♠ There's one thing I hate about you. You. [FE]

Werewolf && Death Eater.

Les jours se suivaient mais se ressemblaient rarement pour quelqu’un comme Emma. Premièrement, son boulot lui garantissait assez facilement de ne pas tomber dans la routine, mais en plus de ça, moins d’une fois par mois, elle rencontrait… Un problème. Une difficulté. Plus un petit empêchement, tel qu’elle essayait de le voir. C’était en réalité plus une malédiction qu’autre chose, mais Emma se forçait à ne voir ça que comme un léger contretemps. Un contretemps qui l’obligeait à mentir à tout le monde, à inventer excuses sur excuses pour ne pas avoir à travailler les soirs de pleine lune et à ne pas devoir donner de coups de main à la Brigade anti-loup-garou quand on le lui demandait. Ce n’était pas spécialement contraignant en soi, mais ces secrets commençaient réellement à lui peser et à lui faire perdre le moral. Mais elle devait se montrer forte. Elle avait perdu son humanité il y a de cela quelques mois encore, rien que d’y penser ça lui faisait mal (surtout à l’amour propre… !) mais c’était comme ça, elle n’avait pas le droit d’abandonner. Comme son père, elle serait une battante, elle n’abandonnerait jamais et elle le rendrait fier d’elle. Quitte à devoir jouer quelqu’un d’autre pour arriver à ses fins.

Ce furent le genre de pensées qui traversèrent l’esprit de la jeune femme quand, comme mensuellement, elle se réveilla dans la forêt, déboussolée et complètement nue, à moitié affalée dans les branchages d’un arbre qu’elle avait probablement ravagé durant la nuit. Elle se massa le front douloureux, un mal de crâne la prenant comme à chaque fois tandis qu’elle essayait de retrouver les vêtements qu’elle planquait à chaque fois dans la forêt. Ce ne fut qu’en essayant de se relever qu’elle se rendit compte de l’entaille monstrueuse qu’elle avait dans la cuisse droite, ainsi que des traces de sangs, de coup et en un mot de lutte qui la recouvraient quasiment de la tête au pied. Le moindre geste lui faisait mal et elle se sentait plus souillée que jamais, recouverte ainsi du sang d’un être qu’elle avait probablement tué durant la nuit. Vu les marques dans sa jambe, elle priait pour que ce ne soit qu’un animal, mais au final, qu’est-ce que ça changeait ? Ça aurait put être un homme, elle le savait, et c’était entièrement de sa faute.

Elle chassa ces pensées de son esprit, incapable de se sentir coupable sans raison jusqu’à s’en rendre malade. Tant qu’on ne lui aurait pas prouvé par A + B qu’elle avait tué quelqu’un durant ses transformations, elle le nierait bec et ongles. Elle se remit péniblement debout et commença à marcher – boiter plutôt – jusqu’à retrouver ses vêtements. Elle transplana quasiment immédiatement, direction Ste Mangouste. Elle n’avait plus franchement le choix vu l’état dans lequel elle était. En entrant dans la salle d’attente, elle pesta à nouveau contre sa malchance et ces fichus bestioles qui l’attaquaient quand elle n’était pas consciente avant de se mettre à faire un scandale en hurlant à qui mieux mieux qu’elle voulait voir la médicomage Tresycatt et personne d’autre. La raison de sa demande était assez particulière. La médicomage en question était la seule à être au courant de sa condition un peu… Particulière. C’était celle qui l’avait soigné la nuit de son agression et Emma avait fait bien attention à ce que son secret reste entre elles deux.

