[Fin décembre]

Parfois, Tonks était lassée de rester à la maison. Parfois, elle se disait qu'elle voulait retourner au travail. Elle avait pris cette pause bien méritée après la bataille de Poudlard car elle en ressentait le besoin émotionnellement parlant ainsi que physiquement. Elle ressentait le besoin de profiter de sa famille mais elle commençait à être en manque de travailler aussi. Tonks détestait rester passive. Charlie pourrait le témoigner. Depuis toujours, elle détestait rester inactive. C'était d'ailleurs ce qui l'avait empêchée de rester à la maison le jour de la bataille quand tout le monde était partit se battre. Les savoir en train de se battre alors qu'elle restait bien au chaud chez elle lui était insupportable. Certes, elle avait une excuse. Elle venait de donner naissance et son bébé n'avait qu'un mois d'âge. Elle avait d'autres obligations ; des obligations maternelles. Elle devait penser à son fils et c'est ce que Remus lui avait dit la veille de partir pour la bataille... Cependant, alors qu'elle se disait qu'elle devait penser à son fils et rester avec lui, elle pensait à Remus sur le point de se battre avec tous les autres et la seule pensée qu'elle n'était pas avec lui tordait son estomac d'anxiété. Il y avait aussi la peur de le perdre aussi, celle de ne plus jamais le revoir alors qu'ils venaient tout récemment de fonder une famille et qu'ils étaient enfin heureux tous les deux – pardon, tous les trois. C'est sur cette conclusion qu'elle avait rejoint les autres. Elle ne regrettait pas. Tonks ne vivait jamais sur les regrets. C'était son motto depuis toujours.

Elle avait eu de la chance, beaucoup de chance mais ils en avaient tous eu beaucoup. Pourtant, quand elle s'était réveillée à Sainte Mangouste plusieurs jours après la bataille, sa première pensée ne fut pas elle. Aussitôt elle avait demandé après Remus. Elle avait voulu s'assurer qu'il allait bien, qu'il était en vie avant même de demander ce qu'elle avait souffert comme blessures. Tout ce qu'elle voulait savoir c'était si Remus avait survécu. Parce qu'après tout ce qu'ils avaient traversé ensemble, et malgré les difficultés, si Remus n'était plus là et bien elle ne voyait plus aucune raison de vivre. Je sais, vous allez dire, et son fils alors ? C'est vrai, elle vivrait pour son fils. Elle vivrait pour Teddy. Elle le verrait grandir … Mais sans Remus à ses côtés pour le voir grandir, ce n'était qu'une mince consolation. Jamais elle ne pourrait vraiment être heureuse en voyant son fils grandir seul. C'était comme sa mère... Depuis que son père était mort, elle voyait bien combien Meda se forçait à vivre et à être heureuse. Si elle vivait encore, ce n'était pas pour elle-même mais uniquement pour ce qui restait de sa famille. Ted avait tout été pour elle. Un mari et un père parfait, un homme excellent avec un cœur en or et toujours un rire ou un sourire pour tout le monde. Tonks avait hérité de sa gentillesse et de sa générosité (et aussi de sa maladresse et de son désordre). Elle était heureuse de voir sa fille en vie et de prendre son petit-fils dans les bras mais son mari lui manquait. Ainsi, vous comprenez pourquoi Tonks en se réveillant après la bataille, avait aussitôt demandé après Remus. Et vous n'imaginez même pas l'intense soulagement qui l'avait saisie quand on lui avait répondu qu'il était en vie et dans une autre chambre. Mieux encore, il était éveillé. La jeune femme avait éclaté en sanglots. Et puis elle l'avait vu arriver et alors tout son monde venait de se recomposer.

