It's all about us [Fe Andrew]

Les derniers jours qui s’étaient enchainés n’avaient pas été de tout repos pour le pauvre médicomage écossais, c’était même un euphémisme que de dire ça. Il avait la surprise – il n’était pas en mesure de jugeait objectivement si elle était bonne ou mauvaise pour le moment – de voir débarquer son nouveau stagiaire qui s’était avéré être l’homme dont il avait sauvé la vie quelques semaines plus tôt. Bien sur, ça n’avait rien de dramatique en soi, ce qui l’était plus pour lui en revanche, c’était l’attirance qu’il avait ressentit lors de leur rencontre et qui persistait en lui, le rendant constamment indécis et maladroit au travail. Il avait le lendemain même du affronter ses parents et leurs remarques sur l’homosexualité, alors qu’il venait à peine de commencer à envisager la possibilité qu’il pourrait être homosexuel lui-même… Ces derniers jours avaient été assez bouleversants dans le genre pour le jeune médicomage, et il aurait aimé que ce rythme infernal s’arrête et que sa vie reprenne son cours normal, malheureusement ça n’avait pas l’air d’être pour tout de suite, puisqu’après avoir prit un jour de congé, il était revenu et désormais samedi, il allait devoir aller au stade pour assister au match de quidditch Ecosse – Roumanie en compagnie de son stagiaire.

En se levant tôt ce matin là, il se prit à se demander encore une fois s’il était heureux à l’idée de passer la soirée avec Andrew, mais encore une fois, il était lui-même incapable de trouver la réponse à cette question. Au fond, il n’attendait que ça, et il le savait, mais cette idée le dérangeait encore assez pour faire qu’il soit plus anxieux qu’autre chose à l’idée de leur « rendez-vous » du soir. Enfin il se leva de son lit rapidement, se frottant le visage pour se réveiller doucement et alla se doucher et se préparer, se rassurant à l’idée d’aller à l’hôpital toute la journée. Là au moins, avec un peu de chance, il réussirait à trouver des repères. Il commençait à s’habituer à la présence constante d’Andrew à ses côtés et peut-être qu’il se faisait simplement des idées, mais il avait l’impression de mieux réussir à lui cacher ce qu’il ressentait tout le temps. Enfin ça n’en restait pas moins une torture permanente que de devoir passer ses journées avec un stagiaire aussi magnifique, qu’il ne pouvait pas s’empêcher de désirer tout en s’en voulant de ressentir ce qu’il ressentait.

Il s’habilla, cherchant désespérément à se sortir le jeune homme de la tête, mais c’était impossible. C’était comme s’il avait une miniature d’Andrew constamment dans son esprit, le forçant à ne penser qu’à ça jour et nuit. Elle devait bien s’amuser à la torturer comme ça la miniature en tout cas ! Il soupira à nouveau, se rendant compte que sa fatigue morale se ressentait de plus en plus au niveau physique. Lui qui, d’habitude, se levait toujours facilement le matin, à n’importe quelle heure, là, trainait les pieds et n’avait qu’une envie, se recoucher. Il s’habilla – s’y reprenant à deux fois pour réussir à mettre son t-shirt à l’endroit – et alla prendre un petit-déjeuner frugal, autrement dit juste un café pour se réveiller, et il en avait effectivement bien besoin. Ce fut seulement cinq minutes avant le début de sa garde – c’était rare qu’il ne parte pas largement en avance, croyez-moi – qu’il transplana depuis une ruelle de Londres jusqu’à Ste Mangouste.

Il salua la réceptionniste avec un vague sourire endormi en prime avant de se diriger vers les « vestiaires » où il se changea rapidement. Autrement dit où il enfila sa blouse et épingla l’insigne qui lui servait de badge et qui était là pour lui rappeler son nom au cas où il l’oublierait… Sans même s’en rendre compte, son premier réflexe quand il se retrouva à nouveau dans le hall, fut de chercher Andrew des yeux. Il ne savait même pas s’il le cherchait pour courir vers lui ou au contraire pour lui échapper. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il aurait aimé savoir où il se trouvait à ce moment précis. Bah tiens, quand on parlait du loup, il venait juste de voir arriver vers lui le jeune stagiaire en question et aussi fatigué qu’il était ce matin là, il ne put s’empêcher de remarquer à quel point le jeune homme était irrésistible. Heureusement pour lui, James commençait peu à peu à se réveiller et il prenait enfin conscience de la réalité qui l’entourait.

