« The only thing that looks good on me is you... » [Fe]

Cela faisait désormais une semaine entière que… l’incident avait eu lieu. Rémus était rentré chez lui ce soir là, un peu chamboulé par sa conversation avec Tonks. Il avait été déçu de sa remarque, mais il était bien plus honteux encore de sa réaction. Et la nuit à s’agiter dans son lit en repensant à tout cela n’avait aidé en rien. C’en était arrivé au point qu’il se demandait s’il allait oser remettre les pieds Square Grimmaurd ce soir là. Décidant tout d’abord qu’il serait plus prudent pour lui de s’éloigner un peu de l’ordre, il se rendit ensuite compte que son absence serait trop suspecte. L’idéal pour laisser croire à la jeune auror que l’incident était véritablement clos était encore de venir aux réunions, et de faire comme si de rien n’était… tout en gardant ses distances. Il s’en voulait de lui avoir dit d’oublier leur altercation, sur le moment il l’avait vraiment voulu, mais il trouva la chose bien plus facile à dire qu’à faire. Même pendant les réunions, lorsqu’il lui arrivait de poser son regard sur elle, les mêmes mots résonnaient inlassablement dans sa tête : «Loup-garou. Loup-garou.» Si bien, qu’il choisit très vite de ne plus du tout la regarder. C’était sans doute la solution la moins douloureuse pour eux deux.

Eux deux quoi d’ailleurs ? Après une soirée passé seul avec elle, il se faisait déjà des films. Il racontait vraiment n’importe quoi. Il n’y avait pas d’eux, et il n’y en aurait jamais. Elle comprendrait sans doute qu’il préfère prendre un peu de distance pour éviter une discussion gênante, et après quelques semaines, ils redeviendraient amis, comme avant. C’était tout simple. L’éviter n’était sans doute douloureux que pour lui. Et encore, seulement un peu. Il pouvait très bien vivre sans l’observer non ? Apparemment non puisque malgré ses résolutions, il se surprit parfois à la regarder bien malgré lui. Mais dès qu’il s’en rendait compte, il détournait immédiatement le regard, essayant en vain de se reconcentrer sur le sujet de la réunion. Lui, d’habitude si concentré, avait du mal à savoir de quoi les membres de l’ordre pouvaient bien parler. Et surtout ce soir là…

Il avait évité Tonks toute la semaine et, aussi aveugle qu’il puisse être, il remarqua quand même son changement d’attitude. Elle était d’habitude si joyeuse, si pétillante, c’était pour cela qu’il l’… appréciait autant d’ailleurs. Elle était pleine de vie, mais cette semaine, elle avait l’air plus renfrognée. Même ses cheveux, normalement rose pétant, était devenus plus pâles chaque jour, jusqu’à devenir parfaitement grisâtre. Ce soir ci encore, ses cheveux avaient perdu leur éclat naturel, et Rémus dut faire tout son possible pour ne pas se laisser croire que c’était de sa faute. Il n’avait aucune influence sur elle, les dates n’étaient qu’une coïncidence non ? Mais peut-être l’avait-il juste un peu vexée ? Si elle tenait à ses amis, c’était peut-être normal qu’elle se sente un peu mal, mais ça passerait. En tout cas, le lycan l’avait espéré. Mais la jeune auror semblait plus fade que jamais. Et il n’aimait pas cela du tout. Elle était toujours très belle, mais il ne supportait pas de la voir si… déprimée ?

Pendant la réunion, il s’efforça de se concentrer mais il voyait bien que la jeune femme n’était pas au mieux de sa forme. Et cette fois ci, il s’en voulait pour de bon. Même si, initialement, ça n’était pas sa faute selon lui, il savait qu’il aurait tout de même du aller lui parler. Essayer de lui remonter le moral, l’écouter parler de ses problèmes, d’une éventuelle dispute avec son petit copain… Pourquoi à la seule idée de l’imaginer avec un homme, son ventre se tordait-il de douleur ? il préférait l’ignorer sans doute. Alors qu’il reportait son attention sur Sirius à côté de lui, il entendit un bruit de verre cassé qui attira son regard vers… Tonks. Toute l’assemblée rigola, mais Rémus resta de glace, il ne trouvait pas cela drôle pour un sou, au contraire même. L’air visiblement gêné de la jeune femme sembla lui percer le cœur, et il finit par baisser les yeux pour ne pas la fixer trop longtemps. Il soupira de lassitude, sachant cette fois qu’il fallait qu’il aille lui parler. Tant pis, il supporterait les discours passionnés de la jeune auror sur son petit ami du ministère…

Mais à l’instant même où il avait prit la décision d’affronter Tonks une bonne fois pour toutes, celle-ci se leva précipitamment et sortit de la salle à manger. En tout cas elle essaya, mais elle percuta un autre membre de l’ordre au passage, se confondit en excuses sans même lever les yeux et s’enfuit de la salle. Rémus avait esquisser un geste brusque lorsqu’elle s’était cognée au membre de l’ordre, comme pour la protéger s’il lui avait fait mal, mais il se ravisa en plein milieu, ce qui donna un espèce de tic étrange. Devant le regard interrogateur de Sirius, il rétorqua :

«Il faut… Il faut que j’aille aux toilettes, excuse moi.»

Exaspéré par le regard entendu de son meilleur ami, Rémus sortit à son tour en trombe de la salle à manger, évitant de se cogner aussi dans quelqu’un d’autre. Une fois dans le couloir, il aperçut Tonks qui s’approchait de la porte à grands pas, et il hésita soudain à la déranger. Après tout, n’en avait-il pas déjà assez fait comme cela ? C’était peut-être mieux qu’il la laisse régler cela seule, doué comme il était, il allait aggraver son chagrin non ? Mais il n’eut pas le temps de s’enfuir à son tour que la jeune auror se tourna brusquement vers lui. Il eut d’abord peur qu’elle l’ai entendu et qu’elle ne commence à crier, mais le ton surprit de sa voix lui fit comprendre qu’elle ne s’attendait pas à le voir ici :

« Rémus …»

Le seul fait d’entendre son prénom sortir de la bouche de Tonks suffit à le persuader qu’il n’aurait pas du rester ici. Il était content de la voir bien sur, mais son cœur battait si fort qu’il en devenait presque douloureux. Et il se sentait au moins aussi gêné et aussi peu sur de lui que la dernière fois. Et on avait tous vu ce que ça pouvait donner avec Tonks : rien de très bon. Il essaya de se convaincre de ne pas s’enfuir tout de suite, de toute façon ses jambes n’auraient pas obéit. Il était comme cloué au plancher, incapable d’esquisser le moindre geste, que ce soit pour se rapprocher de Tonks, ou pour s’éloigner d’elle. Il se sentait tellement stupide, il avait voulu se confronter à elle, mais maintenant qu’il se trouvait en position de lui parler, il se rendait compte qu’il n’avait rien à lui dire. Il n’y avait pas pensé avant mais comment devait-il lui poser la question ?

«Tout va bien ?»

Rémus ferma les yeux, exaspéré par la platitude absolue de sa réplique. Voilà qu’il faisait dans l’originalité maintenant, ne manquait plus qu’une caméra au bout du couloir et on les aurait cru dans une émission de télé réalité. Il passa sa main devant ses yeux, essayant de se concentrer autant que son cœur ne le lui permettait avant d’ajouter :

«Je veux dire… tu sais… Tu sembles… contrariée ces derniers temps. Des problèmes au boulot ?»

Pour un peu il se serait frappé la tête dans le mur. Décidément, Rémus, c’était mieux lorsqu’il se taisait.

La jeune Auror analysa rapidement la situation. Elle se forçait à rester calme, à éviter de montrer qu’elle était sur le point de craquer. Avant de se retourner, elle avait fermé les yeux, avait tenté de se concentrer sur elle-même, de puiser encore l’énergie nécessaire pour surmonter encore une semaine ainsi. Il ne devait rien voir… Peut-être dans un mois, cela serait-il passé ? Sans doute que le malaise se serait évanoui ? Même si elle n’y croyait guère, elle s’efforça de s’y convaincre … Pendant un millième de seconde. C’était bien mieux après tout, si c’était ce qu’il voulait, bien mieux qu’il ne sache pas ô combien cela la faisait souffrir cette distance soudaine, et bien plus qu’elle ne voulait encore se rendre compte.

Puis, elle s’était retournée et alors qu’elle avait souhaité tout dire sur le moment, il lui avait fallu le voir débarquer de la cuisine pour tout oublier … Un regard et toutes les paroles qu’elle avait voulu prononcé s’était évaporées… Elle se doutait que cela lui aurait fait mal de les entendre ; et cela aurait peut-être même amplifié le fait qu’il préfère mettre de la distance … jusqu’à ce que tout cela se tasse. Distance … Mettre de la distance, elle ne voyait pas pourquoi, elle avait beau y réfléchir … Mis à part qu’elle avait tant blessé le soir dernier qu’il ne voulait plus du tout lui parler ; pour elle, ça ne pouvait venir que de là… Sans doute était-ce pour cela qu’elle ne voulait pas tout lui dire, pour ne pas lui faire mal, pour ne pas le faire souffrir, ou qu’il rejette toute la faute sur lui en pensant que c’était de sa faute… Après tout, ce n’était de la faute de personne si Tonks s’était éprise de lui, si ?? Il devait penser qu’elle allait comprendre, qu’elle comprendrait mais la jeune Auror était tout autant perdue … Perdue à la fois par son attitude et à la fois dans ses sentiments. Elle ne semblait rien du tout comprendre, et ne semblait d’ailleurs vouloir comprendre. Par crainte de quoi ? De souffrir plus si elle venait à comprendre ? … Parce qu’elle ne supporterait pas les mots qu’il prononcerait ?

Mais peut-être aussi ne pensait-il pas que cela avait un rapport avec lui … Peut-être qu’il pensait que cela avait à voir avec le travail ? Avec le ministère … D’un certain côté, la jeune femme préfèrerait. Elle préfèrerait mille fois même sue cela ait un rapport avec le ministère. Mais de toute façon, elle ne savait même pas pourquoi elle se posait tant de questions sur lui et ce qu’il pensait car au vu de son attitude, il était certain qu’il semblait s’en ficher … Rien qu’en songeant à ce mot, elle sentit sa gorge se nouer alors qu’elle venait de faire volte face dans l’intention de retourner lui parler, de lâcher cette fois tout ce qu’elle avait sur le cœur et tout ce qu’elle pensait … Mais voilà, ça c’était ce qu’elle pensait AVANT de se retourner car, à présent, il lui semblait bien même impossible de formuler ne serait-ce qu’une seule phrase …

… Et pour preuve, elle n’avait prononcé qu’un seul mot, et ce mot en lui seul formait une seule et même pensée à la fois dans son esprit, mais aussi dans son cœur … Un seul mot n’avait pu franchir la barrière de ses lèvres, et c’était « Rémus ». Alors que quelques minutes auparavant, elle bouillait littéralement de colère mais plus majoritairement de désespoir… Alors qu’elle avait tant à dire. Tout cela ne s’était extériorisé qu’en un seul mot. Un prénom. Et comme si ce mot exprimé à voix haute l’avait dégonflée de toutes autres choses, de toute envie de crier, elle se sentait soudain comme … vide. Devant lui. Et puis, elle craignait que cela ne le fasse encore plus vouloir s’éloigner, que cela le conforte dans son impression qu’il ne pouvait apporter que peine, chagrins et regrets aux gens … et qu’ainsi, mieux valait renforcer la distance. Mais à la base, qu’était-ce ? Qu’était-ce sinon la peur d’affronter ses propres sentiments ?… Pourquoi la vie ne pouvait-elle être si simple et pourquoi avoir peur de reconnaître ce que l’on ressentait ? … Tonks en avait assez de s’affronter continuellement, elle n’en avait pas la force. S’affronter soi-même était pire que d’affronter trois mangemorts de front dont Bellatrix… Mais ne parlons pas d’elle, la seule expression de ce nom dans ce RP vient gâcher toute la beauté de l’écrit …

A vrai dire, elle s’était elle-même fortement étonnée lorsqu’elle avait entendu le son de sa voix … Son ton calme, contrastant fortement avec ce qu’elle ressentait au fond d’elle. Elle fut par conséquent surprise de s’entendre ainsi parler, comme si ce n’était pas elle qui avait prononcé ce mot, mais quelqu’un d‘autre. Mais justement, peut-être que ce ton calme était trop inquiétant parce que si inhabituel… Peut-être cachait-il autre chose ? Malgré sa colère précédente, elle ressentait une sorte de pointe douloureuse au cœur, maintenant qu’il était là devant elle ; c’était comme si qu’un étau avait soudain compressé ce dernier, un étau qui l’empêchait de respirer correctement. Elle crut que la raison pour laquelle il était sortit si vite de la cuisine était qu’il avait quelque chose – d’urgent- à lui dire, mais il restait là, sans mots dire non plus, comme si finalement lui aussi avait totalement oublié ce qu’il voulait dire …

Et bien, si ni l’un ni l’autre ne finissait par dire ce qu’il avait sur le cœur, on pouvait continuer ce petit jeu longtemps tiens !! Alors, elle attendait là, qu’il lui parle, qu’il lui dise quelque chose … Après tout, c’était lui qui semblait l’éviter dans l’histoire … Mais il semblait bien incapable d’esquisser le moindre geste, et de prononcer la moindre parole. Tonks eut envie de se retourner de nouveau et de sortir de la maison comme elle avait eu dans l’intention, en le laissant planter là … afin qu’il voit peut-être ce que cela faisait de laisser quelqu’un en plan. Mais la jeune femme se renfrogna. Ce n’était pas la bonne idée, et cela n’arrangerait bien au contraire. Et en plus, elle ne ressentirait qu’encore plus de remords après.

« Tout va bien ? » lui demanda t-il et là, Tonks ouvrit des yeux ronds. Rémus, ou l’Art de poser les bonnes questions … Bon d’accord, Tonks ne posait pas non plus souvent les bonnes, et souvent sans réfléchir, mais là ils faisaient la paire quand même tous les deux !! … Franchement, elle avait une tête à aller bien ?? C’était flagrant qu’elle avait beaucoup de choses en elle qui la rendait plus que tristes, des choses auxquelles elle tenait et qui, malgré les efforts ne s’arrangeaient pas. Elle ne sut même pas s’il fallait qu’elle réponde à cette question, ou pas… Elle était toujours en train de se demander s’il se fichait d’elle en lui demandant comment ça allait, ou si au contraire cela l’intéressait vraiment. Ou s’il avait juste du mal à commencer la discussion … et par quoi commencer… Se rendant compte sans doute qu’il n’avait pas fait preuve de délicatesse sur ce coup-là, il ajouta d’une voix hésitante que ces derniers temps elle semblait … contrariée … Contrariée ??? C’était le moins que l’on puisse dire !!! Tonks sentit son corps se raidir et sa mâchoire se crisper, se demandant elle-même ce qu’elle allait répondre … Que répondre à cela …Il ajouta et lui finit par lui demander si elle avait des problèmes au boulot…

Au boulot, évidemment… A quoi d'autres ses contrariétés pouvaient-elles être bien liées je vous le demande … (Et le premier –ou première- qui me répond « Rémus », je l’étripe ). Bien sûr, si elle avait des soucis, c’était forcément en rapport avec le ministère. Et pourtant, le ministère était à une lieue de ses principales préoccupations. En réalité, bien qu’elle y passait la plupart de son temps ces derniers temps, le ministère était bien le cadet de ses soucis. Elle hésita à lui répondre ça, pesant le pour et le contre de cette remarque et quelles questions elle créerait en Rémus… « En vérité, le ministère est bien le cadet de mes soucis ces temps-ci … »… Comment interprèterait-il ses mots ? Penserait-il, avec raison, qu’il avait à voir avec tout cela… ? La jeune femme essaya de le sonder durant un moment mais n’eut pas le temps de répondre quoique ce soit que quelqu’un vint « gentiment » interrompre leur « discussion » …

« Rémus, les toilettes sont à l’étage si tu te souviens … », intervint une voix en arrière plan et Tonks fut plus étonnée que jamais de voir Sirius, tranquillement installé contre le montant de la porte de la cuisine, un sourire en coin. Son attitude l’exaspéra un peu – surtout ce sourire qu’elle appréciait rarement en le voyant sur le visage de son cousin -, mais sa surprise de le voir ici s’estompa lorsqu’elle se souvint qu’ils se trouvaient au Square Grimmaurd et qu’il était normal qu’il s’y trouve ; chose qu’elle semblait avoir momentanément oublié … même si accessoirement son intervention soudaine semblait avoir légèrement refroidi l’ambiance. « Enfin, si tu souhaites toujours t’y rendre », ajouta t-il et son regard était posé en particulier sur son ami ; un sourire en coin fendit son visage alors qu’il se décollait de l’encadrement de la porte et passait devant eux d’un pas feutré et de sa démarche « tellement Sirius » en prenant bien soin d’alterner son regard de l’un à l’autre … Sans une parole mais sans savoir pourquoi, Tonks apprécia bien mieux lorsqu’il disparut dans la pièce en face.

