what's the prob, dog? ((adam)) | tw: deuil

Peut-être que t’aurais mieux fait de ne tout simplement pas te lever ce matin, t’aurais bien pu prendre congé et essayer de juste dormir toute la journée pour la faire passer plus rapidement, si tu n’avais pas horreur de traîner au lit en plus de savoir pertinemment que tu serais incapable de dormir autant d’heures d’affilée. T’aurais juste réussi à ne pas fermer l’œil de la nuit et d’être d’une humeur exécrable toute la journée. En plus Erin ne travaillait pas aujourd’hui et tu n’avais pas franchement envie de lui imposer ça non plus. Entre la charrier comme en temps normal et être sur les nerfs à deux doigts de sortir quelque chose que tu regretterais très certainement dans quelques jours, voir même déjà dès demain.

La date n’était pas anodine, ton humeur massacrante non plus. Chaque année c’était la même chose, depuis vingt ans maintenant, jour pour jour. Vingt ans que Misam n’était plus, que ta sœur avait tout bonnement quitté cette terre. Vingt ans que t’avalais pas complètement la nouvelle, que tu gardais cette amertûme sans vraiment pouvoir y faire quoique ce soit. Et foncièrement, il n’y avait rien à faire, si ce n’était t’occuper l’esprit en attendant que ça se calme.

Tu t’étais rendu à Sainte-Mangouste bien plus tôt que tu ne l’aurais dû, mais ce n’était pas comme si vous manquiez de personnel et qu’un peu de main d’œuvre supplémentaire n’était pas la bienvenue non plus. Et tant qu’on ne te demandait pas de tenir le crachoir pendant trois heures aux patients, tout devrait plutôt bien se passer. Tant qu’on ne venait pas t’emmerder tout court, en fait. T’avais pas la patience et encore moins le courage de tenir ne serait-ce qu’un semblant de masque avec qui que ce soit, t’avais royalement envoyé balader le premier de tes collègues qui était venu te demander tu-ne-savais-quelle connerie, et après le quatrième semblerait-il que le message avait fait le tour du service, et tu n’avais plus revu l’ombre d’un quelconque boulet.

T’avais bien dû te résoudre à aller vers eux une fois que t’en avais totalement fini avec tes patients, il était hors de question que tu ne te mettes à te tourner les pouces. Et t’aurais pu être bien plus efficace encore un temps, si on ne t’avait pas forcé à ralentir le rythme et à prendre une pause à midi. C’était bien la première fois qu’on te faisait le coup d’ailleurs, les jours où vous étiez plus débordés ça ne semblait déranger personne étrangement, que vous sautiez ce moment pour finir ce qu’il vous restait à faire. T’avais bien essayé la technique de faire sourde oreille, ce qui n’avait fonctionné que quelques minutes supplémentaire avant que ton supérieur ne revienne à la charge.

C’était véritablement à contre-cœur que t’avais été jusqu’à la cafétéria, t’installant à la première table totalement vide, entamant ta salade en jetant un regard assassin au premier qui démontrait une envie de venir s’installer près de toi, ne pouvant t’empêcher de te faire la réflexion que boire n’importe quel alcool aurait été bien plus efficace que d’essayer de passer ses nerfs sur des pauvres feuilles qui avaient de plus en plus mauvaise mine. Peut-être que ça avait été un signe du destin, une offrande de Merlin que d’avoir un péquenaud qui n’avait pas eu l’air de réagir à ton regard empli d’animosité. Il fallait dire que Trelawney serait un bien meilleur punching-ball sur lequel se décharger que ton repas qui avait encore moins demandé quoique ce soit. T’avais haussé un sourcil, plus que sceptique en voyant qu’il ne se démontait pas, suivi d’un soupire plus qu’ostensible. « Je n’ai pas le temps pour vos simagrées Trelawney, si vous voulez vous rendre réellement utile, vous pouvez toujours essayer de changer de métier, il doit bien y avoir quelque chose que vous faites correctement, hm ? »

pour les lecteurs.trices qui passeraient par là :

what's the prob, dog? -  @Eltanin M. Rosier

Il le savait avant même de se lever, comme une certitude qui s'était ancrée dans ses os : ce jour ne sera pas une bonne journée. Le réveil moldu qu'il avait à côté de son lit indiquait 04:02. Le bon sens lui dictait d'essayer de se rendormir, mais il savait que cela ne servait à rien. Son cerveau semblait mû de sa propre volonté et il laissa ses pensées vagabonder… Une demi-heure après, il avait définitivement abandonné tout espoir d'une nuit reposante et il prenait une tasse de thé bien fort, assis devant sa fenêtre ouverte malgré le froid. De temps en temps, il passait la tête pour regarder le ciel et les étoiles. Il fut frappé de voir à quel point Saturne lui paraissait brillante. Il fronça un instant les sourcils puis se leva pour refaire un thé. Bah, il était levé, autant faire quelque chose d'utile. Il alluma la radio et commença à faire un peu de rangement dans la cuisine (avec tout le temps qu'il passait au travail, son appartement n'était jamais très bien rangé, comme le lui faisait souvent remarquer Lachlan). La poêle lavée et séchée, il se mit en tête de se faire des pancakes - pour une fois qu'il avait le temps d'en faire - tout en écoutant distraitement l'actualité Moldue à la radio. Et en entendant la date, soudain, cela le frappa. Cela faisait 20 ans aujourd'hui. C'était donc ça. Misam avait été une amie proche malgré leur différence d'âge, et il arrivait encore à Adam de penser de façon distraite "Oh, il faudra que je raconte ça à Misam" avant de se souvenir que ce ne serait plus possible. En versant la pâte dans la poêle, il se demanda quelle vie elle aurait maintenant, ce qu'elle serait devenue.

