All or nothing ✗ Spencer

Arthur n’avait pas cherché à obtenir de nouvelles durant les deux semaines qui s’étaient écoulés depuis leur dernière soirée ensemble. Comme la dernière fois il avait tout fait pour l’oublier et pour essayer de le faire sortir de son esprit. Il n’y arrivait toujours pas complètement mais il avait l’impression de faire des progrès. Il ressentait toujours cette envie de cogner quelqu’un quand il repensait au jeune sorcier et il sentait toujours ses dents se serrer malgré lui, mais il y repensait de moins en moins et c’était ça le plus important. Malgré la colère qu’il ressentait dès que Spencer revenait dans son esprit, il ne pouvait pas s’empêcher d’être un peu curieux, il ne pouvait pas s’empêcher de se demander s’il ne ferait pas mieux de retourner le voir, histoire de recommencer leur soirée de la dernière fois. Ils auraient peut-être pu retrouver un arrangement, ça avait à moitié fonctionné la dernière fois après tout, non ? Mais à chaque fois que l’idée lui traversait l’esprit il la chassait immédiatement, il n’était pas prêt d’oublier la façon dont leur dernière entrevue s’était terminée. Il avait marché pendant une heure dans Londres et sa colère avait fini par revenir, il n’en revenait toujours pas que Spencer se soit autant comporté comme un con. Ils avaient tous les deux fait des sacrifices pour réussir à réussir à passer du temps ensemble sans chercher à s’étrangler, et lui il foutait tout en l’air sur un coup de tête. Arthur avait réussi à faire taire sa fierté le temps qu’il était avec Spencer, parce qu’il avait trop eu besoin de lui, mais quand il avait commencé à remettre les pieds sur Terre, il s’était juste senti totalement con. Con parce qu’il avait fait un effort, con parce qu’il était allé jusqu’à s’excuser pour pouvoir passer du temps avec Spencer et que celui-ci n’avait pas pu faire l’effort d’accepter ses putain d’excuses. Il s’en voulait d’avoir cédé et d’avoir montré un signe de faiblesse devant Spencer, il s’était juré de ne plus jamais le faire, et ce soir là il avait craqué. Pire, il avait craqué et Spencer lui avait clairement prouvé qu’il n’en avait rien à foutre de lui et qu’il pouvait bien dégager s’il le souhaitait. Il avait été trop con de penser que cette espèce de fascination morbide avait été réciproque et que peut-être, après quasiment deux mois l’un sans l’autre, il n’avait pas été le seul à avoir besoin de lui. Il s’était trompé, et dans les grandes largeurs.

C’était pour ça que chaque fois qu’il repensait à Spencer, il était submergé par un sentiment de honte qui se transformait très vite en colère envers le principal intéressé. Tout ça c’était de sa faute, Arthur ne savait pas encore exactement ce que Spencer lui avait fait pour qu’il en arrive là, mais il était bien décidé à ne jamais lui pardonner. Ce fut pourquoi il tiqua en entendant son collègue, Anthony, s’adresser un jour à lui. Anthony était l’abruti qui l’avait collé avec Spencer pendant leur petit rendez-vous arrangé, il avait demandé à Arthur comment la soirée s’était passée et Arthur s’était contenté de lui dire que ça s’était bien déroulé mais qu’ils ne se reverraient pas. Il pensait qu’Anthony avait compris le message et ne viendrait plus lui en parler, et pendant deux semaines ça avait très bien marché, jusqu’à ce jour-là. « Tu comptes vraiment pas le rappeler le type de la dernière fois ? » Arthur lui lança un regard sceptique tout en continuant à essuyer son verre. Il baissa les yeux, se mordant la lèvre pour éviter de recommencer à grincer des dents. « J’te l’ai déjà dit. Non. » Son collègue laissa échapper une petite exclamation peu convaincue et Arthur leva les yeux au ciel, bien décidé à ne pas lui demander pourquoi ça l’intéressait subitement. Il n’en avait rien à foutre, plus vite Spencer ne serait plus sur le tapis, et mieux il se porterait. Mais apparemment, son super collègue avait décidé de ne pas lâcher le morceau tant qu’il n’aurait pas eu tous les détails croustillants, ou peut-être qu’il avait remarqué que ça faisait chier Arthur d’en parler et qu’il essayait de se venger. Arthur préférait la deuxième hypothèse, ça lui donnait une nouvelle cible pour son agacement. « C’est bizarre. Tu sais mon pote, celui qui connaissait ton type, apparemment il entend encore parler de toi. » Arthur s’arrêta brutalement dans son geste. Quoi ? Il devait avoir mal entendu, d’où est-ce que Spencer venait parler à l’autre abruti de lui ? « Alors déjà… » Il laissa échapper un soupir et pinça ses lèvres, se calmant pendant quelques secondes pour être sûr de ne pas lui hurler dessus. « c’est pas mon type. Et ensuite, comment ça t’entends parler de moi ? » Cette enflure de Spencer aurait été foutu de balancer des horreurs sur lui, et le pire, c’était qu’il n’aurait même pas eu à inventer, il connaissait assez de ses secrets pour pouvoir le faire chier sans avoir à mentir.

« Apparemment il se renseigne sur toi, savoir si tu bosses toujours ici et des trucs comme ça. » Des trucs comme ça ? Arthur ne préférait même pas savoir, il avait peur de savoir ce que Spencer avait cherché à savoir sur lui, et en même temps il le savait déjà sans avoir besoin de demander. Il passa lentement sa langue sur ses lèvres, cherchant à se calmer du mieux qu’il pouvait. Quel connard. Il vérifia l’heure sur sa montre, Spencer était encore au boulot à cette heure là, mais il ne pouvait pas attendre, il avait trop de comptes à régler avec cet enfoiré, ça ne pouvait plus attendre. Il se dirigea vers la sortie du bar à pas rapides, ignorant les questions de son collègue. « Ta gueule. » Lui lança-t-il dans l’espoir que ça clôturerait la discussion avant de sortir et de chercher la même ruelle que la dernière fois pour transplaner. Il savait qu’il aurait du attendre la fin de son service, mais ça avait été plus fort que lui. Il transplana devant chez Spencer et prit un malin plaisir à crocheter la serrure. Il aurait pu transplaner à l’intérieur directement, mais avec un peu de chance là il obligeait Spencer à changer de serrure. Il alla chercher une bouteille de vodka qui trainait dans la cuisine et retourna s’affaler sur le canapé, buvant et fumant en attendant l’arrivée de ce cher Spencer. Il entamait son deuxième paquet de cigarette quand celui-ci daigna enfin pointer le bout de son nez, il ne savait pas depuis combien de temps il était ici, mais vu qu’il enchainait les clopes depuis son arrivée, ça devait faire un peu plus d’une heure. Il se leva du canapé, un sourire mauvais au coin des lèvres. « Je sais pas pour qui tu te prends mais t’es clairement pas James Bond. Si tu essayes d’obtenir des informations sur moi tu pourrais le faire plus discrètement, histoire que ça ne remonte pas jusqu’à moi. » Lâcha-t-il d’un ton faussement amusé avant de prendre une nouvelle gorgée de vodka. Spencer lui avait trop tapé sur les nerfs ces derniers temps, il gardait en lui cette rage depuis plus de deux mois désormais et peut-être que s’il la laissait sortir il se sentirait mieux, qui sait ?

Il leva les yeux au ciel et laissa échapper un rire sans joie. « Enfin moi si je dis ça c’est pour toi, hein, histoire que je vienne pas te déranger chez toi après une dure journée de boulot. » Il secoua la tête et passa sa langue sur ses lèvres avant de prendre une nouvelle gorgée. Les gorgées non plus il ne les avait pas comptées mais il avait assez bu pour ne plus qu’avoir à moitié conscience de ce qu’il faisait et disait. Il finit par se lever du canapé et par se rapprocher de quelques pas de Spencer, son expression reprenant soudainement tout son sérieux. « Y a une autre solution plus simple sinon, arrête tout court. T’as pas compris le message la dernière fois ? Je pensais pourtant avoir été clair, si je ne veux pas te voir ça veut aussi dire que je ne veux pas que tu essayes de m’espionner. » Il lança un regard glacial à Spencer avant de se reculer à nouveau. Quand il mentionnait la dernière fois, il occultait leur soirée d'il y a deux semaines, il ne la comptait pas, il n'était pas censé la ramener sur le tapis, c'était la règle du jeu. Il reprit en tout cas un ton faussement amusé pour ajouter : « Mais t’as raison, ça doit être de ma faute, j’ai probablement pas été assez clair quand je me suis cassé. » Lâcha-t-il sarcastiquement avant d’aller s’asseoir sur le dossier du canapé.

Cela faisait bien longtemps qu’Arthur n’avait pas été aussi énervé. Il avait été tellement amorphe ces derniers mois, après sa dernière dispute avec Spencer, il avait tellement voulu tout refouler et il avait gardé toute cette rancœur tellement enfouie en lui qu’une simple étincelle avait tout rallumé. Il savait que ça allait mal finir, oh ça oui il savait qu’il avait eu tort de venir ici, il connaissait assez Spencer pour savoir que ça allait encore finir en tentative de meurtre, mais sur le coup il n’avait pas été capable de réfléchir, il avait des comptes à régler avec quelqu’un, il allait le voir. Point. L’heure qu’il avait du attendre dans l’appartement de Spencer ne l’avait pas spécialement calmé, au contraire même, de la frustration s’était ajoutée à sa colère en devant attendre Spencer pour pouvoir se calmer les nerfs, sans compter que les cigarettes et l’alcool n’aidaient pas du tout. Arthur n’avait de toute façon jamais été bien patient, et plus Spencer le faisait involontairement attendre, plus il s’énervait. Quand le jeune sorcier se pointa enfin, la première chose qui choqua Arthur fut son attitude. Il n’en avait strictement rien à foutre là ou bien c’était juste une impression ? Arthur ne s’était pas attendu à des hurlements ou à quoique ce soit d’extrême, mais un minimum de réaction aurait été appréciable, il ne voulait pas être le seul à s’énerver, il voulait que Spencer réagisse, et non pas qu’il lance tranquillement ses clés et fasse comme s’il n’était même pas là. C’était à croire que quelle que soit la réaction que Spencer avait, il s’agissait toujours de la mauvaise, Spencer était vraiment chiant comme ça.

Arthur passa lentement sa langue sur ses dents, se retenant de se lever pour aller en coller une à Spencer. Comment allait-il ? Il se foutait de sa gueule là, c’était bien ça, non ? « Ah, tu ne le sais pas déjà ? » Répliqua-t-il d’un ton faussement interrogateur avant de boire une nouvelle gorgée de vodka. L’alcool n’avait plus aucun effet sur lui, heureusement que son corps y était habitué, sinon il n’aurait probablement plus été en état de tenir debout après tout ce qu’il avait ingurgité ce soir. Il se força à rester assis sur le dossier encore un peu, regardant Spencer s’affairer dans son appartement et se retenant d’aller lui coller son poing dans la gueule. Il le cherchait là, non ? C’était la seule solution qu’Arthur était capable d’envisager vu son état d’énervement. Spencer n’était pas en train d’essayer de calmer le jeu là, non, il faisait exactement l’inverse et ça marchait à merveille. Oh putain, il allait le tuer. Il se releva rapidement, attrapa le paquet de chips et le lança directement à la gueule de Spencer. Bon, comme riposte on avait déjà vu mieux, un paquet de chips n’allait probablement pas tuer le jeune sorcier, même si Arthur avait mis toute sa force dans le lancer, mais il n’avait pas été en état de trouver mieux pour l’instant. Il préférait passer sa colère sur un paquet de chips plutôt que de venir tout de suite se mesurer à Spencer. Il savait qu’à ce jeu il perdait à tous les coups, surtout que là en plus il était bourré, alors bonjour les réflexes. « Tu sais où tu peux t’les foutre tes putains de chips !? » Une des choses à savoir sur Arthur c’était qu’il avait tendance à être encore plus vulgaire quand il était bourré. Ou énervé. Alors les deux, vous imaginez.

Il laissa échapper un rire sans joie, la bouche grande ouverte et la tête rejetée en arrière. Alors celle-là c’était la meilleure, c’est vrai quoi, il y avait tellement peu de pubs à Londres, Spencer se devait de vérifier s’il pouvait encore refoutre les pieds dans celui où avait un jour travaillé Arthur. Le jeune sorcier savait pertinemment qu’il y avait trois autres pubs rien que dans les deux pâtés de maisons près de l’endroit où il bossait, alors il ne fallait pas non plus le prendre pour un con. Sans compter que si c’était vraiment tout ce qu’avait demandé Spencer, Anthony ne lui en aurait pas parlé, non, il avait bien dit que le type en question n’arrêtait pas de poser des questions sur lui, il ne devait pas lui demander tous les jours si Arthur bossait encore là-bas. En plus de ça, il n’était pas assez naïf pour ne pas comprendre ce que Spencer voulait vraiment savoir. Si Arthur avait été énervé avant, ce n’était rien comparé à son état après que Spencer ait continué. Il essayait définitivement de le chercher là. Arthur serra tellement les dents qu’elles commencèrent à lui faire mal, ses yeux étaient tellement exorbités en fixant Spencer qu’il sentait les larmes monter malgré lui. Il se força à se calmer, à respirer tranquillement pendant quelques secondes, avant de se rendre compte que ça ne servirait à rien. Ce n’était pas un problème qu’il pourrait résoudre calmement, ça faisait trop longtemps qu’il était énervé contre Spencer, il fallait que ça sorte. « Une raison valable. » Répéta-t-il les dents tellement serrées qu’il l’avait sifflé plutôt qu’il ne l’avait dit. Il finit par se jeter quasiment sur Spencer pour lui en coller une. Ça faisait tellement longtemps qu’il y pensait, il s’était attendu à ce que ça lui fasse plus de bien que ça. Au final il avait juste mal à la main et il était surtout toujours autant en colère. Il aurait aimé continuer à se défouler sur Spencer mais il savait qu’il n’avait aucune chance quoiqu’il tente, alors il finit par attraper une lampe qui trainait sur une petite table à côté du canapé et par la lancer. La lampe alla se fracasser contre le mur le plus proche de l’appartement et les morceaux retombèrent par terre en désordre. « Tu crois que ça me fait plaisir d’être ici ? Quoique c’est vrai après tout, si je suis pas venu ici depuis des mois c’était parce que j’attendais une excuse valable pour venir te voir. Je peux tellement pas me passer de ta charmante compagnie... Heureusement que t’es là pour m’expliquer comment je fonctionne hein. Un autre conseil, psychologue comme choix de carrière, tu peux oublier aussi. » Il secoua la main avec laquelle il avait frappé Spencer avant d’attraper une cigarette du paquet qu’il avait laissé sur la table. Il l’alluma, sa main tremblait sous l’effet de la rage et il mit quelques secondes avant de pouvoir finalement tirer sur sa cigarette et remettre son briquet dans sa poche.

