where my demons hide

Severus devait être un brin masochiste, il n'y avait pas d'autre explication à sa présence dans les couloirs du château en plein milieu de la nuit alors que pour une fois Woodston ne lui avait rien demandé. Le directeur était pourtant un spécialiste lorsqu'il s'agissait d'envoyer Severus sur la mission la plus pénible possible, mais cette fois il n'y était pour rien. Si Severus arpentait les couloirs cette nuit, c'était par envie. Ou plutôt par besoin que par envie. Déjà avant la guerre, il n'avait pas beaucoup dormi la nuit, mais étonnamment, le fait de savoir que la moitié du monde magique serait ravi de lui mettre la main dessus pour le tuer ne l'aidait pas à trouver le sommeil. Il avait essayé de prendre un deuxième verre de Whisky-pur-Feu, de lire un livre de soin aux créatures magiques (sans doute la matière la plus ennuyeuse au monde), d'ouvrir la fenêtre, de noter des copies... mais le sommeil lui échappait. Alors plutôt que de tourner en rond dans sa chambre en maudissant tout le monde, il avait décidé de faire la même chose mais dans les couloirs du château. Comme ça au moins, il aurait une chance de tomber sur un élève et de passer ses nerfs sur quelqu'un.

Il prit la direction de la bibliothèque, plus par habitude qu'autre chose, mais malheureusement pour lui il ne tomba pas sur âme qui vive. Pas jusqu'au moment où il arriva devant la bibliothèque en tout cas. Une lumière faible était juste visible sous la porte, mais elle était bien présente. Severus fronça les sourcils et s'approcha de la porte pour essayer d'entendre ce qu'il se passait à l'intérieur. En général les élèves n'étaient pas très discrets, et les rumeurs qui disaient que Severus avait l'ouïe d'une chauve-souris n'était pas complètement fausse, mais cette fois Severus ne pouvait rien entendre dans la pièce. Soit Mme Pince avait oublié d'éteindre une lampe en sortant, soit quelqu'un de particulièrement calme et silencieux avait décidé de passer sa nuit dans la bibliothèque. Certainement pas un élève dans ce cas. Intrigué malgré lui, Severus sortit sa baguette et la serra entre ses doigts avant d'ouvrir la porte de la bibliothèque. Il essaya de ne pas faire de bruit mais la vieille porte grinçait, et il finit par abandonner l'idée d'être discret.

À une table un peu plus loin était assise Hermione Granger. À peine l'eut-il aperçue que Severus maudit toutes les étoiles qui l'avaient conduit jusqu'ici ce soir. Quite à tomber sur quelqu'un dans la bibliothèque, il aurait largement préféré un élève sur qui il aurait pu crier. Il aurait même préféré tomber sur un troll, mais Severus n'avait jamais été quelqu'un de chanceux. Ce soir le prouvait encore. Et pourtant...

En temps normal, Severus se serait contenté d'un geste sec de la tête avant de faire demi tour aussi rapidement que possible pour éviter que Granger ne tente d'ouvrir la conversation. Oui, en temps normal, il aurait fait cela, mais depuis leur accrochage en mission le nom de Granger occupait plus ses pensées qu'il n'aurait aimé. Son attitude ce soir là avait été étrange, et c'était peu de le dire. Le fait de la trouver seule ici en pleine nuit ne l'était pas moins, et malgré tout son bon sens, Severus avait envie de comprendre pourquoi. De toute évidence, elle n'était pas ressortie de la guerre aussi indemne qu'elle voulait bien le laisser croire. Sa réaction l'autre soir le prouvait, et le fait qu'elle était ici au lieu de dormir dans son lit semblait le confirmer. "En temps qu'assistante d'un professeur, vous avez le droit d'utiliser la bibliothèque à l'heure qui vous plait." Il n'arrivait toujours pas bien à croire qu'un professeur avait volontairement accepter de prendre Granger comme assistante, mais ça, c'était une autre histoire. "Mais ça ne veut pas dire que vous devriez être ici, seule, en pleine nuit."

Dans une réalité parallèle, Severus avait pris une autre direction dans sa ronde, et cet autre Severus s'apprêtait sans doute à passer une nuit bien plus calme que la sienne. À cet instant, il enviait le Severus de cette réalité parallèle. Pourtant, il savait qu'il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond chez Granger, il pouvait presque le voir sur son visage, et il savait qu'il était incapable de simplement faire demi tour maintenant que son cerveau commençait à se demander pourquoi. Maudite soit sa curiosité. "Si vous avez besoin de calme, autant venir ici en plein milieu de la journée. Ces cornichons d'élèves évitent cet endroit comme la peste, leurs copies le prouvent assez."

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@Severus T. Rogue

Une nouvelle nuit, une nouvelle insomnie. Hermione ne parvenait plus à ce souvenir de son dernier sommeil paisible et réparateur. Chaque fois que ses paupières se fermaient, des cauchemars venaient la hanter. Les ombres sur les murs de sa chambre prenaient l'allure de silhouettes encapuchonnées et menaçantes, si bien qu'elle avait pris l'habitude de garder une bougie allumée près de son lit. Prendre une douche au milieu de la nuit pour chasser la sueur de ses angoisses était devenu une routine comme une autre, tout comme le fait de fausser compagnie à ses appartements pour aller déambuler dans le château. La sorcière pouvait en faire vingt fois le tour sans que la fatigue ne revienne. Ou plutôt, si, la fatigue revenait, mais pas assez intense pour contrer sa peur de se rendormir. Une fois encore, ses pas menèrent Hermione jusqu'à la bibliothèque. Ici, elle ressentait un peu de paix et de sécurité, comme lorsqu'elle était plus jeune et qu'elle s'y rendait pour éviter les regards des élèves qui ne l'aimaient pas. Errant comme un fantôme dans les allées poussiéreuses, elle tomba sur un épais volume sur la magie informulée et la magie sans baguette. Elle l'avait déjà lu plusieurs fois, mais elle était fascinée par ces notions qu'elle aurait aimé apprendre. Elle s'installa pour le lire, à la table où elle s'asseyait toujours, sur sa chaise favorite. De là, elle pouvait voir l'entrée de la salle et elle pourrai apercevoir le soleil se lever, par la fenêtre, dans plusieurs heures. Éclairée par un chandelier posé près d'elle, elle s'abandonna à une lecture profonde et concentrée.

Dans d'autres circonstances, peut-être qu'Hermione n'aurait pas prêté attention aux bruits de pas dans le couloir, se rapprochant de la bibliothèque. Dans une autre vie, elle serait restée happée par sa lecture, n'accordant pas la moindre importance à l'existence d'autres personnes autour d'elle. Mais plus maintenant. Dès qu'elle sentit une présence, sa main saisit sa baguette dans la poche de sa longue veste en laine qu'elle aimait porter la nuit. Ses doigts se serrèrent avec angoisse autour de sa fidèle alliée, prête à en découdre. La partie pragmatique de son cerveau savait pertinemment que Poudlard était à nouveau un lieu où elle pouvait se sentir en sécurité. Et pourtant, ses émotions donnaient presque vie à ses pires souvenirs, lui faisant imaginer mille ennemis derrière cette porte familière. Lorsque le battant en bois s'ouvrit, son cœur était remonté jusque dans sa gorge. Elle souffla discrètement de soulagement en reconnaissant Severus. Ses doigts relâchèrent sa baguette dans sa poche et elle déglutit pour en chasser l'angoisse. Hermione le laissa approcher, faisant mine de se remettre à lire comme si de rien n'était. Bien évidemment, elle en était incapable, car ses mots dansaient devant ses yeux sans qu'elle ne puisse les lire. Il fallait d'abord que sa tension redescende. Les paroles de l'homme lui firent étrangement du bien.

« Au risque de vous surprendre, mon nouveau poste ne me donne guère le temps d'avoir ce genre de loisir en pleine journée. Je ne supporterais pas l'idée de me détendre alors que j'ai tant de choses à faire. » Réussit-elle à répondre.

Sa voix était encore un peu tremblante, mais elle retrouvait des forces simplement en se sentant en compagnie de quelqu'un qui avait sa confiance. Rares étaient les personnes qui se sentaient autant en sécurité avec Severus qu'elle. Et pour cause, Hermione n'était désespérément pas objective lorsqu'il était question du professeur de potions. Elle l'aimait. D'ailleurs, peut-être qu'une partie du poids dans son estomac ne venait plus de ses traumatismes, mais de ses sentiments, enfermés loin en elle, comme dans une prison que personne ne devait jamais voir. Elle s'autorisa un soupir.

« Tu... Je veux dire... Vous n'arriviez pas à dormir non plus ? »

Le tutoiement lui avait échappé. Elle aurait aimé pouvoir s'adresser à lui de façon familière et sereine, surtout en ces moments sombres où une présence tendre aurait pu l'apaiser. Mais elle connaissait Severus et elle s'était promis lors de leur dernière dispute, de ne plus essayer de le tutoyer. Elle devait se faire une raison, il la détestait. Sûrement était-il là pour l'embêter et se moquer de son malheur, rien de plus...

