the stars melt like sugar (ethel)

 la journée passablement longue, que ce soit par le nombre de patients dont t’avait à t’occuper aujourd’hui, cumulé à cette fatigue dont tu n’arrivais décidément pas à te débarrasser. prendre un jour de repos aurait pu certainement aider, voir même des vacances, mais tu te disais que les pensées et souvenirs qui t’empêchaient de fermer directement les yeux la nuit se multiplieraient si t’avais trop de temps libre. que ça ne te lâcherait pas aussi facilement. puis de toute manière, tu te doutais bien que si tu libérais du temps, t’essayerais certainement de le passer avec joanne, t’avais jamais été du genre à supporter de traîner dans un lit plus de quelques minutes d’affilée. une perte de temps inconsidérable, au final. alors qu’il y avait souvent une tonne de choses à faire. et c’était encore moins à l’hôpital que tu te permettrais de lambiner, même si vous aviez été déjà bien plus débordés que ça. l’avantage inconsidérable d’avoir un poste à cet étage, c’était d’avoir à sa disposition de quoi préparer presque n’importe quelle potion, et de pouvoir parfois accéder à des ingrédients assez rares. si tu ne te permettrais jamais de les gaspiller, il t’était déjà arrivé lors des moments les moins occupés de te retrouver à essayer d’en améliorer l’une ou l’autre. ce que tu n’avais décemment pas eu l’occasion de faire aujourd’hui. ce serait pour une autre fois. parce que maintenant que tu avais un tant soi peu de temps libre, tu sentais surtout que t’avais besoin du café le plus corsé possible pour avoir un espoir de tenir jusqu’au bout. t’avais même espéré te retrouver seul dans la salle de repos pendant quelques minutes, mais ça avait été peine perdue, t’avais repéré une silhouette, qui s’était même avérée familière. si watson avait peu apprécié ton trait d’humour lors de votre dernière entrevue, ce n’était certainement pas ça qui allait t’arrêter dans ta lancée. par contre finir par remarquer qu’il était en train de pleurer, peut-être bien que si. faire demi-tour était une solution un peu trop tardive, t’étais déjà entré dans la pièce, t’avais déjà une sale réputation auprès de certains, t’allais éviter de l’entacher d’autant plus là tout de suite. faire comme si de rien était aurait pu être une possibilité, mais après avoir passé la journée à faire semblant devants les différents patients avait déjà été assez fatiguant comme ça. « si on vous demande ce qui ne va pas, il y a une chance pour que vous libériez la machine à café ? » le ton bien moins acerbe que celui accordé aux collègues ces derniers jours, parce qu’il avait vraiment l’air de ne pas aller bien. vous vous connaissiez plutôt bien avec watson, du moins avant que la guerre n’éclate réellement. et tu ne l’avais jamais retrouvé dans un tel état lors de son stage, pas que ça veuille dire grand-chose non plus. tu te doutais bien que vu ton comportement envers les stagiaires que tu avais pu avoir, ça ne les poussait pas réellement à venir se confier à toi, sauf peut-être s’il s’agissait du travail en question. regardant un moment le couloir, t’avais fini par fermer la porte de la salle, en te mettant un minimum à sa place, t’apprécierais assez peu déjà qu’on te retrouve dans cet état, et t’aurais aimé éviter qu’une personne supplémentaire ne se rajoute au spectacle. tu t’étais rapproché de lui, t’adossant contre le meuble le plus proche en croisant les bras. au point où t’en étais, tu pourrais survivre quelques minutes de plus sans ton café.

