L'amour brille sous les étoiles... Et mon poing dans ta gueule!

La nuit était déjà bien avancée quand Rachel sortie de chez son collègue. Elle avait passé l'après-midi et la soirée le nez dans des livres. Ce type était un spécialiste en symbologie et avait des ouvrages incroyables qui avaient aidé la rousse à avancer sur son travail en cours. Son interlocuteur étant aussi passionné qu'elle, le temps avait filé à une vitesse incroyable. C'est seulement quand l'épouse de ce dernier était venue lui signaler qu'elle allait se coucher que les deux chercheurs avaient compris qu'il était déjà presque minuit. Ashe s'excusa auprès de l'épouse d'avoir ainsi accaparé son mari. Cette dernière lui sourit en répondant qu'elle était habituée et qu'il n'avait pas besoin d'être avec une collègue pour se perdre dans ses bouquins. Décidément, ce type avait la même tendance qu'Ashe à s'enfermer dans sa bulle pour bosser. Quelques minutes après, la belle aventurière se retrouvait donc dans la rue. Lorsqu'elle était arrivée, elle s'était garée de l'autre côté du parc qui se trouvait en face de chez son collègue. Donc, elle devait le traverser pour rejoindre son véhicule afin de rentrée chez elle.

Étant habitué à se balader dans des coins du monde beaucoup plus dangereux que ce quartier de Londres plutôt mal famée, Ashe ne s'inquiétait pas de sa sécurité. Elle traversa donc la rue, quittant ainsi une zone éclairée pour un espace sans lumière artificielle. Seul l'éclat de lune lui permettait de voir où elle mettait les pieds. Le ciel était bien dégagé du coup, elle y voyait presque aussi bien qu'en plein jour. Et puis le parc n'était pas si grand que cela. Il ne lui faudrait pas plus de dix minutes pour rejoindre la rue de l'autre côté. En plus de cela, l'air était plus frais qu'en pleine journée et avec la chaleur de ses derniers jours, c'était drôlement agréable. Mais bon, Ashe avait quand même tous ses sens aux aguets. Question d'habitude. Quand on parcourt le monde à la recherche de reliques perdues, cela devient plus un mécanisme instinctif qu'autre chose. Son instinct de survie se mettait toujours en marche lorsqu'elle se retrouvait dans des lieux isolés. C'est pour cela qu'elle ne prêta pas tout de suite attention au signal d'alarme que lui lançait son cerveau. Il avait dû repérer un mouvement à la limite de son champ de vision. Certainement une bestiole comme un chat. Elle continuait d'avancer donc sans s'inquiéter.

Pourtant quelques secondes plus tard, le signal d'alarme résonna à nouveau. Plus intense cette fois. Du coup, Ashe s'arrêta et regarda autour d'elle, à l'affût, aux aguets. Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour apercevoir une silhouette à peu plus loin. Rapidement, la rouquine réalisa qu'il s'agissait d'un homme. Ce dernier arrivait face à elle, sur sa droite. Par conséquent, il se trouvait entre elle et sa voiture. Et merde... Impossible de l'esquiver, elle allait devoir avancer vers lui et croiser les doigts pour que ce soit juste un type qui rentre chez lui. Elle regarda droit devant elle et reprit sa marche, faisant mine d'ignorer l'inconnue. Pourtant, plus elle se rapprochait, plus son instinct lui disait de se méfier et de rester sur ses gardes. Quelque chose clochait chez l'inconnu qui venait dans sa direction. Elle ne pouvait pas dire quoi. C'était une impression étrange. Lorsqu’enfin, elle arriva à sa hauteur, l'homme semblait ne pas la voir. Ashe commençait à se détendre légèrement lorsque son sac, qu'elle portait à son épaule, accrocha le bras de l'inconnue. Instinctivement, elle se tourna légèrement vers cet homme et lâcha simplement :

« Excusez-moi. »

Elle ne faisait pas la maligne contrairement à l'ordinaire. Elle n'avait pas besoin de se mettre bêtement en danger. Si elle avait su que le mal était déjà fait, elle aurait certainement envoyé chier l'inconnu comme elle pouvait le faire d'habitude au lieu de se montrer plus avenante qu'elle ne l'était d'ordinaire dans ce genre de situation. Ben oui quoi, en général, Ashe était plutôt du genre à balancer froidement un truc du genre « fait gaffe où tu vas espèce de crétin ». Mais pas cette nuit.