Elle fut nettement soulagée et attendit qu’il ait complètement disparu pour se tourner de nouveau Rémus et ouvrant la bouche pour répondre, … Qu’allait-elle dire au fait ?? Pendant plusieurs secondes, elle se demanda que répondre… Impression horrible, l’étau dans sa poitrine semblait s’être encore un peu plus compressé, accroissant ce sentiment de malaise qu’elle ressentait…

« … Quelques petits problèmes personnels en effet, mais… ça finira bien par s’arranger… », répondit-elle enfin d’un souffle. Ça finirait par s’arranger, oui, sans doute … Elle n’avait pas l’air quand même d’y croire beaucoup à ses paroles vu le ton monocorde qu’elle avait employé. « Et toi, … ça va ? » lui renvoya t-elle la réponse dans l’intention de tester le terrain… et voir si tout allait bien de son côté, ou si comme elle il n’était pas au mieux, malgré les apparences. Se souvenant des mots de Sirius, elle ajouta, sérieuse, en esquissant un bref hochement de tête vers où Sirius venait de disparaître … « Tu ne devais pas aller aux toilettes ? ».

… Ou comment signifier à quelqu’un qu’il dérangeait… En lui rappelant où il devait aller… ? Il n’y avait pas meilleur moyen n’est-ce pas ? Elle n’aurait pas pu s’y prendre autrement. Cependant, c’était bien loin d’être son intention et elle se mit à espérer qu’il ne pense pas que c’était ce qu’elle avait voulu dire. Mais plutôt que le premier étage serait bien moins fréquenté pour parler, (sans Sirius et ses sarcasmes à l’horizon -_-') qu’elle n’avait pas envie de parler aux yeux et aux oreilles de tous et toutes, car comme elle venait de le lui dire, ses problèmes « personnels » ne regardaient pas tous. Lui faisant bien comprendre qu’elle ne le chassait pas (loin d’elle cette pensée d’ailleurs, très loin d’elle…), elle lui envoya un regard appuyé, ne cillant pas une seule seconde de son regard … Le regard ne pouvait que mieux exprimer ce que les mots ne pouvaient.

Tonks se sentait comme … Etrange. Elle semblait investie cependant d’une certitude, d’une volonté, celle de vouloir enfin mettre au clair certaines choses … Qu’importe les conséquences, ça ne pourrait être pire que l’actuelle situation dans laquelle ils se trouvaient … Situation qui semblait conduire directement à une impasse … Alors que lui, n’avait pas bougé encore d’un millimètre, elle rompit son immobilisme et se rapprochant, passa devant lui … Son expression se figea et une expression déterminée jaillit dans son regard.

« Oh, j’avais oublié… Hermione m’a dit qu’elle me passerait un truc, et je l’ai oublié là-haut, quelle idiote … Heureusement que j’y pense, j’allais encore repartir sans !! », dit-elle en se retournant soudain avec un haussement d’épaules impuissant quant au fait de son étourderie qui pouvait s’avérer maladive. Un léger sourire illumina son visage, mais s’effaça bien vite … Allait-il la suivre ? Ou allait-il préféré fuir … encore ? Telle était la question qu’elle se posait … Histoire d’empêcher la possibilité d’une fuite quelconque, elle se serait bien emparer de sa main mais, d’un autre côté elle voulait qu’il vienne de son plein gré. Et non qu’elle l’y oblige …

Mais bon, si vraiment elle devait utiliser la manière forte au pire, alors pourquoi pas … S’il n’était vraiment pas décidé à bouger, alors il fallait bien que quelqu’un se décide à prendre les choses en mains, n’est-ce pas ?? Ne restait qu’à déterminer ce qu’était la « manière forte » en question.

Rémus se sentait parfaitement stupide, planté debout, parfaitement immobile devant Tonks. Incapable de bouger ou même d’articuler un mot. Il était venu, décidé à mettre les choses au clair, et voilà que maintenant qu’il l’avait face à lui, ses mots restaient comme coincés au fond de sa gorge. L’esprit semblait y être mais le corps refusait d’obéir. Ceci dit, ça ne serait pas la première fois que l’esprit de Rémus est en contradiction avec son corps, mais généralement c’était son esprit qui bloquait son corps, et non l’inverse. Enfin, le fait est qu’il trouvait la scène particulièrement ridicule, et pourtant il ne savait pas que la jeune auror se trouvait sensiblement dans le même état d’esprit que lui. De l’extérieur, l’image qu’ils donnaient devait être véritablement risible, ils se tenaient l’un face à l’autre, droits comme des piquets, dans un silence absolu.

Et même lorsque le lycan trouva finalement quelque chose à dire, il trouva sa réplique tellement plate, tellement stupide, qu’il se demanda même si le silence n’aurait pas été préférable. Et en plus il en rajoutait… à croire qu’il le faisait exprès. Il n’avait jamais été doué pour parler aux gens, pour les réconforter, surtout avec Tonks apparemment. Il avait toujours peur de dire «la chose» qu’il ne fallait pas, mais après leur altercation il y a une semaine, l’ambiance était même plus tendue que d’habitude. Il s’en voulut finalement d’être venu la voir, de quoi se mêlait-il ? Si elle n’allait pas bien, c’était à elle de venir lui en parler si elle le désirait, alors pourquoi était-il venu la chercher ? Sans doute parce que c’était ce que son cœur lui avait dicté… comme quoi, il ferait mieux de se fier plus à son cerveau qu’à son cœur parfois. En soi il n’avait rien dit de choquant, ou même de vexant, il espérait ne pas avoir blessé à nouveau la jeune femme, mais bon, son attitude transpirait la gêne, et il n’imaginait pas un seul instant que cela puisse échapper à la jeune auror. Elle devait penser qu’il lui en voulait encore pour la dernière fois, ou qu’il avait peur d’elle peut-être… Mais il n’avait pas pu la laisser toute seule… il avait eu besoin d’aller lui parler. Rah quel casse-tête c’était !

Il vit bien ses yeux s’écarquiller en entendant sa question, et il ne pouvait pas la blâmer. Comme si ce n’était pas évident déjà. C’était un cas où me talent de la métamorphomage pouvait jouer en sa défaveur : on pouvait lire son état d’esprit dans la couleur de ses cheveux. Et à cet instant, leur couleur grisâtre montrait assez clairement qu’elle n’allait pas bien… Il se mordit la lèvre intérieur, se retenant de s’excuser en plus pour la stupidité de ses paroles, mais il avait comme l’impression que ça n’aiderait pas. Il resta donc silencieux, attendant que ce soit elle qui brise le calme de la pièce. Mais, lorsqu’une voix retentit enfin, elle fut bien plus masculine que celle que le lycan attendait :

« Rémus, les toilettes sont à l’étage si tu te souviens … Enfin, si tu souhaites toujours t’y rendre »

Rémus, dos à Sirius, soupira longuement. Il allait le tuer, c’était certain. Il ne devait pas se rendre compte de l’importance de ce qu’il disait. Ou pire, il s’en rendait parfaitement compte, et justement ça l’amusait de jouer avec les nerfs de Rémus. Dans tous les cas, voilà quelque chose qu’il paierait dans le futur. La fin du discours de l’animagus exaspéra le lycan comme jamais. Pourquoi fallait-il toujours qu’il ramène son nez dans des affaires qui ne le concernaient pas ? Certes, Tonks était sa cousine, et lui son meilleur ami, mais en dehors de cela, leurs affaires ne le concernaient pas, si ? Quelles affaires d’ailleurs ? Pourquoi se sentait-il obligé de le ridiculiser alors qu’il parlait ( ou pas ) tranquillement avec une autre membre de l’ordre, une amie. Il fit bien attention de souligner ce mot dans ses pensées, comme si la simple notion d’ami pouvait rendre la chose plus vraie. Il attendit que Sirius soit parti pour lui lancer un regard furieux. Regard qui ,évidemment, ne servit à rien puisque son ami n’était plus là pour le voir. Enfin, au moins il se sentait soulagé.

Il allait le tuer, vraiment. Son intervention tenait du sadisme pur, c’était presque du niveau de Bellatrix. Il avait tout simplement attiré l’attention de Tonks sur le fait qu’il avait quitté la table sous un faux prétexte… pour venir la voir, elle. Maintenant qu’il y repensait, il remarqua que c’était véritablement suspect comme comportement. Qu’allait-elle penser de lui maintenant ? Elle allait le prendre pour un pédophile c’était sur Peut-être même qu’elle avait demandé à Sirius de venir les voir au cas où elle se retrouve à nouveau seule avec Rémus. Bref, le lycan était tellement pris dans ses pensées complètement folles qu’il faillit manquer la réponse de l’auror :

« … Quelques petits problèmes personnels en effet, mais… ça finira bien par s’arranger…

Effectivement. Vu le ton qu’elle avait employé, on sentait tout de suite que le cœur n’y était pas. Elle aurait récité sa liste de course, Rémus n’aurait pas senti la différence d’émotion. En même temps qui était-il pour la juger en cet instant, étant donné qu’il ignorait tout de ses problèmes. Il remarqua qu’elle avait répondu, mais sans véritablement apporté de réponse. C’était vague des «problèmes personnels»… Mais bon, il en déduit simplement qu’elle ne voulait pas en parler… en tout cas pas avec lui. Elle était peut-être gênée de parler de ses problèmes de couple avec un homme plus vieux qu’elle. Elle devait penser qu’il ne comprendrait pas. Ceci dit elle avait raison sur un point : Il n’avait rien compris. Il ne se doutait pas un seul instant que les fameux problèmes de couple qu’il lui attribuait était en fait des problèmes avec lui. Pas véritablement des problèmes de couple donc mais bon…

« Et toi, … ça va ? Tu ne devais pas aller aux toilettes ? »

Il préféra ne même pas répondre. Il sentait bien que la question était peut-être sincère, mais forcée. Et il ne voulait pas la forcer à parler si elle n’en avait pas envie. D’autant plus que la suite de sa phrase était une invitation on ne peut plus claire à… dégager. Autant, Rémus était incapable de voir les signes d’affection chez les autres, mais il était très doué pour comprendre quand il devait s’en aller. Il avait tellement l’habitude mettre les gens mal à l’aise qu’il avait une expérience en béton dans le domaine. Et là, tous les signes habituels étaient là, alors si en plus elle l’exprimait clairement à haute voix… il ne lui restait plus qu’à partir.

Et pourtant, il restait planté là. Il semblait être coincé sur place depuis des jours désormais, si bien qu’il commençait à sentir des fourmis dans tous ses membres. Il savait, il sentait qu’il devait partir, mais son corps refusait d’avancer, de partir comme ceci, en laissant tomber Tonks. Elle lui avait demandé de partir en quelque sorte mais bon, il se sentait coupable de ne pas pouvoir l’aider. Alors qu’il se décidait enfin à sortir de la pièce, la jeune femme passa devant lui et se dirigea elle-même vers les escaliers. Elle voulait lui montrer le chemin ou quoi ?

« Oh, j’avais oublié… Hermione m’a dit qu’elle me passerait un truc, et je l’ai oublié là-haut, quelle idiote … Heureusement que j’y pense, j’allais encore repartir sans !! »

Rémus resta bloqué quelques instants. Si elle lui demandait de partir, pourquoi diable montait-elle aussi ? Elle lui lança un regard appuyé dont il ne saisit pas le sens, pour changer un peu. Les signes qu’elle lui lançait étaient tellement contradictoires qu’il en resta bouche bée quelques secondes avant de finalement se reprendre. Il fallait dire que s’il n’essayait pas de tout analyser comme il le faisait mais de plus y aller à l’instinct, le résultat serait peut-être moins catastrophique. Mais voilà, Rémus ne fonctionnait pas comme cela. Il hocha simplement de la tête pour confirmer la supposition de Tonks et la suivit dans les escaliers, à nouveau plongé dans un mutisme pesant.

Une fois en haut il s’arrêta à seulement quelques centimètres de la jeune femme, il pouvait sentir son parfum, il ferma même les yeux pour mieux se maîtriser. Mais il se ressaisit vite et s’éloigna légèrement. Puis d’un geste de la main il désigna les toilettes au bout du couloir, et sans ajouter un mot il s’y rendit. Une fois à l’intérieur, il respira un grand coup, comme si ça ne lui était plus arrivé depuis des années. S’approchant du lavabo il se passa un grand coup d’eau sur le visage, essayant de se remettre les idées en place, de mieux comprendre tout ce cirque. En vain. La situation n’avait aucun sens selon lui. Il attendit quelques minutes pour sortir, espérant que d’ici là elle aurait trouvé son « truc » et qu’elle serait partie.

Quelle ne fut donc pas sa surprise lorsqu’il trouva Tonks, toujours plantée là où il l’avait laissée. Mais que faisait-elle donc encore ici ? Peut-être que finalement elle était masochiste, elle voulait passer du temps avec Rémus pour qu’il puisse à nouveau la blesser L’hypothèse était ridicule mais elle était peut-être la moins farfelue de toutes celles qui lui venaient à l’esprit. Il hésita un instant à retourner dans les toilettes mais décida qu’il s’était suffisament comporté comme un idiot pour le reste de la soirée ( voire même pour toute une vie ). Il s’approcha donc lentement de la jeune femme, s’arrêtant cette fois à une distance raisonnable avant de demander :

«Tu… Tu as besoin d’aide… pour retrouver le «truc» d’Hermione ?

Complètement à côté de la plaque, mais sincère. C’était aussi comme cela qu’on l’aimait. Même si en l’occurrence on avait plus envie de lui mettre des baffes que de le serrer dans nos bras. Il se racla la gorge, attendant une réaction qui ne vint pas. Finalement, il se rendit compte qu’elle voulait peut-être simplement un peu d’intimité, après tout elle lui avait demandé de partir non ? Il fit donc mine de s’approcher des escaliers avant de rajouter :

«Sauf si c’est quelque chose de… entre filles… Je peux te laisser seule…»

Il se mit à rougir tout seul, comme un débile. Non mais franchement. Il fit aussi un petit geste de la main pour indiquer le bas des marches qui lui donnait un air franchement ridicule. Et il attendait, planté debout, le bras encore en l’air pour désigner les escaliers.

