Welcome in my new life

Cela faisait quelques semaines que Gillian avait entamé une nouvelle vie en Angleterre. Seth et ses parents lui manquaient cruellement mais elle ne pouvait se résoudre à leur communiquer des nouvelles de peur de les mettre en danger. Elle faisait donc ce qu’elle avait toujours fait : lever la tête et regarder droit devant elle pour avancer. Seulement ce n’était pas simple. Etre sous protection d’un Auror avait des avantages et des inconvénients. L’un des avantages étaient qu’au moins, maintenant elle se sentait un peu plus en sécurité et elle avait besoin de ça en ce moment. Aller parler aux autorités de ce qu’elle avait vu n’était pas l’idée la plus brillante qu’elle ait eu. Cela n’avait fait que la mettre en danger et sa famille aussi. Cependant, elle avait l’un des meilleurs Auror des Etats-Unis pour s’occuper de sa protection et elle en était infiniment reconnaissante au gouvernement Américain de lui avoir fait ce « cadeau ». Enfin, cadeau s’était vite dit. Matthew Rippner était plutôt invivable. Il avait une conscience professionnelle si accrue que dans n’importe quel endroit où Gillian devait aller il la suivait comme son ombre. Gillian détestait cela. Vivre en étant dépendante de quelqu’un ne lui avait jamais plut. Déjà lorsqu’elle était adolescente, elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour se montrer autonome et cela n’avait pas changer avec son changement d’apparence. Matthew ne comprenait que Gill’ essaye d’échapper à sa surveillance. Pour lui s’était normal de faire son boulot à cent pour cent. Seulement, Gillian étouffait lorsqu’il était près d’elle. Elle ne pouvait esquisser ne serai-ce qu’un geste qu’il était déjà près d’elle près à la suivre où elle voudrait. La jeune sorcière avait l’impression d’être suivie par un toutou qui obéirait à ce qu’elle désirait.

Ce sentiment d’étouffement était présent depuis qu’elle avait été dénoncé Cal Rodriguez aux autorités magiques qui travaillaient en étroites relations avec celles Moldues. Gillian leur avait offert sur un plateau d’argent le dangereux criminel mais elle avait d’abord voulu être sûre que sa protection serai optimale, ainsi que celle de ses proches. Elle ne se doutait pas une seule seconde que Cal avait retrouvé son ancien fiancé Seth et l’avait torturé avant de le tuer. Il connaissait désormais la destination de Gillian. La jeune femme avait fait l’erreur de dire à Seth qu’elle comptait se rendre en Angleterre mais elle ne lui avait pas donné plus d’éléments puisque lorsqu’elle lui avait avoué tout cela, elle n’avait pas encore choisit son nouveau nom pour sa nouvelle vie. Nouvelle vie : cela en ferait rêver plus d’un. Qui n’a jamais rêvé de recommencer une vie ou personne ne nous connait et où la vie est plus facile. Pas Gillian en tout cas. Son ancienne vie lui convenait tout à fait. Elle avait des parents aimants, un fiancé et surtout une vie merveilleuse. Jusqu’au jour où elle avait assisté à un meurtre. A la base, elle ne devait pas se trouvait à cet endroit … Mais ne dit-on pas que l’on se retrouve toujours au mauvais endroit au mauvais moment ? Normalement, Gillian devait se trouver à des kilomètres de là mais elle avait oublié ses clés de maison à son bureau et bien entendu le meurtre s’est fait devant son bureau… Elle avait réussi à courir jusqu’à sa voiture et à démarrer en trombe avant de s’engager sur la route pour aller voir la police sorcière.

