don't worry, you're friend's alright - ft Andrew

Lydia était la chouette d'Andrew depuis sa première année à Poudlard. Il la considérait comme sa famille, parfois même plus que sa propre famille. Lydia était toujours là pour lui, elle le soutenait, même si ça paraissait fou de dire ça d'une chouette. Andrew avait toujours l'impression de comprendre ce qu'elle essayait de lui dire, que ce soit quand elle lui mordillait les doigts pour avoir à manger ou quand il venait lui raconter sa semaine à la volière de l'école. Pendant l'été, c'était quasiment son seul compagnon, car Andrew préférait passer du temps avec elle qu'avec sa mère ou son grand frère. Dire qu'on pouvait s'attacher à ses animaux de compagnie était un euphémisme dans le cas d'Andrew. C'est la raison pour laquelle Andrew était pris de panique depuis ce matin. Il était monté voir Lydia à la volière, comme souvent le samedi matin, mais il l'avait trouvée en mauvaise forme. Elle paraissait plus maigre que d'habitude, moins alerte. Elle ne lui avait pas crié dessus comme pour lui reprocher de ne pas être venue la voir plus tôt, et elle avait à peine mangé ce qu'il lui avait donné. Quelque chose n'allait pas.

Andrew n'avait pas hésité, il avait pris la chouette avec lui et avait immédiatement pris le chemin de Pré-au-Lard. Par chance, une sortie avait été organisée ce jour là, et Andrew ne comptait pas laisser passer cette occasion. Il aimait bien se rendre au village, particulièrement pour acheter des friandises ou des objets avec lesquels faire des blagues à ses camarades de classe, mais aujourd'hui il se dirigeait vers une autre boutique. Il n'y était allé que quelques fois depuis sa 3ème année, toujours pour acheter des friandises à Lydia ou éventuellement un petit remède, mais sa visite du jour serait différente. Il avait l'impression que quelqu'un jouait avec son estomac, s'amusait à l'étirer, puis à le comprimer. Il pressa le pas, arrivant finalement dans la rue principale du village en courant. Andrew accéléra encore en apercevant la boutique, rassuré de voir un employé en train de nettoyer devant le magasin. Sa présence indiquait au moins que l'animalerie était ouverte. Andrew s'était attendu à ce que l'employé le regard de travers en le voyant arriver à toute allure, mais au lieu de simplement le dévisager, le jeune homme s'écarta brutalement, comme s'il avait peur de le gêner, percutant la devanture du magasin.

Andrew freina brutalement, son esprit oubliant Lydia quelques secondes. "Ça va ?" demanda-t-il essoufflé. L'homme qui se tenait face à lui s'était redressé, mais au lieu de fixer Andrew, son regard se baladait un peu partout, comme s'il cherchait son interlocuteur. La bouche d'Andrew forma un "o" de surprise, mais aucun son n'en sortit. L'employé de la boutique ne pouvait pas le voir. Andrew hésita un instant à faire de grands gestes devant son visage, juste pour s'en assurer, mais il avait autre chose en tête à cet instant précis. Essayant de reprendre son souffle, il montra la cage de Lydia à l'employé avant de se rendre compte que ça ne servait surement à rien. "Ma chouette est malade... je pense," tenta-t-il d'articuler, encore essoufflé. "Elle n'a quasiment pas mangé ce que je lui ai apporté, et elle a mauvaise mine." À nouveau, Andrew désigna l'animal d'un geste du menton, comme pour s'assurer que l'employé constatait la même chose que lui, avant de se faire la remarque qu'il perdait surement son temps.

