You missed me [Pv Fred]

Remember your lovely past

« Excusez-moi Monsieur … mais c'est combien pour un pot de crème canari ? ». Debout sur mon immense échelle en train d'étiqueter des dizaines de boîtes à flemme, je me retournais quelque peu interrompu dans mon entreprise mais affichant néanmoins un sourire plus que sincère à la personne qui venait de m'interpeler. Il était aux alentours de 12h30 et par conséquent le magasin était loin d'être bondé de monde comme ce matin par exemple. Il devait y avoir trois ou quatre individus, ni plus ni moins. Lorsque je posai mon regard sur le demandeur, je me retrouvai nez à nez avec un petit garçon qui ne devait pas dépasser les 13 ans. Et à en juger par son look d'enfant modèle il devait être du côté de ceux qu'on embête sans cesse, les têtes turcs quoi. Mais s'il venait ici s'était sans doute pour se venger de tous les affronts qu'on avait dû lui faire subir. « C'est 7 mornilles mon petit ! », avais-je répondu de manière clair et précise, ce sourire vendeur toujours aussi immuable. Il m'était difficile de me mettre à la place du garçon puisque George et moi étions justement ceux qui avaient pris un malin plaisir à Poudlard à faire des farces aux autres, nous permettant au passage d'atteindre une sacrée popularité.
Apparemment pressé le jeune client fouilla dans ses poches et me tendit le compte, le gratifiant alors d'un clin d'œil complice et d'un sourire empli de sous-entendus. Le sorcier partit avec sa boîte de crème canari, sous le regard jovial mon jumeau qui se trouvait non loin de là, perdu dans ces centaines d'étagères déjà remplies à ras-bord. « Encore un client satisfait frérot », ne pus-je m'empêcher de faire remarquer à mon frère tout en reprenant l'étiquetage de nos toutes dernières inventions. C'est fou le temps que nous prenait cette boutique depuis notre départ de Poudlard. Certes nous avions décidé de notre plein grès de quitter l'école, laissant au passage à cette affreuse Ombrage un petit souvenir qu'elle, je pense, ne serait pas prête d'oublier, mais jamais nous n'avions pensé que les affaires marcheraient aussi bien. Une chance pour nous !

Cela faisait près de trois semaines que George et moi dormions dans la boutique, ne pouvant décemment pas fermer ne serait-ce que pour une mâtiné les lieux. Je ne pensais pas dire ça un jour, mais le reste de la fratrie me manquait ainsi que ma vie sociale. Il semblait loin le temps où insouciants que nous étions, les terribles jumeaux Weasley vendaient dans le plus grand des secrets des farces et attrapes dans les couloirs de l'école. Rien n'était bien grave à cette époque et pour être honnête cela n'avait guère changé. J'étais juste devenu plus responsable si on put dire et le fait de devoir rester plus souvent que je le voudrais au magasin sans pouvoir voir le reste de notre famille et de mes amis, me pesait plus d'une fois. Bien sûr j'adorais être avec mon frère, ce n'était pas ma moitié pour rien après tout, mais j'avais également besoin de tous les autres.
Tout en continuant de ranger nos nouveaux produits, le dos à la porte d'entrée, je repensais à mes années passées au château, années qui m'avaient permises de faire parti de l'équipe de Quidditch de Gryffondor en tant que batteur, de rencontrer par la suite une popularité des plus incroyables et enfin qui m'avait donné l'occasion de sortir avec les plus belles filles des lieux. C'était sans doute la chose qui me surprenait le plus quand je me remémorais mes souvenirs au sein de Poudlard. Même si j'avais tendance à faire l'arrogant volontairement pour faire rire les autres, je ne pensais pas pour autant que j'étais le sorcier que toutes les filles adulés. Enfin, une chose était sûr, je l'étais plus que George ! … Plus sérieusement, j'avais toujours accepté ma tignasse rousse symbole de notre famille, les tâches de rousseur légèrement parsemées sur mon visage ainsi qu'un corps grand, fin et à peine musclé ; cependant je peinais toujours à m'aimer de la sorte. A croire que la beauté ne fait pas tout et que je dégageais quelque chose qui plaisait bel et bien à la gente féminine. C'est ainsi que j'étais sorti avec plusieurs d'entre elles durant mes années scolaires, toute maison confondues sauf Serpentard. Eux et moi ce n'était pas vraiment ce qu'on aurait pu appeler une histoire d'amour. Enfin bref, je n'avais pas eu à me plaindre de ce côté là. Il m'était même arrivé de tomber amoureux, mais rien qu'une fois. Elle s'appelait Alix Berry. Une ravissante brune aux yeux d'un bleu pétillant. Nous avions passé de merveilleux moments ensemble jusqu'à ce qu'elle décide de partir faire le tour du monde en me laissant à Londres. Peut-être trop fier pour le lui avouer, je l'avais laissé partir sans vraiment opposé de résistance, alors qu'au fond de moi j'aurais tout fait pour la retenir. Cela faisait près d'un an qu'elle m'avait quitté et malgré le fait que nous étions restés en contact par lettre durant un temps, tout le monde sait très bien que les relations à distance ne durent jamais, ce pourquoi nous avions décidé d'un commun accord implicite de poursuivre nos vies en tentant d'oublier l'autre.
Il fallait vraiment que j'aille prendre l'air ou sinon tous ces souvenirs allaient m'empêcher de travailler correctement. Descendant de mon échelle, je n'eus pas le temps de me retourner que déjà quelqu'un était venu se coller derrière moi et avait placé ses mains sur mes yeux dans le but sûrement que je devine son identité. C'était certainement une jeune fille puisque je pouvais sentir sa poitrine contre le bas de mes omoplates. Très agréable comme sensation croyez-moi. N'en perdant cependant jamais une pour plaisanter, je ne pus empêcher de balancer : « Wouah Georgy, ton torse s'est développé pendant la nuit ?! ». Sans plus attendre je me retournais en direction de la jeune femme avec un sourire moqueur aux bords des lèvres lorsque mon cœur cessa de battre l'espace d'un instant. Les yeux écarquillés et la bouche légèrement entrouverte, je peinais à réaliser la réelle présence de celle qui se tenait devant moi. Elle n'avait pas changé d'un trait, quoique peut-être encore plus belle qu'avant. Ébahi par le fait de la voir ici après tout ce temps, seul son prénom réussit à s'extirper de ma bouche. « Alix ?! ».

