faudrait faire le reste du voyage en pirogue. J.O était tout à son bonheur, le paysage qui s’offrait à ses yeux était sublime, d’une richesse profuse de couleurs, senteurs. La biodiversité de ces lieux était jugée unique…encore. Non seulement par sa faune et s flore, aussi par ses autochtones. Il restait encore là, des petites tribus d’indios vivant reculés de la civilisation, permettant l’accès uniquement à quelques missionnaires et maintenant…à lui. J.O était très conscient du besoin de ne pas brusquer ces gens pacifiques, s’il était là, c’était seulement grâce à l’aide, inestimable d’un de ces missionnaires : Jérôme Reese. Pour pourvoir à cette tribu oubliée du monde de l’aide nécessaire face à l’invasion massive de l’homme blanc, il fallait bien que le monde les connaisse…

Les premiers jours se passèrent à s’adapter les uns aux autres…enfin, aux habitants du petit village à cet américain souriant qui ne voulait que prendre des photos. Petit Père, comme ils appelaient Reese leur avait assuré qu’il était un ami…un bon ami.

Il resta bientôt clair pour tout le monde, que le nouvel arrivant n’était pas bien dangereux. Curieux mais respectueux des coutumes. Si on lui disait de ne pas faire ceci ou cela, il le faisait sans poser de problèmes. Parfois, il disparaissait la journée entière et s’en allait vaquer par monts et pas vaux en l’unique compagnie d’un jeune guide avec lequel s’entendait, allez savoir par quel miracle. J.O donnait volontiers un coup de main pour aider à la construction d’une nouvelle hutte, ou pour aller à la pêche, en quoi il se montrait très habile. Les enfants l’adoraient et rien ne les amusait plus que le voir déployer son attirail de télécommunication et parler dans une boîte noire, ce qui semblait le ravir alors que les gosses piaillaient de rire en se disant que l’homme blanc était un peu dingue.

Ses conversations avec Angel s’étaient espacées, batterie obligeant, mais au moins deux fois par semaine, il s’arrangeait pour prendre de ses nouvelles…Amitié ? Autre chose ? J.O préférait ne pas trop y penser ou quand il y pensait, ses conclusions n’étaient pas des plus engageantes.


*Tu parles si une fille comme elle voudrait d’un type comme toi ! Preston était un grand journaliste, toi un photographe casse cou…elle en aura marre des mecs qui passent leur vie à risquer la peau…Tu n’as rien à lui offrir…à part un nom emprunté…Stabilité ! Tu sais ce que c’est ça ? Tu parles…*

Cette fois le Cessna amphibie était venu le chercher près du village. Il devait se rendre impérativement à la capitale pour prolonger son visa…Les enfants l’accompagnèrent pour le voir s’envoler . En se penchant par le hublot il leur avait fait des signes d’adieu…

La tempête les prit au dépourvu avec des vents d’ouragan et une pluie qui les aveuglait…

Quand J.O ne retourna pas au village au bout de quelques jours. Reese fit le voyage en pirogue jusqu’au premier poste militaire…C’est là que, consterné, il apprit que le Cessna n’était jamais arrivé à destination. On avait lancé des recherches mais débusquer un petit avion dans cette jungle dense était comme chercher une aiguille dans une botte de foin…

Arbres…arbres partout. A peine si on apercevait un bout de ciel…La tête lui faisait affreusement mal…il parvint à faire encore deux pas avant que tout ne sombre dans un tourbillon de couleurs démentes puis…ce fut le noir absolu…
Revenir en haut Aller en bas
Angel Grisham
new & pure
Angel Grisham
hiboux : 4570
maison : Serdaigle
house points : 0
multicomptes : Justin Davenport
Alix Blackstorm
Erik Nielsen
Pas demain la veille (fe) Empty
MessageSujet: Re: Pas demain la veille (fe)   Pas demain la veille (fe) EmptyVen 10 Déc - 14:54

Quel radar possèdent les clébards ? Oh, bien sûr un lévrier afghan aussi racé est un animal hors prix et aucune comparaison n’est possible avec un banal cador.
Tout joyeux d’être de retour à sa nouvelle maison, SaP se lança sur Angel en démonstrations joyeuses et… salissantes.
En fait Mrs Yates était ravie de revoir le chien en si bonne forme. Il aurait pu lui arriver n’importe quoi depuis le rapt à l’écrasement. Di serait enchantée de la surprise qu’elle aurait en se levant.
En attendant, Angel s’occupa de Khan. Il vida son écuelle comme un affamé et but au moins un litre d’eau avant de laisser la jeune femme lui appliquer un bon « récurvite »
Propre et net, le chien fut autorisé à monter chercher la gamine ce qu’il fit au grand galop dans l’escalier et au grand Dam de la chatte angora lovée aux pieds de sa petite maîtresse. Presque écrasée par le « fauve » joyeux sautant sur le lit, Alba cracha son mépris et s’enfuit.


Tu vois m’man, il nous aime : il est revenu tout seul…

Oui ma chérie, SaP est très malin mais ce n’est pas notre chien. Allez, vous deux, debout ! On descend déjeuner. Je préviendrai son maître en bas.

La fillette installée sur sa chaise rehaussée, le lévrier sagement assis près d’elle, Angel s’empara du combiné.
Ce n’est que lorsque la sonnerie retentit qu’elle remarqua sa gaffe… Il devait être affreusement tôt là-bas…


Allô J.O ? Je… j’espère ne pas vous déranger… Je voulais vous avertir au plus vite : SaP a gratté à ma porte. Il est chez moi, là... Oui, il est très futé. Je m’en veux de vous avoir réveillé, je ne me suis pas rendu compte du décalage horaire…

Il n’avait pas l’air fâché du tout, ce qui la rassura. Du coin de l’œil elle regardait Di rire aux éclats des grimaces que faisait SaP pour qu’elle lui jette un bout de nourriture tout en bavardant avec Mr Westwood. Apparemment ce dernier n’avait plus le temps d’assurer le transfert de l’animal, aussi elle se lança :

Je peux le garder ici, si vous voulez… Plus longtemps ? Ça ne fait rien, je vous assure.

Vous êtes un ange…Angel !

Une veine que le téléphone ne soit pas équipé de vidéo, il l’aurait vu rougir… de plaisir sous le compliment en raccrochant.
Qu’il sonne le soir, et les jours suivants, la surprit… agréablement. Très, trop agréablement ? En femme pratique et meurtrie, la jeune veuve préférait ne pas y songer.
Bien évidemment mise au courant, Opal ne rata pas flots de suppositions, insinuations aussi…
Les débats furent houleux :


Il te téléphone encore ? Ben je crois que tu as un sérieux ticket, ma chérie.

Cesse avec ça. On est copain, c’est tout.

On est copines et on ne se téléphone pourtant pas tous les jours !

Pas nécessaire : on se VOIT tous les jours !

Est-ce que si je gardais Alba tu me téléphonerais sans arrêt pour prendre de ses nouvelles ? Si c’était Di, je comprendrais, mais SaP n’est qu’un animal !

Qui te dit qu’il ne considère pas Khan comme son propre gosse ? Je connais des tas de gens qui s’entichent de leur chat, chien, cheval et les soignent même mieux que leurs enfants !

Ah oui ? Cite m’en un !

Euh… Euh… Rusard pour sa Miss Teigne ! Et Hagrid aussi ! Pour lui toutes ses créatures sont comme ses bébés !

M’enfin, tu vises les extrêmes ! Tu ne peux pas comparer J.O avec ces hommes !

Je n’ai nul besoin de le comparer à quiconque. Point final !

Point final avec Opal ? Autant rêver.

Cette fois, J.O décollait pour Caracas. De là il voyagerait beaucoup jusqu’à son point de chute : une peuplade quasi inconnue. Ils se dirent au revoir banalement, West assurant qu’il garderait le contact grâce à un cadeau de ses mères : un téléphone satellitaire.

Quelques jours passèrent sans nouvelles. Angel se surprit à guetter la sonnerie du téléphone en se traitant d’idiote :


*Il a bien autre chose à faire que de penser à sa dog-sitter ! *


N’empêche que ces quelques minutes, parfois une trentaine, au combiné lui étaient devenues si familières qu’elles lui manquaient…
Opal, consciente des tracas de son amie, ne la lâcha pas :


Pas d’appel aujourd’hui ? C’est pour ça que tu tires cette tête ? Viens plutôt m’aider au resto, j’aime bien ta patte culinaire !

Je ne peux pas laisser ma marmaille seule, voyons !

Ben… amène toutes tes pattes avec toi. Plus on est de fous…

Dans le fond… pourquoi pas ? Mais Angel imaginait trop bien le tableau de son toutou blagueur au milieu du resto : cata assurée.
Elle demanda donc à Miss Knight de veiller sur la maisonnée pendant qu’elle se « distrairait » sur le chemin de traverse.
Même si elle travaillait tous les jours à l’officine, Angel n’aimait plus flâner là-bas. Trop de souvenirs la hantaient quand elle s’y attardait.
Opal vit à sa tête qu’une fois de plus Mrs Yates pensait à son mari en arrivant dans le quartier sorcier. Elle se chargea aussitôt de lui changer les idées
:

Tu penses quoi au juste de J.O, tu ne me l’as pas encore dit.

Mais si je te l’ai dit : on est copain.

Vous parlez de quoi, à longueur de temps, si je ne suis pas indiscrète ?

De tout, de rien. De la pluie et du beau temps ; de Di, SaP, nos familles, ses projets…

Des tiens ? De toi ?

Angel haussa les épaules :

En quoi cela l’intéresserait-il ? J’en ai pas de toute façon. Je veux rendre Di heureuse, ça me suffit.

Ouf, elles étaient arrivées à destination. L’ambiance trépidante des cuisines du « palais fins » les occupa tellement qu’elles eurent peu l’occasion de papoter.
La réputation gastronomique de Miss McLane rendait son établissement incontournable aux gourmets. La salle, petite et douillette, était comble chaque soir. Les deux copines s’entendaient à merveille pour satisfaire les exigences des clients et, vers 23h elles fermèrent boutique avec le soulagement de la tâche accomplie.

Rentrée en compagnie de sa copine, Angel se sentait crevée en donnant ses gages à la baby-sitter.
Opal, elle pétait la forme, plus habituée à ce rythme d’enfer nocturne. Elle rouspéta gentiment la jeune mère :


Tu vois : tu t’encroutes, tu ne tiens plus la route ! Où est l’Angel d’antan, celle avec qui je faisais la bringue jusqu’à l’aube ?

Ces mots anodins, lancés en boutade, amenèrent des larmes aux yeux de l’accusée :

Elle est morte… Il y a deux ans… sur une route d’Afghanistan. Je… je suis claquée, merci de cette soirée.

Croire qu’Opal McLane allait laisser sa meilleure amie dans cet état à ce moment était mal la connaître. Au lieu de compatir à la blessure révélée, elle se rebiffa :

Eh bien… paix à son âme et que vive la nouvelle Angel ! Non mais c’est quoi ce délire ? Tu veux entrer au Carmel ? Tu as toute une vie devant toi ! Tu aimais Preston, il t’aimait… il est parti et toi TU VIS ! Mais tu ne dois pas vivre dans des souvenirs et faire de ton cœur un mausolée à la mémoire de ton mari ! Ce serait injuste ! Preston ne voudrait pas ça, il…

Riiiiiinngg

Sauvée par le gong qui, en l’occurrence, était le téléphone.
A cette heure ? Qui ? Lui… ?
Sans trop y croire, elle alla décrocher. Qu’elle le veuille ou non, son visage s’éclaira quand elle reconnut la voix de J.O.
Un bavardage enjoué s’en suivit. De son coin, Opal qui ne ratait rien des attitudes d’Angel, rigolait sous cape.


Oui, je vais bien merci, tout le monde va bien. Et toi ? Ah… une tribu peu développée… un missionnaire ? … Oui, bien sûr, je comprends… Bye ! Fais gaffe au curare et aux réducteurs de tête !

Elle souriait encore en raccrochant. L’air de rien, Miss McLane lâcha :

Alors ? Monsieur fait ami-ami avec les autochtones ? Il me semble ne pas avoir entendu parler une seule fois de SaP…

Pas eu le temps, bouda Angel. Il doit ménager ses batteries. Mais il s’adapte, c’est le principal. Sur ce : bonne nuit !

Et toi fais… de beaux rêves !

Le transplanage express d’Opal lui évita de recevoir la potiche qu’Angel voulut lui balancer en riant.

Les jours se succédèrent pareils aux mêmes. Se lever, sortir le chien, se laver, s’habiller, préparer les déjeuners, rentrer le chien, réveiller Di, la faire manger, la pomponner, l’amener chez sa mère avec le chien, travailler, rentrer en faisant les mêmes gestes du soir.
Deux fois par semaines, ses journées s’éclairaient avec les appels de J.O. Il s’amusait bien là-bas.
Souvent, il la faisait rire en lui racontant des anecdotes sur une partie de pêche ou la construction d’une hutte, les plaisanteries des enfants locaux ; elle lui racontait les dernières frasques de leur chéri, narrait des petites histoires sur son métier…

Puis un jour, il n’appela plus. Pas un coup de fil de la semaine, Angel commença à s’inquiéter.


*Ses batteries sont à plat, il n’y a pas de drugstore proche où en acheter… Il est sorcier, il saura se débrouiller*


Logique, somme toute. Sans le vouloir, Mrs Yates devint nerveuse, et se mit à regarder le téléphone avec l’espoir de le voir émettre son bruit. Des rêves la hantèrent. Des cauchemars, plutôt. Tantôt J.O sombrait dans des sables mouvants, tantôt il se dorait la pilule en plaisante compagnie. Il tombait dans un fleuve, se faisait bouffer par des piranhas, des crocodiles, des fourmis, des serpents…
En début de la deuxième semaine, elle n’y tint plus : elle devait faire quelque chose.
L’idée lui vint de téléphoner aux mères de J.O.


*Tu dérailles ! Si elles en savent autant que toi, tu vas les affoler sans doute pour rien. Il n’a peut-être plus envie de te causer, c’est tout. Elles te riront au nez s’il les appelle elles et plus toi… Mais au moins je saurai. Je dois savoir !*

La manière la plus discrète et efficace de faire une reconnaissance lui apparut soudain : envoyer son patronus. Quelques réticences la retenaient encore. De quel droit se permettrait-elle de l’espionner ainsi ?

*Je dois le faire. S’il lui est arrivé quelque chose et que je ne fais rien, je m’en voudrai toute ma vie !*

Il faut exprimer un sentiment heureux pour créer un beau patronus… Dur dans de telles conditions.
En évoquant le rire de Diana, l’hermine argentée se matérialisa. D’après le dernier appel de J.O il aurait dû se rendre à Caracas. Elle donna ses ordres :


Localise J.O, vérifie sa santé, reviens m’en faire part.

L’attente commença avec la ronde des questions angoissantes. Elle, qui ne fumait quasi jamais, se retrouva en train de chercher fébrilement un paquet de cigarettes oublié par Preston.
La première bouffée faillit l’étouffer, elle écrasa aussitôt ce poison. Se rabattre sur le cognac ? Euh… il ne valait mieux pas. A défaut d’occupations, Angel entreprit de jouer avec SaP. Ce grand fou ne demandait pas mieux que se défouler. Il pouvait faire autant de dégâts qu’il voulait, des reparos arrangeraient ça.
Alors que pour la xième fois, Angel lançait la baballe, la fine silhouette du patronus se matérialisa devant elle. D’un coup de baguette, elle freina les élans du lévrier qui croyait peut-être à un nouveau jeu : la chasse à l’hermine.
Figée, la jeune femme écouta les explications de l’apparition. Elle sentit ses cheveux se dresser, son sang se geler. J.O vivait mais…

Le monde basculait. Se forçant au calme, Angel bondit sur le téléphone et appela Opal en catastrophe. Par chance, c’était jour de fermeture du resto, elle répondit aussitôt :

Viens, viens vite !!!

Quoi ? Di ?

Non, J.O !

Transplanage direct, narration rapide, énervements.

Qu’est-ce que je fais maintenant ? Qu’est-ce que je dois faire ? se lamenta Angel en croisant et décroisant les doigts tout en arpentant le tapis.

Comme pensant à haute voix, elle argumenta :

Je ne peux pas envoyer un fax aux autorités du coin, ni me faire passer pour une voyante extralucide qui l’aurait découvert. Je pourrais avertir ses mères mais…

Calme-toi Angel ! Bon, ta bestiole l’a vu blessé à cet endroit. Mal fichu mais vivant. Si tu veux mon avis… Vas-y !


Hein ? Mais… Mais…

Cesse de bêler ! Chaque minute compte peut-être. Je garderai Di et SaP, pas de souci. Assure-toi d’abord de sa santé puis… ; tu trouveras bien comment le ramener de façon… plausible.

C’était exactement ce que comptait faire Angel. La confirmation de son amie lui donna des ailes.
A la hâte, elle s’équipa. Pansements, médicaments, vêtements, vivres : tout l’attirail du parfait secouriste de jungle se réunit au quart de tour.
Parée comme une exploratrice, Angel étreignit sa copine :


Prends soin d’eux.

Prends soins de vous.


Portoloin activé, Angel s’évapora.

La jungle…
Angel n’en était pas à sa première expérience. En compagnie de Preston, il lui était arrivé d’avoir à s’y déplacer.
Son atterrissage ne fut pas des plus glorieux, pile dans un marais boueux dont elle se dépêtra vite afin d’éviter les sangsues. Un récurvite plus tard, elle était d‘attaque à se lancer dans l’expédition.
D’après les renseignements du patronus, J.O s’était trouvé là moins d’une heure auparavant.
Elle concentra son attention sur la végétation environnante. Dans ce coin, rien ne semblait déplacé… Cherchant des indices de passage, la jeune femme hésita à encore faire appel à son patronus. La magie, ça épuise. Qui sait si elle n’allait pas avoir besoin de toute son énergie pour… Mais mieux valait ne pas y penser.
Débrouillarde, Angel l’avait toujours été. Aidée de son instinct et de ses expériences antérieures, elle repéra vite les anomalies du terrain.
Ici, des branches cassées ; là, plantes aplaties et… du sang frais… De quoi affoler moins aguerrie.


*Ne pas penser, agir !*


De trace en trace, une piste se dégageait. Elle la suivit en faisant néanmoins attention où elle posait les pieds. Un petit « protego » lui permettait d’éviter les bestioles de quelque nature que ce soit, mais… Mieux valait utiliser ses sens.
Le soleil ne perçait pas beaucoup la végétation dense. Dans la lueur glauque et la touffeur humide, la jeune femme avança prudemment. Bientôt, outre les bruits normaux de la forêt, elle perçut des sons plus… humains. Était-ce son imagination ou venait-on de jurer en anglais ?


J.O ! cria-t-elle. J.O où es-tu ?

On l’appelait ! Faible mais proche, la voix connue résonna.
La source repérée, Angel fonça à travers les broussailles et...le découvrit. En deux bonds, elle fut près du corps allongé au sol. Il venait manifestement de s’empêtrer dans des lianes et… fulminait.


*Bon signe* J.O, je suis là, c’est moi Angel… Bien sûr patate, en vrai ! Tu ne pensais quand même pas que j’allais te laisser dans le pétrin et garder SaP sur le dos ?

Il avait toute sa tête, déjà ça.

Laisse-moi t’examiner… non… je suis seule. On s’arrangera après.


Le tableau n’était pas des plus beaux. J.O avait les vêtements en charpie. Un énorme hématome lui couvrait la moitié du visage. Le corps, sans compter de multiples contusions et entailles paraissait intact sauf le bras gauche qui pendait dans une position anomale. Son front brûlait, ses lèvres étaient craquelées.
D’abord Mrs Yates lui donna sa gourde. Un peu d’eau s'écoula, juste ce qu’il fallait. Elle dut la lui arracher des mains :


Trop d’un coup serait néfaste. Tu en auras encore après. Je vais nettoyer tes plaies mais avale ça, tu auras moins mal.

Une pilule se glissa dans la bouche, une gorgée d’eau aussi.

Raconte-moi ce qui s’est passé…

Il déballa le tout - tempête et crash compris – alors qu’avec des gestes d’infinie douceur, elle le débarrassait des souillures.

… Tu aurais dû rester sur place !... Tu t’es perdu ? Comment ça perdu ? Je me doute qu’après un choc pareil, tu aies été désorienté mais…

L’aveu la scia, suspendant le bandage en cours. Comment ne l’avait-elle pas deviné ? Les yeux si bleus, si plein de vie et malice étaient maintenant… vagues, ternes… absents. Elle se reprit:

C’est… C’est sûrement une cécité temporaire due au choc sur la tête. Tu vas t’en remettre. Je t’ai débarbouillé et aseptisé le plus accessible. Je vais remettre ton épaule en place… ça va faire mal.

Un sortilège d’apaisement aida la manœuvre. Si J.O tourna de l’œil, l’épuisement en était le plus responsable.
Déplacer ce poids mort ne fut pas une mince épreuve ; Angel s’y employa au mieux pour accommoder son ami le plus confortablement possible. Elle l’emballa dans une couverture, surveilla pouls et respiration puis s’octroya une pause.
Dans son aventure, selon ses dires, J.O avait tout perdu. Plus de baguette ni portable. Le cessna, mal équipé, n’avait pas de balise de repérage.


*Comment diables a-t-il survécu tout ce temps ? *

Fallait croire que Mr West avait l’âme chevillée au corps pour avoir, sans ressource aucune, blessé et aveugle, déjoué si bellement les pièges de la nature hostile pendant des jours.
Bouffé par les insectes, infecté de partout, il avait survécu.
Un sentiment de profonde admiration envahit Angel qui alluma un petit feu près d’eux. La luminosité décroissait rapidement, autant créer un campement de fortune.
Grâce à ses sortilèges, nul nuisible ne les dérangerait, elle y veillerait.

J.O passa par des phases de grelottements à celles de sudations intenses ; elle le réchauffa ou le refroidit à l’avenant. Potions aidant, elle parvint à lui faire surmonter ses crises.
Malgré sa fatigue, comme un brave petit soldat, elle le veilla toute la nuit. La torpeur parfois la saisit, elle la combattit.
Demain, il irait mieux ; demain, il faudrait le rendre à la civilisation…


*Comment ? *


Elle se posait encore la question quand le sommeil la prit, d’un coup.

Son cri la réveilla : il l’appelait.


Je suis là… non tu ne rêvais pas. Comment te sens-tu ? Mieux ? Tant mieux ! Désolée d’avoir dormi, je vais vite te préparer quelque chose à manger. Raviolis en boîte, ça te va ?

Vive la magie, un tour de baguette, la boîte fut chauffée. Affamé comme il l’était, J.O aurait probablement mangé froid, qu’importe. Ses gestes, mal assurés, peinèrent Angel.
Habitué à se débrouiller seul, le photographe encaissait mal son nouvel état. S’il se sauça copieusement et rata des bouchées, Angel effaça les traces sans faire état de ces maladresses.

Les vestiges du repas disparus, le café instantané avalé, J.O avait l’air plus gaillard. Angel osa alors aborder le thème principal :


J’ai beaucoup réfléchi cette nuit au moyen de te faire réapparaître sans éveiller la suspicion des moldus… Tes mères ? Que… ?

D’après lui Rose et Magnolia Westwood devaient tenir un siège à Caracas. Par leur biais, il serait facile de les retrouver.
Angel resta pensive un bon moment. Donner les coordonnées de leur position était une chose, rendre crédible les retrouvailles en était une autre.


Si je leur envoie mon patronus, elles comprendront, tu es sûr ? … OK, on fera comme ça alors...

Un plan simple est toujours efficace.

Une pirogue lâchée aux flots. A son bord, un seul occupant, plus ou moins en forme, en apparence, sommeillait.
L’avion de reconnaissance la repéra rapidement. Des équipes de secours se déployèrent.
Dès que J.O West fut héliporté, nul ne devina qu’une personne sous désillusion pleurait de soulagement dans l’embarcation abandonnée.
Mission accomplie, Angel s’évapora

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Pas demain la veille (fe) Empty
MessageSujet: Re: Pas demain la veille (fe)   Pas demain la veille (fe) EmptySam 11 Déc - 13:06

Le pilote avoua qu’un front de mauvais temps avait été annoncé plus tôt mais qu’il n’avait pas supposé que cela les atteindrait si vite. J.O avait soupiré et pour si jamais ajusté sa ceinture de sécurité. Être un peu malmené par des turbulences ne le gênait pas. Ce n’était certes pas la plus agréable des expériences mais Leonardo Suarez n’était pas un amateur, cela faisait des années qu’il volait dans la zone et J.O n’était pas facile à effrayer.

Mais il fallut bientôt reconnaître que la force de l’orage atteignait catégorie de tempête en toutes règles. Le petit Cessna n’était qu’un fétu de paille pris dans le vent sauvage. La pluie formait un rideau dense qui rendait la visibilité nulle. Le pilote lança un appel de secours donnant leur position. Le moment était venu d’entamer une prière. La lutte d’homme versus éléments déchaînés était trop inégale comme pour songer à un happy end.

*Dommage…il y avait pas mal à faire encore !*

Il aurait pu essayer la magie mais même le plus puissant sorcier n’aurait pu éviter la catastrophe imminente. Attrapés dans le cockpit, les deux hommes échangèrent un regard navré puis Leonardo lui hurla de s’accrocher…À travers la pluie, J.O vit la faite des arbres vers lesquels ils se précipitaient. Dans un fracas de fin de monde, le petit avion s’enfonça dans la forêt…se déchirant, se disloquant…Quelque chose le frappa à la tête, l’assommant carrément…

Le calme était revenu dans le sous bois…Silence ouaté, surnaturel rompu uniquement par la pluie bruissant sur les feuilles…Ce fut cette même miséricordieuse caresse humide qui le tira lentement de l’inconscience. Premier réflexe : bouger pour réaliser en être presque incapable…une vague brutale de douleur le cloua de nouveau au siège auquel il était encore attaché.

*Tu es vivant !*

Cela aurait dû le réjouir mais J.O n’était pas un rêveur. Avoir survécu au crash du Cessna ne signifiait pas qu’il était tiré d’affaire, loin de là. Où était-il ? Plus dans la carlingue…sinon impossible de sentir la pluie ruisseler sur son visage. Avec un effort, il réussit à ouvrir les yeux…Une vision floue de ce qui l’entourait faillit l’épouvanter. Des branches…Il était pris entre les branches d’un de ces énormes arbres qui avaient déchiqueté l’avion…D’une façon inexplicable alors que le fuselage se désintégrait, son siège était resté suspendu là…comme une breloque au sapin de Noël. Cela lui avait sauvé la vie pour le moment mais il savait que n’importe quel mouvement brusque déclencherait une chute mortelle …Le bon vieil instinct de survie joua encore une fois son rôle…

La panthère atterrit sur ses pattes trapues avec un feulement de douleur qui secoua la quiétude des lieux. Se mouvant précautionneusement, l’animal inspecta les alentours…Non loin de là, dans ce qui restait du cockpit, se trouvait le cadavre déchiré du pilote. Les débris du petit avion étaient sans doute éparpillés dans un large périmètre, inutile de chercher…Il n’y avait rien à récupérer…

Levant le museau, la panthère huma l’air trop humide, cherchant un repère quelconque mais comment en trouver dans un endroit dont on ne connait rien…dans un territoire qu’on pressent hostile. Un refuge…la base creuse d’un arbre démesuré offrit un abri presque sec…enfin, tout est relativement humide dans ce coin de monde.

J.O reprit ses sens tapi au fond de ce trou, se sentant plus malade que voulu. Chaque particule de son corps lui faisait mal, son bras gauche pendait inutile, jusque là, seule fracture constatable. Lésions internes ? Comment le savoir ?…On verrait bien s’il vivait assez longtemps pour ca. C’était sa tête qui le faisait souffrir le plus…une douleur sourde, croissante et puis sa vue…si floue qu’il lui était presque impossible de voir au-delà de son nez…

*Tu as la caboche dure…mais cette fois…sale coup !*

Au moins, ce ne serait pas de soif qu’il mourrait. À portée de main, il trouvait toujours de feuilles larges comme des assiettes, gorgées d’eau. Au bout de ce qu’il pensait être deux jours, J.O se risqua à ramper hors de son abri…La pluie avait cessé mais l’humidité lui collait à la peau comme s’il se trouvait sous une bruine perpétuelle. Se redresser lui coûta un effort terrible et quand il parvint à la faire tout sembla valser autour de lui…La tête lui faisait un mal atroce mais il la leva pour regarder au dessus de lui…Ombres incertaines s’élevant vers ce qu’il supposa être un bout de ciel…Ombres qui grandissaient, se confondaient…ne faisaient qu’une…Il aurait voulu hurler mais pas un son ne sortit de sa gorge…avant que tout ne bascule de nouveau…J.O eut l’affreuse certitude d’être aveugle.

Temps et espace confondus, J.O n’avait plus conscience des heures, du jour ou la nuit…de rien. Combien dura cet état de semi conscience ? Impossible de le dire…Perdu, blessé, privé de son sens le plus précieux…seul le secours de son alter ego à quatre pattes le maintint en vie…sauf que la forêt amazonienne n’est pas l’endroit rêvé pour une créature des altitudes. L’once n’était pas du tout dans son élément. Animal d’épaisse fourrure, la moiteur de l’ambiance la gênait mais son instinct primaire demeurait intact…autant que sa vue. Combien de fois pendant ce périple dément et sans but, cet instinct ne le sauva pas de finir au fond d’un ravin, d’être piqué par quelque serpent ou même attaqué par un puma…Cela ne lui évita cependant pas d’être victime de pas mal d’insectes et Dieu sait quoi d’autre pendant le sommeil. Des deux, seule la panthère pouvait chasser même si handicapée par sa blessure, le régime alimentaire se vit réduit drastiquement à petites proies assez lentes pour ne pas demander de gros efforts.

Il passait de plus en plus de temps sous son aspect animagus. La forêt était trop dense pour y aller à l’aveuglette, il s’était déjà assez cassé la figure dernièrement. Il avançait lentement quand force fut de sentir qu’il y avait un intrus pas trop loin…La panthère s’arrêta net, humant l’air…Un humain…dans la peau de J.O faire deux pas était un gros risque à prendre…Comme on pouvait s’y attendre, ça ne donna rien de bon…s’empêtrant dans des lianes au sol, il se trouva étalé de tout son long au sol en train de jurer comme un forcené.

J.O ! …J.O où es-tu ?

Il avait été presque sûr de reconnaître son odeur, en tant que félin, mais avait cru à une illusion due à la fièvre qui le taraudait depuis quelques jours. Mais c’était bien sa voix…de ça, il n’y avait aucun doute…à moins bien sûr de s’être pris un autre coup sur le crâne et être en train de rêver.

Je suis là !!!...Angel…je suis …là !