Andrew peinait à retrouver son souffle, il fallait dire qu'il n'avait jamais été un grand sportif. Mais quand il avait vu l'état de Lydia il avait couru sans réfléchir, et sans s'arrêter. Il considérait sa chouette comme l'une de ses meilleures amies, et il ne s'était pas rendu compte de la fatigue qui le saisissait avant de devoir s'arrêter devant l'animalerie. Ses poumons hurlaient de douleur, mais il s'efforça de les ignorer. La réaction du vendeur le prit par surprise, et il mit quelques secondes à comprendre pourquoi il avait sursauté en l'entendant arriver. Il avait le regard un peu perdu, dans le vague, comme s'il ne parvenait pas à comprendre d'où Andrew était arrivé, ni pourquoi il courrait. Mettant pour l'instant Lydia de côté, il essaya de s'assurer que le jeune homme ne s'était pas fait mal, et Liam le rassura rapidement. Il soupira, ne faisant qu'accroître la douleur au fond de ses poumons. Merlin, il allait vraiment devoir se remettre en forme.

Il observa le visage du jeune homme qui se trouvait face à lui, le dévisageant d'une manière qui aurait paru impolie si Liam avait pu le voir. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que le vendeur avait un problème de vue, et Andrew se retint d'agiter sa main devant son visage pour s'en assurer. Ce n'était peut-être pas le moment de se mettre le jeune brun à dos, pas s'il pouvait aider Lydia. Il hocha la tête en l'entendant lui conseiller de se calmer avant de se dire, une nouvelle fois, qu'il ne servait à rien d'hocher la tête. "D'accord," souffla-t-il, la respiration haletante. Il tendit Lydia au jeune homme sans hésiter, mais doucement, comme s'il avait peur que Liam lui mette un doigt dans l'oeil ou l'attrape par le bec sans le faire exprès.  "Elle s'appelle Lydia," répondit-il, reprenant peu à peu son souffle. Il fronça les sourcils en voyant Liam toucher les pattes de l'animal, se retenant difficilement de lui demander comment il comptait l'aider s'il ne pouvait même pas la voir. Andrew n'était pas du genre subtil en temps normal, mais le stress l'avait rendu encore plus direct. Quand on avait peur, on ne s'occupait plus des convenances, de la politesse. Toute son attention était dirigée vers Lydia. Sans le savoir, Liam répondit à sa question silencieuse, et Andrew sentit comme un poids s'envoler de ses épaules. Le vendeur avait l'air de savoir quoi faire, et il était soulagé d'avoir face à lui quelqu'un qui allait pouvoir l'aider. Ou qui saurait au moins qui appeler pour aider.

Andrew secoua vigoureusement la tête en réponse à la question de Liam, se mordant ensuite la lèvre pour retenir un juron. "Pardon, enfin je veux dire non... elle n'a pas maigri, et elle mangeait normalement jusqu'à ce matin..." Il posa son regard sur la chouette, surpris de voir qu'elle n'essayait pas d'attaquer le vendeur. Elle était du genre farouche avec les gens qu'elle ne connaissait pas. Avec tout le monde, sauf avec Andrew, en somme. Elle n'avait pas l'air à l'aise, mais elle n'essayait pas de s'échapper.  De toute évidence, Liam pouvait le sentir, même sans la voir. Andrew s'éclaircit la gorge, essayant de conserver un ton poli et curieux, plutôt qu'accusateur. "Excusez-moi, mais vous êtes sûr de pouvoir vous occuper d'elle ?" L'expression sur son visage explicitait sa question, mais Liam ne pouvait pas la voir, alors Andrew se força à se montrer plus clair. "Si vous ne pouvez pas la voir, je ne vois pas bien ce que vous pouvez faire."

Andrew se mordit la langue. Encore une fois, il avait parlé avant de vraiment réfléchir. Quelques minutes auparavant, il s'était dit qu'il serait sans doute plus sûr de ne pas vexer le vendeur s'il devait s'occuper de Lydia, et voilà qu'il mettait les pieds dans le plat. Andrew avait toujours été direct, il avait toute forme de politique en horreur, et il se montrait souvent plus abrupt que la politesse ne l'exigeait. "Sans méchanceté..." ajouta-t-il d'une voix hésitante, espérant qu'il n'avait pas donné une bonne raison au jeune homme de l'envoyer bouler et de le laisser se débrouiller avec Lydia.