Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon)
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Sujet: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon) Ven 6 Aoû - 21:02
Dernière édition par Joyce A. Miller le Sam 9 Oct - 14:01, édité 1 fois
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Sujet: Re: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon) Sam 7 Aoû - 15:58
J’étais arrivée ici avec une seule intention, une seule volonté et rien ne me ferait détourner de mes pas tant que je ne l’aurai pas découvert. Et encore moins de retourner en Amérique, où plus rien à présent ne me rattachait. D’ailleurs, quand on a trop souffert dans un endroit, alors autant essayer de ne plus y retourner de crainte de se laisser envahir par de mauvais sentiments tel que du désespoir, de la tristesse, ou du regret du temps passé. Il ne fallait pas vivre dans les souvenirs. C’est pour cela que j’étais partie. Le regard sombre, sans tenir compte des personnes – moldus ou sorciers – qui passaient à côté de moi, me croisaient. Je ne voyais que le chemin qui s’avançait devant moi, mes pas qui se succédaient…
Sans savoir exactement dans quelle direction je me dirigeais, le chemin continuer de se dérouler devant moi et je le suivais, poussée toujours par cette force qui me poussait vers l’avant … Et malgré mes impressions parfois de me sentir comme… « suivies ». La chasseresse chassée ? Pourquoi pas, ça devait exister. Ce devait être normal comme sensation.
Ces derniers temps, ma vie n’était faite que d’errance, majoritairement, depuis que j’avais posé le pied sur ce continent. Au départ ignorant totalement où je devais aller, et ce que je devais faire, j’essayais avant tout de me repérer. Une tâche ardue étant donné que pour moi, j’avançais ici en terre inconnue. Les Etats-Unis est un continent immense, mais bien que je ne le connais pas tout fort heureusement, j’avais l’impression que les Etats-Unis m’étaient bien plus grand que l’Amérique ne l’était …Tout semblait se ressembler. En plus, j’avais l’impression que tous les regards qui se posaient sur moi étaient emplis de suspicion, et qu’ils me dévisageaient comme s’ils savaient d’ores et déjà que j’étais étrangère ici. Je prenais sur moi et me concentrant en moi-même, je tentais de me ressaisir et surtout de me contenir. Ce n’était pas le moment ici de déjà se faire remarquer …
M’étant concentrée tout d’abord sur les paroles que j’avais entendu des parents de celle que je pensais être ma sœur, je m’étais alors dirigée vers Londres mais là, mon enquête s’était compliquée. Enormément compliquée… La route semblait avoir bifurqué en deux chemins distincts. A mois de choisir lequel savoir choisir …
En effet, si j’étais venue ici dans l’espoir de retrouver une sœur, dans le seul espoir de pouvoir me rattacher à ce qu’il me restait de mon passé, - ou dans l’espoir de pouvoir reconstruire un futur -, et bien jamais je ne me serais attendue à me découvrir une autre sœur … Une demie-sœur, plus exactement. En effet, il y a de cela vingt neuf ans, ma mère après nous avoir « confiée » à cet orphelinat, avait ensuite quitté le continent peu de temps après … Elle était allée en Angleterre, où elle avait refait sa vie. En arrivant ici, je ne m’attendais pas à me découvrir l’identité d’une autre sœur… Elle s’appelait Joyce. Joyce Anna Miller. Nous avions le même second prénom, sans doute celui de notre mère … Et notre premier prénom commençait également par un « J ». A n’en pas douter, j’étais prête à parier que la troisième portait elle aussi un nom commençant par cette même lettre. Evidemment, ce n’est pas les seuls indices que j’avais trouvés. Sinon, ce serait bien maigre pour affirmer prétendre que nous étions de la même famille… Et puis, je voulais déjà la rencontrer. Je devais lui poser toutes ces questions qui répondraient et iraient combler les lacunes de mon histoire que je ne connaissais pas … Je devais savoir.
Je découvrais, au fil de mes échafaudées et de mon enquête où elle habitait, environ du moins… Et au fil des jours, j’apprenais son emploi du temps par cœur, je la suivais …tout du moins en toute discrétion, j’essayais peut-être de trouver dans ses occupations des points communs que nous partagions, je ne sais pas … Quoiqu’il en soit, au bout de deux longs mois environ de « traque », l’envie de me montrer, de sortir enfin de ma cachette se faisait sentir … L’impatience ne cessait de grimper en moi-même : je voulais savoir. « Savoir », savoir si j’étais sur la bonne voie, ou si au contraire, je faisais fausse route … Savoir si nous étions réellement de la même famille. En tous les cas, je dénotais dans son allure la même fierté qui se dégageait d’elle… Ce regard fier, altier… Peut-être avions-nous le même regard que notre mère ? Ce jour-là, je l’avais suivie de la même manière que durant ces deux longs mois … Je pensais bien que parfois, je me doutais qu’elle se sentait suivie ; je tentais de se faire le plus discret possible, ne pas attirer l’attention sur moi mais lorsque l’impression d’être suivie s’insinuait en vous, après il était bien difficile de s’en défaire … J’en connaissais quelque chose. Cela se sentait dans sa démarche, dans ses fréquents coups d’œil… Joyce était sur ses gardes. J’en avais suffisamment d’expérience pour me rendre compte de cela.
Autour de nous, les ruelles devenaient de moins en moins peuplées …Il faudrait être idiote pour ne pas se rendre compte qu’elle m’entraînait dans un endroit moins « fréquenté »… Pressentant un piège, j’aurai pu faire demi-tour, mais je n’allais certainement laisser tomber à la première difficulté. Ce serait mal me connaître. Alors que j’entrais à sa suite dans une ruelle beaucoup plus sombre, étroite et déserte que les précédentes, elle se tourna soudainement vers moi et m’envoya un « Stupéfix ». Il ne me prit pas réellement au dépourvu à vrai dire, puisque je m’attendais à une réaction de ce genre lorsqu’elle découvrirait qu’elle était suivie. Et aujourd’hui encore moins, j’avais pris bien moins de précautions encore à demeurer cacher. Je savais qu’elle m’avait vue, ou entr’aperçue. J’avais aussitôt réagi à son attaque et avais lancé un « Protego » pour me protéger du simple sortilège de stupéfixion, signe qu’elle ne voulait pas me tuer. Du moins, pour le moment … Elle voudrait certainement me poser quelques questions … Cela tombait bien, puisque moi aussi.
« Joyce. Je ne souhaite pas me battre contre toi. »Dis-je d’une voix lente et doucereuse sans lâcher une seconde des yeux mon interlocutrice. Je ne cillais pas un instant mon regard.