Malgré son réveil précoce, Adam avait réussi à arriver en retard. Oh, ce n'était pas grand chose, une dizaine de minutes seulement, mais c'était assez pour qu'il s'en veuille. Dix minutes peuvent faire toute la différence dans une situation de crise. Et la matinée était si chargée que ces dix minutes n'auraient pas été de trop… Malgré cela, le fait qu'il ait ramené une quantité astronomique de pancakes l'avait aidé à se faire pardonner.
Entre deux patients, Adam réussit tout de même à aller se chercher un café. Il lui en fallait absolument un où il ne tiendrait pas la journée : il avait beau avoir l'habitude des horaires longs et difficiles, le réveil à 4h commençait à le rattraper. Plusieurs collègues étaient déjà en train de discuter et il entendait qu'ils parlaient d'un patient particulièrement récalcitrant. "Oulah, il a pas l'air évident celui-là, il est dans quelle chambre ?" Les regards interloqués qui suivirent lui indiquèrent qu'il n'avait pas saisi toute la complexité de la situation. "Pas un patient - un des médecins. Rosier. Il est d'une humeur massacrante aujourd'hui, je ne sais pas quelle mouche l'a piquée…" Adam hocha la tête en écoutant distraitement la conversation - bien sûr que la journée devait être horrible pour Rosier aussi. Adam avait peut-être perdu son amie, mais Eltanin avait perdu sa soeur.

Lorsque sa pause déjeuner arriva et qu'il vit que Rosier était seul à une table, il trouva que l'occasion était parfaite. Il tenait à lui exprimer sa sympathie, son soutien, pourquoi pas parler de Misam un peu s'il en avait envie. Le regard assassin qu'Adam se prit lorsqu'il posa son plateau face à Rosier régla la question sans même qu'il n'ait besoin de parler. Apparemment, il avait compté sur le fait que cette manifestation d'hostilité le fasse partir, mais c'était mal jauger de la détermination d'Adam à montrer à Eltanin qu'il n'était pas seul dans cette journée difficile. Voyant qu'il ne partait pas, Rosier soupira des insultes à peine camouflées pendant qu'Adam s'installait un peu plus confortablement, étendant ses longues jambes comme il le pouvait sans gêner Rosier, soupirant et passant une main dans ses boucles rebelles. "A vrai dire Rosier, il paraît que je suis très fort pour faire des pancakes. Tenez, je vous en ai ramené justement." Sans se laisser démonter, Adam désigna une petite boîte tupperware qu'il déplaça de son plateau à celui d'Eltanin avec un petit sourire fier. Il avait mis ceux-ci spécialement de côté ce matin lorsqu'il s'était souvenu de la date. En piquant distraitement sa salade, Adam enchaîna. "J'ai pensé que vous en auriez peut-être besoin aujourd'hui." Bon, c'était bizarre dit comme ça, mais Rosier apprécierait sûrement le geste, non ? Il savait qu'il avait été proche de Misam, lui aussi. Adam lui adressa un petit sourire gêné avant de prendre une tomate cerise dans sa salade, étudiant les réactions du Médicomage.

Un mal à comprendre pourquoi, comment le monde arrivait et pouvait continuer de tourner normalement sans Misam. T’essayais quotidiennement de ne pas te morfondre constamment, t’avais rapidement compris que ça ne servirait à rien, que ça ne te la rendrait pas non plus. Ça ne changerait en rien l’affection et l’amour que tu pouvais lui porter. C’était juste trop tard pour le lui prouver de manière tangible. Tu t’en voulais de n’avoir rien vu venir, de ne pas avoir pu l’aider correctement alors que c’était ton rôle d’aîné après tout. Vous vous étiez fait des tonnes de promesses en étant gosses, la protéger en avait fait partie. T’en voulais encore plus au reste du monde, à tes parents qui chaque année s’acharnaient à t’inviter à un dîner où absolument tout sonnait faux, comme une célébration morbide qui n’avait pas lieu d’être. Un rendez-vous que tu fuyais aussi d’année en années, tous les prétextes étaient bon pour cette journée où tout ce que tu souhaitait c’était qu’on te foute la paix, à moins que ne trouve miraculeusement un moyen de te rendre ta sœur.

