Wishing you the best in the worst way ♥ Bailey Barnett

Acte 1 —Je suis née durant une alerte à la tornade. Ma mère aimait bien me dire que je gueulais plus fort que les sirènes à l’extérieur de l’hôpital. Une catégorie F5. Une partie de la ville d’à côté avait complètement été rasée. Ma mère me serrait fort dans ses bras tandis que la pluie s’abattait sur les fenêtres du bâtiment. Mon père n’avait pas pu assisté à l’accouchement, il fallait le comprendre il était en pleine campagne électorale.

Acte 2 — Scandale à Austin. Le sénateur s’est fait prendre en train de fumer du crack avec sa secrétaire. Parfaite excuse pour prendre le large ! Allez-viens Bailey, tu vas aimer l’Écosse ! On va t’enrôler à Poudlard, la meilleure éducation pour ma fille ! Ta mère ? Ben elle va suivre, dans son état de toute manière ce n’est pas comme si elle peut s’y opposer.

Acte 3 — Intimidation, insultes, abus, moqueries, l’intégration dans ma nouvelle école n’allait pas très bien. On me réprimandait sans cesse. Une jeune femme ne devrait pas agir ainsi. Provocante, je dérangeais mes camarades, visiblement. Redneck, hillbilly, mon héritage du Sud était devenue une tâche, je n’étais qu’un paria, une étrangère qui n’avait pas sa place parmi l’élite. Douce ironie pour une fille de politicien.

Acte 4 —Le début de la fin. L’événement qui a chamboulé ma scolarité et qui m’a donné soif de vengeance et de justice. Un connard. De l’alcool. Une jeune fille naïve qui rêvait d’être aimée. Pas besoin de se faire un film. Tout le monde connaît la suite.

Acte 5 —La guerre. Des bandages, du sang, on rince et on répète. Comme un robot, animé par une envie de sauver quelqu’un ou quelque chose. Faute de pouvoir se sauver soi-même. Les cicatrices mentales si douloureuses qu’encore aujourd’hui bien après la douleur reste vive et les traumas bien présents.

Acte 6 — recyclée en fonctionnaire, je recherche un sens à ma vie. Entre deux clopes, j’espère faire une différence. C’est con, je sais. Mais je veux y croire. Parce qu’autrement tout est merdique.

Je me souviens du voyage en avion. À l’époque j’étais trop jeune pour comprendre la gravité des évènements, ni pourquoi mon père qui d’habitude s’asseyait quelques sièges plus loin avait pris la peine de s’asseoir avec nous. Tout ce que je savais, c’est qu’on quittait l’Amérique pour l’Europe. Ce n’est que des années plus tard que j’ai compris pourquoi. Mon père avait été sénateur pour les non-mages, j’avais été élevé comme un non-mage toute ma vie. Mon éducation magique était donnée par ma mère qui veillait à ce que j’apprenne à me contrôler pour ne pas nuire à la carrière de mon paternel. Le reste de mon éducation se déroulait à l’école régulière où j’apprenais des sujets comme les sciences, l’anglais, les mathématiques et la géographie. À dix ans je m’étais fait un cercle de copines avec qui je jouais à la marelle, faisait des soirées pyjama et fantasmait sur la toute nouvelle poupée Barbie. J’étais bien, j’étais heureuse. Puis mon père s’est planté. Une vidéo de lui et un enregistrement qui s’était retrouvé sur toutes les stations de télévision. C’était la raison pour laquelle ma mère refusait de le regarder depuis notre départ. Sur l’enregistrement, on pouvait l’entendre gémir sur sa vie conjugale et à quel point les cuisses de sa secrétaire étaient bien plus confortables. Une bonne raison de divorcer quant à moi, mais Henrietta Johnson n’était pas une femme qui faisait les choses à moitié et pour elle les liens sacrés du mariage étaient indestructibles. C’était dans cette ambiance tendue que nous avions emménagé dans une bicoque victorienne dans la banlieue de Londres. La maison avait besoin de réparations, les planches grinçaient sous nos pas et le papier peint tombait en lambeau. Je me souviens encore avoir pensé que nous étions devenus pauvres parce que mon père avait cédé son poste de Sénateur. En vérité, nous étions en exil. Barry Barnett avait ruiné sa carrière politique auprès des non-mages américains et son scandale avait capté l’attention des médias internationaux. D’un point de vue extérieur, l’on pourrait penser que cela suffisait à le décourager de se relancer dans une campagne électorale, or c’était mal le connaître. Après avoir conquis puis déçu les non-mages américains, il cherchait maintenant à entrer au Ministère de la Magie anglaise.
Dès lors, notre vie changeait drastiquement et je dus abandonner le charme d’une vie de non-mage pour celle d’une sorcière à plein temps. On m’enrôlait à Poudlard. Une école écossaise avec une réputation qui n’était pas à refaire.