Ce dont elle était certaine en tous les cas, c’était de véritablement le prendre par la main et de le traîner, si du moins il ne manifestait toujours aucune réaction. Après tout, c’était pour l’aider. Et comme il semblait vraiment – mais vraiment – avoir beaucoup de mal à sortir de sa torpeur, alors autant l’aider … Et Tonks, une fois qu’elle était lancée, ne reculerait pas devant le défi … Si tout se passait bien, si elle ne disait pas encore de bêtises, si elle contrôlait bien ses mots – et ses émotions -, alors il n’y avait rien à craindre.

Avant de s’engouffrer dans l’escalier qui montait à l’étage, elle avait esquissé un léger sourire rassurant puis, elle s’était éclipsée, en allant ni trop vite ni trop lentement … Juste assez pour qu’il parvienne à la suivre, juste la bonne vitesse … Elle fut tentée de se retourner à plusieurs reprises pour vérifier qu’il la suivait bien, mais elle décida de lui faire confiance … Elle ne savait pas vraiment s’il avait bien compris les signes qu’elle lui avait donné à savoir qu’elle voulait lui parler – surtout loin des yeux et des oreilles, surtout celles de Sirius ! – Ce n’était certes pas lui qui allait s’en plaindre d’ailleurs … Ce qu’il pouvait être chiant parfois ! Tout à l’heure, elle avait presque eu envie de lui hurler dessus de déguerpir au lieu de s’acharner avec ses piques d’ironie que lui seul comprenait … Enfin, que lui seul comprenait ? C’étai étrange n’empêche, que Rémus lui ait dit qu’il voulait aller aux toilettes et qu’une fois dans le couloir il s’était arrêté pour lui parler, à elle, oubliant pour le coup les toilettes … Avait-il fourni un faux prétexte à Sirius ? Non, impossible, elle se faisait des films ; il n’avait sûrement pas voulu lui parler …

Il était même resté bloqué, incapable de sortir un mot … D’une certaine manière, comme elle en fait… Sauf qu’elle, elle s’était ressaisie un peu plus vite et avait pris la décision pour eux deux … Une étrange impression s’insinuait en elle alors que les mots « eux deux… » s’infiltrait dans ses pensées. « Nous deux … » Mais elle se ressaisit bien vite et chassa ses mots de son esprit et tenta de ne plus y penser. C’était tout de même étrange que Sirius lui ait dit ces paroles … Ou alors l’avait-il tout simplement inventé histoire d’embêter encore un peu plus Rémus ?? Histoire de le gêner un peu plus … Et pourquoi donc cela le gênerait-il je vous le demande ??? Non, cesse donc de te faire des idées voyons Tonks …¨Pourquoi donc serait-il gêné ? Parce qu’il pense encore à l’autre soir et qu’il est encore honteux de sa réaction ??

Tonks, sur le coup, ne voyait en tous cas pas d’autres réponses … Ou du moins elle força son esprit à ne trouver pas la bonne solution. Elle se força à trouver la solution qui arrangeait tout le monde… Ou qui semblait la meilleure. La jeune Auror montait toujours les escaliers grinçants de la vieille maison tandis qu’elle réfléchissait à cela et que son esprit tournait à plein régime d’ailleurs … Soudain, elle ne savait pas comment commencer la discussion, comment lui faire part de ses appréhensions, de ses doutes … Arrivée sur palier du premier étage, elle s’immobilisa un instant, réfléchissant toujours. Elle avait complètement oublié en ce moment le « truc » d’Hermione qu’elle devait aller chercher … Enfin, « supposée » chercher devrais-je dire car effectivement, cela lui avait simplement servie de prétexte pour monter à l’étage … en même temps que Rémus. Mais bon, maintenant, il fallait vite qu’elle trouve que aller chercher parce que sinon, elle allait se heurter à un « tout petit » problème … Arrivée là, elle se retourna ensuite, faisant face à Rémus qui s’était déjà reculé après s’être arrêté à quelques centimètres d’elle-même, mais elle ne le vit pas à ce moment … Et oui, elle n’a pas quand même des yeux derrière la tête

Fort heureusement pour lui d’ailleurs …

Elle l’observa s’éloigner en direction des toilettes, vers lesquels il fit un bref signe de la main. Tonks le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il y disparaisse. Sans savoir pourquoi, elle resta plantée là sans bouger, à attendre elle ne savait quoi, les yeux dans le vide mais fixant le bois de la porte en prenant à peine le temps de cligner des yeux. Elle avait totalement oublié l’objet d’Hermione qu’elle devait aller chercher et, lorsque Rémus ressortit, elle était toujours plantée au milieu du couloir … Bien évidemment, il ne comprit pas tout de la situation et les raisons pour lesquelles elle était encore plantée là … (en même temps, je l’aime beaucoup mais le pauvre ne comprend pas vraiment beaucoup de choses n’empêche ). Même si elle-même ne le savait pas non plus… Enfin, essayait de ne pas y penser du moins. Saisissez bien la différence… Elle l’attendait quoi, exactement ? Le déluge peut-être … Ou tout simplement qu’il revienne. N’ayant rien d’autres à faire, elle n’avait donc pas bougé… Ce qu’il fit bientôt. Etrangement, son nœud à l’estomac se tordit de nouveau alors qu’elle fut saisie d’un élan de stress … Stresser ? Stresser pour quoi ?

C’est lorsqu’il lui demanda si elle avait besoin d’aide pour retrouver le « truc » d’Hermione qu’elle réalisa et retomba les pieds sur Terre… Elle ne répondit cependant pas de suite, s’interrogeant sur le « truc » … Hein ? Elle était venue chercher un « truc » …??? Quel… truc ?? Ah oui, en effet, le … Truc. Oui, elle devait aller chercher ce fameux … « truc » Sinon, cette partie de son plan allait tomber à l’eau et Rémus découvrirait alors qu’elle n’était monté que pour rester avec lui … Ou pas. Si cela se trouvait il n’allait même pas y penser le connaissant ... Si ?... Un plan ? Quel plan au fait ?... Tonks improvisait au fur et à mesure … Bref, pour le moment, revenons à cet objet qu’elle devait « absolument » trouver ! La survie de son « plan » en découlait ! … Même s’il n’y avait pas vraiment de plan mis à part une idée générale ...

… Même si pour le coup, elle ne savait fichtre rien de ce que l’objet en question pouvait être. Mais bon, elle improviserait aussi. Elle trouverait bien quelque chose à ramener de la chambre d’Hermione et elle trouverait bien une excuse à fournir à la jeune fille pour lui avoir emprunter son … « truc » justement. Lui en voudrait-elle de lui avoir emprunter un livre ? Bah, si elle prenait soin … Peut-être ? Enfin, elle trouverait bien. Elle ouvrit la bouche pour répondre quelque chose mais Rémus fut le plus rapide – pour une fois –. Sans comprendre de suite la signification de ses paroles, Tonks le considéra un instant de cette manière … alors qu’elle le voyait se rapprocher des escaliers… A ses paroles, elle éclata franchement de rire, se rendant compte du ridicule des propos… Enfin, ridicule, pas tellement mais… Elle ne savait pas c’était sans doute le ton employé par Rémus qui la fit rire… Ou son attitude tout court. Il n’y avait pas à dire, il était marrant lorsqu’il s’y mettait … Ou même lorsqu’il ne s’y mettait pas … Enfin, même si c’était plutôt inconscient en fait, il était comme ça et pas autrement … C’était chou Cependant, elle se rendit vite compte de son geste anticipé en direction des escaliers et de son geste en suspend – dans une position quelque peu ridicule- mais on s’en fout… Cependant, la lueur amusée de son regard s’éteignit bien vite et, croyant que Rémus allait déjà s’échapper …

… Sa réaction fut immédiate. En un bond, elle fut sur lui – enfin, on s’entend hein -, elle lui avait saisit le bras, l’empêchant de redescendre et le forçant ainsi à rester. Plus un réflexe que lui avait soufflé son subconscient parce qu’il savait qu’elle ne voulait pas qu’il parte déjà... Hors de question qu’il s’éclipse maintenant ! Elle n’avait même pas commencé à lui parler de ce dont elle voulait, donc pas question qu’elle le laisse partir… pour le moment ! Elle comptait bien éclaircir certains points avant la fin de la journée qui était dans … approximativement… Quatre heures. C’est bon, il y avait largement le temps. C’était un délai qu’elle se donnait. Et elle ne comptait pas le remettre à une autre fois… Elle ne voulait pas qu’une autre semaine semblable à la précédente recommence… Tonks retira immédiatement sa main, un instant confuse mais elle se reprit aussitôt. Elle se rétracta aussitôt et resta silencieuse un instant. Quelle idiote. Son geste avait signifié qu’elle ne voulait pas qu’il parte déjà, et là, elle restait sans réaction et sans parler … C’est qu’elle réfléchissait toujours à que lui dire….

« Non, ça n’a rien à voir avec quoique ce soit entre filles » répondit-elle enfin en rigolant, comme si c’était la chose la plus drôle qu’on lui avait dite de toute l’année … Ce n’était pas forcément se moquer de lui, et loin de là, elle ne se moquait pas ; mais parfois, comme ça il y avait des crises de rire qu’on ne pouvait contrôler…

C’était plus fort qu’elle … C’était nerveux …Non elle ne se moquait pas de lui, qui n’avait déjà pas l’air à son aise mais, c’était qu’il était drôle parfois quand même … Enfin, c’était comme ça qu’on l’aimait Il était quand même touchant … Sa sincérité était touchante, même ses maladresses ma foi… La jeune Auror laissa flotter sur son visage un léger sourire durant un millième de secondes puis, elle ajouta en se souvenant de nouveau du « truc » qui lui était complètement sortit de l’esprit encore…

« Non, t’inquiète ce ne sera pas long, le truc n’est pas caché, je le trouverai facilement… Je n’en ai pas pour longtemps… » Et voilà qu’elle s’obstinait à vouloir appeler ce truc … par le qualificatif « truc »… Honnêtement, je me demande combien de fois il y aura ce mot dans ce post’ mais personnellement je ne les ais pas compté… Mais bon, comme elle ignore encore tout simplement ce que ce « truc » peut être, alors autant continuer à le nommer ainsi, et puis ça donne un peu de comique à la situation… Même si en fait, la situation est déjà suffisamment comique en cela, … Après, tout dépend de quel point de vue évidemment. « S’il te plait, ne redescends pas de suite … » ajouta t-elle en se retournant brièvement et ajoutant encore… « … Si tu veux évidemment… ». Après tout, elle ne souhaitait pas le retenir de force … Quoique ce serait peut-être une solution … .

Espérant qu’il n’allait pas redescendre tandis qu’elle avait le dos tourné, elle s’éloigna en direction de la chambre des filles … où dormait Hermione lorsqu’elle hébergeait là. Jetant toutefois un bref coup d’œil en arrière pour vérifier qu’il était bien resté à sa place, elle entra dans la chambre et là, elle s’immobilisa, sondant la pièce du regard et se demandant ce qu’elle allait bien pouvoir emprunter à Hermione …Finalement, elle se saisit d’un bouquin entreposé sur l’une des étagères et sans même jeter un coup d’œil au titre, elle ressortit sans plus attendre de la pièce. En fait, elle aurait mieux fait de regarder la première page de couverture … Si elle l’avait fait, alors elle aurait aussitôt reposé le livre … En caractère d’or et sur un fond rouge était inscrit « Filtres d’amour et potions : quels sont les dangers ? ». Non mais franchement, elle avait besoin de ça quoi -_-

… Là, c’était certain que si le lycan entr’aperçevait ce titre, il allait forcément se poser les mauvaises questions parce qu’elle n’avait nullement l’intention de faire usage d’un philtre d’amour envers quiconque … Encore que l’idée méritait d’être examinée attentivement si elle permettait à des personnes de reconnaître leurs sentiments les plus profonds … Mais non, Tonks n’en serait jamais capable. Elle n’était pas du genre à forcer les gens à ressentir des sentiments… Enfin, mais si ces sentiments sont déjà existants, ce n’est pas comme si elle forçait quelqu’un à aimer quelqu’un si ?? Bon de toute façon, je ne sais même pas pourquoi je me mets à disserter sur ça puisque Tonks n’irait jamais utiliser telle méthode … Après tout, rien ne valait les méthodes plus douces ! Elle revint près de Rémus, un sourire aux lèvres, et le livre dans ses bras.

« Si Sirius monte, je l’assomme à la première bêtise qu’il raconte… » furent ses premières paroles – comme si elle voulait avant tout détendre l’atmosphère – ou plutôt détendre un Rémus qui semblait noué comme elle ne savait quoi…

Elle éclata de rire comme si elle se réjouissait de cette pensée … D’un coté c’était vrai. Elle aimait taquiner son cousin, surtout que parfois il méritait des baffes quand même … Avançant jusqu’à la rambarde et tournant volontairement le dos à Rémus comme pour parvenir à mieux se concentrer, elle y posa ses deux mains. Elles les sentaient moites. Oui, elle avait pris la décision de parler mais maintenant, elle ne savait pas par quoi commencer. Elle sentait et savait le regard de Rémus posé sur elle ; cela n’arrangeait rien à son stress bien au contraire. Il devait sûrement attendre qu’elle se retourne et parle – il n’aurait certes pas commencé à parler, ça non … Avec lui, il fallait toujours prendre la situation en mains, non pas que cela l’embêtait mais elle avait chaque fois l’impression de l’ennuyer, ou de le forcer … Après tout, il aurait sans doute préféré rester en bas avec les autres que de rester à lui parler, ou à l’écouter. La réflexion de Sirius à son égard lui revint cependant à l’esprit mais, songeant que cela ne valait sans doute pas la peine de s’attarder sur ce détail certes déconcertant, elle le laissa de côté.

…Inspirant longuement à plusieurs reprises, elle se retourna soudain vers lui, un instant troublée en rencontrant son regard et avec la sensation que son cœur était coincé entre deux étaux, elle dit lentement …

« Merci de m’avoir attendu … Je… Je voulais te parler de quelque chose d’important … pour moi »

Bien. Ça, c’était toujours ça de dit, au moins … Maintenant continue. Mais Tonks resta muette pendant plusieurs dizaines de secondes ressemblant davantage à des heures qu’à des secondes … Elle ne savait pas du tout comment exprimer tout ce qu’elle avait sur le cœur … Ah, c’était bien beau de le dire en pensées, mais lorsqu’on se retrouvait face à l’interlocuteur en question, ça n’était pas la même chose … Loin de là même. Là, devant lui, sous son regard, les mots semblaient lui filer entres les doigts … Une horrible impression je vous promets. Elle ne voulait pas non plus qu’il croit que c’était de sa faute, même s’il avait pensé bien faire. Or, si elle lui disait tout là, à coups sûrs il allait culpabiliser un bon coup et ça ne ferait qu’empirer… Culpabiliser de l’avoir tenue à distance, car c’était ça le pire en effet. Pire qu’un rejet… L’ignorance. Il n’y avait pas pire. Et elle se sentait comme ignorée… Et par la même, inutile. Mais va t-en lui dire ça toi ?? En pensées, elle parvenait à exprimer ses mots. Mais les dire en vrai, on ne pouvait pas toujours parler comme les pensées nous venaient … Qui plus est, elle espérait qu’il allait répondre à ses questions, sans chercher à fuir – encore - ou sans chercher une échappatoire … C’était le risque. Il y avait toujours des risques, qu’importe quelle décision on prenait.