Ne pas s’attacher aux patients, garder du recul, sur le papier, Ethelbert savait faire. Jusque là, il avait toujours plus ou moins réussi à gérer la mort au quotidien. Forcément, cela l’avait toujours extrêmement frustré de perdre un patient. Cela laissait toujours cette part d’amertume, ce “pourquoi on a pas réussi à empêcher ça ?” mais ça passait. Plus ou moins vite. ça faisait hélas parti du jeu. Mais cette fois, il arrivait pas à gérer. C’était trop abrupt. Ils n’avaient pas vu venir la rechute de M. Joansson. Il allait mieux ces derniers jours, et là, d’un coup, son état s’était dégradé et… C’était lui qui avait été chargé de prévenir sa famille. Lui qui avait préparé son corps. Et… C’était trop. Cet homme ressemblait trop à son père. Physiquement. Ne pas faire de transfert était impossible. Alors il s’était effondré. Il avait passé le relais, mais un peu trop tard. Fuyant en salle de pause pour qu’on ne le voit pas dans cet état. Pour qu’aucun patient ne l’aperçoive comme ça. C’était pas du tout professionnel. Bon sang. Il devait à tout pris se ressaisir. Mais à chaque fois qu’il se disait mentalement cela, un sanglot le coupait et faisait redoubler ses larmes. Il se retrouvait à chialer devant la cafetière de la salle de pause sans arriver à se contrôler. Sans arriver à raisonner sa peur. Parce que son angoisse était revenu d’un coup. Parce que sa tristesse le submergeait. Il ne perdait pas juste ce patient. Il avait l’impression d’enterrer son propre père. C’était horrible. C’était un cauchemar cette journée.

La porte s’était ouverte. Il l’avait entendu. Il avait pudiquement tourné la tête à l’opposé, espérant cacher ses larmes. Espérant que son collègue fasse demi-tour en le voyant comme ça. Il avait juste besoin d’être seul pour tout évacuer et…

La voix d’Eltanin finit par s’élever. C’était bien sa veine. Que ce soit lui qui le surprenne dans cet état-là. Il eut un sanglot à sa phrase. Ses pleurs redoublant. Pourquoi ça tombait sur lui ? Pourquoi c’était celui qui était le moins à même de le comprendre qui le surprenait dans une telle position de faiblesse ? Il attrapa une tasse, et la remplit, foutant la moitié du café à côté du contenant mais c’était le moindre de ses problèmes. Il poussa la tasse vers Eltanin. Peut-être dans l’espoir qu’il lui lâche la grappe ? Il voulait juste son putain de café, non ? Pas lui faire une psychanalyse, non ?

“S..Sa…Sale journée… C’est…C’est…C’est tout…” articula-t-il avec difficulté.

Il essuya ses yeux. N’arrivant définitivement pas à contrôler sa respiration entrecoupée de sanglots. C’était ridicule. Il était ridicule. Et devant Eltanin, c’était pire que tout. C’était humiliant. Qu’est-ce qu’il attendait ? Il pouvait pas prendre son café et juste lui foutre la paix ?

si tu espérais passer cette pause tranquillement, c’était plutôt raté. bien que tu ne t’étais pas attendu à te retrouver totalement seul non plus, c’était un cas assez rare, et mine de rien watson restait l’une des personnes avec qui t’avais passé le plus de temps dans cet hôpital. visiblement toujours pas le bon moment pour une pique, que t’aurais presque regretté en voyant ses sanglots empirer. les épanchements au sein de la famille pouvaient se compter sur les doigts, les effusions de sentiments n’y avaient jamais eu leur place, alors au fond tu ne savais pas trop comment réagir. essayer de compatir alors que tu ne savais même pas ce qui avait pu le mettre dans cet état ? avec cette habitude de tout garder pour toi, tu ne pouvais même pas espérer prendre exemple sur une personne ou l’autre. c’était misam qui était douée pour écouter, qui avait cette patience et cette facilité à cerner les gens. elle lisait en toi comme dans un livre ouvert, tu n’avais généralement même pas besoin d’aller lui parler, elle arrivait d’elle-même, lorsque ça allait bien ou mal. t’avais réellement pensé que c’était réciproque, que tu la comprenais tout aussi bien, mais t’avais dû te rendre à l’évidence qu’en plus de ne même pas avoir remarqué lorsqu’elle était au plus mal, t’avais eu faux sur toute la ligne depuis des années. de là, tu n’avais plus jamais cherché à être réellement présent pour qui que ce soit, abandonnant et baissant les bras comme un peu à chaque fois que tu rencontrais une difficulté ou que ça ne t’intéressait pas. mais même en étant conscient de ne pas être la meilleure personne pour lui remonter le moral là tout de suite, tu ne pouvais pas non plus le laisser là comme ça, après avoir réussi à le faire pleurer encore plus. alors qu’il t’avait servi ton café, tu n’avais pas pu t’empêcher de grimacer légèrement en voyant l’état de la tasse tendue, avec le café dégoulinant d’un peu partout. trop maniaque, on te l’avait déjà dit et redit, mais pour le coup t’avais l’impression que c’était quand même pas mal justifié de ne pas vouloir se retrouver avec les mains collantes et pleine de café. tu n’avais fait aucune remarque, les gardant pour toi pour une fois, préférant faire comme si de rien était en te contentant de sortir ta baguette pour pouvoir nettoyer directement la tasse et finir de la remplir correctement. après une légère hésitation, t’avais servi une deuxième tasse, vous ne travailliez plus ensemble, ou moins qu’avant, mais ça ne t’empêchait pas d’avoir retenu ses préférences lorsqu’il pouvait prendre un café.  tu t’étais installé sur une des chaises, tirant celle à côté de toi après avoir posé les tasses. étendant tes jambes sous la table, t’avais fermé les yeux quelques secondes, profitant du presque calme ambiant avant de reprendre la parole, tapotant de la main le haut de la chaise libre. « qu’est-ce qu’elle a alors cette ‘sale journée’ ? » et vu que ton incroyable sens de l’humour ne semblait pas faire mouche auprès du blond, tu t’étais de nouveau retenu d’ajouter quoique ce soit d’autre, deux grandes bonnes actions en l’espace d’une dizaine de minutes, faudrait quand même que tu fasses attention de ne pas devenir un bon samaritain non plus.

