Qui sait? (Fe)

Sujet: Re: Qui sait? (Fe) Dim 9 Jan - 17:22

Elle l’aimait, Desdémone aimait Bryan, c’était la plus belle chose au monde, il était enfin heureux, sa bonne humeur et sa joie se faisaient ressentir tout au long de la journée, ils décidèrent que le mariage se ferait en petit comité et très rapidement.
Le jeune homme prit le téléphone et composa un numéro, il connaissait beaucoup de monde dans les deux mondes, et en quelques minutes tout fut réglé, il avait prit toutes les dispositions pour que le mariage se fasse au plus vite et avant la fin de la semaine Dess et Bryan seraient unis par ce serment d’amour. Du côté sorcier ils avaient décidé de faire la cérémonie plus tard, pour le moment ils avaient d’autres choses à faire, ils devaient trouver un endroit où habiter sans qu’on les retrouve et ce n’était pas si simple, il fallait changer de Pays, pour les noms, ils garderaient le leur pour l’instant.

Bryan fit découvrir à sa futur épouse les modernités du monde Moldu, l’ordinateur et internet, elle était très douée et en quelques clics, ils trouvèrent une petite maison en Afrique du Sud qu’ils devaient aller visiter et donner les arrhes s’ils étaient satisfait, ils iraient le lendemain.

Le soir venu, Dess alla dans sa chambre pour se changer et Bryan en fit autant, Brutus leur avait fait une surprise et ils devaient se préparer. L’auror arriva donc dans sa chambre et vit que quelque chose avait changé, des vêtements de femmes se trouvaient dans son placard, il rit doucement, son elfe de maison avait voulu faire quelque chose pour les rapprocher, mais lui savait que c’était trop tôt, même si les deux jeune gens s’aimaient, il voulait attendre, pour lui prouver qu’il l’aimait vraiment.
Prenant les vêtements de la miss, il les mit les un sac et les ramena à sa propriétaire. Avant de rentrer dans la chambre, il frappa et quand elle ouvrit la porte il lui montra le sac.

Je crois que Brutus était pressé de nous voir ensemble….. Tiens je crois que ceci t’appartiens !

Il sourit à la miss qui rougit, le remerciant, elle lui promit d’être prête dans quelques minutes.
Une fois dans la salle à manger, les deux futurs époux regardèrent la table, Brutus avait vraiment mit les petits plats dans les grands, tout avait été pensé jusqu’au moindre détail, les chandeliers, la nappe, le vin et même les roses, c’était magnifique. Bryan ne put que sourire face à ça.
A côté de chaque assiette se trouvait un petit paquet cadeau, Brutus entra dans la pièce et dit :

Brutus a fait des économies sur son salaire. Il avait prévu un jour comme celui-ci.

Le maître des lieux regarda la jeune femme et ils ouvrirent chacun leur boite. Un miroir à double sens, c’était vraiment très gentil de la part de la petite créature. Dess très ému embrassa l’elfe et Bryan lui serra la main en déclarant :

C’est si généreux de ta part, merci beaucoup… Tu n’avais pas à faire tout ceci, je sais que tu te sens bien avec moi et maintenant avec Dess et jamais tu ne resteras seul, tu viendras avec nous, tu sais que je ne peux me séparer de toi mon ami…..

Brutus lâcha une petite larme, il était heureux cela se voyait sur son visage.
Une fois le repas terminé, Dess et Bryan allèrent sur le divan et discutèrent e tout et de rien sans se lâcher, il la tenait dans ses bras, c’était si bon d’être à ses côté et de l’écouter parler, jamais il ne s’en passerait.
Au bout de deux heures de discussion, ils allèrent chacun dans leur chambre respective et s’endormir, le lendemain matin ils devaient se lever tôt pour aller visiter leur nouveau nid et visiter la ville de leur nouvelle vie.