Ces pensées virevoltant dans son esprit, un poids se faisait de plus en plus sentir dans son estomac … Le stress ? Alors qu’elle ouvrait la bouche pour ajouter autre chose, une autre personne intervint, la faisant sursauter et se retourner vers le membre de l’Ordre qui semblait venir de l’une des chambres et qui redescendait maintenant. Pour dîner ? Bon, heureusement cette fois, ça n’était pas Sirius … En même temps, ils l’auraient forcément vus s’il était monté à l’étage et particulièrement Tonks qui n’avait pas bougé du couloir…

« Tonks, Rémus, que faites-vous donc là ? Alors, tu restes manger ce soir, Tonks ? »

Esquissant un sourire, elle répondit simplement, ne sachant pas vraiment si elle était ravie de cette coupure impromptue, soulagée ou bien exaspérée que chaque fois qu’elle allait parler, quelqu’un d’autres arrive … A croire que le Destin s’acharnait sur elle et ne voulait pas qu’elle dise une bonne fois pour toutes ce qu’elle avait sur la conscience… Etait-ce un signe qu’il ne valait mieux pas tout dire et laisser passer…??

« Je ne pense pas que je vais rester, non, je suis un peu fatiguée ce soir … »

« Ce soir » … Alors que ce n’était pas le premier soir qu’elle rentrait chez elle directement… et que ce n’était pas le seul soir où elle disait être fatiguée… Donc, ce n’était pas QUE ce soir. A ce rythme là, tout le monde allait finir par croire qu’on lui faisait faire des heures supplémentaires au ministère si sa fatigue se renouvelait chaque jour… Remarque, ce serait sans doute le meilleur moyen pour oublier le reste, non ?? Se concentrer sur le travail … Une bonne petite traque de mangemorts, ça, ça vous changeait les idées !

« Pas de problème au moins j’espère ? » s’enquit de nouveau le membre de l’Ordre qui semblait d’un coup vraiment s’intéresser à cette question alors qu’habituellement elle ne lui parlait jamais, hormis lors des réunions. Curieusement, Tonks s’en trouva exaspérée par son insistance. L’aurait-elle été si cette attention soudaine avait été de la part de Rémus ? … Non sans aucun doute. Mais autant d’intérêt de sa part l’aurait par ailleurs beaucoup surprise et en même temps réchauffée intérieurement d’une flamme intense. Après tout, chaque femme était une fleur qui ne demandait que cela, de l’attention. Maintenant, ne restait plus qu’à se demander si Rémus ferait un excellent jardinier … On pouvait se poser des questions…

Et par Merlin, je m’en pose de ces questions moi Bref, elle lui répondit cependant, sans rien laisser paraître de son agacement intérieur et toujours avec ce sourire rassurant qu’elle présentait, même quand tout n’allait pas au mieux histoire de pas inquiéter encore une personne supplémentaire ...

« Pas le moindre non non. Juste une longue journée … »

Elle ne désirait pas réellement trop s’étendre sur le sujet, et qui plus est avec quelqu’un à qui elle ne parlait quasiment jamais. En plus, ce n’était pas la personne avec laquelle elle désirait parler. La personne qu’elle aurait aimé qu’il lui montre le même enthousiasme quant au fait de prendre de ses nouvelles et de s’intéresser à elle, était pour le moment bien silencieuse … D’ailleurs, leur collègue de l’Ordre se tournait à présent vers lui. Tonks n’écouta que d’une oreille. Elle venait de baisser les yeux sur le livre qu’elle avait été chercher et était tombée sur le titre en question. Ecarquillant les yeux, elle rougit subitement sans raisons apparentes et se dépêcha de le retourner dans ses bras, dissimulant la première de couverture aux yeux de tous …

Elle ne voulait pas en plus que l’on croit qu’elle cherchait à se renseigner sur les filtres d’amour… Là, ce serait la fin !!! Tout le monde ne mettrait pas longtemps à se rendre compte que son plus gros problème était un « chagrin d’amour » et elle ne tolèrerait pas cela … Autant rester enfermée chez elle après cela ! Surtout qu’elle ne voulait ABSOLUMENT pas que Rémus croit qu’elle était amoureuse de quelqu’un !… Attendez, mais pourquoi ça la dérange tellement d’ailleurs qu’il ne croit pas qu’elle était déjà amoureuse de quelqu’un??? Après tout, c’était normal, c’était de son âge … Je vous assure, parfois Tonks m’intrigue … Je ne la comprends pas toujours moi non plus … Enfin, elle doit bien avoir une raison d’agir ainsi Et puis, dans le pire des cas, ça ne peut qu’attiser la jalousie … n’est-ce pas ? Ce qui n’est pas une mauvaise chose …^^’

Certes donc, deux personnes auraient pu voir ce livre mais, c’était de deux de trop !!! Si l’une d’entres elles lâchait le morceau, par étourderie ou plaisanterie … C’en était fini ! Si la seconde personne était Rémus cependant, ça allait, elle ne craignait pas qu’il lâche un mot de trop, elle avait confiance …Mais la seule chose c’était qu’elle ne voulait pas lui faire de la peine… Attendez une seconde !! Et pourquoi peut-elle penser que cela lui fasse de la peine ??? … Je vous assure, je ne la comprends plus parfois O_O Parce qu’après tout y’a rien entre eux, mise à part de l’amitié, n’est-ce pas ??? Et la raison pour laquelle elle est si triste en ce moment, c’est qu’elle a l’impression de voir un ami s’éloigner de plus en plus … N’est-ce pas ? Il n’y a que cela ?! Rien d’autres que de l’amitié … Oui, assurément … va savoir, je ne lis pas dans les pensées de Tonks après tout et parfois, je dois avouer qu’elle m’échappe … Va savoir ce qui se passe dans son esprit… Elle m’intrigue n’empêche. Je suis impatiente de connaître la suite … Autant que vous je n’en doute pas

Tonks sortit de ses pensées alors qu’elle entendait Rémus lui parler. Les joues légèrement rougissantes, elle se concentra sur ses paroles de nouveau, se rendant compte que « leur collègue » (à défaut d’un terme qui convient mieux…) était à présent redescendu.

Par Merlin ce qu’il devait avoir l’air stupide dans cette position. Il était à peine sur une jambe, la main tendue vers les escaliers, le tout menaçant de s’écrouler à tout moment. Il eut l’impression que la jeune femme mettait des heures à lui répondre, comme si elle s’amusait de la position ridicule qu’il avait adoptée. Maintenant qu’il y pensait, c’est vrai qu’elle avait l’air de bien rigoler. Il avait dit quelque chose de drôle peut-être ? D’accord, sa formule n’avait pas été très délicate, ni très réfléchie mais bon… il avait toujours été comme cela. Et puis, était-ce vraiment pour cela qu’elle rigolait ? On pouvait se le demander.

Elle ne semblait pas vouloir bouger, apparemment le «truc» d’Hermione ne l’intéressait pas plus que cela. Mais alors pourquoi était-elle montée avec lui ? Peut-être était-elle masochiste. Ou alors elle était venue ici pour l’interroger sur sa condition de loup-garou et revendre l’interview à Rita Skeeter ! Non mais vraiment… il se serait bien cogné la tête dans le mur parfois. Mais si elle ne cherchait rien ici, comme son attitude semblait l’indiquer, pourquoi était-elle encore ici ? L’avait-elle attendu alors qu’il était aux toilettes ? Peut-être qu’au fond elle n’était pas masochiste mais qu’elle était simplement venue ici avec lui pour lui parler, pour être un peu tranquille et éviter Sirius et ses réflexions mal placées… Non mais qu’allait-il imaginer ? Il devait manquer de sommeil, ou alors il avait vraiment passé trop de temps à la regarder discrètement. Il se faisait des idées maintenant, c’était trop fort…. Et pourtant.

Après ce qui lui sembla être des heures d’attente, il décida finalement de redescendre et de rentrer chez lui, voyant bien que la jeune auror n’avait rien d’autre à ajouter. Mais alors qu’il commençait à se diriger plus franchement vers les escaliers, Tonks eut un geste brusque et pour le moins… inattendu. Elle réagit sans réfléchir ( une fois n’est pas coutume ) et attrapa doucement son bras pour l’empêcher de partir. Rémus était perdu, que voulait-elle à la fin ? Être seule ? Être accompagnée ? Le torturer ? Non pas que rester le dérangeait, au contraire même, mais il n’arrivait plus à lire quoi que ce soit au milieu de ses signes si contradictoires. A peine quelques secondes plus tard, Tonks relâcha l’emprise qu’elle avait sur lui et s’écarta légèrement, apparemment aussi confuse que lui. Il ne comprit pas pourquoi elle s’était écartée si brusquement, mais il se souvint ensuite de l’épisode de la dernière fois…

Avait-elle eu peur de le froisser encore ? Elle aurait peut-être eu raison. Elle l’imaginait sans doute l’éjecter purement et simplement encore une fois, mais aujourd’hui, il ne l’aurait pas fait. Peut-être s’était-il fait à son contact désormais. Peut-être réussissait-il simplement à mieux se maîtriser parce qu’il ne voulait surtout pas la blesser à nouveau. Le fait est qu’il sentit un léger pincement au cœur lorsqu’elle s’écarta de lui. Etrange comme sensation, et quelque peu déroutant surtout. Mais il préféra ne pas relever, essayant plutôt de se concentrer sur ce que la jeune femme disait. Elle réfuta sa théorie si bien trouvée du truc de filles, mais elle n’avait pas l’air très sure d’elle. Rémus n’osa pas en conclure qu’elle mentait parce qu’il ne voulait pas mal interpréter son attitude, après tout, il n’était pas très doué dans ce domaine

« S’il te plait, ne redescends pas de suite … Si tu veux évidemment… »

Et voilà maintenant que c’était elle qui s’éclipsait, le laissant comme une andouille, planté dans le couloir. Mais que voulait-elle ? Elle l’empêchait de partir puis elle allait chercher son objet si mystérieux ? C’était à n’y rien comprendre. Enfin, elle lui avait demandé de rester, et puisqu’elle l’y avait si gentiment invité, il n’osa même pas envisager la fuite cette fois ci. Il sentait bien que ça aurait été la solution la plus simple, la plus efficace… sans doute la plus sage aussi. Pour eux deux. Mais il ne voulait pas paraître impoli, ni prendre le risque de la vexer. Il resta donc dans le couloir, droit comme un piquet, à l’attendre gentiment. Après quelques minutes seul, Tonks ressortit de la chambre des filles, un livre à la main. Par curiosité, Rémus essaya d’en lire l’inscription mais sans grand succès, heureusement pour lui d’ailleurs Et heureusement pour elle, sinon elle aurait un ticket au premier rang pour voir à quelle vitesse un loup-garou pouvait courir.

Elle lança ensuite une petite blague, certainement désireuse de détendre l’atmosphère. Mais Rémus n’avait pas vraiment le cœur à rigoler, il était bien trop mal à l’aise pour se détendre ne serait-ce qu’un peu. Tonks sous entendait peut-être que Sirius rendait la situation plus gênante encore, mais le lycan restait persuadé que dans ce domaine là, il n’avait pas besoin d’aide. Il crut l’espace d’un instant qu’elle allait enfin aborder le sujet qu’elle avait voulu aborder, mais elle finit par lui tourner le dos, s’appuyant à la rambarde des escaliers. Pourquoi lui tournait-elle le dos ? Avait-elle encore peur de lui ? Il espéra que non même si au fond, il la comprenait… C’était triste à dire mais il ne voyait même pas pourquoi elle aurait voulu lui parler à lui. Pourquoi lui plutôt qu’un autre ? Si ce n’était pas du masochisme, c’était très bien imité en tout cas. Mais les paroles de Nymphadora le tirèrent de ses pensées, comme si un coup de feu avait retentit dans toute l’Angleterre :

« Merci de m’avoir attendu … Je… Je voulais te parler de quelque chose d’important … pour moi »

Il se sentit trembler tout à coup. Son cœur commença à battre plus vite qu’à la normale. Pourquoi, il n’en savait rien et préférait sans doute l’ignorer. Mais son malaise, il ne pouvait l’ignorer complètement. Elle avait l’air au moins aussi gênée que lui, mais au moins elle pouvait encore parler. Rémus, lui, s’en sentait parfaitement incapable. Pourquoi venait-elle se confier à lui ? Elle devait sans doute lui en vouloir encore et elle voulait régler ses comptes avec lui. C’était peut-être la meilleure solution mais Rémus sentit bien qu’il lui faudrait tout le courage du monde pour écouter la nymphe lui rappeler ses torts. Mais alors qu’elle semblait justement décidée à tuer ce suspens insoutenable, un membre de l’ordre dont Rémus ne se rappelait pas même le nom les rejoignit.

Sa question prit Rémus complètement au dépourvu. Il aurait bien répondu «On discute.» mais les mots restèrent coincés au fond de sa gorge. Il cherchait le meilleur moyen de le faire partir rapidement sans paraître trop sec, mais faute de l’illumination qu’il attendait, il laissa Tonks lui répondre. Ce soir seulement ? Rémus se demanda quel était l’intérêt de mentir puisque tout l’ordre savait bien qu’en ce moment elle partait aussi vite qu’elle le pouvait. Même Rémus l’avait remarqué, et pour cause, il se sentait coupable. De son point de vue, tout était de sa faute, Tonks se sentait juste gênée de rester dans la même pièce que lui, de peur peut-être qu’il ne l’agresse encore…

La réponse de la jeune femme aurait du suffire à éloigner l’intrus mais il semblait vouloir insister. Rémus retint son souffle en attendant la réponse de Tonks. Il ne savait pas pourquoi, mais il ne voulait pas qu’elle commence à se confesser à lui… Après tout, ne l’avait-elle pas obligé à rester justement pour lui parler, il se serait senti bête de voir qu’elle se fichait de l’interlocuteur tant qu’elle pouvait parler. Il se sentit donc soulagé de l’entendre lui répondre par la négative. Il ne le montra pas bien sur, mais il était en quelque sorte… content qu’elle l’ait rembarré. Si elle voulait lui parler à lui mais pas à cet autre gars, ça le rendait spécial non ? Comme s’il venait à peine de comprendre ce à quoi il pensait, Rémus ouvrit de grands yeux, et chassa vite toutes ces pensées de son esprit. Rester concentré surtout.

Finalement leur confrère haussa les épaules et descendit, les laissant de nouveau seul. Rémus fut soulagé de le voir enfin parti, mais il sentait bien que Tonks elle, n’était pas plus à l’aise que tout à l’heure. Elle avait fait assez d’effort comme cela, c’était à lui d’y mettre un peu du sien désormais. Avec une force qu’il ne se connaissait pas, Rémus s’approcha légèrement d’elle, un petit sourire au coin des lèvres :

«Ce n’est pas beau de mentir tu sais…»

Puis s’approchant encore légèrement, il essaya de réfléchir un instant pour ne pas encore dire une boulette. Il afficha ce sourire stupide de son visage pour commencer. Il n’allait quand même pas aborder les problèmes de son amie, un grand sourire aux lèvres. Il plongea ses mains dans ses poches pour cacher le stresse qui le tiraillait depuis tout à l’heure, puis il reprit :

«Tu sais… Je vois bien que quelque chose ne va pas… Peut-être que c’est à cause de… hm… tu sais…

Il se sentit rougir tout à coup. Maladroit comme jamais, il allait encore aborder un sujet sensible avec autant de tact que Bellatrix aurait pu montrer dans ce genre de moment. Décidant cependant qu’il était trop tard pour s’arrêter, il poursuivit dans un murmure :

«Mais si tu veux me parler… tu peux être honnête… Nous sommes entre adultes et… je ne veux pas te voir aller mal…

Dans une prière silencieuse il espéra avoir bien fait d’intervenir comme il l’avait fait. Puis dans un geste maladroit au possible, il sortit sa main droite de sa poche. Et son bras tremblant, il la déposa sur l’épaule de la jeune auror, essayant ainsi de lui montrer qu’il était sincère : si elle avait besoin de lui, elle n’avait qu’à le dire.

