« Il suffit d'un souffle de haine pour commencer une guerre. »

Cela semblait être une éternité depuis la dernière fois que Eryn Peters s'était rendue à Pré au Lard. Depuis que le Mangemort Aaron Smith l'avait attaquée dans sa chambre d'hôtel aux Trois Balais. Il était clair que depuis ce jour, la sorcière ne pouvait plus y vivre tranquillement. Certes, elle n'y avait jamais vécu tranquillement et maintenant qu'elle y pensait toute sa vie avait été pleine de rebondissements. Mais aux Trois Balais, elle avait trouvé pour la première fois depuis la mort de Jackson un foyer, un endroit où rentrer. Maintenant la rouquine se contentait d'errer d'un hôtel à l'autre, de changer sans cesse de nom. Il était impossible de la retrouver. Ou sinon, il fallait avoir eu la chance de l'apercevoir à un point et ne plus la quitter des yeux ne serait-ce qu'une seconde. Eryn aurait pu tenir ainsi un long moment si depuis sa mission avec Peter Adams, elle n'avait pas prit pour habitude ces trois dernières semaines de prendre régulièrement l'apparence de l'Auror Margareth Townsend, une vraie cruche au Ministère. La première fois que la rouquine l'avait fait, ça avait semblé être une occasion en or de participer discrètement à une mission en compagnie de Peter. Mais malgré elle, c'était devenu une sorte d'habitude. Dès que Margareth et lui devaient travailler ensemble, Eryn la bâillonnait dans son appartement, lui piquait quelques cheveux et tournait les talons sous l'apparence d'une grande et magnifique blonde.

Cependant Eryn elle même ne pouvait le nier, être dans la peau d'une Auror ouvrait tellement plus de portes. Lorsqu'elle posait des questions, on lui répondait sans hésiter, du moins trop longtemps, et ses menaces étaient prises plus rapidement au sérieux bien que la jeune femme ne puisse s'empêcher de penser qu'elle ferait très certainement meilleure impression dans un corps moins beau, moins agréable à regarder. Car Margareth était loin d'être une femme repoussante et Eryn regrettait que ses yeux dégagent autant de douceur et de naïveté, ce n'était pas très convainquant lorsque l'on menaçait. Néanmoins, cette couverture n'en restait pas moins terriblement utile. Et puis, lorsqu'elle n'était plus elle même, Eryn réalisait alors que Peter arrivait à mieux travailler en sa présence, à mieux se concentrer. Son professionnalisme rappelait la rouquine à l'ordre qui alors se mettait également au travail. Cependant Peter avait toujours la même apparence lui, il était toujours aussi beau, aussi désirable et ressentir tout ça pour faisait toujours autant souffrir Eryn. C'était tellement compliqué ! Elle en était pourtant arrivée à un stade où elle estimait avoir assez souffert, avoir assez donné pour mériter une part de bonheur, même si celle-ci devait se trouver dans les bras de Peter Adams, le meilleur ami de son défunt mari. Et pourtant... Même après ces trois semaines, même après les quelques courtes occasions où ils s'étaient vu pour parler affaires au Ministère, Eryn n'était pas parvenue à relancer le sujet sur ce qui avait manqué de se passer en France. Ce qu'ils avaient faillit faire si Lilith n'avait pas pleuré...