Le Cap, ville d'Afrique du Sud bâtie sur les rivages de la Baie de la Table. Le climat y est de type méditerranéen. Les hivers sont doux et humides, et les étés sont chauds et secs. L'ensoleillement est important, les pluies courtes mais violentes. C’était l’endroit le plus propice pour les deux amoureux pour construire leur nouvelle vie.

Un portoloin s’activa et les deux futurs époux se retrouvèrent devant un très joli bâtiment, le propriétaire était déjà sur place et les attendait, il avait un air joyeux et très fier, Bryan sentait qu’il se passait quelque chose, il verrait bien après la visite.
Il avait bien fait de se méfier, car ce bougre de propriétaire voulait vendre à haut prix, mais après la visite, Bryan ne voulait pas acheter si haut, il y avait beaucoup de problème dans le bâtiment, la plomberie était pourrie, le chauffage vétuste et ne parlons même pas de la plomberie, il y avait beaucoup de travaux à faire, alors Bryan s’adressa au propriétaire.

Votre maison n’est pas aux normes, il y des travaux à faire et pas des moindre, si j’achète cette demeure ce sera pour un prix plus bas, je n’en démordrai pas !

L’homme ne voulait en aucun cas vendre son bien pour si peu et une discussion virulente s’engagea, si Bryan n’avait pas vu Dess lever discrètement sa baguette magique pour jeter un sortilège à l’homme, le débat aurait duré des heures.
Quelques heures plus tard, les futurs époux signèrent à bas prix et furent très content de leur acquisition.
Un bon restaurant les accueillit et ils discutèrent des modifications qu’ils feraient pour la maison et de l’endroit où Dess pourrait faire son service traiteur.
La journée passa très vite et une fois de retour en Angleterre, ils ne tardèrent pas à se souhaiter une bonne nuit avec un baiser plein de promesse.

Les préparatifs du mariage allaient bon train et deux jours plus tard, Bryan Green épousa Desdémone Gordon, il n’y avait pas grand monde, mais cela suffisait à leur bonheur.
L’auror avait choisi un collègue de travail et surtout ami pour être son témoin, il savait qu’il avait divorcé de sa première femme pour en épouser une autre et on peut dire qu’ils étaient très heureux, même si Justin Davenport était un peu bizarre en ce moment. Dess avait quant à elle prit Angel Grisham, une jeune femme très belle et veuve beaucoup trop jeune, mais elle n’était pas seule, accompagnée d’un homme qui était très connu dans le monde sorcier, un photographe très réputé.

Les vœux s’échangèrent et tous furent heureux de voir qu’enfin Bryan Green avait trouvé chaussure à son pied. Les invités ne restèrent pas longtemps, laissant les nouveaux époux profiter de ce jour si merveilleux et unique.
On se promit de se revoir et de se donner des nouvelles.

La nuit de noce se déroula dans un chalet que Bryan avait loué pour quelques jours, il fut d’une douceur et d’une patience d’ange, et leur première nuit ensemble fut magnifique, magique même. Ils s’endormirent dans les bras l’un de l’autre épuisés et heureux.
Pendant ces quelques jours ils ne pensèrent à rien d’autre qu’à eux. Sortant sur la plage, ils nagèrent et jouèrent même à qui attrape l’autre, la vie était belle, pas de soucis, pas de contrainte, mais il fallait bien qu’ils redescendent sur terre un jour ou l’autre.

Ma douce, je t’aime tellement que je ferai tout ce qu’il faut pour tu sois heureuse….

Bryan ne cessait de dire à sa femme combien elle était belle et combien il l’aimait, c’était un fait, jamais il ne pourrait se passer d’elle.

Quelques jours plus tard, les deux jeunes époux revinrent en Angleterre pour ranger les dernières affaires, le déménagement était imminent et même si leur demeure en Afrique du Sud n’était pas prête, ils ne se feraient pas de bile pour si peu.