Tonks avala difficilement sa salive, essayant de remettre dans ses esprits mais ce fut bien à grand-peine qu’elle y parvint. Rassurée de voir l’autre partir, elle s’était tournée vers Rémus de nouveau, le livre toujours collé à elle dans le bon sens, c’est-à-dire avec la couverture contre elle, le serrant comme si surtout elle ne souhaitait pas le lâcher, comme si c’était la chose la plus importante finalement que personne ne le voit. Non mais en plus, là on pouvait dire que pour ne pas être chanceuse, elle ne l’était VRAIMENT pas ; il avait fallu forcément qu’elle tombe sur CE livre ! Pas un autre, mais celui-ci ! Et d’ailleurs, comment cela se faisait-il qu’un livre pareil se trouve dans CETTE chambre Hermione en avait-elle une quelconque utilité, ou était-ce simplement un livre de chevet … Concernant Tonks, ce n’était pas réellement son style de lecture de chevet enfin bon, elle savait qu’Hermione lisait de tout. Mais bon, c’était pour dire quoi que malgré la dizaine de livres qu’il y avait eu, il avait fallu qu’elle tombe sur celui-là …

Elle aurait pu aussi tout aussi bien le ramener, mais il lui semblait impossible de bouger ne serait-ce que d’un millimètre. Respire Tonks, respire. Essaie avant tout d’organiser tes pensées. Organiser… ses pensées, tu parles. Plus facile à dire qu’à faire. Elle aurait pu répéter cette scène devant une glace, elle aurait été déjà plus à l’aise, mais devant Rémus … Voilà qu’elle ne savait plus rien maintenant – hormis une chose – et qu’elle perdait tous ses moyens. C’était pire que de se trouver à un examen … Pire que de passer l’épreuve de dissimulation en tapinois lorsque de son examen pour devenir Auror ; elle était encore moins stresser… Et elle avait pu encore réussir à prononcer un mot …Même plusieurs et avec cohérence. Là, il n’y avait aucune cohérence dans son esprit, ses pensées se chevauchaient les unes les autres sans qu’elle puisse y mettre de l’ordre, ou du moins sans qu’elle sache par quoi commencer… Se rapprochant légèrement d’elle, affichant un léger sourire, il lui dit que ce n’était pas beau de mentir en rapport avec ce qu’elle venait de dire au membre de l’Ordre dont elle ne se souvenait même pas du nom – avec un haussement d’épaule et esquissant un sourire, mais ne répondit rien cette fois …Elle savait que ce n’était pas beau de mentir, mais ce n’était pas à lui qu’elle avait menti, alors elle se fichait pour ainsi dire d’avoir menti, si petit était le mensonge … Elle n’allait quand même pas déballer toute sa vie et ses déboires à un inconnu, alors que cela ne le regardait pas. Se confier requièrait avoir la confiance entière de quelqu’un, en tous cas était-ce ce qu’elle pensait. Mais le fait était qu’il savait que ça n’allait pas fort ces temps-ci, et il n’avait pas osé lui en parler plus tôt … Il avait préféré laisser cette situation empirer, en espérant juste probablement que ça s’arrangerait… D’un côté, s’il ne savait pas que ça avait un rapport avec lui …

Puis, se rapprochant encore un peu il ajouta comme incertain des mots à prononcer, ou la crainte de dire quelque chose de stupide… Evidemment qu’il avait vu que quelque chose n’allait pas avec elle … Mais alors qu’il le savait, il avait maintenu cette distance toute cette semaine??... Ou alors ne se doutait-il pas du tout qu’il y avait part dedans. A moins qu’au contraire il voit cette mise à distance comme la meilleure des solutions… Peut-être pense t-il qu’avec du temps cela passerait… Mais quand même, vu ce qu’il lui dit par la suite, à savoir qu’il voulait pas la voir aller mal … Tonks ne sut pas très bien comment interpréter ces mots mais pour le moment, elle décida de ne pas se laisser distraire. Bien entendu qu’un ami ne pouvait vouloir qu’une amie aille mal …

« Si seulement il n’y avait que ça… » répondit-elle le regard soudain lasse cherchant à fuir au loin, alors que son corps, son esprit et également son cœur la tenait clouée là où elle était. Elle voyait bien cependant qu’il semblait mal à l’aise, mal à l’aise de sa propre maladresse ? Elle se mit à penser soudain que ce pouvait être à cause d’elle et elle s’en voulut de l’avoir mis si à mal. Elle songea à le prendre dans ses bras ; peut-être lui montrer qu’elle état là quand il le voulait mais, elle s’abstint au dernier moment.

A cause de … l’autre soir, ce malentendu ? Son cœur se serra une nouvelle fois en repensant à ce soir-là. Si c’était aussi simple que cela … Si c’était aussi simple alors elle n’aurait sans doute pas autant de difficultés à parler – du moins le pensait-elle -. Mais ça n’était pas aussi simple … C’était bien plus profond, bien plus compliqué … Soudain, ce fut les nerfs qui lâchèrent peut-être. Ou toute la tension qui retombait d’un seul coup, mais prise d’une faiblesse soudaine et incapable de tout contenir plus longtemps qu’elle ne le pouvait, la tension se relâcha et elle laissa les larmes dévaler ses joues sans parvenir à les retenir. C’était plus fort qu’elle, et elle ne chercha même pas à les cacher cette fois. En vérité, ce fut sans doute lorsque sortant une main de sa poche, il la posa sur son épaule, illustrant au mieux ses paroles par ce geste, qu’elle se sentit comme incapable de se retenir plus longtemps. Compter sur lui … Réconfort… Une douce chaleur sembla s’immiscer en elle et elle fut saisie d’un frisson d’effroi. Tout ce dont elle avait besoin en cet instant, une épaule sur laquelle se reposer. Et en l’espace d’une demie-seconde, la tempête s’était levée, et le bateau avait sombré, emplissant peu à peu ses cales de l’eau de mer qui se déversait sur lui. Image pour qualifier les larmes qu’elle ne pu empêcher.

« Et encore, ce n’est que la conséquence d’autre chose… Autre chose de bien plus profond… et compliqué », ajouta t-elle d’une voix lente et alors qu’une grimace douloureuse s’inscrivait sur ses traits pendant quelques secondes, le temps qu’elle parle. Dans sa poitrine, son cœur semblait battre à lui en faire mal.

Elle ferma les yeux un instant. Ce geste fut bien plus symbolique pour elle que ce qu’elle aurait bien pu imaginer. C’est pour cela que recherchant ce réconfort qui lui était cher et qu’il venait de lui proposer – certes maladroitement -, c’est pour cela qu’elle fondit en larmes contre son épaule, ne cherchant pas sur le moment à empêcher ses larmes, ne désirant seulement à extérioriser ce qu’elle avait gardé en elle durant déjà trop longtemps. Peut-être – sans doute – aussi ne voulait-elle pas qu’il la voit verser ces larmes, en croyant que c’était de sa faute ; peut-être ne voulait-elle pas qu’il la voit ainsi. L’entendre sangloter était déjà bien suffisant. Elle resta sembla t-il une éternité à la savoir juste là, tout près, à portée, et non comme cet être inatteignable qu’il semblait vouloir habituellement comme pour se protéger mais davantage protéger les autres de lui-même, alors que si cela se trouvait, il n’y avait que lui pour se trouver dangereux. En tous les cas, ce n’était pas ce que ressentait Tonks, ou sinon elle devait sans doute être un peu masochiste sur les bords … Sa présence lui était d’autant plus réconfortante que le simple fait de savoir respirer pour pouvoir vivre, malgré tout ce qu’il pouvait penser. Comment bien pouvoir expliquer cela d’ailleurs ? Ca se vivait, se ressentait, mais ça ne pouvait pas se dire, n’est-ce pas ?? Une sensation électrisante se répandit en elle. Quelques minutes de réconfort « amical », elle espérait simplement qu’il ne la repousse pas juste après lui avoir dit qu’elle pouvait compter sur lui si elle en avait besoin. Elle s’en serait sentie blessée au fond d’elle. Pire que blessé, cela lui laisserait des blessures si profondes que même s’ils cicatrisaient un jour, il ne resterait toujours le sillon et la possibilité qu’ils se rouvrent. Ce qu’elle voulait ? Juste qu’il soit là, c’est tout, à côté d’elle. Inconsciemment, elle s’efforça de respirer le moins possible comme s’il lui semblait que dans le cas contraire, elle aurait bien du mal à s’extirper de son étreinte, et qu’il lui serait impossible de se dégager si elle restait trop longtemps ainsi.

Elle avait l’impression d’avoir même du mal à respirer, que chaque inspiration, et chaque expiration lui créait une sorte de douleur, douleur accrue chaque fois qu’elle inspirait et expirait plus profondément en essayant de se maîtriser. Lorsqu’elle se fut un peu calmée, elle se dégagea doucement de son étreinte et s’éloigna, détournant les yeux comme honteuse et confuse de n’avoir pu se maîtriser.

Elle lâcha un « Désolée, je… Juste la pression qui lâche » à mi-voix avant de se plonger dans la contemplation de ses chaussures en essayant de se reprendre … Désolée de quoi ? De l’avoir fait assisté à cela ? Probablement. Bien qu’il ait montré qu’il pouvait compter sur elle si elle en avait besoin. C’était ce qu’elle avait fait. Alors que les mots n’auraient pu l’exprimer, elle l’avait montré d’une autre façon. A lui d’interpréter cela comme il le pourrait … Les émotions ayant été trop fortes, elle n’avait pu s’empêcher de les laisser s’extérioriser enfin. Elle se sentait tout juste calme à présent, même si un nœud demeurait dans sa gorge alors qu’elle rencontrait son regard. Elle passa une main sur son visage, l’essuyant par la même occasion comme si elle avait pu chasser sa tristesse de ce simple geste.

Avec une profonde inspiration ensuite et parlant tout d’une traite comme si elle craignait ne pas avoir le temps suffisant pour parler, ou comme si elle craignait l’arrivée opportune d’une tierce personne encore, ou comme si elle craignait d’oublier ce qu’elle voulait dire, elle énonça alors en décidant de parler d’elle à la troisième personne, espérant qu’il croit que c’était pour une amie qu’elle s’inquiétait et non pour elle… Simplement en espérant que cela l’inquiète moins… A moins que ce soit juste une manière de pouvoir mieux en parler si elle utilisait la troisième personne, une manière d’avoir de paraître plus objective. Une manière de se tromper elle-même ?

« J’ignorais ce que cela faisait d’avoir l’impression de perdre un ami, de le voir s’éloigner un peu plus chaque jour... Je… J’y ais assisté toute cette semaine au… au ministère … Une amie à moi… J’ai essayé d’être forte pour elle et de l’aider mais au final j’ai l’impression d’avoir tout aggravé … Je ne sais pas pourquoi cette impression, peut-être suis-je trop impliquée dans cette affaire, peut-être ais-je l’impression que cela pourrait m’arriver à moi… Et qu’il me serait insupportable que cela m’arrive sur… sur des malentendus… c’est … ce qui s’est passé pour mon amie. Pour un malentendu… Des paroles comprises de travers alors que la signification était toute autres… Elle s’est confiée à moi et j’ai essayé de la soutenir toute cette semaine, mais… plus les jours passent plus elle a l’impression que reconquérir sa confiance est perte de temps. Le problème … est qu’elle tient toujours… beaucoup à lui… malgré cela »

A ces derniers mots, elle avait détourné les yeux l’espace d’un millième de seconde mais les avait retournés sur Rémus, espérant qu’il n’ait rien remarqué … Tonks ou une manière détournée de dire que plus que de l’amitié il s’agissait bien là de l’amour… « Beaucoup tenir à lui… ». C’était même plus que ça ; elle ne pouvait vivre sans lui tout simplement. Enfin, bien entendu, là, elle parlait toujours de son amie. Une fraction de seconde elle eut envie de tester le terrain, de voir sa réaction … Elle faillit ajouter qu’entre son amie et l’ami de celle-ci, il y avait aussi une question d’âge mais elle se ravisa…

Allez déchiffrez tout ce charabia vous… Surtout pour le pauvre Rémus qui avait déjà du mal à comprendre tous les signes qu’elle pouvait bien lui envoyer. Elle aurait pu tout de même faire plus dans l’explicite mais on ne parlait jamais de la manière que l’on pensait parce que de simples pensées parfois n’étaient pas exprimable. Et devant lui, ce sentiment était exacerbé. Mais après tout, peut-être allait-il inconsciemment faire le rapprochement avec l’autre soir et que sa plus grande peur était qu’il ne s’éloigne en pensant faire le meilleur choix pour tous deux alors que son souhait le plus cher était de rester près de lui, en l’acceptant tel qu’il était : Rémus, juste Rémus. Rien d’autres. Non ? D’un coup, un frisson l’a saisit et elle eut peur de cela… Se forçant à maîtriser le tremblement dans sa voix, elle ajouta…

« Que penses-tu qu’ils devraient faire ? … Tu crois … Qu’elle devrait laisser faire ? Ou au contraire se battre ? Je… T’en parle juste parce que je sais que ta confiance est digne … », ajouta t-elle avec la sensation d’avoir une boule à la gorge et aussi comme si l’étau enserrant son estomac était au paroxysme de la force qu’il exerçait sur elle.

*… et aussi parce que je ne me vois pas en parler avec quiconque d’autre… parce qu’en fait, il n’est nullement question d’une amie et de son ami, mais de moi… et toi*.

Comme quoi les pensées allaient plus vite que les mots et étaient même plus francs, plus direct, étant donné qu’elle s’abstint de rajouter cela par crainte d’empirer la situation. Mieux valait qu’il croit qu’elle n’était pas aussi impliquée dans l’histoire qu’elle ne l’était en réalité. Et puis, c’était plus facile de parler de soi à la troisième personne peut-être. Va savoir. Elle ne savait pas pourquoi, mais cela lui semblait plus facile … Et puis, il fallait bien tester le terrain, non, au lieu de foncer tête baissée… et de se ramasser un gros vent peut-être?

Elle plongea le regard vers lui, sans ciller cette fois, essayant de décrypter la moindre expression qui passerait sur son visage ou dans ses yeux. Une étrange impression la saisissait lorsqu’elle faisait cela : celle de manquer de souffle alors que dans le même temps, cela semblait lui en redonner un nouveau. Et elle se raccrochait à cela. Dans les bons comme les pires moments. Elle essaya de respirer calmement, sans penser à ce qu’il pouvait bien penser …C’était déjà par là une torture d’essayer de ne pas penser. Illustrant sa tension intense intérieure, les battements de son cœur allaient à une vitesse telle qu’elle ne les comptait plus, répandant de nouveau cette impression que chacun d’entre eux déclenchait une douleur plus vive dans sa poitrine, même si ce serait incomparable à celle qu’elle ressentirait si elle entendait une mauvaise réponse de la bouche de Rémus … La mauvaise réponse.

