Maverick - Perdre n'est grave que si on a mal joué.... Oui, mais quand même !

« Pourquoi Papi Mycroft il est pas sur la photo, dis, papa ? » Maverick venait d'avoir quatre ans et il avait bien l'intention de profiter du fait que son père soit à la maison pour lui poser le maximum de questions. Surtout celles où les domestiques qui s'occupaient de lui en temps normal ne pouvaient répondre. Jonathan Morgenstern, installé à son bureau, leva brièvement les yeux de sa paperasse pour jeter un coup d'oeil à son petit garçon assis par terre à coté de son fauteuil, un album de famille ouvert sur les jambes. Un bref sourire étira ses lèvres. « Il y est, mon fils. Tu vois l'oiseau sur l'épaule de Mamie ? C'est lui, c'est Papi Mycroft. » L'enfant ouvrit des yeux tout ronds et s'exclama : « Quoi ?! Papi était un oiseau ? » Attendri par la bouille de son bambin,John repoussa son fauteuil et attrapa Maverick pour l'asseoir sur ses genoux avec l'album-photo. Il tourna la page et lui montra le même oiseau sur un autre cliché. « Ton grand-père était ce que l'on appelle un animagus. » « Un nanimagusse ? » « Oui. Ça veut dire qu'il pouvait se transformer en un animal. Son animal totem en quelques sortes. » Le petit garçon réfléchit à ce qu'il venait d'apprendre avant de s'écrier : « Mais alors, il pouvait voler dans le ciel ! » John rit doucement devant l'émerveillement de son petit dernier. « C'est ça » dit-il en caressant doucement ses cheveux d'or. « Papa ? » « Oui, Maverick ? » « Moi aussi, je veux être un nanimagusse. » « Ça m'aurait étonné de toi. Mais, tu sais, ce n'est pas facile de devenir un animagus. Il faut beaucoup travailler. Cela prend des années. » La nouvelle n'eut pas trop l'air d'abattre la jeune garçon. « Je vais travailler, tu vas voir. » Monsieur Morgenstern chassa les mèches sur le front de son fils pour y déposer un bref baiser. « Je n'en doute pas. Allez, maintenant, retourne jouer. J'ai du travail. »

C'est l'année suivante que la première manifestation de magie apparut chez le garçon. Les Morgenstern étant riches, il allait sans dire que leur fortune attirait parfois toutes sortes de cupidité et, un soir que les parents et les plus grandes filles étaient allées à l'opéra, un cambrioleur s'introduisit dans le manoir. Entendant du bruit dans le bureau de son père qui jouxtait sa chambre, Maverick se leva et, de son pas somnambule, il alla voir de quoi il retournait. Tomber nez à nez avec ce voleur moldu le laissa coi un instant. L'homme mal-intentionné découvrit assez tôt le garçon sur le seuil de la pièce et il tourna son arme blanche vers lui, prêt à éliminer le moindre témoin. Mais il ne fit qu'un seul pas dans sa direction avant de devenir blanc comme un linge et de s'enfuir par la fenêtre comme il était venu, abandonnant son magot. Un chat énorme était mystérieusement apparu aux cotés de Maverick. Il avait de longues oreilles et avait découvert sa mâchoire pleine de dents pointues pour effrayer le cambrioleur. Le jeune homme le contempla d'abord avec une grande perplexité. Il ne pouvait pas expliquer pourquoi mais il n'avait pas peur de cette bête pourtant hostile. Quand le criminel eut détalé, le gros chat cessa de feuler et tourna un visage plus amical en direction de son protégé. C'était la première fois qu'ils se rencontraient. Ce que Maverick prit pour un gros chat n'était en fait nul autre que son patronus, un caracal, venu le secourir quand il s'était senti en danger.
Quand la famille Morgenstern rentra de l'opéra le même soir, Sherlena poussa un cri de frayeur en découvrant son fils endormi dans son lit en compagnie d'un caracal constitué de magie blanche. L'animal leva la tête, comme pour vérifier l'identité des nouveaux arrivants, et puis, jugeant que Maverick était à présent en sécurité, il s'évanouit dans l'air.