L’intégration ne se déroulait pour ainsi dire… pas très bien. Déjà, la différence de culture était relativement importante. Pour les Anglais, non-mages (ou moldus comme ils aimaient les appeler) comme sorcier le statut se résumait à ton sang et à combien d’argent tes parents avaient dans leur compte de banque. Alors, pour une Américaine qui plus est de sang mêlé, personne n’en avait quelque chose à foutre que mon père était politicien. Un contraste avec ma vie d’avant qui avait toujours été vécue dans le privilège et l’opulence, je me retrouvais alors victime de préjudices et de moqueries de mes camarades. Isolé, n’ayant pas vraiment de gens vers qui me tourner j’avais passé le reste de ma scolarité en tant que paria. J’évitais la cafétéria, préférant m’isoler et manger à l’extérieur. Malgré tout, j’avais de bonnes notes. J’étais une bonne élève je n’aimais juste pas le cadre scolaire et devoir passer du temps avec des individus avec qui je ne connectais pas. Ce que j’aimais par-dessus tout c’était m’évader durant mes vacances. Aller dans le monde des moldus, visiter des musées, des cafés, rencontrer des gens et discuter de tout et de rien. Je m’ennuyais de cette vie plus simple dans laquelle j’avais grandi.

Puis la puberté avait frappé à ma porte, et mon regard avait tendance à se porter de plus en plus sur le sexe masculin. Timidement, bien sûr, mais je ne pouvais m’empêcher de le regarder. Lui. C’était nos parents qui nous avaient présentés. Ma mère s’y était fortement opposée prétextant que mon père encourageait des pratiques immorales d’une autre époque. Moi, je n’en savais trop rien. Il était beau, grand, les cheveux clairs et le regard bleu comme le fond d’un étang. Brandon. Cependant, il ne semblait pas éprouver la même admiration que moi. Il était tendu, distant, comme si ma présence était un affront pour lui. C’est qu’il était pur et moi j’étais une souillon et en plus je n’étais pas anglaise. Ses amis et lui adoraient m’accoster à la fin des cours, pour se moquer. Parfois, ils frappaient et bien que je n’étais pas du genre à me laisser faire, seul contre quatre garçons je ne pouvais pas faire grand-chose.

C’était à l’aube de mes 17 ans à une soirée mondaine organisée par le père de Brandon. Je me souviens avoir songé que le punch sans alcool avait un drôle de goût, puis j’avais commencé à avoir des nausées.
Je m’étais éloignée en direction des toilettes puis je m’étais effondrée. Le reste ne me revenait que par bribes, j’ai vu son visage, ses mains froides sur ma peau, le son des ricanements ambiants… Puis la colère. Une rage sourde qui battait contre mes tempes, une envie de meurtre et de vengeance. La semaine d’après à l’école, je refusais de baisser le regard. Ils pensaient m’avoir eu. Et bien, ils avaient tort. J’en avais parlé à ma mère qui s’était plainte à mon père. Celui-ci n’eut pas de réaction. Mis à part de me demander de ne pas en parler pour ne pas nuire à son image. Dévasté je m’abandonnais dans mes cours, cherchant à fuir d’une quelconque manière cette réalité beaucoup trop lourde pour une enfant. Et lui. Il essayait de me parler. Il m’écrivait sans cesse, des lettres d’excuses, des lettres d’amour. Quand enfin je réussis mes derniers examens, je pris la décision de devenir auror.

Quand la guerre frappa, il fut un des premiers à mourir. Étrangement, je n’avais pas ressenti de joie à cette nouvelle. Il était du mauvais côté, évidemment. Or, il y avait tellement eu de morts et de batailles que je n’avais pas l’impression que justice m’eut été rendue. Je devais vivre avec les séquelles qu’il m’avait laissées tandis que le bâtard se décomposait paisiblement. Il me semblait injuste que je dusse renoncer à l’amour, à fonder une famille et vivre ma vie dans le ressentiment et la haine tandis qu’il était mort. La justice m’avait échappé, mais je me jurais dès lors de trouver tous les Brandons du pays et de les ramener moi-même à genoux devant le juge. Ils allaient tous pourrir derrière les murs d’Azkaban jusqu’au dernier…