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Ce n’était pas dans le caractère de Rachel d’être aussi vigilante en ville, même au milieu d’un parc. L’alarme indiquant que son instinct présentait un danger sonnait vigoureusement dans sa caboche. Alors que l’homme qui avançait droit vers elle se rapprochait, la rouquine était de plus en plus sur ses gardes. Alors que l’inconnu passait à côté d’elle en accrochant légèrement son sac, il lui semblait évident que ce n’était pas lui qui avait mis tous ses sens en alerte. Mais d’où cela pouvait venir bordel ! Après s’être excusée, elle avait continué son chemin sans plus de cérémonie. Elle n’aimait pas ce qu’elle ressentait, ce n’était pas dans ses habitudes de réagir de cette manière. Cela devait certainement venir de la fatigue suite à une journée le nez plongé dans les bouquins. Il ne fallait pas croire, mais son cerveau avait drôlement surchauffé pour comprendre, assimiler et enregistrer toutes les informations qu’elle avait reçues de son collègue. Mais c’était important pour son travail, donc elle le faisait sans aucune difficulté. Et puis elle allait devoir s’habituer à rester en place maintenant qu’elle avait accepté le poste de professeur d’Histoire de la Magie à Poudlard. Pourquoi avait elle fait ça d’ailleurs ? Elle n’avait toujours pas compris ce qui lui était passé par la tête. Mais elle ne pouvait plus reculer maintenant, alors pas la peine de se tordre le cerveau dans tous les sens pour trouver la réponse, cela ne changerait rien. Elle allait devoir rester tranquille pendant toute une année afin d’assurer les cours. Cela dit, connaissant la jeune femme, elle allait certainement rendre cela plus intéressant pour les élèves. Après tout, c’était une passionnée et elle comptait bien la faire partager à ses futurs élèves.

Quoi qu’il en soit, la question n’était pas franchement à l’ordre du jour en cet instant. Il fallait qu’elle trouve d’où venait le danger qu’elle pouvait ressentir. Ce n’était certainement pas le type qui lui courrait après en l’invectivant, ça elle en était persuadée quand elle fit volte-face pour savoir de quoi il parlait.

« Quoi ? »

Demanda-t-elle sèchement en posant ses mains sur les hanches alors qu’elle regardait le jeune homme qui venait de la rejoindre. Et ben, on ne pouvait pas dire qu’elle avait été agréable très longtemps. En fronçant les sourcils, elle l’écouta déblatérer sur le document qu’il avait prit la peine de lui rapporter. Elle ne l’écoutait déjà plus. Cependant, quand les paroles de son interlocuteur s’interrompirent brusquement, elle releva la tête, pensant qu’il avait simplement fini sa tirade. Elle allait le remercier poliment quand il reprit la parole pour se présenter.

Oh seigneur, encore un séducteur du dimanche. Elle leva les yeux au ciel alors que Jeferson lui proposait de l’accompagner. Comme si elle avait besoin d’un chevalier servant. Cette idée la fit doucement rire alors qu’elle observait son interlocuteur des pieds à la tête. Mouais bon d’accord, il avait une belle carrure qui pouvait impressionner, mais bon. Cependant, l’alarme qui résonnait toujours dans sa tête lui laissait à penser qu’elle devait garder un œil sur lui. Elle aurait mauvaise conscience s’il devait arriver quelque chose à… Comment avait il dit qu’il s’appelait déjà ? Ah oui, Jef parce qu’elle l’avait planté là.

« Ravi de te connaître Jeferson ou Jef. On est dans un pays libre, tu fais bien se que tu veux. Cela dit, sache que j’ai traversé des zones bien plus dangereuses que ce parc dans le cadre de mon travail. »

Finit-elle par répondre d’un ton neutre avant de prendre le document qu’il lui tendait. Sans même regarder de quoi il s’agissait, elle le glissa dans son sac.