« C'est un caracal, mais oui, bien sûr ! » s'exclama Maverick, dix ans, au beau milieu de la bibliothèque du manoir. Il avait mis un foutoir pas possible en sortant tous les livres concernant de près ou de loin les animaux du monde moldu – et il allait probablement très bientôt se faire engueuler pour ça – mais il s'en fichait. Il avait enfin trouvé quel était son animal totem, son patronus, qui apparaissait à chaque fois qu'il était en danger. La manifestation des pouvoirs magiques était très différente selon les enfants mais la sienne était tout de même très impressionnante. C'était comme si son inconscience pouvait convoquer son patronus, sans avoir besoin de formule. Comme un instinct de survie. Ses sœurs allaient avaient fait léviter des objets ou des petits tours dans ce genre-là mais lui, il était incapable de soulever le moindre grain de sable. Quelque part, il préférait sa propre manifestation de pouvoir. Surtout que son caracal était magnifique et qu'il l'aimait déjà profondément. Il y avait une autre raison qui le mettait particulièrement en joie, pour dire la vérité. Si ce caracal était son patronus, ça voulait dire qu'en devenant animagus, il pourrait se transformer en lui ! Oh la la... Il avait trop hâte ! Mais il ne connaissait pas encore la magie. Il ne rentrerait à Poudlard que l'année prochaine. Il lui fallait donc prendre son mal en patience. Il mit donc cette année à profit pour lire toutes les informations qu'il put trouver sur cet animal.

Aux vacances d'hier de sa première année à Poudlard, Maverick fit une drôle de déclaration à la cuisinière du manoir : « Je ne veux manger que du poulet et du lapin. » La grosse Marnie leva un sourcil : « Et puis-je savoir ce qui motive cette requête inhabituelle, jeune homme ? » « C'est parce que je veux être un caracal, vous comprenez ? Enfin, il est déjà en moi. Donc il doit avoir faim. Je ne crois pas qu'il aime les gâteaux au chocolat. Dans un livre que j'ai lu, ça disait qu'ils mangeaient essentiellement de la volaille et du petit gibier. » Valentina secoua la tête avant de rétorquer : « Tu ne peux pas être un caracal, tête d'oeuf. » « 'Tina, ne parle pas comme ça à notre frère » avertit Dafne en fusillant sa sœur du regard. « Si, je serai un animagus. Tu vas voir ! » « Mais non, c'est pas possible. » « Si c'est possible ! Hein, Diane ? » La blondinette se dépêcha d'acquiescer : « Oui, Maverick. Tout est possible si on travaille assez sérieusement. » Le garçon tira la langue à Valentina qui lui répondit avec une grimace encore pire. Isabella continuait à beurrer ses petits pains en silence, indifférente au raffut de sa fratrie. « Même que Viper va m'aider, il a dit » marmonna Maverick avant de sourire pour lui-même, tout content de penser à cet élève qu'il avait rencontré en début d'année et avec qui il s'était automatiquement lié d'amitié.

Après avoir découvert que le professeur McGonagall était un animagus, le jeune homme alla bombarder la pauvre femme de question. Toujours très pédagogue, elle répondit avec patience à chacune d'entre elles, ne songeant pas sérieusement que ce garçon si dissipé pendant sa classe puisse réussir un jour à obtenir quelque résultat que ce soit. Elle avait tord toutefois car Maverick Morgenstern était une vraie tête de bois. Et puis, il suffisait qu'on lui dise qu'il ne pouvait pas faire quelque chose pour qu'il se découvre tout à coup une obsession pour ça. Borné et avec l'esprit de contradiction. Comment aurait-il pu échouer ?
Bon, Minerva avait été clair : il fallait d'abord faire des séances de méditation pour sonder son propre esprit et y trouver la conscience de l'animal. Rester sans rien faire n'était vraiment pas son genre mais, pour atteindre le but qu'il s'était fixé, il voulait bien faire ce sacrifice. Pendant sa première année, il passa donc des heures et des heures en tailleur sur son lit, à essayer d'occulter les ronflements de ses camarades pour se concentrer sur son animal totem.

Il dut attendre sa deuxième année à Poudlard pour commencer à réellement sentir le caracal au fond de lui. Parfois, en se concentrant dessus, ses doigts étaient envahis de picotements et il lui semblait qu'il pouvait tout à coup entendre plus loin que d'ordinaire. Comme il faisait à présent parti de l'équipe de Quidditch de sa Maison, il devait partager son temps libre entre les entraînements et ses séances de méditation mais il se rendit bientôt compte que l'un n'allait en fait pas sans l'autre. Sur terre, il était plus rapide et plus endurant. Sur son balai, il était plus adroit et avait de meilleurs réflexes. Il ne pouvait peut-être pas encore se transformer en caracal mais il commençait à pouvoir s'approprier ses capacités physiques. Avant de quitter l'école pour les vacances d'été, il se rendit compte qu'il avait pu entendre une conversation entre des professeurs chuchotant qui se trouvaient à  plusieurs dizaine de mètres de lui.