Last chance to feel again

Les yeux exorbités par la surprise de sa présence, je peinais à me convaincre qu'Alix se tenait bel et bien devant moi avec ce sourire qui m'avait plus d'une fois fait fondre au cours de notre relation, voir bien avant même. Car certes elle était plus que ravissante et beaucoup de garçons m'enviaient à l'époque où elle était à mon bras, mais je l'aimais bien plus que l'idée de son physique. Je l'aimais pour ce qu'elle était : sa folie passagère, sa bonne humeur contagieuse et son rire cristallin. Tout ça chez elle avait fait que j'étais tombé sous son charme sans vraiment m'en rendre compte. A ma plus grande joie d'ailleurs. C'est une sensation telle que peu de gens connaissent et que certains n'éprouveront jamais. Moi romantique ? En temps normal j'aurais sans doute dis non, hélas tout ce en quoi je croyais quand je me retrouvais aux côtés d'Alix disparaissaient en un agréable tas de poussière.

Après plus d'un an passé sans pouvoir poser les yeux sur son magnifique visage, je persistais à me dire que je devais sans doute rêvé, cela ne pouvait être autrement. Renfermé dans une sorte de bulle imperméable je pouvais vaguement entendre le bruit des potentiels clients présents dans la boutique ainsi que les divers objets animés prévus pour leur divertissement mais c'était comme si plus rien n'avait d'importance. Le monde aurait pu s'écrouler que même pas je n'y aurais prêté attention tant mes yeux étaient figés sur l'ancienne Poufsouffle. Mes pensées s'entrechoquaient alors que celle-ci vînt à ma rescousse en prenant la parole. Et d'après sa remarque, je devais être loin d'avoir l'air malin à la fixer bêtement de la sorte. Détournant mes yeux l'espace d'un instant vers mon frère, je lui lançais une sorte d'appel de détresse car j'étais bien trop désemparé face à notre invité surprise. Ce dernier, un petit sourire aux bords des lèvres et avec une expression de surprise toujours présente sur le visage lui aussi, m'adressa un regard complice tout aussi désemparé. Apparemment j'allais devoir m'en sortir seul. Qu'aurait pu faire George après tout ? Nous étions certes bien plus proches que n'importe quels jumeaux que nous avions pu rencontrer mais les histoires de cœurs restaient personnels à chacun. Et je peux vous dire que quand vous avez l'habitude de faire tout à deux, se retrouver face à des choses aussi compliquées tels que les sentiments amoureux sont loin d'être évidentes à gérer. C'était le cas en ce moment. Arrivant enfin à fermer la bouche, je déglutis au contact de mon palais complètement sec, faisant alors apparaître un petit rictus très étrange au niveau de mes lèvres. Je ne pouvais n'empêcher de la dévisager tant j'avais toujours du mal à me faire à sa présence. Heureusement pour moi, je parvenais finalement à expulser une phrase complète et articulée de ma bouche. Il était temps ! « Le plus beau fantôme qui m'a été donné de voir depuis longtemps alors », répondis-je avec une pointe d'ironie habituelle mais qui se voulait sincère également. Alix me connaissait assez bien pour savoir pertinemment qu'il m'était difficile de ne pas ajouter une touche d'humour à chacun de mes dires.
J'avais vraiment du mal à être au meilleur de moi-même. Dans le même élan, mon ex petite amie regarda autour d'elle, observant avec un sourire rayonnant chaque recoin de notre boutique. Elle semblait plus qu'impressionnée par toutes nos inventions, et ma sensation fut confirmée lorsqu'elle nous complimenta, George et moi, sur notre réussite actuelle. Je dois bien avouer que ma fierté augmenta davantage.