« Bonjour. Alors pas trop fatigué aujourd’hui ? » Dit-il sans réussir à retenir un bâillement vers la fin. Très crédible James, bien joué ! Enfin il lui lança le même sourire que d’habitude, celui au coin des lèvres qu’il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir dés qu’il l’apercevait quelque part. Enfin il salua la vieille réceptionniste d’un signe de tête avant de s’engager dans le couloir derrière son bureau, en direction des ascenseurs et des escaliers. Il emprunta ce dernier tout en sentant Andrew qui le suivait, mais quand il arriva au premier étage, il se rendit compte qu’il n’y avait aucun patient. Alors ça pour être rare… Il se tourna alors vers Andrew, légèrement décontenancé. Il fallait que ça lui arrive aujourd’hui hein ! Alors qu’il voulait absolument ne pas repenser et encore moins parler du match qui les attendait ce soir, parce qu’il savait parfaitement que ça ne ferait que l’angoisser encore plus au lieu de le détendre. Mais pourquoi stresser ? Ce n’était qu’un match de quidditch qu’ils allaient voir entre amis, non mieux encore, entre simples collègues, de vulgaires connaissances même, c’était ça le bon terme ! Voilà James, aucune raison de se prendre le chou. Enfin au fond, il avait beau se le répéter aussi souvent qu’il le voulait, il savait bien qu’il ne faisait que lutter vainement contre lui-même… Cependant, toujours déterminé à ne pas aborder le sujet qui lui tenait tant à cœur et le terrifiait en même temps, il demanda d’un ton badin :

« Vous allez bien sinon ? Quoi de neuf ? »

Quoi de neuf ?! Pour un peu il se serait mit des baffes tiens, enfin trop tard c’était dit. Il se passa la main dans les cheveux d’un air à la fois fatigué et gêné, ne sachant plus trop à quel saint se vouer ce jour là vu qu’il n’y avait visiblement aucune personne dans toute l’Angleterre qui avait besoin de ses services pour le moment. Jamais une petite personne malade quand on en avait besoin.

Zut alors ! Pour une fois qu'Andrew réussissait à se motiver pour arriver bien avant l'heure afin de passer un peu de temps avec James, toujours en avance, avant de commencer son service, voilà que son maître de stage décida d'être ponctuel pour une fois. L'étudiant passa donc son quart d'heure d'avance à raconter des blagues aux infirmières de nuit agglutinées autour de lui comme des poules sur du grain. Il savait que leurs gloussements étaient moins des compliments sur son humour (catastrophique) qu'une sorte de parade toute féminine devant le sexe masculin mais il fallait bien passer le temps.

D'une fenêtre au deuxième étage, Andrew vit arriver le Docteur McFly à Sainte Mangouste. Il voulut courir aux vestiaires pour faire semblant de tomber par hasard sur lui mais il fut coupé dans son élan par le chef de service qui tient absolument à lui faire passer une petite interrogation orale surprise qu'il réussit brillamment, malgré son énervement d'avoir manqué une belle occasion d'aparté avec James.

« Bonjour. Alors pas trop fatigué aujourd’hui ? » lui demande ce dernier en baillant lorsqu'ils se retrouvèrent quelques minutes plus tard dans un couloir.

_ Moins que vous, on dirait , lui glissa le jeune homme avec un sourire malicieux.

Il lui emboîta le pas jusqu'à l'ascenseur qui devait les emmener au premier étage. Voyage hélas trop court pour qu'Andrew se jette sur James, le plaque contre la paroi métallique pour de fourrer sa langue dans sa bouche tout en le déshabillant vêtement par vêtement... Scénario qu'il avait déjà imaginé bien plus de fois que ce n'était avouable, même pour lui qui était pourtant parfaitement au courant de son penchant naturel pour les hommes. Même le coup de la panne il y avait déjà pensé. Appuyé avec désinvolture contre l'accoudoir du fond, il se contenta de mettre à profit les secondes d'intimité que durèrent le voyage en ascenseur pour dévorer son maître de stage des yeux.