À peine eut-elle terminé sa phrase qu'un bruit sourd retentit. Et merde ! Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Instinctivement, elle glissa sa main droite dans la poche intérieure de sa veste où se trouvait sa baguette. Peu importe qu’elle soit en présence d’un moldu, elle n’hésiterait pas si cela devait être nécessaire. Mais elle comprit rapidement qu’il s’agissait simplement d’une poubelle qui avait été renversée. Elle se moqua d’elle-même en silence et se détendit quelque peu.

« Bon, écoute, peu importe que tu décides de me suivre ou pas. Mon instinct me dit qu’on ne devrait pas trainer dans le coin. »

Lâcha-t-elle un peu sèchement en reprenant la direction de sa voiture.

« Au faîte, moi c’est Ashe ! »

Concluait-elle par-dessus son épaule.
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Ashe n’avait même pas pris la peine de regarder si le dénommé Jef avait décidé de la suivre. Bien qu’elle n’avait pas spécialement accéléré le pas par rapport à son habitude. Et pourtant, elle restait attentive au moindre bruissement d’air, ne souhaitant pas se faire surprendre. C’était bien la première fois que son instinct de survie était aussi éveillé en plein cœur de Londres. Faut dire qu’avec les derniers événements qui avaient secoué le monde sorcier, elle était peut-être devenue un peu trop méfiante. Sans parler de sa recherche en cours. Pour l'instant, elle ne savait pas encore ce qu'elle trouverait au bout du chemin, que ce soit destiné au monde magique ou moldu. Cela dit, elle n’aurait certainement pas de quoi avancer sans l’aide de l’homme qu’elle venait de quitter. Pourtant, il n’avait aucun talent pour la magie et en ignorait même l’existence. Quoi qu’il en soit, tout cela mélanger avait peut-être un peu exacerbé son intuition.

La grande rousse s’arrêta net quand son interlocuteur parvint à la rejoindre afin de lui faire face. Plantant son index sur le torse du jeune homme, elle plongea également son regard d’acier dans le sien avant de lui dire :

« D’abord, c’est à ma mère qu’on dit vous. Moi tu me tutoies. Ensuite, appel moi encore une fois mademoiselle et je t’assomme ok ? Fait comme tout le monde, appel moi Ashe. »

Puis elle recula d’un pas et laissa retomber son bras avant de regarder une nouvelle fois le jeune homme de la tête aux pieds avant d’ajouter :

« Je ne doute absolument pas absolument pas de tes capacités physiques. Mais crois-moi quand je dis que j’ai des capacités que tu n’imagines pas. Alors ne te fais pas trop d’illusions mon p’tit cœur. »

À bien l’observer Jef, Ashe se disait qu’il ne devait pas avoir plus de la vingtaine. Alors franchement qu’est-ce qu’un gamin dans son genre pouvait bien espérer faire en cas de danger. Afin, peut-être cachait-il mieux son jeu qu’elle ne le pensait. Mais comme elle ignorait que son interlocuteur possédait les mêmes capacités qu’elle, elle était loin de s’imaginer que c’était bien le cas. L’aventurière qu’elle était plissa légèrement les yeux afin de prendre le temps de la réflexion avant de répondre à la série de question suivante. Elle croisa ses bras sous sa poitrine et fini par lâcher :

« Ça mon p’tit père, ça ne te regarde pas. C’est mon travail et la concurrence y est rude. J’ignore totalement qui tu es et pourquoi je t’ai croisé ce soir. Alors je préfère être prudente et garder ces informations pour moi. Mais tu es plus perspicace que tu en as l’air. »

Ashe tourna une nouvelle fois les talons avant de reprendre sa route avant d’ajouter :

« Et j’ignore totalement pourquoi mon instinct de survie c’est réveiller aussi brutalement. Et j’aimerais bien le savoir pourtant. »

Cette dernière phrase elle l’avait prononcée dans un murmure à peine audible. En réalité, il s’agissait plus d’une remarque qu’elle se faisait à elle-même qu’à l’attention de Jef. Et bien qu’elle restait aux aguets, elle demanda sans trop savoir pourquoi :