« Arrête de me prendre pour un con putain Spencer. » Lâcha-t-il avant de se rapprocher à nouveau de Spencer, tellement que quand il releva les yeux, son visage ne se trouvait plus qu’à quelques centimètres de celui du jeune sorcier. Un sourire mauvais vint s’installer sur ses lèvres alors qu’il commençait à remonter ses manches. « Tu crois que je sais pas ce que tu voulais savoir, hein ? » Il se recula juste assez pour pouvoir montrer ses avant-bras à Spencer, ils étaient recouverts de traces de piqûre, il était revenu à l’époque où il devait passer cinq minutes avant de réussir à trouver une veine qui soit encore utilisable. Ce constat le fit sourire encore un peu plus. Il ne prit en tout cas pas la peine de commenter son état avant de baisser à nouveau les bras. Ce n’était pas la peine de lui prouver qu’il fumait et buvait encore, Spencer avait déjà du le remarquer vu la fumée dans le salon et la bouteille de vodka qu’il avait encore à la main. « Voilà tu te sens mieux ? Promis si jamais on me retrouve mort dans un caniveau quelqu’un viendra te prévenir, ok ? Alors maintenant, si tu pouvais m’oublier, ce serait parfait. Quoi ? C’est si dur que ça de vivre sans moi ? » Finit-il par ajouter, un sourire amusé aux lèvres avant de s’écarter finalement de Spencer et de prendre une longue gorgée de vodka. Il ne savait plus s’il était venu pour énerver Spencer ou pour essayer de lui faire comprendre qu’il voulait qu’il lui foute la paix, il n’était même pas sûr de l’avoir su un jour. Ce dont il était sûr en tout cas, c'était de ne pas supporter de voir l'indifférence de Spencer.

Arthur ne savait pas si c’était l’alcool qui parlait ou non, mais il n’était pas sûr de savoir exactement ce qu’il cherchait le plus à faire. Faire réagir Spencer lui paraissait être une priorité, quitte à lui donner des informations qu’il s’était justement battu pour garder pour lui. En fait, le fait que Spencer sache des choses sur lui, ça ne lui posait pas plus de problèmes que ça, c’était la façon dont il avait cherché à obtenir ces informations, et surtout le fait qu’il ne puisse pas simplement lui foutre la paix. Merde, c’était si compliqué que ça pour lui de comprendre le message ? Parce qu’Arthur ne pensait honnêtement pas pouvoir lui faire mieux comprendre ce qu’il attendait de lui. Rien. Il voulait juste le voir disparaître de sa vie, et il devait bien avouer que c’était moins facile quand son collègue venait lui parler de Spencer juste pour l’emmerder. De toute façon, c’était aussi une question de principes, le jeune homme n’avait pas à venir l’espionner comme ça, surtout pas après tout ce qui s’était passé entre eux, il n’avait pas à s’inquiéter pour lui, ou même à se demander ce qu’il devenait. Ce n’était pas pour ça qu’Arthur s’était cassé. Enfin il pouvait sentir rien qu’au changement d’expression sur le visage de Spencer que là, il avait enfin visé juste. Il esquissa un sourire malicieux et s’empêcha de rire, pour le coup le jeune sorcier n’allait plus lui faire le coup de l’indifférence, et c’était déjà un progrès en soi. Arthur savait que d’ici quelques minutes il allait probablement regretter l’époque où Spencer s’en foutait, mais pour le moment il savourait juste sa victoire.

« Non mais putain j’hallu… » Commença-t-il avant d’être interrompu par le poing de Spencer. Il recula sous la violence du coup – même s’il avait bien senti que le sorcier s’était un peu retenu – et se raccrocha au canapé pour ne pas aller s’écrouler dessus. Il était bourré, c’était déjà assez dur pour lui de rester debout sans que Spencer ne vienne lui bousiller son équilibre en prime. Arthur ne put s’empêcher de commencer à rire, un grand sourire aux lèvres, avant de passer sa main sur sa lèvre. Il saignait un peu, bordel, même quand Spencer y allait doucement il était capable de lui ouvrir la lèvre. Il passa rapidement sa langue sur sa plaie et il était d'ailleurs toujours en train de sourire quand Spencer lui attrapa le poignet et le tira vers lui. Putain, mais il était vraiment pathétique et Arthur n’avait pourtant jamais trouvé sa colère aussi amusante. C’était encore probablement l’alcool qui parlait pour lui, ou bien peut-être que ça lui avait manqué de pouvoir foutre Spencer en rogne avec seulement des mots. Ou presque. Il n’essaya même pas de libérer son poignet, il savait que c’était inutile, en plus de ça, maintenant que Spencer s’était énervé, il se sentait déjà un peu mieux. C’était comme s’il avait réussi à passer un bout de sa colère au jeune sorcier. Enfin, après avoir écouté Spencer essayer de se défendre, l’agacement revenait au trot. Il était vraiment con ou bien il le faisait exprès ? Arthur avait envie de pencher pour la deuxième option, parce que quand il s’agissait de le faire chier, il savait très bien y faire. Arthur leva les yeux au ciel, son sourire se dissipant peu à peu, avant de masser doucement l’endroit de son poignet où Spencer l’avait attrapé. Il allait falloir qu’il apprenne à contrôler sa force, sinon ça allait encore se finir à l’hôpital.

Parce que quoi ? Hein, c’était si difficile que ça à sortir ? Arthur n’était pas con, il savait très bien pourquoi Spencer avait voulu savoir ça. Il y avait une époque où il s’était plus ou moins promis de l’aider à se sortir de toute cette merde, même si Arthur s’efforçait de ne plus y repenser vu l’échec lamentable que ça avait été, il était forcé de se souvenir que Spencer avait un jour essayé de l’aider, et il savait qu’il devait encore s’inquiéter malgré lui pour lui. Sinon pour quelle autre raison en aurait-il quelque chose à foutre qu’Arthur continue à se droguer ou non, hein ? Il se rapprocha de Spencer à pas rapides et lui arracha la cigarette des mains avant de l’écraser dans la sienne et de la jeter un peu plus loin par terre. « Je me soucie de ce que tu as envie de savoir depuis que je me suis cassé d’ici sale con. » Lâcha-t-il en faisant exprès d’épeler clairement chaque mot, comme s’il avait peur que Spencer soit trop demeuré pour bien comprendre ce qu’il était en train de lui dire. Ça lui paraissait tellement évident à lui qu’il ne réussissait pas à comprendre que Spencer fasse semblant de ne pas tilter. Il recommença à rire doucement, son sourire revenant peu à peu sur ses lèvres. « Ok, désolé, c’est de ma faute, j’ai définitivement pas du être assez clair la dernière fois. » Il passa sa langue sur ses lèvres et joignit ses mains les posant doucement contre le torse de Spener, les yeux baissés et les sourcils haussés. Par où commencer pour réussir à faire comprendre à cet abruti exactement ce qui le dérangeait ? Ça allait être dur, il donnait l’impression de ne vraiment pas avoir envie de comprendre. « Tu te souviens la dernière fois que j’étais là ? Tu sais quand tu t’étais tapé ma copine et que je t’avais rendu mes clés ? » Oui, il se sentait obligé de bien le resituer, au cas où il ait aussi des problèmes de mémoire. Sait-on jamais. « Ce que j’ai voulu essayer de te faire comprendre, c’était que je ne voulais plus te voir. Jamais. Tu saisis ? Que je voulais plus que tu fasses partie de ma vie, ou je ne sais quoi, et par conséquent, que je ne fasse plus non plus partie de la tienne. Alors tu vois, bizarrement, c’est plus dur pour moi quand mon collègue me fait part de tes petites… Investigations. » Il s’écarta légèrement de Spencer, mais seulement pour aller récupérer la bouteille sur la table et en boire une nouvelle gorgée. A chaque fois qu’il portait la bouteille à ses lèvres, il pouvait sentir ses capacités cognitives diminuer un peu plus, bientôt il serait carrément incapable de parler. Par contre prendre Spencer pour un con, ça semblait tellement naturel pour lui qu’il y arrivait très bien, même dans son état. Chacun ses priorités après tout.

Il se rapprocha à nouveau de Spencer, un air à nouveau sérieux au visage. Pour le coup il ne souriait plus, non, puisque Spencer ne semblait pas vouloir admettre qu’il avait eu tort et comprendre ce qui gênait Arthur, il allait falloir qu’il aille encore plus loin. La bonne nouvelle, c’était qu’il connaissait les points faibles de Spencer, il en découvrait et en créait lui-même dès qu’ils se voyaient, et là en l’occurrence, le fait que le sorcier ait cherché à obtenir des informations sur lui lui donnait encore l’avantage psychologique. Ce fut d'un sérieux beaucoup plus sérieux et sec qu'il finit en tout cas par reprendre. « Je ne veux plus jamais entendre parler de toi, c’est si compliqué que ça à comprendre ? Je ne sais pas pour toi mais moi je n’ai pas besoin de toi, ok ? Tout ce que je veux, c’est continuer à vivre ma vie bien tranquillement sans ne plus jamais avoir à entendre quelqu’un prononcer ton nom. La simple idée que nos existences soient liées me donne envie de vomir. » Siffla-t-il entre ses dents, il s’était encore tellement rapproché de Spencer qu’il pouvait sentir son souffle sur son visage. Il aurait probablement du se reculer pour éviter de se faire massacrer, mais au lieu de ça, il ne put s’empêcher d’en rajouter encore un peu. « Alors cette fois-ci c’est bon t’as compris, ou bien est-ce qu’il faut que je développe encore un peu plus ? » Souffla-t-il en soutenant le regard de Spencer, un sourire provocateur au coin des lèvres. Oui, il devait avoir véritablement trop bu, parce que ça allait finir en bain de sang et qu'il s'en fichait royalement pour l'instant.

Arthur ne put pas s’empêcher d’être un peu satisfait en voyant la réaction de Spencer. Pour être honnête, il s’était attendu à pire, il s’était déjà fait massacrer pour largement moins que ça, et quelque part ça lui faisait mal de voir qu’il n’avait plus autant d’emprise sur le jeune sorcier. C’était totalement con, c’était lui qui s’était barré, pire, c’était pour s’assurer que Spencer allait lui aussi l’oublier qu’il était venu ici, mais quand même, il ne pouvait pas s’empêcher de ressentir comme un léger pincement au cœur en voyant que le jeune sorcier ne faisait que se raidir. Arthur pouvait sentir qu’il avait touché un point sensible et qu’il avait réussi à l’agacer un minimum, mais il avait voulu le faire complètement sortir de ses gonds. Il était énervant à ne jamais s’emporter quand on le lui demandait, il était capable de rester calme mais seulement quand Arthur cherchait absolument à le faire s’énerver ? Alors que quand Arthur faisait des efforts pour calmer le jeu, là non bien sûr, il ne pouvait pas simplement penser à autre chose et lâcher l’affaire. Il devait vraiment avoir un don pour le faire chier, c’était pas possible autrement, il était trop doué dans ce domaine pour qu’on puisse encore considérer ça comme de simples coïncidences.

Il leva les yeux au ciel et laissa échapper un rire sans joie en voyant que Spencer faisait apparemment exprès de ne pas comprendre ce qu’il était en train de lui expliquer. Enfin, merde ! C’était si compliqué que ça à comprendre comme concept ? Le fait qu’il ait voulu totalement l’effacer de sa vie et qu’il voulait que Spencer fasse la même chose ? C’était si étrange que ça comme réaction de ne pas supporter que le jeune sorcier pense encore à lui, ou pire s’inquiète pour lui ? Il ne trouvait pourtant pas sa réaction disproportionnée, pas après tout ce qui s’était passé entre eux. « Pour la dixième fois c’est pas ce que tu as demandé qui me gêne, merde, fais un effort ! Et je te signale que si justement ! C’est parce que j’ai décidé de t’exclure de ma vie que je ne veux plus entendre parler de toi. Tu sais quoi, tu peux continuer à m’espionner si ça te chante, je m’en fous, c’est pas mon problème si t’es pathétique, mais fais-le plus discrètement ok ? Je supporte plus d’entendre ton nom, ça me rappelle que tu existes. » Finit-il par lâcher en prenant une moue dégoûtée et en fronçant les sourcils. Arthur prit une nouvelle gorgé de vodka avant de la reposer de lui-même sur la table basse, il commençait à ne plus se sentir particulièrement bien là et il allait falloir qu’il fasse un effort pour arrêter de boire s’il ne voulait pas se retrouver par terre dans les toilettes de Spencer à vomir ses tripes pendant toute la nuit. Il pouvait bien vomir toute la nuit, mais pas chez Spencer.

Il se mordilla la lèvre en entendant la réflexion suivante de Spencer. Il n’aimait pas quand le jeune homme voyait juste. Enfin, il savait que Spencer essayait juste de se justifier, mais il n’avait pas entièrement tort, il savait à quel point ses sentiments envers Spencer pouvaient être contradictoires, et s’il était venu jusqu’ici, ce n’était pas seulement pour venir l’engueuler. Il avait des comptes à régler, c’était sûr, mais il aurait pu simplement ignorer le comportement du jeune sorcier, passer outre, reprendre sa vie bien tranquillement puisque c’était ce qu’il disait vouloir tant. Il savait pourquoi il n’avait pas pu s’empêcher de repasser, et il n’aimait vraiment pas la réponse que son esprit lui donnait. « Quand j’ai un problème avec quelqu’un, je préfère le régler en face. » Répondit-il froidement comme s’il espérait que ça pourrait justifier son comportement aux yeux de Spencer. Mais merde à la fin, il était venu pour engueuler son beau-frère, pas pour prendre une leçon lui-même, c’était Spencer qui avait eu tort d’agir comme ça, merde, il ne fallait pas qu’il perde ça de vue. Au final, Arthur eut à peine le temps de voir le petit sourire triste sur les lèvres de Spencer avant celui-ci ne s’empare des siennes. Il mit quelques secondes avant de pouvoir réagir, et quand ce fut le cas il répondit d’abord au baiser, simple réflexe. Il était bourré, il aurait pu avoir un travesti de 65 ans sous les yeux qu’il aurait été capable de l’embrasser. Après quelques secondes il réalisa enfin à qui il avait affaire et commença à se débattre. Il n’arrivait pas à supporter le contact des lèvres de Spencer sur les siennes, c’était trop pour lui, et finalement Spencer se recula. Il passa le revers de sa main sur ses lèvres, comme s’il essayait d’en effacer le goût. Se raccrochant au canapé, il releva les yeux vers Spencer, lui lançant un regard qui n’exprimait plus que de la haine pure. Il s’en voulait de ne pas ressentir que du dégoût à l’instant justement, il savait qu’il n’aurait du ressentir que ça, mais c’était plus fort que lui, il ne pouvait pas s’empêcher de ressentir aussi du désir envers Spencer. Il le détestait encore un peu plus pour ça, c’était de sa faute, tout était de sa faute. Et il lui en voulait de ne pas le dégoûter autant qu’il l’aurait souhaité. Il se retourna et attrapa la bouteille de vodka. Il allait faire passer le goût que Spencer avait laissé chez lui, quoiqu’il en coûte. Il descendit un bon dixième de la bouteille avant de se retourner et de la lancer violemment sur Spencer. Un coup de chance, après le dernier passage d’Arthur elle était déjà quasiment vide.