Depuis qu'elle était rentrée de l'hôpital, la routine de famille avait pris place mais les souvenirs de la bataille ne s'était pas effacés. Ils ne s'effaceront jamais et Tonks était fière d'en avoir fait partie mais elle était encore plus soulagée que ses amis les plus proches soient en vie. Ils avaient perdu des vies certes, mais les personnes à qui elle tenait le plus foulaient encore cette Terre et c'était en soi une grande victoire. Aussi, Tonks vivait au rythme de la lune et ce depuis qu'elle était mariée à Remus. Après chaque pleine lune, elle comptait combien de temps il restait avant la prochaine et avant chaque pleine lune, elle comptait les jours qui les séparaient de la prochaine. Elle tenait un journal détaillé, elle faisait en sorte que Remus n'oublie aucune de ses potions et elle en faisait même un certain nombre. Evidemment, si elle était une incurable maladroite et avait brisé nombres de fioles durant toute sa scolarité, il n'en restait pas moins qu'elle était une bonne potioniste. Pour être Auror, il fallait avoir excellé en Potions (surtout en ayant eu Rogue en professeur étant donné que ce dernier n'acceptait dans ses classes d'ASPICs que les niveaux Optimaux). Tonks faisait donc en sorte que Remus ne manque jamais de rien... Et tiens, justement, elle venait de penser qu'il lui fallait racheter un ingrédient qui lui manquait pour le prochain batch de potions. L'anxiété monta en elle d'un seul coup et sautant de son lit, elle courut vérifier dans son armoire s'il lui en restait assez pour le prochain batch. Elle soupesa la fiole et se mit à mieux respirer. Ouf, il y en restait juste assez. Pour dire la vérité, Tonks angoissait certainement même plus que Remus à l'approche de la pleine lune ! Elle essayait de ne pas le montrer, mais pour être honnête, elle n'avait jamais été très bonne pour cacher ce qu'elle ressentait exactement. Et puis elle avait l'impression que Remus lisait beaucoup trop bien en elle ; elle ne pouvait rien lui cacher. D'ailleurs, il lisait beaucoup trop bien les gens tout court. C'était une de ses qualités. Et … Well, de ses défauts aussi !! Il l'agaçait à lire trop bien en elle !! A moins qu'elle ne soit tout simplement très mauvaise à cacher quoique ce soit ?

Un vent de panique s'empara alors d'elle alors qu'elle continuait d'observer ses ingrédients de potions. Ses yeux s'agrandirent et son sang ne fit qu'un tour. Il lui manquait une feuille d'Aconit !!!! Pourtant, ne lui en restait-il pas trois hier?!! Tonks se mit à s'affoler intérieurement ; elle devait aller en racheter aujourd'hui. C'était très important. Il fallait qu'elle en rachète tout de suite. Et dans sa panique actuelle, elle en oubliait aussi que la prochaine pleine lune n'était pas avant deux semaines et qu'elle pourrait très bien aller tranquillement demain en acheter, mais pour elle en ce moment présent, ce détail était insignifiant. Le fait qu'elle soit enceinte (de presque cinq mois maintenant) n'arrangeait pas la situation et elle fondit en larmes sans pouvoir s'en empêcher. C'est ce moment-là que Remus choisit pour revenir dans la chambre après s'être absenté pour aller changer la couche à Teddy qui venait de faire la grosse commission (Remus était vraiment un père parfait et en plus il pliait tellement bien les couches!!! Quasiment symétriquement!! Tonks était jalouse, non sérieusement elle était jalouse). Quoiqu'il en soit, tout à son malaise et son désarroi qu'elle était, elle ne se rendit pas compte tout de suite de son retour.

Tonks se sentait présentement en panique totale et ses émotions étaient en pleine éruption au fond d'elle. Elle subissait une véritable crise de nerfs et se trouvait littéralement « nulle » et stupide de ne pas être s'être rendue compte plus tôt qu'il lui manquait un ingrédient essentiel pour confectionner son prochain batch de potions Tue-Loup. Cette potion était tellement importante pour Remus et elle avait l'impression d'avoir échoué sur ce coup-là, de l'avoir déçu. Le sentiment de l'avoir déçu ne pouvait la quitter et les larmes coulaient sur ses joues. Elle ne pouvait pas s'empêcher de penser ainsi. Elle mettait clairement trop de pression sur ses épaules car elle pouvait tout à fait aller racheter son ingrédient manquant le lendemain au Chemin de Traverse mais là, tout de suite, Tonks ne pouvait penser rationnellement.