Il aurait voulu pouvoir hurler mais du coup n’en avait pas la force. On écartait les broussailles, on approchait. Se lever…faut être poli…mais impossible, ca lui tira un nouveau juron…

J.O, je suis là, c’est moi Angel…

Il se tourna vers d’où provenait sa voix.

Angel ?...Je…ne rêve pas ?

Question de rigueur en ces cas…sait on jamais !

Bien sûr, patate, en vrai ! Tu ne pensais quand même pas que j’allais te laisser dans le pétrin et garder SaP sur le dos ?

Il ne put que sourire, déplorant de tout cœur ne pas pouvoir voir l’éclat de ses yeux...elle souriait aussi, il en était sûr…cela se sentait dans le ton de sa voix.

Wow…il doit beaucoup embêter…pour que tu viennes me chercher…ici…

Laisse-moi t’examiner…

On a…envoyé une équipe de secours !?, s’étonna t’il.

Non… je suis seule. On s’arrangera après.

Seule ? Elle était venue seule le chercher au fin fond de la jungle ? À croire que Mrs. Yates tenait un peu à lui…à moins que SaP soit vraiment devenu une menace insupportable.

Par hasard…aurais tu de l’eau ? Je meurs de soif…les flaques croupissent vite dans le coin…

Elle s’empressa de lui tendre une gourde, encore heureux qu’il la prit au premier essai. Il l’aurait vidée si la jeune femme ne l’en avait pas empêché.

Trop d’un coup serait néfaste. Tu en auras encore après. Je vais nettoyer tes plaies mais avale ça, tu auras moins mal.

Et de lui mettre un comprimé à la bouche suivi d’une gorgée de précieux liquide…Dieu, qu’il avait soif.

Raconte-moi ce qui s’est passé…

Ça faisait tellement de bien de parler enfin à un autre être humain…à elle surtout…après en avoir rêvé comme un dingue. Tout y passa. Enfin, le peu dont il pouvait se souvenir.

Et puis…sais plus trop…c’est confus…

Tout le devenait encore plus en sentant ses mains infiniment douces prendre soin de ses multiples bobos .

Tu aurais dû rester sur place !...

Cela faillit le faire rire.

Sur place ?...Quelle place ? Me suis décroché de l’arbre…puis…sais plus trop bien…je me suis paumé…

Tu t’es perdu ? Comment ça perdu ? Je me doute qu’après un choc pareil, tu aies été désorienté mais…

Dans l’émotion de le retrouver, Mrs. Yates n’avait rien remarqué. Au petit bonheur la chance, il happa sa main au vol.

T’affole pas…mais…c’est que…je vois rien…rien du tout…suis resté…aveugle !

Elle était adorable à essayer de se reprendre de cet aveu. Il la devina émue…triste même…mais elle ne s’attarda pas sur les sentimentalités et déclara :

C’est… C’est sûrement une cécité temporaire due au choc sur la tête. Tu vas t’en remettre. Je t’ai débarbouillé et aseptisé le plus accessible. Je vais remettre ton épaule en place… ça va faire mal.

Quelle femme merveilleuse. Non seulement elle ne perdait pas la tête mais en plus savait quoi faire. Que fit elle ? Sûrement lui envoyer quelque sortilège apaisant…la douleur fut néanmoins affreuse. Trop faible pour faire autre chose…il dût sans doute s’évanouir…

Se réveiller ? Il n’en était pas si sûr que ça…Tout était si étrange, dans ses ténèbres, percevant les sons…essayant de deviner…Il avait froid, si froid…puis si chaud…et tout partait à la dérive. Il avait peur…peur de s’être perdu encore une fois…Il rêvait…Magnolia et Rose pleuraient…Il leur avait encore fait de la peine…Angel ? Il ne l’avait plus appelée…Avait elle pensé à lui ?...Sa voix lui manquait…elle lui manquait…oh oui…elle lui manquait…c’était fou ce que ça pouvait faire mal…et c’était fichu…il avait tout gâché…


Angel !!!

Le ramenant du fond de son gouffre sombre, sa voix le tira de l’angoisse.

Je suis là…

Rêve ?, il n’y croyait plus, pourtant…

Non tu ne rêvais pas. Comment te sens-tu ?

Sais pas trop…Mieux…je crois.

Il devina son sourire.


Mieux ? Tant mieux ! Désolée d’avoir dormi, je vais vite te préparer quelque chose à manger. Raviolis en boîte, ça te va ?

Après un régime comme celui des derniers jours, cela tenait de la révélation céleste.

Je meurs de faim !, déclara t’il, sans plus d’ambages.

Mais le moment venu de vouloir se débrouiller de ses deux mains, la chose se corsa…Il n’en collait pas une, c’était comme s’il n’avait jamais eu idée d’où se trouvait sa bouche…y porter un ravioli s’avéra une dure épreuve, sans compter tous ceux qui restèrent en chemin.

Désolé, mes manières à table se sont un peu fichues en l’air aussi…

Il ne voulait pas s’imaginer ce que ça donnerait se déplacer par là, ayant fait la douloureuse expérience une paire de fois, deviner la corvée des autres pour le guider pour qu’il ne s’estampille partout le fit presque enrager mais le moment n’était pas à se mettre de mauvaise humeur…L’odeur du café le fit presque saliver et il l’avala comme élixir des dieux.

C’est idiot ce que je pouvais avoir envie d’un café…Merci, Angel…Mais…dis moi…ça fait déjà combien de temps que…enfin…depuis l’accident ? Moi…suis vraiment paumé, là…

Presque deux semaines ? Elle devait s’en poser des questions ? Après tout, déjà assez discutable qu’il s’en tire du crash pour après passer tout ce temps, aveugle et mal en point et être encore en état de tenir une conversation mais Mrs. Yates était une femme pratique et se préoccupait de choses plus importantes qu’élucider le pourquoi du comment de sa survie.

J’ai beaucoup réfléchi cette nuit au moyen de te faire réapparaître sans éveiller la suspicion des moldus…

Tiens ! À ça, il n’y avait vraiment pas pensé.

Euh…sacrée colle…peut être avertir Rose et Magnolia…


Tes mères ? Que… ?

Il s’accommoda un peu plus à l’aise en espérant toujours regarder dans la bonne direction.

Ben, les connaissant, elles doivent être à rabattre les oreilles de tout celui qui voudra les entendre…Tu sais…elles tiennent à moi…ça doit faire un beau grabuge…si tu vois débarquer les Marines…demande pas qui les auront mis au parfum…elles se fichent pas mal de déclencher une crise internationale…

L’idée sembla plaire à son ange gardien mais il fallait encore peaufiner le plan.

Si je leur envoie mon patronus, elles comprendront, tu es sûr ?

Oui. Elles sont habitués…depuis le temps…ça les fait se marrer…Tu as quoi en tête ?

Le plan était d’une simplicité merveilleuse. Une rivière, une pirogue…fallait encore trouver la bonne, lui n’avait pas la moindre idée d’où se trouver. Angel, oui.

OK, on fera comme ça alors...


La magie s’occupant du détail, J.O se retrouva en train de voguer dans des eaux calmes…quelque part.

Il serra sa main, avec force.


Tu vas partir, n’est ce pas ?

Il fallait bien. Comment expliquer sa présence ?

Je…J’irai…te voir…enfin…dès que ce sera possible…si SaP embête trop…fous le dans le premier vol…Je t’appellerai…Oui, tous les soirs…Tu sais, ça m’a manqué…paumé là…sans un téléphone…

Cela la fit rire. Déjà un avion de reconnaissance survolait la zone…Il parvint encore à sourire avant qu’un gentil sortilège ne l’envoie dans les limbes…Il fallait rester crédibles…

À peine s’il eut une certaine conscience d’être porté, hissé, allongé…et de qu’on piquait une aiguille à son bras…

Que fit on avec lui ? J.O n’en sut absolument rien. Maintenu sous sédatifs, allez savoir pourquoi, il vécut les jours suivants dans un univers cotonneux où il était très difficile décrocher une bribe de réalité. Il lui sembla entendre les voix de Rose et Magnolia Westwood lui assurant que tout allait bien…que tout irait mieux et finalement qu’on rentrait à la maison. S’il fallut donner des explications, elle s’en chargèrent et si quelqu’un eut le malheur d’opposer quelque entrave à leur plan maternel, grand mal dut lui en prendre.


Eh bien…eh bien ! Temps de se réveiller, mon garçon !

J.O eut la sensation d’être arraché de son petit nuage moelleux pour se retrouver installé dans une réalité plus tangible même si en étant toujours aussi aveugle, il eut parfaite conscience d’être couché dans un lit et si on en croyait par l’odeur légèrement antiseptique, dans un hôpital ou quelque part de très semblable. Et puis la voix énergique qui lui ordonnait de se réveiller, d’une bonne fois pour toutes, ne lui était que trop connue.

Dr. Eastman ?

Rire satisfait.

Je vous l’avais dit, mesdames…le gars est de retour ! Oui, c’est moi, James…comment te sens tu ?

Paumé !

Déclaration succincte qui résumait exactement sa présente situation mais qui sembla satisfaire tout le monde.

Il y a bien de quoi, assura le docteur, après tout ce que tu as enduré, le contraire serait bien étonnant mais maintenant tu es en sûreté et tout va aller pour le mieux…tu es d’une pièce, ce qui est déjà beaucoup dire…je me demande comment tu t’es arrangé pour t’en tirer…si bien mais enfin…tu nous raconteras ça après…Rose et Magnolia sont là, tu t’en doutes. Je vous laisse avec votre petit…ne le fatiguez pas trop !

Il rigolait en sortant. Les dames Westwood prirent le relais. Il eut droit à caresses et bisous attendris, à quelques reproches mais surtout à l’assurance d’être, une fois de plus, rentré à bon port.

Wes assure que tu es incroyablement en forme après une aventure pareille, disait Rose, c’est merveilleux…tu ne peux pas imaginer…quand nous avons su de l’accident…on devenait folles.

Rose est devenue folle…moi j’ai téléphoné à l’ambassade !, assura Magnolia en lui caressant la tête, quand ils m’ont dit que malgré les recherches on n’avait pas idée d’où te trouver…alors, suis devenue folle aussi…

Il sourit, angélique.


Mais je suis là, non ?

Oui…s’il n’en tenait qu’à moi, je t’enchaînerais à ce lit…pour que tu ne files pas à la première occasion.

Petite moue d’amertume.

Ben…risque pas d’aller bien loin, là…suis plus aveugle qu’une taupe !

Bisou sur le front.

Ce ne sera pas permanent…c’est une conséquence du coup que tu as reçu à la tête, dit doucement Magnolia, mais…cela prendra un certain temps…James…dis nous…tu n’étais pas seul, n’est ce pas ? Le gros chat…

J.O tourna la tête vers celle de ses mères qui venait de parler.


Maman…le gros chat, comme tu l’appelles…c’est moi-même, tu le sais…ça m’a sauvé la vie…encore une fois…

Béni soit il !, souffla Rose que cette histoire remuait toujours, mais à part Gros Minet…il y a eu quelqu’un d’autre, n’est ce pas ? La personne qui nous a envoyé le message…au fait, quelle mignonne petite bête…

Léger embarras mais se taire ne donnerait rien de bon, elles finiraient, comme toujours, par lui soutirer la version complète des faits.

Angel m’a trouvé…

AH !

Il devina leurs regards entendus se croisant par-dessus le lit.


Oui…elle est sorcière…donc disposait d’autres moyens…comme la petite bête…ça s’appelle Patronus…

Petits rires ravis.

Eh bien…elle tient beaucoup à toi, Mrs. Yates, pour se donner tant de mal…

C’est une bonne amie !, se dépêcha t’il de dire.

On lui tapota gentiment la main puis Magnolia, qui menait toujours la voix chantante assura que dès que le Dr. Eastman donnerait l’autorisation, il pourrait quitter la clinique et rentrer à la maison.

Mais nous avons pensé qu’un changement d’air te serait profitable…nous irons à la maison de la plage.

Comme s’il n’avait pas assez changé d’air dernièrement mais devinait aisément leurs bonnes intentions. La maison de la plage, comme elles se plaisaient de nommer leur résidence de vacances était une magnifique construction…sur un seul étage ou presque, au bord de la mer…à St. Thomas. Ça ferait encore un déplacement mais qui allait s’en plaindre, au moins là, le terrain serait plus plat…

Cela faisait trois jours que la famille Westwood était installée dans ses quartiers maritimes. J.O avait toujours beaucoup aimé cette maison. Elle recelait pour lui le souvenir de vacances merveilleuses, de celles qui avaient radieusement jalonné son enfance…Il pensait en connaître chaque coin par cœur mais après s’être pris trois bons billets de parquet après avoir raté des marches oubliées, emporté par devant de menus obstacles ou carrément embrassé un cocotier, il dut reconnaître que les choses n’étaient pas si faciles que ça…

Rose et Magnolia en souffraient mais après quelques réflexions nourries, une fois que J.O reposait en sûreté sur son transat au bord de la piscine, arrivèrent à d’intéressantes conclusions.

Ça me brise le cœur chaque fois qu’il se tape contre quelque chose !, soupira Rose, pauvre chéri…et il ne se plaint même pas.

James n’a jamais été de ceux qui font des chichis, renchérit Magnolia, suffit avec nous qui en faisons pour tout le monde…mais enfin, arrête de soupirer…je trouve plutôt que ce qui faut là est ramener son chien fou…il doit bien servir à quelque chose !

Bien sûr, s’imaginer SaP élevé au rang de chien d’aveugle était presque risible mais il fallait être optimistes et supposer que la dévotion que portait le toutou à son maître pourrait servir, au moins, à aider que leur précieux James évite quelques obstacles.

Nouveau soupir, cette fois de Magnolia.


Quoique…avec ce Sac à Puces…va savoir où finira James…préfère ne pas y penser…mais peut être que si…cette gentille jeune dame que semble être Mrs. Yates voulait nous filer un coup de main…et venir avec la menace à poils…

Quelle idée magnifique…tu es un génie, Magnolia…après tout, elle est allée le chercher à la fin du monde…quelle merveilleuse amie.

Seigneur, Rose…tu es si simplette parfois. Même quand il était encore à la clinique, James l’a appelée…pas pour lui demander des nouvelles du chien, quand même !!!...Il parle avec elle tous les jours…tu ne vas pas me dire que pour discuter sur les fluctuations du climat britannique ou lui raconter qu’il s’est fichu en l’air…

Rose pinça les lèvres comme chaque fois que sa sœur lui faisait une de ses remarques.

Il a assuré qu’ils n’étaient que des bons amis.

Magnolia rit, amusée.


Je suis sûre qu’il y croit dur comme fer mais on sait bien que les hommes sont un peu bêtes pour comprendre certaines choses…notre James n’est pas l’exception.

Rigolade en douce, ces dames mijotaient leur petit plan.

Tu l’appelles ou je le fais ?


Fais le toi, Rose, tu pourrais convaincre un républicain de devenir démocrate sans trop d’efforts…

Mrs. Yates sembla fort surprise en entendant la voix de Miss Rose au lieu de celle de J.O alors qu’heure et numéro concordaient…

Non…ne vous angoissez pas, ma chère Mrs. Yates…James se porte très bien…enfin, dans la limite du possible…Oui, notre pauvre cœur ne se retrouve pas trop dans cet état…Non…se plaindre, lui ? Jamais…mais il doit commencer à en avoir un peu assez de rater les portes…enfin…oui, vous me comprenez…SaP ? Oui, nous pensons, ma sœur et moi, qu’il pourrait être d’une certaine aide…Non…Non…nous ne voulons pas que vous le mettiez simplement dans l’avion…Non, ma chérie…nous voudrions tellement, Magnolia et moi, vous connaître enfin…Vous avez sauvé notre fils…Oui…Oui, nous savons que vous n’êtes qu’une bonne amie…mais cela ne change rien au fait que nous voudrions que vous veniez passer quelques jours ici, avec nous…il va de soi qu’avec la petite Di…Oui, James nous en a beaucoup parlé…Vous aimerez cet endroit…Tout le monde a besoin d’un changement d’air, mon petit…et puis les enfants adorent la plage…Et surtout…je suis sûre, nous sommes sûres que notre James sera ravi…

S’en suivit un petit quart d’heure pour peaufiner les détails, cuisiner dûment la chère Mrs. Yates, l’acculant pratiquement à prendre une décision séance tenante. Rose s’y prenait avec l’art d’un diplomate consommé croisé avec un marchand de tapis de souk arabe. Bien entendu, on devrait s’en tenir au secret, cela allait de soi pour que la surprise soit parfaite…

Le jour stipulé, Rose et Magnolia furent prises d’un frénétique besoin de se rendre en ville et laissèrent leur rejeton abandonné aux bons soins des domestiques.

J.O s’aventurait sur le sable. Ses reconnaissances nocturnes lui permettaient de connaître chaque fois mieux le terrain mais il n’osait pas encore prendre un bain…même s’il en mourait d’envie. Arrivé au bord de la mer, il laissa que les vagues lui lèchent les pieds en pensant à des jours meilleurs quand, sans préavis, il se vit propulsé à terre…ou mieux dit à l’eau par une bête poilue qui jappait allègrement en lui donnant des coups de langue ravis…

SaP !!!...Mon vieux…que diables fais tu…, il se débarrassa tant bien que mal de l’afghan trempé et se releva essayant de savoir vers où se tourner…, Angel…Angel…tu es là !?

Plus qu’une question…c’était un espoir fou…
Revenir en haut Aller en bas
Angel Grisham
new & pure
Angel Grisham
hiboux : 4570
maison : Serdaigle
house points : 0
multicomptes : Justin Davenport
Alix Blackstorm
Erik Nielsen
Pas demain la veille (fe) Empty
MessageSujet: Re: Pas demain la veille (fe)   Pas demain la veille (fe) EmptyDim 12 Déc - 13:24

Sur la plage, il était là et lui tendait les bras. Comme une folle, elle courut s’y jeter. Riant, il la fit tournoyer en l’air, leur bouche soudée dans un baiser époustouflant qui dura… très, très longtemps.
Caléidoscope d’images merveilleuses, sensations affolantes…

Cœur en chamade, Angel se redressa une main sur la poitrine palpitante.
Quel rêve !
La chambre obscure silencieuse lui renvoya l’écho de sa respiration haletante.
Se renversant sur son oreiller, Angel reprit un souffle normal avant de fondre en larmes.
Jamais, plus jamais Preston ne la ferait rire ainsi. Il était parti et l’avait laissée seule face à son destin.
Ce rêve récurant la hantait souvent. Injustice, fatalité… nul n’y pouvait rien. Seulement… depuis quelque temps… le visage de son mari apparaissait moins net, plus flou, comme remplacé fugacement par celui…d’un autre.

J.O…
C’est fou ce qu’en un peu moins de deux mois ce jeune homme était parvenu à la… distraire.
Il était devenu comme un incontournable. Qu’elle veuille ou pas y penser… il revenait, et elle ne s’en plaindrait pas.

Aller le récupérer en Amazonie, le soigner, le rendre à la civilisation était on ne peut plus naturel, selon elle. On ne laisse pas un ami dans la dèche.
Il avait promis de l’appeler, elle avait attendu.

A son retour, Opal l’avait assaillie de questions, voulant tout savoir sur tout. Un whisky en main, Mrs Yates avait narré sa brève escapade :


Je l’ai trouvé, il était mal en point mais vivant. J’ignore comment il s’en est tiré si bellement. Mais… il est aveugle pour un temps.

Tu ne l’as pas guéri ? T’es forte en sortilèges et potions…

Plaies, bosses, épaule démise, ça allait. Les yeux… j’ai pas osé essayer. Je ne pense pas que ce soit bien grave. Il va récupérer bientôt. Sois gentille, je dois dormir maintenant.

Et… C’est tout ?

A quoi t’attendais-tu ? Ses mères doivent le couver à présent. Tout le monde est content… j’ai sommeil…

Trois jours sans nouvelles. J.O devait être dans les vapes, le pauvre. Angel ne se formalisa pas, elle avait trop à faire entre l’officine et sa famille pour gamberger sur une promesse délivrée dans un état semi-comateux.
Quand il appela, elle sauta de joie
:

Ça va ? Tu te remets ?... Tu es en clinique ? Tes mères sont ravies, alors je le suis aussi… Tu ne vois toujours pas ? Ça va revenir.

Fidèle à sa promesse, J.O l’appela tous les jours, lui contant succès et échecs, sans se plaindre de son sort, jamais. Il lui annonça un prochain transfert. Rose et Magnolia Westwood, décidées à lui rendre la santé, avaient décidé de le ramener à l’île St Thomas où elles possédaient une villa.
Même déménagé, il resta ponctuel dans ses appels.

Angel aimait ces moments partagés avec lui. J.O était vraiment spécial.
Nul autre que lui se serait plaint à longueur de temps d’être soudain handicapé de la sorte ; lui pas.
Mettant un point d’honneur à éviter le sujet de sa cécité, la jeune veuve espérait le divertir en lui racontant n’importe quoi d’amusant. Di et SaP avaient perdu une dent en même temps : collision frontale. Magie aidant, nul n’en avait souffert. Elle s’était trompée dans la délivrance de potions… Mrs Yeargood, âgée de 80 ans, voulait des articulations souples tandis que Miss Young souhaitait une chevelure plus fournie… Cette dernière briguait à présent une place de gymnaste aux Jeux olympiques tandis que la vieille dame portait un chignon de trois kilos de cheveux…
L’erreur est humaine…

Oui, les coups de fil de J.O étaient attendus tant ils la changeaient de la routine.
Ce jour-là…

Joyeuse, elle sauta sur le combiné s’attendant au « salut » quotidien. Au lieu de quoi… Elle eut l’impression d’avoir commis une gaffe monumentale. Si une de ses mères la contactait c’est que c’était grave :

Bon… Bonjour Madame… Rose Westwood ? Oui… je… Il est arrivé quelque chose à J.O euh… à James ?

Non…ne vous angoissez pas, ma chère Mrs. Yates…James se porte très bien…enfin, dans la limite du possible…Oui, notre pauvre cœur ne se retrouve pas trop dans cet état.

Je sais que ce n’est pas gai pour lui. Il ne m’a pourtant pas semblé trop s’en plaindre…

Non…se plaindre, lui ? Jamais…mais il doit commencer à en avoir un peu assez de rater les portes…enfin…oui, vous me comprenez.

Je suis certaine que son chien pourrait le seconder efficacement. J’ai essayé de lui en parler mais…


SaP ? Oui, nous pensons, ma sœur et moi, qu’il pourrait être d’une certaine aide…

Ça fera du mal à Di… à Diana, ma fille, de s’en séparer mais elle y est préparée. Voulez-vous que je vous l’envoie par avion ? Je peux arranger ça très vite.


Non…Non…nous ne voulons pas que vous le mettiez simplement dans l’avion…Non, ma chérie…nous voudrions tellement, Magnolia et moi, vous connaître enfin…Vous avez sauvé notre fils…


Je… j’ai fait ce que toute amie aurait fait… rien de plus.

Suivit un échange assez tordu duquel Angel eut du mal à se dépêtrer.
Manifestement, les Mrs Westwood tenaient absolument à les connaître elle et Di. Il en allait de la santé physique et mentale de J.O.


Je… Je voudrais bien des vacances, c’est certain mais Di est petite… Non, elle ne connaît pas les plages chaudes… Oui, ça lui ferait du bien... J’ai une boutique à tenir… Une remplaçante ? Ma mère pourrait, oui… je…

Oh là, là ! Angel avait toujours détesté marchander. Cette Rose Westwood avait dû prendre des leçons aux souks du Caire. De plus, elle avait tout prévu, apparemment :

Si vous prenez le vol le Gatwick après-demain matin, vous pourriez être ici – à St Thomas – début d’après midi en passant par Puerto Rico. On vous attendra à l’aéroport. James sera si content. Bien sûr, il ne faut rien lui dire. Ce sera une belle surprise. Marché conclu ?

Je… je ne sais pas, c’est trop rapide, je…

Mais si, mais si, vous pouvez. Bouclez vos bagages et n’oubliez pas votre crème solaire. A bientôt, très chère !

Clac ! Coincée !
Angel raccrocha avec la nette impression du poisson qui avait avalé hameçon et ligne…
Appel de détresse à Opal :


Viens ! Je ne sais pas quoi faire… Oui, J.O…

Devant un coca, les filles discutèrent. Embarrassée, Angel déballa le tout :


Je sais, j’y ai pensé, que SaP pourrait l’aider mais là… Y aller ainsi…


De quoi tu as peur ? Qu’il te saute dessus ?

J.O ?

Qui d’autre ? Le chien ? Lui se gêne pas pour ça.

Tu es folle ! Ce n’est pas ça… Rien de ça entre nous. J’ai peur de ces femmes, les Westwood. Rose a l’air très gentil mais je ressens comme… une invitation tendancieuse. Vas-y à ma place, s’il te plait.

Oh, non ! J’ai trop de boulot. Ta mère reprendra votre officine en main sans souci. Di sera tellement ravie du changement de décor. Toi aussi, ça te fera du bien. Tu es plus pâle qu’un cachet d’aspirine. J’adorerais vous voir couleur biscuit. On la fait cette valise ?

Ah, la valise… Un poème ! Opal s’échina à débusquer des tenues affriolantes dans la garde-robe d’Angel :

Ce bikini est irrésistible ! Tu devrais emporter cette jupe… Trop courte ? Quand on a une paire de guiboles comme les tiennes, on les montre. Quoi, aveugle ? Il a des mains…

Des coussins à la tête, Opal s’en prit en riant comme une dingue.
Bon an mal an, le bagage se boucla.
Papiers, visas, preuves de vaccins du chien, tout baigna. Le décollage arriva.
En 1ère classe, Di, sur le siège voisin, Angel parla beaucoup à son petit bout de fille :


Nous allons faire un beau voyage. Papa prenait souvent l’avion ; il aimait ça.

SaP est tout seul en bas…

C’est le règlement : pas de grands chiens en cabine. Il est bien, je t’assure. Il dort et ne ressent pas de malaise.

Pourquoi on doit le rendre…

Ma chérie… Khan n’est pas à nous, tu le sais. J.O, son maître, a besoin de lui maintenant. Il… il est un peu malade. SaP peut l’aider et… nous aussi. Tu aimes bien J.O, hein ? On va lui dire bonjour. Tu verras St Thomas est un endroit magnifique. On fera des châteaux de sable, on ramassera des coquillages. C’est plus beau qu’une carte postale, je te promets.

Long voyage s’il en est.
Di ne connaissait pas l’avion. Depuis sa naissance, elle n’avait voyagé qu’en voiture, et très peu.
Pas à dire, ça lui plaisait. Elle voulait tout voir, tout toucher. Angel n’eut de répit qu’avec le soutien des hôtesses qui se chargèrent de divertir la petite curieuse.
Escale brève à Puerto Rico. Le temps de vérifier que SaP était bien dans sa cage, on redécollait.

St Thomas... Les îles vierges.
Lieu paradisiaque s’il en est.
Trop crevée pour faire attention à l’environnement, Angel débarqua avec Di dans les bras. Les bagages récupérés et réduits en poche, elle recueillit un lévrier très en forme puis se dirigea vers la sortie de l’aéroport.
Une pancarte l’attira : Mrs Yates.
Les femmes qui la tenaient firent sourire Angel. Elles étaient telles qu’elle les avait imaginées. L’une petite et potelée, l’autre plus grande et sèche ; les deux amènes et souriantes :

Angel ! Bienvenue ! s’écria Rose en lui plaquant des baisers sur les joues.

Et voilà Di ! Bonjour ma puce ! Bon voyage ? Pas trop long ?


Les civilités passées on embarqua dans la voiture ; Magnolia conduisit.

Ça fait si longtemps que J.O nous parle de vous. On ne vous imaginait pas ainsi, hein Rose. Je vous voyais grande rousse, elle petite blonde. Vous êtes brune naturelle ?

Bien sûr qu’elle l’est ! Ça se voit tout de suite. Di est son portrait craché. SaP cesse de lécher Di, c’est pas sain. Vous devez être fatiguée ma chère. On sera rendues avant peu. Alors, comme ça vous avez connu James en l’arrosant de jus d’orange ? Vous avez bien fait. Il mérite parfois des corrections.

Ne l’écoutez pas ! Rose divague souvent.

Je ne te permets pas de donner cette image de moi à notre invitée ! Quel ange cette enfant. Deux ans et demi, c’est ça ? Je… Nous… Merci Angel de nous avoir rendu notre fils chéri. Sans vous…

Rose lui serra la main, Angel ne demandait qu’à dormir.

La villa était somptueuse. En bord de mer, très étendue… un havre de paix.


Venez, je suis sûre que James regarde la mer.

Rose s’était chargée de Di. Angel tenait la laisse de SaP. J.O était face à l’eau calme.
La secousse du lévrier fougueux prit Mrs Yates au dépourvu : elle lâcha prise.
Quels bonds !
Même en courant, Angel ne parvint pas à arrêter l’animal fou de joie qui entraîna son maître dans un beau plongeon salé.


SaP !!!...Mon vieux…que diables fais-tu… ?

La surprise était totale, telle que l’avait souhaité les Mrs Westwood. L’appel qui vibra ensuite chamboula Mrs Yates :

Angel…Angel…tu es là !?

Je… Je suis là, à midi. Juste devant toi.

Des mains se joignirent. Quel élan ! J.O l’étreignit si fortement qu’elle en eut le souffle coupé. Elle se dégagea en riant :

Hey ! Oui, j’suis là. Je ne pouvais pas risquer de te ramener SaP sans un œil sur lui. Arrête de me serrer ainsi, tu vas me tremper et… tes mères vont se faire des idées. Elles sont très convaincantes, ces femmes ! ... Oui, Di est là aussi… Elle est crevée et dort à moitié dans les bras de Rose… Je peux ?

Elle lui prit le bras en douceur et le ramena vers les femmes souriantes. Ses idées, pensées, elle ne voulait pas laisser émerger. Pensait-on en vacances ?

Tu es dans un bel état mon chéri, dit Magnolia. Angel est fatiguée après un tel voyage. Rose va lui montrer ta chambre… à moins que vous… Qu’en sait-on, nous ? Il y a amis et... amis… Bon, d’accord, Angel et Di logeront dans l’aile ouest, si tu veux.

Si elle n’avait pas été aussi claquée, Angel se serait évaporée illico en se tordant de rire. Elles étaient marrantes ces Ladies avec leur imagination.
Di se laissa manipuler telle une poupée de son. Quelques heures de repos dans un bon lit ne leur ferait que du bien.

Le soir s’amorçait. Reposée, Angel mit un point d’honneur à les présenter dignement, elle et sa fille. Pas de chichis ni tralala, à quoi bon entre amis ?

Venez, très chère, prenez place à droite de James. SaP : panier !

SaP, pieds !