Je n’étais pas là pour me battre mais je restais toutefois sur mes gardes et conservais ma position défensive, prête à bloquer une attaque si du moins l’envie se faisait sentir de m’attaquer de nouveau ... Elle allait même déjà être étonnée que je connaisse son prénom …« Sauf si tu m’y obliges bien entendu… »
Je n’avais nullement l’intention de l’attaquer, mais si elle voulait réellement alors je me défendrai ça j’en étais certaine… Je tenais à ma peau. Je souhaitais juste qu’elle m’écoute. Elle ne savait pas à qui elle avait probablement à faire… A sa place, ma réaction serait certainement la même que la sienne. Je demeurais sans bouger, telle une statut de marbre sculptée, le visage figé et ne trahissant aucune expression, aucune émotions qui eut pu dévoiler quoique ce soit mais démontrant une forte maîtrise de moi-même. J’analysais rapidement la situation. Joyce semblait, au contraire de moi, bouillir en elle-même. Sans doute que mon calme apparent ne devait pas aider à ce qu’elle reste aussi calme que moi … Mais au contraire, j'étais sûre de moi, je savais ce que je faisais... Et je n'avais nulle raison de m'attaquer à elle ... Mais sans doute qu'elle avait des raisons de croire que j'en avais ? ... Pourquoi semblait-elle certaine que je voulais surement m'en prendre à elle ? Se sentait-elle menacée ?
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Sujet: Re: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon) Sam 7 Aoû - 21:55
Dernière édition par Joyce A. Miller le Sam 9 Oct - 14:02, édité 1 fois
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Sujet: Re: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon) Lun 9 Aoû - 2:38
En effet, j’avais de la réactivité à revendre. Je n’étais certes pas experte en la matière des combats ou de la self-défense mais lorsqu’on avait vécu pendant des mois et des mois dans la crainte d’un danger immédiat et plusieurs semaines enfermée dans un cachot à penser qu’on n’y survivrait pas, cela vous décuplait votre envie de survivre par mille, accroissant vos capacités et à améliorer vos capacités. La proximité du danger était souvent un très bon exercice pour vous aider décupler vos compétence car cela vous forçait à vous enfoncer en vous-mêmes pour y puiser concentration, … Vous faisiez bien plus attention à tout ce qui vous entoure car, à vos yeux, seuls importe votre survie … Quitte à sacrifier d’autres vies pour vous protéger. C’était la dure loi de la jungle, mais malheureusement, j’avais fini par apprendre que c’était ainsi durant toutes les épreuves que j’avais traversé.
Evidemment, mes paroles avaient fait mouche et sans baisser sa garde, la jeune femme m’avait questionné avec surprise sur comment je connaissais son nom…Je ne répondis pas de suite, ne sachant que répondre sur le moment … La situation était délicate ; je ne pouvais tout de même pas lancé directement comme ça « Je suis ta demie-sœur, du moins je crois… Ta mère m’a abandonnée il y a de cela un peu moins de vingt neuf ». C’était tout bonnement ridicule, et sa réactions ne pouvait être que de me rire au nez, après s’être stupéfiée de surprise. C’était vrai, je débarquais ainsi … Comment pouvais-je me prétendre être de la même famille ?? Je gardais donc le silence, tout en continuant de l’observer, comme si j’essayais toujours de déterminer à quel point elle ressemblait à ma mère, à la mère que je n’avais pas eu le temps de connaître …
Pour la première fois depuis longtemps, je semblais avide de découvrir vraiment qui j’étais, de découvrir un morceau de mon passé … Alors que j’avais déjà fui mon pays, et par la même, mon passé. Mon histoire avait toujours été étouffé dans l’âme, ou dans l’œuf comme vous voulez, il n’avait jamais pu grandir … Il était resté à l’état de cocon. Et l’espace de quelques mois, je me découvrais deux sœurs … Une fausse jumelle de laquelle j’avais été séparé, et une autre demi-sœur. Une curiosité, ou une sorte d’avidité, apparut dans mes yeux, distillant d’étranges picotements en moi-même. Comme avant de tuer … Avant de tuer cet homme, lorsque j’avais rassemblé mes forces, j’avais senti comme des picotements en moi-même, une étrange excitation quant à l’acte que j’allais faire ; mais c’était l’instinct de survie qui me conduisait. Rien d’autres. J’avais tué pour survivre … Je ne tuais et ne tuerais jamais vraiment pour le plaisir, même si tuer cet homme – ce prétendu père – m’avait paru une facilité déconcertante et avait distillé en moi le sentiment insatiable de l’odeur du meurtre … Oui, nous devions tous être un jour être confronté à cela. Simplement pour tester vos limites. Comme si on vous mettait un lingot d’or devant vos yeux et qu’on vous disait « Attrape-le ! », mais que sous votre nez, on vous l’enlevait … Vous étiez obligés alors de vous débattre dans els mailles de vos filets, et de leurs filets… Et pour survivre, tous les moyens étaient parfois bons, et tous els moyens étant parfois bons alors on oubliait le reste, en ne pensant qu’à nous… Mais c’était les épreuves que nous traversions qui nous construisaient, qui faisaient ce qu’aujourd’hui nous étions …
Et aujourd’hui, je me trouvais en Angleterre, venue avant tout à la recherche de mes origines, ou de ce qui me restait … de ce qu’il m’avait été enlevée. La vie n’était pas juste, ou cela se saurait et tout à chacun se débattait dans la leur. Moi, j’avais survécu jusque là, et à présent je me trouvais quelqu’un qui ne m’avait jamais vue de sa vie, que je ne connaissais pas moi-même, et qui pouvait décider d’une seconde à l’autre de lever sa baguette et vouloir me tuer. Je n’avais pas peur ; en tuant pour ma vie, j’avais affronté la mort, je l’avais compris, j’avais compris qu’un jour de toute façon elle viendrait … Cela me donnait la force de surmonter tout. Je m’étais endurcie..