Il faut croire que le Dieu de la Poisse n'était pas aussi fort que le Dieu de l'Amour car, lorsque les deux hommes débarquèrent dans le hall habituellement rempli de patients trépignants et énervés, ils eurent la surprise de constater qu'il était totalement vide de toute présence humaine. L'espace d'un moment, Andrew n'en crut pas ses yeux. En réalisant sa chance, il se mit à louer intérieurement différents saints qui n'avaient somme toute rien à voir là-dedans et se tourna vers James, un sourire involontairement séducteur aux lèvres.

« Vous allez bien sinon ? Quoi de neuf ? » s'enquit le médicomage visiblement pris de court.

La formulation de sa dernière question déclencha un petit rire chez son stagiaire qui se reprit rapidement. Il rayonnait de bonheur en cet instant. C'en était presque aveuglant.

_ Je me suis ennuyé hier sans vous, avoua Andrew en soutenant son regard. Les autres médicomages m'ont fait faire tout le sale boulot.

Vendredi, James était en congé et son stagiaire, tenu de venir travailler, avait passé la journée à jouer le larbin pour tout le service, ignorant de ses compétences réelles et peu désireux de les voir à l'oeuvre. Comme pour se consoler lui-même, Andrew haussa les épaules et mit les mains dans les poches avant de river ses yeux sur le linoléum inégalement usé. Qu'avait-il d'heureux à raconter à l'homme de ses rêves pour le réjouir un peu ?
Tout en réfléchissant, il mit de plus en plus volontairement au point un piège pour se renseigner sur lui.

_ Ah ! J'ai aussi été ostensiblement et effrontément dragué par une patiente dans la matinée. Une vraie mangeuse d'hommes.

Andrew releva la tête vers James pour juger de sa réaction tout en priant pour qu'il est l'air d'être embêté par sa confession. Un minimum.

_ Ça doit vous arriver souvent aussi, je suppose.

Évidemment que ça devait lui arriver souvent ! Tous les jours peut-être ! Oh my gooosh ! C'était presque insupportable à concevoir pour lui. Se mordillant la lèvre inférieure, il décida de s'obliger à rester de bonne humeur jusqu'à ce soir. Après tout, ce n'était pas avec une patiente que James allait assister à un match de Quidditch. C'était avec lui !

James se sentait un peu bête mais le rire d’Andrew lui avait rendu le sourire. Il avait quand même un rire exceptionnel et il était tellement mignon quand il était comme ça. Ses yeux pétillaient et des petites fossettes se dessinaient sur ses joues, et c’était sans compter le magnifique sourire qui illuminait automatiquement ses lèvres. James ne se lasserait jamais de ce rire, il en était sur, c’était impossible. Enfin ce n’était pas une raison pour fixer ses lèvres comme ça pendant qu’il riait, et quand il s’en rendit compte, il détourna légèrement les yeux d’un air parfaitement innocent, content au moins d’avoir réussit à le faire rire. S’il n’y avait que cela, il ferait l’idiot 24h/24, il avait toujours été très doué pour ça après tout et si ça lui permettait de pouvoir revoir et réentendre le rire de son stagiaire… Enfin il reprit un peu ses esprits quand Andrew commença à lui raconter rapidement sa journée de la veille, pendant laquelle James avait prit un congé, histoire de se remettre de sa visite chez ses parents et de mettre un peu ses pensées au clair. Ça n’avait pas fonctionné le moins du monde, du moins pour la deuxième partie. Il n’y voyait toujours pas plus clair et plus il y réfléchissait et plus il doutait. Ce n’était que quand il se retrouvait avec son stagiaire qu’il était sur, qu’il savait juste qui il était.

Il s’était ennuyé sans lui ? Il était trop gentil de dire ça… Ça touchait réellement James, d’ailleurs le jeune écossais sentit son cœur faire un léger bond dans sa poitrine tandis qu’il se forçait à ne pas lancer un sourire trop ravi à son stagiaire, qui aurait put le trahir encore un peu plus. Il se contenta donc d’un petit sourire en coin, baissant légèrement les yeux pour tenter de cacher à quel point le compliment déguisé lui faisait plaisir. Ah, si seulement il pouvait lui dire avec autant d’innocence à quel point il lui avait manqué à lui aussi… Mais ce n’était pas pareil, Andrew, lui, n’était pas amoureux de James, il devait tout juste l’apprécier parce qu’il était son patron, et encore… Alors que James, lui, bien sur, c’était totalement différent. Enfin c’était ce qu’il croyait jusqu’à présent du moins, et d’ailleurs Andrew ne tarda pas à lui donner une preuve de l’hypothèse qu’il s’était fait tout seul sur son magnifique stagiaire.