« L’archéologie et l’histoire t’intéressent ? »
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Tous les sens de Rachel était aux aguets. À tel point qu’elle pouvait presque entendre le moindre bruissement d’une feuille qui se balançait légèrement sur sa branche, le moindre frémissement dans l’air. Pourtant, cela ne l’empêchait pas pour autant de prêter attention à se que lui disait le jeune homme qui finalement l’accompagnait. Bien qu’elle fût plutôt froide et qu’il était de notoriété publique qu’elle avait un sale caractère, la rouquine n’était pas méchante contrairement aux apparences. Il fallait juste prendre la peine de gratter l’armure qu’elle s’était forgée tout au long de sa vie pour y découvrir une amie sincère et passionnée. Rare était ceux qui avaient pris cette peine mais ça ne dérangeait absolument pas la jeune femme. C’était certainement pour ça qu’elle avait posé cette question plutôt insignifiante. Elle cherchait peut-être simplement à en savoir un peu plus sur son interlocuteur. D’ailleurs la réponse qu’il lui donna fit naître un petit sourire en coin sur son visage. Mine de rien, il venait de gagner des points, ne serait-ce qu’en qualifiant l’histoire et l’archéologie comme des sciences. Pour la majorité des gens, il s’agissait simplement de domaines d’études, de matières ou encore de passe-temps. En tout cas, il faisait preuve d’un certain enthousiasme pour ces sujets et Ashe ne pouvait qu’espérer qu’il y aurait un ou deux élèves comme lui dans les cours qu’elle allait donner dans quelques semaines.

« Et bien voilà qui explique pourquoi tu as reconnu que les gribouillis sur la feuille que tu as ramassée portaient sur la symbologie. Il y a peut-être une raison si... »

Ashe fut interrompu par un crac sonore dans son dos. Dans la seconde qui suivit, elle avait fait volte-face et lâcha un grognement en voyant une silhouette bien trop familière se découper à quelques mètres d’eux.

« Et merde, qu’est-ce qu’il fout là celui-là. »

Instinctivement, elle avait porté la main à sa baguette, prête à la dégainer malgré la présence d’un potentiel moldu. Mais elle la relâcha rapidement en découvrant la personne qui devait être à l’origine de sa survigilance. Alors que l’importun continuait d’avancer vers eux, elle se mit à serrer les dents. Elle prit une grande inspiration quand l’intrus prit la parole :

« Rachel ! Quel plaisir de te voir ! »

Un grognement se fit entendre de la part de la grande rousse quand elle entendit son prénom.

« Jenkins. »

Lâcha-t-elle dans un souffle.

« Qu’est-ce que tu fais là ? »

Le dénommé Jenkins s’était arrêté à environ un mètre du duo mais Ashe pouvait voir qu’il n’avait en rien perdu de son arrogance et le petit sourire qu’il arborait lui faisait monter la moutarde au nez.

« Je t’ai connu plus perspicace. Est-ce que tu te ramollis ? Je vois que tu t’es enfin décidé à te trouver un assistant. Mais cela ne suffira pas à m’empêcher de prendre ce que tu as dans ton sac. »

À ces mots, quatre nouvelles silhouettes firent leurs apparitions de chaque côté des deux jeunes gens.

« Encore une fois tu es totalement à côté de la plaque Jenkins. Contrairement à toi, je n’ai jamais eu besoin de m’entourer de gros bras pour faire le sale boulot. »

Si ce sale type n’était pas un moldu, il y a bien longtemps qu’elle aurait utilisé la magie pour se débarrasser définitivement de lui. Il était certainement la seule personne au monde qui lui donnait l’envie de lancer un sort impardonnable. L’Avada Kedavra la démangeait au plus au point à chaque fois que leurs chemins se croisaient. Si Ashe devait avoir un ennemi, c’était évident que c’était cet homme. Il se prétendait lui aussi chercheur de trésor, mais en réalité, il se contentait d’aller voler le travail des autres. Tout ce qu’il l’intéressait, c’était de vendre au plus offrant les objets historiques qu’il récupérait, en utilisant des méthodes parfois illégales. Et s’il était là ce soir-là, c’était que le travail qu’avait effectué l’aventurière l’intéressait.