Au Cap, les travaux avançaient à une allure d’enfer et Brutus mettait aussi la main à la pâte, Bryan avait laissé Dess faire un tour d’horizon pour trouver un local pour son nouveau travail, il lui fallait quelque chose de grand et spacieux et il savait parfaitement qu’elle n’aurait aucun souci à trouver son bonheur.
Cette femme était pleine de ressource et savait parfaitement bien se défendre, même si Bryan était inquiet pour elle, il devait la laisser un peu.
Avec son elfe de maison, ils s’activèrent à réparer la plomberie, un peu de magie aidant, ils ne mirent pas très longtemps, ensuite, il s’agissait de remettre en l’état l’électricité, là la magie serait inefficace, il leur fallait prendre un expert en la matière. Mr Green contacta l’un de ses mais qui connaissait pas mal de gens dans ce métier ici, il lui donna un nom et une adresse et sans plus attendre le jeune homme prit sa voiture et s’engagea dans les rue de la ville. Jonathan Grant, un Anglais pur souche et qui était très occupé.
Bryan ne tarda pas à tomber sur un type très grand et de très belle allure.

Mr Grant ?

Oui ! Que puis-je faire pour vous ?

Bonjour, je suis Bryan Green, excusez-moi de vous déranger, mais j’ai quelques petits soucis d’électricité… un ami en commun, Garrett Frigman, m’a donné votre nom.
Si vous avez le temps, pouvez-vous m’accompagner jusqu’à chez moi pour voir de quoi il en retourne ?..... Bien sûr je vous paierai bien et comme cela vous ne perdrez pas d’argent.

Ce vieux Garrett, comment va-t’il ?

Oh il se porte à merveille ! Alors pour mon problème ?

Les amis de Garrett sont mes amis…. Je prends mes outils et j’arrive.

Merci beaucoup, ma femme sera heureuse de pouvoir enfin avoir un peu de lumière !!

Les deux hommes arrivèrent à la demeure des Green et Jonathan regarda de quoi il en retournait, juste au moment où il revint dans le salon, Dess fit son entré dans la pièce, il en fut tout chamboulé et ne la lâcha pas du regard.
Bryan ne tarda pas à faire les présentations.

Ma chérie, je te présente Jonathan Grant, notre électricien.

John, je vous présente mon épouse Desdémone Green.

Les deux jeunes gens se dévisagèrent comme s’ils se connaissaient et se serrèrent la main. Le silence tomba, c’était assez désagréable, Bryan suggéra donc un verre de jus d’orange pour détendre l’atmosphère qui avait l’air d’être électrique….

Sujet: Re: Qui sait? (Fe) Mar 11 Jan - 22:45

Un cadre enchanteur accueillit les frais mariés. Tout y était pour qu’éclate leur amour. Soleil, plage, Mr et Mrs Green baignaient dans l’euphorie du bonheur partagé.
Comme elle s’y était attendue, Dess découvrit en Bryan un amant attentionné et délicat qui lui convenait parfaitement. L’avenir s’annonçait sous les meilleurs auspices.
Ils profitèrent à fond de ce court séjour de détente sachant qu’un boulot conséquent les attendait sous d’autres cieux.

Dess aimait déjà sa nouvelle demeure, même si elle était encore loin de ce qu’elle deviendrait selon les plans prévus.
Pour l’heure, la toiture avait été réparée, murs repeints, plomberie en état, carrelages rénovés. Leur chambre ne possédait qu’un lit simple et une armoire, ils s’en contenteraient pour le moment. L’elfe ne se plaignit pas d’être relégué dans une chambre garnie d’un vieux matelas. Les meubles d’Angleterre venant par bateau, il faudrait s’en contenter.
C’était beaucoup et peu à la fois. Le plus gros problème restait le câblage électrique. Le compteur vétuste ne supporterait pas l’usage intensif qu’on lui réservait.
Apparemment Bryan avait des contacts utiles puisque, via un ami, il dénicha l’adresse d’un excellent électricien qu’il alla quérir.
Pendant ce temps, Dess examina la cuisine actuelle. L’ancienne installation avait été enlevée, la pièce vaste et claire ne demandait qu’un bon récurage. Pendant que Brutus s’activait à briquer les lieux, Dess prit un plan précis de l’espace disponible. Si elle devait s’adresser à un cuisiniste local afin d’obtenir tous les meubles et ustensiles voulus autant lui fournir directement les mesures correctes de l’endroit.