Il se recula encore d’un ou deux pas, trébuchant au passage sur la table basse, histoire de garder une distance de sécurité par rapport à Spencer. Il ne savait pas s’il mettait de la distance entre eux parce qu’il avait peur de ce que le jeune homme allait faire ensuite ou s’il cherchait à se retenir de lui sauter dessus lui-même. Il se rattrapa en tout cas au canapé, les dernières gorgées de vodka avaient été fatales et s’il ne se ramassa pas par terre en continuant à reculer, ça tenait franchement du miracle, il pouvait même sentir ses jambes commencer à trembler sous son poids. « Mais merde Spencer à quoi tu joues là !? » Il ne savait même pas comment il réussissait encore à parler, il était tellement énervé, tellement en état de choc mais aussi tellement bourré qu’il avait envie de hurler, de s’évanouir et d’aller dormir en même temps, apparemment il avait choisi le plus simple pour l’instant : hurler. « Ça t’amuse, c’est ça ? Putain mais c’est si compliqué que ça de me foutre la paix ? » Ses jambes commençaient à flageoler sérieusement mais il ne voulait pas aller s’asseoir dans le canapé, non, il était trop près de Spencer et Arthur tenait à s’éloigner le plus possible de lui. Il finit par aller se laisser tomber contre l’un des murs de l’appartement. Cette situation lui en rappelait une autre et la comparaison était loin de lui plaire. Combien de fois allait-il falloir qu’ils en arrivent là pour qu’ils finissent tous les deux par abandonner ? Il passa sa langue sur ses lèvres et essaya tant bien que mal de contrôler sa voix. Les dents encore légèrement serrés et la mâchoire crispées, il releva les yeux vers Spencer. « La seule raison pour laquelle je suis venu c’est pour te demander de m’oublier. Je voulais juste faire en sorte de t’effacer complètement de ma vie. Après tout ce que t’as fait, tu peux pas simplement… Je sais pas moi, respecter ma décision ? Tu crois pas que me le dois un peu quand même ? Alors quoi, ça te tuerait d'arrêter de me pourrir la vie ? » Il ressentit un léger pincement au cœur en sachant que vivre sans Spencer s’était aussi avéré plus dur pour lui qu’il ne l’aurait pensé. Il laissa échapper un léger soupir avant de se frotter vigoureusement le visage. Il essaya de se relever mais ses jambes refusaient encore de le porter. Super. Il allait juste rester là encore un tout petit peu et après il s’en irait. Quand il reprit la parole, ce fut d’un ton plus calme qu’auparavant. « Pourquoi est-ce que tu t’accroches autant ? Ça vaut tant le coup que ça ? Enfin merde Spencer on peut même pas supporter d’être dans la même pièce plus de cinq minutes ! Tu pourrais pas simplement rendre service à tout le monde et m’oublier ? » Il savait en tout cas que ça simplifierait la vie de tout le monde. Enfin, puisque Spencer ne répondrait de toute évidence pas aux cris et aux menaces, il allait devoir essayer de s’y prendre autrement. Mais voilà, maintenant qu’il était en train de demander gentiment à Spencer de bien vouloir l’oublier, il n’était plus aussi sûr que ça de le vouloir. Putain, il n’aurait jamais du venir ici, il le savait.

Arthur détestait ne plus être autant en colère contre Spencer qu’il l’avait été en arrivant. Mais merde, il avait été sûr d’avoir raison, il avait été sûr de gagner pour une fois, il avait fait tous les efforts nécessaires, il avait arrêté de penser à Spencer, il n’avait pas craqué pendant quasiment un mois, et il avait débarqué chez lui en sachant qu’il avait une raison valable de s’énerver, en sachant que pour une fois, il y avait une chance qu’il ressorte vainqueur de l’une de leurs disputes. Maintenant, il ne savait plus rien, il avait quasiment oublié pourquoi il était venu, et il était tellement fatigué… Il détestait se retrouver dans cet état d’apathie totale à chaque fois qu’il se trouvait en présence de Spencer, il préférait encore l’époque où il était capable de s’énerver contre lui des heures durant sans jamais faiblir, l’époque où il avait encore un minimum de contrôle sur ce qu’il ressentait et sur ce qui se passait entre eux, l’époque où il était un peu plus qu’une épave qui ne réussissait même plus à tenir debout et à se battre contre l’ordure qui lui pourrissait la vie. Oui, cette époque lui manquait terriblement et il se sentait tellement impuissant de ne même plus réussir à se battre pour y revenir, il avait juste envie d’abandonner, et peut-être que c’était seulement l’alcool qui parlait ce soir, mais il savait au fond de lui que c’était plus que ça. Ce n’était pas la première fois qu’il ressentait ça, et il ne pouvait pas le supporter.

Le jeune homme laissa échapper un grognement de mécontentement en entendant Spencer répliquer. Il était obligé d’appuyer là où ça faisait mal, hein ? Il se frappa doucement l’arrière du crâne contre le mur et ferma ses yeux, juste quelques secondes. Ça ne pouvait lui faire que du bien de perdre le contact avec la réalité, juste quelques secondes. Il n’avait pas envie de repenser à ce que Spencer venait de dire, à la façon dont il s’était autant énervé à la simple mention de son nom. Il savait que ce n’était pas tout ce qu’il y avait, mais il n’avait même plus la force de se rappeler des raisons qui faisait qu’il en voulait encore au jeune homme. C’était à quel point il était fatigué. Il protesta quand Spencer lui attrapa le coude et rouvrit les yeux dans un simple réflexe pour mieux pouvoir se défendre. Il se débattit quand Spencer le porta et l’entraina vers son ancienne chambre, mais il arrêta bien vite de gaspiller le peu d’énergie qu’il lui restait. Il connaissait assez bien Spencer pour savoir que s’il voulait lui faire faire quelque chose, il y arriverait, surtout vu l’état dans lequel il était. Sa tête commençait à sérieusement tourner et ça ne l’aidait pas de gesticuler. Il se laissa retomber doucement sur le lit et laissa échapper un soupir de contentement au contact du matelas, c’était tout de même plus confortable que le sol, ça, y avait pas à dire. Il s’étira longuement avant de rouvrir les yeux pour les poser sur Spencer. Il sentit sa mâchoire se serrer un peu malgré lui, ce n’était pas qu’il n’appréciait pas le geste… Non, en fait c’était exactement ça, Spencer n’avait pas à se mêler de sa vie, s’il voulait aller se coucher et se reposer un peu, c’était à lui de prendre la décision, et ce n’était très certainement pas à Spencer de le forcer à faire quoique ce soit. Enfin, maintenant qu’il était allongé bien tranquillement dans son ancien lit, c’était beaucoup plus dur de protester.

Arthur leva les yeux au ciel et donna un coup de pied dans son matelas pour exprimer sa frustration. Il détestait que Spencer lui donne des ordres, encore plus quand il avait envie de les exécuter. « Je fais ce que je veux. » Répliqua-t-il de manière totalement puérile avant de lancer une grimace au jeune sorcier. Il ferma les yeux et se retourna sur le matelas, agrippant au passage son oreiller à deux mains et enfouissant son visage dedans. Il allait devoir attendre quelques secondes avant que le sol ne cesse de tourner, mais il devrait pouvoir réussir à dormir quand même. Il ne lui fallut pourtant pas plus de deux secondes avant de faire un nouveau bond dans le lit pour se retrouver une nouvelle fois sur le dos et les yeux complètement ouverts. Il les avait fixé sur Spencer et se mordait l’intérieur de la joue, comme s’il hésitait encore. Il avait envie de se relever juste pour faire chier le jeune sorcier, d’un autre côté Spencer avait raison, le matelas était confortable et il serait probablement plus raisonnable pour lui de dormir un peu, histoire de dessaouler et de réussir à tenir encore debout. Il devait en tout cas avouer que c’était beaucoup plus dur de faire chier Spencer quand il était aussi confortablement installé dans son ancien lit. Il laissa échapper un soupir et donna un nouveau coup dans son matelas, il détestait cette situation, et pourquoi est-ce que Spencer ne pouvait pas le forcer à faire quelque chose qu’il n’avait aucune envie de faire qu’il puisse s’énerver pour de bon comme ça ? Il n’avait pas encore pardonné au jeune homme, et pourtant il ne réussissait plus à se mettre en colère. Il avait espéré faire disparaitre ce pincement au cœur qu’il ressentait dès qu’il voyait Spencer parce qu’il repensait à tout ce qu’ils s’étaient faits l’un l’autre, mais c’était apparemment un problème que les hurlements et les cris ne pouvaient pas faire disparaitre. Il ne supportait pas ce sentiment. « C’est bon, pas la peine de me surveiller, tu peux dégager de ma chambre maintenant. » Lâcha-t-il avant de fermer les yeux et d’enlever ses chaussures, les faisant retomber à côté du lit.

Il ne tarda pourtant pas à les rouvrir à nouveau, réalisant trop tard ce qu’il avait dit. Il leva les yeux au ciel et laissa échapper un soupir de frustration. Il était bourré, c’était sorti tout seul, et mine de rien, le fait que la pièce n’ait pas changée ne l’aidait pas spécialement à oublier qu’il avait un jour vécu ici. Il passa sa langue sur ses lèvres et se prit le crâne à deux mains. Il ne voulait pas penser à ça, il ne voulait surtout pas donner une raison à Spencer de penser que vivre ici lui manquait, parce que ce n’était pas le cas. C’était plus chiant de vivre au motel, plus ennuyeux aussi, mais plus sûr, et moins bruyant, sans compter qu’il n’avait pas à supporter Spencer vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il laissa ses mains retomber le long de ses flancs et finit par se redresser sur le lit, posant ses pieds par terre et gardant ses yeux bien fixés sur le jeune sorcier. Il sentit sa gorge se serrer légèrement, peut-être que c’était l’alcool qui parlait, mais il n’arrivait plus à se mentir, du moins plus entièrement. Il en avait assez de regarder Spencer et de devoir constamment lutter entre deux envies contradictoires. Comme là il devait lutter entre l’envie de l’envoyer chier et de se casser d’ici et l’envie de lui proposer de dormir avec lui. Il détestait cette partie de lui qui pensait encore et toujours qu’il y avait quelque chose de bon dans sa relation avec Spencer, la vie lui avait prouvé encore et encore à quel point ils n’étaient pas bons l’un pour l’autre mais c’était comme si elle parlait à deux sourds. Il baissa les yeux, ne réussissant pas à retenir un petit rire sans joie en repensant à tout ça. Putain, mais pourquoi est-ce qu’il ne pouvait même pas se mettre d’accord avec lui-même sur le cas de Spencer ? C’était si dur que ça d’avoir une idée claire, nette et précise de ce qu’il ressentait envers le jeune sorcier ? Apparemment oui. Il releva finalement les yeux et passa sa main doucement dans ses cheveux. « Je ne vais jamais vraiment réussir à t’oublier, pas vrai ? » Demanda-t-il doucement, le regard toujours plongé dans celui de Spencer. C’était tellement con comme question, il savait qu’il aurait mieux fait de la fermer, mais après tout ce qu’ils avaient vécu, après tous les efforts qu’il avait fait pour chasser Spencer de sa vie, il n’avait fallu qu’une toute petite réflexion pour qu’il revienne en courant. Il n’allait jamais réussir à se débarrasser de lui, jamais entièrement. Alors quoi ? Il allait revenir vers lui régulièrement dès qu’il entendrait son nom ? Il allait finir par aller déménager à l’autre bout du monde pour pouvoir se forcer à rester éloigné ? Pour l’instant, cette dernière idée lui semblait être la meilleure. Après tout, s’il ne pouvait pas se contrôler, il allait bien falloir qu’il trouve un autre moyen de se forcer à se contrôler. Il était incapable de pardonner à Spencer, il le savait, ils étaient allés trop loin, tous les deux d’ailleurs.

Il s’appuya sur le matelas pour se relever. Il ne se sentait pas particulièrement mieux mais il ne pouvait pas supporter de rester ici. Il allait devoir au moins essayer de s’enfuir. Il remit avec difficulté ses chaussures et se dirigea en titubant vers la porte de sa chambre. De son ancienne chambre. « Il faut que j’y aille. » Murmura-t-il en arrivant à la hauteur de Spencer et en essayant de forcer le passage pour pouvoir sortir.

Arthur ne s’était pas attendu une seule seconde à que Spencer le laisse bien gentiment partir, après tout il lui avait clairement expliqué à quel point il voulait qu’il reste ici ce soir. Non, la décision d’Arthur de partir n’avait strictement rien de logique, il savait autant que Spencer qu’il avait plus besoin d’un bon lit et d’un peu de temps pour cuver son vin que de se retrouver à la rue maintenant, mais il ne pouvait pas s’en empêcher c’était plus fort que lui. C’était comme si chaque fibre de son corps se rebellait à l’idée de rester encore une minute de plus ici, avec Spencer veillant sur lui. Il ne savait pas pourquoi ça le rendait autant malade, peut-être parce que ça lui rappelait tous les efforts qu’il avait du faire pour ne plus penser autant au jeune homme et pour résister à l’envie de revenir le voir juste pour le faire chier, juste histoire de le revoir. Il ne voulait pas gâcher tout ça en restant ici ce soir, c’était plus fort que lui, il fallait qu’il sorte, qu’il aille prendre l’air, oui, ça irait probablement mieux après un bon bol d’air frais, du moment que Spencer arrêtait de le regarder comme ça, comme s’il essayait vraiment de l’aider et de faire une chose raisonnable et bonne pour lui. Ça lui avait trop coûté de rester éloigné pour qu’il foute tout en l’air aussi facilement, il se connaissait, il savait à quel point il avait une nature addictive, et s’il restait ici ce soir, il était capable de venir vivre ici à nouveau petit à petit. Après tout, ce n’était pas comme s’il avait un véritable chez-lui, sans compter qu’après le coup qu’il avait fait au bar tout à l’heure, il était sûr de ne plus avoir de job. Il n’aurait plus de quoi payer sa chambre au motel, alors s’il se réveillait ici le lendemain il savait qu’il allait finir par trouver ça parfaitement logique de ré emménager ici, or, il ne pouvait pas se le permettre. Sa fierté l’en empêchait.

Arthur baissa les yeux et laissa échapper un rire sans joie quand Spencer reprit la parole. Tout oublier, hein ? C’était tellement plus facile à dire qu’à faire, et il avait fait plus qu’essayer. Seulement Spencer semblait oublier un petit détail, comme le fait qu’il l’en empêchait, et qu’en plus de ça il refusait de l’admettre. Arthur n’avait plus la force de repartir dans ce débat là de toute façon, alors il préféra ne rien répliquer. Il aurait bien aimé dire à Spencer qu’il ne faisait que ça, essayer de l’oublier, mais il n’avait même plus la force de parler. Il laissa échapper un soupir en l’entendant répéter qu’il devait dormir ici ce soir, il secoua la tête de gauche à droite doucement pour exprimer son désaccord. Il ne pouvait juste pas, c’était trop lui en demander, il ne savait pas pourquoi il prenait ça autant à cœur. Ça n’engageait à rien, une nuit ici, il aurait été capable de la passer ici la dernière fois si Spencer ne s’était pas comporté comme un con. Mais là c’était différent, ils ne jouaient plus un rôle, ils ne faisaient plus semblants, et s’il restait ici, c’était pour de vrai et il savait à quel point ce serait difficile pour lui de repartir. Il aurait aimé se dire que ce n’était rien, qu’il aurait pu se barrer quand il voulait, il savait que non. Il releva finalement les yeux et mordit la lèvre inférieure longuement. Un lit comme un autre, hein ? Arthur n’arrivait pas à penser que Spencer puisse véritablement croire ce qu’il venait de dire, ce n’était pas n’importe quel lit, ça aurait du l’être, peut-être que c’était Arthur qui y attachait trop d’importance, mais c’était comme ça. Ce n’était pas de sa faute, il aurait aimé pouvoir aller s’endormir maintenant et se foutre de l’endroit où c’était, mais s’il pouvait dormir dans la rue sans trop de problèmes, il ne pouvait pas supporter de dormir ici, c’était trop… Oppressant pour lui. Arthur faillit dégager la main de Spencer quand il la posa sur son torse mais celui-ci comprit de lui-même et l’enleva avant qu’Arthur n’ait eut à même lever le bras. C’était bien, il commençait peut-être enfin à comprendre.