C'est alors que dans son plus profond désarroi elle sentit une présence près d'elle avant même de la voir et une paire de bras s'enrouler autour d'elle. L'odeur et la chaleur du corps à Remus l'enveloppa alors tout entière et d'un seul coup, intérieurement, elle se sentit déjà un peu mieux. C'était toujours l'effet qu'il avait sur elle. Il réussissait là où nombre avait échoué. Il parvenait à la calmer mieux que personne. Elle, la petite boule d'énergie qui n'arrivait pas à tenir en place. C'était son surnom de quand elle était enfant. Son père, Ted, la surnommait ainsi affectueusement (entre autres d'autres noms tout aussi affectueux). Elle ne pouvait pas s'arrêter de bouger, même sur une chaise elle ne pouvait pas rester assise plus de dix minutes sans se relever aussitôt.

Alors qu'elle se pelotonnait dans les bras à Remus, ses larmes se tarirent et bien qu'elle était encore incapable de maîtriser ses émotions et de se mettre à penser rationnellement, elle se sentait déjà beaucoup mieux. Son étreinte était tellement chaude et rassurante. D'un baiser sur le sommet de sa tête, il éloignait déjà ses pensées et ses tracas. C'était toujours ainsi qu'elle s'était sentie dès le départ, et c'est pour cela qu'elle avait toujours recherché sa présence. Toujours à vouloir s'asseoir à côté de lui, toujours à rechercher sa conversation. Ses mots lui procuraient toujours du réconfort. Elle nicha sa tête contre son épaule le temps que son angoisse se calme et ferma les yeux. Peut-être avait-elle un peu dramatisé? D'un seul coup, ses tracas lui semblaient plus lointains. Pourtant, elle s'en voulait encore de ne pas avoir vérifié son stock d'ingrédients et elle se sentait encore si mal de ne pas y avoir pensé.

Le son de sa voix lui parvint et elle trouva réconfort à la fois dans celle-ci et dans la chaleur de ses paumes contre ses joues. Elle se laissa enrober dans tout ça, dans cette douceur de miel tellement caractéristique du lycan. C'était l'homme le plus bon, le plus doux qu'elle n'avait jamais connu. Un seul homme au monde était aussi généreux et bon que lui, c'était son père. Quand elle était petite, elle avait l'habitude de venir se réfugier dans ses bras quand ça n'allait pas et en une minute il la faisait se sentir bien. C'était la fifille à son papa. Cela avait toujours été même si elle adorait sa mère et rêvait déjà à son âge de devenir une femme aussi forte qu'elle en grandissant.

Elle releva les yeux, se fondit dans son regard et le laissa essuyer les restes de ses larmes qui mouillaient encore ses joues. Aujourd'hui, une seule autre personne la faisait se sentir aussi bien quand il la prenait dans ses bras et c'était Remus, le seul homme à qui elle avait réellement voulu se donner toute entière. Il réveillait en elle tout ce qui avait longtemps dormi. L'envie et le besoin d'être aimé inconditionnellement. La seule autre personne qui aurait pu la faire sentir ainsi c'était Charlie mais elle était trop jeune à cette époque-là, trop innocente, trop distraite par l'envie de s'amuser. Elle s'était en revanche toujours sentie bien avec Charlie mais c'était les deux hommes les plus importants de sa vie (avec son père) même si c'était encore différent avec Remus. La façon dont elle se sentait avec lui était différente et c'était quelque chose qu'elle n'avait jamais ressenti. Ce sentiment de se sentir à la fois fort et faible à la fois, fragile et indestructible. Le vrai amour vous faisait vous sentir ainsi. C'était vraiment l'homme le plus doux qu'elle n'avait jamais connu et elle aimait se fondre dans cette douceur et la tendresse qu'il avait dans les yeux quand il la regardait. Elle se sentait si chanceuse, si unique, si complète et cela effaçait d'un seul coup toutes les larmes qu'elle avait un jour versé pour lui quand il s'obstinait à la repousser.