Au bruit dans l’entrée, elle sut que Bryan rentrait. Vu l’échange des voix perçues, il n’était pas seul.
Toute joyeuse d’annoncer à son époux l’avancée de son ouvrage de la matinée, Dess alla à sa rencontre. Pourtant, sur le seuil, elle se figea. On dit que le monde est petit, pour sûr qu’il l’était. Là, en bleu de travail, on coffre à outil en main, se tenait une vieille connaissance.
Apparemment, il était aussi sidéré qu’elle de se rencontrer là.

Ma chérie, je te présente Jonathan Grant, notre électricien. John, je vous présente mon épouse Desdémone Green.

Geste automatique, Dess alla serrer la main du nouveau venu.
Les idées à l’envers, elle ne savait que dire sinon un banal « bonjour »
Pas plus à son aise qu’elle, le grand jeune homme continuait à la dévisager de façon… intense.
Conscient que quelque chose clochait, voulant dérider l’atmosphère, Bryan proposa des jus d’orange qu’il alla chercher dans la glacière. Dès qu’il eut le dos tourné, Dess s’adressa à l’électricien :

Désolée de mon pauvre accueil, je ne m’attendais pas du tout à te voir… ici.

J’avouerai que moi non plus, mais j’en suis ravi. J’ai tellement pensé à toi, depuis…

Il faut oublier ça, Jonathan.

Je n’ai jamais aimé que toi, et…

Le retour de Bryan mit fin à ce bref échange. On but gentiment son verre en discutant des problèmes de câblage. Le propriétaire des lieux entraîna le professionnel visiter la cave et le compteur pendant que Dess retourna à la cuisine, pensive.
Jonathan Grant !
Cela faisait plus de cinq ans que cette histoire avait eu lieu. Cela aurait pu être une belle romance… Si Jonathan ne lui avait pas caché qu’il était marié. Cracmol en goguette à Pré-au Lard, il s’était montré si gentil… Assez isolée, elle avait craqué devant tant de prévenance, d’attentions inédites.
Lorsqu’elle avait découvert ses mensonges, elle l’avait remballé. Il avait eu beau supplier, jurer qu’il divorcerait pour l’épouser, elle n’en crut rien et le rejeta.
Ce qu’il devint ensuite, elle s’en moqua. Profondément blessée, à partir de là, Dess se montra beaucoup plus méfiante dans ses relations avec la gent masculine.

Bryan remonta de la cave l’informer des décisions de Grant. Il fallait effectivement refaire les circuits. Le temps de commander les pièces, une équipe d’ouvriers viendrait d’ici la fin de la semaine remettre tout aux normes. L’estimation du devis satisfaisait Bryan. Il allait raccompagner Jonathan en ville, Dess sauta sur l’occasion :

Je dois passer chez le cuisiniste. On le dépose et on y va, d’accord ?

L’électricien s’installa devant, Dess à l’arrière du gros 4/4 de location.
Chemin faisant, Jonathan l’ouvrit peu mais bien :

C’est vraiment une belle propriété que vous avez acquise, là ! Quand elle sera en activité, je ferai sûrement souvent appel à vos services. J’adore les bons petits plats mais n’ai plus personne pour m’en préparer… j’ai divorcé…

Pensait-il éveiller l’intérêt de Mrs Green ? Raté.

*ça fera un client d’assuré !*

Qu’est-ce qu’il s’imaginait ? Qu’elle allait lui retomber dans les bras ? Il pouvait courir !