Et t’avais beau être dans un hôpital, ça n’était clairement pas l’endroit où on t’aiderait à ce que ça se produise. Mais t’étais toujours bien mieux dans cette cafétéria qu’en restant dans votre manoir à attendre que le temps passe. T’y aurais tourné comme un chien en cage. Un peu comme ici maintenant que tu n’avais plus rien pour t’occuper les mains et l’esprit. Ça irait mieux dans quelques jours, quand le souvenir de la dernière image que t’avais d’elle se ferait moins présente dans ton esprit, s’équilibrerait au moins avec les bons souvenirs que vous aviez pu avoir. En attendant, tu n’allais rien faire pour cacher ta mauvaise humeur aujourd’hui, à n’importe qui tenterait de t’approcher, exception faite pour ta fille et ton chien, peut-être Erin si elle ne te cherchait pas d’une manière ou d’une autre. T’étais patient normalement, mais ce serait trop t’en demander aujourd’hui.

T’avais bien essayé d’éloigner Trelawney en lui lançant ce regard assassin, ce qui ne semblait vraiment pas le dissuader de son idée première, peu importe quelle elle était. Le soupir non plus n’avait pas eu l’air de faire effet, il s’était installé comme si de rien était à ta table, se mettant même confortablement sur sa chaise comme si de rien était. T’avais ostensiblement roulé des yeux, continuant de démontrer ton mécontentement, avant de plonger ton regard dans le sien lorsqu’il prit la parole. Des pancakes, il ne manquait plus que ça. T’avais bien vite repris un air sceptique en fixant la boîte qu’il avait glissée près de ton plateau, un sourire que t’arrivais pas à définir aux lèvres. Si tu t’étais écouté directement, t’aurais renversé sans ménagement la boîte par terre. Vous étiez pas mal entourés et ça ne ferait qu’ajouter des problèmes. T’en avais ni l’envie, ni le besoin non plus. « Vous m’en direz tant, mais vous feriez mieux d’exposer l’étendue de vos…talents à quelqu’un d’autre, j’ai en horreur les viennoiseries. » ce n’était pas totalement vrai, t’en appréciais certaines, mais t’avais juste décidé que tu ne toucherais pas à ceux-là.

Ce n’était pas par hasard visiblement qu’il était venu jusqu’ici, c’était sans doute un des seuls de Sainte-Mangouste à savoir ce qui avait pu se passer. Combien de fois Misam ne t’avait pas demandé de faire des efforts avec lui, que c’était vraiment quelqu’un de bien et qu’elle appréciait qui plus est. T’avais bien souvent fait la sourde oreille à ce propos, ça t’avait agacé à l’époque que quelqu’un comme lui puisse être proche d’elle. Une rancœur qui n’avait plus lieu d’être. « Pourquoi, c’est un jour férié pour les elfes de maison aujourd’hui ou quelque chose dans le genre ? » toujours autant sur la défensive, à faire celui qui n’avait pas envie de comprendre, alors que les intentions de ton interlocuteur avaient l’air plutôt bonnes. Peut-être bien pour ça qu’en triturant distraitement le tupperware t’avais fini par l’ouvrir, regardant les pancakes avant de les toucher du bout de ta fourchette. « Et vous les mangez nature, sans rien d’autre ? »

what's the prob, dog? -  @Eltanin M. Rosier

Adam étudiait Rosier l'air de rien par-dessus sa fourchette. La ressemblance avec Misam était frappante, maintenant qu'il y pensait. En tout cas de ce qu'il se souvenait d'elle… Et après toutes ces années, il était bien forcé d'admettre que ses souvenirs d'elle s'estompaient, aussi triste que cela était. Ce même air buté accompagné d'une moue boudeuse. Un voile de tristesse - ou bien était-ce de la nostalgie ? Du regret ? - passa sur le visage de l'ancien poufsouffle. Misam lui manquait, et Rosier avait effectivement l'air d'humeur encore plus massacrante que d'habitude. Elle devait lui manquer, à lui aussi.

Toujours en jouant avec sa salade de la pointe de sa fourchette, il écouta les piques que lui lançaient le médicomage. A la vérité, il trouvait presque l'humeur d'Eltanin amusante. Ils ne s'étaient jamais entendus tous les deux et son amie disparue avait bien tenté de les rapprocher, mais le miracle ne s'était jamais produit. Nul doute que les piques dignes de ses neveux et nièces avaient dû l'agacer à l'époque, mais aujourd'hui Adam se rendait compte à quel point elles étaient… inoffensives. Preuve en était : il avait fini par ouvrir le conteneur et semblait sur le point de manger les pancakes qu'il avait juré de pas vouloir - et de toute façon il détestait les viennoiseries et il ne comptait pas s'empoisonner avec ce qu'Adam lui donnait… Il repoussa finalement son assiette - il n'avait pas d'appétit aujourd'hui - et s'enfonça dans sa chaise en soupirant, dévisageant maintenant ouvertement Rosier. "Tout de même, Rosier. Je sais que les gens comme vous ont une armée d'elfes de maison prêts à tout faire à votre place, mais de là à ne pas savoir quoi manger avec vos pancakes ?" La pique était démentie par le regard rieur d'Adam. La dernière chose dont Eltanin avait besoin, c'était bien de quelqu'un qui en remettrait une couche sur sa mauvaise humeur. Le sourire d'Adam s'effaça légèrement. "C'est elle qui m'a appris à les faire, vous savez." Cette fois-ci, en revanche, impossible de s'y tromper. C'était bien de la tristesse qui tintait la voix de l'ancien Poufsouffle.