Il s’était fait dragué par une patiente ?! Et comme par hasard le jour où il n’était pas là lui. C’était qui celle là qu’il aille la tuer sur le champ ? Il sentit son estomac se retourner pour revenir à la normale, tandis que sa gorge, elle, restait serrée. Si seulement il avait été là, il aurait put défendre son précieux Andrew, mais le temps qu’il recommence à se faire des films sur comment il serait partit glorieusement à sa rescousse, une pensée lui traversa l’esprit. Peut-être qu’Andrew avait bien aimé se faire draguer par cette femme… Après tout, il n’y aurait rien de plus… « Naturel ». Il finissait par haïr ce mot à la fin, comme si ce qu’il ressentait n’était pas naturel lui. Enfin lui qui refusait d’imaginer qu’Andrew pourrait être ne serait-ce qu’un tout petit peu intéressé, le voilà qui venait d’en avoir une preuve – plus ou moins solide certes – à l’instant. Après tout, si Andrew lui en parlait c’était qu’il trouvait ça normal, qu’il n’avait pas honte et surtout, qu’il ne voyait aucune raison pour ne pas mentionner cet incident à James. OMG son cœur s’arrêta de battre pendant quelques secondes à mesure que son esprit formulait dans son esprit ces fameuses conjonctures. En plus de ça, s’il le mentionnait, c’était peut-être pour faire le malin – enfin s’il tenait à parler femmes avec James, il allait vite être déçu ! – et dans ce cas là, surement qu’il lui avait donné son numéro. Pire même ! S’il le mentionnait là maintenant tout de suite, c’était parce qu’il l’avait invité au match et qu’il allait dire à James que finalement il ne pourrait pas venir. Cette fois-ci il faillit s’évanouir, sans se rendre compte le moins du monde qu’il était encore une fois partit tout seul dans son délire et qu’il n’avait aucune preuve. Enfin aucune vraie preuve.

Du coup, quand Andrew lui demanda d’un air parfaitement innocent – James était assez aveugle dans son genre, il fallait le dire – si ça lui arrivait souvent, il ne sut trop bien quoi répondre. Il avait un millier de réponse qui lui venait à l’esprit, mais aucune ne lui semblait bonne. Il aurait bien aimé hurlé un truc du genre : « Ouais tous les jours, toutes les heures même presque mais bon, comme j’ai pas trop le temps je couche qu’avec la moitié d’entre elles ! » mais les mots refusèrent de sortir, et heureusement pour tout le monde d’ailleurs. Enfin une fois sa surprise passée, il ne resta plus qu’une très vive jalousie et une envie de se défouler sur quelqu’un. Malheureusement il n’y avait pas grand-chose autour d’eux. Il avala sa salive avec difficulté avant de répondre d’un ton vraiment beaucoup plus sec que d’habitude et qui ne lui avait pas du tout, surtout quand on était accoutumé à son ton joyeux et innocent de tous les jours :

« Non, pas vraiment. Faut dire aussi que je me laisse rarement faire. » Il avait bien faillit dire « que moi je me laisse rarement faire » mais il n’avait pas osé, assez conscient que sa phrase était assez vexante comme ça sans qu’il explicite encore un peu plus l’espèce de reproche qu’il faisait à son stagiaire. Il n’y pouvait rien pourtant le pauvre, mais il était tellement jaloux et dégoûté rien que de penser qu’Andrew était hétéro, qu’il n’avait pas pu s’en empêcher. Il avait tout fait pour ne pas se monter la tête pendant quelques jours avant leur fameux rendez-vous, se persuadant que ça ne voulait strictement rien dire, mais contre son cœur, sa raison n’avait pas tenu la route bien longtemps et avec son imagination folle, il s’était déjà imaginé toutes sortes de choses, qui maintenant, il en était sur, n’arriveraient jamais. Il se sentait stupide d’avoir pu croire qu’Andrew n’était pas hétéro, c’était bien connu après tout, c’était toujours les plus sexys qui étaient hétéros ! *out* Enfin, il était tellement partit dans son délire – pour rien en plus – qu’il ne se rendait pas du tout compte qu’il réagissait on ne peut plus bizarrement et surtout, sans aucune raison valable. Mais il était tellement jaloux et tellement convaincu qu’il n’avait aucune chance avec Andrew, son Andrew, qu’il avait pété un câble. Finalement, il regarda brièvement Andrew, avec un air plus dur que d’habitude, même s’il essayait de ne pas le montrer, James n’avait jamais été très doué pour cacher quoi que ce soit, et en l’occurrence, c’était tellement rare de le voir comme ça que ça ne passait pas inaperçu.