« Tu n’obtiendras rien de moi, alors dégage de mon chemin. »»

Jenkins s’approcha des quelques pas, sûr de lui. Et ce sourire malsain qui flottait sur son visage donnait envie à Ashe de lui coller son poing dans la figure.

« Tu ne feras rien Ashe, tu ne peux pas. Je ne suis qu’un… Comment disent les gens comme toi déjà ? Moldu ? Et oui très chère, je sais ce que tu es. »

Alors que Jenkins prononça le mot « moldu », le sang de Rachel se glaça. Comment ? Comment était-il au courant ? Comment pouvait-il savoir pour elle ? Son regard se porta alors sur Jef qui ne devait rien comprendre à la situation.

« Fiche le camp d’ici. Tout cela ne te concerne pas et crois-moi, la suite risque de ne pas être jolie. Il vaudrait mieux que tu ne te retrouves pas mêlé à cette sale histoire.»

Le visage de la rouquine était complètement fermé, impossible d’y voir la moindre expression, la moindre émotion. Et pourtant, sous la chevelure flamboyante, ça tournait à plein régime. Au point où en étaient les choses, elle n’hésiterait pas et tant pis si cela devait lui valoir un séjour à azkaban.
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Chose plutôt rare quand on la connaît, mais Ashe était comme tétaniser par la bombe que venait de lâcher Jenkins. Il savait qu’elle était une sorcière. Personne, absolument personne, ne le savait en dehors dans le milieu professionnel où elle évoluait. Alors comment l’avait-il su ? Elle savait depuis bien longtemps qu’il était un homme puissant et qui possédait de sacrées relations, sinon, vu ses méthodes, il y a longtemps qu’il aurait fini derrière les barreaux. Tout un tas de questions lui passaient par la tête bien que ce ne fût pas le moment. Ce fut seulement quand elle sentit la main de Jef sur son épaule qu’elle sortie de sa torpeur. Avait-elle bien vu le clin d’œil qu’il venait de lui faire alors qu’elle lui avait conseillé de prendre ses jambes à son cou ? Elle n’avait pas besoin qu’il joue les héros. Mais que faisait-il bon sang ? Elle l’écoutait parler, incrédule. Que cherchait-il à faire ? S’il voulait mettre Jenkins et ses sbires en colère, il était plutôt bien parti.

Ashe ne put s’empêcher de sourire quand elle vit Jef soulever son interlocuteur par le col de sa veste comme si de rien n’était. Décidément, il cachait drôlement bien son jeu, car jamais la rouquine n’aurait imaginé qu’il était capable d’une telle force. Et puis il envoya son rival valser avec un joli coup de tête qui lui valut un petit sifflement d’admiration de la part de la jeune femme. Mais déjà les hommes de main s’approchaient dangereusement pour intervenir, bien qu’il semblât que ce soit trop tard pour venir en aide à leur patron qui était totalement immobile sur le sol. Ashe jubilait et elle aurait bien aimé le faire elle-même et depuis si longtemps. Lorsque son « héros » se tourna vers elle pour l’inviter à se joindre aux festivités, elle sursauta légèrement. Alors lui aussi était un sorcier. Et bien, décidément, il était surprenant ce p’tit Jef. C’était presque à lui faire regretter de ne pas avoir été plus agréable. Cela dit, elle commençait à se dire que ce n’était peut-être pas un hasard si leurs chemins c’étaient croiser ce soir-là. La vie est parfois pleine de surprises. La grande rousse se décida enfin à bouger, histoire de venir soutenir son camarade. Elle posa son sac contre un arbre et le protégea par un sort afin qu’il ne vienne à l’idée d’aucun des gros bras de Jenkins d’aller le piquer pendant qu’elle serait occupée à donner une correction à ses potes.

Alors qu’elle venait de finir son sort de protection, Ashe vit du coin de l’œil l’un des quatre énergumènes se précipiter dans le dos de Jef. Instinctivement, elle se précipita dans sa direction pour l’intercepter et lui envoya un bon coup de pied dans les côtes pour le stopper net. Elle se tourna alors vers le jeune homme, tout sourire.