Comme si la journée n’était pas assez exécrable de la sorte, il allait falloir se coltiner cette conversation ; alors que t’étais particulièrement mieux dans ton coin. D’habitude ça ne te dérangeait pas plus que ça, tu allais même la chercher si t’en manquais -pourquoi se priver de nourrir ton ego alors que ce n’était pas les occasions qui se faisaient prier par ici-, mais là tout de suite leur accorder le moindre intérêt de ta part était bien trop te demander. À la place, t’avais cette envie, cette sensation de vouloir tout ravager autour de toi, d’habitude inexistante ou particulièrement bien enterrée. Parce qu’on te répétait depuis que t’étais né que ça ne servait à rien de s’emporter, que c’était se rabaisser inutilement, qu’il y avait des manières bien plus intelligentes d’agir et de répondre. Mais pour une fois dans sa vie, Rosier senior et ses enseignements iraient profondément se faire foutre. Sur les nerfs comme tu pouvais l’être maintenant, ça n’aurait strictement servi à rien d’essayer de faire des efforts, si ce n’était empirer la situation.

Mais tu t’étais quand même retrouvé à triturer les pancakes du bout de ta fourchette. Si habituellement tu n’avais pas énormément d’appétit, t’avais l’estomac noué depuis la veille, et c’était un miracle que t’aies déjà réussi à ingérer le début de ta salade. Sentant le regard de ton cadet sur toi, t’avais interrompu ton mouvement tout en écoutant la pique lancée. « Notre armée d’elfes de maison comme vous dites, préfère nous préparer des plats plus équilibrés surtout. » imperméable à son humour dans l’instant présent, tu te retiens de soupirer, serrant les dents à la place en insultant mentalement sans grande raison particulière tout ce qui peut t’entourer, jusqu’à ce que le brun ne reprenne la parole. Remarque impossible à ignorer, qui avait procuré cette même sensation désagréable et déstabilisante lorsqu’on manquait une marche d’escalier.

T’étais pas le seul à en souffrir, le ton de Trelawney le prouvait bien, tout comme son sourire vacillant. En soutenant son regard tu finis par te dire que lui aussi, il comprend. Pas de la même manière, personne ne pourrait se mettre à ta place, tout comme tu ne pourrais jamais te mettre à la sienne, et l’espace d’un instant, tu laisses tomber tout ces faux-semblants, cette pression que tu te mettais inconsciemment quotidiennement pour espérer atteindre les attentes de tes aînés, encore plus les tiennes. tu relâches les épaules, te vautres légèrement sur ton siège, fatigué de faire semblant, de faire comme si ça ne te touchait plus et que tout allait bien, alors qu’il ne se passait pas un jour sans que son absence ne se fasse ressentir. « Ça ne m’étonne pas, elle adorait faire la cuisine. » l’ombre d’un sourire qui vient étirer tes lèvres alors que tu repenses à ces moments passés avec elle, où si peu discrets vous essayiez de vous rendre dans les cuisines du manoir pour qu’elle puisse s’entraîner, toi uniquement là pour pouvoir goûter au résultat final et tenter de faire le guet. Finir à chaque fois par vous faire prendre et vous faire remonter les bretelles. Mais le souvenir et ton sourire s’assombrissent bien trop vite. « Vous aussi…vous continuez de vous attendre à la voir débouler d’un couloir avec son sourire et-» ta voix avait fini par s’éteindre, le visage impassible. Son sourire imprégné dans ta mémoire, un sourire qui semblait si vrai, dont t’avais fini par douter de la véracité après sa disparition. Personne ne se donnait la mort comme elle avait pu le faire sans raison, et t’avais absolument rien vu venir. Inconsciemment, ton emprise sur ta fourchette s’était renforcée, à t’en faire blanchir les phalanges. « elle n’avait pas à partir aussi rapidement. » des questions, une incompréhension qui ne se résoudraient jamais, on t’avait demandé de passer par-dessus et au final, tout ce que t’avais gagné c’était de te retrouver vingt ans plus tard ici, assis comme un con à ruminer les mêmes choses.