On se serra la main devant la boutique de Grant, Dess s’assit à l’avant. Maintenant qu’elle connaissait mieux son mari, Dess devinait qu’il flairait quelque chose d’anormal. Elle le sentait tendu mais il ne l’interrogea pas. En soupirant, elle se lança :

Tu dois t’en douter : je connais ce type. Nous avons été amants il y a longtemps. J’ai été très surprise de le revoir ici. C’est de l’histoire ancienne, mon chéri. Du moment qu’il fait un boulot correct à bon prix, le reste on s’en fout, hein ?... C’est vrai, je ne l’ai pas dit tout de suite parce que… J’en sais rien. Parce que j’étais sciée, je suppose.

Elle lui narra les grandes lignes de sa liaison en minimisant toutefois la place qu’avait occupée Jonathan dans son cœur et les ravages causés par cette tromperie. Posant sa main sur la sienne, elle lui offrit un magnifique sourire.

Le magasin des professionnels de l’art culinaire les reçut aimablement. Le patron félicita Dess pour le plan remis ainsi qu’une liste pointue de détails :

On voit que vous connaissez la partie, Madame. Vous avez déjà des idées bien précises sur ce qu’il vous faut : notre travail n’en sera que facilité.

La discussion dura un bon moment pour choisir les divers plans de cuisson, fours, frigidaires et autres ustensiles. On allait se quitter sur un verre de concorde quand le patron fit des commentaires, posa des questions et émit des suggestions :

Je vois bien de quelle propriété il s’agit. Beau coin, pas à dire. Un bon potentiel pour un service traiteur de pointe. Il va vous falloir du personnel, pour que ça roule… des camionnettes de livraison aussi. Vous ne comptez pas ouvrir de tables ? C’est dommage… Toutes vos autorisations sont en règles, je suppose ?

Dess tiqua:

J’ai mes diplômes anglais…

Certes, elle avait une licence… sorcière. Ça ne suffirait sûrement pas. Comme de juste, le patron leva les bras au ciel :

Pas de patente, ni d’accès à la profession ? Ben, ma petite dame, c’est pas demain que vous pourrez exercer. On est pointilleux ici ! Si vous n’avez pas les autorisations requises, vos concurrents feront fermer votre établissement avant son ouverture !

Vous croyez ? Mais… comment on les obtient ces autorisations ?

Ben… si on n’a pas suivi les cours, il faut passer des examens auprès de la commission d’octroi… Ils sont très durs…

La grimace du patron en disait long.
Dess leva un regard angoissé sur son époux qui l’étreignit tendrement, lui assurant que ça irait.
Une fois un rendez-vous pris avec le cuisiniste pour visiter leur maison afin de peaufiner la future installation, les Green marchèrent un peu dans les rues de Strand.
Le découragement de Dess était tellement perceptible que Bryan l’invita à boire un verre dans un bar. En attendant leur commande, elle soupira :

On aurait dû y penser… Si ça tombe, je serai recalée et alors…c’est fichu de nos projets.

Il la charia un peu, vantant ses talents, tentant de lui redonner le moral. Il était tellement enthousiaste qu’elle finit par rire.

A t’entendre on croirait que je suis Paul Bocuse ! Oh, regarde, ils font cyber café. Nous n’avons pas encore internet. On pourrait peut-être voir en quoi consistent ces examens ?

Il agréa et loua l’accès pour une heure.
Installé au clavier, Dess à ses côtés, Bryan pianota longuement avant de tomber sur le site voulu.
Renseignements pris, ce ne serait pas de la tarte. Les inscriptions étaient ouvertes toute l’année. Un examen de base théorique réussi ouvrait l’entrée à la pratique. Quand Dess lut des exemples de questions, elle blêmit.

Je connais pas tout ça ! J’agis d’instinct, moi !... Apprendre ? Tu veux que je retourne à l’école ou quoi ? … Tu me procureras les livres, me feras réviser ? Mais…

Dans le fond, pourquoi pas ? La jeune femme avait toujours eu une excellente mémoire. Magie aidant… tout était possible.
Rassérénée par l’enthousiasme de Bryan, les époux imprimèrent plusieurs pages de références puis, comme des collégiens, ils filèrent à la bibliothèque la plus proche.