Conflit ? Déjà ? Di gagna :

C’est bon pour cette fois ! trancha Angel. Qui est le maître de SaP ?

Maussade sur son siège, la gamine avoua :

J.O…

Repas agréable dans l’ensemble. Mrs Yates se sentait auscultée mine de rien, décortiquée délicatement par les mères de James. Il fallut encore que Di y aille de son mot. Troublée par des ressemblances de paronyme, elle se perdait :

Mamy Rose ? Y en a deux ?

Ben… oui. Beaucoup de gens portent le même prénom. La maman de ma maman est mamy rose. La maman de J.O est Rose aussi…


Mamy rose et Mamy rose 2… ça ira ?

Tout le monde rigola.
Au dessert, Di piqua du nez dans son assiette. Magnolia s’empara de la fillette :


Je vais la border. Ça fait des lustres que j’ai eu à border un enfant…

Tu te défilais toujours pour James, c’est moi qui étais plus apte !

Braves femmes…
J.O tâtonna un peu à la recherche de la main d’Angel. Une promenade sur la plage ? Pourquoi pas ?

Doux ressac, tendre paix.


C’est un endroit charmant. Tes mères sont tordantes, je… Je les aime beaucoup… Il fait si doux ici… Je ne connaissais pas ce coin. J’espère que notre venue ne t’embête pas trop. Elles ne m’ont pas laissé le choix (rire)… Bien sûr que je voulais te voir… Et ça fait des économies de téléphone (grands rires) Oui, je vais rester quelques jours… le temps que Di accepte la séparation avec SaP… Non, bien sûr que non, je ne suis pas là par pitié ! Qu’est-ce que tu crois ? Je sais que tu vas te remettre entièrement... bientôt. Tu vas revoir le monde, celui que tu voudras voir et… c’est très bien ainsi.

La marche lente au rythme des vagues les ramena au domicile.
Un « bonne nuit », un bisou sur la joue, Angel regagna ses quartiers.
Le sommeil ne vint pas.
Décalage horaire, nourriture trop tardive, énervement ? Bref, Angel ne dormait pas.
Sens en éveil, il lui sembla que quelque chose manquait autour d’elle. Di, dans le petit lit à côté, dormait, paisible.


*SaP ! *

Le chien avait pris l’habitude de dormir aux pieds du lit de Di. Pouvait-on rêver meilleur gardien ?
L’absence du toutou lui pinça un peu le cœur mais quoi de plus normal qu’il ait préféré rejoindre son maître ? Néanmoins, Mrs Yates était tracassée. Sans bruit, elle se leva et alla soulever la tenture de la double porte vitrée donnant sur le perron face à la mer. Un moment, elle observa le rivage puis crut rêver. Un once ? Elle voyait une panthère des neiges courir sur la plage ? Elle ne rêvait pourtant pas ! L’animal au magnifique pelage tacheté courait à grandes foulées poursuivi par… SaP !
Ses connaissances sur les lévriers afghans s’étaient étendues par la force des choses, Angel savait donc que ces chiens adoraient la chasse et particulièrement la chasse à l’once !
Comment diable un félin si rare se trouvait-il à st Thomas ? En tout cas, il était bel et bien traqué par un Khan en forme ! S’il rejoignait le félin, la bagarre risquait de tourner mal pour l’un comme pour l’autre. En tout cas, l’once s’amusait à faire tourner le chien en bourrique. Sprint droit devant, virage serré, retour en arrière. Angel fit coulisser la vitre et courut aussi :


SaP ! SaP revient tout de suite ! Laisse ce... chat. Au pied, SaP !

Pris dans la traque, le chien n’obéit pas. L’once, lui, l’avait entendue et pilait sur place en regardant dans sa direction. Le chien bondit alors.

SaP ! Attenti…

La fin de son mot lui resta clouée au fond du gosier tant la surprise était grande.
Plus de panthère mais, à sa place un beau jeune homme hilare qui flattait son toutou.


J.O ? Mais…

Il riait franchement et lui demanda d’approcher.


C’était quoi ça ? pouffa-t-elle. Un jeu ? Je ne savais pas que tu étais animagus ! J’ai cru que SaP allait te bouffer ou que c’est lui qui allait être déchiqueté.

Khan lui démontra aussi son affection en lui sautant dessus. Sa fine chemise de nuit fut mise à mal mais elle s’en moquait bien, trop soulagée pour en vouloir au chien. N’empêche qu’une certaine rougeur lui monta aux joues.

*Une veine qu’il ne voie rien… t’es presque à poil, ma fille !*

Tout en flattant le chien, J.O expliqua cette capacité particulière qui lui avait déjà sauvé la vie plusieurs fois… Pas besoin de citer dans quelles circonstances, elle comprenait à demi-mot.
Elle cacha son trouble par une remarque :


Quand tu es panthère tu vois mieux ? Merveilleux ! Alors, on va jouer ! J’enferme SaP, c’est plus prudent.

J.O ne pouvait savoir ce qu’elle avait en tête. Il devina qu’elle emmenait le chien, et attendit.
Ce ne fut pas le corps gracile de la jeune femme qui se frotta contre ses jambes, mais celui, très soyeux, d’un chat siamois. Réflexe, il se pencha pour caresser le dos du chat en se demandant sans doute ce qu’il faisait là mais quand le déclic se fit, son rire fusa dans le silence de la nuit.
Reprenant sa forme animale, J.O considéra le petit félin bicolore avant d’entreprendre sa course. Angel savait qu’elle serait battue à ce jeu mais quelle importance ? Un siamois ça court très vite et ça fait des bonds incroyables ! Si J.O l’avait voulu, il l’aurait facilement distancée mais il se laissa rattraper et le siamois lui sauta sur le dos. Gentille mêlée, griffes rentrées.
Retour aux formes humaines, les jeunes gens allongés sur le sable riaient à perdre haleine.


Ça… ça ne m’était plus arrivé depuis… longtemps de rire ainsi, hoqueta Angel… Tu ne savais pas que j’en étais un aussi ? Ça m’a sauvé aussi plusieurs fois la mise, notamment à Poudlard contre un loup-garou. Et aussi de voyager incognito avec…

Inutile de s’appesantir là-dessus, il avait compris. Ils riaient encore en se quittant devant la fenêtre d’Angel en se lançant de joyeux miaouhs complices.

Au matin, Di trépignait d’impatience. Tartinée de crème solaire, seau et pelle prêts à l’action, la gamine ne tenait pas en place.


Mets ton chapeau ! Attends, j’ai pas fini de…

Elle s’interrompit avec l’arrivée d’un J.O souriant. Prêtes ? Oui, elles l’étaient.
Direction : la plage !
Marrant les réactions d’une enfant face à la mer. Du haut de ses 90 cm, à croquer dans son une pièce bleu, avec son seau en main, Di fixa les paisibles rouleaux. Un éclat de rire, elle fila droit devant elle, sans crainte.


Elle n’a encore jamais vu la mer de si près… en Angleterre, c’est… différent, s’émut Angel.

Parasol planté, le couple s’installa sur des nattes et surveilla les évolutions de Di qui trempait ses orteils et reculait en riant. J.O lui parut songeur.

C’est dommage que tu ne puisses la voir. Que disent les médecins ? … Ah… ça reviendra tout seul ? Tu n’as pas de traitement ? (elle fronça les sourcils) Je ne suis pas médicomage mais je pensais que l’on te donnerait de l’héparine ou un fluidifiant similaire pour dissoudre plus vite le sang de la cornée…

Ils bavardèrent gentiment tandis que Di faisait l’expérience des pâtés de sable.
De loin, Rose et Magnolia observaient.


Notre J.O est vraiment aveugle, soupira la 1ère.

Elle me plaît cette petite ! Elle a tout ce qu’il faut où il faut et de l’esprit, en plus ! Regarde-les, ne sont-ils pas mignons ?

Très mignons mais si… distants !

Tu crois qu’elle est aveugle aussi ? Il est si beau notre James…

Elle devait beaucoup aimer son mari… Elle n’est pas prête à changer et… c’est pas le genre que fréquente J.O… d’habitude…

Sa plus longue liaison remonte à… quatre, cinq ans ? Tu te souviens d’Esméralda… Trois mois que ça a duré…

Je l’aimais pas ! Il a bien fait de la plaquer cette grande bringue aux cheveux rouges. Que pourrait-on faire pour leur ouvrir les yeux ?

Un débat acharné s’en suivit.
Inconscients de ce que les nobles dames tramaient dans leur dos, J.O et Angel aidèrent Di à monter un château de sable. Khan, de la partie, trouvait très amusant de piétiner chaque échafaudage. La gamine riait aux éclats devant les désastres à répétition. Que faire d’autre que de rire aussi ?


Di veut nager !

Euh…

Ma chérie, la mer n’est pas une piscine.

Si, si ! Grande piscine ! Di veut…

Diana ! Vouloir n’est pas pouvoir. J’ai oublié tes brassières, je…

Mince, J.O s’interposait, proposant d’emmener Di dans l’eau, à quelques mètres seulement.

Je… j’y vais aussi.


Pas qu’elle n’ait pas confiance mais…
La part animagus en elle n’aimait pas l’eau. Voir J.O prendre Di dans ses bras et courir s’immerger la fit céder. Elle courut aussi et bientôt un joyeux trio batifola dans la mer tiède à souhait.
SaP s’invita à la baignade ce qui compliqua un peu les choses.


Passe-moi Di, occupe-toi de Khan.

Plus facile à dire qu’à faire. L’échange de la fillette se passait sans problème quand SaP ne trouva rien de mieux à faire que de s’interposer. Angel but la tasse, Di aussi. Elle avait pied, heureusement.

C’est rien, c’est rien, rassura Angel en crachant l’eau amère. Pleure pas mon bébé. On va sortir.

Pas besoin de le dire deux fois, l’enfant fila se réfugier sous le parasol. Les mères de J.O ayant tout vu accoururent la récupérer mais, en se retournant, Angel constata l’absence… Où diable était J.O ?
Avait-il bu la tasse aussi ? En tout cas, SaP savait de quoi il en retournait puisqu’il pédalait droit devant. Elle suivit le mouvement et le repéra facilement.
Le tracter vers le sable sec ne se fit pas sans mal. Cependant, elle y parvint.
Il ne respirait plus.


J.O ne me fais pas ça !


Pas de baguette proche, autant employer les bons vieux moyens ! Massage cardiaque alterné de bouche à bouche.

Reviens, J.O ! T’en va pas !

Elle pleurait mais ne s’en souciait pas. Un, deux, trois, quatre… Souffler. Reprendre… Souffler…
Oooooh !


*Mais…*

Inutile de se leurrer. J.O reprenait drôlement vie.


Viens, Rose ! Pas si bête que ça finalement, notre J.O.

Emportant gamine et chien, les vieilles dames hilares tournèrent le dos au couple enlacé sur le sable.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Pas demain la veille (fe) Empty
MessageSujet: Re: Pas demain la veille (fe)   Pas demain la veille (fe) EmptyLun 13 Déc - 12:50

Je… Je suis là, à midi. Juste devant toi.

C’était si absurde ne pas pouvoir la voir…mais il suffit de tendre les mains pour trouver les siennes.

Tu es là !

Si ce n’était pas une constatation, ça ! Au diable les manières, il l’enserra dans une étreinte d’ours.

Elle riait en essayant de se dégager.

Hey ! Oui, j’suis là. Je ne pouvais pas risquer de te ramener SaP sans un œil sur lui. Arrête de me serrer ainsi, tu vas me tremper et… tes mères vont se faire des idées.

À son tour de rire.

T’en fais pas pour ça…elles s’en font de toute façon…et je parie qu’elles ont à voir avec ce miracle…

Il devina son sourire pétillant.

Elles sont très convaincantes, ces femmes !

Oh oui…et Di ?...tu l’as amenée aussi ?

Oui, Di est là aussi… Elle est crevée et dort à moitié dans les bras de Rose… Je peux ?

Angel prenait doucement son bras pour le guider vers Rose et Magnolia qu’il s’imagina souriant, satisfaites de leur surprise.

Bien sûr que tu peux…C’est merveilleux que tu sois là…

Il put entendre le soupir ravi de ses mamans attendries. Adorables intrigantes.

Incroyable e que vous pouvez manigancer dès que j’ai le dos tourné…mais pas à dire, j’aime les idées que vous avez, mesdames !

Et voilà Magnolia qui se préoccupait de sa triste mise et assurait qu’Angel devait être fatiguée du voyage. La suite fut assez loin de la diplomatie la plus élémentaire mais ne manquait pas de bonnes intentions :

Rose va lui montrer ta chambre… à moins que vous…

Maman, je t’en prie…nous sommes amis !

Connaissant Mrs. Yates, il devina la gamme de roses plus ou moins rehaussés colorant ses joues, n’empêche que Miss Westwood ne démordait pas.

Qu’en sait-on, nous ? Il y a amis et... amis…

Il faillit rigoler pour de bon mais au lieu de cela préféra tapoter gentiment la main secourable de la jeune femme comme pour s’excuser de cette bévue.

Ben, c’est pas le cas…Ne t’en fais pas, Angel…on a assez de place pour loger un régiment.

Il entendit le petit rire de Rose, qui se marrait en douce, mais sa sœur se reprit, dignement.

Bon, d’accord, Angel et Di logeront dans l’aile ouest, si tu veux.

Si je veux ? Bien sûr que je veux…et puis…depuis quand tu me demandes mon avis !?

Là, Rose riait de bon cœur. On alla vers la maison et on laissa que les voyageuses s’installent à leur aise et prennent le repos nécessaire.

Du coup, il se trouva seul au milieu du salon, sans trop savoir en quelle direction aller, SaP vint, vertueusement lui donner un coup de main…de patte, en jappant, compréhensif.


Tu vas m’aider, mon vieux…on doit prendre un bain, là.

Ce ne fut pas le mot précis à employer. Le toutou dressa les oreilles. Bain ? Lui ? À d’autres ! Si son pauvre maître voulait y aller, qu’il s’arrange tout seul mais J.O, prévoyant l’avait attrapé du collier.
Mauvaise tactique. L’afghan se secoua énergiquement.


Reste tranquille, SaP…mais arrête, bon sang…Sap !!!

Le noble prince des chiens entreprenait une esquisse de fugue en force…l’entraînant à sa suite, sans aucune miséricorde. Coup de table au genou, avec conséquente chute de la même avec tout se qui se trouvait dessus, bris de bibelot, suivi de fauteuil renversé en entraînant une lampe puis d’une petite vitrine et son précieux contenu, le tout dans un vacarme d’enfer qui attira l’attention de la maisonnée mieux qu’une explosion de grenade de main…

JAMES !!!

Arrêt sur image, au milieu du décor dévasté. SaP profita de la diversion pour prendre, princièrement, la poudre d’escampette, laissant son maître payer les frais de la casse.

Quoi ?, mieux jouer les innocents.

Comment quoi ?, fulminait Magnolia en avançant vers lui, comment …quoi ? Que s’est il passé ici ?

Euh…m’est avis que SaP ne sert à rien comme chien d’aveugle !

Magnolia soupira et le prit du bras juste à temps pour éviter qu’il ne fiche en l’air une autre table basse.

On va refaire la décoration…cela devient dangereux pour toi, mon chéri.

Non…je ne compte pas rester comme ça toute la vie…et puis Maman Rose adore ce salon…

Nouveau soupir attendri en serrant son bras.

Viens, mon ange…je t’emmène à ta chambre…et pardon pour tout à l’heure…je pensais…

Il déposa un baiser sur sa tête.

Je sais ce que tu pensais, Maman…mais Angel n’est pas…n’est autre chose qu’une bonne amie…

*Seigneur, il y croit ferme !*

Oui, mon chéri, si tu le dis…je te crois.

Mais bien sûr...elle mentait en toute joie de cœur. L’enfant chéri conduit à bon port, elle l’y laissa après avoir laissé sur le lit la tenue jugée convenable. J.O se pliait gracieusement à tout ces petits soins mais priait le ciel pour retrouver le plus vite possible toutes ses facultés, cette dépendance de son prochain ne donnait pas grand-chose pour ses états d’âme, il avait beau ne jamais s’en plaindre, cela commençait à devenir accablant.

Rose coula un coup d’œil de biais vers le chéri de la maison, qui depuis un bon moment donnait des signes d’impatience. S’il n’avait pas craint faire plus de dégâts dans le salon, il aurait été sans doute à faire les cent pas mais là, restait sagement assis, attentif au moindre bruit.

Sans faire de commentaire elle lui fourra un verre dans la main pour le lui reprendre illico, Angel et sa fille venaient d’arriver. On prit l’apéritif en écoutant le babil de Di qui commentait, à sa façon, son premier voyage en avion, installée, en toute confiance sur les genoux de J.O.

Rose et Magnolia échangèrent un regard satisfait et passèrent à jouer leur rôle de parfaites dames de céans. On passa à table, elles laissèrent à Angel le loisir de guider les pas de ce cher James.

Venez, très chère, prenez place à droite de James. SaP : panier !

Mais bien sûr c’était sans compter avec Di qui décida que le toutou resterait près d’elle, ce que SaP agréa, ravi, avec la petite comme complice, il était sûr de s’en tirer avec ration extra.

Comme on pouvait s’y attendre, ces dames, mine de rien, passèrent Angel au crible. Di tint gaillardement jusqu’au dessert mais arrivée là, s’endormait sur son assiette. Magnolia tint à l’emporter à sa chambre suivie de Rose.

Je pensais qu’elles n’arrêteraient pas de parler, rigola J.O en cherchant, à tâtons, la main d’Angel, ça te dirait une petite promenade…la nuit doit être très belle et il fait fameusement bon.

Touché. La nuit était parfaite pour une balade. Profitant de son état d’aveugle paumé, J.O ne lâcha pas la main secourable qui guidait si bien ses pas, même si normalement il s’y prenait assez bien tout seul.

Alors…comment trouves tu le coin ? J’espère que mes chères mères ne sont pas trop envahissantes…

C’est un endroit charmant. Tes mères sont tordantes, je… Je les aime beaucoup… , et d’embrayer rapidement, il fait si doux ici… Je ne connaissais pas ce coin. J’espère que notre venue ne t’embête pas trop.

Il s’arrêta.

Tu ne parles pas sérieusement, non ?...M’embêter ? Tu divagues… je suis ravi mais me demande comment elles s’y sont prises pour te convaincre.

Son rire fusa, délicieux. Ça faisait chaud au cœur.

Elles ne m’ont pas laissé le choix.

Peux l’imaginer, c’est leur genre, faire les choses sans demander l’avis des autres…Tu avais peut être d’autres plans et pas envie de me voir…enfin…

J.O adora sa réponse.

Bien sûr que je voulais te voir… Et ça fait des économies de téléphone.

Il ne put s’empêcher d’éclater de rire, imité par la jeune femme.

Tu en as des idées…en tout cas, c’est beaucoup plus agréable bavarder avec toi en personne…et ne me dis pas que tu penses repartir de suite…

Oui, je vais rester quelques jours… le temps que Di accepte la séparation avec SaP…

Soupir.

Oui, bien sûr, ce ne sera pas facile…Dis moi…tu…es venue parce que ça te fait de la peine…

C’était idiot de poser pareille question mais en ce moment. Il avait besoin de savoir.

Non, bien sûr que non, je ne suis pas là par pitié ! Qu’est-ce que tu crois ? Je sais que tu vas te remettre entièrement... bientôt. Tu vas revoir le monde, celui que tu voudras voir et… c’est très bien ainsi.

*Comme quoi…prends ton chemin et ciao !*


Oui…il vaudra mieux que ce soit comme ça…SaP est un piètre secours…Cet après midi il m’a fait démolir le salon...veux pas m’imaginer ce que ça donnerait courir la nature avec lui comme guide…je finis éclopé de pour vie !

Ils marchèrent encore un moment, en parlant de tout et de rien. Avec elle, la conversation était facile, sans détours ni faux fuyants, elle était comme une bouffée d’air frais, de douceur, de sincérité.

Jamais auparavant, il ne s’était senti aussi à l’aise avec une femme, sans qu’aucune idée pendable ne croise son esprit, sans désir de lui faire outrageusement du charme dans le seul but de la séduire. Ce qui ne voulait pas dire qu’il ne pensait pas quelquefois que si leur relation, si platonique, changeait un peu, il serait le dernier à s’en plaindre. Il aimait la sentir proche, cela lui donnait une sensation de stabilité…chose, que J.O n’avait jamais de sa vie cherché auprès d’une fille mais le moment n’était pas à ces considérations. Angel était spéciale. Trop spéciale comme pour penser à elle comme à n’importe quelle autre…

Force fut de rentrer, même s’il n’en avait aucune envie. On se souhaita bonne nuit et elle regagna sa chambre alors qu’il se demandait que faire avec son temps. L’apparition de SaP qui semblait avoir autant sommeil que lui sauva cette fin de soirée.

Viens…allons faire un tour…

L’autre était partant sauf que cette fois J.O n’entendait pas se laisser embarquer dans quelque aventure périlleuse en confiant au talent du brave toutou comme guide.

La panthère ne bougea pas d’un pouce quand le chien s’approcha. L’instinct élémentaire aurait dicté une attitude différente. Si dans la nature, l’once était la proie de prédilection du chasseur qu’était l’afghan, là, les données étaient tout autres. SaP jappa joyeusement en retrouvant sa vieille amie et complice…la partie pouvait commencer. Galopade effrénée sur la plage. Qu’il faisait bon se détendre ainsi. Courir, sauter, voir ! S’en donnant à cœur joie, ils se poursuivirent, s’attrapèrent, roulant sur le sable entre grognements ravis. Jeu brutal, cela va de soi, mais jamais un croc ou une griffe ne furent montrés.

La folle poursuite allait bon train quand une apparition inopinée eut lieu.

SaP ! SaP revient tout de suite ! Laisse ce... chat. Au pied, SaP !

Mais le brave chien ne voulait rien entendre, trop pris dans le jeu, mais la panthère, elle, avait parfaitement entendu et stoppé pile, regardant attentivement la jeune femme en chemise de nuit, qui fixait la scène avec une expression ahurie, prête à intervenir au besoin. Elle était ravissante…non, plus que ça…elle était magnifique là, avec ses cheveux défaits flottant dans la brise de la nuit et…ce vêtement si révélateur.

*Voyeur !*

C’était en quelque sorte une violation de confiance, poussé par quelque principe moral, J.O reprit sa forme humaine et…aveugle, parant net l’attaque du chien.

J.O ? Mais…

Tu vois bien, il riait en la devinant trop surprise pour réagir, facettes sorcières…Viens !

Reprenant ses esprits, Angel sembla trouver la situation plutôt comique.

C’était quoi ça ?

On jouait…

Un jeu ? Je ne savais pas que tu étais animagus !

Ben…oui, c’est pas quelque chose qu’on va crier sur les toits…Tu n’as pas eu peur…ou oui ?

J’ai cru que SaP allait te bouffer ou que c’est lui qui allait être déchiqueté.

Il ne trouva rien de mieux que lui flatter la joue, encore heureux qu’il s’y prit correctement et le lui ficha pas un doigt dans l’œil.

Désolé de t’avoir préoccupée…mais oui, cas étant, en combat régulier…l’once finit par étriper le chien…

C’est le moment que choisit SaP pour exprimer son contentement en sautant sur la jeune femme pour lui faire un de ses câlins. Elle devait y être habituée car au lieu de protester, J.O l’entendit rire.

Ça suffit, SaP…bas les pattes !

Il réussit à attraper le chien et le força à se tenir correctement.

Je me souviens quand ça m’est arrivé la première fois…j’avais 8 ans, un groupe de gamins plus grands que moi me cherchait noise…je n’avais pas de souci pour me battre comme chiffonnier mais là…le nombre me dépassait et ça allait faire du moche…sans être lâche, prendre la clé des champs m’a semblé le mieux à faire…tu te doutes bien qu’ils se sont lancés à mes trousses…et tout à coup je me suis trouvé en grimpant à un arbre énorme…mais…je n’étais plus un mioche…Ça m’a fichu la frousse de ma vie…je me souviens d’être resté sur une branche haute à me demander si ce n’était pas une punition du Bon Dieu pour toutes mes bêtises…C’en était fait de moi…Rose et Magnolia ne voudraient plus de moi…mais heureusement tout est rentré à l’ordre…Bien sûr, les autres restèrent comme des idiots à raconter n’importe quoi…qui allait leur croire que j’étais devenu un gros chat ?...Ça n’arrivait que quand j’avais peur de quelque chose ou étais à point de me casser la figure…Enfin, quand je suis arrivé à Salem on finit par m’expliquer ce que j’étais : un animagus naturel…et j’ai arrêté de me croire un phénomène de cirque…depuis…la maîtrise du don est venue…et tu t’imagines bien que ça m’a sauvé la mise…plus d’une fois…

Le souvenir de l’accident qui l’avait laissée veuve revint en force et il sût qu’elle avait aussi compris au quart de tour.

En tout cas…dans cet état minable ça m’aide pas mal…

Ce qui amena, tout naturellement sa question.

Quand tu es panthère tu vois mieux ?

Mieux ? Tu veux rire…parfaitement bien…rien ne m’échappe !


*Tant que tu y es…avoue que tu l’as reluquée sans gêne !*

Mais elle sembla ne pas y penser, au contraire, l’idée la ravit.

Merveilleux ! Alors, on va jouer ! J’enferme SaP, c’est plus prudent.

Qu’on le pende s’il y pigeait quelque chose mais ne dit rien quand elle s’éloigna en entraînant SaP à sa suite. Il resta là, planté sur place, à se poser des questions jusqu’à sentir que quelque chose se frottait contre ses jambes, il ne fut pas long à se rendre compte qu’il s’agissait d’un chat.

*Un minet dans le coin !?...J’en avais jamais vu un !*

Il aimait les chats, cela va de soi…symbiose féline.

Qu’est ce que tu fais là, toi ?, il caressa le pelage soyeux et une idée folle l’assaillit, se muant en une seconde en merveilleuse certitude,…tiens…tiens…

Il éclata de rire, en se sentant parfaitement heureux et reprenant sa forme animale, inspecta l’adorable petite bête qui le narguait de ses yeux si bleus. Elle voulait jouer ? Alors…va pour le jeu !
Un siamois poursuivant une panthère? Du jamais vu dans le royaume animal mais pas à dire, ces deux là s’en donnaient à cœur joie. Le chat était rapide et était d’une agilité fantastique, la logique voulait néanmoins que ce soit l’once qui l’emporte…sauf que là, aucune envie de gagner…au contraire. L’enjeu valait la chandelle. Sentir le minet sur son dos était très plaisant mais il s’en dégagea en roulant sur le sable. Drôle de mêlée. Fallait y aller doucement. Un coup involontaire de sa grosse patte pouvait réduire en purée le délicat petit félin.

Retour à la normalité, si on les avait vus, on les aurait pris pour fous. Allongés sur le sable, ils riaient comme des malades. J.O maudit son état, il aurait adoré voir son expression en ce moment, l’éclat de ses yeux…

Ça… ça ne m’était plus arrivé depuis… longtemps de rire ainsi, hoqueta Angel.

Il s’en doutait bien et cela faisait merveilleusement bon de l’entendre rire de la sorte…si jeune, si heureuse, si insouciante…

Tu ne savais pas que j’en étais un aussi ?

Non, pas du tout…pas la moindre idée…Tu m’as pris de court…C’est génial…

*Un point de plus en commun !*

Ça m’a sauvé aussi plusieurs fois la mise, notamment à Poudlard contre un loup-garou. Et aussi de voyager incognito avec…

*Preston…Allez, mon pote, atterris !*

Oh oui…pas à dire, c’est un don on ne peut plus utile…sauf que je dois être un peu encombrant au moment de l’incognito !

La belle rigolade. La belle complicité.

Rose lui versa le café, après un bisou sur le front.

Tu as l’air bien content, ce matin…

*Suis toujours content…ou pas ?*

Avec un petit air satisfait de chat content.

*Bingo, maman…juste comme je me sens !*

On peut dire que tu as même fait la grasse matinée, dit Magnolia en s’approchant à son tour pour le bisou du matin, Angel et Di sont déjà prêtes pour aller à la plage…et je ne me trompe certainement pas en disant que tu veux les accompagner.

Tu lis en moi comme en livre ouvert, Maman.

Il avala son café en se brûlant la langue et la tartine imposée à la cinquième vitesse avant d’aller rejoindre mère et fille.

Alors, mes belles…prêtes ?

Di piaillait d’impatience. J.O préféra la porter avant qu’elle ne file à toute vitesse suivie de SaP, qui bien entendu était de la partie. La main douce d’Angel assura qu’il arrive à bon port sans problèmes.

Posée à terre, la petite miss Yates fila, aux dires de sa mère, droit devant elle, vers l’eau.


Elle n’a encore jamais vu la mer de si près… en Angleterre, c’est… différent.

M’imagine…j’ai vu la mer pour la première fois quand j’avais six ans…c’étaient les premières vacances de ma vie…Magnolia a dû plonger pour me tirer de la flotte.

Cette évocation les fit rire…on s’imaginait bien Magnolia Westwood jouant les maîtres nageurs. Il avait de si merveilleux souvenirs de sa vie, à partir de l’instant, où ses deux mères l’avaient prise en charge, il ne pourrait jamais assez remercier sa chance.

La voix douce d’Angel le tira de ses souvenirs.

C’est dommage que tu ne puisses la voir.

Oui…je commence à en avoir un peu marre…

Que disent les médecins ?

Que je dois patienter…comme si c’était si facile…mais enfin, ça viendra tout seul…un de ces jours ! Tu sais, les explications des toubibs…ça tourne autour sans rien dire…

Elle ne sembla pas trop satisfaite avec cela.

Ah… ça reviendra tout seul ? Tu n’as pas de traitement ?

Il aurait pu jurer qu’elle avait froncé les sourcils, grave.

Non…laisser agir la nature, qu’ils disent…moi je goberais bien quelques pilules si ça pouvait accélérer le processus…mais, il baissa l voix à ton de confidence, je soupçonne Rose et Magnolia d’avoir suborné le Dr. Eastman pour ça…elles en ont un peu marre d’avoir à me récupérer à chaque coup en pièces à peine jointes…

*Juste ce qu’il faut dire pour la convaincre qu’un de ces jours tu y passes, le plus sûr !*

Elle était de l’avis qu’un traitement serait le plus indiqué mais Di, de retour de sa petite exploration du bord de la mer, exprimait vivement le désir de bâtir des châteaux de sable. Élémentaire…sauf que quand on est aveugle, ça donne du n’importe quoi. Si ses efforts étaient assez nuls, l’aide de SaP, promu au rang de plaie destructrice, en effaça toute trace. La petite trouva le jeu très marrant mais bien entendu, au bout d’un moment, abandonna la construction et donna son avis, très clairement.

Di veut nager !