La jeune américaine en faisait des cauchemars terribles mais ne souhaitait pas en parler et surtout pas à Matthew. Il était bien gentil cet Auror mais ça s’arrêtait là. Jamais leur relation ne serait plus que professionnelle. D’un il n’était pas le type de Gillian et de deux, il était trop accès sur le travail pour lui plaire. Gillian aimait la perfection et des fois cela frôlait l’obsession mais là, Matthew était pire que tout. Gillian se retrouvait donc toute seule pour faire face à tous les problèmes qui lui tombaient dessus en même temps. D’ailleurs un nouveau problème allait bientôt faire apparition dans la vie de Gillian. Cette nuit là, elle fut réveillée en sursaut par un cauchemar. Encore un cauchemar où elle voyait la mort de Seth et la sienne de la main de Cal Rodriguez. Les draps de la jeune femme était moite de transpiration et elle avait les cheveux collés sur sa peau au niveau des tempes et de la nuque. On aurait dit qu’elle venait de courir un marathon. Ses draps étaient défaits, elle avait fait la guerre avec ces derniers. Secouant la tête pour essayer d’oublier les vestiges de son cauchemar, Gillian se leva afin de se servir à boire. Dans la chambre d’à côté, elle entendit Matthew remuait comme s’il se réveillait. A croire qu’il avait réglé son horloge biologique à celle de Gillian. Cela en devenait effrayant. Alors qu’elle se dirigeait vers la cuisine afin de boire, elle ressentit une nausée et partit en courant dans les toilettes. Elle ferma la porte à clé et vomit tout ce qu’elle avait avalé la veille. C’était très désagréable. Lorsqu’elle eut fini, la jeune femme s’adossa contre le mur.

Elle se doutait bien que la raison pour laquelle, elle venait de vomir n’était pas une maladie. Elle avait remarqué qu’elle était en retard de quelques jours dans ses règles et cela ne pouvait venir que d’une chose. Soit elle était enceinte soit elle avait du retard et elle aurait ses règles. La perspective d’avoir un enfant la terrifiait au plus haut point. Elle n’avait jamais été une fille a abandonné dès que cela devenait trop difficile mais avoir un enfant ce n’était pas pareil. Il pourrait servir comme monnaie d’échange pour son silence dans le pire des cas et Gillian ne se voyait pas élever un enfant dans ces conditions là. Alors qu’elle rejetait encore ce qu’elle avait dans le ventre, elle entendit des petits coups frappaient contre la porte. Ce devait sûrement être Matthew. Il ne pouvait pas la laisser quelques secondes tranquille. Elle n’allait pas se faire tuer dans la salle de bain surtout que personne ne savait où elle était. Enfin le pensait-elle. Gillian poussa un soupir et tira la chasse. N’obtenant aucune réponse de la part de la jeune femme l’Auror réitéra ses coups sur la porte. Gillian replia ses genoux contre sa poitrine. Elle n’avait pas envie de le voir et encore moins de lui parler mais Matthew était persévérant et cela agaçait Gillian. Elle ne pouvait pas souffler cinq minutes sans qu’il ne vienne troubler sa tranquillité.

« Miss Bell, vous avez besoin d’aide ? Je peux vous être utile en quoique se soit ?  »

Gillian enfouit son visage dans ses mains et ne répondit pas. Elle en avait marre des questions comme celles que Rippner avait posé. Il ne pourrait jamais aider la jeune femme comme elle le voudrait. Tout ce qu’elle souhaiterait pour le moment c’est qu’il aille se recoucher et qu’il lui fiche la paix. Mais le pauvre Auror ne se doutait pas un seul instant que la jeune femme puisse aspirer à un peu de tranquillité. Il retapa et réitéra ses questions. Un grognement lui répondit. Il avait enfin une réponse mais c’était pas suffisant. Gillian ne lui répondit que comme ça sinon elle allait l’envoyer bouler et ce ne serait pas du joli. Mais Matthew n’allait pas abandonner si facilement. Il frappa des coups plus forts.

« Miss Bell, si vous ne me répondez pas je défonce la porte… »

Pour Gillian se fut la goutte d’eau qui fit déborder le chaudron et elle laissa exploser sa frustration et sa colère en même temps. Depuis un certain temps, elle avait des sautes d’humeurs plus importantes qu’avant et cette nuit là en faisait partie.

« RIPPNER ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE … FOUTEZ MOI LA PAIX … BORDEL … !!!! »

Puis elle prit ce qui lui passait sous la main et l’envoya valser contre la porte. En l’occurrence c’était le sèche cheveux. Elle devrait en racheter un mais tant pis… Ils avaient décidés de vivre comme des Moldus pour ne pas éveiller les soupçons sur eux. Seulement, ce n’était pas dans les habitudes de la jeune femme et elle en avait marre… Quand elle eut finit de crier et de piquer sa crise de gamine, elle se rassit par terre et pleura toutes les larmes de son corps. Elle s’endormit ainsi.