« Ne va pas croire que je vais te laisser jouer tout seul. Et ne va pas imaginer que je ne sais pas me défendre surtout. »

Ashe n’avait jamais refusé une bonne bagarre et elle ne comptait plus le nombre de fois où elle s’était retrouvée avec un œil poché ou une côte cassée. Elle se souvenait encore de la première fois où elle avait laissé tomber la gentille petite fille sage et bien élevée qu’elle avait été pour prendre la direction de cette jeune femme qu’elle était aujourd’hui. Elle se plaça ensuite dos à dos avec le jeune homme, afin de protéger ses arrières. Celui qu’elle avait envoyé au sol quelques instants plutôt se relevait déjà.

« Bon, j’admets que je ne suis peut-être pas aussi efficace que toi. »

Fit-elle remarquer observant son adversaire s’approcher. Il semblait évident qu’il n’avait pas apprécié de se faire envoyer au tapis par une femme. Cela ne faisait qu’augmenter l’excitation de la rouquine. Elle avait toujours été une enragée quand il s’agissait d’utiliser ses poings même si cela ne lui arrivait pas aussi souvent que cela. Tout se passa ensuite très vite. Son adversaire se retrouva rapidement à sa hauteur et elle para le premier coup sans difficulté. Puis le reste s’enchaîna sans qu’elle ne prenne la peine de réfléchir. C’était son instinct et ses réflexes qui travaillaient pour elle. Elle prenait des coups et les rendait, se défendant bec et ongles. Surtout ongles d’ailleurs. Le visage de son assaillant étant couvert de sang en raison des griffures qu’elle lui avait infligé. L’arme secrète des femmes ! Trop concentrée sur son propre combat, elle ne savait pas du temps ce qu’il advenait de Jef. Cela dit, vu la démonstration qu’il avait fait un peu plutôt, elle ne doutait pas une seconde qu’il s’en sorte plus facilement qu’elle-même. Elle avait beau être déterminée et combative, elle devait avoir un gabarit deux fois inférieur à son adversaire.
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Ashe venait d’en finir avec son adversaire quand elle se retourna pour voir où étaient les autres sous-fifres de Jenkins. Lorsqu’elle constata que Jef en avait fini avec leurs trois assaillants, sa mâchoire manqua de se décrocher. Elle avait à peine réussi à se débarrasser du sien que lui en avaient envoyé deux au tapis et tenait en respect le troisième. Décidément, si on lui avait dit, elle ne l’aurait jamais cru. Elle était partagée entre l’admiration et l’agacement. Elle n’était pas du genre à demander de l’aide aux autres, mais elle était tellement satisfaite de voir Jenkins étaler sur le sol et avoir enfin été remis à sa place. Enfin, si on pouvait dire ça de cette manière. Il allait certainement hésiter la prochaine fois qu’il tenterait de la menacer après ça. Elle fut tirée de sa rêverie par la voix du jeune homme qui s’adressait à elle en souriant. Un Poufsouffle ? Vraiment ? Elle n’aurait pas parié sur cette maison si on lui avait demandé. Je ne pus retenir un léger rire quand il reprit son adversaire sur le fait que ce n’était pas madame, mais mademoiselle. Il avait plutôt bien retenu sa leçon. Ouais, peut-être qu’elle commençait à le trouver sympathique finalement.

« Tu es… Surprenant. »

Répondit-elle en souriant. Elle glissa sa main dans celle que lui tendait son interlocuteur.

« Ravi de te connaître, officiellement Jeferson. Rachel Porter, nouveau professeur d’histoire de la magie de Poudlard et archéologue à mes heures perdues. Mais continu de m’appeler Ashe si tu tiens à avoir des enfants un jour. »

Répondit-elle sur un ton plutôt chaleureux ce qui n’était pas dans ses habitudes. Bon, c’était une aurore et elle ne pensait pas avoir franchement son mot à dire quant à la suite des évènements. Jenkins était au courant de sa nature de sorcière, alors, elle n’avait pas vraiment le choix. Cependant, l’idée qu’il puisse oublier cette déculottée monstre, la chiffonnait.

