Musicalité matinale.. [Pv Firenze]

Le regard de son père, lorsqu’elle lui avait dit que jamais elle ne deviendrait Mangemort.. Ce regard qui en disait long, qui en disait suffisamment pour qu’elle comprenne que jamais elle ne pourrait à nouveau fouler le sol de la maison des Woodstok. Ce regard, elle s’en souviendrait toute sa vie, lui semblait-il. Une profonde plaie qui ne cicatriserait qu’avec le temps, qu’avec de la patience. Et pourtant, qui ne cicatriserais pas tout à fait. Cela s’était confirmé dans une lettre qu’elle tenait entre ses doigts fins. Une lettre contenant l’écriture de sa mère et couchant sur papier tout ce que le regard de son père – juste avant qu’elle ne monte dans le Poudlard Express – avait exprimé. Il l’avait renié, il avait préféré considérer qu’à partir de maintenant, il n’avait plus d’enfants. Elle aurait dû s’en douter, c’était évident. Après tout, il avait renié son fils juste parce que ce dernier avait eu la malchance de naître cracmol. Mais qu’importe. Après tout, n’était-ce pas mieux ainsi ? Pour elle qui désirait plus que tout vivre du côté des moldus, n’était-ce pas une opportunité qui s’offrait à elle ? Mouais. Elle n’était pas stupide au point de penser que son père en resterait là. Elle était devenue un traître à son sang. Une cible à éliminée, pour ne pas grossir les rangs d’une armée qui pourrait s’élever contre le Seigneur des Ténèbres. Il fallait qu’elle s’aère l’esprit. Il fallait qu’elle arrête de penser. Ce n’était jamais bon de penser à 8 heures du matin.

Doucement, elle se leva de son lit sans faire le moindre bruit, histoire de ne pas réveiller ses colocataires qu’elle traînait depuis la première année. Oh, elle les aimait beaucoup, là n’était pas la question. Mais elle ne voulait pas avoir à justifier son envie de se lever si tôt en week-end, alors qu’elle avait la possibilité de pouvoir rester un peu plus longtemps au lit. Assez hasardeusement, elle prit un pantalon noir, un t-shirt blanc et un pull blanc, laissa ses cheveux libres et chercha à tâtons sa baguette magique. Celle-ci se retrouva dans les bottes qu’elle venait tout juste de mettre, tandis qu’elle était déjà partie à prendre son étui à violon et qu’elle quittait silencieusement le dortoir. Elle avait envie de s’entraîner un peu à jouer. Elle avait l’impression d’avoir perdu la main depuis quelques temps.. Elle ne croisa personne dans les couloirs, tandis qu’elle filait en sifflotant vers le terrain de Quidditch. Elle aimait la place qu’il y avait là-bas, et l’assurance qu’en dehors des matchs et des entraînements, elle serait seule. Ce n’était pas qu’elle n’aimait pas jouer devant les autres.. Mais le violon était sa façon à elle d’arrêter le temps, de faire cesser le moindre souci. Et elle n’avait pas envie que quelqu’un pénètre dans cet espace intime qu’elle pouvait créer avec sa musique. Du moins, pas ce matin. Elle posa avec milles précautions l’étui sur l’herbe, l’ouvrit avec la plus pure des délicatesses et en sortie un magnifique violon parfaitement entretenu qu’elle avait depuis ses 10 ans, ainsi qu’un archer fin. Portant l’instrument à son menton, qu’elle cala tranquillement sur la mentonnière, elle entreprit de ré-accorder le petit violon. Vieille habitude qu’elle avait. Et lorsque ce fut fait, elle commença simplement à jouer. Ses doigts courraient sur les cordes, son autre main guidant l’archer pour sortir toutes les notes qu’elle pouvait avoir dans la tête. Elle n’avait jamais trouvé que le violon puisse être un instrument difficile à manipuler. Elle aimait ça, elle l’avait dans le sang. En sept ans de pratique, elle maîtrisait son instrument presque parfaitement, même si quelques fausses notes venaient parfois se glisser dans ses accords.. Elle ferma les yeux, se laissant emporter par la musicalité particulière de son art, oubliant tout du lieu dans lequel elle se trouvait. Il n’y avait plus qu’elle. Il n’y avait plus que la musique. Plus que l’expression de sa personnalité à travers ses mains.

Mais un bruit de sabots martelant le sol la tira de ses rêveries. Une fausse note fini de lui faire offrir les yeux. Et elle distingua clairement la silhouette de son professeur de divination. Firenze, un centaure qui avait été banni du troupeau de centaure de la Forêt Interdite, semblait-il. Un professeur compétant. Bien plus qu’avait pu l’être celle qui s’occupait des autres années, à son sens. Enfin.. Ne pensant pas une seule seconde qu’il venait à sa rencontre, Gemini referma les yeux, recommençant à jouer encore.. Ce ne fut que lorsqu’il arriva à sa hauteur que la Serdaigle fit une nouvelle fausse note, perturbée. Mise à part jouer devant ses camarades de dortoir, cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas eu un public adulte et averti. Un centaure, qui plus est. Elle rouvrit les yeux, son visage commençant à prendre une teinte à demi cramoisie et, elle balbutia quelques mots ;

« Bon.. Bonjour Professeur.. Je vous.. Enfin, il est interdit de faire de la musique ici ? Si c’est le cas, je.. Je m’en excuse, je l’ignorais.. »

Idiote. Elle commença à marcher à pas pressée vers l’étui ouvert pour remettre l’instrument à sa place. Elle ne voulait pas s’attirer d’ennuis et encore moins en attirer à sa maison. Ainsi, elle ne voulait pas faire le moindre faux pas. Ce n’était pas dans ses habitudes.. Elle, la petite élève sage de Serdaigle..

« J’espère ne pas vous avoir dérangé, Professeur. Et encore une fois, veuillez me pardonner. Je retourne immédiatement dans ma tour. »