Le lendemain matin, elle sortit doucement de la salle de bain et s’habilla en vitesse avant d’écrire à Sainte Mangouste pour prendre rendez-vous avec une Médicomage. Gillian précisa que c’était assez urgent et qu’il lui fallait un rendez-vous. Matthew dormait encore et c’était très bien. Le hibou partit avec la lettre. En attendant la réponse, Gillian s’activa à faire des lessives. C’était vraiment bizarre de faire comme si tout était normal alors que tout dans la vie de la sorcière était un désastre. Matthew ne s’était pas réveillé ou alors il était encore dans sa chambre pour éviter les sautes d’humeurs de Gillian qui arrivait à n’importe quel moment. Si c’était la dernière option, Gill’ lui en était reconnaissante. Elle s’excuserai probablement mais pas pour le moment. Il lui fallait du temps avant de se confondre en excuse devant son comportement de gamine. Ne voyant toujours pas le hibou revenir, elle nettoya les dégâts qu’elle avait causé la veille et mit à la poubelle son sèche cheveux qui s’était cassé. Elle fut surprise par le hululement du hibou et constata qu’elle avait rendez-vous dans trente minutes. Gillian écrivit vite fait un petit mot pour Matthew et transplana à Sainte Mangouste. Elle arriva à l’accueil.

« Bonjour, j’ai rendez-vous avec la Médicomage Williams… Pourriez-vous m’indiquer le chemin s’il vous plaît ? »

Gillian avait encore son accent américain et il allait pas partir de si tôt. Enfin elle espérait qu’il ne partirait pas. C’était la seule chose qui la rattachait encore à son pays natal. Seulement, c’était aussi la seule chose qui pourrait la trahir si un jour Cal la retrouvait. Il ne fallait pas qu’elle pense à ce genre de chose sinon elle risquait de refaire une crise comme hier. Son comportement avait été puéril, elle le savait mais elle n’avait pas trouvé d’autres moyens de laisser sortir sa frustration et sa colère. Cependant, Matthew n’était pas la bonne personne et il s’était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. La jeune femme de l’accueil la sortit de ses pensée en lui indiquant le chemin et elle partit dans la direction donnée. Traversant les couloirs, elle sourit à toutes les personnes qu’elle croisait. Un sourire n’avait jamais fait de mal à personne et cela ne lui prenait guère de temps. Arrivée à destination, Gillian attendit patiemment qu’on vienne la chercher. Une petite fille toute mimi s’approcha d’elle et la regarda avec de grands yeux verts. Elle était belle. Gillian s’accroupit.

« Excusez-moi Madame, vous pouvez me remettre ma robe comme il faut ? Maman est partie voir la Médicomage. »
« Mais bien sûr, demoiselle. Montre moi ça. »

Avec un sourire aux lèvres, Gillian remit bien en place la robe de la petite fille.

Moira Rose Williams buvait son quatrième café depuis son réveil le matin même aux aurores. La médicomage sourit aux patients et collègues qu'elle croisait, le genre de sourires qui vous réchauffent le cœur même si vous ne connaissez pas la personne qui vous les adresse. C'était tout Moira, chaleureuse, dévouée aux autres et pleine de douceur. Ce jour là, la jeune femme était de consultations. C'était le moins passionnant dans le métier de médicomage, plein de routine, de protocole, de questions qui se ressemblent, de patients qui ont besoin d'être rassurés. Moira était clairement une femme de terrain, le genre de ceux qui sont faits pour prendre l'action en mains et gérer des situations d'urgence, tout le contraire de son petit ami Nathanael Fischer dont elle était folle amoureuse, à cette époque déjà. Café en main, une pile de dossiers dans l'autre, la sorcière se rendit vers la salle d'examen où elle avait passé sa matinée. Certes consulter n'était pas ce qu'il y avait de plus passionnant mais souvent c'était le meilleur moyen de tomber avant tout le monde sur des cas relativement intéressants voire uniques et puis tout le monde devait y passer. Avec son éternelle énergie, la sorcière entra et vit que son rendez-vous était déjà là.