Le regard jusqu’alors perdu dans le vide s’était refocalisé dans celui du medicomage, tu t’étais redressé, reprenant contenance par la même occasion, en te rendant compte de l’image que t’étais en train de renvoyer. Tu voulais bien croire et comprendre que t’étais mal, mais pas au point de aire n’importe quoi non plus, encore moins d’exposer ce genre de faiblesse à un né-moldu en plus de ça, peu importait ce qu’il avait pu représenter pour Misam. « bon, vous me dites avec quoi ça se mange vos pancakes ou je dois vous les enfoncer dans le gosier pour avoir une réponse ? »

what's the prob, dog? -  @Eltanin M. Rosier

Cette fois-ci, Adam semblait vraiment avoir percé la carapace d'Eltanin. Même sur le plan physique, la transformation lui parut flagrante. Elle ne l'était pas tant que ça, en vérité, mais Rosier semblait tellement… abattu ? Comme si le poids du monde pesait sur ses épaules. Adam ne savait pas comment exprimer à ce collègue qui était finalement presque un inconnu qu'il ne portait pas ce poids seul. Lui aussi sentait ce vide comme une plaie béante dans la poitrine, lui aussi avait encore le réflexe parfois de penser à Misam comme si elle pouvait encore débarquer chez lui à tout instant, comme à l'époque de Poudlard où ils s'éclipsaient tous les deux jusque dans les cuisines et elle tentait tant bien que mal de lui apprendre à faire quelque chose, où ils profitaient simplement de la présence l'un de l'autre, assis côte à côte dans la grande salle ou devant le lac à essayer de faire sortir le calmar géant. Comme si elle pouvait à tout instant le prendre à part dans un couloir pour partager une anecdote, une blague dont eux seuls avaient eu le secret. La gorge nouée par la vague de tristesse qui l'envahit sans crier gare, Adam ne put que hocher la tête à ce que Rosier exprimait. Il avait presque l'impression d'être un imposteur face à la peine et la vulnérabilité qu'Eltanin montrait, mais est-ce que lui-même n'avait pas mis toute cette douleur de côté, apprenant à vivre avec et honorant la mémoire de Misam en continuant à vivre ? Ce n'était probablement pas un hasard si Eltanin et Adam étaient devenus médicomages.

Lorsqu'Eltanin finit par souligner l'injustice de ce qui était arrivé à Misam, Adam pencha légèrement la tête sur le côté. Il ne pouvait être que d'accord avec ce que Rosier disait. C'était injuste qu'une personne aussi formidable que Misam leur ait été arrachée si brusquement, si jeune. Mais cette douleur qu'ils ressentaient tous les deux ? Adam, avec l'âge, avait fini par la trouver belle, en quelque sorte. Profondément humaine. "On n'a pas eu assez de temps avec elle." fit-il en guise d'acquiescement. Le trop plein de tristesse, de regrets, d'amour pour Misam qui semblait ne plus avoir d'endroit où se fixer submergea un instant Adam, qui se surprit à sentir une larme couler le long de sa joue. Il s'empressa de la sécher avec sa main et regarda Eltanin droit dans les yeux. "Mais j'espère que cette douleur ne me quittera pas, en tout cas pas vraiment. Parce que c'est toute l'affection pour elle que j'avais encore à lui exprimer." Adam adressa un sourire à la fois triste et bienveillant à Rosier. Il ne savait pas trop ce qu'il essayait de lui transmettre en ayant dit cela, peut-être simplement qu'il comprenait, que la meilleure façon de vivre cette douleur et d'honorer Misam était de lui laisser la place d'exister. Qu'ils n'étaient pas proches tous les deux, mais qu'Adam était là si Eltanin voulait parler d'elle, malgré leur passé, malgré un univers qui les séparait.

Le temps que l'ostéopathe se racle la gorge pour se redonner une contenance après cette démonstration d'émotions (qui devait sans doute laisser béats les collègues qui assistaient de loin à la scène), Eltanin avait lui repris le masque qu'il affichait en public et se montrait de nouveau acerbe. Pour le coup, Adam éclata de rire. "Nature, avec du sirop d'érable, ou alors des fruits c'est pas mal aussi. Ca dépend de ce que vous préférez." Sans avoir repris toute sa superbe, le médicomage avait de nouveau un sourire rieur (bien qu'il ne monte pas jusqu'à ses yeux). Misam les avait préférés avec du sirop de chocolat. Lachlan les préférait avec des myrtilles ou du sirop d'érable. Adam connaissait les préférences de chacun de ses proches, à force. Il était presque curieux de voir ce qu'Eltanin allait choisir.

Les bras résolument croisés, l’esprit à moitié embourbé dans le passé, l’autre tout juste alerte pour écouter et réagir à ce que pouvait dire ton interlocuteur. « Je ne vous le fait pas dire. Elle devrait être là à nous bassiner sur les droits des Centaures, à refuser je ne sais quelle promotion de son Département, alors qu’elle est bien plus que qualifiée pour l’endosser. » se mettre en avant, ça n’avait jamais été son fort, contrairement à toi, au moins vous vous complétiez pas mal pour le coup. Même totalement. Bien évidemment elle aurait pu choisir une autre carrière, mais dans tous les cas, elle aurait dû être parmi vous, t’aurais même essayé de mettre tous tes aprioris de côté et fais des efforts pour te rapprocher de l’ostéopathe si ça avait pu la garder en vie. Avec le temps t’avais bien fini par comprendre que rien ne la ramènerait. Mais une nouvelle fois, ton cadet te surprend avec son intervention. Sa larme n’était pas passé à côté de ton attention, t’avais déjà énormément de mal à ne pas craquer totalement toi-même. Mais définitivement, tu ne le comprendrais jamais. « C’est…une manière de voir les choses j’imagine, mais…c’est beau, je ne sais pas comment vous faites pour…le prendre de cette manière. » est-ce que c’était pour autant admirable ? t’en savais trop rien, sans doute que oui.