Le jeune sorcier se frotta doucement le visage, comme s’il essayait encore de se forcer à garder les yeux ouverts. Il n’avait qu’une envie, aller s’allonger et s’endormir, mais pas ici, n’importe où mais pas ici. Il ne prit même pas la peine de répondre véritablement à Spencer, il savait qu’il avait raison, et il n’avait aucun argument à lui opposer, juste le peu de volonté qu’il lui restait. « Laisse-moi partir. » Lâcha-t-il d’une voix faible en plongeant son regard dans celui de Spencer. Il n’avait pas formulé ça comme un ordre, contrairement à Spencer il n’avait plus la force et le courage nécessaire pour ordonner quoique ce soit pour l’instant. Il passa sa main dans ses cheveux et sentit sa mâchoire se serrer malgré lui. Il avait besoin de sortir d’ici, l’atmosphère était trop étouffante, il voulait juste sortir pour respirer un peu d’air frais, mais surtout, surtout, s’éloigner de Spencer, s’éloigner de cette chambre, s’éloigner au maximum de tous les souvenirs qui allaient avec. Il ne supportait pas d’avoir passé les derniers mois à tout faire pour s’éloigner et tout ça pour échouer maintenant parce que Spencer lui bloquait le passage. Le peu d’énergie qu’il lui restait fut décuplée devant sa frustration de ne pas pouvoir sortir. Mais merde, Spencer était donc incapable de faire ce qu’on lui demandait ? Il n’était pas responsable de la vie d’Arthur et si celui-ci voulait aller s’affaler dans un caniveau pour y passer la nuit, c’était son droit, non ? Spencer n’avait aucun droit sur lui, et si à une époque il avait essayé de l’aider, cette époque était bel et bien révolue. « Dégage. » Déclara-t-il d’un ton déjà légèrement plus ferme et agacé avant d’essayer de pousser Spencer hors du chemin. Bien sûr, vu sa force naturelle et son état, tout ce qu’il réussit à faire fut de se déséquilibrer, il se rattrapa heureusement de justesse en posant sa main sur le mur le plus proche. Cet échec, au lieu de le désespérer lui donna au contraire encore plus de force et quand il se retrouva à nouveau face à Spencer, il y alla plus franchement. Il commença par lui foutre une droite, juste histoire de lui prouver qu’il ne rigolait plus maintenant. Ses articulations lui faisaient un mal de chien, heureusement la fatigue, l’alcool et la colère mêlées l’empêchaient de trop sentir la douleur et il commença à donner des coups à Spencer sans réfléchir à comment ni à où il les plaçait. La plupart atterrir dans les épaules, les bras et le torse du jeune sorcier, il était quasiment sûr qu’il ne lui faisait même pas mal, mais il n’avait pas d’autre idée là comme ça pour forcer Spencer à dégager de son chemin. Il continua à taper pendant une petite minute avant de sentir ses dernières forces le quitter définitivement.

Il laissa ses bras retomber le long de ses flancs et vint quasiment s’écraser contre Spencer, enfouissant un peu malgré lui son visage dans le torse de ce dernier. Il avait juste envie de s’écrouler, il ne savait pas pourquoi il avait essayé de s’attaquer physiquement à Spencer, il savait qu’il n’y avait aucune chance pour qu’il réussisse à le déloger par la force, mais il avait quand même tenu à essayer, peut-être pour prouver à Spencer à quel point il ne supportait pas d’être ici. Le pire dans l’histoire, c’est à quel point il était résigné maintenant que son super plan n’avait pas marché. Il sentit les larmes monter malgré lui, la frustration, la fatigue, la colère qui était finalement retombée, tout ça était en train de l’atteindre et il n’essaya même pas de s’empêcher de pleurer. Il était trop fatigué pour ça, quand il se recula, ses yeux étaient humides et il distinguait la silhouette de Spencer avec moins de netteté que d’ordinaire. Il plongea son regard dans celui du jeune sorcier. « Laisse-moi partir. S’il-te-plait. » Arthur n’avait pas l’habitude de supplier les gens, pour rien d’ailleurs, et encore moins Spencer. Il fallait croire que c’était un cas de force majeure. Il essuya ses yeux rapidement d’un revers de la main et baissa les yeux. Il commença à se mordiller la lèvre, se doutant que sa demande n’allait rien changer et que Spencer allait continuer à l’empêcher de sortir. Il avait en tout cas choisit ses mots avec étonnamment pas mal de précaution, il ne parlait pas seulement de le laisser sortir de cette pièce, non il voulait aussi dire en général. Il ne pouvait plus continuer comme ça, c’était ridicule, il fallait qu’ils arrêtent tout ça une bonne fois pour toutes, et il avait besoin que Spencer l’accepte aussi, sinon il savait qu’il n’y arriverait pas. Le pire dans tout ça, c’était que maintenant que la colère était retombée et qu’il ne lui restait plus rien que le vide, il ne savait plus s’il avait plus envie que Spencer le laisse partir ou ne le retienne. Il se donnait lui-même envie de vomir. Il ne pouvait pas supporter le fait qu’il puisse avoir assez besoin d’une personne pour réussir à faire taire sa fierté, même quelques centièmes de seconde.

Arthur se sentait complètement drainé, ses dernières forces il les avait jetées dans la bataille pour essayer de sortir de la chambre et maintenant il ne lui restait plus qu’à attendre que Spencer ait pris sa décision. Il savait qu’il avait tout fait pour le convaincre de le laisser partir, vu son état, il n’aurait pas pu mieux se défendre que ça et il le savait, et quelque part, ça l’aidait à avoir meilleure conscience. Il avait tout fait, si jamais il devait bel et bien dormir ici, ça allait être de la faute de Spencer, pas la sienne, et s’il appréciait de retrouver son ancien lit, ça aurait été simplement parce qu’il était crevé. Quoiqu’il arrive maintenant il savait qu’il pourrait tout mettre sur le dos de Spencer parce qu’il savait qu’il avait tout tenté. C’était peut-être bête comme raisonnement, mais ça l’aidait un peu de se dire qu’il n’avait plus qu’à accepter son sort, ne plus avoir le choix, ne plus avoir de véritable décision à prendre pour ce soir, c’était agréable, laisser son sort entre les mains de quelqu’un d’autre, même de Spencer, c’était libérateur pour Arthur à ce moment là. Il avait fait trop de conneries, il avait pris trop de mauvaises décisions, pour une fois il ne pourrait pas s’en vouloir quelle que soit la tournure que prendraient les évènements.

Il laissa échapper un petit rire sans joie en entendant la voix de Spencer s’élever à nouveau dans la chambre, et il baissa la tête. Il se frotta doucement le visage, en profitant pour effacer les dernières larmes qui perlaient au coin de ses yeux, il se détestait d’être aussi émotif, enfin merde quoi, ce n’était pas comme s’il était censé en avoir vraiment quelque chose à foutre. C’était Spencer, il n’était pas censé être quelqu’un de particulier, c’était juste un connard qui le persécutait et qui lui pourrissait la vie et… Et même lui n’y croyait plus une seule seconde, il avait finalement compris à quel point tout ce petit laïus qu’il s’était tant répété n’était que du vent et à quel point Spencer était important pour lui. Il l’empêchait de partir et Arthur détestait cette partie de lui qui se sentait soulagée. C’était son orgueil qui parlait, le fait que Spencer ne puisse pas le laisser partir, même après tout ça, c’était la preuve qu’il n’était pas le seul à s’être un peu trop attaché dans l’histoire. Quand il repensait à leurs retrouvailles à la sortie de prison de Spencer, il ne pouvait pas s’empêcher de se demander s’il aurait pu le voir venir, et si ça avait été le cas, s’il aurait été capable de s’éloigner du jeune sorcier quand il en était encore temps. Il ne voulait pas continuer à y réfléchir, parce qu’il avait un peu peur de la réponse, c’était déjà effrayant pour lui de se mettre dans cet état pour un type, surtout un type comme Spencer, il ne tenait pas à ajouter d’autres motifs possibles d’horreur.

Il releva les yeux en entendant Spencer répéter son refus de le laisser partir. Il allait répondre mais il fut trop choqué par l’expression sur le visage du jeune sorcier pour répliquer quoique ce soit. Il n’était pas en aussi piteux état que lui, mais c’était tout comme, Arthur savait que Spencer était sobre, alors forcément pour lui, c’était plus facile de garder le contrôle de ses émotions, et pourtant, Arthur pouvait très clairement lire ce qu’il ressentait sur les traits de son visage et ça lui faisait mal au cœur. Il commençait à éprouver de la compassion pour le jeune homme, il était vraiment temps qu’il se reprenne. Il passa rapidement sa langue sur ses lèvres et se mordilla la lèvre inférieure, tentant de se contrôler lui-même. Il en voulait à Spencer de le mettre dans des états pareils et il pouvait sentir que c’était réciproque, seulement pour une fois, il lui en voulait mais pas au point d’être en colère contre lui. Il sursauta légèrement quand Spencer le prit dans ses bras et il mit quelques secondes avant de comprendre ce qui lui arrivait. Il se débattit faiblement pendant un court moment et il sentit Spencer resserrer son étreinte autour de lui. Il finit par passer ses bras autour du jeune homme aussi, puisqu’on ne lui laissait pas le choix, autant se laisser aller aussi, non ? Il ne pouvait pas quitter cette chambre puisque Spencer l’en empêchait, il ne pourrait jamais totalement oublier Spencer puisque celui-ci ne lui permettrait pas non plus, alors à quoi bon lutter ? A quoi bon faire semblant de ne plus avoir envie de le voir, hein ? Il était trop bourré et trop fatigué pour laisser sa fierté se mettre encore en travers d’eux, pour l’instant, tout ce dont il avait envie, c’était de profiter du contact des bras de Spencer autour de lui. Il enfouit son visage dans le creux du coup du jeune homme et laissa échapper un léger soupir. Il ferma les yeux quand Spencer s’excusa, il n’avait pas besoin de voir son regard pour comprendre qu’il était sincère, et Arthur appréciait l’intention. Il était désolé aussi, de ne pas pouvoir entièrement l’oublier non plus. Il était désolé qu’ils se retrouvent dans cette situation parce que même s’il était touché de voir qu’il comptait véritablement pour Spencer, il n’était pas assez naïf pour se dire qu’ils pourraient avoir une fin heureuse ensemble. Ils se tapaient trop sur les nerfs pour que leur histoire se finisse bien, et s’il profitait de l’instant présent, c’était parce qu’il savait très bien à quel point il était éphémère.

Finalement Spencer s’écarta et Arthur récupéra lui aussi ses bras. Le jeune sorcier ne s’écarta pas pour autant et pendant quelques secondes Arthur se demanda ce qu’il était censé faire. Il n’avait pas trente-six milles solutions de toute façon, Spencer lui interdisait de quitter la chambre, il ne pouvait pas le dépasser physiquement et vu son état, il était hors de question qu’il essaye de transplaner. Il était définitivement coincé ici pour ce soir. Il pourrait toujours faire semblant d’en vouloir à Spencer de ne pas l’avoir laissé partir mais il n’arrivait plus à s’en convaincre lui-même, la partie de lui qui était content de voir que Spencer en avait vraiment quelque chose à foutre de lui avait pris la main et apparemment, elle ne comptait pas la lâcher. De toute façon, ça aurait été inutile de résister, non ? « D’accord. » Souffla-t-il doucement parce que c’était le seul mot qui acceptait de sortir de sa bouche. Il releva les yeux vers Spencer et passa l’un de ses bras derrière la nuque du jeune homme. Il sentit les battements de son cœur s’accélérer quand il croisa le regard du jeune homme et il se maudit de ne pas pouvoir contrôler ses sentiments ce soir. Il s’était juré de ne plus jamais recommencer, il se l’était juré des milliers de fois merde, mais il avait l’impression qu’à chaque fois c’était pareil, il tombait à nouveau volontairement dans le piège que Spencer lui tendait sans même le savoir, comme s’il aimait se faire avoir, comme s’il n’avait jamais vraiment voulu s’éloigner de Spencer non plus. Enfin pour ce soir, c’était plus facile de se dire que c’était le jeune sorcier qui l’empêchait de s’éloigner, qui refusait de le voir disparaitre de sa vie, c’était plus facile de se dire qu’il n’avait pas d’autre choix que de craquer. Il rapprocha doucement son visage et déposa un rapide baiser sur les lèvres de Spencer. Il releva les yeux et sonda ceux de Spencer, comme s’il cherchait à obtenir une permission, permission dont il n’avait pas besoin de toute façon. Il se rapprocha de Spencer et scella leurs lèvres une nouvelle fois, ne reculant pas cette fois-ci. Il commença à caresser doucement la nuque du jeune homme avant de passer sa langue sur ses lèvres, demandant la permission d’approfondir leur baiser. Ce n’était pas dans sa nature d’y aller aussi doucement, mais il trouvait que ça se prêtait bien aux circonstances. Après tout, ce n’était pas non plus dans sa nature de pleurer en suppliant Spencer, les choses changeaient, et vu qu’il était encore bourré, c’était plus facile de rouler avec elles. Il descendit doucement sa main le long de la colonne vertébrale de Spencer et vint la poser sur sa hanche, son autre main se posant en même temps sur son autre hanche. La déclaration de Spencer avait au moins eu le mérite de le dessaouler un minimum et par miracle, il réussissait encore à tenir debout sans l’aide de personne. Il glissa ses mains sous le t-shirt de Spencer, caressant doucement sa peau et remontant le long de son torse. Il avait l’impression de redécouvrir le corps du jeune homme à chaque fois et il ne pouvait pas s’empêcher d’adorer ça. Il redescendit ses mains et les posa sur les flancs du jeune homme avant de reculer légèrement son visage, prenant quelques secondes pour respirer avant de souffler de manière quasiment inaudible. « Je peux pas non plus. » Il s’était toujours imaginé que cet aveu serait impossible, qu’il allait le regretter aussitôt, mais le moment des regrets n’était pas encore arrivé, il aurait le temps d’y repenser plus tard. Pour l’instant, il avait d’autres chats à fouetter et il reprit bientôt possession des lèvres de Spencer, ne cherchant plus à y aller aussi doucement que tout à l’heure. Il attrapa le t-shirt du jeune homme et commença à reculer, embrassant toujours un peu maladroitement Spencer tout en se dirigeant vers son lit. Quand il sentit le matelas derrière ses genoux il se retourna, forçant Spencer à suivre le mouvement avant de le pousser, le faisant tomber sur le dos sur le matelas. Il s’écroula à moitié au-dessus de lui et posa un genou de chaque côté du corps du jeune homme, ses deux paumes elles posées de chaque côté de son visage pour prendre appui. Il se redressa pour pouvoir récupérer l’usage de ses deux mains et retira rapidement son t-shirt, le laissant retomber à côté du lit. Il posa une main sur le matelas pour pouvoir se baisser à nouveau et venir chercher les lèvres de Spencer, tandis que l’autre caressait doucement le torse du jeune sorcier, descendant jusqu’à venir déboutonner son pantalon. Pour une fois, il avait envie de prendre tout son temps avec Spencer, pour une fois il acceptait que ses gestes ne soient pas dictés uniquement par la passion que le jeune sorcier avait le don de lui inspirer, pour une fois, il avait l’impression qu’il y avait un peu plus que l’envie de marquer l’autre comme le sien. Peut-être était-ce justement parce qu’ils venaient de s’avouer qu’ils s’appartenaient un peu l’un l’autre, juste un peu.

Il n’était pas vraiment certain de ce qu’il était censé faire maintenant, il y avait peu de chance qu’Arthur cherche à le frapper pour s’ouvrir le passage une nouvelle fois, autant parce qu’il avait l’air d’avoir épuisé toute ses forces précédemment, que parce qu’il ne l’avait pas particulièrement repoussé à l’instant. Au contraire. Ça l’avait d’abord surpris qu’il se laisse faire, mais il avait fini par ne pas chercher à savoir pourquoi, fatigue ou non, il avait juste profité de l’instant, parce que ça n’arriverait certainement pas à nouveau. Mais s’il avait décidé de le relâcher, s’éloigner n’était pas encore au programme, ce n’était certainement pas le moment, mais il avait besoin de plus. Ce n’était pas assez. Spencer ne savait pas exactement ce qu’il attendait, un mot, un geste, n’importe quoi, ce n’était pas suffisant. Il avait besoin de sentir qu’il n’était pas le seul à avoir fait un pas en avant. Besoin de sentir qu’il n’était pas tout seul, tout simplement, même si ça ne durerait que ce soir.