Les joues encore un peu rouges d'avoir pleuré et se sentant encore un peu honteuse, elle souffla à mi-voix : « Je viens de me rendre compte qu'il me manque un ingrédient important pour préparer le prochain batch de Tue-Loup et ça m'a angoissée d'un seul coup. D'habitude je vérifie toujours régulièrement mais là je n'y ai pas pensé et j'étais convaincue d'avoir tout. » Sa voix trahissait son angoisse actuelle.

La voix de Remus avait toujours eu l'effet de la calmer, de la rassurer. Il lui suffisait d'un seul mot, d'une seule étreinte pour qu'instinctivement elle se ressaisisse et qu'elle se sente déjà mieux. Le son de sa voix, ses gestes pleins de cette douceur qui lui était si caractéristique et qui la rendait encore plus amoureuse de lui, cela parvenait toujours à la calmer dans n'importe quel moment. Seule, elle était en train de paniquer et n'arrivait pas à se raisonner qu'ils avaient encore du temps pour aller acheter l'ingrédient manquant à sa potion. Elle pourrait y aller demain. Ce n'était pas bien grave, mais elle prenait tant à cœur de lui préparer ses potions et ne voulait tellement pas le décevoir qu'en ce moment elle n'arrivait pas à réfléchir correctement. Elle avait l'impression de le laisser tomber mais dès qu'il la rejoignit et prit place près d'elle, elle se sentit beaucoup plus calme et ses larmes se tarirent dès qu'il commença à les essuyer de ses doigts.

Ses mots étaient un baume pour sa peine, tout autant que ses gestes de tendresse. Elle ne savait même plus comment elle avait fait pour vivre sans lui actuellement. Comment avait-elle fait pour vivre sans lui jusqu'ici ? Elle ne savait pas comment elle aurait fait si elle s'était retrouvée seule dans cette après-guerre. Seule à élever leur fils. Seule à se réveiller et à s'endormir le soir avec l'impression qu'un vide immense dans son cœur s'était creusé et que jamais rien ne pourrait le remplir. Sans doute que les yeux de son fils et celui de son rire d'enfant aurait pu la combler un peu mais il y aurait toujours ce vide immense impossible à combler. Elle était si reconnaissante qu'il soit là. Elle l'aimait tellement !! Elle ne voyait pas ses cicatrices, elle ne voyait pas non plus ses traits plus marqués par la fatigue et par le vieillissement prématuré de son physique du fait de sa condition de lycanthrope. Elle ne voyait que son cœur plein de bonté, la douceur de miel de son regard, celle de ses gestes et l'impression réconfortante de sa présence. Il aurait beau dire qu'il n'était pas beau et qu'il ne voyait pas ce qu'elle lui trouvait, mais Dora le trouvait le plus beau de tous. Elle aimerait que le monde entier puisse le voir tel qu'elle le voyait, mais sans doute que cela ne lui était pas si important que ça. Le plus important était qu'elle-même le voyait ainsi, c'était sûrement suffisant pour lui. Ce ne serait jamais suffisant pour elle. Elle voulait changer le monde, changer la société. Certes, depuis la fin de la guerre il avait reçu un peu de reconnaissance de la part du ministère grâce à son Ordre de Merlin reçu mais cela ne faisait pas tout. Cela ne changeait pas toutes les mentalités et Tonks ne serait jamais satisfaite tant que toutes les mentalités ne seraient pas changées et tous les préjugés sur les loup-garous abandonnés.