Vœu on ne peut plus légitime qui ne rencontra pas de sitôt l’écho désiré. Angel semblait réticente d’aller dans l’eau avec sa fille. Di insistait.

Pas de souci…je peux l’y emmener…si tu veux…je la tiendrai bien.

Angel ne devait pas en être si convaincue que ça et décida les accompagner, à la grande joie de la petite qui riait, ravie.

Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à ce que SaP décide de s’en mêler.


Qu’est ce que tu fais là, toi ?...Tu détestes l’eau !!!

Mais le toutou semblait avoir vaincu cette aversion pourvu de s’amuser, lui aussi ce qui, bien entendu, fit foirer tout essai de bien faire les choses. Batifolant comme un dingue, SaP réussit à provoquer un début de catastrophe, faisant couler mère et enfant, qui ne prirent pas cela comme part de l’amusement. Boire la tasse n’a rien d’engageant et les cris de Di l’affirmaient. Elles sortirent rapidement de l’eau laissant à J.O le loisir de mater l’animal.

Tu es une brute, SaP…allez, retourne à la plage !

C’était rêver. Pris d’un fol enthousiasme, l’afghan faisait des siennes. C’était sympa comme jeu !

La suite se prêta à confusion…de la façon qu’on veuille bien la voir. J.O n’avait jamais eu de problèmes pour tenir à flot, il était même un très bon nageur mais quand on a affaire avec un chien complètement fou qui du coup, commençait à paniquer un peu, les choses les plus simples peuvent se corser…Mine de rien, SaP était en train de le noyer en bonne et due forme et pour arranger le tout, dans l’escarmouche, il alla donner, tête la première contre le fond…ça et un bon coup de patte en sus…J.O ne sut plus rien de…rien.

Reviens, J.O ! T’en va pas !

D’où diables revenait il ? Bonne question. Il avait l’impression d’émerger d’un gouffre…et de quelle façon, s’il vous plaît ! Elle pleurait et essayait de le ressusciter…sauf qu’il n’était pas mort et sentir sa bouche sur la sienne finit par lui donner des idées pendables… Comment transformer une séance de respiration artificielle en baiser délirant ? Suffit de sauter sur l’occasion et laisser que s’en suive que pourra…Délicieuse manière de revenir à la vie…Il faudrait laisser au compte de la surprise qu’elle ne lui envoie pas la baffe de sa vie…en tout cas, la tenir un instant dans ses bras…oui, J.O pouvait se montrer opportuniste, valait tout l’or du monde. Logiquement, supposer que cela allait durer et qu’ils resteraient là à s’embrasser comme si rien d’autre ne comptait au monde, tenait du rêve le plus fou.

Elle s’écarta de lui, assez vivement.

Je…euh…je…n’avais vraiment pas l’intention mais…vais pas m’en excuser…ou je devrais ?...Angel…ne te fâche pas avec moi…il est des choses…qu’on…sait pas éviter…

La belle explication.

*Ça vient, la tarte !*

Il s’y résignait mais ça ne vint pas…en plus que quelque chose de très étrange était en train de se produire…du coup, les ténèbres cédaient place à une certaine clarté dans laquelle, il pouvait distinguer des contours flous. Mais allez savoir pourquoi, il tut cela jalousement.

Tu…ne m’en veux pas ?...Que je prends des avantages ?...euh…non, pas vraiment…Tu sais que je ne ferais jamais ça ! *Qui va te croire…tu viens de prouver le contraire !*…Oui, on est amis…j’ai compris ça…Pourquoi alors ?...Bon…écoute, vais pas te mentir…suis aveugle mais pas mort…tu es une fille merveilleuse, Angel…oui…bien sûr que tu me plais…Non ! Non…ça ne veut pas dire que…Ok, je promets solennellement de ne pas récidiver…à moins que ce ne soit avec ton accord explicite…Tu veux de la limonade ? Je suis sûr que Rose a mis une bouteille au frais…Comment je le sais ? Elle le fait toujours quand on est à la plage…Allez, viens…on va pas en faire un plat…c’était pas si mal que ça, quand même !

Il se sauva en riant, alors qu’elle menaçait de lui taper dessus.

L’épisode du baiser arriviste fut oublié. Di, remise de ses émotions revint leur faire compagnie suivie d’un SaP qui maintenait profil bas. Le reste de la matinée se passa en tout calme et paix, quand le soleil commença à taper plus fort, ils rentrèrent à la maison.

Allez vous rafraîchir, les enfants !, claironna Magnolia, on va en ville…

Quelle brillante idée. De quoi le faire sauter de joie ! Que diables allait il faire en ville, au milieu de la cohue régnante, aveugle comme une taupe, en compagnie de deux vieilles dames, une fille superbe et une gosse de deux ans et demi ? Faire front à l’adversité sans perdre le sens de l’humour !...

Faut dire, qu’il fallut sincèrement en faire, des efforts. D’abord, survivre au style suicidaire qu’avait Rose au volant. Après, quitter l’abri sommaire du véhicule, arrivé d’une pièce moyennant sans doute une intervention divine, et se mêler à la foule bigarrée déambulant par là. Les trottoirs de Charlotte Amélie, sans doute à cause de possibles hautes marées, sont ridiculement élevés au dessus de la moyenne…en tomber équivalait à tenter la chance pour se briser le cou. Angel le tenait fermement du bras. Magnolia portait Di et Rose ouvrait la marche alors qu’il essayait de ne pas s’estampiller contre les passants qui venaient en sens contraire…

Ils arrivèrent indemnes au restaurant en bord de mer élu par Rose qui avait envie de leur faire déguster les meilleures langoustes du coin. Elle en avait des idées !

Décortiquer le crustacé en pleine possession de ses moyens lui avait toujours semblé une tâche quelque peu ardue, ne disons pas sans voir goutte…ou pratiquement rien, parce que les contours flous pour batailler avec une langouste, ça donne trois fois rien…Angel, faisant honneur à son nom, s’occupa de lui…enfin, de sa langouste. Son unique essai se solda par un vol plané de l’antenne gauche de la bestiole qui alla atterrir sur le giron d’une dame, à la table voisine.

La prochaine fois…on reste à la maison et on mange du poulet…avec les doigts !

Juste ce que faisait Di, sans aucun problème.

Mais faisant cas omis de ces petits inconvénients, le repas se passa dans la bonne humeur générale.


Pour le retour, J.O supplia Magnolia de conduire. Rose rouspéta.

Quoi ? Tu as quelque chose à dire contre ma façon de conduire ?

J.O sourit, angélique.

Ben…pour courir au circuit de Daytona tu es rêvée, Maman…mais les routes de St.Thomas…

Garnement ! Alors, fais le copilote…je vais à l’arrière avec Angel et Di…tiens !

Te savais pas rancunière !

Il gagna une tape et prit place à côté du chauffeur, en rigolant.

Vous avez de la chance que je sois aveugle…sinon, je rentrais à pied !

Un mot de plus, James et tu y vas…à pied !
, rétorqua Magnolia,
boucle ta ceinture et tais toi !

Il ne se garda pas un commentaire tout le long du parcours et en arrivant dut filer se mettre à l’abri.

J’adore le voir ainsi !, soupira Rose, il est…adorable, n’est ce pas, Angel ?

Je t’en prie, Rose…n’oblige pas Angle à faire des déclarations non volontaires !

Ni l’une ni l’autre ne furent dupes des belles tonalités de rose qui colorèrent ses joues mais elle se rattrapa avec un sourire et déclara que Di avait besoin de faire sa sieste.

J.O bayait aux corneilles, installé sur la terrasse mais cela ne l’empêcha pas de savoir qu’elle venait d’y arriver. Il tendit simplement la main, l’invitant à s’asseoir près de lui.

J’ai…quelque chose à te dire, dit il, soudain très grave, non…rien de mauvais…

Tout au log de la journée sa vue s’était éclaircie graduellement. Il parvint à distinguer ses traits et son sourire.

C’est fou ce que le bleu de ta robe te va bien…

Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais pas un mot n’en sortit, l’éclat surpris de ses yeux fut tout un poème.

Ça…a commencé ce matin…je te vois…
Revenir en haut Aller en bas
Angel Grisham
new & pure
Angel Grisham
hiboux : 4570
maison : Serdaigle
house points : 0
multicomptes : Justin Davenport
Alix Blackstorm
Erik Nielsen
Pas demain la veille (fe) Empty
MessageSujet: Re: Pas demain la veille (fe)   Pas demain la veille (fe) EmptyMer 15 Déc - 9:58

Décidément J.O West avait le chic pour la faire crever de trouille ! Rescapé d’une explosion de mine en Afghanistan, puis d’un crash en Amazonie, il n’allait quand même pas mourir bêtement noyé chez lui à cause d’une stupidité de son chien ?
Eh bien presque !
En effet, il s’en fallut de très peu pour que Mr Westwood achève son parcours terrestre sur une des belles plages de St Thomas.
Sans l’intervention d’Angel, il y a fort à parier qu’il y serait resté.
Sa façon de remercier Mrs Yates prit celle-ci de court : un baiser fulgurant !
Dépassée par l’évènement, Angel se cabra en arrière mettant fin à une étreinte… affolante.
Pas embarrassé, lui, J.O tenta néanmoins de se justifier


Je…euh…je…n’avais vraiment pas l’intention mais…vais pas m’en excuser…ou je devrais ?...Angel…ne te fâche pas avec moi…il est des choses…qu’on…sait pas éviter… Tu…ne m’en veux pas ?

Je… Je ne sais pas encore mais je trouve que… tu… tu prends des… libertés qui…

Que je prends des avantages ?...euh…non, pas vraiment…Tu sais que je ne ferais jamais ça !

Eh bien ça en a tout l’air ! Je croyais que nous étions des copains !


Oui, on est amis…j’ai compris ça…

On dirait pas ! On n’embrasse pas ainsi ses amis ! Pourquoi t’a fait ça ?

Elle en pleurait presque de dépit. Pour elle, des amis ne se comportaient pas ainsi. Elle avait l’impression d’avoir été grugée, que quelque chose était cassé. Il se défendit avec une franchise renversante :

Bon…écoute, vais pas te mentir…suis aveugle mais pas mort…tu es une fille merveilleuse, Angel

Ne me dis pas que je… je te plais ?

oui…bien sûr que tu me plais…

Elle était flattée mais quand même outrée :

C’est la meilleure de l’année ! Alors, maintenant, dois-je m’attendre à ce que si l’occasion se présente, tu me sautes dessus ?

Non ! Non…ça ne veut pas dire que…Ok, je promets solennellement de ne pas récidiver…à moins que ce ne soit avec ton accord explicite.

*Pas demain la veille !*

Là-dessus, il changea de sujet en lui proposant de la limonade.

Allez, viens…on va pas en faire un plat…c’était pas si mal que ça, quand même !

Quel culot ! Le pire est qu’il avait raison… Elle y avait pris plaisir, mais ça, Angel ne l’avouerait jamais.

On tenta de ne plus penser à cet épisode en se désaltérant sur la terrasse, puis Magnolia décida d’emmener tout le monde déjeuner en ville. Il fallait absolument qu’Angel goûte la cuisine d’un restaurant réputé pour ses langoustes.
Balade en voiture assez périlleuse s’il en fut. Mrs Westwood avait sa conception personnelle sur la manière de conduire… Élevée dans le catholicisme, Angel se prit à réciter mentalement ses prières.
J.O n’était pas à la joie non plus, le pauvre. La cohue bariolée de la rue principale faillit provoquer bien des tamponnades. Attentive à leur déplacement, Angel ne le lâcha pas durant le trajet pédestre au cœur de la ville.
Une autre épreuve attendait l’aveugle : le décorticage des crustacés.
Intérieurement, Mrs Yates maudit les mères du jeune homme pour leur manque de sollicitude envers leur fils handicapé. Comment aurait-il pu se débrouiller seul dans un travail déjà fastidieux en temps normal.

*Elles le font exprès ou quoi ? *

Dans le fond, il n’y avait rien d’impossible à cela… N’était-ce pas une manœuvre de leur part afin de favoriser un certain… rapprochement ? Qu’importait. Angel ne se formalisa pas d’aider J.O à dépecer sa bestiole même s’il semblait râler sur son manque de dextérité personnelle et bavait presque devant le poulet que grignotait allègrement DI avec ses doigts.
On s’en sortit bon an mal an, les crustacés et le vin étaient délicieux, tout était bien.
D’un côté, la cécité de J.O avait du bon, selon Angel. Elle pouvait lui tenir le bras sans que cela paraisse déplacé et rougir sans honte aux allusions finaudes des deux dames.
Guider le reporter devint un jeu de complicité lors du retour vers la voiture.
Angel ne put s’empêcher d’en ajouter, pour rigoler :


Wow lui souffla-t-elle en riant. Tu rates quelque chose, là. Cette nana porte une jupe si courte que l’on dirait une ceinture, et quel balcon !

Plus loin, elle signalait :

Attention, crotte de chien droit devant.

C’était faux mais le voir sursauter et chercher à éviter l’obstacle était trop gag. Pas dupe de ces stratagèmes innocents, Ils riaient en connivence.

Occupés à traverser la foule, ils ne remarquèrent pas un homme derrière eux. Habillé en touriste banal, Rick Norman les avait repérés à la table du restaurant. Lui, pauvre pigiste à la traîne, cherchait un scoop depuis des semaines. Il n’en avait pas cru ses yeux lorsqu’il avait reconnu le jeune couple en train de déguster des crustacés.

*La chance existe* avait-il pensé en armant son gros appareil photo. Des clichés, il en prit des dizaines en rafale et récidiva ensuite en s’arrangeant pour devancer ou suivre ses cibles.
Inconscients de l’intérêt suscité, Westwood et Yates rentrèrent au bercail.
Une petite sieste s’imposait après un tel gueuleton. Di s’étant déjà assoupie en voiture, il fut facile à Angel de la mettre au lit. Elle-même s’allongea et ne tarda pas à fermer les yeux.
Trois-quarts d’heure suffisent en général à vous remettre d’aplomb.
Passant par la salle de bains, la jeune femme s’y rafraîchit puis s’orienta dans la maison silencieuse. Tout le monde dormait encore, apparemment. Tiens non ? Sur la terrasse, affalé sur les coussins du divan en rotin, J.O se redressa et l’invita à s’asseoir à ses côtés :


J’ai…quelque chose à te dire…

Son air grave l’alarma. Elle serra plus fort ses doigts.

J.O tu as eu de mauvaises nouvelles ? Tu ne te sens pas bien ?

Il lui assura que non et son expression changea en… amusement ? :

C’est fou ce que le bleu de ta robe te va bien…

Qu’est-ce qu’il racontait ? Comment pouvait-il deviner la couleur de ce qu’elle portait ?
Muette de stupeur, elle n’en revenait pas de ce que cette révélation impliquait. Il confirma, joyeux :


Ça…a commencé ce matin…je te vois…

Un élan la poussa à l’étreindre :

C’est merveilleux ! Merveilleux ! Je suis si contente ! Raconte vite !

Lui tenant les mains, le jeune homme déballa ses premières sensations débutées juste après sa noyade et améliorées d’heure en heure. Angel était si enthousiaste qu’elle déclara :


Il faut mettre Rose et Magnolia au courant. On doit fêter ça !

Hum, hum ! Nous mettre au courant de quoi ?

Pris dans l’ivresse de l’événement, Ils n’avaient pas remarqué l’approche des vieilles dames.

J.O doit vous faire par d’une grande nouvelle ! Une magnifique nouvelle ! dit Angel avec un grand sourire.

Les mères parurent émues :

Alors tu t’es décidé à lui demander, mon grand ? Tu as pris ton temps.

On savait que tu le ferais, hein Rose ! A quand la date ?

Il y avait maldonne quelque part. Magnolia insista :

La date du mariage voyons ! C’est quand ?

Arrêt sur image. On aurait stupéfixé J.O et Angel que l’effet n’aurait pas été différent. Ces vieilles dames et leurs idées !
Retrouvant Dieu sait comment l’usage de la parole, Angel déclara très vite :


C’est mieux que ça : J.O revoit ! Il a retrouvé la vue !!

Cette fois la pièce tomba. Rose et Magnolia fondirent en larmes en étreignant leur fiston qu’elles bourrèrent de questions. Réjouies tout en le semonçant doucement de ne pas les avoir averties de suite de l’amélioration, les Mrs Westwood sortirent le champagne ; tous trinquèrent joyeusement.
Rose devint rapidement pompette. Elle riait comme une petite folle quand, sans crier gare, elle fondit en larmes.


Voyons Rose, retiens-toi. Que va penser Angel ?

J’y peux rien, sanglotait sa sœur. Je suis très contente mais aussi... très triste. On le connaît notre garnement ! Maintenant qu’il voit, dans quelque temps il filera Dieu sait où et nous on… on restera là à se ronger les sangs en se demandant comment il va ! C’est égoïste, je sais… J’avais tant espéré… autre chose !

Voir pleurer sa mère, remua le photographe qui l’entoura aussitôt de sa sollicitude. Il assura ne pas déserter de sitôt car il ne distinguait encore que couleurs et formes et avait aussi un projet. Pleines d’espoir – devinez lequel…- les mères écoutèrent avec attention.


Ah… renifla Rose, déçue. Tu vas travailler sur tes photos d’Amazonie…

Une exposition à New-York dans deux mois… soupira Magnolia. Ce sera toujours ça de… gagné.

Les jours suivants se passèrent calmement. Balades en bord de mer, courtes excursions dans l’île aux panoramas magnifiques, J.O voyait de mieux en mieux. Sous la gouverne de ses mères, il emmena Angel et Di dans des endroits très intéressants. Celui qui plut par-dessus tout à Di fut le parc Ocean Coral World. C’était pour les touristes, n’en étaient-ils pas ? Le jeune homme leur aurait volontiers montré des sites plus naturels mais sa vision encore incertaine le privait de sa liberté d’action. N’empêche que Di s’émerveilla des évolutions des tortues et des éléphants de mer. Elle insista auprès d’Angel pour en ramener un vrai à la maison. La petite crise de volonté fut réglée par J.O qui gagna le cœur de la fillette en lui offrant la plus grosse peluche du magasin… même s’il râla un peu de devoir se la coltiner dans les bras tout le reste de la visite.

Séjour heureux, détente totale…
La semaine prévue par Angel fila comme le vent. J.O avait paru peiné( ?) quand elle lui avait annoncé la courte durée de son passage.


Je suis commerçante, avait-elle prétexté. Je me dois à mes clients…. À mes amis aussi, bien sûr sinon… je ne serais pas venue.

La crut-il vraiment ? Il n’insista pas trop pour lui faire changer d’avis en tout cas.
Autre chose est avec Rose et Magnolia...
A chaque occasion (rares, ouf) où Angel se retrouva avec elles, l’une ou l’autre, parfois les deux ensemble, se mettaient à vanter les mérites de leur « gamin » Pas de manière directe, évidemment. Elles étaient bien trop futées pour ça : on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre ! Une touche ici, une autre là, elles s’arrangeaient toujours pour faire découvrir à la jeune femme un des « talents » secrets de J.O.


Savez-vous, Angel, qu’il n’oublie jamais un anniversaire ? Aussi loin qu’il soit, il a une attention pour nous : c’est un si gentil garçon.

L’an dernier, à la fête des Hugues, il a fait danser toutes les vieilles dames invitées ! Fallait voir la tête des demoiselles isolées !


James a un don avec les enfants. Il a l’art de les mettre en poche en un clin d’œil. Pas avec un de vos tours sorciers, je veux dire que…

Vous devriez rester au moins une semaine de plus. J.O sera à même de vous faire faire un tour en voiler. Il barre parfaitement…

Elles le paraient de toutes les vertus et Angel était prête à les croire sans problème. Seulement…

La veille du départ arriva. Les vieilles dames lui avaient semblé étrangement calmes durant la journée. Que mijotaient-elles encore ? Elles s’étaient souvent absentées de la maison où elles laissèrent les jeunes gens se préparer à la séparation prochaine.
J.O avait entrepris de dérider Di en jouant avec elle à Colin-maillard ou chat perché. Il était hilarant en laissant Miss Yates gagner à tous les coups, inventant inattentions ou chutes pour qu’elle rie aux éclats.


*A quoi bon s’en faire une amie… demain on sera loin… A chacun son destin…*

Ils déjeunèrent dans le jardin, J.O désirant absolument démontrer ses prouesses culinaires à Angel qui les avait régalés la veille avec ses petits plats délicats. Que de compliments reçus ! Rose et Magnolia en auraient pleuré de bonheur et de saveur.
Le résultat du barbecue fut très à la hauteur.
L’ambiance était sereine mais, parfois, des moments de gênes pesaient comme si l’un comme l’autre se retenait...

Après la sieste, ils commencèrent à s’inquiéter sur l’absence des mères. Leurs portables étaient éteints, aucune ne répondait aux appels d’un J.O dont l’énervement croissait.
Enfin, vers 16 heures, la voiture se parqua. James les apostropha sans ménagements, leur signalant à quel point il s’était inquiété. Magnolia rigola :


Tu vois l’effet que ça nous fait quand tu nous laisses sans nouvelles !

Ce que l’on a fabriqué ? On n’a pas été jouer aux cartes ! Tu le sauras bien assez tôt. Allez plutôt vous préparer les enfants. Et soyez élégants !

Elles avaient des mines de chat alléché. Que faire d’autre que d’obtempérer ?
Angel n’était pas particulièrement « femme du monde »
Preston lui avait souvent fait endosser cette apparence et elle savait s’en tirer plus qu’honorablement.
Dans ses bagages, Opal avait glissé une superbe longue robe noire portée juste une fois.
Angel la jugeait très…, trop… Puisque c’était sa seule tenue convenable, tant pis !
Les chignons lui allaient bien, elle en tourna un facilement. Une touche de maquillage sur sa peau hâlée, une paire de pendants d’oreille, elle se trouva potable. Di ressemblait à une petite princesse dans sa toilette à volants. Elles descendirent, royales !
Voir J.O en smoking blanc était une première. Habituée à le voir en tenue sport, - sauf la fois où elle l’avait arrosé mais l’avait à peine regardé ce jour-là – elle ne put s’empêcher de remarquer sa… classe. Il portait l’habit avec autant d’aisance que le short… Ils se sourirent.

Les cachotières !
S’ils s’attendaient à aller dîner dans le resto le plus huppé de la capitale, J.O et Angel furent déçus.
Rose et Magnolia les avaient « simplement » attirés à un bal d’au revoir. Toutes leurs relations chics étaient rassemblées sous un vaste chapiteau planté au milieu d’un parc exotique.
Les flambeaux donnaient une touche intime, le personnel en livrée transformait le cadre en château.
Subir les présentations à la ronde, sourire à en avoir des crampes, Angel se demandait où elle était tombée. Quoique soit le sens dans lequel on veuille le tourner, cela ressemblait beaucoup à un banquet de présentation officielle voire de… fiançailles !
Amusée plus que fâchée, Mrs Yates joua le »jeu ». Décevoir d’entrée les organisatrices en les plantant là aurait été trop cruel.
D’ailleurs la soirée était plaisante et pas guindée du tout. D’autres enfants étant de la fête, Di rigola beaucoup.
Qui dit bal dit danse…
Pouvait-on imaginer J.O West en danseur de salon ? Eh bien là, Angel connut la surprise du siècle lorsqu’il l’emporta dans le tourbillon magique d’une valse de Vienne que suivit une rumba lascive puis un slow.
Depuis leur coin, mine de rien, Rose et Magnolia observaient :


Tu as vu comme ils s’accordent bien, s’émouvait la première.

On a bien fait de lui faire donner ces leçons de danse. J’espère qu’il trouvera la bague que j’ai mise dans sa poche !

J’espère surtout qu’il osera la lui donner ! Et… Qu’elle acceptera.

Ne sois pas sotte ! Elle a les yeux en face des trous !

A cent lieues d’imaginer les arcanes des Mrs Westwood, Angel goûtait la danse engagée. Serrée contre ce corps qui épousait le sien au rythme de la musique, elle se sentait bien, très… trop bien…
Ils ne parlèrent pas beaucoup pendant ce duo, à quoi bon ?
La musique cessa. J.O prit ses doigts et les porta à ses lèvres avec un regard… dévastateur.
Angel détourna la tête, gorge nouée, prenant un ton désinvolte en l’entraînant vers le buffet de boissons :


Je dois te parler…

Tiens, lui aussi ? Ça tombait bien.
Un verre en main, ils sortirent du chapiteau. Rose et Magnolia croisèrent les doigts en les voyant s’isoler.
L’air était doux, parfumé, enivrant.
Ils firent quelques pas vers un banc qu’ils négligèrent ; proche, un lac attirait à la romance. Angel contempla les eaux calmes avec comme un secret espoir de s’y noyer.


J.O… j’ai passé une semaine merveilleuse… avec toi. Je suis très heureuse que tu ailles de mieux en mieux, ne te l’avais-je pas prédit ? … Maintenant… tu n’as plus vraiment besoin de moi, n’est-ce pas ? Ne dis rien, tu sais que c’est vrai. Je veux… je souhaite beaucoup que l’on reste bons amis… Tes mères sont d’adorables comploteuses, ne dis pas le contraire… Mais… je… *Zut, sois plus ferme !* Je vais partir… Non, pas demain, tout de suite. Je hais les adieux, ne m’en veux pas… Je récupère Di et je file. C’est cent fois mieux ainsi… Téléphoner ? Bien sûr que tu pourras m’appeler aussi souvent que tu voudras ( elle rit)… New-York ? Euh… oui, pourquoi pas ? J’adore tes œuvres, j’irai avec plaisir. Tu remercieras tes mères de ma part pour leur hospitalité. J’ai laissé un petit présent dans la chambre… Au revoir J.O…

Plus ténu qu’une aile de papillon un baiser se déposa sur les lèvres du jeune homme. Un sortilège d’attraction amena Di dans ses bras. Un sourire, elle transplana.

Que l’Angleterre était morne !
Après une semaine au soleil, Angel reprit la routine. Di avait beaucoup pleuré d’être « enlevée » de la sorte mais se fit une raison. D’après J.O, qui lui téléphona dès son retour, SaP était déprimé… D’après le ton, lui aussi… Que dire d’elle !
Angel passa outre ce que ces révélations déclenchaient en amertume, sur ce qu’Opal lui bassina en reproches et conseils les jours suivants.
Elle ne pouvait, ne voulait plus s’attacher à quelqu’un, surtout si ce quelqu’un préférait courir le vaste monde plutôt que de veiller sur sa compagne.

Ce jour-là, Angel rentrait à pied chez elle quand elle eut la surprise de trouver un étrange attroupement devant sa porte.


*Des journalistes ? Mon Dieu !*

Aux quatre cents coups, elle crut qu’un malheur était arrivé à Di. La maison ne brûlait pas… quoi, alors ?

Mrs Yates, se ruèrent ceux qui l’avaient reconnue, une déclaration ?

Euh…

S’il vous plaît, que pensez-vous de ses insinuations ? Pensez-vous traîner Rick Norman en diffamations ? Pouvons-nous accorder du crédit à ces assertions ?

De quoi diables parlaient-il ?

Elle le sut en pénétrant chez elle après avoir fermé sa porte aux nez de ces loups affamés.
Un journal était posé sur le guéridon. En 1ère page, une photo d’elle et de J.O. Le gros titre annonçait :


La veuve joyeuse !

Sous ses yeux effarés, Angel découvrit l’intérieur de la gazette. Plein de clichés illustraient son séjour aux Caraïbes. Restaurant, balade à la plage, sourires complices… jusqu’au baiser final…
Accablée, elle s’écroula à même le sol et y resta assise bêtement à pleurer.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Pas demain la veille (fe) Empty
MessageSujet: Re: Pas demain la veille (fe)   Pas demain la veille (fe) EmptySam 18 Déc - 17:35

“Je te vois“…Un aveu si simple qui voulait tant dire. N’être plus aveugle signifiait liberté. Il se doutait bien que ce ne serait pas si facile que ça, mais comme début, c’était merveilleusement mieux que rien. Qu’Angel réagisse en lui sautant au cou, le surprit très agréablement. Elle semblait ravie avec la nouvelle.

C’est merveilleux ! Merveilleux ! Je suis si contente ! Raconte vite !

Se souvenant de sa promesse de se tenir exemplairement, J.O n’abusa pas de sa chance et se contenta de retenir, sagement, ses mains dans les siennes.

Sans doute le coup de patte de SaP, ou me prendre le fond avec le crâne, ont aidé…sais pas à quoi…mais en tout cas, en revenant à moi…ce n’était plus du noir total…Il y avait des ombres, des contours très imprécis…et puis…à mesure que les heures passaient…ça se précisait. Pas que je vois clairement, pas encore…mais je distingue mieux les choses…et les personnes…Au fait, tu devrais avoir honte de te payer la tête d’un pauvre aveugle…Crotte de chien droit devant…

Ils riaient, ravis, plus complices que jamais.

Il faut mettre Rose et Magnolia au courant. On doit fêter ça !, assurait Angel, sans lâcher ses mains.

Bien sûr, c’était sans compter que ces deux chères dames n’étaient pas bien loin et avaient saisi au vol les paroles de la jeune femme.


Hum, hum ! Nous mettre au courant de quoi ?

Magnolia venait vers eux, toutes voiles dehors suivie d’un Rose, émoustillée. Angel les regarda, rayonnante.

J.O doit vous faire par d’une grande nouvelle ! Une magnifique nouvelle !

La suite fut digne d’être suivie avec attention…pour y comprendre quelque chose. À la déclaration de Mrs. Yates suivit une série de soupirs émus, puis Rose dit, d’une voix enrouée d’émotion :

Alors tu t’es décidé à lui demander, mon grand ? Tu as pris ton temps.

*Hein ?*

Et Magnolia de rajouter.


On savait que tu le ferais, hein Rose ! À quand la date ?


Qu’on le pende s’il y comprenait où elles voulaient en venir. Son air perdu mérita qu’on lui éclaire la lanterne.

La date du mariage voyons ! C’est quand ?

*QUOI !!???...Elles sont dingues !*

Angel fut la première à récupérer le don de la parole, lui était trop estomaqué pour placer un mot.

C’est mieux que ça : J.O revoit ! Il a retrouvé la vue !!

Cette nouvelle sembla être suffisamment satisfaisante pour leur faire oublier leurs projets de mariage.

J.O se trouva étouffé de baisers par les deux femmes qui comptaient le plus au monde pour lui. Elles étaient si heureuses, sans savoir si rire ou pleurer de gratitude.


Tu aurais pu nous dire !
, renifla Rose en lui caressant la joue, mon petit chéri…

Oui, mon ange…on aurait dû…être…mais enfin…Oui, nous devons fêter ça !!!


Il ne fallait pas être foncièrement doué pour s’imaginer ce que Magnolia avait voulu dire : elles auraient dû être les premières à le savoir mais il avait choisi de le dire à Angel, d’abord, ce qui bien sur, se prêtait à interprétation…surtout de part de ces deux romantiques endurcies.