Encombrés de bouquins, ils rentrèrent chez eux. Avec les moyens du bord, Brutus leur avait préparé un fameux dîner. Puisqu’ils avaient sauté le déjeuner, ils dévorèrent joyeusement la volaille en verdure puis l’étude commença.
Assise sur un vieux canapé défoncé, à la lueur des bougies, Dess s’instruisit. Sa potion de lecture express facilita sa tâche. Durant les heures studieuses de sa femme, Bryan s’occupa des livres de comptes. Il avait fallu transformer une fortune de gallions en rands. Même si Gringotts avait pris sa commission, ils n’avaient pas grand souci à se faire mais autant prouver la salubrité d’une affaire au cas où.

Vers 23 heures, Dess se sentit prête à subir un premier assaut de questions.

Vas-y. Plonge dans ce bouquin, demande-moi ce que tu veux. Tu as lu comme moi le genre de trucs qui les botte… Le muscadet sur lie ? Euh… Ben on l’appelle comme ça parce que, par hasard, un paysan a vinifié son muscadet en le laissant le vin dans sa lie de fermentation un seul hiver avant mise en bouteille… Le sandwiche ? Tu passe du coq à l’âne mon chéri mais c’est parfait.

Elle récita tout ce qu’elle venait d’apprendre au sujet des origines de cette façon de manger partout sur place sans trop se salir les doigts. Cher John Montagu, 4ème comte du nom Sandwiche, que serions-nous sans vous...

Bryan la poussa de questions en questions. Pas de doute, elle avait appris et retenu le bouquin par cœur.
La semaine se passa ainsi entre études accélérées et surveillance des travaux. Si Jonathan Grant vint diriger la restauration du câblage, elle l’évita soigneusement, restant enfermée dans sa chambre avec ses livres. Tous les soirs, Bryan jouait à l’interrogateur, se surprenant de la mémoire de Dess. Elle trichait un peu mais le jeu en valait la chandelle.
Les meubles arrivèrent enfin, Mr Green réceptionna ses biens. Les époux firent la fête dans les pièces aménagées convenablement.

L’inscription de Dess se déroula très banalement, l’examen fut fixé pour la semaine suivante.
Elle s’épuisait à la tâche et Bryan la rouspétait doucement quand il la retrouvait parfois endormie le nez sur ses livres.
Le jour J, le stress devint si intense qu’elle accepta un sort apaisant de la part de son mari.
Ils étaient cinq à se présenter à cet examen, Dess serait la dernière à passer.
Le 1er candidat ressortit avec une mine jusque par terre en jurant tel un charretier à l’encontre des examinateurs :

Sont des malades ! Je veux juste ouvrir une sandwicherie, qu’ai-je besoin de savoir quel vin doit accompagner les ris de veaux ?

Les uns après les autres, jeunes ou plus âgés, les postulants défilèrent. Aucun ne semblait satisfait, la 4ème pleurait toutes les larmes de son corps en vidant les lieux.

J’y vais pas, c'est pas la peine, paniqua Dess.

Son adorable époux, la réconfortant, la poussa presque dans la pièce où trônaient quatre imposants personnages : deux hommes et femmes.
Présentations effectuées, un feu nourri de questions fusa ainsi que la présentation d’objets :

A qui doit-on la découverte de la crème Chantilly ?

François Vatel, en 1661.

A quoi sert ce couteau ?

À désosser.

Quelle est la capacité d’un jéroboam ?

Trois litres.

Et ainsi de suite. On passait des ustensiles aux questions d’Histoire à une vitesse hallucinante.
Un profond silence régna après une demi-heure de mitraillage. Dess tanguait presque sur ses jambes avec le relâchement de la tension. Un conciliabule s’échangea entre les quatre examinateurs puis, enfin, la présidente sourit :

Félicitation, Mrs Green. Nous vous attendons mardi prochain aux cuisines.

Elle remercia et s’envola se suspendre au cou d’un Bryan très fier d’elle.

J’ai réussi !, j’ai réussi !