« Bonjour Miss Anderson ! » salua la médicomage avec son sourire rayonnant qui ne faiblissait jamais. « Et toi tu dois être la petite Becki ? » demanda-t-elle avec douceur en se penchant vers une petite fille avec de grands yeux verts et pétillants, semblables à ceux de Moira d'ailleurs. La médicomage prit le dossier de la patiente et le survola avant de froncer les sourcils. La petite avait été attaquée par un loup-garou depuis peu et c'était l'une de ses deux visites mensuelles. Une avant et après la pleine lune pour s'assurer que son petit corps ne subissait pas des dommages trop importants suites aux transformations mais aussi voir comment les parents vivaient la situation. Soutenir du mieux possible. « Bien » reprit Moira avec énergie et un sourire après avoir fermé le dossier et l'avoir posé sur une table. Elle approcha de la petite fille et s'adressa directement à elle. « Tu veux bien enlever ta robe que je t'ausculte ? Je dois voir ta cicatrice Becki. » Avec l'aide de sa mère, la petite s'exécuta. A peine âgée de quatre ans, la petite fille voyait déjà sa vie compliquée par un phénomène qu'elle n'avait pas choisi. Sa carrière professionnelle serait difficile mais aussi plus tragiquement son adaptation dans la société et toutes ces complications, Moira pouvait les voir sur le visage de la mère de la petite Becki. La robe retirée, en culotte rose et chaussettes, la médicomage observa sa blessure désormais soignée. Sur son petit ventre rebondi se trouvait une imposante marque qui le tranchait sur toute sa longueur. C'était la première fois que Moira voyait quelqu'un d'aussi jeune se faire attaquer – mais ce fut de loin la dernière – et avec un regard abasourdi qu'elle masqua par professionnalisme, la jeune femme se rendit compte à quel point une des griffes de l'animal était passée près du petit cœur de Becki. A quelques millimètres, elle aurait été tuée. « Est-ce que ça te fait mal si j'appuie ici ? »

La consultation continua ainsi pendant une bonne demi heure. Moira vérifia un peu tout, prenant le temps de s'assurer que la petite ne souffrait pas inutilement. La médicomage s'assura que ses poumons n'étaient pas touchés et surtout que les transformations à répétition n'altéraient pas son petit métabolisme avec le temps. Malgré tout, la jeune femme châtain savait que la petite était condamnée à paraître plus vieille que son âge, s'épuiser avant ses trente ans, avoir toujours l'air malade, au bout du rouleau. Mais pour l'instant, elle était encore une enfant respirant la joie de vivre et l'énergie. Moira caressa ses beaux cheveux avec un sourire radieux avant de la faire descendre du lit d'hôpital. « Est-ce que tu veux bien attendre dehors deux minutes ? Je dois parler en privé avec ta maman » lui dit la sorcière en la conduisant à la porte. « Ne t'éloigne pas surtout ! » Moira laissa la porte entre ouverte au cas où. Une fois qu'elle fut certaine de ne pas être entendue de la petite, la médicomage se tourna vers la mère et commença à parler de ce qu'elle vivait en tant que parent. C'était parce que la situation était tragique et surtout que Becki, même âgée de quatre ans, pouvait comprendre bien plus de choses que l'on ne pouvait le supposer que Moira avait séparé l'enfant de la mère. La discussion fut brève mais utile. La mère pleura, se demandant ce qu'elle avait fait au Ciel pour que son enfant soit ainsi maudit et Moira la conseilla, la réconforta autant que possible avant de lui conseiller d'en parler à un spécialiste, de rencontrer d'autres loups qui eux arrivaient à le vivre ou du moins à survivre. Quand elle eurent terminé, Becki n'était plus derrière la porte. Moira senti son cœur s'emballer tandis que la mère appelait sa petite.