La rouquine aujourd'hui blonde sautilla sur place, les mains enfoncées dans les poches de sa cape. Quand elle expira, une fumée blanche sorti de sa bouche, indiquant clairement la faible température environnante. Il était vraiment temps pour elle qu'elle se concentre. C'était fou comme dès l'instant que l'action baissait, dès qu'elle avait l'occasion de laisser son esprit divaguer, Eryn se remettait à penser à Peter, à ce qu'elle ressentait pour lui avant de finalement tout balancer de peur de mettre un nom sur ses sentiments pour lui. Un nom qu'elle redoutait tout particulièrement car interdit. Il faisait un froid de canard à Pré au Lard ce jour là. La neige avait commencé à tomber la veille colorant progressivement le village de blanc. C'était tellement beau à regarder, plein de souvenirs. Eryn avait eu des rendez-vous amoureux ici, elle avait eu des fous rires, des crises de colère. La colline face à la Cabane Hurlante était son endroit préféré parmi tous et c'était surement pour ça qu'elle avait donné rendez vous ici. Avec impatience elle regarda l'heure sur sa montre se demandant combien de temps encore mettrait son contact pour venir la retrouver. Les échanges d'informations étaient le moment qu'elle préférait mais aussi qu'elle détestait le plus. Soit c'était fructueux et une piste s'ouvrait à nous, soit ça se passait mal et ça terminait en bagarre, en dispute et autres. Jamais Eryn n'avait eu d'autres alternatives. Sautillant, soupirant, la sorcière sorti sa baguette et forma une petite flamme dans les airs qu'elle encadra de ses mains comme pour les réchauffer.

Le vent glacé vint balayer les longs cheveux blonds de la sorcière faisant rosir un peu plus ses joues par le froid. Eryn regardait un peu partout autour d'elle, se demandant encore combien de temps mettrait son contact. Et dire qu'elle était arrivée en retard, finalement elle s'était fait avoir. Soudain, la jeune femme songea à une autre possibilité. Baguette en main, elle laissa la flamme s'éteindre dans les airs et baissa les yeux vers le sol, à la recherche de traces de pas. Il y avait les siennes dans la neige naissante et maintenant qu'elle y faisait vraiment attention, elle réalisa que visiblement seulement une autre personne avant elle était venue ici depuis. Il n'y avait que des traces d'animaux, des chiens quelque chose dans ce genre là. Eryn tenta de suivre les traces de pas mais elles s'arrêtaient à la lisière des bois. Mais ce qui fut perturbant fut les traces d'animaux qui suivaient celles d'humain. Là où les pas de l'homme – à la taille des empruntes – s'arrêtaient, celle de l'animal aussi. Et là commençaient d'autres empruntes. Humaines.

Eryn retint son souffle, comprenant alors que cette animal qui avait foulé la neige au petit matin à Pré au Lard n'était pas un simple animal. N'étant pas préparée et n'ayant pas envie de s'attarder dans un piège tendu alors que personne n'était au courant qu'elle se trouvait ici la jeune femme s'éloigna de la lisière des bois rapidement et fit demi tour pour partir de la colline face à la Cabane Hurlante. Mais à peine eut-elle fait trois pas que Eryn se retrouva face à un renard qui se tenait là, à quelques mètres d'elle et trop calme pour être un simple animal. Eryn respira rapidement, son cœur battant la chamade avant d'avoir pour seul réflexe :

« EXPULSO ! » lança-t-elle, espérant sincèrement qu'elle venait d'attaquer un pauvre petit renard sans défense et non un Mangemort redoutable. A moins que ça ne soit son contact... ?

Eryn aurait très bien pu transplaner et laisser ce renard derrière elle. Mais parce qu'il semblait différent des autres – à moins qu'elle ne se fasse de sérieux films – la sorcière savait qu'il y allait y avoir de l'action. En général, dans ce genre de cas, elle souriait, fonçant les yeux fermés dans le tas espérant atteindre un maximum de monde et s'en sortir indemne si possible. Cependant ce n'était plus son cas. Pourquoi ? Parce qu'il y avait quelques mois de cela, Eryn n'avait encore rien à perdre, rien la rattachant à ce monde. Mais maintenant... maintenant... Il y avait Peter. Aussi tordue, complexe, illégitime soit leur relations aujourd'hui encore inqualifiable, la jeune femme rousse ne pouvait s'empêcher de penser à lui à chaque fois qu'elle pensait à la mort. Et si l'un des deux venait à partir, que deviendrait l'autre ? Car sans parler d'amour, il leur restait leur amitié, la seule chose les rendant encore ne serait-ce qu'un peu humains.