« Je crois que je n’ai pas trop le choix concernant le sort de Jenkins. Cela dit, si tu pouvais faire en sorte qu’il oublie absolument tout, ça m’arrangerait. Il m’a pas mal pourrit la vie. »

Ashe s’approcha du corps inerte de celui qui lui avait pourri sa vie professionnelle un bon paquet de fois et s’accroupir près de lui. Un sourire plutôt mauvais étira ses lèvres. Combien de fois elle avait rêvé le faire. Mais, elle savait que cela l’aurait grillé dans la profession et elle aimait bien trop son job pour céder à son envie.

« Quoi qu’il advienne, fait vite. Les flics pourraient débarquer, sait-on jamais. »

La rouquine se redressa et porta son regard sur Jef en souriant :

« Enfin, merci pour ton aide. Laisse-moi t’offrir un verre avant de sortir de ma vie pour le service rendu. »

Le jeune homme ne devait pas s’attendre à plus de la part de la jeune femme en guise de remerciements. Ce n’était pas dans ses habitudes de toute manière.

« Occupe toi d’eux pendant que je récupère mon sac. Ça serait idiot que je l’oublie après tout le mal qu’on s’est donné pour que je ne me fasse pas piquer mes documents. »

Elle parcourut rapidement les quelques mètres qui la séparaient de ses affaires et le jeta sur son épaule avant rejoindre le jeune aurore.
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Ashe ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel quand le jeune homme lui répondit qu’il souhaitait avoir des enfants s’il parvenait à se déclarer auprès de sa bien-aimée. Décidément, les hommes et leurs sentiments c’était toujours tout une histoire. Enfin, elle n’avait pas grand-chose à dire sur le sujet, n’étant pas un elle-même un exemple dans ce domaine. Sa vie sentimentale étant un  désert aride et sans fin depuis quinze ans. Mieux valait ne pas y penser si elle ne voulait pas voir sa bonne humeur disparaître. C’était suffisamment rare pour qu’elle en profite un peu non ? Elle se concentra alors sur le tableau que lui offraient Jenkins et ses hommes, histoire de garder ce sentiment de joie qui l’habitait. C’était comme si elle venait de découvrir l’objet qu’elle avait passé tant de temps à chercher, la même exhalation. La rouquine lui proposa d’aller boire un verre histoire de le remercier et ce fut sans surprise qu’il accepta en lui racontant que c’était toujours mieux que de rentrer chez lui. Décidément, sa vie avait l’air assez… Triste ? Ce n’était pas tout à fait ça. Le mot morne conviendrait peut-être mieux, mais ne connaissant pas les détails, mieux valait qu’elle ne fasse pas de conjoncture ou elle pourrait finir pas avoir de l’empathie. Rien que d’y penser fit naître un frisson le long de sa colonne vertébral. Elle le laissa donc effectuer sa tâche et alla récupérer son sac. Alors qu’elle le rejoignait, Jef l’informa qu’il venait de finir et lui donna les détails de ce qu’il avait fait. Elle ne put retenir un grand éclat de rire. Décidément, il pensait à tout.

« Tu es plutôt rotor comme mec. Ça me plaît bien. Je ne pouvais pas espérer meilleur revanche pour tout ce qu’il m’a fait subir. Même si je viens de perdre mon pire ennemi. Tu mérites bien deux verres pour l’effort. »

Elle jeta un dernier regard aux hommes sur le sol, un petit sourire de satisfaction sur les lèvres Reprenant son chemin, plus détendu il fallait bien l’admettre, Ashe ne put s’empêcher un petit commentaire alors que son interlocuteur venait de lui offrir son bras :

« Ne rêve pas trop mon p’tit père. Même si je te dois une fière chandelle, faut pas exagérer. Et puis je ne voudrais pas que tu te fasses des idées, j’ai une réputation à tenir ! »

Sa journée s'était révélée fructueuse en termes de recherches, mais elle devait reconnaître que ce qui venait de se produire était la cerise sur le gâteau. Pour un peu, elle pourrait avoir l’impression d’être sur un petit nuage. Même si elle devait sa réussite en grande partie à sa rencontre imprévue avec Jef. L’archéologue n’était pas du genre à croire au destin où truc du genre. Mais là, elle devait bien admettre que la coïncidence entre cette rencontre et l’arrivée de Jenkins était tombée à pic. Même si cela avait une légère tendance à l’agacer.

