Un fantôme surgit du passé (feat Elena)

La journée avait plutôt bien commencée pour Elena. Ce jour-là, la jeune femme avait à charge une stagiaire en début de formation. Cette situation l’arrangerait franchement, elle n’aurait pas à être avec William ce matin. Depuis quelques temps, leur bonne entente s’était dégradée … enfin ils ne se parlaient presque plus depuis leur « erreur » de la semaine dernière. Jusque là, Elena s’était obligée à ne plus y penser pendant le travail mais le souvenir d’elle et son collègue, ses mains si douces, ses baisers lui faisant perdre pied revenaient la hanter beaucoup trop souvent pour que ça ne l’affecte pas. Pourtant, elle voulait vraiment que ça ne compte pas à ses yeux mais elle n’arrêtait pas d’y penser. Et puis, soyons honnête, sa relation avec William était assez ambiguë. Maintes fois ses collègues lui avaient fait la remarque, ou combien de fois avaient-ils été regardés étrangement. Souvent, ils n’avaient pas besoin de mots pour se comprendre, ils savaient aussi beaucoup de choses l’un de l’autre et …. Un homme et une femme coéquipiers, ça faisait beaucoup d’étincelles ! Elena se souvint de deux collègues à elle, Mikael et Rosy, deux coéquipiers aussi. A leur première rencontre, ils ne s’étaient pas vraiment entendus et Rosy l’avait même insultée de tous les noms possibles et imaginables. Puis, au fil du temps, ils étaient devenus amis, meilleurs amis et aujourd’hui ils étaient mariés et avaient trois enfants ensemble ….

Mais d’ailleurs, pourquoi pensait-elle à Mikael et Rosy ?! La relation qu’elle avait avec William était totalement différente et puis William était marié …. Ce qui ne les avaient pas empêchés de faire ce qu’ils avaient fait mais cela ne voulait pas obligatoirement dire qu’ils étaient tombés amoureux l’un de l’autre. C’état totalement impossible de toute façon …

Une main sur son bras la sortit de ses pensées. C’était sa stagiaire qui lui disait qu’elle venait de recevoir une note. Sans un mot elle la saisit.

« On doit aller à l’allée des Embrumes : une bagarre qui tourne mal ! »

Elena se leva d’un bon et fit signe à sa stagiaire de la suivre ….

Les deux femmes transplanèrent sur le chemin de traverse et d’un pas parfaitement calme se dirigèrent vers l’allée de Embrumes. Seulement, la bagarre ne se fit pas du tout dans le calme et dans la panique, la stagiaire d’Elena, Iris perdit le contrôle et faillit être blessée. Heureusement pour elle, Elena eut le reflexe de lui jeter un sort et elle atterrit seulement sur des poubelles. Pour Elena par contre, ce fut une autre histoire. Etant donné que les deux femmes s’étaient fait repérer, un sorcier aux cheveux violet l’envoya valser contre un mur pour ensuite transplaner avec sa victime, laissant Elena et sa stagiaire seules.

« GOWNO !!! »
Merde !

Hurla-t-elle de rage tout en se relevant. Mais la seconde qui suivit, ce fut un cri de douleur qui brisa le silence de la ruelle. Elena se releva avec difficulté alors qu’Iris essayait de l’aider.

« Par Merlin, ça va ? Tu as quelque chose de cassé ? »

« Je crois oui. » Répondit Elena en grimaçant de douleur. « Tu vas t’accrocher à mon bras et on va transplaner à Ste Mangouste, tu te feras aussi examiner par un médecin, je ne sais pas si je t’ai fait mal en te jetant sur la poubelle. »

Le transplanage ne dura même pas une seconde mais parut durer une éternité pour Elena qui souffrait comme elle n’avait pas souffert depuis longtemps. Mais elle ne dit rien et encaissa le choc … et surtout la vive douleur qui la transperça lors de l’atterrissage. Elle s’avança à l’accueil de l’hopital et se présenta comme auror en fonction. En premier, elle s’assura que sa stagiaire soit soignée et lui ordonna d’aller juste après au bureau des aurors pour demander à Paul de rentrer chez elle. Iris ne rechigna pas et suivit la médicomage qui était venue la chercher. Enfin, elle finit par demander à voir elle aussi un médicomage pour sa blessure. La secrétaire l’amena dans une salle d’auscultation. Le plus dur pour Elena fut de s’allonger et après ça, elle n’osa plus bouger de pur de se faire encore plus mal.
Le médicomage ne tarda pas à venir. Tant mieux, elle ne comptait pas attendre tout l’après-midi, elle se serait elle-même une potion anti-douleur s’il le fallait !

