Louise Chester - Laugh hard, run fast, be kind.

elle a grandit avec son père Geoffrey et sa grand-mère Winnifred ☼ cette dernière lui attachait la main gauche dans le dos pour la forcer à écrire de la main droite ☼ ses parents sont divorcés ; Beatrice était une moldue, et une femme volage ☼ Louise collectionne les ours en peluche et tous ont un nom et un caractère bien défini ☼ son préféré, c’est Gonzague le Hardi, mais il ne faut pas le dire aux autres ☼ elle préfère le vélo moldu aux balais magiques ☼ elle dit qu’elle surveille sa ligne, mais mange du chocolat en cachette ☼ elle a une pile à lire plus grande qu’elle mais trouve toujours le moyen d’acheter de nouveaux livres ☼ elle joue de la flûte traversière ☼ elle dessine comme une enfant ☼ elle est allergique aux noix et aux arachides ☼ elle a une cicatrice dans le dos depuis mai ☼ elle ne tient pas en place et part régulièrement en randonnée pour évacuer son trop plein d'énergie ☼ elle a trois chats : Alberto, Myrddin et Paracelsus ☼ son père travaille au Bric’à’Broc, boutique d’ustensiles, de chaudrons et d’autres babioles pour sorciers aguerris

La photographie animée de la Gazette montrait le visage de Harry Potter, l'Élu, au sortir de la guerre. Le journal titrait en grosses lettres noires : CINQ MOIS APRÈS, QUE DEVIENT-IL ? et s'en suivait des pages et des pages sur l'après-guerre, la reconstruction du monde sorcier et la vie de notre héros national.

Accoudé au comptoir de la caisse Geoffrey Chester délaissa cet angoissant torchon et suivit sa fille du regard. Elle filait à droite à gauche dans la boutique, transportant avec facilité les chaudrons et les cartons pleins d'ingrédients à inventorier et à mettre en rayons. Ses cheveux roux voletaient dans son dos et rappelaient ceux de sa mère - chose qui le laissait à la fois nostalgique, rêveur et perplexe. Elle s'avançait avec assurance, elle que Geoffrey voyait encore comme une enfant. Comme le temps était passé vite ! Pour lui, hier encore, elle était cette petite fille aux joues rondes qui apprenait à marcher. Accroupi, il tendait les bras dans sa direction et elle trottinait vers lui en tanguant de temps en temps, avant de se laisser tomber dans ses bras en riant. Elle était une enfant innocente - elle l'est toujours - mais la guerre et les épreuves ne l'avaient pas encore frappé.

A cette pensée, la question franchit ses lèvres avant même qu’il ne puisse la retenir.

« Est-ce que parfois, tu m'en veux ? »

Louise pivota dans sa direction. La surprise se lisait dans ses iris noisettes, mais la jeune fille n'était pas plus bête qu'une autre. Et elle connaissait son père. Elle l'observa en silence, attendant qu'il prenne son courage à deux mains. Acculé, il ne pouvait plus reculer maintenant qu'il avait fait le premier pas. C'était un principe et une valeur qu'il avait essayé d'inculquer à sa fille : ne jamais tout garder pour soi. Les choses mauvaises et tristes pourrissent si on les enferme dans notre cœur, et elles obscurcissent tout le reste.
Mais il fallait reconnaître que, parfois, les choses n'étaient pas simples à dire.

« Est-ce que... Est-ce que tu m'en veux d'être ton père ? »

C'était donc ça. Quand revenait l'automne, Geoffrey Chester passait régulièrement par une phase de déprime saisonnière durant laquelle il questionnait le monde et ses choix de vie. La crise de la quarantaine qu'il traversait n'arrangeait en rien son état et, trop souvent, il souhaitait refaire le monde et changer le passé.

« Il va te falloir être plus précis. »

Elle savait ce qu'il voulait dire, ce à quoi il faisait référence, mais c'était à lui de mettre des mots là-dessus. Le faire à sa place ne l’aiderait pas. Il grimaça et posa ses mains sur le comptoir. Il jouait nerveusement avec ses doigts, tel un enfant craignant de passer devant toute sa classe pour réciter un poème qu'il n'avait pas appris. Le voir ainsi lui fit mal au cœur, elle ressentait sa tristesse au centuple. Louise posa son chargement et s'approcha du comptoir pour écouter son père.

« Quand tu avais sept ans... » Il releva les yeux vers sa fille pour voir comment elle réagissait et décider s'il fallait ou non poursuivre. En silence, elle hocha la tête et l'encouragea. « Quand tu avais sept ans, je t'ai arraché à Beatrice. Nous avons déménagé du jour au lendemain. Tu avais tes amis à Pontypridd, tu avais tes cours de danse et ton club d'équitation… Je me demande souvent si j’ai bien fait. Si j’aurais dû te laisser le choix…

— Je t'en ai voulu, oui. » Au vu de la stupeur sur le visage du vendeur de babioles, ce n'était pas la réponse qu'il souhaitait entendre. Louise ne se laissa pas influencer et continua. « Grand-mère Winnifred, excuse-moi le terme, est quelque peu rude et sa façon d'enseigner démodée. Maman m'a longtemps manqué, mais j'ai compris plus tard ce qu'elle avait fait... Ce qu'elle nous avait fait. »

Marquant une pause, Louise posa sa main sur la main de son père.

« Tu es le meilleur père que j'aurais pu avoir. Si je suis une sorcière accomplie, aujourd'hui, c'est grâce à toi. Tu as fait de ton mieux pour m'offrir la meilleure vie possible et je t'en serais toujours reconnaissante. Je suis fière d'être ta fille. »

Le tendre sourire de Louise était contagieux et ses mots frappaient juste car ils étaient sincères. Geoffroy acquiesça et serra les doigts de sa fille entre ses siens.

« Et ce n'est pas grave si tu as tenté plusieurs fois de m'assassiner avec tes plats carbonisés, cela m'a forgé une grande immunité aux poisons. »

Son rire clair éclata dans la pièce et son père souffla du nez à la taquinerie de sa fille. Louise libéra la main de son père après l'avoir gratifié d'un bisou sur la joue et retourna à son travail. Le nouvel arrivage d'herbes médicinales n'allait pas se ranger tout seul !

Détournant les yeux, Geoffrey débarrassa son bureau du journal qu'il jeta dans le tas de papiers à recycler. Cinq mois après. Les titres de la Gazette le mettaient toujours mal à l'aise. Tout était trop frais, tout le monde parlait encore de la guerre et il n'y avait que Geoffroy qui ne pouvait pas prononcer ce mot-là. C'était plus fort que lui. Il repensait aux combats qu’il avait fuit, il repensait aux Mangemorts et à Vous-Savez-Qui. Louise les avait vu de trop près pendant les affrontements à Poudlard et elle avait failli mourir. Quelle idée saugrenue que de faire combattre des enfants ! Quand bien même elle était une jeune femme forte et pleine de vie, de tels événements l'avaient marqué. Il le savait.

L'entendant soupirer, Louise leva à nouveau les yeux de son carton et offrit un sourire à son père.

« Je t'aime, papa. »

Il eut un sourire à son tour.

« Moi aussi. »

Et c'était pour cela qu'il avait peur pour elle.