« Tresycatt je vous ai dis ! C’est pourtant pas difficile à comprendre non ? Vous parlez anglais au moins hein ?! Do you speak english ? Appelez-la, et tout de suite ! Vous voyez pas que je pisse le sang, non ?! » S’il y avait bien quelque chose qu’elle ne supportait pas, c’était l’incompétence. Et c’était justement ce qu’elle pouvait lire entièrement sur le visage apeuré de l’infirmière qui était censée l’amener à sa chambre. La jeune femme en question partit en courant l’air apeuré tandis qu’Emma alla s’installer toute seule, comme une grande, dans l’une des chambres de l’hôpital, sans faire attention aux regards lourds de sens que les autres patients et médicomages lui lançaient. Elle n’en avait rien à cirer de ce qu’ils pensaient, leurs avis lui était bien égal, après tout, ils ne méritaient même pas de donner leur opinion. Elle s’affala sur le lit d’hôpital et recouvrit sa jambe avec le drap pour éviter que quelqu’un ne voit sa blessure, des fois que ce ne soit pas la bonne médicomage qui rentre à ce moment là. Finalement ce fut bien la médicomage Treyscatt qui rentra dans la chambre, semblant, comme d’ordinaire, prendre la situation trop à la légère pour que ça plaise à Emma qui répliqua d’un ton particulièrement déplaisant :

« Vous, je n’ai pas besoin de vos commentaires. Contentez-vous de me soigner et gardez vos réflexions pour vous, merci bien. » Le merci était à titre purement ironique pour souligner le fait que si elle continuait comme ça, elle n’aurait justement plus aucune raison de la remercier. Enfin quand la médicomage lui demanda comment elle allait, Emma découvrit sa jambe en enlevant le drap qui le recouvrait et répliqua d’un ton totalement sarcastique, son visage n’exprimant plus que le désespoir et la froideur : « A votre avis ? Vous ne savez vraiment pas quoi faire pour moi ? » Dit-elle en insistant sur le ‘’vraiment’’, comme si elle était incapable de s’adresser aux gens autrement dans ce genre de moments. Et en l’occurrence, c’était vrai.

Emma se rasseya normalement sur le lit, laissant sa jambe meurtrie et douloureuse légèrement pendouiller dans le vide, tandis qu’une petite grimace de douleur se peignait sur son visage. Si elle ne la guérissait pas dans les cinq secondes, elle allait faire un malheur. Elle allait d’ailleurs commencer à péter à nouveau son câble quand une jeune infirmière arriva dans la chambre sans frapper et qu’Emma eut une autre cible sur laquelle déverser son venin.

« On vous a jamais apprit qu’il fallait frapper avant d’entrer ?! Vous avez été élevée chez qui vous ?! » Il s’agissait d’ailleurs de l’infirmière de tout à l’heure, mais Emma ne venait que seulement de s’en rendre compte. « Tant que vous êtes là, envoyez un hibou au Ministère de la magie, et dites-leur qu’Emma Donwell, c’est moi au cas où vous n’auriez pas percuté… !, est entrain de se faire soigner suite à une mission à Ste Mangouste. Dites-leur aussi que j’arriverais juste un peu en retard. » Elle lui lança un regard autoritaire avant de la congédier d’un bref geste de la main, comme si elle était employée par elle et non par l’hôpital. Elle se reconcentra alors quelques instants sur la jeune médicomage et crut remarquer qu’elle se grattait anormalement souvent le l’avant-bras droit… Elle connaissait ce geste pour le croiser au quotidien dans son métier, mais elle avait encore trop mal à la jambe pour relever vraiment ce détail. En revanche, elle restait les yeux fixés sur l’endroit qui semblait gratter la jeune femme, ou du moins la piquer ou lui faire mal…

« Bon, essayez de faire vite, pour l'amour de Dieu... ! Je suis pressée moi... » Après avoir soupira pour au moins la vingtième fois depuis qu'elle était arrivée, elle finit par lancer d'un ton faussement innocent : « Vous faites une réaction allergique à quelque chose... ? » Le but n'était pas spécialement d'être discrète, au contraire même. Elle voulait tester la réaction de Kelsey, voire si elle avait de quoi s'inquiéter ou pas.

(J'espère que ça ira ^^')

Citation :

Kelsey,

Je sais que tu dois être prise quelque part, mais essaye de te libérer au plus vite. Je sais que ça te brûle à toi aussi. On garde ta place au chaud.