Cette bienveillance dont il arrivait à faire preuve, cette positivité qui t’aurait peut-être donné envie de rendre le peu de ton déjeuner en temps normal. Des qualités qui t’étaient inconnues, que tu ne détiendrais peut-être même jamais. Misam en revanche, elle avait toujours eu le cœur sur la main, à se soucier des autres, dire qu’il y avait toujours pire et passer le plus de temps possible avec celui qui en avait besoin, quitte à s’oublier. Aussi différents que vous étiez, vous vous étiez toujours bien entendus, toujours fourrés ensemble, à se défendre l’un et l’autre au premier problème. Mais au fond, avec son caractère, est-ce que Trelawney n’aurait pas été un meilleur frère pour elle ? Est-ce que si c’était le Poufsouffle qui l’avait accompagnée tout au long de sa vie, elle serait encore là ? Lui qui arrivait à faire de cette douleur de beau, un peu comme un souvenir qu’on continuerait de chérir. De ton côté, tout ce que t’avais réussi à en tirer de cette douleur, c’était de l’incompréhension, ce besoin de vouloir se venger, ce qui t’avait mené à t’enrôler chez les Mangemorts. Une vaste connerie ; une partie de toi à l’époque avait espéré qu’elle soit assez énorme pour La faire revenir, même si c’était uniquement pour se prendre une gifle de sa part où l’entendre dire que t’étais le dernier des crétins, t’aurais tout fait pour la revoir au moins une dernière fois.

Mais certainement pas commencer à pleurer là tout de suite, même très peu de chances que pour que tu commences à pleurer tout court, devant qui que ce soit ou même seul. Fallait que tu te reprennes, absolument, tu mettais ça sur le compte de la fatigue, t’irais te coucher dès que tu serais rentré, t’aurais rien de mieux à faire et ce serait nettement mieux que de te mettre à boire. T’avais de nouveau fixé les pancakes, toujours un peu plus sceptique, alors que ton cadet retrouvait sa bonne humeur, ou en tout cas un semblant. « Mh…N’importe quoi donc. » tu ne savais même pas exactement de quoi t’avais envie non plus. Enfin, ta raison te disait bien d’aller vers les fruits, mais t’en avais pas la moindre envie au fond. Inexplicablement, t’avais envie, voir même besoin de chocolat dessus. T’en avais fait venir à l’aide de la magie, un geste un peu trop précipité, sans doute parce que tu manquais de concentration, t’en avais étalé un peu partout sur la table, te faisant lâcher un soupir, alors que la mare s’étalait jusqu’à ton interlocuteur. « Si vous en voulez surtout, n’hésitez pas, vous avez juste à vous servir pour le coup. »

what's the prob, dog? -  @Eltanin M. Rosier

C'était bien la Misam qu'il avait connue qu'Eltanin décrivait en parlant d'une personne qui aurait refusé une promotion amplement méritée. Peut-être serait-elle devenue plus ambitieuse en vieillissant, mais Adam n'avait aucun doute qu'elle serait restée la même, dans le fond : à faire passer les besoins des autres avant les siens. Une qualité - ou un défaut - qu'ils avaient partagé, ça aussi. Ils s'étaient souvent épaulés, se rappelant d'aller manger quand l'autre oubliait parce qu'il était trop plongé dans ses révisions par exemple. Mais Adam était pour l'instant bien incapable de parler, et encore moins de partager des anecdotes sur elle, même avec la seule personne qui pouvait le comprendre.

Il n'échappa pas à Adam que Rosier soutenait son regard, mais pour une fois, il ne semblait pas être dans la confrontation. Non, c'était comme si les deux hommes se voyaient enfin tels qu'ils étaient réellement. Adam, lui, voyait un homme fatigué et meurtri, écrasé par la culpabilité, les remords, par un deuil qui le dépassait, malgré toutes les façades, tous les airs qu'il se donnait. Un recoin de sa conscience se demanda vaguement l'image que lui renvoyait au médicomage, à se laisser pleurer sur son lieu de travail, bien loin de l'image qu'il était conscient de projeter : celle d'une sorte de type un peu perdu mais toujours de bonne humeur, un peu à côté de la plaque en restant professionnel, et avec le sourire s'il-vous plaît. Se raclant une nouvelle fois la gorge et laissant échapper un petit rire gêné, Adam, à la remarque de Rosier, expliqua : "Quel autre choix avons-nous ? Comment dire… C'est la seule façon que j'ai trouvé - Adam marqua une pause, visiblement à nouveau submergé - C'est la seule façon de véritablement l'honorer," finit-il simplement par ajouter. Il inspira profondément, gardant le contrôle de lui-même. "Je ne l'ai pas tout de suite vu comme ça, mais c'est la seule façon que j'ai de canaliser ça sans avoir l'impression de la trahir." Elle qui déjà si jeune voyait le bon en chaque personne, qui donnait sans compter. Il lui avait fallu du temps avant de trouver cet équilibre, la place juste à cette colère et cette incompréhension pour les laisser se muer en chagrin puis en énergie motrice. Mais il était certain, absolument certain, qu'il l'avait trouvé précisément parce qu'il espérait que c'était ce que Misam aurait fait à sa place. Qu'elle continue à vivre, faire sa vie, qu'elle soit heureuse, qu'elle garde cet amour précieux, ce lien avec les autres. Qu'elle prenne cette affection qu'elle aurait gardé pour lui et qu'elle l'utilise comme façon de combler le vide. C'était ce qu'il tentait tant bien que mal de faire.