Cinq minutes plus tard, sautaient les bouchons. Champagne français, s’il vous plait. Frais à point comme si on avait déjà prévu une quelconque célébration.

*Hum ! C’est la première fois qu’elles sont si…ravies et enthousiastes…À croire qu’elles veulent vraiment me caser !*

Et c’était aussi, curieusement, la première fois qu’il y pensait aussi. Sa vie amoureuse n’avait été qu’une suite d’aventures sans lendemain. Il n’avait jamais ressenti le besoin de se ranger et songer à une vie stable, partagée avec une gentille fille…en fait, cela l’épouvantait, presque, penser à se laisser passer la corde au cou, pas par manque de candidates à le faire en toute joie de cœur. Pourtant avec Angel, tout était différent. Elle était différente…mais le moment n’était pas venu de penser à cela.

Le champagne coulait à flots, façon de dire, en tout cas, pour Rose ce fut un peu trop, tensions et émotions aidant, du rire, elle passa aisément aux larmes.

Je suis très contente mais aussi... très triste. On le connaît notre garnement ! Maintenant qu’il voit, dans quelque temps il filera Dieu sait où et nous on… on restera là à se ronger les sangs en se demandant comment il va ! C’est égoïste, je sais… J’avais tant espéré… autre chose !

Il se garda bien de demander ce qu’elle avait espéré mais avait, cela va de soi, sa petite idée. En tout cas, voir Maman Rose pleurer de la sorte à cause de lui, le remua. Lui entourant les épaules de son bras, J.O déposa un baiser sur sa tête.

Maman…ne pleure pas….Vais pas partir demain…ni le jour d’après non plus. Que je ne sois plus aussi aveugle qu’une taupe ne veut pas dire que je jouis d’une vue de lynx…loin de là.

Vraiment !?

Oui…vraiment…c’est pas si rapide que ça…Je suppose que ça prendra encore quelque temps…Pour le moment, je ne distingue pas plus que formes et couleurs…Ça fait encore très abstrait…

Cela sembla rassurer assez Rose qui s’épongea les yeux en soupirant, toutefois.

Cela veut dire que…tu resteras ?

J.O sourit.

Oui…Je resterai mais pas à me tourner les pouces…

Je savais que cela ne pouvait aller sans « mais », soupira Magnolia, à son tour.

Je dois quand même m’occuper du travail fait en Amazonie, non ? Je dois y travailler dessus…Dans deux mois, il y aura une exposition à New York…peux pas laisser passer l’opportunité.

Cela les fit soupirer de nouveau mais savoir qu’il n’allait pas courir le monde pendant un moment, finit par les rassurer et ils purent continuer à festoyer en toute paix.

Jour à jour, sa vision se précisait mais pas au point de lui permettre de conduire. Angel ayant avoué que le faire ne la tentait pas du tout, il fallut compter avec la bonne grâce de ces dames, qui, bien entendu, se déclarèrent ravies de les convoyer de long en large pour découvrir les merveilles locales.
La tournée obligatoire du touriste. S’il n’avait tenu qu’à lui, J.O aurait fait découvrir d’autres facettes de ces alentours magnifiques. Mais qui songe à faire de la plongée avec Magnolia et Rose collées aux basques ? Et avec la petite Di…Impossible.


Ce sera pour la prochaine fois, promit il, tu verras…c’est tout autrement…hors du circuit obligé !

Le sourire d’Angel valait tout espoir et il se prit à rêver à de jours meilleurs…à deux. L’idée lui trottait dans la tête de plus en plus souvent et de la même façon, il la chassait. Peu ami de vivre d’illusions, J.O préférait s’en remettre pragmatiquement à la réalité. La jeune femme avait été on ne peut plus claire : elle était prête à accepter son amitié, rien d’autre. Ainsi soit-il !

Sous la bienveillante escorte des sœurs Westwood, la semaine qu’Angel s’était accordée fila à une vitesse effarante. Il ne voulait pas y penser mais bien sûr ce n’était pas cela qui changeait les choses.
La jeune femme donnait tous les prétextes de rigueur pour ne pas prolonger son séjour, malgré l’insistance de Rose et Magnolia…et la sienne, même s’il préféra ne pas trop appesantir sur le thème, la dernière chose au monde était obliger Angel à quoi que ce soit qu’elle ne désirât pas vraiment faire…


Je suis commerçante. Je me dois à mes clients…. À mes amis aussi, bien sûr sinon… je ne serais pas venue.

*Oui…j’ai compris…suis un ami de plus !*

Le cœur lourd, J.O voyait l’heure du départ approcher. Elle allait beaucoup lui manquer. La complicité existante n’avait fait que s’accroître pendant ces jours, cimentant les bases d’une solide amitié, faute d’autre chose.

Il ne se doutait pas de la campagne menée par Magnolia et Rose, qui étaient, dirait on, convaincues qu’Angel était la fille qui lui convenait…l’unique. C’était bien la première fois qu’il les voyait si disposées envers une de ses amies. D’habitude elles se montraient polies mais distantes, pour à peine la candidate hors portée de voix, décortiquer chaque défaut…propre ou inventé. Pas une seule n’avait passé leur crible strict. Trop grande, trop mince, trop blonde, trop bête, trop rousse, trop arrogante, trop imbue de soi pour finir toujours par le déjà connu petit commentaire perfide : « Mais voyons, James…d’où sors tu des goûts pareils !? ». Il ne leur en avait jamais tenu rigueur, sûrement parce qu’aucune de ces demoiselles ne lui avait pas tenu à cœur.

Et voilà qu’on en trouvait une qui faisait le bonheur de tout le mode…sauf que…

Avec Di, il découvrait une autre dimension de la vie. Elle l’émerveillait, tout simplement. À son âge, J.O vivait dans un endroit sombre, froid, dépourvu de la moindre touche de douceur…ne disons pas de tendresse. Il se demandait alors, comment aurait été sa vie s’il avait eu droit à une petite enfance comme celle de Miss Yates, entourée d’amour inconditionnel. Certes Rose et Magnolia avaient rattrapé ces carences mais au fond de lui-même, J.O restait un peu le petit garçon qui se demandait sans cesse pourquoi on n’avait pas voulu de lui. Mais délaissant ce passé douloureux, il avait plutôt repris sa caméra…

De bonne heure Magnolia et Rose annoncèrent qu’elles avaient à faire en ville et quittèrent la maison sans donner plus d’explications. Les jeunes gens rigolèrent de leurs airs mystérieux et se disposèrent à employer leur temps de la meilleure façon possible. Concours de châteaux de sable, chercher des coquillages ou prendre un bain, sans y inviter SaP.

Il avait attrapé Di au vol, la faisant rire aux éclats. J.O avait promis qu’il allait se charger du repas et comptait tenir parole et les régaler d’un délicieux barbecue, sans vouloir accepter l’aide de quiconque sauf de la petite miss.

Maintenant, tu vas venir m’aider à faire la salade !

Les yeux de la petite avaient pétillé de ravissement.

Vrai ?

Oui…tu pourras tout mélanger dans un grand bol…mais on va rien dire à ta maman!

Complice acquise. Peu après, on les entendait rigoler comme des dingues dans la cuisine où l’accès demeurait interdit. Diana avait saisi le principe. Rien de plus réjouissant que plonger ses menottes dans le bol de salade et mélanger avec entrain…beaucoup d’entrain, ce qui à la fin donnait n’importe quoi et il y avait des feuilles de laitue et des tomates partout, sauf là où il fallait. Pour se tirer convenablement d’affaire, la magie fut de mise…surtout pour rendre Di à sa mère sans qu’elle semble faire part de la salade.

L’expérience fut plutôt réussie, du moins aux dires d’Angel, restait clair qu’il pouvait bien se débrouiller avec un steak…et les salades !

Dernier jour. Le lendemain, à cette heure, Angel serait de retour chez elle et Di, avec. Cette pensée le taraudait et l’empêcha de jouir vraiment du moment. Parois elle semblait bien rêveuse et J.O avait eu envie de lui demander …tant de choses. Mais il se retint, affichant un sourire chaque fois qu’elle se tournait vers lui. Il lui sembla, à moment donné, qu’elle aussi avait quelque chose à dire mais Di avait interrompu et l’instant passa…

Magnolia et sa sœur n’avaient pas donné de leurs nouvelles depuis des heures.

Elles ont sûrement rencontré des amis en ville et seront restées déjeuner avec eux…mais quand même, un coup de fil…

Angel lui conseilla de ne pas se faire de la bile mais au bout d’un moment s’en alla faire une petite sieste, le laissant à se faire des idées tout seul. Essayer de se communiquer avec les dames Westwood s’avéra inutile. Quand Mrs. Yates le rejoignit, J.O avoua être franchement préoccupé.

Ce n’est pas dans leurs habitudes, ça…Elles répondent toujours à leur portable…

Il était tout prêt à appeler la police quand enfin la voiture se gara face à la maison. Il leur réserva un accueil ponctué de reproches sur tous les tons, ce à quoi elles répondirent placidement que maintenant il savait ce qu’elles sentaient lorsqu’il disparaissait sans donner de ses nouvelles…sauf que lui n’allait pas en ville mais risquer sa peau dans quelque bled perdu au nom imprononçable.

Ok, reçu 5/5…mais qu’est ce que vous avez fait tout ce temps ?

Ce à quoi Magnolia avait répondu, avec un petit sourire malicieux.

Ce que l’on a fabriqué ? On n’a pas été jouer aux cartes ! Tu le sauras bien assez tôt. Allez plutôt vous préparer les enfants. Et soyez élégants !

Pas besoin d’un dessin, quand ces dames disaient « élégant », J.O savait à quoi s’en tenir. Elles pouvaient être drôlement pointilleuses quand l’envie leur en prenait.

Il avait toujours du mal avec la fichue cravate. Rose s’en occupa, souriant attendrie.

Ah, que tu es beau, mon petit !,
soupira t’elle.

Le « petit » auquel elle arrivait de justesse à l’épaule voulut en savoir un peu plus sur leurs plans mais elle se contenta de lui tapoter la joue et de lui recommander d’être patient et pas si curieux.

Il ne lui resta donc qu’à faire les cent pas jusqu’à ce que les femmes de la maison soient prêtes. Et puis, elle s’engagea dans l’escalier, donnant la main à Di qui ressemblait à une petite princesse. Mais il ne regardait pas l’enfant mais la mère. Ravissante était peu dire. À couper le souffle convenait mieux.

Elle était merveilleuse dans sa robe noire. Il ne l’aurait imaginée dans une toilette pareille, si « femme du monde », si assurée, si superbement jolie…Il serait resté là, comme un ado pâmé, la bouche ouverte, si Di ne lui avait pas sauté au cou en riant.

Tu es merveilleuse !...Toi aussi, Di…mais ta maman est…wow !

Il aurait dû y penser. Magnolia et Rose ne faisaient jamais les choses à moitié et le prouvaient encore cette fois. Elles avaient organisé ni plus ni moins qu’une fête d’au revoir pour Angel…même s’il n’avait aucun mal à croire qu’elles avaient d’autres idées derrière la tête. Ce qui se vit confirmé quand, en mettant la main dans sa poche, J.O trouva l’écrin.

*Elles prennent leurs rêves pour réalités, pas à dire !*

Mais on n’allait pas se laisser démoraliser pour autant, puisque fête il y a avait, alors, il fallait s’amuser ! Ces merveilleuses femmes qu’étaient ses mères avaient tout prévu et il y avait même d’autres enfants avec lesquels Di pouvait jouer sans être tout le temps scotchée à sa mère.

Et bien…puisqu’on a la permission de tout le monde…que dirais tu de danser ?...Tu veux que je me vexe ?...Bien sûr que je sais danser…viens donc, que je te montre…

Angel avait accepté en riant, pensant sans doute qu’il faisait le pitre mais à part être un très bon photographe, J.O était aussi un danseur plein de talent. Tout y passa. Angel suivait avec un art époustouflant. Tout y passa, de la valse élégante à la rumba déjantée, passant par un tango qui sidéra plus d’un. Ils s’accordaient à merveille, comme s’ils n’avaient fait que ça toute leur vie.

J.O essayait de ne pas penser mais s’il laissait ses idées partir en vadrouille, ça finirait par faire encore plus de mal. C’était si bon la tenir dans ses bras, évoluant au son de cette mélodie si romantique. Il lui suffisait de se pencher à peine pour sentir son parfum et avoir la folle envie de l’embrasser. Mais il avait retenu la leçon. Pourtant, il aurait pu jurer qu’Angel se sentait aussi à l’aise que lui. À quoi bon parler s’il suffisait de se noyer dans ce regard si bleu ? Tout ce qu’il aurait ou dire aurait été déplacé et pourtant il y avait tant qu’il aurait voulu susurrer à son oreille.

*Tiens toi bien, mon vieux…la prochaine, c’est la baffe, ça tu le sais !*

Et il ne voulait pas ruiner la fête. Finie la pièce, un slow particulièrement sensuel, le seul geste qu’il osa fut prendre sa main et baiser le bout de ses doigts, sans quitter ses yeux des siens. Elle baissa rapidement la tête, troublée mais se reprenant admirablement, l’entraîna vers le coin bar en disant, désinvolte :

Je dois te parler…

Moi aussi..Viens , prenons quelque chose à boire et sortons un moment…

La nuit était parfaite pour la romance mais évidemment ce n’était pas cela qui les mena en bordure de ce petit lac artificiel, sous la lune. Il la laissa parler, la mort dans l’âme, devinant presque ce qui allait suivre.

J.O… j’ai passé une semaine merveilleuse… avec toi. Je suis très heureuse que tu ailles de mieux en mieux, ne te l’avais-je pas prédit ?

Oui…tu l’avais dit…Angel…


Mais elle ne lui laissa pas le loisir de continuer.

Maintenant… tu n’as plus vraiment besoin de moi, n’est-ce pas ?

Tu ne peux pas dire ça…

Ne dis rien, tu sais que c’est vrai. Je veux… je souhaite beaucoup que l’on reste bons amis…

Elle ne lui laissait aucune alternative. Amis ?...S’il n’était bon qu’à ça ! Pourtant, ce n’était pas exactement ce qu’il voulait.

Angel…je veux être ton ami…mais tu sais bien qu’il y a quelque chose de plus…Rose et Magnolia ont un peu tout gâché…mais…

Elle souriait, si douce, mais J.O sut que tout ce qu’il pourrait dire ne changerait rien.

Tes mères sont d’adorables comploteuses, ne dis pas le contraire… Mais… je… Je vais partir…

On a encore toute cette nuit, pas à dire, l’espoir fait vivre.

Non, pas demain, tout de suite. Je hais les adieux, ne m’en veux pas… Je récupère Di et je file. C’est cent fois mieux ainsi…

Il secoua la tête et lui flatta la joue.

Cela dépend pour qui…mais si tu le vois ainsi. Tu vas me manquer…puis je, au moins, te téléphoner ?

Il était pitoyable mais n’y pouvait rien, de toute façon, cela ne changerait pas grand- chose.

Téléphoner ? Bien sûr que tu pourras m’appeler aussi souvent que tu voudras.

Ils savaient tous deux ce que cela signifiait et cela les fit rire détendant l’ambiance entre eux.

Ok, je me scotcherai au téléphone donc…mais dis…tu viendras à New York, pour l’expo ? Tu peux confier Di à ton amie Opal et venir deux jours…ou dix…ou ceux que tu voudras…je jure tenir Rose et Magnolia à distance !

New-York ? Euh… oui, pourquoi pas ? J’adore tes œuvres, j’irai avec plaisir. Tu remercieras tes mères de ma part pour leur hospitalité. J’ai laissé un petit présent dans la chambre… Au revoir J.O…

Jamais baiser de femme ne l’avait autant secoué même s’il ne s’agit que d’un frôlement, à peine perceptible. Il n’essaya pas de la retenir. Déjà elle jouait de la magie et récupérait Di, avant de disparaître dans l’air doux du soir, le laissant affreusement démuni.

Il se fit un devoir de retourner auprès de Rose et Magnolia, elles n’eurent pas besoin de ses explications.


À voir sa tête, elles devinèrent.

Tu l’as laissée partir !?

Maman Rose, quand une sorcière diplômée comme Angel décide de partir…crois moi, il n’y a rien à faire…à moins de me coller au transplanage et me gagner la baffe de ma vie en arrivant !

Mais, elle semblait si contente…Vous vous entendez si bien..., plaida Magnolia.

Profond soupir.

Nous sommes amis…c’est tout !...Oui, je l’aime beaucoup et Di est une gosse adorable, mais, croyez moi, vous deux, faut un peu plus que ça, pour que les choses changent…Soyons raisonnables, elle a été mariée avec Preston Yates…il est mort de courir le monde quand leur fille avait six mois et Angel à peine 19 ans…Si vous pensez qu’elle peut envisager avoir quelque chose avec un autre type qui fait la même chose, en pire…c’est que vous la connaissez mal. Je ne suis pas son homme, c’est tout…

Mais elle te plaît !

Oui, Rose…elle me plaît…mais c’est pas ce que je veux…c’est ce qu’elle veut qui compte…et maintenant, arrêtez de jouer les Cupidons…Dansons, plutôt !

Belle fin de soirée.

Le lendemain, il fit sus au téléphone. Elles étaient bien arrivées. Il pleuvait à Londres. Di était triste.


Ben ici, ça ne mène pas large…SaP n’a pas quitté son panier et gémit tout le temps. Rose et Magnolia t’envoient leur bonjour…je crois qu’elles ont mal aux pieds…ça leur apprendra…on a dansé jusqu’à l’aube…Tu n’aurais pas dû partir comme ça…oui je sais, les adieux sont odieux…mais la musique était du tonnerre, on aurait fait des dégâts sur la piste…

*Tu me manques…tu me manques !!!*

Mais il se tut.

Et la vie reprit son cours. Du coup, ils n’avaient plus trop envie de plage. La maison était trop silencieuse sans le babil de Di et les aboiements joyeux de SaP, qui traînait comme âme en peine. J.O sentit le besoin impératif de se remettre au travail. La maison de Str. Thomas fut fermée et on rentra.

Après des examens exhaustifs, les docteurs déclarèrent que J.O était en rapide voie de guérison et étaient sûr qu’il récupérerait le 100% de sa capacité visuelle, ce n’était qu’une question de temps.

Les préparatifs pour l’exposition à New York occupaient le plus clair de ses jours. Ses longues conversations avec Angel l’aidaient à ne pas déprimer pour de bon…c’était la première fois de sa vie que J.O se trouvait dans un état d’âme aussi...tendancieusement misérable. Après les premiers quinze jours, il ne pouvait plus se refuser à voir la vérité : il était tombé amoureux…irrémédiablement amoureux d’une femme qui ne voulait de lui que comme ami…

Autant être le meilleur. Piètre consolation, après chacune de leurs conversations, il n’avait qu’une envie…aller la trouver. Mais, évidemment, ce n’était pas la meilleure des idées…

Il était de mauvaise humeur ce matin là. La veille, il avait discuté avec les organisateurs de l’exposition. Ils insistaient sur l’importance de ses derniers clichés afghans, qui, selon eux, avaient capté, l’essence de l’instant…

De l’instant de quoi, bon sang…de la mort d’un homme !?...De l’horreur de se faire envoyer en mille éclats sans même savoir ce qui se passe !?...Non…jamais de la vie on exposera ces clichés…Pourquoi !?...Simplement parce que cet homme avait une femme et une fille…et ressasser cette horreur est une cruauté dont personne n’a besoin…

Mais c’est un chef d’œuvre…C’est magistral !


J’ai dit que non…et si vous insistez, pas d’exposition…

Tu deviens sentimental, J.O
, avait assuré un des big boss de l’histoire, ces photos sont part d’un…

Je me fiche si vous pensez qu’elles sont part de l’histoire de l’Humanité…jamais, de mon vivant, on ne les exposera, c’est mon dernier mot.

Il pensait à Angel. Seulement à elle. Se revoir confrontée à cette horreur la ferait le haïr…et ca, c’était la dernière chose au monde qu’il désirait. Qu’on le tienne pour caractériel et intraitable lui importait peu. Il eut gain de cause.

Envoi spécial. Il but un peu de café et prenant la grosse enveloppe brune, la déchira.


Qu’est ce qu’il a, cet imbécile de O’Neill à m’envoyer ça ?, grommela t’il en regardant le journal mais en le déployant, il comprit au quart de tour.

Les photos étaient très réussies. Angel et lui à St Thomas. Angel et lui riant, complices. Elle décortiquant sa langouste. Elle le tenant, sollicite du bras. Jouant avec Di. Dansant, leur dernière soirée…et puis cet infime baiser…

Magnolia sursauta en entendant son juron furieux. Rose, elle, renversa son café.


Mais voyons, James…qu’est ce qu’il te prend…ce ne sont pas des manières…

Il était hors de lui. Normalement, il pouvait maîtriser ses sautes de caractère mais là…

L’article était tendancieusement tourné. Photos à l’appui, Mrs. Yates avait passé des vacances très romantiques en compagnie de ce jeune reporter graphique qui commençait à pointer comme valeur sûre dans le journalisme. Lui. On ne se privait pas de parler du malheureux voyage qui avait coûté la vie au mari de la belle et dont, le « jeune reporter… » s’en était si bien tiré.

Suivait une brève biographie. Tout y passait. D’orphelin oublié à gloire montante. On faisait part d’une de ses propres déclarations où il faisait part de son admiration pour Yates…ineffablement suivi du commentaire poison : Voudrait il prendre la place de ce grand journaliste qu’était Preston Yates ?
Bien entendu on ne se privait pas de le taxer d’américain opportuniste, comme si c’était un péché mortel ne pas être anglais pour prétendre aux beaux yeux de la veuve.


Mais ce qui, depuis le début, avait mis le feu aux poudres, était le titre de cet article : La veuve joyeuse.

Maudit soit il !!!!

Rose et Magnolia n’osèrent piper mot, leur fils perdait la tête, laissant la feuille de chou sur la table...il venait de transformer sa tasse de café en quelque chose qui virant au bleu brillant…le fit disparaître.

Mon Dieu, Magnolia…ça me fait peur.


Allez…il sait ce qu’il fait, elle releva le journal et parcourut rapidement article et photos, quoique si avec son attitude, il veut démentir quelque chose…hum…hum…

Arrivée en catastrophe. Il atterrit en plein buisson. Pour sa chance, la horde rassemblée à l’entrée ne remarqua rien, après tout il se trouvait dans le jardin.

*Ces vautours ne tardent rien…*


Il se glissa le plus discrètement possible vers l’arrière de la maison. La porte de la cuisine était fermée. Un Alhomora sans arrière pensée et il pénétra dans la maison.

Il la trouva dans le hall. Le piteux journal déployé devant elle, Angel, effondrée sur le sol, pleurait toutes les larmes de son corps.

Ma douce…


Il la releva et elle, en sanglotant toujours, se laissa aller contre lui, qui la berça, en essayant de la calmer.

J’ai reçu le…ça…au petit déjeuner…Tout va aller bien, mon ange…calme toi…ce n’est rien…ça ne veut rien dire…

Nouvel hoquet suivi d’un long soupir endolori avant de lever vers lui un visage ravagé de larmes, du coup, elle semblait surprise de le voir là.

J’ai reçu le fameux journal…O’Neill me l’a envoyé, il doit boire du petit lait, celui là…Il ne m’a pas pardonné que je lui casse la figure…

Il lui flatta doucement la joue et essuya ses larmes de son pouce. Elle avait l’air si défaite, si démunie. J.O se morigéna d’avoir des idées. Il se mourait d’envie de l’embrasser, de lui avouer ce qu’il avait sur le cœur mais évidemment, le moment s’y prêtait mal !

Allez, ma belle…c’est pas si grave que ça…Non…on va pas faire un démenti…ce serait leur faire penser qu’il y a vraiment quelque chose…et…après tout, on a le droit d’être amis, non ?

La sonnerie du téléphone interrompant Angel renifla encore une fois et alla répondre…pour raccrocher d’immédiat, outrée. Dans la suivante demi-heure ça sonna au moins vingt cinq fois…amis, moins amis, curieux la plupart…des imbéciles perdus, tous…Il finit par débrancher le téléphone.

Qu’est ce que ça peut leur foutre !
, grommela J.O en risquant un coup d’œil discret à l’extérieur où se massaient encore les coureurs de ragots.

Il râlait quand une énergique apparition eut lieu. Opal McLane s’amenait et n’était pas de bonne humeur. A premier qui l’arrêta pour lui demander son avis, la miss faillit lui envoyer son sac, pas des moindres, à la figure.

Y a pas une petite guerre par là ? Un attentat terroriste ? Vous n’avez rien à cirer ici…et quoi si Mrs. Yates a un copain ? Ça va pas changer le monde, que je sache…allez…videz moi la place illico !!!

Remous outragés dans la troupe, quelques flashes éclatèrent, Opal semblait bien s’amuser.

Non, elle ne va pas faire de déclaration…Soyez pas idiots…que voulez vous qu’elle déclare?…avoir droit à sa vie privée me semble plus que légitime…Ah, bon…selon vous, avoir été mariée avec Preston Yates la transforme en quoi ? En propriété de la nation ?...Z’êtes malades…Non ! James Oliver Westwood et Mrs. Yates ne sont que des bon amis…Suis sa meilleure amie, patate…si quelqu’un est bien placé pour le savoir, moi…non ?...Allez emmerder le premier ministre…au moins s’il fait quelque chose ça peut être d’intérêt national…Ouste ! Ouste !!!

Elle les rabattit comme à ses chers moutons en les invectivant en belle et due forme, sans bouger de là jusqu’à ce que le dernier ne vide les lieux, après quoi elle se dirigea vers l’entrée et allait sonner quand il lui ouvrit la porte.

Wow…le démenti en personne ! Hey, J.O…ça va vite, les nouvelles, hein ? Angeeeel ! La cavalerie est là !!! Pas de souci…sont tous partis !!!

Définitivement, la miss était faite pour la rase campagne.

Angel sortit de la cuisine où elle préparait du café pour lui...qui après tout était encore au petit déjeuner.

Salut, ma belle…Alors là, drôle de coup ! Des vrais vaches…mais pas à dire, des très jolies photos…Pas la peine de me regarder comme ça…vous êtes mignons tout plein…alors toi…ça ne te gêne pas, hein…le toi, veux dire !?

Euh…non, pas du tout…

Je vois que tu vois…suis contente…Ça ne donne rien un photographe aveugle…mais enfin…

J.O ne put pas s’empêcher de rire, cette fille était délurée, fraîche et certainement un peu siphonnée sur les bords mais c’était juste le genre d’amie dont avait besoin Angel.

Oui, ça c’est vrai…mais Angel m’a tiré de ce mauvais pas…

Elle soupira comiquement en enlaçant son amie.

Oui…Angel est géniale…si je le sais, moi…Mmm…du café…

Et sans rien dire d’autre disparut direction la cuisine.

Tu en as de la chance, d’avoir une amie pareille…tu aurais dû la voir se défaire de ce joli monde, là dehors !...Mais…et Di ?

Elle était chez ses grand-parents Yates qui l’adoraient et la gâtaient outrageusement. Quoi de plus normal, après tout, la petite était la fille de leur merveilleux fils si tôt disparu.

Bon…je voulais savoir comment tu allais…tu es plus tranquille…je te fiche la paix et retourne chez moi…je…je dois encore en finir, avec la préparation de l’expo et…

Elle ne voulut rien entendre de le voir partir si vite. Il devait au moins rester pour le dîner. Comment résister à pareille proposition ? Opal, qui revenait avec son bol de café fut tout à fait d’accord avec son amie.

Angel a raison…tu peux pas repartir l’estomac vide et puis, elle fait fameusement bien la cuisine, t’auras pas à te plaindre…

Mrs.Yates voulait que son amie se joigne à eux mais la miss sembla se souvenir soudain d’avoir un rendez vous très important.

Suis désolée, ma belle…mais ce soir je sors avec mon suédois empoté…avec ce que ça m’a coûté le convaincre ! De toute façon, je suis sûre que vous allez vous débrouiller très bien sans moi !

Elle resta encore un peu, bavardant comme une pie, sautant d’un thème à l’autre avec une volubilité déconcertante puis s’en alla, non sans adresser à J.O un clin d’œil, plein d’espiègle complicité.

La regarder s’adonner la préparation du dîner fut une expérience délicieuse. Il suivit avec attention ses gestes fluides et précis, écouta ses commentaires judicieux et rit beaucoup…se laissant envahir par une sensation de bien-être sans pareil.

À lui de déboucher le vin. Il tendit sa coupe à Angel, instant de flottement, yeux dans les yeux mais il fallait accepter les vérités telles qu’elles étaient.

À ta santé…amie !


Bonheur franc, teinté d’amertume…
Revenir en haut Aller en bas
Angel Grisham
new & pure
Angel Grisham
hiboux : 4570
maison : Serdaigle
house points : 0
multicomptes : Justin Davenport
Alix Blackstorm
Erik Nielsen
Pas demain la veille (fe) Empty
MessageSujet: Re: Pas demain la veille (fe)   Pas demain la veille (fe) EmptyLun 20 Déc - 11:01

Pourquoi les gens sont-ils si méchants ?
Angel n’en revenait pas !
Ce n’étaient pas tant les photos qui la firent pleurer mais l’interprétation qu’on leur donnait ainsi que ce titre ravageur : La veuve Joyeuse !
A croire ce « journaliste », elle se serait amusée comme une folle aux Caraïbes en compagnie d’un opportuniste Américain profitant de la réputation de Preston pour se faire mousser.


*N’importe quoi ! Ils inventent n’importe quoi pour augmenter leur tirage de m***e !*

Ces personnes ne respectaient rien ! Oui, elle s’était divertie là-bas. Quel mal à ça après deux années de solitude ? Oui, une relation particulière l’unissait à J.O mais absolument pas de la nature dont ces types la tournaient. Et J.O n’était pas non plus le chercheur de filon supposé.

Des mots inattendus résonnèrent dans son dos :


Ma douce…

La seule personne qu’elle souhaitait ardemment rencontrer était là ! Rêvait-elle ?
Déjà J.O la relevait en la serrant contre lui :


J’ai reçu le…ça…au petit déjeuner…Tout va aller bien, mon ange…calme toi…ce n’est rien…ça ne veut rien dire…

Non, bien sûr que non. C’est tellement… injuste ! Mais… que fais-tu ici, comment as-tu su… ?