Lucy,

Grimaçant sous l’effet de la douleur lorsque Kelsey commença à verser le produit sur sa cuisse, s’empêchant de laisser une exclamation trahir la douleur qu’elle ressentait vraiment. Elle avait toujours été trop fière pour montrer quand elle avait mal, physiquement ou moralement d’ailleurs. En plus de ça, la jeune médicomage lui offrait un sujet d’intérêt assez nouveau. Emma avait toujours été du genre curieuse et assez perspicace et après quelques années en tant qu’Auror, elle avait apprit à repérer assez vite quand les gens mentaient et surtout, quand ils essayaient vainement de cacher quelque chose. Elle avait toujours été très douée pour savoir discerner les mensonges de la vérité.

« Très drôle. » Rétorqua-t-elle, croyant pourtant que Kelsey avait essayé de se moquer d’elle en utilisant l’ironie. Quoi ? On avait jamais dit qu’elle était infaillible… Elle ne put retenir une légère exclamation de douleur quand Kelsey finit de verser le produit sur sa plaie béante et qu’elle la renversa légèrement trop vite. Emma avait l’impression qu’on lui versait de la lave en fusion directement sur la peau, elle en avait vu des vertes et des pas mûres dans son métier, mais même si elle pensait avoir une forte résistance à la douleur, elle ne pouvait pas le nier, soigner une blessure comme ça, ça faisait vraiment un mal de chien. Elle aurait bien hurler sur Kelsey pour lui ordonner de mieux faire son boulot mais elle savait assez bien qu’elle ne pouvait pas faire grand-chose de plus, c’était de sa faute à elle si elle était blessée, enfin, oui et non… C’était surtout de la faute à l’idiot qui l’avait laissé se faire mordre la nuit où sa vie avait basculé. Elle se força à arrêter d’y penser. Elle avait une règle d’or avec son petit secret : moins elle y pensait, et moins elle avait de chance de se trahir. Il valait mieux agir comme si elle n’était réellement pas un loup-garou, comme ça, quand elle avait à mentir, c’était plus facile d’avoir l’air convaincue. Enfin, avec tout ça, elle avait presque oublié la question queKelsey lui avait posé, ainsi que celle qu’elle s’était elle-même posée sur sa guérisseuse.

« Plutôt que d’essayer de relancer la conversation, concentrez-vous sur ce que vous faites. » Elle lui avait lancé un regard qui en disait long sur ce qu’elle pensait de la façon dont elle soignait. C’était sorti tout seul. Déjà qu’en temps normal elle n’était pas très agréable, mais quand on essayait de l’assassiner à coup de potions, c’était encore pire. Emma regarda les volutes roses s’échapper de la plaie encore béante dans sa jambe et fut prise d’une légère nausée. Elle se retint de vomir, heureusement, et détourna ses yeux de sa blessure. Depuis son ‘accident’, les blessures de loup-garous la dégoûtaient encore plus qu’avant, étrange, hein ? Elle laissa échapper une expression de mécontentement clairement quand Kelsey dit qu’elle avait besoin d’une autre potion. « Vous avez pas encore fini de me charchuter alors hein ? » Elle avait posé sa question de manière parfaitement rhétorique et avec plus de sarcasme dans sa voix encore qu’auparavant, et ce n’était pas peu dire. Pour un peu elle la lui aurait fait bouffer sa potion… !

La jeune femme haussa un sourcil en voyant l’infirmière revenir et délivrer un message à Kelsey. Un message, qui de toute évidence, ne l’enchantait pas. La curiosité de la jeune femme fut à nouveau piquée au vif. Elle trouvait que quelque chose ne clochait définitivement pas rond avec cette médicomage. Elle se pencha légèrement sur le côté pour essayer de lire quelque chose au parchemin mais de un, Kelsey cachait le contenu et de deux, Emma était bien trop loin pour réussir à lire, surtout que des larmes de rage et de douleur commençaient à perler au bord de ses yeux. Elle les essuya d’un geste fier avant que Kelsey ne se retourne pour revenir avec son autre potion. Le temps que la médicomage soit revenue, Emma avait reprit son air hautain normal. Aux mots ‘une journée ou deux’ elle explosa, se releva – se faisant bien entendu mal à la jambe en même temps – et plongea un regard menaçant dans celui de la jeune brune.