Même si la notion lui faisait horreur, Severus avait pensé à la jeune femme plusieurs fois depuis leur dernière rencontre, non pas qu'il l'avouerait à qui que ce soit. Son comportement avait été si loin de ce à quoi il s'attendait que le professeur de Potions n'avait pas pu s'empêcher de réfléchir sur ce qui s'était passé. Il avait déjà vu des sorciers ou des sorcières péter un cable sous la pression, mais il était quasiment certain que ce n'était pas ce qui était arrivé à Granger cette nuit là. La pression, elle la connaissait depuis longtemps. Elle avait vécu plus de moments intenses et sous pression que tous ses camarades réunis, il le savait, alors pourquoi avait-elle réagi comme cela ? Bien sûr, elle avait été affectée par la guerre, mais de là à avoir un comportement aussi brutal, il devait y avoir autre chose. Quelque chose de plus grave, de plus inavouable sans doute. Malgré toute l'envie qu'il avait de pouvoir mettre ces théories de côté et de laisser tomber le sujet pour se concentrer sur autre chose, Severus savait que c'était impossible. Pas maintenant que le doute s'était infiltré dans son cerveau et qu'il avait Granger face à lui.

Il se retint à grande peine de lever les yeux au ciel en entendant sa réponse. Le fait qu'elle soit incapable de se détendre ou de prendre du temps pour elle avant de s'occuper de ses tâches ne le surprenait pas. Et pourtant, ce n'était pas sa charge de travail qui la maintenant éveillée à une heure pareille, ou qui l'avait conduite dans la bibliothèque de l'école. De toute évidence elle était sur les nerfs, sa voix était encore légèrement tremblante, et si Severus aurait recommandé à tout le monde d'être vigilant en ce moment, il avait l'impression que l'hypervigilance de la jeune femme allait au delà de simples mesures de précaution. Il fronça les sourcils quand elle commença à le tutoyer mais fut surpris qu'elle se reprenne. Depuis leur fameuse partie d'échec, la jeune femme ne s'était pas fait prier pour le tutoyer, ni pour lui manquer de respect de toutes les manières dont elle le pouvait. En tout cas, c'était comme ça que Severus le voyait. Le fait que Granger choisisse volontairement de le vouvoyer était étonnant, et Severus fut pris de cours. La surprise dut se lire sur son visage l'espace d'une seconde, juste assez pour que son visage retrouve son masque imperturbable.

"Je n'ai pas besoin de me justifier auprès de vous." Severus regretta son ton et ses paroles à peine les mots furent-ils sortis de sa bouche. Il n'avait pas pour habitude de faire la conversation avec ses collègues, surtout pas en pleine nuit, et surtout pas avec Granger, mais sa question n'avait pas été insolente, et elle n'avait sans doute pas mérité une telle réponse. Severus avait répondu par réflexe, et pourtant il savait que s'il espérait mieux comprendre ce qui avait tant affecté la jeune femme, il allait devoir faire un effort. Sans parler d'être gentil avec Granger, il allait au moins devoir se montrer moins agressif. Sans parler de la traiter comme une égale, il allait devoir essayer de ne pas la prendre d'aussi haut que d'habitude. Merlin, la soirée allait être compliquée.

Severus ferma les yeux l'espace d'un instant, comme pour trouver le courage de faire preuve d'un minimum de politesse. Il ne présenta pas ses excuses à Granger, mais son ton se fit moins sec. "Je ne dors jamais beaucoup, alors je suis venu surveiller les couloirs du château." Il se retint de rajouter "Histoire de me rendre utile, contrairement à vous", mais les mots faillirent lui échapper. Se montrer plus courtois avec Granger allait s'avérer être une véritable épreuve. Il se tourna légèrement pour ne pas la fixer, son regard se dirigeant presque automatiquement sur les livres qui remplissaient les étagères de la bibliothèque. Il les avait sans doute tous lus, que ce soit lorsqu'il était étudiant au château, ou bien après pendant sa carrière de professeur. Si Granger avait du mal à dormir, il était normal qu'elle soit venue se réfugier ici, c'était doute la salle de Poudlard qui lui semblait la plus familière, la plus accueillante.

"De nombreux élèves ont du mal à se réajuster depuis la rentrée, d'autant plus que les scènes d'horreur auxquels ils ont assisté se sont produites dans ce château." Woodston leur avait demandé d'être particulièrement vigilants sur ce point cette année, mais Severus n'avait pas eu besoin de son conseil pour comprendre que le traumatisme des étudiants ne s'envolerait pas pendant l'été. Peut-être que Granger avait supposé qu'elle pourrait tout oublier comme on tourne une page dans un livre, mais la réalité n'était jamais aussi simple. Severus venait de lui offrir une ouverture, restait maintenant à voir ce qu'elle allait en faire.

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@Severus T. Rogue

L'ambiance aurait pu être pesante étant donné qu'Hermione avait toutes les raisons d'en vouloir à Rogue pour son mauvais caractère, et qu'il avait toutes les raisons de la détester autant que d'habitude. Pourtant, il régnait dans la bibliothèque comme un sentiment de sécurité qui enveloppait la jeune femme et la rassurait un peu. La solitude l'avait certainement pesée davantage que ce qu'elle avait imaginé. Dans les ténèbres de la nuit où les ombres menaçantes grandissaient, la présence de Rogue avait quelque chose de presque lumineux. Bien sûr, personne n'aurait compris qu'elle ressente cela, mais elle ne pouvait nier que c'était le cas. La surprise sur le visage de son ancien professeur ne lui échappa pas, malgré tous les efforts de ce dernier pour la faire disparaitre aussi vite qu'elle était apparue. Elle ne s'attendait pas à ce que le vouvoiement lui fasse cet effet, mais tant mieux s'il appréciait l'effort, même si c'était une déchirure pour elle de constater qu'il n'accepterai jamais qu'elle le tutoie.

C'était certainement parce qu'elle se sentait mieux en sa présence que ses paroles lui firent aussi mal. Severus aurait aussi bien pu la gifler, ça aurait eu le même effet. Les épaules d'Hermione s'affaissèrent un peu. Bien sûr que ça ne la regardait pas. Elle n'était rien pour lui. Il ne lui devait aucune explication ni aucune politesse. Pourtant, ce fut au tour de la jeune femme d'afficher une mine surprise. Elle releva les yeux en écoutant l'homme s'expliquer tout de même. Son ton semblait plus...doux ? Regrettait-il de lui avoir répondu sèchement ? Voilà qui serait inédit. Dommage que ce soit impossible. Il devait bien avoir une motivation autre derrière la tête pour se montrer presque agréable avec elle. Elle hocha la tête et reposa son épais livre sur la table devant elle. Surveiller les couloirs... Elle aurait sûrement du faire pareil, mais elle avait eu trop peur pour ça. Hors de question de l'admettre. En revanche, les paroles suivantes de Severus firent écho aux émotions enfermées au fond d'elle.

« En effet. La guerre en a secoué plus d'un et ils sont nombreux à montrer des signes inquiétants. Je fais mon maximum pour rester à leur écoute et leur apporter le soutien nécessaire. Peut-être que l'on devrait organiser des séances pour qu'ils puissent en parler... Avec un médicomage spécialisé en psychologie. J'en parlerai au directeur. » Répondit-elle sérieusement.

Bien évidemment, c'était le genre d'Hermione de penser à prendre soin des autres et ne pas se mettre dans le tas des personnes traumatisées ayant besoin d'aide. Elle faisait toujours passer les autres avant elle et refusait d'admettre quand elle flanchait elle-même. Peut-être était-ce de l'égo mal placé. Ou bien au contraire une absence totale d'intérêt pour sa propre personne. En tout cas, elle refusait de laisser entendre qu'elle faisait partie des élèves en question. Elle était assistante professeur désormais et ces étudiants étaient sous sa responsabilité. Néanmoins... était-elle capable d'apporter une aide saine alors qu'elle n'arrivait pas à guérir elle-même ? Son bras la lança à nouveau, lui tirant une légère grimace. Vite, elle devait trouver quelque chose pour justifier ce rictus car rien n'échappait jamais à Severus.

« Enfin s'il veut bien m'écouter. Parfois j'ai l'impression que rien ne l'intéresse à part sa propre réputation. »

Oui voilà, elle avait grimacé en pensant au directeur. Excellente esquive, Hermione.

Si vous aviez dit à Severus il y a quelques semaines à peine qu'il resterait volontairement seul avec Granger dans la bibliothèque de l'école, en pleine nuit, pour discuter, il vous aurait sans doute fait interner. Et pourtant, c'était bien ce qu'il était en train de faire ce soir. Lui qui chérissait sa tranquillité et sa solitude plus que tout au monde, il avait décidé de les sacrifier cette nuit pour satisfaire sa curiosité. Il le savait, quelque chose clochait chez Granger, et maintenant que l'idée s'était emparée de son esprit, il n'était plus possible de l'ignorer. Déjà petit, il avait été incapable de laisser un puzzle inachevé, une énigme sans réponse. Sur ce point, il n'avait pas beaucoup changé.

Il remarqua bien la surprise de la jeune femme en entendant son ton s'adoucir quelque peu. Pourtant, il n'aurait pas su dire lequel des deux était le plus surpris par ce changement d'attitude. Il n'avait jamais apprécié la compagnie de la jeune sang et or, malgré le fait qu'elle soit brillante, malgré le fait qu'elle soit tenace et qu'elle fasse toujours passer les autres avant elle même. Élève, elle avait été trop miss-je-sais-tout, adolescente elle avait été trop proche de Potter. Adulte... elle avait commis l'offense impardonnable de lui sauver la vie. Pourtant, ce soir Severus avait choisi d'engager la conversation plutôt que de retourner à ses cachots, à ses livres, à son whisky. Pour éclaircir le mystère, voilà tout. Oui, par curiosité, rien de plus.