« Quand vous aurez fini de vous faire draguer par les patientes, vous pourrez peut-être m’aider à les soigner, non ? »

Et il se retourna vers la salle d’attente, toujours désespérément vide, se rendant compte que pour le coup, il allait vraiment passer pour un cxn. Mais oùkékizété les patients ? Mais c’était pas possible ça, alors ça oui, des patientes, quand il s’agissait de draguer de somptueux médicomages, il y en avait toujours, mais dés qu’il s’agissait de se faire soigner, y avait plus personne ! Finalement, n’ayant d’autre choix que de se tourner à nouveau vers Andrew, il fut frappé par l’air que celui-ci affichait. Il ne savait pas si c’était encore lui qui se faisait des idées, mais il lisait sur son visage de la surprise, ça c’était indéniable, mais aussi quelque chose qui s’apparentait un peu à de la tristesse et tout d’un coup, la « colère » et la jalousie de James s’envolèrent miraculeusement. Il perdit son air sévère et strict qui ne lui allait vraiment pas et se retrouva plus médusé qu’autre chose. Il ne savait pas si c’était bien de la tristesse qu’Andrew ressentait, mais il était sur d’une chose, il ne voulait plus jamais lire cette expression sur son visage. Ça lui brisait le cœur de le voir comme ça. Il fit un pas en avant, près à se jeter dans ses bras, avant de se rendre compte de ce qu’il faisait. Houla, du calme, arrête de mettre la charrue avant les bœufs James… Finalement il s’arrêta aussi net qu’il s’était avancé et resta là comme une nouille, les yeux baissé et l’air profondément gêné. Quand il releva les yeux ce fut le coup de trop, il avait tellement envie de le prendre dans ses bras que comparé à ça, ce qu’il dit, c’était de la rigolade. En tout cas, il avait reprit une voix beaucoup plus naturelle chez lui et surtout, plus agréable :

« Désolé, je suis à cran en ce moment, faites comme si je n’avais rien dit. Je le pensais pas en plus et c’était totalement stupide. Je ne sais même pas pourquoi j’ai dit ça je vous assure ! ». Il avait débité ça à une telle vitesse qu’il fallait être habitué à son accent pour pouvoir tout comprendre. Enfin c’était le cadet de ses soucis, pour l’instant, tout ce qu’il voulait, c’était le prendre dans ses bras. Et pourtant, il luttait pour s’en empêcher, sinon Andrew allait trouver ça bizarre… Quoiqu’au point où il en était… Non, non, il ne pouvait pas. S’il le serrait contre lui, il… Se trahirait, à tous les coups.

(OMG j'espère que ça t'ira )

Andrew souriait naturellement, jusqu'à ce que James interprenne mal son compliment et lui rétorque d'un ton atrocement sec :

« Non, pas vraiment. Faut dire aussi que je me laisse rarement faire. »

Avait-il bien saisi le sous-entendu caché dans cette dernière phrase ? Le jeune homme se crispa de longues secondes, perdu entre incompréhension et lucidité. Ses yeux océan fixaient le visage de James, visage sur lequel on pouvait lire un mécontentement manifeste. Sur toutes les réactions qu'il pouvait avoir suite à son confession, celle-ci était bien la dernière qu'il aurait pensé le voir adopter. Et c'était horriblement douloureux.
Toutefois, il était encore très loin d'avoir enduré le pire, qui vint avec ces mots :