Alors lorsqu’elle me demanda ce que je lui voulais, sans réfléchir et sans même me concerter en moi-même, sans même baisser ma garde non plus même si je n’avais pas l’intention d’attaquer, je laissais entendre presque dans un souffle …
« J’essaie simplement de reconstituer mon histoire, histoire brisée et distillée par-delà le monde sans espoir de reconstruction… »
A la recherche de la vérité. Au fond, chacun devait trouver sa propre vérité. Sa réponse était énigmatique certes, et cela ne manquerait – sans doute – d’accroître la curiosité – et la méfiance ?- de la jeune femme devant elle …
« Tu ne t’ai jamais demandée d’où tu venais ? »ajoutais-je en conservant le même regard insondable que précédemment et que j’avais toujours chaque fois que j’abordais un sujet à ne pas prendre à la légère, dont l’issue n’était pas encore déterminée…
Dernière édition par Jessica A. Gordon le Dim 5 Sep - 0:09, édité 1 fois
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Sujet: Re: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon) Dim 15 Aoû - 17:25
Dernière édition par Joyce A. Miller le Sam 9 Oct - 14:02, édité 1 fois
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Sujet: Re: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon) Dim 15 Aoû - 22:42
Honnêtement, je ne savais plus… Je ne savais pas comment lui parler. A présent que j’étais là, je me rendais compte que c’était totalement inconsidéré d’être venue ! Elle ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve, n’avait jamais entendu parler de moi, alors comment pourrait-elle jamais me croire que nous nous connaissions, et pire qu’on était de la même famille … C’était une histoire de fou. En fait, toute ma vie n’avait été qu’une histoire de fou. Moi-même, j’en avais conscience … La vie ne m’avait pas gâtée. Et bien au contraire, si au tout début j’avais été une jeune fille joyeuse et heureuse, ma vie s’était transformée en un enfer tel que je m’étais renfermée sur moi-même ; la raison pour laquelle j’avais forgée cette carapace autour de moi afin de ne plus souffrir, afin d’être hermétique à la souffrance des autres même … Le jour de la mort de mon père, je n’avais ressenti qu’un immense soulagement et un bien être comparable à la douleur qui m’avait comprimée en mon être durant ces nombreux mois… Certes, la vie ne m’avait pas gâtée, d’où cette volonté de s’en échapper… Alors pourquoi revenir vers le passé ? Probablement que ça ne servait à rien. Je n’avais aucune preuves en fin de compte ; je me trouvais ridicule … Je pensais à faire demi-tour mais c’était trop tard je le savais. Mais tout le monde doit savoir d’où il vient … Enfin, probablement que cela ne lui avait pas fait vivre pire en ignorant que quelque part elle avait des sœurs, même demies… ? Sans doute.
Joyce avait répondit brutalement à chacune de ses répliques. Remarque, elle le comprenait … Comment réagir autrement en voyant une personne parfaitement inconnue arriver apparaître soudain dans sa vie et lui demander si elle ne s’était jamais demandée d’où elle venait … Franchement, cela ne la regardait pas. « De quoi se mêle t-elle ? » serait sa propre réaction et sans nul doute que si ça lui était arrivée à elle, elle aurait depuis déjà longtemps envoyer balader son interlocutrice. Joyce, cela se voyait, elle se contenait. Même la réponse « je suis de ta famille », me parut ridicule … Totalement ridicule. Je ne pouvais dire ça … D’ailleurs, elle semblait préférer vouloir conserver le vouvoiement, garder une certaine distance … je me dit que ce serait effectivement peut-être mieux pour le moment histoire de ne pas l’insupporter davantage et qu’elle croit que c’était une manière de la prendre de haut… Je me décidais par conséquent à remployer le "vouvoiement" et je commençais lentement à dire... Moi qui savait tout, le vouvoiement me fis étrange...
« Pour vous répondre, je m’appelle Jessica Anna Gordon … Mais j’aurai très bien pu avoir un autre nom de famille… Je sais que ma venue peut surprendre et que c’est une histoire incroyable que vous ne croirez sans doute pas… ».
Je restais toutefois sur mes gardes même si j’avais abaissé sa baguette. Qui plus est, quelle serait sa réaction lorsque je lui avouerai enfin qui je suis… J’essayais de trouver un moyen de lui parler en douceur… Un moyen de lui expliquer. Surtout ne pas lâcher brutalement :« Je suis ta demie-sœur ».Surtout pas.
« Je viens des Etats-Unis où en menant une enquête approfondie, j’ai découvert plusieurs choses… Mais ne voudriez-vous pas que l’on aille ailleurs ? Je n’ais jamais trop confiance aux ruelles aux apparences désertes …».
Sur ces mots, je jetais des coups d’oeils autour de moi. Enfin, c’était à elle de voir parce qu’elle semblait ne vraiment pas avoir confiance … Cela se voyait dans son attitude retenue, bien qu’elle demeurait impassible et qu’il m’était impossible de déterminer quel était donc son véritable sentiment.
« Je ne vous ferai rien promis »
Je ne faisais pas beaucoup de promesses. Je n’aimais pas cela. Promettre quelque chose c’était donner sa parole. Et je n’aimais pas impliquer sa parole dans quelque chose… Et puis après tout la vie était faite de hasards. On ne savait vraiment de quoi elle était faite ; en cela ça ne servait à rien de faire des promesses. Alors pour que je donne sa « promesse », ce devait être immensément important. Mais ça, Joyce l’ignorait.
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Sujet: Re: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon) Lun 23 Aoû - 19:16
Dernière édition par Joyce A. Miller le Sam 9 Oct - 14:02, édité 1 fois
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Sujet: Re: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon) Mar 7 Sep - 19:07
Oh oui, elle avait beaucoup déjà perdu. Plus qu’elle n’en dirait jamais à personne… Plus qu’elle n’en pouvait même dire. En une nuit, elle avait tout perdu, en une nuit elle avait perdu sa maison, son mari, … et pire que tout, son enfant, le fruit de l’union entre elle et son mari. L’inhumanité du crime l’avait alors frappé ; elle pensait que ce devait être ce jour-là qu’elle avait perdu une partie d’elle-même… Elle avait eu peur, oui, elle avait cru ne jamais survivre à toutes ces pertes, et la plus terrible étant celle de ce fragile être vivant qu’elle portait en elle. Cela avait été la plus terrible et la plus vive douleur qu’elle avait ressenti en elle, lorsqu’elle avait su qu’elle avait perdu son fils. Après cela … Elle ne savait plus où était sa place. Dès ce jour où tout lui avait été enlevé, elle avait perdu toutes notions de temps, toutes notions de vie ou de mort …
Il faisait nuit. Sombre, glacial… J’ignore depuis combien de temps je me trouvais ici, mais alors que j’essayais de bouger pour me mettre dans une position plus confortable, je pris conscience que mes poignets étaient fermement liés. Des chaînes les retenaient… On m’avait ainsi mise au geôle, mais pourquoi ?? Qu’avais-je fait ?? L’injustice de la situation s’appesantit sur mes épaules, une rage folle envahit mes veines… Je pensais subitement à tout ce qui s’était passé … Tout s’enchaîna à une vitesse folle dans mon esprit et alors que je me souvenais en flashback de tout, des larmes se mirent à couler sur mes joues. Ce serait les dernières. Les dernières … Je me jurais de me venger, de venger la mort de mon mari, ainsi que celle de notre enfant. Une mort injuste. Nous n’avions rien demandé pourtant … Ma vie aurait pu être autrement. Mais comment parvenir à survivre si on ne se coupe pas entièrement de notre vie d’antan, si on ne se ferme pas aux sentiments ? Il n’y avait pas de place pour les sentiments. Aucune. Pas depuis la succession de drames qui s’étaient succédés dans ma vie. Le monde n’était qu’un monde de violence, il n’y avait rien d’autre … Il ne pouvait rien y avoir d’autres. L’Homme … Par nature, était fait pour détruire tout ce qu’il touche. Ou pour détruire le bonheur des autres, les empêchant eux-mêmes de pouvoir être heureux… En cela, il fallait être imperméable à tout ce qui était les sentiments. Si on voulait survivre. Et pourtant, bien que j’avais du mal à m’en rendre compte, j’avais encore de la famille… J’avais deux sœurs, dont une en ce moment face à moi… Celle-ci paraissait bien méfiante par ailleurs : qui ne le serait pas en telles circonstances ?