Il resta de marbre en entendant sa réponse, peu surpris de voir qu'elle préférait penser à l'impact de la guerre sur les élèves plutôt que sur elle-même, mais exaspéré malgré tout. Elle aussi était élève quand la bataille avait eu lieu, même si les circonstances avaient été particulières. Le fait qu'elle ait pris la charge d'aider Potter à mener à bien sa mission ne l'avait pas fait grandir comme par magie, ne l'avait pas protégée des horreurs qu'elle avait vues. Soit elle refusait de l'admettre, par honte peut-être, soit elle n'admettait même pas la possibilité qu'elle avait pu être aussi affectée que les étudiants encore au château. Aucune de ces deux options n'était rassurante. Severus était en train de l'observer quand une grimace se forma sur son visage, et il ne manqua pas le léger mouvement de son bras avant que Granger ne retrouve un masque impassible. Intéressant.

Elle reprit la parole immédiatement après, mais Severus n'était pas dupe. Il se tourna de nouveau vers la jeune femme. "Vous avez sans doute raison," dit-il finalement. Admettre que Granger avait raison sur un point lui aurait fait physiquement mal à une époque, mais aujourd'hui il savait qu'il allait devoir faire un effort s'il souhaitait avancer. "Mais peut-être qu'il n'est pas le seul à avoir peur pour sa réputation."

Son regard se fit plus insistant à cet instant là. Granger avait esquivé sa première allusion, mais cette fois il allait essayer de se montrer plus clair, plus direct. Vu son attitude lors de leur dernière mission, Granger n'avait aucune envie d'admettre qu'elle avait été marquée par la guerre... et peut-être même par plus que la bataille de Poudlard. Ses réactions, son envie de vengeance... tout laissait penser à Severus qu'il y avait quelque chose de plus que cette bataille. Peut-être qu'elle avait honte, peur pour son image, peur d'être jugée, ou peut-être qu'elle refusait d'admettre qu'elle avait besoin d'aide. La tendance à l'auto-destruction, quelque chose que Severus ne connaissait que trop bien. Mais voilà un potentiel point commun qui était loin de l'enchanter, pour plusieurs raisons. "Et peut-être que le directeur ferait bien d'organiser des solutions pour aider les professeurs, aussi bien que les élèves."

Son regard se posa volontairement sur le bras de la jeune femme. Il y a quelques mois encore, Severus aurait refusé d'admettre que Granger faisait elle aussi partie du corps enseignant. Pourtant, il devait bien voir la vérité en face, et si la jeune Gryffondor refusait de se sentir concernée par sa remarque sur les élèves, il n'avait pas le choix. Il ne pouvait pas se montrer plus clair, et si Granger répondait en lui demandant s'il avait lui même besoin de parler à quelqu'un, c'était décidé, il la laisserait se débrouiller toute seule.

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@Severus T. Rogue

Jamais au grand jamais Hermione n'aurait cru possible que son ancien professeur de potion reste en sa compagnie par choix et non pas par obligation. Pourtant il la détestait, non ? Alors pourquoi n'avait-il pas déjà fait volte face ? Le Severus normal serait déjà sorti de la bibliothèque sans se faire prier. En fait, il serait probablement ressorti immédiatement en voyant qu'elle était là. Pourtant, non seulement il demeurait face à elle, mais il semblait...réellement intéressé par leur conversation. Bien sûr il n'était pas aimable, mais il ne l'était jamais avec elle après tout. Avec personne en fait. Ce qui soulevait encore et toujours la question : pourquoi était-elle tombée amoureuse d'un grincheux pareil ? C'était à n'y rien comprendre.

Sa surprise se fit plus grande en écoutant la suite de ses paroles. Avait-elle rêvé ? Severus venait d'admettre que elle, Hermione Granger, avait raison ? Et sans animosité dans la voix ? Alors là, si elle n'avait pas été persuadée d'être éveillée, la sorcière n'y aurait jamais cru. Mais comme elle ne faisait plus que des cauchemars dernièrement, ça ne pouvait pas être un rêve. Elle ravala bien vite cette sensation de victoire en écoutant la suite. Bon sang... Il savait. Ou du moins il se doutait de quelque chose. Il n'y avait aucune place au doute dans le regard perçant qu'il posait sur elle. Pendant un instant, Hermione songea à mentir à nouveau, prétendre qu'elle ne voyait pas de quoi il voulait parler. Mais elle ne comptait pas insulter son intellect. La jeune femme laissa tomber son masque et poussa un soupir las. La fausse lueur dans son regard s'éteignit comme la flamme d'une bougie que l'on aurait soufflée. C'était presque un soulagement de ne plus avoir à faire semblant.

« J'aurais du me douter que vous seriez trop intelligent et observateur pour moi. J'imagine que l'incident l'autre jour était trop important pour ne pas vous mettre la puce à l'oreille. » Répondit-elle.

Sa voix était éteinte. À quoi bon feindre un sourire alors qu'il n'y croyait pas une seconde ? De toute manière, ce n'était pas comme s'il était très souriant lui-même. Harry était le seul jusqu'à maintenant à avoir vu la réelle fragilité actuelle d'Hermione, mais elle avait du le lui dire pour qu'il comprenne. Severus n'avait pas eu besoin d'un seul mot. Il avait vu en elle. Et c'était d'autant plus frustrant et rageant. Pourquoi était-il aussi perspicace ? Et puis, qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire après tout, qu'elle aille mal ? Ce n'était pas comme si il en avait eu quelque chose à faire ces 7 dernières années.

« Qu'est-ce que vous voulez savoir ? » Demanda-t-elle, sincère.

Après tout, si il avait entamé la conversation, c'était qu'il avait un objectif précis. Severus ne parlait jamais à quelqu'un à moins que ce soit nécessaire. Papoter pour le plaisir ne faisait pas partie de ses passe-temps.

Severus n'arrivait toujours pas bien à croire qu'il était volontairement resté dans la bibliothèque pour engager une conversation avec Granger. Même dans ses pires cauchemars, il n'avait pas réussi à envisager une pareille éventualité, et pourtant, il était bien là, et c'était bien lui qui avait parlé à la jeune sang et or. Pas l'inverse, pour une fois. Il aurait aimé pouvoir dire que seule la curiosité avait motivé ses actions, qu'il n'avait abordé ce sujet que parce qu'il ne supportait pas de ne pas comprendre ce qu'il se passait dans la tête de la jeune femme. Après tout, ça aurait été une raison valable pour lui qui avait toujours détesté les mystères et les puzzles non résolus. Mais ce n'était pourtant pas toute la vérité. Il avait été choqué par son attitude, par ses réactions lors de leur altercation avec un groupe de Mangemorts quelques jours plus tôt. Il n'avait jamais pensé d'elle qu'elle était particulièrement douée en combat, il ne s'était jamais dit qu'il pourrait véritablement compté sur elle s'il en avait besoin face à des Mangemorts. Mais il la savait bornée, acharnée même, et son attitude la semaine passée était la preuve d'un abandon. Plus que le reste, c'était ça qui intriguait Severus, c'était ça qui faisait qu'il n'arrivait pas tout à fait à sortir la jeune sorcière de ses pensées depuis cette fameuse nuit.

Il l'observa en entendant sa réponse, et il vit le moment où elle décida de rendre les armes et d'être enfin honnête. Elle devait se dire qu'il était inutile de continuer à mentir à un Legilimens, et pourtant, Severus n'aurait pas essayé de lire ses pensées. Pendant la guerre, cette compétence lui avait sans doute sauvé la vie plus d'une fois, mais maintenant c'était différent. Il ne savait que trop bien ce que ça faisait de voir toutes ses pensées, toutes ses douleurs révélées au grand jour pour que tout le monde puisse vous juger, et si Severus était dur, il n'était pas cruel. Il n'avait plus besoin de l'être.

Severus resta impassible en entendant sa réponse. Il se demanda un instant si elle essayait de le flatter dans l'espoir qu'il se montre plus clément avec elle, mais son corps s'était presque affaissé, Severus pouvait lire le soulagement dans la manière dont ses épaules s'étaient baissées, dans la manière dont son visage s'était presque détendu. Elle avait l'air sincère, et même si elle ne lui avait rien expliqué pour le moment, le simple fait qu'elle admette le problème était choquant. Granger avait passé des années à parler au-dessus des autres, à toujours vouloir montrer qu'elle était la plus intelligente, la plus douée, la meilleure. Aujourd'hui, elle semblait... brisée, et Severus ne s'était jamais aussi bien rendu compte de la différence qu'à cet instant. "J'aimerais être sur de ne pas avoir à m'inquiéter..." commença-t-il d'une voix sobre et posée. Il ne voulait pas paraître sec, mais se montrer plus tendre que neutre lui était impossible. Il pouvait clairement voir la douleur dans l'attitude de Granger, mais il n'était pas là pour lui tenir la main et devenir son meilleur ami. Il n'allait pas lui dire que tout allait bien se passer. Il voulait comprendre, le reste, il s'en occuperait après. "... la prochaine fois que nous sommes envoyés en mission ensemble," conclut-il.

La réaction de Granger lorsqu'ils étaient face aux Mangemorts l'avait mis dans une situation plus que délicate. Elle avait mis leurs deux vies en danger, et c'était son droit de savoir s'il prenait un risque en acceptant d'être envoyé en mission avec une sorcière qui pouvait craquer à tout moment. Bien sûr, ça, c'était la raison logique, la raison acceptable, de creuser la question. Mais ce n'était pas la véritable raison pour autant. Il avait toujours trouvé la compagnie de Granger détestable, que ce soit quand elle avait été élève ou maintenant qu'elle se prétendait professeur, et pourtant il ne pouvait pas rester complètement indifférent en voyant les ravages que ces dernières années avaient fait. "Je n'ai pas l'impression que ce soit la bataille qui vous ait autant marquée." Severus avait vu des élèves traumatisés par la bataille, par la vue des corps, par les dégâts faits au château, mais le mal-être de Granger semblait aller au delà de tout ça. Il ne pensait pas se tromper en affirmant qu'elle avait vécu quelque chose que le reste des étudiants n'avait pas eu à traverser, et il avait besoin de savoir quoi. "Ai-je tort ?"