Le cerveau comme complètement engourdi, Rémus attendait. Debout, face à Tonks, il espérait qu’elle allait dire quelque chose, n’importe quoi pourvu qu’elle rompe le silence qui s’installait à nouveau entre eux. Car il sentait bien qu’il n’en serait pas capable lui-même. Tout était trop confus dans sa tête, toutes ses théories s’entre-croisaient et se contredisaient à chaque fois qu’un nouvel élément entrait en scène. Comme quoi, il n’aurait pas fait un bon détective. Il se sentait bête à rester planté là alors qu’elle avait besoin d’aide semblait-il. Il aurait peut-être du la prendre dans ses bras… mais quelque chose lui disait que ça ne serait pas une bonne idée, ou ça aurait pu ressembler à ça :


Il préféra donc ne pas bouger, de toute façon il n’aurait pas été capable d’esquisser le moindre geste. Dans un silence obstiné, il attendit. Attendit pendant ce qui lui sembla être plus d’un siècle, mais finalement lorsque la jeune auror prit la parole, ce ne fut que pour épaissir encore un peu plus le mystère :

« Si seulement il n’y avait que ça…t encore, ce n’est que la conséquence d’autre chose… Autre chose de bien plus profond… et compliqué… »

Qu’avait-elle bien voulu dire ? Pourquoi hésitait-elle à lui parler ouvertement, à être sincère ? Peut-être avait-elle encore peur de lui à cause de l’autre fois. A la seule mention de leur altercation passée il sentit son cœur se fendre en deux… Pourquoi avait-il été aussi stupide ? Maintenant il semblait devoir en payer le prix… Et pourtant. Il ne lisait pas de peur dans ses yeux, et si elle avait peur, ne serait-elle pas tout simplement partie ? Ce que Rémus croyait déceler dans le regard de la jeune femme ressemblait plutôt à de la gêne. Mais pourquoi un tel malaise ? Il n’en savait rien. Peut-être parce que ses problèmes venaient de lui. Avait-il une si grande importance que cela dans sa vie ? Mais non, ressaisis toi imbécile, tu n’as aucune véritable emprise sur elle. Le sujet est peut-être tout simplement délicat. Oui c’était sans doute cela.

Compliqué en tout cas, c’était surement le mot car le lycan était plus perdu que jamais. Mais alors que son cerveau fonctionnait à mille à l’heure, essayant désespérément de trouver quoi faire face à la tristesse de la nymphe, celle-ci répondit à toutes ses interrogations, n’en soulevant que de plus grandes encore. Elle se laissa complètement aller, elle avait laissé couler une larme déjà mais il n’avait préféré ne pas le relever, de peur de lui faire encore plus de peine. Mais il ne pouvait pas ignorer maintenant qu’elle avait littéralement fondu en larmes… sur son épaule. Il pouvait la sentir contre lui, tout près… juste à côté de son cœur. A cette pensée il le sentit d’ailleurs s’emballer comme jamais, comme si ce contact soudain était tellement rare que son corps n’y était plus habitué. En un sens… c’était vrai. Mais il finissait par se demander si c’était la seule raison…

Préférant ne pas se faire de film pour l’instant, il posa doucement sa main dans les cheveux de Tonks et commença à les caresser. Les effleurant à peine, comme par peur qu’elle ne s’offusque de ce geste si… touchant. Il se sentait de plus en plus mal à l’aise face à la proximité de la jeune femme… mais paradoxalement ce contact le soulageait en même temps. Il sentait une drôle de chaleur se répandre dans son corps, comme si tout allait déjà mieux. Une chaleur qu’il n’avait pas connu depuis longtemps… depuis la dernière fois que sa mère l’avait serré dans ses bras. C’était donc ça l’amour ? Puis, comme si ce simple mot était tabou dans son vocabulaire, il ferma les yeux pour essayer de le chasser, à tout prix. Il espérait aussi réussir à mieux se concentrer sans l’image de Tonks collée contre lui. Mais c’était peine perdue, au contraire, les yeux fermés, des images des plus gênantes commençaient à lui traverser l’esprit. Il préféra donc les rouvrir en vitesse, rouge de honte.

Mais à ce moment là, la jeune auror s’écarta finalement. Priant de tout son être pour qu’elle ne remarque pas le rouge qui lui montait aux yeux, il l’écouta poliment raconter sa mésaventure. Une amie au ministère qui s’est éloignée d’elle ? Un quiproquo qui l’a menée à se disputer avec un être cher ? Si Rémus avait eu un peu de jugeote il aurait tout de suite fait le rapprochement. Seulement voilà, si le lycan n’était pas bête, lorsqu’il s’agissait de sentiments, c’était tout comme. Il ne vit donc pas le moindre rapport entre son histoire inventée et leur altercation de la dernière fois. Pour lui elle était sincèrement triste d’avoir vu une amie s’éloigner d’elle, et c’était compréhensible. Cependant, il ne comprit pas pourquoi elle lui demandait des conseils… à lui :

« Que penses-tu qu’ils devraient faire ? … Tu crois … Qu’elle devrait laisser faire ? Ou au contraire se battre ? Je… T’en parle juste parce que je sais que ta confiance est digne … »

Après tout, demander à Rémus des conseils en amour équivalait à peu près à en demander à Bellatrix. Sur le sujet il était aussi peu capable de répondre que Neville était capable de faire face au professeur Rogue. Peut-être disait-elle vrai. Peut-être avait-elle confiance en lui sur certains sujets, il était réputé pour être sage même si peu de gens l’écoutaient lorsqu’il avait raison, mais sur un sujet aussi délicat, que pouvait-il lui répondre ? Surtout qu’il ne connaissait pas les personnes directement impliquées dans l’affaire ( que tu crois mon petit ). Il se passa nerveusement une main dans les cheveux, essayant de trouver la réponse la plus adaptée, mais rien ne lui semblait sonner juste. Il se sentait terriblement stupide de donner des conseils sur ce sujet à une jeune femme, mais il se lança quand même :

«Hé bien… ça dépend je suppose… Je veux dire, si elle tient vraiment à lui… il faut qu’elle s’accroche, qu’elle lui explique. Tout le monde ne peut pas être doué dans ce… domaine. S’ils se sont mal compris, ça ne devrait pas être trop dur de rectifier le tir…

Il s’arrêta dans sa phrase, trouvant sa voix plus basse encore que d’habitude. Il se sentait gêné de parler de ce genre de choses avec Tonks, mais il s’était promis de l’aider si elle le lui demandait, et il ne se voyait pas s’enfuir à toutes jambes pour éviter un sujet gênant. Il se demandait tout de même quel était le rapport avec lui, mais tout à fait innocemment il poursuivit :

«Il n’y a pas de solution idéal mais le meilleur moyen c’est peut-être d’être franche… ça ne lui servirait à rien de tourner autour du pot en espérant qu’il comprenne tout seul… C’est le meilleur moyen au contraire de l’embrouiller… Mais ne te fais pas trop de soucis pour eux… Si elle l’aime vraiment, elle doit simplement… le regarder droit dans les yeux et…» Il s’arrêta un instant, se plaçant face à elle, la regardant directement comme pour montrer physiquement ce qu’il était en train de lui expliquer. « et… lui dire simplement «Je t’aime…»

Il sentit sa gorge se serrer alors qu’il prononçait les fameux mots fatidiques. Le reste de son discours était comme mort dans l’élan, et il se sentait désormais incapable d’articuler un mot de plus. Il sentait bien son cœur battre plus fort que d’habitude, à lui faire mal presque. Comme s’il cherchait à s’échapper de sa poitrine. Mais il préféra se dire que ce n’était rien d’autre que de la gêne. Il lança un regard interrogateur à la jeune femme comme pour vérifier si son explication l’avait satisfaite ou non. Mais il avait bien le sentiment d’avoir été confus et encore une fois, de n’avoir rien arrangé à la situation.

Elle savait exactement ce qu’elle ressentirait et bien qu’elle tentait de ne pas y penser, elle ne pouvait s’empêcher d’appréhender sa réponse, inquiète de ce qu’il allait lui répondre, espérant que son histoire « d’amie » réussisse à bien passer, espérant qu’il la croit… pour le moment ; ça avait été la manière la plus simple qu’elle avait trouvé d’expliquer la situation. Enfin, d’un côté, il n’était pas très doué en histoire de cœur, en relation humaines ; peut-être ne verrait-il pas le rapport et les points communs entre les deux histoires ? … Quoiqu’il en soit, elle sentait son cœur battre tellement fort dans sa poitrine qu’elle avait l’impression qu’il allait lui sortir de la poitrine. Impossible même de respirer, et les secondes semblèrent s’être immobilisées également … Dans l’attente, cela semblait pire. L’attente était un fléau, et l’était encore davantage maintenant, alors qu’elle attendait une réponse, une réaction du lycan … Ce n’était même pas qu’elle ne pouvait pas respirer, mais qu’elle n’osait respirer. Elle restait immobile, face à lui, attendant qu’il lui réponde … Certes il lui répondrait probablement en croyant que c’était toujours de son amie qu’elle parlait… Et cela serait peut-être plus facile même pour lui … Tonks, où vas-tu chercher ça franchement ? O_O Pourquoi ce serait plus facile ?? .. Mais de toute façon, elle seule savait que c’était d’elle qu’il était question, c’est pour cela qu’elle appréhendait autant sa réponse…

Si la réponse lui plaisait, que serait sa réaction ? Lui avouerait-elle qu’il n’y a pas d’amis, que c’était d’elle qu’elle parlait … Et comprendrait-il ou croirait-il alors qu’elle était amoureuse de quelqu’un … ? Ce qui était vrai, mais croyait-il qu’elle l’était de quelqu’un d’autre… Oui, sans doute ne pouvait-il tout simplement pas concevoir que quelqu’un puisse l’aimer…Pas seulement en tant qu’ami. De plus depuis combien d’années n’avait-il par ailleurs entendu le mot « aimer »… Elle aurait aimé le lui réapprendre. Ambitieuse Tonks ? Ne dit-on pas que l’Amour avec un grand « A » donnait des ailes ? A vrai dire, elle se rendait compte aujourd’hui, pile à ce moment là, qu’elle ne savait pas grand-chose réellement de sa vie … Mais était-ce réellement important ? Le futur ne pouvait-il se construire sans le passé ? Ou était-on obligé d’y demeurer rattaché … pour toujours ? En fait, peu lui importait vraiment de connaître son passé, de toute façon c’était le Rémus d’aujourd’hui, celui qui se trouvait devant elle, pour qui elle avait des sentiments … Elle ne vivait pas dans le passé. Par ailleurs, en ces temps troublés, mieux valait d’ailleurs ne pas rester trop attaché au passé. Ne sachant jamais de quoi était fait le lendemain, mieux valait vivre dans le présent … Et son présent, elle voulait le rattacher à Rémus. Il en faisait certes déjà partit, mais ce que l’homme pouvait être parfois bien égoïste, en voulant toujours plus, n’en ayant jamais assez…

Enfin, après un temps qui lui sembla interminable - et quasiment une torture -, elle le vit passer une main dans ses cheveux, indécis peut-être et incertain de ce qu’il allait dire… Certes, déjà il n’était pas très doué dans les sentiments mais voir Rémus essayer d’en parler, c’était assez comique en soi … Ou plutôt touchant. Il n’était peut-être pas la personne la plus adaptée à qui demander des conseils sur ce domaine, mais il était celui à qui elle voulait le demander, et à personne d’autres. Tout simplement car elle voulait être certaine avant d’évoquer ce qui sans doute était le plus important. Certaine de sa réaction … Mais peut-être aussi que s’il savait que cela le concernait, alors peut-être qu’il dirait des paroles toutes autres ?

Tonks sentit son cœur s’arrêter – du moins eut-elle l’impression – lorsqu’elle le vit ouvrir la bouche ; elle était actuellement dans un stress intérieur intense puis, lorsqu’elle parla elle resta accroché à chacun, et attentive, à chacun des mots qu’il prononçait, n’osant qu’à peine respirer … Dès le début de ses mots, elle eut l’impression que son cœur recommençait à cogner fortement dans sa poitrine. Dès la fin de sa première phrase, elle sentit un sourire naître sur son visage et à la fin de son discours, elle sentit carrément une douce chaleur se disperser dans son corps. Mais les paroles qu’il ajouta par la suite, ça, elle ne s’attendait pas, et certainement pas de la part de Rémus … Même si actuellement, il lui disait simplement ce qu’elle devrait dire à son ami pour arranger la situation avec son ami. Mais, elle seule, savait, qu’il n’y avait aucune amie. Elle seule savait que c’était elle seule qui était concernée. Et c’est pour cela qu’elle se sentie autant chamboulée intérieurement avec l’impression qu’une véritable fournaise venait de s’allumer en elle… Elle savait également au fond d’elle que s’il avait su que c’était elle la concernée, alors il ne lui aurait jamais dit ces mots, et surtout les derniers… Mais l’entendre prononcer ces deux simples mots lui déclencha un incendie au fond d’elle et lui firent monter des larmes aux yeux, larmes qu’elle retint cependant. Il ne fallait pas, surtout pas, qu’il voit que cela lui faisait autant d’effet que cela, de l’entendre lui dire ça. Mais sur le moment, elle ne se posa pas de question.

Sur le moment, son inconscient était comme paralysé, et même si au fond d’elle, elle savait qu’il ne lui disait pas ces mots, et bien cela la remua totalement intérieurement. Avec une montée de tension soudain en elle, elle le laissa se placer face à elle… puis, la regarder droit dans les yeux ; son regard lui sembla si sincère sur le coup qu’elle en fut bouleversée ; sur le coup elle aurait été persuadée qu’il s’adressée à elle … Mais non, c’était bête, c’était juste son cœur qui aurait s’en persuader… Il tentait de la faire croire que son désir le plus cher était vrai, fondé… Oui, certainement … C’était sûrement ça. Mais portée par les émotions, il lui devenait incontrôlable et donc, il avait tord. Forcément… Elle ne devait se laisser embobiner par ce que voulait son cœur, parce que ce n’était sûrement pas réel, bien qu’elle aurait espéré de tout son être que cela soit possible.

… Etre franche… Ne pas tourner autour du pot … Si elle tient à lui, alors elle devait s’accrocher … ça ne servait à rien de tourner autour du pot, attendant qu’il comprenne, tout se mit à virevolter dans son esprit, tout se mélangea… Se répétant inlassablement tout son discours, elle entendit alors les deux mots qui lui firent retenir son souffle. Durant un instant, elle fut hors contexte, elle ne se souvenait plus qu’elle lui avait parlé d’une amie… Pendant un instant, elle crut qu’il s’adressait directement à elle, qu’il exprimait ce qu’il ressentait … Puis, la réalité la frappa de plein fouet et elle sembla redescendre sur terre. Subitement. Non, il lui avait juste dit ça pour l’aider, il croyait qu’elle parlait d’une amie, et rien d‘autres …. Il n’aurait jamais été lui dire ces mots s’il avait su qu’en réalité il n’y avait jamais eu d’amis. Que faire à présent ? Lui dire … Elle avait l’impression de l’avoir dupé… De lui avoir menti pour savoir quelle serait sa réaction si elle lui avait dit qu’il était bien plus concerné qu’il ne le croyait, et elle aussi. Sa gorge se serra alors que pendant quelques secondes elle détourna les yeux, incapable de soutenir son regard et indécise quant à quoi lui répondre … Parce qu’évidemment qu’elle devait lui répondre … Mais quoi ? Continuer dans son petit jeu de son amie imaginaire?? En plus, si elle continuait à faire perdurer son mutisme, à coups sûrs il allait se demander pourquoi à présent elle ne disait plus rien …

« Je… Tu as sans doute raison … Oui, je suis sûre qu’elle n’est pas prête de lâcher… ça se voit, je veux dire, dans son attitude, et je le sens… Mais je crois qu’elle a …peur ».

Sa voix lui parut horriblement rauque… et inconnue à elle-même et d’un autre côté, étrange compte tenu du fait qu’elle ne parlait nullement d’une quelconque amie, mais que c’était réellement d’elle qu’elle parlait… Elle semblait familière et en même temps étrangère. C’était étrange ce quiproquo : Rémus qui pensait qu’il s’agissait d’une amie à elle et qui lui disait tout ça. Et d’un autre coté, Tonks qui savait qu’il s’agissait d’elle.