« Un jour ou deux ?! Non mais vous ne vous rendez pas compte ! Sans mon boulot je ne suis rien, alors jambe ou pas jambe, j’irai. » Elle aurait bien aimé dire que sans elle, ils n’étaient rien à son boulot mais même pour elle, ça sonnait trop prétentieux… ! En tout cas elle ressemblait à une enfant têtue et si Kelsey l’avait assez bien cernée, elle comprendrait vite que ça ne servirait à rien de s’évertuer à l’empêcher. Plus Kelsey s’acharnerait et plus Emma resterait déterminée. De toute façon, Emma avait toujours été une forte tête et quand elle avait prit une décision, plus rien ni personne ne pouvait la faire changer d’avis. Sans prendre le temps de se rasseoir, elle attrapa le reste de la potion que Kelsey avait encore à la main et la reboucha avant de la glisser dans la poche de sa veste. Elle lança un large sourire forcé et totalement hypocrite à Kelsey avant de balancer un « Merci bien ! » plein de sarcasme et de se précipiter hors de la chambre, sans franchement laisser le choix à Kelsey. Enfin, se précipiter, sachant qu’elle boitait et qu’elle avait du récupérer ses affaires, c’était un bien grand mot, disons qu’elle avait fait ce qu’elle avait pu…


Deux heures plus tard, la jeune femme revenait à Ste Mangouste, boitait encore plus et se trainant plus qu’elle n’avançait réellement. Elle traversa le hall sous les regards interloqués des patients et surtout des médicomages qui l’avaient déjà vu arriver quelques heures plus tôt. Elle les foudroya du regard et ils retournèrent tous à leurs occupations. Quand elle arriva au comptoir de la secrétaire, elle n’eut pas le temps de commencer à donner ses ordres que la vieille chouette lui avait déjà coupé l’herbe sous le pied. « Laissez-moi deviner… » Commença-t-elle d’un ton à son tour condescendant et sarcastique, se relevant et parlant tout en regardant Emma par-dessus ses lunettes. Elle allait les lui faire bouffer si elle continuait. « Vous avez besoin du docteur Treyscatt, c’est ça ? » Elle lui lança un grand sourire hypocrite auquel Emma répondit par un visage fermé et un regard glacial. « Oui bon ça va hein ! » Elle retourna dans la même salle de consultation que tout à l’heure en attendant que Kelsey arrive. Quand celle-ci entra dans la chambre, Emma ne lui laissa pas franchement le temps de lui reprocher quoique ce soit, parce qu’elle savait très bien à quel discours elle allait avoir le droit et il ne la tentait pas vraiment.

« Oui, oui, je sais. Un collègue m’a lancé un sort à l’entrainement et ma jambe s’est bloquée. Je me suis pris le sort en plein dans la blessure. » Elle lança un regard glacial à la médicomage, comme si c’était de sa faute à elle si elle n’avait pas suivit ses conseils. Elle ressortit le flacon qu’elle avait prit tout à l’heure, dont elle avait quasiment tout utiliser par elle-même une fois arrivée au Ministère dans son bureau, et le déposa sur le lit sans rien dire, comme si elle n’avait absolument rien fait de mal. Elle releva les yeux vers Kelsey. La bonne nouvelle, c’était que son petit accident au Ministère lui avait fait prendre conscience qu’elle devait se soigner si elle ne voulait pas attirer l’attention sur sa blessure ‘accidentelle’. La mauvaise nouvelle en revanche, c’était que ça l’avait mis dans une telle mauvaise humeur de devoir se plier aux règles, qu’elle n’avait maintenant plus qu’une seule chose en tête, faire chier Kelsey. Il fallait que quelqu’un paye et ce n’était certainement pas elle qui allait assumer. « La lettre de tout à l’heure, elle était de qui ? » Si ce n’est pas trop indiscrèt ? Non. Emma n’était pas du genre très polie mais quand elle était énervée et qu’elle souffrait, elle devenait carrément imbuvable et Kelsey allait en faire les frais. En plus de ça, elle qui déjà avait son franc-parler, ne contrôlait plus rien quand elle était dans cet état. Elle se fichait bien d’être discrète ou non ou de poser des questions délicates à la médicomage, elle voulait savoir quelque chose, elle le demandait point. Et malheureusement pour Kelsey, Emma voulait à présent savoir ce que la médicomage cherchait à cacher.