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@Severus T. Rogue

La perspicacité de son interlocuteur avait libéré Hermione d'un poids dont elle n'avait jamais mesuré l'ampleur jusque là. Si elle savait qu'elle se sentait triste et hantée par le passé, elle n'avait pas encore compris à quel point elle s'était retenue de le montrer. Pourquoi ? Pour ne pas paraitre faible ? Sauver les apparence ? Non. C'était ce que Severus voulait penser d'elle, mais la vérité était toute autre. Elle n'avait tout simplement pas voulu inquiéter son entourage et être un poids pour qui que ce soit. Un embêtement. Un problème à résoudre. En général, c'était Hermione qui réglait les soucis de ses amis, pas l'inverse. Mais encore une fois... Severus n'était pas son ami. Alors peut-être pouvait-elle être honnête avec lui, puisqu'il ne l'interrogeait pas par compassion et ne risquait pas de se laisser ronger par son mal-être. Elle laissa échapper un long soupir, comme si elle venait de lâcher la pile de livres la plus lourde qu'elle ait jamais portée. Un mince espoir fit battre son cœur, quelques instants seulement, croyant que celui qu'elle aimait était en train de réellement s'inquiéter pour elle...mais ce sentiment fut éventré par la fin de sa phrase. Oui, bien sûr. Sa sécurité en mission. Voilà de quoi il était question, ce ceci et de rien d'autre. La jeune femme devait arrêter de penser que cet homme qui lui faisait face était capable de la tendresse qu'elle imaginait en lui. Il n'était que calculs intéressés et sombres machinations. S'il avait un jour agi en fonction de ses émotions, c'était pour Lily, et pour personne d'autre.

« Non...vous n'avez pas tort. » Réussit-elle à dire, la gorge serrée.

Sa voix était enrouée. Comment allait-elle pouvoir lui expliquer tout ce qui lui était arrivé ? Elle n'avait pas l'énergie ni la force de faire un récit aussi long, et elle ne pensait pas qu'un résumé serait suffisant pour saisir l'ampleur de ce qui comprimait sa poitrine au point de lui faire passer l'envie de respirer. Mais il y avait bien une solution, si Severus acceptait d'en arriver à de tels recours. Ses yeux s'emplirent de larmes qu'elle essuya rageusement avec la manche de sa veste. Hermione ne s'autorisait jamais à pleurer devant des gens. C'était arrivée une fois, il y a peu de temps, chez Harry, et elle s'en voulait encore aujourd'hui d'avoir laissé son meilleur ami voir une facette aussi secrète d'elle-même. C'était pour cette raison qu'elle s'était toujours isolée pour verser des larmes, de la première fois dans les toilettes des filles aux dernières fois en s'éloignant de la tente où se reposaient ses camarades. Quelque part, elle sentait que l'homme face à elle pourrait le comprendre. Il ne montrait jamais ses émotions en public non plus. Encore quelque chose qu'ils avaient en commun.

« Je ne crois pas pouvoir en parler... Mais je vous autorise à regarder. » Murmura-t-elle, éteinte.

Ce n'était pas un secret pour la sorcière que Severus était un excellent legilimens. Il avait tenté en vain d'apprendre à Harry ce talent, et elle était consciente que c'était cette capacité parfaitement maitrisée qui l'avait aidé à rester un parfait espion toutes ces années. S'il acceptait d'entrer dans son esprit, elle ne comptait pas résister. A ce stade, il ne restait rien qu'elle ne puisse pas lui montrer. Ses souvenirs étaient de toute manière à vif, cachés juste sous la surface, faciles à atteindre, hurlant pour être découverts, pour que quelqu'un y prête enfin attention. Hermione avait refoulé ces images trop longtemps, mais cela n'avait servi à rien. L'horreur revenait toujours, implacable, impossible à faire taire.

Severus savait qu'il était désormais incapable de lâcher le morceau. Il n'avait jamais pu résister à un mystère, à un puzzle, et il n'allait pas commencer maintenant. Granger avait toujours été d'une facilité ridicule à lire, mais ces derniers mois c'était bien différent. Peut-être était-elle même différente. Enfant, elle ne cherchait qu'à faire ses preuves, qu'à éclabousser le reste du château de son intelligence, dans l'espoir sans doute bête que ça lui apporte un peu de popularité. Toujours à vouloir se faire remarquer, toujours à vouloir faire son intéressante. La jeune femme qui était assise face à lui ce soir n'aurait pas pu être plus éloignée de la jeune fille qui était arrivée au château plusieurs années auparavant. Severus pouvait presque voir la jeune femme se recroqueviller sur elle même, comme si elle voulait se faire la plus petite possible, comme si elle espérait pouvoir disparaître. Malheureusement pour Severus, ça, il pouvait le comprendre.

Il lut aisément la déception sur son visage quand elle comprit qu'il ne creusait pas la question par inquiétude pour elle, et il s'en voulut presque d'avoir terminé sa phrase ainsi. Bien sûr, il n'avait pas envie d'être renvoyé en mission avec une bombe à retardement, mais il aurait été trop simple de dire que c'était la seule raison qui poussait sa curiosité. Non, il ne l'interrogeait pas uniquement dans son propre intérêt, mais il aurait été incapable de dire quelle autre force le poussait à agir. Ou peut-être qu'il refuserait simplement de l'admettre.

La voix de Granger était faible, comme si elle avait du mal à prononcer ces mots. Comme si elle les prononçait à contre coeur, ou avec beaucoup de difficulté. Severus ne pouvait pas la blâmer. Elle qui adorait répondre aux questions de ses professeurs d'habitude, ses réponses étaient sans doute moins personnelles en temps normal, sans doute moins douloureuses. La jeune femme essuya une larme d'un geste plein de rage, et Severus ne put pas s'empêcher son estomac de se serrer un peu à cette vue. Granger n'avait de toute évidence aucune envie de pleurer devant lui, mais ce n'était pas la même attitude qu'un élève qui refusait d'admettre qu'il ne connaissait pas la réponse à une question, pas la même tentative de dissimulation qu'un enfant qui ne veut pas avouer qu'il a fait une bêtise. Non, c'était de la fierté, une tentative vaine de vouloir paraître forte. Severus avait passé des années à essayer de cacher ses émotions, surtout celles qui lui faisaient mal. Granger n'était pas aussi douée en la matière, mais Severus ne pouvait que comprendre l'instinct.

Il fronça les sourcils en écoutant la suite. Elle voulait qu'il utilise la legilimancie sur elle ? Plutôt que d'utiliser ses mots, ce dont elle semblait incapable, Granger lui demander de pénétrer son esprit pour voir par lui même ce qu'elle n'arrivait pas à admettre. Même si Severus se doutait que la jeune femme avait vécu des traumatismes, le fait qu'elle se sente aussi incapable d'en parler lui indiqua très clairement que ses souvenirs étaient sans doute plus durs que ce qu'il avait imaginé. Severus n'aurait jamais osé lire ses pensées pour essayer de comprendre ce qui la perturbait autant, mais si elle lui donnait la permission, si elle l'y encourageait même... ce n'était pas la même chose. Et il ne comptait pas manquer cette opportunité de satisfaire sa curiosité. Il fit un pas vers elle pour attirer son attention, la forcer à attraper son regard. Son expression était triste, résignée, mais Severus se força à en faire abstraction. Il hocha la tête pour la prévenir avant de pointer sa baguette dans sa direction. "Legilimens," enonca-t-il, l'expression sur son visage neutre.

vidéo des souvenirs:

Une suite de souvenirs défila sous ses yeux, dans un mélange flou le forçant à se concentrer pour être certain de bien tout absorber. De tout comprendre. Des élèves de 1ère année qui se moquaient d'elle. Drago qui la traitait de Sang-de-Bourbe. Le sortilège d'amnésie lancé sur ses parents. Granger qui sauvait Potter et Weasley d'une attaque de Mangemorts. Potter qui lui reprochait de ne pas faire assez. Weasley qui refusait de lui parler pendant des mois. Severus lui même qui l'humiliait devant le reste de la classe. Granger qui protégeait encore Potter et Weasley, qui emportait leurs affaires avec elle, qui les guidait. Bellatrix qui notait le mot "Sang-de-Bourbe" sur le bras de la jeune femme.

La dernière chose que Severus entendit avant de sortir de l'esprit de la jeune femme fut le cri qu'elle poussa alors que Bellatrix gravait sa peau à jamais. Il ferma les yeux quelques secondes, plus par peur de trahir ses propres pensées que de voir celles de la jeune femme. Ses doigts s'étaient resserrés autour de sa baguette, si bien que ses articulations étaient devenues blanches. Il s'était douté que les expériences de la jeune femme n'avaient pas été heureuses, mais ce qu'il avait vu allait bien au delà de tout ce qu'il aurait pu imaginer. Lorsqu'il rouvrit les yeux, son regard se dirigea automatiquement vers l'avant bras de la jeune sang et or, et il sentit son estomac se nouer douloureusement. Elle devrait porter cette marque toute sa vie, était destinée à ne jamais pouvoir oublier l'acte le plus cruel qu'elle avait jamais subi. Severus aussi avait une marque sur son avant bras qui ne s'estomperait jamais vraiment, mais il la portait par sa propre faute. Granger n'avait eu aucun choix dans cette histoire, n'avait rien demandé, rien fait de mal...