Le semblant de sourire qui avait suivi cette déclaration semblait avoir conforté Eltanin dans le fait que la conversation revenait sur les rails de ce qui était leur normalité. D'un sortilège d'attraction, il avait fait venir du sirop de chocolat, le temps qu'Adam s'essuie discrètement (plus ou moins) les coins de ses yeux avec sa manche. En voyant l'étendue des dégâts provoqué par son collègue, Adam éclata cette fois-ci d'un rire franc, qui sembla lui enlever un poids des épaules, à lui aussi. "Ca ira, je vais vous laisser tout ça… Attendez il ne faudrait pas qu'on…" Sans vraiment finir sa phrase, Adam sortit lui aussi sa baguette pour faire disparaître la mare de sirop de chocolat - comme Misam, pensa-t-il brièvement avec un pincement au cœur. Le geste sembla avoir attiré l'attention d'une collègue, une infirmière plus jeune qu'eux avec qui Adam avait déjà eu l'occasion de travailler. En fait, c'était elle qui avait indiqué à l'ostéopathe que Rosier était d'une humeur massacrante, plus tôt dans la matinée. "Rien de cassé ?" demanda-t-elle en s'approchant de leur table d'un pas visiblement mesuré. Adam remarqua qu'elle s'adressa spécifiquement à lui, ce qui le surprit un peu, avant qu'elle ne jette un regard appuyé à Rosier. Ah. Il se demanda brièvement si cela faisait longtemps qu'elle les observait, mais de toute façon, il n'eut pas le temps de répondre, Rosier s'en chargea avant lui.

Vingt ans, t’arrivais pas à croire que ça faisait autant de temps que ta sœur avait disparue. Que t’avais passé plus de temps sans elle au final. Ça paraissait tout bonnement absurde parce que tu t’étais toujours refusé d’accepter de vivre sans elle, même encore aujourd’hui tu ne t’y faisais pas. Une part de toi, aussi minime qu’elle soit, ne perdait pas espoir de la revoir un jour. T’avais l’impression que de faire l’inverse reviendrait à l’abandonner totalement. Mais t’allais pas te mentir, t’étais fatigué d’essayer d’espérer alors que t’étais une des personnes les plus terre-à-terre que tu pouvais connaître. mais jamais l’occasion d’en parler ne s’était réellement présentée, tes parents avaient juste essayé d’étouffer l’affaire, de faire comme si de rien était, tout simplement. Un seul essai lorsque t’étais plus jeune t’avais suffi à te faire passer l’envie de réitérer. alors te retrouver face à quelqu’un qui avait l’air de comprendre, de partager un minimum cette souffrance, remettait en question ton point de vue sur le brun. Celui que t’avais toujours regardé un peu de haut, peut-être bien même une certaine jalousie, la peur qu’il prenne ta place, ou en ai une meilleure auprès de Misam. Quelque chose qui te semblait futile et même un peu ridicule maintenant. t’aurais aimé pouvoir t’ouvrir à ce point, comme lui. même si pleurer sur son lieu de travail n’était sans doute pas ce qu’il y avait de plus recommandé. mais que ce soit ici ou ailleurs, tu savais que tu saurais juste incapable de de t’y laisser aller. un haussement d’épaules à sa reprise de parole, tu n’avais jamais pensé avoir le quelconque choix dans cette histoire. t’avais juste subit, jamais réussi à passer par-dessus. ça semblait lui aller, lui réussir, c’était le principal. « une chose est sûre, elle aurait voulu qu’on ne se morfonde pas pendant des années. » plutôt raté pour le coup, en ce qui te concernait, mais t’avais fait de ton mieux pour ne pas baisser les bras, ça n’avait pas été facile, spécialement les premières années. même encore aujourd’hui c’était compliqué, spécifiquement aujourd’hui, cette date qui faisait remonter chaque année les mêmes souvenirs que t’aurais aimé oublier, ou qu’ils prennent tout simplement moins de place. T’avais laissé un soupir traverser la barrière de tes lèvres, découragé par la situation, parce que ce n’était pas comme ça que t’avais pu imaginer votre avenir. encore moins le sien. parce que tu ne pouvais pas t’empêcher de ressasser une tonne de choses qui au final ne changeraient en rien le résultat. que ça ne te rendrait pas ta sœur non plus.