Il la fit tournoyer en riant aux éclats.

On refit la fête, des projets plein la tête même si celle-ci tournait un peu à cause du vin versé.

Je vais devoir m’entraîner pour mardi ! Quel dommage que la cuisine ne soit pas encore installée… On aurait dû commander en Angleterre, chez un sorcier… Oui, évidemment, on risquait d’être hors normes…

Comment s’entraîner à la grande cuisine quand on ne dispose en tout et pour tout que de deux becs de gaz… ? Louer du matériel serait folie, il en fallait tellement. La solution ce fut Jonathan Grant qui la trouva…
Il venait tous les jours surveiller ses ouvriers dans la nouvelle installation, et mettait allègrement la main à la pâte au besoin. Dess, enfin sortie de ses livres, osa quitter sa réserve vis-à-vis de lui puisqu’aucun secret ne persistait.
Ils discutaient à trois sur les emplacements des prises de courant de la cuisine ( selon les plans du fournisseur) quand Jonathan perçut la déception de Dess sur son manque d’équipement :

Tu sais, le restaurant No Sense de Captown cherche une aide efficace. Je l’ai su par hasard, en allant arranger un truc chez eux. Depuis que la patronne est partie, ça va moins bien… Ils cherchent un chef… Je sais que tu en es capable.

Bryan appuya ces dires si bien que le lendemain, Mrs Green se retrouva dans la grande ville.
Le No Sense n’offrait pas une salle immense. Seuls des privilégiés pouvaient briguer une table en cet endroit sélect. Lorsque Bryan apprit que ce restaurant avait appartenu à Samantha Forrester, il ne manqua pas de noter la coïncidence.

Cette femme est celle qui accompagnait ton copain Davenport à notre mariage ?

La remarque ne tomba pas dans l’oreille de sourds, ce fut un sésame. Si les Green connaissaient les Davenport, ils avaient carte blanche. Il leur fallut donner des nouvelles de ce couple dont tous se souvenaient mais Dess gagna l’accès direct aux cuisines.
Ses talent furent immédiatement reconnus par maître François qui se frotta les mains en douce : les affaires allaient reprendre…

Ces quelques jours passés au No Sense plurent beaucoup à Dess. Elle se défoula en toute joie de cœur pendant que Bryan supervisait les travaux intérieurs. Ce qui embarrassait le plus Mrs Green, outre le fait de passer peu de temps avec son mari, était la restriction de la magie dans ses actes. Heureusement qu’elle aimait les méthodes traditionnelles ! Cependant l’œil exercé de François devina son secret. Il ne s’en formalisa pas, assurant qu’avec Sam et Justin il était au courant de certaines pratiques. N’empêche que devant ses futurs examinateurs, il vaudrait mieux s’abstenir.

Vint le mardi.
Pimpante dans sa tenue stricte - tablier immaculé, cheveux noués sous une toque plate – Dess affronta les fourneaux.
En un temps record, non précisé, elle devait réaliser un menu 4 services : velouté de courgettes, coquilles St Jacques, côtes d’agneau avec garniture et mousse aux fruits rouges.
C’était du gâteau !
Oui, elle tricha un peu avec la potion d’accélération de mouvements. Les vérificateurs furent stupéfaits de la dextérité de la dame. En un quart d’heure, chrono en main, elle terminait sa décoration d’assiettes et attendit le verdict des goûteurs.
Ils sourirent aux anges à chaque bouchées, commentant ici ou là l’originalité des saveurs rencontrées.
Que de compliments !
Jamais ils ne surent avoir savouré du suc de salamandre de feu, des larmes d’hippogriffe et de l’essence de polypore hexagonal…

La patente fut accrochée bien en évidence au-dessus du bureau de réception des commandes.
Tout était installé. Noël et ses fastes approchaient. La nouvelle vie pouvait débuter.

» « Quand la haine respire le sang, elle ne sait se dissimuler. »
» Fred ~ Tout le monde sait parler troll, il suffit de grogner en montrant du doigt.