Après avoir esquivé le sort, Eryn eu la très nette impression que ce renard n'en était définitivement pas un. Pour cause, ce fut lorsqu'il se planta face à elle et qu'il se transforma rapidement en un humain que la sorcière eu enfin confirmation. En voyant le visage de son nouvel adversaire, Eryn se redit et serra des dents. Une femme. Pour avoir eu que très peu d'ennemies de cette catégorie, la rouquine savait à quel point elles étaient redoutables. Les femmes Mangemortes ou même simplement assoiffées de haine comme Eryn elle même étaient encore plus redoutables que douze hommes. Plus méticuleuses, sadiques, efficaces. La sorcière rousse redressa les épaules et observa la femme en face d'elle. Grande, les cheveux d'un noir si profond qu'ils auraient put être une rivière d'encre de chine, des yeux pourtant pétillants, une bouche délicieuse. Combien étaient morts après avoir une une vision si belle ? Eryn ferma les yeux un instant et visualisa le visage de Jackson. Si elle devait mourir, ce serait sur cette pensée qu'elle le ferait, aucune autre.

Après tout, cette femme n'était peut être pas une Mangemorte ? D'accord à la manière qu'elle avait de se tenir et de regarder Eryn il était fort probable que ce soit effectivement le cas mais il fallait admettre que sur ce coup c'était la rouquine qui avait agit avec maladresse en attaquant directement... « Tu n'aurais jamais dû faire ça ... » Eryn eu tout juste le temps de plonger à terre pour éviter l'éclair vert. Bon, cette femme était définitivement une Mangemorte. Soit, ce serait un combat à mort. Les mains dans la neige, la jeune femme se redressa au plus vite, jurant de se battre dans de telles conditions. C'était tellement facile de glisser bêtement, de mourir bêtement. Une expression de fureur certaine, la rouquine lança un autre sort avant même d'être à nouveau en position de combat. « STUPETIX ! » la jeune femme profita des quelques secondes qui s'offraient à elle pour se redresser et se mettre à couvert, ne désirant pas se battre de front contre une Mangemorte dont elle ne savait rien. Derrière un arbre, la rouquine se montrait de temps en temps et lançait un autre stupéfix, refusant de la tuer. Les Mangemorts étaient rares à capturer, surtout si dans ce cas, ils sont seuls.

Eryn passa la tête et lança un autre sort. « Diffindo ! » dans le but de blesser la jeune femme. Ce n'était qu'une coupure profonde mais avec ce temps, avec ce froid, il était clair que la douleur n'en était qu'intensifier. Eryn se refusait d'utiliser les sortilèges Impardonnables car refusant d'admettre qu'elle était descendue à l'échelle des Mangemorts. Profitant du fait que la magnifique jeune femme brune évite le sort, Eryn leva sa baguette à nouveau et d'un grand geste du bras fit décoller la neige se trouvant aux pieds de la Mangemorte pour lui envoyer en plein visage, l'aveuglant momentanément. Eryn transplana et se retrouva juste derrière sa victime une seconde plus tard évitant le plus possible de se retrouver face à elle, comme si la rouquine sentait que si elle se trouvait dans le champ de vision de la Mangemorte, elle n'aurait pas toutes ses chances de survie. Derrière elle, Eryn passa son bras autour de son cou pour la bloquer et frappa l'articulation de sa jambe droite, forçant ainsi la Mangemorte à la plier et se retrouver un genoux à terre. C'était caractéristique de Eryn. Dans chacun de ses combats, d'un moment à l'autre, elle finissant toujours par avoir recourt au corps à corps. La Mangemorte entre ses mains, la rouquine rejeta ses longs cheveux blonds d'un geste de la tête et parla à l'oreille de la brunette.

« Quel est ton nom et qui t'envoie me tuer ? » Voldemort évidemment, mais Eryn voulait connaître le nom des hommes et femmes qui étaient à son service.