Les mains agrippées au rebord du meuble. C’était compliqué d’arriver à se reprendre. Eltanin avait ce talent fou pour le faire se sentir encore plus mal avec une sale blague. Son humour était nul. Il le savait pourtant. Mais là en cet instant, il n’était pas en état de rigoler de son humour moisi. Il était juste capable d’approximativement rien. L’éternel optimiste qui s’effondre devant le plus sarcastique de ses collègues. En voilà une belle affiche. Il se décale un peu pour laisser Eltanin faire ce qu’il avait à faire. Pourquoi il sort une deuxième tasse ? Il a vraiment cru qu’il était en état de boire un café ? Il l’observe faire sans vraiment comprendre sa démarche. Ou plutôt sans vraiment y croire. Qu’est-ce qui prenait à Sieur Rosier de se soucier du bas peuple de Ste Mangouste ?

Il le regarda. La tasse. La chaise tiré pour lui. C’était surréaliste. Il eut un hoquet, mélange de rire et de sanglot tellement c’était improbable. Il essayait vraiment de le faire parler ? Pour l’aider ? C’était vraiment une journée bizarre maintenant en plus d’être triste. Il eut un soupir et se résigna à s’asseoir à côté de Rosier. Il prit avant un lot de serviettes en papier pour pouvoir se moucher et tenter de sécher ses joues.

“Vous… Vous allez m’engueuler de pas… pas savoir mettre de distance avec les patients.” commença-t-il en reniflant.

Peut-être pour dire aussi qu’il savait déjà que son craquage n’avait rien de professionnel. Il se moucha une deuxième fois. Triturant nerveusement un nouveau mouchoir entre ses doigts.

“C’est… C’est M. Joansson…” murmura-t-il dans un souffle. “Je… J’étais pas prêt à… à le voir partir et…”

Et c’était rude d’affronter la mort. On a beau savoir que ça fait parti de son travail, on espère toujours l’éviter. On ne travaille pas dans le médical pour mettre les gens dans de grandes boîtes en bois. Il ne pouvait s’empêcher de se dire qu’ils avaient peut-être raté quelque chose. Qu’ils auraient pu mieux faire. Que cette foutue magie pouvait pas laisser les gens crever, non ? Il y avait bien une solution. Ils ne l’avaient juste pas trouvé pour M. Joansson. Le papier se déchira entre ses doigts.

“Il… Il ressemblait à mon père…” avoua-t-il.

Il but une gorgée du café.