Il mit quelques secondes à réaliser ce que venait de dire Arthur, incapable d’y croire. Depuis le début, malgré toute sa volonté, il avait le sentiment que comme d’habitude le jeune homme finirait par avoir le dernier mot, qu’il finirait par réussir à faire ce qu’il voulait. Mais non. Pas cette fois. Cette fois, il avait réussi. C’était idiot, mais il se sentait beaucoup plus léger, sensation qu’il n’avait pas ressenti en sa présence depuis longtemps. Rien n’était effacé, évidemment, mais il se sentait tout de même mieux, presque bien. Il était encore sous le coup de la surprise quand Arthur vint le chercher une première fois. Il dut se retenir de ne pas y aller à son tour, préférant le laisser prendre les choses en main, ce n’était pas le moment de le faire changer d’avis en le brusquant. Sans compter que pour une fois, Spencer appréciait grandement d’avoir la preuve que malgré tout le dégout qu’il était lui inspirait, c’était bel et bien le jeune homme qui avait commencé. La seconde fois, il était prêt. Malgré lui, il ferma les yeux, comme pour concentrer tous ses sens ailleurs. A aucun moment, Spencer ne chercha à accélérer les choses, il avait besoin que ça dure, parce qu’il n’avait pas envie de penser à ce qu’il se passerait après. Sa main glissa le long de son cou, son pouce traçant une ligne sur son menton, ses doigts se referment sur sa nuque, comme pour l’empêcher de reculer. Même si tout semblant aller pour le mieux pour l’instant, Spencer se sentait obligé de prendre ses précautions, il savait comment n’importe quel situation pouvait tourner en un instant avec eux, et il ne voulait pas prendre le risque de le voir s’en aller maintenant.

Lorsqu’il commença à ressentir des frissons sur son torse, ses lèvres se firent un peu plus offensives. Il laissa Arthur reculer un instant, sans s’attendre à ce qu’il se remette à parler. La tête baissé vers lui, il ne le quitter pas des yeux. Il le savait , il s’en doutait , mais l’entendre le dire maintenant , c’était un peu la dernière chose dont il avait besoin ce soir , la dernière chose capable de lui prouver qu’au fond , ce n’était peut-être pas une si mauvaise chose qu’ils ne puissent pas s’oublier , il se sentait rassuré sur le fait , que ce n’était pas juste lui. C’était tout ce qu’il avait besoin. Ses dernières réticences disparurent finalement, et furent complètement oublié au moment où il se réappropria les lèvres du jeune homme. Il fut incapable de s’en éloigner même quand il s’avéra que ce n’était pas vraiment facile d’atteindre le lit comme ça.

A aucun moment, Spencer ne l’empêcha d’avoir le dessus, comme s’il avait besoin qu’Arthur lui prouve que son dégout n’était vraiment plus de la partie ce soir, il avait besoin d’en avoir la certitude. Et pour le moment, le sorcier n’avait rien à y redire, sa main se glissa dernière sa nuque pour le ramener vers lui, il se redressa sur son autre coude. Puis à regret, il quitta ses lèvres après s’être redressé suffisamment pour se débarrasser de son tee-shirt à son tour. Le vêtement n’avait pas touché le sol que Spencer avait déjà repris l’attaque, plus doucement que d’habitude certes, mais s’il était prêt à faire quelques efforts parce que la situation le prêtait, il n’était pas capable de tout reprendre de zéro. Pourtant, cette fois ci, Spencer s’attarda un peu plus sur ce qu’il avait sous les mains, profitant tout autant du corps du jeune homme que du plaisir qu’il en retira. C’était assez diffèrent, prendre son temps n’avait jamais été dans ses cordes, pourtant il dû reconnaitre que c’était loin de lui déplaire.

Le sorcier attrapa une dernière fois les lèvres du jeune homme, comme s’il avait peur que ce soit la dernière fois. Il avait fini par se retrouver au-dessus, c’était plus fort que lui ; Il ne s’éloigna pas tout de suite, reprenant son souffle à quelques centimètre de son visage. Spencer finit par le quitter des yeux et de s’asseoir sur le bord du lit une fois qu’il eut remis son caleçon. Il n’avait pas voulu y penser jusque-là, mais maintenant, qu’est ce qu’il était censé faire. Il aurait menti en disant que cette suite d’évènement ne lui avait pas traversé l’esprit quand il avait voulu qu’Arthur reste, ça n’avait pas été son hypothèse la plus plausible aussi l’avait-il écarté rapidement, mais c’était pourtant bien ce qui était arrivé. Et maintenant, il se retrouvait à nouveau dans l’incapacité de savoir quoi faire. Rester là ? Sortir ? Dire quelque chose ? Se connaissant, parler n’était certainement pas la bonne solution, mais il avait peur de laisser trainer trop longtemps le silence. « Tu veux que je sorte ? » Dire qu’il était chez lui. Il ferma les yeux et secoua la tête rapidement, mi amusé, mi agacé par l’ironie de la situation. Il tourna la tête vers Arthur pour essayer de savoir ce qu’il avait en été, le moment était-il complétement passé ou bien pas encore ? Quoi qu’il en soit, Spencer était complétement crevé et tout ce qu’il voulait c’était dormir un peu, resté à savoir s’il retournait à sa chambre ou s’il restait là. Il n’était même pas certain de ce qu’il voulait, savoir qu’il venait encore de se compliquer la tâche en couchant à nouveau avec Arthur ne lui donnait pas envie de rester plus longtemps, et en même temps, il n’aurait pas été contre.

Il finit cependant par faire son choix, dès qu’il aurait dessoulé, il y avait de force chance que le jeune homme s’en aille, et il ne comptait pas se lever dans un lit vide, il n’était pas une de ses héroïnes romantiques. Non, son propre lit, lui semblait la meilleur solution. Mais l’idée de partir alors que tout allait encore bien le dérangeait assez. Spencer se secoua, il n’allait tout de même pas attendre que ça dégénère pour s’en aller ? Parce qu’il était là le problème, dès que tout tournait rond, il fallait que l’un des deux disent ou fassent quelques choses, et personne ne s’arrêtait avant que ce soit critique. Pas cette fois, Spencer ne voulait pas que ça arrive maintenant. « Bonne nuit » dit-il simplement, sans aucune intonation particulière dans sa voix avant de poser ses pieds sur le sol. Spencer se sentait complétement vide, trop fatigué pour savoir ce qu’il pensait réellement de tout ça, une partie de lui se sentait encore bien ; mais l’autre commençait déjà à lui rappeler que ce n’était qu’une erreur de plus.

Arthur laissa Spencer déposer un dernier baiser sur ses lèvres sans broncher, il reprenait son souffle tant bien que mal et luttait contre l’envie de plus en plus pressente de fermer les yeux pour aller s’endormir. Il pouvait encore sentir le corps de Spencer au-dessus du sien et il savait qu’il n’allait pas tarder à abandonner complètement la lutte et à laisser le sommeil venir le gagner pour de bon. Il venait tout juste de fermer les yeux quand il sentit Spencer s’éloigner de lui, et il les rouvrit immédiatement, le regardant aller s’asseoir au bord du lit. Il laissa échapper un petit grognement de frustration, il s’était tellement fait à la chaleur corporelle du jeune homme qu’il avait froid maintenant qu’il n’était plus là. Il passa doucement sa langue sur ses lèvres en laissant sa tête retomber sur l’oreiller. Il ne mit étonnamment pas longtemps à connaître la réponse qu’il voulait donner à Spencer, non il ne voulait pas qu’il sorte. Il fronça les sourcils en se rendant compte à quel point cette réponse lui était venue naturellement, surtout après toute la scène qu’il lui avait faite pour qu’il le laisse sortir tout à l’heure. Mais les choses avaient encore changées entre eux, il savait que c’était seulement pour ce soir, mais puisqu’ils avaient réussi à ne pas se taper dessus depuis un petit moment, il n’avait pas envie de gâcher cette opportunité en demandant à Spencer de se casser. Il savait très bien que demain, en se réveillant, il allait partir, il n’avait même pas besoin d’y réfléchir, c’était sa seule solution, et il savait que Spencer le savait aussi bien que lui. Mais est-ce que ça voulait dire qu’il ne pouvait pas profiter de lui encore un peu plus longtemps. Il s’était déjà tellement rabaissé en avouant à Spencer qu’il ne pouvait pas l’oublier qu’il n’était plus à ça près, sans compter qu’il était encore bourré et surtout très fatigué, ses envies restaient très simples et pour le moment, il avait envie de garder Spencer contre lui et de s’endormir.

Il vit Spencer poser ses pieds par terre et il se redressa aussitôt, passant ses bras autour du torse du jeune homme pour le forcer à rester sur le lit. Il posa son menton sur l’une des épaules de Spencer et déposa un baiser dans son cou, laissant échapper un léger soupir après avoir reculé ses lèvres. « Reste. » Murmura-t-il en caressant doucement le torse du jeune homme. Il était trop fatigué pour se battre contre Spencer, et surtout trop fatigué pour se battre avec son orgueil, il avait envie que Spencer reste avec lui alors il lui demandait de le faire, il n’était pas capable de pousser le raisonnement plus loin. Il força le jeune homme à se rallonger sur le lit et se coucha à moitié sur lui, sa joue posée tranquillement sur son omoplate et son visage enfouie dans le creux de son cou. Il ferma les yeux et ne chercha pas à savoir si Spencer était d’accord ou non, il était trop bien installé pour se soucier du bien-être du jeune homme. Il laissa échapper un dernier soupir de contentement avant de laisser le sommeil venir le chercher.


Arthur ouvrit péniblement les yeux. Il pouvait sentir qu’il n’était pas tout seul dans le lit, mais il avait du mal à se souvenir avec qui il avait passé la nuit dernière. Il se força à garder les yeux ouverts et releva la tête, scrutant la pièce dans laquelle il s’était endormi. Oh putain. Les souvenirs lui revinrent à une vitesse impressionnante et il vérifia bêtement qu’il s’agissait bien de Spencer endormi à côté de lui. Il se frotta vigoureusement le visage et sortit du lit. Il n’arrivait pas encore à regretter d’être venu ici la nuit dernière, mais il savait qu’il y avait trop de raisons qui l’empêchaient de rester. Sa fierté était la première sur la liste. Il n’avait pas non plus envie d’affronter Spencer, pas après tout ce qu’ils s’étaient dit la veille. Il sentit ses joues rougir malgré lui et il regarda le jeune sorcier endormi tranquillement à côté de lui. De toute façon ce n’était pas plus mal, il se doutait que c’était pareil pour Spencer, il avait peut-être même compté sur tout l’alcool qu’avait ingurgité Arthur la veille pour qu’il ne s’en souvienne même pas. Il récupéra ses vêtements qui trainaient un peu partout au sol et sur la couette et se rhabilla en quatrième vitesse, manquant à plusieurs reprises de s’écraser lamentablement sur le lit. Il n’était pas encore totalement sobre, preuve qu’il avait vraiment abusé la veille. Il rouvrit la porte de la chambre le plus doucement possible et se glissa dans le salon sans faire de bruit et sans prendre la peine de jeter un regard en arrière. Il vérifia qu’il n’avait rien oublié et récupéra juste son paquet de cigarettes qui trainait encore sur la table basse devant le canapé. Il le fourra dans la poche de son jean, vérifia l’heure et transplana.

Comme prévu quand il se pointa au boulot on l’informa gentiment qu’il avait perdu sa place la veille, alors Arthur passa la plupart de la journée à trainer dehors, se demandant ce qu’il allait bien pouvoir faire maintenant. Il serait incapable de se trouver un autre job, il allait bientôt ne plus avoir assez pour payer son motel et il était hors de question qu’il vienne demander de l’aide à Spencer, surtout pas après ce qu’il s’était passé la nuit dernière. C’était mieux pour tout le monde qu’ils restent là-dessus, pour une fois ils s’étaient quittés sans avoir envie de s’entre-tuer, et c’était un petit miracle en soi qu’Arthur comptait bien garder intact. Il finit par retourner au motel pour finir sa nuit, il réfléchirait à tout ça plus tard, il n’en avait plus le courage là.


Arthur se réveilla un petit mois plus tard avec un nouveau mal de crâne. Ces foutues migraines ne le quittaient plus depuis quelques semaines et il avait beau ne plus boire, elles refusaient de le quitter. Il avait régulièrement des crampes à l’estomac qui l’empêchaient de bouger, ce qui n’était particulièrement pratique vu la nouvelle façon qu’il avait trouvé de gagner sa vie. Il était plus ou moins devenu strip-teaseur dans une boite gay et son patron n’aurait que moyennement apprécié qu’il s’écroule sur scène en plein milieu du show. Il posa sa main contre son front. Et merde. Si même lui pouvait sentir qu’il avait de la fièvre, c’était qu’il en avait définitivement. Il décrocha le combiné du téléphone de sa chambre de motel et posa l’annuaire à côté de lui sur le lit en soupirant. Il ne lui manquait plus que ça tiens, il avait déjà assez de mal comme ça à vivre sur ce qu’il gagnait, il n’avait pas besoin de s’ajouter des frais d’hôpital, mais là, il n’allait plus avoir le choix s’il voulait être encore en état de bouger à peu près correctement.

Quelques heures plus tard il se dirigeait vers l’une des cliniques moldues de Londres. Il n’était pas sûr de la capacité des médicomages à soigner les maladies moldues. Il avait également préféré ne pas tenter le diable en allant simplement à l’hôpital, il savait à quel point les urgences pouvaient être bondées et il n’était en aucun cas d’humeur à passer sa journée dans une salle d’attente avec des gamins avec des crayons coincés dans le nez et des vieux incapables de faire un pas sans leur canne. Il ne se sentait pas assez en forme pour transplaner en toute sécurité alors il décida de prendre le métro, manquant son arrêt une première fois après s’être endormi pendant le trajet. Il se frotta les yeux pour se forcer à se réveiller et finit par sortir au bon arrêt. Il entra dans la clinique et s’approcha du guichet à l’entrée, les yeux à moitié fermés et l’air endormi. Il espérait juste que le médecin lui dise qu’il n’avait rien, que ça allait passer, et surtout qu’il n’allait pas avoir besoin de dépenser une petite fortune en antibiotiques et autres conneries du genre. Il n'était pas sûr de pouvoir se le permettre. « J’ai pris rendez-vous pour 12h. » Déclara-t-il doucement avant de s’appuyer sur le comptoir. La jeune femme le regarda, hésitant apparemment entre l’agacement devant son manque de politesse et la pitié devant son état actuel. « Votre nom ? » « Thornfield. » Répondit Arthur toujours sans hausser la voix avant de se masser les tempes. « Cillian ? » Il fronça les sourcils et baissa les yeux sur la jeune femme. Comment ça Cillian ? « Ah, non, excusez-moi, c’est un patient admis ici. Arthur donc ? » Comment ça admis ici ? La coïncidence était trop grande pour être ignorée. « Cillian Thornfield a été admis ici ? Dans quel service ? » La jeune femme de l’accueil sembla surprise, et également gênée devant la question d’Arthur. Ce n’était pas le genre d’informations qu’elle était autorisée à divulguer. « Je vais faire le tour de la clinique jusqu’à ce que je le trouve, soyez gentille faites-moi gagner du temps. » Déclara-t-il avant qu’elle n’ait le temps de lui opposer un refus. La jeune femme bafouilla avant de lui indiquer l’étage ainsi que le service. « Et votre rendez-vous ? » Il attendrait.