J’ai reçu le fameux journal…O’Neill me l’a envoyé, il doit boire du petit lait, celui là…Il ne m’a pas pardonné que je lui casse la figure…

Pour un peu, elle aurait souri sauf qu’elle n’y parvenait pas. La seule chose qui lui importait alors était qu’il soit là, à la consoler si… gentiment.
Un éclair la traversa, une envie folle de s’emparer de ces lèvres si proches la crucifia. Devenait-elle déraisonnable ? Heureusement J.O avait du bon sens pour deux :

Allez, ma belle…c’est pas si grave que ça…Non…on va pas faire un démenti…ce serait leur faire penser qu’il y a vraiment quelque chose…et…après tout, on a le droit d’être amis, non ?

Amis… oui… mais…

Zut, téléphone. Il fallait répondre. Ses parents s’inquiétaient sûrement. Elle décrocha :

Mrs Yates, pensez-vous que votre mari approuverait que…

Rageuse, elle raccrocha, blême.

Ils sont… ils sont horribles !

Agacée, énervée, elle se mit à tourner en rond alors que le téléphone ne cessait de sonner. Enragé aussi, J.O finit pas ôter le fil. La paix revint dans le hall qu’ils n’avaient pas quitté.

Qu’est ce que ça peut leur foutre !

J’en sais rien. Faut croire qu’ils ont besoin de viande fraîche. Pourtant les vautours se contentent de plus faisandés, en général. J’sais pas toi mais moi j’ai besoin d’un remontant. Un café ? Tu as déjeuné ?

Il accepta le petit noir qu’elle fila préparer, heureuse d’occuper ses mains.

*Ce Norman ne paie rien pour attendre ! Pourquoi s’amuser à souiller la vie des gens par des ragots de bas étages ? *

Tout à la confection du nectar, elle sursauta en entendant la porte d’entrée. J.O avait laissé passer quelqu’un ?

*Si c’est maman, je transplane dans un gouffre et m’y noie…*

Au lieu de sa mère adoptive, ce fut une Opal en forme qu’elle découvrit. Très à son aise comme un soldat qui a remporté une bataille, elle l’étreignit :

Salut, ma belle…Alors là, drôle de coup ! Des vrais vaches…mais pas à dire, des très jolies photos…

Ne vas pas, toi aussi, imaginer des choses que…

Pas la peine de me regarder comme ça…vous êtes mignons tout plein…alors toi…ça ne te gêne pas, hein…le toi, veux dire !?

Apparemment Opal avait déjà des idées précises sur J.O et le considérait comme un ami à part entière. Ayant humé l’arôme issu de la cuisine, Opal y fila. Le jeune homme paraissait beaucoup apprécier Miss McLane :

Tu en as de la chance, d’avoir une amie pareille…

On se connait depuis des lustres. Elle sait tout sur moi et moi sur elle. On n’en fait pas deux comme elle !


Tu aurais dû la voir se défaire de ce joli monde, là dehors !...Mais…et Di ?


Di ( soupir) chez les grands-parents Yates. Il me faudra encore des jours pour l’empêcher de se croire la 8ème merveille du monde !

La suite la prit au dépourvu. J.O voulait s’éclipser rapidement.

Bon…je voulais savoir comment tu allais…tu es plus tranquille…je te fiche la paix et retourne chez moi…je…je dois encore en finir, avec la préparation de l’expo et…

Mais… Mais tu viens à peine d’arriver ! J’allais me préparer à dîner… Reste…Reste un peu, s’il te plaît !

Ce n’est pas exactement ce qu’elle aurait voulu dire… C’est tout ce qu’elle réussit à sortir.
Opal émergea à point nommé et ajouta son sel :


Angel a raison…tu peux pas repartir l’estomac vide et puis, elle fait fameusement bien la cuisine, t’auras pas à te plaindre…

Alors c’est d’accord ? Je m’y mets tout de suite. Bien sûr Opal, tu te joins à nous, n’est-ce pas ?

Sa meilleure amie prétexta un rendez-vous avec son Suédois. Depuis quelque temps Angel savait qu’un beau blond tournait autour de l’Australienne. Que ce soit-elle qui lui force la main n’avait rien d’exceptionnel.
On bavarda un verre en main puis Miss McLane s’éclipsa non sans un clin d’œil complice à J.O.


*Une entremetteuse de plus… *

Cuisiner pour un homme changeait Angel de sa routine. Rien n’était prévu pour ça. Ses placards et frigidaire recelaient par bonheur d’un tas de trucs comestibles. Pas de chichis quand on est entre amis... Une crème de courgettes, poulet frit maison, mousse au chocolat et puis basta.
La présence de J.O, qui l’observait, ne la dérangea pas. C’était comme au bon vieux temps… Celui de Preston. Ce gourmet gourmand n’en revenait pas de ses talents culinaires
.

La cuisine c’est mieux que les potions ! Le professeur Rogue nous enseignait la précision sans place à l’imagination. Un truc de trop ou pas assez : tout est raté. Ici, on peut tout rattraper si on a le tour de main et le sens du goût ! Goûte-moi ça. ( elle lui enfourna une cuillère de potage en bouche) pas trop de poivre ? J’aime quand c’est épicé !

Ils rirent au long des préparatifs puis passèrent à table.
Quoiqu’elle soit devenue championne au débouchage des bouteilles, il parut naturel à Angel de confier cette tâche au seul mâle présent. Ils trinquèrent :


À ta santé…amie !

Oups ! Ne venait-elle pas de percevoir une once d’amertume dans cette phrase banale ?
Elle passa outre.
Malgré le décalage horaire, l’estomac de J.O accepta le changement de régime alimentaire facilement. Tout était toujours si facile avec lui…


Raconte-moi où tu en es dans ton travail ?

Sur le ton de la plaisanterie, James lui narra bien des détails. Cela avançait même si des petits pépins avaient surgis dans le choix des clichés à exposer. Angel s’imaginait de quoi il s’agissait et dévia le sujet :

Pour en revenir à ce Norman qui s’est fichu de notre poire, j’aimerais beaucoup, mais alors beaucoup, lui rendre la monnaie de sa pièce !

J.O approuva semblant très intéressé par les idées que la miss mijotait.

J’ai d’abord pensé au démenti, mais comme tu l’as dit : on s’en fout. On n’a rien fait de mal. Je sais que mes beaux-parents vont en faire un plat mais ça ne regarde que moi… que nous.


Ce « nous » parut aviver davantage l’attention du photographe. Elle rosit un peu et poursuivit :

Alors soit on s’arrange pour piéger Norman à son propre jeu, soit on lui flanque un sortilège dont il ne se remettra pas de sitôt. Que penses-tu d’une crise de furoncles bien placés pendant... deux mois ?

Ils rirent aux larmes en imaginant le « journaliste » obligé de trimbaler des jours durant une bouée pour poser son postérieur.
Ainsi serait-il fait ! Très complices, les jeunes gens mirent au point une stratégie d’approche de Norman en savourant un café serré assis côte à côte sur le divan.
Pourquoi le temps ne s’arrêtait-il pas ? Angel serait encore restée des heures auprès de celui qui donnait à ses jours plus de clarté, de piment, mais...


Rose et Magnolia vont se demander si je ne t’ai pas kidnappé... Pas que je veuille te voir partir, J.O, je…

Elle savait pertinemment qu’un simple coup de fil aurait satisfait les mères du garçon.

C’est pas ça, et… tu le sais.

Geste osé ? Elle posa sa main sur la sienne :

Tu es un ami adorable… chut, chut. Tu l’as dit près du lac, il y a quelque chose de plus dans notre amitié : c’est vrai. Il suffit de regarder les photos de Norman pour s’en convaincre (nouveaux rires) Seulement… (haussement d’épaules) je suis comme ça et pas autrement. Preston me manquera le reste de mes jours. (elle sentit sa déception et adoucit ses propos) J’ai pas dit que j’entrais au couvent pour autant ! (tape amicale de sa main libre) Je te demande du temps. Je dois me faire à l’idée que… peut-être… Juge-moi sotte, idiote, ou tout ce que tu voudras… Je sais ce que je ressens pour toi mais je ne suis pas prête à revivre… ça.

Sans qu’elle le veuille sa voix s’étrangla. Ce « ça » signifiait la crainte de passer des heures, jours, semaines dans l’angoisse d’un malheur... Peur éprouvée, si hautement avérée juste. Des larmes d’émotions perlèrent :

Je ne veux rien te promettre ni exiger de toi. Je voudrais seulement que tu saches que tu comptes énormément à mes yeux. Avec ton mode de vie… Je préfère perdre un ami... qu’un mari.

Ça y est, maudite émotivité ! Elle recommença à pleurer.

Fais pas attention, tu vois comme mes nerfs sont fragiles. Qu’en as-tu à cirer d’une bonne femme qui se transforme en fontaine au moindre tracas ? Tu mérites mieux que ça J.O ! Je me demande souvent si… Non, c’est idiot… Tu veux savoir ? ( elle se mordit les lèvres) Eh bien… Si tu ne t’es pas simplement intéressé à moi par, euh… culpabilité de ne pas avoir sauvé… les autres ce jour-là, c’est bête, non ? Je ne m’en vexerai pas, tu sais ?

Il démentit vigoureusement, elle ne l’en aima que plus, si possible.

N’en dis pas plus ou je vais rougir ( enfin un sourire de sa part) Ecoute, on va pas épiloguer la nuit là-dessus. J’irai à New-York voir ton expo. Je laisserai Di à mes parents. D’ici là, ne m’appelle plus, je ne le ferai pas non plus. Un peu de recul ne nous fera aucun mal… Après… on verra.


La tentation était forte, beaucoup trop forte pour y résister après quelques verres de vin dans le nez. Les doigts d’Angel caressèrent la joue du jeune homme, remontèrent sur cette tête tondue en courte brosse. Sensation bizarre… Elle qui adorait jouer avec les boucles de la chevelure de fournie de Preston, se trouva… perdue…
Le baiser volontairement échangé n’eut rien d’amical. Il la fit dériver, l’affola au point qu’elle l’interrompit en haletant :


Ouh Mr Westwood ! Ne mettons pas la charrue avant les bœufs ou on est mal barré ! On se retrouve à New-York, promis !

Il s’était évaporé avec un de ses sourires très… engageants.

Des heures qu’il est parti. Que crois-tu qu’ils font ?

Ils jouent aux cartes, voyons !

Tu n’en penses pas un traître mot. Il était fâché, notre fiston.

Rose et Magnolia passaient aux suppositions des plus simples aux plus perverses.

Il faut absolument leur donner un coup de pouce à ceux-là !

Un coup de main, voire des deux, si tu veux mon avis. Tu as vu les photos de la feuille de chou ? Ils sont si mignons…

Bon, le coup du bal a foiré, qu’est-ce que l’on fait maintenant ?

Déçues, les dames l’avaient été. Leur beau plan avait échoué malgré les soins apportés.

Il faut caser le petit et Angel est parfaite, tu es d’accord ?

Et comment, je le suis ! Nous le savons tous… sauf lui !

Il nous fait un complexe, notre chéri. Il ne se croit pas assez bien pour remplacer Preston Yates !


Qui dit le remplacer ? Tu dérailles ! Il le surpasse, et de loin ! L’ennui c’est qu’Angel en ait été si éprise…

On va pas ternir cette image quand même ? J’aimais bien Preston…

Non, idiote ! C’était un professionnel irréprochable ! Angel nous en voudrait de calomnier sa réputation juste pour lui ouvrir les yeux sur J.O. Je pensais à un truc plus… fin…

Quel genre, s’enquit Rose, avide.

La jalousie…

Hein ?

Si elle voit J.O en galante compagnie, il se pourrait qu’elle craque pour de bon, non ? Les filles sont légions à reluquer son pantalon !

Mais t’es indigne ! Et… S’il y prenait goût ?

Si, comme nous en sommes sûres, il est amoureux d’Angel et elle de lui, ça leur fera ni chaud ni froid.

Angel peut le prendre mal… et le détester…

On ne peut pas détester J.O ! Elle la dernière. Elle l’aime aussi, ma main à couper. On va…

Leurs débats s’interrompirent avec le retour de l’enfant chéri. Il leur sembla ravi quoique… mitigé.
S’informant sur son état d’esprit, les sœurs s’ébahirent en apprenant qu’il ne téléphonerait plus à Angel jusqu’à la date de l’exposition où il escomptait sa venue.
Elles restèrent sur leur faim.

Comme prévu, le retour de Di s’avéra difficile. Sa puce était redevenue un « gentil » tyran.
Marre des « je veux » des « tu dois » dont elle la bassinait !


DI ! Pas de bébé alligator dans la baignoire, pas de robot serviteur non plus ! Mange ta soupe !... tu veux pas ? Tant pis. Tu vas dormir sans manger si ça te chante !

Plaie, calvaire... Pourquoi se taire et ne pas signifier une bonne fois aux Yates qu’ils devaient cesser de pourrir Diana ?
Respect ? En bonne partie oui !
Angel n’avait pas le moral. Une part d’elle criait cool, l’autre réclamait la liberté.


*Conne, idiote, imbécile, tarée !*

Elle ne savait plus de quel qualificatif se taxer en ayant réclamé le silence de J.O.
Il lui manquait affreusement. Combien de fois ne mit-elle pas la main sur ce fichu téléphone ? Cent ? Plus ? Quelle importance ? La presse se lassant de ne pas recevoir d’échos aux rumeurs fielleuses semées se désintéressa de son cas. Ouf ! Que Norman disparaisse de la circulation suite à des maux inexpliqués, bien fait !


*J’ai besoin de toi, J.O !*


Pleurer sur son oreiller ? Sentir son lit si froid en s’y glissant la nuit ? C’est elle qui l’avait voulu ainsi.

L’invitation à l’exposition arriva telle une bouffée d’air pur.
Banal carton, commun à tous les privilégiés, qu’attendre de plus ?
Mrs Yates prit ses dispositions sans arrière-pensée. Di irait quelques jours chez mamy Rose pendant que sa mère se rendrait en Amérique y chercher… Merlin sait quoi.
Si plusieurs personnes bien intentionnées la bourrèrent de conseils, recommandations ou mises en garde, Angel fit la sourde oreille.

Elle prit l’avion.
Banal, long, mais incontournable vol vu son état d’esprit. Trop de choses la turlupinaient pour se risquer dans un portoloin.
J.O n’était pas au courant qu’elle serait en avance sur l’horaire prévu. Personne ne l’attendait à l’aéroport, ça valait mieux ainsi.
Un hôtel proche du lieu de l’évènement la reçut. Elle avait le temps devant elle pour se reposer et… penser.
Il lui manquait trop. Ces quinze jours sans nouvelles l’avaient convaincue : elle l’aimait.
S’il voulait courir le monde, elle ne l’en empêcherait pas. Était-ce sont lot de tomber amoureuse de coureurs de grands chemins ? Peut-être bien. Il fallait qu’elle le lui dise non sans transmettre ses réticences à cet amour jugé… impossible. Il serait déçu ? Pas autant qu’elle !
Ce qu’elle avait décidé la faisait pleurer d’avance.
L’exposition aurait lieu le lendemain soir. Une nuit de repos, une journée avant… Avant d’avouer ses sentiments et les réfuter définitivement.

Ayant toute la journée devant elle, Angel en profita. Elle déjeuna puis s’équipa pour du shopping.
La robe de soirée qu’elle désirait porter au soir manquait d’un petit quelque chose de… plus.
Si elle en dénichait une autre, pourquoi pas ?
La grosse pomme offre un éventail incroyable de possibilités vestimentaires et autres.
Hasard ? Fatalité ? Elle avait besoin d’un café.
Chargée de paquets – des jouets pour Di en majorité – elle avisa un établissement alléchant.
Á peine sur le seuil, elle le vit. J.O était là, assis au bar, discutant aimablement avec une femme très belle.
S’interposer ? Sûrement pas ! La main de J.O sur le genou de la belle plante prouvait que… Qu’il s’était déjà rangé aux dispositions envisagées par… elle-même. On ne pouvait pas réclamer de J.O d’être un moine ! S’il trouvait son bonheur ailleurs, comment lui en vouloir ? Ils n’étaient que des… amis ! Leur « aventure » à peine ébauchée s’envolait en fumées, tant pis, tant mieux ?
Sur la pointe des pieds, elle recula, sourire aux lèvres.
J.O plairait toujours aux femmes. Elle avait été un intermède divertissant. Qu’il vive sa vie, elle la sienne. Ils se diraient bonsoir dans une paire d’heures.
En attendant, elle n’avait toujours pas trouvé les accessoires corrects à la soirée.
Un peu tête en l’air, elle aborda un carrefour.
La circulation fluide n’obligeait pas d’emprunter les passages cloutés. Regard à droite, à gauche…


Pourquoi avait-elle oublié qu’aux États-Unis on roulait à droite ?
Un cri derrière elle lui fit tourner la tête. J.O accourait.
Ce fut sa dernière vision cohérente. Un taxi la faucha à peine un pas sur la chaussée…

Pimpon pimpon …

Arrachée d’un corps sans vie l’âme d’Angel s’envola vers la lumière.
C’était magnifique ! Tout ce blanc lumineux l’éblouissait.


Papa ? Maman… mes sœurs… ?

Ceux qu’elle avait tant souhaité revoir un jour étaient là, en retrait.
Une silhouette vint à elle :


Ma douce, mon adorée…

Preston !

Cri de joie délirante : il était là !
Impeccable dans un costume immaculé, il l’embrassa. Comme lui seul savait le faire.


Je suis si contente ! On va pouvoir…

Non !

Mon amour, qu’est-ce que tu racontes ? Je n’ai vécu que pour cet instant. Je te veux ! Je veux être avec toi, je…


Non mon amour, non !

Mais…

J’ai vécu avec toi les plus beaux moments de ma vie. Je t’adore et t’adorerai toujours… Chut ! Ce qui devait être est, c’est ainsi !

Laisse-moi entrer. Ma vie est nulle sans toi ! Preston, je…

Il lui souriait mais refusait son approche.

Tu m’as fait cadeau de ta jeunesse, de la plus belle enfant du monde. Je veux que tu sois heureuse. J.O est pas mal comme gars ! C’est pas moi bien sûr, mais je l’ai apprécié comme… parfait… pour toi.

Dis pas ça ! Preston, je… Preston ? Mon amour… Je ne te vois plus, t’es où ?

Je t’adore mais tu dois vivre ! Vivre pour Di et… pour lui !

Preston… je…

Connexion close. Pleurs. Des paupières humides se soulevèrent, vision floue.

Il était penché sur elle. Maintenant qu’elle avait le feu vert de la part du seul qui pouvait le lui donner , pourquoi résister ?


Je t’aime J.O. Emmène-moi… ailleurs.




Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Pas demain la veille (fe) Empty
MessageSujet: Re: Pas demain la veille (fe)   Pas demain la veille (fe) EmptyMar 21 Déc - 11:18

Bénis le ciel, sa chance, Opal, les grands-parents Yates et même O’Neill qui, sans le vouloir, avait provoqué ce déplacement éclair. Il était là, assis dans la cuisine en la regardant concocter un petit repas sympa, en goûtant le potage, débouchant le vin, se sentant, pour un moment part intégrale d’une réalité plus que plaisante…se demandant comment ce serait si c’était toujours comme ça ? Avoir un foyer à lui, une femme qui l’aime et se préoccupe de le gâter…

Raconte-moi où tu en es dans ton travail ?

La question d’Angel le fit revenir sur terre.

Tout baigne…à mon avis, bien sûr. C’est fou ce qu’on doit discuter pour des détails infimes...que si la photo du singe ou celle du perroquet… De toutes façons, ça va être un beau méli-mélo….Ils insistent pour mettre un peu de tout…enfin, tu verras…

Il évita de parler de l’insistance des organisateurs pour exposer les derniers clichés du malheureux voyage afghan. Pas la peine de revenir sur ce point si douloureux, pas en ce moment. De toute façon, Angel changea elle-même de thème.

Pour en revenir à ce Norman qui s’est fichu de notre poire, j’aimerais beaucoup, mais alors beaucoup, lui rendre la monnaie de sa pièce !

Il ne l’aura que mérité. Et on peu savoir à quoi tu as pensé ?...Tu prends un petit air pervers, là.

Elle avait sa petite idée.

J’ai d’abord pensé au démenti, mais comme tu l’as dit : on s’en fout. On n’a rien fait de mal. Je sais que mes beaux-parents vont en faire un plat mais ça ne regarde que moi… que nous.

Ce « nous » fut musique céleste. J.O faillit soupirer mais se retint à temps, la laissant poursuivre avec son petit exposé.

Alors soit on s’arrange pour piéger Norman à son propre jeu, soit on lui flanque un sortilège dont il ne se remettra pas de sitôt. Que penses-tu d’une crise de furoncles bien placés pendant... deux mois ?

Des furoncles !?...Wow ! Tu en as des idées…constructives !

Et de rire à en pleurer, c’était trop fort et trop tentant.

Je suis partant…

Leur plan était d’une simplicité réjouissante. La magie aidant, approcher Norman serait un jeu d’enfants, lui envoyer un Furunculus, une satisfaction unique. Angel s’en occuperait, cela compléterait absolument son désir de vengeance.

Ils avaient fini de dîner depuis un bon moment mais il n’avait aucune envie de partir et vraisemblablement elle ne songeait pas encore à le mettre à la porte…mais commençait à y penser.


Rose et Magnolia vont se demander si je ne t’ai pas kidnappé... Pas que je veuille te voir partir, J.O, je…

*C’était trop beau pour durer !*

Non…tu as raison, c’est tard et…oui, elles doivent se demander où je suis passé…et tu dois être fatiguée…

C’est pas ça, et… tu le sais.

Il eut un petit sourire en coin.

Ah bon ?...C’est…quoi, alors ?

Qu’elle pose sa main sur la sienne le rassura tout en le faisant aussi appréhender le pire : lui signifier définitivement son congé, vu les problèmes que cela semblait causer.

Tu es un ami adorable… chut, chut. Tu l’as dit près du lac, il y a quelque chose de plus dans notre amitié : c’est vrai. Il suffit de regarder les photos de Norman pour s’en convaincre.

*Il a fallu le voir en photo pour le savoir ?*

Angel…

Mais elle ne le laissa pas continuer, reprenant la parole.

Seulement… je suis comme ça et pas autrement. Preston me manquera le reste de mes jours.

Comme s’il ne le savait pas, mais ça fit du mal quand même…chaque fois un peu plus. Il était fichu.

Elle perçut sa déception, petit sourire mitigé.

J’ai pas dit que j’entrais au couvent pour autant !

Encore heureux !

La suite le confondit un peu et il en vint à se demander s’il ne rêvait pas.

Je te demande du temps. Je dois me faire à l’idée que… peut-être… Juge-moi sotte, idiote, ou tout ce que tu voudras… Je sais ce que je ressens pour toi mais je ne suis pas prête à revivre… ça.

J.O sentit son cœur faire un bond et partir à 200 à l’heure. Elle venait de lui demander du temps. S’il n’était pas devenu idiot du coup, cela voulait dire qu’elle envisageait quelque chose d’autre qu’une amitié platonique…mais bien sûr, le « ça » final voulait aussi tout dire. Elle avait peur. Rien de plus légitime. Voir ses yeux se noyer de larmes, le chamboula encore plus que ces aveux. Ses raisons, elles, le déchirèrent.

Je ne veux rien te promettre ni exiger de toi. Je voudrais seulement que tu saches que tu comptes énormément à mes yeux. Avec ton mode de vie… Je préfère perdre un ami... qu’un mari.

Cela l’estomaqua …elle avait donc envisagé…mais là, les larmes reprenaient le dessus.

Fais pas attention, tu vois comme mes nerfs sont fragiles. Qu’en as-tu à cirer d’une bonne femme qui se transforme en fontaine au moindre tracas ? Tu mérites mieux que ça J.O ! Je me demande souvent si… Non, c’est idiot…

En secouant la tête, lui releva doucement le visage, J.O essuya ses larmes.

J’aime te consoler…et laisse moi décider ce qui me convient ou pas…Que voulais tu demander…allez, dis moi.

Tu veux savoir ?

Bien sûr que oui !

Sa supposition l’éberlua.

Eh bien… Si tu ne t’es pas simplement intéressé à moi par, euh… culpabilité de ne pas avoir sauvé… les autres ce jour-là, c’est bête, non ? Je ne m’en vexerai pas, tu sais ?

Bon Dieu ! Comment peux tu avoir des idées pareilles !? Quel genre de type tu penses que je suis !?...Oui, tu as raison, c’est absolument bête de penser ça ! Tu sais que rien ne me désole plus que ce qui est arrivé ce jour là…mais je te jure que cela n’a rien à voir avec…nous. Tu es si spéciale, Angel…si…

N’en dis pas plus ou je vais rougir. Écoute, on va pas épiloguer la nuit là-dessus. J’irai à New-York voir ton expo. Je laisserai Di à mes parents. D’ici là, ne m’appelle plus, je ne le ferai pas non plus. Un peu de recul ne nous fera aucun mal… Après… on verra.

Elle avait le don de le surprendre, l’émerveiller et le prendre absolument de court. Ne plus l’appeler ? Il manquait quinze jour pour la fameuse exposition…mais restait la promesse vague de cet… « après »…et cette caresse inespérée.

Elle ne se déroba pas quand en l’attirant vers lui, J.O prit sa bouche en un baiser délicat, plein de tendresse qui se mua rapidement en un échange ravageur qui les laissa merveilleusement éperdus et hors d’haleine.

Tu es unique…

Ouh, Mr Westwood ! Ne mettons pas la charrue avant les bœufs ou on est mal barré ! On se retrouve à New-York, promis !

Mrs. Yates avait une façon très à soi de faire les choses. Rien qu’il puisse dire ou faire ne réussirait à la faire changer d’avis.

Tu as intérêt à y aller, sans ça je devrai venir te chercher !

Il sourit en touchant le portoloin qui virait au bleu brillant.

Rose et Magnolia avait la mine de deux comploteuses prises in fraganti quand il se matérialisa chez lui.

Ce que tu as pu tarder !, reprocha rapidement Rose, on se demandait ce que tu devenais !

Il n’y avait pas de quoi se faire de la bile. Je suis allé simplement voir comment se trouvait Angel.

Magnolia hocha la tête en laissant échapper un petit rire amusé.

Et tenant compte du temps employé, on devra déduire que…

Je m’imagine ce que vous pensez pouvoir déduire…mais non, il ne s’est rien passé de ce que vous semblez si bien mijoter. Angel viendra pour l’exposition, rien de plus…en outre, elle ne veut plus que je lui téléphone.

OH !, soupira Rose, désolée, mais…pourquoi ?

Peut être parce qu’elle veut avoir la paix !

Je ne peux pas croire cela
, assura Magnolia, quelle curieuse façon de…

Je vous adore…mais on n’en parle plus, ok ?

Forcées si gentiment au silence, ces dames…boudèrent.

Bon..enfin, puisque c’est ainsi, souffla Magnolia, vexée par tant de secrets, nous dînons dans un moment…J’ai demandé qu’on prépare un de tes plats favoris.

Euh…M’en veux pas mais…je viens de manger, moi…Angel a insisté pour que je reste dîner.

Elles échangèrent un sourire ravi, plus complices, impossible. J.O les laissa à leurs suppositions et alla s’enfermer dans on bureau pour continuer avec son travail…sauf qu’au bout d’une heure, il n’avait rien pu faire, incapable de se concentrer comme étant.

Viens, SaP…allons plutôt faire une balade !

C’est fou ce que le temps passait lentement. Chaque jour lui semblait une éternité difficile à surmonter. Son humeur en pâtit. Énervé, peu conciliant, impatient, il grognait à tout bout portant et discutait pour un rien.

Dis donc, t’es à prendre avec des pincettes, toi !, fit remarquer un de ses amis, un soir qu’ils étaient sortis voir un peu de monde, qu’est ce que tu as ?

Moi ? Rien.

Un rien bien dérangeant, en tout cas…au fait Nadine a demandé de tes nouvelles.

Haussement d’épaules indifférent.

Allô !...J’ai dit Nadine…la blonde sulfureuse.

Je sais de qui tu parles…ça m’intéresse pas !

Hein ?...T’es malade !

Si sa maladie s’appelait Angel, oui, il l’était…gravement. Tous ces jours sans entendre au moins sa voix le tenaient dans un état lamentable. On ne comptait plus les fois qu’il hésita face au téléphone mais une promesse était une promesse et il était homme de parole même si l’envie d’envoyer au diable ses principes et schémas établis le taraudait de plus en plus. La carte d’invitation avait été envoyée, pas par courrier ordinaire…inutile courir le risque de la voir s’égarer. Livraison spéciale en main propre.

J.O savait qu’elle serait là dans quelques heures et avait un mal fou á tenir en place. On donna diverses interprétations à son attitude. Toutes fausses. Il s’en fichait. Tout était réglé au moindre détail près, il ne restait plus qu’à attendre l’heure…

Rose et Magnolia adoraient se rendre à New York. Ça les changeait bien de leur coin paisible et elles se faisaient cadeau de quelques jours à jouir de cette ville trépidante. Tout y passait. Shopping à gogo, un jour de relax complet à un institut de beauté où on était aux petits soins avec elles, parcours de galeries et musées, soirées restaurant avec des amis de vieille date.

Johanna Sommers ne lui avait pas laissé l’embarras du choix. Ils allaient sortir prendre quelque chose et bavarder, question de calmer un peu son énervement croissant. Belle plante, impossible de se refuser à le voir. Enjôleuse, elle ne faisait aucun secret de son envie de reprendre leur petite romance même si c’était une affaire close et classée. J.O n’était pas de ceux à revenir sur le passé, mais qui ne tente rien, ne gagne rien. La drague allait à un train de diable mais il résistait vertueusement même si en trouvant le jeu marrant pour passer le temps. Esquiver les audaces de la miss occupait ses heures de façon créative.

Qu’est ce qui le fit se retourner ? Un pressentiment ? C’était elle, pas de doute. Il n’aurait pu se méprendre mais la jeune femme avait déjà fait demi-tour et gagnait la porte. Plantant là Johanna et se répliques pleines d’esprit coquin, J.O s’élança.

Angel !!!

Il était près de la rattraper alors qu’elle se disposait à traverser la rue.

Angel !!!

Elle se retourna, sans voir le taxi qui arrivait.

Atten…

Comme dans un mauvais film au ralenti, il la vit, fauchée par la voiture qui ne put pas freiner à temps.

Non…non…ce n’est pas possible !

Comme un fou, J.O arriva sur la scène de la tragédie. Angel gisait à terre, entre ses paquets éparpillés alors qu’un attroupement commençait à se former.

Angel…Angel…dis moi quelque chose !!!

Ne la touchez pas, recommanda quelqu’un, ne la bougez surtout pas !!!

Comme s’il ne le savait pas. Jamais un désespoir pareil ne l’avait investi. C’était comme si le monde entier s’effondrait à grand fracas autour de lui. D’une main tremblante et faisant fi aux recommandations des autres, il chercha son pouls. Un signal de vie. Si tenu…si filant…

Je t’en supplie…

L’ambulance arriva, on examina brièvement l’accidentée avant de l’embarquer à toute vitesse.