« Quand vous aurez fini de vous faire draguer par les patientes, vous pourrez peut-être m’aider à les soigner, non ? »

Cette fois, le sourire joli d'Andrew se brisa en un million d'éclats. Qu'avait-il fait ? Il n'arrivait pas à croire qu'il avait suicidé ses chances d'arriver à quelque chose avec le médicomage. Il n'arrivait pas à croire qu'il avait tout gâché... Un voile de tristesse passa sur son visage défait alors que James s'éloignait pour aller voir si la salle d'attente s'était remplie depuis leur arrivée. Andrew porta une main tremblante sur son front, comme pour prendre sa température, et ferma les yeux. De rage, il serra les dents et il sentit les larmes lui monter aux yeux. Il était si déçu... Maintenant, James le détestait, c'était sûr. Il ne se montrerait plus jamais amical avec lui. Il n'aurait plus envie de l'avoir comme stagiaire.
Mais au fond, qu'est-ce qui lui avait valu ce traitement ? Une remarque sur sa popularité auprès des femmes. Ca n'avait aucun sens. Pourquoi se fâchait-il pour ça ? Est-ce que les hommes hétéro ne faisaient pas ce genre de remarques entre eux ? Pourquoi est-ce que James n'avait pas joué le jeu ? Au fond, Andrew en avait une petite idée mais il n'osait pas trop y croire. Surtout maintenant qu'il venait de se saborder auprès de l'homme de ses rêves.
Il se sentait vraiment stupide...

Andrew ôta la main de son front et bascula la tête en arrière pour fixer son regard humide sur les néons du plafonnier. Allez, maintenant, il fallait essayer de sauver sa dignité en se retenant de pleurer, même par dépit.
Son état de désoeuvrement ne dut pas passer inaperçu parce que lorsque son maître de stage reparut, il sembla choqué en le regardant. Soudainement radouci, il dit :

« Désolé, je suis à cran en ce moment, faites comme si je n’avais rien dit. Je le pensais pas en plus et c’était totalement stupide. Je ne sais même pas pourquoi j’ai dit ça je vous assure ! »

Le stagiaire se redressa et fourra les mains dans ses poches, l'air digne. Tourné de trois-quart, il observait James et jugeait la sincérité de son brusque changement d'humeur. Y avait-il quelque chose à comprendre ? James était peut-être bipolaire...
Même s'il n'avait pas été amoureux de l'écossais, Andrew était quelqu'un qui était plus enclin au pardon qu'à la rancune ; il pouvait donc avoir bon espoir de voir ses excuses acceptées. L'ancien Gryffondor hocha deux fois la tête avant d'esquisser un sourire qui n'avait plus rien à voir avec ceux qu'il avait adressé à James jusque là. C'était un sourire sans éclat, empreint d'une pointe de tristesse persistante.
Un long silence s'en suivit, silence pendant lequel il gagna la fenêtre pour observer la ville bourdonnante au dehors. Après quelques minutes de mutisme, il ne tint plus et souffla :

_ Je ne suis pas ce que vous croyez.

C'était le cas de le dire.

_ Je vous ai dit ça pour faire la conversation. Je me moque comme d'une guigne des avances des patientes.

Finalement, il avait trop les boules que James se méprenne sur son compte et il voulait éclaircir les choses plus pour lui faire comprendre qu'il ne devait pas le détester que pour redorer son propre blason. Aussi ajouta-t-il en se tournant franchement vers le médicomage :

_ Sauf votre respect, je crois que je ferai un bon docteur. Et ça me rend juste... malade, de savoir que vous penserez du mal de moi maintenant.

Il avait tout cela avait beaucoup de calme et d'émotion. Son ton n'était ni accusateur ni arrogant. On y sentait simplement de la peine et de la déception.