Arthur prit l’ascenseur jusqu’à l’étage qu’elle lui avait indiqué et ne mit pas longtemps à trouver la chambre de Cillian. Les couloirs d’hôpitaux se ressemblaient tous mais à chaque fois il repensait à Ariane. Il se souvenait un peu trop vivement du jour où il était venu la voir à l’hôpital et où il avait appris qu’elle était morte. Il sentit sa gorge se serrer, ce n’était pas encore en train d’arriver, Cillian était encore en vie, c’était sûr. Il ouvrit doucement la porte, il n’y avait personne à part son neveu qui était endormi sur son lit. Il referma la porte derrière lui et se dirigea vers le lit. Il n’avait pas pris le temps de demander à l’hôtesse ce pour quoi Cillian avait été admis, mais il ne fut pas rassuré le moins du monde en voyant la quantité de tubes auxquels il était relié. Il sentit sa mâchoire se serrer et il alla regarder la fiche du patient qui était accroché au pied du lit. Il s’était fait renverser, il était dans le coma depuis plus de trois jours. Arthur mit quelques secondes avant de pouvoir reposer la fiche sur le lit, il avait besoin d’un petit moment afin de pouvoir complètement assimiler l’information. Le premier sentiment qui monta en lui fut de la colère, et heureusement qu’il n’avait pas eu ses parents sous la main parce qu’il aurait été capable de les faire passer tous les deux par la fenêtre. Ils étaient donc incapables de s'occuper correctement de leur petit-fils ou quoi ? C'était si dur que ça de vérifier qu'il ne traversait pas la route n'importe comment merde !? Il ouvrit la porte de la chambre juste pour le plaisir de pouvoir la claquer en donnant un grand coup de pied dedans. Il se prit la tête à deux mains et lâcha un long soupir. Il avait besoin de s’asseoir. Il alla chercher un tabouret et le plaça à côté du lit, regardant la silhouette immobile de son neveu en se mordillant la lèvre. Spencer. Et merde, à tous les coups il n’était pas au courant, ses parents n’avaient probablement eu aucune envie de contacter l’un des deux, et il pouvait même les comprendre. Il sortit son portable de sa poche et composa le numéro de l’appartement de Spencer par automatisme, il le connaissait encore par cœur. Il ne chercha pas à réfléchir, pour le moment tout ce qu’il savait c’était qu’il était le père, et qu’il avait le droit de savoir ce qui était arrivé à son fils, et que ça n’avait rien à voir avec eux. Il se contenta de lui dire que Cillian s’était fait renverser, qu’il était dans telle clinique et dans telle chambre. Il raccrocha ensuite, il n’avait pas envie que cette conversation s’éternise.

Arthur laissa échapper un long soupir en contemplant la silhouette immobile de Cillian. Putain mais c’était qu’un gamin, merde, ça paraissait tellement ridicule de le voir allongé ici alors qu’il n’avait strictement rien fait, rien demandé. Dans toute l’histoire, c’était le seul à n’avoir jamais tort, c’était le seul à ne pas faire preuve d’égoïsme, ou de préjugés, ou de rage destructrice. Ses parents, Spencer, lui, ils étaient tous plus pourris les uns que les autres, mais Cillian lui il ne méritait pas de se retrouver ici, et Arthur s’en voulait encore plus de ne pas avoir été là pour lui. Certes, depuis la fois où il avait frappé son père il n’était plus tellement le bienvenue dans la maison familiale, mais il aurait pu s’arranger, on trouvait toujours quelque chose quand on le voulait vraiment. Il avait été tellement obnubilé par ses propres problèmes, Spencer, la drogue, son boulot, Jessie et tout le reste… Qu’il n’avait pas pris assez de temps pour s’occuper de l’état de son neveu. Ce n’était pas comme Ariane, ce n’était pas son manque d’attention qui avait causé sa présence à l’hôpital, il savait que même s’il avait passé du temps avec son neveu, la catastrophe serait probablement également arrivée, mais tout de même, il s’en voulait. Sans compter qu’après les deux fugues de Cillian pour aller le voir lui et son père, il ne réussissait pas à faire taire cette petite voix dans sa tête qui lui répétait que Cillian s’était peut-être fait renverser en cherchant à venir les voir une nouvelle fois. Il baissa la tête et se frotta vigoureusement le visage, comme s’il essayait de se réveiller. Tout ça n’était qu’un mauvais rêve, ce n’était pas possible autrement. Sa vie était déjà assez merdique comme ça, c’était pas la peine que le destin s’en prenne en prime à Cillian, il savait qu’il avait déconné, et bien encore, mais merde quoi. C’était son neveu. C’était la seule famille qu’il lui restait.

Il releva les yeux quand il entendit la porte de la chambre s’ouvrir brutalement. Spencer, bien sûr que c’était Spencer, Arthur ne savait même pas pourquoi il ne l’avait pas attendu, il venait juste de le prévenir, il aurait dû se douter que le jeune sorcier transplanerait pour arriver ici au plus vite. Il ne prit pas la peine de le saluer, il avait déjà du mal à ouvrir la bouche pour soupirer, il n’allait certainement pas faire l’effort de l’utiliser pour adresser la parole à Spencer. S’il l’avait prévenu, c’était uniquement par politesse et parce qu’il savait que si les rôles avaient été inversés, il aurait aimé que Spencer lui passe ne serait-ce qu’un coup de fil. Il détourna les yeux et les reporta sur Cillian, il ne voulait pas se concentrer sur le jeune homme, il n’était pas là pour lui. En plus de ça il ne voulait pas repenser à ce qui s’était passé entre eux la dernière fois, il ne voulait pas chercher à savoir s’il supportait un peu plus Spencer que les autres fois ou non, les circonstances ne prêtaient pas à ça. Il releva les yeux par réflexe quand il vit la silhouette du jeune homme fondre sur lui et il laissa Spencer le soulever par le col, il commençait à avoir l’habitude après tout hein. Il leva les yeux au ciel d’un air agacé quand Spencer commença à lui hurler dessus pour l’engueuler en plus à la place de ses parents. Il était déjà assez énervé contre eux sans que Spencer en rajoute en venant passer ses nerfs sur lui à défaut de pouvoir le faire sur les véritables responsables. Enfin, comme il n’était définitivement pas en état de rivaliser avec la force physique de Spencer, il se contenta d’attendre bien sagement que l’orage passe. Ça aussi il en avait l’habitude après tout.

Arthur secoua la tête de gauche à droite d’un air réprobateur quand Spencer le lâcha finalement et il remit son t-shirt en place avant de se masser doucement le front. Ce connard venait de réveiller sa migraine. Manquait plus que ça. Il fronça les sourcils en entendant la question suivante. Pensé à le prévenir ? Il baissa les yeux et chercha la meilleure réponse à donner rapidement, il ne tenait pas à ce que Spencer sache qu’il était venu pour une consultation, surtout qu’il n’avait pas eu l’occasion de s’y rendre. Il préférait ne pas avoir ça en plus à gérer, il devait déjà donner assez pitié aux gens sans avoir besoin d’en rajouter volontairement. « Ouais c'est eux qui m’ont prévenu. » De toute façon ce n’était pas comme s’il allait pouvoir vérifier, hein ? A moins que les Thornfield ne débarquent pendant qu’ils étaient encore là, il ne pourrait pas savoir comment Arthur avait vraiment appris la présence de Cillian à l’hôpital.

Il se rassit sur le tabouret et jeta un nouveau coup d’œil à son neveu. Ça faisait vingt minutes seulement qu’il le regardait mais ça lui faisait déjà une peine immense de le voir aussi… Privé de vie. Il connaissait assez Cillian pour savoir que, comme tous les enfants de son âge, il débordait d’énergie. Il avait du mal à supporter de le voir dans cet état là, surtout sans pouvoir passer son énervement sur les vrais coupables, et encore plus alors que Spencer venait, lui, passer ses nerfs sur lui. Il se retourna bien vite vers le jeune homme, autant parce que ça lui faisait mal de regarder son neveu que parce qu’il était encore agacé par l’entrée de Spencer. « Et je sais pas où sont mes parents. » Il venait de se rendre compte qu’ils étaient censés l’avoir prévenu pour Cillian, alors il y avait également des chances qu’il soit censé être au courant de leur localisation du moment. Bah, Spencer était probablement trop bouleversé pour s’en rendre compte quoiqu’il arrive. Toujours énervé, il se releva finalement, posant sa main sur le lit pour être sûr de réussir à se mettre correctement debout, entre ses migraines, sa fièvre et ses crampes d’estomac, il se sentait un peu plus faible que d’habitude en ce moment et il lui arrivait de ne plus réussir à se relever d’un coup. Devant Spencer, il préférait assurer le coup. « J’apprécierais que tu ne passes pas tes nerfs sur moi. C’est pas de ma faute s’il est là, j’ai déjà eu la gentillesse de te prévenir alors si t’as envie de t’énerver contre quelqu’un trouve-toi une autre cible, merde. C’est pas la journée à me faire chier. » Il savait que Spencer s’était excusé, même si ce n’était que pour la forme, mais c’était plus fort que lui. Lui aussi était sur les nerfs, et lui aussi avait besoin de quelqu’un sur qui passer ses nerfs, et il s’avérait que Spencer était sa victime parfaite. Pas de chance pour lui.

Il préféra s’éloigner de Spencer et alla s’adosser à un mur un peu plus loin. Croisant les bras sur sa poitrine, il lança un regard glacial au jeune sorcier. Ce n’était pas encore assez, lui aussi il avait besoin de se défouler un coup, lui aussi il avait besoin de laisser sortir sa rancœur, même si c’était contre la mauvaise personne. « Et ça te va bien de tout foutre sur le dos de mes parents, ils sont peut-être minables pour s’occuper de Cillian mais il me semble pas t’avoir vu te battre des masses pour le récupérer non plus. » Lâcha-t-il d’un ton glacial avant de détourner les yeux. Il regretta d’avoir sorti ça à peine une seconde après avoir fermé la bouche, il savait que c’était ridicule de s’en prendre à Spencer pour ça, mais il fallait que ça sorte, il ne pouvait pas rester là les bras croisés à ne rien faire alors que son neveu allait peut-être crever ici. Alors même si c’était con, et injuste, il fallait qu’il le dise, et peut-être que ça leur ferait du bien à tous les deux de se défouler, même si ce n’était pas sur la bonne personne.

Putain, Arthur savait qu’il avait tort d’attaquer Spencer sur ce terrain, pas parce qu’il pensait avoir quelque chose à se reprocher de ce côté-là, non, mais parce qu’il savait que ce n’était pas en s’en prenant à Spencer qu’il allait se sentir mieux, au contraire. Ça réussirait peut-être à le distraire pendant deux minutes mais en aucun cas à le calmer, et c’était surtout de ça dont il avait besoin maintenant. Seulement voilà, c’était tellement facile de venir le chercher quand il se trouvait juste là, surtout quand il était la seule victime potentielle à portée de main et que ça démangeait Arthur de déverser sa bile sur quelqu’un, n’importe qui. Alors voilà c’était parti tout seul, et Arthur commençait déjà à le regretter. Il fut étonné de ne pas voir Spencer s’énerver plus que ça, pire, il fut même un peu déçu. Il aurait préféré que le jeune homme pète complètement un plomb, commence à casser le matériel autour d’eux, vienne lui hurler dessus, pourquoi pas lui en coller une, même s’il ne se sentait pas assez dans son assiette pour pouvoir encaisser le moindre coup à l’heure actuelle. Au lieu de ça il se contentait d’essayer de le culpabiliser à son tour ? C’était pathétique comme revers de la part de Spencer, et Arthur ne put s’empêcher de froncer les sourcils en l’entendant répliquer. Il ne pouvait pas trouver mieux que ça ? Sérieusement ? On ne pouvait décidemment plus compter sur personne.

Il leva les yeux au ciel quand Spencer remit sur le tapis ses problèmes de drogue. Il ne pouvait vraiment pas s’empêcher d’en reparler, hein ? Arthur se mordilla la lèvre inférieure pour s’empêcher de répliquer, parce qu’il n’avait pas envie de parler de ça, surtout alors qu’il aurait tué pour une dose à l’instant présent. Malheureusement pour lui, tuer Spencer ne lui aurait pas apporté ce qu’il souhaitait. Finalement, Spencer s’approchait de lui, Arthur commença à prier pour qu’il s’énerve vraiment, mais non, il se contenta de poser sa main sur le mur derrière lui et de lui parler à peu près calmement. Il n’allait pas s’énerver ? Vraiment ? Il laissa échapper un long soupir de frustration en regardant Spencer s’éloigner et croisa les bras sur sa poitrine, se mordant l’intérieur de la joue pour s’empêcher de sauter sur Spencer pour lui en coller une. Il n’était pas sûr que ses jambes le lui permettent de toute façon. « J’ai jamais dit que j’étais parfait avec lui, seulement moi Cillian c’est pas ma responsabilité. C’est mon neveu, ok, je suis pas responsable de son bien-être, je suis ni son gardien ni son père, c’est pas à moi de faire en sorte qu’il se fasse pas écraser alors tu peux critiquer ce que j’ai fait tant que tu veux j’en ai rien à foutre. Et puis merde, je vois même pas pourquoi je suis là, c’est vrai ça, c’est pas à moi de m’en occuper, je m’en fous. » Lâcha-t-il d’un ton amer avant de se décoller du mur, commençant à gesticuler à l’aide de ses bras. Il savait que c’était ridicule de dire ça, il tenait probablement autant à Cillian que Spencer, et il essayait juste de se convaincre du contraire au cas où… Au cas où son neveu ne se réveille jamais. C’était plus facile de se dire qu’on n’en avait rien à foutre plutôt que d’affronter le fait qu’on puisse être sur le point de perdre une personne chère. « T’as raison, j’me casse, je vais faire chier quelqu’un d’autre. » Il n’avait même plus envie de s’énerver contre Spencer, alors c’était à ça qu’ils en étaient réduits ? Ils ne pouvaient même plus se disputer correctement ? Ils étaient devenus incapables de se crier dessus jusqu’à ce que l’un des deux craque et balance le premier coup de poing ? Si Arthur n’avait pas été aussi agacé il aurait pu trouver ça triste, là, il trouvait juste ça chiant, parce qu’il aurait bien eu besoin que Spencer le fasse penser à autre chose avec ses conneries.