Je ne répondis rien à la première pique que me lança ma… Ma sœur… Enfin, que la jeune femme me lança. Encore sous l’emprise de mes souvenirs soudain, et de tout ce chemin que j’avais parcouru… J’étais allée trop loin à présent pour m’arrêter, ou ne serait-ce songer à faire demi-tour. Par quoi pouvais-je commencer ? Lui raconter mon histoire ? … Pas lui dire d’un bloc qui je pensais qu’elle était. C’était un coup à ce qu’elle ne me croie pas… Mon histoire ? Que lui raconter ? … Avec un soupir, je me passais une main dans les cheveux, incertaine sur les propos à tenir – notez que c’est le seul signe depuis le début qui pouvait s’apparenter à une démonstration d’un sentiment quelconque qu’elle pouvait laisser entrevoir -. Mon regard se ferma de nouveau, et d’une voix ferme mais patiente, je répondais enfin, consciente que je ne pouvais pas continuer à retarder le moment des aveux ; dans le cas contraire, elle perdrait sûrement patience … Déjà qu’elle semblait à fleur de patience là… En effet, à n’en pas douter, elle demeurait encore sur ses gardes, ce que ses paroles suivantes démontrèrent. Elle me demanda de lui donner la preuve que je tiendrai ma promesse … Mon regard se fit à cet instant à la fois distant, grave et sévère …
« Parce que quand on a tout perdu, il ne nous reste plus que cela : notre parole, et notre honneur ».
Même plus d’espoir. J’avais longtemps pensé que les hommes ne pouvaient vivre sans espoir… Mais si j’avais survécu, alors c’est qu’ils le pouvaient. La vie était un long cheminement d’interrogations, de découvertes, de tristesses… Et seulement parsemés de courts moments de bonheur qui pouvaient très vite être balayés par le vent. Ce qui s’était produit pour moi. Si elle désirait des preuves plus concrètes, je n’en avais pas … Elle devrait par conséquent faire avec. Comment pouvais-je la convaincre sinon ? Ce que je venais de dire, ce n’était pas faux. Loin de là. Je n’avais plus rien … Rien à perdre …Alors je n’avais aucune raison pour laquelle ne pas respecter ma promesse… Cette promesse était d’ailleurs la plus simple de toutes celles que j’avais pu me faire, et toutes celles-là je les avais tenues.
Presque toutes.
J’esquissais cependant un léger sourire à la suite de ses paroles. Je ne sais pas pourquoi : cela me fis rire. Pensait-elle réellement me faire peur ? Sans doute. Elle me tuerait sans aucune hésitation ? Dans l’hypothèse évidemment où je me laisserais faire. Par ailleurs, je n’avais plus peur de la Mort … Pour l’avoir frôlé à plusieurs reprises, pour l’avoir voulue à plusieurs reprises même… Elle ne me faisait pas peur. Savait-elle que la Mort était la seule chose qui pourrait me procurer le plus de libération ? Que je l’accueillerais avec félicité ? Sans aucun doute que non mais ce n’était pas pour cette raison que je lui aurais facilité la tâche en ne me défendant pas. Je n’allais pas le lui dire évidemment. Je ne relevais même pas sa phrase pour la commenter. J’ajoutais simplement …
« C’est une longue histoire… Difficile, délicate…Laissez-moi vous la raconter, je vous laisserai juger de vous-mêmes par la suite la véracité ou non de mes propos … Si cela ne vous as pas convaincue, je vous promets que je disparaîtrai »
Deux promesses déjà. Ça en commençait à faire beaucoup je pensais … Moins je me liais à des promesses, mieux je portais. Mais les circonstances étaient exceptionnelles. J’avais choisi, pour essayer de la contrarier la moins possible, de me garder à distance en continuant d’utiliser la troisième personne du pluriel, par politesse … Je me tus en ces termes, ne cillant pas le moins du monde … Fixer les gens, n’était pas un manque de respect, c’était juste une manière que j’avais fini par acquérir pour mieux les analyser, les définir… Et puis, je n’étais pas Anglaise moi, je venais des Etats-Unis. C’était un pays très différent, avec des mœurs différentes. Je restais immobile, attendant son jugement de la situation…
Nous étions sortis sur ces propos de cette ruelle sombre et déserte. Je jetais de fréquents coups d’oeils autour de moi, prudence oblige et recherchant un endroit calme où les oreilles seraient moins nombreuses. Car je n’avais pas l’intention de déballer tout en pleine rue. Ça, non. C’était beaucoup trop sérieux, beaucoup trop personnel.
Je mettais un point d’honneur sur ce point. La prudence avait toujours guidé mes pas depuis de nombreuses années, et cela ne changerait jamais. Je ne raconterai jamais mon histoire, ne serait-ce dans les grandes lignes, dans un endroit où je savais que les murs pouvaient avoir des oreilles. A présent, à elle de voir si elle voulait que je réponde à ses questions, ou non.
« Encore un moment je vous prie. Pas en pleine rue… Un endroit où on peut parler tranquille j’ai dit. La rue n’a jamais été dans mes endroits favoris pour parler de sujets aussi importants que ce que j’ai à dire »
Je remarquais un bar un peu plus loin… Le premier en fait. Je me dirigeais vers ce dernier, sans attendre ou vérifier qu’elle me suivait bien. J’avais attisé sa curiosité j’en étais persuadée. J’étais donc sure qu’elle me suivrait. Je n’avais pas non plus crainte qu’elle me menace dans le dos ou qu’elle essaie de me tuer … Je savais que tant que je n’avais rien encore dit, elle ne me ferait rien. Toutefois, je ne la dépassais pas trop, histoire de la garder dans mon champ de vision… inconsciemment.