J'étais sur le point de lui répondre de nouveau lorsque je la vis s'approcher de là où nous nous tenions. A cet instant mon sang ne fit qu'un tour et j'eus l'impression que mon cœur cessa de battre de nouveau. Je pensais que tout ceci était derrière moi et que, même si je l'avais aimé durant un temps, cela était différent à présent. J'aurais aimé que ça soit le cas, ça aurait été plus simple, mais il faut croire que je n'en avais pas encore fini avec cette histoire. C'est le regard perdu et interrogateur, que je laissais Alix s’avancer et m'enlacer soudainement. Une chance que nos possibles clients vaquaient à visiter les lieux parce que j'avais l'air vraiment ridicule. Comprenant sûrement qu'il était de trop, mon jumeau préféra s'éclipser non sans partir avec la grâce d'un Weasley. Me tapotant l'épaule d'un geste compatissant, les lèvres pinçaient en un rictus moqueur et les sourcils relevés, il fit mine de trouver une excuse. « Ah navrez de vous abandonner les tourtereaux mais je crois bien qu'on m'appelle ». Alors qu'il commençait à partir, George s'arrêta quelques secondes à la hauteur d'Alix toujours accroché à ma taille. « Ravi de t'avoir revu starlette ! ».

Figé au départ, je me détendis davantage et enlaça mes bras autour d'elle. C'est fou ce que j'avais encore grandi en un an car la Poufsouffle paraissait plus petite qu'avant son départ. Sa tête contre mon torse, je pouvais humer la délicate odeur qui s'échappait de sa sublime chevelure. Elle aussi m'avait manqué, bien plus qu'elle ne pouvait l'imaginer durant tout ce temps. L'avoir vu partir avait été la chose la plus difficile que j'avais eu à vivre ses dernières années et je lui en avais d'ailleurs voulu durant un temps de m'avoir en quelque sorte abandonné. « Toi aussi ... », lâchais-je alors dans un moment d'inattention. « Mais depuis quand es-tu rentrée ? ». Ne sachant trop comment parler avec elle sur le coup je préférais commencer doucement.

Never forget this story

George avait toujours le mot pour rire, et ce même dans une situation des plus critiques. En temps normal j'étais exactement comme lui ; c'est pourquoi d'ailleurs notre réputation des terribles jumeaux Weasley n'était plus à refaire. Sauf qu'en ce moment j'avais un peu plus du mal que ma moitié à ironiser la situation, je pense que vous en conviendrez. Oui c'était tout moi ça, capable de sortir une blague en plein milieu d'un combat ou face à une mort imminente mais pas foutu de pouvoir gérer une ex petite amie qui me faisait toujours autant d'effet. Ah que le monde de la magie pouvait être cruel parfois ! J'avais beau sourire bêtement devant ma chère Alix, il n'en restait pas moins que mon esprit restait plus que tourmenté par sa venue soudaine dans ma boutique après plus d'un an de séparation. D'autant plus qu'entre temps j'avais rencontré quelqu'un d'autre, une élève de Poudlard elle aussi dont j'avais eu l'occasion de me rapprocher alors que la Poufsouffle que j'aimais à l'époque était parti pour devenir une star. Je n'avais pas sauter sur l'occasion pour me mettre avec elle, la preuve car personne n'était au courant de notre relation, pas même George à qui pourtant je disais toujours tout. Ces sentiments à son encontre avaient comme surgit de nul part sans crier gars un soir de pleine lune. Pourtant, je n'avais jamais vraiment oublier Alix puisque je l'avais aimé pendant plus d'une année. Un amour sincère que nous partagions aux yeux de tous et avec un bonheur bien visible.