Au lieu d’insister, il sortit donc en claquant à nouveau la porte. Il n’allait pas partir de la clinique, il le savait, il allait juste lui falloir un peu de temps pour se calmer, mais il n’avait aucunement l’intention d’abandonner Cillian. Il avait beau être énervé, il ne l’était pas assez pour juste s’enfuir complètement. Il fit une première fois le tour de la clinique, les mains dans les poches et finit par aller s’asseoir en tailleur par terre dans un couloir choisi au hasard. Il aurait du en profiter pour aller voir un médecin, vérifier ce qu’il avait lui-même, mais il n’avait pas le courage de se lever, et il avait du mal à s’en faire pour sa propre santé alors que son neveu était dans le coma. Quoiqu’il ait, ça pouvait attendre que Cillian aille mieux, non ? Il se prit la tête à deux mains et attendit patiemment que sa colère retombe. Il savait qu’il était con de s’être mis tout seul dans cet état, ce n’était pas la solution, les cris, les coups, tout ça ça ne ramènerait pas son neveu. C’était comme si c’était sa seule façon de réagir à tout, il avait eu la même réaction au moment de la mort de sa sœur. Il s’essuya rapidement les yeux quand il se rendit compte qu’ils étaient humides, il allait falloir qu’il arrête d’être aussi émotif, il avait l’impression de passer sa vie à pleurer ces derniers temps et il détestait ça, ce n’était définitivement pas son genre de se laisser aller comme ça. Et puis, ça ne servait à rien de pleurer, ça n’allait pas non plus aider Cillian à se réveiller et c’était loin de le faire se sentir mieux. Il grimaça en sentant une nouvelle crampe d’estomac le prendre et il fut obligé de se relever en commençant à ressentir une furieuse envie de vomir. Il ouvrit la porte des premières toilettes qu’il trouva et laissa son estomac se déverser dans la cuvette la plus proche. Il se rinça rapidement la bouche et en profita pour se passer de l’eau sur le visage. Au moins son petit tour dans les couloirs de la clinique avait porté ses fruits, il n’était plus énervé, il se sentait juste… Vide. Et désormais aussi bien physiquement que moralement. Oui, c’était ça la bonne nouvelle.

Il se remit doucement en route vers la chambre de Cillian, conscient qu’il allait devoir s’excuser auprès de Spencer. Autant vous dire qu’il n’attendait pas spécialement cette scène avec impatience. Il sortit l’une de ses mains de ses poches et ouvrit la porte de la chambre de son neveu. Il la referma derrière lui avant de fourrer sa main à nouveau dans sa poche. Les yeux baissés, il s’approcha du lit de Cillian et finit par aller s’asseoir à moitié dessus, tout au bout afin d’être sûr de ne pas s’asseoir sur son neveu. Il prit quelques secondes pour le regarder, s’il oubliait les tubes auxquels il était relié, on aurait presque dit qu’il dormait. Il sentit sa mâchoire se serrer, c’était tellement con. Il s’était lui-même retrouvé tellement de fois à l’hôpital, il aurait un million de fois préféré être lui-même en train de mourir plutôt que de devoir supporter de voir son neveu dans cet état une minute de plus. Il laissa échapper un soupir et se mordilla la lèvre inférieure pour s’empêcher de craquer à nouveau. Il fallait qu’il se rappelle que pleurer ne servirait à rien, surtout devant Spencer, il s’était déjà montré assez faible devant lui pour toute une vie. Il finit cependant par se tourner vers lui. « Spence… » Commença-t-il doucement parce qu’il savait à quel point ça allait lui arracher la gueule de s’excuser pour tout à l’heure.

Heureusement pour lui, il n’eut jamais l’occasion de terminer sa phrase. La porte de la chambre s’ouvrit, dévoilant les parents d’Arthur. Phillipa et Henry, son mari, s’arrêtèrent dans l’encadrement de la porte en voyant les visiteurs que recevait leur petit-fils. « Qu’est-ce vous fichez là tous les deux ? » Arthur détourna le regard et le concentra sur Cillian, il n’avait pas la force de s’occuper d’eux, il avait eu envie de les frapper, mais il l’avait déjà fait une fois avec son père et il n’était vraiment pas sûr de vouloir recommencer. Il prit en tout cas bien soin de ne pas croiser le regard de Spencer, au cas où il capte que les Thornfield ne l’avaient définitivement pas prévenu de la présence de Cillian à l’hôpital. Avec un peu de chance, il serait trop occupé à leur hurler dessus pour comprendre. « Comment est-ce que vous avez su ? Je veux que vous sortiez, tous les deux, immédiatement ! Sinon j’appelle la sécurité ! » Arthur n’avait pas besoin de se retourner pour sentir le regard assassin que lui lançait son père. Il se tourna rapidement vers lui, juste pour lui signifier qu’il pouvait le regard autant que ça lui plairait, il ne comptait pas bouger d’une semelle. Il se tourna ensuite vers Spencer, comme s’il cherchait à lui faire comprendre qu’il n’avait pas la force de se battre au nom de Cillian maintenant. « Je t'en prie. » Lâcha-t-il doucement avant de reporter son attention sur son neveu. Il se doutait que Spencer n’avait besoin ni de sa permission, ni de ses encouragements, mais ça lui faisait plaisir de lui donner sa bénédiction.

Arthur n’avait même plus le courage d’affronter ses parents, sans compter qu’il avait peur de laisser les choses déraper comme la dernière fois s’il s’autorisait à se charger de leur cas. Il préférait que ce soit Spencer qui le fasse, surtout que lui il devait avoir les idées un peu plus claires que lui. L’arrivée des Thornfield et la voix stridente de sa mère résonnant dans toute la pièce avait définitivement réveillé son mal de crâne et il n’était pas sûr que hurler ait été la meilleure solution pour le faire passer. Il décida donc de rester bien concentré sur son neveu, caressant doucement ses cheveux comme s’il pensait que ça servirait à quelque chose. C’était tout ce qu’il pouvait faire de toute façon, et il ne tenait pas à regarder ses parents, il savait qu’il aurait du mal à se retenir d’aller les frapper. Il sentit sa mâchoire se serrer en entendant Spencer commencer à les engueuler, ça lui faisait du bien que quelqu’un leur gueule dessus, mais ça lui rappelait également que c’était de leur faute si Cillian était là. Il se força à garder les yeux rivés sur son neveu, il ne devait penser qu’à lui, sinon il allait s’emporter et ça allait mal finir. C’était dur de ne pas entendre la conversation entre Spencer et ses parents pourtant, surtout vu la tournure qu’elle prenait.

Arthur ne put s’empêcher de se tourner vers ses parents quelques secondes après, comme s’il avait envie d’appuyer la réplique de Spencer. Il ne voulait définitivement pas que Cillian se réveille dans une chambre vide, il l’avait déjà fait et il ne comptait pas laisser ça arriver à son neveu, il pouvait démissionner et passer tout le temps qu’il faudrait ici. Spencer devait encore bosser au Ministère, il pourrait aller au boulot et compter sur Arthur pour surveiller son fils. Il se doutait que ce plan n’irait pas spécialement à Spencer, mais pour le moment c’était tout ce qu’il avait à proposer. Arthur déglutit avec difficulté en entendant le jeune sorcier poursuivre, lui non plus n’arrivait pas à croire que ses parents aient le droit de s’occuper d’enfants, il savait assez bien comment Ariane et lui avaient fini pour avoir peur pour l’avenir de son neveu. Mais ce n’était pas comme s’il pouvait lui offrir mieux, hein ? Il n’arrivait même pas s’occuper de lui-même, comment aurait-il pu s’occuper d’un gamin de 6 ans ? Et Spencer ce n’était pas mieux. Y en avait vraiment pas un pour rattraper l’autre, ils se battaient tous pour savoir qui était le plus nuisible à Cillian mais aucun ne semblait prêt à faire de vrais efforts pour s’améliorer avec lui. Ils étaient tous trop cons au fond, et il avait fallu que Cillian se retrouve dans le coma pour qu’Arthur comprenne ça.

Il leva les yeux au ciel et laissa échapper doucement : « J’ai aucune envie qu’il finisse comme moi non plus. » Il se doutait que de là où il était personne ne l’avait entendu, et c’était tant mieux, de toute façon c’était sorti tout seul. Enfin, entendre ses parents le critiquer comme ça avait tout de même le don de l’énerver, s’ils n’avaient pas voulu qu’il tourne comme ça, ils n’avaient qu’à s’occuper de lui avant que les choses ne dégénèrent. Ils avaient tous été touchés par la mort d’Ariane, Arthur n’était pas assez con pour ne pas le comprendre, mais ça n’avait jamais été une raison valable pour l’abandonner complètement, il avait encore quelques souvenirs un peu trop vifs en mémoire de ses parents ignorant royalement les traces de coups avec lesquelles il revenait, où les soirées qu’il passait complètement stone à hanter le salon. Il leur avait donné plus qu’une seule occasion de le remettre sur le droit chemin, merde, alors maintenant il ne fallait pas qu’ils se plaignent s’il était tel qu’il était. C’était un peu trop facile de tout leur foutre sur le dos, mais il n’arriverait jamais à leur pardonner, et les entendre se plaindre de lui, c’était décidemment trop fort et trop culotté pour qu’il ne se sente pas agacé en les écoutant.

Arthur se tourna complètement vers Spencer et ses parents quand il entendit la menace du jeune homme. Il allait peut-être falloir qu’il vienne calmer le jeu là, il avait bien envie de voir Spencer massacrer ses parents – soyons honnêtes, c’était un peu ce qu’il avait eu en tête quand il l’avait envoyé tout à l’heure – mais il ne tenait pas à ce que le jeune sorcier se fasse virer de l’hôpital. Il y avait toujours moyen de le faire revenir puisqu’il s’agissait d’une clinique moldue, mais tout de même, Arthur aurait préféré que Spencer ne se fasse pas virer d’ici. Il baissa les yeux et passa sa langue sur ses lèvres en entendant la suite. Et merde. Il avait fallu qu’il ramène ça sur le tapis, il ne put même pas blâmer son père de lui répondre de la sorte. Il se leva en tout cas, il ne tenait pas à ce qu’ils s’étendent sur le sujet. « Le déchet apprécie l’attention. » Lâcha-t-il sèchement tout en prenant bien soin de garder au maximum son calme. Il ne s’était pas levé pour aller frapper ses parents, même si c’était ce que son père avait imaginé vu le pas qu’il venait de faire en arrière. Arthur ne pouvait même pas lui en vouloir d’avoir peur de ses intentions, la dernière fois qu’ils s’étaient vus, Arthur l’avait quand même envoyé à l’hôpital. Il se mordit l’intérieur de la joue pour s’empêcher d’y repenser, et surtout pour s’empêcher de rééditer l’exploit, lui non plus n’avait aucunement l’intention de se faire virer d’ici, sans compter qu’il avait déjà assez de mal comme ça à tenir correctement debout, il n’avait aucune chance de pouvoir coller une raclée à son père comme la dernière fois. « Vous en avez assez fait comme ça, vous croyez pas ? C’est de votre faute s’il est là, alors dégagez maintenant. » Lança-t-il d’un ton relativement calme tout en défiant sa mère du regard. Il savait très bien que c’était par elle que passerait la décision, son père était plutôt du genre à fermer sa gueule et à obéir à sa femme.

« Je ne compte pas laisser mon petit-fils avec deux tâches pareilles. » Arthur leva les yeux au ciel, finalement plutôt amusé qu’autre chose par la résistance que lui opposait sa mère. Elle savait très bien qu’elle allait perdre au final, elle gaspillait juste son énergie et sa salive. « Moi non plus. » S’il y avait deux tâches dans la pièce, c’était Phillipa & Henry plutôt que Spencer et lui selon Arthur, mais apparemment sa mère ne semblait pas encore s’en être rendue compte. Il se plaça devant Spencer juste histoire de s’assurer qu’il n’allait pas leur tomber dessus. « Le plus important c’est qu’il y ait quelqu’un avec Cillian, non ? Alors rendez nous service, rentrez chez vous et revenez demain, ok ? » Sans leur laisser le temps de répliquer il les repoussa tous les deux jusqu’à les faire sortir de la chambre et il leur claqua la porte au nez. Il sortit sa baguette et la ferma à clé avant qu’ils n’aient le temps d’essayer de la rouvrir. Il savait qu’ils étaient foutus d’appeler la sécurité, mais il n’avait pas le courage de les supporter une minute de plus. Ils devaient de toute façon se douter qu’Arthur avait fait preuve de magie et ils n’étaient pas sûrs exactement de ce qu’il était capable de faire ou non avec son bout de bois, avec un peu de chance ils préféreraient ne pas tenter le diable et revenir le lendemain. Arthur avait simplement dit ça pour les faire dégager, il serait là demain, et le lendemain encore, et tous les jours jusqu’à ce que Cillian se réveille. Le plus important, c’était qu’ils soient débarrassés d’eux maintenant. Il se tourna vers Spencer et baissa immédiatement les yeux avant de se diriger de nouveau vers le lit. Maintenant qu’ils étaient à nouveau tous les deux, il savait que le jeune sorcier allait lui demander comme il avait su que Cillian était là, et il s’en voulait à présent d’avoir trouvé un mensonge aussi nul tout à l’heure. Désormais, même s’il trouvait une explication qui tenait la route, Spencer allait savoir qu’il mentait et qu’il cherchait à lui cacher quelque chose. Avec un peu de chance, il aurait oublié ou alors il déciderait que ce n’était pas important.

Il retourna s’asseoir sur le lit de Cillian, se rendant compte que maintenant qu’il avait viré ses parents, il n’avait plus aucune chance de savoir exactement ce qui était arrivé à son neveu. Est-ce que ça avait vraiment de l’importance au fond ? Ce qui comptait c’était qu’il soit encore à l’hôpital, non ? Il se massa doucement les tempes pour essayer de faire passer son mal de crâne, en vain. Ça commençait à devenir plus qu’agaçant, il allait falloir qu’il trouve le temps de faire quelque chose à propos de ça, dès que Cillian serait réveillé. Il releva les yeux vers Spencer, décidé à changer de sujet et à oublier l’apparition de ses parents. Il était en tout cas obligé de se forcer à parler vu les circonstances. « Tu dois pas bosser aujourd’hui ? » Demanda-t-il faiblement. Il savait à quel point Jenkins avait envie de trouver une bonne raison de le virer et Arthur ne voulait pas que Spencer lui en fournisse une. « J’ai rien à faire en ce moment, je peux rester avec lui si t’as besoin d’aller au Ministère. » Il ne cherchait étonnamment même pas à virer Spencer, pour une fois ça partait vraiment d’un bon sentiment. Il fallait être réaliste, ils ne savaient pas combien de temps Cillian allait passer dans le coma, Arthur ne voulait pas penser à l’éventualité qu’il n’en sorte jamais, mais il devait penser à celle qu’il puisse y rester pendant des semaines, voire des mois. Il se prit la tête à deux mains et laissa échapper un soupir, putain mais toute cette situation était ridicule, Arthur n’aurait pas dû pouvoir s’y adapter aussi facilement. La force de l’habitude probablement, il s’était retrouvé dans une situation similaire tellement de fois que son cerveau avait développé un certain sens pratique.

Spoiler:

Arthur se contenta de hocher tranquillement la tête quand Spencer lui expliqua avoir fini avec le boulot pour aujourd’hui. C’était tellement bizarre de parler de ça tranquillement avec lui, mais avec Cillian dans le coma, Arthur avait été obligé de revoir l’ordre de ses priorités, et la rancœur qu’il pouvait encore ressentir à l’égard de Spencer était passée au second plan. Il n’était pas assez égoïste pour priver le jeune sorcier de l’occasion de voir son fils alors qu’il était à l’hôpital comme ça, de toute façon, voir Cillian dans cet état, ça l’avait forcé à mettre toute cette histoire en perspective. Temporairement en tout cas. Il laissa échapper un petit soupir, c’était tellement… étrange de se retrouver ici, il ne savait pas quoi faire, il n’y avait strictement rien qu’il puisse faire pour améliorer la situation et il pouvait gueuler sur Spencer autant qu’il le voudrait, il savait que ça n’allait pas l’aider à se sentir mieux. Il ressentait juste une sorte de vide intérieur et c’était terriblement frustrant pour Arthur de savoir que rien ne réussirait à le remplir tant que les jours de son neveu seraient encore en danger. Il détestait ne pas avoir le contrôle sur les évènements, il ne pouvait même pas imaginer ce que Spencer devait ressentir à cet instant même. Il avait pensé à emmener Cillian à Ste Mangouste mais maintenant que le petit garçon était branché ici, Arthur n’osait pas le bouger. Il était pourtant persuadé que les médicomages pourraient plus aider Cillian que ces abrutis de médecins moldus, oui, il en était sûr. Il détestait encore plus ses parents et leur aversion pour la magie.