James ne s’était probablement jamais sentit aussi stupide de toute sa vie, et pourtant, le connaissant, ce n’était vraiment pas peu dire. Il avait souvent fait des boulettes monstrueuses, il se souvenait même qu’un jour à Poudlard il avait apprit qu’il y avait une fille qui était persuadée depuis un mois qu’elle sortait avec lui, tout ça à cause d’un quiproquo et parce qu’il était incapable de lire entre les lignes, autant par crédulité que par humilité. Enfin il s’était sentit coupable de lui avoir brisé le cœur, mais ce n’était, mais alors rien du tout comparé à ce qu’il ressentait en ce moment même. Et encore, il n’avait pas entendu ce qu’Andrew avait à lui dire. Depuis qu’il était revenu de la salle d’attente, il avait totalement oublié les patients et ils auraient pu commencer à s’accumuler par milliers dans la salle qu’il s’en serait moquer comme de son premier balai. Il avait les yeux fixés sur Andrew, ne supportant pas de le voir avec cette expression, car oui, même s’il s’était forcé à sourire à son maître de stage, James, bien qu’assez aveugle, ne pouvait pas avoir manqué de remarquer à quel point quelque chose avait changé. Ses lèvres s’étaient certes étirés en un sourire, mais il n’y avait plus la même joie, la même sincérité, le même pétillant malicieux dans ses yeux et tout simplement plus la même envie. C’était un sourire forcé et James détestait ça, surtout quand ils lui venaient d’une personne qui lui était aussi chère qu’Andrew. C’était fou, ils ne se connaissaient pourtant pas beaucoup, mais il était sur que si ses parents lui avaient lancé le même genre de sourire, il en aurait souffert au moins deux fois moins. Là, c’était juste insoutenable, et il n’avait qu’une seule envie, le prendre dans ses bras, se faire pardonner.

Par pitié qu’il arrête de lui tourner le dos sinon il allait se mettre à pleurer lui aussi. Enfin quand le jeune écossais alla se positionner devant la fenêtre, tournant à présent complètement le dos à James, il sentit son cœur s’alourdir encore un peu plus. Finalement, ce n’était pas franchement mieux, et les quelques minutes de silence de plomb n’arrangèrent en rien l’humeur maussade du jeune médicomage. Il se sentait profondément idiot et il était encore une fois partagé entre son envie d’aller prendre Andrew dans ses bras, et sa raison qui le lui interdisait. Foutu raison. Elle ne comprenait pas à quel point c’était dur de le voir comme ça, lui tourner le dos, visiblement soit irrité soit vexé, peut-être un peu des deux, mais en tout cas bien déterminé à ne pas le regarder et à ne pas lui parler. James resta silencieusement les yeux tournés vers son stagiaire, ayant lui aussi mis ses mains dans ses poches et gardant son regard fixé sur Andrew. Il en venait presque à ne pas cligner des yeux tellement il avait peur de ne pas voir un signe du jeune homme qui l’aurait fait se sentir mieux. Malheureusement ce signe ne vint pas, au contraire même, la voix de son stagiaire tomba raide, comme un couperet, qui resserra encore un peu la gorge déjà nouée du jeune médicomage.

Comment ça il n’était pas ce qu’il croyait ? Mais il ne croyait rien du tout, enfin si en l’occurrence qu’il était hétéro, mais il ne pensait pas franchement que c’était ce qu’Andrew voulait dire quand il disait ça. Enfin il sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine quand Andrew lui avoua qu’il se fichait pas mal des avances des patientes. Pendant un court instant ses lèvres formèrent un sourire qui illumina son visage, et il repartit dans ses conjonctures les plus folles sur le sens caché des paroles de son stagiaire, mais à peine deux secondes plus tard, il s’en voulut de pouvoir penser à ça alors qu’Andrew était toujours visiblement encore fâché contre lui. Ou en tout cas s’il ne l’était pas, c’était tout aussi désagréable pour James qui ne voulait plus qu’une chose, revenir en arrière et s’empêcher de dire toutes ces bêtises. S’il avait su qu’il se priverait ainsi du sourire d’Andrew, jamais il ne s’y serait risqué, ça c’était sur.