J’entrais dans le bar londonien ou pas mal de monde se trouvait mais ou tellement de conversations étaient en cours qu’on ne pouvait assurément pas accorder son attention sur l’une d’entre elles. J’observais autour de moi avec circonspection. Ça parlait d’un côté de l’autre, dans tous les sens. D’un pas vif, je me dirigeais vers un coin de la salle où je prenais place. J’attendais ensuite Joyce… Pendant ce temps, je murmurais un Assurdiato à l’aide de ma baguette, rendant tout le monde alentours sourds à tout ce qui pourra bien se dire autour de cette table. Prudence un jour, prudence toujours.
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Sujet: Re: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon) Lun 11 Oct - 21:30
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Sujet: Re: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon) Dim 17 Oct - 19:35
Ma démarche me parut alors inconsidérée… Totalement inconsciente. L’impression que je risquais de me faire jeter tout simplement, qu’elle ne me croirait certainement pas me heurta de plein fouet. J’eus un bref mouvement de fuite ; pourtant, je me ressaisis et demeurais à me rassis correctement. Par où, par quoi commencer ? C’était ridicule, comment avais-je pu penser venir ici, en me dévoilant aux seuls membres de ma famille qu’il me restait, sans aucune preuve de ce que j’avançais… et sans crainte qu’ils ne me croient. Devais-je commencer par l’aveu directement ? Devais-je avant tout commencer par raconter mon histoire, sachant ô combien cela me serait douloureux de remonter dans ces années noires ? Sans doute qu’elle ne le verrait pas – elle n’en pourrait même imaginer la moindre parcelle de la douleur que cela pouvait me causer.- Mais si je racontais pas tout, elle ne me croierait pas…
J’eus le temps de réfléchir le temps qu’elle me retrouve, j’eus le temps de peser les pour et les contre, et pourtant, je n’eus pas encre assez de temps. Les traits crispés, les mains resserrés sur mes genoux afin d’empêcher qu’elles ne trahisse ma tension – car avouons-le, je ne me sentais pas à mon aise et cela ne m’était encore jamais arrivé !- … La peur d’être rejeté par ce qui restait de ma famille ? Probablement, comment ne pas le craindre ? Comment réagirais-je si on ne me croirait pas, après avoir fait tout ce chemin, après avoir tout quitté aux Etats-Unis… Il ne me restait plus rien là-bas. Mais bien que mes mains auraient pu trahir ma tension extrême, mes traits ne bougeaient pas ; ils demeuraient impassibles, concentrés… Concentrés sur ce que je devais, et pouvais dire. Je ne trahissais aucune émotion. Je ne détournais ni le regard, ni rien, qui pusse induire en erreur Joyce et la faire douter de la sincérité de ce que j’allais dire…
« J’aimerai…, avant tout, éclaircir un détail obscur. Vous allez peut-être me prendre pour folle, mais je ne suis plus à une personne près... Voilà. Selon mes sources, vous vous appelez Joyce Anna Miller, n’est-ce pas ?... Vous devez sûrement avoir le nom de m… De votre mère…. Se prénommait-elle Anna aussi ? … Il y a environ vingt-sept ou vingt-huit ans, a-t-elle vécu aux Etats-Unis ? S’est-elle remariée, à moins qu’elle ait repris son nom de jeune fille ?... Si elle vient bien des Etats-Unis, alors je crois pouvoir dire… que nos histoires sont bien plus liées que vous ne le pensez... »
Enfin, après ce long monologue, je repris mon souffle, prenant au passage une gorgée du café brûlant posé devant moi.
« Loin de moi l’idée de vous offenser ou de me prendre pour n’importe qui ou n'importe quoi… Veuillez m'excusez si je suis directe, mais rien ne sert de tourner autour du pot ; et avant de poursuivre, je dois savoir cela... J’essaie simplement de comprendre et connaître d’où je viens ; cela fait déjà bien des mois de cela... »
[HJ : Désolée du retard,... Je savais juste pas trop comment commencer l'histoire et par quoi... ^^' ]
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Sujet: Re: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon) Jeu 21 Oct - 21:28
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Sujet: Re: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon) Ven 22 Oct - 19:15
Malgré ma tendance nerveuse, comme lorsqu’on se trouvait en situations inconnues et qu’on ne savait que faire ; malgré ma tension extrême dans laquelle je me trouvais… Je parvenais à demeurer envahie d’un étrange calme… Presque inquiétant, autant que pour moi que pour ma voisine j’en étais consciente. C’était ma sœur, peut-être, qui se trouvait face à moi, et c’en était d’autant plus déstabilisent que le simple fait qu’elle pourrait totalement nié ce que j’avais à lui dire… Alors que j’avais fait plus de mille kilomètres pour venir jusqu’ici, que j’avais traversé l’océan Atlantique…
Peut-être ne rencontrerais-je ici qu’un refus net et clair, que je me heurterai à l’incompréhension, l’incompréhension qui pouvait mener jusqu’au refus complet de ce que je voulais dire ! Peut-être fut-ce pour cela que, chaque fois que je sentais qu’il était temps de dire enfin ce pour quoi j’étais là, je fuyais au dernier moment, en en disant un peu mais pas trop… pour éviter la déception supplémentaire d’être rejetée par ce qu’il me restait de famille. Peut-être cette volonté de s’excuser instamment et continuellement venait-il de ce fait… Je ne pouvais éternellement repousser le moment fatidique de la révélation.
Lorsque Joyce me répondit dans les termes suivants « Comment savez-vous tout ça ? », rien n’aurait pu davantage m’armer de courage que n’importe quelle autre réponse positive… Car, si je n’avais pas vu juste, si tout ce que j’avais dit n’avait été que mensonge éhonté, alors sa réponse n’aurait été cela… C’était de la surprise qui, au-delà des mots, était manifestée. Ce fut d’une voix alors d’un timbre plus clair, et d’une vois plus déterminée que j’entamais le récit ‘bien résumée cependant’ de ce qu’elle pouvait savoir, de ce qu’elle était en droit de connaître pour parvenir à comprendre au mieux.