« Excusez-moi Madame, vous pouvez me remettre ma robe comme il faut ? Maman est partie voir la Médicomage. » dit la petite voix de Becki à une femme qui semblait si épuisée que Moira se demanda si ce n'était pas la journée des loups garous.
« Mais bien sûr, demoiselle. Montre moi ça. »
« Ahh.. Te voilà Becki. Ta maman te cherche partout ma puce. Miss Anderson, elle est ici » appela Moira en prenant la petite fille dans ses bras et regardant la mère approcher d'un pas rapide.
« Merci beaucoup Docteur. Pour... tout » remercia la mère en prenant sa petite dans ses bras.
« Je ne fais que mon travail » répondit modestement Moira avant de se tourner vers la femme. « Seriez vous par hasard mon prochain rendez-vous ? Moira Williams, si vous voulez bien vous donner la peine » demanda-t-elle avec un sourire rayonnant et plein de chaleur. Cependant alors qu'elle allait suivre la jeune femme, Moira vit passer , le nez dans un dossier comme toujours, une multitude de notes de services voletant au dessus de sa tête, son petit ami Nathanael. Sans même réaliser qu'elle était sur son lieu de travail, que ce n'était pas professionnel, Moira avança de quelques pas en sa direction et le saisit par le cou avant de l'embrasser avec fougue, le sortant de ses pensées toujours aussi sérieuses. Moira avait éternellement eu l'impression que si elle ne faisait pas partie de la vie de Nathanael, il serait sérieux h24. « Je t'aime » murmura-t-elle avant de l'embrasser furtivement et de retourner près de sa patiente, rayonnant de bonheur amoureux avec une telle intensité que Moira donnait l'impression d'irradier littéralement. « Après vous » elle indiqua d'un geste de la main la porte de sa salle de consultation et laissa entrer sa patiente en premier avant de fermer la porte derrière elle. Après avoir rangé le dossier de Becki et inscrit quelques notes dessus, la médicomage se mit devant sa patiente et mit les mains dans les poches de sa blouse rose. Après avoir adressé un dernier sourire à la jeune femme, Moira fronça légèrement les sourcils, se doutant que le problème n'était surement pas que physique, la plupart du temps tout se passe dans la tête. Quand le moral coule, le corps suit et inversement. C'est une sorte de cercle vicieux qu'elle se devait de rompre en tant que médecin. « Dites moi ce qui ne va pas, je vous écoute. » Moira eu un rapide sourire encourageant avant de rester silencieuse et attendre que sa patiente ne lui dise ce qu'elle avait sur le cœur. Pour beaucoup de gens, aller chez le médecin, c'est le dernier recourt pour se confier à quelqu'un avec la certitude que le secret sera gardé. « Je suis votre médicomage, vous pouvez tout me dire. »

Lorsque Gillian eut fini de remettre à la petite fille sa robe correctement, elle entendit une voix féminine qui cherchait Becki puisque c’était le prénom de la petite fille. C’était très beau. Alors que la petite allait dans les bras de sa mère et que cette dernière partait, elle adressa un signe de la main à Gillian qui le lui rendit avec un sourire. Elle aussi aurait aimé avoir un enfant, mais pas dans ces conditions. Elle avait toujours peur qu’au coin d’une rue surgissent Cal et qu’il la tue. Après tout elle l’avait dénoncé à la police magique et moldue. Gillian fut sortie de ses pensées par Moira Williams sa médicomage. Souriant, Gillian se présenta à son tour.

« Gillian Bell. Ravie de vous rencontrer Miss Williams. »

Gillian passa alors pour prendre la direction du bureau de Moira. Alors qu’elle se retournait pour lui demander lequel était le sien, elle vit passer un homme plongé dans les dossiers puis la brune se mit à l’embrasser. Un sourire tendre prit place sur le visage de l’américaine. Cette scène était très belle. Elle aurait aimé que Seth soit avec elle en ce moment. C’était son enfant à lui aussi. La jeune femme aurait aimé qu’il puisse la soutenir dans ce moment. Le connaissant, il l’aurait aidé et elle n’aurait pas eu à avorter. Ils auraient gardé le bébé et aurait approcher le mariage pour qu’à sa naissance, Gillian porte le même nom de famille qu’eux. Alors qu’elle était encore perdue dans ses pensées, Moira la pria de passer devant. Gillian n’avait pas perdu son sourire malgré les pensées qui se bousculaient dans sa tête. Il s’agrandit même lorsque la brune vit que la médicomage était amoureuse. Cela se voyait à dix kilomètres à la ronde. C’était beau une femme amoureuse… Quand on l’était, on avait l’impression que rien ne pouvait nous atteindre. Gillian savait que c’était faux, mais elle adorait voir les gens amoureux car il était heureux. Les deux femmes entrèrent dans le bureau de Moira et Gillian s’assit sur une chaise devant la jeune femme. Elle rangea un dossier et la sorcière se douta que c’était le dossier de la petite fille avant elle. Tandis que la médicomage parlait, Gillian passa une main sur son ventre. Elle aurait tant aimé gardé ce bébé mais elle ne pouvait pas. Avant qu’elle change d’avis, elle avoua ce qu’elle avait.