De ses gestes, il essuyait ses larmes, essuyait sa peine et l'incitait à se calmer. Alors, peu à peu elle reprit son calme. Ses paroles pleines de sagesse lui apporta la compréhension et lui fit réaliser qu'elle s'était inquiétée pour rien. Ils avaient encore un peu de temps pour aller acheter ce dont elle avait besoin. Ils avaient du temps. Il n'allait pas se changer en loup-garou dès demain. Maintenant, sa panique lui semblait totalement ridicule, totalement stupide. Elle se sentait stupide d'avoir craqué, de s'être laissé allée si facilement même si ses hormones en étaient sûrement la cause.

« Que ferai-je sans toi ? » murmurait-elle dans un sourire mutin ce qui lui faisait légèrement retrousser son petit nez de manière tout à fait adorable. « Tu as sans doute raison mais je ne me sentirai pas tranquille si je ne vais pas dès demain pour acheter ce qu'il me manque. » Demain serait un autre jour et il en restait encore suffisamment pour qu'elle lui prépare ses potions. Elle était peut-être trop exigeante avec elle-même mais c'est juste qu'elle ne supporterait pas de le décevoir. Elle se laissa aller contre son front, leur nez se touchant juste, Dora se délectant de cette proximité, son cœur battant comme la toute première fois où elle l'avait rencontré. C'était rarement suffisant pour elle cependant ; elle qui était du genre tactile et elle se blottit rapidement contre lui, déposant sa tête contre son épaule et fermant les yeux un moment. Sa panique avait à présent entièrement disparu ; elle pouvait profiter pleinement de sa présence. Sa proposition d'une boisson chaude couplée avec le grignotage d'un petit morceau de chocolat ainsi qu'un massage ne pouvait que lui plaire bien évidemment. Comment refuser cela alors que c'était si gentiment proposé ?

« Proposé si gentiment, je ne peux pas refuser. » lui répondit-elle avec un doux sourire. Elle devint alors consciente que la main du lycan se trouvait toujours sur son ventre et cela lui fit penser à quelque chose. Une joie et une impatience s'immisça en elle alors qu'elle y pensait. C'était quelque chose dont elle ne lui avait pas encore fait part mais elle était certaine que cela lui ferait plaisir. Elle avait même besoin de voir la joie et la reconnaissance illuminer son regard. Elle aimait le voir sourire, le voir heureux avec elle. Elle posa alors une de ses mains sur la sienne qui se trouvait toujours sur son ventre et lui dit en souriant : « Remus, il y a quelque chose que je voudrai te dire... Cela fait quelques temps que j'y pense. As-tu déjà pensé à comment tu souhaiterais nommer notre fille? J'aimerai qu'on l'appelle Hope. » En l'honneur à sa maman décédée trop jeune. En l'honneur à cette femme qui avait donné naissance à cet homme unique qui était entré dans sa vie et sans lequel celle-ci serait bien différente. Sans elle, il n'y aurait pas de Remus, alors même si elle n'était plus là c'était sa façon à elle de la remercier de l'avoir mis au monde, de l'avoir mis dans sa vie. Elle aurait tellement aimé rencontrer ses parents comme il avait rencontré les siens !! Elle pensa alors à quelque chose. D'un seul coup, comme ça. Tonks était connue pour ses idées impulsives. Elle se demanda pourquoi elle ne lui en avait pas déjà parlé et ce qu'il allait en penser. « Dis-moi, ils sont enterrés où ça tes parents ? » Bien sûr, si ça le gênait trop alors il pouvait refuser. « Je ne les ai jamais remerciés en face et c'est quand même grâce à eux que tu es ici, avec moi. J'aimerai y aller avec toi. » Bien sûr, ce n'était pas un endroit pour un enfant mais cela ne posait pas de problèmes. Andromeda serait ravie de garder Teddy pour eux ce jour-là.