Severus avait rarement été aussi reconnaissant de sa propre capacité à masquer ses émotions. Il n'était pas certain de ce que Granger aurait pu voir si ça n'avait pas été le cas. Probablement un mélange inextricable de rancoeur, de colère... et de regrets. Bien évidemment, le souvenir de Bellatrix était le plus vif de tous ceux qu'il avait vus, mais il ne pouvait pas nier le fait qu'il s'était lui-même retrouvé dans ces souvenirs. Il baissa sa baguette, laissant son bras retomber le long de sa hanche. "Je comprends mieux," souffla-t-il finalement, faisant attention de ne plus croiser le regard de la jeune femme. Elle s'attendait peut-être à des mots rassurants, à une réaction plus forte, plus visible. Mais Severus en était incapable. La majorité des sorciers le pensaient sans coeur, et s'ils avaient pu le voir à cet instant, ils auraient été persuadés d'avoir raison. Mais la vérité c'était que Severus n'avait aucune envie de sortir des platitudes, des banalités. À quoi bon dire à Granger que les souvenirs qu'il avait vus étaient horribles ? Elle ne le savait que trop bien, et maintenant lui aussi s'en rendait compte.

Severus fit volte face pour se tourner vers les étagères de livres, mais il n'avança pas vers la sortie de la bibliothèque. Il n'essayait pas de s'enfuir, ou de faire comme s'il n'avait rien vu. Il ne voulait pas minimiser ce qu'il venait de voir, bien au contraire. Il espérait donner à Granger quelque chose dont elle avait sans doute besoin : quelques secondes pour se remettre d'une intrusion qu'elle avait peut-être demandé, mais qui n'en restait pas moins douloureuse pour autant.

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Il n'y avait aucun hésitation dans le regard de son ancien professeur, pas la moindre pitié non plus. Encore une fois, il était entièrement possible qu'il soit affecté par son état sans rien en montrer, elle l'en savait capable, mais avec leur passif, elle n'arrivait pas à envisager cette possibilité. Même si elle savait que Severus avait bien plus de compassion et de cœur qu'il ne le laissait transparaitre, il n'en avait jamais fait usage avec elle. Il la détestait, il l'avait toujours détestée, inutile de prétendre le contraire. Lorsqu'il s'avança en sortant sa baguette, Hermione ne fit aucun mouvement de recul et ne redressa aucune barrière de sécurité, hormis celle toujours bien en place autour de ses sentiments pour lui. Hors de question qu'il le découvre de cette manière. Ou qu'il le découvre tout court. L'intrusion dans son esprit se fit en douceur, elle ne résista pas et le laissa naviguer dans l'océan déchainé de ses souvenirs douloureux. Impuissante, elle revivait ces scènes avec lui, tout comme dans ses cauchemars, frémissant et grimaçant aux insultes et aux blessures. Son propre hurlement attisa la brûlure de la marque sur son bras, lui faisant serrer les dents pour étouffer une plainte. C'est à cet instant précis qu'elle sentit Severus sortir de son esprit vivement, comme s'il avait lui aussi été brûlé par la violence de la scène.

La jeune femme s'était davantage recroquevillée et des larmes roulaient sur ses joues sans qu'elle ne puisse les retenir. Elle baissa son visage pour tenter de le cacher en vain et utilisa les deux manches de son pull cette fois pour essuyer les perles de désespoir qui inondaient son visage. Elle n'était pas intéressée par ce que Severus allait en penser, elle n'était pas curieuse de savoir s'il était choqué ou pas, après tout, elle ne l'avait pas laissé voir ses souvenirs pour qu'on la plaigne ou la rassure. La pitié n'avait aucun intérêt à ses yeux. Il avait posé une question, désormais il avait la réponse. Tout simplement. Ses paroles dénuées d'émotions ne lui firent donc pas plus de peine que cela. Elle se contenta de hocher la tête en réponse. Lorsqu'il se détourna d'elle, elle craignit un instant qu'il s'en aille. Hermione amorça un geste pour lui demander de rester, avant de réaliser qu'il s'était approché des livres et non pas de la sortie. Un peu rassurée, elle s'autorisa quelques instants pour calmer sa respiration et ses émotions. Son bras lui faisait très mal, comme écorché vif. Elle avait senti le regard de Severus dessus dans même avoir à le voir. Il n'avait pas fait de commentaire. Tant mieux.

« Merci... » Murmura-t-elle.

La sorcière ignorait si elle le remerciait d'être resté, d'avoir accepté de regarder ses souvenirs au lieu de l'obliger à parler, ou tout simplement parce qu'il avait fait exactement ce dont elle avait besoin : la laisser respirer sans rien dire de plus. La plupart de ses amis se seraient précipités pour l'enlacer, la bercer, lui chuchoter des paroles réconfortantes, et elle n'était pas contre... mais ce n'était pas ce dont elle avait réellement besoin. Hermione avait besoin de compréhension, d'écoute sans jugement, de quelqu'un qui sache ce qu'elle ressentait, qui partage une forme de vécu. Son ancien professeur de potions avait eu une vie difficile, douloureuse. Il ne pouvait que comprendre. Une fois plus calme, elle se racla légèrement la gorge et se replongea dans sa lecture. La présence de Severus avait quelque chose d'apaisant. Elle n'était pas seule, mais elle n'était pas envahie par les émotions de quelqu'un d'autre pour autant. Il se dégageait de la bibliothèque un sentiment de sécurité désormais, là où elle craignait toutes les ombres encore quelques moments auparavant. Au fond d'elle, Hermione se demandait si son interlocuteur allait poser des questions. Si c'était le cas, elle se sentait suffisamment mieux pour lui répondre.

Severus avait anticipé plusieurs choses quand il avait pénétré l'esprit de la jeune femme, mais ses souvenirs avaient tout de même réussi à le choquer. Et après ce qu'il avait traversé, il en fallait beaucoup pour le choquer. Bien sûr, il avait toujours su que Bellatrix était cruelle, si loin de la limite de la folie qu'elle ne devait même plus l'apercevoir derrière elle, mais la scène à laquelle Severus avait assisté dépassait l'entendement. Il avait passé des années à essayer de protéger Potter, pour tenter de réparer ses fautes avec sa mère, et indirectement, il avait aussi passé ces années à protéger Granger et Weasley. Jusqu'à cet instant, il ne s'était pas rendu compte à quel point cette charge l'avait marqué. Il n'aimait pas voir quelqu'un souffrir, il n'avait jamais été cruel à ce point, mais voir Granger... c'était différent. Il avait la sensation d'avoir échoué dans sa mission, même si ce n'était pas logique, même si c'était presque ridicule. Il aurait aimé que la jeune femme n'ait jamais eu à vivre ces moments dans le manoir Malefoy, mais il ne pouvait rien faire pour effacer le passé, il ne le savait que trop bien. Encore une fois, il arrivait trop tard, et il devait se contenter d'essayer de réparer quelque chose qui avait été brisé en partie par sa faute. L'innocence d'une jeune femme qui n'avait pas mérité la manière dont elle avait été traitée.

Tout ce qui était arrivé depuis la mort de Lily était en partie de sa faute, et il devrait vivre avec cette culpabilité jusqu'à la fin de sa vie. Il ne se tourna pas vers la jeune femme quand elle le remercia. Bien loin de l'apaiser, ce simple mot ne fit qu'accentuer la tempête de regrets qui rugissait dans son cerveau. Il l'avait aidée à se confier sans avoir à prononcer un mot, mais cela effaçait-il tous ses torts ? Certainement pas. Après avoir vu les souvenirs de la jeune femme, Severus comprenait encore moins pourquoi Granger lui avait sauvé la vie, pourquoi elle semblait passer chaque seconde de son temps libre à essayer d'engager la conversation avec lui. Si les rôles avaient été inversés, Severus aurait fait son possible pour rester le plus loin possible d'elle, mais il n'avait jamais réussi à la comprendre. Ses souvenirs expliquaient bien des choses sur son comportement, mais pas la manière dont elle se comportait avec lui.

Il entendit une page du livre que Granger lisait se tourner, et il se tourna de nouveau vers elle. Il s'approcha lentement d'elle, comme s'il voulait éviter d'effrayer un animal sauvage. Après ce qu'il venait de voir, il n'aurait pas blâmer Granger d'avoir des réactions extrêmes et parfois illogiques. "Montrez-moi la cicatrice," demanda-t-il d'une voix neutre. Il n'avait pas envie de faire semblant, de se montrer plus doux qu'il ne se sentait. Il n'avait pas envie de montrer une empathie, ou une émotion qui ne serait d'aucune utilité à la jeune femme pour le moment. Le meilleur moyen de gérer la situation était peut-être de l'approcher d'une manière clinique, de la démystifier. "Connaissant Lestrange, elle a sans doute ensorcelé sa dague pour rendre les blessures infligées avec plus douloureuses." Il passa sous silence comment il connaissait Bellatrix, la réponse était évidente, mais il ne servait à rien de s'attarder dessus. Il avait assez cotoyé la brune pour toute une vie, voire pour plusieurs. Il comprenait sans doute moins Granger que la personne qui l'avait torturée, mais il ne pensait pas se tromper en supposant que la jeune Gryffondor n'avait pas fait examiner la cicatrice par un médicomage compétent. Elle l'avait sans doute cachée. Et Severus le savait, parce que c'était comme ça que lui-même aurait réagi.