James faillit sursauter quand Andrew se retourna vers lui et soupira doucement en baissant légèrement les yeux en constatant à quel point l’expression de son visage n’avait pas changé. Il fallait qu’il fasse quelque chose, mais encore une fois il hésitait. S’il s’était écouté il lui aurait littéralement sauté dessus, mais dans cette circonstance, ce n’était certainement pas le meilleur moyen de réussir à se faire pardonner, bien au contraire. Enfin James prit encore un coup au moral quand il entendit avec quel ton Andrew avait finit par lui dire pourquoi il agissait ainsi. Il le préférait presque amer que triste tiens, décidément, ça n’allait pas en s’améliorant cette conversation, enfin il fut frappé par ce qu’Andrew lui avait dit. Penser du mal de lui ? Comme s’il en était capable. La seule personne dont il pensait du mal à l’instant précis, c’était de lui-même ! Il se passa la main dans les cheveux dans un signe de gêne évident, relevant toutefois les yeux pour les plonger dans ceux de son stagiaire, oubliant l’espace de quelques instants qu’il ne devait pas se trahir devant lui à propos de ce qu’il ressentait. Il ne supportait juste pas qu’Andrew puisse lui en vouloir, être triste, ou quoi que ce soit qui lui fasse perdre le sourire, surtout par sa faute. Il se rapprocha d’un pas en direction de son stagiaire.

« Je pense que vous ferez un excellent docteur. » Commença-t-il par dire tout en accentuant bien le terme « d’excellent ». Il aurait put trouver mieux pour commencer à s’excuser, mais bon, il n’avait jamais été très doué. Sans même s’en rendre compte il fit un pas de plus vers Andrew, sans détourner les yeux, presque hypnotisé. « Et croyez-moi je ne pense pas de mal de vous. Je crois que même si je le voulais je ne pourrais pas. La seule personne dont je pense du mal là, c’est de moi. » Il rit amèrement l’espace de quelques secondes, ne se rendant même plus compte réellement de ce qu'il disait. Comme s’il avait envie de rire en ce moment tiens… Il se rapprocha encore un peu plus jusqu’à n’être plus qu’à environ un mètre de son jeune stagiaire.

« Désolé, vraiment. Il faut que vous m’excusiez, je dois être un peu… Déphasé en ce moment. » C’était le cas de le dire, ça oui. « Je ne m’énerve jamais en temps normal en plus, surtout sans raison comme ça… » Il haussa légèrement les sourcils pour feindre – assez mal – la surprise, alors qu’il savait très bien pourquoi il s’était énervé si soudainement. Mais encore une fois, il ne tenait pas spécialement à ce qu’Andrew le comprenne, lui, ni même ne le soupçonne. Sinon il allait le fuir comme la peste. Peut-être que ce serait pour le mieux, si James avait été raisonnable il se serait peut-être résigné, mais il n’avait jamais été raisonnable, et se résigner, c’était quelque chose dont il n’était même pas capable. Finalement, encore comme hypnotisé par les yeux bleus de son cher et tendre, il continua, un léger sourire amusé au coin des lèvres – même s’il était sérieux :

« Je n’aime pas vous voir comme ça… Enfin je veux dire que je n’aime pas voir les gens tristes comme ça. » Se rattrapa-t-il assez maladroitement, il fallait bien l’avouer. Il leva sa main droite, mais se rendant compte qu’il était partit pour caresser la joue de son stagiaire, il se raidit soudainement, revenant brusquement sur Terre et déposant finalement sa main sur son bras dans un geste qui paraitrait déjà moins suspect que ce qu’il avait initialement eut l’intention de faire. Il allait falloir qu’il se contrôle un peu mieux que ça sinon pour la discrétion c’était raté. Déjà que là, rien que le fait de le toucher comme ça, un léger frisson l’avait parcourut… Finalement il se recula d’un petit pas, se raclant la gorge, légèrement gêné par ce qu’il avait faillit faire sans même s’en rendre compte et ne prit conscience qu’à ce moment là de s’être approché autant du jeune écossais. Nota bene, ne plus jamais le fixer dans les yeux trop longtemps, il était pire qu’une vélane cet écossais. Pour un peu, il se serait presque sentit aussi idiot que tout à l’heure, mais pour des raisons bien différentes cette fois-ci. Il espérait juste ne pas s’être mis Andrew à dos pour de bon, sinon il ne s’en remettrait jamais. Il se risqua à relever légèrement la tête pour juger de la réaction de son jeune stagiaire, comme un accusé qui attend le verdict au tribunal. Il priait désormais pour son acquittement, tandis que les patients ne semblaient toujours pas décidés à pointer le bout de leur nez. Finalement, maintenant, ça ne le dérangeait plus tellement.

(Sorry c'est nul >< La prochaine fois je réponds pas aussi tard )