Sa première grossesse avait été bien différente de celle-ci. Sur bien des points, elle était différente et il lui était encore douloureux d'y penser. Bien qu'elle sache maintenant que Remus ne les abandonnera plus aujourd'hui, il lui était douloureux de penser à cette époque. C'était aussi l'époque d'avant le départ de son père de la maison. Celui-ci était partit dans le but de protéger sa famille. Ted avait toujours su faire le bon choix pour sa famille. Il s'était toujours occupé de sa femme et de sa fille du mieux qu'il pouvait et il avait toujours fait passer sa famille avant lui. C'est pour cela qu'il s'était condamné lui-même. Remus, quant à lui, avait pris peur qu'il n'ait condamné sa future famille à la même vie que lui. Il avait laissé Dora chez ses parents, songeant qu'elle serait plus heureuse sans lui et puis elle avait l'amour de ses parents pour elle... Mais Tonks ne se voyait pas vivre sans lui, ne se voyait pas élever son fils toute seule. Et s'il avait semblé d'accord au début où elle lui avait appris sa grossesse (qui était certes arrivée bien vite après le mariage), cela avait été un choc de le voir disparaître un jour avec un simple petit mot lui disant qu'il était obligé de partir et qu'il avait eu tord de penser qu'il pourrait avoir une vie normale. Il se reprochait de lui avoir donné de faux espoirs, de lui avoir fait croire à une vie normale. Déjà, de base, Tonks n'avait jamais voulu une vie normale ! Et de deux, c'était à elle de décider ce qu'elle voulait et personne d'autre.

D'un seul coup, Tonks avait été balayée par une colère immense puis la déception l'avait envahie et elle s'était effondrée. Si elle n'avait pas eu ses parents à ses côtés durant cette période, elle ne savait pas comment elle aurait réagi. Son père avait toujours trouvé les bons mots pour lui remonter le moral mais s'il ne lui avait pas dit de vive voix, elle savait que Ted s'était sentit lui aussi trahi par la fuite de Remus car il s'était en quelques sortes porté garant du lycan auprès de sa femme, lui disant qu'ils devaient lui donner une chance si c'était réellement le choix de leur fille. Et puis, Tonks le savait, il aimait bien Remus. Il avait rapidement pris l'homme en affection. Lorsque le lycan était revenu chez les Tonks après plusieurs semaines, Tonks n'avait pas été témoin de la conversation mais elle savait que Ted avait sûrement confronté Remus seul à seul en lui disant tout ce qu'il avait sur le cœur et qu'il s'était senti extrêmement blessé de son attitude envers sa fille. (elle et son père avait cette qualité en commun : dire sincèrement ce qu'ils pensaient aux gens sans s'occuper des détails). La conversation s'était sans nul doute terminée par une bonne poignée de mains (parce que Ted était comme ça) mais il ne faisait aucun doute que quelque chose du genre s'était produit.

Sa seconde grossesse était donc bel et bien différente de cette première expérience qui lui avait fait coulé tant de larmes. Elle avait même craint que l'angoisse qu'elle avait suite au départ de Remus lui provoque une fausse couche et elle se forçait aussi à manger. Pour Teddy. Si Remus les avaient abandonnés, elle ne pouvait pas se résoudre à abandonner elle aussi son fils. Elle l'aimerait pour deux, si tel était possible. Le soulagement, le bonheur qui s'était emparé d'elle alors qu'elle avait vu Remus franchir la porte de la maison des Tonks ce matin-là après des jours et des nuits à attendre qu'il revienne, était tel qu'elle avait laissé éclaté sa frustration et sa colère. Il avait l'air déjà honteux mais elle n'avait pu faire autrement que de lui dire ses quatre vérités et lui révéler dans quel état elle venait de passer ces dernières semaines. Tonks étant elle-même, elle n'avait rien caché. Finalement, une fois le flot de colère contrôlée, elle avait fondu en larmes et s'était réconfortée dans ses bras (elle n'avait même plus la force pour le repousser) et depuis elle devait bien admettre qu'il s'était bien rattrapé et qu'il était même un père exemplaire. Ted Tonks serait fier de son beau-fils et Tonks encore plus amoureuse qu'à sa première rencontre avec lui au QG de l'Ordre et des mois qui s'étaient ensuivis.