Je…je veux aller avec elle !

Impossible. Sirène hurlant à fond, l’ambulance se faufila dans la circulation. La police était déjà là, il fallut faire une déclaration. Il s’était agi d’un banal accident. Le chauffeur du taxi, un hindou affolé, ne cessait de jurer par Vishnu et Krishna qu’il n’avait pas vu la jeune femme…qu’elle était surgie devant sa voiture sans lui donner le temps de réagir…

Magnolia eut tout le mal du monde à comprendre quelque chose, si ce n’était que quelque horreur sans nom affectait J.O. Il pleurait comme un gamin. Entre ses mots hachés de larmes, elle saisit Angel, accident et le nom de l’hôpital.

Inutile de dire qu’elles s’y rendirent à l’instant. J.O avait réussi à se calmer un peu mais continuait d’arpenter le corridor comme fauve en cage, en attendant qu’on le renseigne dûment sur l’état d’Angel.


Mon Dieu, James…que s’est il passé ?, voulut savoir Magnolia en le forçant à s’asseoir.

Il leur raconta les faits en peu de mots, sans arrêter de sursauter chaque fois que la porte s’ouvrait.

Ils…ne m’ont pas laissé entrer…je…ne suis pas de la famille ni rien de semblable.

Eh bien, mon petit, tu ne fais pas preuve de beaucoup d’imagination, reprocha Rose, tu aurais pu leur dire que tu es…son mari…son fiancé…que sais je !?

Rose, je t’en prie…Qui a la tête à inventer des histoires en un moment pareil !, fit remarquer Magnolia, où…mais où vas-tu, Rose !?

Celle-ci releva le menton défiante et avança, très imbue de soi, vers le guichet d’accueil derrière lequel se tenait une infirmière d’aspect revêche.

Je veux voir ma petite fille, Angel Yates…elle a eu un accident tantôt…J’exige de la voir et de parler au médecin en charge, de suite !!!

Madame…je crains que ce ne soit…


Ne me dites pas impossible !, dit elle, hautaine, allez…allez…bougez vous, ma chère !

L’autre essaya encore de résister mais Rose Westwood pouvait se montrer très impérieuse quand il le fallait.

Dix minutes plus tard, le Dr. Chambers donnait son compte rendu sur l’état de la patiente.
Commotion cérébrale. Elle n’avait pas encore récupéré la conscience mais à part ce coup à la tête, elle n’avait rien d’autre que des hématomes mineurs. Elle avait eu beaucoup de chance que la voiture n’ait pas roulé à plus de vitesse. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, on déménagea Angel de la salle d’urgences commune vers une chambre privée où elle jouirait de toutes les attentions nécessaires.

Qu’elle semblait fragile, là. Si pâle, si délicate, branchée à toute sorte de moniteurs qui suivaient avec exactitude les plus minimes fluctuations de son état.

James, mon petit…l’exposition.


Il releva la tête et regarda sa mère Rose.


Et qui pense à ça en ce moment ?…je ne vais pas bouger de là…Allez y, vous deux…Ils sauront bien se passer de moi !

Il fut impossible de le faire changer d’avis. Rose et Magnolia furent ses représentantes pour l’inauguration de l’exposition.

Il lui sembla que les heures traînaient, éternelles. L’état d’Angel n’avait pas trop évolué. Elle semblait dormir. Si belle, si lointaine.


Je t’en supplie…ne me laisse pas comme ça…pense à Di…à tes parents…à Opal…tu ne peux pas nous faire ça…

Combien de temps dura l’attente ? Combien de fois ne lui sembla t’il pas que l’expression de son visage s’altérait comme si elle se trouvait au creux d’un rêve ? J.O n’aurait su le dire. Il ne bougea pas d’un pouce, restant là, à tenir sa main, guettant le moindre mouvement.

Et puis, comme qui s’éveille tout simplement après une nuit de sommeil, elle ouvrit lentement les yeux. Une larme coula sur sa joue, il la rafla d’une caresse.

Angel…ma douce…

Son regard un peu flou au début, se précisa.

Je t’aime J.O. Emmène-moi… ailleurs.

Peut on pleurer de gratitude ? Oui. Et comment ! Il n’y a aucune honte à le faire. J.O pleura de bonheur, de soulagement, d’amour.

Où tu voudras …mais je pense qu’on devrait attendre l’avis des docteurs !...

D’une main très douce, elle essuya ses larmes et sourit. Le monde redevenait un bon endroit pour y vivre. Elle voulut savoir quelle heure il était.

Six heures…il est tôt encore. Pourquoi ? Aller à l’exposition ?, il ne put s’empêcher de l’embrasser sur le bout des lèvres, euh…je crains qu’on ne soit un peu en retard pour ça…C’est six heures…mais du matin, ma belle…oui, Madame a joué à la Belle au Bois Dormant pendant un très long moment…Non, je n’ai pas encore averti ta famille…Je peux le faire, si tu veux…Non ?...Comme tu voudras…oui…pourquoi les affoler…Quoi ? J’ai une tête à faire peur ?...Ben disons que je dors mal quand j’ai la trouille…

Rose et Magnolia se pointèrent en début de matinée. Trouver Angel éveillée les combla de bonheur. Elle avait récupéré ses couleurs et avait l’air aussi bien portant qu’on peut l’être après une mésaventure pareille, leur J.O chéri, par contre, si bien arborait un sourire ravi avait l’air d’être passé sous un rouleau compresseur.

Tu vas nous faire plaisir, James et aller à l’hôtel, prendre une douche et dormir quelques heures…tu en as besoin.

Oui…oui…Magnolia a raison, mon petit…tu as une tête qui ne dit rien qui vaille. Nous tiendrons compagnie à Angel et s’il y a du nouveau…on t’appelle.

Non…je veux rester là !


Mais de rien ne valait se montrer têtu face à ces deux intransigeantes. Elles le mirent presque à la porte et bien entendu, ne cachèrent pas leur immense satisfaction quand il se pencha pour embrasser la jeune femme en prenant congé.

Ne crois pas la moitié de ce qu’elles te raconteront, elles adorent exagérer. Je reviens dans un moment.

Pas avant quelques heures, tu as besoin de te reposer !, assura Magnolia en l’escortant vers la sortie.

Une fois leur fils adoré parti, elles s’installèrent au chevet de la malades, souriantes et prêtes à connaître jusqu’au moindre détail.

On dirait que votre amitié a pris une nouvelle tournure !, lança Rose comme qui dit qu’il fait beau.

Rose…


Allons, tu as autant envie de savoir que moi. Nous on ne veut que le bonheur de notre James…s’il est heureux…nous, on est ravies !

De cela, Angel n’avait sûrement plus le moindre doute. J.O fut de retour bien avant le temps stipulé, s’étant contenté de prendre une douche, se changer et avaler un litre de café. Il ignora les protestes de ces dames et les renvoya gentiment continuer avec leur virée beauté-shopping-découvertes culturelles.

Les docteurs, Chambers et le neurologue Patil, étaient passés en son absence. Ils voulaient garder Angel encore un jour pour observation, on ne joue pas avec sa chance, les coups à la tête peuvent être traîtres. Elle aurait voulu s’en aller sur le champ, J.O se montra néanmoins ferme.


On ne va pas courir de risque, ma belle. Un petit jour de plus et on est sûrs que tout va bien…Je sais, personne n’aime les hôpitaux…*Surtout moi, qui y fais des stages périodiques !*. En sortant d’ici, tu vas avoir besoin de calme…Pas de safari en Afrique pour le moment…On pourra y penser après…

Expression mitigée, Angel avoua n’avoir pris congé des siens que pour trois jours. Son intention première avait été se rendre à l’exposition, mettre les choses au clair avec lui et repartir reprendre sa vie de toujours. J.O sentit son cœur se serrer. C’était donc à cela qu’avaient servi ces quinze jours de silence radio ! À décider qu’il n’était pas l’indiqué pour prendre une certaine place dans sa vie…sauf que là, après cette commotion, elle semblait avoir changé d’avis et considérer les choses sous un autre angle…

Une nouvelle visite du Dr. Chambers en fin de matinée fut décisive pour un radical changement de plans. Mrs. Yates avait besoin de repos et quand on disait repos c’était exactement de cela qu’on parlait. Pas d’efforts physiques, pas de longs déplacements, ni voiture ni avion. Impossible donc envisager un retour en Angleterre avant d’au moins une semaine. Au moindre signal d’éblouissement, état de somnolence inhabituel ou mal de tête persistant, elle devrait se rendre à l’hôpital le plus proche. Chambers ne pensait pas que cela puisse se produire mais on ne perdait rien en restant sur ses gardes. Le toubib parti, J.O retourna auprès de celle qui avait su si bien mettre sa vie sens dessus dessous.

Ben voilà, affaire réglée.

Il avait l’air si content qu’Angel ne put qu’accepter les faits avec un sourire radieux.

Combien de temps lui avait pris réaliser qu’il était fou d’elle ? J.O ne le savait pas exactement, cela n’avait pas été du genre « coup de foudre » et amour instantané. Leurs débuts n’avaient pas été des plus glorieux, d’abord elle l’avait arrosé, très intentionnellement de jus d’orange. Lui, n’avait pas fait mieux et l’avait envoyée valser dans un étang. Ce cher SaP avait été le déclencheur de l’histoire. Brave chien ! Sans lui, tout ne serait allé au-delà d’une banale rencontre accidentée, une tasse de chocolat et une conversation sympa. Bien sûr, les deux premières fois, il avait téléphoné en se faisant de la bile pour les éventuelles catastrophes que pourrait provoquer SaP…mais après…après tout avait changé. Peu á peu, sans y penser vraiment. Parler avec Angel, tous les soirs était devenu un besoin plaisant, lui qui n’attachait aucune importance à maintenir ce genre de relation avec une fille. Alors, ils étaient devenus amis. Jusque là, J.O aurait pu jurer que cela était impossible, l’amitié avec une femme. Le soir de son retour du Groenland, la farce montée pour se défaire de Mortensen lui avait tout de même donné de quoi penser…on ne prend pas autant plaisir à embrasser un copain ! Mais bien sûr la miss avait des idées très claires sur la suite et il avait dû se défaire des siennes. Et puis le dramatique épisode amazonien. C’est à elle qu’il pensait. C’était elle qui lui manquait. Et c’était elle qui, sans hésitation, était allée le sauver de son enfer vert. À St. Thomas, J.O savait déjà à quoi s’en tenir quant à ses sentiments pour elle et Angel très sûre quant à la distance à tenir. Les seules qui semblaient y avoir vu absolument clair depuis le début étaient…Rose et Magnolia…Brillantes à la déduction, ces dames !

Le lendemain, Angel put quitter l’hôpital. Outre-mer famille et amis avaient dû accepter, sans poser trop de questions, que le séjour américain de sa belle allait se prolonger…un certain temps.

Si Magnolia et Rose Westwood avaient leur petite idée en tête, elles durent en démordre, J.O. lui, avait la sienne et rien au monde ne le ferait changer d’avis.

En quittant la route principale, J.O s’engagea sur un chemin secondaire, traversant la forêt. La maison apparut au tournant. Nichée entre les arbres, face au lac scintillant de soleil.

Voilà, nous sommes arrivés à bon port. L’endroit idéal pour le repos et la méditation.

Elle eut l’air un peu affolée, peut être que se trouver là, loin de tout et de tous, seule avec lui ?

Tu n’as aucun souci à te faire, ma douce…Ceci ne signifie rien. Tout reste pareil entre nous jusqu’à ce que tu décides autrement…en attendant, on peut aller pêcher !

Le temps dirait…
Revenir en haut Aller en bas
Angel Grisham
new & pure
Angel Grisham
hiboux : 4570
maison : Serdaigle
house points : 0
multicomptes : Justin Davenport
Alix Blackstorm
Erik Nielsen
Pas demain la veille (fe) Empty
MessageSujet: Re: Pas demain la veille (fe)   Pas demain la veille (fe) EmptyMer 22 Déc - 20:03

Peut-on rêver meilleure façon de se réveiller qu’avec le visage de celui que l’on aime penché sur soi ?
Un peu perdue d’être dans un lit d’hôpital, Angel était bouleversée de voir J.O dans un tel état de soulagement. Avait-il eu si peur de la perdre ? Il est vrai qu’elle avait été bien sotte en traversant à l’anglaise ce carrefour !
Au moins J.O ne l’avait pas laissée toute seule.
La lumière filtrant par la fine tenture de la fenêtre lui sembla bizarre. La nuit n’aurait-elle pas dû être tombée ?


Quelle heure est-il donc ?


Six heures…il est tôt encore. Pourquoi ?

Ben, ton exposition ? Je suis désolée de t’avoir empêché de te préparer. Je ferai plus attention la prochaine fois.

Ce qu’il lui raconta ensuite la laissa sans voix. C’était le matin, l’exposition était finie depuis longtemps, elle avait été dans les vapes plus de 12 heures d’affilée !


As-tu téléphoné chez moi ? Je dois leur donner des nouvelles.

Non, je n’ai pas encore averti ta famille…Je peux le faire, si tu veux…

C’est gentil, mais non. Je préfère le faire de vive voix ou ils vont s’imaginer n’importe quoi ! En tout cas, je ne sais pas la tête que j’ai mais la tienne est terrible !

Quoi ? J’ai une tête à faire peur ?...Ben disons que je dors mal quand j’ai la trouille…

Il était charmant, si doux, si prévenant. Ainsi, il était resté toute la nuit à son chevet ? Quel amour, cet homme !
Des questions, elle en posa mais J.O possédait peu de réponses. Elle devrait probablement subir un examen neurologique ou autre tracasserie médicale : il fallait attendre.
Puisqu’en Angleterre l’heure était raisonnable, Angel téléphona donner de ses nouvelles en taisant son accident, s’informant de Di et du reste de sa famille.

Croire que l’on est au repos dans un hôpital est une idée fausse !
Quelques infirmières se présentèrent pour vérifier les constantes de la blessée, se réjouissant de son réveil. Le docteur serait prévenu. Ensuite, il faudrait faire sa toilette ! Pas question de se lever sans l’avis du médecin ! Angel connut les désagréments des bassins. Discret, J.O s’était éclipsé pendant les soins, c’est de café dont il avait besoin.

Rose et Magnolia se pointèrent plus tard. Elles furent ravies de voir la meilleure mine d’Angel et se désolèrent sur celle de leur fiston. Quoiqu’il tentât de leur résister, elles l’éjectèrent proprement avec ordre de se rafraîchir et de dormir ! J.O ne se gêna pas pour embrasser Angel avant d’obéir à ses mères.

Seule avec les comploteuses ! Mrs Yates aurait pu s’inquiéter de ce qui allait suivre. Cela ne rata pas. A peine J.O sorti, elles se placèrent de chaque côté de la jeune femme avec des sourires très alléchés :


On dirait que votre amitié a pris une nouvelle tournure ?

Magnolia fit mine de se outrer du manque de tact de sa soeur qui poursuivit :

Allons, tu as autant envie de savoir que moi. Nous on ne veut que le bonheur de notre James…s’il est heureux…nous, on est ravies !

Sans rougir ( ou si peu) Angel confirma ce que les mères de J.O espéraient : ils allaient se fréquenter de manière plus… romantique.

J’ai encore… besoin de temps pour m’habituer à ce sentiment. Je dois aussi préparer ma famille à ce… changement.

Tu verras ma chérie, ça ira tout seul ! Tu nous as dans ton camp à 100%, sois-en sûre.

Angel fut rapidement déboussolée par le babil incessant des deux femmes qui, déjà rêvaient de trousseau et de cartons d’invitation tout en vantant les multiples qualités du rejeton adoré.

Il y eut une pause bienvenue avec l’entrée de deux médecins. Rose et Magnolia laissèrent Angel entre leurs mains.
A nouveau une série de questions en plus d’une auscultation. Le scanner
était bon mais il faudrait au moins une journée d’observation supplémentaire.

*La barbe !*


Le retour express de J.O la soulagea d’autant qu’il expédia ses mères poursuivre leur shopping.
Ces bavardages avaient fatigué Angel dont les muscles malmenés dans la chute se réveillaient cruellement à son souvenir. L’antalgique reçu la renvoya gentiment aux pays des rêves mais, cette fois, elle souriait dans un vrai sommeil.

Pas à dire, l’interdiction de voyager prit Angel au dépourvu… comme le reste d’ailleurs. J.O n’eut pas besoin qu’elle mette les points sur les i pour comprendre ses intentions premières en venant à New York pour seulement trois jours. Mais tout avait changé avec l’accident.
Oserait-elle avouerait à J.O ce qui s’était passé pendant son coma ? Était-ce une réalité ou bien juste l’expression de ce qu’elle souhaitait vraiment entendre de la part de Preston ?
Qu’importe, Mr Westwood ne se plaignait pas de ce revirement, elle encore moins.

C’est fou ce que son choix l’apaisait ! Que J.O soit là, attentif et tendre, suffisait à son bonheur présent. Le reste… elle y penserait plus tard.

Sortir de l’hôpital régénéra Angel. Quoique être poussée en chaise roulante jusqu’au parking ne lui plût pas du tout. Le règlement était le règlement ! Elle s’y soumit d’autant mieux que des petits vertiges persistaient. Elle n’en dit rien, de peur de devoir retourner pourrir au fond d’un lit.

Puisqu’elle avait besoin de repos, J.O organisa son séjour sans pour autant lui dévoiler ses plans.
L’unique chose que ce petit mystérieux lui assura c’est que ni Rose ni Magnolia ne se pointeraient là où il la conduisait.

Ils n’allèrent pas très loin. Laissant la mégapole derrière eux, J.O lui fit découvrir un coin de verdure très engageant. Dans un tournant une jolie maison entourée de grands arbres faisait face à un très beau lac. J.O sourit :


Voilà, nous sommes arrivés à bon port. L’endroit idéal pour le repos et la méditation.

Elle tiqua un peu :

Mais… je ne vois pas de voisins ? On sera tout seul là-dedans ?

Il eut l’air de rigoler de sa mine effarouchée :

Tu n’as aucun souci à te faire, ma douce…Ceci ne signifie rien. Tout reste pareil entre nous jusqu’à ce que tu décides autrement…en attendant, on peut aller pêcher…

Très touchée, Angel avait souri :

C’est une excellente idée. J’y allais souvent avec ma grand-mère ! Avant, tu devrais peut-être lancer des sortilèges anti-paparazzis ! Sait-on jamais !

Il se chargea des bagages tandis qu’elle contemplait les environs. La chaleur de cette fin juin sous ces frondaisons était tout à fait tolérable rendant les lieux très agréables.
La bâtisse appartenait à un copain de J.O qui ne l’occupait que ses week-ends de libres. Puisqu’il devait filer au Moyen-Orient, il en avait volontiers donné les clés à son pote.

Pour un célibataire, ton Steven Lewis est un mec ordonné !

Tout était propre et net. J.O y avait-il veillé par quelques tours de magie. Elle se persuada que oui.
L’installation prit peu de temps dans les deux chambres voisines.
La cuisine, petite, répondait parfaitement à sa fonction. L’indispensable frigidaire se bourra des victuailles des glacières.
On se vêtit de façon cool et partit faire un tour.
À ce genre de construction plantée près d’un lac attenait l’incontournable hangar à bateau. J.O entreprit de mettre à l’eau le canot à moteur découvert. L’attirail complet du pêcheur s’y trouvait ne demandant qu’à être employé.
Il était déjà 10 heures du matin, ils devaient s’y mettre s’ils voulaient manger le fruit de leur pêche.
Assis côte à côté, laissant flotter les lignes, les jeunes gens échangèrent plaisanteries et autres propos.


Je t’ai déjà parlé de ma mamy Rose. Tu n’imagines pas quel trésor est cette femme. Une sorcière de 3 ans, c’est remuant ! Elle m’a quasi tout appris sur la magie… et un tas d’autres trucs aussi !
Comme par exemple faire venir à l’hameçon le poisson ! Regarde !


Trois petits coups contre le bord du canot, hop ! Le bouchon de la ligne d’Angel plongea !

Ça nous évitera de rentrer bredouille ! rit-elle.

J.O voulut s’y essayer aussi. Très vite il capta le geste et des beaux spécimens frétillèrent dans le seau emporté.
Ils restèrent encore un peu, s’échangeant des anecdotes d’enfance et riant de bon cœur de leurs petits déboires personnels.
Le soleil commençait à taper dur et sa réverbération sur les eaux calmes allait les faire frire s’ils s’attardaient davantage. J.O rigola des couleurs attrapées par sa compagne. Son nez rougi devait être seyant vu la façon dont il la regardait. Un peu de pommade réduirait ce fard, on passa au dépeçage des bestioles assommées.
Au moins J.O ne pourrait pas se plaindre qu’Angel fasse la difficile ou des manières pour manger !
Une grillade à la bonne franquette satisfit leur appétit.
Quoi de plus naturel qu’une sieste après ces efforts culinaires. Des transats se posèrent sur le perron, les jeunes gens se laissèrent aller à la torpeur.
J.O dormit-il autant qu’elle ? Le fait est que l’après-midi était bien entamée lorsqu’elle émergea.

Elle le trouva au salon en conversation téléphonique assez animée. Son interlocuteur paraissait énerver J.O.
Sans s’en mêler, Angel alla se rafraîchir puis visita le frigidaire et ramena deux bières glacées.


Des soucis ?


Il s’agissait de son boss. Apparemment ce dernier n’appréciait pas trop le congé supplémentaire pris par Mr Westwood. Maintenant que la cécité ne jouait plus, on réclamait déjà le talent de J.O sous d’autres cieux. Qu’il ait choisi rester avec elle dans sa convalescence prouvait son attachement mais gênait aussi la jeune femme. Elle ne voulait pas être un frein pour lui… Serait-ce possible ?
Même s’il ne s’étendit pas sur cette petite altercation verbale avec son patron, Angel ne put s’empêcher de penser que, décidément, se fréquenter allait poser bien des soucis : ça commençait déjà.
Cela n’entacha pas la bonne humeur du couple. Le reste de la journée s’écoula gentiment par une petite reconnaissance des lieux. Balade main dans la main autour du lac paisible, quoi de plus romantique ? Les rares baisers échangés, d’une tendresse infinie, rendirent Angel heureuse comme elle ne l’avait plus été depuis… longtemps.
La confection du dîner les occupa un bon moment. J.O était vraiment quelqu’un de facile à vivre. Elle l’avait déjà remarqué mais, sans ses mères dans les pieds, il était encore plus cool.
La frisée aux lardons suivie d’un steak au barbecue avec ses garnitures cala leur estomac.
Rester sur le perron menaçait de les ré
duire en pâture aux insectes; l’intérieur protégé de moustiquaires les abrita.

Je préfère cent fois cet endroit à ma grande maison, avoua Angel. J’imagine le coin avec 1 mètre de neige dehors. Rester près du feu serait parfait alors !

JO approuva et lui proposa en riant d’utiliser leurs talents sorciers pour modifier la météo.
Ce qu’elle récusa à hauts cris songeant à la tête des autochtones !
L’habitation, outre un certain confort, disposait d’un vaste éventail de livres et jeux de société.


Jouer aux cartes ? Non, s’il te plaît, pas ce soir. Regarde plutôt ce que j’ai trouvé là-bas !


Dans un coin, elle avait déniché une guitare. Même poussiéreux l’instrument était en bon état. Angel s’assit et commença aussitôt de l’accorder. Était-elle un diapason-né ? Sa grand-mère le pensait. L’oreille juste, fredonnant la note à trouver en tournant les chevilles, elle parvint à ajuster les six cordes.

Tu aimes quoi comme musique ? Country, ballades, folk ?

Joyeux, un petit récital démarra. Les rythmes se succédant, chacun poussant sa chansonnette à l’occasion, ils parvinrent même à former un duo assez potable au moins à leurs oreilles. Un public averti leur aurait sans doute envoyé des tomates, ils s’en moquaient.
La fatigue se faisant ressentir, Angel abandonna la partie :


J’arrête ou serai aphone demain. Ça t’ennuie si je prends la salle de bains la première ?

Elle y fila en riant avant même qu’il ne réponde.
Les vêtements de nuit prévus pour son escapade newyorkaise s’accordaient mal avec une maison forestière. Tant pis ! Elle ferma soigneusement son peignoir de satin bleu avant de céder la place au jeune homme qui lui vola un bisou au passage. Elle n’attendit pas son retour pour aller se glisser dans ses draps. Aucune crainte ne l’habitait, J.O ne la forcerait en rien de ce qu’elle ne veuille pas.
Il se présenta en grattant à sa porte.


Tu peux entrer, je suis décente !

Ils se sourirent à distance, elle tendit la main l’invitant à s’asseoir près d’elle :

Bonne nuit J.O… Fais de beaux rêves et… merci de si bien t’occuper de moi.

Il lui retourna le compliment avant de l’entraîner dans un de ses baisers dont il avait le secret mais n’insista pas trop.

Tu sais ce qu’a dit le docteur ?

Ensemble ils répétèrent :


Du repos et pas d’exercices physiques !

Un éclat de rire, un clin d’œil, il était parti.
Elle dormit comme un loir. J.O la réveilla de charmante façon en lui apportant le petit-déjeuner au lit :


Mais je ne suis pas si malade que ça ! protesta-t-elle néanmoins ravie.

Il est de ces petites attentions qui prouvent l’affection…

Les journées se succédèrent dans une harmonie sans fausse note. Le matin, Angel téléphonait chez elle, rassurant les siens, s’informant de leur santé.
Cette fois-là, la question habituelle revint sur le tapis :


Quand rentres-tu ? N’oublie pas que tu as une fillette qui t’attend !

Je n’oublie rien m’man. J’ai eu un léger accident et je dois me reposer encore un peu.

UN QUOI ? Mais tu n’as rien dit !

Je ne voulais pas vous affoler. Une banale commotion, je t’assure. Je pense que je serai à Londres dans quatre jours.

Ce garçon, J.O, est avec toi ?

Oui m’man ! Il s’occupe de tout pour que je me repose à fond !

On se doute comment !

Comme deux ronds de flanc, Angel regarda son portable soudain muet. C’était la première fois que sa mère lui raccrochait au nez.
Pas la peine d’un long discours à James, sa tête parlait pour elle quand il entra après ce coup de fil vexant.


… pas vraiment des ennuis mais… Bah, fallait s’y attendre. Si on allait nager un peu ?

Barboter était plaisant, surtout qu’après la baignade, côte à côte, ils se laissaient sécher au soleil.
Les effets du coup de téléphone ne s’estompèrent pas pour autant. Tracassée, Angel sentit à nouveau poindre le mal de crâne sournois qui revenait la titiller parfois.


Je rentre m’allonger au frais… Si ça va, juste que… Ouais, ma mère ! J’ose pas penser à ce que dira mon père, sans compter les Yates !... Tu as devant toi une fille perdue ! Risible non ? Personne ne croira que nous n’avons rien fait.

C’était tellement peu risible, que des larmes s’échappèrent malgré elle. Il avait dit qu’il aimait la consoler et le lui prouva une fois de plus :

… Je sais… quand ils te connaîtront, ça devrait aller. Je gamberge trop, je suis trop sensible à ce qu’est une bonne réputation… J’aimerais m’en ficher… c’est dur quand on a toujours été droite.
Non… j’ai pas du tout l’impression de faire quelque chose de travers. De toute façon, c’est mon choix, je ne regrette rien ! Laissons-ça de côté, j’ai mal à la tête pour de bon… Quoi ? Aller à l’hôpital ? Pas question ! Un cachet et ce sera fini… M’emmener de force ? Je voudrais bien voir ça !


Elle eut beau se débattre en riant, quand J.O avait décidé quelque chose, il était plus têtu qu’elle !

Le médecin consulté ne décela heureusement rien de grave. Tension un peu élevée, il ajusta la dose de médicaments, recommanda à nouveau calme et repos et les laissa rentrer.

La fin du séjour arriva trop vite au goût de chacun. Ils avaient passé des moments inoubliables en harmonie totale. Parties de cartes, pêche ; les soirées guitare, courses nocturnes de chats, promenades en forêt sans omettre les leçons de cuisine : tout leur laisserait des souvenirs uniques.

Pas question pour J.O de simplement déposer sa belle dans un avion puis de l’abandonner seule face à l’opprobre suspectée générale à l’arrivée.
Dans le hall, Angel se détendit en apercevant le visage souriant de sa mamy Rose. Di, suspendue dans les bras de l’aïeule agitait sa menotte en l’air en poussant des cris joyeux. Moments heureux. Dévorant sa fille de baisers, Angel souhaita faire les présentations mais déjà Rose Peventies prenait les devants en plaquant des bisous sonores aux joues de J.O :


Voici donc le garnement que tout le monde considère comme le diable personnifié ! Il n’a pas l’air si méchant. Tu as toujours eu du goût, ma chérie !


A près de 70 ans, la campagnarde était toujours aussi alerte. Son énergie et bonne humeur étaient contagieuses. Que J.O se charge de Di au grand plaisir de celle-ci amena un sourire complice :

Elle aussi est conquise, on dirait ! Alors, ce voyage, ça a été ? On m’a dit pour ta rencontre brutale avec un taxi, cachotière ! Voilà ce que c’est que d’avoir l’amour en tête ! Allons jeunes gens, un taxi nous attend. Tâche d’entrer dedans par la porte, cette fois !

Impayable, cette Rose. Néanmoins… Angel tut ses appréhensions. Si sa grand-mère s’était imposée en avant-garde à la réception, c’est que les choses étaient pires qu’envisagées.
Le trajet depuis l’aéroport s’effectua sous le babil de l’aïeule ponctué de celui de DI. À ne plus savoir où donner de la tête.


… oui mon ange, maman a plein de cadeau pour sa princesse. SaP ? … Il n’était pas avec nous. Oui Mamy, j’ai montré à James comment on pêchait… Non, j’ai pas fait d’efforts excessifs… Oui… on a fait… etc.etc.

La migraine menaçait de la reprendre pour de bon quand enfin, le taxi freina devant chez elle.

Descendons ! Je règle la course. Ma chérie, tu as une mine à faire peur, tu dois tout de suite aller au lit. Bien sûr J.O vous y allez aussi !

Arrêt sur image des deux intéressés. Mamy rigola :

Faites comme vous voulez. Ensemble ou chacun de votre côté, au point où en sont les choses, personne ne trouvera à en rajouter si vous logez sous le même toit.

La mort dans l’âme, les tempes en feu, Angel approuva et ouvrit la marche jusqu’aux grilles de la propriété.

Laisse les bagages dans le hall, s’il te plaît. Je monte de suite. Mamy s’occupera de Di.

Elle grimpa les marches à toute vitesse ; J.O sur ses talons. Retenue par le bras, elle ne put lui offrir que ses traits ravagés :

Tu vois… Je t’avais prévenu de ce qu’ils penseraient… Non, non… pourquoi tu t’en irais ? Mamy l’a dit : je suis déjà cataloguée, ça change rien… Je suis claquée, tu l’es aussi. Allons dormir !