Il se contenta de sourire à la réflexion de Spencer. Pour une fois qu’il ne prenait pas tout de travers. Il fallait croire que tant qu’une personne qu’ils aimaient n’était pas en danger mortel, ils étaient incapables de faire des efforts l’un avec l’autre et de ne pas se foutre sur la gueule. C’était pathétique. Il releva les yeux vers Spencer et haussa les épaules. S’il pensait pouvoir le faire, Arthur n’avait rien à objecter. « Ça me va. » Répondit-il doucement avant de reposer ses yeux sur Cillian. Il ne se ferait jamais à cette situation, surtout maintenant que Spencer le remerciait pour avoir mis ses parents dehors. Il ne prit cette fois-ci même pas la peine de relever les yeux. Il devait pourtant savoir que ça lui avait fait autant plaisir qu’à Spencer, il ne l’avait pas fait pour lui. Enfin pas spécialement. « Désolé qu’ils soient venus. » Se contenta-t-il de répondre du même ton mou avant de prendre pendant quelques secondes la petite main de Cillian dans la sienne. Il soupira à nouveau et se força à détourner le regard, c’était trop dur, il ne supportait pas de voir son neveu aussi fragile et vulnérable, c’était intolérable. Arthur fut interrompu dans ses pensées par la voix de Spencer. Il se figea encore un peu plus et sentit son sang se glacer dans ses veines. Il ne savait pas pourquoi c’était aussi important pour lui que Spencer ne sache pas pourquoi il était là, mais ça l’était, point. C’était peut-être une question de fierté, ou de vie privée, il n’en savait rien. Toujours est-il qu’il n’avait aucunement l’intention de répondre à Spencer. Il baissa les yeux malgré lui et se mordilla l’intérieur de la joue, commençant déjà à chercher une excuse qui ne sonnerait pas trop bidon. Mais merde, il n’aurait pas pu simplement lâcher l’affaire ? Il avait d’autres chats à fouetter, son fils était entre la vie et la mort, qu’est-ce que ça pouvait bien lui foutre ce que les Thornfield racontaient ? Il savait que Spencer ne pouvait rien faire pour son fils, alors la remarque n’était pas particulièrement justifiée, mais il aurait aimé que Spencer s’intéresse un peu moins à lui pour une fois.

Arthur détestait avoir l’impression d’être scruté comme ça, et c’était pourtant ce qu’il ressentait sous le regard de Spencer. Merde, il pouvait pas regarder ailleurs ? Il détourna encore un peu plus le regard, comme s’il cherchait à tout prix à éviter celui du jeune homme. Ouais, super, t’as raison, c’est comme ça qu’il va pas se douter que tu mens, abruti. Il secoua doucement la tête et se força à relever les yeux, les braquant finalement sur Spencer avant de croiser ses bras sur sa poitrine. Il savait d’avance que Spencer n’allait pas le croire, mais il n’avait pas non plus envie de lui dire la vérité. Il n’avait en tout cas pas du tout apprécié le ton sec qu’il avait utilisé, même s’il appréciait le fait que Spencer n’ait pas pensé une seule seconde qu’Arthur ait pu être mêlé à l’accident de Cillian d’une façon ou d’une autre. Ce n’était pas désagréable de ne pas se faire faussement accuser pour changer un peu, n’empêche qu’il n’aimait pas du tout la tournure que prenaient les évènements. « Je passais juste, c’est bon là. » Répliqua-t-il légèrement sur la défensive. Bon, il savait qu’il n’avait aucune chance que Spencer le croit mais il aurait quand même pu faire un minimum d’effort. Là le fait qu’il cache quelque chose crevait les yeux. Il leva les yeux au ciel et décroisa les bras, les laissant retomber sur le lit. Il finit par en descendre et par aller s’adosser contre le mur à côté, histoire d’être toujours en face de Spencer. Il passa sa langue sur ses lèvres et baissa une nouvelle fois les yeux. « J’étais juste venu pour un test de routine, je passe par la clinique deux fois par an pour vérifier que… » Que j’ai pas chopé une MST particulièrement vicieuse. « Que tout va bien. En arrivant, on m’a appris que j’étais pas le seul Thornfield à être ici. Voilà, c’était passionnant, n’est-ce pas ? Ça valait le coup de demander. » Il leva les yeux au ciel avant de les poser à nouveau sur Spencer, croisant les bras sur sa poitrine et soutenant son regard, le défiant quasiment de trouver une faille dans son mensonge. Il savait que même si son mensonge tenait la route, Spencer ne le croirait pas. S’il n’avait pas eu quelque chose à cacher, il n’aurait pas menti tout à l’heure, et ce qu’Arthur lui avait dit n’expliquait pas le moins du monde la nécessité de mentir une première fois. Enfin, avec un peu de chance, il s’en contenterait en voyant qu’Arthur n’avait aucune envie d’en parler. Ahah, on pouvait toujours rêver, pas vrai ?

Arthur était en tout cas agacé par la façon dont Spencer lui avait posé la question, c’était peut-être stupide mais il ne supportait pas de se sentir agressé, même juste un peu, vu les circonstances. Il n’avait pas autre chose à foutre que de se mêler de ses affaires ? Ce n’était plus ses oignons depuis longtemps, à vrai dire ça ne l’avait jamais été. Il se mordit la lèvre inférieure pendant quelques secondes, comme s’il essayait de s’empêcher d’en rajouter. Il savait que ça ne servirait à rien de continuer, il savait que non seulement plus il en rajouterait plus il rendrait Spencer suspicieux en lui prouvant qu’il avait touché un point sensible, mais en plus de ça plus il agacerait aussi le jeune homme. Ils n’avaient pas besoin de ça, mais apparemment c’était trop dur pour eux de se comporter calmement pendant plus de deux minutes. Mais peut-être qu’Arthur préférait ça, ça au moins il connaissait, c’était un territoire familier. Passer deux heures avec Spencer à veiller sur Cillian sans s’engueuler ou se reprocher quoique ce soit, ça il ne s’en sentait pas capable. « Et puis merde je vois pas en quoi ça te concerne. Je t’ai déjà dit que je voulais pas que tu t’occupes de mes affaires. Qu’est-ce que ça peut bien te foutre ce que je foutais à l’hôpital ? L’important c’est que je t’aie prévenu, non ? Tu peux pas juste dire merci et lâcher l’affaire ? » Oui, Arthur lui avait déjà expliqué qu’il n’aimait pas que Spencer fasse ça, et la dernière fois qu’ils en avaient parlé, ça s’était à moitié bien fini. Mais Arthur n’avait définitivement pas envie d’y repenser maintenant et il détourna les yeux, l’air renfrogné et les bras toujours croisés sur sa poitrine. Il savait qu’il avait tort d’agresser Spencer comme ça pour une simple question, mais il fallait croire que c’était plus fort que lui. Malheureusement pour lui, se disputer avec Spencer n'allait pas arranger son mal de crâne et il fronça les sourcils en recommençant à se masser doucement les tempes.

Spoiler:

Arthur savait qu’il avait eu tort, il n’aurait pas du s’emporter contre Spencer. Il avait l’impression d’avoir en fait juste cherché une excuse afin de s’en prendre au jeune homme, il avait juste utilisé un ton un peu sec et Arthur lui avait directement sauté à la gorge. Il ferma les yeux et continua à se masser doucement les tempes, c’était trop demandé de ne pas avoir un caractère de merde comme ça ? Il aurait préféré être plus patient, moins impulsif et surtout moins con avec Spencer, malheureusement pour lui, non seulement il faisait des conneries, mais en plus de ça, il était assez malin pour s’en rendre compte, mais après coup seulement, bah oui, sinon c’était pas marrant. Il laissa échapper un soupir et écouta tranquillement Spencer répliquer. Il s’était douté que le jeune homme allait avoir quelque chose à redire, mais il n’avait pas pensé que ce serait sur ça. C’est vrai qu’il était con, il venait à l’hôpital pour se faire soigner et il passait sa vie dans la chambre de son neveu de 7 ans dans le coma. Il aurait pu au moins avoir l’intelligence d’aller se faire soigner avant, seulement voilà il n’en avait pas le courage. C’était égoïste et complètement con de sa part mais il n’avait ni envie d’aller se faire soigner ni envie de quitter la pièce. Si jamais Cillian se réveillait, il voulait être là pour lui.

Il releva finalement les yeux vers Spencer, un air agacé au visage et les lèvres pincées. « Et toi tu peux pas simplement poser une question normalement ? T’étais pas obligé de m’agresser j’te signale. » Il savait que ce débat pouvait être sans fin, qui avait été le premier à lancer les hostilités ? Ils ne le sauraient jamais, sans compter que ça changeait à chaque fois. Il leur suffisait généralement d’un mot plus haut que l’autre pour que ça dégénère alors c’était dur de désigner un responsable à chaque fois qu’ils finissaient par se taper dessus. Cette fois-ci, Arthur éclata littéralement de rire. Chose qu’il regretta immédiatement après quand il ressentit une vive douleur au crâne. Merde, saloperie de migraine, il avait hâte d’en être débarrassé, s’il n’était même plus en état de se moquer de Spencer, il n’y allait plus avoir grand-chose sur sa liste de choses à faire. Enfin, il trouvait quand même ça de mauvaise foi que Spencer lui reproche de s’énerver pour rien et de ne pas pouvoir faire d’efforts pour Cillian. Et lui là il faisait quoi ? Sans compter que c’était lui qui avait lancé les hostilités, Arthur n’en démordrait pas. Il secoua la tête doucement et baissa les yeux, il n’avait pas envie de continuer cette discussion, il savait qu’ils allaient tourner en rond et il ne se sentait définitivement pas assez en forme pour pouvoir continuer à pédaler dans la semoule comme ça pendant très longtemps. Comme il refusait de perdre contre Spencer, il préférait simplement arrêter d’en parler, c’était plus simple. De toute façon, le jeune sorcier avait raison, ils pouvaient bien faire un effort pour la tranquillité de Cillian, non ? Le petit garçon était dans le coma, et aux dernières nouvelles il ne pouvait pas les entendre, mais Arthur avait quand même envie de faire un effort pour lui. Une petite partie de lui-même ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’il ne donnait pas envie à Cillian de se réveiller en gueulant comme ça avec Spencer, et il s’en voulait. C’était con mais c’était la seule chose sur laquelle il avait encore du contrôle, et si ça pouvait aider… Il laissa échapper un nouveau soupir, c’était pathétique ce à quoi il en était réduit.

Arthur ne releva les yeux que quand il vit une masse fondre sur lui. Avant qu’il n’ait eu le temps de réagir, Spencer l’avait repoussé contre le mur et avait posé une main sur son torse. Arthur releva les yeux vers le jeune homme, l’air plus blasé qu’autre chose. A quoi il jouait encore ? La fermer ? Et lui il pouvait pas ne pas simplement arrêter de le chercher ? Enfin, il pouvait voir que Spencer n’était plus spécialement en colère et lui comptait bien tenir sa résolution de ne pas relancer le sujet. Il n’était pas de taille à lutter, surtout pas aujourd’hui, sans compter qu’il n’en avait en fait vraiment rien à foutre. Il avait juste cherché à s’énerver pour oublier pendant quelques secondes qu’il allait peut-être bientôt perdre son neveu. C’était la seule famille qu’il lui restait, et il ne voulait juste pas penser à l’éventualité que bientôt, il ne pourrait lui en rester aucune. C’était plus facile de gueuler contre Spencer que d’affronter la réalité. Arthur sentit ses traits se relâcher quand le jeune sorcier continua, arrêter ? Arrêter quoi ? Il secoua doucement la tête de gauche à droite, l’air plus perplexe qu’autre chose désormais. « De faire quoi ? J’ai rien fait du tout. » Et le pire, c’était qu’il le pensait vraiment. Il avait gueulé, c’était tout, mais il ne voyait pas en quoi ça pouvait faire autant d’effet à Spencer. En revanche lui, il allait falloir qu’il s’écarte un peu parce que la proximité du jeune homme avait tendance à agir un peu trop bien sur Arthur. Il n’était définitivement pas d’humeur à se taper Spencer, mais il ne voulait pas se laisser amadouer. Il s’en voulait encore de la façon dont il avait craqué la dernière fois qu’il était passé chez Spencer, l’alcool ne l’avait pas aidé ce soir là, mais maintenant, il ne se sentait pas beaucoup plus en forme et il n’avait qu’une envie, aller se réfugier dans les bras de Spencer.

Il se serait bien mis une baffe si Spencer ne lui avait pas enlevé toute marge de manœuvre. Il releva les yeux vers le jeune homme et commença à se mordiller la lèvre inférieure. Qu’est-ce qu’il attendait exactement ? Arthur n’en savait rien, mais il n’arrivait pas à souhaiter des masses que Spencer s’en aille. « Désolé, j’aurais pas dû m’emporter. J’ai juste pas envie d’en parler. » Voilà, il avait été honnête, maintenant est-ce que Spencer pourrait juste accepter ça et dégager de son chemin ? Apparemment pas, et Arthur ne réussissait même pas à en être désolé. Peut-être qu’au lieu de se taper dessus, ils pourraient essayer d’être là l’un pour l’autre en attendant que Cillian se réveille. C’était bête, et Arthur était persuadé qu’ils ne tiendraient pas cinq minutes avant d’avoir de nouveau envie de se foutre sur la gueule, mais peut-être que ça valait le coup d’essayer, non ? Il ne restait plus qu’un petit obstacle à dégager de leur chemin, et c’était bon. La fierté d’Arthur, et malheureusement pour lui, il n’était pas prêt à la mettre de côté, pas encore. Il essaya de se décoller du mur, en forçant ainsi Spencer à se reculer pour le laisser passer. Enfin, c’était ce qu’il avait prévu en tout cas, tout ce qu’il réussit à faire fut de se retrouver avec le font plaqué contre le torse du jeune homme. Et maintenant qu’il était là, il n’y avait plus aucune chance qu’il l’en retire. Il n’avait plus la force de lutter, et cette fois-ci il n’était pas seulement atteint sur le plan moral, son corps entier lui réclamait d’arrêter de faire des efforts inutiles et s’il y avait bien un effort qui était inutile, c’était de lutter encore et toujours contre Spencer. Il finit par poser ses mains autour de la taille de Spencer et par fermer les yeux, profitant juste du contact et essayant d’oublier pendant quelques secondes que son neveu était entre la vie et la mort juste à côté d’eux. Le petit moment de paix intérieure qui suivit ne dura pas plus de quelques secondes et il fut bientôt ramené à la réalité. Il releva simplement les yeux avant de souffler : « Il va se réveiller, c’est pas possible autrement. » Il ne savait pas s’il essayait de se convaincre lui-même ou de rassurer Spencer, peut-être un peu des deux, enfin ça n’avait en tout cas pas été très efficace, ça avait juste accentué encore un peu plus son mal de crâne. Il avait envie de dormir et de ne plus jamais se réveiller, à défaut de pouvoir le faire, il enfouit son visage dans le torse de Spencer et resserra légèrement son étreinte après avoir passé ses bras autour de lui, comme s’il avait soudainement peur de le perdre lui aussi. Peut-être qu’il avait juste besoin de ne pas affronter ça tout seul, et que même après tout ce qui s’était passé entre eux, Spencer restait la seule personne qui comptait un minimum pour lui, il n’en savait rien. Tout ce qu’il avait besoin de savoir pour l’instant, c’était que le contact le calmait, et ça lui suffisait pour l’instant.