« Je pense que je suis enceinte et je souhaite avorter. »

Dit comme ça de but en blanc, cela pouvait paraître bizarre. La jeune femme s’en rendait compte maintenant, mais elle ne savait pas comment rattrapé son erreur. Mais pourquoi diable, Seth n’était pas là. Lui aurait sut ce qu’il fallait faire pour rattraper ce qu’elle avait dit. Il faisait toujours ça parce que Gillian était trop directe et franche. Baissant les yeux sur son ventre, elle se massa les tempes. Elle sentit que ses yeux s’humidifiaient… Non elle ne devait pas pleurer. En tout cas pas maintenant. Arrivée à la maison oui peut être. En pensant à la maison elle repensa à sa scène d’hier et à la façon dont elle avait laissé en plan Matthew. Il faudrait qu’elle s’excuse car ce n’était pas digne d’une adulte de réagir comme ça. Lorsqu’elle releva les yeux, elle rencontra les yeux bleus de son interlocutrice.

« Je sais que ce que j’ai dit était précipité et peut être dénudé de sens pour vous mais je vais vous expliquer la raison pour laquelle je souhaite avorter. Elle prit une grande inspiration avant de poursuivre. Je viens d’arriver d’Amérique et je suis toute seule… Ce bébé est une erreur … Je ne souhaite pas le garder … Je ne saurais pas comment m’occuper de … »

La fin de sa phrase mourut dans des sanglots. Elle ne savait pas si elle avait commencé à pleurer avant de parler ou pendant qu’elle déblatérait ses mensonges. Elle savait que tous ses mensonges étaient nécessaires pour ne pas éveiller les soupçons … Mais arriverait-elle à supporter tout ça sans broncher ? Elle en était pas si sûre. Depuis qu’elle avait dénoncé Cal, elle avait su rester maîtresse de la situation mais là elle ne savait vraiment pas quoi faire. D’un côté, elle voulait garder son enfant … Le dernier souvenir de Seth mais de l’autre elle s’avait que ce serait une bêtise …

« Je….suis désolée … »

Moira attendit sagement que sa patiente lui dise ce qui n'allait pas. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, dans certains cas, il ne suffisait pas d'un coup de baguette pour diagnostiquer et les malades souffraient pas que d'une grippe bleue ou d'un maléfice, il fallait aller chercher plus loin, là où se trouvait une douleur bien plus douloureuse car psychologique. Cependant s'il y avait bien une chose à laquelle Moira ne s'était pas attendue c'était que sa patiente prenne une décision aussi brutale et l'annonce avec une telle neutralité. « Pa... Pardon ? » demanda la jeune femme en clignant des yeux et se penchant légèrement en avant de peur d'avoir mal entendu. Non elle s'était trompée, c'était forcé.

« Je pense que je suis enceinte et je souhaite avorter. » lui annonça sa patiente. Moira cligna à nouveau des yeux et se redressa lentement. On ne lui avait jamais faite celle là et pendant deux secondes la médicomage eu la stupide pensée que c'était peut être une plaisanterie mais en voyant le visage angoissée de Miss Bell, ses yeux gonflés par les larmes, Moira se trouvait bel et bien devant quelqu'un qui souffrait, quelqu'un qui venait de prendre une décision surement prise sans vraiment peser le pour et le contre mais dans la peur. En général avoir un enfant était une bonne nouvelle, Moira le pensait sincèrement elle qui espérait plus que tout être un jour mère d'un petit être né du fruit de son amour pour Nathanaël. Soudain elle réalisa que c'était surement la première fois qu'elle envisageait une future maternité alors qu'elle et son petit ami n'en étaient pas même au stade des fiançailles. Non, c'était encore trop tôt pour parler de ça et c'était surement ce que ressentait Miss Bell, sinon elle ne voudrait pas se séparer de son bébé. Dans ce cas là la seule chose à faire était de savoir dans quelles circonstances il avait été conçu, car presque toujours, cela détermine s'il y a un avortement ou non.

« Je vois... » dit-elle lentement, cherchant sous quel angle attaquer car évidement, si elle était trop brutale, indiscrète ou éveillait des souvenirs trop douloureux, Moira risquait de braquer sa patiente et donc la perdre. Une femme enceinte lâchée dans la nature était de loin rassurant, surtout lorsqu'elle veut avorter. Vous ne savez pas ce dont sont capables certaines femmes pour perdre un enfant à tous prix. Le désespoir les rend inventives et surtout intrépides. « Je sais que ce que j’ai dit était précipité et peut être dénudé de sens pour vous » commença la patiente mais Moira s'empressa d'intervenir afin de la rassurer. C'était dans ce genre de moment qu'il était crucial de créer une atmosphère intime et complice. « Non, non, je ne suis pas ici pour vous juger mais m'assurer de votre santé et... celle du bé..fœtus. » se rattrapa-t-elle au dernier moment. Moira jugea que si la jeune femme pensait nécessaire d'avorter, ce n'était pas la peine de la faire culpabiliser inutilement en prononçant des mots tels que « bébé » qui sous entendent alors une vie humaine, un meurtre.