“Vous.. Vous devez me trouver… Ridicule…”

la première fois de la journée que t’avais l’occasion de te poser un peu, c’était maintenant que t’avais pris place sur la chaise, relâché un minimum tes épaules que tu sentais que ton corps en avait bien besoin. s’occuper l’esprit en travaillant, bougeant le plus possible était certes un moyen plutôt efficace, mais si tu ne récupérais pas derrière, il y avait peu de chance que t’arrives à tenir encore très longtemps. au soupir de l’infirmier, t’avais haussé un sourcil, oh, si tu l’emmerdais il pouvait toujours se casser sinon, t’estimais faire déjà un effort incommensurable, tu ne le retenais certainement pas non plus. mais il avait fini par s’asseoir, plus besoin de prendre la mouche non plus, ça tombait bien parce que ça t’aurait pris un peu plus d’énergie inutilement. lui laissant le temps de se moucher, t’avais entamé ton café profitant de la première gorgée, avant que ton voisin ne reprenne la parole. ah, c’était donc ce genre de problème-là. une légère grimace entamée face à l’accusation. « je n’engueule pas les gens.» la grimace qui se transforme en une moue après une courte réflexion. « ….rarement. » une première correction, pas totalement de mauvaise foi non plus. « ou mes stagiaire s’ils ne font pas ce qu’on leur demande, qu’ils manquent de respect ou de jugeotte. » la tasse à peine reposée sur la table, tes doigts viennent pianoter sur le bois à sa surface. « mais ici je n'aurais pas de raison de vous faire la morale de cette manière, vous êtes assez grand pour prendre vos décisions. » et au final, ça ne retombait que sur lui, on ne viendrait sans doute pas te voir et te faire une remarque à cause de ça non plus. le regard s’était posé sur le blond au nom lâché, l’information sans doute encore trop récente que pour avoir déjà fait le tour de l’hôpital, un soupir pour accuser le coup. si c’était bien évidemment des choses qui arrivaient, ils restaient des êtres humains, vos patients et l’espoir de pouvoir les guérir ou les sauver qui était étouffé. devoir accepter que rien n’avait été assez suffisant pour les aider. ceci dit, si watson se mettait à chaque fois dans cet état dès qu’un de vos patients décédait, ça allait vite être un problème pour lui. mais des explications supplémentaires étaient arrivées, te permettant de comprendre un peu mieux sa situation. « pas vraiment, non. » de toute manière même si ça avait été le cas, tu ne le lui aurais sans doute pas fait remarquer, vu l’état dans lequel t’avais pu le retrouver et dans lequel il s’était mis quelques instants auparavant. « tout le monde aurait réagi, pas de la même manière, mais il y a peu de chances que ça aurait laissé quelqu’un indifférent. » pas besoin d’essayer de te l’imaginer de ton côté, à vrai dire t’utilisais même tout ton reste de concentration pour continuer d’éloigner les dernières images de ta sœur, en fixant ta tasse qui n’avait rien de bien intéressant ou de particulier. « ce n’est déjà pas toujours facile quand on fait face à un patient lambda, si en plus le personnel s’en mêle, ça n’arrange rien. »

Engueuler n’était peut-être pas le mot exact. Parce qu’Eltanin n’avait pas besoin d’élever la voix pour faire peur. Enfin… Il avait pas eu besoin de ça pour l’intimider quand il était jeune étudiant. Eltanin avait toujours eu cet étrange pouvoir de fascination pour lui, mélange de crainte et d’admiration. Mais souvent, aux dires des autres stagiaires, il était surtout assez intimidant. Sans doute parce qu’il était exigeant. De part son nom aussi peut-être. Il eut un petit sourire du coup en l’entendant se corriger, et moduler son affirmation. Cela lui arracha même un petit hoquet de rire. Avant de lui faire relever le regard. C’était étrange d’avoir la sensation d’être passé à l’âge adulte. D’avoir changé de rapport avec Eltanin. De ne plus être le petit stagiaire. C’était effectivement le cas mais… Il n’avait pas vu quand leur relation avait à ce point changé. C’était un peu déroutant.

“Désolé… J’ai raté quelques années… Je me suis pas vu grandir, j’ai oublié que… J’étais un adulte responsable maintenant…”ironisa-t-il avec une tentative d’humour.