« Je suis originaire des Etats-Unis, j’ai fait mes études à Salem… Je me nomme Jessica Anna Gordon, bien que cela ne vous dira sans nul doute rien... Comme je ne peux que le remarquer en voyant votre air étonné en ce moment. J’ai vécu jusqu’à l’âge de 18 ans dans ma famille, jusqu’à ce que j’apprenne que j’ai été adopté à l’âge de trois ans… Dans le même temps, à trois ans, j’ai été séparée d’une sœur qui a été placée dans une autre famille dans une autre ville que moi… J’ai appris il y a peu que j’en avais une autre et que, lorsqu’on nous as déposées à l’orphelinat, l’attitude, les gestes de la femme – notre mère- étaient précipités, craintifs… Je ne me souviens évidemment pas de son attitude. Cela, je l’ai entendue de la bouche même de la maîtresse de maison qui m’a reçue il y a deux mois de cela dans le but de satisfaire ma curiosité et de m’aider dans mes recherches, car j’étais déterminée à découvrir qui était cette mère qui nous as de toute évidence sauvée, moi et ma sœur, Jade. Notre mère a simplement laissé entendre qu’elle ne devait pas rester longtemps, qu’elle devait partir le plus tôt possible… J’ai toutes les raisons de croire qu’elle se nommait « Anne ». Mrs Johnson, la maîtresse de la maison d’enfance qui nous as placées en famille adoptive, n’a pas pu me dire son nom – elle n’a pas le droit de révéler le nom des mères qui ont dit ne pas vouloir laisser leur identité -, mais lorsque j’ai émis cette hypothèse, la lueur dans son regard ne m’a trompée. Elle m’a semblé par ailleurs, le peu de temps qu’elle lui as parlé et côtoyé, qu’elle l’avait beaucoup appréciée… Cela pour confirmer ce que je pensais. Que ce devait être, ou doit être, une personne aimable et pleine de bonté… Lorsqu’on ne peut se reposer sur un portrait, on se laisse alors aller à imaginer une personne selon ses traits de caractères les plus marqués… C’est une fois arrivée ici, que j’ai découvert… Ce qui était advenu de cette femme, en suivant la piste de la sœur qui avait grandi aux Amériques également… et qui était à présent loin de chez elle, ici, en Angleterre. Ce ne fut cependant pas la première que je pus connaître… Je fus moi-même incontestablement surprise de découvrir bien plus de choses que je ne pensais trouver… C’est pour cette raison que, sans doute, vous m’avez vue vous suivre… »
La gorge sèche, en ayant à peine pris le temps de reprendre son souffle, je m’arrêtais enfin à la fin de mon discours pour me reposer. Je demeurais sidérée de m’avoir entendue déballer autant de mots, et sur un tel débit de paroles… Elle devait certainement me prendre une folle ! Pour tenter de me convaincre du contraire, je la scrutais un instant, essayant de voir quelques traces de la réaction qui s’opérait en elle…
« Ne trouvez-vous pas étrange que les prénoms « Jessica », « Joyce », et « Jade » commencent par la même lettre tous trois et que notre second noms à toutes est « Anne » ? Je ne suis pas venue ici au hasard, au petit bonheur la chance… Sur de simples éventualités, si mes pas m’ont conduits ici, c’est que les indices que j’ai trouvé au fil de mon parcours m’on conduites ici même… A en juger par votre réponse tout à l’heure, j’en déduis que j’ai visé juste sur certains détails mentionnés au début… Cependant, si je devais repartir de zéro… »
Silence. Je me sentis abattue… Non… Si j’étais venue jusqu’ici, ce n’était pour rien, j’en étais certaine… Certaine, que représentait ce mot vraiment ? Pouvait-on être sûrs de tout ? J’avais peut-être laissé au hasard des pistes qui m’auraient conduites ailleurs… Un vent confus souffla en moi-même ; bien que je n’y croyais guère. Le mieux était d’attendre une réaction quelconque… Déjà, attendre de voir si elle la prenait pour une folle à interner, ou pas… Cherchant à la sonder du regard, je n'osais qu'à peine respirer, à peine détourner mon attention pour la porter sur la tasse fumante devant moi.
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Sujet: Re: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon) Sam 23 Oct - 20:09
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Sujet: Re: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon) Dim 24 Oct - 2:00
Qu’allait être sa réaction ? J’attendais, en suspend, comme si ma vie même demeurait suspendue à la réponse qu’elle allait me faire… Ma sœur ? M’étais-je trompée ? N’allait-elle pas plutôt me prendre pour une folle ? Son regard, encore une fois, ne semblait pas être emprunt de cette lueur qui indiquait qu’elle me considérait comme folle… Elle semblait, simplement, dubitative. Mais cela pouvait être trompeur. La révélation semblait se faire dans son esprit. D’une voix entrecoupée, elle demanda confirmation de ce qu’elle avait cru comprendre ; à savoir qu’elle serait ma sœur ? Je ne répondis pas de suite… Je craignais de me tromper encore… D'ailleurs, ce n'était pas tant une question qu'une déclaration qu'elle faisait. Car elle avait très bien compris ce que je venais de dire... Au moment où j'ouvrais la bouche pour affirmer ses propos, elle émit une objection…
Son expression « Une seconde… » me saisit et me liquéfia sur place… « ça y est, elle a trouvé une faille, un défaut qui viendrait contredire toute mon enquête jusqu’ici ! »… Les battements de mon cœur se mirent à s’accélérer subitement, d’appréhension mais lorsqu’elle termina ses propos, tout mon être sembla se glacer, mon coeur se serrer, mes doigts et même mes traits se crisper. Mon souffle se bloqua durant quelques secondes dans ma poitrine. Mon père… ?
Ce père que j’avais tué ? De mes mains ?... Comment fallait-il que je le dise ? Dire qu’on a tué de ses propres mains n’était pas quelque chose à dire sans prendre de précautions ; c’était un acte… assez dur, dur à raconter également, très dur, et dur à comprendre pour les autres… Mais d’une certaine manière, il n’était rien pour elle… Il n’était probablement pas son père. Non, j’en étais convaincue. Ma mère avait sûrement refait sa vie. Ce que j’avais vu de lui, outre être un lycanthrope ; c’était que c’était un homme violent… Très violent qui avait du sang sur les mains. C’était un meurtrier… Il ne méritait pas de vivre. Pas après tout ce qu’il avait fait ! Pas après tout ce qu’il avait détruit.
Il m’avait transformée. C’était à cause de lui ce que j’étais devenue. Mon regard s’assombrit d’un seul coup encore plus, mon souffle se fit plus espacé comme si ses souvenirs m’étaient insupportables – ce qui était vrai -. Je commençais à parler, d’un ton sans timbre, sans émotions comme un orateur raconterait la vie d’un autre dont il n’aurait que faire de l’histoire. Dans mon cas, c’était davantage pour cacher le plus possible le trouble qui m’avait saisie au souvenir de cette période de ma vie que je préférais oublier.
La réponse à lui donner était simple... En théorie, ça l'était. En pratique, il fallait donner plus d'informations...