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Quelque chose dans l'air avait changé. Il y avait moins de tension entre Hermione et Severus, moins de colère, moins de rancœur. Il n'y avait rien d'amical entre eux pour autant, mais c'était un peu comme si les souvenirs douloureux de la jeune femme avaient tissé un lien invisible, un lien de compréhension mutuelle. Manifestement, la gryffondor et le serpentard avaient bien plus de points en commun que prévu. Lorsque l'homme se tourna à nouveau vers elle, il lui sembla qu'il ne l'observait plus de la même manière qu'avant. Elle le laissa approcher, sans reculer, ce qui était assez miraculeux ces derniers temps. Hermione avait tendance à se recroqueviller quand quelqu'un voulait établir un contact avec elle, à moins que cela vienne de quelqu'un de très proche comme Harry ou Ginny. Mais Severus avait également toute sa confiance, même s'il n'en était pas conscient et pensait certainement ne pas la mériter. Sa requête la crispa cependant. Lui montrer sa cicatrice ? Elle ne l'avait encore montrée à personne. Elle en avait parlé avec Harry, mais elle avait refusé de le laisser voir cette marque si personnelle et humiliante. Elle songea un instant à refuser, serrant son bras contre sa poitrine. Mais la phrase suivante de son ancien professeur acheva de la convaincre. À vrai dire, Hermione se doutait depuis le début que cette douleur n'avait rien de normal, mais elle avait décidé de l'encaisser en silence. Severus semblait déterminé à l'aider, alors comment refuser ? Elle soupira, rendant les armes.

« Je ne l'ai jamais montrée à personne... C'est personnel, vous comprenez ? Mais... j'imagine que votre regard professionnel pourrait aider. »

Résignée, elle ôta d'abord son épaisse veste en laine, puis glissa ses doigts sous la manche de son pull. Durant quelques secondes, elle demeura immobile en fixant sa manche, la main un peu tremblante, réticente à la relever. Elle déglutit et le fit néanmoins. La cicatrice sur son avant-bras était rougeoyante, comme si elle venait à peine de se former sur la plaie, alors que des mois et des mois avaient passé. On pouvait distinguer en toutes lettres l'expression " Sang de bourbe " gravé dans sa peau avec une lame affutée. Bellatrix Lestrange... Il n'y avait pas de terme assez fort pour décrire ce que ressentait Hermione envers cette femme. Sûrement que Severus comprenait un peu mieux pourquoi la sorcière avait perdu son sang-froid pendant leur mission. Ce ressenti était aggravé par le fait que pendant quelques minutes, Hermione avait porté l'apparence de la femme qu'elle haïssait le plus au monde. Elle avait été dans sa peau, avait eu sa voix, porté ses vêtements. Bien qu'elle sache que cela avait été nécessaire pour atteindre le coffre de la mage noire, cet évènement avait créé en elle une sorte de sentiment de dégoût pour sa propre personne.

« Vous pouvez regarder de plus près. Je ne vous crains pas. » Murmura-t-elle.

Même si Severus avait l'intention de toucher son bras, elle le laisserai faire. Quelque chose en elle lui disait qu'elle pouvait lui faire confiance aveuglément. C'était certainement une bêtise, mais après tout, elle n'était plus à ça près.

Severus n'était pas certain de la manière dont Granger allait réagir. Après ce qu'il venait de voir, il n'était plus certain de rien à vrai dire. La jeune femme venait de lui exposer des souvenirs horribles, traumatisants, et Severus ne l'aurait pas blâmée si elle s'était enfuie en courant de la bibliothèque. Pourtant, elle était encore là, et lui prenait le risque de s'approcher d'elle en plus. Par son attitude, il fit de son mieux pour ne pas apparaître comme une menace, quelque chose d'assez inédit pour lui, mais il ne pouvait pas se montrer calme et sympathique non plus. Faire preuve de trop d'empathie était peut-être même le meilleur moyen d'effrayer Granger. Heureusement pour lui, Severus n'avait de toute façon aucune intention de feindre plus de sympathie qu'il ne ressentait réellement. Ses sentiments étaient bien différents de ceux qui l'avaient habité il y a une heure encore, mais ils n'étaient pas dominés par la sympathie. Ses émotions étaient bien plus négatives, mais elles n'était pas tournées vers Granger. Pas cette fois.

Il s'était presque attendu à ce que Granger sursaute ou décide de partir en entendant sa question, mais elle semblait résignée. Elle comprenait sans doute qu'il ne lui demandait pas par plaisir, ou pour la torturer. Il lui posait la question parce que c'était nécessaire. Parce qu'il était assez sur que Bellatrix n'y était pas allé de main morte lorsqu'elle avait entaillé la peau de Granger, parce qu'il savait que la jeune sang et or minimisait certainement sa douleur pour ne pas avoir à embêter qui que ce soit, et parce qu'il avait besoin de voir lui même la preuve visible, tangible, des souvenirs auxquels il avait assisté. Voir un souvenir était une chose, mais voir ses conséquences par soi-même en était une autre.

Il hocha la tête en écoutant sa question, son expression impassible. Granger n'avait pas besoin de quelqu'un qui viendrait s'énerver pour elle, qui maudirait Lestrange, ou qui pleurerait sur le sort de la jeune Gryffondor. Et Severus n'en avait aucune intention. Il était froid, calme, et c'était sans doute de ça qu'Hermione avait besoin. Il la vit hésiter au moment de soulever son pull au-dessus de la cicatrice, mais il ne la pressa pas. Il n'esquissa pas le moindre mouvement. Après quelques secondes, Granger dévoila finalement la blessure, et Severus se concentra, évitant soigneusement de repenser aux circonstances qui avaient amené à ce résultat, et faisant de son mieux pour ne pas se remémorer le cri que la jeune femme avait poussé en sentant la dague contre sa chair. Même en souvenir, son cri avait été déchirant. La plaie était encore bien rouge, et Severus se demanda si la douleur s'apaisait de temps en temps ou si Hermione vivait avec en permanence depuis des mois, sans oser rien dire, sans demander d'aide. Le fait qu'il se pose cette question parce qu'il savait qu'il aurait lui-même réagi de la sorte ne lui échappa pas. Il se tourna instinctivement vers Granger en l'entendant murmurer. À un autre moment, il aurait surement répondu qu'elle ferait mieux de le craindre, et qu'il serait plus facile pour tout le monde qu'elle reste le plus loin possible de lui, mais aujourd'hui il ne répondit rien. Il se contenta de hocher la tête avant de se pencher vers la blessure.

Il leva la main au-dessus de la peau encore rouge, et il n'eut même pas besoin de toucher la blessure de Granger pour être convaincu que Lestrange avait utilisé de la magie noire sur sa dague. Il se contenta de laisser flotter les doigts de sa main à quelques millimetres de la chair. L'état même de la blessure aurait dû être assez pour le savoir, mais Severus pouvait aussi sentir la magie à travers la peau de la jeune Sang et Or. Il avait passé suffisamment de temps à jouer avec ce type de magie pour pouvoir la sentir aisément. La cruauté de Bellatrix était légendaire, mais elle s'était dépassée cette fois-ci. "J'imagine que la douleur ne s'est jamais arrêtée," souffla-t-il, se tournant vers la jeune femme. Il ne s'était pas rendu compte qu'il s'était penché de tout son corps sur la cicatrice, et son visage était un peu plus proche de celui de Granger qu'il ne l'avait anticipé. D'ici, il arrivait encore plus clairement à lire la douleur sur son visage, mais elle n'y était pas seule. D'autres sentiments plus complexes s'y mêlaient, dont quelque chose qui ressemblait un peu trop à de l'affection pour Severus. Il s'écarta, faisant attention à ne pas être brutal dans ses gestes. "Je ne sais pas si les infirmiers du château vont pouvoir vous aider. Ils n'ont pas une formation poussée en Défense contre les forces du mal, et même si c'était le cas, je ne suis pas sûr qu'ils seraient à même de contrer un sortilège lancée par une telle furie."

Il s'écarta de la jeune femme et commença à marcher quelques mètres plus loin, sa cape flottant dans son sillage. L'activité l'aidait à réfléchir parfois, et il en avait besoin à cet instant. Pour essayer de soulager les effets du sort lancé par Bellatrix, il fallait quelqu'un qui connaisse bien la magie noire, et malheureusement pour Severus, ça lui laissait très peu d'options au château. Il n'avait pas encore ouvert la bouche qu'il regrettait presque déjà sa décision. "Il me faudra quelques jours pour faire des recherches, mais je pense pouvoir concocter une potion qui atténuera les symptômes." Atténuer, pas faire disparaître. Granger ne s'en rendait peut-être pas compte, mais il était peu probable que la cicatrice disparaisse un jour. Elle était sans doute condamnée à devoir vivre avec, et cette pensée ne fit qu'augmenter le dégoût que Severus avait pour Bellatrix. Il se tourna vers la jeune femme pour observer sa réaction, ne pouvant pas s'empêcher de se rappeler qu'il s'était retrouvé dans une situation similaire avec Lupin, il y a plusieurs années. Obligé de concocter des potions pour soulager une personne qu'il ne portait pas dans son coeur. Pourtant, à l'époque c'était Albus qui l'y avait obligé, et il n'avait plus cette excuse aujourd'hui. Il aurait aimé dire qu'il avait une bonne raison, une raison égoïste pour sa proposition, mais aucune ne lui venait.