T’essayes de te changer les idées, de reprendre votre conversation comme toutes celles que vous aviez pu avoir auparavant. essayer ces pancakes dont tu n’avais même pas envie à la base, te retenant de lever les yeux au ciel face à cette mare de chocolat que t’avais causée, comme si cette journée n’était pas déjà assez horrible comme ça. le brun avait sorti sa baguette, sans doute pour réparer tes dégâts, lorsqu’une voix féminine vous interrompt et attire ton attention. Un haussement de sourcil de ta part face à son intervention, sans trop comprendre sa question. Vous ne faisiez que manger, mais après légère réflexion, d’un point de vue extérieure ça pouvait prêter à confusion. le regard qu’elle t’avait destiné avait réussi à t’exaspérer en un rien de temps, à peu près comme tout aujourd’hui. « si c’est le cas, c’est le plus qualifié de nous trois pour pouvoir se les réparer, c’est pas merveilleux ça ? » le ton cinglant, fallait arrêter un moment d’accuser de tout et n’importe quoi. tu t’étais relevé en commençant à reprendre tes affaires. maintenant que t’avais pris ta pause midi, t’allais pouvoir peut-être recommencer à travailler. « je vais vous épargner de risquer de vous attirer un coup du lapin ou je ne sais quel malheur rien qu’avec ma présence. » t’avais regardé un moment les pancakes que tu n’avais même pas goûté au final. t’avais repris la boîte où ils se trouvaient la levant légèrement vers l’ostéopathe. « …merci pour ça, je vous rapporte la boîte ce soir ? »

what's the prob, dog? -  @Eltanin M. Rosier

Adam n'était pas du genre à avoir honte de ses émotions, il portait même plutôt son cœur sur sa manche… Dans la sphère privée. Au travail, il se laissait rarement abattre, montrait rarement des signes de doute, de peur, de regret, et encore moins de tristesse; non pas qu'il en avait honte, mais le cadre hospitalier ne s'y prêtait pas. Il n'était pas en train de hurler sa douleur, mais avoir eu les larmes aux yeux au point qu'une coule lui faisait un peu cet effet-là, une véritable mise à nue. Au vu du sujet, rien de très étonnant. Et l'air fatigué de Rosier lui disait qu'il n'était pas le seul dans cette situation, à porter le deuil encore vingt ans après. "Plus facile à dire qu'à faire," lui concéda-t-il. Il se souvenait qu'on lui avait dit cela au début, que cela l'avait mis dans une colère noire, parce que de quel droit aurait-elle pu vouloir ça après ce qui était arrivé, ce qu'elle avait fait ? Mais tout ce que cette colère cachait finalement n'était qu'une culpabilité qui l'avait longtemps rongé, qui continuait par vagues, de ne rien avoir vu venir, de ne pas avoir été assez pour empêcher ça. Heureusement que lui avait eu la chance d'être bien entouré et bien soutenu pendant les mois qui avaient suivi le suicide de Misam. Il n'aurait certainement pas tenu un tel discours autrement, et quelque chose lui soufflait qu'Eltanin n'avait pas eu cette chance, appelez ça une intuition.

Il semblait de toute façon que le médicomage tenait à passer à un autre sujet de conversation. Une distraction qui permit à Adam de reprendre ses esprits, de réafficher son sourire habituel sur le visage, franchement amusé par la réplique de son collègue malgré le ton acide de ce dernier. Il jeta un regard d'excuse à l'infirmière, Abeth si sa mémoire ne lui jouait pas de tours. "Il n'a pas tort vous savez," appuya-t-il en toute modestie, bien plus aimable histoire de rattraper le coup. Un peu trop tard apparemment, Rosier avait saisi l'occasion de s'en aller au vol, déjà en train de se lever de sa chaise mais pas sans - Adam ne manqua pas de le remarquer - saisir la boîte pleine de pancakes. Comme quoi, s'empêcha-t-il de noter, se contentant d'un air contrit, façade pour cacher la victoire qu'était pour lui ce simple geste. "Ce soir ou plus tard, comme ça vous arrange. Ce n'est pas pressé." Abeth observait leur échange d'un air un peu confus, et Adam sentit qu'il fallait qu'il intervienne avant que Rosier ne se défoule encore sur elle. Il reporta son attention vers l'infirmière, pointant la bouteille de sirop de chocolat vers elle d'un air tout sauf menaçant. "Ca tombe bien que vous soyez là Abeth, je venais de finir et j'allais vous demander quelque chose !" Tout en parlant à l'infirmière, Adam s'était levé en prenant son plateau d'une main, se retournant pour adresser un clin d'œil complice à Rosier sans qu'elle le voie. Il ne doutait pas que cela ferait fulminer son collègue plus que de raison (je me passe de votre sollicitude Trelawney pouvait-il presque l'entendre dire), mais sans pouvoir expliquer pourquoi, il avait la certitude qu'après la petite scène qui venait de se dérouler, Rosier n'allait pas se défouler sur lui. Plus tard dans la journée, Adam parlerait de cette conversation à Lachlan en se remémorant leur amie disparue. Pour l'heure cependant, il se contenta d'entraîner Abeth avec lui, le plus loin possible de la mauvaise humeur d'Eltanin.

to be continued.
retrouvez les aventures d'adam et eltanin dans un prochain rp, bientôt sur vos écrans