« Peut-être car nous n'avons pas le même père ? Vot… Ton père, je ne pense pas le connaître... Cela m’étonnerait que lorsqu’on prononce le mot « père », nous voyons la même personne… Ma mère a certainement voulu nous protéger en nous mettant à l’abri dans cet orphelinat. Ensuite, elle est partie, en Angleterre… Si jamais mon père l’avais retrouvée, alors nous serions demeurées en sécurité, loin du danger… Elle a certainement dû refaire sa vie à l’étranger, pensant ses filles à l’abri du danger, sûrement. C’est, du moins, ce que j’ai pu reconstituer avec les quelques témoignages que j’ai pu récolter … Et le fait que lorsqu’elle nous as déposées dans cet orphelinat, la peur se lisait sur son visage confirme qu’il y avait un danger quelconque qu’elle voulait nous éviter… »
Au fur et à mesure de son récit, je me sentais étrange, plus détendue… Comme si, finalement, tout ceci qui s’était amoncelé toutes ces années au fond de moi n’avait eu de cesse de vouloir être partagé avec quelqu’un d’autre… Durant ces deux longues années, je n’avais eu hélas aucunes personnes à qui confier tout cela...
« … Ce danger, il n’existe plus aujourd’hui. Je l’ai détruit moi-même, deux ans auparavant, en perdant bien plus que tout ce que je n’aurais pu croire que je perdrais un jour. Je l’ai rencontré, « mon » père… Un être régi par la violence, et par rien d’autre, sans aucune conscience… Du moins s’il en avait un peu auparavant, il l’a complètement perdu lorsqu’il est devenu un loup garou… Ce qui la rendu fou, s’il ne l’était déjà pas avant. Il voulait se venger de ce que notre mère nous avait été enlevée à lui… Il voulait se venger en nous tuant ; les unes après les autres. Possessif, jaloux, il n’a sans doute pas toléré qu’on lui fut enlevé de son emprise. Et par conséquent, il a sans doute considéré dans son esprit malade que personne ne devait alors avoir le droit de nous avoir !... A partir du moment où je l’ai rencontré, je n’ai plus douté que c’était en effet le danger dont ma mère avait voulu nous protéger, Jade et moi… C’est moi qu’il a retrouvée en premier… Il a brisé mon foyer, ma vie, ma famille pour la seconde fois… A cause de lui, j’ai même perdu un enfant… Je suis morte là-bas. Enfermée pendant de longs mois, sans espoir aucun d’en ressortir, j’ai failli mourir une deuxième fois… L’envie de vengeance m’a seule tenue en vie. Je l’ai tué… de… mes mains, à la première opportunité… Et, au risque de choquer beaucoup de monde, cela m'a considérablement soulagée. Mais pas rendue plus heureuse... Mais cela est lointain ; je ne me souviens que vaguement comment cela s’est produit, ce qui s’est passé auparavant… Je n’étais déjà que la moitié de moi-même, que le fantôme de ce que j’étais avant… Ce qui est fait est fait, il ne faut pas revenir sur le passé : « mon père biologique » n’existe plus. Et je ne pense pas qu'il soit le même que le tien... »
Je repris mon souffle, après ces paroles, qui me donnaient l’impression enfin libératrice de me dégager de ce que j’avais conservé si longtemps pour moi... Le souvenir pourtant en demeurait si présent et avait tellement influencé ma vie qu'il semblait continuer de me compresser le coeur, comme si cela me hanterait toujours . Et c'était vrai... Comment voulez-vous oublier tout cela ? Comment pouvez-vous espérer pouvoir oublier ?
« Donc, à moins que ton père ressemble à cela – et dans ce cas je l’aurai tué, ce dont je m’affligerais…-, alors il est plus probable que nous n’ayons pas le même père, si jamais nous avons la même mère. Je n’ai, malheureusement, jamais eu aucune photo d’elle que j’aurai pu vo… te montrer pour que tu me dises…si c’est la même personne », termina t-elle le regard aussi sombre - et grave - que si elle venait d’annoncer une macabre prédiction en la défaveur de Joyce.
Pourtant, au fond d'elle, elle savait qu'elle ne se trompait pas...
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Sujet: Re: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon) Ven 29 Oct - 21:07
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Sujet: Re: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon) Dim 21 Nov - 20:12
[HJ : Je suis désolée du retard Coup de chance je sais pas pourquoi mais ce soir je me sentais inspirée pour écrire avec Jess J'espère que ça t'iras ^^ ]
Quand on a cette impression d’avoir tout perdu, à quoi peut-on se raccrocher ? A quoi d'autres sinon à cet infime espoir que quelque part dans le monde il existe encore quelque chose qui renferme l'une des dernières raisons qui nous tient encore en vie...
Quand on a tout perdu, et qu’on rejette encore pourtant de toute la force de sa volonté toutes idées de défaite, un rien peut nous conserver dans cet espoir... Cet espoir que, quelque part, il existe encore quelque chose qui peut nous retenir et nous permettre de braver l’existence. Et quand on a tué, de nos mains, une partie de ce qui nous rattachait à “cet espoir” justement, cela ne peut que nous enfoncer davantage dans ce désespoir qui fait de nous cette machine nourrie par l’idée même de la vengeance... Mais ce qui nous empêche de devenir vraiment cette machine à tuer qui ne ressent plus rien, plus aucune douleur, plus aucun sentiments, plus de culpabilité, ce qui nous empêche de devenir ainsi, c’est cet espoir qui demeurait, qui faisait en sorte de conserver en nous-mêmes une infime quantité d’humanité.
La vengeance... Cela avait l’avantage certain de nous maintenir en vie, de nous empêcher de sombrer ; l’on devenait plus forte pour combattre les bras gigantesques d’un Destin qui, sans cesse, cherchait à nous broyer... Et cette sensation d’étouffement qui, durant de longs mois m'assaillais, alors que je me disais que je n’avais aucune chance de m’en sortir un jour... Mais ce sentiment de vengeance n’était plus suffisant.
Cette sensation d’étouffement, et pourtant, cet infime espoir qui avait surgi par la suite et pour lequel je m’était battue... Cet espoir qui avait surgi dès l’instant où j’avais appris qu’il y avait peut-être une chance qu’il me reste encore quelqu’un, quelque part ! Quelqu’un qui partageait le même sang que moi, et que je n’avais pas tué... Je ne revoyais que trop bien le sang de mon géniteur qui maculait mes mains après que je l’eus tué... L’effroi m’avait saisie un instant en prenant conscience de ce que j’avais fait... Je pensais que j’allais devenir comme lui, à mon tour, aussi monstrueux que lui dans le sens où à présent j’avais du sang sur les mains. Mais je me souvenais également de celui de mon fiancé, nous allions nous marier sous peu, nous allions avoir un enfant... Tout espoir de futur s’était anéanti ce jour-là. Alors, lorsque j’avais appris qu’il y avait peut-être une chance sur un million que toutes les souffrances que j’avais endurées n’avaient pas été en vain, je m’étais saisie de cette chance, pour une fois que l’on voulait bien m’en accorder une.
