Alone in the dark - Sirius

Le déchirement de la chair, des tendons qui claquent et des cartilages osseux qui s’effondrent sur le sol dans un amas fumant d’agglomérat humain résonne encore, sans fin, dans la rue et à mes oreilles. L’odeur métallique du sang me prend à la gorge. Le silence. Le silence.

Je sens mes jambes se dérober sous mon poids et celui de l’incrédulité. Je tombe. Non, je chute.

Un rire puissant couvre cette atmosphère morbide. Je crois que c’est le mien.

Le trou noir. Le cliquetis des chaînes que l’on me passe.
J'ai froid. Mes larmes cisèlent mes joues glacées de sillons brûlants.

Un tourbillon de pensées confuses et de souvenirs brumeux m’envahissent. L’obscurité m’aveugle et le silence m’assourdit.

Le temps et mon cœur sont en suspens.

Ecoute-moi bien, James. Je ne t’ai jamais trahi. CE N’EST PAS MA PLACE, ICI ! Azkaban. AZKABAN, CE N’EST PAS MA PLACE ET JE SUIS INNOCENT !

On dort mal, ici. Mon voisin a hurlé à s’en rompre le larynx. Le son humide de ses vomissements sanguinolents m’a empêché de trouver le sommeil. J’ai du mal à dire si je dors ou si je suis éveillé. Est-ce que je parle moi aussi tout seul ?

Tu me manques, Lily. J’entraperçois parfois, emprisonnée entre mes yeux clos, l’image de ta flamboyante chevelure. L’éclat de ce souvenir éblouit mon en-dedans.

Mes amis, mes frères, ma famille... me croyez-vous aussi coupable ?
Cela fait deux semaines que cette pensée m'habite et me fait courber l'échine.

Lily, de quelle couleur étaient tes cheveux, de quelle couleur étaient tes yeux ?

Captif. Mon  corps  est  aux  fers dans un cachot, mon esprit est en prison dans une idée. Seul. Dans ma tête, dans ce taudis, seul, seul à connaître la vérité, à savoir que je n’ai rien fait rien fait fait fait fait RIEN. Ma solitude s’est enroulée à mes hanches, couchée à mes genoux et pendue à mon cou. Un étau. J’asphyxie.

Elle  est  toujours  là,  cette  pensée  infernale,  comme  un  spectre  de  plomb  à
mes côtés, seule et jalouse, chassant toute distraction. Un tête à tête tortueux,
elle secoue  ses  deux  mains  de  glace  quand  je  veux détourner la tête ou fermer les yeux... ou bien est-ce mes geôliers ? Les Détraqueurs... Je ne sais plus. Les figures hideuses se mêlent et se fondent dans le fond de mon crâne.

J'ignore si c’est l’habitude à cette douleur morale continue qui la rend plus supportable ou si je me suis résigné à mourir ici.

i n n o c e n c e innocence innocence innocence  innocence innocence v e n g e a n c e
innocence vengeance innocence vengeance vengeance vengeance v e n g e a n c e
INNOCENCE VENGEANCE INNOCENCEVENGEANCEVENGEANCEVENGEANCEVENGEANCEVENGEANCEVENGEANCEVENGEANCEVENGEANCE

Je compte les jours passés, 55, 55, 55, je compte ce qui me reste : une éternité indéfinie à souffrir.

Rémus, je crois que j’ai trouvé. Et pour ça, je dois te remercier. Depuis quelques jours, Patmol est revenu. Peut-être par lassitude, peut-être par instinct. Pour qu’on cesse de voler mon humanité, je suis un chien. Etrangement, c’est assez réconfortant. Les Détraqueurs semblent me porter moins d’attention. Je peux… j’ai de nouveau un peu de place, dans ma tête, pour y loger des pensées. Elles ne sont pas heureuses, non. Mais elles comblent le vide.

Les jours passent et ma détermination grandit. Je les compte, désormais. Ça m’aide à ne pas perdre pied. J’ai dorénavant deux certitudes : je suis innocent et je sais quel jour on est.

C’est tout ce qu’il me reste, Harry. Et c’est ce qui me maintient en vie.

Joyeu x a n n i v e r s a i r e...