Une autre différence entre ces deux grossesses était qu'elle semblait encore plus à fleur de peau quant à ses émotions que lorsqu'elle attendait Teddy. Elle ne savait pas pourquoi mais c'était un fait. Tous les jours, elle était d'une émotivité extrême ; la moindre petite chose lui provoquait une émotion forte et la faisait monter à cran. On disait les filles plus émotives, était-ce là la raison ? Car c'était bien une fille cette fois qu'elle attendait. En tous les cas, Tonks éprouvait une sensibilité et une émotivité très intense depuis le début de la grossesse. Au moins, une bonne chose était que ses nausées semblaient se calmer un petit peu. Pour Teddy, elle avait continué à avoir des nausées jusqu'au delà de six mois et avait été très sensible aux odeurs de cuisines, ne parvenant même pas à avaler certains plats. Des plats pour lesquels elle n'avait pourtant aucun problème habituellement.

Une vague de soulagement s'étendit en elle alors que Remus lui répondait qu'il serait content de l'accompagner le lendemain si cela tombait en-dehors de ses heures de travail. Sa proximité la calmait, comme d'habitude. Sa tension redescendait alors qu'elle restait contre lui, leur nez se touchant presque et une main de Remus caressant doucement son dos. Son angoisse s'apaisait. Il avait toujours cet effet calmant sur elle et Charlie dirait sûrement que c'était extraordinaire que Dora puisse être si calme en présence de quelqu'un, elle qui était d'habitude si énergique. Elle l'avait toujours été. Elle pouvait passer toute la soirée à regarder sa main posée sur son ventre dans cette position. Le bébé bougeait pas mal à certaines heures de la journée et il ne serait pas difficile à Remus de détecter un mouvement de sa part en ayant sa main sur le ventre de sa femme. Instinctivement, elle avait déposé sa main sur la sienne et était restée ainsi, lui souriant. Elle se laissa envelopper par les sensations apaisantes que provoquait la présence de Remus près d'elle. Elle s'enivrait de chaque instant où ils étaient ensemble. S'occuper de Teddy leur prenait beaucoup de temps et ils n'avaient souvent pas de répit alors Tonks voulait profiter de chaque instant qu'ils avaient en tête-à-tête.

Justement, lorsqu'elle annonça à Remus qu'elle voudrait qu'ils appellent leur fille Hope, du même nom que la mère décédée du lycan, la petite Hope dans le ventre de sa mère décida de manifester sa présence par un coup de pied assez fort. Remus n'aurait pas pu ne pas le sentir et cela fit sourire la jeune métamorphomage. « Je crois qu'elle approuve aussi. » dit-elle simplement. Elle attendait la réaction de Remus avec une grande impatience. Contenir ses émotions dans une telle situation était tâche ardue, mais elle faisait de son mieux pour attendre qu'il lui dise quelque chose. Il n'était pas le plus extraverti quant à exprimer ses émotions mais Tonks le connaissait bien maintenant et elle n'eut pas de mal à se rendre compte qu'il était traversé par un tas d'émotions devant l'annonce qu'elle venait de lui faire. Alors qu'il répétait le prénom de « Hop... », elle se contenta de presser un peu plus sa main sur la sienne. Il lui répondit ensuite qu'il pensait que sa mère serait honorée du choix de prénom que Dora souhaitait pour leur fille et la remercia avec émotion. Pour elle, cela lui semblait tout à fait normal à vrai dire. Elle y pensait depuis pas mal de temps. Ils avaient nommé leur fils d'après son père à elle car ce dernier était né à peine un mois après qu'il eut été tué, comme un hommage. Aujourd'hui, nommer leur fille avec le même prénom que la femme qui avait donné naissance à un homme aussi exceptionnel que Remus (bien qu'il dirait sûrement le contraire sur ce qualificatif), cela lui semblait normal. C'était comme si ces deux êtres chers qui avaient contribué à leur donner la vie, revivait grâce à leurs enfants.