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Parfaitement immobile, telle une statue de marbre, Hermione laissa son ancien professeur se pencher sur la cicatrice qui gangrenait son bras. La jeune femme avait parfois songé à découper toute sa peau à cet endroit là ou même se couper le bras pour se débarrasser de cette horreur, mais elle n'avait jamais réussi à passer à l'acte. Sans doute par peur. Est-ce que Severus avait lui aussi eu ces pensées en observant la marque des ténèbres bouger sur sa peau ? Sûrement. Mais elle se doutait qu'il l'avait gardée par culpabilité, plus que par crainte. C'était bien le genre d'homme à se punir pour ses erreurs passées en se forçant à regarder ce tatouage tous les jours. Comme un rappel de ce qu'il détestait le plus chez lui. Jour après jour. Au fur et à mesure qu'il passait sa main au dessus du bras de la sorcière, Severus s'était penché en avant, son visage s'approchant du sien inconsciemment. Elle pouvait sentir son souffle sur sa peau et se retint de justesse de frissonner. De si près, ses yeux semblaient plus fatigués et tristes qu'autre chose, surtout lorsqu'il ne se concentrait pas pour paraitre plus froid qu'il ne l'était vraiment. Lorsque le maitre des potions releva les yeux, il se rendit compte de leur proximité et se recula. Ce simple geste fit un peu plus de peine à Hermione, mais elle s'était tellement habituée à se sentir rejetée et détestée par lui qu'elle n'en laissa rien deviner sur son visage.

« La douleur est toujours présente. Je ne me souviens plus à quoi ressemblait ma vie quand je n'avais pas mal. Mais parfois... c'est encore pire. Lorsque je pense à Bellatrix ou à la cicatrice, la douleur devient plus forte, comme si on me marquait au fer rouge. » Expliqua-t-elle en essayant de rester la plus neutre et méthodique possible dans sa description.

Severus n'avait pas besoin de connaitre ses émotions, juste les aspects scientifiques et les faits. De toute manière, sa tristesse et son traumatisme ne devaient pas tant l'affecter que ça. Elle le laissa marcher dans la bibliothèque, observant sa cape qui suivait ses mouvements avec fluidité. La sorcière l'écouta parler sans vraiment analyser ses mots. Tout ce qu'il disait, elle le savait déjà, elle y avait maintes fois songé depuis son agression au manoir Malfoy. Un maléfice jeté par Bellatrix Lestrange ne pouvait pas être aussi facilement défait et encore moins par des médicomages scolaires, malgré tout le respect qu'Hermione avait pour Pomfresh. En revanche, la jeune femme sortit de sa torpeur lorsque Severus annonça finalement qu'il allait l'aider. Faire des recherches, tenter de la soulager avec une potion. Pourquoi ? Rien ne l'obligeait à faire quoi que ce soit. Personne ne lui avait ordonné de prendre soin d'elle et elle ne lui avait rien demandé non plus. Qu'est-ce qui pouvait bien motiver un tel élan de générosité ? C'était du jamais vu. La surprise pouvait aisément se lire sur le visage d'Hermione. Jamais elle n'aurait pensé que l'homme qu'elle aimait ferait démonstration de compassion envers elle.

« Oh... Oui, d'accord. Merci. » Dit-elle, encore un peu sous le choc.

Cet instant passé, elle glissa son regard vers son propre bras. Elle n'avait pas besoin de poser la question qui lui brûlait pourtant les lèvres. Si Severus parlait d' " atténuer les symptômes " c'était parce qu'il n'y avait rien de plus à faire. Elle le savait. Elle l'avait toujours su. Et pourtant, avoir la confirmation de sa part que cette cicatrice et cette douleur ne s'en iraient jamais vraiment... C'était autre chose. Hermione avait été marquée à vie, comme un animal destiné à l'abattoir, un parasite de la société. Toute sa vie, elle allait devoir porter ces paroles monstrueuses sur sa peau comme une étiquette. Toute son enfance elle avait été jugée inférieure à cause de son sang, et elle s'en était défendue le plus ardemment possible en redoublant d'efforts pour faire ses preuves, pour être la meilleure, pour ne jamais avoir l'air faible ou démunie dans un monde qui refusait de l'accueillir complètement. Mais aujourd'hui, ce courage semblait l'avoir désertée. Elle était fatiguée de se battre constamment pour avoir le droit d'exister, pour mériter le respect minimum.

« Je ne serai jamais libérée de ce mot. Je serai toujours une sang-de-bourbe et rien de plus... » Souffla-t-elle tristement.

À quoi bon s'en lamenter dans tous les cas ? Ce n'était pas comme si Severus allait la plaindre, il avait lui-même été très clair de nombreuses fois sur la valeur qu'elle avait à ses yeux. Une moins que rien qui essayait trop fort d'être quelqu'un qu'elle ne serai jamais. Pourtant, elle avait mérité sa place dans l'équipe pédagogique de Poudlard, non ? Mais était-ce seulement parce qu'elle pouvait réciter un livre par cœur comme un perroquet ? N'avait-elle aucune autre valeur à part ça ? Toutes ses certitudes s'érodaient lentement comme la roche au passage des vagues. Un peu plus, chaque jour, les insultes avaient rongé son assurance sans qu'elle ne s'en rende compte...jusqu'à maintenant. Une nouvelle larme roula sur sa joue et une fois encore, elle l'essuya rageusement. Elle ne devait pas pleurer. Elle ne devait pas être faible. Elle ne devait pas leur donner raison. Elle devait être la meilleure, tout le temps, en tout, pour que personne n'ait jamais l'opportunité de la critiquer, de lui dire qu'elle n'était pas une vraie sorcière. Rester droite. Rester inébranlable. Cacher sa peur. Cacher sa douleur. Cacher tout. Seconde par seconde, elle reforma un masque impassible sur son visage. Le même qu'arborait Severus tous les jours.

Severus ne dormait quasiment plus depuis la fin de la guerre, mais s'il avait su qu'il risquait de tomber sur Granger en se baladant des les couloirs, il serait sans doute resté à tourner dans son lit jusqu'au matin. Pourtant, cette rencontre n'était pas aussi désagréable... ou aussi inutile que les précédentes. Granger semblait différente cette nuit, moins sûre d'elle peut-être, plus brisée. Severus n'avait aucune envie de ressentir de l'empathie pour la jeune Gryffondor, mais son corps ne lui laissait pas le choix. Après ce qu'il avait vu dans ses souvenirs, comment aurait-il pu en être autrement ? Même si la majorité du monde sorcier le prenait pour un monstre, il n'en était pas un, et il ne pouvait pas rester complètement insensible face à ce qu'il avait vu. Comment expliquer autrement le fait qu'il soit resté, qu'il n'ait pas simplement fait volte face pour chercher une autre partie du château dans laquelle errer cette nuit ?

Il ne laissa rien paraître de ses émotions, conservant un masque imperturbable, en entendant Granger confirmer que la douleur était constante. Et évidemment, elle n'avait rien dit. Quelle bêtise. Mais c'était un geste stupide dictée par la fierté, quelque chose que Severus ne pouvait que trop bien comprendre. Non pour la première fois, il se fit la remarque que Granger avait agi et réagi comme lui-même l'aurait fait, une pensée terrifiante. Était-ce pour ça qu'il était encore là, qu'il faisait les cents pas dans la bibliothèque en réfléchissant à une solution pour apaiser sa douleur ? Il ne s'était jamais préoccupé de sa douleur avant ce soir, ni de celle de qui que ce soit d'ailleurs. Pourtant, ce soir, c'était différent. De toute évidence, Granger ne comprenait pas plus son attitude que lui, la surprise se lisait clairement sur son visage. Severus aurait aimé avoir une réponse cohérente et logique à son attitude, mais il n'en avait pas. La vérité, c'était qu'il se serait senti mal en partant sans chercher à commenter ce qu'il venait de voir, ou sans chercher à aider Granger. Avant ce soir, il n'aurait jamais pensé pouvoir se sentir coupable ou avoir des scrupules vis à vis de l'ancienne Gryffondor.

Il eut envie de lui dire de ne pas le remercier, mais il resta muet. Elle n'avait aucune raison de le remercier, après tout si Bellatrix avait pu la capturer et la torturer, c'était en partie de sa faute. Toute la guerre, toutes les horreurs perpétrées par les Mangemorts, toutes ces morts... Tout était parti de lui. Tout avait démarré quand il avait révélé la prophétie de Trelawney à son maître, il y a des années, et il en payait encore le prix aujourd'hui. Le mépris qu'il avait pour lui-même, il le lisait souvent dans le regard des autres sorciers, mais pas dans celui de Granger. Non, toute sa haine semblait être dirigée contre elle-même, encore un sentiment que Severus ne comprenait que trop bien. Il sentit sa mâchoire se serrer quand Hermione reprit la parole, et son regard se dirigea inconsciemment vers la marque des ténèbres qu'il portait sur son avant bras depuis de longues années. "Une cicatrice, tout comme un tatouage, n'a pour sens que celui qu'on lui donne."

Severus releva les yeux vers le visage d'Hermione, peu surpris de voir qu'elle avait retrouvé une expression impassible, froide. Elle ne voulait pas exhiber sa douleur, et elle pensait sans doute que ne rien montrer c'était ne rien ressentir, c'était se montrer plus forte que la douleur. Severus le pensait aussi, et pourtant, c'était différent de penser que quelqu'un d'autre avait la même manière de raisonner. Ce qui lui paraissait logique pour lui-même ne l'était pas pour Granger. Il avait envie de répondre qu'elle avait beau être née moldue, elle était sans doute plus douée dans la majorité des sujets magiques que la plupart des sang-purs. Il n'avait jamais aimé son attitude, mais il aurait fallu être soi même idiot pour ne pas se rendre compte que Granger avait des capacité hors normes. Mais Severus refusait de dire quoi que ce soit qui aurait pu laisser penser à la jeune femme qu'il respectait ses capacités. Ce n'était tout simplement pas dans sa nature.