Cette chance, je l’avais suivi. Je l’avais suivi... J’étais arrivée ici, en Angleterre... Pendant des mois, je m’étais raccrochée à lui ; il m’avait menée jusque Joyce qui, aujourd’hui, était devant moi. Joyce, que j’avais eu - enfin - le courage d’approcher après des semaines d’interrogations et de doutes qui m’avaient assaillie. Car en effet, dans les dernières semaines alors que la peur vous paralyse, vous vous mettez à douter de tout ; et si vous vous étiez trompés ?! Mais j’avais tout repassé dans mon esprit, je m’étais moi-même convaincue... Et par ailleurs, je n’avais plus rien à perdre... Du moins, c’était ce que je pensais.
Il me restait encore à perdre ma crédibilité face à celle que je pensais, face à celle dont j’étais persuadée qu’elle était l’une des seules parentes que j’avais encore au monde. Et de toute évidence, j’ignore si Joyce n’avait pas confiance en moi ou dans les propos que j’affirmais, - A quel moment de l’histoire avait-elle commencé à douter que cela ne pouvait être vrai ?- , elle m’enlevait ainsi ce qui restait de crédibilité à mon existence déjà un temps soit peu morcelée, ne tenant qu’à un fil. Quoiqu’il en soit, je me sentis abbatue... Je restais figée un long moment, silencieuse à l’observer, comme si je pensais qu’elle voulait simplement me jouer une farce et que d’un instant à l’autre elle allait éclater de rire, m’annonçant ensuite qu’elle me croyait... Cependant, elle ne dit rien d’autres. Je compris qu’elle était sérieuse, qu’elle n’allait pas revenir sur ses paroles... Etait-ce tout ce qu’elle avait à dire ? Avais-je été si peu crédible ? Mon histoire à laquelle je m’étais raccrochée était-elle si incroyable pour être vraie ? Ne m’étais-je alors reposée que sur des mensonges ?! NON ! m’écriais-je en moi-même. Cela ne pouvait pas être ! Je refusais d’accepter que tout cela n’était que mensonges, je refusais d’accepter que je m’étais peut-être laissée endormir par cet espoir au point d’en avoir oublié la possibilité que tout était faux...
Je m’étais trompée. Il me restait encore à perdre quelque chose. Et ce quelque chose était cet espoir, cet infime espoir qu’il me restait quant à Joyce... Elle seule avait le pouvoir de le compromettre ; en choisissant de ne pas me croire, en faisant son choix. J’ignorais ce que je ressentis soudain. Vide de toutes émotions ? Quoiqu’il en soit, il m’était incapable d’analyser une quelconque émotion. Déçue sans doute... Choquée certainement par ce qu’elle me servit comme arguments.. Je mis un certain moment à me reprendre, à me reconstruire en moi-même avant de pouvoir enfin prononcer quelque chose...
“ Tu te demandes peut-être comment ta mère aurait pu se consacrer à essayer de reconstruire une nouvelle vie pour elle ? Et comment aurait-elle pu pouvoir oublier ?... Sache que l’on n’oublie jamais rien... Mais que la volonté de pouvoir reconstruire autre chose ailleurs est parfois plus forte que toutes autres choses. Et sans nul doute que sa volonté eut été infiniment puissante bien que n’ayant plus aucun souvenir d’elle, je n’ai pas eu cette chance de pouvoir mettre un visage sur son nom et également sur sa personne pour me permettre d’analyser ses réactions à telles situations. Mais un humain est un humain et en différents points, nous sommes identiques. La volonté de pouvoir, de vouloir s’en sortir, de vouloir reconstruire quelque chose peut parfois nous permettre à tous de faire des efforts considérables au point de nous impressionner nous-mêmes... Et alors, rien ne nous est impossible ”
Mais à quoi bon se battre ?! me dis-je soudainement en ressentant en moi-même une sorte de décharge électrique qui sembla faire voler en éclat cet infime espoir qui, pendant des mois, m’avait nourrie... A présent, toute cette histoire à laquelle je m’étais raccrochée me parue stupide, absurde, ridicule... Si j’avais mis des mois à la rassembler, celle-ci disparut en l’espace d’une seconde... “ Une vie pour tout construire, mais une seconde pour tout détruire ”. Sans savoir ce que je faisais, je me levais subitement en prenant sans doute Joyce par surprise. Puis, j’ajoutais presque d’une voix sans timbre...
“ Mais... Veuillez m’excuser de vous avoir fait perdre votre temps cependant... Je ne peux rien faire de plus si mon histoire perd de sa crédibilité à chaque mot que je prononce, mots qui m’ont paru durant ces derniers mois comme le seul, et dernier, fil permettant à une âme esseulée de pouvoir encore espérer “
Sur ces mots, je rabattis ma capuche sur la tête, puis la saluant d’un signe de tête léger, je fis volte face et, sans un regard en arrière - mais un goût amer sur l’estomac - je m’éloignais... Arrivée cependant à la porte, ma main se suspendit au-dessus de la poignée comme si, comme s’il m’était impossible de totalement croire que je m’étais trompée, comme s’il m’était impossible de tourner la page totalement... Je fis un effort sur moi et me forçais à tourner la poignée. Le froid au-dehors me procura un effet bien plus mordant que ce à quoi je m’étais attendu. Je fis un surprenant effort pour ne pas frissonner. Resserant ma cape autour de mon corps, j’allais sortir dehors quand soudain, je pensais à autre chose... J’hésitais un instant avant de finalement me décider... Raffermissant mon regard et rassemblant toute l’énergie que je pus pour affronter ce que j’avais décidé de faire, je me retournais vivement. D’un pas vif, je refis le chemin en sens inverse et m’arrêtant de nouveau devant la table que je venais de quitter, je laissais échapper...
“ A quoi est-ce donc liée cette peur ? “
Je laissais, volontairement, le silence s’installer. Derrière moi, j’entendis le bruit de la porte qui se refermait. Je restais stoïque, impassible, sans qu’aucunes émotions quelconques viennent perturber un instant ma position. J’étais persuadée d’une chose. J’étais également persuadée qu’elle allait saisir où je voulais en venir, sans avoir besoin de développer davantage.
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Sujet: Re: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon) Dim 30 Jan - 14:07
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Sujet: Re: Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon)
Faut-il effacer le passé pour construire l'avenir ? (with Jessica Gordon)