Suivant son idée, elle lui demanda alors spontanément où étaient enterrés ses parents. Elle n'était pas certaine de comment il réagirait à une telle demande mais quand Dora avait une idée dans la tête, elle devait la mettre en action. Elle ne pouvait pas rester avec une idée en tête et ne rien en faire du tout. Son côté spontanée et impulsif en avait toujours surprit plus d'un et également amusé, mais elle savait qu'elle devait sans doute tenir ça des Black car son cousin Sirius n'était pas mieux qu'elle de ce côté ! Après avoir détourné la tête quelques secondes, elle crut qu'elle avait été trop loin et qu'il était trop gêné pour la regarder. Il reporta alors de nouveau son regard sur elle avant de lui dire qu'ils étaient enterrés à Cardiff au Pays de Galles. Gardant les yeux ancrés dans le miel de ses yeux qu'elle aimait tant, elle formula alors sa requête de façon encore plus simple, le ton sûr d'elle et le regard plus que déterminé : « Emmène-moi y. » Trois petits mots bien simples mais porteurs d'une grande signification.

Oui, Remus était extrêmement important pour elle et elle le faisait sentir dans ces trois mots lourds de sens. Elle aurait réellement voulu connaître les parents à Remus alors même si c'était des années après leur mort, elle voudrait quand même les rencontrer. « Enfin, pas maintenant bien sûr... » se reprit-elle aussitôt alors qu'un léger rire sortait d'entre ses lèvres. « Bientôt, enfin quand tu veux. Je le veux vraiment. C'est très important pour moi. Je veux rencontrer ceux qui t'ont donné la vie. Je veux les remercier pour l'homme que tu es, leur dire que je ne me suis jamais sentie aussi grandie que depuis que tu as accepté de partager ma vie et que chaque jour à me réveiller à côté de toi est une bénédiction. » Oui, une bénédiction. Il douterait sans doute mais ne pourrait nullement douter de la sincérité avec laquelle elle parlait. Oui, elle voudrait leur dire tout ça, et même s'ils n'étaient plus là comme son père, elle aurait au moins la sensation réelle de leur avoir parlé et dit combien leur fils était important dans sa vie et qu'ils sachent qu'il avait trouvé malgré sa malédiction une femme qui savait l'aimer pour ce qu'il était. Concluant ces paroles touchantes de la plus belle des façons, elle vint sceller ses lèvres aux siennes pour un baiser plein d'espoir, d'amour et de tendresse comme seule Dora savait le faire. Comme une énième promesse qu'elle lui faisait. Elle était tellement sincère avec lui qu'il ne pourrait sans doute pas lui refuser quoique ce soit ! « Dis-moi … Tu t'es bien assuré que Teddy dormait bien profondément ? » finit-elle par venir lui glisser à l'oreille alors qu'elle posait ses deux mains sur son torse et les y faisait glisser doucement, saisie par un désir évident. « Tu crois que le chocolat chaud peut attendre ? Parce qu'actuellement mon corps ne désire qu'une seule chose. Que ce soit toi qui le réchauffe. Que veux-tu ? On ne contrarie jamais une femme enceinte, on s'adapte ! » Plus direct tu meurs ! Mais c'était de Dora que l'on parlait ! Elle avait toujours été très directe dans tout ce qu'elle disait et faisait ! Cela ne lui avait pas toujours apporté que du bon, mais que craignait-elle avec Remus ? Rien !