"La cicatrice ne disparaîtra sans doute jamais, mais c'est à vous d'en faire une force plutôt qu'une limite." Severus savait comment transformer ses douleurs en armes, ses regrets en motivation. Il était même une forme d'expert en la matière. "Pensez à ce à quoi vous avez survécu en la voyant, plutôt qu'à l'ignorance de celle qui vous l'a faite." Granger avait au moins la chance de n'avoir aucun sentiment de culpabilité attaché à sa cicatrice, contrairement à lui. La marque des ténèbres sur son bras était la preuve de sa bêtise, et de la plus grosse erreur de sa vie. Une preuve avec laquelle il devait vivre chaque jour.

Where my demons hide

@Severus T. Rogue

Les paroles de Severus eurent un écho particulier dans l'esprit de la jeune femme. Sa manière de voir les choses était positive et trahissait une grande force de caractère. Là où elle n'était pas surprise par sa ténacité, Hermione était en revanche désarçonnée par l'aspect rassurant de ses mots. Son ancien professeur de potions lui avait toujours semblé très négatif, prompt à broyer du noir et voir le verre à moitié vide. Alors où trouvait-il le courage de lui dire de telles choses ? D'autant qu'il ne semblait pas capable d'appliquer ses propres leçons. Leur situation était différente, elle le savait, mais elle espérait vainement qu'un jour l'homme parviendrai à vivre de manière plus sereine. La culpabilité ne quittait jamais son regard, mais ce soir elle y était plus intense et la sorcière savait que c'était en partie sa faute pour avoir remué ses mauvais souvenirs. Elle se mordit la lèvre très légèrement et hésita une seconde avant de finalement prononcer des excuses qu'elle savait futiles.

« Je suis désolée. Je ne voulais pas vous rappeler de mauvais souvenirs. » Souffla-t-elle avec sincérité.

Bien sûr qu'il s'en fichait bien de ses excuses, et sûrement que ces souvenirs n'étaient jamais bien loin de la surface de toute manière, mais ça ne changeait pas le fait qu'Hermione avait parlé sans penser à l'impact que ses paroles auraient sur son interlocuteur. Elle hocha cependant la tête car il était hors de question de paraitre trop émotive non plus devant lui. Pourtant, émotive, elle l'était... Mais il la détestait suffisamment comme ça, inutile d'envenimer les choses en étant trop elle-même. Cette pensée lui serra le cœur un instant mais elle s'obligea à l'ignorer.

« En tout cas, vous avez raison. Je sais que vous avez raison. C'est juste que c'est plus simple à dire qu'à faire. Il me faudra sûrement du temps pour y voir une force ou une fierté. Beaucoup de temps. »

Pour le moment, cette marque sur son bras n'était que douleur et ténèbres. Une immortalisation de la haine qu'elle devait subir chaque jour à cause de ses origines. Mais d'un autre côté, laisser cette plaie la descendre plus bas que terre, c'était laisser Bellatrix gagner, non ? C'était ce qu'elle voulait. La meurtrir. La faire ramper jusque dans un trou et se laisser mourir. Une vague de détermination secoua Hermione et son regard éteint s'alluma d'une étrange flamme. Pas question de se soumettre. Pas question de perdre la face. Pas question de baisser les bras. Beaucoup de temps s'était écoulé depuis la dernière fois que la sorcière s'était sentie aussi vive et en paix. Les paroles de Severus semblaient avoir déclenché quelque chose en elle. Une réaction en chaine. Trop longtemps elle s'était avachie seule dans le noir à en vouloir à la terre entière. Trop longtemps elle s'était lamenté au lieu d'agir. Plus maintenant.

« Aidez moi, Severus. S'il vous plait. »

Pourquoi était-il encore là, dans la bibliothèque de l'école, avec Granger ? Severus n'en était pas certain, et pourtant il n'avait jamais véritablement envisagé de partir. Ce qu'il avait vu avec eu un impact, même s'il ne savait pas encore exactement lequel, et les souvenirs auxquels il avait assisté avait sans doute changé la manière dont il voyait la jeune femme. Savoir que quelqu'un avait traversé des épreuves, s'était battu, avait souffert, ce n'était pas la même chose que le voir à travers son regard. Et ce que Severus avait vu était plus choquant que ce qu'il aurait pu imaginer. Granger avait traversé des épreuves auxquelles beaucoup de sorciers n'aurait sans doute pas survécu, et pourtant elle était encore là. Elle avait essayé de reprendre la vie comme si de rien n'était. Elle voulait se montrer forte, ne rien laisser paraître. Mais l'indifférence et le déni n'étaient pas de la force, et Severus avait mis de longues années à le comprendre. Il était peut-être temps pour Granger d'apprendre la même leçon.

Il secoua la tête mais ne se tourna pas vers Granger en entendant ses excuses. Elles étaient inutiles. Ses propres souvenirs, ses propres regrets ne le quittaient jamais. Il n'avait besoin de personne pour les lui rappeler, et même Granger ne pouvait pas les empirer ou les raviver. Pourtant, il fut touché de voir que la jeune femme pensait à lui alors qu'elle était en train de s'effondrer, alors qu'elle venait de lui confier les souvenirs les plus traumatisants de son existence. Severus avait toujours été égoïste. Jeune, il avait pris ça pour de la force, de l'intelligence, mais Granger était sans doute son extrême opposé sur ce point là. Après les similitudes qu'il avait remarquées sur leurs deux personnalités, Severus était presque rassuré de la voir altruiste là où il se savait égoïste.

Severus releva la tête, tournant son regard vers la jeune femme en entendant la suite. Il n'était pas sûr d'avoir un jour entendu Granger admettre que quelqu'un d'autre avait raison, certainement pas lui même, et certainement pas depuis la guerre. Depuis la fin de la bataille, elle semblait prendre un malin plaisir à le contredire, à contrecarrer ses plans, à se mettre en travers de sa route. Ou peut-être avait-il cette impression parce qu'il ne pouvait pas passer outre sa rancoeur en se rappelant qu'il lui devait sa vie. Son attitude le surprenait, elle ne semblait plus être tout à fait la même personne. Plus la Granger qu'il connaissait, et dont la présence l'agaçait car elle dérangeait sa tranquillité. La femme qui se trouvait face à lui ce soir semblait plus mûre, plus adulte, plus honnête aussi. Peut-être aussi parce qu'il ne jouait pas lui-même de rôle ce soir. Il ne se souvenait pas de la dernière fois qu'il s'était montré aussi franc et honnête avec quelqu'un, mais il préféra ne pas s'attarder sur la question de pourquoi c'était avec Granger que ça lui arrivait.

Son expression sur durcit en entendant Granger lui demander de l'aider, mais pas parce que l'idée ou la demande le dérangeait. Parce qu'il voulait qu'elle comprenne qu'elle n'avait pas besoin de lui pour s'en sortir. Personne ne devrait compter sur lui pour quoi que ce soit de toute façon. C'était plus prudent. "Vous n'avez pas besoin de mon aide," répondit-il, sa voix ferme mais pas cruelle. Son regard attrapa celui de la jeune femme, comme pour appuyer ses mots. "Vous avez sans doute plus de chances de vous en remettre que la majorité des sorciers que je connais." Ou comment faire un compliment sans véritablement en faire un. Severus admirait la force de caractère de la jeune femme, encore plus depuis ce soir, mais il ne l'aurait jamais avoué. Encore à moins à la principale intéressée. Pourtant, il savait qu'elle était assez tenace et assez forte pour se relever, pour reprendre le dessus.

Severus détourna le regard, se concentrant de nouveau vers les volumes posés sur les étagères de la bibliothèque. Pour une raison qu'il préférait ne pas analyser, il n'avait pas envie de regarder Granger en prononçant la suite. "Mais si vous avez besoin d'une discussion intelligente sur les potions, ou sur tout autre sujet... La porte de mon bureau sera ouverte." Severus ne savait pas ce qui lui prenait. Il y a quelques mois encore, la simple idée qu'il adresse volontairement la parole à Granger aurait été risible, et voilà qu'il se retrouvait à aider la jeune femme. Après ce qu'il avait vu de ses souvenirs, beaucoup de sorciers auraient trouvé ça normal, mais Severus n'était pas certain de le faire par pitié ou par compassion. Deux traits de caractère qui le décrivaient pas vraiment. Non, il avait la sensation de le faire parce qu'il comprenait mieux la jeune femme ce soir que depuis leur rencontre il y a plus de 7 ans. Il ne savait pas encore ce qu'il ressentait à l'idée de trouver des ressemblances entre elle et lui, mais il ne pouvait pas y rester indifférent, c'était certain. "Ça vous changera de vos discussions avec Mr. Weasley." Severus n'avait pas dit ça par méchanceté – même s'il prenait toujours plaisir à insulter Ron – mais pour tenter d'alléger un peu le ton de leur conversation, ou peut-être pour montrer qu'il restait le même. Pourtant, son ton n'avait pas été aussi sec qu'il aurait pu l'être. Il avait presque parlé sur le ton de la plaisanterie, même s'il pensait réellement ce qu'il disait sur le plus jeune frère Weasley.