« S’il … S’il n’y avait pas d’amie… »

Mais elle se tut, incapable de poursuivre sa phrase… Elle demeura murée dans son silence, pensant un moment ; les mots lui échappaient, elle ne parvenait pas à s’exprimer… Elle alla chercher en elle-même, tout au fond, et tentant de réguler es battements de son cœur, elle reprit, essayant de se formuler au mieux…

« Maintenant…S’il n’y avait d’amie, si… Si l’amie c’était moi… ». Et à ces mots elle fixa son regard sur le sien, comme il venait de lui dire. Sa maîtrise de soi semblait s’effilocher chaque fois qu’elle faisait ceci, mais d’un autre côté, elle semblait plus sûre d’elle, comme si d’un simple regard il lui redonnait toute l’assurance possible … même inconsciemment. Au final, s’il n’y avait pas de « lui » et de « elle », mais un « toi » et « moi » … Celle-là, cette pensée, elle ne put la concrétiser par des mots. Ces mots-ci ne parvinrent à franchir la frontière de son esprit. Il ne fallait pas passer par des détours, ne pas tourner autour du pot, mais chaque fois qu’elle pensait d’une manière, voilà qu’elle s’exprimait d’une autre. Puis, d’un seul et même souffle, elle laissa échapper …

« Si cette amie n’existait pas et que c’était de moi que je parlais…Je ne crois pas que ce serait aussi … simple, si je le regardais comme je le fais par exemple avec toi là, et que je faisais comme tu m’as dit de faire … Imaginons …», continua t-elle en le fixant soudain avec plus d’intensité. « Si je lui parlais franchement, que je lui disais tout ce que je pensais de lui, jusqu’à mes sentiments les plus profonds… Sentiments qui ne pourraient être symbolisés autre qu’ainsi parce que ce serait la Vérité la plus simple, la plus sincère et la plus belle que je n’aurai jamais prononcée… Vérité que seuls ces deux mots pourraient illustrer « Je t’aime » …Imaginons… » … Elle avala sa salive. Sa gorge semblait aussi sèche que si elle n’avait pas bu depuis des semaines et des semaines … « Je t’aime », répéta t-elle pour reprendre ses mots mais également et de manière inconsciente pour les graver dans l’esprit du lycan, pour qu’ils aient plus d’impact pezut-être. Puis, elle continua… « Je me demande alors comment il réagirait, s’il me croirait, s’il s’enfuirait au contraire, s’il me rejetterait … » …Elle ne l’avait toujours pas lâché du regard ; elle semblait par ailleurs s’y complaire plus que jamais… « Imaginons… que je m’adresserais à toi par exemple… Ce n’est qu’un exemple… » Et elle sembla sur le moment accorder son attention sur l’insistance de ce mot, comme si elle voulait aussi bien se convaincre elle-même que Rémus … « Je ne crois pas que ce serait aussi simple mais je serai prête à m’accrocher … »

C’était plus dur qu’il n’y paraissait finalement. Il continuerait sans doute à penser qu’elle ne faisait que répéter une scène devant lui, en attente du moment où elle se trouverait devant cet « autre », alors qu’il était le seul destinataire de ses mots. Sans doute pensait-il que les mots qu’elle avait prononcés finiraient par s’adresser à quelqu’un d’autre, quelqu’un qu’elle finirait par rencontrer, un jour, et à qui elle dirait ceci comme elle le disait ce soir à Rémus. Mais ce n’était certainement qu’un entraînement, n’est-ce pas ? Ce ne pouvait être qu’un entraînement devait-il penser. Un jour, elle dirait ça à quelqu’un d‘autre. Mais Tonks savait qu’il n’y aurait pas d’autres. Il n’y en avait qu’un, un seul et qu’il n’y en aurait jamais qu’un seul… Peut-être voulait-elle encore le tester… peut-être voulait-elle mesurer l’impact de ses mots sur lui-même… Alors pourquoi détourner le regard en ce moment ? Craignait-elle de lire sa réaction … Qu’elle devait avoir l’air stupide ! Elle se força à relever la tête de nouveau, à l’affût de sa réponse… A nouveau, elle semblait compressée en elle-même comme si les deux étaux précédents prenaient plaisir à se refermer sur elle, à jouer avec elle … En tous cas, va savoir si elle avait trop parlé d’un seul coup, ou si elle ne savait plus quoi dire mais de nouveau, ou si les mots lui échappaient encore et l’empêchait de continuer… La gorge nouée, le cœur battant à mille à l’heure, elle noua ses mains entres elles… De stress, d’angoisse, de gène, ou tout à la fois… ?

Certes, il n’était pas la bonne personne forcément à qui parler de cela, mais elle ne se voyait pas en parler avec quiconque d’autres. C’était à lui qu’elle voulait dire ça. Parce que c’était à lui que ces mots s’adressait. Parce qu’elle ne s’imaginait même pas le dire à quelqu’un d’autres…Parce qu’elle voulait avant tout son avis.

Rémus espérait que son discours avait pu aider la jeune auror… mais étrangement, il en doutait. Quelle idée aussi elle avait eu de lui demander des conseils amoureux, à lui ? C’était à peu près aussi judicieux que de demander à Severus des conseils en matière de coiffure. Enfin, il avait fait du mieux qu’il pouvait, c’est-à-dire pas grand-chose, pour essayer de l’aider. Il fallait dire que sans connaître les détails c’était plus difficile de donner des conseils éclairés. Mais si Rémus avait su qu’elle parlait d’elle-même ( et de lui ) il n’aurait jamais pu répondre. Il aurait sans doute choisit l’option qu’il choisissait toujours dans ce genre de moment : la fuite. Heureusement pour Tonks, elle avait eu le réflexe de ne pas le prendre de front.

Il acquiesça silencieusement lorsqu’elle expliqua que son «amie» avait peur. Enfin un sentiment qu’il comprenait très bien. Avouer quelque chose comme ça n’était jamais évident. Mais la peur faisait aussi partie de l’amour non ? Pour ce qu’il en connaissait. On prenait toujours le risque de blesser, d’être blessé aussi… Et c’était éprouvant aussi parce qu’il s’agissait de confier une partie très intime de soi-même à quelqu’un d’autre. Oui, selon lui l’amour requérait de la prudence avant tout. Se confier comme cela à quelqu’un était dangereux, il fallait pouvoir lui faire confiance, mais après tout, on ne choisissait rien dans ce cas, et c’était surtout dire de choisir entre raison et passion. En tout cas il voyait ce dilemme comme la plus grande difficulté dans ce genre d’affaire, et pour cause, il se devait de le résoudre lui-même.

« S’il … S’il n’y avait pas d’amie…Maintenant…S’il n’y avait d’amie, si… Si l’amie c’était moi… »

Rémus sentit son cœur s’arrêter de battre sur le coup. Il voyait bien que Tonks essayait d’accrocher son regard mais il se sentait parfaitement incapable de la regarder à son tour. Il faisait tout au contraire pour regarder ailleurs. Il avait l’impression que la jeune femme venait d’enfoncer un couteau directement dans sa poitrine… S’il n’y avait pas d’«amie»… si elle parlait d’elle… elle était amoureuse ? ( Belle déduction Sherlock ). Mais… de qui ? D’un jeune homme surement très beau et riche, c’était évident. Ils les imagina un instant ensemble et dut soudain réprimer une furieuse envie de vomir. Mais pourquoi cette révélation le choquait tant que cela ?

Après tout elle était belle… plus que cela même. Elle était jeune, douce, désirable. Pourquoi l’avait-il cru célibataire tout ce temps ? Il se sentit tout à coup parfaitement stupide d’avoir pensé que… pensé que quoi ? Qu’elle aurait pu l’apprécier, lui ? C’était ridicule, à tous les niveaux. Il eut l’impression de redescendre sur terre dans une chute vertigineuse dont l’atterrissage lui avait littéralement coupé le souffle. Plus rien n’avait de sens à cet instant. Dans sa tête tourbillonnaient des images aussi écœurantes que révélatrices… Pourquoi était-il si… déçu ? Il venait à peine de le comprendre… en tout cas il le croyait. Il s’était… attaché à elle, d’une manière ou d’une autre et… Il avait peur que son amant ne la blesse ( fausse joie ). Il ne le connaissait sans doute pas, et comment pouvait-il lui faire confiance pour bien s’occuper de Tonks ? Hein ?

Au fond, il sentait bien que ce n’était sans doute pas la véritable explication. Sinon pourquoi imaginer Tonks heureuse avec lui, lui tordait-il les boyaux ? Mieux valait ne pas trop y penser pour l’instant. Mais pourquoi avait-elle tenu à lui parler de ça, à lui ? Sa logique n’avait aucun sens à ses yeux, peut-être voulait-elle lui faire du mal ? Se venger ? Mais encore une fois, si lui ne comprenait pas pourquoi cette révélation lui faisait mal, comment aurait-elle pu le savoir elle ? Non, elle devait simplement avoir besoin de quelqu’un à qui en parler, et il était là c’est tout. Mais rien que d’imaginer la jeune femme partager avec lui ses déboires sentimentaux il eut soudain une furieuse envie de s’enfuir en courant.

Mais que faisait-elle maintenant ? Pourquoi s’approchait-elle de lui comme ça ? Comme pour répondre à son discours maladroit, elle se plaça à son tour directement face à lui. Rémus essaya bien de regarder ailleurs mais il réalisa qu’éviter son regard ne ferait que rendre son attitude plus suspecte. Il plongea donc finalement son regard dans celui de la jeune femme. Grave erreur. Il s’y perdit bien vite, en oubliant jusqu’au fait qu’elle était amoureuse d’un autre… Ses pensées n’étaient concentrées que sur une seule chose, une seule personne : Tonks. Et alors, trois simples mots résonnèrent dans le silence du Square Grimmaurd :

«Je t’aime.»

Comme pour enfoncer le couteau dans la plaie béante qu’elle avait créé, elle le répéta. Plusieurs fois. Ne détachant pas son regard du sien. Si seulement elle avait su à quel point cette conversation le gênait… le troublait. Il s’en voulut presque d’être venu au QG ce soir là… Il sentait son cœur battre à lui en faire mal, pourquoi fallait-il qu’elle mime la scène avec lui ? Ne pouvait-elle pas simplement le laisser partir… le libérer ? Apparemment non puisqu’elle continua sur sa lancée. Rémus ne comprit pas tout d’abord ce qu’elle dit ensuite, mais il était évident qu’elle prenait leur petit jeu de rôle très au sérieux. Si elle n’était pas amoureuse, elle l’imitait très bien en tout cas.

Lorsqu’elle avoua sa peur d’être rejetée, Rémus retint un soupir. Comment imaginer qu’un homme sain d’esprit puisse la rejeter ? C’était tout bonnement impossible. Il se demanda l’espace d’un instant ce qu’il aurait fait si elle avait été amoureuse de lui à la place… Mais il n’arrivait pas à se l’imaginer. De toute façon, avec lui ce n’était pas pareil. L’amour lui était interdit. Il ne se laisserait jamais aimer quelqu’un, il savait trop bien ce que les blessures du cœur pouvaient faire à un homme. Et il n’était pas prêt à prendre le risque, surtout pour une femme déjà amoureuse d’un autre… Il décida finalement de détourner le regard, sentant bien que leur petit jeu avait assez duré. Il ne savait pas pourquoi, mais il était légèrement agacé par toute cette histoire, et surtout très gêné des pensées qu’il venait d’avoir. Il s’écarta donc de la jeune femme, se collant pratiquement au mur comme une proie face à un chasseur. Puis il tenta d’articuler quelques mots :

«Je… je comprends oui… enfin… c’est compliqué je…» Conseil pour la prochaine fois : lorsque Rémus voudra prononcer une phrase, il faudra qu’il commence par articuler des mots. Se sentant rougir, il décida néanmoins de poursuivre, tant bien que mal : «C’est vraiment… dur pour moi de te dire quoi faire… Enfin… Tu comprends ? Je veux dire… »

Que voulait-il dire justement ? Personne ne l’aurait compris à l’entendre parler. Mais il n’était pas sur de le savoir lui-même. Il ne pouvait pas lui dire de laisser tomber… non. Elle lui avait demandé un conseil d’ami, et il se devait de répondre en tant que tel. Complètement à côté de la plaque le pauvre. Soupirant devant ce qu’il s’apprêtait à dire, il prit sur lui pour articuler plus intelligiblement déjà :

«Je pense que si tu l’… si tu l’aimes vraiment… Alors tu devrais tout tenter… Accroche toi si tu penses que c’est la meilleure chose à faire… Suis ce que ton instinct te dit… c’est sans doute la meilleure chose à faire…

Se sentant comme un pauvre fou qui venait de se poignarder tout seul, il regarda partout dans la pièce sauf en direction de Tonks. C’était bien trop dur pour le moment, et ça le serait encore pendant quelque temps… Il fit mine de regarder sa montre mais s’aperçut que son poignet était nu. Dommage. Il tapota de la main nerveusement sur sa cuisse comme s’il espérait pouvoir transplaner depuis l’intérieur du QG. En cet instant, sa douleur était telle qu’il aurait tout donné pour ne plus devoir regarder Tonks en face…

En le voyant s’éloigner de la sorte, s’acculer pour ainsi dire contre le mur derrière lui, tel un animal effrayé et égaré, Nymphadora crut l’avoir si blessé par ce qu’elle lui avait dit qu’elle resta bouche bée un instant, sans savoir ce qu’elle devait faire ou dire. Elle avala sa salive, elle n’avait pas voulu l’effrayer. Elle n’aurait jamais dû… Elle n’aurait jamais dû ! Et encore, elle n’avait pas avoué que c’était de « lui et d’elle » qu’il était question, elle l’avait voulu le préserver, pour le moment, mais sa réaction la laissa pantoise un instant … Et elle s’interrogea. Etant donné déjà sa réaction là, si elle lui avait tout dit, elle ne préférait même pas imaginer quelle aurait été sa réaction … La fuite ? Oui, probablement, c’était toujours ainsi qu’il faisait … Pour ne pas qu’il s’enfuit, il fallait le forcer… Mais pourquoi avoir peur ? Il n’avait pas d’elle quand même … De lui ? Plus probable… Elle n’avait pas peur de lui, mais lui semblait avait peur de ce qu’il pouvait faire aux autres, alors qu’elle était certaine qu’il ne ferait jamais de mal à une mouche… Dur dilemme. Elle ne préférait même pas imaginer sa réaction si elle lui avait dit directement qu’elle l’aimait … D’un, il ne l’aurait probablement pas cru, et de deux il serait enfui. Du moins il aurait voulu s’enfuir… Mais, elle le savait, elle n’aurait pas pu le laisser partir de cette manière ; pas ainsi, elle savait que sa main se serait tendue devant elle et qu’elle l’aurait retenue, du moins essayer…

Maintenant, il devait penser qu’elle était amoureuse de quelqu’un… Il y avait un pas, il savait une partie de la vérité mais son cœur se serrait d’angoisse alors qu’elle imaginait lui dire : « Mais c’est de toi sombre idiot, de toi, que je suis amoureuse ! » … A coups sûrs, il tomberait dans les pommes illico presto, ou ferait une attaque … Et Tonks s’en voudrait encore plus. Elle avait voulu tenter, essayer de voir ce que cela lui ferait si elle avouait cela, mais de toute évidence, elle avait eu tord. Et le pire c’était qu’elle n’avait fait que mimer ce qu’il lui avait dit, mimer ce qu’elle répèterait devant un « potentiel » amoureux : Alors, rien que de penser à sa réaction si elle lui avouait qu’elle l’aimait, lui, Rémus Lupin, qui ne méritait pas d’être aimé selon ce qu'il devait probablement penser, cela lui retournait le cœur. Quand elle avait parlé de rejet, c’était véritablement ce qu’elle avait ressenti soudain en le voyant soudainement reculer vers l’arrière, s’accolant au mur tel un lapin pris au piège… Ou plutôt un loup pris au piège.