« J’imagine que tu dois habiter dans le secteur si tu te promenais à cette heure. Peut-être que tu connais un bar sympa ? Je ne suis pas à Londres depuis bien longtemps, je n’ai pas encore eu le temps de découvrir les bonnes adresses. »

Demanda-t-elle quand elle comprit qu’elle n’avait aucune idée d’où emmener le jeune homme pour régler sa dette.
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Ashe devait bien admettre qu’elle passait une bonne soirée et que la compagnie du jeune homme n’était pas si désagréable finalement. Cela devait certainement venir de l’aide qu’il lui avait apporté. Ce n’était pas forcément une mauvaise chose que d’avoir un acolyte à bien y réfléchir. Mais qu’est-ce qu’elle se racontait là ? Certes, elle appréciait peut-être sa présence pour le moment, mais c’était évident que cela ne durait pas et qu’elle finirait par se redevenir cette femme aux apparences froides et sèches qu’elle avait toujours été. Tout cela était certainement dû aux événements qui venaient de se produire. Ah oui, l’Angleterre ! Elle y mettait si peu les pieds depuis des années, qu’elle avait presque oublié la soi-disant image de gentlemen que les Anglais aimaient se donner. Elle haussa un sourcil quand Jef lui déclara qu’il n’avait pas eu l’occasion de se dégourdir de cette manière depuis longtemps. Si cela lui avait fait plaisir, ce n’était pas plus mal. Au moins, tout cela avait rendu service à tout le monde.

« Et bien si ça a pu te rendre service, alors tant mieux. Ravi que tu te sois amusé. »

Répondit-elle avec un léger sourire bien que le ton semblât un peu ironique. Une mauvaise habitude qui refaisait surface sûrement.

La rouquine avait fini par demander à son interlocuteur une adresse où aller finir cette soirée. Ce qu’elle aimait ? Vu le genre de bar miteux qu’elle avait tendance à fréquenter à travers le monde, elle ne savait pas vraiment ce qui lui plairait pour être honnête. Et il y avait peu de chance que de trouver un bar sordide et mal famé dans le secteur de toute manière.

« Peu m’importe, ça fait trop longtemps que je n’ai pas fréquenté un lieu de sortie classique pour que je sois exigeante sur l’ambiance. »

Elle porta un regard étonné sur le jeune homme quand celui-ci évoqua le fait de mettre ses documents à l’abri. Il pensait à tout décidément.

« Je connais un ou deux sorts qui feront l’affaire si je laisse tout ça dans mon coffre. Enfin, sauf si tu es tenté par une virée nocturne au British Museum. J’ai un bureau à ma disposition là-bas. Mais j’y mets presque jamais les pieds. »

Pour quelqu’un qui bossait pour des musées, Ashe n’y passait presque jamais de temps. Ce n’était franchement pas son truc. Non, ce qu’elle aimait elle, c’était chercher de quoi remplir les salles de ces lieux dit culturels, pas d’y passer des heures à les observer. Forcément, la suite de cette conservation était plutôt logique si on y pensait. Et puis il semblait normal que Jef veuille savoir dans quoi il s’était embarqué. Même si c’était un peu tard pour se poser la question. Et si c’était elle la méchante de l’histoire, que ferait-il ?

« Tu ne te poses la question que maintenant ? »

Fit-elle remarquer un peu sèchement.

« Mais tu as raison, j’ai accepté le poste de professeur d’Histoire de la Magie que pour avoir un boulot fixe si je puis dire. À la base, je pourrais être qualifiée d'archéologue, cependant au fil du temps, je suis devenue davantage une chasseuse de reliques.  J’ai passé presque toute ma vie à faire le tour du monde à la recherche d'antiquités et de trésors perdus. »

Instinctivement, elle posa une main sur son sac avant d’ajouter :

« Ces documents sont importants pour ma recherche actuelle. J’ignore encore sur quel type d’objet je vais tomber. Je le découvrirais en traduisant d’autres documents grâce à ceux-là. »

La petite lueur qui illuminait son regard alors qu’elle parlait montrait clairement la passion qui l’habitait. C’était à croire qu’elle se métamorphosait quand elle parlait de son boulot. Elle aimait ça et cela se voyait comme le nez au milieu de la figure.

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