C’est ce qu’ils firent. Complètement habillés, ils s’écroulèrent sur le lit d’Angel. Accommodée au creux des bras aimés, la jeune femme connut la paix.

Récupérer du décalage horaire dans ce sens de rotation n’est pas facile. Heureusement les potions de la grand-mère remirent vite les pendules à l’heure. Elle n’éprouvait que de la joie de savoir à nouveau sa petite-fille heureuse. L’attitude guindée des autres l’attristaient cependant.
Quand comprendraient-ils qu’Angel étant majeure et vaccinée, elle était libre de ses choix de vie même s’ils ne correspondaient pas à leur vision à eux ?
C’était loin d’être gagné d’avance mais avec du bon sens on arrive à tout.

Une entrevue générale était prévue le soir même. J.O et Angel l’apprirent au réveil.
Rose s’était attendrie en les découvrant si innocemment endormis dans les bras l’un de l’autre.
Jamais elle n’avait douté de ce que disait Angel : depuis qu’elle était gamine, elle ignorait la signification du mot mensonge.


Ne vous mettez pas Martel en tête, surtout toi, ma chérie. On a veillé à ce que tout se passe bien ce soir. Ce sera un peu guindé, je le crains mais tout ira bien.


Parée de pied en cape, Angel n’en menait pas large néanmoins en franchissant le seuil de ce restaurant réputé réservé pour l’occasion au bras de J.O.
Elle s’était attendue à quelque chose de plus intime… de plus glacial… Or, là…
Des banderoles festives ornaient la salle. Des visages sympathiques les accueillaient comme on fête le retour de l’enfant prodigue.
D’abord désorientée, Angel se prit à pouffer en avisant les instigatrices de l’événement : Rose et Magnolia !


Ces dames, pomponnées comme il se doit, s’avancèrent et embrassèrent le couple :

Bon anniversaire, mon chéri !

Tu ne croyais pas qu’on allait louper ça ? Vive l’Amérique, vive toi, vive vous !


Embarrassée, Angel rougit :

J’ai… J’avais complètement oublié… Tes mères sont…

Incroyables ! Là, au milieu d’amis et parenté s’étaient rassemblées de nombreuses personnes joviales. Quel tour de force de la part de ces dames ! Angel ne fut pas la seule à remarquer les rares qui offraient une mine jusque par terre : ses parents et ceux de Preston !

On doit causer…

Oui, p’pa.


Embrassades guindées.
L’ambiance générale étant à la fête, les sourires dépassèrent les rictus amers.
Apéritif, repas, on s’amusait… Le feu couvait.
Opal, invitée d’exception, saisit une occasion au vol pour confier ses impressions :


Sois forte Angel ! Tu as fait le bon choix ! Je le trouve presque aussi top que mon Suédois.


L’heure incontournable arriva après le gâteau d’anniversaire. D’un geste du menton, Edward Grisham lui indiqua une pièce isolée. Elle serra plus fort la main de J.O.
Les escortèrent Mary Grisham ainsi que Cassandra et Arthur Yates.


Tu n’es pas obligée de t’accrocher ainsi à lui!?
commença Mary.

Permettez-moi de vous présenter James Oliver Westwood… mon... ami.

Belle amitié, si l’on tient compte de tes dernières frasques, grinça Cassandra Yates.

J’ai… Je n’ai… NOUS n’avons rien fait de mal ! protesta Angel. J’aimais Preston plus que tout au monde ! Est-ce un crime d’essayer d’être heureuse sans lui ?

Nous aurions souhaité que tu nous en avises, ma chérie…

Arthur… Le seul Yates qui l’ait vraiment aimée et comprise. Qu’il épouse une sorcière… enchanté ! Bien sûr la perte de son fils préféré l’avait marqué. Il n’en tenait pas Angel responsable, sauf que… peut-être… Elle aurait pu l’empêcher de courir… à sa perte.

Je ne crois pas avoir de compte à rendre à quiconque. J’ai été une épouse fidèle et aimante. Preston est et restera si… spécial… Mais il m’a dit lui-même approuver…

Ton coup sur la tête est plus grave que prévu !

Cynisme de Cassandra… Qu’espérer d’autre !

Croyez-le ou non,j’ai vu Preston dans mon coma. Il a dit approuver J.O. MÊME s’il ne l’avait pas dit je sais, VOUS M’ENTENDEZ, JE SAIS que je ne me trompe pas.

Mary, vous devriez lui donner une potion, cette enfant déraille !


J.O tenta d’intervenir, on ne le lui en laissa pas l’occasion.


Ma fille, tu nous déshonores. Déjà il y a eu cette feuille de chou et ses retombées sur notre réputation. Nous espérions un démenti, tu n’as rien dis. Puis tu disparais plus de huit jours sous prétexte d’un accident pour t’envoyer en l’air avec ce garçon. Avoue que nous avons droit à des justifications !

Papa, c’est pas du tout ce que tu crois. J.O et moi c’est bien plus que ça ! Je l’aime, il m’aime et… et…


La phrase se perdit avec un flot de sang nasal. Si J.O ne l’avait pas retenue, elle se serait écroulée. Bon Dieu ce qu’il gueula ! Douce musique…
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Pas demain la veille (fe) Empty
MessageSujet: Re: Pas demain la veille (fe)   Pas demain la veille (fe) EmptyLun 27 Déc - 23:00

Tout était si paisiblement facile avec elle. J.O n’en revenait presque pas, ne se reconnaissait plus du tout en ce type patient et attentionné, pas qu’il ait été un rustre sans remède mais jamais une femme, surtout une de si jolie, ne lui avait inspiré des sentiments si nobles et détachés de ses propres désirs. Des aventures il en avait eu à en perdre le compte ; des affaires plus ou moins longues, jamais au delà de trois mois, une ou deux et vers la fin son unique envie avait été de fuir à toutes jambes et le plus loin possible. Là, c’était différent…vraiment différent !

Il se trouva en train de faire des choses que jamais auparavant n’auraient croisé son esprit…aller à la pêche avec une fille !? Grand Dieu, jamais de la vie ! Jouer aux cartes, c’est pour les potes, ça ! Chanter comme un dingue ? Rarement sous la douche et encore il devait être à moitié ivre. Se balader autour du lac, main dans la main ? La dernière fois remontait à ses seize ans et encore cela n’avait rien eu de forcément innocent. Souhaiter bonne nuit à celle qui faisait battre son cœur en se contentant d’un baiser ? Une première !

Et puis, le fameux coup de fil. Il rentrait juste au moment où Angel fixait son portable comme si celui-ci était un artefact martien.

Des ennuis ?

Elle se tourna vers lui et son air si désemparé disait long que J.O n’eut pas besoin d’explications, la jeune femme venait de parler avec sa mère et apparemment rien de bon n’était ressorti de cette conversation.

Pas vraiment des ennuis mais… Bah, fallait s’y attendre. Si on allait nager un peu ?

Mais impossible d’être dupe sur son état d’âme. Il s’imaginait assez ce que Mrs. Grisham avait pu dire à sa fille pour la remuer de la sorte. Elle soupira pour la cinquième fois en disant que s’allonger un peu au frais lui ferait du bien, J.O Se redressa et la considéra, préoccupé.

Tu ne te sens pas bien ?

Si ça va, juste que…

Il secoua la tête en se rapprochant.

C’est ta mère, n’est ce pas ?...Qu’est ce qu’elle a pu te dire pour que tu sois si….bouleversée ?

Elle releva le menton, crâneuse, essayant de sourire mais ça n’allait pas du tout.

Ouais, ma mère ! J’ose pas penser à ce que dira mon père, sans compter les Yates !... Tu as devant toi une fille perdue ! Risible non ? Personne ne croira que nous n’avons rien fait.

C’était donc ça ! En pleine fin du XXème siècle et il y avait encore des gens qui pouvaient avoir l’esprit aussi fermé qu’au Moyen Âge. Et voilà que sa douce Angel en avait les larmes aux yeux, cela la dépassait, elle qui était incapable de penser du mal de quiconque…

Il la prit dans ses bras et la serra doucement contre lui.

Ma chérie…tout va aller bien…pas de souci…

J.O voulait y croire mais évidemment la mauvaise foi des autres avait toutes les chances de l’emporter.

Cela faisait quatre jours qu’ils étaient là, isolés du monde, dans cette parfaite et reposante solitude en partageant cette merveilleuse camaraderie, parce qu’évidemment, on ne pouvait pas appeler cela autrement. Mais bien sûr, personne au monde ne voudrait croire qu’ils se limitaient à se tenir la main et se regarder dans le blanc des yeux. En l’emmenant avec lui à la maison du lac, il avait sérieusement compromis la réputation de la jeune femme et pas à dire, elle semblait y tenir, à cela.

Je sais… quand ils te connaîtront, ça devrait aller.

*Vraiment ? Pas avec ma réputation…M***e ! C’est fichu d’avance !*

Il déposa un petit baiser sur sa tête, Angel soupira encore.

Je gamberge trop, je suis trop sensible à ce qu’est une bonne réputation… J’aimerais m’en ficher… c’est dur quand on a toujours été droite.

*Et tu es tombée sur moi…*

Elle ne sentait pas du tout avoir fait quelque chose de travers. Lui non plus, d’ailleurs. Mais bien sûr, les autres étaient d’un avis très différent.

De toute façon, c’est mon choix, je ne regrette rien ! Laissons-ça de côté, j’ai mal à la tête pour de bon…

Quoi ? Mal à la tête ? Depuis quand !?...On va à l’hôpital, maintenant !

Il se levait mais elle le retint.

Quoi ? Aller à l’hôpital ? Pas question ! Un cachet et ce sera fini…

Angel, c’est sérieux, ça. Le toubib a été très clair…au moindre symptôme, hôpital…Oh, non, je ne blague pas du tout…On y va, que tu veuilles ou pas !

Elle lui rit au nez, très sûre de son effet mais il ne marchait pas dans sa combine cachet-dodo-on s’en tape.

M’emmener de force ? Je voudrais bien voir ça !

Avant qu’elle puisse dire quoi que ce soit d’autre, il l’avait relevée et mise pratiquement en travers son épaule.

Tu ne devrais pas me défier, ma belle !

À peine s’il lui laissa passer une petite robe sur son maillot de bain, dix minutes plus tard, il roulait à tombeau ouvert vers l’hôpital le plus proche, sans faire attention à ses protestations. L’interne de service examina Angel, trouvant son état satisfaisant, hormis la tension un peu élevée. Après les recommandations de rigueur, ils purent retourner au lac.

Un nouvel appel de Jeff Morrison faillit lui gâcher cette fin de journée. Il ne semblait pas vouloir comprendre que J.O n’avait pas la moindre intention de reprendre son travail pour le moment.

Mais tu es dingue ou quoi ? Tu peux pas tout laisser tomber pour aller te cacher Dieu sait où…au fait, où diables es tu ?

Ça ne te regarde pas !

Tu es seul ou tu cours après une jolie fille ?, voulut savoir l’autre en rigolant.

S’il avait su à quoi avaient tenu ses derniers jours, il se serait sans doute écroulé de rire, Morrison !

Si c’était le cas, tu serais bien le dernier à qui je le dirais…Non, je ne vais pas aller au Népal, je te l’ai déjà dit l’autre jour…Pourquoi ? Et bien, parce que j’ai d’autres choses à faire !...Pour Bornéo ? Euh…sais pas encore…sans doute, oui, je te tiendrai au courant…Je sais, Jeff…je ne suis pas le seul photographe et d’autres se damneraient pour ces opportunités.

Morrison lui largua tout de même un sermon bien senti et finit par le menacer de tous les feux de l’enfer. De certaine façon, il avait raison, J.O le savait, il était certes un des meilleurs de la profession mais cela signifiait aussi que la concurrence ne lambinait pas en chemin. En raccrochant, un profond soupir lui échappa…qu’était-il en train de faire ? L’unique réponse entra juste en ce moment, en souriant. Angel. La savoir si proche n’était pas allé sans mal, les derniers jours. La tentation devenait parfois torturante mais J.O savait sciemment que brusquer la situation ne donnerait rien de bon. Les bonnes intentions et les douches froides aidaient à tenir convenablement le coup.

Tu te sens mieux ?

Elle assura que oui, que le médicament avait agi à la perfection, qu’elle se sentait parfaitement en forme et allait s’occuper du dîner, pour après aller peut être faire un petit tour par là…La lune était parfaite, ce soir.

Valait mieux devenir Gros Minet…au moins, s’il lui sautait dessus ce ne serait pas si mal interprété que ça et qui sait, peut être gagnerait il qu’elle lui gratte l’oreille mais voilà que la belle était d’humeur enjouée et prit aussi sa forme animagus. La folie totale. Heureusement que le coin manquait de voisins, cela aurait été un peu difficile à expliquer…la présence d’une panthère des neiges qui courait comme dératée après un très agile et malin chat siamois. C’était juste le genre de soirée dont il raffolait. Tôt ou tard, il fallut bien rentrer, fourbus mais heureux. Angel avait repris sa forme humaine, lui, préféra demeurer tel quel. Encore un moment au séjour, en silence. Son alter ego panthère n’étant pas du genre bavard, Angel, amusée, s’était conformée de caresser son pelage épais en l’entendant ronronner comme le plus ravi des chats domestiques, mais au moment de prendre congé pour aller dormir, il était redevenu le J.O de toujours et eu droit à son baiser de bonne nuit…et à une porte gentiment fermée. Redevenant félin, il était allé se jucher dans un arbre pour contempler la lune sur le lac.


Toute bonne chose a sa fin. Même s’ils ne le voulaient pas, la fin de ces courtes vacances était arrivée. Angel devait rentrer chez elle, reprendre sa vie, lui, la sienne…sauf qu’il n’avait aucune envie de la laisse partir comme si rien. En plus, J.O savait très bien ce qui attendait Angel à son retour en Angleterre…pas question qu’elle soit seule pour affronter le Grand Tribunal familial en plein…après tout, aux yeux de tous, il était le grand coupable de ce détournement de veuve parfaite et mère exemplaire …à lui les foudres de l’Olympe, il était prêt à parer les coups…

Voyage de rêve ? Pas du tout. Angel était trop angoissée pour cela et lui se faisait du mauvais sang d’avance. Même s’il voulait se montrer rassurant.

Allez, ma chérie…que peut il se passer ? Tes parents vont faire la tête ?...Ah, ta belle mère est une harpie ?...

De quoi réjouir n’importe qui. Le cas est, qu’ils ne connurent un instant de repos le long du vol et en arrivant à Londres, avec le fameux jet lag et les idées préconçues, ils n’en menaient pas large. Le comité de réception en place fut néanmoins pour apaiser les esprits. Une charmante vieille dame et Di.

J.O fut gentiment réconforté par l’accueil dispensé.


Voici donc le garnement que tout le monde considère comme le diable personnifié ! Il n’a pas l’air si méchant. Tu as toujours eu du goût, ma chérie !

Au moins aurait il gagné la sympathie de Mamy Rose, ce qui était déjà un fameux tour de force. Di sembla ravie de le revoir et se jeta à son cou en demandant des nouvelles de son ami très cher, SaP.

Il va bien, ma puce…oui, tu le verras bientôt !

Mais déjà la dame prenait l’affaire en main avec un délicieux sourire enjoué.

Elle aussi est conquise, on dirait ! Alors, ce voyage, ça a été ? On m’a dit pour ta rencontre brutale avec un taxi, cachotière ! Voilà ce que c’est que d’avoir l’amour en tête ! Allons jeunes gens, un taxi nous attend. Tâche d’entrer dedans par la porte, cette fois !

Adorablement énergique. Cette avant première des événements avec cette délicieuse grand-mère et l’enfant ne laissait que présager que les autres, en arrière plan, mijotaient leur coup pour avoir plus d’éclat.

Le trajet vers la demeure de la jeune femme sembla s’écouler comme dans un rêve, entre le babil incessant de Di et celui de Grand-maman. Une fois arrivés, elle eut encore l’heur de les surprendre :

Ma chérie, tu as une mine à faire peur, tu dois tout de suite aller au lit. Bien sûr J.O vous y allez aussi !

*Hein ?*

Et la dame espiègle de rigoler, pratique.

Faites comme vous voulez. Ensemble ou chacun de votre côté, au point où en sont les choses, personne ne trouvera à en rajouter si vous logez sous le même toit.

*Oups…on en est là, donc !*

Laisse les bagages dans le hall, s’il te plaît. Je monte de suite. Mamy s’occupera de Di.

Elle fila dans les escaliers. Rendant Di à son arrière grand-mère, J.O lui courut après.

Angel…attends !

Il la retint, la forçant presque à le regarder. Elle pleurait.

Ma chérie…que…

Question idiote !

Tu vois… Je t’avais prévenu de ce qu’ils penseraient…

Si tu veux…je disparais…ce serait peut être mieux…et…

Sa riposte lui donna chaud au cœur.

Non, non… pourquoi tu t’en irais ? Mamy l’a dit : je suis déjà cataloguée, ça change rien… Je suis claquée, tu l’es aussi. Allons dormir !

Dormir ! Mot magique. Il ne rêvait de que de ça depuis deux jours…deux jours particulièrement difficiles à franchir entre ses envies et son bon sens, au cas d’en avoir encore…

C’était bien la première fois qu’il foulait sa chambre, même si d’autres semblaient penser le contraire.
Le grand lit fut une tentation irrésistible, sans le penser deux fois, ils s’y écroulèrent. Ridicule, la première fois qu’il la tenait dans ses bras, dans un lit…et voilà qu’il s’endormait comme un ours engourdi d’hiver, avec Angel serrée contre lui…tel qu’il l’avait tant voulu...


Mamy Rose se chargea de les ramener au monde des vivants, de la plus gentille façon qui soit, en leur annonçant que l’heure du Jugement dernier était pour ce soir.

Ne vous mettez pas Martel en tête, surtout toi, ma chérie. On a veillé à ce que tout se passe bien ce soir. Ce sera un peu guindé, je le crains mais tout ira bien.

Ça promettait. J.O essayait de se convaincre que tout irait bien mais ne pouvait pas se défaire de cette vilaine sensation de condamnation précipitée. Cette chère femme qu’était la grand-mère d’Angel insista pour qu’ils se mettent sur leur trente et un et mena la perfection de sa mission jusqu’à lui nouer la cravate, affaire qui avait toujours incombé Rose ou Magnolia.

Et parlant de ces deux là…si J.O supposait qu’elles avaient fait de la dentelle en attendant qu’il fasse quelque chose, les faits le tirèrent rapidement de sa bévue. Le restaurant, très chic, avait été réservé pour cette soirée singulière…et dire qu’il l’avait tout à fait oublié.


Bon anniversaire, mon chéri !

Tu ne croyais pas qu’on allait louper ça ? Vive l’Amérique, vive toi, vive vous !

Mince…c’était le 4 Juillet !


Embarrassée, Angel rougit :

J’ai… J’avais complètement oublié… Tes mères sont…

Pas de souci…j’avais oublié aussi…

Rose et Magnolia avaient fait les choses à leur façon. Splendides comme toujours. Tiens, même Jeff Morrison était là et pas à dire, il se marrait en douce.

Je savais…je savais…il y avait bien un jupon dans l’histoire !

Angel n’est pas un jupon !
, avait il grogné.

Ça, je te crois, suffit de voir la tête de ceux là …je devine…la famille !

J.O avait jeté un petit coup d’œil discret vers le petit groupe massé un peu en retrait. Angel lui avait suffisamment parlé des siens comme pour savoir à quoi s’en tenir. Grisham et Yates faisaient front commun. Il jura entre dents.

Bornéo reste ouvert…tu peux y filer dès que ça te dit !, assura Jeff, bon enfant.

Si je survis…merci !

Mais au moins eut on le loisir de festoyer un peu avant d’entrer en combat. Il adorait le gâteau au chocolat mais là,il lui trouva un goût de carton. Opal McLane, toute énergie et joie de vivre, flanquée de celui qu’il supposa être son suédois, ne manqua pas de lui insuffler courage.

Bah ! Tu sais…c’est comme les méchants toutous…ça aboie mais ça n’arrive pas à mordre…et encore au cas où…tu leur tapes dessus et fin de l’affaire !

T’es sûre !?

Elle avait rigolé en exhibant son boomerang.

Je te file volontiers un coup de pouce…je la gobe pas, la belle mère…c’est fou ce qu’elle se prend pour quelqu’un, celle là !...Te laisse pas avoir, J.O…t’es un chic type !

Ça va faire du moche, je pressens !

Moi aussi…mais pas de souci…le monde est vaste et toi, débrouillard…tu l’aimes, non ?

Oui…je l’aime…on ira jusqu’aux dernières conséquences mais j’ai peur qu’Angel ne soit épouvantée.

L’australienne avait souri, ravie.

T’en fais pas…elle a toujours le même air avant de foncer, tête en bille et prendre tout le monde de court…elle a du cran, la minette…tu verras !

Il espéra qu’elle dirait vrai. La suite ne fut pas spécialement engageante. Suffit d’un coup d’œil du paternel Grisham pour qu’un petit groupe, très défini ne se détache, qu’Angel ne s’accroche à lui et que la procession des condamnés ne se mettre en route. Rose et Magnolia ne ratèrent pas le coup et emboîtèrent le pas aux « anglais », en qui, entre nous, elles n’avaient la moindre confiance. Session à huis clos.

Tu n’es pas obligée de t’accrocher ainsi à lui!

Coup tordu de la mère d’Angel ,qui se raidit en disant.

Permettez-moi de vous présenter James Oliver Westwood… mon... ami.

Belle amitié, si l’on tient compte de tes dernières frasques !

L’adorable maman de Preston aiguisait les poignards…du charme pur, la dame.

J’ai… Je n’ai… NOUS n’avons rien fait de mal ! protesta Angel. J’aimais Preston plus que tout au monde ! Est-ce un crime d’essayer d’être heureuse sans lui ?

Il ne pouvait piper mot, pas encore, fallait les laisser vider leur sac…


Nous aurions souhaité que tu nous en avises, ma chérie…

Où voulait il aller, ce cher Sir Arthur Yates ? En aviser ? Quoi a juste ? Qu’elle remplaçait leur Preston chéri par un pair du Royaume ?

Je ne crois pas avoir de compte à rendre à quiconque. J’ai été une épouse fidèle et aimante. Preston est et restera si… spécial… Mais il m’a dit lui-même approuver…

*QUOI ?*

Il n’était pas le seul surpris, belle maman Yates reprenait la parole. Décidément la dame était un poison !

Ton coup sur la tête est plus grave que prévu !

J.O n’aurait pas été aussi bien élevé qu’il lui aurait ordonné de fermer le clapet mais bien sûr, aucun besoin de le faire, Magnolia outrée le fit pour lui sauf que le reste des aveux d’Angel avaient de quoi confondre le plus hardi.

Croyez-le ou non,j’ai vu Preston dans mon coma. Il a dit approuver J.O. MÊME s’il ne l’avait pas dit je sais, VOUS M’ENTENDEZ, JE SAIS que je ne me trompe pas.

Mais voyons…pourquoi avaient ils tous des airs si effarés ? Quoi de plus normal que le défunt lève son veto ? J.O était scié, le mieux est que sa chérie semblait parler le plus sérieusement du monde, sauf que bien entendu, tout le monde ne partageait pas cet avis si judicieux.

Mary, vous devriez lui donner une potion, cette enfant déraille !

Si Angel dit que…

Il aurait pu essayer de parler au vent d’un ouragan catégorie 5 et aurait eu sans doute plus de succès.
Papa Grisham prenait la parole, grand censeur.


Ma fille, tu nous déshonores. Déjà il y a eu cette feuille de chou et ses retombées sur notre réputation. Nous espérions un démenti, tu n’as rien dis. Puis tu disparais plus de huit jours sous prétexte d’un accident pour t’envoyer en l’air avec ce garçon. Avoue que nous avons droit à des justifications !

Mais de quoi on parlait là ? C’était si débile, si hors de ce temps…de toute logique rationnelle...comme si Angel n’était qu’une innocente petite vierge de 15 ans et lui Satan en personne.

Papa, c’est pas du tout ce que tu crois. J.O et moi c’est bien plus que ça ! Je l’aime, il m’aime et… et…

Il la retint de justesse alors qu’elle basculait, un flot de sang s’écoulait de son nez. Finie la politesse.

VOUS ÊTES TOUS DÉBILES !!! ÇA vous prend de penser de temps en temps avant de l’ouvrir, la bouche ???? C’est quoi le nom de votre jeu !?...Angel…ma douce…

Elle était consciente mais affolée. Rose Westwood entra en lice avec la grâce superbe d’un torero dans l’arène tandis que Magnolia, sidérée épongeait délicatement le sang qui continuait à fluer.

Franchement, tant de fausseté m’écœure…Pour qui vous prenez vous, à la fin ?Oh…un fin sir de la couronne, n’en déplaise à Sa Majesté, elle pourrait mieux faire ses choix…et Madame ?...Madame la Duchesse ? La Comtesse ou la Reine en personne ?

Cassandra Yates avait beau la dépasser d’une demi tête jamais Rose ne s’était vue plus grandiose, elle toisa la mère de Preston Yates de très haut avec une moue de dédain, puis se tourna vers les parents d’Angel qui étaient restés d’une pièce.

Et vous ? C’est cela votre amour pour votre fille ? La juger ? La lapider ? Je pensais être en Angleterre, fin du XXème siècle, je me trouve presque face à des musulmans fondamentalistes et leur Charia…Mais quels fantasmes vous hantent ils donc ?...Preston Yates est mort, que Dieu l’ait en sainte gloire…Angel est elle morte avec ? Sa fille aussi ? N’ont-elles pas droit à trouver de nouveau le bonheur ?

Remous inquiets, Lady Yates, la nargua, défiante.

Certes, elle a ce droit mais pas avec…ça !

Ça ! C’était lui…Il y eut tant de mépris dans ce simple mot que J.O se sentit, pour deux secondes, réduit au souvenir douloureux de l’orphelin perdu…Mais déjà Magnolia fonçait dans le tas, l’œil étincelant de rage non contenue.

Vous parlez de notre fils, Mrs, Yates…Un Westwood !

Ah !...Vraiment !? Un enfant de la rue, c’est tout ce qu’il est…sans origines, sans nom...Westwood par simple charité. Dieu sait quels antécédents il peut avoir !

Soutenant toujours Angel, il s’interposa entre Cassandra Yates et sa mère Magnolia qui semblaient prêtes à se crêper le chignon séance tenante.

Je suis ce que je suis et la seule qui a son mot à dire à ce sujet est Angel…d’aucune façon, vous, Lady Yates.

Petit prétentieux…quelle audace, supposer que vous pourriez remplacer notre Preston…

Je ne veux remplacer personne, madame…et maintenant, allez vous faire…

James !, s’étouffa Rose.

Angel a besoin d’un docteur !

Il la releva dans ses bras et quitta la pièce en les laissant tous avec les mots à la bouche. Son apparition dans la salle, avec la jeune femme à demi évanouie dans les bras causa pas mal d’émoi, mais déjà Rose et Magnolia, qui l’avaient suivi demandaient une ambulance…un docteur…un taxi…la Garde de la Reine ! J.O , lui, se sentait à point de perdre la boule, dans un moment c’était lui qui allait se trouver mal si ça continuait comme cela…Les secours arrivèrent à point nommé. L’hémorragie nasale avait été enrayée merci les bons soins de Mamy Rose dont les yeux lançaient des éclairs et Magnolia qui avait sa tête des mauvais jours. Il ne s’était agi que d’une hausse subite de tension due aux émotions diverses. Rien de grave. Prendre ses médicaments, éviter les sursauts…On était servis !

Calme toi, mon petit !, souffla Rose en le prenant du bras, c’était un mauvais moment…mais ça va passer…

Ils ont raison, Maman…suis rien…, là, il était plus qu’abattu, la rage meurtrière avait cédé place à un désarroi accablant.

Ne dis pas de bêtises…c’est pas le moment de te laisser aller…Tu es James Oliver Westwood …qu’on me dise le contraire !!! Tu es un des meilleurs photographes de ta génération et le meilleur fils que la terre ait porté…

Yates et Grisham s’approchaient, front compact, décidés.

Cette farce a assez duré, rentrez chez vous, Westwood…Angel viendra chez nous, à la maison, jusqu’à être remise de ses émotions…le bon sens reprendra le dessus !

NON !, c’est à elle de décider…c’est à Angel de me dire ce qu’elle veut…si elle désire aller avec vous, je ne ferai rien…si elle décide venir avec moi…je vous défie de vous y opposer.

Elle n’avait pas lâché sa main et la serra un peu plus, si possible en se redressant pour dévisager les siens. Opal n’avait pas menti…

Sa déclaration fut simple, claire et sans appel…Pas à dire, la fête était finie, personne n’ayant besoin d’un dessin, un moment plus tard, la salle était presque vide. Restaient encore, la famille, transie et incrédule, les beaux parents ulcérés. Mamy Rose jouant les peacemakers, Rose et Magnolia défendant le fort. J.O et Angel peaufinant leur plan de fuite…


On prend Di…oui, bien sûr qu’avec Di...tu pensais quoi ? Que j’allais la laisser ici ?... On y va tous ! Je suis sûr que tu vas aimer…c’est différent…Non, aucun danger…Di va adorer…Où ?...euh…Bornéo, ça te dit !?

Un endroit comme n’importe quel autre pour aller se perdre et oublier les déconvenues avec tant de civilisation.

Bornéo ?, avait répété Rose, abasourdie.

Merveilleux, avait renchéri Opal qui restait, indéfectible, prête à se servir de son boomerang, il y a des singes tout mignons…c’est fou ce qu’ils sont sympas , les orang outans.

Les Yates se trouvèrent l’esprit d’élever leur voix de dénégation, on se contenta de les regarder de travers presque tout autant qu’aux Grisham qui, abattus, étaient proches aux larmes.

Pas de souci, clama Miss McLane, toujours avec le mot juste, sont végétariens, ces macaques là !

Trois jours plus tard, au milieu d’une près midi humide et chaude, Ils descendaient du vol provenant de Singapour. SaP, très gaillard ouvrait la marche, ravi d’être de nouveau au cœur de l’aventure, Di piaillait, accrochée au cou de J.O qui ne lâchait pas la main d’Angel.

Voilà, madame…Bienvenue à Kalimantan !

Il fallait dire qu’ils savaient s’y prendre, pour mettre de la distance…
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

Pas demain la veille (fe) Empty
MessageSujet: Re: Pas demain la veille (fe)   Pas demain la veille (fe) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Pas demain la veille (fe)
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Aujourd'hui là, demain pas...
»  La vérité de demain se nourrit de l'erreur d'hier.
unbreakable vow :: Les habitations :: Londres