Ce qui lui faisait d’autant plus mal, c’était qu’il se rejetait lui-même ainsi… Et elle aurait beau lui répéter encore et encore qu’il n’avait pas à se rejeter ainsi, que tout le monde ne le rejetait pas, qu’il y avait des personnes qui appréciaient ses qualités, il ne changerait pas… Comment le lui faire prendre conscience ? Cela faisait des années et des années qu’il avait perdu toute confiance en lui, qu’il avait perdu toutes illusions concernant tels sentiments du genre, amour, amitié… En gros, il devait tout réapprendre. Elle savait en tous cas qu’elle devait le ménager, et ne pas lui dire directement les trois mots fatidiques qu’elle avait répété précédemment, comme une répétition de l’acte final.

Il bredouilla quelques mots les uns à la suite des autres … Tonks l’écouta attentivement, le laissant s’exprimer… Il disait que c’était compliqué, que c’était difficile pour lui de lui dire ça… Il y avait deux hypothèses : Soit, c’était parce qu’il n’était pas habitué à parler d’un tel sujet. Et elle le comprenait très bien. Soit, c’était parce qu’il se sentait trop concerné... A cette pensée, les battements de son cœur s’accélèrent mais elle secoua la tête et baissa les yeux, murmurant simplement…

« Oui, bien sûr, je comprends… » et lorsqu’elle releva les yeux, on pouvait voir vraiment qu’elle était sincère… Elle s’en voudrait presque de lui avoir imposer cela, d’avoir commencer à parler… Mais d’un autre côté, quelque chose en elle lui intimait de parler, de se confier, d’essayer du moins de lui faire comprendre… Qu’il n’avait aucune raison de se considérer comme il se considérait. Que c’était n’importe quoi, qu’il y avait des gens qui avaient confiance en lui, qui savaient voir au-delà des apparences. D’ailleurs, parlons-en des apparences … En l’observant, pouvait-on vraiment penser qu’il était un… « monstre » ? Non, personnellement c’était tout le contraire … Elle n’était même pas certaine qu’il la croirait si elle disait cela... Pourtant, plus quelqu’un comptait pour nous, plus on avait tendance à l’écouter non ? Alors, n’était-elle rien pour lui ? Si elle comptait un temps soit peu pour lui, alors sa parole devait être importante, non, pour lui ? Seulement, il y aurait toujours ce manque de confiance en le fait que l’on pouvait … l’aimer. Amitié, mais encore amour. L’Amitié, il en avait déjà eu l’exemple ; des personnes ne l’avaient pas rejeté, il y a longtemps, des personnes dont le seul représentant n’était plus que Sirius. Cela signifiait donc que l’on pouvait apprécier ses qualités. Comme n’importe qui d’autres. Même plus …Pourquoi ne pouvait-il alors accepter le fait que l’on pouvait l’aimer ? Rémus demeurait encore un mystère pour elle …

Mais il n’avait pas terminé de parler. Elle sembla presque rêver que c’était bien lui qui prononçait ces mots et à plusieurs reprises elle fut tenter de vérifier s’il n’y avait pas quelques doublages de voix ; elle se surprit même à fixer son attention sur ses lèvres mais les mots prononcés avaient l’air de vraiment correspondre aux mouvements des lèvres. Mais bon, elle tenta de ne pas trop s’y attacher, elle détourna vite le regard car elle sentait en elle un drôle de tourbillon et une petite voix lui soufflait de se rapprocher … Ah, elle comprenait à présent pourquoi Eve et Adam avaient été chassés du paradis… Mais qu’est-ce que ça fait dans l’histoire ces références bibliques ?? O_O Bref... Et justement, si elle suivait son instinct là… A cette pensée, elle sentit lui rougir et elle s’exhorta à chasser ses pensées. Oui, sur le coup là, mieux ne valait pas suivre son instinct. Agir avec tact. Et pourtant, sans savoir pourquoi, ses yeux s’emplirent de larmes … Ce qu’il venait de dire …

S’il savait qu’en réalité c’était de lui qu’il était question, aurait-il dit cela ? Non, sans doute pas… Il lui aurait dit sans doute que c’était « impossible », qu’il n’était pas fait pour aimer », qu’il était trop dangereux, qu’elle devrait trouver quelqu’un d’autre de mieux, qu’elle était jeune et qu’elle trouverait bien quelqu’un, que ce n’était qu’un amour de passage,… Enfin, tout un tas de propositions telles que celles-là toutes aussi stupides, car à son sens quand on aimait quelqu’un vraiment, ces caractéristiques n’avaient que faire dans cet amour… Et là, elle se serait emportée, et aurait lâché tout d’un bloc, qu’elle se fichait bien des autres, qu’il n’y avait qu’un seul qu’elle voulait, et personne d’autre, mais ça n’aurait pas arranger leur histoire … Alors qu’elle savait que ce n’était pas qu’une passade. Elle le savait au fond d’elle, ça ne s’expliquait pas …

« Sois-en certain je vais tout tenter… M’accrocher … Je suis même capable d’aimer pour deux »

Pourquoi avait-elle dit ça ??!!!! Pourquoi les mots étaient encore plus facile à sortir avec lui ??!!! Encore une fois, son coeur avait parlé sans qu'elle ne s'en rende compte. D’un seul coup, elle sentit ses joues rougir et aussitôt, elle se prit de contemplation pour les escaliers d’où elle fit semblant d’avoir entendue des bruits de pas. Pendant plusieurs minutes, elle laissa son regard descendre l’escalier puis, rassérénée elle reporta son attention sur Rémus. Son regard semblait dire « C’est bon, la voie est libre ». Libre pour quoi en fait ? Elle n’en savait rien mais quoiqu’il en soit, ils étaient tranquilles, libres de parler … Ou pas ? Mais par contre, on va éviter de tout suivre à l’instinct sinon je ne vous dit pas, mais Tonks aurait déjà depuis longtemps lâché la vérité représentée par les deux mots prononcés plus haut … Ces deux mots qui avait autant mis à mal Rémus et qui l’avait fait reculer contre le mur derrière, comme un animal traqué… Vision de cauchemar, vision qui lui était impossible à voir… La tristesse emplissait son cœur rien qu’à le revoir se replier sur lui-même soudain et prononcer des phrases sans suite …

« Je comprends que cela puisse t’être difficile … J’aimerai t’aider si je peux davantage ... Je suis désolée de t’avoir ennuyé avec cela, je ne pensais pas que cela t'... t'affecterait autant ».

Elle se tut un instant, hésita plusieurs secondes avant de reprendre ensuite … Elle ne sut pas ce qui la poussa à continuer, quelque chose de plus fort, de plus fort qu’un instinct, un sentiment qui ne tolérait pas le mensonge si petit soit-il, quelque chose qui créait en nous à la fois félicité et tristesse, chaleur et froideur, larmes et sourires mais qu’on aurait voulu partager pas forcément avec la terre entière, mais au moins un seul être … Un seul être à qui on était prêt à tout donner, un seul être qui dans notre cœur était l’Elu, et ça on ne pouvait rien faire contre, rien du tout car lorsque le cœur décidait, alors plus rien ne pouvait le faire changer d’avis. Il était le juge suprême. Elle s’exprima donc en ces mots … d’un ton léger comme si elle parlait du facteur qui venait de livrer le journal du petit matin …

« Oh et puis… Je crois que je vais ramener ce livre dans la chambre… Il ne me sert pas à grand-chose en fait… Ce n’était qu’un simple prétexte pour t’accompagner et discuter en un lieu où les oreilles sont moins nombreuses », ajouta t-elle en riant. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle avait dit cela… Juste l’envie de ne pas mentir, de lui montrer qu’elle était sincère, mais après tout, si elle avait envie de lui parler, elle n’avait nul besoin d’un prétexte, n’est-ce pas ? Alors pourquoi se cacher ? « La preuve que tout le monde ne rejette pas les personnes qui sont simplement… différentes, la preuve qu’elles savent apprécier leurs qualités envers et contre tout… et qu’elles apprécissent leur compagnie ».

Apprécier ? C’était un bien bel euphémisme pour qualifier ce qu’elle ressentait pour lui, mais dans le cas « Rémus », il fallait faire preuve de tact et dire directement « aimer » l’aurait à coups sûrs faire fuir… Chose qu’elle ne voulait pas. Déjà, elle avait vu ce que ça faisait d’employer ce mot quand elle le lui disait de manière indirecte. Alors, le lui redire en disant qu’en fait, c’était à lui que s’adressaient ces mots ? Là, il s’enfuirait certainement, ne voyant la fuite que comme la seule échappatoire … Alors que ce n’était qu’un moyen de retarder l’inévitable. Pour une fois, et avec lui, elle n’avait pas le choix : elle devait peser chaque mot si elle ne voulait pas le blesser … Et être patiente. Lui assener directement qu’elle l’aimait, suffirait sans doute à l’achever …Quoique peut-être cela le ferait réfléchir après et au final que cela aurait une conséquence positive ? Mais non, de toute faon, Tonks n’était pas comme ça. Elle n’était pas du genre à achever les gens de cette manière, et certainement pas Rémus. Lui montrer avant tout qu’elle était là, que s’il ne s’aimait pas alors qu’elle voulait bien l’aimer pour deux, … Mais lui redonner confiance avant tout. Esquissant un sourire, elle s’approcha et se haussant à hauteur, elle l’embrassa sur la joue. Pas pour le gêner. Juste montrer que ses mots étaient sincères. Sur quoi, elle se recula lentement...

Mine de rien, si je compte bien, ça fait la troisième fois non ? C’est qu’elle semblait y prendre goût en plus …. Ben quoi c‘est simplement amical… Rien d‘autre voyons x) Et c'est purement pour l'habituer à son contact (a) ... En gros, voilà, c'est pour l'aider ... N'est-elle pas gentille notre Tonks ?

Rémus ne savait littéralement plus où se mettre. A la confusion de la révélation de Tonks se mêlait une gêne incroyable. La situation en elle-même était gênante, mais imaginez vous en plus discuter d’amour avec quelqu’un que… qui vous est chère. Pour Rémus, c’était le comble de la torture. Il cherchait à adopter une position assez confortable pour cacher son trouble mais il avait l’impression d’avoir une pancarte « Mal à l’aise » placardée sur le front. Il s’appuya un instant contre le mur, les mains dans les poches, seulement pour se redresser quelques secondes plus tard. Non c’était trop vulgaire. Il croisa les bras sur son torse, essayant de paraître décontracté mais il avait l’impression de s’empêcher encore un peu plus de respirer… Il opta finalement pour son attitude la plus naturelle : debout, droit comme un piquet, les mains fermement jointes, comme pour se calmer. Malheureusement, sa super position si bien étudiée ne le calma pas le moins du monde.

Il soupira en l’entendant dire qu’elle comprenait… qu’elle ne pensait pas le toucher autant. Il sentit son cœur s’arrêter quelques instants : ça se voyait tant que cela qu’il était touché ? Dévasté même ? Il espérait bien que non, mais vu ses compétences en matière de dissimulation, on était en droit d’en douter. Et en plus elle en rajoutait… Elle aimerait pour deux ? Tenait-elle tant que cela à le faire souffrir ? Il appréciait son côté un peu borné… mais dans ce cas il aurait préféré la voir se résigner. Pourquoi lui faisait-elle si bien comprendre qu’elle n’abandonnerait pas ? Elle ne pouvait pas se douter que chacun de ses mots semblait creuser une nouvelle entaille dans le cœur de notre pauvre lycan… Elle n’abandonnerait pas. Elle ne serait donc jamais… libre ? Pourquoi la préférait-il célibataire ? C’était ridicule de toute manière, c’était… insensé, complètement fou. Mais c’était comme cela, sans bien comprendre ce qu’il espérait ni ce qu’il craignait, il était juste anéanti de la voir aimer quelqu’un à ce point.

« Oh et puis… Je crois que je vais ramener ce livre dans la chambre… Il ne me sert pas à grand-chose en fait… Ce n’était qu’un simple prétexte pour t’accompagner et discuter en un lieu où les oreilles sont moins nombreuses. La preuve que tout le monde ne rejette pas les personnes qui sont simplement… différentes, la preuve qu’elles savent apprécier leurs qualités envers et contre tout… et qu’elles apprécient leur compagnie »

Elle avait du entendre sa prière secrète : elle arrêtait enfin d’enfoncer la baguette dans la plaie. Pourquoi lui souriait-elle comme ceci ? Avait-elle vraiment voulu lui parler seul ? Lui parler à lui de toute cette histoire ? Pourquoi ? Pourquoi lui ? Beaucoup de questions qui restaient sans réponses et qui, à vrai dire, feraient peut-être mieux de le rester. Il sourit timidement en entendant la suite. Que voulait-elle dire ? Il n’en savait fichtrement rien, mais il eut la sensation étrange qu’elle faisait à nouveau allusion à leur altercation de la dernière fois, sauf que cette fois ci, il se sentit terriblement rassuré de l’entendre dire cela. Il avait sans doute eu tort, ce n’était pas la première fois, et surement pas la dernière.

Il avait été susceptible, et avait mal jugé ses intentions. Mais c’était trop facile pour lui de supposer que les gens ne l’aimaient pas, la force de l’habitude sans doute. En tout cas, les paroles de la jeune auror lui arrachèrent un léger sourire. C’était étrange de voir ce que l’amitié d’une seule personne pouvait lui faire pl…

Rémus s’arrêta net dans ses pensées. Tonks venait à nouveau de s’approcher de lui, un peu trop même sans doute. Il n’avait rien trouvé à lui répondre, mais le geste de la jeune femme avait certainement dit tout ce que les mots ne pouvaient pas exprimer. Il sentit son cœur s’arrêter sur le coup pour repartir à pleine vitesse, comme pour rattraper le temps perdu. Il eut l’impression de sentir encore les lèvres de la jeune femme sur sa joue dix bonnes secondes après qu’elle se soit éloignée. Ses joues s’empourprèrent sans qu’il puisse rien y faire et il bredouilla quelque chose qui ressemblait à un « merci ». Restait à espérer que Tonks avait le décodeur Rémus sinon elle n’allait rien comprendre à ce qu’il venait de bafouiller. Il se passa la main dans les cheveux, essayant de respirer un bon coup, de se remettre. Puis il essaya d’articuler du mieux qu’il pouvait :

« Oui je… Je crois que je vais y aller… Il est tard et je… Je ferais mieux d’y aller.»

Il lança un geste maladroit de la main, quelque chose qui sur une autre galaxie aurait vaguement pu ressembler à un geste d’au revoir. Puis il se retourna, se dirigeant vers l’escalier en soupirant. Navrant. Il n’y avait pas d’autre mot. Pourquoi était-il aussi stupide face à elle ? Elle avait le don de le rendre complètement bête, plus maladroit encore que d’habitude. Et pourtant… il trouvait cette sensation étrangement… agréable. Non pas qu’il aimait se sentir démuni, mais face à elle, ça ne lui semblait pas si terrible à affronter. Il préférait peut-être cela au fond que de devoir la rayer purement et simplement de sa vie. Et cela, qu’elle soit amoureuse d’un autre, ou non. Repensant à la confidence qu’elle venait de lui faire, il serra la mâchoire quelques instants, estimant nécessaire de rajouter une dernière chose avant de partir :

« Ah… et, bon… courage pour… tu sais. J’espère que j’ai pu t’aider… »

Tout en se demandant par quel moyen magique il aurait bien pu l’aider en matière d’amour, il se tourna à nouveau vers les escaliers et les descendit finalement. Une fois seul dans le hall, il respira enfin. Mais l’air ne semblait plus avoir la même saveur, la même joie. Pourtant c’était le même non ? Se maudissant de sa propre stupidité, il sortit du QG et s’engouffra dans les rues Londoniennes.