Au milieu de sa troisième année, Maverick débarqua comme une fusée dans la grande salle en brayant le nom de son meilleur ami. « Vip' ! Vip' ! Viper ! » Il poussa quelques Serpentard qui lui jetèrent un regard noir pour arriver jusqu'à son ami. Il n'avait jamais été aussi excité. « Ca y est ! J'ai réussi ! J'ai réussi ! Enfin, pas en entier mais j'ai eu des griffes ! Regarde ! » Il lui mit sa main sous le nez, main pourvue de doigts tout à fait humains. Il la contempla avec incompréhension. « Mais... Je te jure, elles... J'avais... Si si, elles étaient là. Je n'ai pas rêvé. » Penaud,il se laissa tomber sur le banc à coté de Viper, sous le regard inquisiteur de toute la table de Serpentards qui n'avaient pas l'air ravis d'accueillir un rouge et or dans leurs rangs. Heureusement, le jeune Morgenstern ne se laissa pas abattre aussi facilement. Il attrapa donc son ami par la manche et le força à le suivre hors de la grande salle sans lui laisser le temps de finir son repas. « Viens, on va dehors. Je vais le refaire. Je vais te montrer. C'est trop cool ! » Après vingt minutes de concentration à se geler dans l'air du matin, Maverick parvint effectivement à changer ses doigts en griffes. Il les agita sous le nez de Viper, complètement euphorique.

Sa quatrième année comporta également quelques avancées vers sa transformation. Après une de ses séances de concentration, il se rendit à un rendez-vous fixé avec Viper à un coin peu fréquenté du parc et son ami éclata de rire en le voyant approcher. Ses cheveux d'ordinaire si blonds avaient pris la teinte rousse du caracal et il avait une touffe de longs poils noirs au sommet de chacune de ses oreilles.
Lors de sa cinquième année, il réussit à couvrir sa peau des poils du félin pendant quelques secondes.

Il fallut attendre le milieu de sa sixième année pour voir le jour où il put enfin se transformer en caracal. Il n'avait jamais travaillé aussi durement pour quoi que ce soit. D'ailleurs, il n'avait jamais travaillé durement tout court pour quoi que ce soit dans sa vie. Même devenir le meilleur poursuiveur de l'école au Quidditch lui avait semblé d'une simplicité à pleurer en comparaison. Le caracal résistait depuis des années, comme s'il ne voulait pas se laisser dompter. Seulement, un soir, alors qu'il était assis en tailleur sur son lit, il sentit qu'il pouvait le faire. Comme si quelque chose s'était finalement débloqué. Il ferma les yeux et visualisa le félin dans son esprit. Sa peau se couvrit de pelage et ses mains se changèrent pattes pourvues de griffes. Cela, il l'avait déjà fait avant. Il réaffirma sa concentration et sentit le monde s'agrandir autour de lui. Non, c'était lui qui rétrécissait ! Les rotules de ses genoux s'inversèrent dans un craquement horrible et il résista à l'envie de hurler. Une queue jaillit de ses reins au moment où son nez disparaissait dans son visage comme sa tête se changeait en celle de l'animal. Quand il ne sentit plus aucun changement, il attendit encore quelques instants avant d'ouvrir les yeux. Il faisait nuit dans le dortoir mais il y voyait presque comme en plein jour. Il se leva. Oh ! Il était à quatre pattes ! Oh mon dieu ! Il avait réussi !! Le caracal détala pour dévaler les escaliers et courir jusqu'aux cachots, dans les entrailles de Poudlard. Viper lui avait dit que le dortoir de Serpentard s'y trouvait. Il se planqua jusqu'à ce qu'un élève ait besoin d'y entrer et il le suivit discrètement. Avec son nouvel odorat et sa vue féline, retrouver son meilleur ami là-bas fut un jeu d'enfants. Il sauta souplement sur son couchage et écrasa une grosse patte sur son visage pour le réveiller.