" - Bonjour, c'est moi qui m'occupe de vous aujourd'hui "

Immédiatement, Elena remarqua l’accent du docteur et sut qu’elle n’était pas anglaise. Elle se souvenait qu’elle roulait beaucoup les « r » elle aussi quand elle était arrivée en Angleterre et qu’elle ne connaissait pas bien la langue locale.

" - Vous êtes auror n'est-ce pas ? Pas besoin de vous demander comment cela vous est arrivé "

Elena soupira longuement et ferma les yeux alors que la médicomage s’approchait d’elle. Plus les minutes passaient, plus elle sentait que même respirer lui faisait mal.

« J’ai voulu défendre une stagiaire qui allait être attaquée par un mangemort et finalement, c’est moi qui a été ejecté contre un mur. Je crois, » dit Elena en grimaçant et en se tenant les côtes, « même si je ne suis pas médecin, que je dois avoir une cote ou deux de cassées. J’ai déjà eu ce genre de blessure et … »

Elena ne réussit pas à continuer sa phrase. Elle venait d’ouvrir les yeux. La jeune femme avait voulu connaître l’identité du médecin et elle tomba de haut.

« Ania ? »

La stupeur se lisait sur le visage d’Elena , elle n’arrivait pas à dire autre chose. Les mots étaient coincés dans sa gorge tant l’émotion était forte pour elle.

« J’arrive pas y croire ! »

Ce qu’on pouvait dire c’était qu’Ania savait mettre en confiance ses patients et qu’elle ne mentait … du moins, c’était ce que pensait Elena vu que son amie n’avait pas encore préparé la potion. Elle était toute aussi ébahie qu’elle. En même temps, après toutes ces années, il y avait de quoi non ? Pas loin de 20 ans avaient passé mais leur amitié, elle, ou est-ce qu’elle en était ? Surement au fin fond du sous-sol. Et puis, en même temps, Elena la comprenait. La jeune femme était partie comme ça du jour au lendemain, sans lui dire ou elle allait. Elena avait juste voulu protéger Ania en ne lui disant rien mais elle avait vite réalisé qu’elle avait fait une erreur monumentale en lui cachant ce départ.

Du coup, lorsqu’elle était arrivée en Angleterre, elle n’avait pas osé envoyé de lettre à Ania. Elle s’était dit qu’elle ferait ça plus tard, et puis, elle a du apprendre l’anglais, ensuite il y a eu l’entrée à Poudlard. Bien sur, elle n’a jamais oublié sa meilleure amie, elle ne pourrait jamais l’oublier ! Avant son départ, elles étaient comme deux sœur, deux doigts de la main, et – c’était peut être idiot – mais elles avaient le même deuxième prénom : Irina. Et lorsqu’on a 10 ans et qu’on l’apprend ce n’est pas rien, croyez-moi !!!

" - Elena ? Elena c'est ... enfin je ... mais comment ... ? "

« Ania mais … Tu travailles ici depuis longtemps ? Enfin je veux dire … »

Non, en fait, elle ne savait pas trop ce qu’elle voulait dire. Il lui fallait le temps de digérer ces informations ; d’assimiler le fait que sa meilleure amie - pour elle, elle l’était toujours en tout cas même après toutes ces années – revienne dans sa vie. Elena essaya de se redresser tant bien que mal mais les douleurs dans ses côtes la rappelèrent à l’ordre assez vite. Mais il fallait aussi qu’elle soit réaliste, Ania devait la détester après toutes ces années de ne pas lui avoir dit qu’elle partait pour l’Angleterre.

Se laissant aller sur le brancard, elle poussa un long soupir qui la fit grimacer de douleur :

« Tu dois me détester d’être partie comme ça, Ania. Quand ma mère a annoncé notre départ, deux jours avant, je n’ai pas osé te le dire. Mais j’en étais malade … je regrette de ne pas te l’avoir dit mais j’avais tellement de la peine de partir comme ça, du jour au lendemain et puis … Et puis j’ai voulu t’envoyer des lettes mais après j’ai … euh ... pas osé après m’être si mal comportée. »

Elle essayait vraiment d’être la plus franche possible avec elle, de lui dire ce qui s’était vraiment passé ! Elle regrettait réellement, mais elle connaissait aussi Ania ! Enfin, à l’époque du moins et elle savait qu’elles étaient pareilles toutes les deux et pardonner n’était pas facile pour elle. Pour la première fois de sa vie, Elena aurait aimé que sa meilleure amie soit différente d’elle sur ce point, mais en même temps, peut-on vraiment changer en 20 ans ? Elena ne le croyait pas et elle n’allait certainement pas tarder à le savoir avec Ania.