C’était difficilement convaincant avec ses yeux encore humides et rouges, mais il essayait de rendre la scène un peu moins pathétique. Sans doute qu’il avait tout de même raison. Eltanin n’allait sûrement pas lui faire la morale donc. Mais il n’était pas sûr non plus qu’il comprenne. Il se mordit la lèvre. Un peu gêné d’avouer tout cela au final. La peur du jugement encore présente. Difficile de se sentir comme un adulte égal face à celui qu’il admirait depuis des années. Celui qui… Qui semait le trouble en lui.

Il remua la tasse entre ses doigts. Il baissa un peu la tête. Il acquiesça doucement.

“Sans doute… Mais… Je ne m’attendais pas à… Craquer à ce point.” avoua-t-il avec une pointe de gêne.

Il but quelques gorgées de café. Espérant retrouver un peu de contenance. Il ferma les yeux quelques secondes. Avant de les rouvrir.

“J’ai toujours admiré votre sang froid. Je n’ai pas cette qualité…. Je ne sais pas comment vous faites pour réussir à toujours garder cette distance et ce calme.” Il marqua une petite pause. “Mais je n’ai jamais réussi à vous copier sur ce point. J’en ai une fois de plus la preuve.”  

Plusieurs fois, il s’était remis en cause ces dernières années. Pouvait-il vraiment faire ce métier en étant si émotif ? C’était à la fois un avantage et un inconvénient. Avantage certain quand il s’agissait de nouer le contact avec les patients ou les rassurer, mais quand il s’agissait de gérer les deuils, c’était un calvaire. Il s’était à peine endurci depuis le premier mort qu’il avait vu en service. Il n’était pas le genre de personne capable de s’y faire. Alors… Parfois il se demandait s’il ne valait mieux pas qu’il songe à faire autre chose. Et puis après, il se souvenait qu’il n’avait jamais eu que cette vocation là… Bref. La joie des paradoxes.

le mal de tête qui commençait à se pointer, t’espérais vraiment et sans doute un peu vainement que le café arriverait à changer ça. t’avais pas vraiment la foi de tenir jusqu’à ce soir avec ça en plus. t’écoutais toujours ce que le blond pouvait dire, ne serait-ce que par principe. même si une énorme partie de ton attention avait été captée par le fait d’étouffer le bâillement qui t’était venu, ce qui pourrait risquer de le vexer en plus de ça. pas le moment, ni même ton intention. à la place t’avais un peu penché la tête sur le côté. au moins ça avait réussi à lui arracher un petit rire. c’était toujours ça de pris. on ne pourrait pas lui en vouloir d’avoir raté quelques années, la guerre était passée par-là, distordant le temps. une remarque qui t’avait fait faire une moue. « c’est compréhensible, il faut dire que ce n’est pas toujours génial non plus ni même facile. » même clairement chiant par moment. les responsabilités là à foison, c’était pas toujours ce qu’il y avait de plus facile. alors déjà que sa journée n’avait pas l’air d’être famuse, que t’avais réussi à l’empirer en venant ici, t’allais pas rajouter une couche. « ce serait moins drôle si on s’y attendait, et moins gênant, ça n’aurait plus aucun intérêt au fond non ? » même si ça serait particulièrement pratique, histoire de pouvoir mieux s’organiser aussi. t’avais regardé la table un moment après sa remarque. ça aurait pu être un beau compliment, c’était sans doute l’intention. ça n’avait pas été quelque chose d’acquis dès ta naissance. encore moins à l’adolescence, ce n’était pas vraiment le calme qui avait pu te définir. t’avais bien fini par comprendre que ça ne servait pas à grand-chose d’en vouloir à tout le monde pour la perte de ta sœur, t’étais contenté d’ériger des murs à la place, de te rapprocher le moins possible des gens. c’était bien plus gérable que de prendre le risque de nouer quelque chose de fort et de prendre le risque de perdre une nouvelle fois la personne. « oh, vous savez, ça n’a pas toujours été le cas, je pense que ça s’apprend, un peu comme tout. j’imagine que ça vient plus rapidement chez certaines personnes que d’autres. ça vous prend souvent d’essayer de me copier ? » un léger sourire au coin des lèvres, partagé entre l’amusement de ce que t’apprenais, et la tentative de changer de sujet, histoire de t’éviter de repenser trop longtemps à misam, comme t’avais pu le faire ces derniers jours.