Vous comprendrez donc que le simple fait de prendre Alix dans mes bras emplissait mon esprit d'un flot aléatoire de sentiments : le surprise, la culpabilité, la colère, la gêne, le bonheur, le bien être. Une multitude d'émotions qui faisait vaciller mon cœur à mesure que je la tenais dans mes bras. Elle sentait tellement bon, ce parfum pour lequel j'aurais pu tuer pour le sentir de nouveau durant cette année d'absence alors que je me remettais doucement mais difficilement de cette rupture.
C'est une fois qu'elle se libéra de mon étreinte que je pus véritablement l'admirer de la tête au pied. A son entrée elle ne m'avait pas réellement laisser le temps de pouvoir la contempler et à présent je pouvais parfaitement la juger. Par la barbe de Merlin ! Qu'elle était naturellement belle ! A croire qu'elle était parfaitement restée figer dans mon esprit ; une photo que j'aurais prise d'elle juste avant qu'elle ne parte pour faire le tour du monde. La considérant davantage, je l'observais s'installer sur l'un des comptoirs de la boutique grâce à un tabouret qu'elle venait juste de commander à l'aide de sa baguette. C'est à ce moment là que j'appris qu'elle était rentrée il y a une semaine tout au plus. Je lui souris tendrement, même si mon expression semblait quelque peu tordu dans une grimace passagère. Je ne savais plus trop comment me comporter avec elle. Alix était toujours la même et pourtant les choses avaient changé, j'avais changé … ma vie tout du moins.
Mes muscles se crispèrent lorsque la nouvelle starlette me posa une question ridiculement simpliste à première vue mais lourd de sens en y regardant de près. Est-ce qu'il s'était passé des choses depuis son départ ? Oh oui tellement ! Le retour officiel du Seigneur des Ténèbres et de ses sbires, l'ascension de notre boutique et enfin ma relation secrète avec une élève de Serpentard. Pas de quoi fouetter un chat finalement non ?! Ironie quand tu nous tiens. Je ne pouvais décemment pas lui parler de Pippa, ça m'était impossible. Tout d'abord parce que je n'arrivais pas encore à définir ce que je ressentais pour Alix à présent et ensuite parce que cette histoire était inconnue aux yeux de tous, et je préférais que cela reste ainsi pour l'instant.
J'allais pour m'assoir à ses côtés quand je fus légèrement interrompu par un petit pétard ensorcelé aux couleurs indigo qui passa à quelques centimètres de mon visage. En temps normal je n'y aurais même pas prêté attention mais là j'étais tellement ailleurs que j'en oublié presque l'endroit où j'étais. Cela devait être sans doute un client qui essayait un de nos produits, voir George lui même qui testait la marchandise. Souriant bêtement, je continuais de m'avancer vers la brunette, plongeant mes yeux noisettes dans les siens azurs. J'avalais ma salive en arrivant à sa hauteur. Même pas besoin de me poser à côté d'elle pour être à sa taille ; rester debout de la sorte me permettait de me retrouver face à face avec la Poufsouffle. « Eh bien j'imagine que tu as eu vent de la vague de terreur qui commence à s'installer un peu partout en Angleterre avec le retour de tu sais qui ... ». Ma voix s'était quelque peu estompée alors que j'évoquais le Mage Noir le plus dangereux de tous les temps. « D'ailleurs tu ne devrais peut-être pas t'afficher en public en avec nous. Les Weasley sont considérés comme des traites à leur sang et je ne voudrais pas qu'il arrive quelque chose à ce si joli visage ». A ces mots je venais sans m'en rendre compte de lui caresser le haut de la joue dans un geste délicat et des plus affectueux.