« Je vais vous expliquer la raison pour laquelle je souhaite avorter. Je viens d’arriver d’Amérique et je suis toute seule… Ce bébé est une erreur … Je ne souhaite pas le garder … Je ne saurais pas comment m’occuper de … » Moira respira profondément, tâchant de se montrer le plus neutre possible et le plus compréhensible. D'ailleurs, elle n'en voulait pas à sa patiente, comment le pourrait-elle ? Miss Bell était seule dans un nouveau pays, elle était jeune et visiblement sans attache sinon elle ne serait pas ici à angoisser. Avoir un bébé dans de telles circonstances n'est pas une bonne chose, pas avec une mère incertaine. L'instinct maternel ne s'apprend pas qui plus est, est Moira ne savait pas s'il en existait véritablement un. Voyant que sa patiente pleurait, la médicomage lui tendit une boîte de mouchoirs et lui prit la main, parlant avec douceur et compréhension. « Chut... Ne pleurez pas Gillian. Je peux vous appeler Gillian ? Nous allons trouver une solution et si vous avez besoin de parler j'ai tout mon temps, je suis ici pour ça. Et... Ça restera parfaitement confidentiel. » ajouta Moira avec un doux sourire tout en pressant la main de sa patiente en larmes.


« Je….suis désolée … » lui dit-elle. La médicomage eu un sourire triste et assura à sa patiente qu'il était inutile de s'excuser, qu'elle n'était pas ici pour ça. Moira avait toujours senti que sa vocation était d'aider les autres histoire de redistribuer tout le bonheur auquel elle avait injustement eu droit toute sa vie sans raison valable. Elle était chanceuse, c'est tout. Une famille aisée, de belles études, un métier de rêve, l'amour de sa vie auprès d'elle, que demander de plus ? Que tout le monde soit ainsi, comblé. Et c'était quand elle se trouvait face à des gens comme Gillian que Moira souffrait, se rendant compte à quel point tout était injuste. Cette femme avait un enfant dont elle ne voulait pas alors qu'elle avait des patients prêt à tout pour en avoir et ce, depuis des années. Moira lâcha la main de Gillian pour prendre un dossier et commencer à noter quelques informations essentielles. Tout en s'exécutant, elle s'adressa à la jeune femme.

« Je suis désolée de vous poser cette question mais... Vous comprendrez que je ne peux autoriser un avortement sans certaines informations essentielles comme le nom du père et son opinion sur le sujet. » dit-elle avec un sourire contrit. Oui car si beaucoup de mères voulaient se séparer de leur bébé, beaucoup de pères ne le voulaient pas ou ne le savaient pas. Mais généralement, et même toujours, Moira apprenait que le géniteur n'était qu'un beau parleur qui ne savait pas dans quoi il s'embarquait. Combien de fois avait-elle retrouvé ses patientes quelques mois après la naissance, portant le statut de mère isolée ? Mais c'était le protocole et en temps que médicomage confirmée, Moira se devait de le respecter à la lettre. Surtout lorsque l'on est la petite amie de Nathanaël Fischer... « N'avez vous donc pas de famille ? Des proches qui voudraient vous aider ? Même des amis ? Parfois ce ne sont pas ceux auxquels on pense qui nous aident le plus. » insista tout de même Moira sachant que selon la règle elle devait tout faire pour éviter l'avortement et donc une suite de problèmes que beaucoup de femmes ignorent la plupart du temps, obsédées par l'idée de se débarrasser d'un poids sur la conscience. « Gillian... » commença Moira doucement en posant son dossier sur le lit et regardant sa patiente dans les yeux avec sérieux. « Un avortement est une étape grave dans la vie d'une femme qui peut conditionner votre vie future sous des aspects bien différents. Vous pouvez très bien, même plus tard une fois prête et dans de meilleures conditions être incapable d'avoir un enfant à cause d'un blocage. Ou n'être jamais capable de vous pardonner pendant tout une vie. C'est vraiment très sérieux et vous devez être certaine qu'il ne reste absolument aucune autre solution que celle-ci. »